ARCHITECTURAL DIGEST
LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE JANVIER/FÉVRIER 2021 FRANCE Nº 164
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I L TI
TOUTES NOS ENVIES POUR 2021
GUIDE
PEINTURES, CARRELAGES, PAPIERS PEINTS, TAPIS… LE BEST OF DE LA RÉDACTION
L 13345 - 164 - F: 5,50 € - RD
PRIVÉE
STYLE
SIX DÉCORATEURS NOUS OUVRENT LEUR PORTE
TENDANCE ET RAFFINÉ, LE PATCHWORK EST DE RETOUR
A LA POURSUITE DU RÊVE
louisvuitton.com
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AD 164
Théo de Gueltzl
L’édito
Toutes nos envies pour 2021 ’il y a bien une chose dont on peut se réjouir ces temps-ci, c’est que la maison, et donc la décoration, se retrouvent au centre de nos préoccupations. Nous y avons passé tant de temps ces derniers mois… Les décorateurs et architectes d’intérieur sont surchargés de travail tant leurs clients font appel à eux pour faire ou refaire leur(s) home(s) sweet home(s), les éditeurs de meubles ont conclu une bonne année 2020, contrairement à de nombreux autres commerces, et AD a vu ses ventes augmenter, ce qui en cette période de morosité pour la presse est une très belle nouvelle – c’est grâce à vous, chers lecteurs. Cette nouvelle énergie autour de la maison se traduit par de la couleur : témoins, nos reportages dans six
appartements très contemporains qui l’utilisent un peu, beaucoup, passionnément, ainsi que dans notre guide des revêtements – tapis, carrelages, papiers peints, peintures – en trois palettes contemporaines. Elle se traduit par le retour du patchwork, qui permet de jouer avec les textiles (et les couleurs aussi) de façon très libre et personnelle, comme dans notre sujet inspiration… et comme le faisait également celle qui fut une icône du style américain, Gloria Vanderbilt, dans les années 1970 et 1980. L’énergie, c’est aussi la générosité d’ouvrir à Paris un nouveau lieu d’exposition de l’art contemporain, la Bourse de Commerce Pinault Collection, celle de découvrir un chef-d’œuvre inconnu et polychrome de l’Art déco à Bruxelles, ou de rencontrer pour vous des personnalités sur leur canapé – ce meuble devenu à lui seul l’incarnation de notre mode de vie à la maison. Je vous souhaite une bonne lecture, et beaucoup de plaisir en 2021.
Marie Kalt, rédactrice en chef
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Stone Une élégante palette de 36 couleurs intemporelles offrant la chaleur et la beauté que l’on trouve dans la pierre naturelle. littlegreene.fr
Nouvelle Collection | Disponible Maintenant | Nuancier Gratuit Showroom Little Greene 21 rue Bonaparte 75006 PARIS Tel: 01 42 73 60 81 paris@thelittlegreene.com « Nos conseillers couleurs seront toujours à votre écoute pour vous donner les meilleurs conseils » Commandez votre nuancier ‘Stone’ ou trouvez votre revendeur le plus proche sur littlegreene.fr
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Le sommaire
p.58
Marvin Leuvrey ; Philippe Garcia
p.44 p.38
p. 7 p. 20
Édito Ils ont participé à ce numéro
Photographes, stylistes, journalistes : ils ont du talent, nous travaillons ensemble.
L’univers AD p. 26
p. 38
Sommaire
p. 44
Nos 20 envies du moment
Une sieste dans le foin, un vase poétique, un plat de chef étoilé chez soi… autant de plaisirs à s’offrir en ce début d’année.
Objets de désir
Meubles de créateurs, accessoires rares… une sélection des plus belles nouveautés par la rédaction d’AD.
Le grand retour du patchwork
p. 58
Le pavillon de verre
« Moi et mon canapé »
p. 64
Le style Gloria Vanderbilt
Six créateurs contemporains assemblent chutes de tissus et coupons dans un vivifiant upcycling de matières.
p. 52
Cinq personnalités nous parlent du rapport qu’elles entretiennent avec ce meuble plus intime qu’on ne le pense.
En 1933, l’architecte belge Henry Lacoste imaginait un bâtiment à l’intérieur habillé d’un verre coloré unique, la marbrite, une découverte. La richisssime héritière new-yorkaise s’est inventé sa vie, dans un style fantasque, entre mix and match folklorique et mobilier victorien.
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Le sommaire
p.70
Marc Domage ; François Halard ; Vincent Desailly
p. 100
p. 80 Le style AD 6 appartements conçus par les décorateurs les plus talentueux du moment. p. 70
Un patrimoine très contemporain
p. 80
Pierre Guariche, du design aux intérieurs
p. 90
Modernisée par la grâce de l’architecte Tadao Ando, la Bourse de Commerce devient le lieu d’élection de la collection Pinault à Paris.
p. 74
Retour sur la riche carrière de cet ingénieur dont l’œuvre foisonnante a contribué à dessiner le style des Trente Glorieuses.
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Le style d’aujourd’hui
p. 100 Seventies revisitées
Le brun en variations
p. 108
De la couleur, un espace repensé, des meubles et des œuvres sur mesure… le décorateur Pierre Yovanovitch a transformé un appartement classique en lieu à vivre en famille. Le nouvel appartement d’Emiliano Salci, moitié du duo de Dimorestudio, est l’occasion pour les deux décorateurs d’explorer une palette dense, dictée par le lieu.
Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de l’agence Necchi Architecture, ont transformé un duplex très parisien en parfaite garçonnière, dans un style 1970 doux, presque intemporel.
Retour aux sources
Revenu à Milan, sa ville natale, le décorateur Nicolò Castellini Baldissera s’est imaginé un intérieur coloré constellé de références érudites.
MAXALTO EST UNE MARQUE DE B&B ITALIA. COLLECTION COORDONNÉE ET CONÇUS PAR ANTONIO CITTERIO. WWW.MAXALTO.IT
AD 164
Le sommaire
p. 116
Ambroise Tézenas ; Christophe Coënon
p. 126
p.138
ARCHITECTURAL DIGEST
LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE ANVIER/FÉVRIER 2021 FRANCE Nº 164
SPÉCIAL DÉCORATION TOUTES NOS ENVIES POUR 2021
Le guide AD Tapis, carreaux et parquets s’accordent à des peintures aux tonalités profondes… p. 116
p. 126
Classique éclectique
p. 138
À Paris, sur les bords de Seine, la décoratrice Caroline Sarkozy s’est inventé un nouvel intérieur, reflet de son goût pour les beaux objets et les espaces fluides.
Le style d’aujourd’hui
La décoratrice Anne-Sophie Pailleret s’est créé un bel intérieur répondant à son mode de vie en famille. Un univers chic, chaleureux et inspirant.
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Les nuances essentielles
Inspirées par les univers de trois créateurs, voici les palettes de couleurs du moment, déclinées en tapis, revêtements et peintures pour recréer chez soi ces belles atmosphères.
p. 149
Les adresses
p. 154
Le bureau en patchwork de cuir Le Bureau vivant de la designeuse
Caroline Venet est réalisé à partir de chutes de maroquinerie.
GUIDE
PEINTURES CARRELAGES PAPIERS PEINTS TAPIS LE BEST OF DE LA RÉDACTION
VISITE PRIVÉE
STYLE
SIX DÉCORATEURS NOUS OUVRENT LEUR PORTE
TENDANCE ET RAFFINÉ, LE PATCHWORK EST DE RETOUR
N° 164 — JANVIER / FÉVRIER 2021 EN COUVERTURE, un duplex à Saint-Germain-des-Prés transformé par l’agence Necchi Architecture, photographié par Vincent Desailly.
On poursuivra conformément aux lois la reproduction ou la contrefaçon des modèles, dessins et textes publiés dans la publicité et la rédaction d’AD®© 2021. Les Publications CONDÉ NAST S.A.S Tous droits réservés. La rédaction décline toute responsabilité pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui seraient spontanément confiés. Ces derniers doivent être joints à une enveloppe de réexpédition prépayée. Droits réservés ADAGP pour les œuvres de ses membres. Ce numéro comporte 1 encart abonnement jeté sur la diffusion France, 1 encart abonnement jeté sur la diffusion Suisse. Le papier utilisé pour ce magazine est recyclable et renouvelable. Il a été produit avec du bois en provenance de forêts gérées durablement et dont la pâte a été blanchie sans chlore. Les usines sont certifiées par des tierces parties indépendantes selon les normes ISO 9001, Assurance Qualité, et ISO 14001, Environnement.
NUMÉRO 164 – JANVIER / FÉVRIER 2021
DIRECTION Directeur de la publication Javier Pascual del Olmo Assistante de direction Viviane Amans Chief business officer Delphine Royant – 60 74 Directrice de l’innovation et du développement stratégique Violaine Degas Directrice de création éditoriale digitale Sarah Herz Directrice financière Isabelle Léger Directrice de la communication Bernie Torres Directrice des ressources humaines et juridique Joëlle Cuvyer Directeur de la production et de la distribution Francis Dufour
PUBLICITÉ ET SOLUTIONS DE COMMUNICATION Éditrice Frédérique Goddet – 61 04 Équipe commerciale Karima Keriche – 61 02 Philippine Renaud – 68 82 Directrice commerciale Condé Nast France Murielle Mucha – 60 76 Directrice de la stratégie digitale Victoria Bravo Directrice des opérations spéciales et sociales Marine Guigon Administratrice ventes publicitaires Laurence Marchais-Lecoq – 60 38 Cheffe de projets événements, partenariats et promotion Laura Périgord – 68 28 Rendez-vous Virginie Constans-Gavarry – 09 53 30 53 30 nathlindab@gmail.com Marché de l’art Corinne Chauvet – 01 48 01 86 88 c.chauvet@heliumpublicite.fr Italie Paola Zuffi – +39 (02) 25060604 paola.zuffi@zeta-media.it Espagne, Portugal, Suisse Laurent Bouaziz – 01 44 62 70 38 lbouaziz@llbcom.com Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique Agnes Wanat, AdWest Media Ltd. – +44 (20) 87 496 176 agnes@adwestmedia.eu
ARCHITECTURAL DIGEST Rédactrice en chef Marie Kalt Directeur de création Thibaut Mathieu
MAGAZINE Rédactrice en chef adjointe Marion Bley – 68 24 Rédacteurs Sophie Pinet – 60 27 Cédric Saint André Perrin – 69 54 Styliste Aurore Lameyre – 60 63 Rewriter–editing Nicolas Milon – 61 73 Secrétaire de rédaction Chantal Bloom – 68 46 Graphistes Vincent de Hoÿm – 61 68 Tifène Guarrigues – 61 68 Mélanie Peretti – 60 59 Cheffe du service photo et production Shirley Doukhan – 61 15 Assistante de la rédaction et du service photo Sophia Bizounkad – 61 72 Administratrice de la rédaction Laurence Marchais-Lecoq – 60 38
LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE
PÔLE IMAGE Directrice Caroline Berton – 61 45 Documentaliste et gestionnaire du patrimoine photos de Condé Nast Laure Fournis – 68 47
MARKETING CLIENTS Directrice Dominique Dirand – 61 61
PRODUCTION ET DISTRIBUTION Cheffe de fabrication Sabine France – 60 96 Assistante de fabrication Blandine Oger – 60 42 Export Anne Claisse – 68 87 Directeur adjoint des ventes Fabien Miont – 60 68
LES PUBLICATIONS CONDÉ NAST S.A.S. Président Javier Pascual del Olmo Société par Actions Simplifiée au capital de 10 376 000 € SIREN 562 077 206 RCS Paris
Ont collaboré à ce numéro Christophe Coënon, Sarah de Beaumont, Théo de Gueltzl, Vincent Desailly, Oscar Duboÿ, Joanne Faber, Andrea Ferrari, Philippe Garcia, Christopher Garis, Nancy Hass, François Halard, Marina Hemonet, Marvin Leuvrey, Laurence Mouillefarine, Guido Taroni, Ambroise Tézenas Correspondante à Los Angeles Mallery Roberts Morgan – mallery@malleryrobertsmorgan.com
DIGITAL Responsables éditoriales Développement business et image – Sophie Pinet – 60 27 Coordination – Marina Hemonet – 61 79 Collaborations Fanny Guénon des Mesnards, Alice Martinot-Lagarde
EXPOSITIONS Commissaire Cédric Saint André Perrin – 69 54 Coordinatrice Pauline Séry – 61 89 Contrats et partenariats Frédérique Goddet – 61 04
AD STUDIO Directeur éditorial Cédric Saint André Perrin – 69 54
Impression : Walstead Central Europe, ul. Obroncow Modlina 11, 30-733 Cracovie, Pologne Dépôt légal janvier-février 2021 Commission paritaire : 0920 K 79499 Diff usion MLP I.S.S.N. 2649-0986 Dépositaires / marchands de journaux : Destination Média – 01 56 82 12 06 Le papier utilisé pour cette parution : pour la couverture, origine Autriche, ptot 0,035 kg/tonne ; pour l’intérieur, origine Finlande, ptot 0,004 kg/tonne Taux de fibres recyclées 0 %
Notre publication contrôle les publicités commerciales avant insertion pour qu’elles soient parfaitement loyales. Elle suit les recommandations du Bureau de Vérification de la Publicité. Si, malgré ces précautions, vous aviez une remarque à faire, vous nous rendriez service en écrivant au BVP, BP 116, 75722 Paris Cedex 15 Parution bimestrielle 3, avenue Hoche, 75008 Paris – 01 53 43 60 00 Pour joindre votre correspondant, numérotez 01 53 43 suivi des 4 chiffres figurant à la suite de chaque nom. Pour envoyer un mail, les adresses se composent comme suit : initiale du prénom + nom (collés)@condenast.fr
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OFF CUTS Collection 2021 « Paper & Stone » Deirdre Dyson – 12 Rue des Saint-Pères, 75007 Paris www.deirdredyson.com
C A R P E T S
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NUMÉRO 164 – JANVIER / FÉVRIER 2021
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LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE
CONDÉ NAST
Chief Executive Officer Roger Lynch Global Chief Revenue Officer & President, U.S. Revenue Pamela Drucker Mann U.S. Artistic Director and Global Content Advisor Anna Wintour Chief Financial Officer Mike Goss Chief Marketing Officer Deirdre Findlay Chief People Officer Stan Duncan Chief Communications Officer Danielle Carrig Chief of Staff Samantha Morgan Chief Product & Technology Officer Sanjay Bhakta Chief Data Officer Karthic Bala Chief Client Officer Jamie Jouning
CONDÉ NAST ENTERTAINMENT
President Agnes Chu Executive Vice President–General Manager of Operations Kathryn Friedrich
CHAIRMAN OF THE BOARD Jonathan Newhouse
ÉDITIONS MONDIALES
Allemagne AD, Glamour, GQ , GQ Style, Vogue Espagne AD, Condé Nast College Spain, Condé Nast Traveler, Glamour, GQ , Vanity Fair, Vogue, Vogue Niños, Vogue Novias États-Unis Allure, Architectural Digest, Ars Technica, basically, Bon Appétit, Clever, Condé Nast Traveler, epicurious, Glamour, GQ , GQ Style, healthyish, HIVE, La Cucina Italiana, Pitchfork, Self, Teen Vogue, them., The New Yorker, The Scene, Vanity Fair, Vogue, Wired France AD, AD Collector, GQ , Vanity Fair, Vogue, Vogue Collections, Vogue Hommes Royaume-Uni London: HQ , Condé Nast College of Fashion and Design, Vogue Business Grande-Bretagne Condé Nast Johansens, Condé Nast Traveller, Glamour, GQ , GQ Style, House & Garden, LOVE, Tatler, The World of Interiors, Vanity Fair, Vogue, Wired Inde AD, Condé Nast Traveller, GQ , Vogue Italie AD, Condé Nast Traveller, Experience Is, GQ , La Cucina Italiana, L’Uomo Vogue, Vanity Fair, Vogue, Wired Japon GQ , Rumor Me, Vogue, Vogue Girl, Vogue Wedding, Wired Mexique et Amérique latine AD Mexico and Latin America, Glamour Mexico and Latin America, GQ Mexico and Latin America, Vogue Mexico and Latin America Taïwan GQ , Interculture, Vogue
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ANCIENS NUMÉROS
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MODERN EMULSION I R R É S I S T I B L E M E N T R É S I S TA N T E
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Les contributeurs
Ils ont participé à ce numéro PAR
Marina Hemonet
Théo de Gueltzl
Andrea Ferrari
C’est en marge de ses études de philosophie que ce photographe milanais s’est initié à la photographie. Travaillant depuis plus de vingt ans pour la presse, il mène en parallèle ses propres projets. Pour AD, il a shooté le nouvel appartement d’Emiliano Salci, du duo de Dimorestudio : « Je travaille avec Emiliano depuis longtemps. Nous nous connaissons très bien et aimons les mêmes choses. Voir sa maison à travers l’appareil photo, c’est comme trouver l’équilibre parfait entre modernité et mémoire. » Son second ouvrage By means of the sun paraîtra l’an prochain chez Steidl.
Oscar Duboÿ
Après des études de cinéma, c’est vers la presse que s’oriente Oscar Duboÿ. Aujourd’hui, il partage sa plume entre La Gazette Drouot et AD. Pour ce numéro, il s’est penché sur l’appartement milanais d’Emiliano Salci : « J’ai aimé son côté masculin, nocturne. C’est intéressant de voir comment la palette de Dimorestudio change au fil du temps… J’avoue, j’ai craqué pour l’enfilade rationaliste de Giulio Zappa. »
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Basé à Paris, Théo de Gueltzl a étudié les beaux-arts à la Central Saint Martins de Londres dont il est sorti diplômé en 2014. Après avoir débuté dans l’illustration – et notamment un partenariat avec Hermès – c’est la photographie qu’il a choisie. Pour AD, il a shooté cinq personnalités dans leur canapé : « En tant que photographe, le portrait avec Paolo Roversi m’a particulièrement intéressé. J’ai apprécié d’échanger les rôles et de le retrouver face à l’objectif. Pour moi qui suis au début de ma vie professionnelle, c’était une chance de le rencontrer, dans un espace qui le “définit”, entouré de tous ses livres. Quand je lui ai demandé lequel l’avait le plus marqué, il a choisi The Americans de Robert Frank et m’a parlé de sa rencontre avec lui. Passionnant. »
Christophe Coënon
Diplômé de l’Ecal en 2009, Christophe Coënon vit et travaille à Paris où il partage son temps entre la presse et les campagnes de publicité pour des maisons de luxe. Il a récemment passé plusieurs mois à voyager dans les ateliers de Louis Vuitton en Europe pour des projets centrés sur les savoir-faire. Dans nos pages, il est l’auteur des clichés de l’appartement parisien de la décoratrice Anne-Sophie Pailleret : « Ce qui m’a plu, c’est l’approche sculpturale d’Anne-Sophie, du dialogue entre les textures et les matières qui confère à l’appartement une volupté et une chaleur très agréables à vivre. »
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Les contributeurs
Guido Taroni
Un père marchand d’art, une mère historienne de l’art, Guido Taroni a baigné dans un univers esthétique et la photographie s’est imposée comme une évidence. Outre ses contributions à divers magazines de décoration, ce trentenaire a déjà à son actif de nombreux ouvrages. Pour AD, c’est l’appartement milanais du décorateur Nicolò Castellini Baldissera qu’il a immortalisé : « Je suis accro à la couleur, j’ai donc adoré photographier cette maison devenue lieu de vie élégant et excentrique décoré avec passion. » Il planche actuellement sur un livre consacré à Milan, à paraître chez Vendome Press.
Laurence Mouillefarine
Journaliste spécialiste du marché de l’art, elle partage sa plume entre La Gazette Drouot et AD. Dans nos pages, elle signe la plupart des articles consacrés au marché de l’art. Ce mois-ci, elle revient sur la carrière éclectique du créateur Pierre Guariche : « C’est en feuilletant sa monographie, qui vient de sortir chez Norma, que j’ai eu envie de me pencher sur son œuvre. Si je connaissais quelques-uns de ses luminaires et meubles, j’ai découvert qu’il avait aussi eu une activité très intense comme architecte d’intérieur. »
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Si l’on connaît surtout son travail de portraitiste pour Les Inrocks, ce photographe œuvre depuis des années dans l’univers de la décoration en accompagnant notamment AD et de grandes maisons – Christofle, Ercuis, Raynaud, Pierre Frey, Baccarat, Lalique… Dans ce numéro, il signe les clichés de notre sujet découverte consacré au pavillon de verre imaginé dans les années 1930 par l’architecte belge Henry Lacoste à Bruxelles, un chef-d’œuvre Art déco et coloré : « Ce qui m’a plu, c’est évidemment toute la cohérence graphique et esthétique de ce lieu. Je trouve la sensualité des matières utilisées particulièrement photogénique. » Philippe Garcia mène de front deux ouvrages à paraître : le premier sur l’architecte Olivier Dwek (Rizzoli), le second sur les œuvres d’art dans le métro parisien (La Martinière).
Lucas Possiede
Philippe Garcia
Vincent Desailly
Contributeur de M le Magazine du Monde, Vogue, Porter... Vincent Desailly navigue entre le portrait, la mode et le documentaire. Pour ce numéro, il a photographié l’appartement réalisé par Necchi Architecture : « J’ai beaucoup apprécié le travail des volumes, les perspectives, malgré la structure atypique de l’appartement, sa situation sous les toits. L’ambiance seventies colle à l’atmosphère assez chaude de mon approche, c’était d’autant plus agréable pour moi. Et j’ai eu la surprise de découvrir le travail d’un ami d’enfance – l’un des membres du duo – à travers le projet… je ne sais pas si j’aurais parié sur nous deux pour finir dans ces pages durant nos années collège… »
EN ÉDITION LIMITÉE
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AIX-EN-PROVENCE AU FIL DES MATIÈRES - 13 MARSEILLE SÉRIÈS DÉCORATION - 16 L’ISLE D’EPAGNAC NUANCES UNIKALO - 22 MINIHY-TREGUIER AR DÉCO - 30 NIMES THEROND DÉCORATION - 31 TOULOUSE FLANELLE DÉCORATION - 35 FOUGÈRES PINTO ET FILS RENNES / MONTGERMONT VBA DÉCORATION - 36 CHATEAUROUX BARRAUD - 37 CHAMBRAY-LÈS-TOURS DÉCOR 37 - 38 ECHIROLLES CAP COLOR - 42 SAINT-ETIENNE CAPAROL CENTER SAGRA 2 - 42 SAINT-ETIENNE SIGNE INTÉRIEUR SAINT-GENEST-LERPT EPARVIER - 42 SAVIGNEUX CAPAROL CENTER SAGRA - 45 ORLÉANS CPPO BCL DÉCOR - 51 REIMS HALL DU PAPIER PEINT - 53 CRAON STÉPHANE COTTEVERTE - 53 LAVAL COLORISME - 53 LAVAL/CHANGÉ INFINI LEGNO NANCY NICOLE LHOTTE - 57 FAMECK P.P.M - 57 SARREBOURG MILDÉCOR - 59 LA MADELEINE ORMERAY - 60 BEAUVAIS VA DÉCORATION - 62 ARRAS DELCROIX DÉCORATION - 62 SAINT-OMER LIONET DÉCOR - 64 BIARRITZ ITOIZ DÉCOR TARBES PÉLEGRY PEINTURES - 67 SELESTAT PROJART - 69 LYON SOLMUR CITY - 69 VILLEURBANNE SOLMUR DISTRIBUTION - 73 CHAMBÉRY-VOGLANS COULEURS DE REV - 74 ANNEMASSE L’ATELIER DES PEINTRES - 75 PARIS AU FIL DES COULEURS PARIS BHV MARAIS - 75 PARIS INFINI LEGNO PARIS - 75 PARIS RECA DÉCORATION - 75 PARIS VANDENBROUCKE - 76 BIHOREL LES ROUEN SOLMUR - 83 FRÉJUS LES DÉCORATEURS DU SUD - 85 LA CHÂTAIGNERAIE LOGIDÉCOR - 85 LE POIRÉ-SUR-VIE DÉCOR PEINT ANTONY MARIETTE DFD - 92 NEUILLY-SUR-SEINE LA MAISON BINEAU - 94 MAISONS ALFORT INFINI LEGNO MAISONS ALFORT - 98 MONACO FASHION FOR FLOORS
arte-international.com
Los Angeles
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collection SELVA dessin ABANICO
La Bourse de Commerce revue par Tadao Ando, un pavillon de verre à Bruxelles, le retour du patchwork, cinq personnalités dans l’intimité de leur canapé…
CE SONT NOS COUPS DE CŒUR DU MOMENT
Marvin Leuvrey ; Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, photo Maxime Tétard, Studio Les Graphiquants, Paris ; Philippe Garcia ; Théo de Gueltzl
L’univers AD
L’UNIVERS AD
Le top 20
Nos 20 plaisirs à s’offrir ce mois-ci Marion Bley, Chantal Bloom, Fanny Guénon des Mesnards, Marina Hemonet, Marie Kalt, Aurore Lameyre, Laurence Mouillefarine, Cédric Saint André Perrin PAR
1
Une échappée à la Mamounia « Ce projet a été un cadeau », déclare le duo de designers Jouin Manku à qui Pierre Jochem, le directeur de La Mamounia, a confié la rénovation du palace cet hiver. Si on n’y dort pas, on ira y prendre un thé dans la pâtisserie de Pierre Hermé où ce dernier a tout revu, jusqu’à la corne de gazelle. Cela, sous un lustre grandiose et dans un décor rappelant le patio d’un riad – le parfum enivrant à base de cèdre et de dattes en plus… F.G.M. Photo Raphaëlle Giaretto
mamounia.com
2
Une céramique pas comme les autres C’est via son compte Instagram que Suzie Lapierre d’Argy a été contactée par le chef Julien Sebbag pour créer la vaisselle du restaurant Tortuga, sur le toit des Galeries Lafayette à Paris. Forma, le nom de son studio de création, « s’oppose au lisse, prône les ondulations et les imperfections ». Ce côté « peu académique » se retrouve dans ses vases en grès et faïence Sans-titre (en photo), dans ses lampes ou ses tables basses à l’effet marbré. L’architecte d’intérieur Laura Gonzalez ne s’y est pas trompée, qui lui a commandé un set d’ustensiles de table. En projet, la vaisselle d’un hôtel années 1950 au Lavandou rénové par le jeune architecte Arthur Henry. C.B. instagram.com/forma_____
3
Un vase porte-bonheur (et on en a bien besoin) Sam Baron, aujourd’hui directeur artistique de la collection de mobilier de l’éditeur Pierre Frey, a été approché par la maison Dior qui lui a commandé une série d’objets sur le thème du blé pour accompagner la dernière collection Cruise de la créatrice Maria Grazia Chiuri. « Comme les tarots, les épis de blé, symboles ruraux, apportent chance, bonne récolte... et étaient très chers à Monsieur Dior qui y accordait une grande importance », évoque le designer. La collection est composée de vase, bougeoir, carafe et cloches, fabriqués en Vénétie par des artisans qui associent baguettes de verre sculptées et verre plissé. M.B. dior.com
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L’UNIVERS AD
Le top 20
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Une sieste dans le foin Ce sont trois chalets reliés entre eux, soit six chambres et suites, un peu à l’écart du monde à 1 650 m d’altitude sur le domaine skiable des Trois-Vallées. Soigneusement restaurés en 2019, confortables et intimes, ils bénéficient de tout le confort d’un service hôtelier haut de gamme − bref, rien à dire. Si ce n’est que le spa, entre autres soins innovants, propose des expériences inédites comme le lit de foin, où l’on vient s’installer pour une sieste apaisante dans de délicieux effluves d’herbe séchée, ou le bain de lait, à essayer à deux, avec vue sur un paysage à couper le souffle. M.B. Le Refuge de la Traye, 73550 Méribel-Les Allues, refugedelatraye.com
5
Un radiateur techno-artisanal Le designer Dimitry Hlinka et le laqueur Nicolas Pinon sont les heureux lauréats du prix Dialogues pour l’intelligence de la main 2020 de la Fondation Bettencourt avec leur radiateur mobile Entropie. Ce chauffage au look d’éclair est constitué d’une structure à base de soja biodégradable imprimée en 3D, de fibre de chanvre recyclée et de colle de riz, et revêtu d’une laque végétale urushi spécialement conçue qui fait passer la couleur du tube du noir au rouge lorsqu’il chauffe. Un objet incroyable, au design et à la technologie du xxie siècle exprimés à travers des techniques japonaises millénaires. M.B. atelier-hlinka.com ; nicolaspinon.com
6
Des coussins en patchwork Les motifs se répondent et se mélangent sur ces coussins, ces plaids et ces courtepointes en twill de soie, velours et drap de laine, enrichis de galons, de nœuds et de pompons. Bienvenue dans l’univers de Pierre-Louis Mascia, créateur inclassable dont les somptueux produits sont fabriqués et distribués par Achille Pinto, entreprise de textile et d’impression historique, gage de qualité parfaite. M.K. pierrelouismascia.com
7
Une chambre à Londres
Situé dans le quartier de Covent Garden, le NoMad London, première adresse de la chaîne en Europe, occupe l’ancien palais de justice, imposante bâtisse du xixe siècle. Côté décoration, dans un style antique chic pensé par Robin Standefer et Stephen Alesch, tandem en vogue de l’agence new-yorkaise Roman and Williams, il fait la part belle aux matières précieuses dans un confort ultra douillet. L’adresse à tester dès que l’on pourra de nouveau traverser la Manche facilement. M.H.
8
Les beaux décors de Studioparisien
Complémentaires – elle est architecte d’intérieur, lui davantage spécialisé dans la scénographie –, Laurene B. Tardrew et Romain Jourdan ont lancé leur agence en 2013, et les projets avec les grandes maisons du luxe se sont enchaînés. Ce qui leur a donné le goût des belles matières, qu’ils transposent dans le résidentiel et le design en collaborant avec la crème de l’artisanat français. Une attention au détail que l’on retrouve dans leur récente ligne de mobilier dessinée pour la maison Philippe Hurel. M.H. studio-parisien.fr
thenomadhotel.com/london
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L’UNIVERS AD
Le top 20
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Des icônes du design et de l’art De style moderniste, mais fabriqué dans un matériau traditionnel, le pin, le fauteuil du Suédois Axel Einar Hjorth est l’une des pièces phare que la galerie Morentz s’apprêtait à dévoiler à la BRAFA. La manifestation n’ayant pas lieu, elle l’expose entre ses murs à Waalwijk aux Pays-Bas. On y court ! Face à l’annulation de la foire, les initiatives ne manquent pas. Ainsi, le galeriste Francis Maere réunit plusieurs antiquaires dans son hôtel particulier de Gand, dont la galerie Mathivet qui y apporte du mobilier des années 1940 (Arbus et Leleu) et des créations récentes du designer Franck Evennou. L.M. morentz.com, et Paris/Gent /NYC, jusqu’au 28 février, francismaerefinearts.be
Une expérience gourmande Cirrus est une pâtisserie-nuage, irrésistible de douceur, toute en déclinaison d’agrumes, et parfumée d’un sirop de CBD (Cannabidiol), molécule du chanvre sans effet stupéfiant. Vous avez dit stupéfiant ? « Je trouvais intéressant d’explorer les notes aromatiques d’herbe très intenses du CBD, et l’amertume qui en découle, pour les associer aux agrumes », explique le chef Philippe Conticini. Une expérience à tenter, au moins pour ses saveurs délicates. M.B.
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Une sublime exposition d’artisanat d’art Déjà reportée deux fois, pandémie oblige, AD Matières d’art devrait se dérouler du 26 mars au 4 avril, au Palais d’Iéna, le siège du Conseil économique, social et environnemental demeurant un indéfectible soutien de la manifestation. On y découvrira d’immenses panneaux de peinture décorative, de boiserie ou encore de ferronnerie illustrant la créativité des métiers de la décoration. Les 45 talents présents définissent de nouvelles tendances, apportent des solutions adaptées aux intérieurs privés comme à l’architecture commerciale. C.S.A.P.
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AD Matières d’art, du vendredi 26 mars au dimanche 4 avril, de 10 h à 18 h au Palais d’Iéna, 9, place d’Iéna, 75016 Paris. Entrée gratuite.
Florence Girette
Pâtisserie Conticini, 31, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003 Paris. philippeconticini.fr
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Les innovations textiles d’Elisabeth Leerssen La jeune créatrice néerlandaise, installée à Paris, mène une recherche tous azimuts sur le textile, matière qui lui permet de s’intéresser à la mode comme à la décoration en privilégiant fibres naturelles et fabrication européenne. Elle développe selon les besoins des tissus techniques, des motifs ou des projets basés sur des savoir-faire, comme ces panneaux (en photo) inspirés du kasugi, « l’ikat japonais ». M.B. pale-studio.com
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Une vente aux enchères unique Quel charme ! L’intérieur de Pierre Le-Tan, place du Palais-Bourbon, en dit long sur son esprit curieux et son goût de l’accumulation. Chez l’artiste, disparu l’an dernier, les dessins s’entassaient jusqu’au sol. Les livres aussi. Partout, des figures sculptées, parfois des morceaux de sculptures, voisinaient avec quantité d’objets hétéroclites, voire surréalistes. Des fragments de tapisserie habillaient les murs. L’esthète s’était pris de passion pour l’Orient, les faïences d’Iznik, les miniatures persanes et indiennes. Parmi ses trésors que disperse Sotheby’s, on attend, bien sûr, plusieurs tableaux du Vietnamien Lê Pho, père de l’illustrateur, dont la cote ne cesse de monter. L.M. Vente le 16 mars, chez Sotheby’s 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, et en ligne les 17 et 18 mars, sothebys.com
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Un tout nouveau magazine L’idée derrière Tools, c’est de valoriser les techniques et savoir-faire de fabrication dans l’art, le design, l’architecture d’intérieur, l’industrie ou l’artisanat, à travers reportages, témoignages et une iconographie soignée. Chaque numéro sera consacré à une technique de fabrication particulière ; le premier s’attache au moulage, et donne un aperçu de ses applications à une dizaine de matières, du métal au verre, de la céramique au caoutchouc ou au béton. A.L. tools.org, @tools_magazine_
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Un repas étoilé chez soi
En ces jours où l’on a plus que jamais envie d’inviter un chef chez soi, Pavyllon, le comptoir gourmet de Yannick Alléno, propose des plats disponibles en livraison ou à emporter : lasagnes d’épinards à la milanaise et scamorza fumée, tarte de langoustine et caviar, pithiviers feuilleté de volaille à arroser de sauce au vieux porto (en photo)… Les desserts du chef Aurélien Rivoire, élu pâtissier de l’année 2021 par le Gault & Millau, concluent l’expérience avec panache : la poire caramélisée au four s’accompagne d’une crème aux éclats d’amaretti. Les conseils de préparation et de dressage sont fournis par le chef. Ouf ! F.G.M. yannick-alleno.com
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Suite à la donation d’un couple de collectionneurs, Martine et Léon Cligman, l’Abbaye Royale de Fontevraud se voit dotée d’une partie de leur collection. Soit environ 900 œuvres, peintures, dessins et sculptures d’artistes des xixe et xxe siècles, antiquités et objets extra-européens, constituant le fonds du futur musée d’Art moderne du lieu, installé au sein du bâtiment de la Fannerie dans une scénographie conçue par Constance Guisset. Tel cet ensemble de verreries antiques phéniciennes des ier-ive siècles, flacons, bouteille et gobelet aux formes simples et aux tons délicats. M.B. Réservations et renseignements fontevraud.fr
Une leçon de rigueur, tout en douceur Belle endormie, Courrèges demeure une griffe magique, empreinte d’une incroyable modernité, celle de son fondateur. Dotée d’un jeune directeur artistique, Nicolas Di Felice, la griffe pourrait bien faire à nouveau parler d’elle. La boutique historique de la rue François-Ier vient de faire peau neuve sous la houlette de l’architecte belge Bernard Dubois. Revenant aux sources du style Courrèges, soit un minimalisme empreint de douceur, jouant sur l’omniprésense du blanc, il a développé un espace rigoureusement dessiné mais plein de délicatesse : moquette au sol, murs, plafond et mobilier tapissé de tissu. C.S.A.P. Courrèges, 40, rue François-Ier, 75008 Paris.
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Fontevraud, le musée d’Art moderne / Raphaël Chipault
Les nouvelles merveilles de Fontevraud
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En attendant l’ouverture (que l’on espère prochaine) de Forest, le restaurant du musée d’Art moderne de la Ville de Paris qu’elle a entièrement conçu, on découvre l’agence Uchronia, créée par l’architecte Julien Sebban. Cette petite tribu hyper créative et connectée, incarnée notamment par, de gauche à droite, Léa Chemouny, Jonathan Wray, Julien Sebban donc et Zaur Huseyn-Zada, pose ici dans le décor par elle imaginé de Coyo Taco, restaurant mexicain doublé d’un speakeasy. S’ils se sont fait connaître en 2019 grâce à Créatures, le restaurant des Galeries Lafayette, leur univers cool et coloré s’applique aussi bien à des mises en scène de défilés, des scénographies qu’à des appartements. M.B.
C’est un magnifique espace qu’a choisi l’éditeur de design italien pour se réinstaller à Paris, après avoir laissé son adresse historique de la rue des Saints-Pères à sa marque Unifor. Vaste, clair avec ses grandes baies ouvrant sur la rue, et complètement aménagé sous la houlette rigoureuse du directeur artistique de la maison, le belge Vincent Van Duysen. On s’imagine ici dans un appartement de rêve, passant du salon à la cuisine, de la chambre au dressing, sans rupture dans l’harmonie des tons ni des st yles. Rééditions de Gio Ponti, créations contemporaines et matériaux raffinés se répondent en toute sérénité. M.B.
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uchronia.fr
Karl Hab
Une visite chez Molteni&C
22, rue des Saints-Pères, 75007 Paris.
Les univers forts d’Uchronia
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Toute la poésie de l’Art nouveau
Un ensemble de verreries d’Émile Gallé se fait remarquer dans la prochaine vente d’arts décoratifs de Me Aguttes, admirables pour leur grand format. L’une des pièces, un vase cornet, se révèle particulièrement poétique. Sa forme évoque une fleur se déployant et son décor témoigne des recherches de l’artiste sur la marqueterie de verre. La cote de l’Art nouveau semblant au creux de la vague, c’est le moment de s’y intéresser. L.M. Vente le 30 mars à Neuilly, aguttes.com
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D É PE R L A N T
FAC I L E D’E N T R E T I E N
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Le shopping
Objets de désir
Sarah de Beaumont, Marina Hemonet, Aurore Lameyre assistée de Joanne Faber PAR
LA MONOGRAPHIE INÉDITE Un hommage à l’incroyable créativité du couple Anni et Josef Albers, entre art abstrait et Op art. Anni & Josef Albers, égaux et inégaux, de Nicholas Fox Weber, 512 pages, 120 €, PHAIDON.
LE FAUTEUIL SÉDUISANT Un classique du designer italien Vico Magistretti réédité dans une tonalité rouge profonde et sensuelle. Carimate, 58 × 52 × 76 cm, 1 088 €, FRITZ HANSEN chez Silvera.
LE TAPIS EN LAINE Ses couleurs et ses formes géométriques sont signées Pierre Gonalons. Collection Palette, 250 × 250 cm, édition limitée à 8 + 4 exemplaires, 12 000 €, TAI PING.
L’ÉTAGÈRE MODULAIRE C’est à Samuele Brianza que l’on doit son design en empilement de plots de marbre de Carrare et de feuilles d’acier brut ciré.
L’ASSIETTE ARTY Sur un fond bordeaux profond, la photographie Tulip de Robert Mapplethorpe (1988) transforme cette assiette en objet d’art.
Primo, 150 × 130 × 30 cm, 9 500 €,
Assiette Tulipe rouge, ø 21 cm, 80 €, LIGNE BLANCHE.
SAMUELE BRIANZA.
LES TABLES ROSES Un duo de tables basses en quartz et fonte de laiton effet écorce sculptée imaginées par le créateur Jean-Yves Lanvin. Pink Islands, 37 × 80 et 31 × 94 cm, prix sur demande,
LE POT DÉLICAT Une déclinaison élégante du félin historique de la marque, en porcelaine de Limoges, base gainée de chèvre velours. Panthère de Cartier, ø 9 × 10,5 cm, 650 €, CARTIER.
GALERIE BOCCARA.
LE LIT DES RÊVES Une réinterprétation du lit de repos par Studiopepe, en version bois et cuir. Five to Nine daybed, 200 × 75 × 68 cm, à partir de 2 923 €, TACCHINI.
LE COUSSIN PARADISIAQUE Sa housse en soie brodée à la main de branches de grenadier rappelle la douceur estivale des jardins d’Andalousie. Granada, 50 × 50 cm, 260 €, MEROSSI.
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Le shopping LE TAPIS ABSTRAIT Il est noué main en laine et soie, dans un camaïeu or et gris très doux.
LA COUPE MINIMALISTE En pierre de Varennes recyclée et réagrégée, elle est signée Studio Corkinho.
Nexus, 250 × 300 cm, 10 476 €, EDITION BOUGAINVILLE.
Bowl, collection Erosion, ø 33 × 5,5 cm, 490 €, SINOPLE.
LES BOUGEOIRS COLORÉS Ils sont en verre borosilicate teinté pour un petit supplément d’âme. Flare, ø 11 × 14 / ø 11 × 21, 39 €, HAY.
LE BUFFET FOU ET PRÉCIEUX En noyer et incrustation de laiton, coquillage, lazurite, turquoise et wenge, il est signé Brecht Wright Gander. Directions for Knowing All Dark Things Credenza, 198 × 76 × 56 cm, 31 000 €, ROOM 57 GALLERY.
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LA LAMPE GALACTIQUE En albâtre, laiton et acier peint, elle évoque à la fois l’univers et les courants marins. Athena, ø 11,5 × 28 cm, à partir de 1 560 €, ALAIN ELLOUZ.
LE GUÉRIDON GEMME Cette pièce unique en bronze, résine et pigments est signée de l’artiste Flavie Audi. Chromaflair, 57 × 61 × 48 cm, prix sur demande, NILUFAR EDITION .
LE VERRE ÉTONNANT Un verre signé Irina Flore qui anime la table de ses rondeurs joyeuses et colorées. Joyful, 12,5 × 7,5 cm, 205 €,
LE FAUTEUIL EN PAILLE DES MARAIS Le tressage de son assise est fait main, selon un art traditionnel rural italien, réinterprété par le designer Antonio Citterio. Tessa, 76 × 74 × 76 cm, 2 856 €, FLEXFORM.
LE TISSU FANTASMAGORIQUE Paysage chimérique, monde subaquatique… ce jacquard est un appel à la contemplation. Eden, 278 € pour 140 cm de l, MÉTAPHORES.
STUDIO FLORE.
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Le shopping
LE CHANDELIER EN RAMEAU En métal trempé dans un bain d’or 24 carats, il évoque la nature dans une vision sublimée. Feuillage, 27 × 45 cm avec les bougies, 1 350 €,
LE TISSU OMBRE CHINOISE Inspiré d’une feuille de fougère, ce jacquard évoque très librement la nature en clair-obscur.
GOOSSENS.
Ikebana Polar, l 140 cm, 101,34 € le m, SUNBRELLA.
LE CANAPÉ AU NATUREL Dessiné tout en formes douces par Raphael Navot, il est en chêne tapissé de cachemire et soie. Acrostic (Overlay), 262 × 84 × 102 cm, édition de 8, prix sur demande, FRIEDMAN BENDA.
LE PAPIER PEINT ÉQUESTRE Ce jeu de collage de la designeuse Anna Glover nous invite dans son univers coloré de chevaux galopant dans les collines. Brio, 217 € le m,
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ANNA GLOVER.
LA LAMPE ÉQUILIBRISTE Imaginée par le designer F. Taylor Colantonio, en papier mâché poli, elle s’allume par la boule en son sommet. Grotta verte, 80 × 40 cm, pièce unique, prix sur demande,
Thierry Malty
F. TAYLOR COLANTONIO.
LA TABLE FUSION En 1974, c’est un voyage au Japon qui inspira à l’architecte Gianfranco Frattini le dessin de cette table en frêne massif rééditée dans la collection Les classiques revisités. Kyoto, 102 × 50 × 32 cm, 7 198 €, POLTRONA FRAU.
LES BOÎTES À BIJOUX D’ARTISTE En verre de couleur soufflé, elles sont le fruit de l’imagination de Bernard Heesen. La ménagerie de verre, h 20 cm, 400 € la boîte,
LE CHIFFONNIER LUDIQUE Signé Nanda Vigo, il fait peau neuve dans une version de Francesco Meda et David Lopez Quincoces avec tiroirs laqués.
GALERIE MICHÈLE HAYEM.
Storet, 55 × 51 × 131 cm, à partir de 4 659 €, ACERBIS.
L’ASSIETTE EN VERRE DÉCORÉ La nature revisitée par des motifs peints à la feuille d’or. Laponie, ø 17 cm, 30 € le set de 4, FRAGONARD.
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L’inspiration
Le grand retour du patchwork
Dans un magnifique upcycling de matières, chutes et coupons sont transformés en chefs-d’œuvre décoratifs par le talent de six créateurs contemporains. Une interprétation vivifiante du patchwork, comme un renouveau. PAR
Aurore Lameyre assistée de Joanne Faber PHOTOS Marvin Leuvrey
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Motifs XXL pour table de fête Pour offrir à notre table une parure exclusive, la designeuse Emilie Hirayama, adepte du recyclage créatif, a associé au point bâti de grands coupons aux motifs inspirés des années 1970, dans une explosion de couleurs chaleureuses. 1. LIN imprimé,
Jardin de Cézanne, 154 € le m, MISIA. 2. BRODERIE géométrique en lin, Alexander, 298 € le m, PIERRE FREY.
3. TOILE acrylique unie, Heritage Dijon, 68,50 € le m, SUNBRELL A. 4. JACQUARD en coton, Kasimir, 210 € le m, PIERRE FREY. 5. BRODERIE Crewel sur tissu en coton et polyester, Onde, 209 € le m, ÉLITIS. 6. JACQUARD en Trevira et polyester, Hera, prix sur demande, LELIÈVRE. POINT BÂTI en fil de coton et lin, Bohème, 5,40 € la pelote de 50 g, FONT Y. BOUGEOIRS ET VERRES, VERRERIES DES LUMIÈRES . BOUGIES en cire, Madeleine, 22 € la boîte BOUGIE torsadée, 25 € la boîte de 6, HAY. FLEURS MUSE PARIS.
de 6, CIRE TRUDON.
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L’inspiration
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Sur le lit, une réinterprétation du quilt classique Le designer Julius Arthur, avec son studio House of Quinn, perpétue la tradition du quilt depuis 2016, mais dans un style et une palette au goût du jour. Témoin, ce plaid recto-verso aux couleurs profondes cousu tout spécialement pour notre chambre. 1. TISSUS en lin et laine, Linwool, 129 € le m, BISSON BRUNEEL . 2. TOILE de coton imprimée, Burano, 125 € le m, RUBELLI. PETITE BOUTEILLE ET BOL en céramique d’Henri Simmen, prix sur demande, GALERIE ANNE-SOPHIE DUVAL .
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Un rideau qui raconte des histoires Leur technique de découpage et collage permet à Jeanne Martin et Marie-Marie Vergne, le tandem des Crafties, de réaliser de grandes compositions panoramiques, à l’image de ce rideau-fresque théâtral imaginé pour AD. 1. JACQUARD
à motifs de palmiers en coton et polyester, Be Bop A Lula, 224 € le m, DEDAR. 2. SATIN de laine vierge, Buon Fresco, 236,50 € le m, DEDAR. 3. SATIN de coton uni légèrement lustré, Nura II, 71 € le m, MANUEL CANOVAS.
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L’inspiration
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Comme un vitrail en voile de textile Kiva Motnyk, de Thompson Street Studio, à New York, ouvre sans cesse de nouvelles pistes dans le domaine du textile. Palette douce et lumineuse, jeux de transparence… elle a ici travaillé sur l’idée d’un rideau façon vitrail. 1. VOILAGE en polyester, Twine, 106 € le m et 2. VOILAGE en polyester et coton, Pulse, 97 € le m, ZIMMER + ROHDE. 3. SATIN de lin iridescent, Glam, 164 € le m, SAHCO. 4. VOILAGE en coton avec fini glacé, Glaze, 139 € le m, SAHCO. 5. VOILAGE
en fine laine mérinos, Highland, 131 € le m, KINNASAND. en chanvre et viscose, 1 800 €, CODIMAT.
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Une tête de lit tout en douceur La designeuse Emilie Hirayama expérimente inlassablement. Ici, elle nous livre une tête de lit qui joue sur le contraste entre rigueur des formes géométriques et douceur des matières, une déclinaison de tissus « bouclette » en laine et lin. 1. LIN bouclé naturel, Héritage, 183 € le m, ÉLITIS. 2. BOUCLETTE à motifs de triangle en viscose et laine, Pyramides, 235 € le m, NOBILIS. 3. JACQUARD à motifs de losange en laine, Swann, 258 € le m, PIERRE FREY. 4. BOUCLETTE en laine, lin et acrylique, Toundra, 224 € le m, MÉTAPHORES. 5. OTTOMAN à côtes en laine et coton, Pia, 304 € le m, PIERRE FREY. 6. TISSAGE de laine et lin à lignes horizontales en bouclette, Flânerie, 165 € le m, ÉLITIS. VASE de Jacques Blin, prix sur demande, GALERIE ARTRIUM. GOBELET en porcelaine, 18 €, CFOC. COUVERTURE en fourrure de mouton, prix sur demande, JULES & JIM. DRAP blanc en gaze de coton et drap vert en lin, MERCI.
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L’inspiration
Un plaid à franges pour le canapé Artiste plasticienne, Aurélie Mathigot maîtrise de nombreuses techniques liées au textile et les utilise très librement. Pour AD, elle a imaginé un patchwork où tricot et crochet assemblent différents tissages, pour habiller-déshabiller un canapé, à volonté. 1. TISSAGES en lin, laine, coton, soie teintée et cuir, réalisation et prix sur mesure, TOYINE SELLERS. motif géométrique en viscose et polyester, Djinn, 119 € le m, CASAMANCE. 3. BOUCLETTE unie en coton et laine, Monza, 158 € le m, BISSON BRUNEEL . TRICOT ET CROCHET en laines mérinos et baby alpaga, Pole, 7 € la pelote de 50 g, FONT Y. CANAPÉ Stanley, prix sur demande, PIERRE YOVANOVITCH. VASE en grès de Jean et Jacqueline Lerat, prix sur demande, GALERIE ARTRIUM. BOUTEILLE, VASE FIGUE et COUPES en céramique de Jacques et Dani Ruelland, prix sur demande, GALERIE ARTRIUM. 2. VELOURS à
Remerciements à Pierre Yovanovitch pour son accueil dans sa propriété de Fabrègues, en Provence.
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Les portraits
« Moi et mon canapé » Les confinements nous l’ont prouvé, le canapé est la pièce centrale de la maison. Cinq personnalités nous parlent du rapport qu’elles entretiennent avec ce meuble finalement si intime. PAR
Marie Kalt et Sophie Pinet
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Théo de Gueltzl
Thaddaeus Ropac Marchand d’art et galeriste De passage à Paris, Thaddaeus Ropac nous reçoit dans son appartement avec vue sur la Seine. Au mur, des œuvres des artistes qu’il représente et des pièces signées Andy Warhol, Man Ray ou Marcel Duchamp. Le ronronnement d’un Rotorelief de ce dernier, constitué de disques tournant autour d’un axe, accompagne notre conversation. Sobrement élégant, le décor est composé de pièces au design discret mais néanmoins signées, créées exclusivement entre les années 1945 et 1965, qui laissent à l’art
la première place. Pour celui qui passait son temps à voyager entre ses galeries, ses clients et les foires internationales, le confinement a été un choc. « J’ai continué de travailler, mais différemment. Le canapé est devenu mon bureau. Il m’est arrivé de mettre une chemise et une veste pour une visioconférence, mais de garder mon bas de pyjama… C’était un moment étrange mais, finalement, pas si désagréable », reconnaît le galeriste qui a repris son rythme de globe-trotter aujourd’hui ponctué de tests Covid tous les trois jours. M.K.
« Pendant le confinement, mon canapé, c’était mon bureau. J’y étais du matin jusqu’au soir. »
THADDAEUS ROPAC est assis dans un canapé en acajou gris dessiné par Frank Lloyd Wright en 1955. Lampe en céramique fin des années 1950 pour Marsh+all Studios (le tout Galerie Eric Philippe). Bougie Robert Mapplethorpe « Lys » (Ligne Blanche). Au mur, Warhol Black Marilyn, d’Elaine Sturtevant, 2004. Dans la pièce voisine, on aperçoit deux œuvres d’Andy Warhol, Head (after Picasso) N°25 et Head (after Picasso) N°20, 1985.
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Les portraits
« Ce canapé, c’est l’endroit préféré des enfants, ils s’y réfugient quand les repas s’éternisent. »
Harumi Klossowska de Rola Artiste et créatrice de bijoux Entourée de sa mère Setsuko, de son mari et de ses enfants, Harumi Klossowska de Rola vit dans le décor immuable et les meubles de l’ancien hôtel qui abrita le quotidien de son père, le peintre Balthus, à partir de la fin des années 1970. S’il fut longtemps appelé le chalet aux 1 000 fenêtres – il n’en compte en fait que 113 –, c’était sans doute lié aux dimensions hors norme de ce chef-d’œuvre d’architecture xviiie niché en plein cœur des Alpes suisses, dans le village de Rossinière. Accompagnée de son serval, Harumi pose sur un canapé d’une autre époque, recouvert d’une indienne rapportée de voyage, sous la dernière toile de son père, un portrait inachevé de sa mère. « On appelle cette pièce la chambre Victor Hugo car il y aurait dormi, entouré de huit femmes. Cet espace inondé de soleil est le lieu où nous nous retrouvons tous à l’heure des repas, et le canapé est l’endroit préféré des enfants. » S.P.
HARUMI KLOSSOWSKA DE ROLA avec
son serval Nelson Mandela. Elle est assise dans un canapé hérité de l’époque ancienne où le chalet était un hôtel.
Julien Dossena Directeur artistique de Paco Rabanne Julien Dossena a fait de son appartement surplombant le centre de Paris son refuge durant ces derniers mois, au point d’en réaménager les espaces, faisant disparaître les codes bourgeois haussmanniens au passage. Ainsi la salle à manger est-elle devenue une salle de lecture, et les canapés Togo de Michel Ducaroy qui invitaient aux conversations entre amis dans le salon ont laissé place au modèle Montanara de Gaetano Pesce, orienté face à la télévision (le modèle The Serif des Bouroullec) et la console de jeux vidéo. Une disposition qui reflète au mieux le quotidien du créateur, et qui place au centre ce canapé qu’il cherchait depuis près de dix ans. « Je m’intéresse depuis longtemps au design, mais mon goût s’est précisé autour du courant postmoderne italien. Pas celui, très pop, signé par le groupe Memphis, mais celui de ces acteurs à la marge, à l’expression plus sèche. Des pièces radicales qui assurent une présence visuelle à la limite de l’installation artistique, sans pour autant perdre de vue leur fonction, ni la notion de confort. » S.P.
JULIEN DOSSENA pose sur le canapé Montanara de Gaetano Pesce (Meritalia), à côté de tables basses Fish Design de Gaetano Pesce et d’un lampadaire Kohlmarkt de Hans Hollein (Baleri Italia).
« J’ai complètement réorganisé les pièces à vivre, en lien avec le contexte qui a changé mes besoins aux quotidien. » 55
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Les portraits
Vitalie Taittin er Présidente de la maison de champagne éponyme Installée dans une jolie maison dans le centre de Reims, Vitalie Taittinger partage sa vie professionnelle entre son rôle à la tête de la maison de champagne familiale et son engagement pour la défense de l’art contemporain à travers le FRAC Champagne-Ardenne et l’association Platform, qui fédère les 23 FRAC de France, deux structures dont elle assure la présidence. Avec cette double responsabilité, le confinement a été pour elle un moment d’intense activité. « Il faut dire qu’avec trois enfants à la maison, j’ai passé beaucoup de temps dans la cuisine, confie-t-elle. Le canapé faisait alors office de pièce refuge pour les moments volés dans la journée, un endroit où je pouvais prendre du temps pour être avec mes enfants, mais aussi pour lire, rêver. C’était mon petit luxe. » À la suite d’un faux mouvement, Vitalie se retrouve aujourd’hui avec une cheville immobilisée, et découvre qu’on peut aussi travailler sur un canapé. « Maintenant, c’est devenu la pièce du handicap ! », conclut-elle en riant. M.K.
VITALIE TAITTINGER est assise sur le
canapé Paul de Vincent Van Duysen (Molteni). Sur la table basse d’Antonio Citterio (Flexform), un vase Ikebana de Jaime Hayón (Fritz Hansen). À côté du tableau de Gérard Schlosser, une lampe de Michael Anastassiades (Flos). L’ensemble a été choisi sur les conseils du décorateur Gregory Guillemain de la société Homeage.
« Quand on s’installe sur le canapé, toute la famille vient en un rien de temps cannibaliser votre espace. »
PAOLO ROVERSI est assis dans son
fauteuil LC2 en cuir noir de Le Corbusier, entouré des livres qui l’inspirent.
Paolo Roversi Photographe
« J’aime passer des coups de fil, consulter des livres depuis ces fauteuils. Parfois je m’y endors – quelques minutes, pas plus. »
Ces fauteuils LC2 de Le Corbusier mêlant cuir et structure tubulaire, le photographe italien installé depuis toujours à Paris les possède depuis de nombreuses années. « Je les avais achetés, ainsi qu’un canapé, lorsque je vivais Rive gauche, dans un immeuble des années 1930. Ils s’intégraient parfaitement au décor, à l’architecture. Plus tard j’ai regretté de ne pas les avoir achetés en cuir marron, mais à l’époque ils n’existaient qu’en noir. » Cet ensemble a depuis été séparé
entre différentes pièces de vie, le canapé ailleurs, les fauteuils dans ce coin salon-bibliothèque cher au photographe, un lieu où il aime venir travailler, ou tout simplement s’isoler, qui lui offre des parenthèses de calme. Il y vient parfois feuilleter ses livres, comme celui du photographe Robert Frank intitulé The Americans qu’il a saisi pour nous le présenter. « C’est pour moi le plus grand livre de photographie du xxe siècle, et sans aucun doute celui qui m’a le plus inspiré dans mon travail. » S.P.
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La découverte
LE HALL D’ENTRÉE principal
du pavillon de la Fondation médicale Reine Élisabeth et son décor mural à rayures en verre et au sol en carreaux de ciment.
Le pavillon de verre
En 1933, l’architecte belge Henry Lacoste dévoile, à Bruxelles, un bâtiment destiné à la recherche médicale dont l’intérieur chatoie des mille couleurs d’un verre très spécial, la marbrite. Visite guidée de ce chef-d’œuvre Art déco. RÉALISATION
Sarah de Beaumont PHOTOS Philippe Garcia TEXTE Marion Bley
UN VITRAIL, dans
une cage d’escalier, filtre la lumière à travers des motifs géométriques. Il est intégré dans le décor en marbrite des murs.
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aris, 1925. La ville tout entière vibre de l’énergie et de la nouveauté que lui insuffle l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, ses architectures folles, ses milliers de visiteurs quotidiens. Ces derniers déambulent, autour de l’esplanade des Invalides, entre des pavillons internationaux, régionaux ou commerciaux, avec notamment ceux des grands magasins parisiens ou des marques du luxe qui, à travers leurs collaborations avec les meilleurs artistes, marqueront l’époque. Lalique et sa fontaine géante, le pavillon de Christof le et Baccarat signé par l’architecte Georges Chevalier, celui de Süe et Mare – compagnie des Arts français, entre autres, enthousiasment. Parmi les pavillons du quai d’Orsay, entre l’amusant Village du jouet et les boutiques de l’artisanat, on remarque aussi un élégant bâtiment, construit par les
Verreries de Fauquez et entièrement dédié à la promotion de leur produit star : la marbrite. Développé depuis le début du siècle par le maître verrier Arthur Brancart, ce verre opale imitant le marbre est commercialisé depuis 1922. Son succès, boosté par la reconstruction de la Belgique après la Première Guerre mondiale, est notamment lié à l’essor du style Art déco. À Paris en 1925, il ne passe pas inaperçu : une médaille d’or d’architecture est décernée au concepteur du pavillon, Joseph Van Neck, et le grand prix de la section « art et industrie du verre » est attribué à Arthur Brancart et aux Verreries de Fauquez. La marque est déposée et conquiert rapidement les marchés internationaux, tant ce produit résistant, d’un entretien facile, d’un prix modéré, disponible dans pas moins de 36 teintes, séduit la clientèle et particulièrement →
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L’UNIVERS AD
La découverte
L’ENTRÉE DE LA BIBLIOTHÈQUE, au
premier étage. Autour de la porte, un fronton aux motifs polychromes, évocation antique fantaisiste.
DÉTAIL D’UN ESCALIER dont les
dernières marches viennent élégamment s’enrouler autour de l’axe de la rampe, dans des tons de brique, beige et noir.
LA BIBLIOTHÈQUE et son décor de bois verni. La rambarde qui borde la galerie est en métal peint en bleu orné de motifs raffinés de coquilles.
les architectes. Henry Lacoste est de ceux-là. A-t-il découvert la marbrite à Paris, lors de l’exposition, ou à Bruxelles, dans le showroom Fauquez installé dans un immeuble cossu de la rue du Midi ? Quoi qu’il en soit, en 1927, lorsqu’il reçoit la commande de l’institut de recherches médicales Fondation Reine Élisabeth, dans l’enceinte du CHU Brugmann de Bruxelles, ce verre opale dont le poli accroît la luminosité, qui répond parfaitement aux besoins du lieu en matière d’hygiène, lui apparaît comme idéal. Éclat et fantaisie du décor Né en 1885 à Tournai d’un père ferronnier-serrurier, il est très jeune initié à la pratique artisanale, et cette sensibilité se sentira à travers nombre de ses projets. Dans les œuvres bâties de cet homme doublement diplômé d’architecture, à Bruxelles puis à Paris, qui a pendant la Première Guerre participé à la mission Dhuicque de protection des bâtiments historiques, qui a toute sa vie suivi puis dirigé des
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fouilles archéologiques en Grèce et en Syrie, qui s’est intéressé à l’art africain, et enfin a tout au long de sa carrière enseigné passionnément, on sent un goût très éclectique de l’élément décoratif, qu’il soit moderne ou ancien. Sa maison d’Auderghem en est une sorte de synthèse, combinant des détails babyloniens, grecs, égyptiens, médiévaux, Renaissance et modernes… En ce qui concerne le pavillon Fondation Reine Élisabeth, une fois entré dans ce bâtiment de brique d’apparence Art déco « classique », on est surpris de l’éclat et de la fantaisie du décor. Dans le hall, sur fond de murs rayés blanc et vert (on pourrait aujourd’hui dire « à la Buren »), des colonnes octogonales couronnées de pans de verre translucide cachant un éclairage électrique ont une allure moyen-orientale, alors que dans l’escalier, de grands vitraux nimbent la lumière de couleurs qui rebondissent sur les parois de marbrite. Les sols ne sont pas en reste, avec leurs motifs géométriques en carreaux de ciment mouchetés. Un soin extrême a été apporté →
L’UNIVERS AD
La découverte
COULEURS FORTES dans la cage d’escalier menant à la bibliothèque, avec son vitrail rectangulaire multicolore.
INSPIRATION ART DÉCO
en version brique rouge pour l’extérieur du pavillon Reine Élisabeth.
à chaque détail dans ce projet qui porte le nom de celle qui fut reine des Belges de 1909 à 1934, surnommée « Reine infirmière » suite à son dévouement envers les blessés pendant la Grande Guerre et qui, férue de sciences et d’art, offre alors sa haute protection au bâtiment de Henry Lacoste, dont on dit qu’elle n’a pas été étrangère à son choix comme architecte. Chaque laboratoire, chaque couloir, chaque escalier a reçu son décor de marbrite polychrome avec la même attention ; mais la bibliothèque est sans doute la pièce la plus sophistiquée, et l’on n’en est pas surpris quand on sait que Henry Lacoste a été, pendant toutes ses études, un étudiant inlassable qui ne quittait celle de l’Académie que lorsque la fermeture de ses portes l’y forçait. Sur le palier du premier étage, la pièce est annoncée par un décor à l’antique encadrant sa porte ; à l’intérieur, elle est chaleureusement tapissée d’éta-
gères et de boiseries en bois verni qui reflète la lumière, et son plafond à caissons reprend le motif du sol. À cette géométrie un peu stricte, une rambarde en métal peint en bleu et à motifs de coquilles apporte une belle sophistication. Henry Lacoste, qui a de plus en plus enseigné jusqu’à sa mort, en 1968, n’a pas énormément construit, et certaines de ses réalisations, destinées aux grandes expositions du début du xxe siècle, n’ont pas été conservées. Il était de ces architectes qui conçoivent leurs créations comme un tout, et son style, parfois décrit comme « hybride », métissé d’inspirations diverses et souvent polychrome, n’a pas toujours plu. On découvre aujourd’hui son œuvre rare avec fascination. À visiter : Fondation médicale Reine Élisabeth, avenue J.-J. Crocq 3, 1020 Bruxelles. Sur rendez-vous : communication@chu-brugmann.be
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L’UNIVERS AD
La star de la déco
Le style Gloria Vanderbilt
Au long d’une vie riche en péripéties, Gloria Vanderbilt, personnalité new-yorkaise culte, s’est inventé des intérieurs fantasques, entre mix and match folkloriques et pièces de mobilier victorien bien choisies. Retour sur une figure inspirante.
GLORIA VANDERBILT
photographiée en 1970 par Horst P. Horst dans son appartement
du 45 East 67th Street à New York, vêtue d’une robe inspirée de son décor conçue par le couturier Adolfo.
Cédric Saint André Perrin
© Photo by Horst P. Horst/Condé Nast
PAR
LA CHAMBRE recouverte
© Photo by Horst P. Horst/Condé Nast
de patchworks, parue dans le numéro de février 1970 du Vogue américain.
D
e ce côté-ci de l’Atlantique, son nom n’évoque pas grand-chose, tout au plus des flacons de parfums embossés d’un cygne en rayon des grandes surfaces. Aux États-Unis, il en va tout autrement, tant Gloria Vanderbilt (1924-2019) demeure une icône du style. Son patronyme est celui de l’une des plus grandes dynasties industrielles, une notoriété fleurant bon l’opulence sophistiquée propre à une certaine aristocratie américaine. Lorsqu’elle voit le jour un 20 février 1924, les Vanderbilt sont l’une des familles les plus riches au monde. Petite fille, elle fait d’emblée la une des tabloïds. Elle perd son père alcoolique alors qu’elle n’a que 2 ans, et sa mère, très jeune encore, préférant vie mondaine, voyages et bohème à son rôle de veuve et de mère, une bataille
juridique s’ensuit quant à sa garde. Une tante sculptrice et philanthrope, Gertrude Vanderbilt Whitney, fondatrice du Whitney Museum à New York et personnalité non dénuée d’exubérance, lui inculque le goût de l’indépendance et lui offre le modèle d’une femme libre et entreprenante. Par l’entremise de sa tante, elle rencontre à 15 ans Diana Vreeland. Fascinée par sa beauté charismatique, la rédactrice en chef de Harper’s Bazaar la convainc de se faire photographier par un jeune talent prometteur du nom de Richard Avedon. À ces débuts dans le mannequinat suivra une carrière d’actrice. Elle joue au côté de Rita Hayworth, entretient des liaisons avec Frank Sinatra et Marlon Brando, épouse le réalisateur Sidney Lumet, fait deux enfants avec le chef →
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L’UNIVERS AD
La star de la déco
GLORIA VANDERBILT
d’orchestre Leopold Stokowski, apparaîtra même dans des épisodes de la série télévisée La croisière s’amuse... Elle inspire à l’écrivain Truman Capote certains traits de son héroïne de Breakfast at Tiffany’s. Grande mondaine, Gloria Vanderbilt compte parmi « les cygnes de la Cinquième Avenue », cette bande d’aristocrates au long cou – comptant également Marella Agnelli, Babe Paley ou Pamela Churchill en ses rangs – qui règne sur le ToutNew York des sixties. Tour à tour, et souvent simultanément, modèle, poétesse, peintre, auteure érotique et femme d’affaires, l’héritière n’eut de cesse de se réinventer. « Ma mère vivait beaucoup dans ses pensées. Elle croyait en la fantaisie, à l’amour et à la beauté, et elle a poursuivi ces causes avec dévouement tout du long de sa vie », confie son fils, Anderson Cooper, journaliste star de CNN. Jeune première dans la décoration C’est surtout à travers sa florissante carrière dans la mode que l’Américaine demeure célèbre dans son pays. Profitant de son immense notoriété, s’alliant à un industriel du textile hongkongais, Gloria Vanderbilt lance une ligne de jeans à la fin des années 1970 – bien avant que les inf luenceuses de la téléréalité et d’Instagram ne se piquent de jouer aux créatrices. Si le denim ne semble pas forcément une évidence de la part
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d’une élégante toujours de haute couture vêtue, le succès marketing n’en est pas moins immense ; la dame apporte une caution chic à un pantalon pas encore entré dans les bonnes mœurs. En 1977, il s’en vend pour 125 millions de dollars ! Plus que ses propositions vestimentaires, ce sont aujourd’hui les intérieurs très personnels de Gloria Vanderbilt qui retiennent l’attention et inspirent des talents. De l’appartement qu’elle partage avec Sidney Lumet au 10 Gracie Square, cadre d’innombrables fêtes au début des années 1950, émane une ambiance joyeuse, légère et romantique. Candelabres peints en blanc, mobilier anglais, nappes fleuries et rideaux de dentelles marquent ses débuts de jeune première romantique dans la décoration. C’est pourtant sa chambre dans sa maison du 45 East 67th Street, tapissée de patchwork du sol au plafond – peint en trompe-l’œil sur le parquet – qui demeure à jamais son chef-d’œuvre. Fine styliste, la maîtresse de maison traduit dans son intérieur le vent de liberté hippie des années 1970 comme Yves Saint Laurent s’y emploie à travers sa couture. Son approche de la décoration découle de sa démarche artistique. Si elle dessine depuis ses 10 ans, ce sont ses peintures, collages de papiers, dentelles, passementeries ou tissus composant des portraits en pied sous inf luence élisabéthaine qui la
© Photo by Horst P. Horst/Condé Nast
photographiée dans son intérieur en 1975. La créatrice mêle moquette néo-Art déco, mobilier anglo-chinois et plaid afghan à ses propres peintures stylisées et colorées.
© Photo by Horst P. Horst/Condé Nast
consacrent. Puisant son inspiration dans l’approche naïve et spontanée du folk art, elle détourne savoir-faire et traditions populaires pour se livrer à des compositions grand genre. « Une grande partie de la vie de ma mère a été consacrée à dépasser les sentiments de perte éprouvés dans son enfance. Dans ses peintures et collages, la sensation d’abandon et l’acceptation du passé étaient toujours présents, un désir de quelque chose qu’elle n’avait jamais eu – une mère, un père, un sentiment de sécurité, de stabilité. Son art était une manière de traiter son vécu, de le réinterpréter, de lui donner un sens », poursuit Anderson Cooper. Son exposition à la Hammer Galleries, en 1968, rencontre un tel succès médiatique que des fabricants lui commandent lignes de tissus, d’arts de la table et de papiers peints mêlant dessins ingénus et floraisons pop. Pour animer le mythe, sont édités en parallèle et au fil des ans des ouvrages oscillant entre manuel de savoir-vivre, guide pratique et livre d’art : Gloria Vanderbilt Book of Collage (1970), Gloria Vanderbilt Designs for Your Home (1975) ou encore The World of Gloria Vanderbilt (2010). →
LE PLAFOND de
l’appartement situé East 67th Street, tapissé d’un patchwork de quilts.
LE COIN CHEMINÉE
de la chambre, avec un aperçu du parquet peint de patchwork en trompe-l’œil laqué.
L’UNIVERS AD
Annie Schlechter
La star de la déco
DANS LA SALLE À MANGER
de la maison de campagne de Gloria et Wyatt Cooper, les tentures murales, les chaises et la nappe sont dans un imprimé pop et naïf dessiné par la maîtresse de maison. À GAUCHE, LA CHEMINÉE
peinte à la main de couleurs pastel et de vers poétiques par Gloria Vanderbilt dans son dernier appartement new-yorkais.
© Photo by Horst P. Horst/Condé Nast
Le glamour comporte malheureusement souvent sa part d’ombre : son quatrième mari, Wyatt Cooper, décède en 1978 ; confiant les rênes de son empire à des partenaires peu scrupuleux, elle se fait spolier, perd moult biens dont ses maisons de Southampton, de New York et de l’Upper East Side suite à des problèmes d’arriérés d’impôts. Elle déménage dans les années 1980 dans un duplex à Gracie Square au cadre plus formel. Canapés recouverts de chintz, mobilier anglais et bibelots en argent massif, l’ambiance est élégante certes, mais somme toute compassée. L’époque se révèle sombre pour la maîtresse de maison : le 22 juillet 1988, son fils Carter se défenestre sous ses yeux. Un intérieur élégamment disjoncté Une renaissance s’esquisse au tournant du millénaire. Gloria Vanderbilt réalise depuis toujours des collages, elle se fend désormais également d’étranges boîtes renfermant des objets chinés, de tableaux en all-over de visages de poupon en celluloïd et d’autoportraits tachistes. De nouvelles compositions, certes toujours naïves, mais plus tourmentées, sombres et expressionnistes. Sans jamais égaler en force, conscience politique et virtuosité l’œuvre d’une Niki de Saint Phalle, ses créations d’alors comportent quelques similitudes avec celles de l’icône du nouveau réalisme. Toutes deux créèrent pour canaliser sentiments, peurs et angoisses, et laisser s’exprimer espoirs et joies. La dernière adresse de Gloria Vanderbilt, au 30 Beekman Place – un appartement en étage doublé d’un atelier en rez-de chaussée –, s’apparente à une sorte de paysage
mental, reflet de sa passion pour sa famille à travers moults photos, retour sur son parcours, incarnation de ses humeurs. « Il ne s’agissait jamais pour elle d’acheter un tableau ou un objet de valeur, mais de trouver comment les choses se répondaient et vivaient les unes avec les autres, de se créer un cocon ou un nid reflétant sa vie tel un miroir. Elle se projetait dans tous les biens qui l’entouraient et appréciait chaque objet pour sa beauté propre. Un tableau de Tamara de Lempicka qu’elle aimait beaucoup était considéré de la même façon qu’un nid d’oiseau trouvé un beau matin sur le terrain de sa maison de Stanford », explique son fils. N’hésitant pas à user de ses pinceaux, elle va jusqu’à s’attaquer au manteau d’une cheminée, la parant de touches pastel rêveuses ou de vers poétiques. À 90 ans passés, elle documente à partir de 2017 sur son site Instagram cet intérieur élégamment disjoncté où jouets, mobilier folklorique et papiers peints « chinoisants » s’entremêlent dans une grande liberté. Les objets changent de place, sans cesse réinterprétés en libres compositions : un châle espagnol frangé se hisse en baldaquin quand un plaid fait office de nappe. « Quand j’ai eu ma propre maison, se souvient encore Anderson Cooper, elle m’appelait pour me demander si j’avais de la place pour une table, une chaise ou un tableau dont elle ne voulait plus. Je lui répondais qu’elle pouvait l’envoyer chez moi, mais je ne m’y attachais jamais car je savais qu’inévitablement elle me rappellerait dans quelques semaines, mois ou années pour le récupérer, alors que, changeant à nouveau l’aménagement de son appartement, il ferait à nouveau sens quelque part. » Ce décor à rebonds, en permanente métamorphose, est à l’image de la vie même de Gloria Vanderbilt : flamboyant et touchant.
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L’UNIVERS AD
L’événement
Un patrimoine très contemporain
Modernisée par l’architecte Tadao Ando, la Bourse de Commerce, lieu d’élection de la collection Pinault à Paris, va enfin ouvrir ses portes. AD revient sur la riche histoire de ce projet. PAR
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Marion Bley
Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, photo Marc Domage
UN CERCLE DANS LE CERCLE.
S
ouvenez-vous, c’était il y a vingt ans. Au tournant du nouveau millénaire, l’homme d’affaires et grand collectionneur d’art contemporain François Pinault annonçait qu’il établirait sa collection sur l’île Seguin, à Boulogne (Hauts-de-Seine), dans un bâtiment dessiné par l’architecte Tadao Ando. Las, quelques années et aléas plus tard, en 2005, le projet était abandonné, trop de bâtons ayant heurté les roues du milliardaire français, qui se rabattait alors sur un autre lieu, le Pa-
L’architecte Tadao Ando a imaginé de placer au cœur de la Bourse un cylindre en béton lisse qui définit un espace d’exposition central tout en desservant les salles du premier étage. Au-dessus, la fresque et la coupole en fonte et verre datent de 1889.
lazzo Grassi, à Venise. Il n’avait pour autant pas renoncé à établir sa collection à Paris, projet que la Ville soutenait d’ailleurs. Au point de lui présenter, en 2016, l’opportunité de reprendre la Bourse de Commerce libérée par la Chambre de Commerce et d’Industrie et située au bord du jardin des Halles, un quartier alors en pleine reconfiguration. Aussitôt proposé, aussitôt accepté – après les études techniques d’usage bien sûr. Un bail emphytéotique de cinquante ans est signé et, parallèlement, →
Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, photo Maxime Tétard, Studio Les Graphiquants, Paris
L’événement
L’UNIVERS AD
LA CIRCULATION se fait entre la façade classique du bâtiment et le cylindre en béton de Tadao Ando. Entre les deux, le ruban de l’escalier.
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Marc Domage ; Maxime Tétard
François Pinault demande à Tadao Ando un projet pour ce bâtiment. Lorsque l’équipe prend possession des lieux le 2 janvier 2017, l’architecte japonais a déjà esquissé l’idée d’un cylindre dans le bâtiment, cercle dans le cercle, sous la formidable coupole d’acier et de verre du xixe siècle. Sont alors associés au chantier l’agence parisienne NeM (Niney et Marca Architectes) et un architecte en chef des monuments historiques, Pierre-Antoine Gatier. Le patrimoine, l’architecture et l’art « Le visiteur qui viendra à la Bourse de Commerce découvrira un monument historique exceptionnel, témoin, par sa rotondité, de l’architecture utopique de la fin du xviiie siècle, mais également des grandes innovations techniques du début du xixe avec sa merveilleuse coupole métallique, ainsi que du goût de la fin du xixe siècle pour les décors monumentaux, dont la grande peinture du plafond qui représente le commerce de la France avec toutes les parties du monde. Sans oublier la colonne Médicis, vestige de l’hôtel de Soissons construit au xvie siècle pour Catherine de Médicis… Comme une petite histoire de l’architecture parisienne en résumé », commente Jean-Jacques Aillagon, directeur général de Pinault Collection. Cette expérience se doublera d’une autre, architecturale, avec le geste audacieux de Tadao Ando, « ce cylindre qui, au rez-de-chaussée, définit un espace d’exposition, au sous-sol accueille l’auditorium, et, grâce à un escalier qui s’enroule autour de lui, permet aux visiteurs d’avoir une expérience inédite de l’architecture du bâtiment en la découvrant de très près, mais aussi d’accéder à la coursive supérieure qui dessert les salles d’exposition », poursuit l’ancien ministre. Sans oublier l’expérience artistique, puisque la Bourse de Commerce devient musée de la collection Pinault, une des premières collections privées d’art contemporain au monde avec ses quelque 10 000 œuvres. Une programmation en mouvement François Pinault s’est toujours engagé dans la durée avec les artistes, et sa collection compte des ensembles d’œuvres constitués parfois depuis 40 ou 50 ans. C’est aussi cela que l’on veut montrer à la Bourse de Commerce. En 2021, sous le titre Ouverture seront présentées les œuvres inédites (ou dans des ensembles inédits) de 32 artistes, en plusieurs vagues, renouvelées dans l’année. « L’idée étant, dans cet esprit d’ouverture – dont le besoin est renforcé par la pandémie de Covid – de montrer le travail de femmes et d’hommes, français et étrangers, de toutes les générations, et dans toutes les disciplines », s’enthousiasme Martin Bethenod, directeur délégué de la Bourse de Commerce. Au-delà de cette programmation et du bâtiment luimême, « il y a la volonté de mêler la création et la vie, continue Martin Bethenod, avec les aménagements mobiliers, les luminaires pour les escaliers historiques et le lustre du vestibule conçus par les designers Ronan et Erwan Bouroullec ». Et puis, bonne nouvelle, la Bourse de Commerce a aussi sa table, et pas des moindres puisque les chefs aveyronnais Michel et Sébastien Bras sont à la tête de son restaurant au décor également signé par les frères Bouroullec. Enfin, le bâtiment est doté d’un auditorium, au sous-sol, qui devrait accueillir une centaine d’événements par an, concerts, conférences, performances ou films… dès que les circonstances sanitaires le permettront, bien sûr.
LA FAÇADE INTÉRIEURE
du bâtiment, la fresque et, à certaines heures, le reflet de la coupole comme un cadran solaire, tel est le spectacle que la circulation haute permet d’embrasser.
LE CYLINDRE DE BÉTON
semble se prolonger au sous-sol, où il accueille un auditorium à l’acoustique parfaite.
Bourse de Commerce – Pinault Collection, 2, rue de Viarmes, 75001 Paris. boursedecommerce.fr L’ouverture du musée sera programmée dès que les dispositions gouvernementales permettront d’en fixer la nouvelle date. À réserver La Bourse de Commerce proposera au public des promenades architecturales et historiques, de la Renaissance jusqu’à Tadao Ando en passant par l’histoire de la halle au blé et l’époque de l’Exposition universelle de 1889.
L’UNIVERS AD
Le créateur
Pierre Guariche, du design aux intérieurs
À l’occasion de la parution aux éditions Norma d’un beau livre riche en archives inédites, retour sur la carrière éclectique de cet ingénieur dont l’œuvre foisonnante a contribué à dessiner le style des Trente Glorieuses. PAR
Laurence Mouillefarine 1
1. LA RÉSIDENCE
du préfet de l’Essonne, aménagée à la fin des années 1960 : la cheminée en Inox est de Philolaos, le canapé et fauteuils Soriana de Tobia Scarpa. 2. PIERRE GUARICHE
au Salon des arts ménagers, Paris, 1963, extrait du livre Pierre Guariche (Norma).
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uelle inventivité ! L’élégant Pierre Guariche a deux casquettes : non seulement il a conçu des meubles et des luminaires iconiques des années 1950, mais il a ensuite fait carrière comme architecte d’intérieur. L’ouvrage qui paraît sur le créateur, généreusement illustré, abondant en descriptions, rend compte de la diversité de son œuvre : restaurants, boutiques, discothèque, bureaux, résidence privées… Surprise ! Ingénieur en électricité, Pierre Guariche est également diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs. Aussi, lorsqu’il imagine un appareil d’éclairage, il songe surtout à son usage domestique. « Contrairement à un Serge Mouille qui dessine un luminaire comme il aborderait une sculpture, Pierre Guariche se préoccupe avant
tout de la source lumineuse, qui n’est jamais aveuglante, s’enthousiasme l’antiquaire Pascal Cuisinier. Chaque détail a sa raison d’être technique. » Même exigence quant à son mobilier. Point d’utopie. Il se veut esthétique, fonctionnel, économique. Les appartements construits dans l’après-guerre offrant des superficies réduites et des plafonds bas, dès ses débuts, le designer se passionne pour les meubles transformables. Il excelle dans la géométrie variable. Luminaires et stations de ski Les matériaux novateurs l’inspirent. Sa chaise Papyrus arbore la première assise en contreplaqué moulé commercialisée en France. Pierre Guariche, adepte de la production en série, vise un large public. →
Jean-Pierre Leloir ; DR Thierry Depagne / Demisch Danant ; Courtesy Galerie Pascale Cuisinier
3. FAUTEUIL G 10bis, métal laqué, contreplaqué moulé, mousse et tissu, édition Airborne, 1953, Galerie Pascal Cuisinier.
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L’UNIVERS AD
Le créateur
1. L’APPARTEMENT
de Robert Legoux, promoteur de la station, à La Plagne, 1964-1965.
2. LAMPADAIRE G 30
et applique G 25 dite « Cerf-volant », édités par Pierre Disderot. Collection Jean-Marc Villiers, Malakoff. 3. CHAISE LONGUE
Vallée blanche, produite par Huchers-Minvieille, 1963.
4. CHAISE Tonneau, métal
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En 1954, il s’associe avec Michel Mortier et Joseph-André Motte, des confrères qui, comme lui, ont fait leurs armes auprès de Marcel Gascoin ; ensemble, ils fondent l’ARP, l’Atelier de Recherches Plastiques. Collaboration éphémère mais foisonnante, qui voit naître des modèles historiques. Ainsi, la chaise Amsterdam, en bois courbé, éditée par Steiner, si célèbre qu’elle figure en décor dans les photographies de mode, ou encore les Éléments Minvielle, du nom du fabricant, panneaux modulables qui permettent de monter des meubles en « kit ». Trois ans plus tard, chaque membre du trio reprend un chemin personnel. Un vaste chantier occupe Guariche durant une douzaine d’années : la station de sports d’hiver de La Plagne, surgie ex nihilo des neiges de Savoie. En collaboration avec l’architecte Michel Bezançon, le décorateur y conçoit l’intérieur de l’hôtel, des habitations, la galerie commerciale, le cinéma, la chapelle, et dessine jusqu’aux télécabines… Après la montagne, la mer. Le voici dans le Var, où, en 1969, l’architecte Jean Dubuisson le sollicite pour aménager la résidence-hôtel
Athéna à Bandol, ses parties communes, ses quelque 750 studios et chambres. La France des Trente Glorieuses pense loisirs. Elle est prospère. Elle est heureuse. L’État dépense avec largesse pour équiper des villes nouvelles. Guariche met sa patte dans le Tribunal de grande instance de Créteil, la Préfecture et le Conseil général de l’Essonne à Evry. Sans oublier la résidence privée du préfet. C’est lui, aussi, qui installe l’appartement-témoin de la tour France à La Défense. Dans les années 1970, Pierre Guariche est toujours en haut de l’affiche. À lire Pierre Guariche, par Delphine Jacob, Lionel Blaisse, Aurélien Jeauneau, aux Éditions Norma, 352 pages. À voir Pierre Guariche, 1926-1995, Early design, jusqu’au 15 février à la Galerie Pascal Cuisinier, 13, rue de Seine, 75006 Paris, galeriepascalcuisinier.com À cette occasion, le catalogue raisonné des luminaires de Pierre Guariche sera mis en ligne sur le site de la galerie. Pierre Guariche, mobilier 1955-1965, super moderne!, jusqu’au 27 février à la Galerie Aurélien Jeauneau, 19, rue Notre-Dame, 33000 Bordeaux, tél. 06 50 69 63 89.
DR Thierry Depagne / Demisch Danant ; Courtesy Galerie Pascale Cuisinier
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laqué, contreplaqué moulé, cuir, édition Steiner, 1951, Galerie Pascal Cuisinier.
HÉLÈNE GREINER,
le parcours artistique d’une personnalité parisienne
Mercredi 10 mars 2021
PARVINE CURIE (née en 1936) Mère procession. Sculpture en bronze à patine noire 1972. 92 x 120 x 80 cm | ERNEST WIJNANTS (1878 -1964) Judith et Holopherne. Sculpture en plâtre patiné. 171 cm GÉRARD VOISIN (né en1934) Sculpture en taille directe sur noyer représentant un portail d’initiation. Signature incisée du monogramme et datée «25.6.1953» en bas à droite. 203 x 54 x 33 cm
Pour toute information, contactez Catherine Chabrillat 01 53 30 30 52 info@tajan.com Expert Jean-Jacques Wattel Consultez le catalogue et enchérissez en ligne sur www.tajan.com
Espace Tajan 37 rue des Mathurins 75008 Paris 01 53 30 30 30 www.tajan.com Agrément N°2001-006 du 7 Novembre 2001 - Commissaires-priseurs habilités : F. David - A. de Benoist - E. Kozlowski - L. Marson - J. Remy - P.-A. Vinquant.
ATELIERS HERVÉ BAUME | AVIGNON (FRANCE) | TÉL : +33 (0)4 90 86 37 66 | contact@herve-baume.com | www.herve-baume.com
TONALITÉS MARRON GLACÉ
Andrea Ferrari
chez le décorateur Emiliano Salci, à Milan. Sous une étagère de Jean Prouvé, une table des années 1930 et un tabouret d’Eero Saarinen. Au-dessus, une lampe murale de Serge Mouille.
Le style AD
TOUT POUR LA DÉCORATION !
Voici 6 appartements conçus par les architectes d’intérieur les plus talentueux du moment, harmonieux, confortables… faits pour une belle vie.
PARIS
PHOTOS
François Halard Marion Bley
TEXTE
Le style d’aujourd’hui De la couleur, un espace repensé pour la vie de famille, des meubles et des œuvres sur mesure… Pour un couple et ses enfants, le décorateur Pierre Yovanovitch a transformé un appartement classique en vrai lieu à vivre.
PIERRE YOVANOVITCH dans l’embrasure de la porte du salon.
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VUE SUR L’ENTRÉE depuis le salon
et ses bibliothèques en chêne, sablées par Pierre Yovanovitch. Dans l’entrée, devant la toile Le Couvent de Jeremy Demester, 2020 (Galerie Max Hetzler), un banc Donut en chêne (Pierre Yovanovitch Mobilier). Une suspension de Carlo Scarpa, circa 1942, et une chaise en fer de Tloupas Philolaos, circa 1958, complètent le décor.
’est un appartement parisien classique, que veut investir un couple pour y vivre avec ses enfants. S’ils sollicitent plusieurs décorateurs et architectes d’intérieur, la décision ne se fait pas attendre : ce sera Pierre Yovanovitch qui prendra en main leur chantier, lui dont ils sentent qu’il a le potentiel de leur imaginer un décor simple et pourtant sophistiqué, confortable mais cultivé, correspondant à la vie quotidienne d’une famille tout en restant élégant. L’appartement, dans un immeuble ancien, a eu plusieurs vies ; la dernière lui a laissé un décor Napoléon III assez chargé, tout en velours et couleurs sombres. Il va falloir balayer ce passé et laisser entrer la lumière. Autre nécessité, celle d’imaginer une nouvelle circulation dans l’espace puisque le couple a fait l’acquisition de garages dans la cour qui, réunis à l’étage, vont transformer l’espace en duplex. Enfin, la cuisine étant au fond de l’appartement, il faut la remettre au centre de l’espace, parce qu’aujourd’hui c’est une pièce clé de la vie de famille. Dont acte Pierre Yovanovitch crée une enfilade entre la cuisine, la salle à manger et la terrasse, laquelle est aménagée comme une pièce supplémentaire de la maison – avec une fresque pleine d’animaux de la mosaïste Delphine Messmer. Cela devient un axe majeur de l’activité familiale, avec le salon bleu qui ouvre lui aussi sur la terrasse, au sud. Une chambre et sa salle de bains remplacent l’ancienne cuisine, et un escalier est créé pour rejoindre les deux chambres des enfants à l’étage inférieur. Cet escalier ne comportant pas d’ouvertures vers l’extérieur, le décorateur y fait réaliser une fresque par le jeune artiste Alexandre Benjamin Navet qui revisite dans son style naïf et hautement coloré le motif de la galerie classique avec ses moulures et ses fenêtres, et imagine un plafond spectaculaire. Du décor Second Empire, Pierre Yovanovitch ne conserve rien, en revanche des traits plus anciens de l’appartement réapparaissent : un somptueux sol de marbre dans l’entrée, le bois blond des boiseries qu’il fait sabler le plus clair possible. D’autres, moins intéressantes, sont en revanche peintes d’un bleu-vert profond
DANS LA SALLE À MANGER et ses ultra minimalistes boiseries peintes en gris rose, sur le parquet Versailles en chêne restauré, une table de Pierre Yovanovitch entourée de chaises de Tloupas Philolaos, circa 1958, sous une suspension d’Elis Bergh, 1920 (galerie Jackson). Sur la table, une coupe en étain de Maurice Daurat, circa 1920 (galerie Anne-Sophie Duval). Au-dessus de la cheminée d’Armelle Benoit, l’œuvre Forgotten in Flames de Douglas Gordon, 2007 et, à droite, l’aquarelle Interrupted de Camille Henrot, 2019 (les deux, galerie Kamel Mennour).
« Des choses simples, luxueuses mais confortables, pour une vie de tous les jours, c’est cela l’esthétique parisienne. » —— L’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch
que le décorateur affectionne et qu’il met au point sur place, en fonction de la lumière. « C’est ce que je fais pour toutes les couleurs des murs, je règle très précisément le ton. Trop de vert, trop de jaune… on recommence ! Les peintres en deviennent fous, mais il faut que ce soit parfait. Il m’arrive aussi de faire varier la nuance du plafond pour produire le même ressenti que sur les murs. » Dans la salle à manger, l’architecte d’intérieur crée un décor de boiseries absolument contemporain, avec des reliefs minimalistes, comme esquissés sur les murs peints en gris rose, qui cachent derrière leurs pans de grands vaisseliers. Aucune moulure, juste une corniche sans ornement, pour habiller et donner de la hauteur. Ce décor met en valeur le somptueux parquet Versailles ancien ; une cheminée en terre chamottée de la céramiste Armelle Benoit, avec qui Pierre Yovanovitch collabore de longue date, et une table dessinée par le décorateur, en chêne raboté à la main et noirci, apportent une sophistication très particulière à la pièce. Des meubles et des œuvres Enfin, Pierre Yovanovitch a dessiné des meubles sur mesure, en a choisi d’autres, de Tloupas Philolaos, de Fernando et Humberto Campana ou d’Edward Wormley, ainsi que des luminaires de Tapio Wirkkala et de Paavo Tynell, ces designers du nord de l’Europe qu’il aime tant ; il a commissionné des artistes, et a sélectionné avec ses clients des œuvres dans des galeries. « Les clients savaient que j’aime donner une place d'importance à l’art dans mes projets. Ce ne sont pas particulièrement des collectionneurs d'art contemporain, mais ils étaient très enthousiastes à l’idée de découvrir la jeune scène qui pourrait “twister” leur intérieur. C’est l’esthétique parisienne d’aujourd’hui. »
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DANS LE GRAND SALON aux panneaux muraux en chêne peints en bleu-vert, au-dessus du canapé signé Pierre Yovanovitch, comme le lit de repos qui lui fait face, une toile de Christodoulos Panayiotou (galerie Kamel Mennour). Au fond, entre deux lampadaires de Luigi Caccia Dominioni, éditions Azucena, circa 1958, un buffet Detonado en osier des frères Campana, 2015 (Carpenters Workshop Gallery). Au-dessus, une œuvre Untitled d’Ida Tursic et Wilfried Mille, 2019 (galerie Almine Rech). Au centre de la pièce, une table basse en pierre de Matthias Kohn pour Pierre Yovanovitch. Lampe en céramique de Svend Hammershoi (galerie Eric Philippe), paire de fauteuils d’Edward Wormley, circa 1960 (galerie Eric Philippe) et lampe sur pieds de Tapio Wirkkala, circa 1960.
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COMME UN SALON EXTÉRIEUR avec son
décor sophistiqué et son sol en tomettes, la terrasse s’enorgueillit d’une fresque de Delphine Messmer. Devant, des fauteuils de Paola Navone (Gervasoni), deux tables basses Cocci (Paola Lenti).
DANS L’ESCALIER qui a été créé pour agrandir l’appartement en duplex, Pierre Yovanovitch a commissionné l’artiste Alexandre Benjamin Navet pour réaliser une fresque qui donne l’impression d’apporter des ouvertures vers l’extérieur. Elle est éclairée par un lustre de Lisa Johansson-Pape, circa 1950 (galerie Eric Philippe).
« J’ai remis la cuisine au centre de la maison car c’est comme ça que l’on vit aujourd’hui. » —— L’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch
CLAIRE ET NETTE, LA CUISINE s’articule autour d’un îlot en noyer et pierre de Magnan, auquel on s’attable sur des tabourets Tractor (BassamFellows) sous une triple suspension en verre soufflé de Jeremy Maxwell Wintrebert dont la crédence en céramique d’Armelle Benoit, au fond, reprend les couleurs. Les façades de placard en verre de l’Atelier Emmanuel Barrois comme le sol en granit jouent avec la lumière dans cette pièce exposée au sud. Coupe en céramique d’Alexandre Kostanda, Vallauris, années 1950.
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UN PETIT BUREAU a été aménagé dans une tourelle qui ouvre sur la chambre. Pierre Yovanovitch en a fait un lieu précieux en recouvrant la partie inférieure des murs en marqueterie de paille, tandis que le plateau du bureau est en parchemin. Une suspension de Paavo Tynell, circa 1955 (galerie Eric Philippe), une lampe en laiton de Paavo Tynell, 1950, une chaise de Jean-Michel Frank, circa 1928 (galerie Anne-Sophie Duval) complètent l’ensemble.
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SUR LES MURS DE LA CHAMBRE,
monacale en version luxe, une œuvre atmosphérique a été réalisée in situ par l’artiste Alexandre Poulaillon en superposant des couches de papier japonais ensuite déchiré. La tête de lit est en chêne gougé et tissu fait main en lin, dessin Pierre Yovanovitch, et flanquée de tables en parchemin de Jean-Michel Frank, circa 1930 (galerie Anne-Sophie Duval). Tapis noué main en mohair (Sam Kasten Handweaver).
MILAN
Le brun en variations Bienvenue dans le nouvel appartement d’Emiliano Salci, moitié du duo de Dimorestudio. L’occasion pour ces décorateurs d’explorer une palette un peu plus sombre, dictée par la pénombre ambiante des lieux. Andrea Ferrari TEXTE Oscar Duboÿ
PHOTOS
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DANS LE SALON, un canapé Trolley
PB01 de Cees Braakman pour Pastoe, années 1950, tient la vedette devant une enfilade de Giulio Zappa. À droite, un canapé Fiandra de Vico Magistretti pour Cassina, 1975. Derrière l’arche, dans l’entrée, sur une table de George Nelson, une lampe Arenzano d’Ignazio Gardella. De part et d’autre, on aperçoit deux petits fauteuils de Piero Portaluppi et deux portraits d’empereurs chinois de 1800.
DANS L’ENTRÉE, qui baigne dans une tonalité caramel, on voit mieux la lampe Arenzano d’Ignazio Gardella sur la table de George Nelson et les deux petits fauteuils de Piero Portaluppi. Le motif animalier du sol est signé Dimorestudio.
ar amis d’amis : c’est toujours comme ça que l’on déniche les meilleurs appartements, même à Milan… Pourtant, celui-ci n’était pas aussi grand que les longues enfilades de pièces auxquelles nous a habitué le duo de Dimorestudio. Cent trente mètres carrés, une petite chose, mais avec une lumière pile comme il faut, parfaite pour les ambiances qui plaisent à Britt Moran… et Emiliano Salci, le maître de maison. Ce dernier se souvient encore de sa première visite : « Dès que je suis entré, j’ai aimé cette pénombre qui m’a transmis beaucoup de positivité. La maison n’est pas très lumineuse. D’ailleurs le projet m’est apparu de façon très immédiate et spontanée et les travaux ont été plutôt rapides ; j’avais déjà la palette en tête, un peu plus foncée que nos couleurs habituelles, plus masculine. Du marron, noisette, brique, un peu dans les tons Opium d’Yves Saint Laurent… C’est en fait une maison très nocturne ou pour l’après-midi, même si en réalité je ne peux jamais en profiter la journée car je suis à l’agence. » Un revirement à 180 degrés, si l’on pense aux teintes laiteuses qui recouvraient les murs auparavant. Pour ce qui est du reste, les Dimore sont restés fidèles à leur credo, préservant les traces du passé de l’appartement : les portes vitrées ont simplement été repeintes en noir et aucun mur n’a été abattu. « De toute façon, la distribution des pièces s’imposait d’elle-même. Il n’y avait pas grand-chose à changer », se souvient le décorateur.
À l’intérieur, on peut encore sentir ce charme un peu désuet des immeubles résidentiels lambda, a priori des années 1930, avec leur cour intérieure regorgeant de palmiers. La preuve que ce cachet typiquement milanais est toujours efficace. Autant de détails qu’Emiliano Salci a su valoriser en insufflant un ton à cette maison, n’hésitant pas à faire contraster parquet ancien et moquette à motif léopard, ou à transformer une petite pièce en luxueux dressing grâce à des rideaux en soie violette en all-over. Des meubles fétiches Les meubles ont fait le reste, disséminant çà et là les fétiches de Dimorestudio. Les deux fauteuils de Piero Portaluppi, la lampe Arenzano d’Ignazio Gardella, la chaise de Carlo Mollino, une suspension d’Angelo Lelli ou encore cette table basse Ignazio dans le salon, signée Dimoremilano Progetto Non Finito. Des indispensables qui ont fini par constituer une sorte de bagage personnel voyageant au fil des maisons habitées par Emiliano Salci. Le décorateur s’en explique : « Oui, ce sont des choses auxquelles je me suis attaché. Il y en a d’autres, un peu éparpillées à travers différentes maisons dans le monde. Elles prennent une nouvelle perspective en fonction de l’endroit où elles se trouvent… Ce que j’aime avant tout, c’est faire bouger les objets, même si ici il serait difficile de les disposer autrement. En réalité, nous sommes déjà à la recherche d’un appartement plus grand pour pouvoir retourner vivre ensemble avec Britt. » La valse des projets n’est pas près de s’arrêter chez Dimorestudio.
« La distribution des pièces s’imposait d’elle-même. Il n’y avait pas grand-chose à changer. » —— Le décorateur Emiliano Salci
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« J’avais en tête une palette un peu plus foncée que nos couleurs habituelles, plus masculine. » —— Le décorateur Emiliano Salci
EMILIANO SALCI sur le canapé Fiandra
de Vico Magistretti.
LE DRESSING est habillé de rideaux en satin (Dimoremilano). Au milieu, un meuble en bois laqué signé Giotto Stoppino et Lodovico Acerbis. Lampadaire Toio des frères Castiglioni (Flos). Suspension d’Angelo Lelli. DANS LE SALON, à côté du canapé Fiandra de Vico Magistretti pour Cassina, 1975, une table basse Ignazio (Dimoremilano Progetto Non Finito). Derrière, sur une enfilade de Giulio Zappa, d’anciens plateaux décoratifs chinois et un set de chandeliers d’époque. Au mur, deux appliques d’Ignazio Gardella. Tapis ancien en laine.
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DANS LA CUISINE, ouverte sur une
cour arborée, on se croirait déjà à l’extérieur, avec les tabourets Alicudi (Dimoremilano) et la table de jardin vintage. Les éléments en Inox avec finitions en laminé vert ont été imaginés par Dimorestudio.
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« Ce que j’aime avant tout, c’est faire bouger les objets, même si ici il serait difficile de les disposer autrement… » —— Le décorateur Emiliano Salci
LA CHAMBRE offre une vue
sur la cour arborée qui se reflète sur le Plexiglas d’un triptyque de tissu ancien du xixe siècle. Chaise de Carlo Mollino. À CÔTÉ DU LIT de Luciano Frigerio,
au-dessus du chevet, une collection d’icônes sacrées en argent.
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SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS
LES SEVENTIES
Vincent Desailly Thibaut Mathieu TEXTE Sophie Pinet
RÉALISATION PHOTOS
Charlotte Albert et Alexis Lamesta, à l’origine de l’agence Necchi Architecture, ont transformé un duplex très parisien en parfaite garçonnière. Le lieu révèle un style 1970 différent, plus doux… et surtout bien plus intemporel. 100
DANS LA SALLE À MANGER, autour
de la table en travertin dessinée par Necchi Architecture et réalisée sur mesure, des chaises de Vladimir Kagan. Derrière, sur l’étagère en Inox de François Monnet et Joëlle Ferlande (Édition Kappa), un ensemble de céramiques des années 1950 (Chevalier Antiquités). Au-dessus, deux appliques de Pierre Chareau (Galerie MCDE). Suspension de Robert Mallet-Stevens. Échiquier en travertin d’Angelo Mangiarotti (galerie Antoine Rauffet).
SUR LA TABLE EN TRAVERTIN, devant la
cuisine réalisée sur mesure en Inox vibré, une coupe de Josef Hoffmann et des fruits en céramique (Boubou Fragile). Tapis à motif léopard de Madeleine Castaing (Casa Lopez).
’est un nid d’aigle avec vue sur ciel surplombant le Saint-Germain-des-Prés des cartes postales, celui-là même qui tente de garder sa superbe malgré l’absence de l’habituel ballet de touristes qui le fait virevolter. Un duplex qui se contentait d’accumuler les styles comme une succession de notes dissonantes, jusqu’à ce que son nouveau propriétaire, un jeune célibataire parisien, le confie au tandem d’architectes d’intérieur Necchi Architecture, soit Charlotte Albert et Alexis Lamesta, pour qu’ils le transforment en parfaite garconnière. Outre ce programme, il n’avait pas d’idées précises en tête, si ce n’est l’appartement de ses grands-parents à la montagne, dont l’intérieur était typique des années 1970, et l’envie d’avoir une cheminée dans son salon. Une décennie comme repère stylistique et unique brief confié au jeune duo tout juste formé – dont le nom rend hommage à la célèbre villa milanaise de l’architecte Piero Portaluppi – pour commencer à composer une nouvelle partition ensemble, après avoir travaillé chacun de leur côté dans différentes agences. Une palette chaleureuse « Nous aurions pu jouer la carte complètement 1970, jusqu’à installer un fauteuil Elda de Joe Colombo dans le salon. Mais nous avions envie d’emmener cette époque ailleurs, loin de ses clichés, de la rendre intemporelle », commentent-ils. Ainsi, sur leurs premiers moodboards apparaissent les intérieurs signés par François Catroux, l’appartement en laque d’Yves Saint Laurent ou les créations mobilières de Michel Boyer, mais ces repères disparaissent peu à peu pour laisser place à une palette chromatique plus contemporaine, plus chaleureuse aussi, ponctuée de beige, de marron et de terracotta, tandis que les contours des volumes sont redessinés, privilégiant la courbe pour délimiter certains espaces
« Les contours redessinés privilégient la courbe pour accompagner l’escalier vers la salle de bains. » —— Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de Necchi Architecture par le biais d’arches, ou pour accompagner l’escalier vers la salle de bains, puis la chambre nichée au sommet. « Le propriétaire voulait un intérieur luxueux mais pas ostentatoire. Et surtout pas de marbre, comme dans son précédent appartement. » Le luxe se montre donc discret ici. Il passe par les détails dans la réalisation, comme la cuisine tout en Inox vibré réalisée sur mesure qui rappelle la vaste cheminée qui a servi de point de départ à l’aménagement du grand salon, complètement ouvert ; il se dévoile peu à peu à travers les notes mobilières savamment sélectionnées, privilégiant le confort plutôt que les effets clinquants ou les bavardages inutiles, et complètent tout en douceur l’harmonie de l’ensemble. Et puis, à mesure que l’œil parcourt plus attentivement les espaces de vie, on retrouve le travail de Vladimir Kagan, Pierre Chareau, Willy Rizzo ou Josef Hoffmann. Des éléments choisis par les jeunes décorateurs, comme tout ce qui compose l’appartement, jusqu’à la vaisselle et le linge de maison. Une carte blanche totale donc, chose rare pour ce qui constitue l’un des premiers projets de Necchi Architecture, qui a plus que jamais scellé chez le tandem l’envie de n’appartenir à aucun style, préférant s’intéresser à l’histoire des lieux avant de la raconter sous leur trait. Ainsi, lorsqu’on leur demande quel serait leur projet rêvé, ils parlent de programmes avant tout. Celui d’un hôtel, ou d’un habitat minimum, à la manière d’une cellule ou du cabanon de Le Corbusier. Fuir les effets de mode à la recherche de l’intemporalité, voilà ce qui pourrait être leur style, tout du moins leur manière de penser les intérieurs, pour le moment privés et parisiens. Mais leur trajectoire ne fait que commencer.
L’ESCALIER, en contrechamp
du salon, a été dessiné par les décorateurs. Sur le buffet en laque et Inox de Willy Rizzo, un buste présentoir en fibre de verre laquée. Au mur, Rond, une œuvre sous Plexiglas de Fernando Daza (2018).
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« Nous avions envie d’emmener les années 1970 loin de leurs clichés, de les rendre intemporelles. » —— Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de Necchi Architecture
CHARLOTTE ALBERT ET ALEXIS LAMESTA,
le tandem de l’agence Necchi Architecture.
DANS LE SALON, autour d’une table
basse rotative Harry’s Bar en laque et Inox de Massimo Papiri pour Mario Sabot (Chevalier Antiquités), une paire de fauteuils brésiliens en palissandre de Percival Lafer (Steeve Antiquités) et des canapés de Sarah Lavoine. Sur la table, un candélabre en métal patiné et doré, collection Raymond Legrand (Galerie Patrick Pottier) et des boîtes en céramique de Mithé Espelt (Galerie André Hayat). Dans les alcôves, des lampes en Plexiglas de la collection Jean d’Ormesson de Massimo Vignelli et une sculpture en Inox de Philolaos Tloupas.
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DANS LA CHAMBRE située sous les toits,
sur une tête de lit intégrant les chevets dessinée sur mesure, une lampe en métal chromé Washington de Jean-Michel Wilmotte et un candélabre en laiton patiné de Jean Royère (Galerie André Hayat). Draps en lin et couverture en alpaga (Society Limonta).
« Le propriétaire voulait un intérieur luxueux mais pas ostentatoire. Et ne voulait surtout pas de marbre. » —— Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de Necchi Architecture
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DANS LA SALLE DE BAINS, tout en émaux de Briare, un buste en métal Jeune Fille avec des couettes de Philolaos Tloupas et une chaise en frêne chinée.
LOMBARDIE
Christopher Garis PHOTOS Guido Taroni TEXTE Nancy Hass
Nancy Hass © 2020 The New York Times Company
RÉALISATION
Retour aux sources Après avoir vécu aux quatre coins du monde, le décorateur Nicolò Castellini Baldissera est revenu à Milan, sa ville natale, où il s’est installé dans un intérieur chatoyant constellé de références érudites.
DANS LA SALLE À MANGER, un lustre
en bronze surplombe une table en miroir et bois laqué, un hommage à Piero Portaluppi, arrière-grandpère de Nicolò Castellini Baldissera. L’œuvre Pagoda, 1996, de Didier Massard, trône entre les appliques Alma d’Allegra Hicks. Pommes de pin en céramique de Caltagirone et palmiers Kentia.
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L
orsqu’il n’avait que 18 ans, Nicolò Castellini Baldissera trouvait Milan étouffante, tant la capitale lombarde présentait d’évocations de son illustre famille. Son arrière-grand-père paternel n’était autre que le légendaire architecte Piero Portaluppi (1888-1967), qui dissémina des constructions dans toute la ville – dont la villa Necchi Campiglio, rendue célèbre par le film Amore du réalisateur Luca Guadagnino. Piero Castellini Baldissera, son père, architecte et fondateur de la marque de textile de luxe C&C Milano, vivait quant à lui dans un appartement de la Casa degli Atellani, célébrissime maison du xve siècle restaurée par Piero Portaluppi dans les années 1920 où ce dernier avait d’ailleurs vécu jusqu’à sa mort. « Dans ces conditions, déambuler dans les parages peut parfois être pesant », remarque Nicolò Castellini Baldissera. Alors, tout jeune homme, il part à Londres étudier l’histoire de l’art et achète une maison victorienne à Chelsea, qu’il décore intégralement. Une fois marié, il élève ses enfants avec sa femme à Notting Hill et à Knightsbridge, où il montre déjà un penchant pour les coloris ultra saturés. En 2009, il s’offre une maison dans la médina de Tanger, confiant terrasses et jardins aux bons soins du paysagiste Umberto Pasti. Cette demeure trouvera une bonne place dans son ouvrage Inside Tangier: Houses & Gardens (Vendome Press, 2019).
Aucun détail n’est laissé au hasard Puis, après plus de trois décennies à ricocher entre Londres, Paris, Gstaad ou l’Amérique, il se livre à ce qu’il qualifie de « plus doux des rapatriements ». En 2019, accompagné de son compagnon, l’éditeur de mobilier et consultant en décoration Christopher Garis, il cherche un logement à Brera, le quartier des galeries d’art et de la décoration. C’est en pleine pandémie de Covid-19 qu’ils s’installent dans un immeuble du début du xxe siècle. Dans l’entrée, les décorations néoclassiques sont restées en l’état, ainsi que les murs en marbre et les sols en terrazzo. Mais les lieux sont dépouillés de leur charme d’origine, les murs ont été repeints en blanc et « un canapé triste est posé devant un énorme téléviseur ». Le nouveau propriétaire des lieux prend bien vite les choses en main et métamorphose intégralement la résidence de 260 mètres carrés. Comme à son habitude, sa palette de couleurs, presque choquante à première vue, se révèle étonnamment harmonieuse.
DANS L’ENTRÉE, une fresque murale
réalisée par Pictalab, une tortue empaillée acquise à Drouot et un portrait de la comtesse di Collalto, la grand-mère du propriétaire, sous le pinceau de Guido Tallone.
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Dans l’entrée, une fresque inspirée du salon d’un ancien palais portugais couvre les murs. Grâce aux artisans de l’atelier de décoration murale Pictalab, les murs de l’entrée sont recouverts de fresques inspirées d’un salon xviiie du Tivoli Palácio de Seteais, au Portugal. Les murs du salon deviennent turquoise, ceux de la salle à manger or bruni, ceux de la chambre principale bleu de Prusse. Quant aux rayures murales en deux tons de paille d’une autre chambre, elles sont couronnées de lambrequins en trompe-l’œil ornés de pompons, une allusion au style de l’architecte Renzo Mongiardino dans les années 1950. Dans le salon, près d’un canapé tapissé de velours C&C Milano bleu pétrole et d’une paire de tables rondes de Casa Tosca, un suzani aux tons abricot et écarlate chiné au marché de Tanger voisine avec un cabinet noir et blanc de l’artiste et designer Piero Fornasetti. La table de la salle à manger s’inspire d’un modèle en bronze réalisé par Piero Portaluppi pour la Casa Corbellini-Wassermann, une résidence privée à Milan conçue dans les années 1930 et récemment transformée en galerie d’art par Massimo De Carlo. Nicolò Castellini Baldissera n’emporte jamais tous ses meubles lors de ses nombreux déménagements, considérant chaque nouvelle résidence comme une occasion de se réinventer. Vendre ses affaires – chez Christie’s notamment – lui permet de repartir en quête d’antiquaires, de ventes aux enchères ou de marchés aux puces locaux. Il sélectionne aussi des pièces de Casa Tosca, sa propre ligne de mobilier : un canapé en rotin, un tapis en roseau ou des tables d’appoint de style marocain en cèdre, peintes en moutarde, indigo ou turquoise. Mais, malgré son envie répétée de renouvellement, il est des objets dont Nicolò Castellini Baldissera ne veut pas se séparer. À l’instar d’une tortue empaillée achetée à Drouot, d’un corail rouge artificiel acquis à Londres, et bien sûr du portrait de sa grand-mère maternelle réalisé par le peintre Guido Tallone. « Il m’accompagne partout », admet le Milanais reconverti. Le fait qu’ils se retrouvent tous deux dans cet endroit à la fois familier et inédit lui apporte un sentiment de paix inattendu. « Revenir à Milan a été aussi réjouissant pour moi que d’en partir. Qui est assez chanceux pour pouvoir en dire autant ? » Traduction et adaptation de l’anglais Chantal Bloom
LE SALON qui jouxte la salle à manger foisonne, sur un tapis XXL, d’objets hétéroclites soigneusement sélectionnés, dans une palette de couleurs chatoyantes. UN SUZANI sert de fond à un cabinet (Fornasetti) qui abrite divers objets décoratifs, dont une lampe en verre de Murano et une sculpture de Nicola Lazzari. LE DÉCORATEUR Nicolò Castellini
Olimpia Castellini Baldissera
Baldissera.
Meubles et objets, acquis récemment ou de longue date, cohabitent ici avec bonheur… et en couleur !
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La palette de couleurs fortes, utilisées avec audace, se révèle joyeusement harmonieuse.
DANS UN COULOIR conduisant
à la salle à manger et ses palmiers Kentia, une série de tableaux représentant des toucans.
DANS UNE DES CHAMBRES À COUCHER,
les rayures murales en deux tons de paille sont couronnées d’un lambrequin en trompe-l’œil. Le tableau et le siège ont été chinés. DANS LA CHAMBRE, la tête de lit
dessinée par Nicolò Castellini Baldissera est tapissée d’un tissu en lin (Osborne & Little). Le lit est recouvert d’un suzani en soie et velours. À gauche, une lampe Tizio de Richard Sapper. Une collection de tableaux et de souvenirs orne le mur bleu de Prusse.
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DANS L’ENTRÉE, en haut d’une montée d’escalier agrémentée d’une arche en stuc et boiserie, un buffet d’Ernst Spolén. Dessus, des lampes de Paul Laszlo réalisées par Sito Lindberg (Galerie Eric Philippe), deux coupes d’Alev Ebüzziya Siesbye (Galerie Pierre Marie Giraud) et une jardinière de Gustave SerrurierBovy. Devant, à droite, une chaise de Gio Ponti (Galerie du Passage).
RIVE GAUCHE
Classique éclectique RÉALISATION ET TEXTE
Cédric Saint André Perrin PHOTOS
Ambroise Tézenas
À Paris, sur les bords de Seine, la décoratrice Caroline Sarkozy s’est inventé un nouvel intérieur, reflet de son goût pour les beaux objets et les espaces fluides.
LA DÉCORATRICE Caroline Sarkozy pose à côté d’une coupe en verre de Tora Urup (Galerie Maria Wettergren).
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rchitecte d’intérieur de renom, Caroline Sarkozy a pour habitude de publier ses intérieurs au fil des pages des magazines, quand elle n’opère pas à travers sa collection d’ouvrages Living in style Paris dédiée aux plus belles demeures de la capitale. On a ainsi pu découvrir il y a quelques années son atelier d’artiste du XIVe arrondissement et, plus récemment, un vaste appartement ponctué d’antiquités du xxe siècle près de la Madeleine… Différents moments de sa vie, autant d’étapes de sa construction professionnelle, avec une même constante pour des espaces fluides, sereins et cultivés. Celle qui fit ses armes auprès d’Andrée Putman – avant de fonder son agence en 1998 et de s’associer avec Laurent Bourgois en 2014 à travers la structure CSLB –, ancre désormais sa destinée en une nouvelle adresse en bord de Seine. « J’ai conçu cet endroit pour y vivre entourée de mes deux enfants… Je me suis rarement sentie aussi bien : l’appartement est baigné de lumière, l’ambiance paisible, mais le quartier pourtant vivant », confie Caroline Sarkozy. Restructurant dans sa globalité un lieu de 150 mètres carrés, elle a déplacé salon et cuisine, supprimé un couloir afin de disposer d’un logement doté de trois chambres. Pour insuffler plus de douceur aussi, elle a créé des arches dans l’entrée, la cuisine et jusque dans sa salle de bains. « Je n’ai conservé que le parquet d’origine – en le comblant – et les fenêtres – dont les crémones furent changées – pour préserver une trace du vécu, que cela ne fasse pas neuf… » L’appartement accueille sa collection de meubles, tableaux et céramiques acquis au fil des ans, de ses rencontres et de ses engouements. « La table basse du salon a été créée il y a 22 ans par Hubert le Gall pour mon premier appartement ; quand un objet est bien dessiné, on ne s’en lasse jamais. » Dans le salon toujours, des fauteuils de Jean Royère côtoient un croquis d’Andy Warhol et des œuvres textiles
DANS LE SALON, devant un canapé
vintage, une table basse dessinée par Hubert le Gall et une paire de fauteuils chinés aux puces. Sur la table, des coupes en verre de Tora Urup (Galerie Maria Wettergren). Au mur, un triptyque d’œuvres en tissu signé de l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa (Primo Marella Gallery). Le luminaire est une création du Studio Wieki Somers. Tapis (S2G Design).
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« Je suis sensible aux choses très dessinées. J’apprécie qu’un objet existe par lui-même, qu’il se détache. » —— La décoratrice Caroline Sarkozy
de l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa. Si elle s’entoure d’objets de qualité, Caroline Sarkozy n’en demeure pas moins éclectique dans ses goûts. « Je possède des productions de créateurs libanais, cette région du monde m’interpelle car j’ai passé une partie de mon enfance au Moyen-Orient. » Une précieuse boîte du joaillier Jean Schlumberger ayant appartenu à sa grand-mère, une commode en marqueterie de paille conçue à l’occasion de sa participation à l’exposition AD Intérieurs au MAD Paris… longue est la liste des trésors personnels qui l’entourent. « Ces petits bouts de vie participent de mon intimité. Je peux apprécier des objets de provenances et de styles fort divers, mais ils répondent à une même constante : je suis sensible aux choses très dessinées. J’apprécie quand un objet existe par lui-même, qu’il se détache ; je n’aime pas les décors où les babioles se fondent et disparaissent. » Et pour mieux souligner la singularité de chaque pièce, Caroline Sarkozy opte pour des teintes claires sur les murs. « Quand on a beaucoup d’objets et de meubles, ce qui est mon cas, je trouve préférable de définir une ambiance générale douce et neutre. » La décoratrice privilégie également les espaces ouverts. « Par le passé, dans mes anciens appartements, j’avais tendance à passer beaucoup de temps dans ma chambre ; j’ai articulé ici le salon dans son prolongement, je m’y rends donc très naturellement. » Portes coulissantes, cuisine ouverte, entrée baignée de lumière par l’entremise d’une verrière donnant sur le salon, les pièces s’enchaînent les unes aux autres avec fluidité. « Cela permet d’être ensemble en famille, tout en vaquant à ses différentes occupations. J’adore cuisiner, j’y passe pas mal de temps, je peux donc le faire entourée de mes enfants. Idem lorsque l’on reçoit, c’est agréable de profiter de ses invités. Parfois même je dresse un buffet sur l’îlot central, les gens viennent se servir dans la cuisine, cela correspond au mode de vie d’aujourd’hui. » Caroline Sarkozy s’est inventé un intérieur à son image, élégant et débordant de surprises.
« J’aime les pleins, les endroits emplis d’une multitude d’objets… et puis jouer avec des vides, qui créent un rythme. » —— La décoratrice Caroline Sarkozy
L’ESPACE SALLE À MANGER est organisé autour d’une table de Janette Laverrière (Galerie Jacques Lacoste) et de chaises d’André Arbus (Galerie du Passage). Sur la table, des assiettes de Sylvie Saint André Perrin, un vase de Capron et des carafes italiennes. Au mur, un dessin d’Henri Michaux.
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« L’appartement est baigné de lumière, l’ambiance paisible, mais le quartier est pourtant très vivant. » —— La décoratrice Caroline Sarkozy
DANS LA CHAMBRE, devant le lit
dessiné par Caroline Sarkozy, une banquette en deux éléments d’Otto Schulz. Au fond, sur une table de nuit de Gustave Serrurier-Bovy, une lampe en céramique de Marc du Plantier. Devant, un tabouret de Pierre Chareau. Au mur, un dessin d’Ernesto Caivano. Rideaux en velours (Holland & Sherry).
DANS LA SALLE DE BAINS , sur la vasque dessinée par la décoratrice, un vase en porcelaine sculptée de Hitomi Hosono (Galerie Adrian Sassoon). Au-dessus, un miroir en marqueterie de paille et une applique en pâte de cristal (CSLB). Derrière l’arche, les murs et le sol de la douche sont revêtus de marbre.
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DANS LA PIÈCE À VIVRE, au côté d’un fauteuil de Jean Royère (Galerie Jacques Lacoste), un lampadaire de Mathieu Matégot (Galerie Matthieu Richard). Au mur, une œuvre en céramique de Hala Matta acquise à une vente de Piasa.
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DANS LA CUISINE, sur l’îlot central
réalisé en mosaïque de marbres, un service à café 1900 signé Boissy le Roi (Galerie Vauclair). Suspensions de Paavo Tynell. Au mur, deux assiettes de Birger Kaipiainen.
RIVE DROITE
RÉALISATION ET TEXTE
Cédric Saint André Perrin Christophe Coënon
PHOTOS
Perfection sur mesure
Loin de l’agitation, la décoratrice Anne‑Sophie Pailleret s’est créé un bel intérieur répondant à son mode de vie en famille. Un univers chic et chaleureux, qu’elle veut également inspirant pour ses clients.
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LA DÉCORATRICE Anne-Sophie Pailleret pose à côté d’une console en terre cuite. Dessus, un flacon acheté à la feue Gallery S. Bensimon, un petit vase contemporain et une lampe de Charles Tassin (Galerie May).
urs marron, objets brun, caramel, pêche ou bois de rose sont éclairés de taches d’ivoire, illuminés d’un trait d’or. Une gamme resserrée qui unifie de multiples jeux de textures ; bois, pierre, cuir, céramique, tissu, plâtre et laque. Et pour démultiplier encore les effets, un foisonnement d’imprimés – tachistes, graphiques, animaliers – anime assises, rideaux et tapis. Riche en détails, le nouvel appartement d’Anne-Sophie Pailleret n’est pas sans rappeler, dans ses tonalités comme dans son parti pris de mélanges, le décor conçu par la décoratrice parisienne sur le parcours de l’exposition AD Intérieurs, en septembre 2019, à l’Hôtel de Coulanges. « Quinze jours d’exposition c’était trop court ! J’avais envie de prolonger l’expérience à travers un lieu qui serait celui où je pourrais vivre », s’amuse-t-elle. Réputée pour ses intérieurs sereins mais pleins de surprises, cette jeune femme qui fit ses débuts dans l’événementiel avant de collaborer un temps avec Jean-Louis Deniot et de lancer son agence en 2011, s’est inventé un cadre répondant à son mode de vie. « Depuis mes débuts, j’ai toujours travaillé dans mon appartement ; c’est un espace qui me permet de tester de nouvelles idées, de m’entourer de choses que j’aime et qui m’inspirent, de présenter en outre mes réalisations à mes clients. » Accompagnée de cinq collaborateurs exerçant à leur domicile et d’une trentaine d’artisans – menuisiers, staffeurs, peintres en décors ou encore marbriers –, la jeune femme conçoit l’ensemble de ses projets chez elle. Elle dessine à son bureau, dans sa chambre, son ordinateur posé sur l’îlot central de sa cuisine, elle échange avec les entrepreneurs par mail ou téléphone, et c’est depuis la banquette de son salon que, confortablement installée, elle sélectionne les échantillons de tissus. Un vaste placard près de son lit fait office de matériauthèque renfermant coupons de textiles, essais de peinture texturée et fragments de staff ou de pierres. « Le matin, je bosse chez moi, je passe souvent sur les chantiers à l’heure du déjeuner car c’est le moment où les clients ont le plus de disponibilités, l’après-midi je me rends chez des fournisseurs quand je ne visite pas des réalisations en cours. La soirée est toute dédiée
DANS LE COULOIR, autour d’un tapis
dessiné par la décoratrice et réalisé par Codimat, un fauteuil signé Marion Agnel Guidoni et une banquette tapissée par Phelippeau. Sur une table d’appoint de Meret Oppenheim, une lampe en plâtre réalisée à l’Atelier Emmanuel Collini et une céramique vintage. Au mur, des appliques de François Bazin. Au plafond, orné d’une marqueterie de bois, des suspensions (Atelier Areti).
« Je livre du cousu main, j’aime que l’on sente la patte des artisans. » —— La décoratrice Anne-Sophie Pailleret
à ma vie de famille, à mon mari et mes trois enfants. Mais bien souvent, vers 21 heures passées, je me remets sur l’ordinateur pour établir devis et factures. Cela représente énormément de travail, mais comme c’est une passion… » Anne-Sophie Pailleret livre en grande majorité des lieux privés, cinq à six à l’année. « J’ai besoin qu’il y ait un “fit” humain, c’est ce qui me nourrit. J’aime créer des choses spécifiques pour chaque client. Je fais du sur-mesure, je livre du cousu main, j’aime que l’on sente la patte des artisans, que l’on soit happé par la perfection des détails. » Un lieu totalement repensé Son nouvel écrin illustre à la perfection sa quête de lieux plus chaleureux que précieux. Restructurant dans sa globalité un appartement de 240 mètres carrés dans les beaux quartiers, la jeune femme a ouvert salon et salle à manger, déplacé la cuisine dans l’enfilade du living, créé une family-room et doté chaque chambre de sa propre salle de bains. « J’ai dû tout repenser : l’agencement antérieur, avec son entrée à colonnades et pavage de marbre, typique d’un certain néoclassicisme années 1980, avait fait son temps. » Le cadre se révèle désormais rigoureusement architecturé, mais résolument confortable. « J’étais déjà en possession d’un certain nombre de choses, comme la table de salle à manger que j’ai fait relaquer ou les chaises retapisser. Je me plais à customiser des meubles existants, donner une autre vie à des objets à travers de nouvelles palettes chromatiques. » Anne-Sophie Pailleret a également développé nombre de pièces inédites en collaboration avec des artisans, à la façon de la cheminée en plâtre de sa chambre ou encore des luminaires en staff. « J’adore cette matière, c’est fou tout ce que l’on peut créer à partir de cette technique de moulage ; le processus demeure beaucoup plus léger que la sculpture ! » Gamme de couleurs ténue oblige, rideaux, coussins, portières ont également été réalisés sur mesure. « J’ai aussi dû choisir les draps, le linge de maison, les services de table, tout comme je suis amenée à le faire pour mes clients. Sauf qu’ici, la cliente c’était moi ! » Une cliente exigeante, créative et passionnée, un brin anxieuse également, qui sans cesse s’interroge, se remet en question pour mieux se challenger… Anne-Sophie Pailleret en convient, ce bel intérieur, aussi réjouissant soit-il, n’aura qu’un temps. « À un moment donné, tous les quatre ans environ, je bouge, car je n’aime pas refaire, modifier les choses. Je préfère repartir à zéro, me lancer dans de nouvelles aventures. Bref, je déménage. »
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DANS LE SÉJOUR, sur une console au
piétement recouvert de feuille d’or et au plateau en parchemin, deux sculptures en textile de Simone Pheulpin. De part et d’autre du canapé vintage recouvert de tissu (Manuel Canovas), des consoles en céramique réalisées par Guy Honoré. À droite, un fauteuil en bois cintré (Giorgetti). Au fond, une bibliothèque tapissée de cuir (Giobagnara). De chaque côté, des œuvres en papier d’Antonin Anzil.
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CÔTÉ SALLE À MANGER, autour d’une
table vintage relaquée par l’atelier ALM Déco, des chaises dessinées par Anne-Sophie Pailleret, tissu (Jules & Jim). Derrière, une cheminée en loupe et cuivre vieilli. Au plafond tapissé de peau (Cuir au Carré), des suspensions vintage. Tapis (Maison Leleu).
DANS LA CUISINE, les meubles ont été
tapissés de cuir tressé. À gauche, une table au plateau en bois dessiné par Anne-Sophie Pailleret au pied réalisé par Faina Collection. De part et d’autre, deux chaises (The Socialite Family). À droite, sur l’îlot recouvert d’un plateau en onyx, une lampe d’India Mahdavi. Dans le fond, un tableau textile (LRNCE). Plafond peint par Solène Eloy-L’Atelier du Mur.
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VUE DU SALON depuis le corridor de l’entrée. Au premier plan, une table de Meret Oppenheim. DANS UNE PIÈCE D’EAU D’INVITÉS,
au-dessus d’une vasque italienne, un miroir de Charlotte Juillard.
DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE , sur le bureau au plateau laqué, une lampe vintage de Joe Colombo. Devant, une chaise en résine et feuille d’or réalisée par Anne-Sophie Pailleret en collaboration avec Patrick Schols. Au mur, une applique en plâtre de François Bazin. Tapis (Pinton).
« J’aménage des lieux plus chaleureux que luxueux, riches en détails, sereins mais pleins de surprises. » —— La décoratrice Anne-Sophie Pailleret
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L guide AD
DES REVÊTEMENTS HAUTS EN COULEUR
Imitant la nature, à motifs géométriques ou libres, tapis, carreaux et parquets rivalisent d’originalité et s’accordent à des peintures aux tonalités profondes.
LE GUIDE AD
Les revêtements
Les nuances essentielles
Inspirées par les univers de trois créateurs, voici les palettes de couleurs du moment, déclinées en tapis, revêtements et peintures pour recréer chez vous ces belles atmosphères. Sarah de Beaumont
Blaine Davis
RÉALISATION
UN ORIENTALISME REVISITÉ, tel est le parti pris par le décorateur Billy Cotton à la Brookby Mansion, une demeure-musée de Grand Rapids, dans le Michigan. Aux murs tapissés de dessins japonisants, il associe un tapis à motif tacheté Tortoise Shell (Scott Group Studio) et des fauteuils en velours bronze pour une ambiance fin de siècle assumée.
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Kaki, bronze et or Tous les univers de la nature, du végétal à l’aquatique en passant par le minéral et même l’animal, sont évoqués ici sans limites. 5
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1. TAPIS en laine, dimensions et forme sur mesure, design Paule Leleu, Dada, prix sur demande, MAISON LELEU. 2. TAPIS en laine et soie, 240 × 170 cm, design Frédérique Lepers, Bebour, 1 669 €, SERGE LESAGE. 3. TAPISSERIE en laine, lin et soie, 120 × 46 cm, design Daniela Busarello, Corpo-Flor II, fabrication Aubussson, prix sur demande, ROBERT FOUR chez Mouvements Modernes. 4. TAPIS en laine et soie, sur mesure, Golden Pond, à partir de 1 100 € le m2, TOPFLOOR BY ESTI. 5. CARRELAGE en grès cérame, à partir de 120 × 120 cm, XTONE Onice Green, à partir de 229 € le m2, Porcelanosa. 6. TAPIS en laine et lin, 80 × 250 cm, design Eva Schildt, Rose, 600 € le m2, VANDR A RUGS chez Jules & Jim.
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LE GUIDE AD
Les revêtements 1
1. CARREAU de grès cérame émaillé, 13 × 13 cm, à partir de 123 € le m2, collection Giorgio, CARRÉMENT VICTOIRE. 2. CARREAU de faïence, 6,5 × 20 cm, collection La Riviera Botanical Green, à partir de 40 €, TILE OF SPAIN. 3. PAPIER PEINT à la main sur papier, Tsuro Cranes, à partir de 1 320 € le panneau de 91,5 cm de l, DE GOURNAY. 4. CARREAU de ciment, Aigües Tile, 20 × 20 cm, à partir de 110 € le m2, HUGUET. 5. CARREAU de grès cérame émaillé, 13 × 13 cm, à partir de 123 € le m2, collection Giorgio,
LA PALETTE NATURE ———
CARRÉMENT VICTOIRE.
Sage Green
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Light Bronze Green
Dark Brunswick Green Peintures Absolute Matt Emulsion, 47 € le pot de 1 l, LIT TLE GREENE.
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LE GUIDE AD
Delfino-Sisto-Legnani
Les revêtements
FORMES SIMPLES ET COLORÉS pour
ce décor réalisé à partir de la collection de carrelages Mattonelle Margherita imaginée par l’artiste et designeuse Nathalie Du Pasquier (Mutina). Une association libre des couleurs et des motifs pour un décor audacieux.
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En noir et en couleurs
3
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Tapis et carrelages se répondent, tout en motifs géométriques inspirés par les années 1950 ou le mouvement Memphis.
1. CARREAU en
grès cérame teinté, 120 × 60 cm, Iron Ethnique Laiton, 162 € pièce, SURFACE. 2 et 3. FRISES DE MARQUETERIE en marbre, wengé et cuir, 10 × 32 cm, Strip I et Strip J, à partir de 858 €, DINÈS. 4. CARREAUX de faïence hexagonaux, 14 × 16 cm, collection Boom Spnapdragon, Cevica, prix sur demande, TILE OF SPAIN. 5. CARREAU de ciment fait main, 20 × 20 cm, design Coco Brun & Aurélia Paoli, collection Affinités N° 33, 145 € le m2, BEAUREGARD STUDIO. 6. TAPIS en laine, 420 × 320 cm, design David Stein, Design N° 1 Black, prix sur demande, GALERIE BOCCAR A.
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LE GUIDE AD
Les revêtements 1
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LA PALETTE GÉOMÉTRIQUE ———
India Yellow 66
Cook’s blue 237
Blazer 212 Peintures finition Modern Emulsion, 94 € le pot de 2,5 l, FARROW & BALL .
5 1. TAPIS en laine, à partir de 300 × 200 cm, Paco,
prix sur demande, PARSUA chez Galerie Chevalier. 2. CARREAUX de ciment 22,8 × 27,1 cm, Cava, 54 €, LIVING CER AMICS. 3. CARREAUX faits main
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en ciment, 20 × 20 cm, design Tom Dixon, Wall Red Collection, 152 € le m2, BISA ZZ A CEMENTILES. 4. CARREAUX de céramique, 20,5 × 20,5 cm, design Nathalie Du Pasquier, 136 € le m2, Mattonelle Margherita, MUTINA. 5. CARREAU de ciment, 20 × 20 cm, Boutons suisses, 138 € le m2, EMERY & CIE.
LE GUIDE AD
Studio 2046 / Nathalie Krag / Living Inside / Production Tami Christiansen
Les revêtements
DANS UNE GALERIE DU PALAZZO GALLIARI,
à Treviglio, en Lombardie, où le décorateur de Studio 2046, Daniele Daminelli, a installé ses bureaux, c’est une douce tonalité terracotta qui est déclinée sur les sols en carreaux du xviiie siècle ainsi que sur les murs.
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Le terracotta dans tous ses éclats C’est la couleur du moment, déclinée dans un chaleureux camaïeu de matières naturelles, de la nacre au bois.
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1. PANNEAU de
nacre, sur mesure, 1 570 € le m², Abalone Rose Craquelé, Dinès. 2. PAPIER PEINT sur intissé, 850 × 70 cm le rouleau (6 m²), collection Cameo, Lustro, prix sur demande, ARTE. 3. REVÊTEMENT en aggloméré de quartz, 140 × 306 cm, Silestone Coral Troya, prix sur devis, SILESTONE BY COSENTINO. 4. TAPIS en laine et soie, 300 × 200 cm, 9 235 €, Esquisse Tempera 01 01, GALERIE DIURNE. 5. CARRELAGE de stuc beige en grès cérame, à partir de 120 × 120 × 0,6 cm, XTONE, à partir de 137 € le m2, PORCEL ANOSA.
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LE GUIDE AD
Les revêtements
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LA PALETTE TERRACOTTA ———
Dora, famille des Dadaïstes
George, famille des Modernistes
Salvador, famille des Dadaïstes
3
Peintures finition Mat Sélection, 98 € le pot de 2,5 l, THE SOCIALITE FAMILY X MÉRIGUET CARRÈRE.
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1. PLAQUE DE VETRITE (verre et polymères), 280 × 120 cm, à partir de 480 € le m2, Canyon, SICIS. 2. PAPIER PEINT sur support intissé, collection Garance Vallée, Jeu d’ombre, 330 € le rouleau de 1 000 × 100 cm, ASTERÉ. 3. TAPIS en laine et soie, design Deirdre Dyson, 235 × 170 cm, collection Paper & Stone, Concertina, 1 550 € le m2, DEIRDRE DYSON. 4. PANNEAU de chêne stratifié, dimensions sur mesure, prix sur demande, Halifax Zinc, EGGER. 5. REVÊTEMENT MURAL en raphia sur support intissé, Boraha, 139 € le m2, ÉLITIS.
AD 164
Les adresses
RECTIFICATIFS
Dans AD no 163 - novembre/ décembre 2020, dans le sujet « Roméo, glamour et décadence » (p. 92 à 96), contrairement à ce que nous avons écrit, la maison n’a pas totalement fermé ses portes en 2018 mais en 2020. Dans le sujet « Reflets Art déco » (p. 130 à 139), nous avons omis de mentionner le travail de Sébastien Habert et de son agence d’architecture paysagère concernant le mur végétalisé réalisé sur mesure le long de la piscine. sebastienhabert.com Dans notre hors-série AD 100 design no 23, nous avons malencontreusement attribué à l’éditeur Cinna le bahut Utopia d’Eric Jourdan, édité par Ligne Roset. Nous en sommes désolés.
OBJETS DE DÉSIR, P. 38
Acerbis, acerbisdesign.com Alain Ellouz, atelier-alain-ellouz.fr Anna Glover, annaglover.co.uk Cartier, cartier.fr Edition Bougainville, editionbougainville.com F. Taylor Colantonio, ftaylor.co Flexform, flexform.it Fragonard, fragonard.com Friedman Benda, friedmanbenda.com Fritz Hansen, fritzhansen.com Galerie Boccara, boccara.com Galerie Michèle Hayem, galerie-michele-hayem.com Goossens, goossens-paris.com Hay, hay.dk Ligne Blanche, ligneblancheparis.com Merossi, merossi.com Métaphores, metaphores.com Nilufar Edition, nilufar.com Phaidon, phaidon.com Poltrona Frau, poltronafrau.com Room 57 Gallery, room57gallery.com Samuele Brianza, samuelebrianza.com Silvera, silvera.fr Sinople, sinople.paris Studio Flore, irinaflore.com Sunbrella, global.sunbrella.com Tacchini, tacchini.it Tai ping, taipingtent.com
LE GRAND RETOUR DU PATCHWORK, P. 44
Aurélie Mathigot, aureliemathigot.com Bisson Bruneel, bisson-bruneel.com Casamance, casamance.com CFOC, cfoc.fr Cire Trudon, trudon.com Codimat, codimatcollection.com Élitis, elitis.fr
Emilie Hirayama, @emilie.hirayama Dedar, dedar.com Fonty, fonty.fr Galerie Anne-Sophie Duval, annesophieduval.com Galerie Artrium, thomasfritsch.fr Hay, hay.dk House of Quinn, houseofquinn.co.uk Jules & Jim, julesetjim.fr Kinnasand, kvadrat.dk/en/kinnasand Lelièvre, lelievreparis.com Les Crafties, lescrafties.com Manuel Canovas, manuelcanovas.fr Merci, merci-merci.com Métaphores, metaphores.com Misia, misia-paris.com Muse Paris, museparis.fr Nobilis, nobilis.fr Pierre Frey, pierrefrey.com Pierre Yovanovitch, pierreyovanovitch.com Rubelli, rubelli.com Sahco, kvadrat.dk/en/sahco Sunbrella, global.sunbrella.com Thompson Street Studio, thompsonstreetstudio.com Toyine Sellers, toyinesellers.com Verreries des Lumières, verreriesdeslumieres.com Zimmer + Rohde, zimmer-rohde.com
« MOI ET MON CANAPÉ », P. 52
Baleri Italia, baleri-italia.it Flexform, flexform.it Flos, flos.com Fritz Hansen, fritzhansen.com Galerie Eric Philippe, ericphilippe.com Homeage, gregoryguillemain.fr Meritalia, meritalia.it Molteni, molteni.it
PIERRE GUARICHE, DU DESIGN AUX INTÉRIEURS, P. 74
Galerie Aurélien Jeauneau, 19, rue Notre-Dame, 33000 Bordeaux, tél. 06 50 69 63 89. Galerie Pascal Cuisinier, 13, rue de Seine, 75006 Paris, galeriepascalcuisinier.com Norma, editions-norma.com Pierre Disderot, disderot.com
LE STYLE D’AUJOURD’HUI, P. 80 Armelle Benoit, armellebenoit.fr Atelier Emmanuel Barrois, atelierbarrois.com BassamFellows, bassamfellows.com Carpenters Workshop Gallery, carpentersworkshopgallery.com Delphine Messmer, delphinemessmermosaique.com
Galerie Almine Rech, alminerech.com Galerie Anne-Sophie Duval, annesophieduval.com Galerie Eric Philippe, ericphilippe.com Galerie Kamel Mennour, kamelmennour.com Galerie Max Hetzler, maxhetzler.com Gervasoni, gervasoni1882.it/fr Jeremy Maxwell Wintrebert, jeremyglass.com Paola Lenti, paolalenti.it Pierre Yovanovitch Mobilier, pierreyovanovitch.com Sam Kasten Handweaver, samkasten.com
Holland & Sherry, hollandandsherry.com Hubert le Gall, hubertlegall.blog Primo Marella Gallery, primomarellagallery.com S2G Design, s2gdesign.com Sylvie Saint André Perrin, ateliersap.com
PERFECTION SUR MESURE, P. 126
Cassina, cassina.com Flos, flos.com Pastoe, pastoe.com Dimoremilano, dimoremilano.com Dimoremilano Progetto Non Finito, dimorestudio.eu/collections/ progetto-non-finito Dimorestudio, dimorestudio.eu
Anne-Sophie Pailleret, anne-sophiepailleret.com Atelier Areti, atelierareti.com Codimat, codimatcollection.com Cuir au Carré, cuiraucarre.com Galerie May, galerie-may.fr Giobagnara, giobagnara.com Giorgetti, giorgettimeda.com Jules & Jim, julesetjim.fr LRNCE, lrnce.com Maison Leleu, maisonleleu.com Manuel Canovas, manuelcanovas.fr Phelippeau, phelippeautapissier.com Pinton, pinton1867.com Solène Eloy-L’Atelier du Mur, atelierdumur.fr The Socialite Family, thesocialitefamily.com
LES SEVENTIES REVISITÉES, P. 100
LES NUANCES ESSENTIELLES, P. 138
LE BRUN EN VARIATIONS, P. 90
Boubou Fragile, boubou.paris Casa Lopez, casalopez.com Chevalier Antiquités, chevalierantiquites.com Galerie André Hayat, galerieandrehayat.com Galerie Antoine Rauffet, antoinerauffet.com Galerie MCDE, pierrechareauedition.fr Galerie Patrick Pottier, 6-7, rue de Beaune, 75007 Paris. Necchi Architecture, necchiarchitecture.com Society Limonta, societylimonta.com
RETOUR AUX SOURCES, P. 108 Pictalab, pictalab.com Fornasetti, fornasetti.com Osborne & Little, osborneandlittle.com
CLASSIQUE ÉCLECTIQUE, P. 116
CSLB, cs-lb.fr Galerie Adrian Sassoon, adriansassoon.com Galerie du Passage, galeriedupassage.fr Galerie Eric Philippe, ericphilippe.com Galerie Jacques Lacoste, jacqueslacoste.com Galerie Maria Wettergren, mariawettergren.com Galerie Matthieu Richard, matthieurichard.fr Galerie Pierre Marie Giraud, pierremariegiraud.com Galerie Vauclair, galerie-vauclair.fr
Arte, arte-international.com Asteré, elitis.fr/fr/news/astere-193 Beauregard Studio, beauregard.paris Bisazza Cementiles, bisazza.it/en-us/products/ cementiles Carrément Victoire, carrement-victoire.com de Gournay, degournay.com Deirdre Dyson, deirdredyson.com Dinès, dines-france.com Egger, egger.com Élitis, elitis.fr Emery & Cie, emeryetcie.com Galerie Boccara, boccara.com Galerie Chevalier, galerie-chevalier.com Galerie Diurne, diurne.com Huguet, huguetmallorca.com Jules & Jim, julesetjim.fr Living Ceramics, livingceramics.com Maison Leleu, maisonleleu.com Mouvements Modernes, mouvementsmodernes.com Mutina, mutina.it Parsua, cbparsua.com Porcelanosa, porcelanosa.com Robert Four, aubusson-manufacture.com Serge Lesage, sergelesage.com Sicis, sicis.com Silestone by Cosentino, cosentino.com/fr-fr/silestone Studio 2046, studio2046.com Surface, surface.fr Tile of Spain, tileofspain.com
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Megève
Saint-Cyr-sur-Mer
Situé au pied des pistes de Rochebrune et proche du centre du village, chalet avec vue sur les montagnes environnantes. Édifié sur 3 niveaux, vaste séjour avec cheminée, cuisine ouverte donnant sur terrasse, 6 suites. Prix : 8 500 000 € | Réf : MEG-8358-DP | DPE : En cours
À 5 mn du centre-ville, du golf Dolce Frégate et 10 minutes des plages, au cœur des vignes AOC Bandol, maison d’architecte de 340 m² habitables avec 5 suites et une piscine intérieure. Parc paysager de 5 000 m². Prix : 1 550 000 € | Réf : MRS-5825-PLB | DPE : B
Emile Garcin Megève +33 4 28 28 20 80 megeve@emilegarcin.com
Emile Garcin Marseille +33 4 42 54 52 27 marseille@emilegarcin.com
L’immobilier AD JANVIER / FÉVRIER 2021
Paris XIe
Paris VIIe
Dans le quartier de la Roquette, aménagé dans une ancienne fonderie, un confortable loft de 170 m2 avec sa pièce de réception de 70 m2 d’une hauteur sous plafond de 5,50 m, et sa dépendance. À la fois volumineux et aérien, lumineux et épuré. Vente en exclusivité. Prix : 1 575 000 € | Réf : 11949RG
Entre le Palais-Bourbon et les Invalides, une maison de style Directoire de 150 m2. Les volumes nous projettent dans une vie parisienne où luxe, discrétion et petits comités trouveront leur toit. Une maison indépendante de grand style, sans travaux à prévoir. Prix : 4 900 000 € | Réf : 11191GN
Agence Patrice Besse 01 42 84 80 85 www.patrice-besse.com
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Les sélections AD
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MISIA Fidèle à sa quête d’excellence, Misia Paris continue d’explorer les matières à travers des procédés toujours plus innovants. Élégance contemporaine et performance technique s’unissent pour donner naissance à Équipage, la nouvelle collection In & Outdoor. Tissages et traitement de pointe confèrent à ces huit références une résistance unique aux aléas extérieurs – lumière, soleil, eau chlorée et eau salée. Une exigeance qui permet de marier, tout au long de l’année et avec élégance, ambiances intérieures et extérieures dans des tonalités modernes et intemporelles. misia-paris.com
VILEBREQUIN Cet hiver, l’artiste pluridisciplinaire Derrick Adams signe une collaboration avec Vilebrequin incarnant l’optimisme qui caractérise le « rêve américain ». Il propose un short de bain et un sac de plage dont l’imprimé, unique en son genre, s’inspire de sa série Floater. Pour célébrer le lancement de cette collaboration, Vilebrequin fait un don de 20 000 dollars à l’Eubie Blake Cultural Center de Baltimore, ville natale de l’artiste, afin de promouvoir des programmes dans le domaine des arts. Short de bain, 225 € et sac de plage 70 €, en édition limitée sur vilebrequin.com et dans une selection de boutiques.
POLIFORM Saint-Germain est un système de canapés et d’éléments rembourrés aux formes sinueuses et sensuelles. Une rondeur enveloppante commune à tous les modules de la série, qui permettent de créer des divans linéaires, des configurations en L ou des compositions organiques. Leurs revêtements, en tissu ou en cuir, mettent en valeur les volumes pulpeux et voluptueux. Conçu par Jean-Marie Massaud, Saint-Germain transforme n’importe quel espace en un paysage chaleureux et familier, l’animant d’une agréable sensation de confort domestique.
piscines-carrebleu.fr
poliform.it
PORCELANOSA Le Groupe Porcelanosa a ouvert deux nouveaux showrooms en France en 2020, au cœur des villes de Lyon et d’Annecy. Déjà présent à Champagne-au-Mont-d’or avec un showroom de 2400 m2 et un centre logistique de 8000 m2, Porcelanosa a conçu ces deux nouveaux points de vente pour faire découvrir ses dernières nouveautés : revêtements et produits de salle de bains écoconscients, carreaux grand format ou encore mosaïques de piscine en collaboration avec SICIS.
EBA Eba, marque spécialisée dans l’aménagement intérieur haut de gamme, présentera le 2 mars Living, une ligne de mobilier pour le salon lors d’un événement digital exclusif pour les professionnels de l’architecture et de la décoration. Ces nouveaux rangements et meubles sont conçus par le cuisiniste espagnol Santos, qui se lance désormais dans le mobilier de salon pour des environnements harmonieux, cohérents et connectés. Living sera disponible avec les mêmes finitions et qualités que les cuisines Santos, facilitant ainsi la création d’espaces ouverts.
509 bis-Une idée sur le toit
CARRÉ BLEU Véritable invitation à la détente et au bien-être, la piscine conçue par Carré Bleu est l’élégant témoignage d’un art de vivre. Elle habille un jardin, souligne une architecture, réinterprète un lieu, s’empare d’un paysage tout en lui donnant vie. Pour Carré Bleu, construire une piscine, c’est raconter une histoire sans y mettre de mots. Celle d’un rêve, d’une inspiration, d’un voyage… Dans ce souci d’esthétisme et d’harmonie, Carré Bleu réalise des piscines sur mesure pensées comme des objets rares et uniques, dont la simple vue évoque déjà un doux sentiment de pur bonheur.
3,7 cours de la Liberté, Lyon ; 13, rue de Vaugelas, Annecy. porcelanosa.com/fr
Moduler la lumière 1929 : Jean Perzel crée une lampe avec un cache pivotant pour permettre aux étudiants de la Cité Universitaire de moduler la lumière. Ainsi débute la légende... 3 rue de la Cité Universitaire 75014 Paris. Tel : 01 45 88 77 24
Inscriptions sur webikeo.fr
www.perzel.fr/legende
AD 164
L’objet vertueux
Le bureau en patchwork de cuir PAR
Marion Bley
© Studiofoam
Ou comment la designeuse Caroline Venet transforme des rebuts de maroquinerie en une matière délicate qui vient gainer un meuble simple avec poésie, grâce au travail de l’artisane Audrey Ludwig.
L’histoire commence avec une peau de vache, ce cuir dont se sert Caroline Venet pour fabriquer une lampe qu’elle produit avec l’agence Archik. Une fois prélevée dans la peau en question la quantité de matière dont elle a besoin, des pans entiers de cuir, notamment les flancs, restent inutilisés – des déchets, parmi tous ceux que produit l’industrie de la maroquinerie. La designeuse aime néanmoins leurs courbes fluides, leurs veines et les marques de vie des animaux dont provenaient ces peaux et que l’industrie ne souhaite pas voir. Elle veut les valoriser. Aussitôt pensé, aussitôt fait : Caroline Venet dessine un petit bureau en forme de nuage, très léger sur des pieds comme deux parenthèses. En quête de matériaux, elle va au plus simple : un large tronçon de tuyau en plastique dense, coupé en deux, formera le piétement ; une plaque de contreplaqué, découpée et aux chants arrondis, fera plateau. La designeuse, qui collabore régulièrement avec des Compagnons du devoir pour ses projets – et a suivi une de leurs formations sur les matériaux souples –, se souvient de sa formatrice, la maro-
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quinière-gainière Audrey Ludwig. Elle lui demande de prendre en main le gainage du bureau. Travaillé avec soin, le matériau délaissé prend une nouvelle dimension, apportant une sophistication et une sensualité inédites à cette petite table de travail. Les différents tons de rose – chair, pour tout dire – de la peau naturelle se répondent et contrastent sur le plateau le long des lignes d’assemblage des peaux, une délicate ganse court sur le chant du plateau, on a envie de le caresser… Caroline Venet, elle, continue son chemin. Si elle propose cette pièce unique à la vente, elle pense déjà à la suivante, qu’elle aimerait habiller avec le cuir kaki, ou terracotta, des tanneries alsaciennes Haas. Autre évolution, le corps du meuble pourrait à l’avenir être réalisé avec du cuir broyé, un matériau qu’elle expérimente déjà sous forme de dalles. À suivre… LE BUREAU VIVANT, réalisé à partir de chutes de cuir de l’industrie de la maroquinerie. Il sera exposé au salon Collectible, à Bruxelles, en mai 2021. Caroline Venet – Studiofoam : studiofoam.fr
Photo Michel Gibert, non contractuelle. Herdade Do Freixo.
French Art de Vivre
Aqua. Table de repas, design Fabrice Berrux. Steeple. Chaises et bridge, design Enrico Franzolini. Equinoxe. Tapis, design Elizabeth Leriche.
Services conseil décoration et conception 3D en magasin French : français