CRAC’H HOUSE AA41
ART DE BÂTIR ET BIOCLIMATISME - ROZENN KERVELLA
Nous tenons particulièrement à remercier Martine Harlé, propriétaire de la Crac’h House pour nous avoir reçus dans sa maison ainsi que pour les précieuses informations et échanges qu’elle nous a accordé.
AIRIAU Geoffrey - LARBEY Raphael - LE GOUARD Baptiste
L’ÉCOLOGIE ? Aujourd’hui le thème de l’écologie trouve echo dans toute profession. Dans un contexte d’avenir incertain, cette notion est devenue un sujet de questionnement, un mouvement de pensée qui intervient dans tous les gestes individuels et collectifs, allant des simples actions du quotidien au projets de plus grande envergure. Dans le domaine architectural, il est devenu, selon nous, un facteur obligatoire afin de prouver la durabilité et la légitimité d’une construction. En tant qu’étudiants en architecture, nous pensons que l’écologie et notamment la construction écologique est un outil précieux qu’il est nécéssaire d’intégrer dans toute conception de projet. Cette notion, en s’intégrant pleinement à la démarche de création doit s’attarder à développer des propositions singulières, propres à chaque aménagement en abordant des thématiques de réflexion variées : - Gérer l’extension importante des zones urbaines en prônant le respect des espaces naturels existants et environnants. - Favoriser les économies d’énergie dans la construction et dans l’usage du bâtiment rendu. - Contribuer au développement durable en privilégiant des circuits courts, ainsi que l’utilisation de matériaux, de modes de productions et de savoirs faire traditionnels et locaux. Bien plus qu’un label, une appellation, une norme, l’écologie devient primordiale dans le travail de l’architecte qui doit veiller à produire des constructions seines, développant des échanges permanents avec son environnement d’implantation. Outre un choix de matérialité cohérent, cette connexion se fait aussi par une forme architecturale créant une insertion harmonieuse dans le site. L’architecture contemporaine doit ainsi, selon nous, se développer aujourd’hui avec une démarche de projet proposant une réflexion aboutie sur les problématiques de développement durable, d’économie d’énergie et de rapport à l’environnement.
Vents Dominants
LE CONTEXTE PHYSIQUE 1/ CARACTERISTIQUES ENVIRONNEMENTALES
NATURELLES
ET
A l’origine, le site d’implantation du projet est caractérisé par un impact humain très moindre. Tout en profitant d’une localisation proche du centre bourg de Crac’h, la parcelle est encore une simple prairie, anciennement terre agricole de 2191 m2. A la frontière nord de l’extension urbaine du bourg, les abords du lieu profite d’une présence végétale encore assez développée. Le site est en effet ceinturé de grands arbres, ce qui permet de créer une barrière naturelle face aux vents et de préserver l’intimité des propriétaires. La problématique du vis-à-vis est uniquement présente au nord-ouest de la parcelle. En effet, un camping est aujourd’hui installé sur cette parcelle voisine. En période d’hiver, le végétal n’est pas assez dense pour assurer une barrière visuelle entièrement opaque.
Puits
Ensoleillement
HumiditĂŠ
LE CONTEXTE PHYSIQUE 1/ CARACTERISTIQUES ENVIRONNEMENTALES
NATURELLES
ET
L’accès se fait par un cheminement descendant du nord-est, actuellement en terre, et qui donne, en outre, accès à une promenade pédestre patrimoniale reconnue. Depuis ce chemin relativement peu transformé, le site du projet reste peu visible. Il est nécessaire de pénétrer à l’intérieur des limites de la parcelle, c’est à dire contourner la barrière végétale afin de percevoir l’étendue de la prairie. Cette terre est enfin caractérisée par une présence d’humidité assez prononcée. Les jours de forte pluie, la partie sud du site est ainsi gorgée d’eau très fréquemment ce qui diminue fortement ces potentialités constructives. Cette clairière se retrouve donc entouré d’un périmètre végétal qui créer une zone ombragée importante. Il est donc nécessaire d’envisager l’implantation du bâti en fonction des caractéristiques d’ensoleillement afin de se positionner dans une démarche de conception de projet écologique.
Site d’implantation de la maison
ZPPAUP
LE CONTEXTE PHYSIQUE 2/ CARACTÉRISTIQUES ET URBAINES
RÉGLEMENTAIRES
Avec la présence de la promenade pédestre précédemment citée, le site est, au moment du projet, situé en Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP). Ce dispositif doit permettre d’assurer la protection d’un objet architectural ou paysager d’intérêt patrimonial dans une réflexion qui s’étend sur un périmètre de 500m autour de celui ci. Cette particularité impose ainsi l’avis d’un Architecte des Bâtiments de France pour toute modification construite de ces espaces. Depuis 2010, ces zones administratives ont reçu une nouvelle appellation: ce sont des Aires de mise en valeur du patrimoine et de l’architecture (AVAP). Au niveau technique et administratif, le projet est complexifié par une autre caractéristique du site. En effet, en 2008, il est impossible de se raccorder à la station d’épuration de la zone car celle-ci est jugée non conforme par les services techniques de la commune. Au moment du projet, une bataille sera ainsi nécessaire pour permettre aux propriétaires d’obtenir un arrêté prefectoral leur autorisant la construction d’un bâtiment non raccordé. En outre, par filiation, cette autonomie vis-à-vis du réseau autorise la mise en place d’une potabilité au sein du projet.
INTENTIONS ARCHITECTURALES
1/ POSITIONNNEMENT SUR LA PARCELLE Suite à cette approche globale du site, nous avons ainsi essayé de développer des intentions architecturales pertinentes mettant en corrélation les volontés programmatiques des propriétaires et les problématiques propres au lieu. Dans une démarche respectueuse de l’environnement, la première des notions à développer était donc l’implantation du futur projet sur le site. En travaillant à partir d’une carte rassemblant les données sensibles et techniques du site, nous avons ainsi délimité la zone qui était selon nous la plus favorable pour accueillir une nouvelle construction. En effet, cette zone, située dans la partie haute du site, profite d’un ensoleillement permanent malgré la forte présence du végétal. De plus, elle offre un dégagement sur le sud du terrain garantissant un apport lumineux optimal tout en permettant une connexion simple entre le futur bâti et le chemin d’accès.
INTENTIONS ARCHITECTURALES
LOGIQUE D’IMPLANTATION : I. POSITIONNNEMENT SUR LA PARCELLE
La forme du projet découle ensuite de nos volonté de produire un agencement cohérent des différents programmes de l’habitation. Les pièces communes placées au Rez de Chaussée sont regroupées dans un même espace. Ainsi, au plus proche du terrain existant, elles profitent d’un échange concret avec la nature extérieure. Sa position centrale permet aux usagers d’avoir une vue périphérique sur l’ensemble du site tout en profitant d’une triple exposition. De ce fait, cette concepption du RDC permet de garantir un ensoleillement optimal tout au long de la journée. Les espaces plus intimes et privatifs se détachent davantage du terrain. En effet, nous avons choisi ici de les positionner sur un premier niveau afin de les séparer clairement des espaces collectifs. Ce deuxième volume vient se placer perpendiculairement au premier afin de laisser apparaitre cette division depuis l’extérieur. En créant un espace extérieur couvert au Rez de Chaussée, ce deuxième agencement permet de profiter d’un point de vue plus dégagé sur le paysage naturel. Sa prise de hauteur et son exposition orientée plein sud lui garantiront enfin un apport lumineux conséquent.
Pieux de fondation Pieux vissés en vissés acier en acier
Dalle en ossature bois possédant des pieux vissés en acier
Dalle ossature bois avec fondations avec pieux vissés en acier.
INTENTIONS ARCHITECTURALES II. PRINCIPES DE FONDATION
Au niveau des fondations, nous avons pensé à un système de pieux vissés en acier. En effet, ce principe permet d’éviter toute remonté d’humidité dans la construction par capillarité. Celui-ci permet aussi de préserver au maximum la morphologie et la topographie du site dans un état naturel. Enfin, le fait que cette technique de mise en oeuvre des fondations s’inscrive dans un système de construction sèche répond aux problématiques liées à l’absence de raccordement au réseau hydrolique. III. STRUCTURE
Nous avons porté notre choix sur une structure en ossature bois qui utilise un matériau naturel cultivé à proximité. Le Douglas nous paraît ainsi être le matériau le plus adapté. En effet, la région Bretagne regroupe les conditions climatiques et édologiques optimales pour produire un bois de cette essence de qualité. De plus, la Scierie JANNÉE, implantée à Sénent dans le Morbihan cultive le Douglas tout en s’engageant auprès de la marque « Bretagne Bois Bûche », qui certifie une production suivie, dans une démarche de développement durable. Enfin, en portant notre attention sur le bilan carbone que la construction pourrait engendrer, il nous parait ici essentiel de favoriser le choix d’entreprises et de matériaux locaux.
INTENTIONS ARCHITECTURALES 4/ CIRCULATION DE L’AIR : I. ISOLATION THERMIQUE
Afin d’assurer l’isolation du bâtiment, nous avons poursuivi notre recherche d’entreprises locales pouvant offrir des mises en oeuvres pérennes et respectueuse de l’environnement. Nous avons ainsi pu examiner la proposition d’une pose de panneaux rigides de laines de bois qui viennent s’encastrer dans les vides de la trame structurelle en bois. En outre, l’entreprise « Pôle Habitat Ecologie », localisé à Baud, à une vingtaine de kilomètres de Crac’h, propose la mise en place de ce procédé tout en garantissant le label BBC ainsi que le « Passiv Haus ». Nous respecterions donc notre volonté d’utiliser des matériaux locaux dans une logique d’un bilan carbone limité. II. COUVERTURE VERTICALE
L’isolation et la trame structurelle serait par la suite recouverte par un bardage bois, toujours produit et mis en place par la scierie JANNÉE afin de limiter le déplacements et contrats multiples. En outre, le choix de cette matérialité bois permettrait au bâtiment de s’imprégner au mieux dans le contexte paysager dans lequel il évolue.
INTENTIONS ARCHITECTURALES III. Chauffage
Le but ici est d’optimiser un chauffage naturel des intérieurs. En effet, en favorisant la mise en place de larges ouvertures sur le sud, nous pensons que l’apport solaire extérieur peut permettre une diffusion agréable de chaleur tout au long de la journée. En outre, avec les matériaux décrits précédemment, nous avons favorisé des éléments créant des paroies verticales et horizontales avec une très forte inertie. Ceci permet ainsi de préserver la chaleur intérieure durant les périodes hivernales. En outre nous avons pensé à l’hypothèse de l’installation d’un poêle de masse afin d’assurer une source de chaleur mécanique. Il serait positionné au centre de l’espace de vie principal tout en diffusant une chaleur conséquente dans les espaces supérieurs, grâce à un système de diffusion réfléchi avant la construction. En utilisant uniquement du bois de combustion, cette deuxième source de chaleur reste ainsi dans notre volonté de produire une habitation autonome et seine vis à vis de l’environnement.
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE RÉALISÉ
1/ LOGIQUE D’IMPLANTATION
I. POSITIONNNEMENT SUR LA PARCELLE
Ici, le bâti s’aligne à la frontière nord-est de la parcelle. Sa forme rectangulaire lui permet ainsi de se positionner parallèlement à la lignée végétale qui ferme la parcelle au sud. Légèrement en pente, la construction est ainsi placée au niveau de la partie haute du site. En ce qui concerne le terrain, une attention particulière a été porté sur le fait que celui-ci ne soit aucunement modifié hormis le périmètre du projet construit. Aucun fertilisant ou nouveaux végétaux n’ont été ajouté. Par ailleurs, durant la période de chantier, les propriétaires ont exigés que l’emprise de celuici n’occupe que la partie haute du site, toujours dans cette logique de préservation du domaine naturel.
II. PRINCIPES DE FONDATION
En prenant en compte l’humidité très présente, la priorité dans le choix du principe de fondation était donc d’empêcher toute remonté capillaire. L’architecte a donc pris le parti de surélever le bâtiment afin de préserver au maximum la structure bois du projet. Le système de fondation mis en place est donc un système de pieux, semelle, longrines qui avait l’avantage de nécessité un terrassement minime et qui répondait à la légère pente du terrain. C’est l’unique élément structurel qui fait intervenir le béton armé. En effet, les longrines intérieures et périphériques sont en béton ainsi que les pieux sur lesquels elles reposent. La dalle, de même matérialité, a ensuite été coulée directement sur le chantier, figeant ainsi le plancher à poutrelles avec entrevous isolants. III. STRUCTURE
Le projet est donc constitué de deux volumes construits qui correspondent à deux entités programmatiques qui sont l’habitation et l’atelier. Ceux-ci sont reliés structurellement par l’unique dalle qui devient une terrasse à la jonction des deux bâtis. Sur deux niveaux, l’ensemble s’appuie sur une géométrie simple et rationnelle qui se traduit par une trame structurelle répétitive et parfaitement lisible de 3,60m. La toiture prend une forme en « ailes de papillon », basée sur des principes d’assemblage de charpente traditionnelle. La structure verticale en poteau-poutre et panneaux ossature bois a été entièrement réalisée en pin du nord. Ce choix constructif permettait aussi de répondre aux difficultés d’accès au chantier tout en garantissant une mise en oeuvre relativement économique et rapide. Enfin, le principe de la trame qui dirige entièrement la construction assure sa modularité, souhait majeur des habitants. En effet, le projet à la possibilité de s’étendre ou de se restreindre sans grande difficulté grâce aux éléments de charpentes que l’on retrouve tous les 3,60m.
NIVEAU 1
PLANS
REZ DE CHAUSSEE
Bardage en tole ondulée (acier galvanisé) Vide d’air
Isolant laine de verre + laine de bois Paroies contreplaquées peuplier
2/ Circulation de l’air I. Isolation thermique
Au sein des paroies périphériques du projet, l’isolation est assurée par un mélange entre 150mm de laine de bois et 50mm de laine de verre. Ces matériaux ont été choisis pour leur capacité à canaliser la chaleur du lieu en hiver et amortir les températures hautes l’été. En outre, pour s’assurer d’avoir une finition intérieure naturellement respirante, l’architecte a choisi de mettre en place des plaques de contreplaqué en peuplier. Les finitions extérieures sont elles réalisées en bardage Douglas pour les façades transversales et en acier galvanisé pour les longitudinales. En toiture, l’étanchéité est assurée par une membrane sans PVC. On voit ici la volonté d’utiliser une majorité de matériaux naturels ou peu impactant sur l’environnement avec tout de même la contrainte économique qui empêche certains coups supplémentaires. II. CHAUFFAGE
Le système de chauffage repose sur une pompe à chaleu air/eau. Elle est constituée d’une unité extérieure qui puisent des calories dans l’air, même au coeur de l’hiver, pour ensuite les renvoyer vers l’unité intérieure. Cette dernière reçoit les calories et les injecte dans les circuits de chauffage central et d’eau chaude. Quand la température extérieure tombe sous les 2 degrés, un poêle à bois 14kW prend le relais, ce qui arrive en moyenne 20 jours par an. En outre, le choix de créer, en RDC, une surface majoritairement vitrée au sud permet d’apporter dans l’espace intérieur une chaleur non négligeable grâce au solaire passif. En effet, la dalle de béton au sol a également la propriété de récupérer les calories du soleil entrant. Une heure d’ensoleillement apporte trois degrés en plus dans la maison.
5/ CIRCULATION DE L’eau : Le rapport à l’eau est la particularité majeure du projet. En effet, avec cette absence de raccord aux réseau publique, la récupération et l’évacuation des eaux se fait par un système totalement autonome. A la fois par conviction et par obligation, la maitrise d’oeuvre et la maitrise d’ouvrage ont du choisi des procédés techniques permettant cette autonomie en prenant en compte des problématiques écologiques mais aussi des questionnements d’usage. I. Récupération L’absence de connexion au réseau publique a permis la mise en place d’un système de récupération des eaux totalement autonome. Les propriétaires ont ainsi mis en place une cuve de récupération des eaux de pluie de 5 000 litres. En outre, le site bénéficie de la présence d’un puits d’eau potable qui permet d’assurer une réserve d’eau relative lorsque les conditions climatiques ne permettent pas de remplir la cuve.
II. LA PHYTO-ÉPURATION Ce système installé dans le jardin permet de traiter les eaux usées en les dirigeant vers des filtres plantés d’espèces végétales soigneusement sélectionnées. Il utilise le pouvoir épurateur des plantes aquatiques. En effet, les bactéries aérobies transforment les matières organiques en matières minérales assimilables par les plantes. En retour, les plantes aquatiques fournissent de l’oxygène aux bactéries, par leurs racines. L’eau subit d’abord un prétraitement pour éliminer les plus grosses particules et éviter le colmatage des tuyaux de distribution. Puis elle passe dans différents bassins remplis de substrat drainant de galets, de graviers, de pouzzolane et de plantes, qui servent de support aux bactéries et aux micro-organismes. Ces derniers transforment matière organique présente dans les eaux usées. Les plantes aquatiques développent des racines et des rhizomes qui envahissent rapidement le substrat. Ceux-ci permettent au milieu de rester bien oxygéné et de conserver une bonne aptitude à la filtration. L’exposition de l’eau à des rayons ultraviolets complète ce traitement par leur action stérilisante. Par ailleurs, ce système impose une gestion de ses eaux usées plus responsable. Les produits utilisés au quotidien sont contrôlés pour permettre un bon fonctionnement du système de phyto-épuration. En effet, étant un procédé entièrement naturel, celui-ci est davantage fragile et peut très rapidement présenter des dysfonctionnements si il est amené à traiter des produits synthétiques et plus ou moins toxiques.
a RENCONTRE AVEC LA PROPRIETAIRE Quel(s) élément(s) ont été déterminants dans le choix du site ? Est ce que celui ci présente des inconvénients qui se sont révélés avant, pendant ou après la construction ? « Il y a une forte pression foncière ici et donc peu de terrain à bâtir hors lotissement. Les éléments qui ont été déterminants dans le choix du site ont été la proximité avec le bourg, la présence des arbres, la configuration de celui-ci en prairie ainsi que les abords en relative jachère. Les inconvénients présents avant la construction ont été principalement le manque de vue sur la mer et l’humidité que présente le site. Concernant l’après-construction, le problème de la situation en contrebas avec des eaux pluviales non gérées sur les parcelles en amont, notamment sur le domaine public, s’est posé. Cependant, cela reste un problème solvable. » Qu’est ce qui aujourd’hui fait sens dans votre maison (adéquation climat/maison, qualité et mode de vie générés par cet habitat, choix esthétiques…) ? « Ce qui fait réellement sens dans cette maison c’est le rapport au paysage des arbres, objet du cahier des charges initial. Il me semble qu’on s’adapte à notre habitat avec plus ou moins de bonheur. Dans le cas de cette maison, j’ai la sensation que c’est elle qui s’adapte aux variations des usages et aux saisons, à la quantité de visiteurs, ce qui était là aussi une attente. » Avec le recul, quelle(s) serai(en)t la ou les chose(s) à requalifier, adapter ou rajouter dans votre habitat ? « Plus de compacité, moins de surface, un poêle de masse, plus de rusticité/radicalité, plus de possibilités de faire varier l’habitabilité facilement notamment de pouvoir subdiviser le logement en plusieurs logements, autre choix de menuiseries extérieures, ajout de rideaux intérieur pour mieux conserver la chaleur en hiver.»
a BILAN PERSONNEL L’analyse de cet ouvrage a été pour nous l’occasion de saisir de manière concrète la façon dont un projet d’architecture s’inscrit dans une démarche écologique. En effet, après un travail de terrain permettant de s’imprégner des caractéristiques environnementales propres au lieu, nous avons pu déceler les premiers éléments naturels nécessaires à la réalisation d’un projet cohérent et responsable à l’égard du site dans lequel il s’inscrit. Le respect et la préservation du contexte physique et historique voulu par l’architecte, ont été, à notre sens, un premier pas vers une construction aux « qualités écologiques ». Le fait qu’un véritable échange se crée entre ces éléments permet au projet de s’accorder de la façon la plus juste au cadre naturel riche et singulier dans lequel il évolue. Proche du bourg de Crac’h, nous avons pourtant perçu cette habitation comme un volume isolé évoluant dans une autarcie naturelle atypique. Cette impression est renforcée par les systèmes de gestion d’air et d’eaux qui assurent l’autonomie presque complète de la maison. Usant d’un procédé constructif simple et sobre, la trame structurelle mise en place répond aux attentes et aux usages de la propriétaire qui affiche un réel bonheur de vivre dans un habitat mis en relation directe avec son environnement proche. De plus, en confrontant ce que nous avons imaginé avec ce qui a été réalisé, nous avons constaté qu’il y avait plusieurs intentions architecturales possibles sur ce site. Cependant, les premières orientations constructives dépendent fortement de la nature et non des choix de aléatoire de l’Homme, ce qui est, à notre avis une manière plus large de comprendre les enjeux d’une construction écologique. En définitif, cette expérience nous a montré que le projet faisait sens s’il est en adéquation et a les capacités de s’adapter aux qualités et contraintes affichées par la nature et non l’inverse.