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DU SCULPTEUR AU PASTELLISTE

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LA RENOMMÉE

LA RENOMMÉE

Ses pensées vigoureuses ou délicates, tristes ou joyeuses sont traduites par sa main prestigieuse de la glaise grise à l’éblouissante blancheur du marbre, de la pierre ambrée au bois rustique, de l’étain plombé à l’inoubliable splendeur de l’or, aussi magistralement que par la subtile délicatesse du pastel : ce puissant et lent labeur se déroule comme un cortège impressionnant et unique de beauté, et perpétue dans les matières les plus variées le nom et la gloire du vrai, du grand artiste, le statuaire et pastelliste Jules Desbois.

Paul Moreau-Vauthier, 1931.

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à la sculpture, puisque Desbois a aménagé dans la salle principale une sorte de petit musée personnel. À sa mort, d’ailleurs, Desbois lui lègue ses outils et Colin prend la suite de la location de l’atelier du 89, boulevard Murat, où il œuvre jusque dans les années 1950, notamment comme praticien-mouleur du sculpteur Paul Landowski.

Torse d’homme, vers 19101934, plâtre, H. : 64 cm (dépôt du Château-musée de Saumur au musée JulesDesbois).

La Source, 1918, pierre, H. : 133 cm (dépôt du musée d’Orsay au musée JulesDesbois).

Le pastel

Dès 1924, parallèlement à ses derniers travaux de sculpture, Jules Desbois s’engage en autodidacte dans une nouvelle pratique artistique : le pastel. Si l’on excepte de rarissimes croquis témoignant de la qualité de son coup de crayon, on ne connaît aucun dessin de lui qui corresponde à la pleine période de sa production sculptée, durant laquelle il a pourtant dû en exécuter, ne serait-ce qu’à titre d’esquisses préparatoires.

C’est de manière anecdotique qu’il vient au pastel, à en croire les propos qu’il confie à un chroniqueur. Chez un marchand de couleurs mauvais payeur, il aurait ainsi pris pour rétribution d’une de ses commandes, sur un coup de tête, une boîte de pastels. La redécouvrant quelques années plus tard, il s’y essaie, persiste un peu, prend un modèle : « Au bout de quinze jours, dit-il, je réussis. »

Il est possible qu’au-delà de l’anecdote, le succès et le renouveau du pastel auprès des artistes de sa génération, portés par exemple par Edgar Degas ou Odilon Redon, aient suscité sa curiosité. C’est peut-être dès le milieu des années 1910 que Desbois réalise ses premiers essais, mais c’est en 1924 qu’il fait la première présentation publique de ses œuvres, au grand étonnement du monde des arts. Il dévoile ainsi des nus, des portraits et des natures mortes. Comme pour la sculpture, où il n’a pas pris le virage des avant-gardes, il demeure dans une esthétique placée sous le sceau des courants figuratifs de la fin du xixe siècle.

Dès cette première exposition, qui se tient à la galerie Hébrard, le collectionneur Jacques Zoubaloff (1876-1941) acquiert l’un des pastels particulièrement salués par la critique, et l’offre au Petit Palais. Il complète ainsi la collection d’œuvres de Desbois que possède ce musée, constituée d’acquisitions de la Ville de Paris et d’un précédent don de Zoubaloff, qui en 1916 avait offert quatorze statuettes et onze objets d’art du sculpteur.

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