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001 CHÂTELLERAULT A Église Saint-Jacques

Arrivée de pèlerins à Saint-Jean-Pied-de-Port. À l’arrivée à Santiago, sur le Monte do Gozo, le monument des pèlerins montre le chemin vers la basilique.

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La fondation, à Paris en 1950, d’une Les récits des pèlerins d’autrefois révèlent qu’ils Société des Amis de Saint Jacques de étaient peu sensibles à la nature telle que nous Compostelle coïncide avec l’arrivée l’entendons aujourd’hui. Ils recherchaient de en Galice d’un archevêque bien grandes voies, plus sûres, et des villes protégées décidé à remettre à l’honneur le par des murailles pour y passer la nuit. Ces villes pèlerinage : Mgr Fernando Quiroga se protégeaient à leur tour, exigeant du pèlerin, Palacios. Les érudits de la Société des à partir du XVIe siècle, des papiers attestant sa Amis de Saint Jacques se consacrent provenance et qualité, ainsi que des certificats alors à l’étude du tracé des anciens chemins de Compostelle de santé. Dans les villes, ces «marcheurs de Dieu» visitaient en France. Ceux de Tours et d’Arles ne leur posent pas de les sanctuaires afin d’y obtenir des indulgences ou une guérison, problème. Ceux de Vézelay et du Puy-en-Velay, auxquels ils et d’en rapporter un souvenir. La visite des trésors des grandes donnent une interprétation littérale et non symbolique, sont églises, avec leurs riches reliquaires, était fidèlement rapportée. «créés» à partir des anciens sentiers, de la présence d’églises La voie de Tours, unique chemin véritablement historique, ou de chapelles dédiées à l’apôtre, de ponts ou d’hôpitaux. est jalonnée de splendides monuments, connus et inconnus, Cette création s’accompagne de « justifications» historiques : prodigieux ou discrets. Tous ne sont pas inscrits au titre des Godescalc du Puy aurait « inventé » le chemin, qui serait ainsi « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » du le plus ancien. Patrimoine mondial de l’Unesco, mais les associations locales et L’appel du pape Jean-Paul II en 1982, à Compostelle, enjoignant régionales en font l’inventaire et tentent de préserver les moins à l’Europe de ne pas oublier ses racines chrétiennes et aux connus. Car les traces du passage des pèlerins entre Tours et chrétiens de repartir en pèlerinage, la déclaration des Chemins Bordeaux, entre Bordeaux et les Pyrénées, dans les doux paysages de Compostelle comme «Itinéraire Culturel Européen » par du Poitou, de la Saintonge et de l’Aquitaine, dans la traversée des le Conseil de l’Europe en 1987, le goût de la marche et de la Landes et les vertes vallées du Pays basque, sont multiples. Églises randonnée dans la nature, la multiplication des «chemins et chapelles dédiées à saint Jacques, hôpitaux comme à Pons, de grande randonnée», l’inscription des chemins de Saint- graffiti à l’intérieur ou l’extérieur d’innombrables petites églises Jacques sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco – en rurales, coquilles Saint-Jacques sculptées ou peintes, évocations de 1993 en Espagne, en 1998 en France – ont fait le reste. Depuis Charlemagne, statues, fresques… sont autant de témoignages de la plus de trente ans, pèlerins et marcheurs se pressent surtout dévotion à l’apôtre et de l’importance d’un pèlerinage qui, depuis sur la Voie du Puy-en-Velay comme sur le Camino francés en des siècles, emprunte ce chemin. O Espagne, suscitant parfois plaintes et réprobations. Près de 350 000 compostelas (certificats de pèlerinage) ont été délivrées par la cathédrale compostellane en 2019. Si les motifs qui poussent les pèlerins sur les chemins sont multiples, la quête d’un sens à donner à la vie en est certainement le premier, qu’il soit conscient ou non.

Les récits des pèlerins d’autrefois révèlent qu’ils étaient peu sensibles à la nature […], ils recherchaient de grandes voies, plus sûres, et des villes protégées par des murailles

Page suivante: Vitrail à Roncevaux figurant les attributs et la nourriture du pèlerin: la cruche, la miche de pain à gauche, la coquille, le bourdon (bâton de marche) et la calebasse (récipient en courge séchée contenant de la boisson) à doite. On peut ajouter à l’attirail traditionnel le chapeau à larges bords (protection contre la pluie) et la pèlerine (contre le froid).

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