Enigmatique mégalithe
TROINEX • Dressée aux temps préhistoriques sur une éminence de la commune, la Pierre-auxDames, un bloc erratique gravé d’étonnantes silhouettes, a soulevé de passionnantes hypothèses. Dans la cour de la mairie, sa copie continue de fasciner.
Viviane Scaramiglia
Témoin mémorable de notre histoire locale, le menhir daté du quatrième millénaire av. J.-C. donne l’occasion de revenir à l’époque gallo-romaine de la commune, quand Troinex s’appelait, selon les historiens, Triumniacum, Tronacum, Troinacum, en encore Trionius. C’est effectivement en ce temps-là que l’imposant fragment de rocher aurait été gravé de mystérieuses effigies féminines qui lui ont donné son nom: la Pierre-aux-Dames. Depuis sa découverte en 1819 au sommet d’un tumulus proche de Bossey, elle n’a cessé d’interpeller les spécialistes et notamment Louis Blondel, archéologue cantonal qui lui consacra des écrits très documentés. Dressé au cœur d’un ensemble d’autres mégalithes trouvés lors de fouilles dans les environs, ce bloc en gneiss fut sans doute déjà vénéré par les populations préhistoriques et resta un autel cultuel longtemps après. A ses origines, il fut probablement voué à un culte en rapport avec le soleil et joua aussi un rôle funéraire, au vu des ossements qui furent mis à jour. Quant aux trois silhouettes drapées qui semblent tenir dans leurs mains quelque attribut, elles seraient vraisemblablement des
Matres, déesses-mères de la maternité et de la fécondité souvent représentées en triade dans les sanctuaires et les lieux de sépultures. La quatrième figure, debout, pourrait être un dédicant ou une autre divinité. Mais les sculptures ont suscité d’autres histoires plus hypothétiques. Evoquées comme quatre femmes éprises du même homme et abandonnées, elles ont aussi alimenté la légende de fées bienfaitrices, offrant à une dévote paysanne de la région une brassée de feuilles de hêtre qui contenait une pièce d’or.
Une pierre voyageuse
En 1872, la pierre fut transportée au parc des Bastions, près de la statue de David de Jean-Etienne Chaponnière. Pas une mince affaire. Longue de 3 m, haute de 1,50 m, elle pèse plus de trois tonnes. En 1922, la direction du Musée d’art et d’histoire
Dates clés
VS • 1819 Première mention du menhir par Eusèbe Salverte, savant français 1872 La pierre est transportée au parc des Bastions 1942 Elle est transférée au Musée d’art et d’histoire de Genève 1998 Copie de la Pierre-aux-Dames dans la cour de la mairie de Troinex
de Genève avait déjà attiré l’attention sur les risques de dégradation qu’elle courait, couverte de lichens à l’ombre des arbres. Classée monument historique en 1921, elle finira par être installée dans la cour du musée genevois au printemps de 1942. Pas moins de sept chevaux atte-
lés à une charrette auront été nécessaires au transfert. A la fin des années 1990, Troinex souhaite faire revenir le fameux menhir dans le village. Pour garantir les mesures de conservation et de sécurité, un accord est trouvé avec la Ville de Genève et son institution muséale. En septembre 1998, une copie, un moulage de fibre de verre patinée, sera installée dans le parc de la mairie où, depuis, elle ne cesse de piquer la curiosité.
HERMANCE
«Art en plein air»
VS • Pour la troisième fois, l’exposition organisée par la galeriste Rosa Turestky, figure incontournable de l’art contemporain à Genève, nous emmène dans une des plus belles propriétés d’Hermance, qui révèle sept artistes entre ses fabuleux arbres centenaires.
Grâce à Winka Angelrath, curatrice invitée, les sculptures spécifiquement conçues pour ce contexte jouent dans un répertoire du plus immatériel au plus dense, des fragiles plumes de goéland d’Isa Barbier à la roche du Jura en lévitation d’Alexandre Joly en passant par les puissants monolithes de Simon Depierraz et les longs tuyaux métalliques de Jean-Louis Perrot qui oscillent sur leur base au moindre souffle. Les interventions d’Alexia Turlin (photo), de Christian Robert-Tissot et de Robin Meier Wiratunga complètent cette balade artistique qui incite à cueillir l’inattendu et à explorer dans une magistrale quiétude la relation symbiotique entre l’art et la nature. «Art en plein air», Hermance. Accès par le 483, rte d’Hermance ou le 15, chemin des Fossés. Jusqu’au 3.11. Tlj de 11h à 17h. Entrée libre. Visites commentées sur inscription: www.open-frame.ch
TÉLEPHÉRIQUE DU SALÈVE • N’avez-vous jamais voulu savoir comment fonctionne un téléphérique de l’intérieur, découvrir ses rouages et ses secrets? Dans le cadre des Journées européennes du patrimoine en France, le téléphérique du Salève propose des visites guidées intitulées Dans les coulisses du téléphérique. Pendant 30 minutes, partez à la découverte de ses mécanismes et de sa technologie. Florian Heuschling, chef d’exploitation, vous guidera à travers cette exploration didactique. En parallèle, des visites commentées de l’exposition Le Salève Secret révéleront les trésors cachés du paysage, ainsi que les anecdotes et his-
toires captivantes sur cette montagne qui surplombe Genève et le lac Léman.
Enfin, une visite autour de l’histoire et de la rénovation au téléphérique reviendra sur les paramètres fondamentaux de cet ouvrage, en offrant un regard rétrospectif sur son contexte, sa conception et sa réalisation. A noter que dans le cadre des Journées européennes du patrimoine en Suisse, des visites seront également organisées les 7 et 8 octobre prochains. MK
Les 21 et 22 septembre au téléphérique du Salève, route du Téléphérique, Etrembières (F). Infos: www.telepherique-du-saleve.com et sur les réseaux sociaux
LA BODEGA
Une véritable et typique bodega galicienne
2 plats du jour du lundi au vendredi, menu à la carte, plats à l’emporter, cabri sur commande… Lundi – mardi fermeture à 15h, dimanche fermé
