Jean-Claude et Marie Buis "Si nous parlions d'amour"

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EDITIONS PREMIERE P A R T I E



SI NOUS PARLIONS D’ A M O U R? Jean-Claude & Marie-Claire BUIS


I LA GUERRE EN DENTELLES ?

Quand on ressent quelque chose de pourri, au cœur du royaume d’un couple, est-ce que ce pourrait être un relent de bataille spirituelle ? La journée s’annonçait pourtant belle. On s’était levé sous un soleil radieux ; après de doux instants de prière entre conjoints, les enfants en classe, on s’était promis de faire l’école buissonnière : elle et moi, enfin, rien que nous deux. Tout marchait comme sur des roulettes. Mais qui a prononcé un mot malencontreux, ou qui l’a mal interprété ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que la tension se soit installée, puis imposée, dans la maison ? Ça n’a ni rime ni raison. Combien de malentendus qui dégénèrent en disputes, de situations si confuses qu’on ne sait plus par quel bout dénouer, et qui éclosent comme les fleurs du mal au beau milieu de la paix du foyer ! En 1986, un enseignement reçu lors de ma formation biblique a littéralement bouleversé ma façon de les envisager. L’instructeur a eu cette phrase : « Le couple est l’objet d’un enjeu spirituel. ». Elle a fait tilt. C’était une réponse à bon nombre de mes questions. Car en dépit de ma conversion radicale, depuis 1980, le moins qu’on puisse dire c’est que mes relations conjugales n’étaient pas au beau fixe. Des querelles éclataient souvent et, de temps à autre, ma femme faisait ses valises et partait se réfugier chez sa maman. Je vous l’accorde, de nos jours, c’est fréquent. Seulement ce n’était pas du tout ma conception, ni de l’air ni de la chanson, d’un duo d’amoureux. J’étais contraint de m’avouer que nous étions, comme tant d’autres, malheureux et déchirés, très loin de cet hymne à la joie que devrait entonner la famille soudée. Or ce jour-là subitement, je la tenais, l’explication. Bien sûr, nos personnalités, nos caractères sont différents. Mais, bien au delà de tout ça, il existe incontestablement des puissances spirituelles, bénéfiques et maléfiques ; certaines travaillent à la construction et, d’autres, à la destruction. J’avais conscience de cet « univers parallèle », mais je ne soupçonnais pas que les énergies qui l’occupent se mobilisent avec tant de virulence autour d’un couple. Pourtant, la Bible nous apprend qu’une cellule familiale n’est jamais le fruit du hasard. C’est le noyau d’une réalité divine, d’une visée de Dieu qui nous dépasse. Si le nom de famille vient du père, c’est parce que famille – en grec – s’écrit « patria », c’est-à-dire : parenté. Si la parenté est née du Père, sa famille est forcément le témoignage vivant qu’il existe. Paul l’explique encore plus simplement. (1).

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Dieu le Père a nommé notre famille, en même temps qu’il développait un projet à son intention – un plan qui se résume, on ne peut plus distinctement, quand on sait que l’expression tirer son nom vient aussi du grec : « onomatopée ». Il a créé l’homme et, ensuite, la femme. Il a fait, à sa propre image, l’être humain masculin et féminin et il lui a soumis la terre. L’homosexualité restera toujours stérile, mais Dieu a donné la faculté de se reproduire au couple hétérosexuel, ainsi que nos origines en témoignent. (2). La famille est une pierre angulaire de l’humanité, et il nous appartient de gérer le patrimoine qui nous a été confié. En Éden, la « pomme de discorde » entre Adam et Ève représentait, en fait, une initiative diabolique d’instaurer un conflit au sein du couple ; et de ruiner tout espoir de postérité et de prospérité. Les séparations et les divorces n’ont peut-être pas foncièrement pour cause l’abus et les brutalités conjugales, la cruauté mentale ou l’incompatibilité d’humeur ; ce genre de prétexte, souvent fort justement invoqué, pourrait bien être l’arbre qui cache une forêt aussi impalpable et inextricable que Brocéliande*. À l’inverse, le marivaudage nous a convaincus de l’omniprésence des déclarations de la tendre guerre ; mais cet argument, qui prête à sourire, peut dissimuler bien des pièges d’une toute autre envergure. ___________________________________________________________________ * La « légende arthurienne » (du roi Arthur : Les Chevaliers de la Table Ronde) a rendu célèbre la forêt de Brocéliande, qui serait le tombeau de Merlin l’Enchanteur. -----------------------------------------------------------------------------------------------------------

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II DÉVOUÉ PAR INTERDIT

Détruit, éradiqué, calciné, voilà ce que ça signifie ! (3). Dans ces moments-là, c’est très chaud, on ne se fait pas de cadeau ; mais, quand on a enfin réduit tout ça en cendres, le torchon ne doit plus brûler dans les foyers. Pour s’en persuader, il suffit de poursuivre la lecture du texte ci-dessus référencé et entamé ; nous recevons la promesse de vivre et de nous multiplier, au frais de nos vignes et de nos figuiers. Qu’on se recueille ensuite devant l’autodafé, ou qu’on danse autour du barbecue, c’est une affaire de caractères ; d’abord, il faut l’allumer... ce bûcher. Mais enfin pour qui, pour quoi donc ? Pour nos caprices, ces petites idoles : nos habitudes et nos manies de célibataires endurcis ; croyez-moi, cette dureté-là n’attend pas le nombre de nos années. On arrive avec notre vécu en bandoulière, un balluchon qu’on a peut-être l’intention d’enterrer près de la maison. Son contenu paraît banal et anodin. C’est ce qu’on dit, au tout début, du moins : Les ex. qu’on n’a pas tout à fait oublié(e)s ; les trophées de nos prouesses du passé, qu’on ne peut pas s’empêcher de caresser ; les arrières pensées et les doutes, parce qu’on s’est « fait avoir » autrefois : on ne nous y reprendra pas. Et les souvenirs de voyages qu’on trimballe dans nos bagages ! Ça peut mener très loin... Tenez, je vous raconte une histoire vraie : Une jeune femme nous avait alertés, par un coup de fil affolé. Elle ne trouvait plus de repos, la nuit : impossible de se blottir sous sa couverture, laquelle se soulevait toute seule et planait au-dessus de son lit. Mon épouse et moi, nous lui avons rendu visite. Nous l’écoutions attentivement, tout en faisant discrètement un inventaire stupéfiant. Ses murs étaient couverts de masques africains grimaçants, de fusils menaçants, de lances affûtées, même de flèches acérées dont la pointe était enduite de poison violent. Sur des étagères, trônaient des fétiches hostiles, belliqueux ou obscènes. Le bouquet, c’était un pistolet de poing armé, dissimulé sous un fauteuil pour le cas où des cambrioleurs seraient tentés par ce musée. Nous passions en revue cet arsenal et ces grigris, nous demandant d’où ils pouvaient bien provenir. C’étaient des cadeaux de marabouts, des talismans chargés de pouvoirs maléfiques parce que gorgés d’incantations magiques. Et des images de je ne sais quels autres dieux guerriers hantaient aussi sa maison. Chacun de ces objets était là en mémoire d’une période de sa vie.

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Bien sûr, que c’est un cas extrême ! Mais qui n’a jamais eu sa petite amulette, une amusette sans laquelle il se sentait perdu ? Nous lui avons vivement conseillé un grand remue-ménage de printemps. (4). Le nettoyage effectué, le phénomène a cessé. Il y a de cela 12 ans. Depuis, elle dort bien, merci ! Elle a déménagé, s’est mariée, elle est maman d’une fillette. Et sa couette ne joue plus la fille de l’air. Le feu au lac Comme elle, mais de préférence avant que ça ne sente le roussi, il faut savoir dévouer par interdit. Sans bouter le feu, au sens propre du terme, une solution consiste à rejeter et refuser tous les brandons de discorde : c’est-à-dire les attitudes et les propos qui risquent de briser l’harmonie du couple et de la famille. Voilà qui paraît infiniment simple, mais qui n’est pourtant pas si aisé ; renoncer, à quoi que ce soit, ne veut pas du tout dire : attendre en espérant que les choses se tassent. « Renoncer » est un verbe actif, qui implique une décision. Le mensonge et la colère sont les premiers visés dans une lettre destinée, il y a bien longtemps, aux habitants de la ville d’Éphèse. (5). Ma femme et moi avons réalisé que ce que l’on nomme à présent une ‘contrevérité’ (avec un tact franchement émouvant !) se manifeste parfois de manière plutôt subtile : on a juste un petit peu tendance à exagérer ou à minimiser les faits. On oublie que le mensonge se forme dès que la vérité est déformée. Veillons donc à ne pas transformer les situations. Un exemple tout bête, au hasard ? Imaginons qu’une femme s’offre une robe à 100 €. En sortant de la boutique, elle se dit que son mari va la trouver bien dépensière. Certes, elle a une foule d’excellents arguments : elle n’avait « plus rien à se mettre » ; ils sont invités, ensemble, à un dîner et elle tient à lui faire honneur : autant dire que, finalement, c’est pour lui qu’elle l’a achetée ! et puis, l’argent du ménage leur est commun, qu’elle sache ? On peut dire qu’elle ne l’a pas volé. Tout cela se tient… enfin, plus ou moins. Comme elle n’en est pas convaincue, parce qu’il risque de lui reprocher ces frais superflus, elle prétend n’avoir déboursé que 50 €. Au fond, ça n’a pas beaucoup d’importance – elle avait de si bonnes raisons ! Peut-être. Mais, comme un enfant cède à la tentation, elle a menti. (6). Oui. Mais pourquoi ? Oh ! bien sûr, elle n’a aucune excuse et nous ne lui en chercherons pas. Seulement, son mari n’a-t-il pas critiqué sa manière de s’habiller, ou d’autres particularités physiques plus sensibles ? Ne l’aurait-il pas humiliée, même sans y penser, par des paroles blessantes ? (7). Et dans ce cas particulier, même si l’on estime que c’est bien mérité, n’aurait-il pas râlé et manifesté de l’aigreur, de l’impatience ? Bref, piqué une grosse colère ?

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Caporal-chef La Bible est pourtant là pour lui rappeler que son épouse est « un vase plus faible, c’est-à-dire féminin ». (8). Cette dernière phrase, je le constate, amuse bien des non-croyants. Qu’ils lisent la fin du verset, c’est alors qu’ils seront édifiés ! Pour autant, nous ne pouvons pas ignorer que le MLF a sévi, et que les suffragettes ont fait des ravages qui n’étaient pas toujours justifiés. La vengeance est un plat qui se mange froid, et la réponse du berger à la bergère se résume en ces quelques mots-là : « L’homme est le chef de la femme ». (9). Voici quelques années, l’un des responsables de l’église que je fréquentais s’est adressé à Marie-Claire de façon assez discourtoise. Mon sang n’a fait qu’un tour et je n’ai pas tardé à lui conseiller de changer d’attitude. À mon intense stupéfaction, il a ouvert sa Bible et il a souligné ce verset. De toute évidence, il avait la mentalité d’un petit chef, et s’attendait à ce que ‘ces êtres faibles’ lui manifestent de la soumission. J’avais sous les yeux l’exemple parfait du texte, sorti du contexte, dont on se sert comme prétexte. À cette époque-là, je n’étais pas capable d’entamer un débat théologique sur le sujet. Mais (ceux qui me connaissent sourient déjà !) croyez-moi, avec mes mots à moi, je lui ai conseillé d’ignorer désormais ma femme ; je l’ai envoyé s’occuper de ses oignons, de son épouse et de sa maison. O.K. J’ai manqué de grâce. Mais si, dans le but de diriger son foyer, l’homme a besoin que son autorité soit reconnue, il ne doit en aucun cas user de violence même verbale. La Parole de Dieu exhorte à la franchise et la douceur. Dans l’égalité, la dignité et le respect, elle ne prêche ni opprimé – ni oppresseur. Coucouche panier ‘papattes en rond’, ainsi qu’un petit plaisantin l’a chanté, il n’y a rien de tel afin de bien rêver ! Dans cette désopilante position, il n’y a pas de place pour la dissimulation (qui ronge la confiance comme de l’acide).Comment s’endormir sur sa colère… comment sommeiller, quand on s’est « couché sur son irritation » ? (cf. 5). Après une dispute, souvent envenimée, un couple ne peut pas avoir le cœur en paix ; on se retourne sur ce pauvre matelas, on se tourne le dos, on a chaud – on a froid. Est-ce que ce ne serait pas plus avantageux, de s’excuser et se réconcilier sur l’oreiller ? C’est une oasis, un sanctuaire particulier où tout est partagé et donné, jamais forcé. À ce propos, fort justement, il est écrit que le lit conjugal doit être exempt de souillure. (10). Ce rappel du commandement « Tu ne commettras pas d’adultère » concerne l’un des interdits les plus bafoués, par notre culture comme dans la réalité.

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L'été dernier, un hebdomadaire féminin titrait : « Comment tromper son mari au bureau sans qu’il le sache ». Le parfum de scandale, alléchant, garantit un tirage important. Cet article n’aurait rien eu de novateur, s’il n’avait insisté sur la facilité et les avantages du lieu de travail. On y entretient une liaison piquante, sans le moindre souci du ménage, de l’argent ni des enfants ; elle se situe pratiquement hors du temps. En somme, ce magazine brodait sur le thème récurrent des séries, qui passent en boucle sur le petit écran souvent depuis plus de vingt ans. Accros à l’écran En tant que pasteur et avec mon épouse, j’ai rencontré de vraies droguées de ces feuilletons ; rivées sur leurs sièges, elles attendaient la suite… Peu à peu, leur conscience s’était cautérisée, et le pire les faisait rire. Le frère – très jeune – de l’une d’entre elles couchait avec une femme mariée ; mais elle n’en était plus choquée, l’excusant en ces termes : « il n’est pas converti ». (Comme si la fidélité devait être l’apanage exclusif de la chrétienté !). Elle avait repoussé les limites du péché. J’ai eu le triste privilège d’entendre des personnes infidèles expliquer que, souffrant de ne pouvoir communiquer avec leur conjoint, elles avaient rencontré quelqu’un qui leur manifestait de l’intérêt et les couvrait de compliments ; et elles s’étaient tout bonnement laissées avoir. En zappant sur les chaînes télévisées, je suis tombé sur un documentaire traitant de la prostitution. À visage couvert, pour ne pas être reconnues, des professionnelles racontaient leurs clients. Plusieurs affirmaient n’avoir jamais eu, avec certains d’entre eux, de relations sexuelles ; ils venaient juste pour parler de tout et de rien, de leur vie, et payaient pour être enfin écoutés. Au printemps, sur une chaîne nationale et à une heure de grande écoute, on a analysé le succès d’une entreprise florissante à Londres. Pour la modique somme de 60 € environ, vous figurez sur une liste d’attente ; au bout de quelques jours, le téléphone sonne, et rendez-vous est pris avec une jeune femme des plus charmantes. No problem. Si l’adultère se pratique à tout bout de champ, jetons-le aux orties ! L’amour sans interdit est fait pour les couples unis. -----------------------------------------------------------------------------------------------------------

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SI NOUS PARLIONS D’AMOUR

JEAN-CLAUDE ET MARIE-CLAIRE BUIS

L’amour se décline sous plusieurs formes : Storge, Philia, Agape et Eros… autrement dit affection, amitié, désir amoureux, amour divin. Toutes ces dimensions peuvent-elles être vécues en vérité ? Comment transposer cet amour et lui donner son sens au quotidien ? Aimer s’apprend. Le couple ainsi que la famille sont en perpétuelle construction. En nous partageant leur témoignage, Jean-Claude et MarieClaire

Buis

nous

proposent

des

pistes

de

réflexion

pour

nous

conduire

à

établir cet équilibre dans nos propres familles. Qu’il s’agisse du couple, de l’éducation ou de la relation parents/enfants, chaque sujet est traité avec minutie. La place de chaque membre doit être soignée et sans cesse ajustée

par

le

dialogue

afin

que

chacun

puisse

s’épanouir,

tant

au

sein

de

la

famille

qu’à

l’extérieur.

Solidement

appuyé

sur

la

Bible,

leur

témoignage

est d’autant plus fort que leur rencontre avec Dieu a eu lieu dix ans après leur mariage, rencontre décisive qui a pu relever et restaurer totalement leur couple

et

leur

foyer. Parents et grands-parents, Jean-Claude et Marie-Claire Buis sont pasteurs de l’Assemblée Chrétienne d’Agen. En parallèle de leur service pastoral, ils interviennent

en

France

et

à

l’étranger

pour

animer

de

nombreux

séminaires

sur les thèmes de la famille, du couple et des jeunes. Ils ont notamment fondé l’Ecole de la Famille ainsi qu’une Ecole Biblique au sein de leur propre église.

ISBN 978-2-916539-37-9 EPP036

15¤ Peinture : Palma Giovane “La piscine” 1592 Collezione Molinari Pradelli, Castenaso graphisme : www.atomike-studio.com

www.premierepartie.com

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