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Polémique Elon Musk, l’homme qui arrive de l’avenir

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Elon Musk, l’homme qui arrive de l’avenir

Il veut construire des villes et il en construira évidemment, comme tous les grands conquérants qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Mais à la différence de ses illustres prédécesseurs - l’empereur Hadrien, tant d’autres… - il ne veut pas les construire sur la terre mais sur la planète Mars. Et peut-être aussi, en passant, sur la Lune. Inventeur des voitures électriques Tesla, puis de SpaceX, Elon Musk revient du futur pour redonner à l’humanité le goût du rêve et de la conquête. Il n’a que 50 ans et tout le temps devant lui…

Il est de lointaine origine suisse alémanique par ses ancêtres maternels, mais il est surtout originaire d’une famille excentrique qui avait l’esprit pionnier et n’avait pas peur de la vie. Né le 28 juin 1971 à Pretoria, la capitale politique de l’Afrique du Sud, puis établi aux Etats-Unis peu après ses 20 ans, Elon Musk est considéré aujourd’hui comme l’homme le plus riche du monde, avec une fortune évaluée à quelque 170 milliards de dollars. Il est surtout l’homme en train de changer le monde à lui tout seul, un aventurier absolu qui poursuit ses rêves jour après jour et qui secoue son époque enfermée un peu partout, du moins en Occident, dans l’absurde et paralysant «principe de précaution».

L’inspiration de son grand-père

Le grand-père d’Elon Musk, Joshua Norman Haldeman (d’origine suisse) est né en 1902 à Pequot, une ville au centre du Minnesota. D’abord fermier, puis chiropraticien à succès, après la saisie de ses terres par les banques pendant la crise économique, il décide en 1950 de tout plaquer pour refaire sa vie en Afrique du Sud. Une terra incognita où il n’avait jamais mis les pieds, mais dont il rêvait on ne sait trop pourquoi, comme Elon Musk rêve aujourd’hui de la planète Mars où personne n’a encore jamais été se promener. Joshua Norman Haldeman a déjà plusieurs enfants, dont Maye, la future mère d’Elon Musk. Ce grand-père est un original, un homme qui ne croit pas en l’Etat mais en lui-même, un fou d’aviation qui vole dans un Bellanca Aircruiser rouge, souvent avec sa femme, parfois avec toute sa famille. Périple de 35000 kilomètres jusqu’en Ecosse et en Norvège en 1952; 48000 kilomètres pour un aller-retour en Australie en 1954. Une passion qui se termine brusquement en 1974 quand il ne voit pas un câble attaché à deux poteaux lors d’un atterrissage et qu’il se brise la nuque. Il avait 72 ans, il est mort comme Icare, trop près du soleil ou du sol… «Une envie d’aventure, d’exploration, poussait mon grand-père à faire des folies», se rappelle le fondateur de Tesla et de SpaceX, qui a hérité du tempérament courageux et casse-cou, à la limite de l’inconscience, de son grand-père. Signe de cette filiation et quelque part de cette dette, il a essayé, mais en vain, de retrouver le fameux avion Bellanca rouge. La famille où va naître Elon Musk? Elle n’est pas intellectuelle, mais elle est dynamique, hyperactive, vivante. Sa mère, Maye, sera top-modèle et finaliste du concours Miss Afrique du Sud. Son père Errol Musk, est ingénieur mécanicien et électricien; sa société marche bien et la famille vit dans l’une des plus grandes maisons de Pretoria. Elon a huit ans quand ses parents divorcent, il va vivre deux ou trois ans à Durban avec sa mère, avant de revenir à Pretoria chez son père jusqu’à son départ volontaire aux Etats-Unis, la terre qui reste celle de tous les espoirs pour les aventuriers du monde entier.

L’aventure occidentale de l’homme

Le monde tel qu’il est, insatisfaisant et perfectible; le monde tel qu’il doit devenir, meilleur et sans limite. C’est l’arrière-plan du parcours d’Elon Musk, et c’est sa philosophie. Comment avoir imaginé Tesla, il y a plus de vingt ans, alors que l’idée même de fabriquer en série des voitures électriques n’était venue à aucun constructeur sérieux dans le monde entier? Comment avoir imaginé SpaceX, cette société qui a révolutionné, et démocratisé en fait, la course à l’exploration de l’espace? Elon Musk n’a pas que des amis, malgré l’immensité de sa fortune, et il n’a peut-être même que des ennemis à cause de son esprit irréductible et inclassable. De quoi alors est-il le nom, l’étendard, le prophète? Il est le nom de l’aventure occidentale de l’homme, le nom de la raison et du rêve, le nom de

Comment avoir imaginé Tesla, il y a plus de vingt ans, alors que l’idée même de fabriquer en série des voitures électriques n’était venue à aucun constructeur sérieux dans le monde entier?...

l’exploration sans fin et sans espoir. L’écrivain français Jacques Laurent, qui mit fin à ses jours à la veille de l’an 2000, était fier d’appartenir à une culture qui ne s’était pas contentée de rêver de marcher sur la Lune, comme tous les hommes partout dans le monde depuis la nuit des temps, mais qui avait réussi à le faire. La force du rêve, bien sûr, mais aussi la force de l’intelligence, le triomphe des Lumières… Elon Musk veut respecter et défendre l’environnement, comme le montre l’épopée des voitures électriques Tesla, mais il veut aussi poursuivre l’aventure humaine sur Mars et au-delà, comme le montre l’aventure SpaceX. Le goût de la planète Terre, mais aussi celui de l’impossible qui deviendra possible et même banal, comme les ordinateurs ou les smartphones. Un lever de soleil ou un coucher de soleil sur la terre, mais aussi sur Mars ou ailleurs, dans ce système solaire qui reste aujourd’hui une énigme. Des moments de pure poésie qui attendent l’humanité, des moments d’enchantement comme la découverte de l’Amérique ou les premiers pas sur la lune… Un million de personnes, selon Elon Musk, vivront sur Mars en 2050.

La seule voie, le progrès

Elon Musk ne vient pas d’une famille d’intellectuels ni de penseurs, mais c’est peut-être cela qui fait aussi

... et comment avoir imaginé SpaceX, qui a révolutionné la course à l’exploration de l’espace?

sa force. «Le progrès serait-il une voie sans issue? Peut-être. Mais il est la seule voie», disait le philosophe français Thierry Maulnier dans un essai, «Le Dieu masqué», en 1984. Pourquoi aller sur Mars? Pourquoi vouloir construire des villes sur Mars? Pourquoi ne pas se contenter de la seule réalité, tangible et rassurante, de notre bonne vieille planète Terre? Mais pourquoi les Européens ont-ils découvert l’Amérique? Pourquoi ont-ils affronté l’océan de tous les dangers pour conquérir le Nouveau Monde? Pourquoi ont-ils transformé ce continent vide et immense pour en faire le lieu même du progrès? Thierry Maulnier reprend: «Affronter l’univers pour lui arracher les conditions d’une vie plus puissante et meilleure, la subir dans la résignation, s’évader de lui, telles sont les trois voies qu’ont suivies et que peuvent suivre les civilisations. La première seule est européenne. L’Europe - l’Occident européen - a choisi une connaissance qui lui donne les moyens de maîtriser la nature, plutôt qu’une croyance qui l’accepte comme une fatalité ou une sagesse qui la dissipe comme une illusion. Et sans doute est-elle fatalité, et sans doute est-elle illusion, mais elle est aussi et d’abord un empire à conquérir». n

Robert Habel

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