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A un moment de ma vie où je n’allais pas très bien. Dans ma vie, dans ma tête, dans mon cœur. Je suis allé consulter une voyante. Elle s’était installée dans un appartement d’un ami à B.. Arrivé chez elle, tout de suite, elle a vu que quelque chose clochait en moi. Elle me tira les cartes et me dit que j’étais entouré par des ondes négatives. Je voulais bien la croire ! Elle me proposa pour chasser ces ondes négatives de prendre des bains très particuliers, de brûler des papiers avec des formules secrètes et qu’elle mobiliserait
chez elle, en France, quelques moines capucins qui prieraient pour moi et mon âme. Pour
1500. --. Salut compris. Personne n’y aurait cru. Moi si. J’ai pris mes bains chaque jour, j’ai brûlé des formules magiques et j’ai payé. Et vous ne le croyerez pas, ça a marché sur moi. Je me suis senti mieux. Je lui ai même fait parvenir un bouquet de fleurs pour la remercier. Voyance le 11.2.11 à 16 :02. Je suis infirmier. En gériatrie. Lorsque j’habitais G., j’avais trouvé un poste dans un petit EMS dans la banlieue de G.. Le premier jour de travail, j’essaie de rester discret, observateur et un peu à l’écart. La matinée se passe gentiment et à 9h. tout s’arrête. C’est la pause café cigarette. J’étais un peu tendu et j’écoutais les propos de mes collègues. Je fumais une cigarette et mon regard s’est porté discrètement sur ma braguette. Je portais ce jourlà un tee-shirt rouge. Rouge pétant. Et ce tee-shirt rouge pétant sortait de ma braguette grande ouverte. Pour la discrétion, j’étais servi ! Je remercie mes collègues de n’avoir pas fais de commentaire. No comment !
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Le tee-shirt 11.2.11 16 :16 J’avais emmené ma femme passer un week-end à O.. C’était un petit hôtel avec spa. Tout pour nous plaire. A la réception del’hôtel, la réceptionniste nous annonce que notre chambre n’est pas encore disponible. Pas grave… Nous irons manger une petite morse au village situé en contre-bas. Le parking de l’hôtel était un horrible parking tout en béton… Gris, sale et sombre. Pour sortir de ce parking, il me fallait avec ma voiture faire demi-tour. Et c’est là que ça se gâte ! Ma femme me dit : « devant toi, il y a une place « handicapé », tu pourras facilement faire demi-tour » Je lui réponds : « t’inquiète, laisse-moi faire »Et là, je recule, fonce en plein dans un pylône en béton, mon pare-brise arrière éclate en mille morceaux et je dis à ma femme : « dis tu l’avais pas vu ! » et ma femme me répond : « c’est pas moi qui conduit ! ». Un week-end de rêve… Week-end 12.2.11 à 5 :45. Je côtoie par mon métier de nombreuses personnes âgées atteintes de démence. C’est une maladie terrible mais également fascinante et surprenante. Je me rappelle de ce monsieur atteint d’une maladie qui lui faisait perdre la tête et délirer et d’une autre maladie qui le faisait déambuler toute la journée . Lent, courbé et raide. La totale quoi ! Si sa femme m’exaspérait, lui je le trouvais très attachant. Un jour que j’étais assis au bureau devant mon ordinateur. Il rentre, s’approche et s’assied . Et là, commence entre nous un vrai dialogue de sourds. Ponctué de rire, d’éclat de voix et de complicité. Merveilleux moment d’échange entre un infirmier qui ne comprenait pas un mot dit par ce vieil homme et ce vieil homme qui ne comprenait pas un mot dit par ce
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drôle d’infirmier. L’échange se faisait par les yeux, par les gestes, par le toucher, par une certaine énergie… Et si je vous dit que ces personnes âgées ont un sixième sens… Démence 12.2.11 à 6 :02 J’occupais à ce moment-là un poste à responsabilité à N.. Ce travail me prenait la tête grave. J’étais stressé, irritable. Bref invivable Un jour que je me rendais en voiture à mon travail, la pluie a commencé à tomber. A tomber et encore à tomber. J’actionne mes essuie-glaces. Nada. Ils ne fonctionnent pas. Merde alors, moi qui suis déjà en retard. Tout le trajet se fait sans essuie-glaces, la vitre ouverte. Le lendemain, je me rends chez mon garagiste qui contrôle à fond ma voiture. Et n’y trouve rien… Mais alors, mes essuie-glaces... Rien…Rien de rien. Le lendemain je donnais ma démission avec soulagement et ne repris plus de poste à responsabilité. Nada. Et mes essuie-glaces fonctionnent du tonnerre. Esprit 12.2.11 à 6 :16. Ma chatte L. est vraiment une chatte fascinante. Chaque soir, quand ma femme va se coucher, elle arrive et se couche sur son coussin en ronronnant. Quand ma femme est endormie, elle part. Ce qui m’interroge , c’est que L., ma chatte se pointe cinq minutes après que ma femme se soit couchée et même si elle n’est pas ds la maison. Ma chatte…Pas ma femme. Chatte 12.2.11 à 6 :22. Nous étions en vacances à D. en T.. Ma femme et moi. Un jour, nous sommes allés visiter le souk et arrêt obligé dans un atelier de tapis.
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Le marchand, homme rusé, nous montre sa marchandise. Tapis. Non… Oui… Non…. Oui. Oui. Un cachemire. Et très vite, ma femme a eu des doutes. Un Cachemire en T. ? Elle ameute tous les marchands de tapis du souk qui se moquent : « un Cachemire en T., pas possible. ». Colère de ma femme qui retourne chez le marchand. Tromperie sur la marchandise. Voleur. Police. Lui. Humiliation. Poignard berbère. Sang. A la fin, lorsque la colère s’est dissipée, le marchand décide, pour calmer ma femme, de lui faire un rabais substanciel sur la marchandise. Franchement, moi, j’ai cru que ce tapis n’allait jamais être livré. Ben ! je me suis trompé. Le tapis est bien dans notre salon. Nous venons de le faire nettoyer. Inch’Allah. Tapis 12.2.11 7 :21.
Cerveau embrumé, poumons encrassés, foie engorgé, cœur blessé. 12.2.11 9:09. Malaise. C’était le jour anniversaire de notre mariage. Plutôt le soir. Nous avions choisit de manger italien. Ça tombait bien un restaurant italien s’était ouvert pas loin de chez nous… Mais il était installé dans la zone industrielle de B.. Lorsque nous sommes arrivés, la sommeillère était déjà en train de balayer la salle à manger. Bizarre ! Mais cela ne nous a pas découragé. La carte des menus était affichée ds la cuisine. Plutôt écrite à la craie. Mais cela ne nous a pas découragé. A l’apéro, ma femme a demandé un verre de vin blanc. Il y en avait pas. Mais cela ne nous a pas découragé.
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Nous avons passé commande et nous sommes allés boire notre apéro dehors. Dehors, il y avait un bruit assourdissant et continuel. J’ai appris plus tard que le restaurant avait été ouvert près d’une usine de recyclage des métaux ouverte 24h sur 24. Ensuite la sommeillère nous a priés de rentrer, car la salade avait été servie. Bizarre ! La salade était servie dans un emballage en plastique avec une sauce posée dessus ds un emballage en plastique. Mais cela ne nous a pas découragé. Nous avons commencé à manger notre salade et soudain arrive le cuisinier avec 2 magnifiques salades dans une assiette en porcelaine… Malaise… Nous entendions distinctement comment la sommeillère engueulait copieusement les cuistots. Mais cela ne nous a pas découragé. J’avais commandé ensuite des raviolis. Pour les accompagner, je voulais boire un verre de vin rouge. La sommeillère me présente gentiment 2 bouteilles et me demande de choisir. Je précise bien que je ne veux en boire qu’un verre car ma femme n’en boit pas. Pas de problème. Le vin était chaud comme de la pisse… Les raviolis arrivent. Il y en a à tout casser 5 ds mon assiette. Mais cela ne m’a pas découragé. Ce qui nous a le plus gêné, c’est ce bruit … A l’intérieur… A la question, La sommeillère nous explique que le bruit provient de la chambre froide mal réglée et qu’elle en avait parlé à son chef mais que celuici s’enfiche… Yes ! A cet instant, ns ns sommes regardés ma femme et moi et nous nous sommes dits que nous avions touché le fond. J’aurais dû écouter ma femme… Très vite, elle m’avait dit : « il faut qu’on s’en aille, je ne sens pas cet endroit ! ». Et comme il y a toujours une justice, le restaurant a fermé ses portes six mois plus tard… Yes ! Restaurant italien 13.2.11 17 :47.
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Quand je travaillais à G., je m’étais inscrit à un we de massage. Arrivé là, on passa à la théorie et très vite à la pratique. On se déshabilla et vas-y mon quiqui. Je devais masser une femme obèse. Enorme. Et là, je me suis complètement bloqué. Paralysé. Je ne pouvais pas. Allez savoir pourquoi. J’ai quitté le cours comme un voleur et n’y remis plus les pieds. Quelques années plus tard, je suivais un cours de massage et là, une participante ne put pas me masser car mes poils la dégoûtaient… Juste retour des choses ! Massage 17.2.11 9:25. Le jour de mon mariage, j’ai pris une cuite carabinée. Rond comme une queue de pelle. Rond comme un carré. Alors que cette journée d’août avait bien commencé… Mais l’émotion et l’alcool avait eu raison de moi. Lorsque ns sommes rentrés à la maison, ma femme et moi, je ne tenais plus de debout. J’ai vomi sur tout le chemin conduisant à ma maison. Les fourrées sont souviennent encore ! Heureusement qu’il a plu le lendemain… Je suis tombé raide mort sur mon lit et ma femme m’a enlevé mes souliers. Ça, je m’en souviens mais après… A 4h. du matin, je me suis levé. J’étais dans un demi coma. Je me suis assis au salon et j’ai commencé à ouvrir toutes les lettres que nous avions reçues. Il y en avait des dizaines. Et chacune contenait un billet de banque. J’ai fait deux tas. Un avec les lettres, l’autre avec les billets de banque. Mais qui avait donné quoi, mystère. Ma femme me la assez reproché ! Ns avons réglé le problème en envoyant un merci général. Quand le lendemain, nous sommes allés payer nos dettes, je marchais, mais impossible de tourner la tête à droite ou à gauche. Sinon j’étais pris de nausées. Je ressemblais à un un schizo neuroleptisé. Arrivés au restaurant, ma femme et le patron ont fait les comptes. Et là, avec le tact qui la caractérise, ma femme
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dit au patron qu’elle ne payerait que 14 repas car j’avais vomis le quinzième. C’était logique mais le patron n’a pas été d’accord. Allez savoir pourquoi. Ivresse 17.2.11 9 :50. Quand j’habitais G., j’étais seul. Terriblement seul. Et qui dit seul dit proie facile pour les Témoins de Jehova. Je les ai reçu une première fois en fin d’après-midi. Ils m’ont débité leurs discours mielleux sur Dieu, le Paradis et tutti quanti. Et ensuite, ils venaient régulièrement me rendre visite mais je ne leur ouvrais pas la porte. Pas folle la guêpe ! Je ne sais pas pourquoi, mais je crois qu’ils étaient plus intéressés par mon porte-monnaie qu’à mon salut. Dieu est avec vous, vos plantes sont magnifiques. Basta ! Et Dieu ds tout ça. 17.2.11 9:59. A G., j’ai fait une parano pas possible. Je m’en souviens encore. C’était en fin d’après-midi. Je suis rentré dans mon petit appart avec ma clé. J’ai ouvert la porte, je l’ai fermée. Et je suis allé boire une bière dans la cuisine. Et là, j’ai commencé à penser à mes clés d’entrée. Elles étaient où ? Je les ai cherchées partout et je ne les ai trouvées nulle part. Alors que je m’approchais de la porte d’entrée pour contrôler si je ne les avais pas laissées dans la serrure, j’ai entendu quelqu’un dévaler les escaliers. Et là, parano quand tu nous tiens, j’ai complètement flippé. Mais grave. Mais bien sûr, mes clés, je les avais laissé à l’extérieur et quelqu’un les avait prises. Mais bien sûr, ce quelqu’un me les avait volées et allait revenir, quand je serai absent, me voler mon argent. Mais bien sûr… Et là, j’ai pris les choses en main. J’ai pris le tiroir contenant mon argent et mes papiers, je l’ai mis dans un petit réduit où je mettais mon aspirateur et j’ai fermé le réduit à double tour. Et la clé, je l’ai mise ds le congélateur. Au moins personne n’allait la trouver là-dedans.
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Le soir, j’ai reçu la visite d’un assureur. Je n’ai pas souscrit d’assurance mais, ce soir-là, nous avons refait le monde devant une bonne bouteille. Et après son départ, j’ai retrouvé mes clés !!! Elles avaient simplement glissé derrière une pile de livres. Et cette nuit, j’ai bien dormi. Parano. 17.2.11 10 :21. Ma voisine est réflexologue. Elle masse les points réflexes des pieds. Mais elle rééquilibre les chakras et manie le pendule aussi. En me massant les pieds, elle tombe sur le point de la prostate. Et là, ça fait mal. A la quatrième séance, le point prostate étant tjrs aussi douloureux, elle me conseille d’aller consulter mon docteur. Il faut que je vs dise qu’un point prostate douloureux s’accompagne presque tjrs d’un jet d’urine capricieux et que ma voisine se préoccupait plus de mon jet d’urine que de ma personne. Déformation professionnelle, je pense. Je me rends donc chez mon docteur qui est une doctoresse et qui est une ancienne copine d’école. Je lui explique le topo. Comme elle est spécialisée en échographie, elle me fait une écho qui montre une prostate tout à fait normale. Mais pour être sûr… Je dois passer par l’épreuve du doigt dans le c.. Elle me parlait plutôt de toucher rectal. J’ai essayé de lui parler prise de sang mais non. Toucher rectal. Et vas-y, fous-y. ! Ma prostate était tout à fait normal… Depuis ce jour, je mange dix grains de courge par jour, je pisse assis et je fais crac-crac biscotte-framboise le plus souvent possible. Et ma voisine ne me parle plus de ma prostate. Enfin. Prostate 17.2.11. 10 :45. Après la visite obligée à mes parents, nous étions allés manger dans un ptit restaurant au bord du lac de N.. Ma copine catalane et moi.
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La terrasse était magnifique, le poisson excellent et le vin blanc bien frais, bien agréable. Et nous avons poursuivi notre route vers G.. Très vite, nous avons commencé à avoir mal aux ventre. Puis des colliques et enfin un besoin pressant d’aller aux toilettes. Mais bien sûr, pas d’aire de repos, pas de WC à l’horizon et un besoin pressant de vider nos intestins. Typique. Dans l’urgence, j’ai arrêté ma voiture sur le bas-côté, nous avons baissé mon pantalon et sa jupe et ns ns sommes vidés. Diarrhée++. Les autres conducteurs nous faisaient signe. Nous leur envoyions un bras d’honneur avec le sourire. Je ne sais pas pourquoi mais depuis ce jour-là, le restaurant a fermé ses portes et a été démoli. Le poisson n’était pas frais et avait fait d’autres victimes, je suppose. Diarrhée. 17.2.11 11 :03. Quand j’ai voulu acheter ma première voiture, je suis allé chez plusieurs garagistes avec mon beau-frère. Je suis tombé sur une VW P. bleu métallisé. Elle coûtait 4500.- à l’époque. Le garagiste me montre les papiers de la voiture et j’enregistre discrètement le nom et l’adresse de l’ancien propriétaire. Et je dis au garagiste que je vais réfléchir. Le soir, je téléphone à l’ancien propriétaire qui est une femme. Elle semble surprise de mon appel et me dit : « mais cette voiture, elle n’existe plus ! J’ai eu un accident , il y a quelques mois, et mon garagiste m’a dit qu’elle était irréparable et bonne pour la casse. Il m’en a donné 50.-- ! » Comment cette voiture se trouvait en vente à 4500.--, je ne veux pas le savoir. Les affaires sont les affaires, je suppose. Pour finir, je me suis décidé pour une Peugeot. Arnaque. 17.2.11 17 :07. J’ai été témoin hier d’une scène assez cocasse. Cela se passait au centre ville de B.. Dans petit parc. Deux hommes d’un certain âge se disputaient. Il y avait là une
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petit homme barbu et un autre habillé de frais qui l’engueulait. Il était tout rouge et gesticulait. Il reprochait au petit homme barbu de faire les poubelles. Que faire les poubelles était quelque chose de sale et de dégoûtant. Le petit homme barbu lui expliquait qu’en effet, il faisait les poubelles mais que c’était pour y trouver du pain. Du pain qu’il cassait en petits morçeaux et qu’il jetait aux oiseaux. L’autre, bien sûr, ne l’écoutait pas et l’engueulait de plus belle. Deux mondes, deux philosophies. Triste et émouvante en même temps cette scène, vous ne trouvez pas ? Et pendant une seconde, j’ai rêvé être ce petit homme barbu pour pouvoir flanquer une gifle bien ressentie à l’homme habillé de frais. Mais je ne l’ai pas fait. Dommage. Philosophie 17.2.11 17 :35. Il y a quelques années, j’avais entrepris un périple à bicyclette. Je m’était arrêté à M.. Dans un camping. J’avais planté ma tente, bu un verre de lait et engagé la conversation avec mes voisins. Ils venaient de Belgique et étaient d’un certain âge. L’homme me raconte alors, que chaque année, ils viennent passer une semaine ds ce camping et une semaine, ils vont la passer chez la bellemère qui habitait la ville d’à-côté. Comme la belle-mère était une dame très désagréable, il passait une semaine dans ce camping pour se détendre, reprendre des forces et se préparer psychologiquement à la suite… Charmant et plutôt pas con . Tourisme 17.2.11 17 :52. Un soir, ns sommes allés au concert de B.. Ma femme , des amis et moi. C’était un des derniers concerts que B. faisait de son vivant. Arrivés là en avance, nous avons décidé de manger un petit quelque chose. Il y avait une longue queue devant le stand chinois et pratiquement personne devant le stand des hot-dogs. Nous avons mangé des hot-dogs, sauf ma femme… Le concert a commencé. Je trouvais
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ma femme de plus en plus nerveuse et absente. Elle avait faim. Faim de cuisine chinoise et de rien d’autre. Nos amis commençaient déjà à danser sur la musique. Nous sommes sortis. Avons mangé chinois. Ma femme avait retrouvé le sourire et la fin du concert fut courte, mais tellement émouvante. Mais ma femme avait retrouvé le sourire… Concert. 17.2.11. 18 :04. C’était en été. J’étais allé à la piscine de N. avec quelques collègue de travail. Il y avait devant nous une jeune femme et son fils. Le fils boitait et semblait souffrir. Je ne sais pas comment, mais soudain la mère est venue nous parler de son fils. Il boitait depuis quelques semaines et le médecin, qu’elle avait consulté, n’avait rien diagnostiqué et lui avait prescrit des médicaments qui ne lui faisait aucun effet. J’ai alors pris ma chaînette avec au bout une croix et je l’ai utilisée comme un pendule. Je l’ai promené le long du dos du jeune homme et soudain, elle a commencé à tourner. J’ai appuyé délicatement avec mon pouce à cet endroit. J’ai senti un petit craquement et j’ai fini par un petit massage. Voilà, c’était fini . Et qu’elle n’a pas été ma surprise de voir ce jeune homme partir en gambadant. Il ne boitait plus. Sa mère m’a remercié mille fois. Un peu plus et elle me prenait pour un saint homme. Depuis ce jour-là, je crois aux anges gardiens. Oui Monsieur ! Ange gardien. 17.2.11. 18 :23. Nous étions allés au Festival du N.. Ma femme et moi. Auparavant, ma femme avait demandé à un ami de lui faire deux joints bien chargés avait-t-elle précisé. Elle en avait plus fumé depuis cinquante ans, moi depuis vingt. Arrivés là-bas, nous nous mettons à la recherche de deux cafés. Deux cafés ds un festival c’est minimum une demi-heure. Minimum. Donc pdt cette demi-heure, ma femme a fumé le premier joint. Quand je suis arrivé avec les cafés tièdes, ma femme planait. Elle entendait des voix alors qu’elle ne
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s’appelle par B. mais C. Ses jambes pesaient une tonne. J’arrive avec peine à l’asseoir sur un banc et je ne sais pas pourquoi, je lui dit : « tu ne me feras pas honte ! ». Etonnement, ma femme récupère très vite ses facultés et ns ns rendons au concert de R.. Le concert est intense. Nous nous éclatons grave et… à la fin… je me rends dans la tente d’à côté où se joue un concert de reggae et j’allume le deuxième joint, bien chargé je précise. Les premières minutes, rien. Ensuite, je sens le sol céder sous moi, Je me retourne et je verse en avant. Affolement. Cris de ma femme . Les samaritains arrivent et me traînent de tout mon long, à travers tout le festival, jusqu’à leur tente. Bien sûr que cette scène, je ne me la rappelle plus. On me la raconté plus tard. Ce que je me rappelle, c’est que je me suis réveillé sur un brancard, couché sur le côté. Une samaritaine âgée m’a demandé « vs avez envie de vomir ? ». Je lui répondu : « c’est limite ! ». Cette dame âgée était responsable du vomi car ses collègues plus jeunes , « ça les dégoûtait ! ». Mais ça, je l’ai appris plus tard. Donc, je lui ai répondu et je me suis endormi…mi…mi. Après quelques heures passées ds les bras de Morphée, je me suis levé. Mes jambes étaient encore flageolantes mais j’ai réussi à atteindre la voiture aidé par ma femme et sans oublier d’embrasser toutes les personnes que je croisais. Et moi qui lui avait dit de ne pas me faire honte… Ainsi va la vie. Joints 18.2.11. 9 :38. Nous avons un rez-de-chaussée avec chatière. Ma femme et moi. Depuis qu’on nous a collé six immeubles devant les yeux, nous avons six fois plus de chats. Des jeunes en général. Et un vieux d’une dizaine d’années. Famélique, triste mais qui mange tout le temps. Ma femme lui a acheté des « senior+8 ». Pour les chats seniors de plus de 8 ans. Un jour, j’expliquais à un chat junior de quelques mois que ce qu’il mangeait était destiné à un chat senior. C’était marqué sur le sachet. Il n’en avait rien à battre de mes explications humaines.
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Il a ripoliné son écueil et sans un merci , il est sorti par la chatière. En se pourléchant les babines. J’ai pensé alors que peut-être que les fabricants de bouffe pour chats nous entubaient quelque part. Nous les humains. Chats. Le 24.2.11. 16 :33. Un jour je suis allé faire les commissions dans le supermarché de mon quartier. Arrivé devant la caisse, il y avait un homme d’un certain âge. Il avait un comportement bizarre. Il n’était pas alcoolisé. Il était 10h du matin. Mais… Il semblait complètement perdu. Le regard hagard. Il prenait des sacs en plastic pour mettre sa marchandise mais en fin de compte, il ne savait pas quoi en faire. En plus, il était d’une lenteur maladive. Je me suis rapproché de cet homme pour lui proposer mon aide mais il a refusé. Je n’ai pas compris toutes ses paroles, mais à l’expression de son visage, j’ai compris qu’il refusait mon aide. C’est seulement quand j’ai voulu prendre mon auto que j’ai pris peur. L’homme de la caisse avait aussi une auto et il conduisait. Non ! Je ne vous dis pas le temps qu’il m’a fallu pour charger mes commissions, démarrer ma voiture et partir en trombe. Un record ! Et pourquoi ? Juste pour partir avant lui. Bizarre. 24.2.11. 16 :52. Nous hébergions un chat famélique qui mangeait tout le temps. Un senior. Il ne nous appartenait pas. Il appartenait à notre voisine du dessus. Une femme divorcée complètement débordée par trois enfants à charge. Donc son chat famélique, triste et malade, c’était le dernier de ses soucis. Et un jour le chat famélique qui mangeait tout le temps n’a plus voulu manger du tout. Nada. Lui qui était déjà maigre maigrissait à vue d’œil. Alors quoi faire ? Sa maîtresse s’en désintéressait de plus en plus et ça me mettait en colère. « Mais mon chat il mange très bien
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quand il est avec moi » me disait-elle avec un air moqueur.Ça me mettait en colère. Et un soir, via le vétérinaire. Diagnostic : huit dents cariées, grosse infection. Antibiotique. Cortisone. Et retour à la case départ. Après quelques jours de ce traitement de cheval, le chat a recommencé à faire sa grève de la faim. Et là, j’ai envoyé ma femme chercher sa maîtresse pour qu’elle constate par elle-même l’état de santé de son chat. Et là, j’ai découvert une femme charmante et ses deux enfants. Cette dame n’était point indifférente, ni maltraitante mais seulement dans une situation personnelle difficile. Je l’ai écouté, ma colère a fondu comme neige au soleil et la décision a été prise de ne pas le piquer avant le retour de son fils aîné en mars. C’était son chat. Parfois, il est bon d’écouter les gens qui nous entourent. Pas seulement parfois. La voisine. 24.2.11. 17:22. C’était l’anniversaire de ma mère. Ma femme avait décidé de lui faire une tarte au citron. C’était un samedi. Je n’étais pas encore marié. Pendant que ma femme faisait sa tarte, je lisais le journal sur le canapé. Pour sa tarte, ma femme avait consulté plusieurs sites sur Internet et s’était décidée pour une recette dans son livre de cuisine. Elle suivait scrupuleusement la recette, faisant même elle-même la pâte. La cuisine embaumait le citron . La tarte était terminée mais… mais la crème au citron était liquide. Qu’à cela ne tienne, la tarte est posée sur la table du balcon et toutes les cinq minutes, j’allais voir si la crème au citron avait durci. Mais non… elle restait de façon insolente liquide. Devant la panique de ma femme, je l’ai rasssurée et je me suis rabattu sur la tarte au citron de mon boulanger. La tarte était délicieuse et personne n’a su qu’elle n’était pas issue des mains de ma femme. Sauf ma femme bien sûr !
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Je ne lui en ai pas voulue, même si elle m’a reproché longtemps d’avoir loupé sa tarte. En effet, selon elle, le fait de me prélasser sur le sofa l’avait énervée et avait provoqué le désastre… Allez comprendre les femmes ! Mais je ne lui en ai pas voulu. Je l’ai même demandé en mariage peu après. Allez comprendre les hommes ! Tarte au citron. 25.2.11 8 :50. Quand je me suis rendu à mon travail, ce matin-là, il faisait encore nuit. Je me suis installé au volant et je suis parti. Très vite, j’ai senti une odeur de merde mais je n’en ai pas tenu compte, car j’étais pressé. Arrivé à T., je suis allé chercher le journal et j’ai regardé sous mes souliers. En effet, j’avais marché sur une merde de chien. Qu’à cela ne tienne, c’était l’automne et il y avait beaucoup de feuilles. Mais il faisait noir. Donc j’ai ramassé une grosse feuille pour nettoyer mes souliers. Mais cette feuille n’était pas une feuille, mais une merde de chien. Véridique ! J’en avais plein les mains. J’ai positivé, j’ai respiré profondément et j’ai nettoyé mes mains avec du papier de ménage. Non !non !non ! cette journée ne sera pas une journée de merde… Ben si ! Quand je suis arrivé à mon lieu de travail, il manquait trois personnes ce jour-là. Malades. Et quand je vous parlais d’une journée de merde… Journée de merde. 25.2.11 9 :02. Ma frangine avait un cocker. Un chien. Avait car il est mort depuis. J’aimais bien ce chien. Affectueux, les oreilles pendantes et le regard triste. Un cocker quoi. J’allais le promener quand j’avais le temps. Un jour, je le libère de sa laisse et vogue la galère. Des vaches paissaient au loin. Le chien court vers les ruminants et mais il n’est pas intéressé par eux mais par leurs beuzes. Il se vautre délicieusement dans leur merde et revient vers moi victorieux. Moi, je fumais tranquillement une cigarette et je ne l’ai pas vu venir.
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Le chien avait les oreilles pleines de merde. Et il se pavanait. Non, mais. Et ça ne le gênait pas le moins du monde. Dans la douche, j’ai eu beaucoup de peine à le faire asseoir. Quand il a reçu le jet d’eau chaude sur le museau, il s’est mis à se secouer… à se secouer. Il y avait de la beuze de vache partout. Sur les murs, sur moi. C’est fou comme je l’aimais ce cocker. Le cocker. 25.2.11 14 :35. Nous étions en vacances en T.. Ma femme et moi. Nous avions loué une petite maison à Z.. Un de nos amis y séjournait également. Etant les deux fumeurs, nous nous sommes intéressés au prix d’une cartouche. 30 dirhams, prix fixé par l’ Etat. Notre ami, également fumeur, nous propose de nous amener dans un marché sur la route de la Libye où la cartouche est à moitié prix. Ok ! Un matin, nous partons pour la Libye. Au marché, nous étions les seuls Européens. Inquiétant ! Mais bon ! Nous traversons le marché et un peu à l’écart , se trouvait le stand des cigarettes. Le stand était tenu par deux hommes, portrait tout craché de deux repris de justice. Mais bon, nous étions là pour acheter des cigarettes… La cartouche, en effet, était à quinze dirhams. Ok pour deux cartouches. Rentrés à Z., nous avons ouvert un paquet, car nous étions pressés de les goûter, ces cigarettes à demi prix. Et quelle n’a pas été notre surprise de sentir une forte odeur… de poisson. Une forte odeur qui vous prend au nez ! Donc pendant tout notre séjour, nous avons fumé du poisson. Pas vraiment désagréable mais après quinze jours l’odeur vous sort un peu par les oreilles. Trop c’est trop ! Je vous dis pas que, arrivés à l’aéroport de G., nous nous sommes précipités sur des clopes payées plein pot. Ça nous était égal ! Elles étaient tellement bonnes… 27.2.11 17 :30. Cigarettes.
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Ma femme voulait s’acheter un coussin. Nous nous sommes rendus donc chez I.. Très vite, ma femme a trouvé son bonheur. J’étais content car moi le shopping, c’est pas mon truc. Arrivés à la caisse, la caissière nous dit : « Mais j’peux pas typer ce coussin ! « Ah ! bon et pourquoi ? « parce que… ce coussin est un coussin d’exposition ! » « Ah ! bon et alors ? » « Je peux pas typer un coussin d’exposition ! » « Et alors qu’est-ce qu’on fait ? » « Ben ! il faut aller en chercher un autre ! « Un autre ? » « Oui ! un autre sous- vide ! » « Sous vide ? » « Oui, sous vide, alors celui-là, je pourrai le typer ! ».Alors ma femme est allée à la recherche d’un coussin sous vide. Et elle l’a trouvé. Mais moi qui l’attendais dehors, en fumant une cigarette, je me suis caillé pendant trois quart d’heure, car pour aller chercher son coussin, ma femme a dû traverser tout le magasin. Et ce magasin, je ne sais pas si vous le savez, est très grand… Très très grand. Alors avis aux amateurs. Le coussin. 27.2.11. 18 :04. Je voulais arrêter de fumer. On m’avait donné une adresse d’un magnétiseur à H. Sa méthode était très efficace. Il avait même passé à la TV. Un soir, c’est décidé, nous nous rendons à H.. Moi, ma femme et une amie. Le magnétiseur habite une grande ferme. Très belle. Devant la porte trône un grand cendrier et l’homme qui nous reçoit, un gros paysan suisse allemand nous dit : « Fume-là ! ça sera ta dernière ». Encourageant... La salle d’attente est peuplée d’anges. Il y a en partout. Des chats aussi. Le magnétiseur est peu bavard. Il me reçoit dans une petite pièce avec un lit. Il met une musique folklorique et c’est parti ! Il me presse 3 points bien précis : le premier au niveau du front, le deuxième au niveau du haut du crâne et le troisième, il m’appuie en tirant vers le haut au niveau de la gorge. A me déboîter la tête. Ça fait mal ! Et quand il a fini, il me demande en suisse allemand : « T’as la bouche sèche ? ». Timidement je lui
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réponds : « oui ». Et voilà que le gars m’appuie à nouveau au niveau de la gorge. Quand il me demande pour la deuxième fois si j’ai la bouche sèche, je lui réponds un non catégorique. Non mais… Ensuite, il me remet un petit bout de bois et au suivant. Nous sommes partis avec chacun son bout de bois, une tisane aux herbes et des mains qui ne sentaient plus du tout la fumée. Moi, j’ai tenu cinq mois, ma femme moins, notre amie tient toujours… Cigarette. 28.2.11. 16 :33. Ma mère était tombée dans les escaliers. Elle était toute courbaturée et avait mal partout. Je lui proposai d’aller consulter une reflexologue chromatologue. Elle traitait en utilisant les couleurs. J’en avais entendu parler en bien par son mari qui était vendeur de fleurs. Et nous voilà parti. La dame nous reçut dans son cabinet plongé dans une semi obscurité. Elle était énorme et portait des habits noirs. Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Ma mère s’installa sur un lit après avoir enlevé ses bas. Et le travail commença… Très vite, la dame commença à utiliser un langage psy qui bloqua et déplu fortement à ma mère. Les psys, psychiatres, Freud et tutti quanti , elle n’aime pas du tout. Mais pas du tout du tout. Ca commençait mal ! Mais c’était son fils chéri qui l’avait emmenée là. Alors elle endura. La dame massa les pieds à ma mère en utilisant les couleurs et commença à lui raconter sa vie. Ma mère n’est pas très causante, mais elle sait écouter. Peut-être n’aurait-elle pas dû… Car la vie de cette dame avait été jusqu’ici un calvaire. Je dirais même plus un enfer. Pas un soupçon de joie, pas le moindre rayon de soleil, pas un brin d’espoir. Lourde , lourde la vie. C’était une vie qui vous plombait le moral. Qui rendait n’importe quelle personne dépressive.
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Après ce récit ma mère qui n’est pas très causante mais qui est sensible, je l’ai trouvée touchée mais aussi effondrée. Moi qui rie volontiers , je ne riais pas. A la fin de la consultation, la dame nous raccompagna à la porte en recommanda à ma mère de venir encore deux fois. C’est à la fin de la troisième séance, que les résultats seront les plus probants, nous dit-elle. Ma mère qui est une personne polie lui dit qu’elle allait réfléchir et la remercia. Puis nous sortîmes dans la rue et là ma mère me dit : « Dis, on ne va pas y retourner quand même ? ». « Je ne pense pas », je lui répondis et elle sembla soulagée. Des mauvais choix, j’en ai fait dans ma vie. Celui-ci en était un. Un mauvais choix. 1.3.11. 5 :35. Quand je faisais mon stage en psy à B., j’ai fait la connaissance d’un adolescent perturbé. Je ne pense pas qu’il m’en voudra , si je raconte un peu sa vie. Ce jeune homme avait été abandonné par ses parents et vivait chez ses parents adoptifs. Mais à l’adolescence, il avait développé des troubles du comportement qui avaient effrayés ses parents adoptifs. Ils n’en voulaient plus alors ils l’ont chassé. Ses troubles se sont aggravés et il a commencé à faire des conneries. Et un soir, il est rentré par effraction dans la maison de ses parents adoptifs. Police et hospitalisation en psychiatrie. Il avait 18 ans et très vite les médecins lui ont diagnostiqué une schyzophrénie. Etre schyzo à 18 ans, ça vous plombe le moral et cela pour toute la vie. Ce qui m’a frappé chez cet ado durant mon stage, c’est qu’il buvait des litres de jus de pommes. Du jus de pommes qui portait le nom…de ses parents adoptifs. Ce jeune homme, je le vois parfois à B.. Il a grossi et semble toujours aussi perdu. Il s’installe parfois sur un banc et regarde les autos passer. Toute la journée. Chienne de vie ! Un adolescent perturbé. 1.3.11. 6 :03.
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Mon beau-frère est schizophrène. Il vit avec sa petite amie qui est dépressive. Je ne le vois pas souvent mais sa sœur, c’est-à-dire ma femme, les invitent une fois par année pour un souper chez nous. Quand il vient chez nous en train, il a l’habitude de venir toujours en avance. De quelques heures. Cette année-là, sa petite amie avait préparé une tarte aux fruits. C’était l’été, Il faisait chaud, très chaud. Comme ils étaient en avance, ils sont allés faire un tour en ville… de quelques heures. La tarte aussi. Quand ils sont arrivés chez nous, la tarte était décomposée. Deux heures au soleil, une tarte, ça craint ! Ben ! Vous n’allez pas me croire, je n’ai jamais mangé une tarte aux fruits aussi bonne. Un peu coulante, un peu molle, mais délicieuse. Ca se sentait que cette tarte avait pris le soleil et qu’elle avait été préparée avec le cœur ! Bon appétit ! La tarte aux fruits. 1.3.11. 6 :14. Ma femme m’a raconté deux petites histoires qui par leurs chutes sont étrangement semblables. La première se passe à P.. L’ancien maire de la commune avait tué sa femme. Pour faire disparaître le corps , il voulait la brûler dans le four de la cimenterie proche. Mais ce jour-là, le four était en panne et l’ancien maire arrêté pour son crime. La deuxième histoire, c’est également un homme de la région qui avait tué sa femme et qui l’avait cachée dans son coffre. Le dimanche matin, il allait voir le match de football et à la question de ses amis, il disait que sa femme était en vacances chez sa mère. Lui aussi a été arrêté peu après. Où la chute de ces deux histoires est semblable, c’est que ces deux hommes ont passé le restant de leur vie au chaud. Cadavres. 1.3.11. 6:50. Je fais parfois des brocantes avec un ami. Ma première brocante, je l’ai faite à B..
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Je ne pas si vous savez, mais dans une brocante, le moment décisif, c’est le déballage. Donc, ce jour-là, j’étais en retard. J’avais posé en vitesse ma veste et mon bonnet dans un coin et j’avais commencé à déballer ma marchandise. Soudain, j’ai entendu une voix à ma gauche qui me demandait en allemand : « combien ça coûte, ça ? ». Une dame tenait à bout de doigts mon bonnet en laine. Je lui ai répondue poliment que ce bonnet n’était pas à vendre, car c’était le mien. Quand j’y pense maintenant, je crois que j’aurais dû lui vendre, car la journée a été, ce jour-là, catastrophique. Financièrement parlant. Brocante. 1.3.11. 7 :01. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis souvent en contact avec des médecins et je suis souvent très étonné par leur langage et leur comportement. Voilà trois petites histoires assez révélatrices. La première se passe dans les Urgences d’un petit hôpital régional. Une dame d’un âge certain attend patiemment dans un box. Elle est pâle, doit être déshydratée et son visage exprime de l’inquiétude. Alors un médecin entre dans le box. C’est le chef de clinique. Et il dit à la petite dame apeurée : « Madame, il faudrait quand même vous faire à l’idée que vous allez mourir ». Merci docteur, mais peut-être pas tout de suite ! Deuxième petite histoire : cela se passe dans un cabinet d’un généraliste. Un jeune homme mal dans sa peau demande au médecin des anti-dépresseurs. Le médecin refuse mais lui demande si il est homosexuel et sans le prévenir lui baisse sa culotte pour contrôler l’état de son service 3 pièces. Hallucinant ! La troisième petite histoire se passe dans un EMS. Un homme âgé, dément et fugueur est insulté par un médecin qui lui dit franchement qu’il en a assez de lui et qu’il fait chier tout le monde.
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Alors, Messieurs les médecins, lisez votre serment d’Hippocrate car sinon votre aura va sérieusement se ternir. A bon entendeur, salut ! Médecins. 1.3.11. 8 :19. Je ne vous apprends rien si je vous dit que les fous ne sont pas tous en hôpital psychiatrique et que la plupart sont parmi nous et considérés comme tout à fait normaux. Un petit exemple pour les sceptiques. Je soigne une dame d’un âge certain. Charmante et issue d’un milieu modeste. Elle avait une sœur décédée aujourd’hui. Sa sœur s’était éperdument éprise d’un homme riche. Chef d’entreprise efficace et un notable apprécié de tous. L’homme riche parfait. Quand elle se marie avec lui, elle ignore encore qu’elle a signé un pacte avec le Diable. Car cet homme, chef d’entreprise efficace et notable apprécié de tous était en fait un tyran. Il battait comme plâtre sa femme et ses deux enfants. Et cela chaque jour et systématiquement. Charmant, n’est-ce pas ? Ce charmant individu est mort maintenant mais ses 2 fils souffrent toujours de séquelles… Et que faisait la police ? Elle mangeait avec lui ! Alors… Je ne vous ai pas convaincu ? Alors encore un petit exemple. Un homme suisse se réfugie aux Etats-Unis car il est poursuivi en Suisse pour attouchements sur enfants. En Amérique, il est condamné pour viol et incarcéré. Ayant purgé sa peine, il rentre en Suisse et s’installe dans un petit village de la région. Et que faitil ? Il vit avec une femme divorcée avec deux enfants en bas âge. Encore une chose, cet homme ne travaille pas et s’occupe des deux enfants. Hallucinant n’est-ce pas et ça se passe devant chez vous. Les fous. 1.3.11. 9 :54. Quand j’étais petit, je faisais systématiquement dans ma culotte. Sur le chemin de l’école. J’allais chercher F. chez elle. Sa mère me faisait un chocolat chaud. Et nous
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partions pour l’école. A mi-chemin, j’avais envie de caquer. Je me retenais et pour finir, je lâchais tout dans ma culotte. Toute la matinée, je la passais, la merde collant au cul. Ça me démangeait mais je me grattais pas. Ça aurait fait qu’empirer les choses. Et les heures passaient… Ce n’est qu’à midi, une fois rentré chez moi, que ma mère sentant l’odeur me demandait : »dis, t’aurais pas fait dans les culottes ? », que j’avouais honteusement . Mais le lentement ça recommançait… Maintenant j’ai 50 ans et ça m’a passé. Heureusement. Enfance. 7.3.11. 8 :28. Mon père est parti trop tôt. Après sept heures d’opération. Sur le billard. A ce moment-là, je ne m’entendais pas très bien avec mon père. Les dernières paroles qu’il a prononcées devant ma mère avant d’entrer en salle d’opération étaient les suivantes : « Ne t’en fais pas, je suis entre de bonnes mains ». La dernière fois que je l’ai vu, je l’ai vu mort. Un rire moqueur aux lèvres. The show must go on ! C’était il y a 25 ans et il m’a fallu vingt ans pour faire mon deuil. Papa. 7.3.11. 8 :38. Quand ma première copine est partie, j’ai cru crever. J’l’avais ds la peau. Dans mon cœur, dans mes tripes aussi. Mais à ce moment-là, j’étais con. Immature et amoureux. Mais je l’ai laissée partir et je me suis enfermé dans ma douleur et ma solitude. Et pendant des années, je n’en suis plus sorti. Ça a duré 5 ans et je n’en suis toujours pas sorti… La sortie, c’est où ?. Il faudra qu’un jour, j’en parle à Sigmund. Freud. Quand je le rencontrerai… Copine. 7.3.11. 8 :38. Avec ma deuxième copine, c’est moi qui suis parti et j’ai éprouvé un sacré soulagement. Elle me piquait mon fric.
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Me brisait le cœur et elle s’en foutait royalement. Money money. Basta ! je passe à la suivante. Copine. 7.3.11. 8 :51. Ma troisième copine, je l’ai mariée… C’est dire. Copine. 7.3.11.8 :52. Un jour, une astrologue m’a dit, après avoir fait mon thème astral, que dans ma vie, je ne serai jamais bien .Elle a eu raison. Je ne suis jamais bien. Pourquoi ? je l’ignore. Et mon astrologue aussi. Les astres. 7.3.11. 8 :56. J’ai consulté des voyantes. Je suis allé voir des psy. J’ai fait du judo, du basket, du Tai-chi, du Chi Gong. J’ai fait du rebirth, de la sophro, du massage métamorphique, la méthode Tomatis, du shiatsu. Et j’en passe. Je traîne toujours mon mal-être. Alors que je recherche du bien-être. Et mon médecin qui me propose de doubler ma dose d’antidépresseurs .C’est un bonne idée pour transformer le noir en rose. Mais ça ne dure pas. Mal-être. 7.3.11.9:05. Connais toi toi-même et aime les autres comme toimême. Ça me va mais c’est pas trop tard ? Mais non tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. L’espoir qui fait vivre et qui console les imbéciles . Imbécile toi-même. Philo. 7.3.11.9 :09. Ma mère, toute sa vie, elle s’est inquiétée pour moi. Et pour les autres aussi. Elle s’intéressait à ma nourriture. « Tu as assez mangé ? » et à mon travail « le travail, ça va ?. Et moi je répondais toujours « oui ça va ». Mais ça n’allait pas mais, ça la rassurait que je réponde « oui, ça va ». Et comme ça, elle pouvait continuer à s’inquiéter pour les autres. Ça, ça m’inquiète… Inquiétude. 7.3.11 9 :17.
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Mais pourquoi les personnes qui me sont proches ne s’intéressent point à mon intérieur ? Si vous avez la réponse, contactez-moi. Je vous ferai visiter mon intérieur. Intérieur. 7.3.11. 9 :20. Mes cheffes sont des emmerdeuses. Des emmerdeuses graves. Mon infirmière-cheffe d’abord. Elle est maso et a un ego démesuré. Elle n’écoute pas ses collaborateurs et est très susceptible. Elle ne supporte pas les critiques et ne se remet jamais en question. Ma directrice elle, c’est plus grave. Elle est malade. Perverse narcissique. Séduction, sadisme et manipulation. Les 2 font la paire. Une relation SM, c’est du solide et ça dure… ça fait 7ans que ça dure. Et ce sont nous, leurs collaborateurs, qui morflons. Grave. Pas moyen de se faire entendre. Pas d’écoute. Pas de respect. Donc nous sommes de la merde pour elles. Alors que fait la police et la présidente de la Fondation ? Elles mangent avec elles. Elles rient avec elles. Elle se congratulent entre elles. Et nous, nous continuons à souffrir. Mais nous avons décidé de prendre les armes. De contacter les médias et ça va péter. ça va chier. La guerre en Libye… Mais en S.. 2 dictatrices à chasser. La guerre sera longue, camarades. Oui, cheffes ! 7.3.11. 10 :08. Nous étions invités chez des amis de ma femme. Ils sont à la retraite et Mme C. a travaillé de nombreuses années à l’Office des tutelles. Elles s’occupaient d’une dizaine de pupilles. Et l’histoire qui suit concerne l’un d’eux. Un matin, Mme C. se réveille et ouvre les volets. Devant sa fenêtre, se trouve un arbre. Il n’était pas là hier, elle en est sûre. Elle demande à son voisin qui lui dit qu’il
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n’a pas planté d’arbre. Son mari non plus. Mystère. Et l’arbre reste et pousse… Quelques mois plus tard, Mme C. se réveille et ouvre les volets. Devant sa fenêtre, plus d’arbre. Un gros trou, mais plus d’arbre. Bizarre ! Là elle se transforme en Miss Marple et fait son enquête. Ce qu’elle découvre est simplement hallucinant. Un de ses pupilles a été arrêté pour vol d’une importante somme d’argent. 70'000.—frs. Mais l’argent reste introuvable.Il reste introuvable, simplement, car le jeune homme a eu le temps de le planquer sous un arbre. L’arbre, vous comprenez ? Ensuite, il purge sa peine de quelques mois et récupère tranquillement l’argent volé. Simple comme bonjour ! Pupille. 8.3.11. 11 :24. J’étais petit alors. Un matin, ma mère me demande d’aller chercher chez une amie des choux-raves. Cette amie ne parle que suisse allemand et moi je parle très très mal le suisse allemand. Mais pour faire plaisir à ma mère, j’y vais. Le long du chemin, je me répète en suisse allemand la phrase « Bonjour Madame, je viens chercher les choux-raves ». Une bonne dizaine de fois. Et bien sûr, arrivé chez Mme B. aucun mot ne sort de ma bouche. Je suis un garçon timide et Mme B. m’impressionne. Mais elle me reconnaît et commence à remplir mon bidon. Mme B. portait en ce temps là de généreux décolletés. Et moi qui entrait dans la puberté, les décolletés, ça me faisait fantasmer. Pas les décolletés proprement dit mais ce qu’il y avait dessous. Après avoir rempli mon bidon, elle me propose d’aller dans son potager car elle veut donner une de ses salades à ma mère. Et là, j’observe une scène charmante et excitante pour un enfant pré pubère. Mme B. se penche en avant et coupe une salade. Et là, Mme B. dévoile ses 2 seins. Des seins énormes. A la Fellini. Wouah ! No comment !
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J’ai fantasmé ensuite pendant 6 mois sur les seins de Mme B. et je suis passé à autre chose… Plus de mon âge. Les seins de Mme B. 8.3.11. 11 :45. Mon père était quelqu’un d’imposant. Un costaud. Et encore plus en hiver quand il se promenait en ville avec son manteau de fourrure et son grand chapeau. Un jour, il se promenait en ville avec ma mère. Moi, j’étais petit. Soudain, un homme l’accoste et le salue. « Bonjour, mon commandant ». Mon père qui est un homme poli le salue également. Et cet homme lui parle comme si il avait en effet devant lui son commandant. Il va même présenter sa femme avec fierté en lui disant : « voilà mon commandant ». Et mon père ne l’a pas détrompé. La discussion se termine, chacun se souhaite un au revoir et ma mère demande à mon père : « Tu le connais ? » et mon père lui répond alors : « Non, jamais vu ! ». Lui qui a été un simple troufion, je crois que quelque part, ça a dû lui faire du bien. Toute cette histoire. Mon commandant. 10.3.11. 7 :50. Une connaissance de ma femme lui racontait récemment cette petite histoire. Lorsqu’il habitait son ancien appartement avec sa femme, son appart avait un petit jardin intérieur qui était très très mal éclairé. Un soir avant d’aller se coucher, il voit au milieu de son jardin un petit animal. Un chat ou autre chose. Il n’en sait rien. Il observe la forme attentivement . La forme ne bouge pas. Cela l’inquiète, mais il décide quand même d’aller se coucher. Le lendemain, La forme est toujours là et elle n’a pas bougé. L’inquiétude grandit et il décide d’appeler la police. Deux gardiens arrivent, écoutent son histoire qu’ils trouvent un peu bizarre. Un des agents se décide de s’approcher de la forme qui n’a toujours pas bougé de place et très vite il s’exclame : « Mais, monsieur, Cette
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forme n’est pas un chat… mais un simple rocher ! ». Une pierre quoi. Quand les deux agents s’en vont, il voit bien leur regard bizarre porté sur lui mais ne s’en inquiète pas. Le lendemain, il prend sa voiture pour aller travailler et très vite, il s’aperçoit qu’il est suivi. Par une voiture de police. Celle-ci le suit jusqu’à son lieu de travail et s’éloigne. Cette connaissance était à l’époque directeur d’une institution pour handicapés. Et cela explique cela… La forme. 10.3.11. 8 :08. J’étais petit garçon. Un soir, téléphone. Une voix me demande si mon papa est là. Je répond par la négative et la voix me dit : « Dis à ton père que la marchandise est arrivée. ». Les jours suivants, je me suis demandé ce que pouvait être cette sacré marchandise. Et c’est seulement des années plus tard que j’ai su. Cette marchandise, c’étaient les capotes que commandait le coiffeur de mon père et qu’il livrait ensuite à ses clients de son salon. Marchandise, marchandise, est-ce que j’ai une gueule de marchandise ! J’avais une tante qui lavait et séchait les capotes de son mari dans sa salle de bain. Enfant, j’allais avec curiosité admirer ces bouts de caoutchouc qui pendaient lamentablement sans savoir le moins du monde à quoi ils pouvaient servir. Je pense qu’une capote en ce tempslà devait coûter cher ou que mon oncle devait être un sacré chaud lapin. Capotes. 15.3.11.16 :52. Mon ex beau-frère était allemand. Un dimanche, il nous invite dans un restaurant gastronomique. Moi, je ne comprend pas toute la carte, mais on me conseille de manger un steak surmonté d’un petit choux-fleur et une sauce béchamel. C’est la spécialité de la maison . Ce dimanche là, mon ex beau-frère avait également invité les enfants de sa sœur. Adorables gamines ! Et
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comme tous les gamins, elles commandent une tranche panée avec frites. Quand les plats sont arrivés, ils étaient tous sous cloche. Et quand la sommeillère a soulevé ma cloche, il y avait bien un steak mais… il était minuscule. Et dire que ma voisine, une de ces adorables gamines, avait une énorme tranche panée avec énormément de frites et par-dessus du Ketchup. C’est pô juste ! Gastro. 15.3.11. 17 :11. Une collègue me racontait récemment la petite histoire suivante. Quand elle travaillait en gériatrie, un matin, elle a dû faire la toilette à un homme d’un certain âge. Et cet homme, dès que quelqu’un lui lavait le dos, il avait une érection. Donc ma collègue lui lave le dos et bien sûr monsieur a son érection. C’est automatique ! Ma collègue, un peu gênée, lui dit qu’elle va revenir dans un petit instant et elle s’en va. Après quelques minutes, elle revient et le monsieur lui dit : « C’est con, mademoiselle, vous avez raté le feu d’artifice ! ». Mais c’est bien sûr ! Erection .15.3.11. 17 :28. J’ai l’habitude, pour mon anniversaire, d’inviter ma petite famille dans un bon restaurant. Celui-ci avait la réputation de faire les meilleurs filets de perche de la région. Ce soir là, bien sûr, chacun a commandé selon ses envies mais personne n’a pris des filets de perche. La honte ! Ce restaurant, je le connais de longue date. J’y étais venu avec des amis. La sommeillère est lesbienne ce qui ne me gêne pas personnellement mais une amie a passé la soirée à lui faire des commentaires désobligeants. La honte ! Ce qui explique peut-être que chaque fois que je vais dans ce restaurant, la bouffe est est délicieuse, mais le service est à chier. Cela explique peut-être cela ! Lesbienne et filet de perche. 15.3.11.17 :53.
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Je travaille avec des africaines. Quand elles me racontent leur vie là-bas, je me dis que l’enfer, elles connaissent. C’est ici. Sur Terre. Le gouvernement corrompu, qui s’enrichit sur le dos du peuple. Le peuple qui manque de tout et qui crève de faim. L’épidémie de sida qui laisse les enfants orphelins. Le manque de médicaments pour l’enrayer. Les mauvaises récoltes dues au manque d’eau et à la sécheresse. 1 enfant sur 2 qui mourra avant l’âge de 6 ans. Pas de travail même après avoir fait des études. La guerre, la famine, la maladie. Et malgré cela elles gardent espoir, elles gardent le sourire, elles gardent la foi. L’espoir de venir en Europe qui se transforme parfois en cauchemar. La famille restée en Afrique qui les sollicite constamment. Un mari européen qui les bat ou qui souffre d’alcoolisme. Souvent un travail mal rémunéré que personne ne veut. Heureusement que Dieu est avec elles, car il y a des situations où il ne reste que la prière… Car pour elles, le Paradis, c’est ailleurs. Pas sur la Terre. Africaines. 16.3.11. 7 :47 J’étais mauvais nageur. J’avais peur de l’eau. Et voilà qu’arrive M. P. M. P. est maître-nageur. Il est aussi concierge de mon école. Et une fois par semaine, il m’apprend à nager. M. P. est un baraqué, tout en muscles, poilu mais d’une douceur et d’une patience rares. Donc, chaque semaine il m’apprend à nager. Moi qui résiste, qui ne veut pas, il encourage, il attend, il fait preuve d’une patience rare. Et c’est seulement pour lui faire plaisir, car il le mérite, que je nage que je plonge. Et quarante ans plus tard, alors que M. P. est décédé de la maladie d’Alzheimer, que je me rappelle sa patience, sa douceur, que j’ai envie de lui dire simplement… merci. Encore une chose, M. P., j’ai toujours peur de l’eau et je n’ai toujours pas appris à nager… Merde alors ! M.P..16.3.11. 8 :00.
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Quand j’étais petit, j’allais ramasser des marrons. En ce temps-là, les marrons avaient la vertu de soulager les rhumatismes. Alors, après notre récolte, nous allions, mes camarades et moi, vendre nos marrons aux personnes de notre quartier. Un marron dans la poche, adieu les rhumatismes. Le marron coûtait 20 centimes. 20 centimes c’est peu. Pour nous, enfants, c’était le début de la fortune. Mais aucun de nous a fait fortune… Marrons. 16.3.11. 8 :08. Quand j’étais ado, j’allais aider des paysans en été à faire les grands travaux. Cette année-là, j’étais à M. Chez un paysan ,vieux garçon, déprimé chronique mais tellement attachant. Je sortais le fumier, je massais ses vaches et lui repeignait la cuisine. Gratos. Il était content. Mais voilà, la première semaine, il a plu. Des cordes. Donc pour les foins, c’était râpé. Un soir, avec deux garçons du coin, fort débrouillards, nous étions allés pêcher la truite. Plutôt, les piquer dans le vivier du restaurateur du coin. Sans canne à pêche, seulement avec les mains .Très efficace. Rentré chez moi, nous avons fait griller nos truites au beurre et nous les avons arrosées d’un vin blanc bon marché. Quel délice ! Mais à quatre heures du matin, nous étions tous complètement bourrés. Et voilà-t-il pas que ce matin là, il y avait grand soleil et il faisait chaud. Arrivé chez mon paysan, il me dit : « ça c’est un jour pour faire les foins ! ». Moi, j’avais la tête dans le cul mais quand il faut y aller, il faut y aller. Donc toute la journée, sous le soleil de Satan, j’ai chargé du foin. Et mon paysan, sûrement un peu sadique ce jour-là, était sur son tracteur et avançait à vitesse modérée. Au début, je suivais gaillardement mais très vite, je devais courir après le tracteur pour pouvoir charger le foin. A la fin de la journée, j’étais mort. Je ne sentais plus mes jambes. J’avais perdu au moins trois kilos en
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transpiration. J’étais cuit et complètement dessaoulé. C’est un bon remède, je vous le conseille. Cuite, truite et paysan. 16.3.11. 8 :42. Quand j’étais ado, j’ai participé à un camp de vacances dans le Jura. J’étais le seul garçon au milieu d’une dizaine de filles. Mais il ne s’est rien passé. Sexuellement parlant. J’étais tellement timide et coincé. Ça n’aide pas ! Bref, à la fin du camp, j’étais secrètement tombé amoureux d’une belle Hollandaise qui s’appelait M.. A la fin du camp, nous nous sommes séparés mais très vite, j’ai eu envie d’aller la retrouver dans son pays. Donc j’ai pris le train, avec pour seule adresse un bout de papier où était inscrit son adresse. Plutôt une partie de son adresse. Arrivé sur place, sans savoir un mot de hollandais, je suis allé à la recherche de ma copine. Et je me suis trouvé en pleine campagne, dans le froid devant une bâtisse du siècle dernier. Ma copine travaillait comme éducatrice. Mais ce jour-là, elle ne travaillait pas, elle était malade. Quelle poisse ! Mais il était tard et je ne savais pas où coucher. Pas possible dans cette institution. Merde alors ! Donc je me suis mis en route dans le froid et la nuit et j’ai quand même pu dormir au chaud. Le lendemain, j’avais fait rendez-vous avec ma copine à la gare de A.. Et après tous ces efforts, déception. Elle n’était pas contente de me voir et nous n’avions rien à nous dire. J’étais sur le cul. Maintenant trente ans plus tard, je me demande si je n’ai pas pris mes rêves pour la réalité. Où des vessies pour des lanternes. Ça vient au même. La hollandaise. 16.3.11. 8 :59. Ma femme voulait changer de matelas. Nous sommes allés à T.. Dans le magasin, nous avons été pris en charge par une vendeuse. Et quelle vendeuse ! Elle nous a montré plusieurs matelas. Nous les avons testés tous et là, la vendeuse nous dit : « si vous voulez changer de
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matelas, il faut aussi changer de sommier. ». Mais alors, mais c’est bien sûr. Alors, nous avons acheté deux matelas et deux sommiers. Deux sommiers haute gamme. Si ma femme voulait changer de matelas, c’est qu’elle avait mal au dos. Elle a toujours mal au dos. Nous voulions dépenser un ticket, nous en avons dépensé quatre fois plus. Donc, méfiez vous des vendeuses. Les bonnes. Matelas. 18.3.11. 7 :46. J’étais allé faire du ski à O.. Comme je n’ai pas de ski, j’en ai loué une paire avec chaussures. Le lendemain, j’ai enfilé mes chaussures et très vite j’ai eu mal au pied. Mais bon, j’ai pensé que mon pied devait se faire aux chaussures et j’ai continué à skier. Le lendemain, j’avais encore plus mal aux pieds. Là, je me suis arrêté sur une terrasse et j’ai réfléchi. Peut-être que c’était les chaussures qui étaient trop petites. Mais non, c’était la femme du patron qui avait pris les mesures. C’était pas possible, elle n’avait pas pu se tromper. Mais si. Quand je suis revenu dans le magasin, c’est le patron qui m’a accueilli en me disant : « Mais vos chaussures, elles sont trop petites pour vous ! ». C’est bien ce que je pensais ! Ensuite avec des chaussures à ma mesure, j’ai passé une semaine ensoleillée et sans douleurs. J’ai pas porté plainte contre la femme du patron (c’était une fort belle femme) mais je vous conseille quand vous avez mal aux pieds, ne culpabilisez pas, c’est la fautes aux chaussures. Chaussures de ski. 18.3.11. 7 :58. J’étais allé faire de la sophrologie pendant un week-end à F.. Pendant deux jours, je me suis relaxé, médité et appris à faire le vide en moi. A la fin du week-end, on m’a fait des test de kinésiologie et j’étais toujours aussi tendu. Mais pas au bon endroit, comme dirait ma femme.
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Sophro. 18.3.11. 8:58. En 1976, je me suis rendu avec un ami à Paris en vélomoteur. Le mien était flambant neuf et j’en étais fier. Le sien était une épave. Mon père avait fixé sur mon vélomoteur deux sacs à poils de l’armée. En 76, c’était la canicule. Nous avons beaucoup transpiré, beaucoup bu,beaucoup visité. Après quinze jours de route, nous sommes arrivés à S. Nous étions fatigués et contents de rentrer au bercail. Le matin du dernier jour de voyage, voilà-t-il pas que mon vélomoteur ne veut pas démarrer. Nous l’avons démonté, nettoyé, huilé mais rien. Nada. Alors je me suis décidé à prendre le train alors que mon copain finissait notre périple en vélomoteur. La honte ! Un vélomoteur flambant neuf et je termine en train. La honte. Et tout cela, pour un misérable tuyau bouché. La honte, je vous dis. 20.3.11. 16:36. A Paris. Un soir, j’avais organisé une soirée de dégustation de whisky. Que les meilleurs. Des single malt. Une dizaine de bouteilles en tout. A côté de moi se trouvait une collègue qui habituellement ne buvait pas d’alcool mais ce soir-là… c’était la fête. Soudain, elle dit : « je n’ai jamais été aussi bien de toute ma vie ! ». Et deux secondes plus tard, elle disparaît et je l’entends vomir tripes et boyaux. Elle a fini au lit avec une poche de glace sur la tête. C’est vrai que le bonheur ne dure pas longtemps. Mais elle, ce soir-là, ne le savait pas. Whisky. 20.3.11. 16 :47. Nous étions allés fêter le départ d’un collègue. Moi et un collègue black. Il faisait beau ce soir là. Il y avait à boire mais rien à manger. Les joints circulaient. La musique de Nirvana et de Janis Joplin nous envoûtait. Et cette soirée qui aurait dû être festive est devenue lourde. Destroy. Est-ce dû à l’alcool, à la musique ou à
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l’ambiance déprimante qui y régnait. No se. Nous attendions désespérément une salade de patates qui ne venait pas. Mon collègue black s’est éclipsé et n’est plus revenu. Il était allé vomir dans la forêt proche et s’était endormi sur le siège arrière de ma voiture. Il était cuit. Out. Quand la salade de patates est arrivée enfin, j’étais bien parti aussi. La salade était portée par un homme qui se vantait d’avoir bu dix Cuba libre avant de venir. Charmant. Sa copine déjà ivre s’est assise près de moi et je me suis penché près d’elle pour mieux la connaître. Alors son copain m’a tapé sur l’épaule et m’a dit : « Tu ne fera pas de mal à ma copine car elle a assez souffert à cause des hommes ». Je lui ai répondu : « Rien à craindre, je suis bon comme le bon pain ! ». Ensuite la soirée a tourné en beuverie et j’ai perdu un peu le fil. Mais voilà, je devais rentrer chez moi et ramener chez lui mon collègue black. Et là, ça se corse ! J’étais bourré et lui aussi. Mais nous sommes partis, moi au volant et j’ai suivi scrupuleusement la ligne médiane de la route. Et nous sommes étonnement arrivés à bon port. Je ne sais pas comment, mais nous y sommes arrivés. Merci mes anges gardiens. La suite, c’est ma femme qui me l’a racontée le lendemain. Il paraît que arrivé chez moi , je me suis assis et j’ai ri, ri, ri. Bonne nuit et à demain. Nuit d’ivresse. Le 21.3.11. 7 :06. Quand j’étais petit, j’allais chaque année pendant les vacances d’été chez ma nonna en Italie à T.. Ma nonna était déjà à l’époque une femme âgée et percluse de rhumatismes. Le soir, fatiguée , elle s’asseyait sur son divan et s’endormait en ronflant. Ses petits-enfants à ses côté. Une TV installée sur le haut d’une armoire nous obligeait à pencher la tête en arrière pour pouvoir la regarder. A cette époque, il y avait déjà beaucoup de pub à la TV. Et je me souviens très bien de l’une d’elle en particulier. Elle disait en italien : « Versa Stock sul tuo gelato ».
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Stock étant une marque de brandy. Et l’effet, chez ma nonna était immédiate. Elle se réveillait et nous demandait d’aller chercher de la glace chez le glacier proche. Alors heureux, nous courrions avec un bidon de lait chercher la glace tant attendue. Le glacier nous en mettait un kilo et nous la mangions ensuite en famille. Doux souvenir. Et chaque soir, nous attendions avec impatience la pub Stock, le réveil de notre nonna afin de revivre ce moment de douceur et de plaisir. Mmh ! Souvenir d’enfance. 21.3.11. 7 :22. Quand ma sexualité s’est réveillée vers les douze treize ans, ça a été le choc pour moi. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait et cela m’arrivait en pleine gueule ! J’étais complètement possédé et je ne savais pas quoi faire. Ce tourbillon m’entraînait à semer à tout vent. Dans la salle de bain, sous la douche, dans ma chambre, etc. Je faisais des trous dans mon matelas, dans mon coussin. J’avais perdu tout bon sens. Putain ! J’avais la trouille, je culpabilisais et je ne me confiais à personne. C’était plus fort que moi. Alors qu’il aurait suffi de me donner une boîte de Kleenex, un flacon d’huile et surtout l’accompagner de paroles rassurantes et douces. Mais nada. Débrouille-toi comme tu peux. Je me suis débrouillé seul et m’en suis sorti pas si mal que ça ! A bon entendeur salut !. Sexe and rock n’roll. 21.3.11. 7 :43. Quand j’ai eu besoin de mes premières capotes et que, j’étais maladivement timide, j’avais décidé, question discrétion et anonymat, d’aller les acheter dans un grand supermarché de B.. Ni vu , ni connu. Je savais exactement où se trouvait le rayon des capotes. Vite fait, bien fait pensais-je. J’avais tort. Arrivé à la caisse, j’avais caché mes capotes sous d’autres marchandises et j’attendais confiant. Soudain, la caissière prend mes capotes, les tourne dans tous les sens et ne trouve pas le prix affiché. Alors, elle tend les bras vers le ciel avec mes capotes au bout et elle
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actionne une sonnerie pour faire intervenir sa cheffe. J’étais rouge comme une pivoine et si j’avais pu, je serais allé me cacher dans un trou de souris. Alors quand je suis sorti du supermarché, j’ai cru que tout le monde me regardait mais c’était faux. Tout le monde s’en fichait. Et c’est bien ainsi. Capote. 25.3.11. 7 :15. J’ai une copine énergéticienne qui a son cabinet à M.. Quand elle l’a ouvert, elle y avait placé devant de grosses plantes vertes. Un après-midi, elle s’approche de son cabinet et aperçoit des jeunes gens en train de lui voler ses plantes. Elle leur dit : « Mais vous faites quoi ? » et eux lui répondent d’un air moqueur « Ben ! on vous vole vos plantes, ça se voit pas ! ». Et elle leur rétorque : « Mais Messieurs, ce ne sont pas de simples plantes ! J’y ai logé quelques esprits qui protègent mon cabinet ». Alors ces jeunes gens ont blêmi et ont commencé à courir comme des dératés. On ne plaisante pas avec les esprits! Au moins pas aujourd’hui. Esprits. 25.3.11. 9 :26. Ma collègue avait des chèvres. Mais elle ne pouvait plus s’en occuper. Alors elle demanda à son fils de leur trouver un pâturage verdoyant où elles pourraient couler des jours heureux. Son fils fit ce que demanda sa mère et trouva un pré verdoyant au-dessus de V.. Tout le monde était content, mais… Un jour, ma collègue se rendit chez son boucher et celuici l’accueillit avec ces mots : « Madame, vous venez chercher vos saucisses ? ». Etonnement, surprise et colère. Car le fils bien-aimé n’avait pas emmené les biquettes au-dessus de V. mais les avait tout simplement emmenées chez le boucher. Ce qui, vous le conviendrez, n’est pas tout à fait la même chose. Ainsi va la vie. Les biquettes. 30.3.11. 8 :30.
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Quand j’étais petit, j’accompagnais avec plaisir ma grand-mère faire des achats en Suisse. En ce temps-là, ma nonna habitait en Italie et se rendait souvent en Suisse où mon oncle avait une épicerie. Ma grand-mère y achetait des produits qui étaient plus chers en Italie qu’en Suisse : du sucre, du café et des cigarettes. Nous nous rendions à C. en train. Après ses achats, ma nonna, à chaque fois m’emmenait dans la salle d’attente de la gare de C. et c’était toujours le même manège. Elle me remplissait les poches de cigarettes, en mettait quelques paquets dans son soutien-gorge. Moi je ressemblais à un bibendum et elle, avec ses gros nichons, à une actrice fellinienne. Au passage de la douanne, j’avais le cœur qui battait fort. Ma nonna très fière répondait aux douaniers qu’elle n’avait rien à déclarer. Quel culot ! Les douaniers la croyaient. Ou presque… Contrebande. 4.4.11 9 :16. Bonjour, je m’appelle P. J’ai 52 ans. Je suis marié sans enfant. Marié à Ch. Ma mère vit encore. Elle a 82 ans. Mon père est mort en 1986. Il avait 57 ans. Mon enfance : un cocon. Tiens-toi droit ! Ne mets pas les coudes sur la table ! Tais-toi ! Mais aussi les pains au chocolat. Les Bazooka. Les bonbons au Coca. Copains, copines… surtout les copines. Les anniversaires. Mon adolescence : aie ! aie ! aie ! ça fait mal. Ma mère malade. Dépression. Psychiatrie. Retour sur terre douloureux. Découverte de la solitude. Ça laisse des traces. Mon père qui pleure. Découverte… Mais aussi les idées noires. La culpabilité. Alcool. Les Fleurs du mal. Baudelaire. Poe. Rimbaud. Messages dans une bouteille. L’âge adulte. Non ! Plutôt adolescence attardée. Travail. Solitude. Alcool. Cigarettes. Père. Employé CFF. Mais aussi chauffeur. Nettoyeur. Déblayeur. Rêve de grosses voitures américaines. Fini les rêves ! Au turbin ! Casquette de pompiste au grenier…
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Ma mère. Fragile. Au foyer. Mais aussi coiffeuse. Photos-romans. Merde la dépression ! Ma frangine. Institutrice. Vieille école. 55 ans. Mariée. Divorcée. Une fille. Ma nièce. Vit avec ma mère. Ma nièce. Belle femme de 30 ans. Gâtée. Aime les chiens, les chats, les oiseaux. Elle en a fait son métier. Mon boulot. Maladie, souffrance, folie. Bref… les maux de ma société. Et que deux mains pour les soulager. Ça fait 30 ans que ça dure. Mes femmes. La première. A 26 ans. Catalane. Petite mais énergique. Douce. Sensuelle. Fume des joints. Lit Castaneda. Je l’ai dans la peau. Elle part. Je la laisse partir. Chagrin. Douleurs. Solitude. La deuxième. Africaine. Camérounaise. Danse divinement bien. En veut à mon porte-monnaie. Pas à mon cœur. Je la quitte. Soulagement. Basta ! La troisième. Je l’ai mariée. Intelligence du cœur. Cuisine divinement bien . Fume. Boit. Moi aussi. Je l’aime… Mal-être. Pourquoi. Psy. Développement personnel à outrance. Pute. Sophro. Judo. Massage. Voyantes. Aura. Chakras. Et patatras ! Les livres. Fuite. Oui-Oui. Hesse. Castaneda. Maigret. Singer. Poletti. Et Cervantes. Musique. Pink Floyd. Supertramp. Cabrel. Souchon. Et Amstrong. Maintenant. Plus serein. Plus sage. Plus raisonnable. Plus con con aussi... Shiatsu. Le pied. Plongée en profondeur et en apnée. Mon égo se dissout. Mon moi émerge. Sensations. Emotions. Ma vie. Pas exhaltante. En fer. Paradis. C’est la vie ! C’est ma vie. Un point c’est tout. La vie se résume-t-elle à ça ? Pas de réponse. Des doutes. Et vous ? Est-ce que vous en avez ? Une vie. Un point c’est tout ! « l’essentiel est invisible pour les yeux ». St-Exupéry. Février 2011. 7 :16.
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Nous étions aller faire du ski de fond à St. C.. Moi et ma copine d’alors. A la nuit tombée, nous nous étions arrêtés dans une auberge un peu étrange. Le lit était grand. La salle de bain était dans l’appartement des propriétaires. Une grosse merde de chien trônait sur le tapis de l’entrée. Ma copine étant catalane, je lui propose d’aller manger une fondue dans le restaurant de l’auberge. Ce soir-là, nous étions seuls. Pas d’autres clients. La sommeillère était une petite femme timide presque apeurée et se tenait dans un coin du comptoir. Elle a pris notre commande et s’est retirée. Quand la fondue est arrivée, j’ai remarqué très vite le manque de fromage. Du vin oui mais très peu de fromage. J’appelle la sommeillère et lui explique la situation. Elle me regarde apeurée et me dit qu’elle va appeler le chef. Quelques minutes plus tard, arrive le chef. C’est un homme imposant. Plutôt docker que cuisinier. Il se plante devant nous, les mains sur les hanches et me demande : « c’est quoi le problème ? ». Je le lui explique et après quelques secondes de réflexion, il repart avec le caquelon pour la reprendre dit-il. Après cinq bonnes minutes, la fondue revient et elle est excellente. La soirée se passe joyeusement. C’est seulement en quittant l’établissement, que j’ai remarqué un petit dessin près de la porte d’entrée. Je me suis approché et j’ai vu un homme plâtré de partout et marchant avec des cannes. Sous le dessin, un petit commentaire : « il a osé réclamer ». 11.2.11. 9 :38. Une auberge Nous étions allés faire du shopping au centre ville de B.. Ma femme actuelle adore faire des achats dans les boutiques de seconde main. Moi moins. Nous avions parqué sur un grand parking près des magasins. Ma femme faisait ses achats et je déambulais entre les rayons. J’avais récemment arrêté de fumer et il me
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fallait impérativement trouver à occuper mes mains. J’ai cherché dans mes poches de ma veste et j’ai trouvé un bout de papier. Je l’ai plié, chiffonné et trituré. Ça m’a calmé… pour un instant. Quand nous avons voulu prendre l’auto. Nous avons eu besoin du ticket. Et c’est là que ça se gâte. Pas de ticket. « mais je te l’ai donné » me dit ma femme. Et là ! illumination. Le bout de papier…Je l’avais jeté dans une poubelle. J’ai fait la poubelle, j’ai trouvé le bout de papier, nous l’avons introduit dans la machine, la machine s’est bloquée. Nous avons natelisé le responsable de la machine qui est venu, qui a ouvert la machine et sorti le ticket tout chiffonné et il nous a dit : « le ticket a bloqué la machine, car il est tout chiffonné ». ça, je le savais déjà. Et ma femme est restée zen. C’est pourquoi je l’aime tant. Le ticket. Le 11.2.11. 10 :13. Ecoutez l’histoire qui est arrivée hier à ma frangine. Elle était allée faire des achats au centre ville et avait parqué sur un parking non loin des magasins. Elle avait pris un ticket. Quand elle est revenue prendre sa voiture, elle a pris son ticket et l’a payé. Quand elle est arrivée à la sortie du parking, elle introduit son ticket et là… La machine a dit : « votre ticket n’a pas été payé ». Ah bon ! Les voitures qui la suivaient ont commencé à klaxonner. Une meuf en rade… Ils allaient pas se gêner. Les enfoirés ! Ma frangine a reculé et est allée vers la machine pour introduire de nouveau le ticket et là, la machine a dit : « le ticket est déjà payé ». Ah bon ! Ma sœur s’est avancée vers la sortie. Elle a introduit le ticket et cette fois, ça a marché ! Allez comprendre quelque chose. Un esprit rôde… Le ticket bis. 11.2.11. 10 :26.
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Nous nous étions arrêtés ce soir-là à Y..Moi et ma copine catalane. La chambre à coucher était chouette. Nous avons soupé et bien arrosé ce souper. Nous avons bien dormi et nous avons oublié l’heure du petit-déjeuner. Quand nous sommes arrivés dans la salle du petitdéjeuner, le patron nous attendait furieux. Il refusait de nous servir le petit-déjeuner vue l’heure tardive. Je me suis excusé. J’ai dit que je le comprenais. Au patron, c’était son jour de congé et il voulait emmener ses enfants faire du ski. Au patron, je lui ai dit que nous allions faire nos bagages, le payer et partir. Et là, le patron a changé de ton. Il nous a apporté un café chacun avec des croissants. Il nous a dit de prendre notre temps et avant de partir, il nous a remis les clés de son établissement. Nous les avons apportées au kiosk près du restaurant et nous sommes partis. Allez comprendre la nature humaine… Un patron bien sympa. 11.2.11. 10 :48. Quand j’étais ado, je passais souvent mes vacances d’été chez des paysans. Allez savoir pourquoi ! Cet été-là, j’étais chez un paysan à D..Je ne m’y plaisais pas. Le patron ne me laissait pas toucher à ses vaches. Je pouvais sortir le fumier, aller les chercher tôt le matin dans les prés, les fourrager mais pas les toucher. Merde alors ! Son étable était flambant neuve. Les installations rutilantes. Pour les vaches, c’était un trois étoiles. Le paysan parlait peu. Il avait toujours l’air en colère. Et un soir… Un soir tard le soir, il me raconte tout de go, à moi, un ado des villes que, il y a quelques années, sa grange avait brûlé. Entièrement et ses vaches d’alors aussi. Et dans un sanglot, il m’a dit que le coupable était son jeune fils qui jouait simplement aux allumettes ce soir-là. Cette histoire l’avait ruiné. Putain ! J’étais sur le cul et complètement paralysé. Depuis ce jour, allez savoir pourquoi, j’ai pu toucher Marguerite. C’était sa vache préférée.
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Un été à la campagne. 11.2.11. 11 :05. Nous nous étions rendus au carnaval de V.. Moi et une copine. Nous avions décrochés in extremis une petite chambre dans une pension de famille. Les sanitaires étaient à l’étage. Un matin, ma copine devant faire pipi, elle se rend aux WC. Mais après quelques secondes, elle revient dans la chambre. Elle m’explique qu’elle ne peut pas aller aux WC, car un couple dans la chambre voisine se chamaille. Et elle a peur. Je la rassure mais rien ni fait. Pour finir, après quelques acrobaties, elle a pissé dans le petit lavabo de notre chambre. Charmant tableau. Carnaval de V. 7.4.11.9 :45 Nous nous étions rendus à l’ouverture d’un centre de médecine chinoise à B.. Ma femme et moi. Il faut dire qu’avant d’y aller, nous avions dîné chez le parrain de ma femme. Nous avions bien arrosé une langue sauce-câpre, bu un digestif. Donc, nous n’étions pas très frais. Arrivés au centre, nous apprenons que la première consultation était gratuite alors j’en profite. La doctoresse chinoise qui me prend le pouls ne parle pas un mot de français. Donc, elle est flanquée d’une interprète. Et les questions sur ma santé fusent… Elle demande si je bois du vin rouge. Je dis oui. Si je fume. Je dis oui. Si j’ai de l’hypertension. Je dis oui. Si je mange de la viande rouge. Je dis oui. A chaque réponse de ma part, je vois un peu plus le visage de l’interprète se décomposer. Il passa de l’étonnement à la stupeur en passant par l’angoisse. C’est sûr, elle me voyait déjà un pied dans la tombe. A la fin de la consultation, la doctoresse me proposa une aide pour cesser de fumer et m’offrit une tasse de tisane sans sucre. Pour rassurer mes lecteurs je vous rassure, je vis toujours. Mais pour combien de temps ! Médecine chinoise. 7.4.11. 10 :04.
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C’était un hiver froid et glacial. J’étais à ce moment-là en stage à St.-I.. Arrivé devant la porte de mon studio, je ne vois pas une plaque de verglas et patatras. Double fracture du coude. Je me rends difficilement aux urgences de l’hôpital et l’assistant de garde me dit qu’il faut rapidement réduire la fracture. Et c’est ce qu’il fait. Sorti de la salle d’op, je suis encore dans les vapes. Ce que je me souviens, c’est que soudain, une aidesoignante s’approche de moi et me dépose sur la joue un baiser sucré. Je ne me rappelle plus du prénom de cette jeune fille, malheureusement, mais 25 ans après , je me souviens toujours de la douceur de son baiser. Merci ! Un baiser sucré. 7.4.11.10 :19. Nous avions l’habitude finir notre séance de Tai-Chi en plein air. Un soir, en rentrant au dojo, après une heure passée dans un parc, nous avons rencontré deux jeunes affalés sur le pont surplombant la rivière une bouteille de rouge à côté d’eux. Quand notre petit groupe est passé devant eux, ils nous dirent : « dites, pour vous envoyer en l’air, nous, on a quelque chose d’autre à vous proposer ». Et ils sortirent de leur poche des sachets de coke, de l’herbe et du shit. Nous les avons regardé avec de grands yeux et nous avons commencé à rire, mais à rire… ça fait du bien. Un bien fou. Tai-Chi. 8.4.11. 17 :27. Ecoutez l’histoire qui est arrivée à ma collègue de travail. Elle travaille en S. mais sa famille habite N. en F.. De retour de son congé, elle s’arrête dans une station essence pour faire le plein. Distraite, elle met de l’essence dans son diesel. C’est le début d’une histoire incroyable mais… vraie.
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Constatant son erreur, ma collègue décide de repartir. Il est 20 :30. Elle est perdue en pleine campagne et personne pour l’aider. Elle roule pendant vingt kilomètre, sa voiture tousse. Elle accélère et ralentit sans raison. Elle rentre dans un tunnel à vingt à l’heure et en ressort à cent, se faisant flashé au passage. Enfin, elle aperçoit dans le noir une lumière. C’est un restaurant qui va fermer. De là, elle téléphone à un service de dépannage et à son assurance. Le service dépannage lui répond que vue l’heure tardive, il ne pourra réparer sa voiture que le lendemain. Son assurance l’informe qu’elle ne prendra pas en charge son sinistre car elle est complètement responsable de ce qui lui arrive. Paniquée et en colère, elle ne sait plus quoi faire. Il est 21 :30 et elle est à 250 km de son lieu de travail. Devant sa détresse, le chef cuistot lui propose de syphonner son réservoir. Le chef cuistot est un beau jeune homme. Elle s’en méfie mais accepte. Le syphonnage est difficile et dure trois heures et il est minuit et demi. Ensuite le jeune homme propose à ma collègue d’aller chercher du diesel en S. où il est moins cher. Elle se méfie mais elle accepte. Mais devient carrément parano. Et si ce jeune exigeait un retour sur investissement ? Et si son dévouement n’était pas désintéressé ? Bref, et si elle devait passer à la casserole cette nuit ? Alors discrètement, elle ouvre son couteau qu’elle porte toujours sur elle. Discrètement, elle note le numéro de sa plaque et enfin elle téléphone à sa famille pour l’informer de la situation. Et comment se termine cette histoire. Et bien, bien. Elle ne doit pas passer à la casserole, le dévouement du jeune homme était désintéressé et le plein enfin fait, ma collègue quitte le chef cuistot dans un nuage noir. A cinq heures du matin, elle se couche, des émotions plein la tête. Une hypothèse de ma part pour finir. Et si ce jeune homme était l’homme de sa vie. La rencontre, c’est fait.
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La suite est dans son camp, mais elle devrait y réfléchir, elle qui est célibataire et qui recherche depuis trente ans l’âme sœur. Panne d’essence. 13.4.11. 8 :09. J’avais acheté un poulet rôti pour le souper. Je l’avais posé sur l’évier. C’était un poulet fermier. Donc qui m’avait coûté la peau des fesses. Nous avons deux chats. Officiels. Et une dizaine qui s’invitent chez nous sans carte d’invitation. Donc j’avais posé le poulet sur l’évier et je suis parti travailler. Le soir, en rentrant, j’ai tout de suite senti qu’il s’était passé quelque chose. Une intuition. Et ça n’a pas manqué. La cuisine était un vrai champ de bataille. Des os partout. Ripolinés. Les chats étaient passés par là. C’est sûr !Il n’y avait plus de poulet. Restaient un emballage déchiré et un ticket de caisse. J’espère qu’ils l’ont dégusté, ce poulet fermier. Pour ma part, je me suis rabattu, ce soir-là, sur une pizza. Le poulet. 17.4.11. 16 :53. Ma nièce est son copain sont allés à B. pour un mois de vacances. Sea, sexe and sun et le varan de K. Il y en a 2 sortes : l’un pour les touristes quasi apprivoisé et qui est nourri avant l’arrivée des touristes. Et l’autre… le sauvage. Ma nièce amoureuse des bêtes voulait voir l’autre. Donc, ils accostent un soir sur une petite plage avec leur guide. Celui-ci les avertit qu’ils ne verront sûrement pas de varans vue l’heure tardive. Car les « dragons » se cachent à la nuit tombée. Il avait tort. Donc, sur cette petite plage de sable fin, il y avait une petite buvette. Et pour y monter un petit escalier en bois. Tous y montent pour y boire un verre. Et c’est alors que le copain aperçoit une vague forme sous les escaliers. C’est pas un varan, il y en a plus à cette heure dixit le guide. Et bien non !
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C’était bien un varan. Et il a commencé à bouger. Il faut vous imaginer une bête de 3 mètres sortant tout droit de la préhistoire et carnivore. Le copain est resté zen, Ma nièce moins, elle qui a peur des araignées. Et le guide était carrément paniqué et criait tout en gesticulant. Il fallait dare-dare ficher le camp sinon il allait les bouffer tout cru. Et dire que dans la précipitation et la panique, ils n’ont même pas fait une photo. Bien sûr, il faut pas la provoquer cette petit bête ! La petite bête. 25.4.11. 10 :54. Ma voisine s’appelle M.. Elle est d’origine italienne, a 85 ans et se sent terriblement seule. Un matin, il est 9:00 et elle sonne à notre porte. Elle porte une bouteille de champagne et une branche d’olivier. Mais c’est sa tenue qui me frappe. Elle porte une robe de chambre vaporeuse et un slip en dentelles. Sinon, elle est nue. Aie ! Aie ! Aie ! Je prends tout ça avec humour et elle, elle s’en fout. Son âge lui permet toute excentricité. Ce matin, il ne passe rien entre nous. De sexuel. Et avant de partir, M. me bénit avec la branche d’olivier. Aie ! Aie ! Aie !. Y a-t-il un psy dans la salle ou dois-je appeler Sigmund ? Une voisine. 26.4.11.8 :10. Martinique. Table de bistrot. « Mademoiselle, je voudrais payer. ». Et la sommeillère martiniquaise m’apporte un Perrier. Perrier. 1.5.11.6 :28. Un mari achète un cheval à sa femme. Si le mari montait un peu plus sa femme, il ferait de sacrées économies ! Un cheval. 1.5.11. 6 :32.
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J’ai hérité de mes parents certaines valeurs qui me sont bien utiles en société. Le respect, l’honnêteté et la politesse. Alors quand je rencontre des personnes qui me manquent de respect, qui m’humilient et me rabaissent, je leur fonce dans le lard. Non mais ! Politesse. 1.5.11. 6 :37. Quand je passais mes vacances en I. chez ma grandmère, à 4 :00 pile arrivait E.. Pour prendre les quatreheures. E. était la nièce de ma nonna et était atteinte d’handicap mental. Elle tirait toujours la langue. Elle était très gentille très attachante et très gourmande. E. pouvait ingurgiter des quantités gastronomiques de biscuits, de chocolat et de bonbons. Et chaque fois, chaque jour et à quatre heures, elle demandait à ma grand-mère : « dis-moi, tante, quand j’ai assez mangé ! ». Et tant que ma nonna ne lui disait pas stop, elle continuait… E. 2.5.11. 8 :28. Ma mère souffrait de dépression. Grave. Et un hiver sur deux, ma grand-mère venait le passer chez nous, car sa maison en I. n’avait pas le chauffage. S’inquiétant de l’état de santé de sa fille, elle fit venir un prêtre pour bénir notre maison. Et un jour, on sonna à la porte. J’allai ouvrir et me retrouvai nez à nez avec un grand noir et un petit garçon à ses côtés. C’était lui le prêtre. J’étais impressionné. Il commença à bénir la maison, déversant au passage des litres d’eau bénite sur les lits, les fauteuils, mes jouets et mes livres. Tout en aspergeant la maison, il marmonnait des phrases qui pour moi, enfant, étaient mystérieuses et incompréhensibles. Ensuite, le curé s’en alla. Ouf ! les mauvais esprits avaient disparus ! Ben non ! Ma mère déprimait de plus
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belle, sa mère s’inquiétait de plus belle et nous les enfants, on était toujours aussi paumés. Et dire que ma grand-mère a toujours prétendu que cet exorcisme n’avait pas réussi car c’était un Noir qui avait béni la maison. Avec un Blanc, ça aurait certainement réussi. Mais mamie la dépression, c’est une maladie, pas une possession. Quoique ! Exorcisme. 2.5.11. 8 :45. J’crois pas particulièrement en Dieu mais une fois, une seule, j’ai bien failli y croire. J’habitais à ce moment-là à G.. Je finissais une formation et je devais remettre un travail dans les plus brefs délais. J’étais en retard et j’étais épuisé par cette année d’étude et par bien d’autres choses. Bref, je ne savais pas quoi faire. J’avais le début de mon travail, la fin mais entre les deux, rien. Nada. Et j’ai commencé à prier. J’y croyais pas trop ! Eh bien ! ça a marché ! En très peu de temps, j’ai pondu une dizaine de pages. Je les ai relues et je n’ai apporté que très peu de corrections. Et le lendemain, très fier, j’ai pu remettre mon travail. J’étais dans les temps. Merci petit Jésus ! Il faut vous dire que quelques mois plus tard, en allant dans une église, j’ai allumé un cierge pour le remercier. Le petit Jésus. Foi. 3.5.11. 18 :17. J’ai une collègue qui ne peut communiquer qu’avec hypocrisie ou agressivité. Mais seulement avec les collègues qu’elle ne peut pas sentir. La maligne ! Elle choisit bien ses proies. Donc, j’en parlais avec un collègue qui avait fait les frais de ses foudres. Il me disait que cette collègue était certainement hystérique. Je l’écoutais attentivement et je lui disais qu’à une époque, les médecins pensaient que le siège de l’hystérie était l’utérus et que pour guérir ces femmes, ils en préconisaient l’ablation.
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Alors mon collègue me répond timidement : « Mais chez elle, c’est déjà fait ! ». Ah bon ! Si chez elle, c’est déjà fait, il y a un blème ailleurs… Hystérie. 5.5.11. 9 :20. Quand j’ai fait mon permis de conduire, j’étais dans une période où j’étais très angoissé. Et pour celui qui l’exploite, ça peut lui rapporter gros. Mon prof d’auto-école était un homme fort sympathique, passionné d’aéromodélisme. Il était patient, compétent et très psychologue. Donc, certains jours je roulais nickel. D’autres jours, quand l’angoisse prenait le dessus, je roulais comme un con. Et les heures de conduite s’accumulaient… Et un jour, paf ! Je me casse le coude. Opération, rééducation et 6mois sans conduire. Quand j’ai repris le volant, j’ai dû reprendre la conduite depuis le début. Et les heures de conduite s’accumulaient entre angoisse et espoir. Il m’a fallu presque une année et demie pour passer et décrocher mon permis. Et, je pense qu’avec l’argent que j’ai dépensé, j’ai contribué, un peu, à réaliser le rêve de mon prof, acheter une vieille ferme dans le J.. Parce que, même à la retraite, mon prof se rappelle de moi et me salue à chaque fois que je le rencontre. Salut l’ami ! Permis de conduire. 8.5.11. 7 :17. Ma collègue avait un poirier dans son jardin. Mais ce poirier ne lui donnait pas de poires. Un jour particulièrement en colère, ma collègue sort dans son jardin et regarde dans les yeux le poirier. Elle lui dit : « Toi, si tu ne me fais pas de poires cette année, je te scie ! ». Et… vous ne le croirez pas, mais ce poirier, qui ne lui donnait plus de poires, depuis des années, a recommencé à lui en donner. Si, si, j’en ai goûté une et elle était délicieuse. Moral de cette histoire : il faut parfois secouer le cocotier pour en tirer quelque chose de bien.
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Le poirier. 11.5.11. 6 :55. Je parlais avec ma collègue des pies. Vous savez ces volatiles qui s’attaquent à vos bijoux en or car ils brillent. Donc, ma collègue avait gonflé une piscine jaune pour ses enfants. Et une pie s’écrasait systématiquement le bec contre sa piscine jaune croyant peut-être avoir à faire avec un bijou en or. Bien sûr en s’écrasant sur la piscine, elle lui faisait des trous et sa piscine se dégonflait. Ben ouais ! Moralité de cette histoire : tout ce qui brille n’est pas d’or. La pie. 11.5.11. 7 :06. Ma femme me dit souvent que j’ai un beau corps mais qu’elle regrette qu’il soit sous mon pied. Ma femme me dit souvent que je suis tendu, mais jamais au bon endroit. Propos de femme. 11.5.11. 7 :11. Nous étions rentrés dans cette auberge car nous avions faim. J’étais avec ma copine. Nous étions en E. plus particulièrement en C. Région où l’on mange bien. Même très bien. En principe. La carte des menus était traduite en plusieurs langues. Cuisine internationale. Je choisis du lapin aux navets et un pichet de vin rouge. Le lapin, dégueulasse ! Le vin rouge bien frais, bien agréable. Ensuite, comme j’ai un petit creux, je me commande une assiette de fromages. Les fromages en C. sont excellents. En principe. Dans cette auberge, le plat de fromages, c’est trois tranches de fromage. Des tranches de belle-mère. Dégueulasse ! Heureusement le vin rouge est bien frais, bien agréable. Lorsque nous sommes sortis de l’auberge, nous étions à moitié pétés. Et vingt plus tard, je me demande si ce soir-là, je n’ai pas mangé du chat à la place du lapin. Car chat ou lapin c’est kif-kif bourricot !
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Une auberge espagnole. 18.5.11. 6 :42. Quand j’ai eu seize ans, je ne savais pas du tout quoi faire de ma vie. Professionnellement parlant. Donc je suis allé faire des test à l’office de l’orientation professionnelle de B. J’ai, pendant tout un matin, fait des test et encore des test. Une semaine après, je me rends avec mon père chez l’orientateur. Il dit à mon paternel (car à cette époque, je compte pour du beurre), que je ne suis pas bête mais que je suis lent. La lenteur, c’est grave docteur ? Ensuite, il nous dit que je ne suis pas du tout fait pour un métier dans le commerce, mais plutôt pour un métier de plein-air ou un métier dans le social. Merci Monsieur ! J’ai décroché un diplôme d’un gymnase économique, j’ai terminé ma formation d’infirmier et même si je suis toujours lent, j’ai quand même plutôt bien réussi ma vie. A bon entendeur, salut ! L’orientateur. 18.5.11. 6 :56. Je faisais un marché aux puces dans la vieille ville de B.. Avec un ami. Ma femme avait suspendu des sacs à dos à un arbre près de notre stand. Un couple s’approche avec leur petite fille. Ils sont intéressés par les sacs. Je reconnais tout de suite le monsieur. Lui pas.C’est le frère à mon dentiste. Et lui aussi est … Il me demande le prix des sacs et je lui réponds : « 5frs ! ». Alors, comme il ce doit, il commence à marchander. « 3frs ? ». Et je lui réponds « ok ! mais la prochaine fois que je viens chez vous faire mes dents, je vous demanderai aussi un rabais sur votre facture ! ». Et je lui ai laissé le sac à 3frs. Pas pour lui. Pour sa fille. Un autre marché aux puces. Je vendais des 33 tours de mon adolescence.
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Une femme s’approche apparemment intéressée. Et soudain : « vous les mettez à combien ? ». Je lui répond : « 5frs ! ». Et la, agressive, elle me fait la sortie suivante : « Ah non ! je payerais jamais 5frs pour ces disques-là ! ». J’ai pas répondu mais je savais en mon for intérieur qu’avec cette femme je baisserais pas d’un poil mon prix de base. Si elle avait été jolie, intéressante et intelligente, peut-être que. Mais non ! Les affaires sont les affaires ! Brocante. 19.5.11. 9 :21. Quand j’étais ado, j’avais besoin de carburant pour pouvoir me masturber. Voilà trois fantasmes qui m’ont tenu en haleine pendant quelques jours, quelques mois ou quelques années. Quand j’étais écolier, j’avais devant moi en classe une fille qui s’appelait M. Pour son âge, elle avait déjà de sacrées formes. Et elle portait un pull vert, en laine. Un peu trop petit pour elle. Alors chaque fois qu’elle se penchait en avant, son pull remontait et découvrait le bas de son dos. Premier fantasme. Quand j’habitais E., je vivais en communauté. Une année, mon copain de chambre avait organisé une petite fête et avait invité quelques copines. Sympa ! Mais bruyant. Trop d’alcool, trop de fumée. Basta, je vais dormir. Quand je rentre dans ma chambre, je m’aperçois très vite que mon lit est déjà occupé par deux superbes jeunes filles ne parlant pas un mot de français. Elles sont toutes nues sous ma couette. Et moi, qu’est-ce que je fais ? Je dors sur la moquette. Mais quel con j’ai fait ce soir-là ! Deuxième fantasme. Quand je travaillais à la Clinique de G., ma collègue physio était belle, sexy et libérée. Après une heure de jogging, je la raccompagnai chez elle à A.. Juste pour boire un verre. Mais très vite nos bouches et nos corps se sont rapprochés. Mais voilà, en ce temps-là, j’étais maladivement timide et coincé du cul et bien sûr, il ne s’est rien passé ! Troisième fantasme.
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Et voilà ! C’est fini ! Vous vous attendiez à quoi, mes petits cochons ? Fantasmes. 19.5.11. 15 :57. Comment se faire un ami. C’est très simple. Nous étions en vacances en T.. Ma femme et moi. Avec la formule all inclusive. Nous étions au bar en train de siroter un verre de blanc. Arrive un homme trapu, cheveux très court, physique de rugbyman. Il me demande si le vin est bon et je lui répond : « Pas mal, il est honnête. ». Alors lui aussi, il se commande un ballon de blanc. Dès la première gorgée, il le recrache et me dit : « Mais il est dégueulasse ce pinard ! ». Il avait raison et nous sommes devenus amis. Avec le temps j’ai connu sa femme, ses deux filles et en vidant une bouteille de whiskey, je connais pratiquement tout de sa vie. L’alcool, ça aide pour ouvrir le cœur. Et sans modération. 19.5.11. 16 :50. Un ami. J’étais en vacances à R. Ce dimanche-là, il pleuvait et ma petite cousine s’ennuyait ferme. Je lui propose alors d’aller au cinéma. A l’affiche, il y avait « la Fièvre du samedi soir » avec John Travolta. Ma petite cousine est emballée. Nous nous rendons donc en bus dans un petit cinéma de quartier. Nous sommes en retard et nous nous engouffrons dans la salle. Le film commence… Et ce n’est pas du tout « La fièvre du samedi soir » mais « Interiors « » de Woody Allen. Ma petite cousine est débitée et triste. Il y a de quoi. Elle qui rêvait de se déhancher avec John, doit se taper un film hyper chiant pour son âge. Moi, au contraire, je suis ravi. J’adore les films de Woody Allen. Et trente ans plus tard, à chaque fois que je revois ma petite cousine, qui est devenu une belle femme et mère de deux enfants,
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elle me raconte cette histoire et nous rions ensemble de bon cœur. Cinéma. 20.5.11. 7 :36. Une cousine de ma femme nous conseille d’acheter pour nos chats une litière révolutionnaire. Plus besoin de nettoyer la caisse. Il faut simplement avec une petite pellette ramasser les pisses et les caques. Fini les odeurs. Litière révolutionnaire, mon cul ! Nos 2 chats ont caqué partout sauf dans la litière révolutionnaire. Bonjour les odeurs ! Si ça vous intéresse j’en ai encore deux sacs pleins à la cave. Sait-on jamais. Litière révolutionnaire. 25.5.11. 6 :27. Le rire au boulot, ça existe. En voilà deux exemples. Ma collègue devait contacter les soins à domicile pour un résident dans un bled suisse allemand. Ma collègue, ne parlant pas un mot d’allemand m’appelle à la rescousse. Je prépare mon speech et je téléphone Je sors mes quelques mots d’allemand appris à l’école et très vite mon interlocutrice me dit que je peux sans autre continuer en français. Etonnant ! Pas autant que ça ! Je me suis trompé de numéro et je parlais avec la réceptionniste de l’Hôtel K. à la L.. Une résidente avait une infection urinaire. Elle avait besoin d’un traitement antibiotique. Mais c’était dimanche et un nouveau système de garde avait été mis en place. Donc, en faisant le numéro du médecin de garde, je tombe sur les Urgences de l’Hôpital de M. qui me renvoie aux Urgences de l’Hôpital de St.-I. L’assistante à qui j’explique mon problème, visiblement dépassée par ma demande, ne veut rien prescrire avant d’examiner la résidente. Donc elle veut que je la lui amène. Pas possible, un dimanche. Pas de chauffeur. Après dix minutes de pourparler, elle me passe une collègue des Urgences. Je lui explique mon problème et
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compatissante elle me donne le numéro du médecin de garde. Muchas gracias ! Le médecin de garde étonné par mon appel, décide de venir voir la résidente. Muchas gracias ! Arrivé au Home, le médecin commence à me bombarder de questions et enfin va voir la dame. Il hésite, ne prescrit pas d’antibiotique mais me demande de récolter des urines stériles lundi matin et de les faire parvenir au médecin traitant de la dame. Ainsi fût fait ! La résidente avait une infection urinaire carabinée et a été mise sous antibiotiques. Muchas gracias ! La facture de cette intervention, je ne veux pas la connaître, car elle doit être obscène. Un médecin de garde qui doit se déplacer, un dimanche, ça doit faire mal au porte-monnaie. Rires au boulot. 36.5.11. 7 :18. Mon oncle A. était mon parrain. Etait, car il est mort l’année passée. Jeune homme, il travaillait dans l’hôtellerie. Il plaisait aux femmes qui lui rendaient bien. Il était gai et plein d’énergie. Et ensuite, il a eu la mauvaise idée de se marier avec ma marraine C.. Et C. a vite compris que pour garder son homme, il fallait le museler et le tenir en laisse. Ce qui fut fait ! Quand il vivait à C., j’allais souvent lui rendre visite. Il tenait une petite épicerie et vivait dans une grande maison vide. Pas vraiment vide mais sans vie. Les chambres étaient meublées, mais elles ne résonnaient pas de cris d’enfants. Un silence lourd les habitaient. Alors pour fuir sa femme, il allait promener son petit chien. Mon oncle A., je ne l’ai pas bien connu mais quand je voyais cet homme promener son petit chien, je le trouvais plutôt attachant et je me disais que si il avait choisit une autre femme, un peu moins jalouse, son destin aurait peut-être été différent. Peut-être. Mais je respecte son choix… Mon oncle A. 31.5.11. 7 :05.
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Quand j’étais petit, nous allions, en été, rendre visite à des amis de mes parents à L.. Lui était un homme truculent, séducteur et très mauvais conducteur. Elle, était très bonne cuisinière. Et leur fille T. très très belle. Ce jour-là, je crois que j’ai mangé le plus bon risotto de ma vie. En entrée. Ensuite j’ai perdu un peu le film des menus. Je sais seulement que j’ai fini, à chaque fois mon assiette car je suis un enfant sage et bien éduqué. A la fin de ce repas gargantuesque, P., a voulu nous faire visiter sa ville. Très mauvaise idée. Mais alors très mauvaise idée ! P. avait le permis (quoique !), mais conduisait comme s’il était sur un circuit de formule un. Coup de volant brusque, freinage et redémarrage sur les chapots de roues, injures, etc. Un fou, du volant mais un fou tout de même. Et bien sûr bonjour les dégâts pour mon estomac. Après cette visite mémorable, nous avons tout juste pu prendre le train. Moi j’étais blanc comme un linge et le train était surchargé. Il faisait chaud et là , je me suis senti mal. Ma mère m’a accompagné aux WC en criant en italien : « Il ragazzo sta male ! ». Les gens s’écartaient et j’ai tout juste pu atteindre les WC. Et j’ai vomi, mais vomi… Risotto, rôti, légumes, dessert et tutti quanti. Et le tout arrosé de Coca-Cola. Bon appétit ! Heureusement que T. n’en a jamais rien su. Un repas gargantuesque. 31.5.11. 7 :35. Une amie N. nous invitait à des soirées surprises jusqu’à ce qu’elle tombe malade. Ainsi nous avons mangé une fondue chinoise sur le lac de B., nous avons mangé la truite que nous avions pêchée lors d’une soirée mémorable et je ne vous parle pas de toutes ces fondues mangées dans une ambiance folle. Et il y a ce repas à la N. au J.J. R.. Tout avait bien commencé. Apéritif dans le jardin du restaurant, un buffet chaud et froid excellent et arrive le dessert. C’était un vacherin glacé. Très bien présenté… mais dégueulasse ! Du plâtre ! Nous nous sommes tous regardés, N. a fait un foin du tonnerre et elle avait
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raison. Car le JJR. à cette époque était un restaurant réputé et la note réputée salée. Le vacherin glacé. 3.6.11.15 :27. Histoires de boulot. Histoires de toubibs. Un dimanche, risque de pneumonie chez une résidente. Appel du médecin de garde. Qui se déplace. Estime la situation pas grave. Prescrit des gouttes anti-toussives. Facture : 600 frs. Dont 300frs de déplacement. Tout à fait légal ! Une collègue appelle son médecin traitant car son fils s’est fracturé la jambe. Le toubib arrive. Il ne peut rien faire. Via hôpital. Facture du toubib : exorbitante. Avec les détails suivants : pansement, nettoyage de la salle. Quelle salle. Mystère. Tout à fait légal. Colère. 11.6.11. 10 :31. Je travaillais alors à l’Hôpital de B. En médecine. Une dame de cinquante ans avait été hospitalisée pour des douleurs abdominales à drte. Cette dame était très sympathique, avait un surpoids certain et parlait le suisse-allemand. Le diagnostic n’avait pas encore posé et les examens suivaient leur cours. Un matin, elle se lève, tombe par terre. Raide morte. Une autopsie est demandée et j’y participe. La première et la dernière… Le médecin qui fait l’autopsie, s’occupait également de la morgue et lorsqu’il passait dans les couloirs, un malaise s’installait. Donc l’autopsie commence. Le thorax est ouvert à la scie électrique, il est vidé et examiné. Des prélèvements y sont effectués. L’intestin est déroulé dans toute sa longueur, coupé et examiné. La calotte est ouverte, le cerveau extrait. Que du bonheur ! Et je ne flanche pas. Le thorax est ensuite bourré de papier-cellulose et refermé grossièrement. Et voilà c’est fini. La dame est prête pour connaître la cause de sa mort. Madame, vous êtes morte d’une embolie pulmonaire,
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mais vos douleurs étaient provoquées par de simples calculs biliaires. C’est vraiment pas de chance ! Je travaillais à cette époque en gériatrie dans une petite structure dans la ville de B.. La veilleuse, cette nuit-là, était une ancienne coiffeuse reconvertie en aidesoignante. Très drôle et très compétente. Mais cette nuitlà… Cette aide-soignante avait l’habitude à la fin de son service de faire un bain à une résidente. Pour nous avancer disait-elle. Le matin, l’équipe de jour arrive et attend le rapport de la veilleuse. Nous buvons le café et plaisantons. Arrive la veilleuse, mais elle est pressée car elle a laissé ce matinlà, une résidente dans son bain. Ok. Et ensuite tout s’enchaîne. Le rapport est fait, la veilleuse se rend dans la salle de bain et revient paniquée, blanche comme un linge. Précipitation. La résidente est morte dans son bain. Noyée et ébouillantée. Aie ! Aie ! Aie. Le corps flasque de la résidente est sorti du bain non sans difficulté, séché et remis au lit. Son visage est défiguré par l’eau bouillante mais reconnaissable. Ensuite, c’est le téléphone au médecin pour le constat de décès, à la famille etc… Nous nous mettons d’accord pour une version commune, moi et mes collègues, pour expliquer le décès de la dame. Elle a fait un malaise cardiaque pendant son bain. Et cette version passe comme une lettre à la poste. Au moins à ce moment-là. C’est quatre ans plus tard, que notre passé nous rattrape. Une veilleuse est licenciée. Elle conteste son licenciement, se met en colère et déballe toute l’histoire. Merde alors ! Un procès a lieu, nous sommes entendus comme témoins. L’aide soignante est licenciée et condamnée et la famille avertie. Merde alors ! C’est pas de chance !
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Je faisais alors un stage en salle d’opération à l’Hôpital de B.. Aujourd’hui au programme, ablation d’un rein chez une dane d’une cinquante d’années suivie d’une opération au niveau de ses vertèbres pour les consolider. Pour les souder en quelque sorte. Il y a là, ce matin-là deux chirurgiens. Un néphrologue et un orthopédiste en fin de carrière. La première partie de l’opération se passe bien dans le calme et la concentration. Mais la deuxième partie… c’est le tour de l’orthopédiste. Celui-ci prélève du tissu osseux au niveau de la crête iliaque afin de le transplanter au niveau des vertèbres. Et là, ça foire ! Sec. Le sang gicle sur le tablier de l’orthopédiste. La patiente se vide, vitesse grand V. C’est la panique. L’opération est stoppée nette. Les infirmières téléphonent tout azimut pour trouver du sang compatible. C’est l’effervescence. Moi, je reste calme, mais je suis choqué et comme paralysé. Mais la patiente ne peut pas être sauvée et elle décédera aux soins intensifs. Merde alors ! J’aurais bien voulu être une mouche lors de l’annonce du décès de cette dame à la famille. Omerta ! Omerta ! Quand tu nous tiens ! Après ma formation, je suis allé travailler à la Clinique de G. loin de chez moi. En ce temps- là, cette clinique était spécialisée en chirurgie cardiaque. Au programme que des pontages coronariens. Donc, ce jour-là, je me rends aux soins intensifs pour aller chercher un homme d’une soixantaine d’années après son opération du cœur. L’infirmière débordée me fait un petit rapport et me rend attentif à une poche de sang posé sur le lit. Il faudra lui passer ce sang le plus vite possible me dit-elle. Ok. Je monte le monsieur à l’étage et me rend au bureau. Ce jour-là, c’est le stress ! Je m’assied et commence à remplir quelques papiers.
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Une collègue arrive. Elle me propose son aide et je lui parle de cette poche de sang… Elle me dit pas de problème je vais la lui posée. La poche est posée, le sang coule dans ses veines sans problème, mais… très vite du sang apparaît dans les urines du patient. Pas de problème, le patient étant anticoagulé, son TP doit être bas. Logique. Mais voilà son TP est tout à fait normal. Bizarre, quelque chose cloche ! Et voilà, que la diurèse du patient s’arrête net. Plus aucune goutte d’urine. Aie ! Aie ! Aie ! Panique. Téléphone au médecin. Qui s’interroge. Le fait retransférer aux soins intensifs et le met sous dialyse. Je n’ai plus revu cet homme et j’ai su plus tard que la poche de sang n’était pas compatible et en plus ne lui était pas destiné… Malaise. Histoires de boulot pas très drôles. 2.7.11. 8 :44. Je travaillais à ce moment-là à B. Quelques résidents désiraient sortir de leurs quatre murs et comme je devais me rendre chez l’opticien, l’occasion était toute trouvée. En marche ! Au début, tout se passe bien. L’air frais, le soleil et la liberté nous donnent une énergie du tonnerre. Le besoin d’évasion est à son point maximum. Ensuite, ça se gâte. Bonjour l’angoisse. Tout en marchant, une résidente perd ses pantalons. A l’écart des regards indiscrets, je lui remonte ses pantalons et bien sûr pendant cette opération, je perds de vue les autres résidents qui en profitent pour prendre la poudre d’escampette. Dont un homme atteint de démence grave qui ne répond pas à l’appel. Merde alors ! En plus, je suis dans un quartier dit mal famé, plein des bistrots et de magasins. L’angoisse monte d’un cran. Je laisse les autres résidents chez l’opticien et je pars à la recherche du monsieur dément. Je fais tous les bistrots, tous les WC, tous les magasins. En vain. L’angoisse atteint son paroxysme.
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Et alors que je m’y attends le moins, je l’aperçois. Tranquille aux milieu des gens, il attends patiemment me dit-il un bus pour rentrer chez lui. Mais bien sûr ! Heureux de le retrouver, je papote avec lui et il est d’accord de me suivre à la condition que je le ramène chez lui. Mais bien entendu ! Fin de l’histoire. Une sortie qui se passe bien. 3.7.11. 7 :29. Quand j’ai fait mon école de recrues à L., les premières semaines, quelques-uns de mes camarades cherchaient par tous les moyens de se faire réformer. Et cette année-là, le must, c’était de se faire passer pour un homosexuel. Quand nous nous douchions tous ensemble, il fallait à tout prix ne pas lâcher son savon par crainte de se faire enc… Cette année-là, je ne me suis pas fait enc… mais plus tard dans dans ma vie, il m’est arriver de me faire enc… et c’était pas par des pédés… A bon entendeur, salut ! Armée. 5.7.11. 9 :53. Pendant mon école de recrues, nous avons disloqué en Suisse-allemande près de L.. Lors d’un exercice, nous sommes monté sur le P.. Nous devions redescendre en portant un camarade sur un brancard après lui avoir posé une perfusion. Ce jour-là, il faisait froid et pluvieux. Pour ne pas faire souffrir notre camarade, nous lui avions posé une perfusion mais nous ne lui avions pas mis une voie veineuse. Seulement un gros pansement pour cacher le tout. Mais voilà, notre supercherie a été découverte… Par notre commandant. En colère, il a arraché notre pansement et s’est mis à vouloir piquer notre camarade. Aie !Aie !Aie ! Toujours en colère, il a enfilé l’aiguille. Un peu trop profond et il a touché une artère. Oui, oui, mon commandant ! Le sang est remonté dans la tubulure jusque dans la perfusion… Notre commandant a soudain perdu de sa
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superbe, il est devenu blanc comme un linge, a paniqué et s’est radouci. Il nous a ordonné d’enlever l’aiguille et de faire daredare un gros pansement compressif. Oui, chef ! En ce temps-là, notre commandant était médecin généraliste à L. Dernièrement, je l’ai vu à la TV. Il est devenu politicien, membre influent du parti r… Mais c’est n’importe quoi mon commandant ! Armée. 5.7.11. 10 :12. Je n’ai jamais été une bête de sexe. C’est vrai que pour ma défense, je suis issu d’une génération où le sexe était tabou. Mes parents ne m’ont jamais parlé de sexe , préférant que je me démerde seul. Et donc je me suis débrouillé seul et les premières fois ont été un fiasco complet. La cata. Moi, je croyais naïvement que baiser, c’était bander, éjaculé, prendre mon pied et basta. Pas de préliminaires, quelques mouvements des reins mais pas systématiquement, aucune caresse, pas de tendresse. Bref vite fait bien fait. Mais j’apprends vite si on m’explique lentement et longuement. Je remercie mes premières partenaires de m’avoir très vite mis les points sur les i. J’ai appris la tendresse, les caresses, les préliminaires et chose essentielle de respecter ma partenaire, d’être à son écoute, bref d’être moins égoïste. Et depuis ça se passe mieux. Beaucoup mieux. Car baiser, c’est pas mal mais aimer c’est mille fois mieux. Sexe. 7.7.11. 8 :40. J’apprécie beaucoup la compagnie des gens qui ont de l’humour. C’est rare, mais ça existe. J’ai toujours pensé que les personnes qui manient l’humour sont également des personnes qui ont beaucoup souffert. Il y a en elles une légèreté à ne pas se prendre au sérieux.
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Les personnes sérieuses m’emmerdent, car elles se prennent au sérieux mais en général oublient de prendre la Vie au sérieux. Oh ! là là, que ça fait sérieux ! Humour. 7.7.11.8 :59. Je ne sais pas si vous êtes du même avis que moi, mais je pense que si certaines personnes s’occuperaient plus de leurs oignons- comme les Hollandais- au lieu de s’occuper des oignons des autres, il y aurait aussi moins d’emmerdeurs et de fouteurs de merde. Ça n’engage que moi, mais je persiste et je signe. S’occuper de ses oignons. 7.7.11. 9 :08. « mange toi, que ça me fait du bien à moi ! » traduction libre de l’italien de ma grand-mère maternelle. « Va travailler, tu engraisseras un peu plus tes patrons ! » Anonyme. « Faire des gosses, c’est facile, les éduquer n’est pas à la portée de tout le monde. » Mon père. Comme il avait raison ! « Arrête de te plaindre ! Ta vie, c’est toi qui la fait ! » Ma mère. Propos de famille. 8.7.11. 18 :56. J’ai travaillé un été chez un paysan à D.. Un jour, il a fallu sortir pour la première fois les petits veaux. Ils étaient comme fous quand ils sont sortis de l’étable, ils bondissaient. Vifs, ils auraient facilement pu sauter la clotûre. Alors, il fallait les entraver. Et c’est moi qui devais m’y coller. Il faut dire toute suite, que je n’avais jamais fait ça et que je n’étais pas très doué. Mais bon ! J’ai choppé le premier veau à ma portée et j’ai essayé de l’entraver avec une corde. Le petit veau était un vif. Il
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gigotait et voulait toujours s’enfuir. Comme je le comprends ! Enfin, j’y arrive après avoir sué sang et eau. Quand je me retourne, je vois tous ses frères et sœurs qui me regardent avec des yeux revolver et qui ont fait un cercle autour de moi. Ça fait un drôle d’effet ! Si à ce moment-là, ils avaient foncé sur moi, j’étais cuit. Comme je parlais un peu veau, je leur explique ce que je suis en train de faire et que c’est pour leur bien. Je ne sais pas, mais pour cette fois, ils m’ont laissé partir et quitter le champ. Pour cette fois, seulement. Les veaux. 8.7.11. 19 :12. Mon passé m’empêche d’avancer. Plutôt d’agir. Mais que s’est-il passé dans mon passé pour que celui-ci m’obsède à ce point ? Il m’englue. Il est lourd à porter. J’essaie de l’alléger mais rien n’y fait, il est toujours aussi lourd. J’essaie de trouver des réponses à mes questions mais je tombe toujours sur un os. Les personnes à qui je m’adresse ne sont pas d’accord de porter une partie de ma charge (comme je les comprends). Il faut donc une fois de plus me débrouiller seul. Et c’est ce que je vais faire ! D’abord je vais remplir des sacs poubelles de tout mon passé qui m’empoisonne. Un bon nettoyage de printemps ! Ensuite, je vais garder que les bons souvenirs et écraser les mauvais en les réduisant en poudre fine. Cette dernière, je la jetterai dans le vent pour qu’elle se disperse dans la nature. Et alors pour terminer j’apprendrai le lâcher-prise et au lieu de le subir, j’affronterai mon passé plus fort et plus léger. C’est un chouette programme mais par quoi vais-je commencer ? Mon passé. 19.7.11. 7 :37.
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Voilà, je commence à faire le ménage dans ma vie. Dans la poubelle, je mets… mon alcoolisme, ma dépression, ma solitude, ma mélancolie, mon premier amour, la mort de mon père. A la poubelle ! Je réduis en poudre fine mes regrets, mes remords, mes obsessions, mes colères, mes humiliations. J’écrase ! Et qu’est-ce je garde ? Mes sourires, mon humour, mes amis, ma femme, mes forces et mes faiblesses. Avec ça, je peux continuer encore quelques années. Mon passé (la suite). 21.7.11.8 :50. Une amie était allée à C.. Elle m’avait ramené un cigare. Comme je n’arrive pas à fumer un cigare de cette taille, je l’avait offert à un de mes résidents qui fumait le cigare. Je lui ai dit qu’il venait de C.. Il ne m’a pas répondu mais il a seulement sorti son couteau et il l’a coupé en 4. Malheureux ! Ben oui, 4 cigares pour mieux le déguster. Suis-je bête ! Le cigare cubain. 2.8.11. 16 :43. Chère doctoresse V., Je vous remercie infiniment pour vos bons conseils que vous m’avez distillés ces dernières semaines. Je les ai trouvé pertinents et très professionnels. Je pars de suite les méditer dans les Alpes suisses. En outre, je tiens vraiment à payer ma consultation en nature (raclette, fondue ou vin valaisan). Au choix. Si nos chemins se croisent dans le futur seulement. Mais j’en doute. Veuillez recevoir, chère doctoresse V., mes meilleures salutations. Votre patient préféré. PS : où je vais je n’emmène ni natel, ni ordi, ni papier ni crayon. Remerciements psy. 2.8.11. 16 :51. Chère psy, au lieu de me distiller des conseils psy à la con, j’aurais préféré que vous me parliez vrai. C’est-à-dire, que vous me disiez que je vous emmerde, que vous n’avez plus rien à foutre de moi, que vous avez refait votre vie et que vous m’avez rayé définitivement
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de votre existence. J’aurais préféré cela à vos conseils professionnels. Parce que, suis-je malade quand je vous dis que j’ai encore des sentiments pour vous ? Est-ce que je suis malade quand je vous dis que vous êtes une personne importante dans ma vie et que je vous en remercie ? Non, je ne crois pas que je suis malade mais que je suis simplement un être humain. Qui a besoin d’être écouté et respecté. Je suis triste que vous ne l’ayez pas compris. Mais ainsi va la vie. La vôtre. La mienne. Je vous souhaite bon vent et prenez surtout bien soin de vous. Votre patient préféré. PS : surtout ne vous excusez pas, j’ai horreur de ça ! Règlement à Ok Coral. 5.8.11. 7 :17. Je peux même vous dire avec précision que cet évènement dramatique s’est déroulé au cours de votre adolescence, vous deviez avoir alors 13 ans mais je pense qu’il est peut-être difficile pour vous de vous rappeler quelque chose de précis. Cet évènement s’est produit en automne, il faisait vilain temps et il y avait beaucoup de monde autour de vous, sans doute une réunion de famille et c’est à ce moment précis qu’une personne en a profité pour jeter un mauvais sort à quelqu’un. Une personne de votre entourage proche qui jalousait quelqu’un de votre famille a jeté un mauvais sort. Comme vous faisiez partie des personnes les plus jeunes et donc des plus vulnérables, vous n’avez pas pu vous défendre efficacement contre cette agression psychique et c’est vous qui avez été le plus touché et qui en souffrez encore aujourd’hui. Paroles d’Isabella. 10.8.11. 8 :04. Vous connaissez les messages « caca » ? Ce sont des messages que l’on vous envoie pour vous rabaisser, des mots de mépris, des mots pour vous dire que vous n’êtes rien qu’une merde. Ça blesse. Ça fait mal. Alors aujourd’hui, si vous recevez des messages « caca », je vous conseille de les renvoyer à l’expéditeur.
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Ces messages ne vous concernent pas. Personne, je vous dis bien personne n’a le droit de vous mépriser, de vous rabaisser, de vous traiter comme de la merde. Personne. Alors dès aujourd’hui, ces personnes malfaisantes, éclatez- leur la gueule, renvoyez-leur leur merde, renvoyer-leur les couteaux qui sont plantés dans votre dos et surtout éloignez-vous de ces êtres malfaisants. Vade retro satanas ! Messages « caca ». 14.8.11. 6 :39. Bien sûr que je suis pour le don d’organes. Les miens. Messieurs les chirurgiens, vous voulez lequel ? Mon cœur, il est blessé. Mon foie, il est engorgé. Mes poumons, ils sont encrassés. Mon cerveau, il est embrumé. Mes couilles, elles sont vides. Alors quoi ? Ma liberté de pensée ? Alors celle-là, jamais. Jamais. Don d’organes. 14.8.11. 10 :22. Un couple se rend à M. pour écouter leur opéra préféré à la S.. Arrivé à l’hôtel, ils parquent leur voiture et montent leurs bagages dans leur chambre. Ensuite je ne sais pas vraiment ce qu’ils font. Ce que je sais, c’est quand ils rejoignent leur voiture pour se rendre à l’opéra, leur voiture a disparu. Volatilisée. Avec les billets dedans. Flûte. Notre couple prend tout cela avec philosophie et rentre chez eux. En train. Quelques semaines plus tard, ils reçoivent une lettre un peu particulière. Une lettre d’excuse pour le vol de leur voiture et 2 billets pour leur opéra préféré. Mais que c’est gentil… et un peu suspect. Mais pas pour notre couple qui se rend à M. et enfin assiste à leur opéra préféré. Ensuite, ils rentrent chez eux ravis et en ouvrant la porte de leur appartement, ils ont la bonne surprise de le retrouver vide. Mais vide de chez vide. Alors là, notre couple se rend compte qu’il s’est fait b.. Profond. Le couple et l’opéra. 23.8.11. 9 :13.
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C’était l’hiver. Et où je travaille, en hiver, ça caille. A la fin de mon service, je rentre chez moi et au bord de la route, je vois une collègue qui avait été larguée par son mec pour je ne sais quelle raison. Je portais ce jour-là un bonnet sud-américain et mes lunettes rondes. Ma collègue rentre dans ma voiture et je commence à discuter avec elle. C’est vrai que je la trouvais, ce jourlà, un peu sur la défensive. Méfiante et réservée. Mais j’en fis pas une maladie. Arrivé à la gare de T., elle me dis soudain : « Mais c’est toi ! P. ». Et oui, elle ne m’avait pas reconnu de tout le trajet. C’est vrai que sans mon uniforme, je suis quelqu’un d’autre. Mais pas si différent quand même ! Quelqu’un d’autre. 28.8.11. 16 :58. Quand je suis rentré de la foire de Ch., j’ai pris le train. Comme à son habitude, le train était bondé. Je suis resté debout et à côté de moi, se trouvait un homme d’un certain âge que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam. Il s’est rapproché de moi et a commencé à me parler. Il se rendait à Bienne dans le quartier de l’Oméga. Pour moi, le quartier de l’Oméga, ce n’est pas les montres mais les putes. Ensuite, cet homme me dit qu’il allait rentrer tard et qu’il allait certainement se faire engueuler par sa mère mais qu’il s’en foutait. Arrivé à T., et avant de descendre du train, il me dit à l’oreille que cela lui coûterait cent francs pour quatre minutes. Il ne m’en a pas dis plus mais j’avais deviné juste. Je lui ai souhaité beaucoup de plaisir et je suis parti. J’espère que cet homme a pris son pied car cent francs pour quatre minutes de plaisir, il faut être rapide pour jouir et en profiter pleinement. Si je me rappelle bien à mon époque, c’était cinquantes balles et pour moi, étudiant, je trouvais cela bien cher payé ! Le vieux garçon. 10.9.11. 7 :24.
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J’ai marié une femme avec un grand cœur mais un lourd passé. Je ne vais pas vous le raconter mais celui-ci éclabousse notre vie de couple et cela je peux vous en parler. Pour beaucoup, si vous aviez vécu ce qu’elle a vécu, vous seriez mort depuis longtemps. Et elle, est toujours debout. Elle a su se relever et ça s’est fort ! Ensuite, ma femme cache sa profonde douleur derrière un verre d’alcool. Plutôt blanc. Et ça, pour moi, c’est plus problématique. Elle prend des cuites pour un rien. Pour une contrariété, pour maigrir, par plaisir, par tristesse. Et hop une ptit verre ! Elle n’en parle jamais. De son blème. Tabou. Et je pense qu’elle s’en fiche éperdument. Je bois et alors ? Je pense également qu’elle a la faculté de refouler sa souffrance comme personne. Elle n’en parle pas, tu m’en parle pas. Fi fi, ni ni ! C’est peut-être pour ça que nos conversations tournent toujours au niveau des pâquerettes. Au moins, ne rien approfondir, rester au ras des pâquerettes et surtout ne pas rehausser le niveau de la conversation et toujours la ramener vers le bas. Ne pas répondre aux questions essentielles qui pourraient la faire évoluer et surtout ne rien faire pour aller mieux. Ne rien changer surtout. Tout va très bien Madame la Marquise ! Avec tout ça j’ai un peu de peine car j’aime échanger, j’aime me poser des questions, j’aime ne pas recevoir de réponse, j’aime tout ce qui peut me faire évoluer vers le haut, j’aime approfondir, me faire du bien. Bref vivre comme un être humain et j’aime ma femme. Ma femme. Première partie.. 25.9.11. 8:26. Ma femme est une femme-enfant. Elle a 51 ans mais c’est une enfant. C’est fou comme je suis entourée par des femmes-enfants. Elles ont 64, 40 ou 70 ans et elles sont restées enfant. Dans leur tête, dans leur comportement, dans leurs propos.
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Rare sont les femmes ouvertes et libérées que je côtoie. J’en connais une mais… Ma femme. Deuxième partie. 25.9.11. 8 :44. Ne croyez surtout pas que ma femme se résume à ce que je vous ai raconté plus haut. Elle est plus que ça ! D’abord, elle a l’intelligence du cœur. Et ça c’est rare ! Ensuite, elle cuisine comme une déesse et ça c’est rare aussi. Ensuite, elle est amoureuse de moi et ça, pour moi, c’est l’essentiel. Et c’est pour tout cela que je reste avec ma femme, que je vieillirai avec elle et c’est aussi pour tout cela que je l’aime. Ma femme. Troisième et dernière partie. 25.9.11. 8:52. Ma nièce était encore petite à cette époque. Elle avait son anniversaire. Je m’étais promis de lui acheter que des cadeaux intelligents. Et nous nous sommes rendus au supermarché du coin. A l’entrée, il y avait les cadeaux intelligents : des jeux, des bouquins, etc et un peu plus loin les cadeaux moches, bêtes et en plastique. Ah non ! Pas pour ma nièce ! Jamais ! Et encore moins une Barbie. Ma nièce regarde avec une moue d’indifférence les cadeaux intelligents et se rue très vite vers… les Barbies. Et je lui ai acheté une Barbie. Ma nièce était enchantée. Il ne faut jamais dire jamais. Barbie. 4.11.11.6 :46 P. de fb ! Je désirais renouer avec mon ex. Vingt ans après. J’étais dans un période nostalgie. Donc quand je lui ai écrit la première fois, j’étais détendu. Zen quoi ! J’ai tout de suite ressenti un malaise. Et chez moi, une explosion d’émotions qui m’a submergé. Grave. Et quand je suis submergé par mes émotions, je fais que des conneries. Et ça n’a pas manqué. Une colère de vingt ans a déferlé sur mon ex. C’était mal barre ! Je la rendais responsable de mon mal-être de ma
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souffrance et de plus encore. Connerie quand tu nous tiens. Alors que la logique aurait voulu que j’arrête là mes messages, j’ai continué. Une obsession, vous dis-je. J’étais comme fou. Fou d’amour mais fou quand même. Elle bien sûr en en recevant plein la gueule, elle ne répondait déjà plus à mes messages. Et ça me rendait furieux. P. de fb. ! Quand je me suis apaisé, je me suis déconnecté définitivement de fb et j’ai rayé mon ex de mes contacts. Pour supprimer définitivement les tentations. Ça a plutôt bien marché, pour l’instant, mais la braise n’attend plus qu’un signe pour renaître. P. de fb. ! P. de fb. ! 15.11.11. 8 :13. Quand je me suis fait circoncire, j’avais 12 ou 13 ans. Je me suis fait opérer dans un petite clinique de mon quartier. Quand je suis ressorti de l’anesthésie générale, j’avais l’impression de sortir d’un long tunnel. J’étais groggy. Je pense que l’anesthésiste y était allé un peu fort. Quand j’ai pu rentrer chez moi, mon père a décidé que je rentrerais à pied. Mais c’est bien sûr ! J’étais dans les vappes et je souffrais le martyr Mais rien n’y fit. Quand je suis arrivé à la maison, j’ai pu me coucher dans le lit matrimonial de mes parents. Ouf ! Ensuite, j’ai entendu de loin une sonnerie. C’était ma petite voisine A.. Elle voulait prendre de mes nouvelles et savoir de quoi je souffrais. Ma mère a répondu n’importe quoi et a permis à A. de venir me voir. Oh non ! J’ai relevé la couverture le plus haut possible et j’ai fait semblant de dormir. Et ça a marché ! A. est partie. Je ne voulais quand même pas montrer ma quéquette meurtrie à ma petite amie. Peut-être plus tard, pourquoi pas. Circoncision. 15.11.11. 8 :29.
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Nous avions décidé de passer un week-end en amoureux en F. Ma femme et moi. Passés la frontière et comme nos estomacs criaient famine, nous nous sommes arrêtés dans un petit village et avons trouvé une petit troquet. Nous sommes rentrés et avons cherché une place pour manger une petite morse. Il y avait une salle avec des banquettes en simili-cuir et des tables vissées au sol. Pourquoi pas ? Mais voilà, impossible de me glisser entre la banquette et la table. Bon, il faut dire que je suis un peu ventru. Mais bon ! Alors nous nous dirigeons dans autre petite salle. Sur un comptoir se dressaient des coupes de fraises. En s’approchant de plus près, je vois que les délicieux fruits sont pourris depuis longtemps et couverts de mouches. Aie ! Aie ! Aie ! Fuyons ! Nous sommes restés. Pour l’apéro, nous avons commandé un pichet de vin blanc. Le pichet était en verre sale et couverts de chiures de mouches. Aie ! Aie ! Aie ! Fuyons ! Nous sommes restés. Et avons commandé, moi une tartiflette et ma femme… une grande salade mêlée. Je sais pas pourquoi mais quand ma femme a commandé sa salade, j’ai eu un peu peur. Ben oui, je l’imaginais déjà passer notre week-end en amoureux sur les chiottes, atteinte d’une dysenterie bactérienne. Mais non ! Je pense que ma femme était immunisée contre une vaste palette de microbes. Nous n’avons pas pris de café, ni de dessert. Il faut pas pousser quand même ! Et avant de sortir du troquet, je suis monté à l’étage pour pisser un coup. Mal m’en a pris, car les chiottes étaient dans un état de saleté proche de l’Ohio. Alors là, je me suis lâché et je ne me suis pas privé de pisser à côté de la cuvette. Ca m’a fait un bien fou ! Je vous conseille d’essayer ! Un we en amoureux. 18.11.11. 9 :11.
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Je ne sais pas si vous avez déjà rencontré un porc. A deux pattes. J’en ai rencontré un il y de nombreuses années de ça et je m’en souviens encore. J’étais tout jeune à cette époque et cet homme-porc était président d’une société quelconque. Il était imposant et ses grosses mains reflétaient tout son être. Grossier, vicieux, mauvais. Il avait l’habitude de s’inviter avec quelques copains et copines de son acabit le samedi soir dans le chalet de sa société aux P. d’O. où mon père était gardien une fois par mois. Il s’installait, commandait à boire du vin rouge et commençait à insulter tous les jeunes présents ce soir-là. Il buvait sec, ses amis riaient de ses blagues vicelardes et il ne se gênait pas de pelotter devant nous ses amies d’un soir. Quand il était fin-rond, il montait dans le dortoir pour dormir et commençait à ronfler à en réveiller les morts. Cet homme répugnant avait une femme que je n’ai vue que de loin. Petite, voûtée, timide et toujours habillée en noir. Cela ne m’étonnerait pas que ce porc la battait régulièrement. Mais j’en ai pas la preuve. Il poussait la mauvaise plaisanterie à venir le dimanche en fin après-midi lorsque nous nous décidions à partir. Simplement pour faire chier mon père qui avait nettoyé et rangé propre en ordre le chalet. Il restait là, buvant et obligeant mon père à rester pour servir Monsieur le Porc. Et mon père qui lui trouvait toujours des excuses ! On dit souvent que dans le cochon tout est bon. Si l’on avait bouchoyé ce porc-là, je suis certain que tout était à jeter. Paix à ses cendres ! Un porc. 23.11.11. 16 :53. Ta vie sera difficile si tu es maladivement timide. Elle le sera d’autant plus, si tu es lent, obèse, hypersensible et dépressif. Je le sais d’autant plus, que ce tu, c’est moi ! C’est moi. 30.11.11. 7:39.
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J’étais petit alors. C’était un dimanche. Mon père avait acheté sa première voiture. Nous étions allés chercher tante Y. et oncle J. à R. pour les emmener à S. chez des amis de mes parents. Nous étions entassés dans la petite voiture de mon père et comme d’habitude les enfants s’asseyaient sur les genoux des adultes. Moi, j’avais pris place sur les genoux de l’oncle J.. Avec les virages et les secousses, j’ai senti après quelque temps, quelque chose de dure entre les fesses. J’avais, à cet époque, aucune idée de ce que ça pouvait être. Maintenant , je sais que l’oncle J. bandait… Et oui, il bandait. Je ne lui en ai pas voulu. J’aimais bien l’oncle Jean. Il avait les yeux tristes d’un cocker. Oncle J. 6.12.11. 16 :43. Ma frangine avait invité pour souper un peintre italien de passage à B.. Il exposait à ce moment- là dans une petite galerie ses œuvres surréalistes. Il était venu ce soir-là, avec sa muse, une femme au physique agréable, blonde et pulpeuse. Agréable soirée. Il me dit même que j’étais un garçon sensible. Merci l’artiste ! A la fin de la soirée, ma frangine lui demanda bien sûr de faire le portrait de sa fille âgée de 2-3 ans à cette époque. Ce qui fut fait. Quelques semaines plus tard le peintre vint avec son tableau et là, patatras ! Ma sœur ne reconnaissait pas sur le tableau, sa fille chérie. Horreur ! Malheur ! Schoking ! L’artiste en fut bien sûr très déçu et même en colère que quelqu’un puisse remettre en question son art. Non mais ! Ce tableau, je l’ai revu récemment dans la cave de ma frangine. Le tableau n’est pas vraiment un portrait. Le peintre, sur un fond bleu et avec quelques traits de couleur blanche a représenté le profil de ma nièce. C’est
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vrai qu’il n’est pas très ressemblant mais il me plaît bien. A ma sœur, pas du tout. Il lui a coûté un saladier Mais elle n’en a toujours pas fait le deuil. Schocking vous-disje ! Le peintre. 18.12.11. 9 :20. Vous connaissez les femmes glaçon ? Ce sont des femmes qui méprisent les hommes. Elles sont méprisantes et indifférentes à leur égard. Elles ne montrent souvent aucune émotion, aucune sensibilité et ça c’est plutôt rare chez une femme. Vous savez ce que j’en fais, moi, des femmes glaçon ? Je les dégèle en les mettant dans mon whisky single malt écossais. Essayez ! Succès garanti sur facture. Les femmes glaçon. 26.12.11. 9 :29. Ma femme a un urticaire. Ça va mieux mais pendant une année, elle s’est grattée. Elle a montrée son urticaire à tout le monde. Au boulot, à la maison, à ses amies. Ses démangeaisons la rendaient folle. Elle dormait mal, était irritable et attendait désespérément la venue du saintesprit pour la guérir. Please help me ! Je lui conseillais d’aller chez un dermato. Elle a préféré contacter un rebouteux. Ses démangeaisons se calmaient et reprenaient de plus belle. Elle ne voulait au moins pas prendre de cortisone par peur de grossir. Non!Non !Non ! Et puis un jour, c’était en fin d’année, elle a pété les plombs au boulot. Tout son corps la brûlait. Alors en urgence, le médecin lui fit une injection de cortisone en intraveineuse et lui prescrit une pommade à base de cortisone. Et là, ma femme n’a rien refusé. Elle va mieux depuis, se gratte moins et est moins irritable. C’est déjà ça ! Mais pourquoi a-t-elle perdue une année avant de se faire soigner ? Mystère et boule de gomme ! Histoire d’urticaire. 31.12.2011. 7 :02.
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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis très sensible aux personnes qui vont mal. Peut-être est-ce de la déformation professionnelle. J’en sais rien. Ce que je sais, c’est que je ne peux pas m’empêcher de les conseiller pour aller mieux. Ce sont des conseils pertinents, je crois, mais complètement inefficaces. Un exemple précis me vient en mémoire. J’ai une copine qui a de graves troubles alimentaires. Je l’ai écouté dans un premier temps et bien sûr, je lui ai conseillé d’aller consulter car j’étais inquiète pour elle. Bien sûr, elle n’alla pas consulter mais depuis je ne la vois plus. Silence radio. Depuis, je me mêle de mes oignons et quand un proche me dit qu’il va bien alors que je le sens en danger, je m’abstiens de le conseiller. Je l’écoute et basta ! Ecouter mais pas conseiller. 31.12.2011. 7 :46. J’ai contacté mon ex sur fb. Grave erreur de ma part. J’ai tout de suite senti chez elle un profond malaise. C’est vrai que je n’avais plus de nouvelles d’elle depuis vingt ans. Mais j’ai continué à lui envoyer des messages. Elle me répondait, mais ses réponses étaient froides, sans émotion et je les ai trouvées sans vie. Merde alors ! Au lieu d’arrêter, j’ai continué. Je lui ai balancé des conneries . Elle ne me répondait pas. J’ai insisté, la rendant responsable de mon mal-être. Des conneries vous dis-je. Il y avait tellement de choses que je ne lui avais pas dites. Mais elle s’en foutait. Elle m’avait rayé de sa vie. Ça m’a fait mal ! Ça ne me reprendra plus, mais de cette expérience, j’ai appris le détachement. Donc cette expérience n’était pas vaine ! Mais quand même, merde de fb ! Merde de fb. 1.1.12. 17 :50. Une collègue me raconte qu’un matin en venant travailler à pied elle rencontre un adolescent qui se rend
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à la gare. Ce jour-là, il faisait froid, très froid. Ça avait gelé toute la nuit. Ma collègue a failli tomber en glissant sur une plaque de glace. L’adolescent passant devant elle, elle le met en garde. Attention, ça glisse ! L’ado lui fait un fait un bras d’honneur. Non, mais, de quoi je me mêle ! Et cent mètres plus loin, il s’étale en glissant sur la plaque de verglas. Ça lui apprendra ! Une plaque de verglas. 6.1.12. 17:44. J’allais chez ma grand-mère aux vacances d’été. Il faisait chaud en I.. Et il y avait des mouches. Des dizaines, des centaines, des milliers. Alors pour réduire leur nombre, il fallait utiliser les grands moyens. Les grands moyens, c’était une bombe insecticide. Chaque jour, en fin d’après-midi, on vaporisait la cuisine. On fermait la porte. On attendait une heure sur le balcon et on ouvrait la porte. La bombe avait fait son effet. Des dizaines, des centaines de mouches gisaient par terre. Mortes. On les balayait et on les jetait dans la cour. Et le lendemain, ça recommençait de plus belle. Et chaque année, la même histoire. Et chaque année, des milliers de morts. Mais chaque année, ça les décourageait pas, les mouches. Elles se reproduisaient de plus belle. Mais alors, la vie serait-t-elle plus forte que la mort ? Ou alors les mouches seraient-elles persévérantes à ne pas mourir ? Les mouches. 22.1.12. 16 :45. Ma grand-mère possédait en I. une maison, héritage de son mari qui avait fait fortune en Amérique en tant que cuisinier. Elle louait des chambres et l’une d’elle était loué par Mme R. Mme R. était déjà une vieille dame quand je l’ai connue.
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Elle était très gentille mais très perdue. Et ce que je me souviens, c’est qu’elle était souvent atteinte de diarrhée. Il faut dire qu’à cette époque, les toilettes se trouvaient à l’étage et cette pauvre Mme R., lorsqu’elle était atteinte de diarrhée n’arrivait pas toujours à temps aux WC. Elle lâchait sa merde le long du chemin et je me rappelle que j’allais souvent nettoyer le corridor. Vous avez vu Mme R. ? Non ! Mais suivez la ligne brune ! Bon, c’est un peu facile mais je ne peux pas m’en empêcher. Mme R. 22.1.12. 16 :57. La sœur de ma mère s’appelle A. Quand elle s’est mariée, elle est allée vivre dans la ville de son mari en poste à R. Son mari n’était pas un problème. Elle l’aimait. Le problème, c’était sa belle-mère. Et quelle belle-mère ! Ignorante, illettrée et méchante. Une teigneuse ! J’avais l’habitude de la voir une fois par année à Pâques et elle était délicieuse, la belle-mère. Elle me préparait de bons petits plats et se mettait en quatre pour satisfaire les moindres de mes désirs. Mais… parce que il y a un mais, elle faisait vivre un véritable enfer à ma tante A. C’est malheureusement plus tard, quand ma tante A. a fait fait une dépression grave, que j’ai appris que cette femme était une vraie sorcière faisant vivre à ma tante un véritable enfer et cela pendant quatorze ans. Elle la contrôlait, l’humiliait, la rabaissait, lui reprochant d’être une mauvaise cuisinière, une mauvaise mère, une mauvaise femme. Allant jusqu’à contrôler les draps de son lit matrimonial. Et cela pendant quatorze ans ! Bonjour l’enfer ! Et moi qui n’ai rien vu ! Je m’en veux ! Heureusement la belle-mère est morte, ma tante A. va mieux. Elle coule une heureuse retraite au bord de la mer.
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Et la belle-mère emmerde d’autres personnes mais heureusement pas sur cette Terre-ci ! Et quand je vous dis, qu’il y a une justice ! Tante A.. 22.1.12.17 :15. Quand j’étais ado, j’allais pendant, mes vacances d’été, chez des paysans. Et ma première expérience, je l’ai passée en V. chez B. B. était un paysan de montagne. Les foins chez lui, c’était pas des vacances ! Mais je me foutais de la dureté du travail, La famille R. était tellement attachante. Vraiment ! Les prés en montagne étaient en pente. Il fallait charger le foin sur ses épaules et l’amener jusqu’à la grange. Perte de poids garanti ! Parfois, B. arrivait avec son tracteur et nous pouvions charger le foin dessus. Et un soir, en déchargeant le foin du tracteur, je glisse, je tombe et je me retrouve sur… le fumier. Ca sentait la merde ! J’étais recouvert de merde de vaches et de paille. C’est drôle que je vous raconte cela, car plus tard, j’ai travaillé en gériatrie et là aussi, j’ai côtoyé la merde et la pisse. Vous croyez qu’il y a un lien ? Les foins chez les R. 22.1.12.17 :31. Comment se faire un ami d’un ennemi. Deux petites histoires vécues vont vous l’expliquer. La première histoire se passe à G. C’était mon premier poste en tant qu’infirmier diplômé. Là travaillait R. Un physique de docker, une voix rocailleuse et un mépris à peine voilé pour le petit bleu que j’étais. Reproches, moqueries et dédain pleuvaient sur mes frêles épaules. Je subissais, courbait le dos mais ne cassait pas. Et voila-t-il pas que je tombe amoureux. Une superbe meuf, infirmière de son état et pas conne du tout.
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Et voilà-t-il pas que R. change de comportement. Lui qui me méprisait commence à me respecter. Lui qui se moquait de moi commence à s’intéresser à moi. Du jamais vu ! J’en étais tout chamboullé. Nous avons ri ensemble, bu des canons ensemble et déballer nos vies de patachons ensemble. Des vrais potes. Ah ! ce R. La dernière fois que je l’ai rencontré, il tenait un bistrot avec une amie en F. Tu me manques mon pote ! La deuxième petite histoire se passe plus tard dans ma vie et c’est une infirmière-cheffe qui m’a fait des misères. Elle ne me faisait aucune confiance donc elle était toujours dans mon dos. Et tatati et tatata ! Chaque fois que j’ouvrais ma gueule, vous pouviez être sûr qu’elle me la faisait fermer illico. Elle ne me supportait pas, ne me pifferait pas non plus. Un enfer vous dis-je. Et ben, vous ne le croirez pas mais sur la fin, nous sommes devenus potes. Faut pas exagérer quand même ! J’ai pas couché mais je nous revois dans son bureau en train de tirer des plans sur la comète. C’est déjà pas mal ! Et voilà, c’est fini ! Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Comment se faire un ami. 31.1.12. 9 :36. C’était un si joli village. Le village de mon ex beau-frère. J’y allais avec ma frangine dans les années 70. C’était un village touristique au milieu des vignes. Un petit lac. Les ruines d’un vieux château. De braves gens qui chantaient en buvant leur verre de vin. Et… dans une vieille bâtisse, un grenier aménagé. Sombre. Et une jeunesse désespérée. Qui se droguait, qui se piquait et qui buvait sec. No future. C’était même pas peace and love. Peut-être dans la musique… Pas dans ce grenier. La faucheuse y régnait en maître. J’observais ces jeunes avec distance,
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Je fumais un peu, je buvais un peu, je planais aussi avec Pink Floyd, Santana et Alan Parson Project. Je me sentais proches de ces jeunes, je les enviais un peu et mais quelque part, ils me faisaient peur. La mort rôdait autour d’eux… Et en effet, beaucoup des ces jeunes sont morts d’overdose, de suicides et d’abus d’alcool. Je ne les jugent pas, je m’y sentais bien, par moment, autour d’eux. Mais je les ai quittés car mon chemin continuait vers d’autres horizons. Et aussi pour sauver ma peau ! Mais c’était un si joli village. Un si joli village. 13.2.12. 17 :46. Il y a des jours où il ne faudrait pas sortir de chez soi et rester sous la couette. Un matin, ma femme va boire un café avec sa copine. En sortant du parking, elle emboutit une BMW. Bon, ce n’est qu’une BMW ! Le soir, elle sort avec ses copines. Prend ma bagnole et brûle un feu rouge. Ah ! il faut s’arrêter au feu rouge ? 250 balles. Ma femme ne veut pas payer son amende. Elle veut faire des travaux d’intérêt général à la place. Mais c’est pas possible ! Il y a des jours… Il y a des jours… 16.2.12.8 :47. Un ami me racontait, l’autre jour, l’histoire suivante. Sa sœur mariée se faisait battre par son mari. Bien sûr, elle s’en plaignait auprès de sa famille et mon ami étant son frère décide un jour de régler son compte à son beau-frère. Il faut dire que mon ami vient d’une culture où les différends familiaux se règlent encore à coups de poings. On frappe d’abord, on discute ensuite. Donc, mon ami, un soir, va casser la gueule à son beaufrère, lui fait une tête de Mickey et lui fait passer l’envie de battre sa sœur. L’histoire aurait pu se terminer là, mais c’était sans compter sur la réaction de la frangine qui lui reproche
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son comportement et qui le prie dorénavant de s’occuper de ses oignons. Non mais ! Cette histoire date de vingt ans et mon ami n’a toujours pas pris contact avec sa sœur. Brouillés pour la vie ! Et mon ami a pris la décision de s’occuper de ses oignons. Sage décision ! Sage décision. 12.3.12.17 :05. Ma première pute, je devais avoir vingt ans. Maladivement timide, coincé du cul mais une grande envie de baiser. Donc je lui téléphone, je prends rendez-vous et je me rends en fin d’après-midi à son appartement. Je sonne. Personne. Je panique, je monte au premier étage, où deux blondes superbes m’accueillent. Je bégaie, leur explique la situation et une blonde me dit que mon rendez-vous est sûrement allée faire pisser son chien. En effet, Madame arrive avec son petit chien et me fait rentrer dans sa chambre à baiser. Une TV qui passe des films pornos. Un grand lit et rien d’autre. Elle me dit de me déshabiller. Elle garde son slip noir. Pour 50 francs, j’ai eu droit qu’à une branlée aux petits oignons. Ouais ! C’était pas mal, mais un petit peu court. C’est vrai, que j’étais tellement excitée que j’ai éjaculé très vite. Merde alors ! Je me rhabille rapidement, je la paye et elle me dit en sortant que franchement, je n’ai pas vraiment besoin d’une pute. Je n’ai pas compris tout de suite, mais sur le moment je l’ai pris pour un compliment. Et c’est vrai que jusqu’à maintenant, je n’ai plus eu besoin d’aller aux putes. Ma première pute. 12.3.12. 17 :34. Un aumônier me disait récemment le nombre de mortsvivants qu’il voyait le samedi matin au supermarché du coin. Je lui répondais le nombre d’Ivoiriens que je côtoyais dans mon travail. Ils n’étaient pas de la Côte d’Ivoire, mais je les nommais ainsi car ils n’y voyent rien.
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Bon d’accord c’est limite, mais j’aime bien. Les Yvoiriens. 13.3.12. 16 :24. La vie de mon ami est un vrai enfer car il s’est fait casser par son père durant son enfance. Son père le battait, sa mère l’encourageait. Adulte, devenu cuisinier, il change de nombreuses fois de patrons car son caractère impulsif et violent n’est pas compatible avec son boulot. Il se marie avec une gentille femme. A deux enfants, mais doit se contrôler pour ne pas les taper à chaque fois qu’ils font des caprices. Il doit changer de métier, suit une formation mais tombe sur un maître d’apprentissage sadique qui lui fait louper ses examens. Ensuite, ses états d’âme passent de la dépression à l’euphorie. Psychiatres, envies de suicide. Putain de vie ! Et son paternel qui vit toujours et qui coule une retraite tranquille sans être inquiété le moins du monde. Putain de vie ! Putain de vie. 13.3.12. 16 :34. Deux petites histoires plutôt semblables mais totalement différentes. Un homme aime conduire des italiennes sportives et luxueuses. Il porte des lunettes noires et sort son coude quand il conduit. La classe ! Seulement voilà, ce beau gosse se retrouve dans une chambre d’hôpital, avec une chemise de nuit ouverte dans le dos. Il a eu un petit accident. Double fracture du coude. Il a perdu de sa superbe, le frimeur ! Un homme aime la castagne. Il porte un blouson noir. Il en impose, le mec. Seulement voilà, le costaud a eu un petit accident. Il s’est fait péter la gueule. Et il se retrouve dans une petite chambre d’hôpital avec une chemise de nuit ouverte dans le dos. Il a perdu de sa superbe, le costaud ! Et en plus il appelle sa maman !
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Enfin, ils sont devenus des êtres humains… Fragiles, mais des êtres humains. Des êtres humains…enfin. 14.3.12. 7 :02. Il y a des invitations que je devrais refuser. Comme celle-ci il y a une dizaine d’années… Un camarade de l’école secondaire m’avait contacté car il avait organisé une petite soirée aux P. d’O.. Serait présent mes camarades de l’école secondaire, que je n’avais plus revus depuis plus de quinze ans. Je sais pas pourquoi, mais je me réjouissais comme un gamin de cette soirée. J’avais acheté du champagne et pris mon sac de couchage. Et cette soirée a été une des pires de ma vie. Allez savoir pourquoi. Why ? D’abord je crois, que je n’avais plus rien à dire à mes camarades de classe et eux non plus. Ensuite, les clans qui existaient à l’époque se sont recréés comme par enchantement. Comme à l’époque, j’étais déjà un solitaire et que je n’appartenais à aucun clan, mes camarades m’ont complètement ignorés. Mais complètement. Je n’existais pas à leurs yeux. J’étais totalement transparent et donc totalement inintéressant. Pourtant avec certains d’entre eux, j’avais partagé de bon moment d’enfance. J’avais dragué les filles avec eux, j’avais fait les cent coups avec eux, j’avais ri et pris des cuites avec eux. Et tout cela, comme par enchantement, n’existait plus. Tout avait changé. Peut-être que d’être devenu adulte entre-temps les avait rendu plus con. J’en sais rien. J’ai pas demandé. Tout ce que je me rappelle, c’est que j’ai fui dare-dare cette cette soirée de merde. En colère mais soulagé. Une soirée de merde. 16.3.12. 9 :16. Deux sœurs. L’une aimée par sa mère. Adulée, admirée. L’autre au contraire, mise à l’écart comme un canard boiteux. A la fin de sa vie, la mère se retrouve dans un home près de sa fille mal-aimée.
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Et cette fille, qui s’occupe de sa mère, qui vient la voir chaque jour. Elle attend qu’une seule chose de sa mère. Qu’elle lui dise : « Je t’aime. ». Et sa mère décède et même dans son dernier soupir, elle ne lui dit pas les seules paroles qu’elle attend d’elle. Merde alors ! Alors n’attendez pas que quelqu’un vous dise « je t’aime », apprenez à vous aimer vous-même. Vous souffrirez moins. Les deux sœurs. 25.3.12. 16 :45. Tant qu’il y de la vie, il y a de l’espoir. C’est la petite histoire d’un fils qui accompagne jusqu’au bout son père atteint de démence sénile grave. Au début, comme infirmier, j’en avais peur. Du fils. Plein de colère, agressif et limite brutal, il insultait le personnel soignant comme du poisson pourri. Son père était déjà dans un autre monde, déambulant sans cesse dans le couloir. Il marmonnait et je ne pouvais déjà plus l’atteindre avec la parole. Cet homme, je l’avais déjà connu en bonne santé. Grand fumeur, grand bosseur et grand champignonneur. Mais voilà, cette maladie de merde l’avait atteint de plein fouet, après la mort de son épouse, dix ans auparavant. Et il déambulait… Son fils habitant le même village le visitait de temps en temps. Il se promenait avec lui, l’amenait au match de foot le dimanche et buvait un café avec lui sur la terrasse. Et les années ont passé. Et ce fils en colère s’est apaisé. Mes collègues et moi avons beaucoup parlé avec lui. Nous l’avons écouté et soutenu. Et ce fils peu à peu s’est transformé. Il est devenu agréable, souriant parfois mais surtout tendre avec son père. Nous étions tous étonnés par cette transformation qui avait ,bien sûr, une répercussion sur le comportement de son père et sur la mort de celui-ci. Paisible, sans agonie et entouré par ses proches.
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Quelle belle leçon nous donnée ce fils ! Nous ne l’oublierons jamais ! Jamais ! Un fils, un père. 27.3.12.9 :37. Sa fille me disait que son père était mort il y dix ans, à la mort de son épouse. C’était en hiver et cet hiver était particulièrement froid et neigeux. Quand sa femme est morte, son mari a pris son décès en pleine gueule. Ko. Alors, ce soir-là, il est sorti et a commencé à déblayer la neige qui s’était accumulée sur le trottoir. Pendant des heures et des heures. Il avait les mains en sang, mais il s’en foutait, il ne ressentait pas la douleur. Au moins pas cette douleur-là. Par la suite, son père a survécu pendant dix ans glissant lentement mais sûrement vers la démence et ne remit jamais , jamais, les pieds dans son appartement qu’il partageait avec son épouse. Jamais. Une fille, un père. 11.4.12. 9 :16. Ma collègue a un chien. Un jack-russel. Un peu hyperactif mais très sympathique. Elle l’a hérité de son fils car sa compagne n’aime pas les chiens. Comme ma collègue doit travailler, le jack-russel est tout seul a la maison. Il s’ennuie et il hurle à la mort. Plainte des voisins. Visite chez le véto qui lui prescrit un traitement d’aromatothérapie et des séances télévisées. Et miracle, ça marche ! Il n’aboye plus mais aux dernières nouvelles, il pisse partout… Maudit clébard ! Un jack-russel nommé J. 4.5.12.8 :31. Mon beau-frère marche avec des sabots dans son appart. Son logement est mal isolé et les voisins du dessous dégustent… Mais il s’en tamponne le coquillard. La dernière fois que je lui ai rendu visite, en parlant de tout et de rien, ma femme lui propose l’achat de charentaises.
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Il n’est pas contre, quoique que… Et sa compagne qui écoutait distraitement notre conversation, s’approche de moi et me glisse dans l’oreille : « Tu crois que c’est à cause des sabots de D., qu’ils n’arrivent pas à louer l’appart du dessous ? » Mais non penses-tu ! Les sabots de D..4.5.12.8 :39. Un ami me racontait récemment la petite histoire suivante. Sa fille M. flirtait avec un gars du village. Il ne le connaissait pas mais il allait vite le connaître. Un soir, tard dans la nuit, sa fille M. lui téléphone. Il faudrait qu’il vienne la chercher dans une boîte de nuit de la région. Avec sa voiture, il s’y rend. L’ambiance est chaude. Ca s’en la sueur, l’alcool, la fumée et la musique à fond. Au fond de la salle, sa fille. Sur une table, un gars complètement pété avait baissé son froc et dansait une danse endiablée. Un peu étonné, mon ami demande à sa fille : « C’est qui ce mec ? ». Et sa fille qui lui répond : « Mais papa, c’est mon mec ! ». Depuis sa fille a changé de mec et je sens mon ami beaucoup, mais beaucoup plus serein. Le mec de M. 14.5.12. 8 :10. Ma femme est capable de gestes de générosité rares. Je ne sais pas pourquoi, les SDF qui errent dans notre ville, la touchent particulièrement. Voilà 2 histoires qui me touchent particulièrement. La première se passe à l’entrée d’un supermarché. Un homme d’un certain âge mendie. Il lui demande de l’argent. Mais elle refuse, préférant lui porter quelque chose à manger. La deuxième se passe devant un magasin. Ma femme repère un jeune clochard. A la sortie du magasin, un sac plein de victuailles, elle remarque qu’il a disparu. Mais elle ne se décourage pas pour autant.
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Elle le cherche à travers la ville et le retrouve à la gare. Elle lui remets son sac de victuailles et s’en retourne heureuse et sans lui avoir demander quelque chose en retour. Cadeau ! Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais ce jour-là, j’étais fier, vraiment très fier, de ma femme. Générosité. 14.5.12. 17 :00. Une collègue me racontait récemment l’histoire suivante. Quand elle a fait son stage en psychiatrie, lors de sa formation d’infirmière, elle a frôlé la mort alors qu’elle ne s’y attendait pas du tout. Un matin, elle distribuait les médicaments. Elle entre alors dans chambre d’isolement où se trouve une patiente suicidaire. Elle lui donne ses médicaments, se retourne et alors qu’elle va quitter sa chambre, elle sent deux mains qui l’étranglent. Elle manque de souffle, elle va mourir étranglée. Heureusement ses collègues interviennent et la sauvent in extremis d’une mort certaine. Et la patiente qui raconte à son psy le récit suivant. Inimaginable !. Pas tant que ça. « Voyez-vous docteur, j’ai envie de me suicider. Ici, à chaque fois, vous m’en empêchez. Quand j’ai vu cette jeune infirmière, j’me suis dit, j’vai m’la faire. On m’enverra en prison et en prison, docteur, c’est bien plus facile de se suicider… Je crois qu’ici j’vai me taire et ne faire aucun commentaire. En psy, la mort rôde. 14.5.12. 17 :04. Une nuit aux Urgences. Tentamen. Médicaments, alcool. Un jeune homme a tenté de se suicider avec des médicaments et de l’alcool. Le médecin décide de lui faire un lavage gastrique. Moi et ma collègue préparons le matériel et tournons le jeune homme sur le côté.
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Moi je le tiens sur le côté et j’sais pas pourquoi nous essayons de deviner qu’elle alcool, le jeune a bu. Je vais être très vite fixé. En effet, lorsque ma collègue infirmière introduit dans la bouche la sonde, le jeune est pris de nausées et commence à vomir en jet. Et des litres d’alcool fort m’éclaboussent. Je suis trempé de schnaps. Bonjour l’odeur ! Et cette odeur ne m’a plus quitté pendant au moins un semaine. Je me suis lavé, changé de vêtements. Rien n’y fit. L’alcool fort avait imprégné ma peau. Ca fait partie du job ! Tentamen.18.5.12. 8 :05. Nous avions reçu un bon-cadeau pour prendre du bon temps dans un sauna un peu particulier. Il était situé au centre ville et sa propriétaire était une pute brésilienne. Le sauna était composé d’un sauna bien sûr, d’un jacuzzi et d’une salle de repos… Lorsque nous sommes arrivés, la pro était attablée au bar avec un client. Elle nous dit qu’il était trop tôt, son équipe étant en train de nettoyer le jacuzzi. Pas de blème, nous sommes allés boire l’apéro. Juste quelques canons de blanc ! A notre arrivée, la pro, femme jovial et chaleureuse nous offrit un verre de M. pour nous mettre à l’aise. Peut-être bien 2 ! Ensuite, à nous le sauna pour deux heures de temps ! Le champagne offert était dégeu mais qu’à cela ne tienne nous avions apporté le nôtre… Sauna, jacuzzi ! Que du bonheur ! Mais je ne sais pas pourquoi, si c’était la chaleur ou l’alcool, mais ma libido était en berne au grand désespoir de ma femme. Merde alors ! Ensuite, je ne vous raconte pas ma glissade sur les catelles… Deux côtes cassées ! Je ne vous raconterai pas non plus ma sortie titubante et alcoolisée… du sauna. Je ne vous raconterai pas non plus ma pizza d’après sauna… et pas non plus ma rentrée à la maison au bras de ma femme… Non !Non ! Non !
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Je vous dirai simplement que cet endroit de luxure était vraiment propice à prendre mon pied mais que, à aucun moment, moi, je l’ai pris ! Quel con ! Sauna, sexe and jacuzzi. 22.5.12. 9 :31 Ma collègue et sa petite smala se rendent au supermarché du coin. Se trouve devant l’entrée, une jeune fille sourde-muette qui récolte des fonds pour son association. Que c’est touchant ! Le mari ému sort son porte-monnaie et lui donne un billet. Un billet= un porte-clé. Que c’est touchant ! Après leurs achats, la petite smala se rend dans un restaurant du centre ville pour manger un hamburger. Quelle n’est pas leur surprise de retrouver la jeune fille sourde-muette parlant vraiment normalement avec son petit copain. Et oui, la jeune femme n’était pas plus sourde que moi, je suis muet ! Alors c’est quoi, cette arnaque ! Ben là, le mari prend conscience qu’il s’est fait b… Voilà tout ! Fausse sourde-muette. 24.5.12.8 :30. J’ai travaillé cinq ans avec une collègue qui était en fin de carrière. Je me l’a rappelle bien, car elle était pleine de vie, agréable et aimant faire la fête. Son diabète ne l’empêchait pas de vivre, bien au contraire. Mais voilà, elle avait deux fils. Et les deux sont morts en l’espace de cinq ans. Un de sa toxicomanie, l’autre d’une tumeur au cerveau. Ma collègue avait l’air de bien vivre ses deuils successifs et je m’en étonnais et je dois le dire l’admirais. Mais voilà, quelques semaines après sa retraite, et alors qu’elle voulait déménager, recommencer une autre vie, une attaque cérébrale l’a foudroie… Et patatras, rien ne va plus. Elle est hospitalisée. Son diabète perd les pédales et elle se retrouve amputée d’une jambe et transférée dans un EMS.
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Et quand je la vois dans cette petite chambre dans une maison de retraite, je ne la reconnais plus. Son caractère a changé. Elle est devenue dure, exigeante, colérique et triste. Chienne de vie ! Ayant été transférée dans un autre établissement, je ne l’ai plus jamais revue. Mais je sais par ses proches, qu’elle demandait fréquemment un pistolet pour se donner la mort… Elle a encore survécu cinq ans et je ne suis plus allé lui rendre une petite visite. Pardon Y. Pardon. 18.6.12. 10 :19. Mon voisin qui a, à peu près le même âge que moi, me racontait l’histoire suivante, moi qui m’étonnais, qu’il passe seulement les week-end avec sa compagne. Il a vécu longtemps avec sa mère avant de connaître son actuelle compagne qui habitait l’immeuble d’a-côté. Il a décidé alors de venir habiter chez elle. Mais sa compagne est une femme possessive, jalouse, donc toujours sur son dos. Elle le maternait. Elle l’étouffait. Il cherchait une femme, pas une mère. Donc, le meilleur compromis qu’il a trouvé est le suivant : la semaine, il vit chez sa mère qui lui fait de bons petits plats et lui lave son linge et le week-end, il se paye du bon temps avec sa campagne Et maintenant, il est heureux et personne lui casse les couilles !. Un voisin. 23.6.12. 17 :30. Une de mes résidentes était atteinte d’Alzheimer. Elle ne parlait presque plus et ne se nourrissait pas seule. Pendant des années, bref jusqu’à sa mort, le dernier de ses amants venait du matin au soir lui tenir compagnie et lui donner à manger. Cette dame avait été fleuriste et connue comme une femme coquette. Son mari était un peu bossu et lui servait de porteur pour porter les fleurs chez ses clients.
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Durant ses absences, elle couchait avec d’autres hommes dont cet homme dont je vous ai parlé et qui était son dernier amant. Bref, cette femme coquette qui toute sa vie devait être agréable et aimable avec sa clientèle, en perdant la tête, était devenue spécialiste dans les injures et les mots d’oiseaux de toute sorte. Par exemple, elle avait un escarre au talon et chaque jour, nous devions lui changer son pansement. La réfection se passait bien. Elle était tout miel. Mais dès que nous nous éloignions, elle nous traitait de tous les noms d’oiseaux et même d’imbécile. Mais moi, j’men foutais ! Je l’aimais bien cette dame après coup ! La fleuriste. 23.6.12. 17 :30. J’ai deux de mes cousins qui , ayant bien réussi dans les affaires, ont pris l’habitude de mépriser les petites gens, donc moi, qui suis seulement infirmier. Infirmier= travail humiliant, de merde donc nul à chier. Mes deux cousins, je ne les vois pas souvent, heureusement, mais à chaque fois, je suis tenté de leur faire une tête de Mickey c’est-à- dire de leur mettre mon poing à la gueule. C’est comme ça, c’est épidermique ! Mais je n’ose pas ! Vous voyez, chez nous, la famiglia, c’est sacré ! Mon cul, oui ! Mes cousins. 23.6.12. 17 :56. Mon ami a fait récemment une expo de cons. Pas de cons, mais de sexes féminins. Avant l’expo, je le mettais en garde contre les réactions des dames patronesses et des milieux religieux. J’entendais déjà… Cette expo, c’est obscène, pornographique ! Bref, un suppôt de Satan ! Et bien, mon cul ! Rien de tout ça ! Mon ami a eu droit à un petit article dans le journal local, il a vendu quelques toiles durant le vernissage et ensuite, nada, rien de rien ! J’ai simplement comme à mon habitude dramatisé.
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Mais comme dit une amie, le drame, ça fait de très bons opéras. Expo. 23.6.12. 18 :17. Quand ma thérapeute me touche un point douloureux, elle me dit : « Mais c’est vivant ! ». Quand j’y pense, je dis souvent à mes résidents, vue leur âge : « Quand vous vous levez le matin et que vous n’avez mal nulle part, c’est que vous êtes mort ! ». Bon, c’est vrai que c’est un peu de mauvais goût…Mais réfléchissez… Elle est un peu vraie ! Douleur. 23.6.12. 18 :23. J’en ai connu des barjes, des alcoolos, des dépressives, des mythos, des nymphos, des faux-culs, des toxicos, des coincées du culs, des salopes, des suicidaires, des putes mais aussi des sensuelles, des sensibles, des gentilles, des douces, des généreuses, des pétillantes, des rieuses, des déconneuses et aussi des compétentes, des lesbiennes, des homos, des incompétentes, des pétasses, des sadiques, des masos, des paranos mais aussi des cœurs sur la main, des « à l’écoute », des « je vous tends la main », des baiseuses, des baisers sur la joue, des « je pleure avec vous », des « j’ai mal avec vous », des « je vous comprends », des « merde la vie », des « vive la vie ! », des « j’en ai marre », des « haut les cœurs » des infirmières voilà tout, ni saintes seulement des êtres humains au service d’autres humains… Je me reconnais en chacun et chacune de vous et je vous dis merci. Merci d’être humain dans un monde inhumain, d’être généreux dans un monde égoïste, d’être à l’écoute de la souffrance, alors que tout le monde s’en fout, de tendre la main , d’être au lieu de faire, de rayonner sans se mettre en avant, d’être fragile dans un monde fort, de garder le silence alors que tout le monde parle, de et puis merde… ce sont mes collègues et n’y touchez pas car je les aimes, mes collègues.
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Mes collègues. 13.8.12. 17 :51. Si vous croyez avoir une vie de merde, réfléchissez un instant… Vous avez certainement vécu des petits moments magiques dans votre existence… Alors , au lieu de les balancer dans un sac plastique, écrivez-les. C’est ce que j’ai fait… Voici mes « Histoires de vie ». Bonne lecture et merci. G.P. Préface. 4.7.12. 17 :00. L’essentiel est invisible pour les yeux. St.-Exupéry Peut-être que ce poids sur mes épaules… Peut-être que ce poids qui oppresse ma poitrine… Peut-être que ma difficulté à agir… Peut-être que mon mal-être… Peut-être que ma tristesse… Peut-être que mon ras-le-bol… de la vie… Peut-être que ma solitude… Peut-être que ma timidité maladive… n’existe que dans ma tête… Peut-être… Et qu’il faudrait un déclic… Un coup de pied dans le cul… Ou simplement de faire un pas en avant, suffirait… Peut-être… Mais même de faire un pas en avant m’est difficile… De crier que je suis vivant… m’est difficile… Alors quoi… accepter…pardonner…aimer… vivre…Peut-être… Peut-être que la vie est plus légère que je me l’imagine… Peut-être. Peut-être. 21.1.13. 7 :07. Quand je suis arrivé au boulot, je me suis aperçu que j’avais rien à manger. Qu’à cela tienne je demanderai à mon ami cuistot… Il me propose un sandwich jambon, beurre, salade, d’avant-hier…. Ouais ça ira ! J’lai déballé, j’ai sorti la salade fatiguée, la tomate déshydratée et j’ai voulu attaquer le jambon… Mais mon pif m’en a empêché… Le jambon empestait… Vite fait j’ai remballé la marchandise et j’lai jetée dans la poubelle.
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J’suis sûr maintenant que la faucheuse se cachait dedans… J’déconne pas, la Mort peut être partout…. ! Le sandwich. 2.2.13. 7 :44. Ma belle-sœur est handicapée mentale. Elle fait des ménages pour ne pas s’ennuyer. Et depuis dix ans, elle se fait exploiter par une patronne de bistrot de la région. Mais là, ce n’est pas de l’exploitation, c’est de l’esclavagisme. Carrément. Et depuis 10 ans, ma belle-sœur n’a rien dit. Elle a enduré, elle a gardé le silence. En aucun cas, elle s’est rebellée. Et puis récemment, coup sur coup, elle se paye deux crises d’épilepsie graves qui l’amènent à l’hosto. Et là, elle se confie… La vaisselle sale, le sol à récurer, le repassage, le ménage… et cela sans aucun salaire… Le stress… La patronne désagréable qui joue aux cartes pendant que elle, elle trime… Alors là, son récit m’a fait bondir… J’étais prêt à aller lui casser la gueule, à cette patronne, à lui envoyer le service d’hygiène, à cette pétasse, à lui apprendre le respect ,à cette connasse, à lui faire cracher au bassinet les 10 ans sans aucune rémunération… Mais voilà… J’ai rien fait… Mais la situation s’est résolue quand même… Ma belle-sœur ne travaille plus là… Sa curatelle et sa famille étant passées par là… Chienne de vie, vie de merde ! Belle-sœur et épilepsie. 2.2.13. 8 :05. Je mangeais avec des amis dans un restaurant chinois, quand j’me suis rappelé une scène de mon mariage, huit ans plus tôt. J’me suis marié en août. En plein été, c’est-à-dire avec une chaleur étouffante. Après le mariage civil, où j’avais bien transpiré, émotions, chaleur, sueur, etc, nous sommes sortis de l’état civil. Nous attendaient tous nos amis… Et bien
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sûr, ils n’avaient rien trouvé de mieux que de nous jeter du riz. Ça porte bonheur, il paraît ! Mais moi, mes amis, j’avais transpiré, il faisait très chaud , ce jour-là et vous m’avez transformé très vite en bonhomme de riz. J’étais à croquer ! Quand j’me rappelle de cette scène, j’en ris encore huit ans plus tard…. Merci ! Bonhomme de riz. 3.2.13. 17 :21. C’est un secret pour personne, j’aime pas ma cheffe. C’est comme ça ! C’est épidermique… Mais un jour, au boulot, pendant le rapport du matin, elle m’a fait rire. Mais elle ne s’en est pas rendue compte. Elle n’a pas d’humour. Donc ma cheffe, le dimanche après-midi, elle contrôle notre travail via son ordinateur. Et le lundi matin , elle nous sort : « hier matin, je suis montée au 7ème ciel, tout était validé… Mais l’aprèsmidi…. La cata ! ». Et je me suis dit : « La pauvre ! ». Elle est montée au 7ème ciel grâce à un programme informatique ! Moi, d’habitude, je monte au 7ème ciel quand je fais l’amour avec ma femme… Mais bon ! chacun son truc… Monter au 7ème ciel ! 3.2.13. 19 :26. .
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