Au commencement Par Amélie Naître, qu’est‐ce que c’est ? La naissance, c’est le commencement de la vie, il n’y avait rien, et voici quelqu’un ou quelque chose. « La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, mais l’Esprit de Dieu planait au‐dessus des eaux. Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. »1 C’est aussi un jour, le jour de ma naissance, le début de ma vie extra‐utérine, le lancement de ma vie autonome. « Je suis là ! »
Être et bien Naître À quoi ressemble la naissance selon Dieu ? Pour « bien être » aujourd’hui, on réfléchit à la manière dont on mange, on s’interroge sur notre façon de vivre, de réussir son couple, mais bizarrement, peu ou pas du tout sur la façon dont on naît. Naissance, « Nouvelle naissance » : pour Dieu, notre naissance physique est aussi importante que notre naissance spirituelle.2 L’un ne va pas sans l’autre. Par l’une nous apparaissons au monde et par l’autre nous accédons au royaume de Dieu. Lorsque quelque 1 Genèse 1 : 2‐3 2 Naître de l’esprit, naître d’en haut ou encore naître de nouveau est l’étape initiale de la vie en Jésus. « Jésus s’adressant à Nicodème lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (Jean 3 : 3).
chose échoue dans l’un ou l’autre de ces processus, cela cause des dommages pouvant aller jusqu’à la mort physique ou spirituelle. Chez les chrétiens, beaucoup ne sont pas encore nés de nouveau, d’autres sont « mal nés » ou ont « avorté » dans leur processus de naissance et ce blocage les empêche de vivre la vie que Christ a pour eux. Combien d’entre nous sont « mal nés » physiquement mais aussi spirituellement ? Cet ouvrage tend à mettre en lumière l’impact que la naissance et l’accouchement ont sur notre identité et notre vie. C’est une invitation à nous laisser saisir par Dieu lui‐même pour nous ramener à la Vie et « être » ce qu’il a prévu que nous soyons. La question qui nous a motivés et inspirés tout au long de cet ouvrage est : « Quel est le projet de Dieu pour la naissance d’un être humain ? » Autrement dit : « Quelle est sa volonté parfaite pour donner la Vie ? » Passionnés par cette thématique, nous avons exploré, expérimenté et cherché à mettre en mots nos convictions au travers de nos vécus, de témoignages, d’expériences et de réflexions. Ensemble, nous vous partageons le fruit de ce travail abordant dans une perspective biblique les aspects spirituels, psychologiques et médicaux de la naissance. Dans le jardin… en Éden Dieu est tellement bon : donner la chance à chaque femme de vivre une expérience aussi incroyable que celle de mettre au monde un enfant ! C’est tout simplement unique, mystérieux, bouleversant… On n’en ressort pas indemne, ça transforme une vie, une mère, un couple… C’est incroyable de voir comment notre Père a voulu et créé les choses. C’est comme une danse, un tourbillon des corps, une harmonie, une connexion si intime avec soi, son bébé et puis avec Dieu. Une
danse de couple à quatre ! Maman, papa, bébé et l’Éternel ! Lui qui se réjouit avec nous. Ensemble, unis pour vivre l’un des plus beaux jours de notre vie. On ne voudrait pas que se termine ce moment, cette communion à Dieu, comme si on Le touchait du doigt. Il est si présent, palpable, l’atmosphère si paisible, remplie d’une onction et d’une tension particulières. S’ouvrir à Dieu et à cette nouvelle vie ; sentir, laisser son bébé descendre et arriver. Puis cette première rencontre, ce premier toucher, ce premier regard ! Ces premières larmes de joie… C’est comme une rencontre divine, dans un autre monde, un autre temps qui revêt une dimension céleste… Merci Éternel pour ces moments inoubliables que tu m’as permis de vivre avec toi, remplis de ton amour et sans douleur. Je veux te louer et te bénir pour qui tu es et pour ce que tu as accompli pour moi en mourant sur la croix. Nous aurons l’occasion de témoigner plus loin de ce message d’espoir pour toutes les femmes, de ce que Dieu a fait pour nous et de ce qu’il souhaite pour chacun d’entre nous : le salut pour la naissance ! Le salut pour la naissance Jésus : celui qui est, qui était et qui vient1. Il était présent lors de notre naissance, il veut participer à nos accouchements et il vient pour restaurer ce qui n’a pas fonctionné. Lui qui a été brisé, meurtri dans sa chair, maltraité, il a souffert dans son âme et dans son corps.2 Cette expérience résonne peut‐ être pour vous aussi. Découvrir les réalités de sa propre naissance peut amener certains à descendre dans les profondeurs de la 1 Apocalypse 1 : 8 2 Ésaïe 53 : 3‐7
« vallée de l’ombre de la mort »1. Certains ne vont pas pouvoir rester présents, comme les disciples lors de la crucifixion, ne pouvant soutenir cette vision de la souffrance. Personne n’aime ça. La mort de Jésus était publique, les gens étaient là lorsqu’il a été arrêté, lorsqu’il a été fouetté, lorsqu’il a parcouru tout ce chemin avec cette lourde croix sur son dos ; les gens étaient là lorsqu’on a enfoncé les clous dans ses membres, lorsqu’on l’a dressé sur cette croix. Ils ont tous vu sa mort, elle n’a pas été cachée mais exposée sur une montagne aux yeux de tous. Ce livre va exposer et mettre en lumière des choses peut‐être douloureuses, mais la confrontation avec ce qui s’est réellement passé dans nos vies nous amène à crier à Dieu pour recevoir ce que lui seul peut donner : la puissance de la résurrection2. Cette vie de résurrection, Dieu l’offre à nous‐mêmes et à nos enfants ! Il apporte le salut pour la naissance de chacun : une naissance apaisée, joyeuse, sans douleur, en communion avec son cœur. Je prie qu’au travers de cet ouvrage, nous puissions découvrir l’Éternel, ce Père aimant qui donne la vie, qui fait être et naître. Celui qui crée, protège et établit, celui qui donne à l’homme et à la femme la force de faire naître. Que nous puissions en Jésus nous débarrasser de toutes culpabilités, péchés et malédictions pour recevoir sa grâce et sa paix. Je prie que le Consolateur souffle son esprit de guérison sur nous et nos enfants, nous accompagnant pour revisiter ces premières étapes de vie : conception, 9 mois in utero et naissance. Que nos pensées soient renouvelées en conformité avec ses pensées et sa parole !
1 Psaume 23 : 4 2 Éphésiens 1 : 19‐20
Un accouchement de rêve ? Avez‐vous déjà imaginé : « rêver d’accoucher », sourire en accouchant ou avoir envie d’accoucher, tout simplement ? Encore actuellement, malgré les progrès de la médecine, l’accouchement est loin d’être une partie de plaisir. Parmi tous les témoignages entendus depuis plus de 5 ans, j’ai choisi celui qui me semblait le plus représentatif de ce qui arrive malheureusement encore beaucoup. C’est celui de Sophie, 28 ans, rencontrée lors des réunions chez Catherine où elle partage son vécu.
Le témoignage de Sophie Le 11 octobre 2006, je suis à trois jours de mon terme théorique et je commence à trouver le temps long ! On est au beau milieu de la nuit lorsque je ressens une première contraction un peu douloureuse. Je n'ai jamais senti de contractions jusqu'à ce jour, alors dans un demi‐sommeil j'espère que c'est le début, que cette contraction annonce le grand jour ! J’en ressens une deuxième puis une troisième. Au bout de six ou sept, j'ouvre un œil et je décide de vérifier avec le réveil si elles sont régulières... il est 3h58. Elles sont régulières ! Toutes les 10 minutes ! Je suis super heureuse ! J’attendais ce grand moment avec impatience, donner la vie, quoi de plus beau !? C’est mon premier bébé. Contrairement à beaucoup de futures mamans, je n'ai pas du tout peur d'accoucher, je suis une femme, je suis faite pour ça, j'ai parfaitement confiance. Je trouve cela surtout très excitant, encore plus que mon mariage finalement, c'est un moment hors du temps, qui arrive peu de fois dans une vie, un moment magique et bouleversant ! Bref, je suis impatiente !
Excitation et attente À 6h30 le réveil de mon mari sonne. Je l’éteins en lui disant que non, aujourd'hui il n'ira pas travailler, il va devenir papa ! Mes contractions sont régulières toutes les 7 minutes, douloureuses mais très gérables. Je n'arrive pas à me rendormir tellement je suis heureuse, je continue les yeux rivés sur le réveil à chronométrer... À 8h, on se lève. Je me rends compte alors que mes contractions ne sont plus du tout douloureuses une fois que je suis debout ! On déjeune donc tranquillement, je prends une grande douche, on regarde un DVD. On fait passer le temps comme on peut. On décide de partir faire une grande promenade car j'ai lu que ça aide l'avancée du travail et je suis inquiète de sentir si peu les contractions. Je me rappelle que la sage‐femme, lors des cours de préparation à l'accouchement que nous avons consciencieusement suivis avec Mathieu, mon mari, nous a dit : « il ne faut pas vous leurrer, un accouchement, on le sent passer... » Départ pour l’hôpital À midi j'ai des contractions toutes les 5 minutes depuis une heure mais je les sens à peine. Je commence à me poser des questions. On décide quand même de prendre le temps de manger. On nous a bien dit de partir lorsque les contractions seraient espacées de 5 minutes, depuis deux heures. À 13h elles sont là toutes les 4 minutes, mais toujours non douloureuses. Je ne sais pas trop que faire ? Mathieu me dit qu'on devrait aller vérifier à la maternité. J’ai peur qu'on me dise que je me trompe, que ce n’est pas encore le moment. À 14h on décide d'y aller pour être fixés. Je n'ai jamais été hospitalisée de ma vie, pas même pour une appendicite, donc je ne connais rien au milieu hospitalier. J’ai toute confiance en eux. La sage‐femme lors des cours nous a expliqué tout ce qui allait se passer. Je suis persuadée qu'ils ne feront que ce
qui est vital. J’ai 100% confiance, je n'ai même pas cherché à me renseigner. J’ai juste précieusement noté tout ce qu'on m'a dit. Nous voici arrivés à la maternité. Je déclare, comme une fleur, à la secrétaire de l'obstétrique que j'ai des contractions toutes les 4 minutes depuis plus de deux heures. Je la sens sceptique. Moi aussi je suis sceptique, je m'imaginais arriver tordue par la douleur avec un Mathieu « sur‐stressé ». On est bien loin de ce que je croyais ! On nous fait patienter, une jeune sage‐femme arrive un peu plus tard et me dit qu'on va faire un monitoring. Une fois allongée j'ai mal ! Bien mal ! La sage‐femme me dit qu'il n'y en a que pour 30 minutes. Elle revient et m'annonce que les contractions sont petites. Elle ausculte donc mon col et m'annonce, surprise, que j'en suis à 4 cm de dilatation ! Moi et Mathieu, nous sommes vraiment ravis ! Aujourd’hui nous allons rencontrer notre bébé ! Aujourd’hui je vais accoucher ! Quel grand moment ! Je me sens toute excitée ! En salle d’accouchement Une fois debout, je n'ai à nouveau plus mal, mais peu m'importe, je sais maintenant que je suis vraiment en travail ! Les papiers d'entrée remplis, nous faisons un petit tour sur le parking puis nous remontons en salle de travail comme on nous l'a demandé. On me dit que non, je vais directement en salle d'accouchement. Allons‐y ! On m'installe couchée, on me met une perfusion avec de l'ocytocine1, le monitoring et un brassard qui prendra ma tension régulièrement. La sage‐femme nous a dit que cela se passait ainsi pour aider le travail. Il est 14h30. Couchée comme cela j'ai très mal ! Surtout à cause de la perfusion qui a accentué les contractions. Mais cela reste gérable, je souffle bien quand une contraction passe, elles sont rapprochées, toutes 1 Produit permettant d’augmenter l’intensité des contractions.
les 3 minutes. J'ai le temps de me remettre entre chacune... et de savourer. Je n'arrête pas de répéter à Mathieu : « Tu te rends compte, je suis en train d'accoucher ! », ce qui le fait rire. Une nouvelle sage‐femme arrive, ausculte mon col sans rien me dire et m'annonce 5 cm... « Voulez‐vous la péridurale ? » Non, je réponds que je voudrais m'en passer pour l'accouchement. Elle ne fait aucun commentaire. Un peu plus tard, la première sage‐femme vient ausculter mon col : 6 cm. Youpi ! Ça avance bien ! Elle me propose à nouveau la péridurale, je la refuse à nouveau. Elle m'annonce que bientôt elle percera la poche des eaux et qu’à partir de ce moment cela deviendra extrêmement douloureux, que j'ai intérêt à me décider avant... On en parle avec Mathieu, mais non, je voudrais vraiment faire sans. À 16h, on entend dans la pièce d’à côté une femme hurler à pleins poumons qu'elle souffre, qu'elle n'en peut plus, qu'elle veut mourir… Je me mets à stresser. Cela dure et dure et elle hurle comme si on l'égorgeait... Je me demande si c’est à ce point atroce ??? Une autre sage‐femme revient et m'ausculte, j'en suis à 7 cm... Je suis super fière, j'ai mal mais je gère bien ! Elle me dit qu'on va percer la poche des eaux pour accélérer le travail et me redemande : « Êtes‐vous sûre de ne pas vouloir la péridurale ? » Je refuse encore une fois. Je demande si la jeune femme à côté va bien. Elle me répond « Ah ! Ben, elle a voulu faire sans péridurale. Voyez ce que ça donne ! » (J’apprendrai plus tard que c'était faux, elle avait la péridurale). Elle se tourne vers moi et me dit « Écoutez ! Il faut vous décider maintenant, après, il sera trop tard. Ça ne sert à rien de jouer aux héroïnes. » Je regarde mon mari. Je ne sais plus quoi penser. Lui aussi semble inquiet. Pleine de regrets déjà, j'annonce que, d'accord, je vais prendre la péridurale...
La péridurale 16h15, l'anesthésiste arrive et me pose la péridurale. 5 minutes plus tard, c'est vrai que je ne sens plus la douleur ! 10 minutes plus tard, je ne sens plus non plus les contractions... Je demande à Mathieu de regarder sur le monitoring s'il y a des contractions. Il me dit que oui. Bon, j’attends patiemment. Je m'ennuie un peu puisque je n'ai plus la douleur à gérer. J'ai l'impression de perdre un peu le contact avec mon bébé. Je me mets donc à lire. Je ne suis plus en train d'accoucher, je patiente, mon corps fait le boulot sans moi. À 17h, une sage‐femme revient et m'ausculte. À peine plus de 7 cm... Elle me dit qu'elle va augmenter la dose d'ocytocine pour accélérer les contractions et que je dois me mettre sur le côté pour que le travail reparte. Je me mets difficilement sur le côté. Difficilement car, entre la péridurale, le monitoring et le brassard, j'ai bien du mal à me mouvoir ! Au bout de quelques minutes dans cette position je commence à avoir mal... mais d'un côté seulement, le gauche. 5 minutes plus tard, c'est vraiment trop douloureux et inconfortable. Je n'arrive rien à gérer, ni même à respirer dans cette position. Je tente de me redresser... À ma grande stupeur, je ne sens plus ma jambe droite, qui est comme morte, impossible de la bouger ! Je demande alors à Mathieu de m'aider à me redresser. On y arrive enfin. Une jambe morte, c'est fou ce que ça pèse ! Dilatation complète 18h : la sage‐femme revient, je suis à 8 cm. Elle me dit que ce n'est pas assez rapide. Elle me demande pourquoi je me suis redressée. Je lui explique que j'avais vraiment trop mal dans la position sur le côté. Elle me rétorque : « Et vous vouliez vous passer de la péridurale !? » Elle me remet sur le côté et
s'en va... Je me remets donc à souffrir... Je n'ose pas me redresser mais en même temps j'ai trop mal comme ça ! Encore une fois, je demande à Mathieu de me redresser. 30 minutes plus tard à peine, la sage‐femme revient avec une auxiliaire de puériculture. Elles discutent entre elles et, sans ni s'interrompre ni me parler, ni même me prévenir, elles me soulèvent et me remettent sur le côté puis repartent en continuant leur discussion... Je me sens complètement humiliée ! J’ai mal et pourtant je ne sens plus aucune contraction ! Ma jambe morte m'écrase l'autre jambe sans que je puisse la bouger d'un millimètre, dans cette position je peux à peine respirer. Je me mets à pleurer, c'est plus fort que moi. Mon grand jour est gâché, je ne l'imaginais pas comme ça. Je me sens traitée comme une personne handicapée mentale qui ne comprendrait rien. J'en ai marre de ce travail qui n'avance plus alors que je souffre tellement plus que tout à l'heure... 19h15 : la sage‐femme revient. Je suis restée sur le côté cette fois‐ci. Elle m'annonce qu'enfin on est à 9 cm. Ça va bientôt être le moment de pousser. Puis elle repart. J’en ai marre qu'on ne s'occupe que de mon col ! Moi j'ai une jambe morte qui pèse, j'ai trop mal, sans rien pouvoir faire pour me soulager. À quoi sert cette foutue péridurale !?? Ça a juste arrêté le travail et diminué la sensation des contractions ! Quelque chose par contre me broie le rein et la hanche gauches... La poussée 19h30 : « Vous êtes quasiment à dilatation complète, vous n'avez pas envie de pousser ? » ; « Non, je ne sens rien de ça. » 19h45 : « Toujours pas envie de pousser ? » ; « Non », je leur dis que je ne sens rien, juste mon rein droit en feu.
20h : On m'annonce que, tant pis, je dois pousser quand même. Je suis à dilatation complète depuis plus de 20 minutes. On m'installe les étriers, mais je n'arrive pas à y mettre ma jambe morte, elle pèse trop lourd. La sage‐femme me la positionne sur l'étrier. Mais je suis incapable de la tenir. Elle appelle donc une puéricultrice pour me la tenir. « Quand vous avez une contraction, poussez ! » Mais je ne sens aucune contraction. La sage‐femme me pose une main sur le ventre et regarde le monitoring et me dit « quand je vous dis de pousser, poussez »... « Allez‐y poussez ! » Je pousse comme on m'a appris, de toutes mes forces en bloquant ma respiration. « Encore, encore ! Allez, allez, poussez ! » « C’est bon arrêtez ! » J'arrête. La sage‐femme a l'air dépitée. Mes efforts n’ont pas l’air d’être à la hauteur, je n'ai pas dû faire ça correctement. Elle part chercher une autre sage‐ femme et lui demande de m'appuyer sur le ventre pour éviter au bébé de remonter. « Allez‐y poussez ! » Je me remets à pousser ! Difficile sans sentir les contractions, avec la sage‐ femme qui m'appuie sur le ventre et qui me fait trop mal comme ça, la puéricultrice qui tient ma jambe morte et l'autre sage‐femme qui garde les yeux sur le monitoring pour déterminer la fin de la contraction. On essaye encore 2 minutes plus tard... La naissance À la fin de cette contraction la sage‐femme qui regardait le monitoring sort de la pièce, et revient avec le gynécologue. Il m'ausculte et dit à la sage‐femme : « Il me faut les forceps. » Le mot me fait peur ! Je demande « Pourquoi ? Qu’est‐ce qui se passe ? » Aucune réponse de personne... Je sens juste la main de Mathieu, qu'on a relégué dans un coin, venir prendre la mienne... Je le regarde, il est aussi inquiet que moi. La sage‐femme donne les forceps au gynécologue qui s'étonne : « Mais ils sont morts ces forceps ! Ils sont montés à l'envers !
Ce n’est pas grave on y va. » Je suis paniquée ! Je crie : « Quoi ? », mais personne ne semble m'entendre... Je sens dans mon côté gauche le forceps qui s'introduit et j'ai l'impression que mon bassin va casser ! Je crie. La sage‐ femme qui a les mains sur mon ventre me crie de pousser. J'essaie mais je n'y arrive pas. Malgré cela je sens que l'on tire mon bébé hors de mon corps... 20h10 : « Venez chercher votre bébé. » J'entends cette phrase comme dans un rêve ! Malheureusement entre ma jambe morte et le monitoring, je suis incapable de me redresser... On me la tend donc. Je suis sous le choc... Je suis ébahie. Déjà ? Elle est née ? Je ne m'en suis pas rendue compte ! Puis on l'emporte sans que j’aie le temps de me poser de question. Mathieu file les rejoindre, on ne fait pas attention à lui. Nouvelle déception, on nous avait dit que c'était le papa qui donnait le premier bain... Les premiers soins Pendant ce temps on me recoud. 22 points de suture. Comme je ne sens toujours rien (ma jambe restera inerte jusqu’au lendemain midi), je demande si j'ai eu une épisiotomie1... Le gynécologue me répond « Ah oui ! Une sacrée épisiotomie, vous allez avoir bien mal aux fesses. » Je ne dis rien pendant ces 40 minutes, j'attends ma fille. On me la rapporte toute habillée, avec turbulette et bonnet. Je ressens une immense frustration à la voir si emmitouflée. Je l'aurais voulue toute nue, collée contre ma peau. Je la prends dans mes bras et j'attends la vague d'amour dont on m'a si souvent parlé, mais rien n'arrive. Je suis en admiration, mais je ne réalise pas que c'est MA fille...
1 L'épisiotomie est un acte chirurgical consistant à inciser les muscles autour du vagin au moment de l'accouchement afin de faciliter le passage du bébé.
À peine une heure plus tard, on me la reprend pour la nuit car je suis en chambre double, donc mon bébé doit aller en pouponnière... Voilà, les suites qui en découlent, c'est une autre longue histoire. Alors que je réécris tout ça, encore une fois, je ressens cette déception. Quel gâchis ! J'étais si heureuse d'accoucher et je n'ai pas accouché. On a juste extirpé mon bébé de mon corps... J'espère que ce témoignage sera utile à d’autres parents pour éviter d'autres gâchis !
Et le bébé ? Lorsque j’ai entendu ce témoignage pour la première fois, j’ai failli pleurer. Et pourtant, j’en ai entendu tellement. C’est dur pour la maman, le papa, mais le bébé ? Imaginez la souffrance du bébé qui n’est pas décrite ici. Personne ne lui explique ce qui se passe. La douleur, la pression, le stress, les pleurs, les doses de produits… Oui, un bébé a des émotions et ressent tout dans son petit corps. In utero, il ne peut même pas crier sa douleur. Une fois né, il ne peut que hurler pour extérioriser son vécu ou se réfugier dans l’apathie. Ces impressions restent gravées dans sa mémoire inconsciente et vont marquer son existence personnelle et relationnelle. Nous aborderons plus en détail ce sujet dans le chapitre sur les traumatismes. Voilà le genre de témoignage qui me donne envie de pleurer, de crier à Dieu. D’ailleurs, qu’est‐ce qu’il en pense lui ? Est‐ce qu’il pleure lui aussi ?
Table des matières Avant‐propos ................................................................................................ 7 Qui sommes‐nous ? .................................................................................. 7 Conception de ce livre.............................................................................. 9 Au commencement ..................................................................................... 13 Être et bien Naître ...................................................................................13 Le témoignage de Sophie .......................................................................17 Et le bébé ?.............................................................................................. 25 Que dit Dieu sur l’accouchement ? .............................................................27 Que dit l’Église ?...................................................................................... 27 Et Dieu, qu’en dit‐il ? ............................................................................... 29 Fondements de la naissance.................................................................. 35 Du désir à la conception ............................................................................. 45 Régulation des naissances ..................................................................... 45 Préparation et conception..................................................................... 53 Fausse couche ........................................................................................ 62 Être enceinte............................................................................................... 67 Qu’est‐ce qui se passe pour la maman ?................................................ 67 Qu’est‐ce qui se passe pour le papa ?.................................................... 78 Et la sexualité dans tout ça ?..................................................................84 Qu’est‐ce qui se passe pour le bébé ?.................................................... 87 Questions autour du fœtus.................................................................... 97 Le prénom ............................................................................................. 101 Où vais‐je accoucher ?................................................................................109 Qui va m’accompagner ? ...................................................................... 109 Témoignage de Catherine...................................................................... 111 Qu’est‐ce qui favorise un bon accouchement ? ...................................124 Se préparer à l’accouchement.................................................................. 127 Quelle préparation ? .............................................................................. 127 Jésus, une réponse à la douleur ...........................................................129 Prier pour son accouchement ..............................................................134 Le terme : l’attente et l’impatience..................................................... 146 Le projet de naissance ..........................................................................154
Naître ..........................................................................................................157 Place au bébé ! ...................................................................................... 157 Naissance de notre aîné ....................................................................... 162 Naissance d’un premier enfant ............................................................ 183 Accoucher aujourd’hui ..............................................................................187 À la maternité ....................................................................................... 187 Naissance d’Elias................................................................................... 194 À la maison............................................................................................ 199 Le salut, ce n’est pas l’hôpital ou la maison : c’est Jésus................... 206 Naissance de Léanna ........................................................................... 208 Risques et complications...........................................................................213 « Et si ça se passe mal ? » .......................................................................213 Les différentes complications de l’accouchement ............................. 218 La chimie de l’accouchement............................................................... 224 Les actes trop souvent utilisés, mais parfois utiles.............................226 Le traumatisme de naissance................................................................... 239 Une naissance, un traumatisme ? ........................................................240 Les impacts au niveau physique...........................................................243 Les impacts au niveau psychologique .................................................247 Les effets psychologiques des interventions...................................... 257 Que faire de tous ces traumatismes ?..................................................278 Naissance parfaite .....................................................................................281 C’est quoi l’accouchement idéal alors ?............................................... 281 Notre deuxième bébé, de la conception à la naissance .....................283 La naissance .......................................................................................... 291 Bienvenue bébé !........................................................................................301 Une naissance pour la vie ..........................................................................315 Processus de guérison avec Dieu......................................................... 315 Quelle vie pour la naissance ?...............................................................326 Pour aller plus loin... ..................................................................................331 Questions et réflexions ........................................................................ 331 Survol de la naissance dans la Bible.....................................................339 Versets...................................................................................................344