Résonances MENSUEL DE L'ECOLE VAL AISANNE Ecole et originalité
N°9 • Juin 2020
En vente au prix de
CHF 35.–
Les bisses, ainsi appelle-t-on les canaux d’irrigation en Valais. Dans ce canton aride, ils amènent l’eau nécessaire aux vignobles, aux prés et partout où elle fait défaut, en passant par des tranchées et des conduites. Leurs parcours constituent des chemins de balades uniques et de romantiques découvertes.
L'auteur, Johannes Gerber, découvre les bisses pendant des vacances en Valais. Dès lors, sa passion pour la randonnée et l’eau, le conduit tout naturellement à étudier l’histoire, les techniques de construction et l’utilisation de ces sentiers d'eau. Avec ce petit guide de poche, il fait partager au lecteur comme au randonneur son attrait pour les bisses (itinéraires, photos, anecdotes, description, ...).
www.monographic.ch
ÉDITO
Un chouïa d’originalité J’aime l’originalité dans son double sens, désignant à la fois ce qui est nouveau quand on parle de créativité, mais aussi le côté singulier d'une personne unique. L’originalité renvoie à la fantaisie, à l’imagination, à l’audace, à l’innovation, à l’inventivité, au non-conformisme… Tout ceci n’est pas très scolaire, sachant que l’école aime surtout la norme et nettement moins ce qui s’en écarte, étant particulièrement habile pour modeler et évaluer. Fort heureusement, l’originalité a aussi besoin d’un cadre pour s’exprimer, car les contraintes, enfin quelques-unes, permettent de jouer encore plus avec les idées. Reste que c’est néanmoins à ce niveau que les choses se compliquent bien souvent, car si les consignes prennent des allures de longues listes sans marge de liberté ou sans plusieurs réponses possibles, comment laisser se révéler sa part d’originalité ? Vous me direz que ces dernières années tout est fait pour laisser davantage de place à la créativité et à l’originalité à l’école. Là, je vous entends me citer le Plan d’études romand qui en fait l’une des capacités transversales à acquérir sous le nom de pensée créatrice. Vous mentionnez aussi que la créativité – et ainsi indirectement l’originalité – figure parmi les compétences attendues au XXIe siècle par les milieux professionnels et ceux de l’économie. Vous relevez avec justesse tout le déploiement d’originalité de la part de nombreux enseignants pendant la période d’école à distance, cassant avec bien des routines. Oui, mais précisément…
« Soyez vousmême, c'est votre seule chance d'être original. » Marcel Pagnol
« Le professeur a réussi au moment où son élève devient original. » Lane Cooper
C’est au moment où quelque chose devient injonction que je commence en général à m’inquiéter. Dans le monde de l’entreprise, c’est depuis que l’on insiste sur l’importance de la communication et de la transparence que tout est devenu encore plus opaque et secret. Dès que le mot collaboration est prononcé, c’est presque la garantie que chacun s’isole davantage dans sa bulle professionnelle. La dernière trouvaille, c’est le devoir de bonheur au travail qui engendre de la souffrance chez tous ceux qui se laissent parfois aller à un petit coup de blues. Toutes ces injonctions paradoxales démontrent un tiraillement entre le dire et le faire, avec la tyrannie de la norme tapie dans l’ombre.
Nadia
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Alors fallait-il consacrer un dossier à l’originalité dans Résonances au risque de lui ôter une part de saveur ? J’ai envie de croire que prendre conscience des forces contraires aide à naviguer sur le chemin du changement de logiciel mental. Ce serait formidable d'avoir une école qui incite chaque élève à exprimer son chouïa d’originalité, dans ses idées ainsi que dans sa manière d’être. Naturellement, nous exprimons rarement une vraie nouveauté, toutefois se sentir moins engoncés dans des carcans ne favoriserait-il pas un peu plus d’originalité, permettant d’être vraiment soi ? S’autoriser à toutes les idées, à des erreurs, n’est-ce point indispensable pour peut-être trouver une pépite d’originalité ? Après les pistes en lien avec l’originalité que vous découvrirez dans ce dossier, n’hésitez pas à oser la transposition dans la pratique, en détournant parfois certaines consignes… Et vous avez évidemment le droit de ne pas suivre mon conseil, car l’originalité se niche à des endroits différents pour nous tous… et elle n’a surtout rien d’obligatoire. Je vous souhaite à toutes et à tous un été tout en douceur.
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
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Sommaire ÉDITO
DOSSIER
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Un chouïa d’originalité N. Revaz
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Ecole et originalité
RUBRIQUES
24 Echo rédactrice 25 Défi Résonances 26 Ecole-Nature 27 Livres 28 Autour de la lecture 30 Autour d’un projet 32 Recherche 34 Français 35 Des chiffres ou des nombres 36 Sciences 37 Discussion 38 Doc. Pédagogique 40 Education physique 41 Revue de presse 42 Education musicale 44 Education musicale 45 CPVAL 46 Réflexion
Regard de Shana Darbellay sur sa première année d’enseignement - N. Revaz La fabrique de mots - N. Revaz Défi en ligne pour dessiner l’école de demain - N. Revaz / C. Rion Observer la flore au temps du coronavirus - L. Roh La sélection du mois - Résonances Des idées pour la lecture-plaisir à l’école - Résonances 8H à Sion : les dessous d’une chanson créée via l’école à distance - N. Revaz Publication récente sur l’enseignement à distance à l’université - CSRE Quel schtroumpf entre les schtroumpfs et la lecture ? - C. Lamon et E. Maillard Le fil rouge en 3H - D. Lacombre Inciter les élèves à explorer… à distance - S. Fierz Enseignement à distance et en présentiel : regards d’élèves du CO - N. Revaz L’été sera résolument suisse ! - N. Rappaz Covid-19 : un cadre familial qui modèle ? - V. Clivaz et L. Saillen D’un numéro à l’autre - Résonances Point musical final - B. Oberholzer et J.-M. Delasoie « Adieu, Monsieur le Professeur… » - C.-E. Clavien CPVAL : conséquences financières du Covid-19 - P. Vernier
INFOS
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Infos diverses
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Des nouvelles en bref - Résonances
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
Ecole et originalité Ce dossier propose quelques regards croisés sur l’originalité en contexte scolaire et par ricochets sur la créativité, sur l’innovation, etc. Et si l’on accordait un peu d’espace à l’originalité à l’école ? La question mérite à tout le moins d’être posée.
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Regard de Todd-Lubart sur l’originalité N. Revaz
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Regard d’Isabelle Capron Puozzo sur l’originalité N. Revaz
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Evaluer l’originalité à l’école : de quelle façon procéder ? A. Mastracci
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L’originalité au cœur d’une étude de l’OCDE S. Vincent-Lancrin
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De la valeur de l’originalité S. Coppey
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Sortons l'école de sa boîte ! A. Terzidis
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Le Bon, l’Original et l’Outsider F. Darbellay
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Deux sources innovatives de l’après confinement F. Cros
Regards de deux apprentis polydesigners 3D sur l’originalité N. Revaz
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L’originalité en AC&M : vers une activité technologique ? J. Didier
Bibliographie de la Documentation pédagogique Médiathèque Valais / E. Eggs
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Regard de Todd Lubart sur l’originalité à l’école
MOTS-CLÉS : CRÉATIVITÉ • INNOVATION Dans les milieux pédagogiques, le nom de Todd Lubart est immédiatement associé aux réflexions sur la créativité, dont l’originalité, puisque cette thématique est au cœur de son parcours professionnel. Professeur de psychologie à l’Université de Descartes à Paris, Todd Lubart a obtenu son doctorat à l’Université de Yale aux Etats-Unis. Il est auteur et co-auteur d’ouvrages scientifiques en lien avec la créativité de l’enfant, notamment en contexte scolaire, et de l’adulte (cf. citations en encadré, p. 6). Peut-on dire que l’originalité est l’une des dimensions de la créativité ? Absolument, car la créativité se définit le plus souvent via la dimension d’originalité ou de nouveauté. Cette originalité est appréciée en fonction du regard du groupe social, par exemple le groupe-classe, ou en référence à la personne elle-même. Dans cette version idiosyncrasique, la démarche de créativité est authentique, mais parfois la production n’est originale que sur le plan personnel.
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Y a-t-il dès lors une gradation de l’originalité ? Oui, cela varie entre une idée qui est un tout petit peu originale et une idée radicalement originale. Nous pouvons aussi évoquer la distinction entre une innovation incrémentielle et une innovation de rupture, évidemment nettement plus rare. La mesure de l’écart par rapport à l’existant est variable et se situe sur un continuum. L’originalité est un mot riche en nuances. Pour être créatif, il faut donc être original, mais il est possible de l’être à des degrés différents… La créativité n’est toutefois pas seulement une affaire d’originalité, car il y a notamment une autre dimension liée à l’adéquation. Il est possible d’imaginer ou de réaliser quelque chose d’original, mais qui ne fait pas sens, car ne répondant pas aux exigences de son contexte. C’est ce qu’on appelle le « hors sujet », d’une originalité que l’on pourrait qualifier d’étrange sans être créative. Même si la créativité fait partie des compétences transversales officielles du Plan d’études en Suisse romande, j’ai l’impression qu’à de rares exceptions près, malgré les discours, l’école « traditionnelle » actuelle privilégie sur le terrain les réponses formatées, en ayant
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DOSSIER tendance à tuer l’originalité, sous la pression du programme à terminer et du manque de temps. Partagezvous ce constat ? J’ai parfois cette impression. Je crois toutefois que les enseignants et les parents ont aujourd’hui majoritairement des propos favorables à l’égard de la créativité et de l’originalité, par contre il est vrai que la mise en œuvre n’est pas généralisée. Comment expliquez-vous cette tension entre le discours et la pratique ? J’y vois plusieurs raisons. Certains confondent la créativité et l’originalité avec la création et les associent aux seules activités artistiques, alors que toutes les disciplines et encore mieux l’interdisciplinarité peuvent être concernées. Il y a un certain vocabulaire de base à connaître pour bien comprendre le sujet. D’autres le maîtrisent, et pourtant, comme l’école est largement fondée sur l’expertise qui implique de donner de bonnes réponses aux questions posées, ils estiment ne pas avoir le temps nécessaire pour prendre en compte la créativité et l’originalité.
« L’originalité est un mot riche en nuances. » Et en même temps, la créativité et l’originalité font désormais partie des attentes au sortir de l’école… En effet. Dans le mouvement des compétences attendues du XXIe siècle par les milieux professionnels et de l’économie dont s’inspirent beaucoup de ministères de l’éducation, avec le soutien de l’OCDE, les quatre C, à savoir la pensée critique, la créativité, la collaboration et la communication, arrivent en tête dans la plupart des listes. Sous des appellations légèrement différentes pour certaines, ces quatre compétences figurent précisément dans le Plan d’études romand… Et pourtant la mise en œuvre reste complexe selon certains enseignants. Pour introduire davantage de créativité et d’originalité dans les écoles « traditionnelles », faudrait-il par exemple s’inspirer de celles qui mettent en avant l’approche de Maria Montessori ? En lien avec l’enquête PISA 2021, qui sera centrée sur la créativité, un rapport de l’OCDE, sorti en septembre 2019 (cf. encadré, p. 22), compare son implémentation dans des établissements scolaires de 11 pays, dont la France. Il ressort de cette étude qu’il est tout à fait possible pour les enseignants de développer la créativité dans les écoles qui ne sont pas forcément orientées vers une pédagogie active. Ceci dit, les écoles Montessori américaines ayant participé à cette étude illustrent bien une pédagogie active favorable à la créativité. Avec Maud Besançon, nous avions aussi fait le constat que les en-
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fants scolarisés dans des écoles qui pratiquaient la pédagogie Montessori ou Freinet obtenaient dans l’ensemble de meilleurs résultats que ceux dans les écoles « t raditionnelles » au niveau des épreuves de pensée divergente créative et produisaient davantage d’idées originales. Quelle est la principale difficulté dans l’introduction de la créativité et de l’originalité à l’école ? Todd Lubart Pour les enseignants qui ne sont pas trop entraînés à la créativité, il s’agit déjà de pouvoir s’inspirer de ressources existantes. Le rapport de l’OCDE offre des pistes d’activités dans les différentes disciplines pour les enseignants du monde entier. L’autre difficulté majeure, c’est la mesure du progrès en matière de créativité, d’autant plus que ce qui est important à l’école fait l’objet d’une notation. Avec Maud Besançon et Baptiste Barbot, nous avons dès lors essayé de développer un système d’évaluation du potentiel créatif. La motivation et la persévérance jouent-elles un rôle essentiel ? Pour les enfants, les activités permettant de développer la créativité doivent être perçues comme motivantes pour qu’ils s’investissent à faire émerger plusieurs idées. Et comme les plus originales n’arrivent pas souvent dans les premières positions, il s’agit de désapprendre à aller vite et de vouloir chercher une solution unique, ce qui exige de prendre le temps d’aller plus loin dans la démarche en persévérant. Le haut potentiel est-il corrélé à l’originalité ? Quand on évoque le haut potentiel, beaucoup pensent au haut potentiel intellectuel et au QI, alors qu’il y a aussi le haut potentiel créatif et entre les deux il n’y a qu’une faible corrélation. C’est évidemment variable selon des types de créativité observée, car pour ce qui touche à la créativité verbale, le lien avec le QI est plus fort, même si cela n’est pas automatique, du fait que certains élèves très doués ont musclé leur capacité à donner très rapidement une seule bonne réponse et n’osent pas exprimer des réponses inattendues. Pour engager la pensée créative, un minimum d’intelligence est toutefois nécessaire. A ce propos, il est intéressant de savoir que les tests d’intelligence de Binet comportaient au
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départ une mesure de l’imagination, mais que celle-ci a été écartée parce que n’étant pas un facteur prédictif de la réussite scolaire au début du XXe siècle en France. Avez-vous l’impression que nous sommes en marche vers une école qui accordera une plus grande place à la créativité et à l’originalité ou que dans la pratique cela restera difficile à généraliser ? Nous sommes encore dans la phase de développement, cependant j’ai l’impression que les écoles se tournent de plus en plus vers les compétences attendues pour le XXIe siècle, dont la créativité. En France, en collaboration avec le ministère de l’Education nationale, mon équipe développe des mesures de la créativité à l’école et nous avons aussi participé à l’étude menée par l’OCDE (cf. encadré, p. 22). Les enseignants en France, mais en Suisse romande également, sont par ailleurs de plus en plus formés à la créativité, et donc à la valorisation de l’originalité. Le changement exige un peu de patience. Pendant la période d’école à distance imposée par le Covid-19, beaucoup d’enseignants disent avoir eu des idées foisonnantes et une partie d’entre eux craint un retour dans un moule scolaire trop contraignant. Est-ce
à dire que la créativité nécessite un environnement favorable pour mieux se développer ? A petite échelle, rien n’empêche les initiatives individuelles innovantes, par contre la direction d’école a un rôle majeur à jouer si elle vise l’implémentation des démarches créatives au sein de tout un établissement. Même si les enseignants ont fait preuve de créativité et d’originalité pendant cette période de confinement, de retour dans l’environnement de leur salle de classe, il y aura une tendance tout à fait naturelle à revenir aux habitudes passées, mais au moins ils savent désormais qu’ils ont un potentiel de créativité et d’originalité, et la capacité à faire autrement. Je dirais qu’il serait donc judicieux de profiter de cet élan de flexibilité pour opérer un changement plus général et plus durable au sein des écoles, d’autant plus que certaines nouvelles approches de l’enseignement et de l’apprentissage à distance sont certainement parfaitement transposables au niveau de la classe. Accompagner le changement vers l’innovation participative, avec un partage des pratiques favorisant la créativité et l’originalité des élèves, serait certainement l’une des voies à suivre. Propos recueillis par Nadia Revaz
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Pistes de réflexion
Créativité et école
Des idées plus originales le plus souvent en fin de séquence « Dans une étude auprès de 267 personnes (âgés de 6 à 16 ans), Mouchiroud et Lubart (2002) ont demandé aux participants d’imaginer le plus de solutions originales possibles à des problèmes sociaux familiers, tels que de trouver comment s’insérer dans un groupe de pairs ou d’obtenir de ses parents la permission de regarder la télévision. Un indice d’originalité était attribué à chaque solution proposée selon sa fréquence dans chaque échantillon étudié (Mouchiroud & Lubart, 2001), ainsi qu’un rang dans la série de réponses de chaque participant. Dans chaque groupe de niveau scolaire, l’originalité moyenne de la première moitié des réponses a été comparée à celle de la seconde moitié, ainsi que l’originalité de la première, seconde, pénultième et dernière réponse. On observe un patron similaire dans chaque épreuve et pour chaque groupe de niveau scolaire. On remarque que les idées les plus originales sont plus souvent énoncées en fin de séquence. Un temps de réflexion suffisant semble donc être un paramètre essentiel dans la recherche de nouvelles solutions. En conclusion, le processus de recherche d’idées créatives ne semble pas être de nature purement aléatoire. »
Todd Lubart et al. in Psychologie de la créativité (Armand Colin, 2015, 2e édition)
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Conditions pour des idées originales « Plusieurs recherches ont mis en évidence que l’utilisation d’une consigne précisant à l’enfant que des idées créatives, nouvelles et originales sont souhaitées augmente la performance de l’enfant comparée à une consigne lui demandant de simplement répondre en citant les idées qui lui viennent à l’esprit. De plus, une ambiance ludique qui met l’enfant à l’aise est souhaitable pour les mesures de la créativité comparée à une ambiance d’examen scolaire. »
Maud Besançon et Todd Lubart in La créativité de l'enfant Evaluation et développement (Mardaga, 2015)
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Insuffler l’originalité à l’école « Pourquoi, sauf exception notable, continue-t-elle à être si pesante, si normalisée ? Notre école ne pourrait-elle pas être transformée en laissant davantage place à l’originalité, à l’imagination individuelle et collective ? N’aurait-elle pas intérêt à insuffler davantage de curiosité, de fantaisie, de liberté, côté futurs enseignants ? »
André Giordan in Innovations ou fantaisie ? (Résonances – La fantaisie à l’école, mai 2014) https://bit.ly/36hz72t
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DOSSIER
Regard d’Isabelle Capron Puozzo sur l’originalité
MOTS-CLÉS : POSTURE • CHEMINS Professeure associée à la HEP Vaud, Isabelle Capron Puozzo mène des recherches dans le domaine des capacités transversales et est spécialiste de la pédagogie de la créativité. Son regard sur la thématique de l’originalité semblait dès lors particulièrement intéressant pour enrichir le contenu de ce dossier. Comment associez-vous créativité et originalité, dans sa dimension de nouveauté, et non de bizarrerie bien évidemment ? En se fondant sur le concept de nouveauté, on peut effectivement relier l’originalité à la créativité, avec un petit « c » ou un grand « C », puisque cette dernière peut aller jusqu’à l’innovation disruptive. L’iPhone, à sa sortie, était une véritable originalité qui révolutionnait de manière inattendue le monde de la téléphonie. Au niveau scolaire, on pourrait se dire l’on peut être original si l’on se réfère à la créativité avec un petit « c ». C’est pourquoi
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il est nécessaire de spécifier à quelle originalité on renvoie lorsque l’on désigne celle au niveau de la classe. Quel est le rôle de l’enseignant dans le développement de l’originalité de ses élèves ? L’enseignant doit surtout être attentif à la valoriser, même si l’originalité amenée par un élève ne l’est pas forcément en fonction du bagage de l’adulte. Celle que l’on recherche en classe est à resituer dans le parcours de l’individu, en fonction de ses découvertes, à hauteur d’enfant ou d’adolescent. Ce qui n’est pas toujours facile, avec les attentes normées de l’école… C’est pour cela que conceptuellement je parle de créativité plutôt que d’originalité dans mes travaux. Dans l’approche multivariée de Todd Lubart, la créativité est définie comme une production nouvelle, donc originale, mais celle-ci doit être adaptée, ce qui permet d’intégrer les contraintes au niveau du matériel à disposition, du temps alloué ou d’autres consignes spécifiques.
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Afin de trouver de multiples solutions, il convient de stimuler les processus de divergence, puis de passer par la pensée convergente pour choisir la solution la mieux adaptée selon le contexte. Depuis plusieurs années, je suis impliquée dans une recherche en partenariat avec l’Université Paris-Descartes et la HES-SO, en lien avec les traPuozzo Isabelle Capron vaux d’un chercheur italien. Giovanni Emmanuelle Corazza a introduit la notion de dynamique et la créativité se définit donc comme nouvelle, adaptée et dynamique, alors que jusque-là les modèles utilisés étaient de type linéaire, et donc insuffisamment réalistes. La consigne peut-elle inciter à plus ou moins de créativité ? Effectivement, si je prends l’exemple du schéma narratif, en imaginant que les élèves tirent au sort parmi divers sacs des noms d’objets différents et de personnages pouvant servir d’adjuvants ou d’opposants au héros, chaque production contiendra des associations qui la rendront originale et par conséquent unique. Pour l’évaluation, ce mode de faire, écartant la possibilité de n’avoir qu’une solution juste ou fausse, va s’avérer déstabilisante au début. L’évaluation n’est-elle point l’obstacle majeur de l’introduction de la créativité et de l’originalité à l’école ? Il est vrai que leur évaluation est complexe et introduit automatiquement une part de subjectivité. C’est pourquoi je pense qu’on peut aussi profiter de ces phases pour valoriser le potentiel de chacun, en expliquant en quoi sa production a été originale. Certains élèves plus en difficulté scolairement déploient alors avec bonheur des trésors d’imagination. Pour reprendre les mots de Maria Montessori : « Libérez le potentiel de l’enfant et vous transformerez le monde avec lui. » Etre dans une dynamique positive me semble essentiel, en passant du « oui, mais » au « oui, et ». S’agirait-il dès lors avant tout de changer d’état d’esprit ? J’associe la créativité à une posture professionnelle. C’est à l’enseignant, au formateur ou au directeur d’école de
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décider de mettre en place des dispositifs créatifs pour favoriser l’originalité et intégrer la complexité. La motivation et la persévérance sont-elles des moteurs de la créativité ? Motivation, prise de risque et persévérance jouent en effet un rôle déterminant. L’une des difficultés de la créativité réside dans la nécessité de savoir à quel moment il s’agit de faire le deuil de certaines idées ou a contrario de persévérer. L’aventure du stylo BIC en est un illustre exemple, sachant que personne n’en voulait et que son succès tardif par rapport à sa date de création a nécessité d’y croire au-delà du raisonnable. L’innovation naît de la diffusion d’une idée créative ou originale. Celle-ci peut se réaliser à différentes échelles, sans avoir forcément un impact sociétal ou mondial. Un enseignant peut par exemple partager une idée au sein de son établissement qui sera reconnue par ses pairs comme innovante. Pendant la période de l’école à distance, plusieurs enseignants m’ont dit s’être libérés de certaines contraintes, osant accorder une place plus grande à leur créativité ou à leur originalité ainsi qu’à celle de leurs élèves. Certains d’entre eux craignent toutefois un retour dans un cadre scolaire qui pourrait étouffer tout cela. Comment interprétez-vous cet enthousiasme teinté d’inquiétude ? Via l’école à distance, les enseignants ont vécu une situation à laquelle ils ont dû s’adapter très rapidement en faisant preuve d’une grande créativité et beaucoup ont été dans l’expérimentation. De retour en classe, je suis d’avis que les enseignants auront la possibilité de transposer certains chemins explorés ou d’en tester d’autres avec curiosité, en zigzaguant de A à B dans le cadre imposé, et ce quelle que soit sa taille. La question de la dimension de ce cadre pose néanmoins la question du leadership des directions et de leur ouverture d’esprit.
« Il est nécessaire de spécifier à quelle originalité on renvoie lorsque l’on désigne celle au niveau de la classe. » Durant cette période, le numérique aura-t-il ouvert à de nouvelles formes durables de créativité et d’originalité pédagogiques selon vous ? Le retour dans la salle de classe mettra en évidence le grand écart entre ceux qui souhaiteront réfléchir pour offrir aux élèves d’autres démarches d’appropriation du savoir, complémentaires à celles qui préexistaient, et ceux qui préféreront privilégier leur zone de confort en renouant avec certaines habitudes. Reste que je crois qu’il y aura inévitablement un repositionnement lié à certaines inégalités scolaires qui se sont creusées en lien avec les nouvelles technologies. Le défi créatif consistera
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
DOSSIER à rendre le numérique accessible à tous les élèves, à partir de ce qui a été réalisé avec une partie d’entre eux à distance, grâce à des enseignants ayant fait preuve d’une si grande inventivité. On peut imaginer des pistes à explorer du côté de la classe inversée, ce qui donnerait aux élèves la possibilité d’entrer dans des projets plus complexes, ou de découvrir des outils collaboratifs numériques utilisables à la fois en classe et à distance, ce qui n’empêcherait nullement d’avoir aussi des approches plus traditionnelles pour entraîner la mémoire. Lors des devoirs à la maison, les apprentissages pourraient être poursuivis autrement, via notamment des cartes conceptuelles à co-construire, ce qui permettrait d’amener les élèves à développer leur originalité ensemble. Tout comme la nouveauté se construit dans le dialogue entre les disciplines, puisque l’interdisciplinarité aide à mieux comprendre qu’une même idée peut être abordée de diverses manières, la coopération et les autres compétences transversales lui sont aussi favorables. Pensez-vous que l’école intégrera davantage d’innovations suite à ce moment particulier ? Si l’on regarde comment l’innovation s’implémente, on observe que l’on va vers des modèles hybrides, impliquant une démarche à la fois bottom-up et top-down. Il faut un point de rencontre entre l’impulsion donnée par les acteurs du terrain et les décideurs qui autorisent un leardership fort des directions d’école formées à la notion de management de l’innovation. En ce moment, nous sommes assurément dans une période incubatrice, favorable à la réflexion liée au changement, avec des enseignants qui bouillonnent d’idées. De plus, à l’ère du numérique, en raison de l’expansion de nouveaux métiers qui n’existent pas encore, l’école va devoir se réinventer pour partie, en repensant à ses fondamentaux et au développement de certaines capacités transversales dans la formation des enseignants, dont l’empathie, la solidarité, la créativité ou l’esprit critique.
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S
Serait-il dès lors judicieux de privilégier la formation continue en établissement pour une école davantage sensible à la créativité et à l’originalité ? C’est une stratégie particulièrement adaptée, pour autant que la formation soit pensée dans une perspective systémique dès qu’une école souhaite aller vers le design thinking. En Valais, la formation initiale de la HEP-VS propose un cours dédié à la créativité et j’estime que c’est un pas important pour insuffler une nouvelle dynamique au niveau de l’ensemble des établissements scolaires. Et si le macro-environnement est favorable à ce changement, tout devient possible… Propos recueillis par Nadia Revaz
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Approches innovantes
Création d’œuvres originales « Dès l’adolescence, l’imagination et la pensée par concepts se développent en interaction et l’imagination est étroitement liée à la pensée rationnelle : elle se transforme en s’adaptant aux exigences de la pensée conceptuelle et son usage devient conscient et volontaire. Quand l’imagination et la pensée par concepts s’articulent, elles favorisent la création d’œuvres originales. Pour l’adolescent, le simple exercice de l’imagination créative n’est plus suffisant, il a besoin alors d’acquérir des compétences particulières, conceptuelles et techniques pour incarner son imagination dans des formes objectives. »
Isabelle Capron Puozzo (dir.) in La créativité en éducation et formation : Perspectives théoriques et pratiques (De Boeck Supérieur, 2016) – chapitre d’Anne Clerc-Georgy intitulé « L’imagination dans le développement de la créativité dans l’apprentissage »
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Visionnaire en 1917
Libérer son originalité
L’originalité derrière le chiffre
La créativité des nouvelles idées
« Ce qu'un enfant peut avoir d'original ou d'excellent disparaît dans ce chiffre d'après lequel l'Ecole le juge. Ce qu'on demande à tous les écoliers indifféremment, c'est de ressembler le plus possible à l'Elève Modèle, lequel ne se trompe jamais. On a réellement fait de l'enfant le débiteur de l'Ecole. Chaque matin, en se rendant à ses leçons, il sait qu'on pourra lui réclamer quelque chose. Et, s'il est d'une nature inquiète, il finit bientôt par vivre dans l'état d'esprit d'un coupable. »
Henri Roorda in Le pédagogue n’aime pas les enfants (Editions HumuS, 2017)
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
« Il n'existe pas de mots particuliers pour distinguer la créativité en termes de nouvelles idées de la créativité artistique. C'est pourquoi, lorsque j'affirme que la “créativité” est une chose qui s'apprend, on me demande s'il est possible de devenir Beethoven de cette manière. La réponse est non, mais la “créativité des idées” est une chose que l'on peut enseigner, que l'on peut apprendre et que l'on peut développer de façon formelle. »
Edward de Bono in Comment avoir des idées créatives – 62 exercices pour stimuler votre imagination (LEDUC.S éditions, 2008)
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De la valeur de l’originalité Sandra Coppey MOTS-CLÉS : NORME • RUPTURE Pour faire suite à la demande de cet article, j’ai décidé de me laisser aller, dans un premier temps, à discuter l’originalité non pas sous l’angle de la théorie, mais en mobilisant mes propres premières représentations et premiers questionnements sur le sujet. J’espère que vous m’accompagnerez dans ces légères digressions, qui devraient me permettre d’étayer mon propos. Peut-être que vous aussi, vous comptez dans votre garderobe, cette pièce invraisemblable achetée à l’étranger, dans une boutique au concept peu clair, qui s’égare entre le fleuriste, l’épicerie bio et la friperie vintage. L’imprimé voyant, la taille pas forcément adaptée à votre morphologie, mais voilà, « ça se porte ainsi » vous a-t-on dit ! C’était l’été, les vacances, vous vous sentiez libre et plutôt charismatique dans cette tenue qui exprimait si bien la complexité de votre personnalité. Une fois rentré chez vous, il y a bien eu quarante-sept tentatives de sortir en la portant avant d’y parvenir vraiment. Fin de semaine, rendez-vous avec votre meilleur(e) ami(e), vous vous sentez en confiance. Face à l’absence de réaction, vous vous risquez à la question : « Alors cette tenue ? Tu la trouves comment ? » Et là, vous obtenez LA fameuse réponse ! Celle qui ne dit rien, mais qui dit tout. Pas vraiment beau, pas vraiment moche, ni pour, ni contre, bien au contraire… : « Ecoute, comment dire… c’est original ! ». Ce que vous comprenez de manière certaine à ce moment précis, c’est que ce n’est pas un feed-back très positif. Mes fils ont des amis qui arborent une apparence particulièrement élaborée. Cheveux colorés de teintes appartenant à la gamme des couleurs primaires, sourcils rasés, maquillage prononcé proche du dessin, quel que soit leur sexe, accord vestimentaire improbable de pièces chinées chez Caritas ou Emmaüs par choix et conviction plutôt que par nécessité. Je les connais depuis qu’ils sont petits. Des gamins en or : intelligents, bien élevés, vifs, beaux, concernés. Quand ils marchent dans la rue, ils sont la cible de regards au mieux incompréhensifs, le plus souvent méfiants ou agressifs. On les évite, on les scrute, on les interpelle. D’eux on dira volontiers qu’ils sont originaux. Et cela ne semble pas être un feed-back très positif compte tenu des réactions. Pourtant aujourd’hui l’originalité est un critère inconditionnellement valorisé et recherché dans les discours ! Il s’agit de posséder un chez-soi original, avec
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L’originalité devrait-elle être esthétique ou de bon goût et ne pas heurter la majorité des membres d’une société ?
du cachet, une décoration personnalisée. Les candidatures et autres CV doivent se faire remarquer, se détacher du lot pour avoir de meilleures chances de sélection. Nombreux sont ceux qui cherchent à vivre des expériences inédites durant leurs loisirs. La quête de l’originalité comme un Graal ! Y aurait-il donc une mauvaise et une bonne originalité ? L’originalité devrait-elle être esthétique ou de bon goût et ne pas heurter certaines normes de bienséance largement et communément partagées par la majorité des membres d’une société ? Se pose alors la question de l’évaluation de l’originalité et de la valeur qu’on lui concède ou non. Pour y répondre, je tenterai un détour par les champs théoriques qui me sont les plus familiers, ceux de la créativité, dans une approche de psychologie différentielle, de psychologie humaniste et dans une approche pédagogique. L’originalité est une des deux conditions de la créativité. Je me réfère ici à la définition de Sternberg (1999, cité par Lubart, Mouchiroud, Tordjman & Zenasni, 2003, p.10) : « La créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste. » Une production nouvelle est une production originale et imprévue. Une production adaptée sous-
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DOSSIER entend qu’elle satisfait un certain nombre de contraintes liées à la temporalité ou à l’environnement, par exemple. Afin d’évaluer la créativité, Torrance (cité dans Besançon, Barbot et Lubart 2011), lance un programme de recherche sur les compétences créatives des enfants, des adolescents et des adultes. Le premier objectif de ce programme est de rendre compte de l’évolution des compétences de pensée divergente au fur et à mesure des années et de construire un test de pensée divergente créative. Les épreuves proposées, standardisées, évaluent la capacité de l’individu à produire de nombreuses idées à partir d’un point de départ simple, et ceci dans un temps limité. Torrance met en évidence des critères permettant d’évaluer les résultats de ses tests. L’originalité est un de ces critères ! Selon cet auteur est original ce qui présente une faible fréquence statistique au regard de l’ensemble des idées proposées, ce qui est à part : rare ! Une réponse qui apparaît deux fois sera évaluée plus originale qu’une réponse qui apparaît quinze fois. Selon Stoycheva et Lubart (2001, p. 53), l’originalité d’une réponse à une situation donnée peut se mesurer à la faible fréquence statistique d’une option, ou au plan personnel, au sentiment subjectif de surprise qu’elle provoque. »
« L’originalité mérite d’être accueillie avec ouverture d’esprit et bienveillance. » Jusqu’ici, on le constate, aucune mention de valeur autour du concept d’originalité ! On pourrait rétorquer que la condition « d’adaptée au contexte » de la définition de la créativité serait ce garde-fou au « n’importe quoi ». Certes, toutefois nous ne débattons pas de créativité ici, mais bien d’originalité seulement ! Pour aborder la question de la valeur, je ferai un petit détour par Rogers (1998). Quoique datée, cette référence importante m’intéresse particulièrement par le fait qu’elle mobilise les concepts de sécurité et de liberté psychologiques. Selon Rogers (1998), la créativité débouche sur un produit, neuf et original. Rogers (1998) ne considère pas la distinction entre bonne et mauvaise créativité, l’acceptation par la collectivité ou le degré de créativité comme pertinent pour la définir, car ce sont, selon lui, des jugements de valeur. Par contre il accorde une valeur sociale à la créativité. Celle-ci peut être destructive ou constructive. Pour être constructive, la créativité doit répondre à trois conditions internes à l’individu : l’ouverture à l’expérience, le centre de jugement interne et l’habileté à jouer avec les éléments et les concepts. Enfin, pour pouvoir développer ces conditions nécessaires à la créativité constructive, le contexte général dans lequel évolue l’individu doit satisfaire deux conditions. D’abord, il s’agit d’établir un climat de sécurité psychologique, dépendant de trois facteurs : l’acceptation inconditionnelle de l’individu, l’absence de toute évaluation externe et une compréhension empathique ;
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ensuite, un climat de liberté psychologique, où l’individu n’a ni barrière ni interdiction à sa pensée, soit une liberté totale d’expression symbolique et la permission d’être libre donc responsable. Dans la perspective humaniste, la motivation première de la créativité est intrinsèque, elle obéit au besoin, à la tendance de l’homme à s’autoactualiser, c’est-à-dire à exploiter ses capacités et ses forces pour se réaliser pleinement en tant qu’individu. Un bien large détour pour démontrer que la valeur n’a rien à voir avec un jugement de valeur et qu’il serait bon de rester vigilant face à ce glissant raccourci ! Parce que définitivement, il n’y a pas d’originalité sans nouveauté et pas de nouveauté sans rupture avec ce qui est connu, déjà fait et existant ! Alors au risque d’être choquant, politiquement non correct, de mauvais goût (encore faudrait-il savoir du goût de qui on parle !) l’originalité mérite d’être accueillie avec ouverture d’esprit et bienveillance ! Car c’est à ce seul prix que nous pourrons promouvoir réellement la créativité et cesser de diffuser des injonctions « paradoxantes », pour reprendre la formulation de Gaulejac (2019), impossibles à tenir, de type : « sois original, mais surtout respecte les normes consensuelles ! » Cessons l’hypocrisie et posons un regard empathique, accueillant, curieux, encourageant sur tous les originaux, aussi dérangeants soient-ils ! C’est peut-être ainsi que nous rejoindrons la dimension d’authenticité contenue également dans le qualificatif original !
L'AUTEURE Sandra Coppey Elle est chargée d'enseignement créativité à la HEP-VS.
Références bibliographiques Besançon, M., Barbot, B., & Lubart T. (2011). « Evolution de l’évaluation de la créativité chez l’enfant de Binet à nos jours », Recherches & éducations [En ligne], 5 octobre 2011, mis en ligne le 15 janvier 2012, consulté le 30 avril 2020. https://bit.ly/3gkuHfC
De Gaulejac, V. (2019). Système paradoxant. Dans : Agnès Vandevelde-Rougale éd., Dictionnaire de sociologie clinique (pp. 633-636). Toulouse, France.
Lubart, T., Mouchiroud, C., Tordjman, S., & Zenasni, F. (2003). Psychologie de la créativité - 1re édition. Armand Colin.
Rogers, C. (1998). Vers une théorie de la créativité. In Le développement de la personne (p. 230-240). Paris : Dunod.
Stoycheva K. G., Lubart, T. (2001). « La nature de la prise de décision créative » in La créativité organisationnelle, regards sur l’individu, l’entreprise et l’économie, Edition Vuibert.
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Le Bon, l’Original et l’Outsider Frédéric Darbellay
Trois figures complémentaires
MOTS-CLÉS : DÉFI • INJONCTION CONTRADICTOIRE L’originalité semble être une des valeurs suprêmes de l’économie de la connaissance, de plus en plus promue en temps de changement et d’incertitude. Il faut que je, tu, nous tous fassions preuve d’originalité pour trouver des solutions nouvelles à des problèmes inédits. Crises sanitaire, sociale, financière, politique, climatique, autant de grands défis du XXIe siècle qu’une pensée conformiste, prévisible et attentiste ne peut endiguer, démunie face à leur complexité. Si la valeur de l’originalité et le rôle majeur qu’elle joue dans tout processus créatif est reconnue et célébrée à travers les exemples des grandes innovatrices et des grands innovateurs, il faut bien reconnaître qu’elle demeure soumise à une injonction contradictoire. Ouvertement, « Soyez originaux, soyez créatifs ! » dans l’éducation, l’économie etc., mais surtout « Soyez conformes, suivez les règles et restez dans le système » ! « Thinking outside the box », crie le slogan, « mais surtout ne sortez pas de la boîte », s’exclament les gardiens du statu quo et les tueurs du changement dans l’œuf.
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La capacité à produire du nouveau – qui est au fondement de la créativité humaine, de l’imagination et de l’innovation scientifique, artistique et éducative – est à la fois encensée et aussitôt contrariée au nom du conservatisme de vues étriquées. En contexte éducatif, il faut paradoxalement développer des compétences transversales dites du XXIe siècle (la créativité, la pensée critique, la communication, la collaboration, l’intelligence collective, etc.), mais il faut surtout maintenir à tout prix les logiques d’enseignement-apprentissage et d’évaluation disciplinaires qui compartimentent les savoirs et empêchent le dialogue entre les disciplines et l’implémentation du travail interdisciplinaire dans le système. Le maintien de ces oppositions stériles entre changement et inertie du système scolaire, entre conformisme et originalité créative, servitude et pensée critique, bêtise et intelligence collectives, disciplinarité et interdisciplinarité, etc. est contre-productif et il bloque toute impulsion au changement. On peut imaginer sortir de ces dualismes en posant le principe d’une symbiose possible entre différentes figures (non exhaustives) d’enseignant·e-chercheur·e au sein des
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DOSSIER établissements scolaires qui pourraient contribuer à un développement harmonieux et soucieux de transmettre certes des savoirs disciplinaires, mais aussi de nouvelles compétences pour les relier entre eux et faire sens dans une société mutante. La figure du Bon répond au besoin de transmettre des savoirs disciplinaires conformes au sens où ils garantissent l’acquisition des fondamentaux tout en les conformant, c’est-à-dire en les mettant en accord, en les adaptant aux problèmes complexes à résoudre.
« La capacité à produire du nouveau est à la fois encensée et aussitôt contrariée au nom du conservatisme de vues étriquées. » L’Original à son tour contribue au décloisonnement des disciplines scolaires en introduisant de la nouveauté, en réorganisant les disciplines en vue de la résolution de problèmes complexes et en outillant mentalement et pratiquement les étudiantes et les étudiants avec des compétences transversales et interdisciplinaires. L’Outsider se situe en dehors du système, il n’est pas une enseignante favorite ou un enseignant favori,
LE DOSSIER EN RACCOURCI
Top 10 des écoles originales 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.
Une école magique Une école parc Une école préhistorique En bateau Une école à aire ouverte Une école dans un château Un robot en classe L’école la plus verte du monde Pollution et cours à distance Aller à l’école pour jouer
Sélection 2018 sur le site www.lesdebrouillards.com https://bit.ly/2zZK4tu
mais c’est justement son statut hors-champ, sa nonexpertise revendiquée dans le champ scolaire qui lui permettent d’amener un point de vue et des solutions plus inattendues et disruptives, par exemple inoculer des logiques d’innovation et de créativité entrepreneuriales ou des stratégies numériques dans le système éducatif. Ces figures sont bien sûr nonexclusives mais complémentaires, elles sont susceptibles de se développer de manière conjointe. Il convient alors de toutes les valoriser et se dire que l’on peut individuellement et collectivement être à la fois Bon, Original et Outsider ou le devenir par une évolution personnelle dans un contexte de transformation du métier d’enseignant·e.
L'AUTEUR Frédéric Darbellay Frédéric Darbellay est professeur associé à l’Université de Genève (Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation) et responsable de la Cellule inter- et transdisciplinarité au sein du Centre interfacultaire en droits de l’enfant. Ses travaux de recherche portent sur l’interdisciplinarité, la créativité et l’innovation scientifique.
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Se poser les bonnes questions
Marginalité des dispositifs pour une pensée originale « Un enfant qui se sera senti autorisé à faire preuve de créativité hésitera moins à déployer une pensée originale. Ces compétences ne sont pas bien difficiles à développer : il existe déjà une myriade de dispositifs qui le permettent. Ils demeurent malheureusement, si ce n’est confidentiels, du moins marginaux. »
François Taddei in Apprendre au XXIe siècle (Calmann-Léy, 2018)
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Road-trip philosophique
L’école de l’imitation et non de l’originalité « A l'école, on apprend à imiter. Pour avoir de bonnes notes, il faut imiter le professeur. A l'université, le procédé est un peu plus subtil : on est censé imiter le professeur, tout en le persuadant qu'on ne l'imite pas, mais qu'on a saisi la quintessence de son enseignement. En procédant
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ainsi, on est sûr d'avoir la meilleure note, tandis que l'originalité peut vous faire stagner en queue de classe. Tout le système des notes défavorise la recherche originale. »
Robert M. Pirsig in Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes (Points, 2011)
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Deux sources innovatives de l’après confinement Françoise Cros
La rêverie pour apprendre autrement…
MOTS-CLÉS : OPPORTUNITÉ • PERSPECTIVES • APPRENTISSAGES BUISSONNIERS Les sociétés sont souvent bouleversées par de grands événements dont l’ampleur se mesure à leurs effets. Qui aurait pu imaginer il y a encore quelques mois que nous serions contraints à rester à la maison, à bouger le moins possible, pour éviter un fléau invisible et menaçant à tout instant ? Le printemps arrivait avec son cortège de promesses de fleurs, de fruits, de nature, de vacances. Et puis, patatras, tout change brutalement sans crier gare ! Alors, confinés chez nous, deux attitudes peuvent être prises : celle qui consiste à se plaindre d’une absence de liberté dans un pays dit démocratique, d’avoir une kyrielle d’empêchements pour bouger, de couper court à toute velléité de courir à sa guise, de hurler dans la campagne ; et puis, celle de se dire qu’au fond, il s’agit d’une opportunité inattendue qui ouvre de belles perspectives d’entendement de nousmêmes et des autres. C’est cette seconde attitude que nous adopterons parce que nous la trouvons pleine de possibles nouveaux, surtout pour les jeunes, les écoliers !
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La routine, l’habitude ne sont pas toujours conseillères en matière de modification de nos appréhensions sociales et environnementales. Là, à cet instant, tout est ouvert ! André Gide ne disait-il pas que « l’art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté » ? Au fond, quels sont ces effets pour un écolier qui se trouve coupé de ses copains, de son école, des formes d’apprentissage habituelles et qui se retrouve bien souvent avec ses parents, ses frères et sœurs quasi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ? Bien sûr, les conditions de logement interviennent ! Mais au-delà, ce confinement est un formidable terrain de profondes découvertes. Nous allons en lister deux, qu’il sera possible d’exploiter à l’avenir dans la nouvelle école engendrée par cet événement surgissant. En ces instants, l’école est apparue comme utile voire nécessaire, car apprendre à distance n’est pas évident et spontané, même si les exercices proposés sont ludiques et que l’ambiance à la maison est détendue et décontractée. Cette école est apparue comme une institution indispensable à toute société. Les parents ont découvert qu’être enseignant n’est pas spontané et, sans doute, dans leur représentation, l’enseignement était proche d’une sorte de garderie intelligente.
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DOSSIER Pourquoi ne pas en profiter pour une valorisation à travers une redéfinition précise et ciblée de cette utilité ? La coupure d’avec la famille permet pour le jeune de se socialiser, de s’affirmer en tant qu’individu. La personnalité s’affermit, ce que disait Sartre quand il écrivait à propos de son parcours biographique, qu’il « était devenu ce que les autres avaient fait de lui ». L’utilisation à distance des apprentissages, aussi habiles soient les maîtres, ne peut remplacer l’enseignement en face à face. L’idée ancienne, déjà née dans l’esprit d’André Malraux, que l’enseignement à distance remplacerait le maître dans sa totalité est apparue très naïve. La découverte que, sans doute, certains apprentissages peuvent se faire à travers un ordinateur, a récemment été esquissée à travers les innovations sur la classe inversée. Ce jeu habile de mixage ouvre la voie à des modalités de classe plus personnalisées : pourquoi ne pas mettre des élèves en classe face à un laptop tandis que d’autres font des activités où le maître, libéré, peut se consacrer à eux ?
« A la maison, le jeune est implicitement tenté d’opérer des apprentissages buissonniers... » Le contrôle serré des éléments déposés à distance par le maître se fait plus souple quand le jeune est à la maison car ce dernier est implicitement tenté d’opérer des apprentissages buissonniers… la recherche d’une information en entraîne une autre. Rappelons-nous ce que disaient nos grands-parents, à l’époque où le dictionnaire papier était vivement recommandé et où le jeune cherchait un mot précis et se perdait dans un dédale de nouveaux mots qui le conduisaient à la rêverie. Au fond, un ordinateur face à soi, n’est-il pas une invitation à sauter d’information à information selon un cheminement tortueux et inventif ? La porosité des apprentissages scolaires et des apprentissages extérieurs est apparue comme ténue et exigeant des temps de rêverie, de découvertes hasardeuses. Et puis, une autre dimension a fait son apparition interrogeant l’enseignement comme préparant à prendre en charge les grandes périodes de la vie. En effet, le confinement est le produit d’un virus dangereux conduisant parfois à la mort. Celle qu’on cache dans une sorte de déni social ; de même, le rapport à la nature abordé souvent sous un aspect bucolique peut aussi être agressif. L’angélisme fréquent dans les domaines des savoirs scolaires laisse planer une culture hors sol. L’argument que ces sujets ne relèveraient pas de l’école est une fuite en avant, car école et famille se complètent. La mort, la maladie, comme éléments consubstantiels de la vie, suggèrent
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de mettre en place, par exemple, avec les élèves, un élevage (lapins, poules, poissons, etc.) et un mini-jardin que les jeunes prendraient en charge. Ce serait une excellente occasion d’interrogations sur des milliers de thèmes liés aux apprentissages fondamentaux. L’intégration de la mort et de la maladie dans la vie serait une manière de conscientisation sans en faire un sujet morbide : tout simplement respectueux de toute vie. En conclusion, le confinement n’est pas sans effet également sur les adultes et plus particulièrement les enseignants : après avoir produit une sidération, il peut conduire ces derniers à se réinterroger sur leur utilité professionnelle et sociale. Ce processus correspond tout à fait à ce que nous appelons la démarche de déprofessionnalisation de l’enseignant pour une nouvelle reprofessionnalisation sur d’autres bases, notamment inspirée des deux éléments novateurs suscités ici : la souplesse dans les supports d’apprentissage avec la possibilité de faciliter des apprentissages buissonniers ; et l’intégration de la trajectoire entière de vie, de la naissance au décès, dans un rapport apaisé et inclusif de la nature. Deux innovations scolaires engendrées par l’expérience du confinement.
L'AUTEURE Françoise Cros Professeure d’Université Conservatoire national des arts et métiers, Paris.
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Evolution de l’école
A l’affût des idées originales « La créativité devient le point initial de l'innovation qui se communique à d'autres qui peuvent l'adopter ou s'en inspirer. Dans les entreprises, il existe des professionnels nommés “agents de changement“ à l’affût de ces idées originales dont, par anticipation, ils voient les potentialités. Un innovateur qui aurait lancé seul une innovation est actuellement rare, même à l'école où le travail se fait de plus en plus en équipe. Toutefois, il n'existe pas de façon officielle, au collège ou au lycée, de rôle d'agent de changement. […] Dans le domaine de l'école, la créativité devient par conséquent une compétence que doivent aussi acquérir les élèves. Beaucoup de nouvelles réformes du système éducatif insistent sur l'acquisition de cette compétence comme une étape fondamentale. » Françoise Cros in Innovation et société – Le cas de l'école (ISTE éditions, 2017)
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L’originalité en AC&M : vers une activité technologique ? John Didier
Inspiration pour un travail en AC réalisé au collège de Bellevue de La Chaux-de-Fonds www.piracef.ch
MOTS-CLÉS : EXPRIMER • IDÉES • IMAGINAIRE Cet article propose une contribution à ce dossier sur l’originalité en revenant sur l’enseignement des Activités Créatrices et Manuelles (ci-après AC&M) et plus précisément sur l’apprentissage des idées originales et adaptées au contexte lors de la conception et de la réalisation de produits par les élèves au sein d’une activité technologique.
PASSAGE DE LA TRADITION À L’ORIGINALITÉ Avant de parler d’originalité, revenons brièvement sur la tradition de l’enseignement des disciplines techniques. En effet, les AC&M puisent leur tradition dans l’enseignement des travaux manuels et de l’enseignement de la couture1. Ces disciplines incarnaient une volonté de transmission de gestes et savoir-faire techniques liés à l’artisanat spécifié par une centration sur les gestes physiques, les valeurs, les usages et les pratiques issus des métiers manuels. Le passage de l’enseignement du travail manuel aux Activités Créatrices et Manuelles (dans les années 1970 en Suisse romande) marque un tournant identitaire pour ces disciplines scolaires. L’association entre l’activité de production d’un produit et la pensée créatrice mobilisée en amont a ainsi ouvert toute une palette de nouveaux savoir-faire professionnels issus
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des métiers de la conception et de la création. Aussi, l’artisanat situé aux origines des pratiques sociales de référence de ces disciplines s’est vu progressivement complété et enrichi par d’autres professions telles que les métiers de l’ingénierie, du design, du stylisme et des arts. Ces métiers possèdent en commun le fait de concevoir et de réaliser des produits nouveaux, singuliers, personnels et par conséquent originaux. Dans le cadre de la conception d’un produit, la pensée créatrice est amenée à générer des idées innovantes, adaptées et pouvant présenter une certaine originalité par rapport au contexte (Didier et Bonnardel, 2020).
« La discipline scolaire des AC&M est devenue le lieu idéal pour apprendre à générer des idées originales. » Le caractère novateur dans un produit est en général associé à une idée originale, dans le sens où l’idée ou la production doit se distinguer de ce qui a déjà été réalisé par le créateur lui-même ou par d’autres personnes (Bonnardel, 2006).Les activités créatrices peuvent donc donner lieu à des idées ou des produits originaux qui peuvent être minimes par rapport à ce qui existe ou correspondre au contraire à une innovation importante (ibid, 2006). Aussi, la discipline scolaire des AC&M est devenue le lieu idéal pour apprendre à générer des idées
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DOSSIER originales tout en s’appuyant sur une tradition de la gestion des contraintes liées aux savoir-faire techniques issus de l’artisanat.
DES IDÉES ORIGINALES À LA CONCEPTION DE PRODUITS La distinction entre les métiers de l’artisanat et les métiers de l’ingénierie, du design ou du stylisme se caractérise par une nécessité de concevoir, de réaliser et de commercialiser des produits originaux sous peine de disparaître face à une concurrence acerbe. L’activité créatrice mobilisée lors du processus de création d’un produit original accorde une place centrale à l’activité de conception. Concevoir (to design en anglais) consiste à dessiner, exprimer un dessein par un dessin à l’aide de formes et de symboles pour ensuite agir sur le réel (Demailly et Le Moigne, 1986). Au niveau du Plan d’études romand (CIIP, 2010), l’apprentissage de la conception en AC&M se voit défini comme le fait de représenter et d’exprimer une idée, un imaginaire, une émotion par la pratique de différents langages artistiques. De ce fait, les AC&M ont progressivement basculé d’un enseignement essentiellement centré sur l’apprentissage des savoir-faire techniques, vers un apprentissage de la génération d’idées originales et innovantes. Cet enseignement favorise également chez l’apprenant l’apprentissage du choix, de la décision, de la communication, de l’anticipation, de la gestion de contraintes, de la recherche de solutions dans le but de réaliser un produit innovant et adapté au contexte. Ces apprentissages démontrent la maîtrise de savoir-faire techniques, mais également une partie de la personnalité de l’apprenant à travers la définition des différents choix liés à la fonction d’usage, mais également à la fonction esthétique, communicationnelle, symbolique et expressive du produit (Didier et Bonnardel, 2020).
L’apprentissage de la génération d’idées créatives et originales a ouvert la voie à la formation d’apprentisconcepteurs capables de penser en projet, de gérer des contraintes et de mettre en œuvre ses idées. Avec des racines dans l’artisanat, les AC&M ouvrent de nouvelles perspectives originales dans la formation des élèves, leur apprenant à concevoir et à re-concevoir les produits et les projets d’aujourd’hui et de demain. Note Par la suite renommée Activités Créatrices sur Textiles.
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L'AUTEUR John Didier Professeur ordinaire en didactique des activités créatrices et techniques à la HEP-Vaud https://bit.ly/2Z1qXcK
Références bibliographiques
LES AC&M POUR FORMER DES CONCEPTEURS Un autre trait caractéristique lié à l’enseignement des AC&M provient de son orientation disciplinaire. En effet, en fonction de sa localisation en Suisse, cette discipline est soit rattachée au domaine des arts selon le Plan d’études romand (CIIP, 2010) ou au domaine de la technologie dans les cantons alémaniques (Käser, 2017). Pour mieux nous y retrouver, revenons sur le processus de création d’un produit. Si nous reprenons une définition de l’activité technologique proposée par Lutz, Hostein et Lécuyer (2004), celle-ci définit l’intention de réalisation d’un produit par trois positions : la conception, la fabrication et l’utilisation. En cela, l’enseignement des AC&M a progressivement dépassé un enseignement exclusivement centré sur la transmission de techniques de fabrication. Celui-ci s’est ouvert à un enseignement qui développe également chez l’élève la mobilisation d’idées innovantes et adaptées pouvant être créatives et originales au moment de la conception et de la réalisation du produit.
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Bonnardel, N. (2006). Créativité et conception : Approches cognitives et ergonomiques. Marseille : Solal. Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). (2010). Plan d'études romand: cycle 3. Neuchâtel: CIIP. Demailly, A. et Le Moigne, J.-L. (1986). Théories de la conception. Dans A. Demailly et J.-L. Le Moigne (dir.), Sciences de l’intelligence, sciences de l’artificiel (p. 435446). Lyon : PUL. Didier, J. et Bonnardel, N. (Eds.) (2020). Didactique de la conception. Belfort-Montbéliard : UTBM. Käser, A. (2017). Technik und Design / Technique et Design Un nouvel outil didactique pour les activités créatrices et techniques. In J. Didier, Y.-C. Lequin et D. Leuba (Eds.). Devenir acteur dans une démocratie technique, Pour une didactique de la technologie (pp.121-46) Belfort : UTBM. Lutz, L., Hostein, B. et Lécuyer, E. (2004). Enseigner la technologie à l’école élémentaire. Bordeaux : SCEREN-CRDP Aquitaine.
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Exploiter le potentiel créatif
Du projet banal au projet original « L'utilisation de techniques de créativité appropriées peut constituer une véritable plaque tournante pour transformer un problème en solution ou encore un projet banal ou risqué en projet original et bien ficelé. »
Camille Carrier et Sylvie Gélinas in Créativité et gestion – Les idées au service de l'innovation (Presses universitaires du Québec, 2011)
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Evaluer l’originalité à l’école : de quelle façon procéder ? Angela Mastracci
Explorer les aspects liés à la dimension de l’originalité en classe
MOTS-CLÉS : PRODUIT CRÉATIF • PROCESSUS CRÉATIF • PERSONNE CRÉATIVE Sachant que la pensée créatrice1 est une qualité recherchée dans plusieurs sphères de la vie professionnelle et personnelle, il semble pertinent et même nécessaire de favoriser son développement à l’école. Dans le trio enseigner, faire apprendre et évaluer des aspects liés à la dimension de l’originalité, c’est l’acte d’évaluer qui pose souvent des défis aux enseignants. Quelques questionnements clés peuvent orienter les décisions liées à l’intégration optimale de la dimension de l’originalité dans sa stratégie globale d’évaluation. Selon quel but (ou fonction) voudrais-je évaluer l’originalité dans ma classe ? Cette question fait réfléchir d’une part sur la fonction de sanction ou de certification qui mène à des résultats décrits selon un barème de notation précis (lettres, chiffres ou pourcentages selon les pratiques de l’institution) et de l’autre part sur la fonction de régulation des apprentissages qui mène à fournir aux
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élèves des rétroactions descriptives, spécifiques et utiles pour apprécier la progression des apprentissages et suggérer des pistes d’amélioration. Selon le contexte pédagogique, le profil des élèves, le moment dans le programme, etc., il peut s’avérer pertinent de recourir davantage à la fonction de régulation des apprentissages qui laisse émerger l’expression de la subjectivité de l’enseignant et des élèves dans un contexte sécuritaire où l’erreur est source d’apprentissage et non de sanction. Peu importe la fonction d’évaluation, pour porter son jugement évaluatif, il est recommandé d’employer des grilles d’évaluation à échelles descriptives en analysant diverses traces d’apprentissage ou de tâches. Il ne s’agit pas d’inventer de nouvelles tâches pour ses élèves, mais de réfléchir sur la façon d’intégrer de façon pertinente et cohérente les aspects liés à la dimension de l’originalité dans des tâches déjà déployées dans sa classe. Cela ouvre la porte à la prochaine question. Selon quel(s) objet(s) d’évaluation voudrais-je évaluer l’originalité dans ma classe ? Trois grands objets d’évaluation, appelés communément
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DOSSIER les 3P, peuvent être considérés (séparément ou en combinaison) au moment de porter un regard sur les apprentissages en créativité dans une approche par compétences. Les 3P se nomment le produit créatif, le processus créatif et la personne créative / propos2.
fournir des rétroactions pertinentes3 AVANT de poser son jugement évaluatif lors d’un contexte d’évaluation sommatif ou certificatif. Notes Renvoie à la capacité de générer des idées fluides (pertinentes et en grand nombre), flexibles (tirées de disciplines connexes et variées), originales (combinaisons inusitées et pertinentes sortant du cadre habituel) et élaborées (raffinées, peaufinées et recherchées). 2 Pour en savoir davantage veuillez consulter : https://bit.ly/3bC9tXf 3 Pour en savoir davantage veuillez consulter : https://bit.ly/3csEpua 1
L’évaluation du produit créatif s’appuie sur des critères ou des qualités attendues dans une production finale résultant d’une tâche complexe, authentique et signifiante pour l’élève. La nouveauté, l’originalité, l’utilité, la fonctionnalité, la validité et l’adaptation au contexte représentent entre autres des qualités recherchées dans une production finale. C’est l’objet d’évaluation le plus communément utilisé par des enseignants.
« En lien avec la dimension de l’originalité, c’est l’acte d’évaluer qui pose souvent des défis aux enseignants. » L’évaluation du processus créatif fait appel aux critères ou aux qualités attendues lors des étapes de conception et des phases observées pendant la démarche créative. Plusieurs attentes peuvent faire partie de l’objet d’évaluation portant sur le processus créatif, entre autres la mobilisation de ressources spécifiques du domaine incluant les techniques de créativité, ainsi que les modes de traitement de l’information, notamment la pensée créatrice. L’objet d’évaluation associé à la personne créative / propos peut se diviser en deux parties. D’un côté, les critères ou qualités recherchées portent sur les conduites et les comportements précis attendus d’une personne créative du domaine en question. Cela représente le savoir être ou les attitudes du domaine typiquement associées aux tâches qui exigent de manifester la créativité. De l’autre côté, les critères ou qualités recherchées portent sur le propos de la personne créative ou sa capacité à effectuer un retour réflexif sur son processus créatif et son produit créatif impliquant de l’introspection et de la métacognition. Selon le contexte pédagogique, le profil des élèves, le moment dans le programme, etc., il peut s’avérer pertinent de recourir davantage aux objets d’évaluation portant sur le processus créatif ou sur la personne créative / propos notamment dans le but de faire développer la créativité des élèves et d’explorer des aspects liés à la dimension de l’originalité en classe. Peu importe le choix d’objets d’évaluation, cela suppose d’enseigner explicitement des attentes (ou des critères) en matière d’originalité ou de créativité, d’offrir des activités d’apprentissage stimulantes pour le développement et l’observation des attentes et de
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L'AUTEURE Angela Mastracci Consultante et formatrice en pédagogie de l’enseignement supérieur angela.mastracci@usherbrooke.ca
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Archives pédagogiques
Le cachet d’originalité dans les compositions « Quelques élèves ont déjà un cachet d'originalité qui frappe dans leurs compositions. Il faut le leur laisser ; il n'y a qu'à les soutenir et les guider dans leur essor. Les uns sont frappés par des faits que d'autres ne voient pas ; il faut les laisser libres d'intercaler le récit de ces faits dans leurs compositions. »
Bulletin pédagogique et L’Ecole primaire, organe des sociétés fribourgeoise & valaisanne d’éducation, 1er juillet 1902
LE DOSSIER EN RACCOURCI
10 astuces pour rendre l’école plus créative et plus amusante 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.
Rendre le tableau périodique plus créatif Les angles mathématiques pour de vrai Un miroir pour voir ce que fait le prof Pédaler en apprenant Un escalier selon vos priorités Un toboggan pour gagner du temps Pour déstresser avant un examen Un distributeur de crème solaire Des poubelles amusantes pour inciter au recyclage Un escalier pour apprendre les tables de multiplication
Creapills, 11 mai 2017 https://bit.ly/3g9DYXM
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L’originalité au cœur d’une étude de l’OCDE Stéphan Vincent-Lancrin mais aussi par les élèves eux-mêmes, soit pour leurs productions ou celles de leurs pairs.
« l’originalité est ce qui est nouveau pour soi – pas forcément pour l’enseignant ou pour le monde. »
« Est original ce qui est produit le moins souvent par une certaine population. »
MOTS-CLÉS : TESTS DE CRÉATIVITÉ • RÉFÉRENTIEL DE COMPÉTENCES L’originalité est une dimension essentielle de la créativité – même si la créativité n’est pas la recherche de l’originalité pour l’originalité. Il faut aussi que la solution proposée soit appropriée pour le problème esthétique, scientifique, politique, etc. qui est posé. Au début de notre étude sur le développement de la créativité à l’école, nous avions mis l’originalité de côté – avant de la réintroduire, car la créativité sans l’originalité, ce n’est plus vraiment la créativité. L’un des risques avec la créativité, qui vient précisément de l’originalité, c’est qu’il est presque impossible pour des élèves du primaire ou du secondaire de produire des idées ou des artefacts qui soient vraiment originaux, sans pour autant être farfelus. Les tests de créativité ont réglé le problème en faisant de l’originalité une mesure statistique : est original ce qui est produit le moins souvent par une certaine population. Nous avons finalement décidé que le degré de nouveauté ou d’originalité pouvait être apprécié par l’enseignant, qui a l’expérience de ce que les enfants d’un certain âge produisent dans leur contexte,
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Dans notre référentiel de compétences sur la créativité, l’originalité est ce qui est nouveau pour soi – pas forcément pour l’enseignant ou pour le monde. Cela permet de rendre la créativité accessible pour tous, et donc un objectif que l’on peut enseigner et apprendre. Le risque est qu’il n’y ait pas suffisamment d’ambition, car en un sens, tout ce que l’on apprend est nouveau pour nous. Il faut donc que les enseignants et les étudiants essaient de sortir de leur zone de confort pour aller chercher cette originalité personnelle dans leurs productions. Il faut que la solution soit un peu audacieuse – ou au moins que le processus d’apprentissage l’ait été. Il faut essayer des idées nouvelles, ne pas les abandonner tout de suite, et réfléchir sur la créativité de sa solution.
L'AUTEUR Stéphan Vincent-Lancrin Analyste principal d'éducation à l'OCDE au Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement
Rapport OCDE sur la créativité Version en anglais Vincent-Lancrin, S., et al. (2019), Fostering Students' Creativity and Critical Thinking : What it Means in School, Educational Research and Innovation, Editions OCDE, Paris. https://doi.org/10.1787/62212c37-en
Version en français, à paraître le 5 juin 2020 Vincent-Lancrin, S., et al. (2020), Développer la créativité et l’esprit critique des élèves : Des actions concrètes pour l’école, Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement, Editions OCDE, Paris. https://bit.ly/36gJtQ4
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
DOSSIER
Sortons l'école de sa boîte ! Amalia Terzidis pour faire plus de liens entre ce que l'on apprend à penser et le monde dans lequel on doit penser ? Et si on invitait le monde dans sa classe, des vraies personnes, qui nous expliquent, nous montrent, nous racontent ? Et si on s'inspirait de l'originalité de chaque élève pour trouver d'autres moyens d'apprendre, d'évaluer, de travailler ?
Osons briser les habitudes, questionner les façons de faire que l'on tient pour acquises ! Et si les élèves apprenaient mieux en bavardant un peu entre eux ? En bougeant de leur chaise ? Et si on les laissait se lever et s'étirer, travailler dans un coin de classe ou un moment dans le couloir ? Et si on aménageait notre classe pour pouvoir bouger, collaborer, échanger ? Si on écoutait un peu de musique pendant un travail individuel ? Et si on faisait de l'histoire et de la géo en même temps ? Et si on demandait aux élèves ce qui les intéresserait de savoir, de faire, de créer, pour tisser des liens avec notre programme ? Et si on évaluait tout au long des tâches ou sur un projet et non dans un examen final sur papier ? Et si on prenait du temps pour se sentir bien en classe, laisser la place au corps et aux émotions, pour faire moins de tâches, mais mieux ?
Osons collaborer pour générer de nouvelles idées! Et si on allait voir dans d'autres classes, dans d'autres pays pour s'inspirer ? Et si on invitait dans la nôtre pour échanger ? Et si on osait demander des nouvelles idées, ou proposer les nôtres ? Et si on organisait des échanges, des réseaux, des partages, des caféspédagogie ou des apéros créatifs ? Et si on essayait de demander à nos élèves comment ils pourraient mieux apprendre ?
Si on ne peut révolutionner le système, osons faire différemment dans le système…
MOTS-CLÉS : ET SI… • OSER SE TROMPER Le mot crise vient d'un mot grec qui signifie : séparer, juger. La crise actuelle nous permet peut-être de séparer ce qui est essentiel de ce qui ne l'est pas, de juger de ce qui est vraiment important. Quelle belle opportunité pour l'école ! On s'aperçoit alors que la créativité est essentielle, cruciale, pour s'adapter à un contexte, trouver des nouvelles idées, enseigner et apprendre différemment. Que le contexte de travail, les émotions, la santé, l'environnement autour de l'élève sont des conditions de base pour bien apprendre, bien plus que le nombre de fiches à remplir par jour. Que, vraiment, tous les élèves sont différents, issus de contextes différents, avec des talents différents et des points faibles différents. La créativité dont ont fait preuve les enseignantes et les enseignants pour s'adapter au mieux au nouveau contexte a été extraordinaire, et spontanée. Prenons conscience de cette force vive bien présente dans la profession, et développons-la, exploitons-la pour sortir l'école de sa boîte, qui étouffe parfois les apprentissages et les élèves, mais parfois aussi les enseignants ! Si on ne peut révolutionner le système, osons faire différemment dans le système… Osons proposer des façons originales d'apprendre ! Et si on structurait les leçons et le temps différemment ? Et si on utilisait d'autres ressources ? Et si on sortait plus souvent de la classe pour voir le monde en vrai,
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
Pour créer, du nouveau, osons ! Et pour cela… si on acceptait de se tromper parfois, pour faire mieux, toujours ? ...
L'AUTEUR Amalia Terzidis Groupe de recherche & de formation CreaInMotion - Créativité, Innovation, Emotions dans l'Education Coordination des didactiques SHS – HEP-VS Groupe de recherche 2CR2D en didactique de l'histoire
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Regards de deux apprentis polydesigners 3D sur l’originalité MOTS-CLÉS : ÉCOLE OBLIGATOIRE • MONDE PROFESSIONNEL Rosy Epiney et Xavier Rouvinet sont tous deux apprentis polydesigners 3D1 en 4e année (formation en 4 ans) à l’Ecole professionnelle commerciale et artisanale de Sion (EPCAs). Selon la définition du portail officiel suisse de l’orientation, les polydesigners « conçoivent et réalisent des décors et mises en scène en 3D et les installent dans des vitrines, des magasins, des stands de foire, des expositions, des musées ou des manifestations événementielles2. » C’est donc un métier qui invite à la créativité et à l’originalité.
REGARD DE ROSY EPINEY Lorsque vous étiez à l’école obligatoire, l’originalité était-elle au programme ? Au CO de Crans-Montana, je pouvais tout à fait la développer dans les cours de dessin, de menuiserie, mais aussi pendant ceux liés aux projets personnels. Et au primaire, il y avait le bricolage et le français qui permettaient une expression plus libre, sans avoir une marche à suivre trop détaillée. J’ai toujours aimé dessiner, en me démarquant dans ce domaine. La prise en compte de votre personnalité était donc à vos yeux suffisante… Oui, car à l’école on étudie et la créativité se retrouve surtout dans les passions. De plus, la créativité et l’originalité s’apprennent et à la fois ne s’apprennent pas. Dès que quelques bases sont posées, leur développement est très personnel. Choisir un métier créatif était-il pour vous une évidence ? Oui, et j’ai d’abord effectué un CFC de créatrice de vêtement. La créativité me motive et m’apporte de la confiance en moi.
mot à dire. Dans le monde professionnel, on devrait favoriser le potentiel créatif des collaborateurs, ce qui permettrait la nouveauté. Mais pour cela il faut laisser place aux bonnes ainsi qu’aux mauvaises idées, en osant les erreurs avant de choisir.
REGARD DE XAVIER ROUVINET Quand vous étiez à l’école obligatoire, la créativité avait-elle une place ? Dans les premiers degrés de la scolarité oui, mais ensuite c’est l’étude qui dominait à l’école. Avec le recul, je me rends compte que l’on pouvait rarement laisser libre cours à notre imagination et même dans les activités de travaux manuels tout était la plupart du temps guidé du début à la fin. Laisser plus de place à la créativité à l’école contribuerait à une plus grande ouverture d’esprit dans la société. Avez-vous choisi votre apprentissage parce que le métier permettait l’originalité ? Absolument, c’était un critère de choix important pour moi. La créativité, c’est ce qui m’a attiré dans cette formation. Au terme de votre formation, vous sentez-vous plus créatif et plus original ? En cours, j’ai appris à exprimer ma créativité tout en respectant certaines règles. J’ai l’impression que les écoles des autres cantons mettent moins en avant cette dimension, aussi j’estime avoir eu de la chance. Et dans le monde professionnel ? Dans les grandes entreprises, on reçoit beaucoup de matériel déjà préparé par la centrale, et nous ne sommes alors que les metteurs en scène. Laisser davantage de liberté aux collaborateurs de la décoration permettrait d’ajouter une touche personnelle, tout en respectant la ligne générale. Propos recueillis par Nadia Revaz
Pouvez-vous exprimer votre potentiel à l’école professionnelle et en entreprise ? J’estime que dans les cours ces dimensions sont valorisées, mais en entreprise nous n’avons pas suffisamment notre
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Notes Pour en savoir plus sur ce métier : cf. article de Résonances paru en février 2018 : https://bit.ly/3ecW6ya 2 www.orientation.ch 1
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DOSSIER
Bibliographie de la Documentation pédagogique Le secteur documentation pédagogique de la Médiathèque Valais - SaintMaurice livre quelques suggestions de lecture pour aller plus loin dans ce dossier. Tous les documents proposés sont bien sûr disponibles à la Médiathèque Valais - SaintMaurice (cf. cotes indiquées) et pour certains à Sion également. Documents disponibles à la Médiathèque Valais – Saint-Maurice BERLINGUER, LUIGI., Réinventer l’école : une école de qualité pour tous et pour chacun, Paris,
Fabert, 2017 Cote : 37.014 BERL DELL’AQUILA, ISABELLA., Vos enfants sont créatifs. 50 activités pour libérer et développer leurs talents, Paris, Eyrolles, 2018 Cote : 159.922.72 DELL BAZINET, JULIE., Eduquer les enfants avec la psychologie positive : pour les parents, enseignants et éducateurs, Saint-Julienen-Genevois, Jouvence, 2015 Cote : 159.923.3 BAZI Pour aller plus loin Arbre à perles (www.pearltrees.com) du mois (rassemblant des idées de lecture, des sites internet, des vidéos…) en lien avec la thématique. https://bit.ly/3g8a1aB
Un merci particulier à Isabelle Deschenaux, bibliothécaire responsable du secteur de la Documentation de l’IRDP (Institut de recherche et de documentation pédagogique), organisme de la CIIP (Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin), pour les pistes transmises en période de semi-confinement qui ont permis d’enrichir l’arbre à perles du mois.
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Soif naturelle d'apprendre
Emerveillement, beauté et originalité « Si nous voulons préserver le sens de l’émerveillement chez notre enfant, il faut que nous ayons nous-mêmes un minimum de gratitude, d’émerveillement et de sensibilité à la beauté. Non seulement parce que l’enfant se fiera à notre regard, mais aussi parce qu’il grandira dans un environnement que nous avons préparé pour lui. Ainsi, il faut un adulte sensible pour bien comprendre comment aménager un environnement respectueux de la disposition naturelle de l’enfant. Si la laideur est une absence de beauté, on pourrait dire qu’une chose contenant peu de beauté est vide, ou banale. La banalité, c’est le manque d’importance, d’originalité, de contenu. Une fois qu’on a perdu l’émerveillement et la sensibilité nécessaires pour apprécier la beauté ou l’expérience esthétique, c’est la banalité du vide qui prend toute la place, et c’est là qu’on perd contact avec la réalité. »
Catherine L’Ecuyer in Cultiver l'émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants (Editions Eyrolles, 20199
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
ROBINSON, KEN., Changez l’école ! : la révolution qui va transformer l’éducation, Paris, Play Back, 2017 Cote : 37.014.3 ROBI
L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Stratégies pédagogiques
Les idées originales de l’enfant précoce « Sa créativité et son goût pour la complexité vont enrichir votre propre expérience et apporter une véritable “plus-value” à l’ensemble de votre classe. Il va souvent avoir des idées originales, pour peu qu’on lui laisse la possibilité de les exprimer. »
Elsa Autain-Pléros in Je suis précoce Mes profs vont bien (Chronique Sociale, 2013)
Prochain dossier
Parution début septembre 2020 Les tâches à domicile
Résonances, c’est aussi une application et un site internet. Ce dernier est davantage actualisé pendant que la version papier est en pause estivale.
www.resonances-vs.ch
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> RÉFLEXION
Regard de Shana Darbellay sur sa première année d’enseignement le directeur nous a laissé prendre la première semaine pour apaiser les enfants et les parents, mais aussi pour nous déstresser, tout en nous assurant que nous aurions rapidement une plateforme bien pensée pour l’école à distance. Ce temps d’adaptation nous a permis de réfléchir entre collègues et d’échanger nos idées.
MOTS-CLÉS : 1H-2H • MONTHEY Shana Darbellay enseigne en 1H-2H à Monthey depuis la rentrée. Autant dire qu’elle a vécu une année très particulière pour ses premiers pas d’enseignante. Depuis le 13 mars dernier, elle a expérimenté l’enseignement à distance, puis elle a repris le métier dès le 11 mai en présentiel avec des demi-effectifs en alternance, avant le retour de toute la classe à l’école à partir du 18 mai. « J’adore ce métier », lance-t-elle de manière enjouée. Le ton est donné. Tout d’abord, quelle impression générale garderez-vous de votre première année d’enseignement ? J’ai eu beaucoup de chance, car je me suis retrouvée dans un cadre
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idéal, avec des collègues très sympas qui étaient là pour m’aider dans la planification des activités, parce que toute seule j’étais un peu perdue. J’ai découvert des élèves que je ne connaissais pas et qui m’ont permis d’avoir une année scolaire au top. Avant le 13 mars, j’ai mené plusieurs beaux projets avec mon collègue qui enseigne aussi en 1H-2H. Le seul point négatif, c’est que j’ai deux mois de moins en classe que si j’avais débuté une autre année. Avec l’école à distance, vous étiez dans la même impréparation que vos collègues plus chevronnés. Comment avez-vous vécu cette expérience particulière ? C’est vrai que nous étions tous débutants et dans le flou. A Monthey,
Pour des 1H-2H, n’était-il pas compliqué d’apprendre à distance ? En classe, mes élèves voulaient tous apprendre pour parvenir à faire les activités des grands, mais à la maison c’était évidemment moins facile de les motiver. J’ai toutefois toujours essayé de trouver des stratégies en leur expliquant que leurs parents étaient les intermédiaires de mes consignes, afin qu’ils comprennent que c’était comme à l’école, mais à la maison. J’ai privilégié le côté ludique. Je demandais par exemple aux enfants de mesurer leur salon avec leurs chaussettes et ainsi l’air de rien ils faisaient des maths. Pendant ces deux mois, j’ai vu mes élèves évoluer, aussi je ne suis pas inquiète pour la suite, d’autant plus que j’ai l’impression que les parents ont joué le jeu de laisser une part d’autonomie à leur enfant dans les activités pour l’école. Comment s’est déroulée la reprise des cours à l’école ? La veille de la reprise, j’ai envoyé un message vocal aux enfants pour leur faire savoir comment cela allait se passer pratiquement, car je trouvais important de m’adresser à eux directement. Pour ce qui est des gestes barrières, il n’y avait rien
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES Qu’est-ce qui est fondamentalement différent à distance et en présentiel en 1H-2H ? A cet âge, les élèves développent surtout les capacités transversales, aussi communiquer, partager, aider ou prendre le temps de réfléchir avec eux se fait plus difficilement par écran interposé.
Shana Darbellay
« Pendant ces deux mois, j’ai vu mes élèves évoluer. » de nouveau, puisque je les avais mis en place avant l’arrivée du coronavirus. Lorsque toute la classe a été réunie, nous avons vécu ensemble un vrai moment de joie. Comme nous avons un magnifique parc à côté de l’école, j’en ai profité pour faire cours à l’extérieur. L’autre jour, avec mes élèves nous chantions « Le coronavirus, c’est plus petit qu’une puce », et, ayant quelques minutes de retard, nous nous sommes retrouvés encerclés par les parents qui applaudissaient.
Pensez-vous que cette période d’école à distance a permis de tisser des liens plus harmonieux entre école et famille ? Avec le confinement, j’ai l’impression que tous les parents ont une meilleure image des enseignants. Ils ont mieux compris notre rôle. En ce qui me concerne, j’ai eu des retours positifs de parents quant à mon implication. Malgré le stress lié au semi-confinement associé à l’école à distance, estimez-vous avoir acquis de nouvelles compétences ? De nouvelles compétences je ne sais pas, mais par contre j’ai découvert, via la collaboration avec mes collègues ou les groupes sur les réseaux sociaux, mille et une ressources et approches intéressantes qui m’aideront à enrichir mes cours l’année scolaire prochaine. Propos recueillis par Nadia Revaz
Une classe de Granges lauréate du prix Futur en tous genres Lors de la journée Futur en tous genres du 14 novembre 2019, de nombreux écolières et écoliers ont découvert des métiers et des domaines d’activités dans lesquels leur genre est sous-représenté. 242 classes de toute la Suisse ont participé au concours de cette année. Une classe de 8H de Granges a gagné le premier prix, doté d’une valeur de 1000 francs, car la totalité de ses élèves a choisi d’aller découvrir un métier atypique pour leur genre. Malheureusement, en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, la cérémonie de remise du prix prévue initialement le 3 avril a dû être annulée. L’Office cantonal de l’égalité et de la famille félicite les élèves de cette classe de 8H ainsi que leurs enseignantes Patricia Freysinger et Sandra Barras. www.futurentousgenres.ch
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
Echo de la rédactrice La fabrique de mots Depuis la crise liée à la pandémie de Covid-19, j’ai l’impression d’être au cœur d’une fabrique de mots. Je n’ai jamais eu la sensation de me familiariser avec autant de termes, en fonction d’un nouveau contexte, en si peu de temps. Semi-confinement, patient zéro, cluster, gel hydroalcoolique, etc. J’ai l’impression d’être sous une pluie de mots dont certains font débat. Est-il juste de parler de « distance sociale » alors qu’il s’agit de « distance physique » ? Idem pour les « gestes barrières » versus les « gestes protecteurs » ? Pourquoi utiliser « quarantaine » pour désigner une « quatorzaine » ? Nous visualisons en direct et en concentré l’instabilité linguistique propre à l’histoire des langues. Lorsque l’Académie française a recommandé d’utiliser Covid-19 au féminin parce que c’est l’acronyme de corona virus disease (maladie en anglais), j’ai eu l’impression d’une tempête dans un verre d’eau. Du coup, comme beaucoup, je continue à dire et à écrire le Covid quand je sous-entends le coronavirus et la Covid si j’évoque la maladie. A aucun moment de ma vie, je n’ai ressenti autant de difficultés à choisir le mot à bon escient. Est-il exact d’employer l’expression de « continuité pédagogique » plutôt que celle de « continuité des apprentissages » ? Comment désigner un enfantélève qui fait l’école à distance à la maison ? Bref, je me demande si le langage pédagogique ne mériterait pas quelques clarifications pour évoquer cette parenthèse qui contribuera peut-être à dessiner autrement l’école de demain. Nadia Revaz
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> DÉFI RÉSONANCES
Défi en ligne pour dessiner l’école de demain MOTS-CLÉS : MOSAÏQUE • IDÉES Dans l’édition de mai, vous aviez pu lire une série de propositions suite au défi intitulé « Et si l’on osait repenser (panser) l’école de demain? »1 et vous étiez tous invités à poursuivre l’aventure en ligne. Alors n’hésitez pas faire comme Carole Rion (texte ci-dessous) qui a ajouté sa réflexion à ce patchwork en chantier. Et merci aussi à Amalia Terzidis
qui a accepté de compléter sa proposition dans le cadre du dossier du mois sur l’originalité (cf. page 21). Pour rappel, voici les consignes : Votre idée-slogan en cinq mots maximum Votre argumentation en cinq lignes maximum (350 caractères espaces compris au maximum) Signature comprenant votre prénom, votre nom et votre fonction (nom de l’école, de l’association)
Devenir soi, ensemble Allier respect de l’individualité de chaque enfant avec ouverture sur le monde. Faire sens, amener l’élève à devenir qui il est en y mêlant coopération, pédagogie positive. Gageons d’une école où l’on peut apprendre à son rythme, sans pression de notes, où l’apprentissage des émotions et du vivre ensemble est autant essentiel que les fondamentaux. Carole Rion, enseignante 7H Miège et médiatrice scolaire
Pour aller plus loin : « L'école démocratique en dessin », vidéo qui inspire mes idées pour demain https://youtu.be/NyCx9OYE87w
EN RACCOURCI Débats sur l’éducation
Tribune dans Le Monde « L'école d'après sera ce que nous en ferons ». Le professeur de sciences économiques et sociales, et militant pédagogique, Philippe Watrelot, espère que la période de confinement permettra « une redéfinition et une réévaluation de la place du métier d'enseignant dans la société ». https://bit.ly/3cybpRE
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Livraison d’une photo portrait au format .jpg Eventuellement vous pouvez ajouter l’url de sites internet pour aller plus loin Délai rédactionnel : dès qu’une idée vous vient à l’esprit Envoi à resonances@admin.vs.ch pour publication en ligne Note Article paru dans l’édition de mai : https://bit.ly/3bXn3o3
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EN RACCOURCI Revue Babylonia
Un numéro sur « Le français en Suisse » La revue Babylonia consacre son dernier numéro au français de Suisse. Ce numéro contient des contributions scientifiques, didactiques, mais aussi des « cartes blanches » données à des chroniqueurs et chroniqueuses, à des humoristes, à des dessinatrices et dessinateurs. A noter que la couverture a été laissée à la libre imagination de Plonk & Replonk et que le numéro est complété par un site sur lequel se trouvent les quiz, la chanson et d'autres choses encore. Et tout est en ligne et en libre accès ! La revue peut aussi être commandée en version papier à un prix spécial. https://bit.ly/36r4BTU www.lefrancaisensuisse.ch
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES > ÉCOLE-NATURE
Observer la flore au temps du coronavirus MOTS-CLÉS : PHÉNOCLIM • 13 ESPÈCES DE PLANTES Comment observer la nature et mieux comprendre l’impact des changements globaux pendant cette période compliquée ? Le Jardin botanique Flore-Alpe de ChampexLac vous propose de (re)-découvrir Phénoclim, un programme de sciences participatives.
PHÉNOCLIM Initié en 2004 par le Centre de recherches sur les écosystèmes d’altitude (CREA) de Chamonix, ce projet invite un large public à mesurer l’impact des changements climatiques sur la faune et la flore de montagne grâce à des observations au fil des saisons.
PHÉNOCLIM AU JARDIN BOTANIQUE FLORE-ALPE Une station météo est installée au Jardin botanique Flore-Alpe de Champex-Lac depuis 2006. Elle mesure tous les jours la température de l’air et du sol et l’équipe du Jardin suit simultanément l’évolution de trois arbres : mélèze, sorbier des oiseleurs et épicéa.
PHÉNOCLIM À L’ÉCOLE OU À LA MAISON Commencer par apprendre à reconnaître, en classe ou à distance, les 13 espèces de plantes à observer dans le cadre du projet : sur le site internet de Phénoclim se trouvent des fiches avec une description détaillée de leurs caractéristiques. Repérer ensuite quelles espèces sont présentes autour de votre établissement. Si vous ne pouvez pas y
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
La station météo installée au Jardin botanique Flore-Alpe de Champex-Lac
Le mélèze d’Europe, Larix decidua Mill., est l’une des espèces dont l’évolution est suivie par le Jardin botanique Flore-Alpe.
« Phénoclim invite un large public à mesurer l’impact des changements climatiques sur la faune et la flore de montagne. »
Vous pouvez également utiliser et télécharger les observations et les données météo de Flore-Alpe depuis le site de Phénoclim. Le Jardin botanique Flore-Alpe se tient à votre disposition pour vous transmettre des informations sur la flore et les effets des changements climatiques. Et bien sûr pour vous accueillir dès que possible pour une visite !
accéder avec les élèves, faites-le par exemple sous forme de quiz avec des photos des arbres. Vous pouvez aussi leur suggérer de les chercher autour de chez eux ou lors d’une promenade. Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à nous contacter, nous sommes là pour vous aider à les déterminer1. Vous pouvez ensuite vous inscrire pour participer au programme et commencer les observations dès cet automne.
Lucienne Roh Responsable de la communication et de la médiation scientifique au Jardin botanique Flore-Alpe Note 1 info@flore-alpe.ch
Pour aller plus loin https://phenoclim.org https://phenoclim.org/fr/les-observations-de-la-flore https://phenoclim.org/fr/les-observations-du-climat www.flore-alpe.ch
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> LIVRES
La sélection du mois le design thinking, etc.), cette boîte à idées, dont certaines pourront vous paraître utopistes, vous sera vite indispensable. Un livre à conseiller aussi aux parents qui souhaiteraient bénéficier de clés de compréhension simples pour proposer à leurs enfants de 3 à 12 ans des activités variées à la maison. A noter que ce kit fournit de nombreuses pistes pour aller plus loin (des idées de livres à lire, de films à voir, de sites internet à visiter, etc.
La boîte à idées pour aider nos enfants à apprendre autrement Ce kit pédagogique a des allures de miscellanées, vous savez ces livres qui mélangent des fragments en formant une mosaïque littéraire (ici la mosaïque est pédagogique et dessine une école un peu différente). Dans cette boîte à idées, vous trouverez des infos résumées pour comprendre dans les très grandes lignes les différents courants pédagogiques (de Socrate à Arno Stern en passant par Edouard Claparède ou Maria Montessori), les principes pédagogiques des influenceurs (favoriser la coopération de Sylvain Connac, apprendre à se calmer d’Eline Snel, apprendre à lire avec les neurosciences de Stanislas Dehaene, etc.). Le cahier final s’adresse plus spécifiquement aux enseignants, avec des pistes d’activités, dont certaines intégrant le numérique, pour la classe. Si vous avez l’envie de découvrir des horizons divers pour optimiser les apprentissages et avoir des outils pour créer, structurer et organiser (améliorer l’attention, prendre en compte les différences, développer
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Guillaume Vilain (2020). La boîte à idées pour aider nos enfants à apprendre autrement - Guide pédagogique et visuel à l’usage des parents et des enseignants. Paris : Eyrolles. Citation extraite de l’ouvrage « Les huit blocs de notre écosystème pédagogique Engagement. Fil conducteur d’Ecolaborative. Il est lié aux facteurs de motivation et de bien-être pour mieux intégrer les connaissances. Coopération . Portons des valeurs de solidarité, de liberté et d’Humanité. Multiâge. Améliorons la continuité et la dynamisation du groupe par le « rétroapprentissage ». 2 profs par classe. Apportons de la complémentarité, du dynamisme et réduisons l’effet ”Pygmalion” dans nos classes. Désynchronisation . Permettons à chaque enfant de travailler à son rythme avec des tâches correspondant exactement à son niveau. En résumé, c’est de la différenciation “suprême”. Bienveillance et exigence . Le couple parfait, l’un ne va pas sans l’autre ! Règles et valeurs à respecter collectivement pour se surpasser. Créativité et curiosité. Préservons la créativité et la curiosité naturelle des enfants en étant attentifs aux passions et intérêts afin de développer au mieux le potentiel de chacun. » Autonomie. Faisons travailler nos élèves en autonomie sur les connaissances qu’ils possèdent déjà. Ceci permettra de construire efficacement leur indépendance. »
Journal d’une enseignante Et si j’étais capitaine de navire ? Et si j’étais ajusteur ? Et si j’étais jardinier ? Et si j’étais artiste ? Et si j’étais philosophe ? Etonnant métier qu’enseigner ! Il faut appliquer des programmes, suivre des instructions officielles... tout en s’interrogeant en permanence sur la pertinence de ses méthodes. Les propositions pédagogiques élaborées par les penseurs de l’éducation viennent alors soutenir l’enseignant confronté à des
situations imprévues. C’est ce que découvre le lecteur à travers le journal professionnel d’Ellen, enseignante débutante. Celle-ci tente d’analyser sa pratique au regard de la lecture des grands pédagogues. S’inventent alors des dialogues avec les penseurs qu’elle convoque au fil de ses questionnements et des situations rencontrées. Tous apportent à son vécu un éclairage inspiré de leurs propres théories. De Montaigne à Tolstoï et à Freinet, de Bachelard à Piaget et à Bourdieu... le lecteur est ainsi invité à croiser de façon ludique l’héritage des plus grands pédagogues et à réfléchir sur ses pratiques. Ce livre, original dans sa manière de présenter brièvement et sur le ton de la narration les penseurs de l’éducation, est parti d’un constat : « les jeunes enseignants en formation ne lisent pas de littérature professionnelle – ou si peu. » Cette lecture peut évidemment aussi être une première entrée dans la littérature pédagogique et didactique, certes pas toujours facile d’accès, ou une manière de rafraîchir ses connaissances. Gérard Morin et Daniel OlivierLamesle (2020). Journal d’une enseignante - Une approche originale pour découvrir les grands pédagogues. Paris : ESF Sciences humaines. Citation extraite de l’ouvrage « Pas plus tard qu’hier, une collègue n’a pas manqué de me le signifier : “Toi, Ellen, tu as l’air de rester indécise pour le moment.” Au ton utilisé, j’ai
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES compris qu’elle m’en faisait le reproche. Ne vraiment pas avoir de méthode, c’est grave docteur ? Ne mettant en avant aucune méthode précise, j’ai le sentiment de ne pas être prise au sérieux. Quelle est donc cette petite qui ose se passer d’une méthode ? Aurait-elle la science infuse ? Mais pour qui se prendelle ? “Les gens inclassables dérangent”, disait mon grandpère qui n’en faisait qu’à sa tête. Lorsqu’il passait dans la rue, on murmurait derrière son dos : “C’est un original !” Peut-être bien que, derrière moi, on murmure aussi. »
La relation pédagogique Sans relation entre l’enseignant et l’élève, l’enseignant et sa classe, l’enseignant et ses collègues, personne ne peut véritablement avancer. Car ces liens qui se nouent sont des leviers indispensables pour accompagner les élèves et les aider à penser par euxmêmes. Enseigner, ce n’est pas seulement transmettre un savoir. Bien sûr, maîtriser un savoir intellectuel est un prérequis indispensable. Mais cela ne suffit pas. L’enfant, le jeune et l’adulte construisent une relation pédagogique ensemble, au sein d’un environnement, l’école, lui-même inscrit dans un environnement plus vaste, la société. L’école doit être le lieu où s’épanouit et se construit
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une jeunesse éclairée, capable de penser par elle-même et de développer une réflexion intellectuelle complexe, nourrie de culture antique et contemporaine. C’est cela que défendent les pédagogues. C’est cela, la pédagogie, et cela nécessite de penser différemment l’ensemble du système scolaire. Acceptons de déplacer notre regard et c’est toute l’Ecole qui changera. Cet ouvrage, par les repères pédagogiques proposés et les pratiques éducatives présentées, est un outil pour construire cette Ecole humaniste du XXIe siècle.
Se laisser bousculer par l’artiste, c’est ranimer les braises qui rougeoyaient en chacun de nous et allumer un feu salvateur. L’artiste parti, à l’enseignant de l’entretenir et de ne pas le laisser mourir... »
Florence Lhomme (2020). La relation pédagogique – Des clés pour se construire. Lyon : Chronique Sociale. Citation extraite de l’ouvrage « Oser faire entrer l’artiste, c’est accepter que la classe devienne un “laboratoire de la relation éducative, de son renouveau” et qu’elle soit vivante. Certes, on ne maîtrisera pas tout. Mais notre maîtrise dans le cadre des cours n’est-elle pas, au fond, une illusion ? Etre en classe à une autre place, prendre le temps d’observer les élèves, de les découvrir sous un autre jour, vivre avec eux une expérience forte, cela amène à ce que Meirieu appelle “l’indispensable vibration”. Or, c’est le propre de l’art et de la culture d’ébranler les certitudes. Notre mission d’enseignant, certes, est de transmettre des savoirs et de permettre aux élèves d’acquérir des savoir-faire, des savoir-être. Oui, nous devons former des citoyens instruits et compétents. Mais notre rôle est aussi de les aider à se construire une identité propre au sein d’un monde en perpétuel changement.
La suggestion du mois de Daphnée Constantin Raposo, enseignante
Cabane en péril !
Les mots d’adulte résonnent parfois étrangement dans la tête d’enfants de 10 ans. Même s’ils ne comprennent pas tout, Bernie et ses amis sont déterminés à sauver leur cabane par tous les moyens. La cause écologique, en découdre avec les bulldozers, appeler les zadistes à la rescousse, qu’importe ! L’autoroute ne peut pas passer par le petit bois. Mais leurs idées les emmèneront sur des pentes glissantes, à la limite de la légalité. Réussiront-ils ? Et puis il y a Juliette, la nouvelle. Elle fait rougir Bernie. Pour passer un peu de temps avec elle, il est prêt à mentir à ses copains et même à faire du théâtre. Ingéniosité, humour et suspense se mêlent allègrement dans ce roman, sympa pour des enfants d’une dizaine d’années.
Jean-Claude Lalumière ((2019). Cabane en péril. Genève : Editions La Joie de Lire.
L’évaluation dans le système éducatif Tantôt jugée néfaste pour le développement de l’élève, tantôt considérée comme injuste, l’évaluation à l’école est régulièrement décriée par le grand public et souvent remise en question dans les débats politiques. Pourtant, son importance et son utilité pour mesurer l’état des connaissances dans une discipline, mais aussi pour observer l’évolution des élèves et l’acquisition des compétences, sont indéniables. Dominique Odry (2020). L’évaluation dans le système éducatif – Ce que vaut notre enseignement. Bruxelles : Mardaga. Citation extraite de l’ouvrage « Aider l’élève à appréhender les critères de réalisation qu’il peut utiliser l’incite à se décentrer de la tâche ; il faut l’inciter à hiérarchiser ces critères, et surtout l’aider à les appréhender, par exemple les critères de précision et de concision, ou bien le respect des règles et l’originalité dans le cadre de la rédaction d’un texte […]. »
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> AUTOUR DE LA LECTURE
Des idées pour la lecture-plaisir à l’école
Des ados lisant, un Café littéraire avec Pierre Assouline, un bain de livres pour les enseignants de soutien, la finale du Prix RTS Littérature Ados à la Médiathèque de Saint-Maurice
MOTS-CLÉS : CONCOURS • PRIX • ACTIVITÉS DIVERSES
DES PROPOSITIONS LANCÉES PAR LA MÉDIATHÈQUE VALAIS Concours de Slam poésie Depuis l’année scolaire 2008-2009 et avec le soutien du Service de l’enseignement, la Médiathèque Valais organise ce concours, à l’attention des classes du secondaire 1 du canton. Avec le soutien d'Etincelles de culture. Public-cible : CO valaisans Edition 2020-2021 : démarrage à l’automne 2020 (infos en septembre) https://slamvs.wordpress.com www.etincellesdeculture.ch
Cafés littéraires à la Médiathèque Valais de Saint-Maurice Un échange d’une heure entre un·e écrivain·e, une modératrice – Geneviève Erard, professeure au LycéeCollège de St-Maurice – et le public. Public-cible : secondaire 2 et tout public Podcasts en ligne : https://bit.ly/2xXnz7C www.mediatheque.ch
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PRIX RTS LITTÉRATURE ADOS Infos pour les enseignants de Sion (CO, collèges, ECCG-EPP, EPCA et EPTM) Pour les enseignants de Sion, une séance de présentation du fonctionnement du Prix RTS littérature Ados sera organisée à la Médiathèque Valais à la mi-septembre 2020. Personne de contact : laurence.bornet@admin.vs.ch
DES PROPOSITIONS EN PARTENARIAT AVEC LA MÉDIATHÈQUE VALAIS Prix RTS Littérature Ados Fondé en 2006, ce concours a pour vocation de promouvoir la lecture dans les écoles et bibliothèques de Suisse romande. Public-cible : les 13-15 ans (secondaire 1, secondaire 2 général et professionnel (lycées-collèges, ECCG, apprentis…) – comités de lecture en classe ou en bibliothèque Sélection 2020-2021 : pas encore annoncée, mais vous pouvez lire les commentaires faits par les élèves
lors de la finale valaisanne pour la sélection précédente dans l'édition de mars de Résonances : https://bit.ly/2WSMulm www.liredelire.ch www.isjm.ch/prixjurys
DIVERSES PROPOSITIONS Prix littéraire des Collégiens de Sion Prix littéraire lancé par un groupe de professeurs des Lycées-Collèges de Sion, en collaboration avec Françoise Berclaz, directrice de la librairie La Liseuse. Cette dernière ayant souhaité se retirer après plusieurs années de collaboration, l’édition 2019 a été présidée par Romaine Valterio Barras, directrice adjointe de la Médiathèque Valais. Public-cible : collégiens de Sion Sélection 2021 : pas encore en ligne https://bit.ly/2WN7ScS (article paru dans Résonances en juin 2019)
Prix Chronos Le Prix Chronos les invite à lire, entre septembre et février, cinq ouvrages de littérature enfantine, puis à voter pour leur livre favori. Public-cible : destiné aux enfants âgés de 10 à 12 ans ainsi qu'aux seniors
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RUBRIQUES Sélection 2021 : pas encore en ligne https://bit.ly/2LqK6Na
Prix Enfantaisie Le Prix Enfantaisie, organisé chaque année par Payot Libraire en partenariat avec l’ISJM (Institut suisse Jeunesse et Médias), est soutenu par la Fondation Payot pour la promotion de la lecture. Public-cible : albums pour les 7-9 ans et romans pour les 10-12 ans Sélection 2021 : pas encore en ligne www.isjm.ch/prixjurys
Bataille des Livres En 1997, Daniel Beugger, enseignant genevois, revient du Québec où il a enseigné quelques mois dans le cadre d’un échange. Il ramène dans ses bagages l’idée de la Bataille des Livres, qui fait découvrir chaque année le plaisir de la lecture à plus de 350 classes de toute la Suisse romande. Public cible : les élèves de 8 à 12 ans Inscriptions pour l’édition 2020-2021 : 1er au 14 juin www.bataille-des-livres.ch
Ribambelle et Virus lecture Ribambelle Six personnages colorés, en forme de sacs à dos, amènent 35 livres originaux à l’école en Suisse romande. Public-cible : les 1H-2H Virus 1 et 2 / Virus + Les Virus Lecture, ce sont des sacs à dos remplis d'une trentaine de livres qui voyagent de classes en classes en Suisse romande. Public-cible : Virus lecture 1 pour les 3H-4H, Virus lecture 2 pour les 5H-6H, Virus+ pour les 7H-8H www.isjm.ch/promotion-de-lecture
Roman des Romands Le Roman des Romands est un prix littéraire qui a vu le jour en 2009. Il a pour objectif de promouvoir la littérature contemporaine de Suisse romande et de favoriser le lien entre les auteurs et leur public, et plus particulièrement le lectorat jeune. Public-cible : secondaire 2 (collégiens, gymnasiens, lycéens, élèves d’écoles professionnelles…) de toute la Suisse.
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Sélection 2020-2021 : Julie Guinand, Survivante (Ed. d’autre part) Frédéric Lamoth, Le cristal de nos nuits (Bernard Campiche Editeur) Christian Lecomte, Cellule dormante (Ed. Favre) Jérôme Meizoz, Absolument modernes ! (Ed. Zoé) Nétonon Noël Ndjékéry, Au petit bonheur la brousse (Ed. Hélice Hélas) Olivier Pitteloud, Après la colonie (Ed. L’Age d’Homme) www.romandesromands.ch
Semaine romande de la lecture Inviter les élèves à la lecture autour d’un thème moteur, c'est l'objectif de la Semaine romande de la lecture que le Syndicat des enseignants romands (SER) organise régulièrement dans les écoles. Public-cible : classes de la scolarité obligatoire de Suisse romande Sélection 2020 : dates non encore communiquées pour l’édition 2020 qui a été repoussée www.semaine-romande-lecture.ch
Booktube de la Médiathèque de Monthey En 2020, pour la troisième année consécutive, les bibliothèques du Chablais valaisan ont lancé un concours de vidéos « Booktube », ouvert aux enfants comme aux adultes ! Un document en ligne contient des informations destinées aux enseignants des CO du Chablais valaisan. Public-cible : CO pour les scolaires et tout public Prochaine édition : dates pas encore annoncées Quelques exemples de l’édition précédente sur la chaîne Youtube : https://bit.ly/3bs1f3P www.mediathequemonthey.ch
Bibliobus Bain de livres Le bibliobus Bain de livres, espace de lecture et d’animation multilingue, s’installe sur les places publiques, près des crèches et des écoles, au pied des immeubles… à l'invitation de
partenaires locaux comme les bibliothèques, les services jeunesses et d'intégration, les centres scolaires, etc. Le projet est né dans le Chablais dans le cadre du programme pilote périurbain Agoris, projet initié en 2008 et terminé en 2016. Afin de prolonger l’activité et d’élargir ses horizons, une association indépendante à but non lucratif a été créée à l’automne 2016. Public-cible : collection d’environ 700 livres, destinés aux 0-18 ans, en français/allemand et dans les principales langues de la migration Lectures en ligne : plusieurs vidéos à découvrir www.baindelivres.ch
Arbre à perles lecture-plaisir Lien (pearltrees.com) rassemblant les divers sites internet pour plus d’infos sur ces différentes offres ainsi que quelques articles récents parus dans Résonances en lien avec ces divers prix. https://bit.ly/2zAWNCm
EN RACCOURCI Semaine des médias 2020
Vivre sans médias ? La Semaine des médias à l'école en Suisse romande aura lieu du 16 au 20 novembre 2020, mais son thème a changé. Ce sera : « Vivre sans médias ? » pour répondre aux interrogations liées à la fragilisation de la presse. Les activités pédagogiques proposées pour le cycle 1, 2 et 3 seront en ligne à la rentrée scolaire. La pandémie de Covid-19 a eu un effet paradoxal : elle a fait exploser la consommation de médias et montré l'importance d'avoir accès à une information de qualité. Mais elle fragilise aussi quantité d'entreprises de presse, du fait de la chute des revenus publicitaires. Alors, à quoi ressemblera demain ? www.semainedesmedias.ch
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> AUTOUR D’UN PROJET
8H à Sion : les dessous d’une chanson créée via l’école à distance MOTS-CLÉS : ADDITION DE COMPÉTENCES • REGARDS SUR L’ÉCOLE Résonances vous invite à découvrir les dessous d’une chanson confinée intitulée « Corona-viré ». Celle-ci a été composée et enregistrée par des élèves de 8H du centre scolaire SacréCœur à Sion, avec leur enseignant de musique. A l’école, nous avons rencontré Philippe Sierro, maître principal de l’établissement scolaire, prof de musique dans les écoles de Sion et co-titulaire d’une 8H. Et à distance, nous avons interviewé Louise Darbellay et Abdel Djalil Kanan, deux des élèves impliqués dans cette aventure musicale. Ce projet concret au résultat réussi était en outre l’occasion de leur demander de comparer l’école à distance et en présentiel.
Philippe Sierro, en mode clavier d’ordinateur pour l’enseignement à distance le 14 mai 2020
INTERVIEW DE PHILIPPE SIERRO Quelle est la genèse de ce projet ? N’ayant pas, comme l’année passée, de grand spectacle à gérer (n.d.l.r :
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Les enfants ont aussi dessiné pour illustrer la vidéo. https://youtu.be/PEPM3OmAro8
l’école avait monté Le Soldat rose présenté à toutes les écoles de Sion), je projetais de motiver après Pâques les élèves de 8H avec une composition de chansons. Au début du semiconfinement, je n’ai proposé que des activités d’écoute, mais après trois semaines d’école à la maison, j’ai décidé de demander à deux classes de 8H, dont celle dont je suis co-titulaire, de composer des phrases pour une chanson sur le thème du coronavirus Covid-19. Quelles ont été les étapes de la création de la chanson ? Afin que ce soit un peu structuré, je leur ai donné trois sous-thèmes déclinés en « tu », et en « je » au présent, puis en « nous » au futur, de façon à avoir une logique pour la construction des couplets de la chanson. Je leur ai indiqué un nombre de syllabes fixes, tout en leur disant qu’il fallait laisser surgir les idées, sans se bloquer en cherchant la phrase parfaite.
Ils étaient aussi libres de ne rien envoyer, sachant que pour quelquesuns l’articulation travail des enfants et télétravail des familles n’était pas simple à gérer. De quelle manière avez-vous effectué le montage ? Comme le matériau était riche et varié, je n’ai eu qu’à sélectionner parmi les phrases individuelles reçues pour organiser la cohérence de la chanson. Mon enregistrement guitare-voix leur a permis de répéter la chanson. Via un protocole un peu technique, je leur ai expliqué comment s’enregistrer. Beaucoup d’élèves, pas forcément à l’aise avec la musique, ont joué le jeu, ce qui m’a permis de construire la chanson avec des bribes de chaque voix. A la maison, les enfants me voyant parfois un peu stressé, car je voulais absolument que cette chanson soit diffusée avant le retour à l’école, je les ai intégrés à la démarche, ce que je
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RUBRIQUES n’aurais jamais osé faire sans avoir à gérer mon activité professionnelle en confinement familial. Une fois la chanson diffusée sur YouTube, comment les élèves et les parents ont-ils réagi ? Les élèves étaient impressionnés, car ils n’imaginaient pas ce résultat collectif. Je suis heureux de me dire qu’ils conserveront certainement cette chanson parmi les souvenirs positifs de l’école à distance, malgré le contexte lourd du confinement. Quant aux parents, ils m’ont envoyé plein de messages, certains ont été étonnés de découvrir la chanson alors qu’ils ne s’étaient rendu compte de rien. C’est pour moi le plus beau message de cette expérience. Transposeriez-vous en classe certains éléments de cette expérience à distance ? En classe, j’aurais hésité à diffuser la chanson, par peur de la critique, alors que la situation de confinement permettait de montrer quelque chose de réalisé avec les moyens du bord. Ce serait assurément chouette de conserver cette liberté de l’imperfection ouvrant à plus de créativité, aussi bien du côté des enseignants que de celui des élèves. En classe, j’aurais fait collaborer les élèves dans le but de créer l’émulation pour trouver les paroles, avec le risque que certains imposent leurs idées, alors que là tous ont pu participer, sans cette concurrence. De même, en chantant seul, certains élèves se sont libérés. J’ai notamment le cas d’un garçon, très timide en classe, qui m’a envoyé des enregistrements extraordinaires dans lesquels j’ai découvert sa jolie voix sur des mises en scène très originales, alors qu’en classe il aurait chanté presque faux pour ne pas se mettre en avant et se sentir appartenir au groupe. En dehors de ce projet particulier, comment avez-vous perçu l’enseignement à distance ? Une fois confinés chacun chez soi, il fallait que nous puissions garder un
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lien avec nos élèves et leurs familles. Avec mon collègue Pierre Nicollier, nous l’avons fait en partant des outils dont les élèves disposaient à la maison, en proposant d’abord des petites vidéos. Par la suite, nous avons créé des accès à une plateforme de travail en équipe et avons pris le temps d’une formation progressive sur une semaine. Au départ, j’étais plus avancé que mon collègue, mais il s’y est mis à 200%. Dès le début, comme toutes les familles avaient accès à un téléphone portable, nous voulions que nos devoirs en ligne puissent se faire par ce biais. La vidéoconférence
est vite devenue un rituel quotidien, transformée en duplex avec la reprise en demi-effectif, de façon à garder un lien d’équipe. Quel regard portez-vous sur cette période semi-confinée ? J’ai trouvé que cette phase exigeant beaucoup d’improvisation était passionnante, même si très chronophage. La proximité avec les familles est certainement quelque chose à repenser dès l’année scolaire prochaine pour conserver ce lien différent. Propos recueillis par Nadia Revaz
Témoignage de Louise Darbellay A propos de la chanson à distance Ecrire notre chanson, c’était très motivant. Nous étions tous très contents de savoir qu’elle serait sur YouTube et nous nous sommes encore plus concentrés pour trouver les bonnes phrases. Je trouve plus facile de chanter en classe, car on peut mieux se corriger. A distance, on s’enregistre et quand on se réécoute, on ne sait jamais ce qu’on doit modifier. Par contre, c’était quand même bien de faire cela à distance, parce que c’était nouveau. A propos de l’enseignement à distance en général et du lien avec les devoirs à domicile A distance, j’ai dû m’organiser toute seule, car les profs n’étaient pas là pour m’aider. J’ai aussi appris à travailler avec un ordinateur et c’est important. Comme j’ai gagné en autonomie avec l’école à la maison, cela devrait m’aider pour les devoirs à domicile.
Témoignage de Abdel Djalil Kanan A propos de la chanson à distance C’était très motivant d’écrire nous-mêmes une chanson, parce que c’est la première fois qu’on le faisait. Le faire à distance nous a permis de découvrir que l’on n’avait pas besoin d’être tous ensemble en classe pour faire une chanson de groupe. A propos de l’enseignement à distance en général et du lien avec les devoirs à domicile En classe, si on pose une question, le prof nous répond directement, alors qu’à distance, l’interaction n’est pas immédiate. J’ai dû apprendre à faire les autres devoirs en attendant. A distance, ce n’est pas que ce n’est pas bien, mais c’est quand même mieux d’être en classe. L’école à distance et les devoirs à domicile, c’est un peu la même chose. Comme j’ai appris à décider de mon organisation du travail, je serai certainement plus rapide pour faire mes devoirs.
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> RECHERCHE
Publication récente sur l’enseignement à distance à l’université La présente recherche utilise l’expérimentation aléatoire pour étudier dans quelle mesure la diffusion en direct des cours magistraux sous forme de vidéo (live streaming) influence la fréquentation des cours sur place et les performances des étudiants. L’expérimentation a eu lieu dans une université publique, dans le cadre de cours obligatoires du programme de bachelor en gestion et économie. Les étudiants (n ≈ 1 500) ont été répartis de manière aléatoire en trois groupes : (1) un groupe qui n’avait jamais accès à la plateforme de streaming (never treated), (2) un groupe qui avait accès à l’offre de streaming sur Internet pendant toutes les semaines du semestre (always treated), et (3) un groupe qui avait accès au service de streaming certaines semaines choisies par hasard (sometimes treated). Les données utilisées proviennent de différentes sources : données administratives sur les caractéristiques individuelles des étudiants, données sur l’utilisation du service de streaming (tirées des connexions sur le serveur), données
sur les résultats obtenus aux examens de sortie, informations sur la fréquentation des cours magistraux (sur la base d’enregistrements), et enfin données concernant les facteurs susceptibles d’avoir une influence sur l’utilisation de l’offre de streaming (informations météorologiques et relatives aux épidémies de grippe). Les résultats obtenus montrent que parmi les étudiants qui avaient accès à la plateforme de streaming en direct, seulement 10% environ l’ont effectivement utilisée. Parallèlement, l’offre de streaming en direct n’a eu qu’un faible impact sur la fréquentation des cours magistraux : seulement 8 étudiants sur 100 ont préféré suivre les cours en ligne plutôt que de se rendre à l’université. En ce qui concerne les performances des étudiants, l’expérimentation montre que l’utilisation de l’offre de streaming en direct se répercute de manière positive sur les notes d’examen des étudiants de très bon niveau (d’après la note obtenue à la maturité), et de manière négative sur les étudiants de moins bon niveau. Ces
EN RACCOURCI Sciences humaines
Faut-il faire rire ses élèves ? Dans le dernier numéro de Sciences humaines, outre le dossier sur l’altruisme et la solidarité, il
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résultats confortent la thèse selon laquelle les étudiants ont principalement recours à l’offre de streaming lorsque le déplacement pour assister aux cours magistraux est occasionnellement plus compliqué. Institution : Université de Genève, Geneva school of Economics and Management, Genève ; Université de St. Gallen, Institut für Marketing, St. Gallen (2) Chercheurs : Maria Cacault, Dr. ; Christian Hildebrand, Prof. Dr. ; Jérémy Laurent-Lucchetti, Prof. Dr., Michele Pellizzari, Prof. Dr. Durée de la recherche : 2018–2019
Pour en savoir plus www.skbf-csre.ch https://bit.ly/3alHvyb
EN RACCOURCI y a un article sur une recherche pour déterminer quels types de détails séduisants sont les plus préjudiciables aux apprentissages. Pour éclaircir ce point, deux chercheurs américains en psychologie ont récemment publié une méta-analyse portant sur un total de 7521 étudiants et regroupant les résultats de 58 études sur le sujet. https://bit.ly/3c4k4Ky
Revue skilled
Innovation Nouvelles professions, nouvelles cultures d’apprentissage, nouvelles formes d’enseignement et d’apprentissage : l’édition de printemps de skilled permet de découvrir des idées et projets innovants dans la formation professionnelle. www.iffp.swiss/skilled
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RUBRIQUES > FRANÇAIS
Quel schtroumpf entre les schtroumpfs et la lecture ? 10 %
MOTS-CLÉS : MÉMOIRE HEP-VS • RÉPERTOIRE DE STRATÉGIES • RÉSULTATS OBTENUS Comment fait-on pour comprendre la signification du mot schtroumpf (mot polysémique) ? Ceci traduit notre questionnement initial concernant les processus cognitifs utilisés afin d’accéder au sens des mots inconnus, ici représentés par le mot « schtroumpf ». Notre mémoire de fin d’études met en lumière les stratégies que les élèves mobilisent lors de la compréhension d’un texte pour en combler les inférences. Notre étude a pour but de répertorier les stratégies les plus et les mieux utilisées par les élèves de chaque cycle (2H et 8H), afin d’identifier celles qui sont communes. D’autre part, nous mettons en rapport l’enseignement explicite des stratégies de compréhension avec l’utilisation effective de ces dernières par les élèves. Pour mener notre recherche nous avons dressé, en nous basant sur la littérature (Cèbe & Goigoux, 2009 ; Giasson, 2007 ; Cartier, 2006), un répertoire de stratégies de compréhension. Voici les principales catégories de ce dernier : se créer une représentation mentale, mémoriser, reformuler, utiliser des connaissances, relire, se questionner, traiter l‘information et élaborer. Les résultats obtenus montrent que la stratégie la plus utilisée tant par les 2H que les 8H est la mobilisation des connaissances (contextuelles, culturelles, sociales, lexicales, grammaticales et phonologiques). Viennent ensuite, pour les 2H la représentation mentale et pour les 8H la relecture du texte.
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Elaborer
1% 13 %
11 %
10 %
Traitement de l’information Questionnement
2%
Mémoriser M Reformuler R
20 %
Relecture du texte te
Représentation mentale
33 %
Mobilisation M des d connaissances
Taux d’utilisation utilisation des stratégies, stratégies 2H et 8H confondus con En conclusion : Les élèves de 2H disposent d’un vocabulaire moins étoffé mais ils n’en utilisent pas moins des stratégies diversifiées. Les élèves qui savent le mieux parler sur les stratégies (lesquelles, quand, comment, pourquoi les utiliser) sont ceux qui obtiennent les meilleurs résultats de compréhension. Dès lors, l’enseignement explicite des stratégies, soit clarifier et apprendre à parler de ces dernières, représente une solution d’aide à
l‘accompagnement des élèves en matière de compréhension. Même en 8H, la compréhension du dénouement d’un texte simple implique l’utilisation de stratégies, qui permettent de faire les liens nécessaires. Cet élément met en lumière l’importance de la verticalité des compétences stratégiques. Donc schtroumpfons avec nos élèves les « stratéschtroumpfs » ! Claire Lamon et Elisabeth Maillard
Titre du mémoire Les Schtroumpfs en tant que révélateurs de stratégies de compréhension communes aux cycles 1 et 2 - Importance de l’enseignement explicite. Mémoire Bachelor sous la direction de Catherine Tobola Couchepin. A paraître sur le site de la HEP-VS.
Références bibliographiques : Regard Cartier, S.C. (2006). Stratégies d’apprentissage par la lecture rapportées par des élèves en difficulté d’apprentissage de première secondaire en classe de cheminement particulier de formation. Revue des sciences de l’éducation, 32 (2), 439–460. Cèbe, S., & Goigoux, R. (2009). Lector & Lectrix : Apprendre à comprendre les textes narratifs : CM1, CM2, 6e, Segpa. Paris : Retz. Giasson, J. (2007). La lecture : De la théorie à la pratique (Outils pour enseigner). 3e éd. Bruxelles : De Boeck.
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> DES CHIFFRES OU DES NOMBRES
Le fil rouge en 3H MOTS-CLÉS : ALLERS-RETOURS • APPRENTISSAGES VISÉS Une première année de pratique avec les nouveaux moyens en 3H touche à sa fin pour l’équipe pédagogique de math. Cette première année aura été très enrichissante grâce aux échanges engagés lors de nos séances de formation continue avec les collègues. Une discussion récurrente autour d’un sujet commun est revenue à chacune de nos rencontres. Et c’est bien entendu, le fil rouge, sa malléabilité et sa précision. Lors du cours 2 de formation continue, nous avions déjà réfléchi au fil rouge pour l’axe thématique « Grandeurs et mesures ». Grâce à un exercice d’organisation des activités dans cet axe, nous sommes parvenus à plusieurs conclusions : Au sein d’un même apprentissage visé, parfois la nuance entre une activité d’introduction et une activité d’entraînement est faible. A titre d’exemple, dans l’AV2, comparer deux ou plusieurs objets selon leur aire, l’activité d’introduction « Les formes » est proche de l’activité d’entraînement « Les paillassons ». Ce qui signifie qu’en fonction de votre classe, l’enseignant peut se sentir libre de choisir l’une ou l’autre ou les deux. Au sein de cet axe thématique, le fil rouge propose de commencer par l’AV4, comparer deux ou plusieurs objets selon la masse. Cependant, certains collègues dont je fais partie, ont préféré attaquer l’année avec l’AV1 concernant la longueur, car ce thème arrive vite lors des périodes de jeux libres. Les AV n’étant pas liés entre eux dans cet axe,
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Le but de l’activité est de répartir les axes « Nombres » et « Opérations » sur l’année.
l’ordre peut être à la discrétion des enseignants. Toutefois, nous étions tous d’accord sur le fait de terminer l’année avec l’AV2 sur l’aire, car cet AV nécessite une certaine maturité de la part de l’élève. C’est le cas aussi en 2H et en 4H. Concernant l’axe thématique « Espace » qui commence en période 2 du 1er semestre, il est parfaitement envisageable, toujours en fonction de sa classe, de l’amorcer en période 1 afin de ne pas travailler que le nombre - et non en période 2 comme proposé. Il est tout à fait possible aussi de jongler entre les deux chapitres de cet axe et de commencer l’AV « Situer et décrire sa position ou celle d’un objet… » bien avant la période 2 du 2e semestre, ce qui permet d’étaler le savoir un peu plus dans le temps. Mais c’est surtout au dernier cours de formation continue sur « Nombres » et « Opérations » que nous nous sommes rendu compte de la nécessité de faire des allers-retours entre ces axes et leurs AV. Ici le but de l’activité était de répartir les AV de ces 2 axes sur l’année. Les conclusions pour tous les groupes ont été les suivantes (voir illustrations) : Dans l’axe « Nombres » (chapitre Dénombrement), AV : Mémoriser et communiquer la suite des nombres,
un découpage du domaine numérique différent a, à chaque fois, été proposé : 0-20, 0-30, 0-50… Lors de l’apprentissage de l’AV cidessus, des liens sont mis en place simultanément avec l’AV « Comparer deux collections, deux positions sur une liste ordonnée » et l’AV « Dénombrer et constituer une collection… ». Or ces deux AV arrivent beaucoup plus tard dans la proposition du fil rouge. Mais ils prennent tout leur sens vus ensemble. Dans l’axe « Opérations », il a toujours été proposé par les groupes de travail de séparer les apprentissages de l‘addition et de la soustraction qui apparaissent dans le même AV. A travers ces quelques exemples non exhaustifs, nous prenons conscience que le fil rouge donne une tendance et des repères pour planifier l’année, mais qu’il doit bien entendu être adapté en fonction de sa manière de travailler, en fonction des évènements dans sa classe et, surtout, de ses élèves. Les années en math se suivent, mais ne se ressemblent pas ! Alors surtout, sentez-vous à l’aise avec votre propre fil rouge. Dominique Lacombre Animatrice pédagogique Cycle 1 larpem@hepvs.ch
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES > SCIENCES DE LA NATURE
Inciter les élèves à explorer… à distance MOTS-CLÉS : POINTS DE VUE SCIENTIFIQUES • VIDÉOS Un virus grippe la machine scolaire. Des étudiants HEP se trouvent privés de stage. Comment leur donner toutefois l’occasion de se former pratiquement en didactique des sciences ? Par la création d’une capsule vidéo incitant les élèves à se questionner, observer et débattre. Et si l’exercice proposé nous rappelait quelques bons principes pour travailler en sciences ?
CONSTRUIRE LE PROBLÈME S’emparer d’une problématique scientifique consiste à se déplacer… « Non, je ne vais pas vous dire que les fleurs sont belles, qu’elles font plaisir à offrir et sont faites pour embellir nos extérieurs et nos intérieurs… Non, je vais vous parler d’êtres vivants particuliers, qui sont vivants à leur manière, se distinguant de la façon dont les humains ou les animaux vivent » (exemple fictif 7H). Selon ce regard « biologique » que j’essaie de faire partager aux élèves, les fleurs constituent la partie de la plante responsable de la fécondation et de la reproduction. En adoptant ce point de vue scientifique qui s’écarte du sens commun, je réalise que tous les végétaux (arbres compris) ont des fleurs (sauf mousses et fougères), que tout fruit vient d’une fleur fécondée, que toute fleur fécondée se transforme en fruit. Les vidéos élaborées par les étudiants posent une problématique par un jeu fictif de mise en dialogue de conceptions communes, points de vue scientifiques et quelques observations.
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LAISSER EXPLORER LE RÉEL La problématique étant construite, l’exploration est infinie… Le propre des sciences est que la validation des idées à propos du vivant vient de la confrontation au réel. C’est un premier impératif scientifique, sans quoi on quitte la biologie pour adopter par exemple les regards du philosophe ou de l’artiste (qui ont tous leur valeur évidemment !). Deuxième impératif scientifique : débattre et s’entendre entre nous, à propos de ces fleurs et de ces fruits. Alors, pratiquement, comment laisser le questionnement et la problématique guider le travail afin de ne pas trop réduire et fermer l’exploration ? Cherche-t-on une marguerite ? une fleur de noisetier ? ou ce qui, sur n’importe quel végétal, pourrait être une fleur ou un fruit ? Il est bien sûr plus dynamique et stimulant de proposer la dernière piste ; il y a de la place pour la curiosité, pour l’imaginaire (et si c’était… ?), et pour la vérification à l’aide de nos réseaux internet qui offrent des opportunités de comparaison infinies. Je vous invite d’ailleurs à y chercher la fleur de la banane… ou le fruit de la carotte.
Les étudiants étaient chargés, dans leur vidéo, d’accompagner les élèves jusqu’au seuil de l’exploration et d’inciter les élèves à la découverte en restant le plus ouverts pour que l’activité scientifique se prolonge aussi longtemps et intensément que possible… même à distance !
VIDÉO À DÉCOUVRIR SUR « A DISTANCE » Créativité, maîtrise technique, ingéniosité didactique, audace sont au rendez-vous dans cet exercice hors du commun réalisé par les étudiants en didactique des sciences du semestre 4 que je tiens à féliciter. Certains travaux déjà achevés peuvent être consultés sur le site de la HEP « Animation à Distance ». Que ces travaux originaux – et certes améliorables – redonnent saveur à notre enseignement scientifique au gré d’une visite estivale sur le site de l’animation à distance. https://bit.ly/3dOa4Xk Bel été à toutes et tous ! Samuel Fierz Formateur en Didactique des sciences
Capsule vidéo pour remplacer les expériences au CO Lionel Bonvin, animateur pour les sciences au CO, s’est lui aussi prêté au jeu de la capsule vidéo. Depuis le retour à l’école, les distances et les désinfections à respecter rendent les expériences délicates à mener. Ces vidéos bricolées avec soin sont une manière d’inciter les élèves à raisonner en sciences. A découvrir sur le site A distance, rubrique CO Sciences. https://animation.hepvs.ch/animation-pedagogique-a-distance
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> DISCUSSION
Enseignement à distance et en présentiel : regards d’élèves du CO
Une demi-classe au retour en classe, après l’école à distance
MOTS-CLÉS : 11CO • CO DES COLLINES Le 12 mai dernier, j'ai dialogué avec un groupe d’élèves de la demi-classe qui était en cours avec Christophe Gay-Crosier. Ces quelques jeunes de 11CO m'ont fait part de leurs impressions à propos de l’école à distance vécue pendant deux mois et de l’école en présentiel qui était leur routine et qu’ils venaient de retrouver. Qu’ont-ils appris autrement et quels avantages voient-ils à ces deux formes d’enseignement qu’ils sont les premiers à avoir expérimentées, dans ce contexte particulier lié à la crise sanitaire engendrée par le coronavirus Covid-19 ? Pour commencer, le 13 mars dernier, à l’annonce de la fermeture des écoles, comment ont-ils imaginé l’école à distance annoncée jusqu’au 30 avril a minima ? Le petit groupe interviewé n’a, semble-t-il, à aucun moment envisagé que ce serait une période de
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vacances, ayant vite compris qu’ils devraient vivre en semi-confinement. De plus, ceux qui étaient encore en recherche d’un projet pour l’année suivante ont immédiatement estimé que ce serait plus compliqué à distance, ce qui s’est vérifié.
UNE AUTONOMIE PLUS GRANDE À DISTANCE Qu’ont-ils apprécié après avoir testé pendant deux mois la continuité de l’école à la maison ? « La grande différence, c’est qu’à distance on peut apprendre à notre rythme », relève l’un des élèves. Et d’ajouter : « D’un côté c’est bien, mais d’un autre on est plus vite distrait à la maison et souvent moins motivé. » Son voisin le plus proche mentionne qu’il lui a fallu se débrouiller avec la consigne telle que donnée par écrit, sans pouvoir demander immédiatement des précisions au prof. De l’avis de l’enseignant, cela rejoint son sentiment qu’à l’école obligatoire on s’occupe assurément trop des élèves, en ne
leur laissant pas suffisamment d’autonomie dans les apprentissages. Y avait-il aussi des aspects plus problématiques en lien avec l’enseignement à distance ? « On a certainement progressé au niveau de l’utilisation de l’ordinateur, mais pas vraiment au niveau de la matière, puisque les cours étaient limités à la révision », déplore un élève. Et une autre voix de dire : « On étudie assurément mieux à l’école, car on n’apprend pas vraiment avec un ordinateur, internet et des vidéos. » Etaient-ils contents de revenir en classe ? Le oui est enthousiaste, comme probablement il l’était lors de la rentrée scolaire en août. Du reste, si on leur proposait un enseignement totalement ou partiellement à distance, ils n’y seraient pas favorables, à moins que ce soit à toutes petites doses. Pour reprendre les mots d’un des jeunes : « Après quelques semaines, l’école à distance, c’est
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RUBRIQUES ennuyeux. » Evidemment, le plus important pour eux en classe, c’est de pouvoir retrouver les copains, enfin une partie puisqu’ils sont en demi-effectifs jusqu’à une date encore inconnue. Pour le volet scolaire, les enseignants leur ont « quand même aussi manqué un petit peu ». En langage ados, l’expression aux airs de litote doit vouloir signifier « bien plus qu’on ne veut bien le dire ». Pour mieux apprendre, ils mettent en avant le rôle stimulant du collectif, relevant que les questions posées par les autres élèves les aident souvent dans leur compréhension de la matière.
PAS DE NOTES, MAIS D’AUTRES PRESSIONS Etaient-ils inquiets de cette reprise ? Non, mais ils se sont posé plein de questions. L’une des élèves dit s’être renseignée auprès de ses camarades qui avaient recommencé la veille, notamment pour en savoir plus concernant l’organisation des cours de sport. Pour eux, se retrouver en demiclasse, c’est quelque chose de vraiment bizarre. A leurs yeux, ce n’est pas un atout pour mieux apprendre même si l’un des jeunes pense qu’il faut attendre pour comparer. L’enseignant estime pour sa part que ces petits effectifs permettront très certainement de travailler plus efficacement. Avec cette reprise sans notes, les élèves craignent de ne pas avoir assez de stimulation pour bien travailler et en même temps ils trouvent qu’ils ont une énorme pression sur leurs épaules, ayant peur de ne pas être à la hauteur des attentes l’année prochaine au collège, en ECCG, en apprentissage… L’une des élèves s’inquiète surtout pour certaines branches, où ses résultats étaient légèrement à la baisse au début du 2e semestre. Pour l’enseignant, c’est plutôt une chance de vivre une période d’apprentissage sans la pression des notes, et il ajoute qu’habituellement le mois de mai est dédié à la révision en vue des examens qui cette année n’auront pas lieu, donc
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ils pourront rattraper la matière qui n’a pas été vue. De plus, comme il le souligne, ils auront l’occasion de mesurer leur niveau de connaissance via des épreuves blanches, notamment pour découvrir l’oral de sciences. « Il est fort possible que l’apprentissage des notions essentielles qui seront abordées d’ici la fin de l’année scolaire se fasse plus vite que les autres années », relève encore l’enseignant qui considère qu’ils verront sans problème l’essentiel du programme en maths.
« Pour l’enseignant, c’est plutôt une chance de vivre une période d’apprentissage sans la pression des notes. » S’ils avaient le pouvoir du changement, qu’importeraient les élèves de l’école à distance en classe ? Ne s’étant pas senti forcément à l’aise avec les outils numériques, ce petit groupe trouverait bien de proposer une formation pour maîtriser certaines bases techniques qui ne l’étaient pas malgré les cours d’informatique en 9CO. Et plus globalement, que modifieraient-ils ? En lien avec cette période particulière, ils prendraient le temps en classe d’une discussion pour démêler les vraies et fausses infos diffusées par les médias en lien avec le coronavirus. Ils précisent bien qu’il devrait s’agir, non pas d’un cours, mais d’un temps de discussion à partir des questionnements des uns et des autres, et ce à tous les degrés et peut-être dans plusieurs branches, pour avoir des explications complémentaires. Ils ont certes pu parler de leur ressenti du semi-confinement via une rédaction en cours de français, mais pour eux un échange avec les enseignants serait bienvenu. Ils peinent par ailleurs à comprendre la justesse de certaines consignes liées à l’épidémie, qu’ils jugent souvent contradictoires. « Se retrouver en demi-classe tous assis à des bancs différents, alors
qu’avant d’entrer en classe et dans les transports publics on est tous entassés et sans masque, c’est quand même bizarre, non ? » « Pourquoi dans certains pays les élèves de notre âge doivent-ils rester à la maison parce qu’on juge qu’ils peuvent transmettre le virus ? » Leurs questionnements méritent assurément une attention particulière, surtout par ces temps où il est indispensable d’apprendre à affronter les incertitudes et la complexité. Propos recueillis par Nadia Revaz
EN RACCOURCI Places d’apprentissage sur echallenge.ch
Un onglet pour une recherche facilitée Dans le cadre de l’événement Covid-19 et afin de soutenir les élèves dans la recherche d’une place d’apprentissage, un onglet supplémentaire « places d’apprentissage » a été ajouté à la plateforme « echallenge ». Cet onglet permet une recherche facilitée des places d’apprentissage vacantes dans une région ou dans un domaine professionnel ainsi qu’une mise en relation directe avec l’entreprise formatrice. www.echallenge.ch
Cours à distance
L'exemple de New York Depuis le Covid, tout a ralenti à New York... tout sauf l'enseignement ! La Ville a d'ailleurs prêté des tablettes à tous les élèves pour qu'ils puissent suivre les cours en ligne. Un exemple à suivre ? Vidéo RTBF.info (17 mai). https://bit.ly/2Twr4t9
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> DOC. PÉDAGOGIQUE
L’été sera résolument suisse !
MOTS-CLÉS : VACANCES • IDÉES Cette année, on l’a bien compris : les vacances seront tournées vers l’exploration de notre pays. Entre balades le long des bisses, randonnées en montagne et découverte de cantons encore inconnus pour les Romands que nous sommes, il y a de quoi faire. La collection les randonnées d’Eloïse est un condensé de conseils pour partir en expédition avec des enfants, qu’ils soient autonomes, en poussettes, ou portés dans un sac à dos. Une série de recommandations et d’itinéraires
adaptés y est proposée pour faire de votre sortie un réel moment de détente. Rando Kids démontre que la randonnée est également ouverte aux familles. La Suisse est l’endroit parfait pour ça, avec des milliers de kilomètres de sentiers pédestres bien balisés, qui ont des possibilités de divertissements en cours de route. Il ne vous reste plus qu’à vous ressourcer au grand air. Et pour les adeptes de la marche avec un objectif précis, le guide des Buvettes d’alpage vous assure une pause goûteuse. Le document les randos urbaines vous offrent
quant à lui une série d’activités ludiques pour découvrir nos villes. Tous ces documents, et bien d’autres encore, sont disponibles à la Médiathèque Valais de SaintMaurice. Alors chaussez vos baskets, remplissez vos sacs à dos et laissezvous tenter par un de nos nombreux guides indispensables pour une escapade réussie. Nicole Rappaz
Pour en savoir plus :
www.mediatheque.ch https://bit.ly/2QXIcY6 https://explore.rero.ch/fr_CH/vs
EN RACCOURCI Edulog
Le Valais parmi les cinq cantons pionniers Le Canton du Valais fait partie des cinq cantons pionniers qui lanceront Edulog à la rentrée scolaire 2020. Ses écoles auront accès à des services numériques tels que des ressources pédagogiques ou des plateformes d'apprentissage collaboratif. Edulog s'inscrit dans la mue du système
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éducatif valaisan vers le numérique. « En plus d'être un moteur, Edulog a aussi été la cerise sur le gâteau : pouvoir fédérer cette identité dans un système intercantonal montre le niveau de maturité et de fiabilité de notre identité numérique pour l'ensemble des degrés de l'éducation valaisanne. », souligne Stéphane Roduit, coordinateur cantonal pour la stratégie numérique dans le domaine scolaire et coordinateur valaisan du
projet Edulog, dans le récit de cette expérience sur Edulog. www.edulog.ch
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RUBRIQUES > ÉDUCATION PHYSIQUE
Covid-19 : un cadre familial qui modèle ? MOTS-CLÉS : MODELER • « DÉMODELER » Durant les semaines d’école à distance, l’enseignement de l’éducation physique, comme les autres branches, a dû lui aussi être réinventé. Comment poursuivre l’enseignement de l’éducation physique, ou plutôt le maintien d’une activité physique, dans une société de moins en moins active, à qui l’on demande, situation oblige, de rester un maximum chez soi ? De nombreux professionnels de la santé ont préconisé une bonne santé physique afin de faire face à ce virus. Des études ont démontré que l’hypertension, ou encore le diabète, que la pratique sportive régulière réduit fortement, étaient des facteurs de risque de mauvaise évolution chez les patients atteints de Covid-19. Durant cette crise sanitaire, l’importance de l’activité physique était donc de retour au centre des préoccupations, non seulement pour faire face efficacement à ce virus, mais également pour ne pas fragiliser le développement intellectuel, émotionnel et physique de l’enfant. Comment proposer un programme d’activités physiques à sa classe, sans créer d’inégalité dans les pratiques proposées, alors que chaque élève vit dans un cadre familial différent ? Si, en temps normal, on pouvait penser que l’école modèle, dans cette situation particulière, hors des murs de l’école, c’est bien le cadre familial qui modèle l’enfant dans ses tâches scolaires, et l’activité physique ne fait bien évidemment pas exception ! Les enfants ont-ils des parents qui les stimulent à l’activité sportive ? Ont-ils
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Demander aux enfants de faire preuve d’originalité dans une activité physique pour les responsabiliser dès le plus jeune âge
eu accès aux contenus proposés par leur enseignant ? Un espace suffisamment grand pour s’épanouir ? Du matériel à disposition ? La possibilité de réaliser des activités en extérieur ? Les enseignants d’éducation physique, tout comme leurs collègues, ont fait preuve de beaucoup d’originalité dans leurs différentes propositions. Des supports et contenus variés ont été déposés sur les différentes plateformes de partage. Cependant, comme l’école le souhaite, a-t-on demandé aux enfants de développer leur originalité à eux ? N’avons-nous pas donné un « cadre », un programme d’activités physiques trop rigides en pensant bien faire, afin d’éviter que les enfants et parents abandonnent l’activité physique en raison d’un manque d’idées, de possibilités ? Demander aux enfants de faire preuve d’originalité n’aurait-il pas permis de « se démodeler » de leur cadre familial distinctif ? Prendre le risque de donner plus de place à la
créativité en proposant des activités « moins structurées » n’aurait-il pas permis de diminuer ainsi les inégalités ? Certes, les enseignants auraient perdu ce contrôle tant aimé sur les activités de leurs élèves. Mais finalement, ont-ils vraiment eu le contrôle ?
« Prendre le risque de donner plus de place à la créativité n’aurait-il pas permis de diminuer les inégalités ? » Finalement, cette crise n’a-t-elle pas simplement mis en exergue les « défauts » de notre enseignement, de notre éducation, qui tend encore trop à cadrer, à structurer, à modeler, plutôt qu’à responsabiliser dès le plus jeune âge et à laisser beaucoup plus de place à l’imagination et à la créativité ? Lionel Saillen Virginie Clivaz Animation pédagogique
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> REVUE DE PRESSE
D’un numéro à l’autre leur sécurité et leur nutrition ». Dès lors, « rouvrir les écoles devrait être une priorité ». En effet, Difficultés « plus les enfants restent longtemps en dehors informatiques de l'école, moins ils ont de chances d'y retourner Ils rencontrent parfois des un jour » et plus ils sont menacés par la violence, difficultés pour faire une le travail, les mariages précoces, ils sont privés des repas et de recherche sur Google, ignorent l'aide sanitaire qu'ils reçoivent normalement à l'école. A noter souvent les raccourcis clavier parmi les lignes directrices, la nécessité de « mettre l'accent sur et peinent à s’adapter à une les pratiques qui compensent le temps d'instruction perdu » et de nouvelle plateforme qu’ils ne « s'appuyer sur des modèles d'apprentissage hybrides » intégrant connaissent pas. Des seniors ? l'enseignement à distance. La Banque mondiale y voit d'ailleurs Pas du tout, des adolescents « la rampe de lancement d'une nouvelle norme qui devrait être suisses. Car si les élèves sont plus efficace et plus équitable ». Il faudra notamment former souvent très habiles avec leurs les enseignants à l'enseignement à distance, pour faire face à téléphones portables et les d'autres circonstances qui amèneraient à fermer les écoles... applications qui s’y trouvent, ToutEduc.fr (3.05) il n’en va pas forcément de https://bit.ly/35wrmVG même quand il s’agit de Tribune travailler via la plateforme que les élèves utilisent Lettre à ses élèves pour les cours à distance. Il Mes chers élèves, vous allez nous épater ! ne faut cependant pas en Dans une lettre adressée à ses élèves, un professeur de conclure que les adolescents philosophie leur rend hommage : s’ils peuvent se sentir ne développent pas, au légitimement floués et désorientés face à la crise sanitaire, cet quotidien et sur smartphone, apprentissage brutal leur ouvrira aussi les portes d’une plus certaines compétences. Mais grande liberté. « Mes chers élèves, à la veille de cette drôle de pour d’autres domaines rentrée de ces étranges vacances de printemps 2020, à la veille de d’application, une formation revoir certains d’entre vous à travers l’écran de mon ordinateur, est nécessaire pour parvenir je pense à vous avec émotion et je veux vous rendre hommage. à redéployer ailleurs ce qu’ils Depuis plus de trente ans, j’accompagne chaque année une savent faire, mais souvent cohorte de jeunes gens de votre âge, en faisant de mon mieux automatiquement, sans pour les ouvrir à la philosophie. Vous êtes la première à être vraiment savoir l’expliquer. Il confrontée à une épreuve d’une telle ampleur, et à voir ainsi se faut arrêter de croire que ces transformer brutalement vos perspectives de vie. »… jeunes sont « prêts à l’emploi ». Libération (3.05) Le Temps (30.04) https://bit.ly/2SBppCa https://bit.ly/2yCibaA
Technologies
Education Scolaire
Réouverture L’UNESCO invite tous les pays à former leurs enseignants pour d’autres épisodes de fermeture des écoles. Elle rappelle que « les fermetures généralisées d'établissements scolaires présentent un risque sans précédent pour l'éducation et le bien-être des enfants, en particulier pour les enfants les plus marginalisés qui dépendent de l'école pour leur instruction, leur santé,
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Conséquences du confinement « C’est le moment ou jamais de faire tomber des barrières », affirme le neuroscientifique Stanislas Dehaene, qui voit dans le confinement un possible tournant pédagogique. Rapprocher les parents de l’école, inciter les élèves à s’autoévaluer, ou encore fixer de vrais objectifs à la politique du numérique éducatif : face à ces enjeux, le président du Conseil scientifique de l’Education nationale appelle le Ministère à lancer de nouvelles enquêtes pour tirer un bilan précis de l’école à distance. De la même manière que les soignants se sont mobilisés pour sauver des vies, il faut que les enseignants se mobilisent pour sauver des enfants. Certains acteurs se comportent avec beaucoup de courage, quitte à changer un peu de métier, avec abnégation. Le Monde (5.05) https://bit.ly/35AySiz
Pérou
Enseignement à distance pour une longue durée Le président péruvien Martin Vizcarra a écarté toute éventualité que les établissements scolaires et les universités puissent bientôt reprendre la classe étant donné l’ampleur de l’épidémie du nouveau coronavirus dans le pays. Il a précisé que l’enseignement jusqu’au niveau universitaire devrait se faire « pour une longue durée » par internet mais aussi via la radio et la télévision. Le ministère de l’Education a acheté 843'000 tablettes pour permettre aux élèves, en particulier des régions rurales, d’étudier sur internet. Ouest-France (6.05) https://bit.ly/3fv27YH
Coronavirus
Retour des collégiens munis d’un bracelet électronique Une rentrée très prudente en Chine. Des collégiens de Pékin ont effectué lundi leur retour en classe, munis d'un bracelet électronique qui donne l'alerte en cas de fièvre, au moment où le pays redoute une nouvelle vague de contaminations au Covid19. Ce dispositif est le dernier exemple en date du recours massif du géant asiatique aux nouvelles technologies pour tenter de maîtriser un virus qui a officiellement contaminé près de 83'000 personnes, dont 4 633 mortellement, dans le pays. Le Parisien (11.05) https://bit.ly/2WT2Me4
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RUBRIQUES Informatique
Panne à l’université de Liège Une surcharge des serveurs a provoqué un problème technique à l’université de Liège, les étudiants ne peuvent pas passer leurs examens écrits. Les examens prévus ce lundi 18 mai ne peuvent dès lors pas avoir lieu comme prévu. Un report de ces examens devrait être envisagé. Des étudiants confirment par ailleurs que certains examens ont été reportés. Le Soir (18.05) https://bit.ly/3dYZ612
Russie
Mobilisation forcée face à l’épidémie « Ceux qui n’iront pas n’auront pas leur attestation et risquent l’exclusion. » Svetlana, élève en 6e année de médecine à Moscou, l’assure, la mobilisation des étudiants face au nouveau coronavirus se fait sous la menace. Dans plusieurs témoignages recueillis, à l’instar de celui de Svetlana, des élèves affirment être menacés d’exclusion en cas de refus, mais préfèrent garder l’anonymat de peur de représailles. L’Orient le Jour (12.05) https://bit.ly/2zuPE6J
Danemark
Déconfinement scolaire dans un stade Au Danemark, le stade national Telia Parken, qui accueille le FC Copenhague a temporairement rempli ses salons d’élèves d’une école locale. 200 élèves de quatrième et cinquième de l’école
EN RACCOURCI KnowledgeOne
Sélection d’articles La crise mondiale actuelle amène de nombreux établissements d’enseignement à faire un pas de plus vers la mise en ligne de matériel pédagogique. Puisqu’un tel virage s’accompagne souvent d’obstacles, cette décision peut être difficile à prendre, notamment pour les institutions qui s’inquiètent de pouvoir offrir ainsi un apprentissage correspondant à leurs standards de qualité. Afin de vous aider dans cette transition, vous trouverez sur ce site une sélection d'articles qui traitent de divers aspects de la formation en ligne et proposent plusieurs ressources à cet effet. https://bit.ly/3gk2XrF
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Oster Farimagsgade, dans l’Est de Copenhague, ont depuis lundi 11 mai leurs classes dans l’arène. Le matin, les élèves chantent dans les tribunes, ils discutent et jouent à cachecache entre les sièges pendant leurs pauses et un parc voisin leur offre également un espace supplémentaire pour jouer. Huffingtonpost.fr (12.05) https://bit.ly/2WWoHB2
EN RACCOURCI Sensibiliser
Journée mondiale du mot de passe Le 7 mai, c'était la journée mondiale du mot de passe (si si, ça existe !). L'occasion en ces périodes d'utilisation de plateformes et de sites web comme moyens d'enseignement de se rappeler les règles simples, mais évidentes de création d'un mot de passe
sécure. Vous découvrirez aussi quelques ressources qui permettent de tester votre mot de passe ou de contrôler si votre adresse a été piratée ou utilisée. https://huit.re/passwordICT
EN RACCOURCI Concours national Science et jeunesse
Succès de la 1re édition virtuelle A environ un mois de la Finale du Concours national 2020, l’équipe de Science et jeunesse a été obligée de revoir l’ensemble de l’organisation du Concours. Alors que de nombreux événements ont dû être annulés, la Fondation Science et jeunesse s’est mobilisée afin que la Finale puisse avoir lieu malgré le Covid-19. Elle a décidé de développer une plateforme virtuelle. Sur un total de 122 projets portés par 136 participants, 23 jeunes de Suisse romande ont défendu leurs travaux et obtenu de magnifiques résultats : 11 mentions
« excellent » avec en prime 7 prix spéciaux, 11 mentions « très bien » et 1 mention « bien ». Pour le Valais, Mathilde Montaubric, étudiante au Lycée-Collège des Creusets, a obtenu la mention très bien avec son projet « Vivre avec son épilepsie : un quotidien de malade ? ». https://bit.ly/36zEr19 https://youtu.be/EwkAdK2fsTc
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ÉDUCATION MUSICALE
Point musical final MOTS-CLÉS : HEP • PER
Par ce bref message, nous prenons congé de Résonances, mensuel formidable pour lequel nous avons donné tout ce que nous pouvions pour maintenir bien haute l’importance de la musique à l’école, sous toutes ses formes, depuis plus de quinze ans en duo. Merci, chères enseignantes, chers enseignants, chers lectrices et lecteurs fidèles : pour avoir cru en nous, pour avoir transmis à vos élèves nos recommandations concernant le PER1, pour avoir animé des classes chantantes, pour avoir participé aux formations continues proposées et utilisé les moyens complémentaires suggérés, pour avoir participé à des fêtes de chant, notamment les fêtes cantonales valaisannes avec un enthousiasme qui n’a jamais diminué, pour avoir profité de la plateforme de la HEP-VS, pour nous avoir fait parvenir des idées, pour avoir apprécié nos divers propos tantôt dogmatiques, tantôt légers, tantôt un brin provocateur… Merci, cher Patrice, cher Fabio2, pour nous avoir encouragés et facilité la tâche. Merci, cher Michel3, pour nous avoir donné les moyens et nous avoir fait profiter de ta bienveillante haute surveillance. Merci cher Samuel, cher Claude-Eric4 et tous les collègues de l’animation
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Jean-Maurice Delasoie aura été sur tous les fronts pour dynamiser les cours de musique.
pour cette bonne collaboration durant toutes ces années. Merci au Conseil du Léman et à sa commission jeunesse et culture d’avoir permis que, chaque année, un spectacle ait pu avoir lieu dans divers endroits de l’arc lémanique, avec, comme corollaire, des documents pédagogiques originaux.
nueront ainsi à montrer, à travers quelques lignes mensuelles, que la musique fait partie de la vie de l’école pour le plus grand bonheur de toutes et tous. Jean-Maurice Delasoie Bernard Oberholzer Notes Plan d’études romand Patrice Clivaz et Fabio Di Giacomo, respectivement ancien directeur et co-directeur à la HEP-VS 3 Michel Beytrison, adjoint au service de la formation 4 Samuel Fierz et Claude-Eric Clavien, respectivement responsable de l’animation et animateur en éducation musicale pour le CO 5 Jacques Dussez, responsable des illustrations de Résonances 6 Rédactrice de Résonances 1
Merci, cher Jacques5, pour tes illustrations si adaptées et évocatrices. Enfin, merci très chère Nadia6, toujours souriante, toujours empathique, toujours patiente, pour nous avoir réservé à chaque fois, une page dans ton « Résonances ». Et… merci d’avance à celles et ceux qui reprendront le flambeau et conti-
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Un merci en musique Cher Bernard, retraité de la HEP-VS depuis quelques années, et cher Jean-Maurice, futur retraité, sachez que les points finaux ne le sont jamais vraiment, car il y aura toujours des résonances, en l’occurrence musicales… Merci d’avoir animé votre page avec toujours autant d’enthousiasme. Nadia Revaz
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RUBRIQUES ÉDUCATION MUSICALE
« Adieu, Monsieur le Professeur… » Une dernière fois les enfants vont chanter : ADIEU et MERCI, Monsieur le Professeur…»
MOTS-CLÉS : DIDACTICIEN • MUSIQUE • ENSEIGNANT HOMME-ORCHESTRE Jean-Maurice Delasoie prendra congé de ses élèves et de ses collègues en fin d’année scolaire. Les élèves et les enseignant·es qui ont eu la chance de le côtoyer tout au long de son parcours pédagogique et musical reconnaîtront ses nombreuses compétences et qualités : engagement, disponibilité, amabilité, convivialité, humour et jovialité en ont fait un enseignant, didacticien et animateur pédagogique fort apprécié ! Trompettiste au sein de l’« Echo d’Orny », la fanfare de son village, Jean-Maurice a fréquenté la section de direction chorale du Conservatoire cantonal, avec Michel Veuthey et Jean Daetwyler comme professeurs. Après l’Ecole normale, JeanMaurice enseigna dans les écoles primaires de Monthey durant 27 ans. Il a complété sa formation par de nombreux cours (conseiller en développement organisationnel (CDO), diplôme de pédagogie musicale active auprès de Jos Wuytack, praticien formateur (PF)…) et décroché une licence en sciences de l’éducation (Université de Lyon). Son engagement à la HEP-VS en 2005 en tant qu’animateur pédagogique pour la musique, puis l’année suivante comme didacticien l’a occupé jusqu’à présent, en parallèle à l’enseignement de l’« Histoire de la musique » à l’ECCG de Monthey. Homme-orchestre de nombreux dossiers musique VS et intercantonaux, en tant qu’enseignant et animateur pédagogique, Jean-Maurice aura
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… et profite bien de ta retraite active, musicale et gustative ! Claude-Eric Clavien Animateur pédagogique musique cycle 3
C'était écrit il y a 101 ans été sur tous les fronts afin de dynamiser le cours de musique dans les écoles valaisannes : « Enseignement élargi de la musique dans les classes », introduction des moyens romands d’enseignement « A vous la musique », introduction du « PER musique », rédacteur de « Planète musique », rédacteur de « séquences d’enseignement VS » et, actuellement, en pilotant la réalisation de « séquences d’enseignement FR-VS » pour les cycles 1 et 2.
Lien vers le numéro de juillet 1919, après la fermeture des écoles pour cause d’épidémie de grippe https://bit.ly/30cdOvO Lien vers les archives complètes www.resonances-vs.ch https://bit.ly/2qPNOoZ
Homme-orchestre également dans sa vie extrascolaire, Jean-Maurice a mené, en crescendo et sans anicroche, sa carrière de directeur de la Collombeyrienne, puis trompettiste à l’Harmonie municipale de Monthey, de pianiste au sein du groupe « Grün Vater », de directeur de l’école de musique de Monthey, de président de l’ACMV (Association cantonale des musiques valaisannes)… sans oublier son élection au titre envié de « Jean-Maurice 1er », prince du Carnaval de Monthey ! Un programme bien rempli ! « …Tous les discours sont terminés, Sous le préau l'assistance se lève,
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Caisses de pension et CPVAL : conséquences financières du Covid-19 MOTS-CLÉS : BOURSES • SCENARII La chute des bourses a plombé les comptes des Caisses de pensions, selon une enquête de Swisscanto. Les degrés de couverture ont baissé de 10 % et retrouvé leur niveau de fin 2018. Les réserves se sont envolées. Les gains boursiers engrangés en 2019, qui avaient renforcé les bilans des Caisses, ont été dépensés en 3 mois. Les degrés de couverture ont baissé de 10 % selon une enquête de Swisscanto publiée début avril. La moyenne pour les Caisses privées se situe à 108,9 % contre 118,7 % à fin 2019 et à 80,7 % pour les Caisses publiques à capitalisation partielle contre 87,8 % à fin 2019. CPVAL passe de 83,1 % à 76,7 %. On parle d’un degré de couverture de 100 % lorsqu’une Caisse de pensions dispose d’une fortune suffisante pour verser d’un seul coup le montant des avoirs de prévoyance de ses assurés actifs, respectivement pour disposer de suffisamment d’argent pour honorer le paiement des rentes à ses assurés rentiers. Ce que l’on vit depuis un trimestre sur les marchés est une situation assez rare somme toute, puisqu’elle ne s’est produite que 11 fois depuis 1871. Elle ne fait cependant pas paniquer les responsables des Caisses ; en effet, ces dernières peuvent encaisser un tel choc financier parce qu’elles présentent une allocation de leurs investissements assez conservatrice. D’ailleurs, elles n’ont pas dû procéder à des ventes de titres au plus mauvais moment.
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CPVAL Performance 2019/20
4,66 % > 4,5 %
16,6 %
4,0 bis 4,49 %
8,6 %
3,5 bis 3,99 %
8,3 % 14.1 %
3,0 bis 3,49 % 2,5 bis 2,99 %
8,6 %
2,0 bis 2,49 %
14,5 %
1,5 bis 1,99 %
5,4 %
1,0 bis 1,49 %
10,9 %
0,5 bis 0,99 % 0,0 bis 0,49 %
4,8 % 0,3 %
< 0,0 %
0%
8,0 %
2%
4%
6%
8%
10 %
12 %
14 %
16 %
18 %
Parts en % par rendement Source : Swisscanto Prévoyance SA et Prevents SA
Rendements de toutes les institutions de prévoyance considérées depuis le 01.01.2019
L’étude de Swisscanto montre que, malgré ces importantes baisses enregistrées dans pratiquement toutes les classes d’actifs, l’effort marqué des Caisses de bien se diversifier dans des produits assez bien décorrélés a néanmoins permis à ces dernières de limiter la casse.
RENDEMENT EN RECUL DE 7,7 % POUR LE PREMIER TRIMESTRE Le rendement des Caisses de pensions a baissé en moyenne de 7,7 %. La faute en revient essentiellement aux actions, avec une baisse de 11,8 % des actions suisses et de 21,7 % des actions internationales. Les Matières premières ont également fortement contribué à la baisse (-23,4 %) même si leur poids dans la stratégie des Caisses
est bien moindre que celui des actions. Même l’immobilier suisse, lui très fortement présent dans les portefeuilles des investisseurs institutionnels, a baissé de 0,3 %. Finalement les obligations suisses n’ont pas échappé non plus à ce marasme en affichant des résultats de -2,8 %.
QU’EN EST-IL DE CPVAL ? Parfois la chance sourit à ceux qui agissent au moment propice. L’entrée en vigueur de la réforme structurelle au 1er janvier 2020 a eu entre autres comme conséquence un apport important de l’Etat que CPVAL a utilisé sous forme de prêt à ce dernier. Le poids de ce prêt est assez conséquent dans la fortune de la Caisse puisqu’il représente environ 35 % de son allocation. Avec une rémunération
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RUBRIQUES d’environ 3 % et un risque quasi nul, il a permis d’une part de réduire l’exposition globale de CPVAL dans des classes d’actifs risquées comme les actions par exemple et a amené d’autre part du rendement à un moment où les marchés boursiers n’en procurent pas. Cette situation fait que CPVAL enregistre sur le premier trimestre de l’année une performance de -6,09 %, soit un résultat quand même négatif en absolu, mais en relatif, soit comparé aux autres Caisses de pensions, un résultat nettement moins mauvais. Le Conseil d’administration de la Caisse ayant décidé que les allocations stratégiques des fortunes des deux Caisses (CPF et CPO) seraient les mêmes en 2020, le résultat est donc identique pour les deux Caisses. Le graphique ci-contre montre les résultats des Caisses selon l’étude de Swisscanto depuis le 1er janvier 2019 au 31 mars 2020. Le résultat de CPVAL (4,66 %) reste probant.
QU’EN EST-IL DE L’AVENIR À COURT TERME ? Personne n’est capable d’anticiper correctement l’avenir. Il s’agit par conséquent de tout faire pour qu’avec un minimum de risque, on puisse obtenir un rendement maximal. Les stratégies mises en place aujourd’hui vont dans ce sens et il est important de bien garder à l’esprit que l’horizon-temps d’une Caisse de pensions est basé sur des objectifs à long terme.
COMBIEN DE TEMPS FAUT-IL POUR SE REMETTRE D’UNE CORRECTION DE CETTE AMPLEUR ? Le marché des actions a chuté de 25 % ou plus à 11 reprises depuis 1871. Le délai médian de reprise à partir de ce point est de 1,8 an. Ce qui montre bien l’importance pour un investisseur du type Caisse de pensions de ne pas céder à la panique. En revanche, ce qui est beaucoup plus important pour assurer une gestion optimale
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du portefeuille, c’est de s’inquiéter de la façon dont on doit se comporter après de telles corrections. Trois scenarii sont possibles : ne rien faire et favoriser les liquidités, conserver l’allocation telle quelle ou alors profiter de ces corrections pour racheter progressivement le marché.
« Il est important de bien garder à l’esprit que l’horizon-temps d’une Caisse de pensions est basé sur des objectifs à long terme. » Il a été démontré par plusieurs économistes que la dernière variante restait de loin la meilleure ; en effet, si l’on prend la période la pire de l’histoire de la finance, soit le krach de 1929 où les actions avaient perdu 82 % !, celui qui avait opté pour favoriser les liquidités n’a pu récupérer le niveau de prix d’avant krach qu’après 34 ans pour revenir à l’équilibre. Celui qui
avait simplement conservé son allocation, donc rien fait du tout, a dû attendre 15 ans et finalement, celui qui a procédé à des rachats réguliers après correction, a retrouvé son équilibre après 7 ans.
CONCLUSION C’est cette option-là qu’a choisie CPVAL, qui, courant avril, est retourné dans le marché pour acheter principalement des actions qui avaient très fortement baissé dans le courant du 1er trimestre. Espérons que les expériences du passé restent garantes de succès. CPVAL reste fidèle à ses principes, jugement, patience et discipline. CPVAL demeure convaincue que ces trois principes permettront à l’avenir encore d’obtenir les objectifs nécessaires pour assurer un bon pilotage de la Caisse et faire fructifier correctement les capitaux de ses assurés. Patrice Vernier
www.cpval.ch
EN RACCOURCI Une école de l’essentiel
Réflexion de Charles Hadji Charles Hadji, professeur honoraire des sciences de l’éducation de l’Université Grenoble Alpes, propose sur le média The Conversation un texte pour penser la vie postpandémie, en défendant une école de l’essentiel. « En quoi l’école estelle vraiment indispensable ? La double crise nous contraint à reposer, radicalement, la question des finalités de l’activité éducative. »
foisonnante, et tellement les demandes institutionnelles pour davantage d’ouverture des établissements scolaires se font pressantes. Mais qu’en est-il dans les écoles, les collèges et les lycées ? Les partenariats portant sur les contenus d’enseignement sont-ils privilégiés, ou est-ce plutôt ceux permettant de sortir de l’enceinte scolaire et d’explorer des situations inédites en classe ? Quelles différences quand on travaille en partenariat avec des partenaires associatifs, régionaux, communaux, privés, culturels… ? https://bit.ly/2zxFYIF
https://bit.ly/3cwWR4E Travailler en partenariat
Dossier de veille de l'Ifé, avril 2020 Le fait de travailler en partenariat s’est imposé depuis plusieurs années comme une évidence dans le secteur éducatif, tellement l’offre des partenaires extérieurs à l’école est
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i NFOS DIVERSES
LES DOSSIERS
Des nouvelles en bref
fini « On n’a jamais rce pa e dr d’appren fini s ai m ja a qu’on n’ » r. re no d’ig voir
Simone de Beau
Le zoom santé du mois Save the date
Journée d’étude du réseau d’écoles21 / Mercredi 11 novembre 2020 Rébecca Shankland, maître de conférences à l’université GrenobleAlpes, spécialiste des compétences socio-émotionnelles et Nicolas Bressoud, doctorant en pédagogie spécialisée, (UNIFR) et formateur en gestion de classe (HEP Valais), parleront de la thématique suivante lors de la Journée d’étude du Réseau d’écoles 21 : « Vivre et savoir vivre ensemble - Pistes pour développer les compétences psychosociales à l’école. » La conférence sera suivie d’ateliers pratiques. N’oubliez pas de réserver le 11 novembre 2020 de 13 h à 17 h dans vos agendas ! www.promotionsantevalais.ch/re21
2015 / 2016
N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin 2016 / 2017 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin
Ecole sous pression Et si l'école ? Les innovations pédagogiques Autorité et bienveillance Les normes scolaires Enseigner : un même métier au fil des degrés ? Sommeil et pleine conscience pour mieux apprendre Débuts et fins de carrière La liberté pédagogique
2017 / 2018
Coronavirus et soutien à la formation professionnelle
N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin
Task Force de la Confédération
2018 / 2019
La Confédération tient à s’assurer que, même dans les conditions difficiles actuelles, le plus grand nombre possible de jeunes parvient à trouver une place d’apprentissage d’ici à début août 2020. Dans le même temps, les entreprises formatrices doivent pouvoir combler leurs places d’apprentissage vacantes et couvrir ainsi leurs futurs besoins de personnel qualifié. A cette fin, le conseiller fédéral Guy Parmelin a chargé le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation SEFRI de mettre en place, pour une durée limitée à fin 2020, une Task Force « Perspectives Apprentissage 2020 ». https://bit.ly/2YWYvIS
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Compréhension de la lecture Raisonner en classe L'enfant en Valais (1815 - 2015 - 2215) Ralentir pour mieux apprendre Décrochages scolaires (In)égalités scolaires Réviser: oui, mais comment ? L'anglais à l'école Parcours atypique et réussite
Autour des jeux à l'école Moins pour mieux apprendre Enseignants, héros sans le savoir Culture et images Trousse de secours pour enseignants Mixité à tous les étages scolaires Incertitudes du métier d’enseignant Management et école 1001 façons d’apprendre 30 ans de Résonances - bon sens à l'école L’école et les métiers de demain Communiquer et débattre Neurosciences et apprentissages Ecole et excellence Autour de l’apprendre Trousse de secours pour élèves Evolution de l’évaluation ? Du positif et des nuances
2019 / 2020 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° HS numérique N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin
A quoi bon apprendre ? S’émerveiller pour apprendre « Cancres » et « premiers de classe » Et si les élèves n’avaient pas d’étiquette ? Pépites de l'école valaisanne Du temps pour… Image des formations et des professions Les savoirs fondamentaux : toujours fondamentaux ? Carrières enseignantes - L’école autrement Ecole et originalité
Résonances • Juin 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne
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« Oui j'aime les vaches », clame Philippe. « Je suis un éleveur de Reines au quotidien ! » Itinéraire d'un enfant « du coin », nourri par la passion de son père. Mis en images par le photographe Jean Margelisch. CHAPITRE 2 :
« L'alpage, c'est être proche de l'essentiel. » Cette passion, plutôt neuve, Sébastien l'immortalise avec son appareil photo, seul avec le troupeau. Venu de France, il découvre par hasard ce monde, surpris et impressionné par la capacité de cette race à combattre. « J'aime cette vache, sa manière d'être, son caractère. » CHAPITRE 3 :
L'Hérens, du néolithique à nos jours, les petits et grands événements de son histoire, sont détaillés par Jean-Yves Gabbud, qui a également cerné les témoignages de Philippe et Sébastien. D'une seule voix, ils expriment l'attachement aussi fort que mystérieux qui les relient à cette vache, objet de fascination, à la limite de la sacralisation dans notre région.
Philippe, Sébastien, Jean-Yves. Trois hommes. Trois regards. Trois façons de vivre la vache d'Hérens. Une seule passion.
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