Septembre 2015 / Espaces

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Camp de base aux premières loges du Saint-Laurent

Paradis trouvé aux Açores

Au cœur de l’Acropole

Marijuana

Sportifs sous influence Le plein air à la rescousse des villages Évènements sportifs de masse

LA NOUVELLE MESSE

Musclez vos poumons ! Le magazine plein air et aventure #1 au Québec

| septembre 2015 |


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Sommaire septembre 2015

04 En ligne sur Espaces.ca 06 L’actualité en 140 mots ou moins 08 ESPACE LIBRE Éditorial 10 Indispensable bandana ! 12 Sentiers : designer de nature 14 Croquer Gemini Criquet 16 Le plein air à la conquête des villages 22 CARTE Les aires protégées au Québec 24 ÉQUIPEMENT Usuels et passionnels 26 ART DE VIVRE Zen Ashiatsu : La félicité au bout du pied 28 Événements sportifs de masse : La nouvelle messe 34 TONIK L’entrainement vu par la science : Améliorez votre endurance en musclant vos poumons ! 37 TEST LONGUE DURÉE La Race Ultra de Inov-8 38 CAMP DE BASE Aux premières loges du Saint-Laurent 40 DESTINATIONS Parc national des Hautes-Gorges-de- la-Rivière-Malbaie : Au cœur de l’Acropole 46 Lydiane autour du monde : Cartes postales de Bolivie 50 Dessine-moi un joint : Du sport sous influence 54 Les Açores : Paradis trouvé 60 Lecture automnale : Survie et orientation en forêt expliquée aux enfants 61 AGENDA

© Shutterstock

62 POUR PARTIR Le chalet à voiles

collaborateur du mois Du haut de ses 24 ans, Maxime Bilodeau a déjà plusieurs cordes à son arc : journaliste, kinésiologue, amateur de sports d’endurance. Lorsqu’il ne court pas, il pédale, skie, nage ou salue le soleil. Curieux de tout, il aborde projets et objectifs comme son entraînement: avec une précision digne d'un orfèvre et pense qu'une journée sans jouer dehors est comme une nuit sans étoiles : bien triste. espaces.ca septembre 2015

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10 paradis cachés du plein air au Québec Vous êtes prêt pour une exploration hors des sentiers battus, ou une nuit de camping sauvage? Pour vos vacances, nous vous dévoilons 10 paradis cachés du plein air. [recherche mot clé : paradis]

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ou moins! En 140 mots

par l’équipe éditoriale

Patagonia pour les nuls

Patagonia a toujours un temps d’avance quand il s’agit d’environnement et de développement durable. La preuve encore avec ce guide (en ligne) pour entretenir et réparer les vêtements de la marque. La page, intitulée « Worn Wear : Better Than New », est une véritable mine d’informations pour réparer son équipement usé : remplacer sa fermeture éclair, recoudre un bouton ou une déchirure, colmater un trou… Des photos et des vidéos expliquent en détail, étape par étape, la marche à suivre. L’idée est ainsi d’encourager les consommateurs à agir avant d'acheter quelque chose de nouveau. Cette initiative va dans le sens des propos chocs du fondateur de la marque, Yvon Chouinard, qui écrivait en 2014 sur un billet de blogue du site de la marque : « N’achetez pas cette chemise à moins que vous en ayez vraiment besoin ». patagonia.com/ca/worn-wear

Monter le Mont-Saint-Anne pour une bonne cause C’est l’ambition de la 3e édition de la Montée des Sommets Banque Laurentienne, un défi sportif et une levée de fonds qui se tiendra le 26 septembre prochain au Mont Sainte-Anne. Les participants, marcheurs ou coureurs, en solo, en famille ou en équipe, ont 5 heures pour faire le maximum de montées, en arpentant le sentier La Pichard au Mont-Sainte-Anne puis en redescendant par le télésiège. En deux éditions, le marcheur le plus rapide avait réussi 5 ascensions, pour un dénivelé positif cumulé de 3 125 mètres. « Les familles font habituellement 2 montées » explique Carine Salvi, en charge des communications pour l‘événement. « Les plus sportifs en feront de 3 à 4. Tout dépend du rythme adopté ! » Les profits de cette marche iront à la Fondation du Centre jeunesse de Québec (centrejeunessedequebec.qc.ca) et le Phare du Blanchon (fondationlepetitblanchon.com), un foyer pour jeunes en difficulté de 9 à 13 ans. En 2014, l’activité avait attiré environ 500 marcheurs et permis de recueillir 62 000 $. lamonteedessommetsbl.com

« On The Road Again » Derek Olive est un musicien, auteur-compositeur, originaire de Montréal. C’est aussi un passionné de vélo. Alors au mois d’aout, cet infirmier d’urgence, titulaire d’une maîtrise en musique, a décidé de combiner ses deux passions en s’engageant dans une tournée musicale à vélo à travers le Canada. La tournée a débuté le 5 août et s’achève à Montréal le 4 septembre (Monument National), après 3 000 km et neuf concerts durant lesquels il interprétera ses chansons pop folk. Cette itinérance musicale s’appuie dans une démarche écologique, en soutien du mouvement Bleu Terre de la Fondation David Suzuki (davidsuzuki.org). « Malgré tout ce que j’essaie de faire au quotidien (composter, pédaler 4 saisons, recycler, acheter seconde main, acheter local, ne pas acheter!), je sentais que mes gestes n’avaient pas d’importance et je ne faisais que chialer. J’avais besoin d’agir au-delà de ma routine et j’ai décidé de planifier une tournée musicale à vélo en appui au mouvement Bleu Terre », explique Derek Olive. Plus d’infos sur l’itinéraire et la date de la tournée sur derekolive.com

Un tunnel sous l'Everest ? Pas une semaine ne passe sans que l’Everest ne fasse pas parler de lui. Souvent pour les drames qui s’y jouent, parfois pour les exploits des alpinistes, mais jamais pour ce qui se passe sous terre! Cette incongruité pourrait bientôt devenir une réalité. En avril dernier, le gouvernent chinois a annoncé son intention de construire un chemin de fer pour relier la Chine au Népal en passant par le Tibet. Problème de taille; sur l’itinéraire envisagé, se dressent l’Everest et ses 8 848 mètres! Une complication rapidement écartée par les autorités chinoises, qui envisagent de construire un tunnel sous la montagne. Les défis et contraintes s’annoncent immenses, mais pas insurmontables, puisque la Chine prévoit la mise en service des 643 km de la nouvelle ligne ferroviaire pour 2020. Ce projet ferait en sorte d’ouvrir la région du Tibet à un tourisme plus généralisé, à forte influence chinoise. 6

septembre 2015 espaces.ca


DU PLEIN AIR EN

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///Mot de l’éditeur

et l’aventure se poursuit ! Au-delà des chiffres, c’est son approche éditoriale qui lui a permis de se tailler une place de choix. Le travail de ses artisans – rédactrice et rédacteurs en chef, journalistes, photographes, graphistes – a certainement eu un impact significatif sur le développement de l’industrie du plein air québécois, mais surtout, sur la vie de ses lecteurs. Combien d’expériences fabuleuses, de fins de semaine en amoureux, de voyages transformateurs ont été inspirés par les reportages et conseils de nos auteurs? On se plaît à imaginer qu’ils sont nombreux…

C’est dans le salon d’un ami photographe dont le camp de base est sur une rue passante du Plateau Mont-Royal que l’ADN de la revue Espaces prend naissance. Ce soir-là, les préliminaires qui contribuent à l’accouplement des idées sont marqués par une explosion de créativité. Aventuriers d’expérience, spécialiste en équipements de plein air, photographe, journalistes et voyageurs sans frontières sont réunis autour d’une seule question (et quelques bouteilles de vin!) : sur quelles bases créer un magazine plein air québécois inspirant, utile, branché sur son milieu et qui serait conçu par des journalistes aussi habiles sur le terrain que sur le clavier? Festifs et fructueux, les échanges nourris par ces généreux fondateurs ont contribué à la naissance en septembre 1995 d’un tout nouveau média gratuit destiné à nourrir la passion du grand air et du voyage. Au Québec, la popularité des activités de plein air est alors dans une période d’effervescence et son économie connaît un boom sans précédent. Les « Gore-Tex », bottes de randonnée, vêtements techniques et raquettes de neige en aluminium remplissent les garde-robes et poussent les adeptes à profiter du grand air avec plus de confort. De nouveaux parcs voient le jour, d’autres bénéficient d’investissements importants, des emplois sont créés, tandis que de nouvelles expériences, guidées par des professionnels fraîchement diplômés, y contribuent aussi activement. Pas une saison ne passe sans l’ouverture de nouvelles boutiques spécialisée qui, à leur façon, nourrissent l’essor de ce « nouveau » style de vie… amorcé dans les années 60 par ceux que l’on qualifie parfois affectueusement de « granos » du plein air! Depuis sa création, Espaces est passée d’une publication de 16 pages, imprimée à 25 000 exemplaires sur du papier journal, à la référence qu’elle est aujourd’hui avec ses 70 000 copies et plus de 150 000 lecteurs par édition – la plus importante publication plein air du Canada (toutes langues réunies).

PHOTO DE LA PAGE COUVERTURE : © Vitaliy Mateha, Shutterstock

Éditeur : Stéphane Corbeil (scorbeil@espaces.ca) Rédacteur en Chef : Patrice Halley (phalley@groupeserdy.com) Journaliste : A ntoine Stab (astab@espaces.ca) collaborateurs: Maxime Bilodeau, Xavier Bonacorsi, Amélie Cléroux,

Le Québec a le privilège de posséder une base solide pour satisfaire ses intérêts pour le plein air, l’aventure, l’expérience, la mise en forme. Les régions touristiques, les entreprises privées, les clubs et les associations alimentent constamment la diversité et le raffinement de l’offre. Et si la croissance a perdu l’intensité de ses débuts, elle demeure encore en santé. Le plein air « traditionnel » compte des millions d’adeptes, auxquels s’ajoutent maintenant ceux attirés par le plein air « athlétique » où la mise en forme et la performance prennent le dessus sur le volet loisir. En plus des enjeux associés aux transformations du monde des médias et donc des publications de plein air, le Québec a un autre défi : amener les plus jeunes à découvrir les plaisirs (les bénéfices suivront!) du grand air. Leur Nature Deficit Disorder est réel, documenté, et il ne devrait pas se régler qu’avec des doses de Ritalin. À quand les activités physiques réalisées en nature, prescrites par notre médecin de famille? D’ici là, il incombe à ceux qui apprécient déjà les bienfaits d’une sortie en vélo, d’une course en sentier ou d’une randonnée vers un sommet de contaminer leur entourage! Pour nous aider à marquer cette vingtième année avec pertinence et originalité, on sollicite vos souhaits! Qu’aimeriez-vous lire de plus ou de différent dans Espaces? Avez-vous des idées de chroniques, de reportages, d’enquêtes, de destinations de voyages ou de gens à rencontrer? Vos suggestions peuvent être destinées au magazine, comme au site Internet, aux tablettes électroniques, voire même, à la télévision. Car depuis qu’Espaces fait partie de la famille Évasion-ZesteGrands prix cyclistes de Montréal et de Québec, (presque) tous les projets peuvent se réaliser. Et selon vos talents, vous pourriez même y participer! Écrivez-nous à 20ans@espaces.ca. Un merci sincère à tous ceux et celles qui contribuent par leurs commentaires et leurs actions au magazine Espaces! L’aventure se poursuit.

Septembre 2015 :: Vol 21 :: No 1 MAGAZINE ESPACEs

6 boulevard Desaulniers, bureau 500 Saint-Lambert (Québec) J4P 1L3 info@espaces.ca www.espaces.ca

Simone Doray, Martine Letarte, Emmanuelle Mozayan-Verschaeve, Frédérique Sauvée, Antoine Stab, Guillaume St-Pierre

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Richard Gamache, Directeur des ventes (rgamache@groupeserdy.com) / 450 672-0052 poste 402 Jonathan Marcotte, Conseiller aux ventes Publications (jmarcotte@groupeserdy.com) / 450 672-0052 poste 426 Joannie Armstrong, Conseillère aux ventes Publications (jarmstrong@groupeserdy.com) / 450 672-0052 poste 400 Jérôme Lebel, Coordonnateur aux ventes jlebel@groupeserdy.com / 450 672-0052 poste 272

Design : Sève création www.seve.ca Révision : Hélène Paraire 8

septembre 2015 espaces.ca

Stéphane Corbeil Éditeur

Tirage : 70 000 exemplaires distribués là où sont les amateurs de plein air. Le magazine ESPACES est la publication plein air ayant le plus grand tirage au Québec. Le magazine ESPACES est publiée six fois par année par Espaces inc., une division de Serdy Media.

Propositions d’articles. ESPACES accueille avec plaisir et attention toute proposition d’articles et de photographies. Communiquez avec le rédacteur en chef pour en discuter. Le matériel non sollicité sera retourné si accompagné d’une enveloppe affranchie. ESPACES n’est pas responsable des textes, photographies ou autre matériel envoyés à son attention. Si vous ne conservez pas le magazine ESPACES pour vos archives personnelles, veuillez vous assurer de le transmettre à un ami ou de le recycler. Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne sont pas nécessairement partagées par l’éditeur. Certaines activités présentées dans ESPACES comportent des risques importants de blessures pour ceux et celles qui les pratiquent. ESPACES et ses journalistes, collaborateurs, photographes et les autres membres de l’équipe ne recommandent pas la pratique de ces activités aux personnes qui n’en maîtrisent pas les techniques et n'ont pas les habiletés requises. ESPACES n’est pas responsable des informations contenues dans les publicités. Toute reproduction du matériel publié dans ESPACES est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. La forme masculine utilisée dans cette publication désigne aussi bien les femmes que les hommes. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec 2015. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada 2015.



tous

© Shaun Boughen

azimuts

INDISPENSABLE

BANDANA! Ni trop grand, ni trop petit, le bandana se distingue de la plupart des foulards par ses dimensions pratiques. Histoire d’un petit bout de tissu chargé de symboles et offrant de multiples usages.

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par EMMANUELLE MOZAYAN-VERSCHAEVE

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ui n’a pas son bandana? Décliné aujourd’hui dans des motifs et couleurs très diversifiés, il séduit toutes les générations et les personnes de tous styles. Il apparait dans les kits de survie, entre la lampe de poche, le couteau suisse et les allumettes! Une place légitime puisqu’il a déjà permis à des aventuriers mal pris de se sauver de situations délicates, en se substituant à un cordage ou un garrot. Les amoureux du plein air trouvent aussi des atouts fonctionnels à ce morceau de tissu et s’en servent souvent pour se protéger du vent, du soleil (mouillé sur la tête, il rafraîchit vraiment) et de la pluie à l’instar des grands sportifs, qui le choisissent parfois aux couleurs de leur pays ou de leur équipe. Parmi eux, le cycliste Marco Pantani et les joueurs de tennis André Agassi et Arnaud Clément. C’est également un accessoire essentiel pour beaucoup de rockeurs, qui l’entourent souvent autour de leur poignet pour garder celui-ci au chaud, comme le fait Bruce Springsteen, ou plus près de nous, le chanteur Patrick Norman, qui le porte sur la tête presque constamment! Bref, l’engouement pour ce petit foulard en coton bon marché est de plus en plus fort dans le monde entier et il est régulièrement à la mode, bien que ses origines ne datent pas d’hier… De l’Espagne à la conquête de l’Ouest Au XVIIIe siècle, il s’agissait du couvre-chef traditionnel des paysans sévillans. Il était orné d’un motif Paisley (gouttelette ou larme tordue) d’origine perse et cet imprimé reste encore sa grande marque de reconnaissance. Quand les colons espagnols l’ont amené en Amérique, les travailleurs américains lui ont vite trouvé plusieurs fonctions. Ainsi, les fermiers s’en servaient pour éponger la sueur de leur

front et les cow-boys le portaient pour protéger leur visage de la poussière. Mais le plus souvent, il était noué autour de leur cou, pointe devant, comme on peut le voir dans les westerns. John Wayne a d’ailleurs grandement contribué à sa popularité. Après la ruée vers l’or, les bals manquaient cruellement de femmes. Pour pouvoir participer tout de même aux danses en couple, les hommes ont imaginé un code de couleur via le bandana distinguant le cavalier de la cavalière : bleu pour lui, rouge pour « elle ». Cette règle marque les prémices de bien d’autres représentations, qui se développent plus particulièrement au XXe siècle. En effet, dans les années 1970, le bandana devient un signe d’appartenance codifié de la communauté homosexuelle. Son emplacement et sa couleur permettent de connaître les pratiques et les préférences sexuelles de la personne qui le porte. Bizarrement, à la même période à Los Angeles, il sert d’emblème aux gangs de rue comme les Bloods qui portent un bandana rouge, tandis que leurs rivaux les Crips en portent un bleu. Dans un esprit plus pacifique, les hippies l’arborent roulé sur le front et noué derrière la tête, le choisissant orné du motif cachemire originel ou dans des tons dégradés, très en vogue à l’époque, ou encore imprimé de fleurs, de dessins psychédéliques, etc. Polyvalent et abordable Enfin, l’intemporalité du bandana est probablement liée à ses nombreuses fonctions et son coût très abordable, puisque l’on peut en trouver pour moins de trois dollars (amazon.ca, à partir de 2,23 $, Urban-Planet). Voici


© Chris Ferguson

Qu’il traverse le Rub al-Khlai, l’un des plus grands déserts du monde, à pied ou qu’il soit au sommet du Mont Waddington ou encore descende le Canyon de l’enfer sur la rivière Fraser (Colombie Britannique) durant un voyage autopropulsé de 65 jours, l’aventurier Bruce Kirkby ne pars jamais sans un bandana.

quelques usages de cet accessoire multi-usage solide, léger, qui sèche rapidement et se glisse dans le sac sans l’encombrer: •G arrot ou bandage (en cas de saignement, de foulure ou pour maintenir un membre cassé) •C ompresse •P atch d’œil •M asque respiratoire (si possible, mouillez le bandana si vous êtes pris dans un incendie)

• Signal (accroché autour d'un bâton comme un drapeau) • Feu d’urgence (s’il est en coton, trempez le bandana dans de l’huile pour en faire une torche) • Cordage • Linge à vaisselle • Filtre à eau • Enveloppe de rangement (pour protéger votre matériel et l'empêcher de faire du bruit dans le sac)

• Chapeau (évidemment…) • Bandeau ou ruban pour retenir les cheveux • Couverture d’été, linge de change pour bébé • Sac (en attachant les coins opposés ensemble) • Débarbouillette • Serviette • Serviette hygiénique ou papier toilette (pour une ultime utilisation!).

espaces.ca septembre 2015

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S’émerveiller en suivant un sentier est une sensation que tous les amateurs de plein air ont déjà ressentie en se disant que la nature faisait bien les choses. Pourtant de nos jours, derrière chaque sentier, il y a souvent une intervention humaine.

Sentiers : Designer de nature

A

ussi beaux soient-il, les chemins sont rarement le produit de la nature. C’est l’homme qui décide de leur passage le long d’un enchainement d’arbres ou vers une point de vue majestueux. Réussir cette intégration demande aux concepteurs tout un travail en amont, un plan balisé par plusieurs étapes incontournables. La première, c’est celle du questionnement, comme l’explique Sylvain Valiquette, en charge du développement au parc régional du Mont-Ham (Cantons-de-l’Est) . « Avant de partir avec sa pelle dans le bois, il est important de bien réfléchir et de se poser les bonnes questions. Pourquoi faire un sentier ? À quel utilisateur s’adresse-t-il ? Quel sera son niveau, facile ou difficile ? Quelles particularités mettre en avant ? » 12

septembre 2015 espaces.ca

© Patrice Halley

© Patrice Halley

Par Antoine Stab

Des questions a priori banales, mais qui en réalité sont essentielles. « Il faut absolument qu’un sentier soit justifié » indique Camille-Antoine Ouimet, responsable de la conservation au parc national du Mont-Mégantic. « Au Québec, tous ne le sont pas forcément. Le sentier, n’est pas seulement un tracé qui te mène d’un point A vers un point B. C’est un parcours qui te fait vivre une véritable expérience de randonnée ». Il faut donc que cette expérience soit à la hauteur en suscitant l’intérêt de l’utilisateur. La question sous-jacente est celle de sa beauté. Certes, tous les goûts sont dans la nature, mais un beau projet répond à plusieurs critères connus et


partagés par les créateurs : multiplicité des points de vue, diversité des intérêts présentés (arbres, roches, cours d’eau, histoire du lieu etc.) et fluidité dans la progression. Comme explique Jérôme Pelland, président de Sentiers Boréals, une compagnie québécoise qui oeuvre depuis cinq ans dans la conception et l’aménagement de sentiers. « Le but de notre travail est de faire en sorte qu’il ait une fondation solide et durable pour qu’il s’intègre parfaitement à son environnement ». « c’est aussi un ensemble de petits éléments qui va, au final, lui donner un caractère unique, rendre l’expérience intéressante et y faire revenir la personne qui l’a emprunté ». Après le temps des questions vient l’étape de la planification. « C’est le moment où les efforts sont les plus intenses », assure Pelland. « On étudie les cartes, le sol, les milieux humides… On recense la faune et la flore, les espèces protégées. Meilleure est la planification, plus le sentier sera durable et répondra aux besoins ». De cette analyse découlera le tracé. Il faut alors sillonner le territoire en long et en large pour s’imprégner de l’esprit des lieux. « Malgré toutes les avancées technologiques, rien ne remplace la marche d’exploration », avoue Camille-Antoine Ouimet. « Généralement, l’identification sur le terrain d’un tracé nécessite environ deux jours de travail pour chaque kilomètre envisagé ». Un étude de longue haleine qui s’échelonne sur plusieurs saisons. « Le balisage se fait bien en avance», indique Sylvain Valiquette « L’objectif est d’avoir la meilleure vision possible du terrain, juger l’écoulement des ruisseaux... J’attends aussi de voir comment le sentier réagit avec l’hiver et la neige. Au final, tu ne bats jamais contre la nature. Tu ne fais que t’y adapter. » La dernière étape, c’est la réalisation et l’aménagement sur le terrain. Le fameux coup de pelle, avec le ballet des terrassiers (de vrais forçats !) aidés par les outils mécaniques. « Entre la planification et l'aménagement, on compte de 1 à 3 ans » estime Jérôme Pelland. « Cela varie beaucoup selon les difficultés topographiques. Il n’y a évidemment pas de recette magique, mais c’est ce qui fait tout l’intérêt et la beauté de cette activité ».

Véritable architecte de la nature, le créateur de sentiers s’adapte à de nombreux défis. Un tracé fait en effet face à plusieurs « ennemis » naturels : « Un mauvais drainage crée un problème d’érosion », explique Camille-Antoine Ouimet. « Si l’eau coule trop vite, cela peut détériorer rapidement la surface. Si l’eau s’accumule, le sentier devient un étang avec de la bouette ». Mais la nature n’est pas la seule cause de détérioration. L’Homme a aussi sa responsabilité. « La fréquentation est un autre enjeu. S’il n’y en a pas assez, la nature va se refermer. S’il y en a trop, le sentier peut être endommagé. La gestion de sa capacité de support est primordiale. » On ne s’improvise donc pas créateur de sentiers. C’est un métier qui nécessite des compétences précises et multiples, aussi bien artistiques que techniques, pour répondre aux défis du terrain. Pour Camille-Antoine, « nous sommes à la fois des chirurgiens et des architectes. On s’assure que pour chaque kilomètre, le tracé maximise la mise en valeur du milieu naturel et des paysages pour arriver à faire vivre une expérience à l’utilisateur. Mais il ne faut pas négliger la partie technique en prévoyant les aménagements qui seront les plus durables possibles et qui s’harmoniseront avec l’environnement ». Un bon designer, « c’est un amateur de plein air, un amoureux de la forêt », énonce Jérôme Pelland. « Quelqu’un capable, en posant un regard attentif sur son environnement, de prendre la mesure des lieux. Au fur et à mesure, on comprend ce qu’est la nature, on développe une familiarité avec elle ». La création et l’aménagement ne sont toutefois que le début de l’histoire. La nature n’est pas immuable. Sans un entretien constant, le sentier peut rapidement disparaitre, avalé par la végétation. « C’est un élément incontournable, trop souvent sous-estimé » rappelle Camille-Antoine Ouimet. « L’entretien, c’est des heures et des heures de travail. Pas seulement couper les arbres tombés ou débroussailler. C’est aussi enlever les feuilles qui viennent boucher les canaux de drainage. Sur des dizaines de kilomètres, c’est du boulot ! » Si le créateur de sentier est un architecte et un chirurgien de la nature, il est aussi coiffeur et plombier !

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SmartWool, le logo SmartWool, le logo Little Guy et Go Far. Feel Good. sont des marques déposées de TBL Licensing LLC. Toutes les autres marques déposées appartiennent à leurs propriétaires respectifs. ©2015 TBL Licensing LLC. Tous droits réservés. Image © Aaron Dodds.


Par Maxime Bilodeau

L’idée de croquer dans une sauterelle après votre longue course quotidienne ne vous viendrait pas à l’idée? Pourtant, les insectes en barres (énergétiques) arrivent sur le marché! Voici dix arguments pour vous faire voir l’entomophagie sous un angle tout à fait différent.

1.

Dégoûtant, vraiment?

Deux milliards d’êtres humains à travers le monde mangent régulièrement des insectes. Dans certaines cultures, il est même courant de préférer ces derniers à la viande lorsque les deux options sont possibles! C’est le cas dans le sud de l’Afrique où la chenille mopane, du nom de l’arbre duquel elle se nourrit, est un mets recherché. Ce l’est aussi au Laos, en Asie du Sud-est, où, comme le dit Pierre-Olivier Ouellette, propriétaire de La Bibitte Mobile, un service de vulgarisation à domicile de l’entomologie, « tout le monde a une grosse lampe dans sa cour pour attirer et capturer les papillons de nuit afin de les manger ». 14

septembre 2015 espaces.ca

2.

Source concentrée de protéines...

Un insecte est composé de 50 à 80 % de protéines, contre 15 à 20 % pour du poulet, du bœuf ou du porc. Mieux encore : ces protéines sont complètes, c’est-à-dire qu’elles contiennent tous les acides aminés dont l’organisme a besoin pour fonctionner. « C’est un aliment idéal pour ceux qui ont de la difficulté à satisfaire leurs besoins en protéines », commente Marie-Loup Tremblay, directrice et fondatrice d’uKa Protéine, la première entreprise québécoise de commercialisation d’insectes et de mets transformés destinés à la consommation humaine.

3.

… et de plein d’autres nutriments!

Mais là ne s’arrêtent pas les bénéfices nutritionnels des insectes. Oméga 3, fibres, vitamines et minéraux essentiels : les bibittes sont des aliments aussi complexes que complets! « En ce sens, ils représentent une alternative efficace à la viande », fait valoir Bernard Lavallée, nutritionniste montréalais chez Extenso, mieux connu sous le nom de Nutritionniste Urbain.

4.

Un monde de possibilité.

Il existerait, en tout et pour tout, 1 900 espèces comestibles d’insectes. Chacune serait dotée de son propre goût et de ses propres saveurs, ce qui fait dire à Marie-Loup Tremblay qu’il est « impossible de se lasser ». Fait intéressant : plusieurs chefs de par le monde intègrent déjà les insectes à leurs recettes. Chips aux escamoles (larves de fourmis), tacos aux chapulines (criquets) et libellules frites sont quelques-uns des plats qui vous pouvez trouver sur la carte de grands restaurants.


uKa Protéine

Gourmex Inc.

L’entreprise québécoise offre des barres tendres à 3 $ l’unité ainsi que des boules d’énergie à 5 $. Il est aussi possible d’acheter des criquets, des ténébrions meuniers et des grillons. www.ukaproteine.com

Sauterelles grillées en pot et salsas à base de sauterelles sont proposées par cette entreprise canadienne d’importation et de distribution de produits gourmets mexicains. www.gourmexinc.com

5.

Une production efficace.

La production d’insectes est non seulement rapide – « six semaines à l’échelle industrielle », affirme Marie-Loup Tremblay —, mais, surtout, elle est efficace. « Contrairement aux animaux à sang chaud, qui perdent une quantité phénoménale d’énergie uniquement pour maintenir leur température, les insectes ont le sang froid et demandent peu de ressources à produire », explique Pierre-Olivier Ouellette. De plus, ils se nourrissent souvent de déchets organiques, comme des copeaux de bois!

6.

Facile à conserver.

Comme tous les aliments, la durée de conservation optimale des insectes varie grandement selon ses propriétés. Par exemple, certaines espèces riches en lipides se conservent moins longtemps. Ceci étant dit, la plupart se conservent au-delà d’un an, soutient Marie-Loup Tremblay. « Une simple déshydratation, de manière à en évacuer l’eau, suffit à les rendre résistants à la détérioration », précise-t-elle.

© ThinkStock

7.

Impact environnemental minime.

La production d’insectes est, en règle générale, moins polluante que celle du bétail. « C’est parce qu’ils dégagent beaucoup moins de gaz à effet de serre (GES) en plus de nécessiter moins d’eau et d’être moins dépendants des surfaces d’élevage conventionnelles », dit Bernard Lavallée qui a consacré une partie de son livre Sauver la planète une bouchée à la fois (Les éditions La Presse) à cette question.

8.

Assurer la sécurité alimentaire mondiale.

D’ici 2050, on estime que neuf milliards d’êtres humains vivront sur la planète Terre, soit environ deux milliards de plus qu’à l’heure actuelle. Afin de soutenir les besoins en nourriture de cette population croissante, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) suggérait, dans un volumineux rapport datant de 2013, de se tourner vers l’entomophagie. Mais pour cela, note la FAO, encore faut-il surpasser le dégoût que les insectes provoquent.

9.

de tels produits, souligne qu’ils « se comparent avantageusement à plusieurs produits semblables sur le marché » en matière de valeurs nutritionnelles et de poids du produit. Bonne chance par contre pour mettre la main sur ces collations sportives; on ne les trouve pas facilement sur les tablettes. Si vous voulez les tester, il ne vous restera plus qu’à vous procurer un filet à papillons!

Plus qu’un spectacle gastronomique.

Pour aller au-delà de cette barrière psychologique et faciliter leur acceptation, la stratégie employée par plusieurs compagnies est de littéralement camoufler nos petits amis à six pattes dans la nourriture. Aux Pays-Bas, les supermarchés de la chaîne Jumbo intègrent des farines d’insectes à même certains aliments. « Actuellement, manger des insectes entiers relève davantage d’une expérience gastronomique que d’une solution alimentaire quotidienne », constate Bernard Lavallée.

10.

Votre prochaine collation sportive?

Depuis peu, des compagnies comme Chapul, Exo, Junglebar ou Bitty vendent des aliments à base d’insectes qui pourraient bien accompagner votre prochaine expédition. Barres tendres aux criquets, boules d’énergie aux vers de farine, GORC (Gold Old Raisins and Criquets) : il y en a pour tous les goûts! Marie-Loup Tremblay, dont l’entreprise offre

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15


À l’instar des États-Unis et du Canada anglais où les villes tournées vers les sports sont en vogue depuis les années soixante, le Québec découvre la formule. L’ingrédient essentiel au cœur la revitalisation touristique est souvent une entreprise d’aventure. Le développement économique du plein air est-il le nouvel eldorado des communautés?

Le plein air

des villages Par Antoine Stab

« Ça ne marchera pas! » Avant d’ouvrir boutique, Josée Prévost a entendu cette phrase à maintes reprises. « On me disait que je n’arriverais pas à m’implanter dans une ville où l’on ne s’arrêtait que pour manger un hot dog et où les gens étaient réputés comme étant inactifs. » Loin de se lais-ser saper le moral, elle inaugure en avril 2012 sa Maison de la Course au Mont-Saint-Hilaire. Josée 49 ans, les cheveux poivre et sel, a l’énergie et la conviction qui font bouger des montagnes. Avant même l’ouverture, sa première victoire, c’est sur le plan architectural qu’elle l’a remportée. En rénovant un immeuble à la laideur reconnue, elle a donné une âme au bâtiment et en a fait une source de fierté pour la ville. Le pessimisme des débuts, Frédéric Asselin l’a aussi vécu quand il a pris les rênes de Vallée Bras-du-Nord, une coopérative de plein air située près de SaintRaymond de Portneuf. « Je suis arrivé en septembre 2002, engagé par le conseil d’administration, pour développer des sentiers de randonnée. », explique-t-il. Le trentenaire solide, à l’allure de coureur des bois et au regard bleu acier, a très vite compris que l’implantation d’une entreprise de plein air dans une région traditionnellement vouée à l’agriculture et à la foresterie n’était pas jouée d’avance. « On me prenait pour un fou. Ça a pris plus de 10 ans pour faire réaliser le potentiel de 16

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notre activité aux gens de la région ». Toute bonne histoire a pour cadre un décor à la hauteur de ses ambitions. La vallée gla-ciaire, mélange harmonieux entre forêt, falaises et rivières, est l’une des raisons du succès de la coopérative. « C’est son environnement qui en fait un terrain de jeu magnifique », continue Asselin qui s’étonne qu’il n’y ait pas un parc national à la place. Pour réussir, une entreprise de plein air se doit de s’enraciner dans les localités mais surtout de mettre le territoire en valeur. C’est le pari tenté à deux reprises par Éric Marchand. Grand gaillard à l’allure de Beach-Boy californien, ce gars originaire de Laval, guidé par les vents, installe son école de kite et sa boutique en 1998 aux Iles-de-la-Madeleine. Il pensait avoir trouvé la terre pro-mise mais, après avoir vécu « d’amour et d’eau fraîche », il décide en 2014 de planter l’oriflamme d’Aérosport à Oka, au pied d’une ancienne épicerie. « Cinq mille pieds carrés qui ont longtemps manqué d’amour », affirme l’ancien champion du monde de snowkite. « Pour tirer notre épingle du jeu, on a fait le choix de miser sur la géographie du lieu : le lac et la montagne. Cela nous permet de nous démarquer de nos compétiteurs. » Tourné vers l’eau, mais loin des foules du parc natio-nal, Oka vivait plutôt au rythme de la quiétude de sa célèbre abbaye. En offrant une expérience diversifiée, Aérosport profite de la popularité du parc pour attirer des

© Patrice Halley

à la conquête


clients vers le village qui découvrent qu’Oka a aussi un lac. Le nouveau maire, Pascal Quevillon, a donc applaudi l’initiative. « Nous avons été convoqués à la mairie, raconte Éric Marchand — qui voulait nous remercier et nous soutenir. Cela fait chaud au cœur. Un accueil et une écoute pareils, c’est le meilleur coup de main que l’on puisse espérer. Je me pince encore aujourd’hui! »

Prévost l’assure, « selon les médecins, le taux d’activité physique est en hausse. On voit une augmentation du nombre de coureurs. » Après avoir suivi les ateliers, les gens continuent à courir. Pour appuyer son propos, Josée cite l’histoire d’un de ses clients : « Il a perdu 100 livres et la course a totalement changé sa vie. Un an après avoir suivi son premier atelier, il court aujourd’hui le 5 km en 20 min! »

Des ambassadeurs de saines habitudes de vie

De son côté, pendant la saison estivale, avec ses « Dominicales, » Aérosport fait concurrence au curé! Sur les coups de 9 heures, une trentaine de fidèles se retrouvent ainsi à quelques mètres de l’église pour pagayer kayak ou planche à

Se différencier dans un univers de concurrence est un leitmotiv pour les entrepreneurs. Cela passe par un changement de paradigme. Dépasser le simple cadre de la vente ou de l’échange de services, s’impliquer davantage dans la communauté… C’est ce que tente aussi Josée Prévost. « Le nom de La Maison de la Course n’est pas anecdotique. Au-delà du concept marketing, je voulais un lieu de rassemblement, idéalement situé entre parc et montagne, qui aide les coureurs et inversement. » Mais, la création d’une communauté, cela ne décrète pas. Chaque dimanche matin à 8 h 30 sonnantes, Josée fait courir les gens ensemble. Environ 200 personnes se rassemblent pour prendre part aux différents ateliers et cliniques proposés. Quand on lui demande qui sont « ses » coureurs, Josée Prévost, lunettes rectangulaires sur le nez, se transforme en sociologue du sport : « On brasse toute sorte de monde. On arrive à faire tomber trois niveaux de différenciation : l’éducation, l’argent et l’âge. » Faire tomber les barrières sociales, au moins le temps d’une course, c’est ce dont elle est la plus fière. En ce moment, le groupe qui se prépare au marathon est ainsi constitué d’un « gars de la construction », d’un dentiste, d’un technicien de ventilation, d’un propriétaire d’entreprise, d’une secrétaire et d’une serveuse de restaurant. Le brassage se fait aussi entre les générations : la trentenaire qui a couru son marathon avec une dame de 69 ans, ou encore, la maman toujours accompagnée de sa fille. La Maison de la Course organise également ateliers et conférences avec des professionnels; kinésiologues, physiopathes ou ostéopathes. L’ensemble de ces activités a eu un impact indéniable sur la population de Mont-Saint-Hilaire. Josée

«On me prenait pour un fou. Ça a pris plus de 10 ans pour faire réaliser le potentiel de notre activité aux gens de la région» pagaie (SUP). « Ces sorties gratuites et ouvertes à tous favorisent les rencontres, confie Éric Marchand. On voit des Okois et Okoises de longue date re-nouer avec leur lac et enfin se l’approprier. » Vallée Bras-du-Nord va encore plus loin dans son implication communautaire. Depuis 2003, grâce à un programme de réinsertion sociale, des jeunes avec des problèmes personnels sévères, dont le décrochage scolaire, la délinquance et la dépendance assurent le développement des sentiers. « À la fin de la journée, ils peuvent voir ce qu’ils ont réalisé et prennent alors conscience de leur potentiel, assure Frédéric Asselin. Ces jeunes sont l’ADN de la Vallée! » Depuis 2011, la Suite page 18


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Coopérative a également instauré un projet avec les écoliers du secondaire LouisJobin de Saint-Raymond. « En créant une culture du plein air chez les jeunes et en leur faisant découvrir leur territoire, on en fait des ambassadeurs des saines habitudes de vie ».

Savoir trouver son élan

En 3 ans d’activité, profitant du véritable phénomène de société qu’est la course, Josée Prévost a fédéré autour d’elle un nombre croissant d’adeptes. Grâce à ses cours 101, suivis par 3 000 personnes, elle est devenue la papesse du sport à Mont-Saint-Hilaire. Parmi ses fidèles, le maire, Yves Corriveau, qui n’a jamais vu autant de coureurs dans sa ville. « Je connais beaucoup de mes concitoyens; ils ne couraient pas et s’y sont mis grâce à elle. C’est mon cas. Aujourd’hui, je cours 5 km et j’ambitionne le 10 ! »

© Nicole Pothier

© Patrice Halley

© Maison de la course Mont-Saint-Hilaire

Au fil des années, Vallée Bras-du-Nord est devenue une destination incontournable du vélo de montagne. L’entreprise amène une nouvelle clientèle à Saint-Raymond de Portneuf. Venus de l’extérieur, les amateurs de plein air s’y restaurent ou

y offrira la location de ses vélos. Quand les acteurs trouvent leur élan, chacun travaille alors en partenariat et non en concurrence.

magasinent dans les commerces environnants. Cela permet l’implantation de nouveaux commerçants. Rien d’étonnant donc qu’un magasin de vélo, Frenette Bicyclettes, ait ouvert au début de l’été à deux pas des bureaux administratifs de la Coopérative. Tout comme le Roquemont qui abrite microbrasserie, pub, restaurant et hôtel. On connaît la propension des amateurs de plein air à s’en jeter une petite (avec modération) après avoir sué et mangé de la bouette dans un sentier!

Le maire souhaiterait maintenant faire de Mont-Saint-Hilaire, la capitale de la course au Québec. Rien de moins! Le rêve est peut-être un peu exagéré, mais il aimerait au moins que la municipalité devienne une référence dans la Vallée-du-Richelieu.

« Au début, on a uniquement choisi Oka pour le kitesurf, mais on n’aurait pas pu en vivre toute l’année », reconnaît volontiers Éric Marchand. Parfois, une bonne étoile vous guide sur le bon sen tier. « Avec l’arrivée du fatbike l’hiver et l’engouement pour le SUP l’été, le moment était parfait; on travaille dorénavant sur les 4 saisons! » En plus du réputé fromage, il y a une boulangerie et une chocolaterie. « Évidemment, on réfère nos clients aux commerçants », assure Marchand. Directement située au pied des nouveaux sentiers, l’abbaye, ancienne demeure des cisterciens va ressusciter en auberge de 28 chambres. Aérosport

C’est parfois la volonté des pouvoirs publics qui est à l’origine de la création d’une communauté active. C’est le cas de Saint-Adolphe-d’Howard où l’action conjointe de la MRC des Pays-d'en-Haut et de la municipalité a facilité l’installation d’Attitude Montagne. Ce centre d'activités et de formation en escalade et alpinisme, fondé en 2006, était auparavant situé à Sainte-Adèle. « Nous cherchions à déménager pour de meilleures installations », déclare Asselin, président fondateur.

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Assis sur une mine d’or

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Jeune grimpeur filiforme, seul guide québécois à être certifié à la fois par les associations canadienne et américaine des guides de montagne (ACMG et AMGA), Asselin reste encore surpris de l’offre de la municipalité. « L’accueil à SaintAdolphe a été exceptionnel. Sur les documents de la mairie, on pouvait lire : Attitude Montagne va relancer l’économie locale. Ils ont embarqué encore plus loin que je ne l’imaginais! » Pour la petite municipalité ancrée sur les berges du lac Saint-Joseph, l’arrivée d’Attitude Montagne n’est que la première étape d’un plus vaste projet : mettre en œuvre une politique de développement économique axé sur le plein air non motorisé. « Cela doit devenir notre marque de commerce », indique Lisette Lapointe, mairesse de la ville. « On veut rassembler tous les acteurs du milieu. Dominic Asselin a une belle expérience d’entrepreneur, avec beaucoup de dynamisme et de leadership. C’est la personne idéale pour en attirer d’autres ». Le grimpeur est donc devenu, à titre bénévole, président du conseil d’administration de Plein Air Saint-Adolphe, OBNL gérant les installations appartenant à la mairie. Et la ville n’en manque pas : une station de ski, un réseau de sentiers pour la randonnée, la raquette, le ski de fond et le vélo de montagne, un camping et une plage municipale. « Ces installations sont sous-développées, sous-exploitées et souffrent d’un déficit de promotion », avoue Dominic Asselin qui reste toutefois optimiste et croit dans leur potentiel. « Les infrastructures sont toutes au cœur du village. C’est un atout incroyable. On est assis sur une mine d’or, mais les gens ne le savent pas! »

ski hors de piste, avec un programme d’entraînement pour le volet compétition. « Nous sommes une petite station. Il faut se démarquer en ciblant un créneau précis! » À cela, il pense ajouter trois bars concept et la création d’un centre d’escalade intérieure. Le président du CA de Plein Air Saint-Adolphe voit grand, et pose un regard vers les sommets à atteindre. Il ambitionne d’en faire « une destination de haute qualité, vers laquelle les gens se déplacent, comme c’est le cas avec Vallée Bras-duNord ». Il semblerait que le concept d’entreprises de plein air, intégrées dans une communauté forte et vivante, fasse son chemin au Québec. Et c’est une bonne nouvelle, surtout à une époque où le tourisme québécois a besoin de se réinventer et d’innover. La province fait face à un déficit touristique en hausse, évalué en 2012 à 3,5 milliards de dollars. Entre 2002 et 2012, le Canada et le Québec sont passés de la septième à la seizième place dans le palmarès des destinations touristiques internationales. Une situation problématique mais pas irrévocable : le pays figure toujours parmi les meilleures destinations au monde selon le Forum économique mondial (FEM). Et si le développement du plein air communautaire était l’une des solutions au problème?

© Éric Marchand

Un comité municipal a été spécialement fondé pour proposer des pistes de réflexion et des idées de développement. Le but, comme l’explique Lisette Lapointe, c’est « d’attirer des gens qui partagent les mêmes intérêts : des entreprises connexes et complémentaires, qui amélioreraient l’offre des services dans la ville ». Asselin a déjà quelques idées dans la poche. Il voudrait notamment faire de Saint-Adolphe une destination reconnue pour le vélo de montagne, avec des sentiers dans le centre de en ski.page En hiver, il aimerait11:48 développer 12027-0924_finale automne_Mise 1 15-08-19 Page1un secteur de

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Les aires protégées au Québec Recherche : Antoine Stab

Superficie des aires protégées

9,16 % du territoire terrestre et 1,3 % du territoire marin protégés.

Première aire protégée du Québec

L’aire protégée la plus vaste

le parc du Mont-Royal à Montréal, en 1876.

Le parc national Tursujuq. Aussi le plus grand parc national du Québec, le plus grand de l’est de l’Amérique du Nord continentale, avec une superficie de 26 107 km2 (3 fois la superficie de l'île d'Anticosti).

Sources Ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) : mddelcc.gouv.qc.ca/biodiversite/aires_protegees, Environnement Canada : ec.gc.ca, Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : iucn.org, Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ) : sepaq.com, Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Québec) : snapqc.org, Nature Québec : naturequebec.org 22

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1991

Ok a 1990

1989

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1985

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1981

1980

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1975

Fo ril lon 1974

1973

1972

1971

1970

Objectifs gouvernementaux

Mo ntOr for d

Canada

1979

Nunavik

Ma ur ici e

Sépaq

M Gr ont an -Tr ds em -J b ar lan din t* s , Ja cq ue sFjo Ca rd rti -d er u,G Sa as Bi gu pé c, e sie n Île ay , -d , Y e am Mo -B o a et- nt uc sk du -Sa he a -R in rv oc t-B ille he ru , A r-P no rc er , P hip cé oin el, A te de Fr igu -Ta -M on eb illo ing ten ell n, an ac e, Île Mi -B gu on as av ha en tur e-

Chronologie de la création des parcs nationaux et des objectifs gouvernementaux :


Aires protégées terrestres Québec Superficie : 1,5 M km2

CANADA Superficie : 10 M km2

9,7 % 152 776,47 km2

1,03 M km2

MONDE Superficie : 143,3 M km2

ÉTATS-UNIS Superficie : 9,3 M km

13,2 %

13,8 %

10,4 %

19,7 M km2

Colombie-Britannique Superficie : 944 735 km2

15,7 %

1,3 M km2

148 719 km2

Réserves de biodiversité et celles projetées

Aires protégées marines

Avec 3,65%, cela représente la plus grande catégorie d’aires protégées dans la province, gérées par le Ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC)

CANADA Superficie : 10 M km2 0,9 % 1,03 M km2

5 réserves de biodiversité :

2007 :

Lacs-Vaudray-et-Joannès (MRC Rouyn-Noranda / Abitibi-Témiscamingue) : 193,07 km

2009 :

Québec Superficie : 152 000 km2

Uapishka (MRC Manicouagan, Caniapiscau et Sept-Rivières / Côte Nord) 1 381,91 km2 Caribous-de-Val-d’Or (MRC La Vallée-de-l'Or / Abitibi-Témiscamingue) : 434,19 km2. Météorite (MRC Manicouagan et Caniapiscau / Côte Nord) : 232,72 km2. Karst-de-Saint-Elzéar (MRC Bonaventure / Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine) : 44,27 km2.

1,3 % 1 958 km2

MONDE Superficie : 1359,8 M km2

75 réserves de biodiversité projetées (temporaire)

Nouvel objectif du gouvernement : 12 % d’aires protégées en milieu terrestre et 10 % du milieu marin, d’ici 2015. Résultat : un manque de 2,84 %, environ 48 000 km2 de territoire, l'équivalent de 89 parcs de la Mauricie (536 km2).

Conférence mondiale sur la biodiversité de Nagoya, ratifiée par le Canada - Objectif : la création d'aires protégées, avec au moins 17 % des zones terrestres et d'eaux intérieures et 10 % des zones marines et côtières, d’ici 2020. Cela implique d’ajouter environ 128 000 km2 d’aires protégées de plus au réseau déjà existant, l’équivalent de 265 fois l’île de Montréal (483 km2).

2014

Op ém ica n, Tu rs uju q 2013

2012

2011

2010

La cTé mi sc ou ata ,K uu ru rju aq 2009

2008

2007

2006

2003

2002

2001

2000

1999

1998

1997

Mo nts -V ali n 1996

1995

Mo ntMé ga nti c 1994

Le Québec adopte les orientations de la Stratégie québécoise sur les aires protégées (SPAQ). L'objectif : un réseau d’aires protégées d’une superfiche totale de 8 % du territoire d’ici 2005. Atteint en 2009.

2005

12,5 %

1,3 M km2

Pin gu alu it

P Sé arc pa ma q e ri tP nS ar ag cs ue Ca nay na -S da ain ) tHa La ute ur sen Go t( rg co An es -g tic es -d eos tio lati np Ri ar viè Pl ais re an Ma ce lba ie

ÉTATS-UNIS Superficie : 10,2 M km2

Territoires mis en réserves par le ministère qui les protège pendant une durée de 4 ans renouvelable. Certains sont étudiés à en vue d'y créer des parcs nationaux : Albanel-Témiscamie-Otish (11 871,3 km2) dans le Nord-du-Québec. Ce territoire attend depuis 32 ans d’obtenir un statut permanent. Côte-d’Harrington Harbour (1 221,2 km2), en Côte Nord. Vallée de la Rivière Natashquan (4 089 km2), en Côte-Nord.

2004

2,2 %

7,85 M km2

1993

1992

ET AILLEURS ? (Chiffres de 2014)

Plan Nord : engagement gouvernemental de protection de 50 % du territoire du Plan Nord des activités industrielles (d’ici 2035) et à atteindre 20 % d’aires protégées sur ce territoire (d’ici 2020). espaces.ca septembre 2015

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4

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LA FÉLICITÉ AU BOUT DU PIED

par EMMANUELLE MOZAYAN-VERSCHAEVE

Bien qu’elle soit diplômée en acupuncture et ashiatsu de l’Université des médecines traditionnelles chinoises du Fujian (Chine) et titulaire d’une formation en Ashiatsu Oriental Bar Therapy de St. Petersburg (USA) madame Xia Yuan Guo a choisi d’exercer sa profession en français. Petite, menue et très souriante, la jeune femme m’accueille d’une poignée de main solide et franche. Après un sympathique échange, elle m’invite à remplir un questionnaire médical. En plus de mes migraines chroniques intenses, j’arrive au cabinet avec les vertèbres nouées, curieuse d’en connaître plus sur les origines et les atouts du Zen Ashiatsu. « Le principe, basé sur la médecine traditionnelle chinoise, remonte à des milliers d’années. Comme pour l’acupuncture, en mettant de la pression sur les méridiens du dos, on permet aux muscles tendus et douloureux de se relâcher. J’utilise particulièrement le talon. L’avantage des pieds par rapport aux mains est qu’on peut exercer plus de pression grâce au poids du corps. » Ce traitement naturel en profondeur est bénéfique car il offre une détente plus complète. Il neutralise les tensions musculaires — « les athlètes ressentent beaucoup de soulagement grâce à l’Ashiatsu », souligne la thérapeute — mais aussi les douleurs lombaires, cervicales ou dorsales, si typiques aux randonneurs dont le dos supporte parfois d’importantes charges. Les névralgies, le stress, les insomnies et les maux de tête disparaissent également avec ce type de massage d’approche holistique. J’ai compris qu’il est temps d’entrer dans l’action. Douceur et puissance : efficacité maximale Au centre de la pièce, la table de massage est surmontée d’étonnants arceaux de bois. Le lit confortable, doux et chaud, invite immédiatement à la détente. Madame Guo commence son massage avec les mains « pour réchauffer les muscles », dit-elle. Au fur et à mesure, avec juste assez de mots pour rassurer, elle explique les étapes. Hormis la musique de fond relaxante, le silence s’installe. Quand elle amorce le contact avec ses pieds, j’ai le sentiment qu’un galet lisse et massif glisse sur mon dos. C’est à la fois doux et puissant. Par endroits, supportant le poids de son corps grâce aux arceaux, elle exerce une pression plus pénétrante tout en s’informant toujours des éventuelles douleurs ressenties. Du bas du dos à la base du cou, en passant par les épaules et les bras, chaque zone est explorée. Comme par magie elle sait exactement où se trouvent les points de tension. Chacun de ses mouvements est parfaitement maîtrisé. Très vite, toutes mes craintes s’évaporent pour laisser place à la félicité. Elle entreprend ensuite les jambes, du haut des cuisses jusqu’à la pointe des pieds. Puis, pour la dernière phase, me demande de m’allonger sur le dos afin de travailler la partie avant des épaules et du cou. Elle termine par un massage manuel du visage et de la tête qui m’apaise complètement. L’expérience a duré environ une heure. Je me relève légèrement

© Patrice Halley

Mise en confiance instantanée

étourdie, détendue et en pleine forme. Le temps de reprendre mes esprits, je constate que mes tensions et mon mal de tête se sont envolés. La visite vaut vraiment la peine, avec le ZEN ASHIATSU on se sent entre de bonnes mains… ou plutôt de bons pieds!

Dégueu, les pieds?

Un massage avec les pieds… pas très ragoûtant au premier abord? Eh bien au contraire, car quand on y pense, si les principes d’hygiène sont respectés et qu’aucune maladie ne les affecte, nos pieds ont beaucoup moins d’occasions que les mains d’être infectés. Madame Guo traite les siens aux petits oignons et ils sont doux comme une peau de nourrisson! Informations pratiques www.zenashiatsu.com Tél. : 514 998-3316 (sur rendez-vous seulement) Tarifs (reçus officiels pour assurances) : Zen Ashiatsu (ZA) de 60 minutes : 90 $ ZA de 90 minutes : 130 $ ZA de 120 minutes : 175 $

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Évènements sportifs de masse

Par Martine Letarte

S

amedi matin ensoleillé, début août. J’enfile mes vêtements tout neufs, d’un blanc immaculé, j’attrape une bouteille d’eau. Je n’ai pas fait trois pas sur ma rue que je croise d’autres disciples. Nous nous regardons furtivement, sourire en coin. Sans équivoque, notre destination est la même : quai Jacques-Cartier, pour la session de yoga en plein air de la tournée Lolë White. Plus nous nous approchons de la destination, plus les wagons du métro se remplissent de femmes toutes de blanc vêtues. En marchant vers le site, les badauds nous regardent d’un air ahuri. La machine est admirablement huilée. Pas d’attente à l’entrée. Des gens souriants nous accueillent et nous donnent un sac de produits bien ciblés : barres aux graines de lin et quinoa, crème tonifiante et « remodelante » pour le corps, fruits séchés par une épicerie santé et bio, bouteille d’eau exotique. Je regarde autour de moi, nous sommes environ 6 500 participantes avec probablement moins de 10 % d’hommes. Des tapis de yoga jaunes Lolë sont étalés à perte de vue. Nous marchons à travers les kiosques des entreprises partenaires de l’évènement. Je me sens dans un bassin de « clientèle cible ». Il y a des lieux pour prendre des photos et les diffuser sur les réseaux sociaux. Puis, la session de yoga commence. La vue sur Montréal est magnifique. Le soleil chauffe notre épiderme, une petite brise souffle sur notre nuque. Rapidement, je suis enivrée par le spectacle grandiose de voir se mouvoir ensemble ces milliers de corps vêtus de blanc.

© Patrice Halley

Olivier Bauer, théologien à l’Université de Montréal, peut facilement faire des liens entre ces évènements sportifs de masse et la religion. « L’idée de se rassembler, de s’inscrire dans un rythme commun, de retrouver une forme de synchronicité pour faire partie d’un tout se retrouve dans plusieurs religions, indique M. Bauer. On s’agenouille en même temps, on se lève, on chante; il y a une union, une unité. » Le Festival Wanderlust, à Tremblant, est pratiquement la Mecque pour les amateurs de yoga. Il propose quatre jours de festivités en nature avec yoga, musique, conférences, méditation, bouffe locale, activités de plein air. Suite page 28


© Richard Burley

Évènements sportifs de masse

Finalement, elle a été séduite par l’esprit de communauté. « On a besoin de se retrouver avec des gens ayant les mêmes intérêts, les mêmes idéaux, explique-t-elle. Puis, le yoga libère énormément d’endorphines pendant la journée, alors le soir, on fait la fête. Sans drogues! » Que ce soit du yoga, des marathons, ou des courses à obstacles, la dimension communautaire est centrale dans les évènements sportifs de masse, d’après Benoît

Melançon, chercheur spécialisé dans la relation entre le sport et la culture à l’Université de Montréal.

de différents horizons discutent, se rencontrent réellement? », questionne-t-il.

« Les gens veulent se rassembler, créer une communauté concrète alors que les médias sociaux créent des communautés virtuelles, indique-t-il. Ces évènements reviennent régulièrement, alors les gens se revoient, peuvent s’y rendre ensemble. Ces évènements sportifs deviennent aussi des activités sociales. »

Personnellement, pas de nouvelles rencontres à Lolë White. Les femmes discutaient beaucoup entre amies.

Olivier Bauer se demande toutefois si ces grands évènements permettent de créer de véritables liens entre les gens. « Est-ce qu’on y va seulement pour avoir un ventre plus plat, puis on rentre chez soi, ou les gens

Adepte de Spartan Race, Jean-Pierre Serra s’y rend toujours accompagné de sa sœur et son amie. « Il m’arrive de jaser avec d’autres participants en attendant mon tour, mais sans plus. » Se mettre en scène Qui dit évènements sportifs de masse dit selfies en circulation abondante sur les réseaux sociaux. « Cela répond à un besoin de se mettre en scène : on veut que les gens sachent que l’on a participé à l’évènement, que l’on s’y est bien classé, comme si

PHOTO / KAARE IVERSON

« Lorsque j’ai entendu parler du festival pour la première fois, je me suis demandé pourquoi j’irais faire du yoga avec tous ces gens alors que je peux très bien en faire seule chez moi », se souvient Geneviève Guérard porte-parole de l’évènement et copropriétaire du Studio Wanderlust, à Montréal.

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sa réussite n’avait du sens que si elle est validée par un grand nombre de personnes », remarque Benoît Melançon. L’idée de réaliser de bonnes actions tout en s’assurant qu’elles soient vues n’est pas propre aux évènements sportifs de masse. Elle est aussi présente dans de nombreuses religions. « Pour évangéliser, faire du prosélytisme, on retrouve dans plusieurs religions des démonstrations publiques : c’est une bonne façon d’attirer de nouveaux adeptes », indique M. Bauer. Vêtements de superhéros, accessoires de guerriers spartiates, fils barbelés, bouette, médailles : côté spectacle, Spartan Race ne donne pas sa place. Lors de sa première année de participation, JeanPierre Serra a succombé à la tentation de tapisser son mur Facebook de photos de lui en action et avec des médailles au cou. Lysanne Goyer, psychologue, chef du service de psychologie au CHUM et première Québécoise à avoir couru le marathon de l’Everest en 2012, n’y voit rien d’inquiétant.« C’est sain de partager ses réalisations, dit-elle. On le fait pour tout, ses succès professionnels, ses enfants. C’est dans la nature de l’être humain. » Rien d’étonnant alors que les commanditaires, flairant la bonne affaire, sont omniprésents dans ces évènements. Certaines marques n’hésitent pas même à inventer de toutes pièces leurs propres évènements, comme Lolë qui en profite aussi pour

créer une collection de vêtements sous le thème de sa tournée. « Soit les marques trouvent des évènements pertinents avec leur positionnement, soit elles en créent, mais pour que ce soit vraiment efficace, il faut exploiter au maximum l’association à l’évènement

« Il y a l’idée de se dépasser, d’aller chercher dans la force du groupe quelque chose que l’on n’a pas à l’intérieur de soi. Comme lorsque l’on demande de la force à Dieu. » dans les médias pour rejoindre même ceux qui n’y participent pas », explique Bernard Motulsky, titulaire de la Chaire de relations publiques et communication marketing à l’Université du Québec à Montréal.

Lorsque l’on regarde l’ampleur du phénomène actuellement, c’est à se demander parfois si les entreprises n’arrivent pas à créer des besoins. Bernard Motulsky n’y croit pas. « L’humain est grégaire, il a besoin de se distraire collectivement, de faire la fête, de participer à des manifestations collectives et d’ailleurs, les Romains l’avaient bien compris avec leurs stades. Les marques exploitent ce besoin, elles ne le créent pas. » Se dépasser Au-delà du paraître, plusieurs participent à ces évènements pour se dépasser. Jean-Pierre Serra, 37 ans, court depuis l’âge de 14 ans. Il a commencé à participer à différentes compétitions il y a cinq ans. Il est un habitué de l’évènement Spartan Race depuis deux ans. « Au début, j’avais des préjugés parce que je pensais que c’était un prétexte pour se salir dans la bouette, mais finalement, cela représente peut-être 1 % de la course, dit-il. Pour le reste, il faut se dépasser physiquement. » Se hisser en haut d’une corde de 20 pieds sans nœuds, traverser une lignée interminable de barres parallèles, lancer le javelot, monter des collines avec des poches de sable, traverser une slackline : les épreuves de Spartan Race sont variées et nécessitent un bon niveau d’entraînement. Pourtant, le nombre de participants à ces courses peut être impressionnant. Suite page 30

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Évènements sportifs de masse

Suite de la page 30

Cette année, ils étaient plus de 7 000 à se donner corps et âme à la course de Tremblant.

pour regarder le paysage, dit-il. Plus je m’améliore, plus je suis motivé. »

Jean-Pierre, aussi marathonien, s’entraîne cinq fois par semaine. Ses sessions d’une heure à une heure trente sont intenses, ses exercices sont variés. Il suit un programme bien établi. Comme chaque parcours est différent, Jean-Pierre regarde le classement final pour savoir s’il a bien performé. Il est satisfait lorsqu’il est dans les 15 % au sommet de sa catégorie.

L’évènement sportif de masse est-il devenu le nouveau Dieu qui permette de se transcender ?

« L’aspect compétitif me pousse à me dépasser, ce que je ferais beaucoup moins si j’allais à ces courses

« À un moment donné, dans un marathon par exemple, le corps n’en peut plus, indique Olivier Bauer qui s’y est mis l’an dernier. Il y a l’idée de se dépasser, d’aller chercher dans la force du groupe quelque chose que l’on n’a pas à l’intérieur de soi, d’être meilleur que ce que l’on est normalement. Comme lorsque l’on demande de la force à Dieu. »

D’ailleurs, plusieurs grands évènements sportifs de masse se tiennent le dimanche : le jour du Seigneur! Continuité dans l’histoire Dans l’histoire, ce genre d’évènement où l’on se regroupe, se dépasse et se mesure aux autres n’a rien de nouveau. « Dès le XVIe siècle, il avait des fêtes communautaires où l’on mettait en scène des individus dans des courses ou des combats pour tester leur virilité et les positionner dans la hiérarchie », indique Laurent Turcot professeur d’histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il donne l’exemple de la guerre des ponts, aux XVIe et XVIIe siècles, où les hommes de deux paroisses de Venise s’affrontaient sur un pont. « On obtenait des points par exemple si l’on réussissait à faire saigner son concurrent ou à

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le balancer par-dessus bord, explique M. Turcot. Ces combats servaient de défoulement, mais aussi, à démontrer aux jeunes femmes le potentiel de puissance et la virilité de chacun. » Les femmes ne sont pas en reste. En Angleterre, au XVIIIe siècle, elles participaient à des courses l’une contre l’autre dans des fêtes rurales. « Ces courses servaient à renforcer des liens déjà présents dans la communauté », indique Laurent Turcot, également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements. 32

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C’est à son avis la grande différence avec ce que l’on vit aujourd’hui. « Les milliers de participants à un évènement n’ont pas de liens entre eux, dit-il. On est dans le dépassement de soi. Le corps devient un symbole, une manière d’afficher sa réussite sociale. On est en santé, alors on est heureux : on fait un lien direct entre les deux. Pour pouvoir participer à ces évènements, il faut avoir de l’argent et du temps, un luxe que plusieurs n’ont pas. » Garder un équilibre Alors que le Marathon de Montréal fracasse constamment des records d’achalandage, la

psychologue Lysanne Goyer est d’avis que plusieurs raisons saines peuvent expliquer l’envie d’investir autant d’heures dans l’entraînement. « Il y a la santé, bien sûr. Je vois aussi bien des gens qui s’investissent dans leur carrière, dans leurs enfants, mais qui ont également besoin d’avoir des projets à eux, de se réapproprier leur vie. Lorsque des gens traversent des épreuves aussi, un moyen de passer au travers, sans tomber dans l’alcool par exemple, est de se donner des objectifs sains. Le cadre engendre un sentiment de sécurité, de reprise de contrôle. Se dépasser permet de se sentir valorisé. »


ENTRER DANS LA MESSE Lolë White Tour

Marathon de Montréal

2014 : 4 villes, avec 6 000 participants à Montréal

2009 : près de 19 000 participants, plus du double de l’année d’avant

2015 : 5 villes, avec 6 500 participants à Montréal

2014 : près de 35 000 participants

Spartan Race

Wanderlust

2014 : 130 évènements dans 15 pays

2013 : évènement d’une journée à Tremblant avec plus de 800 participants

2015 : 240 évènements dans 25 pays

2014 : premier festival complet à Tremblant avec plus de 2 300 participants

2012 : premier évènement à Montréal avec plus de 2 000 participants

2010 : premier évènement à Burlington, au Vermont, avec 750 participants

1979 : premier évènement avec 9 000 coureurs

2009 : premier festival en Californie

2015 : 20 évènements dans le monde

Ce genre d’entraînement est sain tant qu’on ne franchit pas la mince ligne entre détermination et obsession, d’après la psychologue, aussi conférencière. « S’entraîner pour un marathon par exemple, c’est très exigeant et il faut avoir de la place dans son horaire, dit-elle. Il faut se demander si c’est sain pour sa santé physique et psychologique de se donner de si gros objectifs considérant ses autres responsabilités. » Tout est une question d’équilibre. Jean-Pierre, chef d’entreprise, conjoint, papa de trois

enfants, voit justement dans l’entraînement une façon de garder son équilibre et d’être plus productif. « Je suis dans un domaine créatif, j’ai besoin de m’entraîner. C’est lorsque je cours que j’ai mes meilleures idées! Puis, j’ai aussi besoin de mes moments pour moi, où je suis seul. »

de se retrouver avec 6 500 semblables dans le Vieux Port de Montréal pour faire du yoga avant de se quitter avec une petite homélie sur la paix et l’amour dans le monde. Et d’immortaliser le moment, bien entendu, sur Facebook.

Quant aux amateurs de yoga, la participation à Lolë White, très grand public, n’était clairement pas un risque de surentraînement. Est-ce que l’évènement a réussi à faire de nouvelles converties au yoga? Peut-être! À Lolë? Probablement! Chose certaine, les participantes auront vécu l’expérience quasi mythique espaces.ca septembre 2015

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L

tonik

© Xavier Bonacorsi

L’entraînement, vu par la science

orsque Pierre de Coubertin proposa Citius, Altius, Fortius (plus vite, plus haut, plus fort), au moment de la création du Comité international olympique, il ne se doutait sans doute pas à quel point cette devise allait devenir le leitmotiv de générations d’athlètes, d’entraîneurs… et de chercheurs! De fait, les développements en matière de performance sportive sont des plus prolifiques : on voit continuellement apparaître de nouvelles techniques et méthodes visant à toujours repousser nos limites.

Améliorez votre endurance en musclant vos poumons! Par Xavier Bonacorsi

Sport : tous les sports d’endurance Niveau : débutant à élite (pour tous)

Une approche qui ne date pas d’hier, mais qui est néanmoins toujours très méconnue du grand public, est l’entraînement des muscles respiratoires : le diaphragme et les intercostaux. En sport d’endurance, la performance peut être substantiellement affectée par la fatigue de ces muscles discrets, mais ô combien essentiels! En les entraînant, en force et en endurance, on peut donc retarder leur fatigue et ainsi améliorer notre performance en endurance. Une revue bibliographique* de 46 études scientifiques sur le sujet le confirme d’ailleurs, sans équivoque, et souligne les faits suivants : — en entraînant nos muscles respiratoires, on peut améliorer la performance dans tous les sports d’endurance; — l’amélioration est plus importante chez les gens moins en forme que chez les athlètes très entraînés; — plus les épreuves sont longues, plus l’amélioration est significative. Mais comment entraîner des muscles dont on n’a pas (ou à peine) conscience? Entraîner ses muscles respiratoires se fait en respirant à travers un appareil qui impose une résistance respiratoire, qu’il faut vaincre par la seule force de nos muscles de la respiration. Il existe sur le marché plusieurs modèles. Certains sont à résistance « inspiratoire » seulement, et d’autres à résistance inspiratoire ainsi 34

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Débutant Initié Avancé Élite

qu’« expiratoire ». Certaines études indiquent que l’entraînement combiné (inspiratoire et expiratoire) donne de meilleurs résultats, mais cette méthode est beaucoup plus exigeante, voire assez difficile, à pratiquer. Afin de personnellement mettre ces affirmations scientifiques à l’épreuve, j’ai soumis mes muscles respiratoires à la musculation. Pour ce faire, j’ai utilisé un Power Breathe Plus**(75 $), qui exerce une résistance seulement lors de l’inspiration, et j’ai opté pour un modèle à résistance moyenne. En suivant le plan suggéré par le manufacturier (30 respirations profondes et complètes, deux fois par jour), des résultats devaient se faire sentir après 4 semaines, mais j’ai commencé à noter une différence après seulement 4 jours ; et après 10 jours, sans toutefois effectuer de test précis de performance, j’ai nettement constaté que ma foulée de course était plus rapide et mon souffle beaucoup plus léger. Facile à pratiquer mais difficile à adopter Pourquoi un entraînement, si efficace, si simple à effectuer, et qui prend moins de 5 minutes par jour, n’est-il pas plus répandu? Sans doute à cause de sa forme inhabituelle et pas très attirante Ça prend effectivement une bonne dose de discipline pour s’adonner quotidiennement à une activité plutôt monotone, et qui d’emblée paraît quelque peu saugrenue. La plupart des athlètes d’élite de sports d’endurance en connaissent les bienfaits, mais très peu l’intègrent systématiquement. Et, comme pour tout autre muscle, afin de conserver les gains obtenus sur nos muscles respiratoires, il faut continuer à les entraîner.


Le plan Il faut d’abord ajuster l’appareil à une résistance de 30 RM (Répétitions maximales), soit la résistance qui vous permet d’effectuer 30 respirations complètes et profondes, sans être capable d’en effectuer davantage.

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4 premières semaines : 2 séries de 30 respirations par jour. Ensuite, pour conserver les gains : 2 séries de 30 respirations tous les deux jours. En bref, la musculation respiratoire est une excellente façon (aisée et efficace) d’améliorer rapidement sa performance en sport d’endurance; et elle s’adresse à tous, peu importe le niveau de condition physique. Que ce soit par curiosité, ou pour se préparer à une compétition, elle vaut vraiment la peine d’être essayée. Quant à développer une pratique assidue et à long terme, peut-être devrait-on demander aux adeptes de cigarettes électroniques le secret de leur persévérance à toujours aimer aspirer dans leur appareil... Il faut dire que ce dernier n’impose pas de résistance!

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*Référence Effect of respiratory muscle training on exercise performance in healthy individuals: a systematic review and meta-analysis.

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Prochaine chronique : L’importance de l’échauffement, à ne pas confondre avec étirement! espaces.ca septembre 2015

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Par Xavier Bonacorsi Chez Inov-8, prononcé « innovate », on croit fermement à la course naturelle. Les chaussures sont donc développées avec un fort souci de légèreté. Malgré son très jeune âge, la compagnie s’est déjà taillée une solide place au sein de l’élite du « trail running ». Au printemps dernier elle lançait la Race Ultra 270, un modèle léger spécialement conçu pour la course de fond en sentier, et j’ai eu l’occasion de l’utiliser régulièrement dès le début de l’été. Premières impressions Inov-8 propose deux largeurs de chaussure. Ayant le pied plutôt large, j’ai opté pour un « Standard Fit », qui offre beaucoup plus d’espace aux orteils que le « Precision Fit ». Le confort du 270 est remarquable, et malgré tout cet espace à l’avant, le ceintrage du pied est excellent. Son poids de 270 grammes augmente également l’impression d’avoir des pantoufles aux pieds. 300 kilomètres plus tard Avec un dénivelé (drop) de 4 mm, la sensation d’être près du sol est bien présente, mais on apprécie également un bon amorti. En fait, le 270 est un bon choix tant pour le coureur minimaliste qui recherche un certain niveau de proprioception au pied, sans totalement se priver d’absorption, que pour le coureur « traditionnel » qui désire s’initier à la course naturelle. J’ai fait une trentaine de sorties variant de 6 à 15 km sur tous types de sentiers

© Xavier Bonacorsi

Le Race Ultra 270 de Inov-8 ainsi que sur route. C’est une chaussure polyvalente et très dynamique : sa semelle, composée de trois densités de caoutchouc, offre une excellente adhérence et répond très bien à la propulsion, même sur le roc mouillé. Son pourtour relativement plat assure une forte stabilité, particulièrement appréciable quand la fatigue s’installe lors de longues sorties. Ses crampons sont toutefois un peu petits pour les pentes détrempées où la boue est prédominante. On sent également le pied travailler plus fort sur les sentiers garnis de grosses racines ou de cailloux de taille moyenne. Le 270 est vraiment à son meilleur sur les sentiers secs et relativement bien tapés. Son empeigne en alvéoles procure au chausson une très bonne ventilation et, pour un modèle aussi léger, une excellente durabilité. On apprécie aussi les deux petites encoches latérales (qui devraient d’ailleurs être présentes sur tous les trail runners). Celles-ci servent à recevoir les crochets des guêtres Race Ultra : plus besoin de lacet d’attache sous la semelle pour les sécuriser. Les guêtres sont vendus séparément et valent largement leur pesant d’or, surtout lorsqu’on coure sur des sentiers où les débris sont omniprésents. Même si on le présente comme une chaussure de longue distance, pour les sorties de 20 km et plus j’opterais davantage pour son grand frère : le Ultra Race 290. Son dénivelé de 8mm et son amorti légèrement plus appréciable le rendent légèrement plus confortable. En bref, le Ultra Race 270 est un modèle polyvalent, confortable, solide et léger, qui mérite sa place au sein de l’arsenal de tout coureur visant la performance. Bonne course ! Prix moyen : $160

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En rupture totale avec l’architecture traditionnelle des autres chalets en bois de l’île, les chalets du Bécasseau et de l’Épervier misent tout sur leur design moderne, intégré dans la nature insulaire. Les ingrédients pour séduire les vacanciers de passage : des formes rectangulaires, une déco épurée, des meubles en matériaux bruts et une fenestration omniprésente afin de faire entrer l’extérieur à l’intérieur. Postés à une dizaine de mètres de la grève, ils bénéficient d’une vue imprenable sur les îles du Pot à l’Eau-de-vie depuis le salon et leur galerie extérieure. À l’intérieur, les pièces sont plutôt petites (ce qu’il faut pour accueillir deux personnes, pas plus), mais aménagées avec ingéniosité (cuisine complète, salle de bain design, chambre séparée). La décoration contemporaine est digne des boutiques les plus en vogue et une attention particulière est donnée aux îles du Bas-Saint-Laurent dans le choix des cadres accrochés aux murs. 38

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C’est une nouvelle ère, tournée vers la modernité et le design, que l’on voit fleurir dans les nouveaux hébergements du Québec – pensez aux chalets EXP des parcs de la Sépaq ou les Zoobox du Vert Tendre dans les Cantons-de-l’Est. Et personne ne s’en plaindra… Infos : 2 chalets à louer (deux nuits minimum) • 2 00 $/nuit pour deux personnes • à ajouter, la traversée en bateau au départ de Rivière-du-Loup : 43,49 $/adulte aller-retour • d e juin au 27 septembre • i leauxlievres.com © Nciolas Gagnon

Soyez aux premières loges du spectacle des marées du SaintLaurent dans le confort d’un chalet ultra design et tourné vers la nature de l’île aux Lièvres.


Aux premières loges

du Saint-Laurent Par Frédérique Sauvée

– Chalets Bécasseau et Épervier – Île aux Lièvres – Bas-Saint-Laurent © Nciolas Gagnon

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Randonnée pédestre sur l’île

Du Bout-d’en-haut (pointe est) au Bout-d’en-bas (pointe ouest) de l’île aux Lièvres, plus de 45 km de sentiers tapissent ce territoire insulaire très effilé. La plupart des sentiers forment de courtes boucles qui permettent d’atteindre un point de vue sur le Saint-Laurent, un attrait de l’île (baie, rochers, battures) ou encore un lieu de rassemblement des habitants des lieux (phoques gris et phoques communs, eiders marins et bélugas). Parmi le choix de sentiers, deux ou trois sont à privilégier : le sentier du jardin, situé sur l’échine centrale de l’île, où l’on observera des épinettes naines, ratiboisées par les incisives des lièvres qui se régalent de la végétation de l’île. Le long du sentier de la mer, les oiseaux marins fouillent le sable de leur bec, à la recherche de coquillages. Enfin, le sentier de la grande ourse totalise 14,5 km (linéaire) et traverse l’île d’un bout à l’autre. On choisit sa direction : vers l’est pour aller à la rencontre des phoques qui se prélassent sur la pointe de l’île, vers l’ouest pour se donner toutes les chances d’entendre le souffle des bélugas et peut-être voir le bout de leur queue.

À faire à proximité :

Excursion en bateau

La traversée vers l’île aux Lièvres est l’occasion de prendre part à une croisière autour de l’autre joyau des îles du Bas-Saint-Laurent : l’archipel du Pot à l’Eau-de-vie. Au départ de Rivière-du-Loup, une navigation de 3 heures avec commentaires d’un guide naturaliste permet d’approcher les falaises des îles pour observer les colonies d’oiseaux marins qui ont l’habitude d’y nicher. On apprend l’histoire des îles, lorsqu’il s’agissait d’un comptoir maritime ou plus tard, d’un lieu de contrebande. Il est enfin possible de débarquer et de visiter le phare rouge et blanc du Pot, très photogénique. Renseignez-vous sur les différentes options d’excursions et les traversées. Tarif : à partir de 25 $/adulte www.pharedupot.com

Kayak de mer autour des îles de Kamouraska

À noter : il est interdit de pratiquer le kayak de mer autour de l’île aux Lièvres et dans l’archipel des îles du Pot à l’Eau-de-vie, car il s’agit de zones protégées. Qu’à cela ne tienne, on profite d’un passage à Kamouraska, à l’aller ou au retour de son séjour, pour mettre à l’eau son kayak et partir en expédition autour de ses îles. Il est recommandé de partir à marée descendante et revenir à marée montante. On pourra observer des bélugas du côté nord des îles de Kamouraska, surtout au mois de juillet. Pour ceux qui ne possèdent pas leur propre embarcation, la Sebka dispose d’une flotte de kayaks et propose des sorties guidées ainsi que de superbes emplacements de camping. Une belle façon de prolonger son séjour maritime. espaces.ca septembre 2015

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Petit joyau à la démesure impressionnante, le parc national des Hautesgorges-de-la-rivière-Malbaie, à réouvert ses portes aux visiteurs cette année. Au pays des draveurs, le paysage déploie un décor plus qu’enchanteur qui cause un vertige un vertige assurément agréable.

Par guillaume st-pierre

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epuis la réouverture, l'offre d'activités attire les amateurs de défis comme les familles aventureuses. En été, les plus aguerris se dirigent directement vers l’Acropole des Draveurs, sentier renommé avec son dénivelé de près de 800 mètres. Les contemplatifs préfèrent la balade en bateau-mouche sur la rivière, alors que durant la période hivernale, ce sont les aficionados de l'escalade de glace qui s'attaquent à la mythique Pomme d’or, une voie de haut niveau : tout le monde y trouve son compte.

© Guillaume St-Pierre

Le gigantisme habite les lieux et peut être découvert autant du côté terrestre que nautique, voire aérien en raison des points de vue saisissants. à bord d’un bateau-mouche. À la recherche de solitude et de défi, je me suis dirigé vers cette réserve mondiale de la biodiversité en emportant avec moi le plus de matériel de plein air possible, projetant un périple solo pourtant minimaliste que je me promettais depuis quelques temps. L’abondance des possibilités ne me laissait guère le choix. Matos de camping, sac à dos de 60 litres et un kayak de mer constituaient principalement mon arsenal lorsque j’ai largué les amarres vers Charlevoix. Cependant, nul besoin de trimballer votre rabaska car un service de location bien fourni permet de s’équiper sur place, de l’embarcation nautique à la remorque de vélo. Immanquable quand pullulent à ce point les sports à pratiquer.

Au détour du lac Nairne, d’où surgissent déjà les vertigineux caps, l’endroit dévoile à peine ses secrets. Si le stationnement vous paraît bondé, il ne faut pas tout de suite déchanter et oublier vos espérances d’isolement. C’est que dans le parc, seules des navettes permettaient jadis de voguer d’un point d’intérêt à l’autre, à l’exception d’un accès aux campings du Cran et du Pin blanc. Si l’accès vers le centre de services du Draveur a été revu pour la réouverture en 2015, la grande majorité des déplacements s’effectue encore à l’aide de petits autobus. Ces derniers vous déposent à divers endroits dans le parc et c’est à bord d’un de ceux-ci que je m’engouffrai afin d’affronter la fameuse Acropole. Si la progression avec un sac à dos bien rempli à travers l’allée centrale n’est pas mince tâche, la ballade en bus est ponctuée de points d’intérêts cocasses, plus particulièrement lorsque la route se dynamite un chemin d’une seule voie à travers le roc, obligeant le passage d’un seul véhicule à la fois. Se retrouver à l’étroit dans un espace si vaste, ça relève de l’extraordinaire. Pas surprenant que cette section porte le nom évocateur des « portes de l’enfer ». Le réaménagement du sentier auparavant réputé comme étant l’un des plus difficiles dans la province permet une ascension sinueuse, qui adoucit quelque peu l’important dénivelé enfilé en moins de deux kilomètres. Le mercure assez élevé lors de la montée a rapidement transformé mon avancée en un combat ardu vers Suite page 42

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© Guillaume St-Pierre

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Parc national des Hautes-gorges-de-la-rivière-Malbaie

le sommet, ce que je n’ai pas détesté. Toutefois, au point culminant, le microclimat alpin aura vite fait de vous convaincre d’enfiler une laine avant de parcourir les trois crêtes qui surmontent le mince filet qu’est devenu la rivière Malbaie. Le panorama qu’offre l’Acropole vous fera oublier les efforts qu’a nécessité la montée, et je vous recommande une visite tardive pour y admirer le soleil déclinant derrière les massifs, laissant les lumières lointaines de Clermont et de La Malbaie se profiler à travers la pénombre. Qui plus est, les cimes seront assurément moins achalandées.

plaisanciers d’accéder en voiture », indique André Rouleau, directeur du parc. Cela simplifie le casse-tête que devenait la planification d’un séjour au camping l’Équerre, situé à 8 km en amont du barrage, accessible uniquement par la rivière ou par un sentier qui longe cette dernière. Car une fois arrivé au centre de services Le Draveur où se situe le centre de location, sans véhicule, le simple oubli d’un contenant d’isopropane fait rapidement rager celui qui croyait avoir tout emporté. Ce sera la cuisson sur le feu, tant pis!

Le lendemain, troquant les bottes pour la pagaie, j’approche mon véhicule de la navette du parc à laquelle est arrimée une remorque. J’y installer mon embarcation. « Le réaménagement du secteur du barrage des Érables permets maintenant aux

Cet épisode sera vite oublié une fois bien installé dans l’hiloire du kayak, maintenant devenu un point à peine visible depuis le promontoire rocheux d’où j’observais ce décor il y a à peine douze heures. Encavé dans l’immense canyon dans lequel la Suite page 44

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rivière se fraie un chemin, le visiteur est rapidement envahi d’un sentiment apaisant. En dépit d’un ciel complètement dégagé, seul le bruit sourd du tonnerre parvient à me sortir de ma rêverie. Flairant l’intempérie, je cherche tant bien que mal les nuages menaçants pour me rendre compte que ce sont des éboulis rocheux, provenant des parois m’entourant à profusion, qui sont à l’origine de mes appréhensions. C’est à la pointe aux Inukshuks que j’arrêterai casser la croûte en observant les cairns façonnés par les visiteurs avec le roc omniprésent dans le parc. D’importants travaux de réfection ont toutefois eu lieu en 2014, occasionnant la fermeture complète du parc. Cette revitalisation a entre autres permis un accès au barrage des Érables, point de départ de nombreuses activités mais surtout seul accès à la rivière Malbaie. Il est maintenant possible d’aller au barrage avec son véhicule, notamment pour y déposer son embarcation ou y stationner son véhicule lors de nuitées au camping de l’Équerre.

Un départ matinal aura l’avantage de vous faire profiter du miroir qu’offre le cours d’eau en l’absence de vent, transformant votre retour en une douce dérive vers le barrage. Si la scène qui se déploiera devant vous aura tous les attributs du surréalisme, les peintres impressionnistes ne sauraient résister à l’envie d’immortaliser les parois qui se répercutent dans l’axe qui les séparent.

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© Laëtitia Boudault

© Laëtitia Boudault

© Guillaume St-Pierre

© Laëtitia Boudault

Il faut s’assurer d’être bien chaussé une fois arrivé à l’Équerre car le camping est le point de départ d’un secret bien gardé dans le parc, le sentier de la chute du ruisseau blanc. S’il n’offre peut-être pas une difficulté ainsi qu’un belvédère aussi spectaculaires que le mont des Érables où se situe l’Acropole, sa bucolique chute de 45 mètres vaut le déplacement. De retour à votre camp de base, il est conseillé de remonter la rivière jusqu’aux rapides peu après votre souper afin d’apprécier la quiétude des lieux.



Lydiane autour d Icebreaker presente

Cartes postales de Bolivie par Antoine Stab

En 2014, Lydiane St-Onge, Québécoise de 27 ans, quitte son travail pour voyager et faire le tour du monde. Après l’Asie, la native de Trois-Rivières a mis sur le cap sur l’Amérique du Sud. Elle nous a envoyé plusieurs cartes postales de son périple en Bolivie. La route de la mort en vélo de montagne « C’est la route la plus dangereuse au monde où 200 à 300 personnes se tuent chaque année. Un chemin à deux sens, de 2 et 4 mètres de large, utilisé autrefois pour relier la région agricole et tropicale des Yungas à La Paz. Elle est encore en fonction, mais elle est en très mauvaise condition, avec beaucoup de trous, de roches et peu de garde-fou pour sécuriser le passage, surtout au-dessus des précipices qui peuvent aller jusqu’à 400 m de profondeur... La moindre erreur de pilotage en voiture t’envoie dans le ravin… En descendant, j’ai pu voir des centaines de croix. Cela te rappelle constamment le danger. Il n’y a pas beaucoup de place à l’erreur, même en vélo. Malgré le risque, le tourisme s’y est développé, avec des agences de voyages qui proposent des descentes en vélo de montagne, de 3 000 mètres de dénivelé. C’est énorme!

C’est une activité assez extrême. Je ne la conseillerais pas aux débutants. J’avais un peu d’expérience. Cela demeure une route dangereuse, et on doit rester prudent. Mon guide m’a confirmé que 90 % des accidents et des décès auraient pu être évités. C’est souvent dû à un cycliste trop confiant ou qui a freiné uniquement avec l’avant et qui est passé par-dessus son vélo. Il faut aussi s’assurer de faire appel à une bonne compagnie avec des vélos en bon état. » Le festival Gran Poder « C’est le plus gros festival de La Paz, une fois par an, fin mai. Tous les indigènes aymaras, regroupés en fraternités et habillés de la même façon, se rassemblent et dansent toute la journée, de 8 heures du matin à 2 heures du matin, le lendemain. C’est une immense fête, pour honorer le Grand Poder, le grand pouvoir… et une bonne excuse pour boire et s’amuser! C’est également l’occasion de montrer toute l’étendue de sa richesse. Les femmes qui dansent portent des costumes d’environ 1 000 dollars. Sans compter les bijoux. D’où la présence de gardes du corps qui assurent la sécurité. C’est très encadré. Chaque fraternité a ses costumes et ses couleurs propres.

Les paysages sont à couper le souffle. On passe de la neige et peu de végétation à une flore tropicale.

Grâce à une amie bolivienne, j’ai pu participer au défilé et danser avec une fraternité. Les touristes y sont rares. Quand je dansais, tout le monde me pointait du doigt. Cela émerveillait les spectateurs. C’est une expérience unique! »

Cela faisait longtemps que je voulais la faire. J’aime les sports extrêmes et me frotter au danger. J’ai essayé de pousser un peu dans les courbes pour avoir une dose d’adrénaline, sentir le danger, tout en gardant le contrôle.

L’ascension du Huayna Potosí « Une expérience incroyable. Mon premier sommet au-dessus de 6 000 mètres. Je me suis acclimaté à l’altitude pendant un mois à La Paz.

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du monde

FESTIVAL Je n’avais jamais fait d’escalade de glace. C’est une montagne relativement accessible au niveau technique. Mais cela ne veut pas dire que c’est une ascension facile. Elle s’est faite en 3 jours. La première journée, je me suis entraînée avec mon équipe à monter un glacier, à environ 4 600 mètres. J’ai appris les mesures d’urgence, à marcher en cordée, à m’habituer à l’équipement. Le lendemain, on est parti du camp de base pour un camp plus haut, à 5 200 m. Tout allait bien jusqu’à ce moment-là. Je n’étais plus capable de manger. Je me suis couchée, sans parvenir à dormir. Mon cœur battait fort, comme si j’avais bu 4 cafés! Au moment du départ, à minuit, vers le sommet, j’ai quand même enfilé mon équipement et suivi mon équipe. À environ 5 700 m d’altitude, je ne me sentais pas bien du tout. Des vomissements, des hauts le cœur, des maux de tête… J’avais le mal des montagnes. C’était intense! Mon guide m’a examinée. Je n’avais heureusement pas de signes d’œdème cérébral. Je pouvais donc me rendre au sommet. J’ai lutté pour y arriver, et cela en a valu le coup. La vue au lever de soleil était… hallucinante! Sûrement l’une des plus belles choses auxquelles j’ai assisté dans ma vie. Un sentiment de fierté et d’accomplissement m’habitait. Cette ascension a été une expérience très difficile, mais j’ai réussi à repousser mes limites. » Suivez ses aventures dans l'émission Lydiane autour du monde, mercredi 20 h, en rappel samedi 10 h sur Évasion. Plus de détails sur evasion.tv. D'autres cartes postales boliviennes de Lydiane sur l'édition tablette Espaces+ et sur espaces.ca.

D’AUTOMNE Un festival de randonnées et de nature Tous les week-ends

Une présentation de

du 12 septembre au 12 octobre • Balades en télésiège • Randonnées guidées • Initiation au «slackline» • Essai de «fatbike» • Miniparcours d’hébertisme

• Bricolage et animation • Jazz et chansonniers • Dégustations de vins locaux • Grande vente d’entrepôt • Et tellement plus…


NOUVEAUTÉS

Évadez-vous

1 LYDIANE AUTOUR DU MONDE

Mercredi 20 h, en rappel samedi 10 h Suivez Lydiane St-Onge dans un périple en Amérique du Sud où cette nomade-née, citoyenne du monde, vous fera découvrir ce que voyager simplement, librement et sans limite de temps signifie.

2 TOUJOURS PLUS LOIN AVEC ANTHONY BOURDAIN

Lundi 22 h, en rappel samedi 21 h Parcourez le globe avec Anthony Bourdain, chef de renommée mondiale, auteur à succès et personnalité-télé couronnée d’un Emmy, pour célébrer la culture et les traditions culinaires de ses habitants.

3 LES ROIS DE L’ILLUSION

Vendredi 20 h, en rappel samedi 12 h Voyagez avec Magik, Loki et Johnny, 3 amis qui ont plus d’un tour dans leur sac ! Qu’il s’agisse de ressusciter un oiseau ou de téléporter quelqu’un à 650 mètres, ces magiciens vous laisseront abasourdis.

4 TRIP FLIP : VACANCES GRATUITES

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Vendredi 18 h 30, en rappel dimanche 17 h L’attachant Bert Kreischer surprend des vacanciers et les emmène faire le ‘’trip’’ de leur vie pendant quelques jours. Leurs plans seront complètement chamboulés pour vivre des expériences hors du commun.

5 #TAMYUSA

Lundi 20 h, en rappel samedi 20 h, dès le 21 septembre Partez avec Tamy Emma Pepin à l’assaut de la côte Ouest américaine où cette voyageuse invétérée, passionnée de photographie, se sert d’Instagram pour rencontrer des influenceurs, découvrir des lieux uniques prisés des locaux et vivre des expériences exceptionnelles.

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NOUVELLES SAISONS

6 MONSTRES D’EAU DOUCE

Mardi 20 h, en rappel samedi 15 h Le pêcheur extrême Jeremy Wade repart en quête des poissons d’eau douce amateurs de chair humaine. Ce périple houleux allie l’action et l’aventure aux mystères et aux poursuites haletantes, dans un véritable bras de fer entre l’homme et des créatures quasi surnaturelles.

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7 BAGAGES AUX ENCHÈRES

Lundi 18 h 30, rappel dimanche 17 h 30 Des bagages perdus, des marchandises non réclamées, des biens saisis par les autorités… Voilà ce que s’arrachent nos experts en enchères : Billy Leroy, Mark Meyer, Laurence Martin et sa femme Sally.

8 PRÊT À PARTIR

Du lundi au vendredi 12 h, en rappel 18 h Animé par le passionné Francis Reddy, ce jeu-questionnaire mettra vos connaissances générales et du voyage à l’épreuve. En répondant aux questions voyages sur le site evasion.tv, vous pourrez participer au concours et gagner gros vous aussi !

9 VU SUR TERRE

Mercredi 21 h, en rappel vendredi 10 h On vous propose de grands voyages vers des destinations sauvages, à travers trois grands portraits de femmes et d’hommes qui vivent en harmonie avec leur environnement.


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10 CROISIÈRES DE RÊVE

Jeudi 20 h, rappel samedi 18 h À bord de palaces flottants, apprenez à profiter du grand luxe et des activités offertes tout en découvrant de multiples destinations paradisiaques. Explorez des lieux mythiques, découvrez du pays, assistez à des excursions emballantes.

evasion.tv

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Dessine-moi un joint Par Maxime Bilodeau

© Illustration : Karine Charlebois

Le vent de la légalisation et la décriminalisation du cannabis souffle de plus en plus fort en Amérique du Nord. Les mordus de plein air, les sportifs de fin de semaine et même des athlètes professionnels consomment. Le phénomène lève de nombreux débats. Est-ce que la consommation va à l’encontre l’esprit du sport?

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Pierre B. se souvient de la première fois qu’un des ses potes lui a tendu un joint de marijuana. C’était en 2012, au pied du mont Sainte-Anne. Il sortait son vélo de montagne de sa voiture. « Essaie ça, tu m’en donneras des nouvelles! » D’ordinaire assez raisonnable, surtout avant une séance de sport, Pierre s’est néanmoins laissé tenter. « Jamais je n’avais aussi bien monté les côtes », se rappelle ce vététiste aux mollets affutés. C’était la première fois qu’il roulait « gelé comme une balle ». Malgré l’irritation causée par l’inhalation de la fumée, il a adoré l’expérience. « Je survolais les sentiers, transporté par une énergie aussi débordante qu’inexplicable »,

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décrit-il. Depuis, même s’il ne s’en vante pas, Pierre pédale régulièrement sous l’influence de la marie-jeanne. Originaire des contreforts de l’Himalaya, le chanvre indien (Cannabis indica), dont les propriétés psychoactives, sont connues de l’homme depuis environ 8000 ans avant notre ère, a surtout été utilisé pendant des millénaires pour fabriquer des cordages, des espadrilles et des vêtements. Le recours à sa résine, riche en substances chimiques, dont le fameux tétrahydrocannabinol (THC) aux vertus psychotropiques, qui pensait-on permettait de se rapprocher des divinités, remonte lui aussi à des temps immémoriaux.


DU SPORT SOUS INFLUENCE Marginal, vraiment?

Criminalisé au début du 20 siècle, le ganja est toujours considéré dans la plupart des pays comme une drogue illicite. Sur le continent américain, c’est l’Uruguay qui a été le premier pays à légaliser l’utilisation du cannabis en 2013. Plus récemment l’Équateur et l’état du Colorado aux États-Unis, ont légalisé sa production, sa vente et sa possession. Les états de Washington, de l’Alaska et l’Oregon ont suivi et depuis, la substance effectue un retour en force au pays de l’oncle Sam où l’on accepte maintenant une possession maximale de 28 g et sa consommation pour les adultes de 21 ans et plus. Résultat : les langues se délient et les témoignages au sujet de l’utilisation du cannabis se multiplient; même chez les sportifs professionnels. e

Dans un article paru en février 2015 dans le Wall Street Journal, on révèle que le psychotrope est très populaire parmi les ultra-marathoniens. Le coureur Américain Avery Collins reconnait l’utiliser pour mieux connecter son corps et la nature. « Les cieux sont plus bleus et les prés sont plus verdoyants lorsque je suis gelé », relate l’athlète de 22 ans. Même les sportifs oeuvrant dans les grandes ligues comme la NFL (Ligue nationale de Football) sont concernés. Selon plusieurs joueurs aujourd’hui à la retraite, de 10 % à 70 % des 1700 joueurs de la Ligue utilisent le cannabis sous l’une ou l’autre de ses formes. Certains la consomment pour le plaisir. D’autres, pour s’aider à gérer les blessures inhérentes à leur sport. D’autres encore, pour apaiser les nombreux symptômes des commotions cérébrales.

« Des vertus incroyables » C’est toutefois à l’Olympien canadien Ross Rebagliati que revient le titre du plus médiatisé utilisateur de marijuana. Lors des Jeux olympiques de Nagano, en 1998, il s’est vu retirer, puis remettre, sa médaille d’or en surf des neiges– il avait été contrôlé positif à ladite substance. Aujourd’hui, il dirige Ross’ Gold, une compagnie basée à Whistler qui commercialise de la marijuana à des fins médicales. Fier porte-étendard du mouvement prolégalisation du cannabis, ce dernier croit fermement en ses vertus.

« Les cannabinoïdes que l’on retrouve dans la plante ont des vertus incroyables et particulièrement utiles pour les sportifs. Le cannabidiol, par exemple, aide à réduire l’inflammation et la douleur, un peu comme le ferait un analgésique. D’autres, comme le cannabinol ou le cannabigerol, diminuent le stress, et améliorent l’humeur », explique-t-il. Dans les faits, ce ne sont pas tous les extraits de cannabis qui, comme le THC, font «planer.» D’ailleurs, la plupart sont réputés inoffensifs.

Rebagliati va même jusqu’à recommander la marijuana à tous les athlètes, peu importe leur discipline et leur niveau de pratique sportive – mais pas chez les jeunes et les adolescents dont le cerveau se développe encore. « Je pense qu’il est temps de remiser le stéréotype du fumeur fainéant aux yeux rougis et prisonnier de son divan. C’est une conception dépassée. La preuve : plusieurs, comme moi, l’utilisent quotidiennement tout en vivant une vie active et bien remplie! », s’exclame l’entrepreneur de 44 ans.

On ne rit pas Or, les autorités sportives ne rigolent pas avec l’herbe. Depuis le 28 avril 1998 suite à l’affaire Rebagliati, le Comité international olympique (CIO) l’a interdit dans toutes les compétitions. En 2004, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a aussi classé le cannabis et la marijuana dans la liste de ses substances prohibées. Au-delà du seuil de 150 ng/ml d’urine de THC à partir duquel un athlète est considéré comme positif au produit dopant, l’AMA considère qu’elle représente un risque pour la santé de l’athlète - elle nuirait à sa prise de décision et à sa vigilance - et qu’elle contribue à améliorer ses performances. « Ces avantages se traduisent surtout en une désinhibition face à la peur ainsi qu’une plus grande créativité », explique Paul Melia, président-directeur général du Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES). Concrètement, cela permettrait aux athlètes qui l’utilisent de s’aventurer au-delà des limites traditionnelles du risque, comme lors d’une descente à ski par exemple.

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Proche du nirvana

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orsqu’on pratique une activité sportive intensément, l’organisme sécrète des cannabinoïdes endogènes, ou endocannabinoïdes. Ces derniers, dont les modes d’action sont très proches du THC, la molécule psychoactive du cannabis, sont responsables de l’euphorie qui frappe, entre autres, les coureurs. Fumer un joint n’est donc qu’un moyen d’atteindre plus rapidement, et sans le « désagrément » de l’entraînement, cet état proche du nirvana.

Au final, tout comme les adeptes de cannabis, les sportifs, ne sont donc peut-être que des individus accrocs au plaisir et à l’équilibre que procurent l’épanouissement physique; une condition essentielle à leur bonheur! Aucune substance n’a été fumée, inhalée, mangée, ou absorbée au cours de la production de ce reportage.

Une opinion que ne partage pas la Dre Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage du Centre INRS-Institut Armand-Frappier. « Je ne suis pas persuadée que ça augmente les performances, ni même que ce soit si efficace que ça », affirme-t-elle. Selon elle, les quelques études qui se sont intéressées au sujet datent et, pour la plupart, confirment « ce qu’on sait déjà », soit que la marijuana a des effets à la fois relaxants et euphorisants. « De toute façon, ce n’est pas une drogue de performance pour laquelle j’ai beaucoup d’intérêt, avoue la spécialiste internationale de la lutte contre le dopage. Après tout, ce n’est pas de l’érythropoïétine (EPO), ni des stéroïdes, ni des hormones de croissance. Il faut fouiller beaucoup et se fendre les cheveux en quatre pour trouver des liens entre cannabis et performances. »

À l’entraînement Pourtant, Clifford Drusinsky, lui, trouve de nombreux avantages à la marijuana. Dans un article paru en 2013 dans Men’s Journal, le triathlonien de 39 ans raconte comment une barre énergétique contenant de la marijuana lui permet, à raison de 4 à 6 fois par semaine, d’enchaîner une heure de natation avec trois heures de vélo ou une course à pied de 20 km. « Lorsque je suis high, je m’entraîne plus intelligemment et je suis plus conscient de ce que je fais », assure le propriétaire du gym de Denver F.I.T.S. Conditionning. Sans surprise, ce dernier proclame les vertus du cannabis auprès de sa clientèle. Comme Drusinsky, Louis-Jean D. ne rechigne pas à l’idée de fumer un joint avant d’aller à l’entraînement. « Quand j’en consomme avant d’aller soulever de la fonte à la salle de musculation, je suis davantage concentré sur mes mouvements. Je sens mes muscles travailler sans que je ne sois tenté de compenser mes efforts avec des mouvements parasites, dit ce Montréalais habitué aux vitamines, shakes et autres suppléments. En fait, j’ai l’impression d’être comme un robot, une machine à la précision infaillible et à la résistance infernale ». Lui aussi trouve son entraînement plus efficace sous influence. C’est peut-être là un des plus grands paradoxes de cette drogue : interdite en compétition, elle est néanmoins fort populaire à l’entraînement, où, dit-on, elle améliore le rendement. C’est ainsi que Ross Rebagliati, jadis, l’utilisait dans sa pratique sportive. « Le cannabis m’aidait à être l’athlète que je voulais être. Consommer me permettait de m’entraîner et de rester motivé pour affronter la routine quotidienne d’un Olympien. Mes doutes et mes remises en question étaient atténués par l’inspiration et la passion qui découlaient de ma consommation », lance-t-il.

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Un jour, peut-être Le mouvement international de légalisation et de décriminalisation du cannabis s’étendra-t-il un jour à la sphère sportive? Si les autorités sont sceptiques – « je doute fortement que le poids de la preuve scientifique soit suffisamment lourd pour en arriver là », estime Paul Melia, du CCES —, les principaux intéressés, eux, le souhaitent ardemment. Selon eux, ce n’est qu’une question de temps avant que le cannabis soit traité comme l’est, par exemple, la caféine. C’est en tout cas ce que pense Ross Rebagliati. Selon lui, ces deux drogues sont tout aussi inoffensives l’une que l’autre. Consommées à des doses excessives, elles causent de désagréables effets secondaires. Mais, à des quantités normales, l’utilisateur peut en tirer certains plaisirs et des bénéfices qui aident à mieux fonctionner. Il estime que le traitement diamétralement opposé que l’on réserve à ces deux substances s’explique simplement par le catalogage qu’on en fait, et non par leurs propriétés réelles. « Nous sommes très prompts, au Canada comme aux États-Unis, à accoler une étiquette a priori négative au cannabis, remarque-t-il. C’est cette stigmatisation qui, au final, amène les athlètes à se cacher pour consommer, de peur de perdre leurs commanditaires ou de se faire réprimander. » C’est ce qui lui était arrivé en 1998 à l’issue à l’issue de son contrôle positif. En 2009, Michael Phelps a aussi subi de telles conséquences pour avoir été photographié alors qu’il utilisait une pipe à eau, ou bong. Contrairement à Rebagliati, certains commanditaires, dont Speedo, Omega et Visa, lui étaient toutefois restés fidèles. Signe des temps qui changent? En attendant ces « jours meilleurs », il y a fort à parier que plusieurs sportifs, amateurs comme professionnels continueront de consommer du cannabis et de planer de plaisir en pratiquant leur sport favori.


wigwam.com

ULTRA-COOL LITE CREW

Statistiques

Ultra-léger. Ultra-frais. Ultra-sec.

Canadiens sur 10

sont en faveur de la légalisation ou de la décriminalisation pour petites quantité de cannabis, selon un sondage réalisé par le Ministère de la Justice du Canada en juillet 2014

17,8 ng/ml Quantité de marijuana retrouvée dans les urines de Ross Rebagliati en 1998.

15 ng/ml

Ancien seuil de tolérance au cannabis de l’AMA. Ce dernier a été relevé à 150 ng/ml en 2013 afin d’éviter les tests positifs après un usage récréatif plusieurs semaines avant les compétitions.

Les Québécois sont les deuxièmes plus grands utilisateurs de cannabis après les Ontariens. En 2012, 4 386 897 d’entre eux ont avoué en avoir déjà consommé.

400 Nombre de composés chimiques contenus dans la plante.

sortes de cannabinoïdes connues à ce jour.


Reportage

Paradis les Aรงores

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s trouvé Par Patrice Halley

A

© Geneviève Giasson

ssis à 2 351 mètres sur le sommet du mont Pico, je contemple une lueur ardente qui envahit doucement le ciel d’encre. Éclairées à contre-jour par la lumière matinale, des fumerolles dansent sur la lave noire. « Tu es incroyablement chanceux! commente ma guide Sonia Mandes, alors que les rayons du soleil réchauffent l’air ambiant. La plupart du temps, quand j’arrive ici avec des clients, on voit rarement un lever de soleil. » Notre ascension a commencé au petit du matin. Avec la vigueur d’un officier chasseur alpin, Sonia m’a guidé dans la noirceur totale. Bien que j’ai plaidé pour quelques arrêts, grimper du centre d’accueil du stratovolcan, situé à 1 200 mètres, jusqu’au sommet a pris moins trois heures. Les athlètes qui ont la patience d’attendre les dilettantes de la forme comme moi sont rares. Sans Sonia, j’aurais sans doute manqué l’un des indicateurs du sentier ainsi que le spectacle : la lumière, couleur « popsicle-à-l’orange » s’élevant au-dessus de l’horizon pour révéler la crête en dents de scie de l'imposant cratère de 500 mètres de diamètre. Puis, son ombre conique, parfaite, projetée sur les derniers nuages. « Le pire, ce sont les journées pluvieuses et brumeuses, continue Sonia. Les sentiers deviennent extrêmement glissants. Récemment, quelqu’un s’est perdu dans la brume et a fait une chute mortelle. »

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Assis à 2 351 mètres sur le sommet du mont Pico, je contemple une lueur ardente qui envahit doucement le ciel d’encre. Éclairées à contre-jour par la lumière matinale, des fumerolles dansent sur la lave noire. « Tu es incroyablement chanceux! commente ma guide Sonia Mandes, alors que les rayons du soleil réchauffent l’air ambiant. La plupart du temps, quand j’arrive ici avec des clients, on voit rarement un lever de soleil. » Notre ascension a commencé au petit du matin. Avec la vigueur d’un officier chasseur alpin, Sonia m’a guidé dans la noirceur totale. Bien que j’ai plaidé pour quelques arrêts, grimper du centre d’accueil du stratovolcan, situé à 1 200 mètres, jusqu’au sommet a pris moins trois heures. Les athlètes qui ont la patience d’attendre les dilettantes de la forme comme moi sont rares. Sans Sonia, j’aurais sans doute manqué l’un des indicateurs du sentier ainsi que le spectacle : la lumière, couleur « popsicle-à-l’orange » s’élevant au-dessus de l’horizon pour révéler la crête en dents de scie de l'imposant cratère de 500 mètres de diamètre. Puis, son ombre conique, parfaite, projetée sur les derniers nuages. « Le pire, ce sont les journées pluvieuses et brumeuses, continue Sonia. Les sentiers deviennent extrêmement glissants. Récemment, quelqu’un s’est perdu dans la brume et a fait une chute mortelle. » Étant constamment à la recherche de nouveaux terrains de jeux, j'avais entendu parler des « Açores » dans les bulletins météo. J'étais intrigué par cet archipel perdu dans l’océan Atlantique où naissent les anticyclones. La perspective d’explorer des îles volcaniques était déjà assez attrayante. Mais quand un ami marin, échoué là lors d'une traversée, mentionna que chaque île était couverte de sentiers, de forêts 56

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luxuriantes, de chutes d'eau cristallines et de calderas baignées de lacs multicolores, je sus que je devais y aller. Posées entre l'Afrique et l'Amérique, les Açores, vues du ciel, ressemblent à une flottille de navires perdus en mer. Mon aventure a commencé à trois cents kilomètres de Pico, sur Flores. Avec ma conjointe, Geneviève, nous avons prévu d’y faire du canyoning. Créée par un gigantesque volcan sous-marin en même temps que Corvo, sa sœur, Flores est sur la liste des réserves mondiales de la biosphère dressée par l'UNESCO. Avec sa côte extrêmement escarpée, cette merveille naturelle s'élève au-dessus du bleu infini de l'océan. Bénéficiant d'un climat subtropical humide et généreux, Flores est couverte d’une végétation exubérante. De nombreuses espèces de fleurs exotiques — et d'une étonnante variété — s’y abritent; d'où son nom en portugais. Avec près de 240 mm de précipitations annuelles, l'eau y est abondante. Elle nourrit beaucoup de torrents et d'incroyables chutes comme le Poço da Alagoinha Grande, une série de cascades panoramiques tombant de 300 mètres de haut dans un cirque digne du Parc jurassique. Nous rencontrons notre guide local, Marco, qui vient nous chercher à l'hôtel Ocidental. Le but de la journée est de descendre la Ribeira Ilhéus Inferior. « C'est comme descendre dans les parties intimes de l'île », dit Marco en gloussant alors qu'il négocie l'un des virages en épingle qui grimpent sur le dos de « son » île. Après une rapide, mais intense, séance d'introduction au canyoning en toute sécurité, nous nous préparons à descendre 30 mètres en rappel dans une crevasse sombre. Le tout à partir d'un Suite page 58


© Patrice Halley

pont en pierre, vieux de trois cents ans. Le torrent y a creusé son lit dans la plaque basaltique par des millénaires d'érosion aquatique. Pour différentes raisons, nous sommes extatiques et exponentiellement nerveux. Moi à cause de l'eau. Ma chérie parce que c'est son premier rappel. « Prépare-toi à être impressionné! » lance Marco alors que je descends dans le vide. Je n’ai aucune crainte des hauteurs, mais je suis un nageur moyen. J'ai déjà failli me noyer quelques fois. J'essaye d'ignorer qu'en bas, je vais devoir nager au travers d’une profonde piscine naturelle remplie d'eau sombre. La cascade est assourdissante, mais au moins l'eau n'est pas froide. La descente se fait rapidement et en douceur. Bientôt, je nage calmement à travers le bassin rocheux. Je me tourne sur le dos pour regarder vers le haut. Mais la corde pend, immobile. Pendant de longues minutes, rien ne se passe. Je sais que même avec la double corde, Marco va avoir besoin de convaincre Geneviève que sa première descente en rappel sera une expérience plaisante et sécuritaire. Quelques longues minutes supplémentaires s'écoulent puis la corde commence à bouger. Une forme humaine en combinaison en néoprène gigote dans le vide. Quelques minutes plus tard, mon amoureuse est dans mes bras avec un grand sourire de fierté accroché au visage. « Je l'ai fait! » dit-elle triomphalement. Un peu plus tard, là où je me dégonflerai, elle sautera sans aucune hésitation d'une dizaine de mètres dans une chute d'eau. Les peurs sont ainsi faites. Qu'elles soient intuitives ou acquises de façon cognitive, elles sont souvent irrationnelles et dures à contrôler. Mais nous avons deux options, soit on fait un pas de côté, soit on les confronte pour construire

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© Thomas Ulrich

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Parapentisme à San Miguel

notre confiance en nous basée sur un souvenir positif de l'expérience.

© Patrice Halley

Nous continuons plus profondément dans l'intestin de l'île, comme si nous explorions un monstre d'une nature généreuse. Nous nageons sur le dos, regardant le ciel distant et la lumière du soleil, qui nous atteint à peine au travers de la végétation et la profondeur. Une tapisserie de mousses couvre les murs du canyon d'une mosaïque de verts hallucinogènes. Dans un combat désespéré pour trouver quelques ancrages, les racines des arbres s'accrochent aux rebords du gouffre étroit. Les branches et les lianes s'entremêlent, tissant le filet d'une canopée éphémère au-dessus de nos têtes. Nous sommes au fond d'un autre monde où les humains mettent rarement les pieds. Trois heures et quelques descentes en rappel plus tard, malgré le facteur frayeur auquel nous avons dû faire face au début, nous sommes expulsés près de l'océan après une expérience grandissime qui nous rappelle que toutes les peurs sont faites pour être conquises. Nos sourires pourraient atteindre les deux côtés du torrent.

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Avec un littoral de 53 kilomètres, São Jorge, située dans le groupe central de l'archipel, est la deuxième plus longue île de toutes les Açores. La crête pentue et accidentée qui traverse l'île dans sa longueur et ponctuée de fajãs. Ces terrains plats, mais souvent en pente, ont été créés soit par des accumulations de débris dues à des glissements de terrain ou proviennent d'anciennes coulées de lave. Les fajãs sont des bouts de terre symboliques recherchés sur ces îles montagneuses. Au cours des siècles, les plates-formes supratidales devinrent fertiles et furent cultivées. Si autrefois les fajãs étaient désirables pour l'agriculture avec des champs plantés de légumes, de vergers et même de caféiers; de nos jours, elles sont toujours prisées pour leur beauté, la paix exceptionnelle qu'elles procurent et leur microclimat. Vue du dessus la Fajã da Caldeira de Santo Cristo ressemble à une oasis. Elle est fameuse pour deux choses, ses palourdes et son break de surf. Le lagon d'eau saumâtre est malheureusement contaminé par les algues rouges; mais quand les vagues sont bonnes, les surfeurs se passent le mot et arrivent de partout. Ils ne font juste plus de festins de palourdes après leur surf... En compagnie de notre guide, Dina Nunes, nous accédons au village isolé après deux heures et demie de marche. Le paysage n'a été rien de moins que spectaculaire. Dina, avec son partenaire Jorge Santos opère une petite compagnie d'aventure qui vise à aider les gens à découvrir « leur » île plus intimement; en la marchant. Le travail est parfait pour ce petit bout de femme athlétique. Dina nous offre une expérience à couper le souffle. Et ce n'est pas juste une façon de parler. Le gain total en élévation sur les premiers 3,5 kilomètres du sentier est de 752 mètres… si vous entamez votre randonnée au niveau de la mer! Mais, grâce à Dina, nous commençons sur les hauteurs, à Serra de Topo, d'où nous descendons les 9 kilomètres en suivant un ruisseau et les pâturages le long de la Caldeira de Cima. Nous terminons au niveau de la mer près de la Fajã de Santo Cristo. De là, nous rejoignons Fajã dos Cubres où Dina nous a organisé un transport avec son beau-frère. La famille est une valeur importante pour les Açoréens, et nous les en remercions! Le jour suivant nous randonnons encore, avec Jorge cette fois.


Vols vers Ponta Delgada et connexions inter-îles : Sata dessert les Açores depuis Toronto et Montréal en saison : www.sata.pt Monnaie locale : euro 1 € = 1,42 CAD Tourisme Açores : www.visitazores.com Sentiers de randonnée aux Açores : www.trails.visitazores.com/fr Canyoning à Flores avec Marco Melo : www.westcanyon.net Randonner sur Sao Jorge : Discover Experience Açores Jorge Santos et Dina Nunes +351 967 552 354 discoverexperience@hotmail.com Grimper le mont Pico : Sonia Mendes soniamendespico@gmail.com Vélo de montagne San Miguel : Bike Safari Tours Carlos Dos Santos www.bakesafaritours.com Observation de baleines : www.espacotalassa.com/ Parapentisme à San Miguel : http://www.saojorge2pico.com/ N'oubliez pas d'acheter du fromage local, du vin de Pico et de déguster du poisson frais chaque jour; le tout à une fraction du prix payé au Québec malgré le taux de change... Ancien militaire, pompier et ultra-marathonien, son pas est légèrement plus intense que celui de Dina et n'a d'égal que son enthousiasme verbal pour son pays. Jorge est tellement passionné qu'il voudrait que nous expérimentions tous les sentiers de « son » île en une journée. Quand nous revenons à Calheta, il est 22 heures! Nous trouvons quand même un restaurant ouvert pour déguster une bacalhau grilhada (morue grillée au charbon de bois) avec un excellent vin blanc originaire de Pico, l'île voisine. Comme c'est pratique! Le lendemain, nous traversons de São Jorge à Pico. Alors que nous survolons le bras de mer, j'essaye d'imaginer la traversée sur un SUP, ce qui serait mon ultime bonheur du jour. Plus tard, j'apprendrais de Luis Melo, mon guide sur l'île de São

Miguel, qu'une telle course existe. « La traversée prend environ deux heures et demie aux meilleurs athlètes, souvent en compagnie de nombreux dauphins, ou d’une occasionnelle tortue de mer » — m’expliquera Luis, qui a fait le trajet en un temps respectable de trois heures. Pour l'instant, je me prépare à grimper le plus haut point du Portugal, qui curieusement est situé à un peu plus de 1 600 km du territoire continental; et à passer ensuite la prochaine semaine sur un vélo de montagne dans l'exploration des plus beaux sentiers de São Miguel, la plus grande île de l'archipel. Elle est parsemée de calderas spectaculaires, formées par des éruptions volcaniques qui ont donné naissance à plus de 270 volcans de style strombolien et hawaïen. Les volcans se sont finalement rejoints pour engendrer les massifs de Sete Cidades and de Agua de Pau; et l'île actuelle couvre désormais plus de 760 kilomètres carrés. Dans la matinée suivante, je rencontre Luis qui apporte mon vélo à l'hôtel. Nous nous sommes croisés brièvement quelques jours plus tôt entre deux vols à l'aéroport de Ponta Delgada. Après avoir échangé une poignée de main, il a disparu avec mon vélo qu'il a entreposé. Maintenant, nous avons une semaine entière pour faire connaissance et, avec un autre rider, Carlos Dos Santos, faire une découverte épique de tout ce qui est valable en termes de sentier simple trace sur São Miguel. Et croyez-moi, il y en a quelques-uns! Les journées que l'ont peut qualifier de « sublimes » sont une rareté dans la vie, mais après deux semaines passées aux Açores, je réalise qu'ici, elles viennent à la queue leu leu, comme un train de vagues. Nous possédons tous un stimulus appelé le système primaire de récompense cérébrale. Il est déclenché par la probabilité d'un comportement à se répéter et nous incite à réitérer les bonnes expériences vécues dans la vie. Le mien me dit que ce n'est pas mon dernier séjour aux Açores. Les possibilités sont vraiment infinies et les amitiés aussi riches que les îles elles-mêmes. Vous devriez venir y faire une visite pour voir ce que votre système de récompense va vous dire.

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Lecture

automnale

Survie et orientation en forêt expliquée aux enfants. par Simone doray

La critique de Simone Doray, 11 ans :

Saviez-vous que la plupart des gens (tout comme moi) ne savent même pas se servir d’une boussole correctement? Tous les aventuriers (petits et grands) faisant une excursion en nature pensent que, si quelqu’un devait se perdre, ce ne serait certainement pas eux; mais personne n’est à l’abri. C’est pour cela qu’il est nécessaire de savoir comment réagir en toute sécurité quand on perd son chemin. Il devenait important de remédier à ça! Imaginez un jeune enfant décidant de vous offrir un bouquet de verdure créé avec la végétation autour de lui; et qui revient vous voir les mains pleines d’herbe à puce! Dans la forêt, il est primordial de savoir quelles sont les plantes toxiques et c’est pourquoi j’ai particulièrement aimé le chapitre traitant des plantes. Dans le guide La survie et l’orientation en forêt expliquée aux enfants, les auteurs partagent surtout, sans trop les simplifier, beaucoup d’informations intéressantes comme : les 3 essentiels, le froid et l’hypothermie, ou se protéger des orages et de la foudre, qui m’ont fascinée. D’autres notions, quoique très pertinentes (comme la carte topographique, l’azimut, le nord magnétique et le mécanisme de la boussole) sont plus ardues à comprendre à la première lecture. Comparativement à d’autres guides (certains ouvrages d’identification ou de survie en forêt), chaque sujet est illustré; de cette manière, il est plus facile pour moi d’associer mots et images et de comprendre toutes les explications rédigées de façon claire et précise. Chaque mot a d’ailleurs été choisi avec un grand soin et c’est aussi ce qui rend le texte agréable. J’ai apprécié les petites touches d’humour glissées çà et là. Après chacune d’elle, on attend la prochaine impatiemment. En tant que lectrice faisant partie du groupe d’âge auquel cet ouvrage s’adresse principalement, je conseille fortement ce livre de Jean-Marc Lord et André Pelletier à tous les enfants de 10 et plus, désireux d’en apprendre davantage sur ce magnifique terrain de jeux qu’est la nature.

La critique de Maman Quand la nature est une vieille et grande amie, on oublie parfois de s’en méfier… La survie et l’orientation en forêt expliquée aux enfants est un beau guide, bien adapté aux enfants de 10-13 ans. Le langage est simple, les explications sont claires et les auteurs savent capter l’intérêt des jeunes aventuriers. Je l’ai lu avec ma fille, ce qui m’a permis d’ajouter des compléments d’information et de valider sa compréhension. Cela m’a également permis de revoir quelques notions scoutes oubliées au détour des sentiers. C’est toujours bien! Un petit bémol concernant les photos, d’après moi souvent trop petites et de qualité moyenne; dans certains cas, cela nuit à la compréhension des explications. Les différentes sections pourraient être ordonnées et identifiées plus clairement; permettant de mieux s’y retrouver. La section sur l’orientation est complexe pour un enfant qui ne possède pas de notion préalable. Pour un adulte aussi d’ailleurs! Les auteurs font tout de même un bel effort pédagogique, puisqu’il n’est pas simple de comprendre ces notions, qui plus est de les appliquer, sans les expérimenter directement. De ce fait, il serait souhaitable d’insister davantage auprès des jeunes lecteurs sur l’importance de demeurer sur place, de se mettre à l’abri et de se rendre visible, plutôt que de tenter de se déplacer en s’orientant seul. En définitive, c’est un guide à lire avant le départ, mais surtout un compagnon à emporter dans le sac à dos pour l’avoir à porter de main lorsque l’occasion est propice à la découverte ou à une petite leçon de survie en nature! À mettre au côté des autres guides de la collection « Les jeunes explorateurs » pour enrichir vos randonnées familiales! Jean-Marc Lord et André Pelletier, Broquet, mars 2015, 14,95 $

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automne 2015 Septembre 1 au 6 septembre er

// FESTIVAL CYCLISTE BOUETTE ET BITUME DE LA GASPÉSIE

Le Festival cycliste Bouette et Bitume (B2) est un événement de plein air rassembleur qui célèbre toutes les formes de cyclisme (montagne, route, tourisme...) depuis 2012. Le B2 propose notamment le fameux Gran Fondo Forillon (le 6 septembre) et le nouveau Gaspesia 100 (le 5 septembre), deux des épreuves les plus relevées au Canada dans un environnement naturel exceptionnel! Le Gran Fondo Forillon (granfondoforillon.com) est un défi chronométré sur quatre parcours (40, 80, 122 et 168 km) uniques composés de routes panoramiques et maritimes pittoresques. Gaspesia 100 (gaspesia100.com) est un raid marathon de 100 miles (161 km) sur le territoire ceinturant la majestueuse baie de Gaspé depuis Percé. 581 887-1150 • bouetteetbitume.com 5 et 6 septembre

// FESTIVAL DE LA MARCHE

Matawinie Grand rendez-vous annuel des randonneurs organisé par la fédération québécoise de la marche (FQM), le Festival de la marche pose cette année son sac dans la région de Lanaudière. Pendant deux jours, cet événement propose neuf parcours variés (dont une sortie de nuit) de différents niveaux, autour de Saint-Zénon (samedi 5) et Notre-Dame-de-la-Merci (dimanche 6). Vous pourrez entre autres sillonner les sentiers du parc régional des Sept-Chutes ou encore ceux du parc régional de la Forêt Ouareau. 1 866 252-2065 • fqmarche.qc.ca 11 et 13 septembre

// GRANDS PRIX CYCLISTES QUÉBEC ET MONTRÉAL Québec, Montréal

Pour une sixième édition, les Grands Prix Cyclistes Québec et Montréal poursuivent la tradition du cyclisme sur route nord-américaine en accueillant l’élite mondiale sur les redoutables parcours des deux métropoles québécoises. Les 17 équipes de l’UCI World Tour seront ainsi présentes, auxquelles s’ajouteront l’équipe nationale du Canada et les équipes « Continentales Professionnelles » dont Bora-Argon 18. Nouveauté pour cette édition, l’ajout d’un critérium national, une épreuve de développement réservée aux coureurs d’Amérique du Nord détenteurs d’une licence UCI (Union Cycliste Internationale) et qui évoluent dans les catégories Juniors, Espoirs et Élites (17 à 29 ans). Cette course se tiendra le 12 septembre à Montréal, sur l’avenue du Parc (entre Mont-Royal et Duluth) et accueillera plus de 200 cyclistes, hommes et femmes. gpcqm.ca 12 septembre au 12 octobre

// FESTIVAL D’AUTOMNE DU MONT- SUTTON Sutton Toutes les fins de semaine de la mi-septembre à la mi-octobre, célébrez la belle saison dans le cadre du festival d’automne du mont Sutton, un événement entièrement dédié à la randonnée et aux activités en plein air. La programmation saura plaire à toute la famille : balades en télésiège, randonnées guidées, initiation à la slackline, parcours d’hébertisme… pour admirer les flamboyants paysages de la région et fêter, comme il se doit, la parure automnale que Dame Nature revêt à pareille saison. 450 538-8455 • montsutton.com 19 septembre

// THE NORTH FACE ULTRA-TRAIL HARRICANA CHARLEVOIX Charlevoix Fondé en 2012, The North Face Ultra-Trail Harricana Charlevoix (initialement XC Harricana Charlevoix) est devenu, en moins de trois ans d’existence, une course incontournable au Québec. En 2015, cette course de sentier revient pour sa 4e édition avec ce qui a fait son succès : 1 kilomètre (pour les enfants), 5 km, 10 km, 28 km

(1 000 mètres de dénivelé positif) et 65 km (1 800 mètres de dénivelé positif), dans une nature brute et sauvage, classée réserve de biosphère mondiale par l’UNESCO. Nouveauté de cette édition, les 80 km inaugurés en 2014 s’allongent à 125 km (4 000 mètres de dénivelé positif) et deviennent encore plus exigeants) pour les coureurs les plus aguerris, les ultramarathoniens rompus aux charmes et aux exigences d’une course qui commencera à 2 heures du matin! harricana.info 24 au 27 septembre

// CIRCUIT BLEU CHARLES-BRUNEAU Montréal Deuxième édition de ce tour l’île de Montréal en kayak au profit des enfants atteints de cancer. Tout près de 110 km à pagayer en quatre jours, seul ou à relais. Découvrez ou redécouvrez la ville d’une nouvelle façon en amassant des fonds pour une cause incroyable. 1-877-256-0404 • circuitbleu.charlesbruneau.qc.ca

Octobre 4 octobre

// LE TRAIL DU SAGUENAY Chicoutimi

Deuxième édition de cette épreuve de course à pied dans les sentiers du parc Rivière-du-Moulin, situé en plein cœur de la ville de Chicoutimi. Avec des trajets de 1 km (pour les enfants), de 5 km et de 10 km (2 tours du 5 km), cette course se veut être accessible à tous. Les différents parcours de ce boisé urbain combleront tous les passionnés. vertleraid.ca/traildusaguenay 12 octobre

// DEMI-MARATHON DU BOIS DE BELLE-RIVIÈRE Mirabel

Le circuit des Courses Gourmandes, concept de course de (1, 5, 10 ou 21 kilomètres) initié en 2013 pour faire découvrir et déguster un produit du terroir régional, n’en finit plus d’ajouter de nouvelles épreuves à son calendrier. Il n’y en aura pas moins de 8 en 2015, dont ce nouveau venu qu’est le Demi-Marathon du Bois de Belle-Rivière. Après notamment l’érable (Demi-Marathon des Érables), le vin (Demi-Marathon des Vignobles,), les pommes (demi-Marathon des vergers) ou encore la bière (DemiMarathon des microbrasseries, 2e édition le 9 novembre 2015), cette course mettra à l’honneur les produits de la région. 438 397-5979 • lescoursesgourmandes.ca 17 octobre

// XTRAIL C3FIT ORFORD Parc national du Mont-Orford

Considéré comme l’une des 10 plus belles courses du Canada, le Xtrail Mont Orford fait partie intégrante de la série nord-américaine Trail Runner Trophy Series, qui compte au total 138 courses sur tout le Canada et les États-Unis. Pour sa 7e édition, l’épreuve revient avec ce qui a fait son succès au fil des années : les classiques 1, 5, 11,5 et 23 km du Sentier des Crêtes. Une nouvelle distance s’ajoute au programme : 20 km de type cross-country sur les sentiers de ski de fond en terre battue pendant 13,5 km puis un retour dans le parc national via le mont Orford à d'altitude. (xtrailrace.com) 18 octobre

// CLASSIQUE DU PARC LAFONTAINE Montréal

Avec ses 66 éditions au compteur, la Classique du parc La Fontaine est la plus vieille course à pied sur route au Québec. Un incontournable du mois d’octobre qui attire plus de 3 000 coureurs, avec toujours le même credo : vous faire courir au cœur de Montréal sur 1, 2, 5 ou 10 kilomètres, avec un départ et une arrivée jugés au théâtre de Verdure, au centre du parc. 450 922-0619 • circuitendurance.ca

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pour

partir

Le chalet

à voiles

© Illustration : Karine Charlebois

Par Amélie Cléroux

L'

été a soufflé ses derniers soupirs, traînant quelques voiliers dans son sillage. Ces modestes embarcations ont profité de la belle saison pour explorer le fleuve et les lacs d'ici, de l'Ontario ou des États-Unis.

C'est à cette période de l'année que nous aurions rentré le nôtre au Québec après un été sur le lac Champlain. Un bateau que mes parents n'ont plus, mais qui m'a vu grandir pendant près de 20 ans. La fin d'une saison de voile c'est aussi la clôture de quelques mois d'aventures, et surtout, de nomadisme en totale symbiose avec dame Nature. En fait, la vie sur un bateau c’est du pur plein air. Beau temps, mauvais temps, les journées se passent dehors, dans le cockpit et sur le pont. Parfois, les jours de pluie, les enfants demeurent à l'intérieur. Rare. Le reste du temps, ils savourent le grand air vent dans les cheveux. Naviguer à la voile, c’est vivre, pour le meilleur et pour le pire, au rythme et des caprices que la nature impose! Comme toutes ces fois où nous étions pris au beau milieu du lac à faire du surplace, alors que mon père à la barre gardait espoir : « Le vent s'en vient, je le sens! » Et cette chaleur que l'on combat en s'envoyant gaiement des seaux d'eau sur la tête. C'est aussi devoir diminuer sa voilure, parce que ça devient un peu trop mouvementé. Et bien entendu, écouter religieusement Arnold, le monsieur Météo robotique, faire des annonces en continu à la radio. « Bon, il faut changer de baie pour la nuit, le vent vire du nord au sud! » Au-delà des signaux maritimes et de savoir manier un génois, un bateau, en fait c’est un peu comme un chalet avec des voiles. D'abord, il y a la préparation et la planification des vacances qui sont un exercice en soi! Puis il y a l’organisation du quotidien dans un espace clos où tout est maximisé et rangé. Rien ne doit traîner, sinon les objets risquent de valser au gré des flots!

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Une fois les amarres larguées, la vie est souvent douce, passée à prendre un bain de vitamine D, étendu sur le pont, ou à regarder l'horizon, de la musique dans les oreilles et des rêves plein la tête. Et tous ces soupers au coucher de soleil, un verre de vin à la main, à écouter le huard qui se balade juste à tribord. Et, la nuit venue, ce ciel limpide aux étoiles par milliers. Parfois, le temps se gâte. Orages et minitornades, sans parler des tempêtes du nord qui arrivent subitement. Quand vous lisez la peur dans les yeux de vos parents, vous savez alors que les choses sont sérieuses, tandis qu'ils vous tendent les gilets de sauvetage. Même ancré, le bateau tangue et nous oblige à faire de la contre-gîte en contournant la table de cuisine. Ou encore, toutes ces fois à fuir les intempéries et s'arrimer à un quai juste à temps! Au cours des années, il y a eu quelques frousses... même sur les lacs! Mais la vie en plein air sous les voiles est surtout trépidante. Exploration d'îles inhabitées, baignades, plongée en apnée, chasse aux grenouilles avec les amis. Il y a les joyeuses matinées à déjeuner comme en camping, ou ces soirées de parties de cartes enflammées. Mais le plus important, ces journées venteuses à souhait, à être éclaboussé par les vagues et gîter juste assez pour se sentir vivant. Si vivant! À cheval entre l'été et l'automne, je pense à toutes ces saisons de voile et je me dis que c'était la belle vie. Vous avez envie de voile pour l'été prochain, ou de naviguer dans le sud cet hiver? Pour louer, avec ou sans équipage : Voile sans frontière www.vsfyacht.com Voile Mercator www.voilemercator.com Les puces nautiques, annonces spécialisées avec offres de location de navires www.lespucesnautiques.com


LE QG dE JAMIE ET JIMMy Samedi 19 h, en rappel lundi 14 h

Découvrez Notre Nouvelle programmatioN pétillaNte, craquaNte et bouilloNNaNte, eN oNDes DÈs le 31 août.

Nouveauté Jamie Oliver et Jimmy Doherty s’embarquent dans une aventure culinaire hilarante et gourmande : déclarer la guerre gastronomique à leurs voisins européens et promouvoir la cuisine britannique. C’est depuis leur petit café qu’ils ont ouvert ensemble que les 2 amis d’enfance reçoivent leurs amis.

LE MEILLEUR RESTO SELON GORdON RAMSAy Jeudi 22 h, en rappel samedi 21 h

Nouveauté Déterminé à redorer le blason de la cuisine anglaise, Gordon Ramsay se donne pour mission de tester différents restaurants britanniques avec pour objectif ultime de désigner le meilleur de toute l’Angleterre.

RAcHEL KHOO : MON cARNET dE REcETTES à LONdRES Mardi 18 h 30, en rappel dimanche 12 h

Nouveauté Auteure culinaire de renom, Rachel Khoo retourne s’installer à Londres où son goût et son talent pour la cuisine continuent de s’épanouir. S’inspirant des restos, des lieux qu’elle fréquente et des gens qu’elle rencontre, Rachel crée des recettes simples et toujours gourmandes.

LA fOOdIE LISTE

Vendredi 21 h, en rappel samedi 16 h Nouveauté 1 ville. 11 plats incontournables et appétissants à découvrir absolument. 4 blogueurs culinaires gourmands et passionnés. Voyagez chaque semaine dans une capitale internationale et savourez des yeux des spécialités hors du commun!

BEIGNES EN fOLIE

LES MENUS ZESTE, SIGNÉS JONATHAN GARNIER

Lundi 19 h, en rappel dimanche 17 h 30 Nouvelle saisoN Des pâtissiers des quatre coins du continent s’affrontent en cuisine, où leur créativité est mise à l’épreuve. Les participants doivent créer des beignes irrésistibles à partir d’ingrédients inattendus. Des juges experts évaluent les créations, avant d’éliminer l’un des concurrents chaque semaine.

Jeudi 17 h 30, en rappel samedi 10 h

Nouveauté Mais qu’est-ce que je vais leur faire à manger ? Voilà une question que l’on se pose bien trop souvent. Entrée, Plat, Dessert, Jonathan Garnier vous propose des menus épatants clé en main, pour toutes les occasions. Des recettes savoureuses autour d’un même thème, des trucs simples et de la bonne humeur,

LE BOSS dES GâTEAUx Mardi 19 h 30, samedi 11 h 30

Nouvelle saisoN Italien fougueux, Buddy Valastro est l’un des pâtissiers les plus renommés des États-Unis. Avec sa célèbre équipe, ils relèvent des défis toujours plus exigeants. Suivez la création de gâteaux aussi savoureux que technologiques !


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