La construction d'une ville nouvelle autour d'un resort de loisirs - Val d'Europe

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LA CONSTRUCTION D’UNE VILLE NOUVELLE AUTOUR D’UN RESORT DE LOISIRS Disneyland Paris, un attrait éconnomique similaire aux exploitations minières

Anne Jauréguiberry Anne-Marie Châtelet

Pierre-Jean Blumberger 2015 / 2016 - UEL 322 B - Rapport d’étude



Remerciements Mes remerciements s’adressent tout d’abord à Anne Jauréguiberry. Ses connaissances sur la ville, son fonctionnement et son histoire, m’ont été d’une aide précieuse dans l’élaboration de ce rapport. Ensuite, je souhaite remercier Anne-Marie Châtelet pour l’apport méthodologique, autant sur la forme que sur le fond. Je tiens également à remercier les habitants du Val d’Europe qui ont pu m’aider pendant ma visite et notamment Isaac et Jennifer pour leur accueil chaleureux. Et enfin, mes remerciements vont au personnel de la bibliothèque pour son dévouement dans la recherche et le prêt de documents.

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Sommaire Remerciements Introduction

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1. Genèse du projet A. Initiation du projet de ville nouvelle à Mar ne-la-Vallée a. Présentation de la ville nouvelle

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b. Le secteur IV, un territoire en questionnement

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B. Le souhait d’implantation d’un parc de loisirs et la coopération de l’État a. Le projet de la Walt Disney Company

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b. L’État complice pour remporter le contrat

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2. Mise en oeuvre du projet A. Un découpage du territoire, de l’interconnexion aux perspectives à grandes échelles a. Une répartition des zones d’activité, hotelières et d’habitation

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b. Des réseaux de transports structurants

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B. Disneyland, l’architecture au sein d’un incubateur a. Les imagineers, acteurs du storytelling

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b. De décors en décors, le réel entre parenthèse

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C. Le décor utilisé comme mode d’unification a. L’architecture pastiche comme idéal pour une ville nouvelle

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b. L’uniformisation de cette architecture au sein du secteur «Disney»

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3. La vie au sein du décor A. Une architecture à l’encontre des traditions constructives du lieu, analyse des (anciens) cœurs de village a. Formes urbaines et fonctions

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b. Typologie locale

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B. Vie sociale et interactions limitées a. Un espace public vide

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b. Une population active à la vie sociale prédéfinie

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C. Du digicode à la gated community a. Des résidences sécurisées

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b. Une volonté de se couper et de protéger de la vue de tous

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Conclusion Iconographie Bibliographie Webbibliographie

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Méthode L’élaboration de ce travail s’est tout d’abord basée sur des articles. Ceux-ci m’ont permis de m’imprégner du sujet, d’abord sur la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, ensuite sur le secteur IV. Une visite du site a été réalisée pour me rendre compte de la réalité construite ainsi que de l’ambiance générale du Val d’Europe. Cette visite a été préparée aux moyens de cartes et de vues satellites, afin d’une part de me familiariser avec l’organisation du site, et d’autre part pour essayer de desceller les zones qui semblent être intéressantes. Au retour, des recherches ont approfondi le sujet, notamment sur Disneyland, le cadre administratif régissant le secteur IV ou encore l’aspect sociologique de la ville.

Mots clés Disneyland Paris, EPA Marne, Marne-la-Vallée, Val d’Europe, ville-nouvelle

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Introduction En 1970, l’État français initie une étude pour la création de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Cette ville a été décomposée en quatre secteurs. L’avenir des trois premiers secteurs fut rapidement décidé. Cependant, le destin du quatrième resta en suspend pendant quelques années. En parallèle, la Walt Disney Company, qui s’était alors développée outre-atlantique, décidait d’implanter un nouveau parc en Europe. C’est alors que l’État français saisi l’opportunité en proposant l’implantation de ce projet au sein du secteur IV de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. En effet, les pouvoirs publics voyaient en l’installation de ce complexe de loisirs un apport économique ainsi qu’une manière de rendre cette ville attractive. Une ville nouvelle, par définition, se développe sur un terrain vierge et est planifiée à l’avance pour en canaliser son développement. À l’avenir, cette dernière est prévue pour accueillir 40 000 habitants, et créer autant d’emplois. L’attrait touristique du futur complexe de loisirs permettrait de développer une partie de ces emplois. Comment une ville nouvelle s’implante autour d’un parc de loisirs? Quels rapports la ville entretient-elle avec ce dernier? Dans un premier temps, nous allons évoquer la manière dont le projet est né, ses enjeux et ses modalités. Ensuite, nous allons évoquer la forme construite du Val d’Europe, pour enfin comprendre comment la vie prend place dans une ville nouvelle.

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1. Genèse du projet A. Initiation du projet de ville nouvelle à Marne-la-Vallée Dès les années 1960, les pouvoirs publics choisissent de créer plusieurs villes nouvelles autour de l’agglomération parisienne pour en maîtriser son développement. Marne-la-Vallée est l’une d’entre-elles.

a. Présentation de le ville nouvelle Les pouvoirs publics français initient officiellement, en 1970, une mission d’étude et d’aménagement pour la « vallée de la Marne, cinquième ville nouvelle de la région parisienne »1. Cette étude a pour but de prévoir le développement urbain et de le canaliser. Ce territoire se fait nommer « Marne-la-Vallée » un an plus tard. La ville nouvelle s’étendra à l’avenir sur 20km de long et 4km de large de Noisy-Le-Grand à l’Ouest et Saint-Germain-sur-Morin à l’Est (fig. 1). Pour en gérer le développement, un établissement public d’aménagement, l’EPA Marne, est créé en 1972.

fig. 1 - Schéma d’organisation urbaine de Marne-la-Vallée

La crise pétrolière de 1973 remit en question les ambitions initiales. Seulement 60% des logements prévus furent construits avec le désir d’éviter à cette ville nouvelle un avenir similaire à celui des grands ensembles. De plus, par rapport aux autres villes nouvelles, Marne-la-Vallée est en carence de bureaux et de surfaces commerciales. Et enfin, par rapport aux autres villes nouvelles, Marne-la-Vallée n’est que très peu connue. Ainsi, les logements construits ne se vendent 1

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- Belmessous, Hacène. « Disney à Val d’Europe: La ville rêvée des anges », in Urbanisme, n°323, pages 18


pas, la ville n’est pas attractive et reste inconnue du grand public. C’est à ce moment là que l’EPA Marne définit cinq objectifs pour la ville visant à rétablir son attractivité et à planifier un développement cohérent. Notamment, l’insertion de zones d’activités importantes, et d’équipements structurants et fédérateurs. L’un des objectifs prend aussi en compte la « coexistence harmonieuse entre l’urbanisation nouvelle et les espaces naturels à préserver »2. La ville étant entourée de forêts, d’espaces verts et d’espaces agricoles, cette notion peut sembler importante surtout pour le secteur IV qui définira, à l’avenir, une limite entre la ville nouvelle et la campagne environnante. À la même période, le secteur IV, dont l’aménagement n’avait pas encore commencé, se voit lui aussi doté de principes qui allaient définir son aménagement.

b. Le secteur IV, un territoire en questionnement Le rôle de devenir le second centre urbain de Marne-la-Vallée est attribué au secteur IV. Cette nouvelle polarité dans la ville nouvelle doit permettre de délester le premier centre urbain situé dans le secteur I tout en étant assez attractif pour, d’une part avoir cette fonction et d’autre part attirer la population environnante habitant hors de la ville nouvelle. Ce secteur devra à l’avenir pouvoir faire partie intégrante de la ville nouvelle, en étant relié à celle-ci par des réseaux de transport tout en ayant une certaine autonomie. Des équipements publics structurants, tout comme des zones de bureaux et commerciales contribueront d’une part à l’attractivité du site mais aussi à assurer un équilibre en balance avec des quartiers dédiés à l’habitat. Les futures constructions devront composer avec le paysage rural, en respectant le relief, le parcellaire, les chemins et tracés ruraux. Les villages existants seront étendus par des greffes incluant des activités non nuisantes. De nouveaux bourgs seront fondés et composés de parcs d’activités ainsi que d’éléments visant à conforter le statut de centre urbain. Néanmoins, un projet majeur et fédérateur manquait pour amorcer l’urbanisation du secteur IV. 2

- Belmessous, Hacène. Le nouveau bonheur français ou le monde selon Disney. Nantes, L’atalante, 2009, page 23

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B. Le souhait d’implantation d’un parc de loisirs et la coopération de l’État L’implantation d’un complexe de loisirs, regroupant parc à thème et hôtels semble être une réponse favorable pour initier le développement du secteur IV comme nouveau centre urbain.

a. Le projet de la Walt Disney Company La Walt Disney Company est fondée en 1923 par Walt Disney lui-même (fig. 2). Elle se concentre pendant longtemps sur la réalisation de courts et longs métrages de divertissement sous forme de dessins animés. Ce n’est que dans les années 1950 que Walt Disney imagine pouvoir créer un parc à thème en partie à l’aide des univers créés dans ses réalisations audiovisuelles. En 1955, Disneyland (Anaheim, Californie) est inauguré. Rapidement, le succès se fait sentir et Walt Disney souhaite prospérer sur cette lancée en construisant un complexe en Floride. Néanmoins, le succès du parc Californien fut tel que le développement urbain autour de celui-ci ne laissa pas autant de place à la company que Walt Disney l’aurait souhaité. C’est alors qu’il pris la décision de bâtir son parc au milieu d’un immense terrain libre, afin de pouvoir en contrôler les abords. Cet ensemble devait à l’avenir compter plusieurs parcs ainsi que des hôtels et se nommer Disney World. Le premier parc fut inauguré en 1971, le second en 1982 et le troisième en 1989, en même temps que deux parcs aquatiques. Entre temps, l’univers des parcs Disney fut exporté au Japon avec l’inauguration de Tokyo Disneyland en 1983. Le souhait d’implantation d’une station touristique en Europe de la part de la société américaine remonte à 1975. Néanmoins, comme énoncé précédemment, la crise économique touchant l’Europe suite au choc pétrolier n’installe pas le contexte le plus favorable à l’élaboration d’un tel projet. À la vue des différents parcs et resorts que la firme a pu construire depuis l’ouverture de son premier parc en 1955, on peut supposer que la Walt Disney Company avait une idée précise de ce qu’elle souhaitait importer en Europe. De plus, à partir des années 1950, Walt Disney développe des plans pour une cité utopique et futuriste du nom de EPCOT (Experimental Prototype Community of Tomorrow). Cette ville comptait accueillir 20 000 habitants autour d’une organisation radiale dont le centre serait constitué de bureaux et de zones commerciales (fig. 3). Walt Disney, qui mourra en 1966, ne put achever la conception de cette ville. Elle restera néanmoins présente dans l’histoire de la Walt Disney Company comme un projet utopique illustrant la ville telle que Walt Disney l’imagina.

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fig. 2 - Walt Disney

fig. 3 - Concept pour EPCOT


b. L’État complice pour remporter le contrat En 1984, après l’ouverture du parc japonais et après que la crise financière fut passée en Europe, la firme recontacte le gouvernement français. Celui-ci voit l’implantation de ce projet comme une aubaine, permettant la création d’emplois. De plus, le gouvernement socialiste alors en place ne pouvait laisser passer cette opportunité, étant alors dans une mauvaise posture politico-économique (chômage, élections municipales difficiles…). La France propose alors d’installer le parc en Lorraine pour combler les difficultés économiques dont la région souffrait. Néanmoins, se sachant en concurrence avec l’Espagne pour ce projet (qui proposait un site à proximité de Barcelone), la France n’hésita pas à flatter la compagnie américaine et à proposer l’établissement du futur complexe de loisirs au sein de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Pour cela, l’État créa un contexte extrêmement favorable à l’implantation du projet en France. Le partenariat, codifié en 1987 prend le nom de programme d’intérêt général (PIG). Tout d’abord, elle mise sur la proximité de la ville de Paris comme argument de choix. En effet, la capitale et son attrait international se situent à 40km du cœur du Val d’Europe. L’Etat français s’engage à prolonger la ligne de RER A ainsi qu’à étendre le TGV en y implantant une gare au sein du secteur IV (à 150m maximum de l’entrée du parc). Cette prolongation va lier le Val d’Europe aux plus grandes villes européennes telles que Londres, Bruxelles ou Amsterdam. La proximité de l’autoroute A4 est aussi un atout majeur, il place le secteur IV à 35 minutes du centre de la capitale. L’inscription du projet en tant que projet d’intérêt général permet des dérogations et la mise en place de règles favorisant l’installation de la multinationale américaine. Parmi les moyens mis en oeuvre afin de faciliter l’installation du parc en France, on compte notamment un abaissement de la TVA à un taux de 7% contre 18,6% habituellement. Des accords sont également entre la multinationale et la RATP par exemple, qui s’engage à faire fonctionner la ligne du RER A sans accroc afin de faciliter le transport de voyageurs du centre de Paris jusqu’au parc.

fig. 4 - Jacques Chirac et de Michael Eisner, le 24 mars

1987 lors de la signature de la convention.

Le 24 mars 1987, une convention qui cadre l’accord passé entre l’Etat Français et la Walt Disney Company est signée en présence de Jacques Chirac et de Michael Eisner, le PDG de l’entreprise américaine (fig.4).

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2. Mise en œuvre du projet Le partenariat public-privé entre l’Etat et la multinationale n’est pas uniquement administratif. Une forte synergie opère entre les aménageurs et les différents clients.

A. Un découpage du territoire, de l’interconnection aux perspectives à grandes échelles Avant l’initiation de la ville de Marne-la-vallée et plus précisément du secteur IV, le territoire était constitué de petits hameaux, de villages, de chemins, de routes et de champs. De nos jours, lors de la vue d’un plan du secteur ou d’un vue aérienne, le réseau routier interpelle rapidement. En effet, un boulevard circulaire d’un diamètre légèrement supérieur à 3 kilomètres semble être l’un des éléments structurant (fig. 6).

a. Une répartition des zones d’activités, hôtelières et d’habitations Le secteur IV de Marne la vallée comptait initialement 5 communes (Chessy, Coupvray, Magnyle-Hongre, Bailly-Romainvilliers et Serris). Celles-ci se voient intégrées au développement du secteur. Le boulevard circulaire vient s’intégrer à l’espace libre au milieu de ces 5 communes, qui se retrouvent plus ou moins proches de ce boulevard. Les communes sont destinées à être agrémentées de greffes urbaines, comportant des lotissements dotés de commerces et de services publics (enseignement, bibliothèques…) Au sein et à proximité du boulevard circulaire, se répartissent les zones les plus essentielles à la définition d’un nouveau centre urbain pour la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Au nord, on retrouve les installations de la Walt Disney Company. À savoir le parc Disneyland Paris (A), le second parc Walt Disney Studio (A), le Disney Village, le resort hôtelier (7 hôtels au sein du boulevard circulaire) (B), mais aussi les infrastructure logistiques et techniques (réparties autour du parc) et le parking. Plus au sud, s’installent les éléments nécessaires à la création du cœur urbain. On retrouve notamment l’élément principal, un centre commercial (C), qui sert à montrer l’attractivité du site. Autour du centre, différents quartiers se sont construits. Ils concentrent des habitats collectifs, mais aussi des bureaux, commerces et services publics. À l’extérieur du boulevard méridien et à proximité du centre commercial, on retrouve des zones d’activités (1), regroupant principalement des bureaux et sièges d’entreprise, mais aussi des zones d’habitation et un parc commercial ainsi que des éléments importants comme le centre hospitalier de Marnela-Vallée. Les différentes villes existantes se voient étendues à l’aide de greffes urbaines. Au Nord de Magny-leHongre, on retrouve 5 hôtels (2). Ces hôtels appartiennent à de grands groupes, mais sont tout de même sous la tutelle de Disneyland Paris. Entre Magny-le-Hongre et Bailly-Romainvilliers, on retrouve le golf de Disneyland (3). Enfin, au sud de l’échangeur jouxtant l’autoroute A4, un terroir en développement accueillera un village nature (4), lui aussi issus d’un partenariat avec la Walt Disney Company. Tous les éléments rajoutés lors de l’urbanisation du secteur IV ont été principalement concentrés autour de Disney et du nouveau centre urbain, qui se veut être une nouvelle polarité importante pour le territoire.

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b. Des réseaux structurants

fig. 5 - Walt Disney devant un plan pour le projet de ville utopique d’EPCOT - 1960

de

transport

Le boulevard circulaire encercle les différentes zones. Selon les portions, il compte entre 2 et 4 voies. Les axes routiers majeurs au sein de ce boulevard sont principalement radiaux. Ils tissent des liens entre les différentes polarités au sein de ce cercle, mais aussi en dehors comme avec d’autres éléments liés au transport, des zones habitées, commerciales ou hôtelières. Ce boulevard circulaire n’est pas s’en rappeler le plan circulaire de la ville utopique d’EPCOT (fig. 5). Toujours pour le réseau routier, l’autoroute A4 passe au sud du secteur. Initialement à l’écart du secteur, elle se trouve aujourd’hui intégrée à celui-ci. Le développement l’a même outrepassé vers le Sud avec la construction d’un village nature né de la collaboration de Disney et Pierre & Vacances. La sortie de l’autoroute débouche sur une avenue, traversant le cercle en son centre et conduisant directement aux resorts du parc. Des lignes de bus desservent aussi le territoire, appartenant au réseau Pep’s et Seine et Marne Express. Celles-ci deviennent, avec la voiture, le moyen de transport privilégié une fois au sein du Val d’Europe. Outre le transport routier, on retrouve aussi un réseau ferroviaire. Initialement, seul le RER réservait la zone. Les deux gares situées dans le secteur IV desservent d’une part le centre urbain du Val d’Europe et d’autre part le parc d’attraction. La déserte du TGV n’était effective qu’un an après l’ouverture du parc. Celle-ci se fait à proximité de l’entrée du parc et au sein de la même gare qui accueillait déjà le RER. Les visiteurs arrivant dans cette gare par le TGV sont ainsi libres de poursuivre leur voyage par différents moyens de transport, que ce soit par le RER, ou par la route.

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A B

C

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fig. 6 - Schémas d’organisation urbaine du Val d’Europe

La combinaison de la répartition des zones au sein du territoire et les réseaux de transport permettent de qualifier et scénariser le lieu. Par exemple, dès la sortie de l’autoroute, l’arrivée sur l’avenue Paul Séramy laisse entrevoir en son bout, le parc Disneyland ainsi que son célèbre château. De même, l’aménagement de la méridienne fait l’objet d’une scénarisation, alternant entre paysages urbains et « naturels » (champs, forêt…). La construction de la ville nouvelle se fait en partie par l’implantation des différentes zones dédiées au resort Disney, mais aussi par son réseau de transport. Ce dernier dessert fortement les intérêts de la multinationale.

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B. Disneyland, l’architecture au sein d’un incubateur Disneyland Paris est considéré comme un parc à thème. C’est à dire, un parc d’attractions où les différentes attractions et les différents quartiers répondent au besoin d’être décorés pour coller au mieux à l’univers et à l’ambiance définie par ses concepteurs. Le but étant l’immersion totale.

a. Les imagineers, acteurs du storytelling Le parc initial, Disneyland Paris (d’abord Euro Disneyland jusqu’au 1er octobre 1994), s’inspire fortement des parcs Disney construits précédemment et particulièrement de son homologue californien: Disneyland Park (inauguré le 17 juillet 1955). Pour comprendre le parc européen, il semble important de revenir sur les fondements du parc situé à Anaheim (dans la banlieue de Los Angeles). Dès les prémices du développement du parc à Anaheim, Walt Disney se rendit compte qu’il aurait besoin d’une équipe de spécialistes pour réaliser le parc. Ces personnes devraient être capables de transposer les idées provenant de l’imaginaire et des dessins animés Disney au monde réel, tout en racontant une histoire. Il fonda le 16 décembre 1952 la WED Entreprises, du nom de Walt Elias Disney. Par la suite, elle fut renommée en Walt Disney Imagineering (WDI). Cette filiale de la Walt Disney Company regroupe ce que l’on appelle des imagineers, de la contraction entre « imagination » et « ingeneers ». Les imagineers sont répartis dans plusieurs domaines (couvrant 140 métiers), allant de la création de bandes son pour les attractions et les allées du parc à la réalisation des espaces verts ou encore d’effets spéciaux. On retrouve aussi des architectes et des personnes habilitées à édifier un master plan pour chaque parc en prévoyant les futures extensions. Le parc Californien comporte notamment un plan radial. Une place centrale, desservie par une allée principale (Main Street), irrigue les visiteurs vers les différentes zones thématiques qui s’agencent autour d’elle. Elle est ce qu’on appelle un HUB3 (fig.7). Ces zones reprennent des univers type (far west, fantasy, futuriste…) et sont traitées de manière à être immersives. Pour clarifier le déplacement du visiteur dans le parc, chaque allée ayant un caractère majeur débouche sur un point de repère ou une attraction visible au loin. Au sein des attractions, l’attention du détail est la même. Tout ce savoir faire et cette expérience ont été transposées dans chaque parc construit par la suite, en reprenant des éléments et en en introduisant de nouveaux. L’adaptation culturelle est aussi importante. En effet, selon la culture locale, des éléments peuvent être

fig. 7 - Plan du parc Disneyland (Anaheim)

- Le plan radial fait de la place centrale l’élément clé du parc. Il permet d’orienter le visiteur vers chaque univers tout en étant un point de repère autour duquel le parc gravite. 3

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différemment perçus. Pour l’anecdote, selon les imagineers, le parc français demanda plus de travail que le parc japonais du point de vu de l’adaptation des attractions4 (fig. 8). Dès l’entrée du parc, le visiteur se retrouve plongé dans un monde créé de toute pièce, définissant des univers où le ressenti est anticipé et programmé par les imagineers.

Magic Kingdom - 1995

Magic Kingdom - 1971

Tokyo Disneyland - 1983

Disneyland Paris - 1992

fig. 8 - Châteaux, du plus ancien au plus récent

b. De décors en décors, le réel entre parenthèse Le parc parisien n’échappe pas à ces coutumes. Il reprend un plan similaire à celui développé à Anaheim. On y retrouve des zones agencées autour d’un élément central. Chaque zone ayant pour but d’immerger le visiteur dans une atmosphère propre. Cette volonté initiale se retrouve dès l’entrée du parc, où au passage, sous le porche d’entrée, on retrouve des panneaux avec l’inscription:

« Here You Leave Today And Enter The World Of Yesterday, Tomorrow And Fantasy » Walt Disney Company, pour le parc Disneyland Californien5

L’univers Disney, présent dans ses dessins animés, instaure une forme de magie. Entre les histoires et les comptes de fée, le monde imaginaire est très présent. Dans les parcs à thème, cet imaginaire est transposé au monde réel. Par le biais des imagineers, les éléments immergent le visiteur dans un univers créé de toute pièce. De l’aspect général de la zone au plus petit objet qui le compose, chaque élément est réfléchi pour contribuer à l’ambiance générale. Les imagineers parlent même « d’intrusion visuelle » pour tout élément qui, de près ou de loin, rompt l’illusion créée jusqu’alors. Le but étant l’illusion totale, tous les moyens sont bons pour y contribuer. Chaque élément est réalisé, transformé et adapté pour parfaire le monde créé. - L’américanisation étant mal perçue en France, de nombreux noms ont été adaptés pour préférer des références françaises ou européennes. Par ailleurs, un grand travail a été réalisé sur le Château de la Belle au bois dormant pour qu’il puisse concurrencer les chateaux de la vallée de la Loire. 4

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- Traduit à Disneyland Paris par: « À partir d’ici vous quittez le présent et entrez dans le monde des histoires, des découvertes et de la fantaisie éternelle. »

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Au sein du Val d’Europe, les deux parcs Disney répondent à cette problématique. Néanmoins, cette idée de thématisation totale s’étend aussi au delà des barrières du parc. On retrouve notamment cette idée d’univers au sein du Disney Village mais aussi, et surtout au niveau des hôtels. Agencé autour d’un lac artificiel pour les principaux, le Sequoia Lodge et le Newport Bay Hotel sont les exemples les plus marquants. Selon le site officiel, le premier est cité comme un « lodge douillet et très confortable, directement inspiré des parcs nationaux américains »6. En réalité, on se retrouve plongé, dès les abords de l’hôtel dans une ambiance comparable à l’imaginaire d’un énorme chalet accroché aux flans des Rocky Montains. Les matériaux utilisés sont fortement connotés: des dalles de pierre pour le sol, de la pierre de taille pour le sous bassement et du bois pour le bardage (fig. 9). A l’intérieur, les même matériaux sont associés à une décoration chaleureuse et atypique. Des sculptures massives en bois jouxtent des éléments tel des canoës en bois, mais aussi des toiles représentant une faune locale à l’état naturel: ours, cerfs… Une mention spéciale aux luminaires, qui, comme d’autres espaces du hall, font penser aux créations de Frank Lloyd Wright.

Extérieur - matérialité

Circulations - atmoshpère

Lobby - ambiances

fig. 9 - Sequoia Lodge - architecte: Antoine Grumbach

La Walt Disney Company a importé à 40km de la ville du Paris, des décors issus d’imaginaires dont les références sont nombreuses. L’ensemble crée plonge le visiteur dans un monde où le réel n’est qu’une notion que les imagineers tentent de combattre et de faire disparaître, utilisant tous les moyens qu’ils ont trouvé en leur possession pour y parvenir. Le resort gravitant autour de Disneyland étant placé en position centrale du secteur IV, on peut émettre l’hypothèse que l’architecture issue et développée pour les parcs se répand et se propage à tout le secteur. 6

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- Source: http://www.disneylandparis.fr/hotels/disneys-sequoia-lodge/


C. Le décor utilisé comme mode d’unification Le secteur du Val d’Europe ayant pu trouver un avenir avec l’implantation du complexe initié par Disney, de nombreuses concessions ont été faites. Comme il a été mentionné plus tôt, la Walt Disney Company aime pouvoir régir l’espace autour de ses parcs afin d’en contrôler l’aspect, au point de créer une division immobilier au sein de la Walt Disney Company en 1987. Par ailleurs, l’équipe OCS de l’École nationale supérieure d’architecture de Marne-la-Vallée a pour hypothèse principale que le but de la Walt Disney Company est de produire à l’échelle du secteur IV une « ambiance visuelle d’ensemble »7.

a. L’architecture pastiche comme idéal pour une ville nouvelle Pour Disney, il semblait important de ne pas considérer cette ville nouvelle comme les autres qui ont pu être construites jusqu’alors. En effet, cette ville ne serait pas une juxtaposition d’objets architecturaux, mais un ensemble cohérent. Pour cela, il a été souhaité de reproduire « la forme urbaine et l’architecture des vieilles villes européennes ».

« Nous pensons que l’urbanisme doit s’insérer dans la continuité culturelle. Pour nous, cet enracinement trouve sa source à Paris, dans l’architecture d’Haussmann. Il ne s’agit pas de nostalgie ou d’une architecture pastiche, mais d’une passerelle vers le passé. Cela permet de restituer une échelle de la ville et un art de bâtir, auxquels nous croyons » Dominique Coquet, directeur général adjoint d’Euro Disney8

La difficulté d’une ville nouvelle est de sortir de terre sans avoir de passé. Les habitants se retrouvent liés par l’unique fait qu’ils habitent la même ville. Ceux-ci n’ont pas d’autres attaches, aucune histoire commune au sein de celle-ci. Pour pallier ce manque d’identité, l’architecture développée au Val d’Europe doit ainsi pouvoir donner des repères aux habitants. En transposant dans la ville nouvelle des références qu’ils connaissent, les futurs habitants sont plus à même de s’identifier à un lieu et sa culture. La facilitation et l’assimilation de cette culture par tous, passe par le fait que chaque élément architectural utilisé interpelle par son appartenance au vocabulaire de la référence parisienne. Du gabarit général de la façade au plus petit ornement, tout est réfléchi pour converger au mieux vers le thème général. La thématisation du bâti fait appel à des éléments forts qui, par leur présence, impactent sur l’imaginaire qu’insinuent les éléments construits dans son ensemble. Ainsi, des éléments même petits, peuvent avoir une grande connotation. Cela peut aller de la couleur des volets à la présence de multiples cheminées sur le toit (fig. 10). La plupart de ces éléments ne représentent en rien la vérité constructive. Leurs facticités érigent ces constructions au rang de décors.

fig. 10 - Ambiances - Centre urbain du Val d’Europe - Chabard, Pierre. « La thématisation du territoire: planification et maîtrise d’ouvrage privée à Val d’Europe », Cahiers Thématiques: architecture, histoire, conception. n°6 (2006), page 211. 7

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- Hachache, Nora. « Val d’Europe, Une production urbaine signée Disney », Le Moniteur. n°5241 (7 mai 2004), page 42.

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D’une autre manière, tout comme Disney a un moyen de contrôle sur les opérations construites au sein du Val d’Europe, le Syndicat d’Agglomération nouvelle (SAN - Ensemble des 5 communes composant le secteur IV) s’occupe des équipements publics. Pour cela, il a été décidé de choisir une architecture plus contemporaine (fig.11), qui va à l’encontre des principes érigés jusqu’alors. Le SAN explique ce parti pris par le fait que comme dans toute ville, les différentes périodes de construction du bâti font coexister différents styles architecturaux. Cette culture commune est un premier pas vers une ville qui se veut être fédératrice et non un assemblage « patchwork » de projets architecturaux. fig. 11 - Mairie de Serris - Val d’Europe

b. L’uniformisation de cette architecture au sein du secteur Disney L’architecture développée suite à l’installation de Disney se veut en tous points cohérente. La Walt Disney Company étant le principal développeur du secteur IV, il est logique compte tenue de la vision de l’entreprise, de créer un ensemble tout autour de ses parcs. Le but de cette cohérence étant de renforcer l’immersion du visiteur dans un univers où les ambiances sont contrôlés. Cet ensemble se réparti tout de même sur la moitié de la surface totale des 5 communes composant le SAN Val d’Europe. Bien que les densités ne soient pas les mêmes entre les villes et villages construits, l’aspect global du bâti semble provenir « de la même main ». On retrouve toujours les même codes, qui sont répétés et adaptés en fonction de l’ambiance voulue pour chaque quartier et sa typomorphologie. Les couleurs utilisées sont harmonieuses, on retrouve des similitudes ornementales et un soin particulier est apporté aux détails. Cette ambiance générale vient du fait que les promoteurs sont sous la tutelle de Disney. En effet, le patron de la Walt Disney Company9 a toujours le dernier mot sur les décisions prises au sein du secteur Disney. Le choix des architectes de la part des promoteurs est d’ailleurs restreint. La Walt Disney Company a établi une liste de partenaires ayant la capacité de bâtir dans le style élaboré par Disney au sein du secteur. Cette liste permet d’éviter les trop grandes dissonances entre les différentes opérations et permet une certaine harmonie. 9

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- Michael Eisner jusqu’en octobre 2005


Cette uniformisation a d’autres impacts. On peut citer les dires d’un promoteur à propos des différents quartier du secteur IV: « cela respire, et c’est propre » 10. Non seulement, la ville est cohérente, mais en plus, l’approbation des différentes décisions par Disney et leur soucis du détail sont un gage de qualité pour la construction. La ville est ainsi édifiée comme une succession de décors, qui s’introduisent les uns aux autres pour tisser, au sein du secteur IV, une continuité du bâti appartenant au même univers. D’une ville à l’autre, d’un village à l’autre on ressent toujours la même atmosphère. Le territoire est uniformisé à toutes les échelles, et chacune d’entre elles rejoint l’enjeu d’un thème général visant à conforter, par la thématisation, la position fédératrice de Disney au sein du secteur.

- Fabrice Caretto, chef des ventes chez Kaufman et Broad Homes dans l’article: Belmessous, Hacène. « Disney à Val d’Europe: La ville rêvée des anges », in Urbanisme, n°323, page 22. 10

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3. La vie au sein du décor L’attractivité du Val d’Europe n’a pas été à prouver depuis la mise en vente des premiers logements. On peut très souvent lire que l’installation en périphérie de Disney est signe de qualité de vie, voir même d’ascension sociale. Mais qu’en est-il réellement?

A. Une architecture à l’encontre des traditions constructives du lieu, analyse des (anciens) cɶurs de village Les codes définissant les nouvelles constructions réalisées au sein du secteur Disney ont un style visant à favoriser l’intégration de celles-ci autour du resort Disneyland. De plus, ce style a été choisi pour les raisons évoquées ci-dessus. Néanmoins, ces formes urbaines nouvelles ne ressemblent en rien à ce qui existait jusqu’alors sur le territoire.

a. Formes urbaines et fonctions Lors de la visite du territoire, j’ai pu constater une grande disparité entre les différent(e)s villes/villages du secteur IV. En effet, certains sont plus touchés par l’urbanisation post-Disney que d’autres. Le village de Coupvray semble être resté particulièrement authentique. En effet, lors de l’arrivée dans ce village par le Sud, on tombe sur une place arborée. Cette dernière comporte une aire de jeu et elle jouxte un parking mais aussi un cimetière. Légèrement plus loin, on aperçoit une église. Celle-ci domine la place du village, autour de laquelle s’arrangent les services principaux tels que la mairie, la gendarmerie, un bureau de poste et la salle des fêtes. Au pied du lieu de culte on retrouve aussi le monument aux morts. Cet élément (tout comme le cimetière) m’a fortement interpellé. En effet, c’était la première (et dernière) fois que j’ai pu voir de tels lieux de mémoire pendant ma visite. Bien qu’anodins pour un habitant d’une ville classique, ces lieux sont des passerelles vers le passé pour un habitant du Val d’Europe. Ils redonnent une échelle historique au lieu et inscrivent la ville dans la mémoire des habitants. On peut constater en analysant le plan cadastral C de Coupvray (fig. 12) que le cœur de village (A) ne propose pas de schéma général par rapport au développement du bâti. Ce dernier est construit à l’alignement et en redant dans la majeure partie des cas. Le tracé des routes semble issu de chemins anciens et l’on ne retrouve pas de schéma directeur particulier. B Coupvray compte néanmoins deux ensembles qui interpellent. Le premier est un lotissement (B), le second une rue rectiligne (C) dont le bâti semble, en plan masse, similaire. Ces deux entités forment des fig. 12 - Cadastre - Coupvray

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A


éléments marquants dans le plan de par leur régularité face au cœur du village. Le découpage des parcelles, le tracé des rues et l’emprise du bâti suffisent à distinguer ces ensembles du reste du village.

B

A

fig. 13 - Cadastre - Quartier du Golf, Bailly-Romainvilliers

fig. 14 - Esplanade du Toque-Bois

C’est sur un schéma similaire que le reste des greffes urbaines opérées dans le secteur IV ont été réalisées. Celles-ci ne tiennent pas compte du tissus existant et viennent s’y juxtaposer en proposant une organisation différente. Par exemple, pour un quartier de Bailly-Romainvilliers situé entre le Golf de Disneyland Paris et le parc urbain de la rue des Mûrons (fig. 13), la composition suit un schéma qui semble être planifié à l’avance. Le bâti situé au bord de la route D406 (A)(et de la rue des Mûrons) est construit à l’alignement, tout comme celui qui jouxte l’esplanade du Toque-Bois (B). Le reste du quartier est composé de parcelles de taille homogènes avec des éléments bâtis dont la surface et le retrait d’alignement sont régis à l’avance. L’esplanade du Toque-Bois est bien représentative de l’esprit que la Walt Disney Company compte insuffler au sein du Val d’Europe à travers ses architectes collaborateurs. En effet, l’esplanade est de forme légèrement trapézoïdale. Cette forme permet d’augmenter (et de fausser) la perspective. Le corps bâti situé au bout de l’esplanade (en l’occurrence une typologie rappelant un château) semble ainsi plus majestueux et plus important (fig. 14). Proche de ce quartier se trouve la place principale de l’extension urbaine de Bailly-Romainvilliers: la place de l’Europe. Cet espace se trouve être un grand carrefour, dont la fonction principale est celle de parking. Autour de celle-ci on retrouve des services (bureau de poste, coiffeur, pressing, auto-école..), des commerces (tabac-presse, boulangerie, moyennes-surfaces…) et des bars/restaurants. Cette place qui se veut fédératrice ne présente pas les mêmes aspects que le cœur de village de Coupvray. Bien que l’échelle soit différente, on comprend ici que la place ne vit que par les différents éléments qui la compose (commerces) et non par son essence même d’espace de rencontre. La voiture et le commerce semblent être les seules raisons d’être de cette place, qui vit au rythme des heures d’ouverture des magasins. Le tissus urbain implanté dans ces greffes urbaines est planifié à l’avance et ne ressemble pas à celui qui constitue les cœurs de village. Ce tissus se trouve être le lieu de la scénarisation de l’espace et contribue à la création d’un univers désiré. De même, les fonctions passent du service au cœur du village à la « zone » commerciale au sein des nouvelles « places » implantées dans les greffes urbaines.

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b. Typologie locale Les cœurs de village sont aisément distinguables en plan par leur forme urbaine. Ils le sont aussi par le caractère du bâti. La typologie des bâtiments existants avant le début de l’urbanisation du secteur IV dépend fortement de l’usage qu’il en était fait. En effet, on retrouve de nombreux corps de bâtiments qui regroupent la fonction d’habitation, juxtaposée à des éléments qui justifient le passé agricole des villages. Avant l’arrivée de la multinationnale, l’agriculture y avait une place importante. On retrouve en effet proche des habitations, des bâtiments hauts dotés de portes de taille considérable qui permettent d’y entreposer des engins agricoles (fig. 15). On peut aussi retrouver à l’étage les ouvertures nécessaires au stockage de provisions et de récoltes. À côté de ces lieux de stockage, on peut retrouver l’habitation. Généralement sur deux niveaux avec des ouvertures de petite taille. Ces mêmes ouvertures ne respectent pas de règle particulière. On ne retrouve pas d’alignements particuliers ou de symétrie dans la composition générale de la façade. Cette dernière est un reflet de l’espace intérieur qui suit l’éventuelle pente du terrain (fig. 16).

fig. 15 - Bâtiment agricole en pierre

Les bâtiments qui sont les plus anciens ont des murs en pierre. Ces pierres de formes quelconques semblent fortement liées à l’aide de ciment. Cette matérialité ne permet pas de travailler l’ornementation de la façade. Des habitations plus récentes ont des façades en crépi. Celles-ci comportent parfois des encadrements autour des fenêtres, mais rien de bien détaillé. Le style reste sobre. Les espaces extérieurs semblent aussi caractéristiques. La végétation y est dense et variée. De même, il n’est pas rare de trouver de la végétation qui vient couvrir les murs des habitations. La pierre étant un matériau robuste, il ne présente aucun risque à laisser ramper une plante le long de ceux-ci (fig. 17). Ces jardins extérieurs contrastent fortement avec ceux de l’espace public ou des maisons individuelles construits après l’arrivée de Disney au sein du secteur IV. L’ensemble que composent le tissus urbain et le bâti ne reflète pas les coutumes constructives établies jusqu’alors sur le territoire du secteur IV. Les nouveaux citoyens de ces villes nouvelles ont un habitat qui diffère fortement de celui appartenant aux habitants présents sur ce territoire avant l’urbanisation du secteur Disney.

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fig. 16 - Maison d’habitation suivant la pente

fig. 17 - Végétation prenant possession du mur en pierre


B. Vie sociale et interactions limitées Les citoyens de ce territoire ont pour la plupart choisi d’habiter cette ville avant même que leur futur logement soit construit. Ils ne connaissaient pas leurs futurs voisins, ni même à quoi allait ressembler leur futur quartier. L’arrivée du jour au lendemain dans cette ville nouvelle n’est pas le meilleur moyen pour les habitants de recréer un semblant de relations sociales.

a. Un espace public vide L’espace public est régit, au sein du secteur Disney, par la Walt Disney Company. Au cœur du centre urbain du Val d’Europe, on retrouve deux places majeures ainsi que des parcs de nature variée. Le centre urbain du Val d’Europe comporte notamment la place d’Ariane et la place de Toscane. Néanmoins, ces espaces n’ont de « place » que le nom, voir la forme. Pour le reste, lors de la visite du site elles ne rassemblaient pas l’ambiance d’une place classique. Les deux places ont en commun de faire partie intégrante du centre commercial. Leur conception entre en synergie avec celle du centre et entre en échos avec celui-ci.

A B C fig. 18 - Cadastre - Place de Toscane

La place de Toscane (A) de l’architecte Pier Carlo Bontempi est pour moi celle qui illustre le mieux l’absence de vie au sein des espaces publics (fig. 18). Durant ma visite, à aucun moments de la journée, je n’ai pu voir de réelle forme de rapports sociaux dans ce lieu. Pourtant, cette place est jouxtée par des immeubles dont le rez-de-chaussée comporte des services mais aussi des restaurants. De plus, la partie du centre commercial adjacente regroupe tous les restaurants du centre ainsi qu’un aquarium et un club de sport (B). Néanmoins, le public fréquentant ces espaces n’utilise pas la place de Toscane comme un réel lieu de vie mais plus comme un lieu de passage (fig. 19). D’autant plus que l’essentiel des fonctions attractives situées à proximité de cette place attire aussi des usagers venant en voiture des villes alentours. Ces mêmes voitures se garent sur le parking du centre commercial (C). Par conséquent, les visiteurs accèdent à l’essentiel des fonctions situées à proximité de la place sans y passer.

fig. 19 - Place de Toscane - Pier Carlo Bontempi - Ambiances en fin de matinée et début de soirée

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La place d’Ariane (fig. 20 et 21) semble plus fréquentée. Celle-ci est plus grande et intègre aussi, en plus de différents commerces et restaurants, une gare RER (A) et des voies destinées au passage de la voiture. Le cœur de la place est un grand parvis (B), jouxté par des zones plus vertes et arborées sous lesquelles on peut retrouver de la pelouse ou des bancs. Néanmoins, que ce soit le parvis ou sa périphérie, les habitants et utilisateurs n’utilisent ces espaces que pour y passer. Il est aussi flagrant qu’aux heures de pointe, un flux ininterrompu de personnes rejoint et sort de la gare RER. Une partie du flux rejoint la gare routière (C), d’où les utilisateurs prennent les différentes lignes de bus. L’autre partie relie le centre commercial qu’elle traverse pour retrouver leur voiture personnelle sur l’immense parking qui s’avère gratuit (D). Les parcs publics sont encore peu développés et peu fréquentés. Les habitants y vont peu pour se détendre. Certaines aires de jeux présente devraient profiter aux enfants mais leur rôle dans la ville reste encore à prouver. Les espaces publics n’agissent pas réellement comme des lieux de rencontre. Leur fonction est uniquement celle de passage. Autour de ces places on retrouve en revanche des restaurants et des bars. Néanmoins, ces sphères privées ne sont utilisées qu’à certaines heures. Les espaces publics sont une étape de plus dans la ville dont le rôle de lieu de rencontre n’est pas assumé.

b. Une population active à la vie sociale prédéfinie Disney impose aux promoteurs des surfaces à respecter dans leurs appartements. Ceux-ci se destinent plus aux familles qu’aux personnes seules ou aux couples sans enfant. De plus, le prix de l’immobilier s’adresse volontairement à la classe moyenne. Encore une fois, la multinationale montre dans ses intentions la volonté de créer une ville idéale à la population idéale. A Magny-le-Hongre, depuis le début de l’urbanisation du secteur IV, la population a considérablement augmenté. Elle est passée de 264 habitants en 1982 à 1761 lors du recensement de 1999. Au passage, elle s’est très fortement rajeunie. Le maire évoque en effet que « 70% de mes administrés ont moins de 40 ans ». Il ajoute aussi que « la majorité d’entre eux sont de jeunes cadres trentenaires (…) et ont des enfants en bas âge ». Cette population de jeunes actifs a un rythme de vie particulier ainsi que des préoccupations bien à elle par rapport à la population originaire de Magny-leHongre. En effet, en majorité, les habitants partent « à sept heures le matin et rentrent à huit heures le soir ». Avec ce type d’horaires, il est difficile pour ces habitants de participer à la vie sociale de la ville. La conci-

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B

A C

D fig. 20 - Cadastre - Place d’Ariane

fig. 21 - Ambiance - Place d’Ariane


liation de leur vie professionnelle et familiale demande un temps considérable qui ne leur permet pas de mener des activités en parallèle.

« Habiter le Val d’Europe est un luxe! » Djamila Ouaz, CFDT Disneyland Paris11

De plus, il est important de préciser que cette population qui a pu s’offrir un logement au Val d’Europe travaille pour la plupart, en dehors de celui-ci. L’intention initiale de créer une ville nouvelle pour 40 000 personnes avec 40 000 emplois a été atteinte. En grande partie, ces emplois ont été créés au sein des parcs Disney. Les métiers proposés par l’entreprise sont très variés, allant par exemple de comédien à employé au sein d’un hôtel. En revanche, comme le précise Djamila Ouaz11, il est difficile pour la plupart des employés de la multinationale de se loger dans la ville nouvelle. Un salaire moyen (d’approximativement 1100€ net) ne permet pas de louer un logement, dont les prix tournent autour de 700 à 800€ par mois pour un studio et de 1000 à 1200€ pour un deux pièces. À l’inverse, les habitants qui ont les moyens d’habiter au Val d’Europe n’y travaillent pas selon Arnaud Gasnier12. Les actifs qui passent alors leur journée à l’extérieur de la ville nouvelle ne peuvent participer la journée à la vie de celle-ci. La vie sociale des habitants ne se déroule pas dans les lieux publics. Les sphères fermées se trouvent alors privilégiées. Du domicile au bar et du restaurant à la salle de sport, les interactions des Val d’Européens se font dans des endroits ciblés. Le Val d’Europe n’incite pas à la rencontre au-delà des habitudes des citoyens. Spontanément, les habitants n’expérimentent pas l’espace public en tant que lieu de vie.

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- Djamila Ouaz, porte-parole CFDT Disneyland Paris dans Attention Grands Travaux! (saison 2) 26/07 - La Ville Rêvée de Mickey pour Public Sénat TV - Arnaud Gasnier, maître de conférences en géographie urbaine dans Attention Grands Travaux! (saison 2) 26/07 - La Ville Rêvée de Mickey pour Public

Sénat TV

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C. Du digicode à la gated community La multinationale semble imposer, au travers des surfaces réglementaires pour des logements et de la qualité de ceux-ci, une forme d’urbanisme sélectif. L’accession à un logement au Val d’Europe n’est possible que pour une certaine tranche de la population. Les classes sociales visées sont désireuses d’une qualité de vie où leur logement ferait partie intégrante d’une idée globale du beau, propre, calme et sécurisé.

a. Des résidences sécurisées L’identité propre développée sur ce territoire a su séduire une tranche de la population. Néanmoins, conscients de la qualité de vie qu’ils ont pu s’offrir, les habitants sont soucieux de préserver l’opportunité acquise. Les résidences au Val d’Europe comportent toutes un accès sur rue réglementé (fig. 22). Que ce soit une grille qui donne sur une cour intérieure ou une porte d’accès dans un immeuble, la norme veut qu’un code ou qu’un badge permette d’accéder aux espaces communs de sa résidence. La copropriété dans laquelle j’ai pu loger au cœur du centre urbain du val d’Europe disposait d’une cour intérieure autour de laquelle on retrouvait différents immeubles. L’accès à la copropriété se faisait à l’aide d’un badge. Ce même badge permettait l’accès à l’immeuble, qui lui disposait d’un sas où le badge était nécessaire à deux reprises. Pourtant, au sein de l’immeuble se trouvent uniquement des couloirs, sans équipements particuliers justifiant une telle protection.

fig. 22 - Portail d’entrée à une résidence

L’espace public se limite alors strictement à la rue, aux places et aux parcs. Les cœurs d’ilots sont des lieux privés. Ces mêmes cœurs d’ilots sont d’ailleurs eux aussi réduits au minimum. Pour préserver leur tranquillité et leur calme , malgré les différentes allées qui traversent ce semblant de parc arboré, aucun élément ne vient y inclure une autre fonction (fig. 23). Ce cadre qui semblerait idéal pour favoriser les rencontres entre les résidents n’est qu’un endroit de promenade. La crainte étant, qu’en permettant aux habitants d’utiliser cet espace, cela nuirait à la quiétude générale du lieu. L’idée de sérénité fait partie intégrante du style de vie Val Européen. Les habitants se payent ainsi le luxe de vivre à l’écart des nuisances. En acceptant d’habiter dans ces ensembles privés, ils choisissent un mode de vie commun dont ils acceptent les qualités. L’ensemble de la ville nouvelle est construit sur ce modèle ou chacun tente de se calfeutrer chez soi.

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fig. 23 - Cour intérieure


b. Une volonté de se couper et se protéger de la vue de tous En plus de vouloir se protéger physiquement, on remarque une tendance à vouloir se protéger de la vue d’autrui.

« Pour vivre heureux, vivons caché » Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)

fig. 24 - Palissade en gazon synthétique

À Bailly-Romainvilliers, dans le quartier résidentiel étudié dans la partie 3.A.a., nombreuses sont les habitations où les palissades sont (ou ont été) rendues opaques. Les clôtures, qui laissaient initialement passer la vue, ont été complétées par divers moyens. Ces derniers vont de la taule opaque noire (fig. 25) au rideau de pelouse artificielle (fig.24) ou encore à la palissade en bois. Les habitants ont pour point commun de vouloir empêcher la vue de la rue vers leur propriété.

fig. 25 - Cloture recouverte de taules noires

Plus à l’Est de ce quartier, la densité d’habitations est plus faible et ces dernières ont toutes un jardin autour d’elles. Cet espace vert a été clôturé par les habitants d’une barrière végétale de haies, toutes taillées au mieux.

fig. 26 - Avertisseur sonore

fig. 27 - Dispositif de surveillance vidéo

La protection n’est pas seulement visuelle. Sur ces mêmes palissades, il n’est pas rare de trouver des autocollants de compagnies de télésurveillance. Ceux-ci indiquent que la maison dispose d’un système d’alarme. La mise en avant de tels systèmes ne s’arrête pas là. En effet, on distingue fréquemment sur la façade principale un boitier correspondant à l’avertisseur sonore (fig. 26) de ce même système. J’ai également pu observer que certaines maisons étaient équipées d’une caméra, filmant les accès au domicile (fig. 27).

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Hacène Belmessous évoque en effet une rivalité entre les habitants. Parmi eux, ceux qui ont pu se permettre d’acheter une maison du promoteur Kaufman & Broad. Les « Kaufman », comme on les appelle à Val d’Europe. Cette appellation serait stigmatisante au plus haut point.

« Regardez cette maison. Elle fait partie d’un programme Kaufman. Ceux qui s’y installent ne disent jamais bonjour, jamais bonsoir. Ils ont une mentalité particulière, ils se la jouent ».

Un habitant de Bailly-Romainvilliers13

Il règne alors une forme de mépris entre les individus. Les « Kaufman » peuvent se permettre d’accéder à des logements plus onéreux, mais aussi, selon un habitant: « clean, carré, spacieux et qui sont toujours situés dans les cadres les plus recherchés ». Les « anti-Kaufman » seraient ceux qui rêveraient d’une maison issue d’un tel programme mais qui devraient se contenter d’un logement moins coté. Les dissonances entre les habitants parviennent au sein même du Val d’Europe. La propriété de chacun entre en jeu dans la classification des individus. Cette forme de matérialisme serait l’essence même des rivalités entre Val Européen. Ces mêmes rivalités qui distinguent les habitants du secteur IV du reste de la population. La ville nouvelle serait ainsi une enclave où les habitants, partis chercher une vie calme et sereine, se trouvent confrontés à l’individualisme de leurs nouveaux voisins.

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- Belmessous, Hacène. Le nouveau bonheur français ou le monde selon Disney. Nantes, L’atalante, 2009, page 104


Conclusion L’installation du cluster loisirs au sein du Val d’Europe a pu être possible car celui-ci a été considéré comme une aubaine pour le territoire. D’une part, il a permis de d’assurer l’avenir du secteur IV de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, mais aussi de devenir un foyer économique tourné autour de l’industrie du loisirs. La future nouvelle attractivité du site et la création d’emplois ont été des motifs suffisants aux démarches entreprises conjointement avec l’Etat pour favoriser l’implantation du projet de la Walt Disney Company. Néanmoins, l’implantation et les pouvoirs légués à la multinationale lui permettent encore aujourd’hui d’avoir le dernier mot sur toutes les décisions concernant le secteur IV. Ces décisions sont toutes orientées en faveur de la Walt Disney Company. La ville Disney qui s’est peu à peu construite fait abstraction de la réalité du territoire pour promouvoir un idéal décontextualisé. En se positionnant de manière franche et en instaurant des codes stricts, la compagnie américaine a su créer en France un territoire où le partenariat public-privé a tourné à son avantage. Il est apposé à l’ensemble des villes nouvelles du secteur IV des problématiques plus complexes que la quête d’une identité commune par exemple. L’architecture du décor renferme des problèmes plus douloureux derrières ses façades de ville propre et bien entretenue. L’harmonie théâtrale organisée par Disney n’est qu’un cadre de vie idéalisé. La ville profite au touriste et au consommateur, très peu à l’habitant et au travailleur. Le Val d’Europe, initialement prévu pour accueillir 40 000 habitants et les faire vivre en harmonie, se trouve être un refuge pour la classe moyenne supérieure. Cette même catégorie de population suscite l’envie de ceux qui ne peuvent se permettre d’habiter au sein du secteur IV. Néanmoins, ce microcosme continue de séduire de futurs habitants. L’avenir du Val d’Europe dépendrait donc de la capacité de Disney à continuer à faire rêver la population française à un avenir, au sein de ses nouvelles villes, digne d’un conte de fée.

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Iconographie Fig. 1: source: Belmessous, Hacène. « Disney à Val d’Europe: La ville rêvée des anges », in Urbanisme, n°323, page 19 Fig. 2: Walt Disney par Earl Theisen Fig. 3: Rendering of EPCOT / ”Progress City”, 1965. Source: http://progresscityusa.com/page/57 Fig. 4: Copyright: Disneyland Paris. Source: http://www.leparcorama.com/2012/03/16/walt-disney-studios-park-celebrates-10-years-of-troubles/ Fig. 5: Walt Disney Production, 1960. Source: http://www.themeparktourist.com/features/20150607/30334/ horizons-depth-look-back-epcots-view-future Fig. 6: Carte schématique sur la base d’une vue satellite Google Maps Fig. 7: Copyright: Disney. Source: http://disneyandmore.blogspot.fr/2013_08_01_archive.html Fig. 8: - Disneyland Anaheim. Source: http://www.adventurevacationcruiselineblog.com/2012/04/26/a-disneyland-vacation-makes-magic-for-family-bonding/disneyland-sleeping-beauty-castle/ - Magic Kingdom. Copyright: Matt H. Wade - Tokyo Disneyland. Source: http://www.japanesesearch.com/overview-of-the-attraction-areas-of-tokyodisneyland/ - Disneyland Paris. Source: http://tamsinml.blog.com/2014/10/05/i-want-to-go-roadtripping-searchingfor-castles/ Fig. 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26 et 27: photographies personnelles Fig. 12, 13, 18 et 20: Cadastre sur la base d’un support issus de geoportail. Couvertures: photographies personnelles

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Bibliographie Alphandéry, Pierre. « La nature de Disneyland Paris », Communications. n°61 (1996), pages 79 à 91. Bédarida, Marc. « The Two Cities: The Euro-Disney Park at Marne-La-Vallée », Lotus. n°171 (1992), pages 24 à 35. Belmessous, Hacène. « Disney à Val d’Europe: La ville rêvée des anges », in Urbanisme, n°323, pages 18 à 23. Belmessous (Hacène), Le nouveau bonheur français ou le monde selon Disney, Nantes, L’atalante, 2009, 154 pages. Chabard, Pierre. « La thématisation du territoire: planification et maîtrise d’ouvrage privée à Val d’Europe », Cahiers Thématiques: architecture, histoire, conception. n°6 (2006), pages 208 à 219. Finch (Christopher), The Art of Walt Disney from Mickey Mouse to the Magic Kingdoms, New-York, Concise Edition, 1999 Hachache, Nora. « Val d’Europe, Une production urbaine signée Disney », Le Moniteur. n°5241 (7 mai 2004), pages 42 à 45. The Imagineers (and Alex Wright), The Imagineering Field Guide to Disneyland, An Imagineer’s-Eye Tour, Glendale, Disney Editions, 2008

Webbibliographie Disneyland Paris, Disney’s Sequoia Lodge, [page consultée le 20 mai 2016], disponible sur internet: http://www.disneylandparis.fr/hotels/disneys-sequoia-lodge/ Public Sénat TV. Attention Grands Travaux! (saison 2) 26/07 - La Ville Rêvée de Mickey. [Vidéo en ligne]. <http://replay.publicsenat.fr/emissions/attention-grands-travaux/la-ville-revee-de-mickey/francis-borezee,vincent-pourquery-de-boisserin,jean-paul-balcou,olivie/116350>. (consulté le 20 mai 2016).

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Centre urbain du Val d’Europe


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