Anorexie, boulimie et compulsions alimentaires :
VERS UNE PENSEE JUSTE Alain Fonte
Notre poids, une constante ? Avons-nous conscience qu’au même titre que nous n’avons pas choisi la couleur de nos yeux, de nos cheveux ou notre taille, nous avons un poids programmé à l’avance dans nos gènes. Un poids que notre organisme va atteindre et essayer de maintenir à travers des conditions de vie relativement identiques. Bien que l’on ne nous ait pas demandé notre avis et qu’il soit peut-être difficile parfois d’accepter la réalité de ce poids, vouloir intervenir pour le modifier sans un avis et un suivi médical, peut nous exposer à un trouble du comportement alimentaire. Il est important de savoir qu’à l’occasion d’un déséquilibre de quelques semaines dans notre façon de nous alimenter, l’organisme va être capable, s’il a manifesté une variation pondérale, de retrouver son poids, le set point8, grâce à une régulation physiologique autonome : le ponderostat9. Il suffit de lui en laisser le temps. Ce mécanisme nous parle de l’intelligence et de la sagesse de notre physiologie. Il met en évidence une aptitude de l’organisme à s'autogérer pour le respect d’une programmation pondérale naturelle. La stabilité de ce poids sera conditionnée par un apport alimentaire 8 9
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correspondant à nos besoins et à nos dépenses. D’une façon générale, pour lui faciliter la tâche, essayons d’être sensible aux signaux internes comme la faim et le rassasiement. Respectons l’équilibre entre nos apports alimentaires et nos dépenses globales, et, si nécessaire, essayons de ne pas faire appel à la nourriture pour la gestion de nos difficultés personnelles. Cherchons d’autres solutions, elles existent. N’hésitons pas à demander conseil, à faire appel aux professionnels de santé.
Une fausse croyance Vous vous préoccupez de votre poids, peut-être plus précisément de vos formes, vous avez légitimement envie de fonder un foyer, mais voilà, vous avez la conviction que vous avez des kilos en trop pour être « choisie » ! Eh bien, détrompez-vous, loin de vous cette fausse croyance ! Soyez rassurée, tous les hommes ne pensent pas comme cela. Il se trouve que pour certains, les formes se conjuguent avec féminin, féminité comme l’expression de quelque chose de naturel et de normal. Si vous pensez faire partie de cette catégorie, ne vous torturez plus, vous n’êtes absolument pas disqualifiée pour répondre à un idéal masculin. Maintenant il est de votre responsabilité 36 Vers une pensée juste
de le croire, de relever la tête, de sourire et de reprendre confiance. Ne vous laissez pas influencer par un phénomène de société qui ne peut qu’évoluer. Les médias commencent déjà à s’en charger en reconnaissant la légitimité (et la beauté) des formes naturelles. Avoir des formes quand on est femme, ce n’est pas une tare, c’est une réalité génétique, une caractéristique identitaire de la féminité. L’important, quelle que soit la tendance du moment, est de vous accepter, de respecter votre poids physiologique et de ne pas faire porter à votre corps une responsabilité qu’il n’a pas.
Le regard de l’autre Le poids du regard de l’autre peut peser parfois sur nous d’une façon qui n’est pas juste. En effet, nous pouvons interpréter un simple regard comme un jugement sur une de nos caractéristiques physiques que nous n’acceptons pas, ou bien qui nous dérange. Notre interprétation de ce regard, qui peut pourtant être neutre au demeurant, nous renvoie à nos insatisfactions, à la perception négative que nous avons de nous-même. Nous ne donnons aucune chance à ce regard extérieur de nous voir dans sa liberté, de nous accueillir dans sa bienveillance. Ne laissons pas nos interprétations alimenter notre imagination ! Cessons d’interpréter. Cessons de mettre en route un film où nous sommes toujours le vilain petit canard. Cette attitude relève du procès Corps et image 37
d’intention à l’égard de l’autre. Elle n’est pas juste et ses fruits sont amers. Elle ne nous permet pas d’être ouvert, de recevoir l’Amour qui nous entoure. Dieu peut nous aider à modifier le regard sans pitié que nous portons sur nous-même, pour ne plus interpréter le regard des autres dans ce qu’il n’est pas. Avec notre assentiment et notre participation, il peut utiliser plusieurs moyens : l’accompagnement, l’échange avec des personnes de confiance, le recueillement…
Danger des régimes 10 « Faut-il faire des régimes ? » Il y a quatre sortes de régimes : Les inutiles : sans objet, parce qu’il n’y a pas de poids à perdre, ils peuvent à tout moment déstabiliser l’ensemble. Leurs rapports « coûtbénéfices » et « risque-intérêt » sont très défavorables. Les futiles : décidés sur un coup de tête, ils finissent par vous la prendre ! Les dangereux : déséquilibrés ou fougueux, ou « magiques », ils posent plus de questions qu’ils
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Ecrit du Professeur Rigaud avec son autorisation
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n’en résolvent. Il ne faut pas les commencer, faute de savoir les terminer ! Les indispensables : je suis objectivement trop gros, ou bien mon poids ne cesse d’augmenter, ou bien mon activité physique a nettement diminué, ou bien j’ai arrêté de fumer et je prends sans cesse du poids. Il me faut faire un régime. Je maigris et je tombe dans la maigreur, il me faut faire un régime (mais pas le même !). Comment savoir s’il faut que je fasse un régime ? Il y a un indice : c’est l’indice de la masse corporelle, c'est-à-dire le poids divisé par le carré de la taille. La normale dépend de l’âge. Entre 18 et 65 ans la normale se situe entre 18,5 et 25 kg/m2. Exemple, je suis une femme de 30 ans et je mesure 1m65. Je peux peser jusqu’à 68 kg sans être trop grosse. Si, Vraiment ! C’est juré ! »
Distorsion, distorsion ? « Mais regarde-toi ! Tu n’as plus que la peau et les os », redit cette personne exaspérée le doigt pointé sur votre silhouette. Elle est irritée (blessée) par cette situation incompréhensible que vous traversez, qui dure et qui perdure. Son geste et ses mots vous interpellent même si vous vous sentez à votre tour agressé par cette violence Corps et image 39
verbale. Vous vous regardez à nouveau dans une glace et ce n’est toujours pas ce que vous voyez. Une nouvelle fois vous voyez clairement ce poids qui vous obsède depuis des mois. Alors où est l’erreur, pourrait-on dire, entre ce doigt accusateur qui pointe une maigreur et votre regard qui ne voit que des kilos à perdre ? Deux regards, deux appréciations différentes, voire même opposées. Non, vous ne rêvez pas. Comme un certain nombre de personnes confrontées à un TCA, vous subissez pour un temps ce que le corps médical appelle une distorsion de l’image corporelle, soit plus simplement la réalité corporelle vue comme à travers un miroir déformant. Heureusement dans votre for intérieur, vous savez ce qu’il en est réellement, ce que peut vous confirmer si nécessaire votre IMC11. On peut être effectivement trompé par l’appréciation de ses sens. Pour s’en sortir, il faut se lâcher. Se lâcher, c’est faire confiance à ce que dit l’ami(e) de cœur, le thérapeute, surtout si l’on n’est pas convaincu. Il n’y a pas d’autre alternative que d’avancer avec leur regard juste, pas à pas.
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Se lâcher, c’est possible. C’est indispensable. C’est libérateur. Le regard juste est encore en vous et il reprendra ses droits en temps voulu.
Une fourchette comme limite, comme arbitre « Tu pèses combien ? » « Je pèse « x » kilos, mais là j’ai encore un peu plus de deux kilos en trop, je voudrais peser « y » kilos ! » Et bien voilà, le verdict est tombé ! Indépendamment de la sagesse, du poids biologique, de la fourchette garante d’une bonne santé, il en a été décidé ainsi. Avec cette décision, une guerre aux calories est déclarée. C’est encore un doux rêve qui peut précéder une réalité dramatique, celle d’un trouble du comportement alimentaire, puisqu’il peut effectivement commencer ainsi. Vouloir peser « x » ou « y » kilos et vouloir s’y maintenir coûte que coûte, c’est entrer dans une vue de l’esprit pas très réaliste, dans une prise de tête à coup sûr, dans un esclavage garanti. Corps et image 41
N’est-il pas préférable de jouer la carte de la santé, du bien-être, de la joie de vivre, qui correspond non à un poids subjectif au kilo près, mais à une fourchette12 ? Oui, à la fourchette de confort ou à la fourchette de santé. Que va-t-il donc être décidé avec ces deux kilos supposés en trop ? L’acceptation d’une fluctuation pondérale avec la joie de vivre et un nouveau jean à portée de la main ? Une rigueur au kilo près avec des combats et des obsessions dans la tête, sans résultat durable garanti ? Un apport quotidien régulier au-dessous de 1800 calories expose à des carences, à des problèmes de santé. N’entrons pas en guerre contre la nature à mauvais escient. Collaborons avec elle à travers les signaux qu’elle nous envoie : la faim13, le rassasiement14, la satiété15, et bougeons.
Le pèse-personne Plus une balance est précise, plus elle dramatise un poids fluctuant. Selon le docteur Apfeldorfer, psychiatre spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire, le pèse-personne idéal devrait être gradué en kilo. 12
Voir lexique Cette notion sera abordée dans le chapitre suivant 14 Idem 15 Idem 13
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L’évolution de notre courbe pondérale peut être influencée par différents critères : l’importance du volume de boisson ingérée, le type d’aliment consommé, la quantité de sel présente dans l’organisme et dans les aliments, l’état de la fonction rénale, la dépense physique, la température extérieure, le stress, la détente, le cycle féminin, la vacuité intestinale… Aussi ces facteurs multiples ne permettent pas de définir avec précision ce qui se passe réellement au niveau du tissu adipeux sur quelques heures voire d’un jour à l’autre. Prendre une juste distance avec sa balance ne peut être que facteur d’apaisement. Plusieurs personnes l’attestent dans ces témoignages trouvés sur internet : « ne plus se peser, c’est le début de la liberté », « la vie sans balance, on psychote moins », « j’ai résisté à l’appel de la balance ». Les pèse-personnes sont « des gourous » générateurs d’émotions fausses, ne nous laissons plus manipuler, il est possible de vivre avec eux dans une juste relation.
Se peser Se peser, quand ? Plusieurs fois par jour, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, etc. ? Corps et image 43
Où se trouve l’équilibre, où est la sagesse, où est l’important ? Quand est-ce vraiment représentatif de la réalité ? Se peser, pourquoi ? Au-delà d’indications médicales, pour satisfaire à un critère esthétique (taille/poids), pour ressembler à quelqu’un, pour se conformer aux modèles de magazine ? Se peser plusieurs fois par jour, tous les jours, relève plus d’un toc que d’une portée pratique. Se peser chaque semaine reste encore « prise de tête » et un chemin vers l’obsession. Pourquoi ne pas se peser tous les mois, comme on peut faire ses comptes, payer son loyer, et s’accorder une certaine marge dans le résultat. La pesée ne doit surtout pas être le temps fort de la journée. Celle du matin ne doit pas endeuiller le jour qui s’annonce, celle du midi couper l’appétit, et celle du soir réveiller le cauchemar ! Cette pratique va finir par faire de la nourriture l’ennemi numéro un de votre vie. S’il en est déjà ainsi, il est temps de prendre le pèsepersonne pour le mettre là où vous allez l’oublier. Préférez lui, pourquoi pas, l’indicateur d’un de vos vêtements qui, un peu comme un signe discret, va tomber ou serrer. Essayons de ne pas faire du « poids » l’acceptation de soi. Essayons de ne pas faire du « poids » le baromètre de notre joie de vivre, une clef du bonheur. 44 Vers une pensée juste
Le critère « poids » ne doit pas rester la référence du bien-être dans la peau, dans la tête. La réalité est autre, partir à sa recherche est juste et libérateur.
Une question d’identité Vous pensez ou vous dites : je suis anorexique, je suis boulimique, je suis compulsif(ve) ; ce n’est pas exact ! Il est plus juste de penser ou de dire : je suis confronté(e) à l’anorexie, je suis confronté(e) à la boulimie, je suis confrontée à des compulsions. Plus tard il sera plus juste de dire : j’ai été confronté(e) à l’anorexie, j’ai été confronté(e) à la boulimie, j’ai été confronté(e) à des compulsions. Les troubles du comportement alimentaire ne sont pas une caractéristique de l’identité, pas plus que la rougeole ou une hépatite. Vous n’êtes pas une maladie.
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!!TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION...................................................................................................... 15! GENERALITES ................................................................................................................ 19! CORPS ET IMAGE ................................................................................................ 33! Une fausse croyance ......................................................................................... 36! Le regard de l’autre ............................................................................................ 37! Danger des régimes ........................................................................................... 38! Distorsion, distorsion ? ..................................................................................... 39 ! Une fourchette comme limite, comme arbitre ............. 41! Le pèse-personne .................................................................................................... 42 ! Se peser ................................................................................................................................. 43! Une question d’identité ................................................................................... 45!
QUOTIDIEN ET CONSÉQUENCES DES TCA ...... 47! Manger aujourd’hui ............................................................................................. 49! Quelle référence pour notre conduite alimentaire ?....................................................................................................................50 ! La faim entre les repas ................................................................................... 51! Les aliments que l’on s’interdit .............................................................. 52!
Chaud les gâteaux ? ......................................................................................... 54 ! La dénutrition, un risque mortel ......................................................... 56! Le verre à moitié vide ...................................................................................... 57! Frustration/compulsion ..................................................................................... 58! La perte de contrôle .......................................................................................... 58! Les peurs................................................................................................................................ 60! Une petite voix ............................................................................................................. 61! Mieux-être et joie de vivre ...................................................................... 63! Un déclic ............................................................................................................................... 64!
!!QUELQUES PISTES................................................................................. 67! Les calories et nous .............................................................................................. 69! Quel est le fil conducteur pour sortir d’un TCA ?70! Accepter ............................................................................................................................... 71! Retour au poids psychologique......................................................... 73! Garder le contrôle, lâcher prise .................................................... 74! Le « stresseur » poids ........................................................................................ 75! L’espace de bien-être ...................................................................................... 77! Les encas .............................................................................................................................. 78! Des encas concrets ............................................................................................. 79! Un élément précieux ........................................................................................... 80! Les invitations ................................................................................................................. 81! Une vérité bonne à dire ............................................................................... 83! 120 Vers une pensée juste
Le Nordic Walking ................................................................................................ 85 ! Une idée de cadeau .......................................................................................... 86! Pour mieux dormir ................................................................................................... 87! La TTC, une solution. Pour vous, « la solution » ? .. 89! La vérité ..................................................................................................................................90! Ce n’est pas la vérité ........................................................................................ 92! Dieu a donné des lois ...................................................................................... 93! L’amour, une autre piste ? .......................................................................... 95!
PROPOS SPIRITUELS ET PRIÈRES .................................................. 97! La grâce de Dieu .................................................................................................... 99 ! Chrétien(ne), TCA et guérison ....................................................... 100! Oui, on peut toujours le dire ............................................................. 102! Un mot clef : croire ........................................................................................... 103! Prière...................................................................................................................................... 105!
SITES INTERNET..................................................................................................... 117!
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