Andrew Comiskey "Vers une sexualité réconcilée"

Page 1

Fejujpot!B wjb

WFST!VOF!TFYVBMJUF!SFDPODJMJFF .!.!.!.!.!.!.!.!.

.!Boesfx!Dpnjtlfz!.


Vers une sexualité réconciliée


Table des matières Préface Introduction 1.

Mon histoire

2. Une compréhension sexualité

biblique

de

la

3. Trouver le désir qui surpasse tous les autres 4.

Le Fils est venu nous affranchir

5.

Une loyauté sans partage

6.

La force qui nous délivre

7. L’espoir restaurée 8.

d’une

identité

sexuelle

Faire la paix avec ses parents

9. La fuite vers la dépendance du plaisir sexuel 10.

La liberté d’aimer

11.

Le don de nos blessures


Vers une sexualité réconciliée

12. Devenir soi-même partie intégrante de la solution Notes Bibliographie


Chapitre 1

Mon histoire Si mon enfance est devenue une série de beaux souvenirs, je le dois largement au soutien et à la stabilité de ma famille. Aucun abus évident de la part de mes parents, aucun traumatisme précis qui aurait brisé en moi le sentiment d’exister. Pas de doute, j’étais aimé. Dans notre contexte gentiment banlieusard, les moments de crise se limitaient pour moi à la varicelle et aux changements d’instruments dans l’orchestre de l’école. Tout était apparemment en ordre. Aucun facteur alarmant qui aurait contribué à mon homosexualité. Mes parents étaient tous deux attachés à des valeurs humanistes. Ils savaient souligner le positif chez les autres, minimisaient le mal au point de le nier (en particulier mon père), et ils étaient activement engagés à améliorer notre société. Mon père enseignait la psychologie dans une université locale. Pendant à peu près une décennie, ma mère poursuivit des études et trouva un poste d’enseignante dans la même université que mon père, où on lui proposa de donner des cours sur le développement de l’enfant. Aucun d’eux n’ignorait les principes du rôle parental. Leurs convictions religieuses s’exprimèrent d’abord dans une adhésion à l’unitarisme. Mais à l’époque de ma naissance, maman décida de fréquenter l’église épiscopalienne ; c’est là que mes deux frères aînés et ma jeune sœur (qui ont une différence d’âge de deux ans les uns avec les autres) furent baptisés et plus tard confirmés. Dans leurs familles respectives, mes parents avaient fait l’expérience d’une sorte de détachement émotionnel qui frôla, à certains moments, l’absence totale de connexion. Ma mère devint orpheline dès sa naissance et fut adoptée deux ans plus tard. Elle fut une enfant modèle et resta fidèle à ses parents jusqu’à leur mort. Cependant, elle ne sembla jamais être particulièrement attachée à eux. Leur relation paraissait quelque peu forcée et formelle, comme si ma mère se sentait obligée d’entretenir des rapports distants avec sa famille immédiate. Certaines décisions intérieures l’amenèrent à devenir la femme dynamique qu’elle était, et est encore aujourd’hui. Les parents de mon père divorcèrent à l’époque de sa naissance, l’entraînant, avec son frère aîné et sa jeune sœur, vers une croissance accélérée. Sa mère dut alors travailler durement comme vendeuse et son frère mourut quand mon père


Vers une sexualité réconciliée avait douze ans. À l’âge de quinze ans, il put rendre visite à son père, qui se soûla ce jour-là et eut des rapports sexuels avec une prostituée en présence de son fils. Son père décéda plus tard de l’alcoolisme dans un hôpital pour anciens combattants. La mère de mont père était une personne au grand cœur, mais une femme plutôt instable qui ne semblait jamais être sûre de l’affection de son fils et de sa fille pour elle. Sur le plan de la réserve émotionnelle et d’un fort penchant pour l’autonomie, mon père et ma mère allaient bien ensemble. Je décris le développement initial et inconscient de mes tendances homosexuelles au début du chapitre sept. Il me suffira de préciser maintenant que je devins conscient de désirs clairement homosexuels à l’âge de douze ans, prise de conscience angoissante qui annonçait à juste titre les sinistres années à venir. L’acceptation de mon entourage était tout pour moi. Les liens familiaux étaient fragiles et j’essayais de toutes mes forces d’établir des relations avec mes pairs. Je dilapidais la plupart de mon temps et de mon énergie à conquérir l’acceptation des autres dans un groupe « branché » de jeunes gens, qui me laissèrent tomber quand la rumeur courut que j’étais homosexuel. Mon terrible secret devint un crime social qui conduisit à une année de pesantes accusations. Voilà pour l’acceptation de mes camarades. Je réussis à m’en sortir avec l’aide de quelques fortes amitiés féminines qui étaient sûres, bien que finalement restrictives. Au sein de cet étrange système de camaraderie, je faisais figure « d’ami » asexué, fournissant aux filles un compagnon fiable et sensible qui ne représentait pas de menace sur le plan sentimental. Je me souviens m’être senti étouffé par mon dilemme socio-sexuel, conscient d’être devenu trop âgé pour voir les femmes comme des camarades de jeu et encore trop jeune pour sortir du paradoxe qui consistait à craindre les hommes tout en désirant de plus en plus une fusion érotique et émotionnelle avec eux. Je résolus provisoirement le problème en m’engageant dans une relation avec une jeune fille pendant environ six mois. En dépit de nos rapports intimes et d’un attachement authentique avec elle, mes appétits homosexuels devenaient plus intenses. Ainsi à seize ans, alors que mon amie était en vacances avec sa famille, j’eus ma première relation homosexuelle avec un lycéen de dernière année qui, quatre ans plus tôt, avait rivalisé avec moi comme cible de plaisanteries anti-homosexuelles. Ensemble, nous avons alors réalisé en actes ce dont nous avions été accusés pendant la majeure partie de notre adolescence. Je pensais que j’avais trouvé dans ce garçon mon seul et unique bonheur ami-amant ; mon amie fut écartée. Quelques mois plus tard, notre union se termina sans douleur après que j’eus réalisé que la masturbation 22


Mon histoire réciproque ne pouvait pas vaincre une immaturité mutuelle. Celle-ci prévalut et je me lançai à la découverte de ce monde homosexuel dont je venais d’avoir un avant-goût. Je le fis en compagnie d’une vieille amie ; ensemble, nous avons commencé à fréquenter les boîtes disco homosexuelles de Los Angeles. Bientôt, nous formions un groupe d’habitués de certains endroits chauds de Hollywood. J’avais trouvé un refuge, le sentiment unique d’avoir un but et une identité, très loin des réalités mondaines de mes racines banlieusardes. Mes luttes cessèrent temporairement. J’étais finalement libre d’aligner mon identité et ma vie relationnelle sur mes sentiments. Avec mes amis gays je découvris un refuge à l’écart de la majorité hétéro, qui était, selon nos conclusions, la barrière principale à notre aspiration à être nousmêmes. En fait, nous nous sentions légèrement supérieurs à ceux qui étaient encore liés par le conservatisme culturel qui considérait l’hétérosexualité comme plus juste que l’homosexualité. Le moi gay, à l’intérieur des murs sensuels et intoxicants du bar ou de la boîte disco, ne connaissait pas de limites. Mon corps et mon idéalisme juvéniles me servaient d’atouts dans les négociations. J’aimais être désiré et échanger mes qualités commercialisables contre celles qui semblaient incarner pour moi les solides attributs masculins. Mais la fusion sexuelle avec une image de la masculinité ne pouvait en aucun cas m’offrir l’appropriation réelle de l’image convoitée. En fait, toute tentative d’entrer dans des amitiés post orgasmiques était vouée au raccourci. La nuit, nous étions comme des petits garçons, nous efforçant avec zèle de nous envelopper dans des corps d’hommes et nous évertuant à maintenir une image d’attrait masculin propre à séduire le père perdu de notre jeunesse. Mais chaque nouveau matin révélait à quel point nous étions incapables de nous voir l’un l’autre au-delà de nos besoins infantiles. Après le lycée, j’emménageai avec mon ami dans un quartier de la ville à prédominance homosexuelle. De toute évidence, cela renforça mon engagement dans l’homosexualité. Par ailleurs, mes études de psychologie et de sociologie confirmaient ma conviction qu’il était juste de vivre pleinement mon orientation homosexuelle. À l’université, une grande association d’étudiants gays, bien organisée, garantit mon statut d’homosexuel comme étant normal et acceptable. Et pourtant je le remettais en question. Fréquemment, je me prenais à observer les activités qui se déroulaient sous mes yeux dans des bars gays ou des soirées pour homosexuels, me demandant ce que je faisais là. Quelle folie ! Sous la 23


Vers une sexualité réconciliée bannière du phallus dressé, des hommes d’âge mûr se faisaient manipuler par des adolescents flirteurs qui les conduisaient au désespoir, parfois à la violence. Même les rencontres les plus sérieuses se dégradaient rapidement pour devenir des jeux érotiques. Un de mes amis fut découvert décapité après avoir accepté de monter en voiture avec un assassin qui prenait pour proies de jeunes homosexuels. Je vis mon camarade de chambre devenir de plus en plus fantasque, passant de l’extase absolue à l’abattement le plus intense au cours d’une série de douloureuses relations amoureuses. Il était d’une beauté inhabituelle et avait la capacité naturelle d’obtenir ce qu’il voulait. Son découragement me mettait aussi un peu face au mien. Je commençai à me demander sérieusement : « Estce que je veux être dans cette position dans vingt ans, et continuer à être ballotté de tous les côtés par ce violent désir d’être aimé par les hommes ? » Je me mis aussi à me mépriser. Le fait de reconnaître la futilité de relations sexuelles rapides et l’égocentrisme qui les accompagnait ne m’en libérait pas pour autant. Je pouvais observer les éléments désespérés et trompeurs de la vie gay, mais je continuais d’y participer activement. Heureusement, je fus ramené à la raison par certaines dures réalités. J’attrapai une maladie vénérienne et des verrues anales, dont une des dernières avait été causée par un viol en groupe (j’avais invité un inconnu chez moi et avait été assailli par une douzaine d’hommes). Je m’étais aussi jeté dans une relation prétendument monogame qui révéla plus clairement que jamais que ni moi, ni lui, ni aucun autre partenaire ne pourrait jamais satisfaire le profond désir que j’avais d’aimer et d’être aimé. Courtisé par Jésus Durant cette douloureuse période, je n’avais pas vraiment conscience que Jésus me recherchait. Et pourtant, je le connaissais. Sa puissance transformatrice était évidente dans la vie de mes deux frères aînés, qui avaient accepté la foi chrétienne à la fin de leur adolescence avec toute la ferveur et les fioritures contre-culturelles qui caractérisaient le mouvement des "Jesus people" dont Chuck Smith fut l’instigateur au début des années soixante-dix. Ils représentaient pour moi un précédent spirituel. À les entendre, le fait de devenir chrétien impliquait un changement, une réorientation fondamentale de nos allégeances en direction de Jésus qui, en retour, faisait de nous des personnes différentes. La simple idée d’abandonner le contrôle de ma vie me remplissait d’effroi. 24


Mon histoire Mes frères priaient pour moi et témoignaient de leur foi. Je leur résistais avec des banalités et des moqueries et leur opposais des arguments humanistes. Leurs prières l’emportèrent. Deux faits importants se produisirent alors : ma grand-mère paternelle était une croyante fervente ; en fait, c’est sa foi qui ranima celle de mes frères, produisant une chaîne de conversions dans toute notre famille. Mais elle devint sénile à la fin de sa vie et dut être internée dans un hospice de vieillards. Je lui rendis visite au plus fort de ma déchéance et distillai au compte-gouttes quelques maigres encouragements. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Étonnamment lucide, elle me regarda fixement et me dit : « Tu es un hypocrite. » Elle avait raison. Même mes efforts d’aimer les plus sincères étaient assombris par les ténèbres qui imprégnaient ma vie. Le deuxième déclic fut provoqué par ma mère. Alors que je rendais un jour visite à mes parents, j’avais l’air particulièrement hagard. Ma mère m’encouragea simplement à regarder à ce Jésus qui avait suscité tant de bons changements dans la vie de mes frères. Cela confirma ce que le Saint-Esprit me révélait gentiment : j’avais besoin d’un nouveau départ et Jésus en serait le tremplin. Alors que je continuais de vivre avec mon meilleur ami gay et que j’étais par ailleurs absorbé par une relation homosexuelle prétendument sérieuse, j’acceptai Jésus comme Seigneur. Certains amis de lycée m’invitèrent à un concert chrétien. Lorsque le chanteur du groupe fit un appel à la fin de la soirée, je n’hésitai pas un instant. Mon heure était venue — Dieu avait préparé la voie pour que je l’accueille par son Fils. Mon cœur saisit ce que ma tête ne pouvait pas encore comprendre. Je devins chrétien ce soir-là et le Saint-Esprit commença à s’établir lui-même comme la force directrice de ma vie. Je ne veux pas dénigrer l’impact de ma décision de suivre Jésus. Et je n’ai pas non plus l’intention de la magnifier pour la décrire comme le seuil que je franchis pour entrer avec félicité dans une vie pleinement hétérosexuelle. Accepter Jésus fut plutôt pour moi le premier de nombreux pas dans un processus de restauration. Il devint la base de cette reconstruction qui allait prendre ma conversion pour fondement ; ma relation avec Jésus devint le canal de cette guérison. Comme pour toute nouvelle relation, celle-ci était encore à l’état brut. Et je suis reconnaissant de ce que sa fidélité eut le dernier mot. Je n’eus que peu de peine à laisser tomber mon amant du moment. Les racines de cette relation étaient peu profondes, et le soutien dans la prière de mon voisin de palier (un chrétien, comme je le découvris plus tard) me permit de 25


Vers une sexualité réconciliée rompre. La réalité de ma vie dans un quartier gay se trouvait cependant confrontée à la nécessité de nourrir mes nouvelles convictions spirituelles. En d’autres termes, mon amour pour Jésus ne se développait pas dans le cadre d’une communauté aimante de chrétiens. Je me sentais seul dans ma foi. Je fréquentais une église et rentrais chez moi, dans un quartier gay, où mon camarade de chambre et nos amis communs s’évertuaient à effacer ma conversion comme une passade amusante. Ma marche personnelle avec Jésus, ainsi que le soutien d’un couple d’amis chrétiens qui connaissaient mes luttes sexuelles, me permirent de m’enraciner progressivement dans la vie de la foi. Quelle transition ! La communauté gay m’avait donné une identité et un système de soutien. S’opposant aux milieux hétéros et à leurs réactions brutales, et souvent ignorantes, vis-à-vis de l’homosexualité, elle m’avait fourni un refuge au sein duquel mes conflits internes trouvaient un soulagement et mon homosexualité une confirmation. J’appris que l’Église essayait de faire la même chose pour ceux qui cherchaient Jésus ! Et je devais faire œuvre de dépouillement et de réinvestissement. Il fallait accepter la douleur du deuil qui en était la conséquence logique. Et personne ne me garantissait l’épanouissement émotionnel. Je me souviens être entré dans une des gigantesques églises de l’Orange County, où de jeunes chrétiens comme moi se rassemblaient pour assister à des concerts et répondre à des appels à la conversion. Des milliers de jeunes étaient réunis, et je me sentais seul. Je luttais pour ne pas dénigrer l’enthousiasme aux yeux bleus et aux cheveux blonds qui m’entourait. Même un petit groupe d’études bibliques ne parvint pas à me fournir une transition efficace vers l’église hétérosexuelle traditionnelle. Dans mon orgueil et mon aliénation, j’eus de nouveau recours à la communauté gay, cherchant d’anciens amis pour des relations sexuelles épisodiques ou me perdant dans l’extase de la drogue. Je remettais rarement en question la présence de Jésus dans ma vie, mais je faisais des ricochets entre les récompenses alors limitées de la vie chrétienne et le soulagement sécurisant et familier que je pensais trouver au sein de la communauté gay. Bizarrement, la question du péché homosexuel avait été réglée très tôt. Le Saint-Esprit m’avait ouvert les yeux sur la cassure que représentait l’homosexualité, au niveau personnel et collectif, tandis que je recherchais sérieusement des amants gays. Je reçus donc une sorte de confirmation lorsque j’entendis un enseignement traditionnel exposant le point de vue biblique sur l’homosexualité. Je savais déjà que mon identité sexuelle avait besoin d’être rachetée ! Entendre Paul décrire l’homosexualité comme une sorte d’idolâtrie (Rom. 1. 16-32) ou comme l’un des nombreux péchés pour lesquels Jésus était 26


Mon histoire mort (1 Cor. 6. 9-11) avait donc un sens pour moi. Je n’avais aucune difficulté à saisir le fait que j’étais un pécheur qui dépendait totalement de la grâce de Dieu. Une croissance lente C’est avec un sentiment de gratitude que je m’ouvris à un petit groupe de chrétiens auxquels je rendais des comptes sur mon style de vie, et j’en vins à vivre la vérité de manière pratique : oui, j’étais un pécheur comme les autres. Cela ne suffisait pas à m’empêcher de me stigmatiser ! J’avais besoin d’être connu et soutenu par des amis chrétiens. La lutte que menait un ami contre des tendances à la pornographie hétérosexuelle, la solitude d’une femme due à la longue absence de soupirants masculins, la nécessité qu’avait un autre de renoncer à une relation hétérosexuelle à cause de sa nature immature et immorale — toutes ces expériences trouvaient un écho en moi et nous poussaient à nous soutenir sérieusement les uns les autres sans que moi, ou l’un ou l’autre, ne soient taxés de pervers. Nous étions plutôt unis dans notre désir de repartir avec Jésus à la barre. Nous le voulions ; nous avions besoin les uns des autres. La grande et nouvelle chose qu’il voulait faire dans nos vies surpassait tous nos départs ratés, quels qu’ils aient été. Cette affection de mes frères et sœurs donna une réalité à mon espoir de sortir de l’homosexualité et d’entrer dans la plénitude de la volonté de Dieu. Bien que les détails de ses desseins ne me parussent pas très clairs, je savais que je pouvais lui faire confiance. Je lui promis mon allégeance. Mon engagement fut mis à l’épreuve de deux manières. Je dus d’abord admettre qu’un nombre croissant de chrétiens acceptait l’homosexualité comme le plan de Dieu pour leurs vies. À l’université que je fréquentais, je rencontrai un groupe d’étude qui s’était donné pour nom « Bible et homosexualité ». Il était composé de représentants progays de presque chaque dénomination chrétienne. J’entendis des témoignages spectaculaires de plusieurs personnes qui professaient être nées de nouveau après être sorties d’un christianisme étriqué pour entrer dans l’homosexualité. Je fis la connaissance d’une femme merveilleuse d’une église homosexuelle (Metropolitan Community Church) qui me présenta plusieurs chrétiens homosexuels. J’assistai même à deux services religieux dans leur église. Leurs témoignages me touchaient — ils avaient fait l’expérience du désert, à la recherche de Jésus dans un milieu religieux impuissant et ignorant, en quête d’une délivrance qui n’arrivait jamais, jusqu’à ce qu’ils en concluent que Jésus n’avait d’autre désir que de bénir leur homosexualité.

27


Vers une sexualité réconciliée Non seulement leurs expériences me bouleversaient, mais elles me tentaient aussi. Formidable, pensai-je. Les bénédictions de la foi associées aux bras forts d’un amant. Cette perspective exerçait un puissant attrait car, bien que ma vie chrétienne fût en progression, j’étais encore à la recherche d’une affection masculine tangible. Mais il y avait dans leurs histoires quelque chose qui me dérangeait, et qui me semblait intrinsèquement étranger à l’Évangile. On rendait peu gloire à la puissance transformatrice de Jésus. Je me nourrissais donc de la connaissance limitée que j’avais de Jésus et de la manière dont il attire les hommes à lui. Ce que je savais, c’est qu’il demande que nous nous soumettions à lui, tels que nous sommes, afin de réorienter notre personnalité et nos buts. De leur côté, ces chrétiens progays rendaient davantage gloire à leur style de vie qu’à Jésus. Leur homosexualité n’était pas soumise à l’examen de Dieu, mais plutôt maintenue comme une sorte de droit personnel. En bref, je percevais un manque profond d’inspiration dans leur foi. Bien que probablement blessés par leur église d’origine et sincères dans leur tentative de proposer une guérison, ces pèlerins n’étaient pas oints. Je quittai ce groupe, malgré mon incertitude quant à la manière dont Dieu allait m’aider à résoudre mes luttes sexuelles. Mais j’avais toujours l’assurance qu’il allait y remédier. Néanmoins, je n’étais pas toujours fidèle dans mon désir de renoncer à mes penchants homosexuels. Comme le laissent entendre ces quelques paragraphes, ma marche chrétienne fut plutôt irrégulière au début. Je grandissais dans la foi et la communion fraternelle et je me retrouvais subitement submergé par des désirs coupables et un intense sentiment de solitude. Je cherchais alors à me dissimuler dans le péché homosexuel. Mon camarade de chambre se fatigua de mes caprices. Tout païen qu’il était, il m’exhorta plus franchement qu’un chrétien ne l’aurait fait : « Décide-toi. Si tu veux être chrétien, sois-le. Si tu veux être gay, vas-y. Mais arrête de m’utiliser en balançant de décision en indécision. » Moi aussi, je me fatiguais de devenir fort pour Jésus pendant un temps et d’opter ensuite pour la clause de la fuite homosexuelle quand les choses devenaient trop pénibles. Il fallait que quelque chose cède. C’est là qu’intervint la seconde épreuve de mon allégeance à Jésus. Si j’avais l’occasion d’avoir une relation homosexuelle affective durable, est-ce que je continuerais d’opter pour lui ? Les expériences d’une nuit étaient une chose, mais quelle serait mon attitude si j’avais la possibilité d’être l’objet de l’affection permanente d’un homme ? Je devais admettre que, dans un coin de mon cœur, j’étais encore à la recherche de «l’homme de ma vie». Il me fallait 28


Mon histoire faire face à ce « coin » et l’abandonner si je voulais me donner de tout mon cœur au Seigneur. Je rencontrai Michael durant l’une de mes escapades dans les milieux gays. Il était sensible et fort, prêt pour une relation. Nous devînmes amants et, pendant les mois qui suivirent, ma foi subit une crise d’une intensité inhabituelle. Je le voulais ; je voulais Jésus. Nos interludes — cachés, stimulés par la drogue, remplis de l’illusion du plaisir et des promesses mutuelles — se heurtaient à la pesanteur et l’aliénation dont je faisais l’expérience dans la communauté chrétienne à cause de ce péché non confessé. Je voulais maintenir Michael loin de la lumière, ce qui me rendait incapable d’entrer dans une réelle adoration, sous quelque forme que ce fût. Un soir, nous nous trouvions ensemble dans une fête pour homosexuels et la tension était à son comble. J’avais envie de m’élever au-dessus des contraintes de mon comportement habituel dans ce genre de festivités, et de proclamer devant tout le monde ma véritable identité chrétienne. Mais je n’y arrivais pas. J’étais piégé, pieds et mains liés, à cause de ma désobéissance. Je me précipitai hors de la maison et courus dans la rue, traversai des carrefours et parkings. J’aperçus un petit groupe de personnes rassemblées devant la porte d’un immeuble, et quand j’arrivai à leur hauteur, je m’aperçus que c’étaient des membres de mon église qui, sans que je le sache, s’étaient retrouvés là. Je n’ai jamais été aussi heureux de rencontrer des frères et sœurs. En l’espace de quelques minutes, je passai des vertiges de l’aliénation à la joie de rentrer à la maison. Rétrospectivement, ces paroles de Dietrich Bonhoeffer se réalisèrent à ce moment-là : Le prisonnier, le malade, le chrétien en exil voient dans la communion avec un de leurs frères chrétiens un signe physique de la présence gracieuse du Dieu trinitaire. Le visiteur et le visité dans sa solitude reconnaissent dans l’autre le Christ qui est présent dans le corps ; ils se reçoivent et se rencontrent l’un l’autre comme on rencontre le Seigneur1. Après cela, je sus que je devais rompre avec Michael. Je le fis, et une tonne de briques fut alors ôtée de mes épaules. Le Seigneur purifia mon cœur de l’illusion de l’idylle homosexuelle et m’appela à une stricte obéissance. Ce fut l’une des rares fois où je pus entendre sa voix de manière audible ; il me 1

Dietrich Bonhoeffer, De la vie communautaire (Editions du Cerf et Editions Labor et Fides, 1983), p.14. 29


Vers une sexualité réconciliée demanda si je voulais vraiment abandonner mes anciennes façons d’aimer et d’être aimé. Est-ce que je ne lui ferais confiance et ne le rechercherais que face à la solitude et à la tentation de m’engager dans une aventure homosexuelle ? Quelque chose s’effondra en moi. Rétrospectivement, je crois que j’ai peut-être été délivré d’un esprit qui me tourmentait. Je soumis de tout cœur ma sexualité au Seigneur avec la conviction sous-jacente que les aventures homosexuelles ne faisaient plus partie des choix possibles. Mais mes luttes sexuelles ne cessèrent pas pour autant. Je me sentais parfois submergé par l’incertitude de mon futur relationnel. Je ne pouvais pas avoir d’amoureux, même si j’en avais parfois une forte nostalgie. Et je n’avais pas de grand désir pour les femmes, et encore moins pour une épouse et une famille. Je continuais de me définir comme vivant pour Dieu, vivant pour certaines bonnes amitiés, vivant pour un appel plus noble, mais toujours célibataire et chaste, sans avenir passionnant en vue. Un après-midi, les choses devinrent particulièrement intenses. Je luttais contre des désirs homosexuels et finis par avoir recours à la masturbation. Je me sentis alors très mal à l’aise et criai au Seigneur. En moi, j’aspirais violemment à communier avec quelqu’un, n’importe qui — j’étais fatigué de m’en sortir seul. Et j’étais encore plus las de soulager ma solitude au travers du recours ingrat et irréel à l’orgasme solitaire. Le Seigneur apaisa mon cœur. Il m’envoya son amour par vagues. Non pas sous la forme de quelqu’un en chair et en os, mais de son Esprit qui descendit en moi ce jour-là et me soutint. Il m’appela à lui faire davantage confiance quand il s’agissait de satisfaire mes besoins, y compris ce désir légitime d’attachement physique et affectif avec quelqu’un d’autre. Je pris alors plus nettement conscience de l’intention qu’il avait de me toucher dans ma confusion sexuelle et de me donner des solutions. La réponse prit forme lorsque je me mis à désirer une relation avec une femme. Le foyer chrétien où j’habitais me limitait à des relations avec le même sexe, et je me lassais de devoir constamment fréquenter le masculin. Je voulais explorer l’autre, la femme, à partir d’un sentiment plus sûr de la masculinité. Je remarquai une différence dans ma manière d’aborder le sexe opposé. Au lieu de considérer les femmes comme de simples amies qui m’acceptaient davantage que les hommes, je commençai à faire l’expérience des périls et plaisirs de la tension hétérosexuelle. Cela voulait dire que je devais prendre le risque de m’approcher d’une femme désirée sans la moindre garantie de sa réaction. 30


Mon histoire Comme les hommes, les femmes possédaient aussi le pouvoir soit de me bénir, soit de me rejeter. Annette Une ou deux relations de courte durée apparurent et disparurent, mais c’est seulement lorsque je rencontrai Annette qu’une union digne de ce nom put commencer à s’établir. Nous étions collègues dans une librairie, devînmes amis et une chaleureuse relation de confiance se développa entre nous qui aboutit à des sentiments amoureux chez tous les deux. Elle n’était pas celle que j’attendais et je n’étais pas non plus pour elle l’amoureux de ses rêves. Je la trouvais matérialiste et dure ; elle estimait que mon excès de piété me nuisait, à moi et aux autres. Nous avions tous les deux une personnalité forte et franche, ce qui amena à la fois des conflits et des élans passionnés, riches et profonds. Deux thèmes caractérisaient notre relation. D’une part, l’honnêteté. Avant de nous fréquenter, je lui fis part de mes luttes sexuelles. Je ne lui cachai absolument rien de ma sexualité, ce qui me permit d’être transparent quant à mes luttes résiduelles et lui donna assez de liberté pour faire face à ses propres craintes au sujet de mon statut et de choisir en connaissance de cause. En retour, je lui fis remarquer certaines blessures et illusions qui influençaient encore sa propre vie. Elle commença à les affronter et me permit de l’aider dans ce domaine. Mais avant de nous engager sérieusement l’un envers l’autre, Annette et moimême avions besoin de nous rapprocher dans le domaine de notre vie spirituelle. Ce fut le deuxième grand fondement de notre relation. Les convictions religieuses d’Annette différaient des miennes dans la mesure où elle considérait qu’elle était chrétienne depuis son enfance et n’avait pas fait l’expérience de la conversion, telle que je la concevais dans ma compréhension « charismatique » de la vie chrétienne. En dépit de convictions dissemblables, il nous fut facile d’admettre que nous avions besoin de connaître davantage la puissante présence de Dieu dans nos vies. Nous avons alors commencé à fréquenter l’église Vineyard Christian Fellowship de Santa Monica. L’influence de cette communauté, alliée à notre désir de dépendre plus profondément du Saint-Esprit, changea nos vies. Nous apprîmes comment mieux prier l’un pour l’autre et faire confiance au Seigneur. Lorsque nous arrivions à des impasses dans notre relation, Annette et moi recevions l’aide de l’église. L’émergence progressive de désirs sexuels entre Annette et moi représentait une partie intéressante de notre relation. Tout d’abord, je n’eus que des 31


Vers une sexualité réconciliée réactions très légèrement érotiques vis-à-vis d’elle. Nous étions des amis qui approfondissaient leur engagement émotionnel et spirituel l’un vers l’autre. En dépit de bribes d’attirance physique, le catalyseur de notre relation à son stade précoce ne fut pas d’ordre érotique. Cela me surprit, étant donné que mes expériences homosexuelles avaient toujours été alimentées par une convoitise d’une «haute teneur en octane» qui se consumait rapidement pour révéler une immaturité émotionnelle incapable de maintenir des relations à long terme. Avec Annette, je pris le chemin en sens inverse. Mes sentiments érotiques pour elle surgirent d’une confiance et d’une complémentarité affective et spirituelle fermement établies. Je la désirais d’une manière que je n’avais jamais expérimentée auparavant. L’attirance physique naissait de notre relation ; elle n’était plus ce point de départ explosif, chargé d’illusions et de poses séductrices. Je remercie Dieu de ce qu’il m’a donné la grâce de pouvoir faire l’expérience de ma sexualité d’une manière nouvelle, selon ses intentions. Je suis également reconnaissant pour la grâce que m’a donnée ma femme, et pour sa patience à un moment où le Seigneur réveillait en moi l'attention et l'attirance que sa beauté mérite. Annette apprenait aussi des leçons de son côté. Lorsque je commençai Desert Stream, elle pensa tout d'abord que cette tâche formerait une petite partie d'une vocation pastorale plus importante. Mais après une année de travail à Desert Stream, juste avant mon mariage, il devint clair que Dieu multipliait nos efforts pour en faire un ministère à plein temps. J'étais diplômé de UCLA et recevais un demi-salaire de l'église Vineyard. J'avais formé et dirigé un groupe de prière dans les quartiers ouest de Hollywood, et il s'était développé en une structure enseignement-ministère axée sur la guérison, qui est devenue ce que nous appelons maintenant le programme Torrents de Vie. Je croulais littéralement sous les occasions d'exercer mon ministère et Annette s'apercevait qu'elle était plus que jamais limitée dans sa liberté par des homosexuels en crise et par le laborieux ministère "J'étais gay, je veux être hétéro", que de plus en plus de gens exigeaient de moi. Elle aurait voulu avoir à la maison des études bibliques "normales" et diriger l'école du dimanche. Elle aurait préféré que son mari laisse définitivement derrière lui son passé homosexuel et s'engage vers le doux anonymat de la vie hétérosexuelle. Elle en voulait à Desert Stream, et éprouvait une amertume particulière envers les homosexuels qui exigeaient tant de moi. Puis, un soir, lors de notre réunion dans le quartier ouest de Hollywood, Dieu changea ses sentiments pour eux. Il lui révéla le subtil mensonge du jugement qu'elle portait contre eux – la conviction qu'elle était plus normale, plus juste, 32


Mon histoire qu'elle avait moins besoin de sa grâce qu'eux. Le Seigneur toucha son cœur avec la même puissance et la même miséricorde qu'il manifestait envers ceux qui luttaient. Il lui montra aussi dans quelle mesure les différents combats qu'elle menait étaient issus de la déchéance propre à tous les humains et qu'ils devaient donc être soumis à la même grâce que les luttes homosexuelles. A partir de ce jour, elle put accepter l'appel particulier de Dieu dans nos vies et même s'en réjouir. Quelques autres aides précieuses Je fus extrêmement reconnaissant pour une double assistance de poids dont Annette et moi-même pûmes bénéficier à cette époque. D'une part, celle des dirigeants d'Exodus International, une organisation qui cherche à regrouper et unir les ministères envers les homosexuels. Ces hommes et ces femmes – Frank Worthen, Alan Medinger, Mary Lebsock, Bob Davies, Robbi Kennex, Lori Thorkelson – me prodiguèrent leur affection et leurs encouragements et soulagèrent en moi le sentiment d'aliénation et d'insignifiance que j'éprouvais souvent en proclamant seul l'espérance de la guérison dans la région de Los Angeles. Les conférences annuelles d'Exodus me permirent de bénéficier de toutes sortes de ressources pour le ministère. Je continue de louer Dieu pour l'obéissance persévérante des dirigeants d'Exodus. Sans eux, notre itinéraire aurait été plus périlleux et plus solitaire. Dieu nous fit un autre grand cadeau au travers du ministère de Leanne Payne. J'avais lu son livre L'image brisée, dont le message défrichait un champ nouveau lorsqu'il parut en 1981. Elle y parlait de la capacité d'invoquer la présence guérissante de Dieu dans les blessures, carences et mensonges inhérents à la sexualité déréglée. J'en étais bouleversé. Cela me donna la vision d'une plus grande guérison pour moi-même et pour ceux envers qui j'exerçais un ministère. Plus tard, j'eus l'occasion d'entendre Leanne Payne enseigner lors d'une conférence d'Exodus et je reçus une puissante guérison liée à ma masculinité. Depuis lors, le ministère de Leanne Payne est resté un instrument clé que Dieu utilise pour me rendre sensible aux plus grandes œuvres de guérison qu'il veut faire dans ma vie et au sein du ministère Desert Stream. Mais malgré cette aide, mes luttes persistaient. Durant mes études de théologie, une thérapie individuelle m'aida à consolider mon identité masculine et à mieux m'identifier aux figures masculines de ma vie. Cette thérapie me donna aussi la liberté d'être plus vulnérable et moins avide de contrôle dans mes relations ; ce qui eut un grand effet dans ma relation avec Annette. Elle manifestait tellement d'amour, de soutien et de flexibilité. Elle devait montrer une force de caractère 33


ÓMf!qspdfttvt!rvf!kf!e dsjt!ebot!df!mjwsf!ftu!dfmvj!ef!nb!sftubvsb. ujpo/!Kf!sftuf! nfswfjmm !efwbou!mb!dbqbdju !rvÖb!fvf!npo!Q sf!d . mftuf!ef!qspevjsf!ef!ufmt!dibohfnfout!ebot!nb!wjf!fu!ef!nf!tpvufojs! bwfd!bnpvs!ebot!nft!mvuuft!upvu!bv!mpoh!ev!difnjo/!MÖjujo sbjsf!rvj! nÖb! dpoevju! ef! mÖipnptfyvbmju ! ! nb! w sjubcmf! jefouju ! i u sptfy. vfmmf!b! u !kbmpoo !ef!cfmmft!s w mbujpotÔ/

Boesfx!Dpnjtlfz Mf! u npjhobhf! qfstpoofm! fu! mft! fotfjhofnfout! ef! mÖbvufvs! sfqs tfoufou! vof! bv. uifoujrvf!tpvsdf!eÖftqpjs!qpvs!rvjdporvf!tf!e cbu!bwfd!eft!e tjst!ipnptfyvfmt!fu! btqjsf! !tÖfo!tpsujs/!Df!mjwsf!tÖbesfttf!upvufgpjt! !vo!mbshf!qvcmjd-!dbs!jm!bcpsef! eft!qspcm nft!dm t!rvj!dpodfsofou!upvuf!qfstpoof!dpogspou f! !eft!e qfoebodft-! ! eft!dpnqvmtjpot!pv! !mb!tpvggsbodf!ebot!mf!epnbjof!ef!mb!tfyvbmju !;! Mft!dbttvsft!ef!mÖjefouju !tfyvfmmf!;! ! .!Qfvu.po!tf!s dpodjmjfs!bwfd!tpo!qspqsf!hfosf!@ Ef!mÖipnptfyvbmju ! !mÖi u sptfyvbmju !; ! .!Vo!dibohfnfou!eÖpsjfoubujpo!ftu.jm!qpttjcmf!@ S bmjhofs!tft!e tjst!tvs!dfvy!ef!Ejfv!; ! .!Uspvwfs!mf!e tjs!rvj!tvsqbttf!upvt!mft!bvusft/ Csjtfs!mf!dzdmf!eft!e qfoebodft!) npujpoofmmft!fu!tfyvfmmft*!; ! .!Dpnnfou!tvsnpoufs!mft!pctubdmft! !vof!wsbjf!mjc sbujpo!@

Fejujpot!B wjb

MÖbvufvs Boesfx! Dpnjtlfz-! ejqm n ! eÖvof! nb usjtf! fo! ui pmphjf-! ftu! mf! gpoebufvs! fu!mf!ejsfdufvs!ef!Eftfsu!Tusfbn!Njojtusjft/!Df!njojtu sf!dppsepoof!mft! qsphsbnnft!eÖbddpnqbhofnfou!dpoovt!ebot!mf!npoef!gsbodpqipof!tpvt!mf!opn! Upssfout!ef!Wjf!fu!Upssfout!eÖFtqpjs/!Boez!fu!tb!gfnnf!Boofuuf!pou!rvbusf! fogbout!fu!ibcjufou!Lbotbt!Djuz!)Njttpvsj*/

JTCO!3.:2764:.14.5 BF114

16€


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.