P # 22 jan fĂŠv
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Arts, musique, business, g o û t, d e s i g n : L e s c r é at i f s s o n t da n s p r o c e s s .
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Arts
09 / lire, lire, lire, lire, lire 10 / Jérôme Descamps 1 4 / n i c o l a s r i va l s 2 2 / pa g e s & i m a g e s 24 / the kid 44 / Axel Coeuret 45 / Pei-Lin Cheng
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muSique
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B
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assisté d'amélie luca
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goût
08 / la recette d'arnaud lallement 3 8 / L ’a r t d u s u b t i l : l e K ô d ô
Le magazine PROCESS es t disponible gratuitement dans 170 point s de dépôt à Reims, 25 à épern ay, 40 à c harleville, et 25 à C hâlons. retrouvez toute l a lis te sur www.process-mag.com Magazine à parution bimes trielle. PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE ISSUE DE L A SÉRIE l a linea roja . © nicol as rivals
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contri- PLA buteurs BENOÎT PELLETIER éditeur directeur créatif & photographe
© Stéphane de Bourgie
anne de la giraudière journaliste
JULES FÉVRIER journaliste & photographe
marie-charlotte burat rédactrice, toujours entre deux expos
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Jérôme Descamps réalisateur & montreur de films
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Peggy Leoty communication / événementiel / relations presse
CYRILLE PLANSON redac-chef La Scène, Le Piccolo, Théâtre(s) mag
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JUSTINE PHILIPPE journaliste
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PLAYLIST uteurs PLAYLIST T é n é b r e u s e s é to ile s PAR alexis jama bieri
© dr
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Are friends electric ?
Fishbach
Tubeway Army
Pour ouvrir la nouvelle année, Fishbach reprend, Tombe la neige, en lui apportant sa présence obsédante, magnétique et animale. Le morceau alors remis au goût du jour par la chanteuse surdouée, devient un sommet de chanson pop postmoderne, prenant une toute nouvelle dimension, entre voix habitée et synthés glacés. Tombe la neige, qui fut composée et interprétée par Adamo, est initialement sortie en 45 tours durant l’été 1963, un paradoxe pour un titre comportant le mot « neige ». Chanson de désespoir, de rendez-vous manqué avec l’amour, sa forme en fait un titre emblématique des années yéyé au début des 60’s.
Are friends electric ? est l’unique succès du groupe anglais Tubeway Army mené par Gary Numan. Enregistré en janvier 1979, il figure parmi les premiers morceaux offrant une place prépondérante aux synthétiseurs, qui bénéficièrent d’un honorable succès à la fin de la période punk, et ouvrirent la période New Wave qui marquera les 80’s. Les paroles écrites par Gary Numan sont inspirées d’une relation du chanteur qui venait de se terminer et décrivent un univers fortement marqué par l’isolement et la paranoïa. C’est cette noirceur textuelle et musicale qui fait de Are friends electric ? une pépite New Wave.
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La fille aux couleurs éternelles
Tainted Love
Rouge Congo
Sara Fuego
Le groupe rémois fondé en 2013 a sorti son premier album « l’Ile noire » en novembre 2018. C’est à l’occasion de la release party qui s’est tenue à Reims au Lieu, que le public a pu découvrir toute l’étendue du répertoire du groupe influencé par la pop des 70-80’s. Pas de gorille ni de fouet ici, mais un hymne pop à l’équilibre parfait. Mais qui est cette fille aux couleurs éternelles ?
Encore une reprise, dark et lo-fi d’un titre phare des 80’s Tainted Love. Le morceau, synthétisé et calmé nous invite à nous abreuver de son philtre éthéré. Sara Fuego est l’une des nouvelles têtes de la scène électronique qui a sorti en septembre 2018 son premier album éponyme. La version originale de Tainted Love, interprétée par Gloria Jones est sortie en 45 tours en 1965. Face B du disque le titre passe inaperçu jusqu’à sa redécouverte 8 ans plus tard par le DJ anglais Richard Searling qui lui donna une nouvelle vie en club. Mais c’est avec sa reprise par le groupe anglais Soft Cell en 1981 que le titre va acquérir sa plus grande notoriété. Ralentissant le tempo et remplaçant les instruments originaux par des synthétiseurs, Soft Cell en fait une des pierres de voûte de la synthpop.
L’ivresse
At Night (Peggy Gou’s Acid Journey Remix)
Feu ! Chatterton
Shakedown
Cinquième titre du second album du groupe Parisien « l’oiseleur » sorti au printemps 2018, L’ivresse c’est l’histoire du lâcher prise, pour fuir ou se découvrir autre… avec une autre ? Cette poésie chantée inscrit les belles lettres dans leur contemporanéité où s’entrechoquent réalisme contemporain et onirisme suranné. « Et votre moue boudeuse fut comme un baiser, sur mes lèvres frileuses » nous dit-elle, avant de répéter « ca y est je suis raide ». Troquons le vin rouge capiteux du bar cosy pour le champagne des fêtes. Encore quelques bulles et… Ca y est, je suis raide.
Rapidement devenue l’une des figures féminines les plus importantes des musiques électroniques en bouleversant les codes et les barrières de la House, l’artiste berlinoise d’adoption Peggy Gou a récemment sorti son premier album. Peggy Gou a retravaillé At Night, un des titres emblématiques des frères suisses Mandrax et Seb K, qu’elle jouait depuis un moment dans ses sets, où durant sept minutes les synthés saturés rehaussés de son charme irrésistible guident l’auditeur à travers le morceau emblématique des 80’s. Pour danser dans le noir après minuit.
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Tombe la Neige
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news cloud faut pas rater ça
à partir du
22/02
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Van Gogh, La nuit étoilée
Atelier des Lumières / Paris
La nouvelle exposition numérique de l’Atelier des Lumières propose une immersion dans les toiles de Vincent van Gogh, génie ignoré de son vivant, qui a bouleversé la peinture. Épousant la totalité de l’espace de l’Atelier, cette nouvelle création visuelle et sonore retrace la vie intense de l’artiste tourmenté qui peignit pendant les 10 dernières années de sa vie plus de 2000 tableaux, aujourd’hui dispersés à travers le monde.
jusqu'au
14/01
Jazz - Matisse
atelier-lumieres.com
Palais des Beaux Arts / Lille
Artiste majeur du XXe siècle, Henri Matisse fait en 1947 un extraordinaire cadeau au Palais des Beaux-Arts de Lille : l'une des suites de 20 planches qui viennent tout juste d'être éditées par Tériade sous le titre Jazz. Cet album ouvre la voie à une nouvelle modernité
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pba-lille.fr
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03/02
Les Nadar, une légende photographique La BnF présente la première grande exposition consacrée aux trois Nadar : Félix Nadar (1820-1910), son frère Adrien Tournachon (1825-1903) et son fils Paul Nadar (1856-1939). Trois cents pièces témoignent des spécificités de chacun des trois photographes, de leurs collaborations comme de leurs rivalités, au cœur d'un parcours qui met en lumière l’histoire de l’atelier des Nadar pendant près d’un siècle. bnf.fr
© PAUL NADAR
BNF - site François Mitterand / Paris
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21/01
Jean-Michel Basquiat + Egon Schiele
fondationlouisvuitton.fr
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Deux artistes, deux univers, deux parcours. L’exposition se déroule en deux parcours distincts afin de respecter les deux univers des artistes. D’un côté Jean-Michel Basquiat, peintre majeur du XXe siècle, qui évolua dans le New York des années 80 et sa culture Underground. D’un autre côté Egon Schiele, peintre viennois expressionniste du début du XXe siècle. Ces deux artistes prolifiques, qui se sont éteints avant d’atteindre la trentaine, ont laissé derrière eux une œuvre courte mais à l’impact fort. L’exposition tente ainsi d’ériger des ponts entre ces deux figures artistiques du XXe siècle.
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Fondation Louis Vuitton / Paris
jusqu'au
10/02
JR. Momentum. La mécanique de l’épreuve. Maison Européenne de la photo / Paris Travaillant à la fois la photographie, le cinéma, le spectacle vivant et les arts visuels en général, JR mobilise des communautés, des quartiers et des villages entiers. Par des formats démesurément grands, il donne une voix aux anonymes. L’exposition présente de nombreux projets et immerge le visiteur au sein même du processus créatif de JR. Elle rassemble notamment les premières photographies de l’artiste, des collages de format monumental de ses plus grands projets, et plusieurs installations inédites. mep-fr.org
11/02
Clotho, une aventure.
Conversation avec Camille Claudel par Armelle Blary Musée des Beaux Arts + Bibliothèque Universitaire Robert de Sorbon / Reims De 2014 à 2018, Armelle Blary a travaillé à un ensemble de sculptures dont la particularité est d’avoir été conçues, créées en regard de l’œuvre de Camille Claudel. Clotho, comme figure dramatique de la destinée humaine, a constitué le point de départ de ce long échange, traversé de questions existentielles et esthétiques. Les causeuses, La Vague, Vertumne et Pomone, nourrissent le dialogue. Un portrait de Camille Claudel travaillant à l’un de ses grands nus devient lui aussi une œuvre de référence stimulant la réflexion sur l’acte créateur. musees-reims.fr
jusqu'au
15/04
Peindre la nuit
© peter doig
Centre Pompidou - Metz À travers une approche liée à la perception de la nuit plutôt qu’à son iconographie, cette exposition se présente elle-même comme une expérience nocturne, une déambulation qui transforme le visiteur en noctambule, et qui transmet ce vertige que procure la nuit : vertige des sens, vertige intérieur, vertige cosmique. On avance dans l’exposition comme on avance dans la nuit. centrepompidou-metz.fr
jusqu'au
27/01
Barbara Carlotti La Comédie / Reims
© ÉLODIE DAGUIN
© BENOÎT PELLETIER
Artiste atypique de la scène française, Barbara Carlotti développe un univers très personnel, entre pop hypnotique et chansons à textes. Son nouvel album s’intitule « Magnétique ». Magnétique comme le sont ses textes, son univers, sa musique, sa personnalité et ses rêves qui ont nourri ce cinquième opus… Concert proposé dans le cadre de Reims Scènes d'Europe. cartonnerie.fr
jusqu'au
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Tutto Ponti, Gio Ponti archi-designer
jusqu'au
07/04
Fendre l’air, art du bambou au Japon Musée du Quai Branly / Paris Regroupant plus de 200 oeuvres, l’exposition retrace l’évolution de la vannerie artisanale en bambou. Aujourd’hui encore relativement méconnu en France, cet art typiquement japonais est à l’origine d’un champ artistique extrêmement riche. Subtil et délicat, il étonne en effet par la grande diversité de sa production, le mélange des styles, la beauté du geste ou encore le savoir-faire. quaibranly.fr
© GIO PONTI / CHAISE SUPERLEGGERA
Musée des arts Décoratifs / Paris
© dR
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Créateur prolifique, autant intéressé par la production industrielle que par l’artisanat, Gio Ponti a bouleversé l’architecture d’après-guerre tout en ouvrant les perspectives d’un nouvel art de vivre. L’exposition couvre l’ensemble de sa longue carrière, de 1921 à 1978, mettant en lumière les nombreux aspects de son travail, de l’architecture au design industriel, du mobilier au luminaire, de la création de revues à son incursion dans les domaines du verre, de la céramique, de l’orfèvrerie. madparis.fr
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Poularde de la Cour d'Armoise, Artichaut barigoule Arnaud Lallement
Poularde 2 blancs de poularde de la Cour d’Armoise (pris dans une poularde de 2 kg) | 1 noix de beurre doux | Sel, poivre | Fleur de sel Assaisonner les blancs, les filmer bien serrés en respectant la forme de la poularde, les cuire sous vide 1 heure 30 à 56 °C, laisser refroidir. Faire colorer les blancs des deux côtés dans un peu de beurre quelques minutes, assaisonner avec du sel et du poivre. Tailler chaque blanc en deux dans la largeur, napper de sauce poularde, ajouter un peu de sel de Guérande. Sauce poularde 1 kg de carcasses de poularde | 50 g de beurre doux | 100 g de carottes | 75 g de poireaux | 50 g d’oignons | 1 gousse d’ail | 50 g de céleri-branche | 3 branches de persil | 1 bouquet garni | 2 l d’eau Concasser les carcasses de poularde, les faire revenir dans le beurre jusqu’à coloration blonde, débarrasser, garder les sucs pour faire colorer les légumes, épluchés et taillés en mirepoix. Dégraisser, remettre le tout dans la cocotte, avec le persil et le bouquet garni, mouiller d’eau à hauteur. Cuire 2 heures 30, en écumant, puis passer au chinois, dégraisser et faire réduire la sauce à consistance sur feu doux pendant 20 minutes environ. Artichaut poivrade 2 artichauts poivrade | 30 g de carotte | 30 g d’oignon | 30 g d’échalote | 20 g de beurre doux | 50 g de vinaigre de Reims | 500 g d’eau | 5 g de tomate séchée | 1 g d’épice zaatar | Sel, poivre Faire revenir la garniture (carotte, oignon, échalote) taillée en mirepoix dans le beurre, ajouter les artichauts tournés, déglacer au vinaigre de Reims, verser l’eau, laisser cuire doucement 15 à 20 minutes, vérifier l’assaisonnement.
Tailler les artichauts en deux dans la longueur. Sur feu doux, faire réduire le jus de cuisson aux deux tiers, 10 minutes environ. Au moment du dressage, glacer les artichauts : les faire chauffer doucement dans une poêle avec le jus de cuisson réduit jusqu’à ce que le liquide de cuisson se transforme en sirop et enrobe les artichauts d’une pellicule brillante. Ajouter la tomate séchée hachée et les épices. Purée d’artichauts 2 fonds d’artichauts | 30 g d’oignon | 30 g d’échalote | 20 g d’huile d’olive | 50 g de vin blanc | 500 g d’eau | 100 g de crème liquide | Sel, poivre Faire revenir l’oignon et l’échalote hachés dans l’huile d’olive, ajouter les fonds d’artichauts taillés en morceaux, déglacer au vin blanc, verser l’eau, laisser cuire pendant 20 minutes à feu doux. Passer au chinois, mixer les artichauts avec la crème liquide et un peu de bouillon suivant la consistance désirée, vérifier l’assaisonnement. Dressage Roquette | Copeaux de parmesan | Fleurs de thym Dans chaque assiette, déposer à gauche une quenelle de purée d’artichauts, un demi-artichaut glacé, napper à la cuillère avec le glaçage des artichauts poivrade. Décorer de roquette, d’un copeau de parmesan et d’une fleur de thym. À droite, poser un demi-blanc de poularde nappé de sauce.
Ma préférence va pour la poularde de la cours d'Armoise, élevée par Pascal Cosnet dans la Sarthe. Je rôtis les suprêmes sur le coffre pour avoir une chair moelleuse et encore plus goûteuse.
»
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© matthieu cellard
par
«
Lire, lire lire, lire, lire
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art
Pour les membres de « Reims aime lire » (ils sont plus de 500 maintenant), la lecture est une addiction. Je l’ai senti en les rencontrant. Et c’est l’une des raisons pour laquelle, d’abord virtuel, ce groupe Facebook, créé en juin 2017 par Sandrine Bigand et Céline Soëf, est très vite devenu réel puisqu’il se réunit une fois par mois au centre-ville de Reims. Ses objectifs ? Permettre à chacun de bavarder avec d’autres lecteurs passionnés ; d’échanger quelques bonnes adresses de librairies, de boîtes à livres, de salons ; de découvrir de nouveaux auteurs sans avoir à débourser un centime ; de se familiariser avec des genres littéraires dont ils n’ont pas l’habitude ; mais surtout de se laisser tenter par l’inconnu. Et l’inconnu, c’est cet auteur dont le nom ne nous dit rien du tout (ou que l’on a, justement, déjà entendu quelque part et que l’on brûle de découvrir), cet ouvrage dont le titre éveille en nous un intérêt, cette quatrième de couverture au résumé attirant ou énigmatique, ou ces quelques lignes lues au hasard lorsque l’on ouvre un livre pour la première fois et que l’on tente de discerner si le style nous plaît, si les pages nous parlent… Eux
« Il faut que je tourne les pages, que je les touche »
Des gens de tout âge, venant d’horizons différents, se déplacent lors de ces rendez-vous mensuels. Sandrine Bigand est femme au foyer, Nathalie Lambert est aide-soignante, Sylvie Belgrand travaille chez Orange et profite de son temps libre pour dessiner et écrire, Céline Souëf est archiviste-documentaliste, Ricardo Salvador est écrivain, Valérie Marsat travaille la nuit… Si « diversité » semble donc être le bon mot pour décrire ce groupe de lecture, une chose m’a cependant tout de suite sauté aux yeux : les femmes y sont bien plus présentes que les hommes, même si, au fur-et-à-mesure de la soirée, organisée en terrasse à l’Edito, au 80 place Drouet d’Erlon, quelques membres du sexe masculin sont venus rejoindre nos rangs, comme pour donner tort aux statistiques que j’étais en train de faire dans ma tête.
Il y a, avec tout livre, un rapport sensuel, et Sandrine le reconnaît bien volontiers. Si l’objet livre lui plaît, elle n’a pas très envie d’essayer ces liseuses dont certains prônent l’aspect pratique. Elle préfère avoir sa bibliothèque chez elle, même si cela prend un peu de place. Si elle y garde précieusement, pour ses enfants (l’un a 21 ans et le second 12 ans), quelques classiques de la littérature française - Molière, Zola, etc. - son attachement envers certains livres reste cependant passager : « Lorsque j’ai lu un livre une fois, je n’ai pas forcément envie de le relire… » Autre adepte de la bibliothèque : Valérie. Elle y garde plus de 600 livres ! Passionnée d’ouvrages sur le terroir – genre qu’elle semble un peu peinée de ne pas réussir à rendre attrayant aux yeux des autres membres du groupe – elle apprécie aussi les récits de voyage et les livres publiés par certains hommes politiques. Républicaine depuis vingt ans, elle annonce, le sourire aux lèvres, avoir déjà lu des écrits de Nicolas Sarkozy, de Bruno Le Maire mais aussi de François Baroin. Quant à Sylvie, avec qui j’ai régulièrement échangé quelques mots puisqu’elle était assise à côté de moi, elle m’a avoué le nom de l’un des lieux où elle a l’habitude d’aller chercher des livres à Reims – Le Grenier de Betti-Rose, au 25 boulevard Dauphinot – mais aussi l’instinct protecteur qui est le sien vis-à-vis des BD qu’elle collectionne (« j’aime quand elles sont très graphiques », précise-t-elle) : alors qu’elle pourrait en apporter quelques-unes lors de ces séances de livres-échanges, elle préfère les garder chez elle, de crainte qu’elles ne s’abîment trop vite ou que quelqu’un oublie de les lui rendre.
Partout, des livres
Ce mardi 11 septembre, nous étions une quinzaine et sur les tables, des dizaines de livres étaient éparpillés : Polichinelles dans le terroir de Jacques Mondoloni, La cavale du géomètre d’Arto Paasilinna, Le Champ de personne de Daniel Picouly, Elle est chouette, ma gueule ! de Sim, et bien d’autres. Chacun avait ramené ses petits trésors, ou son « précieux », comme dirait l’une des membres du groupe et les livres étaient là pour être prêtés, donnés, choisis. Autour de la table, tout le monde les couvait du regard avec affection et curiosité. « On se bat parfois pour certains livres » m’a révélé Sandrine. Serait-ce pour les polars, qui, d’après ce que j’ai entendu ce soir-là, ont la cote ? « On a tous nos chouchous » s’est exclamé Nathalie. Si Sandrine, qui lit deux à trois livres par semaine et qui vient de terminer la lecture d’Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, avoue sa préférence pour ce genre littéraire, Sylvie, elle, est friande de biographies, de bandes dessinées, et de thrillers. Elle aime Stephen King, Henry Loevenbruck, et Arturo Pérez-Reverte. Un peu plus tard, Nathalie me dit adorer Philip Roth tandis que Céline cite Ken Follett. Quant à Jean-Michel, amateur « d’histoires d’amours invraisemblables » (ce sont ses mots), il a un faible pour Guillaume Musso, Jean d’Ormesson et écrit, quand son travail lui laisse un peu de répit, quelques poèmes. Parfois, bien sûr, certains livres « récoltés » lors de ces moments d’échange ne plaisent pas : « c’est nian nian » m’a à un moment glissé l’une des membres de « Reims aime lire » à propos de 80 notes de jaune de Vina Jackson, avant d’ajouter qu’elle avait « abandonné sa lecture à cause du style ».
« Je reviendrai »
Au fil de ces rendez-vous, qui ont débuté à L’Apostrophe, et qui n’ont jamais lieu les mêmes jours ou aux mêmes heures, ces lecteurs apprennent à se connaître. À table, l’ambiance est chaleureuse, détendue et chaque nouveau venu est accueilli avec plaisir. Arnaud, pour qui c’est le première rencontre avec « Reims aime lire », nous a raconté comment il en était venu à sauver six Agatha Christie tous neufs de la déchetterie. Quant à Pierre, nouveau aussi, il a pris le temps de regarder les livres qui se trouvaient sur la table puis est reparti peu de temps après en disant : « aujourd’hui, je fais de la prospection, je reviendrai… » Rendezvous dans un mois !
F B : R e i m s a i m e l i r e ! B l o g : h t t p s : // r e i m s a i m e l i r e . w o r d p r e s s . c o m /
TEXTE justine philippe
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Jérôme Descamps l’ infatigable militant du cin é ma
Le réalisateur sort en janvier un nouveau court-métrage, sensible et nostalgique, " l'hÔtel sans fin ". il a pour sujet la mue de l'hôtel continental à reims.
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À vrai dire, à l’heure d’évoquer ses premiers souvenirs marquants de cinéma, Jérôme Descamps ne sait plus vraiment quel désir l‘a conduit à franchir, de plus en plus souvent, les portes d’un cinéma à CharlevilleMézières, la ville de son enfance. Le réalisateur, par ailleurs directeur de La Pellicule ensorcelée, se rappelle la fascination qu’ont très vite exercé sur lui les images et les univers incroyables des réalisateurs qu’il découvrait alors « un peu au hasard des programmations ». Il a 17 ou 18 ans au mitant des années 1970. Trois films pour autant de « claques » : Le Casanova, de Fellini, L’œuf du serpent, de Bergman et L’honneur perdu de Katharina Blum, de Volker Schlöndorf. Le jeune homme est troublé par cette manière si intime, et si puissante de dire le monde. On pourrait imaginer que son parcours, à l’âge de tous les possibles, le mène vers le monde du cinéma.
Mais c’est une autre passion qui le rattrape et le conduit pendant vingt ans à se mettre au service de la création et des artistes. Il travaillera dans l’administration et la production, d’abord au Théâtre du Campagnol, dans les années 1980. Une compagnie d’abord, fondée par le comédien et metteur en scène Jen-Claude Penchenat, qui s’installe dans une piscine désaffectée des années 1930 à Châtenay-Malabry (92), en banlieue sud de Paris, puis devient Centre dramatique national. Une belle aventure artistique et culturelle comme il pouvait encore s’en écrire à cette époque rêvée de la décentralisation culturelle. Il fonde ensuite avec Agnès Troly ce que l’on nommerait aujourd’hui un bureau de production, pour accompagner les projets artistiques de François Rancillac et Olivier Py. Agnès Troly est toujours auprès de l’actuel directeur du Festival d’Avignon, dont elle est conseillère à la programmation.
Concours de circonstances
L ’ idée du cinéma lui était alors sortie de la tête, ou presque. Jusqu’à ce jour de 1998 où, en discutant avec Agnès Troly, il lui parle d’une histoire qu’il a en tête et de la façon dont il aurait aimé la filmer. « Mais pourquoi ne l’écris-tu pas, ce film ? », lui lance sa complice. C’est cette conversation a priori anodine qui changera pourtant la vie de Jérôme Descamps. Une boîte de production est prête à l’accompagner dans son projet, le film est lancé, tourné, mais la société en question fait faillite. « Je n’avais plus le choix. Je suis allé récupérer les bandes, j’ai dérushé, j’ai fait le montage », se souvient-il. Et c’est à ce moment-là que l’activité qui aurait pu être dilettante devient première et viscérale. Mademoiselle Eva, son premier court-métrage, sort en 2001. Le film connaît un certain succès, circule dans les festivals, reçoit plusieurs prix et permet à son réalisateur
de nouer de plus en plus de contacts. « Je circulais dans ces festivals, je les découvrais, je prenais conscience de la richesse de la production. Et, en même temps, je voyais bien que tout cela ne parvenait pas jusqu’à Reims et Charleville, deux villes qui m’étaient chères ». Il crée alors la Pellicule ensorcelée dans le but de faire circuler ces courts-métrages documentaires ou de fiction, de les proposer partout, dans les villes en association avec les réseaux de cinéma, mais aussi dans les campagnes, en lien avec des maires accueillants ou des bibliothécaires cinéphiles. Ce travail se poursuit toujours, il est même dans sa 17e année. « Je suis toujours étonné de la manière dont nous sommes reçus dans les petites communes. Parfois par 30 ou 50 personnes, mais toujours avec un tel appétit de découvertes, l’attente d’une exigence dans nos choix et beaucoup d’enthousiasme dans les débats qui s’ensuivent ». En janvier dernier, La Pellicule Ensorcelée s’est alliée à l’association Télé Centre Bernon (Epernay) pour fonder le Blackmaria, pôle régional d’éducation aux images de Champagne-Ardenne. En parallèle à tout cela, celui qui est devenu cette année, président de l’Agence nationale du court-métrage, poursuit son parcours de réalisateur. Il tourne plusieurs court, « en payant d’abord mon tribut au théâtre », sourit-il, réalisant le portrait de l’auteur Philippe Minayana (La secrète architecture du paragraphe, 2002) ou un documentaire consacré au spectacle de Michel Raskine, sur texte de Manfred Karge, Max et Blanche Neige (2004). Puis, il s’en affranchit avec une fiction au titre sublime, L’herbe collée à mes coudes respire le soleil, ou la rencontre furtive d’un homme et d’une femme dans l’univers morne une rame de RER (2006). Récemment, il a présenté Oser, un documentaire expérimental de dix minutes, une recherche sur la mémoire prenant appui sur quelques photos personnelles.
Un court-métrage tourné à Reims
S’il y a des attaches et s’il y passe beaucoup de temps pour ses activités professionnelles, assez étrangement, il n’avait jamais eu l’occasion de tourner à Reims. C’est désormais chose faite, avec L’Hôtel sans fin, un documentaire qui s’inscrit dans un lieu emblématique de la vie rémoise, l’Hôtel Continental, situé à l’angle de place d’Erlon. Si les Rémois n’ont aucune raison d’y entrer, ils l’ont assurément dans l’œil, parfois depuis leur plus jeune âge. C’est dans cette vénérable institution que Jérôme Descamps a pris l’habitude de séjourner, depuis très longtemps, dès qu’il doit passer quelques
jours à Reims pour ses activités. « C’est un lieu que j’ai toujours trouvé étonnant, avec ses enfilades de couloirs, ses entresols, ses escaliers un peu partout qui désorientent même les habitués. Et puis les chambres. Elles étaient toutes différentes les unes des autres, colorées, fantaisistes, meublées au petit bonheur la chance avec des objets dépareillés », explique-t-il. Loin des canons des hôtels d’aujourd’hui et de leurs chambres toutes identiques, à Paris, Shangaï… ou Reims. « Cet hôtel avait sa personnalité, ses propriétaires chinaient des objets, achetaient des tableaux pour les placer dans les
chambres ». L’hôtel a été revendu et réhabilité, ses propriétaires, proches de la retraite, ne souhaitant pas s’investir dans sa coûteuse remise aux normes, et Jérôme Descamps a filmé trois temps de cette histoire : les dernières semaines de l’Hôtel Continental, son déménagement et sa fermeture, puis le temps des premiers travaux sur lesquels se referme le film. « Je me rends compte maintenant que L’Hôtel sans fin est d’abord un film nostalgique, la nostalgie de la fantaisie, du non-conformisme, de tout ce qui aujourd’hui nous échappe peu à peu dans ce monde standardisé ». Au moment de se quitter, ce curieux invétéré cite, pêle-mêle, ses coups de cœur du moment, rappelant sa passion pour l’opéra et la dernière mise en scène de Roméo Castellucci, son admiration pour Thomas Jolly, Ivo van Hove ou Thomas Ostermeier, la figure tutélaire du réalisateur Alain Cavalier, si important dans son parcours, tant admiré, mais aussi le Suisse Claude Barras (Ma vie de courgette), les frères Stephen et Timothy Quay – « quelle claque ! », ajoute-t-il - et, dans la jeune génération Sarah Arnold – « je suis sûr qu’elle pourra faire un long-métrage très bientôt », assure-t-il - ou Hubert Charuel (Petit Paysan). Sans compter la marionnette de Yngvild Aspeli dans Chambre noire (Compagnie Plexus Polaire) ou « ce film paraguayen, tellement formidable, que j’ai vu il y a deux jours »… Intarissable et pasionnant, doué un sens inné de la convivialité, Jérôme Descamps est un passionné à l’énergie communicative. Celles et ceux qui le côtoient au gré de ses pérégrinations dans les villes et communes rurales de feu la Champagne-Ardenne le savent bien. On ne devient pas militant, on l’est ou on ne l’est pas.
Un film produit par une société rémoise Le film L’Hôtel sans fin est produit par 5ème Saison, une jeune société de production rémoise. Son gérant est Mathieu Mallaisé, lui-même réalisateur. Il collabore sur ce projet, et sur d’autres, avec Alexandre Lorin pour l’image ou Olivier Vaillant pour la musique… La toute jeune société de production cinématographique et audiovisuelle a été créé voici moins d’un an. L’Hôtel sans fin est aussi coproduit par viàVosges, avec la participation du Réseau des Télévisions du Grand Est Le Cercle Méliès, ainsi que le soutien de La Région Grand Est Et la participation du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée
L’Hôtel sans fin U n d o c u m e n ta i r e d e 5 2 m i n u t e s r é a l i s é pa r J é r ô m e D e s c a m p s La première projection est prévue à Reims au cinéma Opéra, le 14/01 - 20h30 s u r r é s e r vat i o n à m a i l c o n ta c t @ 5 - s a i s o n . c o m
TEXTE cyrille planson portrait benoît pelletier
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A
art
p ort f ol io
nicolas rivals
Voici la série « La linéa roja » de Nicolas Rivals, un photographe, auteur, de 32 ans, qui pratique son art depuis une dizaine d’années entre commandes, résidences, et surtout, le développement d’un univers personnel avec une vision claire et une belle rigueur intellectuelle. Si il est un adepte du « light painting », ce qui pourrait facilement le cataloguer trop rapidement, son portfolio démontre d’autres talents que cette pratique/technique qui consiste à dessiner des formes lumineuse – et souvent spectaculaires – dans l’image, par le biais des poses longues. Il n’est pas question ici de « light painting », même si les caractéristiques plastiques des images font un peu penser à ce champ d’investigation artistique. Il n’est pas question non plus de montage numérique, qui associerait des images réalisées séparement pour aboutir à ce résultat. Bien sur, comme pour tout photographe, photoshop, le sacro saint logiciel de retouche est utilisé pour nettoyer les petits défauts ou renforcer une intention, mais son utilisation n’est pas le socle de la création. Ici tout est fait « en vrai », avec de la vraie lumière, dans la vraie nature. Et c’est tout ce travail de mariage in situ entre le contrôle de la main de l’homme sur un matériau aussi impalpable que la lumière et la beauté indépendante de la nature qui fait toute la valeur de ces images . La lumière contrainte, trace et dessine, mais la nature lui fait écho, la diffuse et nous renvoie cette onde avec une forte valeur ajoutée poétique créant un véhicule pour l’imaginaire. « La linéa Roja » : une série extrêmement puissante et simplement belle.
n i c o l a s r i va l s . c o m w w w. i n s ta g r a m . c o m / n i c o l a s _ r i va l s
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TEXTE benoît pelletier
photos nicolas rivals
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pages & images
« Mue Végétale »
d’Isabelle Bazelaire Démarche singulière que celle d’Isabelle Bazelaire, plutôt connue par ici pour son travail de chorégraphe, mais qui a parallèlement développé une recherche purement plastique qui a fini, ca devait arriver, par investir le côté chorégraphique de son activité. De ce mariage, est né un – beau – livre, que nous vous livrons ici. C’est le photographe Alain Julien, qui a su, en plus de faire de belles dédicaces, restituer beaucoup de danse avec ses images précises très sensibles. La mise en page d’Annabelle Brun, simple et élégante, met en musique et conduit le transport poétique de l’ensemble avec beaucoup de cette évidente légèreté qui permet à la danse de parcourir son trajet préféré : aller du corps au cœur. Benoît Pelletier 2 8 € c h e z l a b e l l e i m a g e ( r u e c h a n z y, reims) et chez la librairie amory ( av e n u e j e a n j a u r è s , r e i m s ) fac e b o o k . c o m / i s a b e l l e b a z e l a i r e 2 0 1 8
Entre innocence et perdition THE KID dénonce l’insoutenable violence d’une jeunesse américaine déchue. Il fait de ces destinées tragiques de nouvelles figures liturgiques.
_Do You Believe In God ?, THE KID. Sculpture en silicone et divers materiaux. ADIAF Triennale - The Contemporary Art Institute - 10 mars au 8 mai 2016. Collection privée USA © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB.
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art
THE KID L e sublime comme seule arme
THE KID fait de la question de la norme et du déterminisme social l’enjeu de ses œuvres. Entre des corps torturés et sublimes, ce jeune autodidacte de 26 ans mêle avec une extraordinaire virtuosité, plasticité et enjeux sociaux. Tout comme dans l’extrait de l’ouvrage Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde qu’il affectionne, THE KID revendique que « Derrière chaque chose exquise, il y a quelque chose de tragique ». Derrière la douceur de son trait, de ces visages angéliques se cache une réalité en proie à l’extrémisme et aux violences.
la question posée par le tueur de Colombine à ses victimes. Elle résonne d’une croyance impossible. Comment de fait croire encore en Dieu en pleine fusillade ? L’artiste ne stigmatise pas les auteurs du crime. Il se met par cet autoportrait à taille humaine littéralement à la place de l’un d’entre eux. Plus encore il nous met face à la posture du tueur les genoux à terre, l’arme pointée dans la bouche. La statue est criante d’une vérité propre aux faits divers les plus sombre des journaux américains et nous glace le sang.
Avec un hyperréalisme troublant il représente sur de très grands formats comme en sculpture la jeunesse d’une génération déchue au cœur de laquelle il a grandi. Le harcèlement, la question de la norme sont au cœur de ses œuvres, comme au cœur de sa vie. Le combo de ses origines à la fois néerlandaise et brésilienne l’a confronté très tôt au racisme américain. Le harcèlement dont il a été victime durant l’enfance resurgit également dans ses oeuvres. Tourmenté très tôt par ses camarades, mais également ses professeurs, il ne cessera de sonder de son histoire personnelle une histoire commune, celle de la génération du drame de Colombine du 20 avril 1999.
La fusillade laisse place à la fatalité de l’endoctrinement dans les portraits hyperréalistes de sa série Endgame. Sous son stylo bille bleu sortent de l’anonymat des adolescents emprisonnés à perpétuité aux Etats-Unis, sortent de l’ombre des prisons des visages aux traits délicats, des corps recouverts de tatouages de gangs. Se révèle surtout tout le paradoxe d’une jeunesse criminelle dont la seule échappatoire est celle de la mort.
Entre la Hollande et Paris, l’artiste manie tous les médiums avec autant de virtuosité. Il les met au service des tragédies du monde contemporain. Du fusain au stylo bille bleu, en passant par le silicone de ses sculptures ou la peinture à l’huile et à la tempera il donne forme à l’innocence déchue de sa génération. Une génération prise entre pureté et corruption dans un antagonisme déjà présent dans sa sculpture Do You Believe In God ?. Le titre lui même fait référence à
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Entre catharsis et exhibition l’ensemble de son œuvre tente sur les plus grands événements parisiens d’art contemporain, grâce à la confiance de sa galeriste Anouk le Bourdiec (Galerie ALB), de déjouer la fatalité. Les regards frontaux de ses sujets laissent d’ailleurs place peu à peu à des postures empruntées aux œuvres liturgiques. La déposition du sujet de sa sculpture Rise And Rise Again Until Lambs Become Lions est éloquente. Dans le sillage de la figure du jeune homme allongé les bras en croix, il érige dans ses dernières œuvres ces anges déchus en nouvelles icônes d’une génération sacrifiée sur l’autel de la société contemporaine.
_Bryan And David, THE KID, 2013. Stylo Bic sur papier, 175 x 275 x 6 cm. Private Collection UK © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB.
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_Rise And Rise Again Until Lambs Become Lions, THE KID, 2016. Sculpture en silicone, huile, materiaux divers, aucune utilisation animale, 87 x 210 x 128 cm © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB. _Back To School I A Portrait Of Youth In Revolt, THE KID, Mars-Avril 2017, Le Grand Palais Art Paris © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB. _Humanity Is Overrated I Number I, THE KID, 2012. Stylo Bic bleu sur papier, 52 x 72 x 3 cm. Collection privée France © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB. _I Go Alone, THE KID, 2016. Huile et oeuf tempera sur toile, 212 x 354 x 6 cm. Collection privee France © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB.
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Les icônes déchues du monde contemporain hantent vos œuvres. Comment expliquez-vous cette fascination pour ces visages oubliés, pour ces anges en perdition ?
C’est très juste, par exemple, dans ma sculpture As A Flower Chooses Its Color (2014), je voulais représenter un nouveau né sortant du ventre de sa mère et se battant dès le premier instant pour son droit à choisir son propre futur, alors même que son visage porte déjà les mêmes tatouages de gang que sa mère qui lui donne la vie. Le bébé fait-il un doigt d’honneur ? Cela veut-il dire qu’il sait qu’il est “ fucked ” et qu’il dit “ fuck ” à la vie et au monde ou bien, au contraire, qu’il va se libérer du destin que la société veut lui imposer ? C’est justement là toute la question que je veux poser au public ! Et puis, la bannière Américaine étoilée, sur laquelle la mère est allongée dans une position inspirée des sculptures du Bernin, est pour moi iconique de la dualité entre idéal et réalité, ce qui en fait le parfait symbole contemporain du « clair-obscur » social que nous connaissons actuellement. La présence des armes est également symptomatique. Parlez-nous de cette récurrence…
Pour être honnête, ce n’est pas quelque chose que je recherche en tant que tel. Ce qui m’importe, c’est que mon travail parle à tout le monde, depuis les passants dans la rue jusqu’aux collectionneurs avertis. Je crois que l’art doit être pour tout le monde, tout comme l’éducation ou la liberté. Pour moi l’art doit parler de l’humanité, de la société. L’art doit représenter son temps, questionner
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le public, initier un débat, déclencher des prises de conscience chez les gens en leur tendant un miroir. Et je pense que cela n’a jamais été aussi urgent depuis la révolution culturelle et la lutte pour les droits civiques des années 60 et que, plus que jamais, l’art n’est pas fait pour aller avec la couleur de son canapé mais qu’au contraire c’est une arme de guerre ! Votre travail semble profondément autobiographique, alors que paradoxalement l’ensemble de vos portraits sont issus des heures les plus sombres de l’actualité. Dites nous en plus…
Je crois que c’est Jackson Pollock qui disait que peindre est une découverte de soi-même et que chaque artiste peint toujours ce qu’il est, il me semble que c’est aussi assez vrai dans mon cas. Bien que je ne me représente que rarement moimême, chacune de mes œuvres est profondément ancrée dans mon expérience personnelle de la vie, et exprime mes peurs et mes espoirs, et plus généralement ceux de ma génération. Je veux questionner l’audience sur le déterminisme social, la frontière si fine entre innocence et corruption, l’inégalité des chances et la ligne qui s’estompe toujours plus entre bien et mal dans nos sociétés modernes. Vous révélez la douleur du monde sous des traits angéliques. Pourriez-vous nous livrer vos intentions secrètes ?
“ Nec Spe, Nec Metu ” (sans espoir et sans peur en latin) est un tatouage récurrent dans plusieurs de mes œuvres. Ce n’est pas ma devise personnelle pour autant,
mais j’ai tout de même le sentiment que cela traduit assez bien l’état d’esprit de ma génération et l’avenir que nous devons affronter. C’est pourquoi, je suppose, c’est un peu un thème récurrent dans mon travail. C’est aussi pour moi une forme d’hommage au Caravage qui taguait ces mots dans les rues de Rome la nuit, en forme de rébellion contre le pouvoir et l’autorité que l’Eglise représentait à son époque. En puis, comme vous l’avez dit, j’ai toujours été inspiré par cette phrase dans Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde : « derrière chaque chose exquise, il y a quelque chose de tragique ». Je crois que c’est en grande partie ce que toutes mes œuvres ont en commun, en dépit de leur jeunesse et de leur apparente beauté, tous mes sujets sont prédestinés à une chute prochaine, ainsi qu’une fleur est vouée à se faner. Et j’essaie de les capturer précisément à ce moment clé de leur existence, figé pour l’éternité entre innocence et corruption.
travail artistique. Pourriez-vous évoquer cette double forme de militantisme…
Je suis admiratif du travail que cette ONG de défense des droits de l’homme, et quelques autres trop rares malheureusement, font pour investiguer, démasquer et dénoncer partout dans le monde toutes les formes d’abus, en particulier les systèmes judiciaires et carcéraux injustes, notamment vis à vis des mineurs, et plus généralement toute forme de discrimination, quel qu’en soit l’alibi moral, social, économique ou politique. J’essaie aussi de participer au réveil de cette conscience humaniste au travers de mon travail, pour ouvrir les yeux du public et changer sa façon de voir le monde et les autres. Le retour actuel lent mais régulier du nationalisme partout dans le monde, voire du fascisme, rend cet enjeu plus urgent que jamais ! Vos œuvres étaient présentes au 104 en mai et juin 2018. Quel est votre prochain lieu d’accrochage ? Donnez-nous rendez-vous…
Votre implication auprès de Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale internationale dont la mission est de défendre les droits de l'homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l'homme résonne avec votre
Cette exposition du 104 a été primée au niveau international, du coup elle va voyager dans le monde entier à partir de l’an prochain, par ailleurs certaines de mes pièces historiques seront aussi visibles bientôt dans un musée parisien…
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La G a l e r i e A LB A n o u k L e B o u r d i e c v o u s c o n v i e a u v e r n i s s ag e d e l ’ e x p o s i t i o n c o l l e c t i v e « I l s s o n t e t i l s s e r o n t : l a n o u v e l l e s e s s i o n » l e s a m e d i 9 f é v r i e r p o u r d é c o u v r i r d e n o u v e l l e s œ u v r e s d e T H E KID www.galeriealb.com
_Fernando, THE KID, 2014. Stylo Bic bleu sur papier, 212 x 182 x 6 cm. Collection privée France © THE KID All rights reserved - Courtesy Galerie ALB.
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TEXTE hélène virion
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c a r n e t s de c a mpag n e
Massimo Vitali Un artiste au cœur du processus créatif de la prochaine campagne de communication taittinger 2/3 : résultat du shooting
Après avoir décrit le choix de l'artiste Massimo Vitali et la préparation du shooting dans notre dernier numéro, voici le résultat de cette journée de prise de vue : l'image qui va constituer le coeur de la prochaine campagne (export) du champagne Taittinger. Pour sa derrière campagne de communication, la maison Taittinger a fait appel au photographe italien Massimo Vitali. Une écriture à deux mains dont l’ambition est de poursuivre l’histoire de la famille à travers le regard de l’artiste. Le château de la Marquetterie devient pour l’occasion le cadre d’une fête des vendanges ! La famille Taittinger reçoit à domicile. C’est au château de la Marquetterie, au cœur des vignobles champenois, que ses membres ont donné rendez-vous à l’artiste Massimo Vitali pour réaliser leur nouveau visuel de communication. Un choix qui n’est pas laissé au hasard, ce domaine a forgé l’esprit de la griffe comme celui de la famille. Acquise en 1932 par Pierre Taittinger, fondateur de la maison de champagne, cette propriété à flanc de coteau accueille une majorité de cépages de chardonnay et de pinot noir. Une maison qui se décline ici sous toutes ses formes car cette demeure fût aussi celle de la famille, des rassemblements, au fil des générations. Une fois le décor posé, Massimo Vitali l’envisage sous son angle. Sa préférence s’est portée sur l’arrière du château de la Marquetterie, alliant l’enjeu symbolique et l’esthétisme. Contrairement à sa
façade avant, lieu de passage à la vue de tous, celle dissimulée côté jardin offre une plus grande intimité. Avantage fortuit mais pas des moindres, le photographe a été conquis par cet espace bien plus verdoyant et chaleureux. Comme à son habitude, il s’est muni d’une estrade de cinq mètres pour surplomber son terrain d’étude. Si les prises de vue en plongée sont fréquentes aujourd’hui, appréciées pour leur effet de profondeur ou le regard dominant qu’elles soustendent, c’est dans une toute autre démarche que Massimo Vitali en fait usage. Ce qu’il recherche c’est un autre point de vue, une tour de guet depuis laquelle il pourra surprendre l’instant décisif. Lourd dispositif qui ne laisse d’autre d’option que l’attente, un cadrage fixe, mais qui fait toute sa singularité. Dès le début de l’été, le projet a commencé à murir, le repérage à s’affiner, et le cliché a été exécuté durant deux journées de travail début septembre. L’une dédiée à la préparation, la seconde à la photographie. Au total, entre quarante et cinquante personnes ont été mobilisées pour composer la scène, réunissant les liens du sang et de la vigne, la famille et les employés Taittinger. Ensemble, ils se sont affairés à la construction de leur récit. Ce récit, c’est celui d’un moment de fête, d’un banquet, où l’on célèbre la fin des vendanges, le Cochelet. Propre à la Marne où le champagne règne en maître, cette tradition peut prendre différents noms selon les régions, et si elle décline au fil des années, elle reste une coutume ancrée dans les mœurs champenoises. Mais une question
se pose alors, comment retranscrire l’esprit du Cochelet dans un pays où la promotion de boissons alcoolisées est fortement contrôlée ? La loi Évin incite à faire preuve d’inventivité dans le domaine, et a conduit la maison Taittinger et Massimo Vitali à réaliser deux photographies. L’une lorsque la fête bat son plein, destinée à l’exportation de la campagne, l’autre durant les préparatifs du Cochelet, pour les affichages français. Un détour astucieux, où l’euphorie et l’atmosphère festive reste palpable dans les deux plans. À la différence de ses vues de plages ou de stations de ski, Massimo Vitali orchestre les scénettes qui se jouent, compose l’ensemble dans ce théâtre éphémère. Hors de question pourtant de manipuler la foule ! Il est important que la fiction et la réalité se frôlent, que la spontanéité reste la composante principale de son œuvre, et il laisse aux protagonistes l’espace dont ils ont besoin pour évoluer selon leur envie. Ici comme ailleurs, il attend l’instant. Ces personnages qui s’agitent sous ses yeux dans l’effervescence et l’attente du Cochelet le font le temps d’une photographie, comme ils auraient pu le faire au cours de leur vie, une caractéristique qui inscrit cette fête des vendanges dans le prolongement de son travail. Cette collaboration, et plus, cette aventure, s’est déroulée à l’image de la campagne, dans une atmosphère familiale et festive, où l’artiste a intégré la famille le temps d’un séjour. À la fin d’un shooting de longue haleine, plus rien n’empêche les flûtes de tinter, et cette fois, sans subterfuge.
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TEXTE marie-Charlotte burat
visuel Massimo Vitali
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design
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Š Justine Buseyne
B
business
Body CéLESTE juste au corps
_Charlotte et Chloé
C’est vrai, Wonder Woman avait des supers pouvoirs, un lasso magique, des bracelets pare-balles et portait inlassablement le même body rouge, bleu et doré. Pourtant, pour le commun des mortel(le)s, le body est un article de lingerie un peu désuet, qui tient chaud et évite d’être débraillée. Mais ça, c’était avant. Avant que Charlotte et Chloé créent la marque CELESTE Paris. Entre parcours du combattant et aventure humaine, on vous raconte l’histoire de leur boite et de leurs beaux body.
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texte peggy léoty
En un clic
Quel est le point commun entre la tenue des forces spéciales américaines et les body CELESTE ? Son système de fermeture ; une paire d’aimants souples, récompensés par plusieurs prix sur les technologies innovantes et protégés par trois brevets internationaux. Exit les horribles boutons pression ! Au-delà de l’aspect pratique, les body CELESTE sont des dessus-dessous. T-shirt, blouse, chemisier ou sweat casual, un véritable haut avec une taille blousée, marié à une culotte aux coutures dorées. Conçus en France avec des matières naturelles comme le supima, le cachemire du coton, ils sont fabriqués au Portugal, dans le respect de l’homme et de l’environnement, et les teintures sont labellisées Oeko-Tex. Une marque éthique et la volonté de permettre aux femmes « de se sentir libres et jolies en body ». En septembre 2017, une campagne sur Ulule permet de pré-vendre En dates / chiffres 418 pièces des trois premiers Septembre 2017 418 pièces modèles sur un objectif de pré-vendues via la campagne Ulule 200. Un projet également Novembre 2017 soutenu par Les ELLES by Lancement du site e-commerce Contrex. À ce jour, en un Décembre 2018 peu plus d’une année, 1400 1400 body fabriqués en 1 an body ont été fabriqués pour 6 tailles par modèle / 7 tailles une cible de 30/45 ans en prochainement France et à l’étranger, dont Prix de vente 85 à 115 € 50% n’avaient jamais porté de body auparavant.
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© Justine Buseyne
© Justine Buseyne
© Justine Buseyne
Un binôme
À l’origine du projet, il y a Charlotte Guillaume et son envie d’entreprendre, après une expérience à l’international chez Smart Box puis Ventes Privées. « J’ai eu envie d’être à l’origine de quelque chose et très vite l’idée de revisiter le body est devenue une évidence. Ce qui m’intéressait c’était d’en faire un article de lingerie à la fois élégant et confortable parce que j’en porte tout le temps ! » explique Charlotte. Elle rencontre des couturières, des modélistes, prend des cours de couture et s’aperçoit de la complexité de leur travail et de leur savoir-faire. Charlotte s’associe avec sa bellesœur, Chloé Loriel, férue de mode, qui a fait ses armes chez Maison Kitsuné. Aussi différentes que complémentaires, elles se répartissent les tâches entre recherche de tissus, de prestataires, esquisses de modèles, shootings photo et animation du site e-commerce. « On a travaillé avec deux modélistes parisiens avant d’en trouver une basée dans le Sud-Ouest, spécialisée dans la lingerie. On a aussi réalisé quatre prototypes avant de pouvoir lancer la production de notre premier body et testé trois usines ! » livre Chloé, rémoise d’origine. Et d’ajouter :
« Nous avons plein de projets et nous venons de faire le shooting dans un château pour nos trois nouveaux modèles ». À plusieurs
Si 70% des ventes se font via le site Internet, Charlotte et Chloé explorent des modes alternatifs de distribution, délaissant la vente en boutique à l’exception de dépôt-vente dans des commerces ciblés pour leur démarche éthique. Le duo remet au goût du jour la vente à domicile avec « les instants CELESTE ». « On nous contacte pour un moment entre amies, en journée ou en soirée, avec ou sans nous. On organise un petit showroom. C’est un moment agréable et sur-mesure, idéal pour craquer ! » précise Charlotte. Si les clientes peuvent être des partenaires, les deux créatrices prennent également part à des ventes collectives de créateurs à domicile, un nouveau concept de shopping, et collaborent avec d’autres marques comme les bijoux de Maï de Colnet, faits mains en France. Parce que pour Charlotte, c’est le sens même de cette aventure de chef d’entreprise ; l’éthique, les rencontres et la liberté.
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L’art du subtil : le Kôdô
Rencontre avec Söhitsu Hachiya grand ma î tre de l’ é cole Shino ( Nagoya – Japon )
Un salon élégant du Continental, le restaurant rénové à la proue de la place d’Erlon. Invité à Reims par l’association SensOriel, le grand maître est installé sur un canapé. Il est entouré d’une traductrice et de Marc-Antoine Arcelin, jeune disciple français apprenant le Kôdô. Le grand maître porte un tee-shirt noir, c’est un quarantenaire souriant au beau visage arrondi. En le regardant, un peu perdu au milieu de la langue française, ce n’est plus un grand maître mais un homme attentif et courtois, un homme loin de ce titre impressionnant. Ses yeux sont souvent rieurs ou concentrés surtout lorsqu’il étend ses bras pour réveiller son corps dès que nous discutons en français. Sa voix est douce, la langue qu’il parle est impénétrable, des vagues de mots sortent de sa bouche, une scansion particulière qui rythme les phrases, si différente de la nôtre. La conversation à quatre est une métaphore de l’attention nécessaire pour bien se comprendre, Söhitsu Hachiya parle, les mots s’agrègent mais n’évoquent rien pour moi si ce n’est une musicalité singulière. Dans leurs échanges pour trouver la meilleure expression, les deux traducteurs me propulsent dans les méandres de la langue japonaise, chaque mot peut avoir plusieurs significations selon le contexte de la phrase et de l’intonation. C’est un travail précis de ne pas dénaturer des propos et de trouver l’exacte correspondance entre le japonais et le français surtout dans la pratique du Kôdô, si philosophique.
G
goût
Rien n’est simple, tout est complexe. Une civilisation comme le Japon ne se livre pas aussi facilement. Elle nous donne à voir des rites et des usages mais qu’en comprenons-nous ? Premier exemple, comment écrire les mots en français ? Söhitsu Hachiya est un praticien du Kôdô, mais il existe plusieurs façons de l’écrire, laquelle choisir quand nous savons que la langue japonaise utilise une autre notation de sa langue : Kôdô, kodo, koh-doh, koh-do… Va pour Kôdô. Autre exemple, ce grand maître s’appelle Söhitsu Hachiya mais son vrai prénom est Sadatsuzu, Söhitsu lui a été donné par Izumida, grand maître zen à Kyoto. « So » veut dire « vrai » ou « passer dans un autre monde » (ce qui se dit des défunts mais aussi des personnes qui ont suivi une retraite spirituelle) et « hitsu », « parfum », « essence ». La transmission est une base fondamentale, celle d’un prénom comme celle d’une pratique.
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TEXTEs jérôme descamps
L’art du Kôdô est celui des encens, comme le Sa-Dô, pour le thé et le Ka-Dô, pour les fleurs (nous le connaissons sous le nom d’Ikebana, rien n’est simple, on vous le dit), ils font partie des arts traditionnels du Japon qui proposent un rapport à l’univers, au temps qui passe et à la nature. Le Tout est contenu dans une parcelle, chaque écaille de la terre nous raconte le monde dans son entier. Que veut dire le titre de Grand Maître ?
C’est un système qu’on appelle Yemotoke, c’est une lignée héréditaire, la transmission passe de père en fils aîné. De la première génération à la vingtième et unième génération actuelle, on est sûr qu’il n’y a pas eu d’entorse à la tradition. Dans l’école Shino, une femme a pris la succession à la 18ème génération et mon aîné est une fille. C’est une rareté au Japon qu’une femme soit grand maître d’une école, j ’ en suis fier. Le but est de toujours perpétuer, de ne jamais arrêter la pratique et la succession. Quel est votre premier souvenir d’encens ?
Je n’ai pas de souvenir précis. Dès ma naissance, j’étais entouré d’odeurs, la maison dans laquelle je vis l’est en permanence. J’ai vécu une transmission permanente, je baignais dans l’encens et j’ai affiné ma perception. Quand j’étais enfant, j’allais à l’école et quand je rentrais chez moi j’étais dans un univers olfactif. J’ai détesté l’école. Du jardin d’enfant jusque 24 ans, j’étais passionné par le football, je rêvais d’une carrière de footballeur. Ce qui ne m’empêchait pas de pratiquer l’écoute de l’encens, la calligraphie, d’explorer les voies du thé et des fleurs, c’était important pour moi d’avoir ses autres stimulations. Être l’héritier d’un tel savoir représente-t-il un poids pour l’enfant que vous étiez ?
Dès l’enfance j’avais conscience que j’allais devoir prendre la succession de mon père. Malgré tout, j’étais tiraillé, ce n’était pas si évident pour moi, j’ai dû faire un chemin. Ma pratique du Kôdô a commencé de manière traditionnelle à 6 ans, 6 mois et 6 jours. À l’âge de 24 ans, j’ai eu un cancer du cerveau, j’ai frôlé la mort. J’ai été trépané et j’ai guéri. Je vois cet épisode de ma vie comme une mort et une renaissance. Dans mon inspiration, l’amour pour les femmes est aussi un moteur essentiel. Mon cancer a correspondu à un désespoir amoureux. À la suite de
Pas de deux, typiquement Charles La maison Charles Heidsieck a accueilli Söhitsu Hachiya pour une visite des caves et observer les différentes étapes du travail de la vigne au verre avec le chef de cave Cyril Brun. Le grand maître est déjà consulté par des maisons de saké et de whisky mais c’était la première fois qu’il y avait une connexion entre le monde du Kôdô et celui du champagne. Le champagne est l’art de l’assemblage. Un chef de cave travaille comme un « nez », il essaye de créer une histoire à partir d’un lieu, il imagine les histoires que l’on va pouvoir se raconter à partir du breuvage. Söhitsu Hachiya s’est retrouvé en terrain de connaissance lui qui assemble des bois précieux pour évoquer des paysages ou des sensations. Cette rencontre s'inscrit dans le projet des Maverick Encounters. Pour ces évènements, la maison Heidsieck devient tête chercheuse de talents et réunit des artisans émérites, soucieux du travail des mains et de la pensée. Du tailleur au sellier en passant par les cuisiniers, couteliers et même une artiste qui découpe finement le papier pour en créer des formes communes ou fantasques, tous sont réunis pour échanger sur leur savoir-faire et leur modernité qui résonnent en echo aux valeurs de la marque.
charlesheidsieck.com/fr m a v e r i c k e n c o u n t e r s . c o m /a b o u t . h t m l
ma guérison, je suis parti un an en retraite dans un temple zen auprès du grand maître Izumida à Kyoto. Le moment essentiel a été celui où j’ai décidé de partir dans ce temple, de prendre cet engagement pour clarifier mon chemin, pour trouver ma vraie voie. C’est au bout de cette année d’ascèse que j’ai reçu mon nouveau prénom.
Boudha considérait l’encens comme un transmetteur de vérité et représentait l’odeur du Nirvana. Le parfum et l’encens parlent au cœur, il s’agit moins de sentir que de ressentir. C’est un processus long qui change avec l’évolution de la vie. Mon père qui a 80 ans est toujours en état de découverte car ses sensations d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier, une vie s’est écoulée.
Quel est votre définition du Kôdô ?
Votre art vous met-il en alerte sur les questions envi-
Nous sommes dans un monde de vitesses permanentes, le fait d’écouter l’encens permet de se recentrer, de ressentir son humanité, de s’extraire de ce rythme fou. Écouter l’encens s’adresse aux cinq sens et même au sixième sens, celui qui nous porte vers la spiritualité, vers la cosmologie. Les cinq sens sont liés, leur différenciation est difficile. Au cinéma lorsqu’on est ému, le corps entier est convoqué. Dans l’écoute des bois d’encens, c’est pareil et tout est relié aussi à des souvenirs. Mon existence ne peut pas se dérouler sans parfum.
ronnementales ?
Que signifie « Écouter le bois » ?
Les bois d’encens viennent de la nature. Écouter le bois, c’est aussi écouter un morceau d’univers. Cette pratique et cette expression viennent de Chine où le
Bien sûr, c’est une préoccupation constante car les arbres nous transmettent des messages sur l’état de la terre. Mon père a commencé à planter des forêts au Vietnam pour rendre à la nature ce qu’on lui prend et pour réguler notre consommation de manière équitable. Les Kôboku, bois odorants, sont aussi cultivés au Cambodge et au Laos. L’encens est une résine, un pansement que l’arbre sécrète pour réparer une blessure. Les encens les plus précieux peuvent avoir 150 ans. Pour le Kôdô, nous utilisons les écorces tombées des arbres. Nous ne provoquons rien, nous laissons faire la nature et le temps. Les ramasseurs d’écorces sont aussi des spécialistes et leur métier se transmet de père en fils. Mon rêve serait d’envelopper la terre d’un halo de parfum.
s h i n o r y u f r a n c e .w o r d p r e s s . c o m F a c e b o o k : T h e - S h i n o - S c h o o l - o f - I n c e n s e - KO D O E n c e n s j a p o n a i s : w w w . n i p p o n k o d o . c o m A s s o c i a t i o n S e n s O r i e l : s e n s o r i e l 5 1 @ g m a i l . c o m P r o g r a m m e ANR : L a C r é a t i o n O l f a c t i v e : d u K ô d ô v e r s l e s p r at i q u e s a r t i s t i q u e s c o n t e m p o r a i n e s ko d o . u n i v- pa r i s 1 . f r / f r / p r o j e t- ko d o
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La volupté absolue d’un temps suspendu U ne c é r é monie du Kô d ô à S ciences - P o R eims
Dans la cour de l’ancien collège des Jésuites occupée aujourd’hui par Sciences-Po, l’automne exhale son parfum de terre mouillée, de mousses et de feuilles mortes. Dans le soleil, les dernières feuilles aux arbres sont des pastilles aux couleurs changeantes, les verts pâlissent, les jaunes et les oranges sont apparus. En face du bel escalier de pierre blanche, le réfectoire du XVIIème siècle, tout en bois travaillé. Des obliques solaires strient les tableaux de Jean Hélart retraçant les vies de St Ignace de Loyola et de St François Xavier. L’un est en méditation quand l’autre s’élève soutenu par des anges, le soleil les absorbera peut-être. Des bancs noirs au design précis, un tapis, Söhitsu Hachiya entre suivi, de Marc-Antoine Arcelin, son disciple. Ils sont tous les deux en vêtement traditionnel : pantalon large a plis soignés (hakama), veste de kimono en soie avec insigne de l’école Shino (trois cercles qui semblent former le contour de la tête de Mickey mouse à l’envers – dixit Söhitsu Hachiya – et qui représente en fait une rivière qui se sépare en deux pour aller vers la mer) le tout dans des tons de terre et de bronze. Söhitsu Hachiya salue l’assemblée et pose une salve de questions aux étudiants sur leur vie, leurs espoirs et leurs rêves, il aime tellement le champagne. Ce grand maître est bien un humain, les étudiants se détendent. Il sera ensuite question des liens que les spectateurs entretiennent avec la nature et des parfums qui nous restent en mémoire font souvenirs. La cérémonie qui suit est à la fois un temps de méditation et un jeu. Le but n’est pas de gagner mais d’ouvrir son cœur grâce au parfum. Söhitsu Hachiya a préparé des encens qui caractérisent pour lui les trois sanctuaires shinto emblématiques du Japon : Matsuhima (L’île aux pins au nord-est du Japon dans la province de
Sendaï), Hamanohashidate (bras de sable et de pins qui traverse la baie de Miyazu au sud-ouest du Japon dans la province de Kyoto) et Itsukushima (sanctuaire flottant, reconnaissable à son porche vermillon planté dans la mer au sud-ouest du Japon dans la préfecture d’Hiroshima). Le grand maître sort préparer les brûle-parfums pendant que Marc-Antoine déplie sur le tapis un paysage sur fond or avec tortues, grue, arbres et bambous. Il installe un plateau avec quelques ustensiles, stylets, pelles, pince. Söhitsu Hachiya dépose quatre brûle-parfums. Tout nous invite à la concentration, personne ne songerait à se dissiper. La précision des gestes de Söhitsu Hachiya est une chorégraphie, la façon d’arranger le tissu de son hakama, le son de la soie de sa veste, tout nous devient perceptible. Le soleil continue à strier l’espace, parfois le visage ou les mains de Söhitsu Hachiya passent dans la lumière. Dans cet espace et dans ce temps, notre nouvelle mesure est le millimètre. La délicatesse des gestes est un art en soi. Déplier un carré de tissu, dénouer un nœud complexe pour ouvrir une bourse en tissu raffiné, nettoyer le plateau, tout devient une ode au raffinement. Chaque brûle-parfum contient un charbon dont la température est précise pour ne pas brûler le bois. Il est recouvert de cendres regroupées en un cône que Söhitsu Hachiya strie avec minutie de différentes lignes à la manière des jardins zen. Sur la pointe du cône, il installe une feuille de mica puis dépose quelques particules de bois d’encens tiré d’un emballage en papier ouvragé. Tous les spectateurs sont tendus vers cette préparation si précise, tendus aussi car il va falloir être à la hauteur de ce qui nous est donné, en serons-nous capables ? Marc-Antoine Arcelin explique les usages, il faut d’abord remercier la nature de ce don en s’inclinant devant le brûle-parfum placé dans nos mains. Puis il faut le tourner deux fois dans la main dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et enfin incliner la main droite au-dessus du brûle-parfum afin de guider l’odeur vers notre nez pour la humer profondément. L’opération doit être répétée trois fois.
Le premier pot passe de mains en mains. Les gestes des étudiants sont hésitants mais emprunts de la solennité du moment, conscients qu’il faut aller chercher en nous quelque chose d’inattendu, que cette expérience nouvelle est rare, que cette occasion ne doit pas être manquée. Dans la main, le récipient blanc décoré de bleu est chaud. Il faut mesurer sa respiration, prendre conscience du circuit de l’air dans notre corps pour expulser puis inspirer profondément, longuement et se laisser envahir par les effluves. L’air est rejeté sur le côté gauche en baissant la tête. Les trois odeurs sont complexes, résines, algues, ambre, santal, fruits… les mots manquent et sans doute aussi l’entraînement du nez. Un quatrième brûle-parfums circule, c’est celui dont nous devons deviner l'évocation. Dans la cérémonie traditionnelle, une feuille de jeu permet d’indiquer la date, le nom des joueurs et toutes leurs réponses. Pour cette fois, il n’y aura qu’un seul tour. La plupart ont reconnu l’odeur de la province de Matsusima par un parfum iodé très accentué. La cérémonie se termine par un échange. Les étudiants se montrent très diserts, Söhitsu Hachiya leur fait bon accueil en précisant que l’école Shino comporte 200 classes à travers le Japon et le monde et que son temps est partagé entre les cours, les conférences et les voyages. Sa pratique est quotidienne, si ce cycle est interrompu, il faut au moins trois jours de travail intense pour retrouver toutes ses perceptions. Nous apprenons aussi que des essais chinois sont en cours pour accélérer le temps de formation des résines, parfois 10 ans suffisent. Mais Söhitsu Hachiya précise que dans ces conditions « on n’entend pas la nature, on entend l’homme ». Enfin il nous raconte son séjour à Paris où il s’est amusé à composer les parfums du Petit Prince. Nous aurions tous envie de faire le jeu complet dédié au chefd’œuvre d’Antoine de Saint Exupéry ! Le départ est proche, nous venons de vivre un moment entre parenthèse. Nous avons tous mesurés le travail à entreprendre pour s’adonner complètement à cette cérémonie. Nous venons d’ouvrir une porte, elle n’est qu’entrebâillée. St Ignace de Loyola et St François Xavier ne s’attendaient pas à ce que le Kôdô les accompagne dans leur élévation, les rais de lumière effacent leurs visages, ils sont passés dans un autre monde.
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Les deux empereurs du nez C’est l’histoire de deux jeunes hommes qui, depuis des années, ont accompagné nombre d’artistes sur la place de Reims. Un peu moins jeunes, toujours fringants ils s’associent de nouveau pour explorer un nouveau territoire, un continent connu et inconnu, le sens olfactif, l’empire du nez. Jean Manca et Jean Perrin ont fondé l’association SensOriel après une rencontre avec l’acteur et parfumeur JeanPhilippe Vidal. Reims Parfums a été l’occasion d’organiser plusieurs évènements et de leur ouvrir les portes du monde des odeurs. Notre nez réchauffe et humidifie plus de 12 000 litres d’air par jour, ça vaut la peine de se concentrer sur cet impensé de notre corps, ce réflexe qui est aussi un lieu d’expériences et de sensations.
Pourquoi SensOriel ?
Parce qu’on voulait quelque chose qui touche aux sens et qui ait du sens. C’est un monde que nous ne connaissions pas hormis l’aspect parfumerie, nous n’avions aucune idée de ce qu’il y avait derrière. Nous nous sommes ouverts au sens olfactif et nous avions l’idée simple d’organiser un cycle de lectures à la médiathèque Falala pour mettre en valeur les écrits sur les odeurs et les parfums avec Jean-Philippe Vidal. Le monde olfactif ce sont les cosmétiques, leurs créateurs et leur marketing recherché. Il y a aussi une part cachée que nous explorons actuellement, c’est pourquoi nous avons organisé aussi un cycle de conférences pour rencontrer des professionnels. Y-a-t-il un lien entre vos vies consacrée à l’art et le monde olfactif ?
Nous sommes tous les deux non seulement des jouisseurs mais aussi des amateurs d’art contemporain. À côté de la création d’images étonnantes pour les publicités de parfum, nous nous sommes demandés comment les artistes contemporains investissent et explorent ce domaine. Grâce à un ancien directeur de l’ESAD, nous avons rencontré Boris Raux, rémois et ancien élève. C’est aujourd’hui l’artiste français qui travaille le plus sur ces questions et nous espérons bien l’inviter à montrer son travail ici. C’est par lui que nous avons entendu parler du Kôdô et de l’école Shino de Nagoya. La connexion avec Reims était assurée. Quels sont les projets de l’association ?
Nous travaillons sur trois axes : un axe que l’on pourrait qualifier d’académique avec un programme de lectures d’œuvres internationales et de conférences/rencontres avec l’envie de s’intéresser à la forme de ce cycle académique pour lui donner un
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attrait nouveau, un axe consacré aux expositions et performances, sans doute avec Boris Raux, pour s’intéresser à la mise en scène de l’invisible et un axe consacré à la sensibilisation et à la pédagogie, avec la création d’un parcours olfactif dans la ville. Quelle est la place du Kôdô dans le développement de l’association ?
Une série de rencontres et de réflexions nous a amené vers le Kôdo. Le jumelage de Reims et de Nagoya a favorisé la présence du grand maître Söhitsu Hachiya ici. Nous avons rencontré un homme qui avait envie de comprendre le monde du champagne (voir encadré), c’est une chance pour nous. La séance de Kôdo a très bien marché avec les étudiants de Sciences-Po. Nous avons été surpris par l’audience et le potentiel de ce que nous avons présenté. Ce qui a plu c’est la mise en scène très poétique de cet art. Nous avons maintenant des demandes pour poursuivre cette histoire, le grand maître a été séduit, et la Ville de Reims et Sciences-Po seraient prêts à réfléchir à de nouveaux développements. De fait, il y a dans la région des connexions à enrichir autour du Japon sur des sujets comme le Kôdô et le Champagne et aussi mets et saveurs puisque de grands cuisiniers japonais vivent et travaillent ici comme Kazuyuki Tanaka du restaurant Racine. Peutêtre allons-nous fonder une sorte de « Club Kôdô », pour organiser des ateliers et pourquoi pas rêver à la mise en place d’une école de Kôdô à Reims. Il y a tant de pistes à explorer, nous construisons notre projet au gré des rencontres. Qui repère les grands axes de travail ?
Jean-Philippe travaille avec nous pour repérer les textes et chaque rencontre nous permet d’avancer dans notre exploration. Nous allons
w w w. b o r i s r a u x . c o m R e i m s Pa r f u m s s u r Fac e b o o k o l fac t o r y r e s e a r c h . n e t w w w. n e z - l a r e v u e . f r ko d o . u n i v- pa r i s 1 . f r / f r / p r o j e t- ko d o
mettre en place un comité de pilotage avec des personnalités comme Chantal Jaquet de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, Didier Trottier, neuroscientifique qui travaille sur les mécanismes des odeurs, leurs traductions dans le cerveau et les comportements qui en découlent. Nous sommes aussi en recherche d’un chef de cave. Nous voudrions que ce comité ait une dimension nationale et internationale pour élargir les points de vue. Nous voudrions aussi ouvrir à des recherches très concrètes comme celles de la RATP qui travaille depuis longtemps sur ce sujet. Quelles sont vos motivations ?
Nous ne sommes pas des professionnels de l’olfactif, c’est devenu un sujet de recherche personnelle auquel nous ne nous attendions pas. Une odeur on ne sait pas la nommer, on la nomme par rapport à une histoire, à un lieu, à un souvenir, ce n’est pas comme une couleur que tu visualises tout de suite, pour les odeurs tu passes par des images, c’est aussi ce qui nous plait. Nous avons découvert un sujet abordé aujourd’hui par des artistes, des anthropologues, des scientifiques. Des sociologues étudient le boum des enseignes de parfums ou l’apparition des parfums de niche faits de manière précieuse en très petit exemplaire. L’influence des ambiances parfumées est en plein développement, l’aventure des sens nous permet un recentrement, une concentration, tout cela nous pousse à nous pencher vers cet art de l’accomplissement.
A
ART
Axel Coeuret
chez les (ex) coupeurs de têtes E xposition
« Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ». Depuis dix ans qu’il vit de la photographie, Axel Coeuret se nourrit des antipodes et ne cesse de renouveler son regard. Il nous invite au Nagaland aux confins du Nord-Est de l’Inde à la découverte d’une tribu de guerriers au visage tatoué les Konyak, adeptes jusque dans les années 70 de la décapitation rituelle de leurs ennemis. Depuis, ce peuple se confronte tant bien que mal à la modernité, « les anciens coupeurs de têtes ne sont plus que de gentils grandspères ». Des photos de ses différents séjours parmi les autochtones, des objets artisanaux et un documentaire tourné avec Christèle Blad, son épouse ethnologue, compose l’exposi-
tion Konyak, les derniers rois de l’Inde présentée jusqu’au 12 janvier 2019 à la médiathèque Jean Falala. À l’aube de ses 40 ans, Axel Coeuret se définit comme un autodidacte venu sur le tard à la photographie. Une formation scientifique qui le conduit au Commissariat à l’Energie Atomique, un congé sabbatique d’un an à parcourir l’Amérique du Sud appareil photo en main et au retour en 2009, le constat que la vie de bureau ne lui convient plus vraiment. « C’est à ce moment que j’ai été repéré par les Flâneries Musicales et le Foyer Rémois et que j’ai décidé de me réinstaller à Reims, ma ville natale, pour devenir photographe professionnel », explique-t-il. Si sa pratique photo tourne autour de l’institutionnel, l’événementiel, l’architecture et le spectacle vivant, Axel reste un voyageur invétéré, en
solo comme en groupe en tant que ‘guide-photographe’ pour une agence spécialisée. En 2014 un séjour en Inde le met sur la piste des Konyak, et débarquant dans le village de Nongriat, il croise Cristèle alors en repérage pour son documentaire. « Nous avons décidé de ne plus nous quitter et que je serai le cadreur de son film réalisé l’année suivante. » L’avantage d’un photographe derrière la caméra : la quasi assurance d’avoir un bon cadrage ! Le documentaire sera projeté le 12 janvier 2019 à 14h30 à la Médiathèque Jean Falala. exposition Jusqu'au 12 janvier à l a m é d i at h è q u e j e a n Fa l a l a L e t e a s e r d e K o n ya k ,
les derniers rois de l’Inde e st d i s p o n i b l e s u r Yo u T u b e e t D a i ly m o t i o n a x e l c o e u r e t. c o m
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TEXTE jules février
photos AXEL CŒURET
Pei-Lin Cheng CaféGEM
cr é er pour lutter contre l’ isolement
A
art
C’est un café rémois, rue Passe-Demoiselles. Vous pouvez y siroter un jus de fruit tout en contemplant des créations. Actuellement, une fresque composée à plusieurs mains, sous la houlette de l’artiste Pei-Lin Cheng, habille murs et vitres. Par le truchement de l’art et de stages créatifs, le CaféGEM permet à ses adhérents, des personnes présentant des troubles psychiques, de créer du lien social et de prendre confiance en eux. Itinéraire est le nom du projet conduit par l’artiste franco-taïwanaise Pei-Lin Cheng avec une vingtaine d’adhérents du CaféGEM. Dessins, collages, encre de chine, pastels sont autant de techniques travaillées durant cinq jours pour composer un paysage de montagnes s’étirant sur plusieurs mètres. « Nous avons créé un itinéraire avec des segments d’histoires, d’images qui forment un parcours jonché de points de vue et incite au voyage. Chacun amenant une part de lui-même pour constituer un ensemble singulier, une œuvre commune » explique Pei-Lin. Vidéaste et plasticienne, son travail, indissociable de sa vie personnelle, interroge la question de l’identité, de l’expatriation et de l’intégration, dans un univers poétique chargé de symboles. C’est en sollicitant la sensibilité, l’imaginaire et la capacité à conceptualiser que le processus créatif invite les stagiaires à une expression personnelle qui concourt à leur (re)construction et à la conscience sociale. « Ni art-thérapie, ni cours d’arts appliqués, ces stages sont l’occasion d’inventer quelque chose qui n’existe pas, comme cela peut exister dans certaines maladies psychiques,
et qui fait du bien » souligne Laurence Bastin, chargée du projet artistique et culturel du CaféGEM. Visible jusque fin janvier, l’exposition se donne également pour ambition de poser un regard différent sur les personnes porteuses d’un handicap psychique. Car l’isolement et l’exclusion sociale sont le cheval de bataille des Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM). À la croisée de la santé, du social et de la culture, le CaféGEM, ouvert à tous, participe à l’épanouissement des adhérents dans la cité. « Il existe un large éventail de maladies psychiques. Au CaféGEM, on permet aux adhérents de produire quelque chose de leurs mains et de se donner l’occasion d’être heureux d’avoir réussi. Car exposer son travail, c’est s’exposer » indique Laurence. Chaque année, plusieurs stages avec des artistes sont organisés dans le cadre d’une programmation culturelle plus large incluant la visite de musées, des café philo ou encore des lectures publiques. Rendez-vous le 8 février 2019 au Cellier (Reims) pour la performance littéraire Sous PERF… d’Eric Poindron, auteur et explorateur littéraire.
C a f é GEM
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TEXTE Peggy Léoty
1 2 r u e Pa s s e - D e m o i s e l l e s 5 1 1 0 0 R e i m s w w w. c a f e g e m . o r g Ouvert au public du lundi au vendredi de 16h à 19h et le samedi de 10h à 16h w w w. p e i l i n c h e n g . c o m
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M
laake
musique
On pourrait s’imaginer, à l’écoute de LAAKE, dans une embarcation flottant par une nuit d’été sur un lac de montagne aux eaux calmes et noires, rythmant son lent déplacement de ses rames fendant l’eau lourde, se rapprochant inexorablement d’une virginale cascade, blanche et glacée, dont le grondement serait le chant de sirène.
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TEXTE alexis jama-bieri
photos rod maurice
C’est en 2014 que Raphaël Beau créé le projet LAAKE, projet musical guidé par un piano omniprésent offrant un équilibre parfait entre douceur et furie : une musique sensuelle, énigmatique et transcendante. Un aboutissement pour l’artiste français qui, durant plus de 10 années a chanté et joué de la guitare dans plusieurs groupes de post-rock et développé quelques projets plus personnels mêlant les influences métal et électro, avec déjà l’utilisation du piano. En 2015 est sorti 69 , 1er EP de LAAKE qui permit à l’artiste d’être intégré à la prestigieuse playlist, cru 2016, du festival Piano Day, lui ouvrant ainsi les portes des festivals : à Bourges, Londres et Berlin notamment. Enfonçant la touche, le 2e EP de LAAKE Piaano laisse une plus grande part à l’instrument romantique, enlaçant l’auditeur dans des volutes oniriques et synthétiques. Bien qu’utilisant un instrument classique qui pourrait présager un long apprentissage en conservatoire, c’est à l’adolescence que Raphaël pose ses doigts sur le clavier. C’était une découverte pour le jeune garçon qui écoutait plutôt du rock et du métal, mais était curieux des autres genres musicaux : « j'ai toujours aimé la musique et le piano en particulier. L'aspect créatif de la musique et l'expérimentation m'ont vraiment poussé à devenir musicien ». Pour lui, il s’agissait en autodidacte de savou-
rer la liberté en s’affranchissant des partitions. Multiples, ses influences proviennent de la musique de John Hopkins pour l’électronique et de Brandt Brauer Frick pour l’utilisation en musique électronique d’instruments classiques. S’il se dit influencé par Drone Logic de Daniel Avery, c’est surtout 2+2=5 de Radiohead qui serait le titre à l’origine de son inspiration. « Je compose de manière instinctive et décomplexée » nous dit Raphaël, « je ne me demande pas quel accord ou quelle structure je suis en train d'utiliser. Tout se passe au feeling. Je compose exclusivement chez moi, en général assez rapidement sur des périodes précises et intenses autant de jour que de nuit, même si la nuit me permet d'être plus focalisé sur une tâche donnée, mais je peux aussi passer plusieurs semaines sans composer et m'occuper d'autres aspects du projet ». Bref, le maitre mot pour le compositeur est la spontanéité qui lui permet de composer aussi bien en 6 mois qu’en 2 jours. Constamment en recherche de nouvelles idées, il accumule tout un tas de choses avec son téléphone qui sont autant de brouillons qu’il n’exploite pas forcément par la suite mais qui nourrissent son travail de composition. En studio, son processus est presque toujours le même : « Je pars quasiment tout le temps d'une improvisation au piano que j'enregistre en direct sur ordinateur » afin de garder la spontanéité de la composition. Bien sûr, Raphaël retravaille les mélodies par la suite en cherchant à les garder les plus authentiques possibles tout en leur ajoutant une rythmique, des basses, des synthétiseurs additionnels et des voix : « J'adore les sons du Prophet et du Juno 6 mes deux synthétiseurs analogiques dont je ne me séparerais pour rien au monde… Je conserve ensuite certaines parties, j'en duplique d'autres, je joue beaucoup avec les superpositions. J'utilise beaucoup de sons organiques comme des bruits d'eau ou des crépitements de feu ».
Les voix interviennent enfin comme un son qu’aurait pu fournir un instrument, leur rôle n’étant pas ici de transmettre un quelconque message. Raphaël nous indique être plongé dans la composition de son futur album : « j'ai pour l'instant une dizaine de maquettes et je discute également avec plusieurs labels pour une sortie autour du Printemps 2019 ». Depuis le début du projet LAAKE, il ne se limite pas à ses propres compositions et s’essaie avec délice aux remixes « c’est un exercice intéressant : j'aime transformer totalement le morceau, changer le tempo, la tonalité, tout en conservant des bribes qui nous raccrochent à l'orignal. Actuellement, j’essaie toutefois de ralentir sur les remixes pour me concentrer sur mes propres compositions, mais si on me propose de remixer Jon Hopkins ou Björk, je ne dirai pas non, évidemment !...Mais c’est la phase de création et d'expérimentation qui génère le plus d'excitation chez moi ». Pour le live, Raphael est « plutôt scène de club que grand festival ! ». Basé sur Ableton, il utilise lors de ses Live, 2 contrôleurs midi, un piano et un synthétiseur. Cela lui permet de se concentrer pleinement sur le piano et la voix, et de lancer le reste sous forme de boucles. Ses prestations scéniques peuvent prendre plusieurs formes, une solo avec un piano numérique et un synthétiseur, une autre solo, identique, mais avec un piano à queue, donnant une plus grande part à l’improvisation, et une avec une violoncelliste. « Il y a autant d'initiés que de non-initiés à mes concerts, je pense que le piano est un instrument universel qui rassemble, peu importe l'âge ou les goûts musicaux. Je n'ai jamais entendu quelqu'un dire qu'il n'aimait pas le piano ! ». Pour l’avenir, Raphaël nous confie avoir « envie d'aller encore plus loin, d’explorer de nouveaux horizons » et être « très intéressé par les instruments à cordes et les cuivres ». w w w. fa c e b o o k . c o m / l a a k e m u s i c
LES P’TITES MICHU U N E O P É R E T T E FAÇ O N B D : LY R IQU E E T F L A SH Y
M
musique
La compagnie Les Brigands propose de redécouvrir cette pétillante opérette d'André Messager qui conte l'histoire de Blanche-Marie et Marie-Blanche, la populaire et l’aristocrate, confondues pendant la Révolution à la suite d’une étourderie épouvantable… Cent vingt ans après leur création, revoilà donc les Ptites Michu, dans une mise en scène très pop signée Rémy Barché.
Les P’tites Michu ont vu le jour en 1897, ont connu la gloire à Paris et même à Broadway, avant de tomber dans les limbes de l’oubli. Grâce à la compagnie Les Brigands, toujours en quête de trésors enfouis du répertoire français, elles brillent de nouveau sur la scène lyrique. Mais qui sontelles exactement ? Marie-Blanche et Blanche-Marie sont jumelles. Ou du moins on le leur a fait croire. Dans la tourmente de la Révolution française, l’une d’elles a été confiée à sa naissance aux Michu, commerçants, qui avaient aussi un bébé. Et le père Michu a commis une gaffe épouvantable : il a fait prendre le bain aux deux nourrissons en même temps… et ne sait plus les distinguer. Autant dire qu’ils ont un peu de mal à expliquer tout cela au marquis des Ifs, qui vient récupérer sa fille dixsept ans plus tard… Virgin suicides…
La version qu’en proposent Les Brigands résonne avec une nouvelle modernité dans la mise en scène de Rémy Barché. « Le livret tourne autour de deux très jeunes filles.
À sa lecture, j’ai pensé au film Virgin Suicides de Sofia Coppola. Je voulais qu’on rentre dans l’histoire comme si l’on ouvrait le journal intime de deux adolescentes d’aujourd’hui. D’où la volonté d’installer une esthétique très girly, un décor pop rose flashy, tout un univers graphique qui nous projette dans l’espace mental des ados» souligne le metteur en scène qui creuse la veine du décalage graphique avec un recours ingénieux à la vidéo et à l’animation pour illustrer les émotions des personnages. « Sous une apparente légèreté, l’œuvre parle de la cellule familiale, de séparation, des premiers émois amoureux, de ce moment où l’on doit quitter le monde insouciant de l’enfance pour entrer dans l’âge adulte. On suit ici le parcours de deux adolescentes au seuil de leur féminité qui doivent rompre le lien fusionnel qui les unissait et faire des choix qui définiront leur vie d’adulte. » Des Brigands en pleine forme
joie. Sur le plateau, une équipe de chanteurs-comédiens joue, danse et chante bien sûr, alternant dialogues parlés et chantés, avec une belle énergie. A commencer par les deux sœurs jumelles, interprétées par la brune mezzo, Violette Polchi, et la blonde soprano, Anne-Aurore Cochet. Tous les autres chanteurs composent une galerie de personnages burlesques à souhait, dans une succession de scènes cocasses et décalées tandis que l’orchestre livre une version lyrique aux accents toniques de la partition de Messager, qui se révèle moins légère que sa qualification d’opérette ne le suggère. « La musique d’André Messager a été une révélation, confie Rémy Barché. C’est une musique délicate, très fine, qui offre un mélange de gaité, de tendresse et de mélancolie extrêmement touchant ». Une étonnante redécouverte à consommer sans modération pour se convaincre que l'opérette est tout sauf un art ringard !
Au cours de ce périple acidulé où la vie n’est pas un long fleuve tranquille, les Brigands s’en donnent à cœur
À L ’ OPÉRA D E REIMS SAME D I 1 9 J ANVIER À 2 0 H 3 0 ET D IMANCHE 2 0 J ANVIER À 1 4 H 3 0 TARIF D E 7 ¤ À 2 4 ¤ w w w. o p e r a d e r e i m s . c o m
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TEXTE anne de la giraudière photos Nemo Perier Stefanovitch
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