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Dans le game
Texte PH CAMY Photos LITTLE SHAO
Une équipe à lui tout seul, SASHA ZHOYA est, à 20 ans, un profl unique dans le monde du sport. Mais péter les records n’est pas sa seule priorité. Apporter sa vibe à l’athlétisme et ne pas s’arrêter de danser (et de prendre du plaisir) est aussi important que les haies à franchir pour dominer la concurrence.
Imaginez une équipe de France dont l’un des membres serait né en Australie; un autre serait de père zimbabwéen et la mère du garçon suivant serait française; un gars ferait du surf, de la pêche à l’occasion; un autre du hockey sur glace; on y trouverait même un acharné de la danse classique; vous pourriez aussi y trouver un expert en kung-fu; un profil sortirait d’une école d’art; et vous pourriez compter sur ce tueur à la perche (qui, à 16 ans, sauterait plus haut que celui devenu le plus haut sauteur de tous les temps, Armand Duplantis, au même âge); sans oublier le champion du monde, d’Europe et détenteur du record du monde junior du 110 m haies; plus ce membre de l’équipe très stylé, vraiment au point côté look… Tous ces talents ne seraient pas les membres d’une équipe d’athlètes composée de plusieurs individus. Il s’agirait en fait d’un seul homme. Un mélange de talents, de sports et de cultures. Cet homme existe! Il est né et a grandi en Australie, mais a décidé de concourir pour la France. Avec Sasha Zhoya, coureur de haies du genre modèle unique, la pluralité devient une force.
Le RER A (modèle MI 09) mesure 112 mètres de long. Sasha Zhoya est l’actuel meilleur coureur de 110 mètres haies junior au monde. À 2 mètres près, on tenait un truc facile pour entamer notre histoire. Mais on a tout de même tenu à facilement grimper dans cette ligne du Réseau Express Régional en direction de Marne-la-Vallée pour aller à la rencontre d’un athlète que beaucoup évoquent comme le futur de l’athlétisme français. Celui qui excite spécialistes et médias après qu’il s’est installé sur le toit du monde et de l’Europe dans sa discipline, écrasant nettement la concurrence locale et internationale de sa génération. On en oublierait de sauter du RER, à Fontenaysous-Bois. Ensuite, marcher vers le lac des Minimes de Vincennes, le longer une dizaine de minutes... et hop, nous voilà devant les grilles du temple du sport en France: l’INSEP.
L’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, vivier de champions, là où l’élite sportive de la nation prend forme, s’améliore, se prépare pour les plus grandes échéances nationales et mondiales en compétition. Un creuset d’origines, de disciplines, de personnalités et de palmarès. Pour tous et toutes ici, un but: devenir le ou la meilleur(e) de la planète dans son sport.
Du sport!
Le champion que nous y rencontrer en cette fn d’après-midi de mai a pratiqué (presque) autant de sports que tous les athlètes séjournant ici. C’est à 14260 km environ de là, à Perth, proche de sa commune natale (Subiaco), sur la côte ouest de l’Australie, que Sasha Zhoya est devenu une équipe à lui tout seul, un phénomène sportif, voire plus: une exception culturelle. Au bord de l’eau, dans une ville «étalée» (des maisons plutôt que les habitats superposés de l’INSEP). Très jeune (à 2 ans peut-être, il ne sait plus vraiment), Sasha a un gros besoin: bouger. Il évoquera une hyperactivité, mais ne semble pas vraiment convaincu du terme. Il sait juste qu’il a très tôt eu besoin de remuer.
Le système scolaire australien était donc parfaitement adapté à son tempérament: cours le matin et en début d’aprèsmidi. Et ensuite? DU SPORT! Tous les jours, et encore plus pour qui souhaite en
Iconique: Gary Hunt en studio le 25 mars 2022 pour un photo shooting exclusif avec The Red Bulletin.
En marches: Sasha Zhoya prend son envol lors de notre shooting photo avec Little Shao dans le quartier des Olympiades, à Paris.
«Dans un sport individuel, je ne dépends pas de la performance des autres.»
faire hors de l’école. «Le surf rescue, le tennis, le hockey sur glace, l’équitation…» La liste des sports que Zhoya a pratiqués (pas «vite fait», au moins deux ans, avec entraînements et coaching) semble aussi interminable que l’ovale d’athlétisme duquel nous nous approchons pour venir à sa rencontre. L’école lui a permis d’en goûter, beaucoup; sa sœur aînée, Munashe, l’a toujours motivé à essayer les sports qu’elle pratiquait elle-même; et sa mère, Catherine, lui a toujours donné le droit d’en essayer.
Dans l’enceinte de ce stade, un petit groupe d’athlètes s’envoie une séance de sauts en longueur, motivés par une autre enceinte (Bluetooth), qui envoie du rap US, costaud – et par l’œil bienveillant d’un coach, d’un certain âge. Torse nu et assis au bord du bac à sable, Sasha Zhoya capte rapidement notre présence, quitte son groupe pour nous rejoindre. Solide. Posture d’athlète. Le sourire franc. Dispo. «On se met là?» Un gradin tout proche. Pas de souci. Les fesses sur un banc en bois, le reste du corps de part et d’autre, Sasha n’est pas vraiment assis, ni vraiment allongé, mais semble parfaitement à l’aise et détendu.
Durant notre entretien, il se lèvera deux fois pour balancer ses jambes, sacrément musclées, d’avant en arrière.
La conversation avance, mais le training de ses copains aux alentours ne cesse pas. Sur et autour de la piste d’athlétisme n’évoluent que des sportifs, dans ce qu’est leur quotidien à l’INSEP: l’entraînement, l’amélioration de leur performance… «Lui, c’est Erwan Konaté, le champion du monde junior de saut en longueur, explique Sasha. Elle, c’est Emma Brentel, la vice-championne d’Europe U20 en saut à la perche. La plupart des gens que tu vois ici seront présents aux prochains JO.» Inutile de demander à notre hurdler (sauteur de haies en anglais) s’il a 2024 pour objectif.
De Perth à Clermont
Emma se fraie un chemin dans les gradins pour y déposer sa perche, et Sasha évoque son parcours jusqu’à ce gradin, depuis l’Australie. Sa famille maternelle étant française, de Clermont-Ferrand, il se rend régulièrement dans cette région pour des vacances. Il devient même licencié du club Clermont Auvergne Athlétisme en 2017, structure à laquelle il reste afflié aujourd’hui. En 2019, il lui faut faire un move plus concret et nécessaire dans l’Hexagone: «En Australie, tu peux atteindre le haut niveau et bénéfcier d’un soutien et d’infrastructures dans trois sports: le hockey sur gazon, le football australien et le rugby… Pour le reste, c’est limité.» Sasha connaît déjà bien la France, de part sa mère et suite à ses nombreux séjours ici. Son père quant à lui, est un Zimbabwéen. Il avoue ne pas savoir où ses parents se sont rencontrés. Zimbabwe? Australie? France? Il ne sait sincèrement pas. Mais il est sûr que la musique les a réunis, sa mère en est passionnée (et très sportive), son père, musicien, en a fait son métier (il est actuellement professeur de musique en Afrique du Sud). Sasha ne pouvait pas rester insensible à l’art. «À 12 ans, j’ai commencé les arts de la scène. Théâtre, comédie musicale, danse, j’ai fait cinq ans de danse contemporaine et de classique, puis que du ballet.»
Un athlète multisports, qui fait du ballet, avec trois nationalités: de mémoire d’Auvergnat, on n’avait jamais vu ça! Toujours licencié en Auvergne, Sasha intègre l’INSEP, après un premier essai peu engageant de quelques jours. «J’avais détesté», raconte Sasha, qui s’adapte fnalement à ce lieu unique au monde où il sait que son évolution sportive pourra s’accélérer – et où il s’installe défnitivement en décembre 2019. Avec un panel de sports plus réduit qu’en Australie (sprint, perche et haies) et sous la supervision de deux coaches, Ladji Doucouré en saut de haies (champion du monde du 110 m haies et du relais 4×100 m en 2005) et Dimitri Demonière pour le sprint. Leur but commun : que Sasha Zhoya atteigne le plus haut niveau.
C’est également fn 2019 que Sacha doit faire un choix pour passer en senior: déclarer la nation pour laquelle il courra. Australie, Zimbabwe ou France. Décision cruciale, prise après avoir envisagé les trois haies fondamentales dans son axe pour se décider: 1. l’évolution de sa carrière et de sa performance; 2. son histoire personnelle; 3. la réalité de l’athlétisme dans le pays choisi. «La France s’est imposée, dit Sasha », qui ne pouvait trouver aucun équivalent à l’INSEP en Australie, et bénéfciait déjà d’une vraie relation avec la France du fait de ses attaches familiales ici. Enfn, en évoluant en France, Sasha pouvait plus facilement se déployer sur les rendez-vous majeurs d’athlétisme en Europe que s’il devait systématiquement venir d’Australie.»
Cet été, s’il atteint des minimas (1332 secondes) et s’installe dans le top 3 français du 110 m haies (avec une échéance ultime qui pourrait être les championnats de France le 25 juin), Sasha Zhoya pourra participer aux Championnats du Monde (Oregon, USA) et d’Europe (Munich, Allemagne) d’athlétisme, en tant que senior. Le meilleur coureur du 110 m haies junior au monde et en Europe y sera très attendu. De l’autre côté, dans cette élite suprême. Il y sera assurément un profl unique, jamais vu à date. «Je tiens à bien le certifer, nous dit Sasha: je suis un mix. Je suis né de mère française et de père zimbabwéen, et je suis né et j’ai grandi en Australie.» Fort d’un background sportif copieux construit en Australie, en France et à l’INSEP, Sasha évolue avec des gens qui lui ressemblent. Il se voit en d’autres. Une autre bonne raison de s’installer ici.
«Je tiens à bien le certifer: je suis un mix!»
Mieux en solo
Sur une piste d’athlé, le mix Zhoya devient explosif. Ces dernières années, il a montré des progressions saisissantes en athlétisme, pétant les scores en perche et haies (voir encadré palmarès page 39), et de son expérience dans divers sports collectifs, il a retenu une chose: c’est dans une discipline individuelle qu’il s’épanouit le mieux. «Dans un sport individuel, je suis le seul responsable: je fais bien, c’est moi. Je fais mal, c’est moi. Je ne dépends pas de la performance des autres.» Et c’est fort d’un énorme background sportif, d’une diversité de disciplines qu’il est arrivé à cette conclusion. «Je n’ai jamais kiffé ne faire qu’une seule chose», revendique Sasha. Aujourd’hui, c’est pourtant sur le 110 m haies qu’il se concentre. Car ce format le challenge. «Ce que j’aime dans la course de haies,
«Le ballet, c’est dur, très dur. Plus diffcile que de faire du sprint.»
c’est l’aspect technique. Je dois m’appliquer en permanence.»
Pour performer, 99% des spécialistes des haies sur la planète, ne se servent pas de la danse classique. Alors qu’il vivait en Australie, juste avant de bouger en France, et était un étudiant du John Curtin College of the Arts de Perth, une école d’arts, Sasha dansait le ballet cinq fois par semaine. En s’installant à l’INSEP, ce rythme s’est réduit à zéro séances. Et ses coaches ont constaté que sa performance s’en ressentait. «En déménageant en France, j’ai dû killer pas mal de mes activités, comme les sports aquatiques, le surf. Par contre, je n’ai pas pu renoncer au ballet, car c’est trop bénéfque à ma performance en haies. Mes entraîneurs s’en sont rendu compte, et m’ont inscrit dans une école de danse à Saint-Mandé, une ville proche de l’INSEP.» La course de haies, c’est une musicalité, un rythme, cadencé par dix obstacles, et les foulées nécessaires entre chaque. Pratiquant la danse de longue date, Sasha Zhoya fusionne à merveille avec cette spécialité.
Pour lui, le ballet est une discipline bien plus exigeante que toutes celles auxquelles il a pu s’essayer durant sa jeune existence. Il sourit: «C’est dur, très dur, plus dur que faire du sprint. La danse sollicite des muscles non sollicités habituellement. Le ballet est une performance, il m’apporte de la souplesse et de l’agilité, ce qui est important pour moi qui ne suis pas un hurdler très grand.» 1,82 m ou 84, selon les sources – dont lui-même, qui ne souhaite pas trancher, et s’en amuse.
Son background sportif pluriel, ses skills en danse, son caractère déterminé, probablement hérité de son histoire culturelle hyper stimulante, ont fait de lui un profl rare qui a trouvé son point de focus actuel dans les haies, discipline dans laquelle il a imposé sa domination. Mais le boss mondial chez les juniors doit désormais s’installer en catégorie seniors avec des obstacles plus hauts: de 0,99 m, les haies montent désormais à 1,06 m – et croyez-nous, pour nous être positionné en face d’une des haies de son stade d’entraînement: c’est vraiment haut! Sasha se souvient la première fois où il a essayé de passer des telles haies, lors d’un layover à l’INSEP entre les Mondiaux d’athlétisme juniors de Nairobi (Kenya) et un séjour en Australie en 2021. Une «catastrophe», selon ses propres mots. Il tombe, se ramasse, se fait mal. Mais en tire du positif, fdèle à une philosophie: «La discipline, c’est de toujours trouver du plaisir dans ce que tu fais, même si ça ne te plaît pas.» Se faire mal en testant des haies à 106 cm, ça n’était fnalement que le début de son évolution vers les sommets de son sport, plutôt une belle perspective pour un si jeune homme. Mais 7cm de plus, c’est un vrai challenge. «Surtout sur les deux dernières haies, précise Sasha. Il faut vraiment tirer fort.»
Même quand il marche
Sur une piste d’athlé, et n’importe où ailleurs, Sasha Zhoya est «toujours à l’entraînement», il réféchit en permanence aux ajustements à apporter à ses mouvements, pour exceller encore
STYLISME: VANTVAART, KIRTIMUKHA, MAISON KITSUNÉ, ADIDAS/Y-3 «Je m’entraîne tout le temps: quand je marche, je réféchis à mes améliorations.»
Hurdler urbain: Sasha dans son art, mais pas sur une piste d’athlé.
L’école du corps : le coureur de haies Sasha Zhoya dans l’objectif du photographe de danse Little Shao.
plus dans sa discipline. En marchant, ou en montant des escaliers, Sasha a des déclics, prend conscience de certaines notions de postures, et veille à les appliquer lors de ses futurs trainings. «Je m’entraîne tout le temps, ça n’est pas que physique, c’est aussi dans la tête: quand je marche, je réféchis à mes améliorations. Je mets en place des scénarios avec mon corps, au quotidien. Je reproduis des mouvements, je corrige des choses. Un jour que j’étais aux États-Unis et que je rentrais d’une soirée, à pied, j’ai pris conscience d’un mouvement que je pouvais améliorer. J’ai immédiatement appelé mon coach de haies, Ladji, pour lui en faire part.»
Et lors d’un looooong trajet France-Australie en avion? Le mental prendra le dessus. «J’analyse mes courses sur mon téléphone et je détermine les changements à apporter à ma course. Quand j’arrive sur l’entraînement suivant, je mets ça en place immédiatement, pas besoin de faire des essais.» Puisque son corps bouge, puisqu’il doit être en mouvement dans sa vie quotidienne, Zhoya en tire le meilleur pour son sport. «Apprendre avec mon corps, c’est là où je suis le meilleur, pas assis derrière un bureau dans une classe.»
C’est donc avec une belle motivation qu’il a accepté de participer à notre séance photo avec un autre spécialiste du mouvement. Du beau mouvement: le photographe Little Shao, référence mondiale dans le breaking. Une scène pour laquelle Sasha montre un intérêt concerné. «Dans le break, j’aime ce mélange de côté relax et d’attaque, les mecs sont en rythme, en contrôle, mais toujours relax.» Celui qui vient de prononcer ces mots se décrit-il lui-même? Au-delà des moves inspirés de la danse que s’est permis Sasha pour le shooting, collaborer avec Shao autorisait aussi des looks originaux,
«Si je vais aux championnats du monde, je vais rentrer dans le game.»
SASHA ZHOYA EN DATES, FAITS ET PERFS
25 juin 2002
Naissance de Sasha Zhoya à Subacio (Australie)
Depuis 2017
Sasha est licencié au Clermont Athlétique Auvergne
Décembre 2019
S’installe à l’INSEP et collabore avec les coaches Ladji Doucouré et Dimitri Demonière
À L’INSEP
Sacha a intégré le dispositif « Athlé 2024 » mis en place par la Fédération française d’athlétisme
17 octobre 2021
Sasha est désigné European Rising Star 2021. Un award qui lui est décerné par la fédération européenne d’athlétisme
DISCIPLINES PRINCIPALES
Sprint, perche et 110 mètres haies
CATÉGORIE HAIES
En 2022, Sasha Zhoya est passé dans la catégorie « Espoir » (avoir – de 23 ans) dont la hauteur des haies est la même que les seniors (1,06 m), il court de fait avec les seniors.
RECORDS Record du monde Cadet
Record du monde Cadet
(– de 18 ans) du 110 m haies, 12˝87 en 2019
Record du monde Cadet
(– de 18 ans) du saut à la perche avec 5,56 m en 2019 (battu depuis)
Record du monde
Record du monde Junior
(– de 20 ans) du 110 m, 12˝72 en 2021
PALMARÈS Champion d’Europe Junior
(– de 20 ans) du 110 m haies 2021
Champion du Monde Junior
(– de 20 ans) du 110 m haies 2021
OBJECTIFS EN 2022 Championnats du monde
d’athlétisme aux USA du 15 au 24 juillet
Championnats d’Europe
à Munich (Allemagne) du 15 au 21 août
une alternative branchée à la tenue lycra dans laquelle le natif d’Australie s’exprime sur la piste. Vivre à l’INSEP, aux portes de Paris, c’est aussi être très près de la capitale de la mode et du luxe. «La vibe de Paris, son lifestyle, la fashion culture, les vêtements, j’adore ça», dit Sasha.
Une bête de show
Le famboyant basketteur US Dennis Rodman est lui aussi très branché mode. Sasha le cite parmi les sportifs qui l’ont inspiré, au même titre que le boxeur Floyd Mayweather Jr. et, bien sûr, Usain Bolt, l’ovni jamaïcain du sprint, dont il apprécie le sens du show. Pour Sasha, on peut être concentré et engagé, mais donner du plaisir au public est un must. «On pourrait dire qu’il y a deux types d’athlètes: ceux qui se fxent une discipline stricte, très sérieuse, des règles. Et ceux qui ont une approche plus fun, qui kiffent, qui vibent. Moi, je vibe. Je veux donner de la life à la compétition.» Zhoya a des objectifs de performance en tête, soyez-en sûr. Discipliné (il a pratiqué intensément le kung-fu), il s’acharne au quotidien pour cela, mais il tient à rendre la performance attrayante, offrir du spectacle. «L’Oregon, si je parviens à l’atteindre, et Munich cet été, ce seront des tests, je vais rentrer dans le game. Ça va être comme un spectacle de danse: une bête de show!»
La jeunesse sera forcément attentive à cet athlète new school, proche de nouvelles générations fères de leur diversité. De l’attractivité pour un sport peu médiatisé jusque-là, et pour l’athlétisme français, plus globalement. «Si je dois être un modèle à suivre, je ne pourrais pas être un modèle idéal, dit Sasha. Je dois rester moi-même.»
En fn d’entretien, il évoque sa rapidité d’assimilation, par le corps. «Montremoi une chose une fois ou deux, et j’applique.» Il évoque son drive, son fuzz gear: sa capacité à passer la première, et foncer. Aussi il nous parle de son leeway, que l’on pourrait traduire par «latitude».
Au moment de choisir notre photo de Une, deux options se sont présentées, soumises à Sasha. Sur l’une d’entre elles, il était en mode bloc, plus recentré sur lui-même, visiblement dans l’effort. Il lui préféra celle que vous venez de découvrir sur cette édition du Red Bulletin. Une attitude plus ample, plus ouverte au monde et à son environnement. «Ça, c’est mon fow!», conclut l’homme pluriel. Instagram: @sasha.zhoya