dans l’éclatement du blanc Roselyne Sibille Caroline François-Rubino
Ce
qui
reste
Roselyne Sibille Caroline François-Rubino
dans l’éclatement du blanc
Ce
qui
reste
Le silence sur la pointe des mots s’avance étonné dans l’éclatement du blanc Il murmure contre la joue du monde Il reste là Nul ne sait ce qu’il entend
Le silence pose des tracés de réponses Un tintement fuse se disperse revient caresse résonne se love au creux de lumière du presque rien
La forêt s’impose enracinée dans les froissements Le vent urgent à écouter ses ancres malaxe l’ombre son exagération dévoilant finement les possibles et le jour
De grandes chevauchées d’arbres pétrissent le silence On entend des oiseaux qui pourfendent le ciel et la rivière leurs sons de crépuscule Des petits cris parfois d’animaux qu’on ne voit Les heures dansent comblées de mots inutiles
La peau de l’hiver s’est posée sur la terre lit ses messages contourne délicatement les troncs et les cailloux choisit la lumière laissera le soir lisser le temps
Le froid inspire entre les doigts des arbres Les sèves pâles de l’hiver les animaux dans les terriers tous observent respectueusement les vastes écritures du silence
Le paysage hésite suspend son allant respire à peine au bord des chemins et du fleuve enneigé se pare de silence a égaré ses mots Seule la mélodie et les pas des oiseaux
Lierre et lichens agrippés à l’endurance verticale des roches Brume ou fumée et le silence Sillons d’ombres Il n’y a rien à décider sous le ciel si uni qu’on l’oublie
de gelée blanche
La nuit a mugi dans les arbres (une forêt sur l’océan) Aurore libre secrets épanouis Moisson minime et graminées (le vent souligne les senteurs) Il n’y a rien qui ne soit tout Un papillon visite ce message
Tout est semé La terre dort Les labours sont moins roux aux lisières Rien ne bouge sauf les ombres longues et les petits oiseaux affairés dans les buissons
Onde balancée sur les roses du roncier Dans la lumière s’acheminer tranquille vers l’à venir et d’autres existences Celui qui arrive vous regarde et tend les bras
Vent de printemps Les nuages ont fui La lumière diffuse une Êvidence Dans le jardin le mouvement des enfants leur brillance et la joie
Le silence dévale s’embrouille dans les arbres contourne fouille tremble frissonne entre les feuilles perce déteint s’étale se définit absorbe le ciel tout l’espace donné s’évapore diffuse l’attente buée enfuie avec les mots
Les auteurs
Roselyne Sibille est une poète très liée à la nature, qu’elle utilise comme métaphore de la nature humaine. Traductrice de poésie, écrivain de voyage, publiée depuis 2001 et souvent traduite. Géographe de formation, elle a été bibliothécaire puis enseignante à l’Université. Elle réalise des «poésies graphiques", co-crée avec de nombreux artistes, fait des lectures musicales de ses recueils et participe à des expositions. Bibliographie : —2001 — - Au chant des transparences, lavis de Bang Hai Ja, Éd. Voix d’encre —2005 — - Versants, préf. Jamel Eddine Bencheikh, Éd. Théétète (avec concours du CNL) —2006 — - Préludes, fugues et symphonie, Éd. Rapport d’étape (Venise) —2007 — - Tournoiements, Éd. Champ social —2007 — - Un sourire de soleil, Éd. bilingue (franco-japonaise) parue au Japon. Photogr. Hélène Simmen, trad. Masami Umeda —2009 — - Par la porte du silence, recueil trilingue (français-anglais-coréen), co-éd. Musée Gyeomjae Jeongseon / Centre Culturel Toji, publié en Corée du Sud. Peintures Bang Hai Ja, trad. de Michael Fineberg et Moon Young-Houn —2010 — - Lumière froissée, encres de Liliane-Ève Brendel, Éd. Voix d’encre —2011 — - Implore la lumière, peintures de Sylvie Deparis, Éd. SD (Bibliophilie) —2012 — - L’appel muet, Éd. La Porte —2012 — - Dans le vide murmurant des silences, gravures Hélène Baumel, créations de verre Laurence Bourgeois (Bibliophilie) —2013 — - La migration des papillons, Éd. La Porte (co-auteur Sabine Huynh) —2014 — - Chaque jour est une page, Éd. La Porte —2014 — - Ombre monde, Ed. Moires (avec le concours du CNL) —2014 — - Prière à l’esprit de l’arbre, gravures Brigitte Pérol (Bibliophilie) —2015 — - Les ombres dansaient, gravures de Yannick Charon (Bibliophilie) —2015 — - Un chant pour la terre, gravures et gaufrages de Yannick Charon (Bibliophilie) —2015 — - Des pas dans la neige, Ed. Philonar, typographie, gravures et gaufrage de Liliane-Eve Brendel (Bibliophilie) —2016 — - Mon nom d’eau vive, Ed. des Monteils, typographie et xylogravures de Marc Granier www.roselynesibille.com
Caroline François-Rubino est née en 1960. Elle vit et travaille dans les Pyrénées Atlantiques. Après des études supérieures d’arts plastiques et d’histoire de l’art, elle a enseigné les arts plastiques de 1983 à 2000. Elle expose régulièrement et travaille en collaboration avec de nombreux poètes. Le paysage façonne son langage pictural. Elle dit « peindre ce qu’elle ne pourrait photographier: un nouvel espace aux multiples sentiers invitant à découvrir des itinéraires imprévisibles et à percevoir le temps qui passe. Le dessin, compagnon de toujours, et la pratique régulière de l’aquarelle l’accompagnent dans ce cheminement vers une peinture qui montre ce qu’elle est depuis la toile vierge jusqu’à des effets de transparence qui évoquent le rêve d’un rêve. Ouvrages édités ou à paraître : - Kvar lo, de Sabine Huynh avec des encres de Caroline François-Rubino, éditions Æncrages & Co, coll. Écri(peind)re, février 2016 - Boire à la source / Drink from the Source, de John Taylor avec des aquarelles de Caroline François-Rubino, éditions Voix d’encre, mars 2016 - Hublots / Portholes, de John Taylor avec des peintures de Caroline François-Rubino, éditions L’œil ébloui, été 2016 www.caroline-francois-rubino.com
La revue Ce qui reste RALENTIR POÈME Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix
Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur. La création n’étant pas que langage, la revue ouvre également son espace à des artistes plasticiens.
© Juin 2016 — Poème : Roselyne Sibille Encres sur papier originales, 18 x 26 cm Caroline François-Rubino
La revue Ce qui reste pour la présente édition www.cequireste.fr - revue.cequireste@gmail.com
« Tout est semé La terre dort Les labours sont moins roux aux lisières Rien ne bouge sauf les ombres longues et les petits oiseaux affairés dans les buissons » Roselyne Sibille
Ce
qui
reste