Mars 2008 / Espaces

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Aventures sans limites

Visas vers l’étonnement

// Alerte au Bisphénol A // L es parcs nationaux :

un réseau fragile

// Invasion touristique au Tibet // ÉQUIPEMENT

9 accessoires pratiques à avoir

Vélos de route pour toutes les bourses Sandales : Tout nu sur la plage

Le média plein air et aventure #1 au Québec

mars 2008 _ gratuit _ www.espaces.qc.ca


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espace libre Mars 2008 :: Vol 13 :: No 4

Éditeur : Stéphane Corbeil (stephane@espaces.qc.ca)

Rédacteur en Chef : Christian Lévesque (christian.levesque@espaces.qc.ca)

Collaborateurs : Jean-Philippe Angers, Florence Bourg, Catherine Cardinal, Alexis De Gheldere, Barclay Fortin, Lisa-Marie Gervais, Catherine Eve Groleau, Benoît Lacroix, Philippe Lansac, Yvan Martineau, Catherine Naulleau, Mélanie Pageau, Anne Pflaum, Sybille Pluvinage, Megan Son, Gil Thériault, Mélissa Vaillancourt.

Photo de la page couverture : © christianlevesque.com / Lac Powell, États-Unis.

Publicité : Jonathan Marcil, Directeur des ventes

jonathan.marcil@espaces.qc.ca / 514-277-3477 #28

Emmanuel Paquin, Coordonnateur aux ventes emmanuel.paquin@espaces.qc.ca / 514-277-3577 #26

Marie-Christine Hallé, Conseillère aux ventes marie-christine.halle@espaces.qc.ca / 514-277-3577 #27

Abonnement et distribution Claude-Isabelle Gratton claude.isabelle@espaces.qc.ca / 514.277.3477, poste 21

Abonnement / Tarification (livraison à domicile) : 1 an / 6 numéros : 18$ • 2 ans / 12 numéros : 32$ (taxes, manutention et frais d’envois inclus) Libeller chèque ou mandat-poste au nom de « Revue Espaces » à l’adresse indiquée ci-dessous.

Infographie : Sève design. Révision : Lise Lortie Site Internet : www.espaces.qc.ca Correspondance pour éditorial info@espaces.qc.ca

Correspondance postale Revue Espaces 911, rue Jean-Talon Est, bureau 205 Montréal (Qué) CANADA H2R 1V5 Les propositions de textes doivent nous être présentées par courriel uniquement. Il en est de même pour tout communiqué de presse. Tirage : 60 000 exemplaires distribués là où sont les amateurs de plein air. ESPACES est la publication plein air ayant le plus grand tirage au Québec. 162 000 lecteurs par édition. ESPACES est publiée six fois par année par Les Éditions Espaces inc. Propositions d’articles. ESPACES accueille avec plaisir et attention toute proposition d’article et de photographie. Communiquez avec le rédacteur en chef pour en discuter. Le matériel non sollicité sera retourné si accompagné d’une enveloppe affranchie. ESPACES n’est pas respon-sable des textes, photographies ou autre matériel envoyés à son attention. Si vous ne conservez pas la revue ESPACES pour vos archives personnelles, veuillez vous assurer de la transmettre à un ami ou de la recycler. Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne sont pas nécessairement partagées par l’éditeur. Certaines activités présentées dans ESPACES comportent des risques importants de blessures pour ceux et celles qui les pratiquent. ESPACES et ses journalistes, collaborateurs, photographes et les autres membres de l’équipe ne recommandent pas la pratique de ces activités aux personnes qui n’en maîtrisent pas les techniques et habiletés requises. ESPACES n’est pas responsable des informations contenues dans les publicités. Toute reproduction du matériel publié dans ESPACES est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. La forme masculine utilisée dans cette publication désigne aussi bien les femmes que les hommes. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec 2007. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada 2007.

L’âme en _ Edmund Hillary est mort. Le conquérant de l’Everest, le premier homme à avoir foulé le toit du monde, le Néo-Zélandais le plus connu de la planète et le héros d’une génération entière d’alpinistes n’est plus. Une page importante de l’histoire vient d’être tournée. Au matin du 29 mai 1953, Edmund Hillary atteignait le toit du monde avec son sherpa Tenzing Norgay, un homme qu’il ne connaissait que depuis quelques semaines. L’exploit qu’on pensait humainement impossible fit le tour du monde et lui assura une célébrité instantanée.

paix

de sa réussite avec son compagnon de cordée, il a notamment mis en œuvre le Himalayan Trust. Depuis sa création au début des années 1960, cet organisme a permis de construire de nombreuses écoles et hôpitaux au Népal. Les Canadiens sont d’ailleurs parmi les plus grands donateurs à cette fondation. L’alpiniste le plus connu du vingtième siècle aimait qu’on le perçoive comme un homme parmi les autres. Cependant, son dévouement pour améliorer les conditions de vie des sherpas était tout, sauf ordinaire.

Alors qu’il n’est plus, ses successeurs poursuivent cette leçon d’humanisme et tentent eux aussi de redonner aux peuples qu’ils visitent. Avec des L’Everest est aujourd’hui bien connu, cartographié et lézardé de routes commandites, des campagnes de financement, des conférences, des bien équipées. La montagne n’a rien perdu de son attrait, mais fouler son projets éducatifs ou médiatiques, rares sont les expéditions modernes qui sommet n’est plus une aventure qui engendre ne soutiennent pas une cause. Il ne s’agit plus un grand engouement. La comparaison est La réussite de de vaincre la nature ou de battre un record de facile avec les astronautes modernes qui vitesse, il faut le faire pour quelque chose de l’expédition de 1953 partent en mission : on est heureux de savoir plus grand que soi. Les éloges nationalistes qu’une Québécoise retournera là-haut, mais constitua une fierté pour les alpinistes n’existent pratiquement plus. combien suivront son exploit cette fois-ci? nationale pour les Reste la glorification personnelle. Pour Edmund Quand on n’est pas le premier à réaliser un Britanniques qui Hillary, l’important a toujours été de partager exploit, il faut savoir se différencier pour l’avaient financée. une partie de son succès. C’est ce qui restera marquer l’imaginaire collectif. accolé à sa légende.

Edmund Hillary fut acclamé pour ses exploits, mais c’est son apport soutenu aux sherpas népalais qui constitue assurément son leg le plus important.

Tenter sa chance contre l’inconnu et repousser les limites de l’être humain n’est pas l’apanage de tous. Il faut un certain tempérament, un fort caractère et une détermination sans faille. Dans la région de l’Himalaya, les alpinistes sont poussés à se dépasser pour inscrire leur nom dans l’histoire. Après les conquêtes des montagnes dépassant les 8000 mètres sans oxygène en style alpin, le nouveau défi est maintenant de les gravir en hiver (pour l’instant, aucun des 8000 mètres situés au Pakistan n’a encore été conquis durant cette saison). D’autres poussent l’audace en tentant l’aventure en solitaire!

Il est tout près le jour où l’on pourra suivre en direct sur YouTube ou notre téléphone portable les exploits des plus déterminés à l’autre bout du globe. Mais que les motifs soient égoïstes ou humanitaires, c’est la façon de mettre en œuvre les leçons apprises lors de ces expéditions qui comptent le plus. La réussite de l’expédition de 1953 constitua une fierté nationale pour les Britanniques qui l’avaient financée. Edmund Hillary fut acclamé pour ses exploits, mais c’est son apport soutenu aux sherpas népalais qui constitue assurément son leg le plus important. Pour partager les fruits

_ ESPACES _ Mars 2008 _ www.espaces.qc.ca

Pour suivre cette lignée, la revue Espaces a organisé un concours de journalisme d’aventure qui enverra en mai prochain l’un de nos lecteurs au camp de base de l’Everest. Près de 150 personnes ont envoyé leur candidature afin de participer à ce trek d’une vingtaine de jours organisé par Expéditions Monde. Plutôt que d’envoyer un membre de notre équipe éditoriale, nous avons préféré donner la plume et la caméra à l’un de vous pour suivre les traces d’Edmund Hillary et de se donner la chance de vivre cette expérience à travers vos yeux. De se rapprocher le plus possible de l’âme de cette montagne, de la voir et de la ressentir à travers la vie et les défis de ceux qui y vivent et qui s’y mesurent. Vous pourrez bientôt lire ce reportage imprégné d’un regard neuf. Le leg de Edmund Hillary, l’un des alpinistes les plus inspirants de notre époque, y sera assurément présent. Il peut donc quitter l’âme en paix. Avec sa mort, l’air des montagnes a changé. Reste à voir si nous pourrons le conserver aussi pur. Christian Lévesque, rédacteur en chef christian.levesque@espaces.qc.ca


DESTINATIONS INTERNATIONALES

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LA PRODUCTION D’HYDRO-ÉLECTRICITÉ CRÉE DES TERRAINS DE JEUX INTÉRESSANTS POUR LES KAYAKISTES. MAIS QUAND L’IDÉE EST TRANSPORTÉE SUR LE FLEUVE COLORADO, AU MILIEU DES CANYONS DU DÉSERT AMÉRICAIN, TOUT DEVIENT VITE GIGANTESQUE. _CHRISTIAN LÉVESQUE

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T Je ne connaissais rien de l’existence du lac Powell, le deuxième plus grand lac artiďŹ ciel de nos voisins du Sud. DifďŹ cile pourtant de refuser l’invitation d’accompagner Richard RĂŠmy de l’agence Karavaniers pour son premier voyage ofďŹ ciel en kayak sur cette calme ĂŠtendue. ÂŤ Cette rĂŠgion a longtemps ĂŠtĂŠ sauvage et personne n’osait la traverser! Âť, m’explique-t-il. Facile de le croire quand on respire l’immensitĂŠ du dĂŠsert qui nous entoure. Il y a longtemps que le euve Colorado, serpentant Ă travers les États-Unis, a ĂŠtĂŠ vaincu. Ă€ l’Êpoque de la première descente par le major John Wesley Powell en 1869, il n’existait pourtant rien du lac de 300 kilomètres de long qui chevauche maintenant les États de l’Arizona et de l’Utah. Le rĂŠservoir d’eau qui porte le nom de l’explorateur manchot existe aujourd’hui grâce au barrage hydro-ĂŠlectrique Glen Canyon Dam, construit en 1963 dans la controverse. Il a fallu pas moins de 17 annĂŠes pour remplir les 96 canyons qui forment les 3136 kilomètres de ses rives. Bref, comme tout dans cette rĂŠgion amĂŠricaine situĂŠe au nord de Las Vegas, nous voilĂ plongĂŠ dans la dĂŠmesure. Autrefois, la rĂŠgion ĂŠtait habitĂŠe par les natifs amĂŠricains, mais l’Êpoque moderne est bien diffĂŠrente : il existe cinq marinas sur ce lac artiďŹ ciel et près de quatre millions de visiteurs par annĂŠe viennent y pratiquer la pĂŞche, le ski nautique ou la plongĂŠe sous-marine. Si l’on aperçoit frĂŠquemment des embarcations Ă moteur dans le canal principal balisĂŠ, les dangers d’une navigation dans les ĂŠtroits canyons procurent une tranquillitĂŠ apprĂŠciable pour les kayakistes.

Pourquoi y aller : Pour les grands espaces, vivre le dĂŠsert près d’un plan d’eau et la dĂŠmesure amĂŠricaine. Aussi pour les levers et les couchers de soleil spectaculaires. Tout près, il y a les parcs nationaux Bryce Canyon et Zion qui valent Ă eux seuls le dĂŠplacement! Quand : Le mois de novembre est idĂŠal : la tempĂŠrature est chaude le jour, fraĂŽche la nuit et les touristes ont dĂŠsertĂŠs la rĂŠgion. OĂš dormir : N’importe oĂš sur les rives du lac. Comment s’y rendre : Plusieurs compagnies aĂŠriennes offrent le vol jusqu’à Las Vegas (environ 500 $ aller-retour). On peut ensuite prendre un vol pour la ville de Page (200 $) ou louer une voiture (les 4x4 sont de mise dans cette rĂŠgion!). Service de guides : L’agence Karavaniers offre plusieurs dĂŠparts (novembre et fĂŠvrier) (9 jours dont 6 sur le lac Powell • 1645 $) Infos : karavaniers.com :: 514-281-0799

Les coups de pagaie sont rĂŠguliers sur cette ÂŤ pĂŠtole Âť d’un bleu vif, mais les paysages grandioses dĂŠďŹ lent Ă la vitesse d’une tortue qui avance au ralenti. En six jours de kayak, nous aurons fait plus de 115 kilomètres sur l’eau. Pourtant, nous avons seulement explorĂŠ quatre canyons! Ce rĂŠservoir semble n’avoir pas de ďŹ n. Et l’aviditĂŠ pour l’Ênergie des AmĂŠricains est agrante : malgrĂŠ l’immensitĂŠ du rĂŠservoir pour alimenter le barrage, nous apercevrons durant les premiers jours de notre semaine les cheminĂŠes de la Navajo Generating Station, une centrale thermique qui produit 2250 mĂŠgawatts d’ÊlectricitĂŠ par annĂŠe (soit environ la moitiĂŠ de notre centrale Robert-Bourassa). Impossible d’oublier ces trois cheminĂŠes qui laissent ĂŠchapper une fumĂŠe qui verdit le ciel d’un bleu ĂŠclatant. Heureusement, la vue de grands ducs dans une imperfection de la paroi rocheuse ou un coyote s’abreuvant tranquillement nous rappelle que nous sommes bien dans le dĂŠsert sauvage. Un soir, le hurlement d’un coyote dans la pĂŠnombre nous a semblĂŠ très proche du campement. Au matin, notre guide FrĂŠdĂŠric Germain a remarquĂŠ qu’une corde de kayak avait ĂŠtĂŠ taillĂŠe en morceau par le canidĂŠ. Tant que ce n’est pas nos rĂŠserves de chocolat noir... Durant cette première semaine de novembre, et malgrĂŠ les bateaux Ă moteur qui nous dĂŠpassent rapidement dans le chenal principal, nous n’avons rencontrĂŠ aucun autre voyageur. Très peu osent s’aventurer en kayak sur cet immense lac. C’est pourtant le meilleur moyen d’en apprĂŠcier les couloirs sinueux qui semblent vouloir vous ĂŠtouffer tellement ils deviennent ĂŠtroits. Parfois, il est mĂŞme impossible d’aller au bout de ces corridors avec nos kayaks. Il faut alors faire marche arrière, revenir sur nos pas et tenter notre chance ailleurs. Pour explorer plus loin ces anciennes rivières taillĂŠes dans ce sable solidiďŹ ĂŠ, il faut continuer Ă pied entre des parois oĂš il est impĂŠratif de se glisser de cĂ´tĂŠ pour poursuivre la route. Ces promenades nous entraĂŽnent dans un autre monde. Autour de nous, la texture lisse de ces falaises (alternant les teintes de beige, de rouge, de rosĂŠe ou d’ocre) n’a rien pour rassurer : tout semble sur le point de s’effriter ici! Le sommet des falaises frĂ´le parfois les 100 mètres de haut et les coulĂŠes de sable ďŹ n prouvent que la morphologie se modiďŹ e Ă chacune des rares pĂŠriodes de prĂŠcipitations.

Š christianlevesque.com

Il s’avère parfois ardu pour nos guides de retrouver l’endroit exact des ramiďŹ cations qu’ils veulent nous faire dĂŠcouvrir. On est tout de mĂŞme en plein dĂŠsert et les sĂŠcheresses des dernières annĂŠes ont fait baisser le niveau de l’eau. Au moment oĂš vous lirez ces lignes, le rĂŠservoir aura perdu près de trois mètres d’eau depuis notre passage au mois de novembre 2007 et ne contiendra plus que 45 % de sa capacitĂŠ maximale atteinte en 1980. Il y reste quand mĂŞme l’Êquivalent de 60 000 stades olympiques pleins Ă craquer‌ de quoi tenir un certain temps!

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DERNIÈRE PAGE

_ Jordan Romero a touché le sommet de l’Aconcagua le 30 décembre 2007.

© Collection personnelle, Jordan Romero

ll espère terminer la couronne des sept sommets à son 16e anniversaire.

Pour ou contre

UN ÂGE MINIMUM EN HAUTE MONTAGNE? Le désir d’inscrire son nom dans l’histoire incite plusieurs alpinistes à tenter de battre différents records. Certains pays imposent dorénavant un âge minimum pour grimper les plus hauts sommets. Alors, pour ou contre l’imposition d’un âge minimum en montagne?

Pour

_ Certains diront qu’il n’y a aucune raison médicale ou scientifique pour empêcher un enfant de monter à 8000 mètres. Si la science ne souffle mot, c’est forcément « correct » de laisser un enfant monter en haute montagne. Mais le gros bon sens – celui qui nous fait dire non quand c’est inacceptable – il se trouve où dans cette histoire? Question de valider la raison de grimper l’Aconcagua à 11 ans, posons-nous quelques questions : un enfant de 11 ans peut-il monter et redescendre seul d’une montagne comme l’Aconcagua? À cet âge, peut-on porter notre part de charge pour relier les camps d’altitude? S’il arrive un pépin à un de nos collègues – par exemple un œdème cérébral – peut-on lui venir en aide, tout en assurant notre sécurité? Un enfant de 11 ans peut-il être autonome en haute montagne ou doit-il être entouré d’une équipe pour assurer sa sécurité et son succès? Poser ces questions, c’est y répondre. Il est certainement vrai que la science n’a aucune contre-indication à ce qu’un jeune de 11 ans monte à 8000 mètres; il est aussi vrai que la science n’a aucune contre-indication à ce qu’un enfant de 11 ans saute de la Place Ville-Marie à Montréal en parachute. Enfin, le plus dangereux demeure sans doute la médiatisation de cet « exploit » qui risque d’entraîner une course du type « le plus jeune enfant ayant gravi le sommet de l’Everest ». La haute montagne n’est pas un terrain de jeux pour les enfants, mais pour les adultes. Petit deviendra grand et il aura tout le temps de tâter les hautes cimes du globe sans mettre sa vie et celle des autres en danger.� Ian Bergeron Montagnard amateur et éditeur du site escaladequebec.com

Contre

_ Il n’existe que peu d’études quant aux risques, pour les enfants, à monter en haute altitude, mais il n’y a aucune contre-indication médicale pour affirmer qu’un enfant ne peut pas faire ce type d’ascension. Les enfants ne semblent pas présenter plus de signes du mal des montagnes (MAM) ou de l’œdème cérébral que les adultes. Par contre, ils sont plus susceptibles au déclenchement de l’œdème pulmonaire. Évidemment, de 0 à 3 ans, le système de contrôle de la respiration n’est pas encore parfaitement développé, ce qui peut augmenter les risques d’apnée du sommeil ou d’œdème pulmonaire. Après l’âge de trois ans, c’est surtout le manque de communication qui peut engendrer des problèmes pour identifier d’éventuels symptômes du mal des montagnes. S’il est âgé entre trois et huit ans, l’enfant devrait être accompagné de ses parents, qui peuvent plus facilement déterminer les modifications de son comportement. À cet âge, il est difficile pour un enfant de bien décrire des douleurs comme un mal de tête, qui pourrait se transformer en MAM ou en œdème cérébral. Aucune recherche n’a démontré que l’altitude était nuisible pour les enfants qui ont passé le cap des huit ans, mais une attention particulière doit être portée sur les règles d’acclimatation (pas plus de 300 à 600 mètres d’élévation entre deux nuits consécutives). La vitesse de progression doit être modérée. Il ne faut pas oublier que le développement physique de l’enfant est toujours en progression. De plus, les enfants se déshydratent plus facilement, car ils portent une faible attention à ce facteur. On peut donc, si l’on est particulièrement vigilant, emmener un enfant en altitude sans crainte. Cependant, je ne conseillerais personnellement pas de dépasser une altitude de 3000 mètres avant l’âge de 12 ans ou 5000 mètres avant la fin de l’adolescence. Pascal Daleau, Ph.D. Professeur titulaire

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62 _ ESPACES _ Mars 2008 _ www.espaces.qc.ca

Vice-doyen à la recherche de la faculté de pharmacie, Université Laval

Le chiffre du mois

_ C’est l’âge de Jordan Romero alors qu’il se tenait au sommet de l’Aconcagua (6969 mètres d’altitude) le 30 décembre dernier et établissait un nouveau record de jeunesse sur cette montagne. Ses parents ont dû obtenir une autorisation spéciale des autorités puisque l’âge minimum pour tenter de gravir cette montagne est fixé à 14 ans selon la loi argentine. La résolution 0115 a été instaurée en 1990 après qu’une famille eut tenté d’atteindre le sommet de la montagne avec un enfant de quatre ans. Le Népal a pour sa part fixé à 16 ans l’âge minimum pour fouler le sommet de l’Everest (8848 mètres).


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