Clap! n°7

Page 1

Magazine de cinéma Gratuit | Janvier / Février 2011 | Numéro 7 www.clapmag.com

DOSSIER LES CHEMINS DE LA LIBERTé RENCONTRE AVEC PETER WEIR, COLIN FARRELL, ED HARRIS...

BLACK SWAN PORTrAIT DARREN aRONOFSKY

UN CHIC TYPE INTERVIEW DE STELLAN SKARSGARD

dvd TAMARA DREWE

+ 127 h, True Grit, Le discours d’un roi, TRON...

tV PEUT-ON NE PAS AIMER MAD MEN ?

EXPO GONDRY


SOMMAIRE

EDITO

04 Actus

Notre fidèle lectorat a manifesté son mécontentement : trop de mois sans leur magazine, c’est long. Le message est entendu et Clap! revient, plus en forme que jamais. La rencontre parisienne avec Peter Weir et son équipe offrait une trop belle occasion pour ne pas réaliser cette couverture mélancolique et contemplative autour du regard troublant (tout comme dans la réalité d’ailleurs) de la belle et prometteuse Saoirse Ronan. Ce qui frappe de prime abord lorsqu’on rencontre Peter Weir, c’est la modestie et l’humilité qui émanent de l’homme. Il répond simplement aux questions comme s’il ne faisait que son métier: nous conter une histoire. Signe qu’il appartient aux plus grands, lorsqu’on lui demande pourquoi il s’intéresse toujours à des personnages qui vont au bout de leurs idéaux, l’australien répond (en français) : « Je sais pas ». Comme une sorte d’écho inconscient à la couverture des Cahiers du Cinéma sur Clint Eastwood à l’occasion de la sortie de Million Dollar Baby qui lançait un : « Je le fais, c’est tout.» La naissance de l’idée, l’acte de la création est toujours un phénomène fascinant et assez peu évident à décrypter (David Lynch parlait de poissons que l’on pêchait au gré du hasard dans son cerveau...) et encore moins facile à décrire avec des mots. Mais adoptons la philosophie de Peter Weir. Profitons des images d’une rare beauté et, inclinons nous devant le courage admirable de ces quelques braves hommes. C’est peut-être le sens du film de M. Weir que de rafraîchir les mémoires et de rendre hommage à ces héros oubliés. Pour un acte de création dont l’auteur ignore la provenance, c’est déjà bien d’y offrir sa dose d’humanité.

06 Critiques

13 Dossier

le MAG TENDANCE DU CINé # 20 TV

22 DVD

24 Jeux Vidéo

Romain Dubois-Dana abonnez-vous a la revue, découvrez les bandes-annonces, les critiques, les tests DVD, les news...chaque jour sur www. clapmag.com

Sommaire | 03 |

© Metropolitan Filmexport

www.clapmag.com

08 Interview


actus

EXPO GONDRY

L’image du mois :

TINTIN

FRANCOIS DAMIENS AMOUREUX

L’une des bandes dessinées majeures du 20ème siècle va être revisitée par le duo Spielberg/Jackson.. Si pour l’instant les images ne rassurent guère les fans, gageons que les deux maîtres en effets spéciaux avant-gardistes sauront nous surprendre en soignant le rendu de leur « performance capture »...

Audrey Tautou et François Damiens se partageront l’affiche du film romantique La Délicatesse. Le romancier David Foenkinos porte à l’écran son propre succès littéraire mettant en scène en scène l’histoire d’amour entre une jeune employée, veuve depuis trois ans, et un supérieur suédois. Le tournage de cette histoire de redécouverte de l’amour commencera début mars dans la région parisienne. .

joli casting pour polanski

Après Ghost Writer, le cinéaste Roman Polanski entame ces jours-ci en région parisienne le tournage de l’adaptation d’une pièce de Yasmina Reza, « Le Dieu du carnage ». Polanski a droit a un joli casting pour son retour derrière la caméra puisque Kate Winslet et Jodie Foster seront présentes. Côté masculin on retrouve, John C. Reilly (Frangins malgré eux) et Christoph Waltz (Inglourious Basterds).

Exposition au centre Pompidou à partir du 16 février 2011

Isabelle Huppert et Romain Duris pourraient bientôt partager l’affiche du prochain long métrage réalisé par Catherine Breillat. En tout cas, c’est le souhait de la réalisatrice qui va adapter son livre, Abus de faiblesse, paru en 2009. L’affaire d’escroquerie dont elle aurait été victime sera la trame du scénario. Affaire à suivre...

Michel Gondry ne fait décidément rien comme les autres…Quelques jours après la sortie de The Green Hornet au budget de 90 millions de dollars, le réalisateur touche à tout présente l’exposition «Michel Gondry, l’usine de films amateurs» au Centre Pompidou. L’occasion de percer un des cinéastes français les plus créatifs du moment et de revenir sur une carrière riche en éclectisme.

JAVIER BARDEM DANS LE PROCHAIN JAMES BOND

Du clip à Hollywood

Javier Bardem s’est vu proposer un des premiers rôles du 23ème long métrage consacré à James Bond. L’espagnol y partagera l’affiche avec l’excellent Daniel Craig et Judi Dench, interprètes respectifs de 007 et M dans le film d’espionnage. Sam Mendes (Les Noces Rebelles ) dirigera le long métrage, suite directe de Quantum Of Solace (2008). Bardem, 41 ans, est en course pour l’Oscar 2011 du meilleur acteur grâce à sa perfor-

box-office FILMS

UN TANDEM HUPPERT/DURIS

MICHEL GONDRY, ARTISTE DE LA BRICOLE

ENTRÉES

cumul

semaine

copies

AU-DELA

433 706

1 210 134

2

482

LES CHEMINS DE LA LIBERTE

315 015

315 015

1

477

LE FILS A JO

178 530

928 598

3

461

LA CHANCE DE MA VIE

132 325

901 879

4

387

ARRIETTY, LE PETIT MONDE DES CHAPARDEURS

126 686

482 661

3

269

RAIPONCE

66 882

3 755 680

9

359

LES EMOTIFS ANONYMES

57 418

1 092 073

6

425

ANGELE ET TONY

56 948

56 948

1

79

MON BEAU-PERE ET NOUS

44 604

1 253 311

6

250

LE MONDE DE NARNIA: L’ODYSSEE DU PASSEUR...

42 212

2 870 015

8

268

Actus | 04 |

Réalisateur de clips musicaux à ses débuts, Michel Gondry va rapidement se faire remarquer par la chanteuse Björk qui invitera le Français dans six de ses clips, dont le très réussi Human Behaviour. Une nouvelle carrière débute alors et les plus grands artistes internationaux, comme les Rolling Stones (Like a Rolling Stone), Kylie Minogue (Come into my world) ou encore The White Stripes (Dead Leaves and the Dirty Ground, Fell in love with a Girl etc.) vont se disputer l’artiste. Avec le clip puis la publicité (Air France, Levi’s), Michel Gondry s’impose comme un manipulateur de vidéo hors-pair, utilisant chaque occasion pour tenter de nouvelles expérimentations. A la croisée des chemins, le MacGyver de la caméra va aller au bout de son entreprise jusqu’à réaliser en 2001 son premier long-métrage, Human Nature. Celui-ci marquera le début d’une collaboration avec le scénariste Charlie Kaufman (Adaptation) qui se prolongera trois ans plus tard avec l’excellent Eternal sunshine of the spotless mind. Entouré d’une pléiade de grands acteurs comme Jim Carrey, Kate Winslet ou encore Kirsten Dunst, Michel Gondry jongle avec le cerveau humain comme avec les codes du cinéma (non-linéarité de la trame narrative, décors surréalistes…), un succès. Le travail de l’onirisme et du bricolage se perpétuera en France en 2006 avec la sortie de La sciences des Rêves, romance absurde où Gael Garcia Bernal se réfugie dans son imagination pour ne pas être confronté à la réalité. Devenue une valeur reconnue sur le plan mondial et toujours un pied dans le monde de la musique, Michel Gondry va se lier d’amitié avec le rappeur new-yorkais Mos Def qu’il fera tourner dans le documentaire Dave Chappelle’s Block Party et dans le long-métrage Soyez sympas, Rembobinez. Avec celui-ci, Gondry va créer et

populariser le terme «suéder», qui signifie réaliser un remake de blockbuster avec ce que l’on a sous la main, comme le font Jack Black et Mos Def dans le film. Ainsi, du clip à la publicité et de la publicité au cinéma, Gondry impose son style fait de bric et de broc avec une grande aisance, de quoi attirer les regards envieux des grands studios américains. Du coup, les années 2010 et 2011 seront celles des paradoxes de sa carrière, entre la sortie d’un documentaire intimiste consacré à sa tante Suzette (L’Epine dans le cœur) et celle de son premier «blockbuster», The Green Hornet (Le Frelon Vert). On craignait l’effet pervers de son association avec une major (Sony Pictures) mais le véritable talent de Gondry est sa capacité d’adaptation dans des milieux qui ne sont pas les siens (Tim Burton, lui, s’est effondré avec La planète des Singes). The Green Hornet ne sera pas son chef-d’œuvre, mais une parenthèse plutôt bien négociée dans une carrière qui s’annonce très prolifique. Michel Gondry, l’usine de films amateurs Quoi qu’il en soit, Michel Gondry s’est imposé en l’espace de sept films comme un artiste multi-facettes toujours en quête de nouveaux défis. Pour lui, l’ «amateurisme» n’est rien d’autre qu’une facette de l’inventivité. La créativité est trop peu partagée, comme il l’explique lui-même, d’où l’idée d’un partenariat avec Beaubourg. Le Centre Pompidou va en effet rentre hommage à son travail en vous proposant, dès le 16 février, la possibilité de créer votre propre film, en suivant un protocole simple imaginé par Michel Gondry lui-même. Les cinéastes en herbe auront ainsi à disposition un studio de cinéma reconstitué pour l’occasion et 3 heures environ pour concevoir votre vidéo de A à Z. «Le protocole que les gens suivent est conçu pour favoriser la créativité et le système garantit que chacun des participants prenne la parole», explique le réalisateur. Et pour ceux qui désirent le connaître un peu mieux, une carte blanche et une rétrospective sont également programmées à l’occasion du Nouveau Festival du Centre Pompidou du 16 février au 7 mars 2011. Artiste du consensus mais pas consensuel, Michel Gondry a imposé une griffe, la marque de fabrique d’un cinéaste atypique. Rendez-vous en février pour réveiller l’artiste qui sommeille en vous. Victor Vogt Actus | 05 |

FILMOGRAPHIE Michel Gondry 2001 : Human Nature, scénarisé par Charlie Kaufman. 2004 : Eternal Sunshine of the Spotless Mind. 2006 : La Science des rêves (The Science of Sleep). 2006 : Dave Chappelle’s Block Party, documentaire sur un concert de rue. 2007 : Soyez sympas, rembobinez (Be Kind Rewind). 2008 : Tokyo!, segment Interior Design, coréalisé avec Bong Joon-ho et Leos Carax. 2010 : L’Épine dans le cœur. 2011 : The Green Hornet.


critiques TRON

Carte des sons de tokyo

Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisateur : Joseph Kosinski Casting : Jeff Bridges, Garrett Hedlund, Olivia Wilde… Durée : 2h06 Distributeur : Walt Disney Pictures France

© Bodega Films

Sortie en salles : 26 janvier 2011 Réalisé par Isabel Coixet Avec Rinko Kikuchi, Sergi López, Min Tanaka…Nationalité : Espagnole Durée : 01h49 Distributeur : Bodega Films C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on attendait le retour d’Isabel Coixet. D’une banale histoire de vengeance au pays du soleil levant, le scénario, réglé comme du papier à musique, se déploie et s’intensifie au fur et à mesure. La ville étouffante devient le décor d’une liaison passionnelle aux scènes d’amour magnifiquement filmées. Une fois n’est pas coutume, Coixet redéfinit la tragédie au féminin dans un contexte influent. Car Tokyo apparaît ici comme le troisième personnage d’un trio dont on connaît par avance l’issue. La ville définit la relation, donne à interpréter grâce à ses couleurs et ses sons. La réalisatrice choisit un Tokyo ambigu, alternant des plans aériens vertigineux et ses ruelles étroites, suffocantes. Malgré un accueil mitigé au festival de Cannes en 2009, Carte des sons de Tokyo mérite pourtant amplement le détour. Rares sont les films si bien construits, novateurs et subtils, conjuguant un travail d’écriture soigné et une jolie réalisation prenant pleinement le temps de nous cueillir. Clémence Besset

D

SHAHADA

A travers les questions de l’avortement, de l’homosexualité et de l’adultère, le destin croisé de trois Berlinois issus de l’immigration qui tentent de concilier pratique de la religion musulmane et mode de vie occidental. Voilà un terrain bien épineux et assez casse-gueule qu’il s’agissait de traiter avec délicatesse. Burhan Qurbani, bien que ce soit seulement son premier long métrage a su s’approprier le sujet avec une sensibilité bienvenue. Malgré quelques maladresses de débutant, Burhan Qurbani parvient, sans se révéler trop moralisateur, à contourner certains clichés, et le propos, en tentant de montrer que religion et modernité peuvent concorder ensemble et en soulignant que la pratique d’un texte religieux dépend de la lecture qui en est faite, prime sur le résultat. Au final, Shahada traite avant tout de drames humains. Et c’est là tout l’intérêt du film : tenter de comprendre cette communauté à travers leurs peurs qui font si bien écho aux nôtres. Un premier film audacieux sur un sujet actuel et polémique. Christelle Viero

© Walt Disney Pictures France

© Memento Films

Sortie en salles : 26 janvier 2011- Réalisation: Burhan Qurbani Avec: Maryam Zaree, Jeremias Acheampong, Carlo Ljubek…Film allemand Durée: 1h29 Distributeur: Memento Films Distribution

isney aura clairement mis le temps pour livrer une suite à Tron. Il aura fallu vingt huit ans après un échec commercial cinglant qui aura mis à rude épreuve la patience des fans considérant l’œuvre de Steven Lisberger comme un véritable objet de culte. Si effectivement, le monde des effets spéciaux doit énormément à cet objet pionnier, il ne faudrait pas oublier pour autant les quelques défaillances de ce film imparfait devenu nostalgiquement kitsch avec les années et dont le potentiel inexploité à l’époque saute maintenant aux yeux. Une mise à jour s’imposait donc et c’est justement ce vers quoi tend ce Tron L’héritage, qui peut aisément se voir tel un Tron 2.0. Sam Flynn, 27 ans, est le fils de Kevin Flynn. Cherchant à percer le mystère de la disparition de son père, il se retrouve aspiré dans le même monde de programmes redoutables et de jeux mortels où vit son père depuis 25 ans. C’est un peu comme si Tron premier du nom n’était qu’une version bêta d’une œuvre ayant nécessité une interminable gestation pour aboutir au meilleur résultat possible. Cependant, passé un univers virtuel épuré doté des derniers outils technologiques et d’une envoûtante beauté rétro-futuriste, doublé d’une bande son électro qui risque de hanter nos oreilles jusqu’à la fin 2011, il faut bien avouer que Tron L’héritage est loin de la perfection.

Certes le scénario complète harmonieusement celui du premier opus, entre hommages obligés (tous les passages indissociables de Tron sont là) et élargissement d’un postulat - qualifié autrefois d’ « enfantin » - vers une dimension plus mature, mais encore fallait-il que tout ce background narratif serve une cause concrète. Probablement effrayé à l’idée de perdre l’approbation d’une communauté geek extrémiste, et soucieux de rameuter dans la foulée le public le plus large possible, Tron L’héritage connaît quelques ratés constitutifs causés par deux courants narratifs finalement ennemis : l’un devant expliquer aux néophytes de quoi il en retourne, l’autre se préoccupant de faire avancer un récit dont l’ambition va croissante jusqu’à mi-chemin, avant de faire marche arrière et de revenir à une trame beaucoup plus simple dans les marques de son modèle. Un paradoxe un brin frustrant quand on imagine ce qu’aurait pu donner le résultat final si ces concepteurs avaient pris la peine d’intégrer organiquement certains éléments (la race des ISO, le personnage de Tron…) au lieu de les traiter en simples pièces rapportées. Voila qui ne fait que nuire au circuit central du récit, à savoir la relation filiale entre les deux comédiens Garrett Hedlund et Jeff Bridges (plus Obiwan Kenobi que jamais) un peu tristement figée dans la glace des émotions. Il n’empêche que même au trois quart de sa puissance, Tron L’héritage fascine (dieu que c’est visuellement beau), autant qu’étonne par sa nature hybride pour une production familiale du XXIème siècle. Ce qui aurait très bien pu privilégier une mise en scène à la mode, préfère finalement opter pour un traitement à l’ancienne où l’action dirige le plan et non le contraire. Julien Munoz

MAIS Y VA Où LE MONDE ?

© MC4 Distribution

Sortie en salles : 23 février 2011- Réalisation : Serge Papagalli Avec Serge Papagalli, Véronique Kapoian, Valère Bertrand Durée : 01h24min Distributeur : MC4 Distribution

VERY COLD TRIP

A mi chemin ente les films de Groland et le théâtre amateur filmé, le premier long-métrage de Serge Papagalli nous laisse quelque peu perplexe…Si dans un premier temps la démarche gentiment naïve du réalisateur nous fait sourire, l’étranglement ubuesque finit par avoir raison de notre patience. Mais y va où le cinéma ? Bougrement dénudée, la mise en scène se montre fragile. L’utilisation abusive du champ-contre-champ stérilise les péripéties et nous assomme par ses effets itératifs. Mais y va où le monde ? est un assemblage de saynètes outrancièrement théâtrales organisées autour d’un motif éculé : la nostalgie paysanne. Si l’idée un peu folle de faire un film sans effet de style – alors que les écrans sont aujourd’hui monopolisés par la 3D – était charmante, la performance ne fait pas mouche. 100% bio, le film manque de consistance… L’humour y est aussi gras que les saucissons que la famille fabrique. Trop, c’est trop. Ava Cahen

Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisé par Dome Karukoski Avec Jussi Vatanen, Jasper Pääkkönen, Timo Lavikainen... Durée : 01h35min Distributeur : DistriB Films

R

oad movie à l’humour décalé, la première co médie de Dome Karukoski regorge de bonnes idées. Synopsis : Inari ne supporte plus l’apathie de son petit ami : soit il lui rapporte, avant l’aube, le décodeur TV qu’il lui promet depuis des mois, soit elle le quitte. Janne n’a plus le choix. Mais en est-il vraiment capable ?

SANTIAGO 73

Vendre une belle romance sur fond de coup d’Etat chilien et de décès de Salvador Allende laissait entrevoir une certaine puissance poétique et paradoxale. Le résultat est tout autre. Pablo Larrain préfère finalement se focaliser sur le personnage de Mario, une espèce de pantin rigide aux mœurs suspectes et au physique de Pierre Richard sans grand intérêt. Sa mise en scène toute aussi rigide, utilisant les plans fixes de manière abusive, est en ce sens à la hauteur de l’inanité de ce personnage froid semblant planer comme une âme perdue. La mort du président chilien, pourtant caution de nombreux doutes à l’époque au Chili (suicide ? assassinat ?), est ainsi reléguée au second plan, tout comme l’histoire d’amour qui n’en est pas une. Le manque de charisme des deux acteurs principaux ne laisse jamais transparaître ni sentiments ni compassion, comme aspirés par le vide abyssal d’un monde qui s’écroule. Le résultat final est un mélange amer d’ennui et de déception, dénué de ce qui aurait pu faire la force du film, l’humanité. Victor Vogt © © DistriB Films

© Memento Films Distribution

Sortie en salles : 16 février 2011- Réalisation : Pablo Larrain Avec Alfredo Castro, Antonia Zegers, Jaime Vadell Durée : 01h38min Distributeur : Memento Films Distribution

Critiques | 06 |

Pour rompre avec l’atmosphère glaciale, le réalisateur filme la chevauchée fantastique d’une bande de potes imbibés de bière. Janne, le personnage principal, est un jeune homme au chômage. Il ne fait pas partie de la même réalité que sa petite amie qui l’entretient maintenant depuis cinq ans. Autour d’une histoire de couple, Karukoski tisse tout un réseau de péripéties. Le virage que prend Very cold trip, après la séquence d’introduction des protagonistes, est assez pittoresque. A la recherche d’un décodeur, Janne et ses amis nous entrainent, à vive allure, sur les routes enneigées d’un pays qui voit peu le soleil. Mais, comme le fait pressentir le titre, Very cold trip na-

Critiques | 07 |

vigue dans les mêmes eaux que le déjà culte Very bad trip. Si les enjeux dramatiques ne sont pas les mêmes, les situations comiques sentent un peu le réchauffé. Le tigre de Mike Tyson devient un renne qu’un couple de riches russes veut cuisiner et les cartouches de revolver sont remplacés par des billes de peinture. Bon enfant, le film tient cependant la route. Malgré quelques longueurs, le tempo est juste et l’idée d’une course contre la montre fortifie l’élan comique. Le rôle de l’ex, parfait fâcheux, est délicieux. Ce dernier, surnommé le « nabot », profite de l’éloignement de Janne pour reconquérir la belle Inari, baissant même son pantalon pour lui prouver quel genre de sentiment elle déclenche chez lui. Very cold trip est un film qui emmêle les genres et les tons. Tantôt léger, tantôt grave, le réalisateur fouille les secrets de la honte de ces jeunes finlandais dépourvus de leur masculinité. Quelles soient sexuelles ou sociales, les frustrations des personnages grossissent jusqu’à l’explosion. L’ultimatum que pose Inari à Janne engage, d’une part, la dynamique bouffonne et, d’autre part, un suspense figuratif. Rarement un happy end a semblé moins académique… Very cold trip est une récréation, une chaleureuse odyssée. Ava Cahen


critique

INTERVIEW

Clap! : C’est votre troisième collaboration avec Hans Petter Moland. Comment se sont passées les retrouvailles ? - S.S. : Très bien. Après Zero Kelvin, le premier film que nous avons fait ensemble, il y a maintenant 16 ans, nous sommes devenus bons amis. C’était une véritable expérience. Nous sommes allés au cœur de l’Arctique pour tourner le film. Nous dormions sous des tentes. Nous nous sommes tous rapprochés. Je pense que notre collaboration fonctionne. On se comprend naturellement l’un et l’autre. A son contact, je vais plus loin dans mon jeu d’acteur et au mien, il repousse ses limites.

Vous êtes un genre de duo décalé ? Oui, un duo. Comme deux gosses !

En quoi le personnage est-il justement un « chic type » ?

C’est un chic type car il ne veut blesser personne. Certes, c’est un criminel, mais c’est son boulot ! Il ne l’apprécie pas particulièrement mais il le fait. Tout au long du film, on s’aperçoit qu’il ne veut briser le cœur d’aucune des femmes qui le courtisent. En fait, il donne des coups de main.

Ulrich est un personnage atypique. Comment l’avez-vous abordé ? Etant donné que le personnage se définit davantage par les situations auxquelles il se trouve confronté que par le script lui-même, je me suis senti très libre. C’était fascinant d’interpréter le rôle d’un type qui sort de prison mais qui aimerait mieux y rester. Ulrich a abandonné tout idée de vie. Il essaie de trouver un sens à tout ça mais c’est difficile. Je l’ai perçu comme un enfant qui découvre le monde pour la première fois.

La liberté l’effraie en quelque sorte. Ce sont ses hésitations qui le contraignent à faire du surplace ?

Je pense que sa vie avant la prison le contentait. Maintenant, il est en marge du monde. Bien sûr qu’il ne veut pas quitter la prison, rien ne l’attache à cette réalité. Il n’a pas d’amis, pas de

famille, pas de relation… il ne fait que réagir à ce qui se passe autour de lui. C’est compliqué d’incarner un personnage qui n’a rien de particulier à faire. Il fallait composer avec le vide. La caméra est là pour filmer l’abîme dans lequel il se trouve, son incompréhension face aux situations. On sent bien qu’il n’est pas à l’aise. Pourtant, sa présence est constante dans le film.

« Plus il y a d’argent en jeu, plus les producteurs deviennent démesurés » Ce sont les situations qui structurent le comique ?

Oui, mais aussi les temps morts et ce qu’il faut comprendre en filigrane. Ce qui est fondamental pour un acteur c’est de savoir mener le rythme et, dans ce film, la partition est décalée. Il fallait foutre en l’air le tempo pour rendre compte du fossé creusé entre les personnages, de leurs problèmes de communication. C’est ce qui donne, je crois, cette atmosphère si étrange.

Il y a quelque chose de très théâtral dans la mise en scène et dans votre interprétation. Vous êtes-vous servi d’une certaine technique pour faire vivre Ulrich ? Je pense qu’Ulrich est plus caricatural que théâtral. Il a ce visage très fermé mais en même temps il éprouve des sentiments. Alors que sa logeuse est certainement la femme la plus horrible, la plus méprisable et repoussante du monde, il ne peut pas s’empêcher de la trouver attachante. Il la comprend. Tous les personnages du film sont finalement très humains. Ce qui est surprenant dans Un chic type, c’est que le film joue avec les extrêmes et le personnage d’Ulrich est fait de cette matière.

Un film comme Un chic type est tourné avec un budget dérisoire comparé à une grosse production comme Mamma Mia!. Vous sentezInterview | 08 |

© Chrysalis Films

STELLAN SKARSGARD

A l’occasion de la sortie d’Un chic type, la nouvelle comédie de Hans Petter Moland, Stellan Skarsgard s’est confié à Clap! . Gros plan sur un acteur caméléon, aux choix de carrière qui forcent le respect…

UN CHIC TYPE Sortie en salles : 2 février 2011 Réalisé par : Hans Petter Moland Avec Stellan Skarsgard, Bjorn Floberg, Gard B. Eidsvold... Long-métrage norvégien Durée : 01h47min Distributeur : Chrysalis Films

vous plus libre sur les plateaux de films comme ceux de Moland ?

Oui, le budget du film est très mince : 2 millions de dollars. Nous avons dû même mettre des sous de notre poche ! Pas de caravane ni de limousine. Mais évidemment qu’on se sent plus libre. Le réalisateur est beaucoup plus à votre écoute. Pas d’invasion de producteurs sur le plateau ni de « tu dois faire ci et ça ». Plus il y a d’argent en jeu, plus les producteurs deviennent démesurés.

23 juin 2010

A

près douze années passées en prison, Ulrick retrouve sa liberté et tente de se racheter une conduite. Mais, entre ses amis mafieux, sa logeuse qui le harcèle sexuellement et son fils qui refuse de le voir, Ulrick a du mal à faire les bons choix. Un chic type… mais à quel point ?

Vos rôles, à Hollywood, vous permettent d’échapper aux étiquettes ?

Oui, d’échapper aux étiquettes d’une part. Mais aussi parce que ça me plait beaucoup. Vous ne pourrez jamais nulle part ailleurs être traité comme ça. Puisque vous devez être efficace tout le monde est aux petits soins. Mais c’est un très bon entrainement. Dans Pirates des Caraïbes, par exemple, je tournais avec Gore Verbinski, qui est un brillant réalisateur, et on avait parfois l’impression de tourner dans un petit film indépendant. Une caméra et une poignée d’acteurs. Puisqu’il avait déjà flambé des millions pour les premiers opus, et que les studios l’ont quand même engagé, il a pu tourner cet épisode à sa façon, sans pression. Il y a notamment un plan qu’on ne voit pas habituellement dans les films hollywoodiens : au milieu du désert, le navire de Johnny Depp est prisonnier, et les crabes arrivent. Cela ressemble à une scène de Salvador Dali. La séquence a surement dû coûter des millions mais elle en valait la peine.

Tendre et grinçante, la dernière comédie dramatique de Hans Petter Moland nous embarque dans la course singulière d’un « chic type » qui cherche à sauver son honneur. Incarné par Stellan Skarsgard (Will Hunting, Dancer in the Dark, Mamma Mia!, ...), il a le ventre rebondi, les cheveux noués en catogan et le style des années 90. Son visage a été découpé des photos de famille, ses amis ont oublié le jour de sa sortie de prison et son fils le considère comme un homme mort. L’avenir blanc que voit alors Ulrick lorsqu’il franchit les portes du pénitencier lui apparaît sans perspective. Un chic type est un film riche qui pose tout à la fois la question de la réinsertion sociale, de la paternité, de la famille mais aussi du sexe. Mêlant à la tradition du cinéma social des ingrédients du burlesque et de la comédie de mœurs, Hans Petter Moland rend le drame qui se joue à la

Aimeriez-vous remonter sur les planches ?

Je n’ai pas été sur scène depuis 20 ans. C’est, sans conteste, une profession différente. Cela repose sur beaucoup plus de technique. J’ai vu l’un de mes fils interpréter Hamlet l’autre jour et j’ai trouvé qu’il l’incarnait mieux que moi à l’époque. Le théâtre m’attire toujours mais je ne sais pas si j’aurai le courage d’y retourner. Propos recueillis par Ava Cahen

fois cruel et cocasse. Surfant sur la tonalité de Looking for Eric, Un chic type adopte différents registres et ravit par ce métissage. Si le sujet du film est a priori tragique, le réalisateur s’en empare avec humour et humanité, ciblant les failles sentimentales, narcissiques et érotiques des personnages qu’il dirige. En effet, Moland et son scénariste, Kim Fupz Aakeson, parviennent à créer des caractères psychologiques suffisamment réalistes pour que l’empathie fonctionne mais nécessairement caricaturaux pour créer du comique : il y a le chic type, le mafieux à bagouzes, la sœur en manque d’affection et le fils ingénieur. Pas de beau, pas de riche ni de chanceux, seulement des hommes et des femmes qui font des erreurs et dont l’innocence est perdue.

«  PAS DE BEAUX, PAS DE RICHES NI DE CHANCEUX, SEULEMENT DES HOMMES » Est-ce qu’un « chic type », dans la société actuelle, peut être vraiment « chic » ? C’est autour de cette interrogation que le cinéaste fait graviter le récit. Plutôt personnelle, sa vision du « chic type » séduit par son approche naïve. Toutes les péripéties, qui mettent du piment dans la vie

© Chrysalis Films

© Chrysalis Films

En tête à tête avec un chic type !

d’Ulrick, nous amènent à faire ce constat: il est toujours prêt à rendre service. Oui, il défait sa ceinture quand les femmes baissent leur culotte et se laisse fouetter comme une mule, avec un bouquet de roses. Oui, il rend visite à son patron à l’hôpital avec des fleurs et des chocolats. Ulrick se soucie des autres et c’est en ce sens qu’il est « chic ». Mais lorsque sa liberté d’action se trouve oppressée, le bon n’hésite pas à devenir truand. Parce qu’il a droit à une seconde chance, comme le lui rappelle son employeur, Ulrick doit désormais faire les bons choix. En mettant en scène le combat contre les vieux démons, Hans Petter Holand donne à son film une profondeur inattendue malgré l’opacité que crée la neige. Gris mais chaleureux, le film mise sur les contrastes et les oxymores, traduisant, par les figures de styles, la saveur douce-amère de la vie d’un chic type. On rit, on est ému par ce groupe de personnages aux parcours torturés. On apprécie les dialogues qui sonnent justes, les situations comiques et les clins d’œil à Kusturica qui se fondent dans l’univers froid des rues d’Oslo. Un chic type rend hommage aux imperfections humaines, assumant, contre toute attente, un point de vue plutôt optimiste. On est évidemment bien loin du happy end hollywoodien… mais nous repérons quelques éclaircies. Plus nuancé que ses précédents films, Un chic type de Hans Petter Moland nous réconcilie avec le cinéma social car il l’envisage sous un nouvel angle ; il n’étouffe pas par la dureté de la réalité ni par des plans bas et longs. Le réalisateur prend de la légèreté et livre une comédie avec du rebond, de la poésie et des coups de revolver. Il y en a pour tous les goûts. Ava Cahen

Critique | 09 |


critiques

© Wild Bunch Distribution

L

’histoire vraie et méconnue du père de l’actuelle Reine Élisabeth. Celui-ci va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI, suite à l’abdication de son frère Édouard VII. D’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI affrontera son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme et surmontera ses peurs grâce à un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles. Qui est partant pour un cours d’orthophonie de deux heures au cinéma ? Dit comme cela, pas certain que Le Discours d’un roi attire les foules… et pourtant, comme elles auraient tort de s’en priver ! Pour une fois que le discours d’un roi est aussi passionnant (même plus) que la pendaison d’un malotru,...Nous sommes persuadés qu’il n’en sera rien tant le film de Tom Hooper fait preuve d’une surprenante maturité. Scénario impeccable, réalisation léchée, interprétations magistrales… tout concourt à inscrire durablement ce beau discours au panthéon des grandes œuvres. De la lumière spectrale du fog londonien à la musique envoûtante d’Alexandre Desplat, c’est un condensé de plaisir et de bon goût que nous

RIEN A DECLARER

Sortie en salles le 2 février 2011 - Réalisé par Dany Boon Avec Dany Boon, Benoît Poelvoorde, Karin Viard, François Damiens...Durée : 1h48 Distributeur : Pathé Distribution

© Pathé Distribution

Sortie en salles : 2 février 2011 Réalisé par : Tom Hooper Avec : Colin Firth, Helena Bonham Carter, Derek Jacobi… Distributeur : Wild Bunch Distribution - Durée : 1h58

propose le réalisateur ; pas l’ombre d’une fausse note. Le casting, prestigieux, fait de royales merveilles. Helena Bonham Carter est très juste face à un duo de tête intense où Colin Firth, récompensé à juste titre du Golden Globe de la meilleure performance masculine, et Geoffrey Rush offrent le meilleur d’eux-mêmes. Décors et costumes soignés… vraiment, on ne tarit pas d’éloges ! C’est que Le Discours d’un roi fait véritablement preuve d’une élégance rare tout en restant grand public par sa dimension classique et sa mécanique aussi précise qu’efficace. Film historique à la fois drôle et émouvant, ce qui déjà n’est pas une mince affaire, il réussit par-dessus tout le miracle de rendre passionnante une leçon d’orthophonie qui s’étale sur quasiment deux heures. On en redemanderait presque… Et derrière la petite histoire (les problèmes d’élocution d’un prince bègue proche d’accéder au trône) on devine combien la grande se joue parfois en partie sur l’issue de la première. Mais au-delà de son intérêt historique le film gagne en rondeur sur l’illustration de l’amitié qui naîtra entre le roi George VI et Lionel Logue. Penchant alors vers quelque chose de plus universel il livre en douceur une leçon sympathique en montrant que le vrai roi n’est pas uniquement celui que l’on croit. D’apparence académique et soignée mais osée dans ses cadres, la réussite formelle du Discours d’un roi transmet ainsi harmonieusement des valeurs justes par une riche palette d’émotions. Une œuvre dense et forte et forcément bienvenue dans un monde aussi peu éloquent que le nôtre. Nico Paal.

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ». Non, rien à déclarer. Il faut avouer que le troisième long-métrage de Dany Boon ne risque pas de se faire flasher pour excès de vitesse… Mou du genou, ce divertissement du dimanche soir manque de swing. Comme la 4L allouée aux douaniers, Rien à déclarer peine à se mettre en route. C’est autour d’antagonismes factices et désuets que le récit tortille. Après le triomphe de Bienvenue chez les ch’tis, le champion du box office exhibe ses beaux discours sur la différence. Oust le Nord, faites place à la Belgique. Mais le fond de sauce reste le même : des bons sentiments qui dégoulinent et une bataille d’accents sans tournure épique. Comédie pour charentaises, Dany Boon marche sur des sentiers battus et s’embourbe dans sa nostalgie. Pas de bouleversement majeur ; le fanfaron fait défiler des images barbantes qui tuent les possibilités loufoques et nous offre un film à l’orthodoxie assommante. Même Benoît Poelvoorde nous casse les oreilles. Allo maman Bobo… Ava Cahen

LAST NIGHT

Sortie en salles : 16 février 2011 - Réalisation : Massy Tadjedin Avec Keira Knightley, Sam Worthington, Guillaume Canet, Eva Mendes...Durée : 01h32min Distributeur : Gaumont Distribution

© Gaumont Distribution

le discours d’un roi

Joanna et Michael forment le parfait petit couple New Yorkais. Mais un soir, leurs certitudes vont être bouleversées… Pour son premier passage derrière la caméra, la scénariste Massy Tadjedin (Leo, The Jacket) s’intéresse à un sujet aussi banal que dangereux : la tentation d’un soir. Entièrement centré sur les couples adultérins, la mise en scène se révèle plus proche du thriller que de la comédie romantique attendue. On est presque devant une forme de huis clos, dont la réussite (comme souvent pour ce genre de récits) repose pour beaucoup sur la justesse de son interprétation. Seul, Sam Worthington peine à convaincre et semble peu à l’aise face à la troublante Eva Mendes. La mécanique fonctionne néanmoins et le montage parallèle compense cette faiblesse en ménageant le suspense jusqu’à l’épilogue. La réussite du film tient essentiellement à cette application toute particulière que la cinéaste a pour les moindres détails : accessoires, vêtements, décors, tout sonne juste et nous rappelle que lorsqu’on se connait par cœur, ce sont bien ces petits «riens» qui peuvent faire toute la différence. Romain Dubois

SLOVENIAN GIRL

Q

© Paramount Pictures

u’on se le dise, True Grit des frères Coen est moins le remake de Cent dollars pour un shérif d’Henry Hathaway qu’une nouvelle adaptation du roman de Charles Portis. La raison en est simple, par des détails souvent, les frères Coen sont plus fidèles au livre… Pour le reste, fondamentalement les enjeux dramatiques sont les mêmes : une gamine engage un marshal borgne et alcoolique pour capturer ou tuer le lâche qui a abattu son père de sang-froid. Un point de vue plus focalisé sur la fille de 14 ans par la voix-off et la présence des deux réalisateurs de Sang pour sang et The Big Lebowski suffisent à changer sensiblement la donne. Plus délicieusement bavard, plus proche aussi de l’esprit « Mark Twainien » du roman originel, True Grit réussi donc à retranscrire l’humour et l’innocence contenus dans le regard subjectif de Mattie Ross (la révélation Hailee Steinfeld), auquel vient se greffer harmonieusement le goût du grotesque et l’univers impitoyable indissociables des réalisateurs de Fargo.

Critiques | 10 |

Aussi mémorable que son prédécesseur John Wayne sous le bandeau du roublard Rooster Cogburn, Jeff Bridges mérite amplement de décrocher le second Oscar de sa carrière, tandis que Matt Damon démontre une nouvelle fois son appétit pour les postiches et les personnalités décalés, qui en cette occasion lui rendent plutôt bien.

© Epicentre Films

Sortie en salles: 23 février 2011 Réalisé par : Ethan & Joël Coen Avec : Jeff Bridges, Mat Damon, Josh Brolin,  … Distributeur : Paramount Pictures - Durée : 2h05

Symbiose du genre et d’une sensibilité toute personnelle, True Grit devient alors le parcours initiatique de l’enfant évoluant vers l’âge adulte, allégorie d’une Amérique sauvage en pleine progression vers le monde civilisé. Et comme nous sommes en plein western, la mutation du pays doit obligatoirement se faire par l’entremise du six coups ! Malgré l’avarice en matière de plombage définitif d’un récit vengeur (ça ne défouraille pas beaucoup), l’objet n’en reste pas moins une satisfaction pour les conquérants de l’Ouest qui sauront pardonner aux frangins de ne pas avoir offert le décalque attendu de leur apocalyptique et désespéré No country for Old Men. Ce qu’il perd en férocité aride, True Grit le gagne en émotion brute divulguée par une poésie picturale de chaque instant (certains plans sont à tomber par terre) et des personnages iconiques qu’on serait prêt à suivre n’importe où.

Description incisive d’un pays de l’ex-Yougoslavie, Slovenian girl traite en filigrane de la montée du capitalisme dans un pays ex-communiste. Les thèmes passés en revue s’avèrent « choc » et modernes : migration province/grande ville, désir d’ascension sociale, prostitution étudiante, solitude urbaine, fantasmes inavoués d’hommes frustrés… Le réalisateur, en plus de jouer sur la métaphore d’un pays et d’une planète débauchés, tombant dans le piège du profit à outrance et de l’individualisme, laisse transparaître une nostalgie des années soixante. L’esthétique, froide et réaliste, souvent crue, se conjugue à une bande-son minimaliste. Hélas, le discours et les qualités techniques ne sauvent pas le récit qui, déséquilibré et distendu, souffre de lourdeurs et de nombreuses facilités dramaturgiques. Bref, on n’y croit qu’à moitié, et l’on regrette que des sujets aussi actuels et fascinants soient desservis par un film d’auteur mélo et bancal. Des acteurs principaux au jeu très juste, mais un scénario maladroit et sans grande surprise. Ariane Picoche

DE L’INFLUENCE DES RAYONS GAMMA SUR LE COMPORTEMENT DES MARGUERITES Sortie en salles : 2 février 2011 - Réalisation : Paul Newman Avec Joanne Woodward, Nell Potts, Roberta Wallach…...Durée : 01h40min Distributeur : Splendor Films

© Splendor Films

true grit

Sortie en salles : 2 février 2011 - Réalisation : Damjan Kozole Avec Nina Ivanisin, Peter Musevski, Primoz Pirnat...Durée : 01h27min Distributeur : Epicentre Films

On se souvient bien de la carrière d’acteur de Paul Newman – signalons au passage la reprise en fin de mois de l’excellent Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill – mais que reste t-il de sa carrière de réalisateur ? Pas grand-chose. Avec seulement six films réalisés entre 68 et 87 (dont un téléfilm) Newman aura pourtant fait preuve d’une sensibilité remarquable et qui méritait bien de sortir de l’ombre. Belle entreprise donc que la ressortie de ce qui restera très certainement sa plus belle œuvre : De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Un titre à rallonge assez intriguant pour un film à la beauté simple, bouleversant d’humanité. Interprété par un superbe trio d’actrices, dont sa femme Joanne Woodward qui reçut pour sa prestation le prix de la Meilleure Interprétation Féminine au Festival de Cannes en 1973, le film de Newman, réaliste et juste, prend le temps, va dans le détail jusqu’à trouver la grâce. Un film intimiste et beau qui n’est pas près de se faner. Nico Paal

Julien Munoz abonnez-vous a la revue, découvrez les bandes-annonces, les critiques, les tests, DVD, les news...chaque jour sur www. clapmag.com Critiques | 11 |


DOSSIER

critiques QUI A ENVIE D’ETRE AIME

© Haut et court

Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisation : Anne Giafferi Avec Eric Caravaca, Benjamin Biolay, Arly Jover...Durée : 01h29min Distributeur : Haut et Court L’idée d’un type engagé dans une relation extraconjugale avec Dieu est assez séduisante. Mais, si le sujet est original, la façon de le traiter est beaucoup moins pertinente. Qui a envie d’être aimé ?, réalisé par Anne Giafferi, est un film introspectif sans véritable caractère. Le regard de la cinéaste semble trop attaché à son histoire personnelle et néglige les perspectives romanesques. L’amour, en cœur de la tragi-comédie, offre ses mille et un clichés. Qu’est-ce qu’on s’ennuie… La faute au manque d’épaisseur psychologique de cette fable pseudo mystique. Les personnages sont traités en surface et la conversion du protagoniste trop subite. Le récit, comme le jeu des comédiens, s’essouffle et le temps nous paraît lourd. Seules les incursions de Valérie Bonneton sauvent le film de la débandade. Le reste est de l’ordre de la caricature. Le Père, le fils et le Saint Esprit s’emmêlent les pinceaux et le portrait de ces « catholiques anonymes » se dresse artificiellement. On n’est pas loin de la crise de foi… Ava Cahen

LE CHOIX DE LUNA

© Diaphana Distribution

Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisation : Jasmila Zbanic Avec Zrinka Cvitesic, Leon Lucev, Ermin Bravo...Durée : 01h40min Distributeur : Diaphana Distribution Luna et Amar, jeune couple de Sarajevo liés par un passé similaire traumatisant, tentent de surmonter des obstacles inattendus qui menacent leur amour. Luna, jeune femme libérée et émancipée, aime faire la fête et a un réel désir de maternité, tandis qu’Amar, qui se réfugie dans l‘alcool pour panser ses plaies marquées par la guerre, se tourne vers une communauté retirée du monde, le Wahhabisme, afin de trouver le salut et accéder à une paix intérieure. Chacun, à sa manière, essaie tant bien que mal de trouver enfin un sens à sa vie. Entre fêlures et exaltations, Zrinka Cvitesic et Leon Lucev excellent à l’écran. Aussi, Sarajevo semble pétrie de contradictions, à l’image des deux amants. A la fois belle et pitoyable, forte et vulnérable, la ville cherche à se reconstruire peu à peu et à cicatriser ses vieilles blessures encore ouvertes. Le Choix de Luna nous dévoile une histoire d’amour émouvante et fragile prenant place dans une ville déchirée par la guerre dont les douleurs profondes entrent en résonance avec ceux qui l’habitent. Christelle Viero

LE MARCHAND DE SABLE

© Bac Films

Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisation :Jesper Moller, Sinem Sakaoglu Avec Bruno Renne, Volker Leachtenbrink, Ilja Richter...Durée : 01h24min Distributeur : Bac Films Une nuit, le vilain Tourni-Cauchemar vole le sable magique et prend le contrôle du Pays des rêves. Le Marchand de Sable et son fidèle mouton Philibert, aidés du jeune Théo, partent à sa poursuite... Grâce à des images raffinées, ce joli conte nous transporte dans un rêve enchanté, empreint d’une poésie et de couleurs sublimes. Le premier public ciblé reste les enfants qui pourront facilement s’identifier à Théo, petit garçon devant faire preuve de courage et apprivoiser ses peurs incarnées par Tourni-Cauchemar. Mais les parents pourront également y trouver leur compte grâce, notamment, à de charmants dialogues, sinon à travers le personnage loufoque et extraverti de Philibert qui en fera rire plus d’un. Une belle histoire de vie, des gags farfelus, des personnages attachants et une animation parfaite au service d’un petit bijou d’animation ; Le Marchand de Sable est une magnifique aventure se déroulant dans un pays des rêves où finalement tout est possible. On en ressort plein d’étoiles dans les yeux. Christelle Viero

LA BELLA GENTE

© Bellissima Films

Sortie en salles : 16 février 2011 - Réalisation: Ivano De Matteo Avec Monica Guerritore, Antonio Catania, Iaia Forte...Durée : 01h38min Distributeur : Bellissima Films Une partie de campagne à l’italienne. Ivano de Matteo trouve la lumière parfaite, celle du soleil du sud, pour filmer l’été d’un couple en mal de charité. Au son des grillons, le cinéaste transcrit la décadence indolente d’Alfredo et de Susanna. A la fois élégante et aérienne, la mise en scène, sublime manège panoramique, dévoile le vrai visage des gens bien : des cinquantenaires riches et capricieux. Sans compromis, le réalisateur nous plonge au cœur de cette histoire de mœurs et, avec talent, diffuse un sentiment de gêne. Il y a quelque chose de l’ordre de l’étrangeté de Théorème. Le couple est effrayant à force de bienveillance. Si l’enjeu n’est pas le même que celui du film de Pasolini, la réflexion sur l’absence, la jouissance et l’obsession tisse la succession. Le film d’Ivano de Matteo est fécond et ne se tient jamais dans une posture condescendante. Tous les personnages sont filmés avec justesse et la distance de la caméra laisse le champ libre à notre empathie ou antipathie. Un beau film d’un naturalisme brutal. Ava Cahen

LES CHEMINS DE LA LIBERTé Peter Weir, accompagné de tout son impressionnant casting (Saoirse Ronan, Colin Farrell, Ed Harris, Jim Sturgess) était en tournée promotionnelle à Paris. Clap! est allé à leur rencontre. Des acteurs modestes, un cinéaste humble et presque désolé d’être adulé, une ambiance bon enfant, avec des personnes unies par leur envie de voir un beau projet réussir. C’est chose faite. par Marianne Dubois-Dana

M. Weir, le film est inspiré d’un roman qui date déjà de plusieurs années. Aviez-vous envie de l’adapter depuis longtemps et avez-vous entrepris une investigation sur cette période et les personnes rescapées des camps ? Peter W. : En fait, je n’ai pris connaissance du livre qu’en 2007 et en réalité je connaissais très peu de choses sur les goulags ou même l’union soviétique à l’époque J’avais lu, bien sûr, Soljenitsin mais ce qui m’a absolument passionné c’est finalement de comprendre le voyage qu’avaient entrepris ces personnes, ce qui m’a permis d’étudier l’esprit humain. A partir de ce moment là, je me suis effectivement mis à dévorer des livres sur cette période, à voyager. J’ai effectivement rencontré des survivants aussi bien à Moscou qu’à Londres. Quelle a été votre implication dans votre personnage ? Saoirse Ronan: Pour le personnage d’Irina, c’est

Critiques | 12 |

vrai que ce voyage a été physiquement aussi éprouvant que possible. Puisque nous avons fait nous-même cette expérience, mis à part peut être une semaine passée en studio (et encore) nous avons vraiment été en Bulgarie dans les montagnes, nous avons vraiment été dans le désert marocain, le Sahara. Donc, tous les éléments physiques ont permis au public, comme à nous, de ressentir physiquement et émotionnellement ce voyage et je crois que tout cela transparaît à l’écran. Jim Sturgess : En tant qu’acteur on a fait beaucoup de recherches sur cette période et nous avons même pris des cours de survie. On a vécu dans des conditions assez difficiles, on avait vraiment l’impression que notre voyage filmique faisait un écho assez précis de ce qu’avaient dû vivre ces hommes à l’époque. Et puis, comme nous avons filmé de façon chronologique, cela nous a aidés à rentrer dans la peau des personnages et dans leur souffrance. En tout cas ce qui nous semblait le plus proche de ce qu’ils avaient vécu. On gelait littéralement dans les montagnes de Bulgarie et ces décors naturels et magnifiques. Cela nous permettait de ressentir ce qu’avaient pu éprouver ces gens là à l’époque. Colin Farrell, votre personnage est très différent des autres ? Colin Farrell. : C’est vrai que moi aussi j’ai une expérience similaire dans la préparation qui était très intense car avant d’arriver en Bulgarie nous avions beaucoup travaillé. En ce qui concerne mon personnage j’ai dû apprendre le russe avec un coach. Puis, j’ai perdu un peu de poids, je voulais m’immerger totalement dans cette période Dossier | 13 |

de l’histoire. Je voulais trouver dans ma tête ma version de l’histoire du personnage que je campe. Mon personnage est à part car c’est le seul russe et lui aussi est une autre forme de victime, c’est la victime d’un système. C’est effectivement un malfrat, une brute, un criminel. Il n’en reste pas moins la victime d’un système instauré par d’autres. Comment pouvez vous compléter ces réponses Mr. Harris ? Ed Harris : Mes camarades ont parlé de la préparation aussi bien physique que spirituelle. Ce qui m’a frappé dans ce film c’est la nature même du tournage c’est-à-dire qu’il était le reflet exact du voyage incroyable qu’avaient subi ces rescapés du goulag. Lorsque nous ne marchions pas en tant qu’acteur devant la caméra, nous essayions hors caméra de nous réchauffer, de nous mettre à l’abri ou parfois de trouver de l’ombre ou nous réhydrater ou chercher à manger pour avoir une assez grande énergie. On était vraiment dans l’instant ; chaque jour était très intense. Sur le tournage ou hors tournage les conditions nous ont permis de capter la réalité du périple de ces hommes. Comment expliquer cette amertume dans le personnage de Smith ? Ed Harris : Au début du film il ne faut pas oublier que c’est un homme auquel on a tout enlevé : il n’a plus ni métier ni liberté, il a perdu son fils. Pour lui, la seule chose qui l’importe, c’est simplement sa survie. Il ne peut avoir de sympathie pour aucune personne de ce goulag car il sait que s’il en aide un, il devra aider tous les autres. Son truc à lui est de ne se préoccuper que de lui, il récupère même


© Mars Distribution

critique

les miettes de pain pour survivre au jour le jour. C’est pourquoi au début il est plongé dans sa propre amertume . Mais d’un autre côté avant qu’il n’entreprenne cette marche il y a un moment où Mr Smith montre que malgré tout, il se soucie des autres en particulier de Jim (cf. scène de la mine où il sauve Jim…) il y a donc une humanité en lui. Il voit en Jim un peu de son fils. M. Weir, lorsqu’on regarde votre filmographie, on réalise que vos personnages sont systématiquement des jusqu’au-boutistes ? Pourquoi ? Peter Weir : « Je sais pas » (ndlr, en français) mais peut être est ce cela mon empreinte… Pourtant j’ai toujours l’impression de filmer des histoires différentes. Lorsqu’on voit le film, on peut se poser la question : le message anti communiste ne devient il pas communiste ? Peter Weir. : La notion de communisme a été mal comprise dans le passé car on connaît toutes les victimes du communisme, cela montre comment, parfois, les meilleures des idées peuvent avoir des applications terribles. On pense à Pol Pot et bien sûr au Cambodge donc moi je suis anti-communiste, anti-nazi, anti-communautariste, anti-état policier comme d’ailleurs, je pense, toutes les personnes sensées. Ce film n’est pas un film politique, c’est film historique mais si je l’avais tourné avant 1989 et la chute du mur de Berlin, cela aurait été un film politique. Je comprends néanmoins l’ironie que vous soulignez, la fraternité entre les hommes c’est la grande idée du communisme ô combien galvaudée, quand on connaît la cruauté de l’échec de cette belle idée comme le nazisme ou ce racisme pathétique. Il y avait une noble ambition qui a connu des désenchantements. Que vous êtes vous autorisé à inventer dans le film par rapport au livre ? Peter Weir : Ce qui a été important pour moi est d’être juste par rapport à l’histoire. Lorsque j’ai lu le livre, j’ai séparé ce qui me semblait être de

l’ordre de la fiction et de l’ordre de la vérité historique. J’ai vraiment cherché à conserver cette vérité historique, j’ai eu donc la confirmation que ces hommes avaient véritablement fait cette marche, tous les détails même dans les dialogues viennent de recherches que j’ai effectuées et aussi des rencontres que j’ai eues avec des survivants de goulags.

seuls certains d’entre eux vont réussir. Il y avait un élément prévisible que je voulais éviter. Mon job en tant que réalisateur était comment créer une tension dramatique. Je me devais de faire comprendre l’âpreté du chemin sans être long je crois que lorsque ils arrivent devant l’Himalaya, le public est prêt à croire qu’ils vont y arriver.

N

Peter W. : On ignore véritablement l’identité de ces hommes.. Qui avez-vous rencontré pour préparer ce film ?

Saoirse, comment avez-vous appréhendé votre personnage en tant que seule femme dans ce film ? Saoirse Ronan : Je représente cet unique personnage féminin. Lorsqu’ils me rencontrent, je suis désespérée, en quête de survie. Je représente dans le film cette jeunesse, cette énergie et aussi celle grâce à qui chacun livre un bout de son histoire et le secret de chacun. Effectivement, elle a une relation très spéciale avec M Smith qui la prend sous son aile. M. Weir, comment avez-vous construit votre récit ? Peter Weir : C’était une construction linéaire. Dès le départ, ils s’enfuient, ils ont un unique but : retrouver leur liberté. Trois possibilités s’offrent à eux : échouer, réussir, Dossier | 14 |

Réalisé par : Peter Weir Avec : Ed Harris, Jim Sturgess, Colin Farrell … Distributeur : Metropolitan FilmExport Long-métrage américain Durée : 02h14min

23 juin 2010

Avez-vous rencontré des survivants de cette marche ?

Jim Sturgess : J’ai rencontré quatre survivants polonais qui habitent en Angleterre et en particulier un homme « Enrique » avec lequel j’ai passé du temps, chez lui avec sa famille. Cela lui est arrivé. Pour moi, c’était quelque chose de bouleversant parce qu’il avait vécu les camps en Sibérie dont il s’était échappé. Pendant le tournage, nous avions ces histoires en tête et cela m’a aidé à ancrer mon personnage dans une réalité émotionnelle très forte.

LES CHEMINS DE LA LIBERTE

FILMOGRAPHIE PETER WEIR 1971 : Three to Go - segment Michael 1974 : Les voitures qui ont mangé Paris (The Cars That Ate Paris) 1975 : Pique-nique à Hanging Rock (Picnic at Hanging Rock) 1977 : La Dernière Vague (The Last Wave) 1981 : Gallipoli 1982 : L’Année de tous les dangers (The Year of Living Dangerously) 1985 : Witness 1986 : Mosquito Coast (The Mosquito Coast) 1989 : Le Cercle des poètes disparus (Dead Poets Society) 1990 : Green Card 1993 : État second (Fearless) 1998 : The Truman Show 2003 : Master and commander : De l’autre côté du monde (Master and Commander: The Far Side of the World) 2011 : Les Chemins de la liberté (The Way Back

ous sommes en Sibérie en 1947. Sept fous s’échappent d’un Goulag pour se soustraire à la mort promise par les conditions de détention. Ils vont alors parcourir des milliers de kilomètres dans des conditions extrêmes pour rejoindre la Mongolie. Les chemins de la liberté est un hommage aux trois hommes qui parvinrent réellement à cet exploit en 1947. A l’heure du tout numérique, du tout 3D (du moins à Hollywood), et de réalisations hystériques où on peut dénombrer 400 plans à la minute, caméra tremblante, Peter Weir redonne ses lettres de noblesse à la simplicité d’un récit sans fard, sans artifice. La sobriété de sa mise en scène et le classicisme de l’emballage font en effet écho à la modestie d’un homme dont le nom est encore trop peu connu (et oui !). Pourtant le visionnaire Truman Show (qui dévoile les dérives extrêmes

de la télé réalité avant même que celle-ci ne soit répandue), le générationnel Cercle des Poètes Disparus, l’inoubliable Witness, et tant d’autres laissent autant d’oeuvres et d’images fortes derrière eux. L’australien a conquis Hollywood à force de naturel et de talent. Self made man comme on les aime tant OutreAtlantique, Weir signe une fois encore une œuvre qui sent bon l’aventure à l’ancienne, à la réalisation limpide, et impose la simplicité de son regard dépouillé, quasi scientifique comme une leçon de cinéma.

«  Peter Weir redonne ses lettres d e noblesse à la si mpli ci té d ’un réci t sans f ard  » En suivant des squelettes au bord permanent de la mort, il parvient à donner vie à quelques personnages bouleversants d’épicurisme. Notion phare chez Weir que ce Carpe Diem adapté ici : « je préfère mourir en fuyant plutôt que de vivre sous le joug de tyrans ». C’est d’une certaine manière ce que devait penser Neil lorsqu’il décida de se suicider dans la scène centrale du Cercle des Poètes disparus. Dans un contexte plus politisé, plus dur aussi puisqu’il s’agit de goulags et non d’une société castratrice, Les chemins de la Liberté se définit comme la synthèse d’une œuvre entièrement tournée vers cet adage. Derrière des paysages incroyables, les personnages se cachent, non pour mourir, mais pour survivre. Le récit s’apparente à Dossier | 15 |

un survival réaliste traversé par des décors somptueux, parfaitement photographiés par Russell Boyd. Et l’interprétation n’est pas en reste puisque Weir a su s’entourer d’excellents acteurs aguerris (Ed Harris, déjà présent dans Truman Show, Colin Farrell) ou plus jeunes et bourrés de talent comme Sturgess ou Saoirse (qui décidément apèrs avoir tourné avec Peter jackson aime les cinéastes australiens...). Leurs performances sont tout simplement sidérantes . Comme l’écrivait Stephen King : Marche ou Crève. C’est le leitmotiv qui dynamise ces Chemins de la liberté, avec sa succession de décors extrêmes, du -40° sibérien au désert mongol à 40°…Le regard clinique, viscéral de Weir sur ces personnages (parfaitement incarnés) se débattant pour s’en sortir face à une nature peu encline à les laisser en vie, impose une totale empathie. On ressent pleinement la soif, la faim, la douleur. Ce voyage dans le ressenti inspire et l’effacement du cinéaste pour le besoin de son script, ne signifie pas l’abandon mais au contraire l’implication absolue. Le parcours guerrier sonne juste, et la troupe gesticulante touche forcément à ce petit cri d’humanité. Une œuvre généreuse, une foi à toute épreuve en l’homme, une leçon de cinéma et de courage (conditions de tournage assez extrêmes…), rappellent que Peter Weir est l’un des maîtres d’un certain cinéma de son époque. Romain Dubois-Dana


critiques 127 Heures

HALAL, POLICE D’ETAT

Sortie en salles : 23 février 2011 Réalisé par : Danny Boyle Avec : James Franco, Amber Tamblyn, Kate Mara … Distributeur : Pathé Distribution - Durée : 1H34

© Europacorp Distribution

Sortie en salles : 16 février 2011 Réalisation : Rachid Dhibou Avec Ramzy Bedia, Eric Judor, JeanPierre Lazzerini..Durée : 01h30min Distributeur : Europacorp Distribution Ernst Lubitsch aurait-il trouvé deux fiers héritiers ? De toute évidence, non ! Absurde et vaine, la nouvelle comédie d’Éric & Ramzy au lieu de faire mouche fait souvent le taon long. Imaginez une sorte de mélange absurde entre un Derrick Algérien et Les Mots(lassons) d’Éric et Ramzy… Pourtant c’est peut-être la première fois qu’ils essaient d’aller si loin tout en politisant plus franchement leurs contrepèteries. Mais toute la bonne volonté du monde ne suffit pas à faire un film. Ainsi, Halal police d’état, c’est un peu le cinéma total sans le cinéma, l’humour sans frein… des gags (inter)minables qui parfois mettent mal à l’aise, un humour potache qui, manque de pot, vire tache. Malgré un début plutôt engageant le film s’épuise très vite et nous avec. Les personnages secondaires sont inconsistants et l’on a l’impression d’un Two Men Show imprécis qui tourne à vide. Rappelons-le, les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures. A conseiller exclusivement aux fans inconditionnels de l’inspecteur Tahar et d’Éric & Ramzy. Nico Paal

P

REQUIEM POUR UNE TUEUSE

Jérôme Le Gris, s’essaie au cinéma avec un premier long-métrage « alimentaire », du moins pour les acteurs Mélanie Laurent et Clovis Cornillac. En effet, on se demande si les deux têtes d’affiche n’ont pas juste répondu présent au casting de ce Requiem pour une tueuse pour arrondir leurs fins de mois, car rien dans le scénario, ne pouvait laisser présager un chef-d’œuvre même sur le papier. Si la musique tient de facto l’un des rôles principaux de « Requiem pour une tueuse », elle ne rattrape pas la médiocrité de l’histoire comparable à celle d’un téléfilm allemand de 1983. Chaque personnage, tel le pion d’une enquête de Derrick, avance lentement, froidement, en solitaire, sans s’attirer l’intérêt du spectateur. Si au départ ce dernier sera tenté d’élucider le Cluedo mis en place par le réalisateur, il sera lassera rapidement de l’enchevêtrement improbable des situations et ne sera même pas surpris par leur finalité, sorte de coup de théâtre pompeux et prévisible. Coup d’essai raté pour Jérôme Le Gris. Marie-Aurélie Graff

© Pathé Distribution

© StudioCanal

Sortie en salles : 23 février 2011 Réalisation : Jérôme Le Gris Avec Mélanie Laurent, Clovis Cornillac, Tchéky Karyo..Durée : 01h31min Distributeur : StudioCanal

arti pour une randonnée en solitaire dans les gorges de l’Utah, Aron Ralston, jeune alpiniste expérimenté, se retrouve bloqué au fond d’un canyon isolé. Ça commence comme une publicité pour prendre l’air et ça finit plutôt loin des sentiers battus. Imaginez un type le bras coincé sous une roche, un canif qui tire la gueule, plus beaucoup d’eau et personne dans les environs… on vous laisse réaliser l’équation. Ce qui aurait pu, à l’image de Buried rester dans l’exercice de style (Non, ma caméra n’ira pas à plus de 20cm du vilain caillou) devient sous la moulinette de l’effervescent Danny Boyle une véritable proposition de cinéma. Exit donc la simple épreuve claustrophobique au profit d’un melting-pot stylistique aussi étrangement cohérent que prenant. Là où le surdécoupage de Slumdog finissait par agacer, la recette clipesque semble ici trouver sens. Non seulement elle colle au mental du personnage mais permet d’en accentuer le point de vue, on vit alors son expérience non de manière frontale mais comme de l’intérieur, se rappelant avec lui

les meilleurs moments de sa vie, partageant ses hallucinations et dans une certaine mesure, sa douleur et sa force. Ainsi, si le « Comment » est en soi assez cinématographique, le « Pourquoi » le porte vers des hauteurs que le sujet d’origine ne supposait pas forcément. C’est que face à cette histoire sur(-) prenante et vraie il fallait bien ruser un peu, sinon autant faire un documentaire sur Aron Ralston (c’était le projet initial). Et de la survie, Boyle glisse doucement, en creusant l’intime, du naturel vers le surnaturel. Quelle place pour l’autre à l’intérieur de nous ? C’est la métaphore de la tribu comme élan vital. En cela le film rejoint la jolie proposition de Sean Penn (Into the Wild) et se pose un peu comme son double composite. En flirtant habilement entre la pellicule et le numérique, où s’imbriquent les genres, le réalisateur nous invite à un éprouvant voyage intérieur. Et quel choix judicieux que James Franco en capitaine de navire ! Si l’acteur avait déjà fait preuve d’un certain talent, particulièrement avec Harvey Milk et Délire express, il réussit ici un tour de force véritable et compose ce qui constitue très certainement la meilleure prestation d’une carrière définitivement pleine de promesses. Outre la réussite formelle d’un film d’action complexe sur un héros immobile, 127h parle surtout de la vie avec une simplicité bienvenue. Probablement le meilleur film de Danny Boyle. Nico Paal

SANCTUM

© Metropolitan FilmExport

Sortie en salles : 23 février 2011 Réalisation : Alister Grierson Avec Richard Roxburgh, Rhys Wakefield, Alice Parkinson..Durée : 01h45min Distributeur : Metropolitan FilmExport

ANIMAUX ET CIE 3D

Exit le naturalisme saisissant d’Open Water, bonjour la mauvaise 3D. Alors que Chris Kentis capturait, d’un plan fixe, la terreur d’un couple perdu en mer, Alister Grierson nous abreuve d’effets spéciaux pour engraisser l’intrigue. En effet, l’inclinaison spectaculaire de Sanctum ronge tous les freins dramatiques. Sans harmonie, les plans s’enchainent avec perte et fracas, noyant le suspense sous les flots du sensationnel. Gros moyens, scénario squelettique, mise en scène insipide, Sanctum a l’imagination enrouée. Si le mythe de Dédale se dévoile, le fil d’Ariane est usé jusqu’à la corde. Le réalisateur se contente de mettre en scène une bande de casse-cou qui pousse ses limites jusqu’au point de rupture, négligeant le récit et son écho poétique pour de l’action pure et dure. Les grosses voix résonnent, les scènes musclées pullulent mais jamais on ne retient son souffle. Sanctum reste en surface. Le divertissement n’est même pas au rendez-vous… Pari raté. Ava Cahen

Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisé par : Reinhard Klooss & Holger Tappe Avec : Ralf Schmitz, Thomas Fritsch… Distributeur : Metropolitan FilmExport - Durée : 1h33

F

LES VOYAGES DE GULLIVER

A voir trop grand, le réalisateur Rob Letterman a omis un tout petit détail : le scénario… Le fantôme de l’œuvre originale apparaît bien en filigrane mais les accents dramatiques lourdauds font battre en retraite toute idée de poésie. De l’épaisseur d’un papier à cigarette, l’intrigue enfile poncif sur poncif (bavardage sur la différence, la fraternité, babillage sur l’amour avec un grand « A », etc.). Le décalage surfait entre les temps modernes et les mœurs de Lilliput enchaîne le récit à la banalité et les temps morts s’accumulent. Si le réalisateur tente de réveiller son public à coup de mauvais effets spéciaux, l’humeur de cette fable enfantine sent trop fort la naphtaline. Qu’en est-il de Jack Black ? héros-loser de l’arnaque, il en fait des kilos. Grand clown chez les petits clowns, Black, à notre grand dam, s’abaisse à la caricature. Le projet avait pourtant tout pour plaire. Mais ni les comédiens, ni la mise en scène ne trouvent l’équilibre comique et fantastique que l’on attend de ce genre de film. Beaucoup de bruit pour rien… Ava Cahen

abonnez-vous a la revue, découvrez les bandes-annonces, les critiques, les tests, DVD, les news...chaque jour sur www. clapmag.com Critiques | 16 |

© Metropolitan FilmExport

© Twentieth Century Fox

Sortie en salles : 23 février 2011 Réalisation : Rob Letterman Avec Jack Black, Jason Segel, Emily Blunt...Durée : 01h25min Distributeur : Twentieth Century Fox France

able animée, Animaux & Cie met en scène une bande de bêtes sauvages bien déterminée à protéger ses intérêts. Un suricate qui joue au golf avec des crottes de hyène séchées, un lion philosophe, un vieux couple de tortues, un coq français, tout ce petit monde est réuni à l’écran pour se battre contre la folie des hommes. Reinhard Klooss et Holger Tappe, par l’animation 3D, sensibilisent le jeune public aux problèmes écologiques. Si l’histoire n’est pas sans rappeler celle de Madagascar 2, Animaux & Cie possède un humour davantage européen que new-yorkais et c’est en cela surtout que le film se démarque. Le lion s’appelle Socrate (et est devenu végétarien); le coq, quant à lui, ne veut pas finir dans une sauce au vin. C’est parce que leur destin leur est confisqué par les hommes que les animaux vont se rebeller. Libre adaptation de « La Conférence des animaux » d’Enrich Kästner, Animaux & Cie réussit son pari : divertir. Les studios allemands nous offrent un film familial au graphisme léché. On est embarqué dans l’aventure et l’ont craint même pour notre peau lorsque le canon du Critiques | 17 |

fusil du braconnier se pointe vers nous. La 3D, bien maîtrisée, semble indispensable à l’équilibre du film. Elle permet des plans panoramiques assez spectaculaires et les paysages ont à la fois quelque chose d’irréel et d’authentique. La lumière est réussie et les rythmes africains percutants. Même les voix françaises sonnent justes. Elie Semoun, habitué du doublage (L’Age de glace, Robots) prête sa voix à Billy, le suricate empoté, et joue des aigus et des déglutitions pour parfaire le ton comique. Lecoq, le coq, a l’inspiration chiraquienne, ce qui n’est pas pour nous déplaire, et Perrin, la voix grave des sages. Hormis l’inclinaison manichéenne du récit, Animaux & Cie est donc un pur moment de récréation. Si l’on boude la diabolisation qui est faite des personnages humains, la photographie et le caractère des drôles de héros sauvent le film de la préciosité. Animaux & Cie sait alterner scènes d’action, d’émotion et de frisson. Pour les petits mais aussi les plus grands. Certains y verront des citations du Roi Lion (le cimetière des éléphants, la douleur du deuil, l’esprit de vengeance) mais aussi de Bernard et Bianca au pays des Kangourous (le braconnier et sa soif de trophée). D’autres se contenterons simplement d’apprécier le spectacle qui leur est offert… Que demander de plus ? Ava Cahen


PORTRAIT

© Twentieth Century Fox

critique

Aronofsky : Vivre ou survivre Né le 12 février 1969 dans une famille juive, diplômé d’Harvard et de l’American Film Institute, Darren Aronofsky apparaît comme l’un des surdoués du jeune cinéma américain: cinq films en 13 ans, tous considérés à des titres divers comme des réussites majeures. Darren, qui es-tu ? Tout commence avec « Pi » en 1998 où, avec 60 000 dollars en poche, amassés en empruntant 100 dollars et en promettant d’en rembourser 150, au cas où le film marcherait (ce qui fut le cas!), il se fait remarquer aux Festivals de Sundance et de Deauville. Sorte de descendant éloigné de « Eraserhead », « Pi » se démarque d’une certaine influence lynchienne (personnage solitaire, univers décalé et ésotérique), par un aspect résolument intellectuel, le personnage principal, mathématicien juif s’efforçant de trouver la formule résumant la Torah, l’univers et les cours de la Bourse. Aronofsky y a déjà réuni la plupart de ses collaborateurs, Matthew Libatique à la photo en noir et blanc (similaire aux débuts d’un autre futur grand metteur en scène, « Following » ), Clint Mansell à la musique et Eric Watson à la production. Avec « Requiem for a dream », en 2000, Aronofsky passe à la vitesse supérieure. L’enjeu est de taille: il s’agit d’adapter un roman-culte de Hubert Selby Jr, l’auteur de « Dernière sortie pour Brooklyn ». Le style devient vibrant et syncopé, traduisant à merveille l’enfer de la dépendance dans lequel un quatuor existentiel va descendre en spirales de plus en plus angoissantes. Aronofsky se révèle grand directeur d‘acteurs en offrant l‘occasion d‘une prestation inoubliable à Ellen Burstyn, mère dépressive, hantée par l’obsession de la célébrité. Le film est projeté en séance de minuit au Festival de Cannes, hors compétition (malheureusement), Clint Mansell composant l’un des meilleures B.O. de ces dernières années, obsédante et électrique, semblant enfoncer à chaque coup d’archet

un poignard dans le coeur. Désormais tout le monde a le nom d’Aronofsky sur les lèvres., même si les accusations de style clipesque, voire tape_à-l’œil (!) vont quelques temps à tort s’accumuler. Il est désormais pressenti pour beaucoup de projets, de Batman aux Watchmen. Aucun pourtant ne se concrétisera avec lui car Aronofsky souhaite mener son projet le plus personnel, un poème d’amour et de mort, avec la collaboration de deux stars, Brad Pitt et Cate Blanchett qui, toutes deux, abandonneront le projet en cours de route et se retrouveront, ironie du sort, dans « Babel » de Inarritu. Devant ces défections, Aronofsky ne se décourage pas et engage Hugh Jackman et Rachel Weisz, sa compagne de l’époque.

« The Fountain représente le summum du style aronofskien dans ses splendeurs et ses excès.» Dépourvu de concessions, le film s’exposera aux attaques des détracteurs du réalisateur et récoltera un échec cinglant, suite à une présentation houleuse à la Mostra de Venise en septembre 2006. « The Fountain » gagnera progressivement une aura de film-culte mais pour les financiers et le grand public, Aronofsky est presque mort et enterré. C’est pourtant lorsqu’un réalisateur est donné pour mort commercialement parlant, qu’il renaît souvent, surtout lorsqu’il a autant de talent que Darren Aronofsky. En 2008, il revient de l’enfer en décrochant le Lion d’or à la Mostra de Venise, le Festival qui avait pourtant assassiné « The Fountain ». Avec « The Wrestler », l’heure n’est plus à l’excentricité et au style baroque. Aronofsky resserre son cadre sur un vieux catcheur en perte d’illusions et relance en même temps les bouleversants Mickey Rourke et Marisa Tomei. Sobriété et émotion, tels sont les mots qui caractérisent le film. Portrait | 18 |

BLACK SWAN Sortie en salles : 9 février 2011 Réalisé par : Darren Aronofsky Avec : Natalie Portman, Vincent Cassel, Mila Kunis … Distributeur : Twentieth Century Fox France Durée : 1h43

R Ce sera le film de la résurrection artistique et commerciale d’Aronofsky qui aura su se réinventer en empruntant aux Dardenne et à Gus Van Sant le principe du personnage filmé de dos, caméra à l’épaule, dans un contexte totalement réaliste. Dépourvu de ses tentations esthétisantes, le cinéma d’Aronofsky se révélera pourtant rigoureusement le même, dans sa thématique, se concentrant sur les tourments existentiels d’une âme perdue. Le succès de “The Wrestler” qui rapportera bien plus que son budget modeste, va permettre à Aronofsky de mettre en œuvre un projet autrement plus risqué, « Black swan », drame psychologique sur l’univers du ballet. Sorte de remake trash des « Chaussons rouges » de Powell et Pressburger, « Black swan » révèle une nouvelle facette de l’univers d’Aronofsky, empruntant aux traumatismes devant les tentations de la chair de « Répulsion » ou des films de David Cronenberg. L’horreur n’est pas très loin et Natalie Portman y puise le prétexte d’une composition saisissante en ballerine en proie aux démons de la jalousie et du sexe. A chaque film, Aronofsky aura pour l’instant renouvelé son style et pu rebondir au moment où on ne s’y attendait plus. Moins onirique que Lynch, moins organique que Cronenberg, plus existentiel que de Palma, Darren Aronofsky aura toujours su, au sein d’un système formel parfois très impressionnant, privilégier l’essentiel, les pensées et les émotions de ses personnages. David Speranski

ivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l’ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily... Après le catch, Darren Aronofsy s’intéresse à la danse avec une relecture très personnelle du Lac des Cygnes. Black Swan est né et s’impose sans surprise comme le premier chef-d’œuvre de 2011. Le cinéaste qui a su relancer la carrière de Mickey Rourke permet aujourd’hui à Natalie Portman d’explorer des facettes de son talent encore jamais vues sur grand écran. Celles d’une vraie femme…Aronofsky confirme également son statut de metteur en scène à part dans le paysage américain. Il construit au fil de ses réalisations un style unique, porté par des crescendos hypnotiques, et une énergie commune. Sa caméra est toujours virtuose, au plus près de ses acteurs, et vous habite aussitôt. Ici Taquin et blagueur, Darren ARONOFSKY a répondu aux questions du public du MK2 Bibliotheque dans la joie et la bonne humeur. Comment s’est passée votre nouvelle collaboration avec votre compositeur Clint Mansell ? Pour lui ca a été un vrai challenge de s’emparer de la musique de Tchaïkovski. Chose qu’il a brillamment réussie comme d’habitude.

c’est la plastique parfaite de Natalie Portman, qui, en opposition à la chair torturée de Rourke dans The Wrestler, sera la matière première du film. L’actrice se révèle véritablement bouleversante dans une composition qui pourrait bien (et à juste titre) l’oscariser. Ce rôle, c’est celui de Nina, une danseuse prête à tout pour obtenir le premier rôle du Lac des Cygnes. A force de répétitions, Natalie Portman a su se glisser à la perfection dans les ballerines de son personnage si bien que les scènes dansées sont d’une intensité rarement égalée.Un effet qui doit également beaucoup à la mise en scène classieuse d’Aronofsky qui, toujours caméra à l’épaule, a su s’immiscer au plus près de la vie de Nina, la rendant tour à tour fragile et effrayante. Ce côté obscur, c’est justement le fameux Black Swan du titre. Les jeux de miroirs, d’une finesse et d’une élégance rare, révèlent l’importance du thème de la dualité. Les scènes angoissantes dignes des plus grands thrillers, la paranoïa

insinuée par le personnage troublant de Mila Kunis, les calculs pervers de l’immense Vincent Cassel en chorégraphe manipulateur, révèlent le trouble omniprésent... Darren Aronofsky fait tout pour éprouver Nina, la rendre folle… et nous rendre fous par la même occasion ! C’est sans une fausse note, à un rythme effréné, que le cinéaste nous tient en haleine de la première à la dernière séquence. Un pur moment d’exaltation. Et quoi de mieux pour donner le rythme à un film où la musique tient l’un des premiers rôles, que celle de Clint Mansell justement ? Point d’orgue de cette apothéose filmique : la BO du compositeur et ami d’Aronofsky qui tout en nous faisant réviser nos classiques – merci Tchaïkovski – nous permettra d’avoir au moins un petit regret… qu’elle n’ait pas été sélectionnée à la prochaine cérémonie des Oscars. Marie-Aurélie Graff

quel stade en sont vos autres projets, notamment Tiger ? J’ai toujours voulu faire un remake de Godzilla ! C’est tout ce que j’ai à dire…

en tirer ? Je ne sais pas si c’est conscient mais j’essaie de tirer le meilleur de mes acteurs à chaque fois en tous cas.

On a l’impression que dans tous vos films il y a des monstres sociaux. Aimeriez-vous réaliser un remake de Godzilla ou Frankenstein ? C’est tout ce que j’ai toujours voulu faire, un remake de Godzilla !

Vous avez dit avoir choisi Natalie Portman parce qu’elle a fait de la danse, mais pourquoi spécialement elle ? Parce qu’elle est jolie biensûr, mais y a-t-il une autre raison ? J’ai toujours pensé qu’on ne la castait que pour des rôles de jeunes femmes parce qu’elle a cette beauté fragile justement. Et puis on s’est pris une cuite elle et moi et j’ai réalisé qu’elle n’était pas si jeune et donc que ce serait une très bonne chose de montrer ça.

On sait que votre prochain film sera Wolverine. Peut-on en deviner une approche avec Black Swan et le thème de la mutation ? A

A travers tous vos films, on a l’impression que tous vos personnages sont connectés à quelque chose de spirituel. Y a-t-il un message à

On a parlé de Natalie Portman mais personne n’a mentionné Mila Kunis. Donc a-t-elle subi un entraînement comme Natalie ? Je l’ai vue la première fois dans ce film stupide : Sans Sarah rien ne va. Je ne sais pas s’il est arrivé en France, mais vous aimez beaucoup ce genre de comédies ici je crois. Je l’ai trouvée très excitante et quand Natalie m’a dit « Pourquoi pas ma copine Mila Kunis, pour le rôle de Lily ?» - oui parce que Natalie et Mila sont amies – j’étais à Londres, elle était à L.A. On a chatté et du coup je lui ai proposé le rôle par Skype. M-A Graff

Critique | 19 |


Sélection tv

Sélection tv

PEUT-ON NE PAS AIMER MAD MEN ? Depuis quatre ans, la série de Matt Weiner est l’objet de critiques dithyrambiques (et numéro 1 des tops 2010 de toute la presse), laissant peu de place à la critique négative. De quoi vous sentir coupable de ne pas la regarder ou pire, d’avoir tenté l’expérience sans qu’elle ne vous parAISse concluante. Alors peut-on ne pas aimer Mad Men ?

M

ad Men serait donc une nouvelle étape dans l’affirmation que la fiction télé peut aussi être un art, réconciliant un peu plus les cinéphiles avec les séries qu’ils ont pour habitude de regarder du coin de l’œil et de manière hautaine. Car la première qualité de Mad Men, c’est son style visuel. Il faut reconnaitre cet étonnement éprouvé à la vision du pilote. Les costumes, les coiffures, les décors, les bruits, les silences et les couleurs, et cette impression d’être dans un film d’Hitchcock. Cary Grant va-t-il sortir de son bureau ou bien est-ce Tippi Hedren que l’on va voir entrer dans le champ et que la caméra ne va plus quitter ? Ni l’un, ni l’autre, mais l’illusion est parfaite et l’influence du maître du cinéma est évidente. Bientôt, Betty (January Jones), dont la beauté froide rappelle celle de Grace Kelly, apparaît à l’écran. Tandis que le cinq à sept du héros évoque l’intimité filmée dans la séquence d’ouverture de Psychose. Enfin, le très beau générique est, à lui seul, une sueur froide vertigineuse. L’impact du phénomène créé autour de la série se perçoit notamment par la popularité de son interprète principal – le beau et classieux -Jon Hamm, alias Don Draper. Alors que le thème musical lancinant (extrait d’un morceau signé RJD2) finit de sceller cette image d’une série élégante par son utilisation dans une publicité, qui a – au passage - réanimé une autre figure du mâle sexy et mystérieux des années 60, Alain Delon. Cependant, Don Draper ne sent pas l’Eau Sauvage mais plutôt l’alcool et le tabac froid. La cigarette, accessoire ultime de la série et objet - ô combien - cinématographique. Pourtant, si la beauté de la photographie et la précision de la reconstitution des années 60 peuvent susciter l’orgasme télévisuel, chez certains elles ne suffisent pas. Et derrière cette forme visuelle minutieuse, où l’on sent les personnages étriqués dans leurs costumes, rendant la série parfois étouffante ; il ne se cache rien d’autre qu’un soap-opéra.

Mad Men est avant tout histoires de coucheries, de pouvoirs et de rapports de force au bureau ou dans le foyer. C’est Les Feux de l’amour sans Victor Newman mais avec Don Draper ; sans les déshabillés sexy mais avec des soutiens-gorges cônes. Le sexe y occupe une place prépondérantes, avec ces personnages masculins qui s’envoient en l’air avec leurs secrétaires mais qui ne satisfont pas leurs épouses. Bien sûr, le soap-opéra n’a rien de déshonorant, au contraire. Il est affaire du quotidien et ressemble à ceux qui le regardent. Ici, la narration démarre en 1960, période de jonction entre deux décennies, qui annonce le changement. Période sur-commentée et surreprésentée, les sixties évoquent JFK, les droits civiques, la publicité, les super-héros, Andy Warhol, le féminisme, les plats surgelés, la télévision, etc. Mad Men a ainsi de quoi fasciner, les années soixante étant une décennie des plus shakespeariennes pour les Etats-Unis, soulevant toujours l’intérêt populaire. Mais le regard distant porté par la série sur cette époque est parfois agaçant. Dans sa critique pour le London Review of Books, Mark Greif nommait cela « Now We Know Better ». C’est-à-dire que la série s’applique à montrer une certaine ignorance de la société des années 60, dans sa manière d’aborder des thèmes comme le sexisme, l’homophobie, le racisme, le tabagisme ou encore l’absence de préoccupations envers l’environnement. Et prise entre cette volonté de dépeindre une réalité et cette posture narrative, Mad Men peut parfois entraîner une réaction épidermique suscitant le rejet chez celui qui la regarde. D’autant plus que Don Draper appartient à cette catégorie de héros peu aimable, voire carrément ignoble. Et quelquefois, il semble plus supportable de revoir J.R. et Sue Ellen dans Dallas, plutôt que l’entendre dire à Betty « Prends tes pilules et va te coucher ».

Claire Varin

FAIS PAS-CI FAIS PAS CA Rares sont les séries françaises dont on attend le retour avec impatience et véritable envie. Fais pas ci ,fais pas ça est définitivement de celles-là. Créée par Anne Giafferi et Thierry Bizot, c’est LA comédie. Celle que les américains nous ont envié, puis acheté (les droits) pour finalement développer une série qui lui ressemble (beaucoup ?), Modern Family. De quoi être un peu chauvin et assumer pleinement d’aimer cette série française. Fais pas ci, fais pas ça parle avec humour de la parentalité et de ses difficultés, d’éducation, de la famille et de ses valeurs. La première saison adopte un format documentaire et filme deux familles très différentes – les Lepic et les Bouley – dans des séquences de la vie quotidienne. C’est drôle et décalé mais personne ne regarde. France 2 ne laisse pas tomber la série, commande une seconde saison et lui offre le primetime au lieu de la case du samedi après-midi. Vient alors le succès d’audience. Au passage, la série met de côté son aspect docu pour une structure narrative classique. On peut regretter une perte d’originalité mais ce changement se révèle sans trop grande importance car on aime déjà les personnages. Avec son quatuor d’acteurs formidables - Bruno Salomone et Valérie Bonneton en tête -, explorant délicieusement le ridicule de leurs personnages de parents, tout en restant touchants de sincérité, Fais pas ci fais pas ça mérite largement sa place dans la tiédeur de nos foyers. Car ces familles nous ressemblent admirablement. Certes, il s’agit d’une fiction faite d’exagérations mais on rit davantage devant la profonde vérité qui se dégage de leurs réactions et des situations.

Les dialogues sont drôles, fins et riches en références culturelles (et dans une série française ce n’est pas rien !). Jusqu’à son générique, chanté par Dutronc, et que

chaque téléspectateur motivé prend plaisir à entonner, voilà une série qui nous emporte. Et que dire de l’épique « A taaabbbble !!! » de Madame Lepic, résonnant de justesse et venant ponctuer d’une manière décalée le moment de récréation, que représente à lui tout seul ce générique ? Pour ce début de troisième saison, période des fêtes oblige, nous retrouvons les Lepic et les Bouley au moment de Noël autour de la création d’une crèche vivante à l’église. Lieu rêvé pour exprimer toute l’absence d’autorité de Fabienne Lepic et la créativité de Denis Bouley, tandis que débarquent, comme la cerise sur le gâteau, les parents cathos de Monsieur Lepic. Et dans le rôle de bonne-maman, c’est avec un plaisir teinté de nostalgie qu’on retrouve la prolifique Hélène Vincent. Au-delà d’un clin d’œil amusant, une filiation pertinente à La vie est un long fleuve tranquille (même si vingt ans d’évolution de notre société séparent nos héros des Groseille et Le Quesnoy). Au vu des deux premiers épisodes, cette nouvelle saison s’annonce franchement drôle. Cependant, espérons que la série parvienne à conserver sa fraîcheur et ne tombe pas dans des facilités d’écriture. Le seul risque, finalement, avec les bonnes séries. Claire Varin

Sélection TV | 20 |

THE WALKING DEAD Les zombies débarquent

N

ouvelle série produite, écrite et réalisée par Frank Darabont (Les évadés, The Mist...), The Walking Dead est une adaptation (très) libre du comic éponyme créé par Robert Kirkman et illustré par Charlie Adlard. La première saison de 6 épisodes à été diffusée depuis octobre 2010 sur AMC aux Etats-Unis et est annoncée sur Orange Ciné Choc dès Mars 2011. L’histoire : Rick Grimes, un officier de police, ouvre les yeux après plusieurs semaines de coma, et découvre un monde en perdition...infesté par d’étranges créatures squelettiques. Il entame alors son périple afin de retrouver sa famille et simplement survivre. Amateurs de boucherie décomplexée à la Brain Dead, passez votre chemin ! The Walking Dead est avant tout une série d’ambiance mettant les zombies au second plan pour se concentrer sur les survivants et leurs relations dans un monde post-apocalyptique; certains adorent, d’autres seront plutôt perplexes...

« On a échappé au héros bodybuildé au visage vide d’expression » Il est presque inutile de préciser qu’au niveau de la mise en scène Frank Darabont et son équipe maitrisent leur sujet. Les cadres sont léchés donnant un rendu très cinématographique à certaines scènes, notamment des plans d’ensemble majestueux d’un monde dépeuplé de ses habitants, contribuant à installer une tension latente et une ambiance post apocalyptique, presque lunaire, appropriées au film de zombies et au survival. Un jeu dans l’ensemble assez sobre des acteurs y contribue aussi même si parmi les (trop) nombreux « vivants » de la série seuls quelques uns tirent vraiment leur épingle du jeu en assurant plus que le minimum. Ainsi Andrew Lincoln (Love actually, L’arnacoeur...) qui incarne le héros Rick Grimes est assez crédible dans son rôle de leader malgré lui avec un jeu tout en nuances et se révèle assez attachant si bien qu’on s’identifie facilement à ce bon père de famille qui veut retrouver puis protéger les siens par tous les moyens. On a échappé au héros bodybuildé au

visage vide d’expression et au jeune minet à mèche, hourra ! On distinguera aussi Glenn et Daryl Dixon sur un registre plus comique dans l’action pour le premier et la violence pour l’autre. Jon Bernthal (Shane), dans son rôle de traître, même en cabotinant sur les bords, arrive à maintenir la tension dans les moments un peu vides de zombies. La véritable bonne surprise : Jeffrey DeMunn qui incarne le grisonnant Dale, et s’accapare l’écran par sa présence à chaque fois qu’il prend la parole, se posant en véritable figure de sage du groupe de survivants. A côté d’eux, la série se traine aussi une fournée de personnages secondaires pour la plupart anecdotiques sinon inutiles, occultant d’autres personnages plus importants qui auraient mérité d’être détaillés plus longuement. On pense notamment à Andrea pour le côté sombre et la noirceur future du personnage, malheureusement sous exploitée et plombée par quelques scènes et répliques nanar durant toute la saison. Mais les figures principales sont pour la plupart solides et crédibles. De plus, on sent une volonté de creuser la psychologie et les émotions, d’explorer les peurs, les démons, à défaut d’étripage de zombies en boucle comme seule source de suspense. Enfin, quelques scènes gores, bien que furtives, s’avèrent assez originales, comme certains moyens d’abattre ou de se jouer des zombies , cela sans tomber dans le piège d’un grand guignolesque bain de sang . Les zombies quant à eux sont assez agressifs et pas trop mal maquillés ce qui permettrait presque de compenser la rareté de leurs apparitions. Le principal défaut de la série vient de son rythme décousu. En voulant insister sur la psychologie des personnages , Frank Darabont retombe, ponctuellement, dans ses vieux travers et bascule dans le larmoyant guimauve usant de son expérience en la matière: deux ou trois notes de piano bien appuyées et quelques lignes de dialogue creuses mais pleines de bons sentiments formatés et emballés sous plastique recyclable, au point de mettre à mal l’ambiance. Car si cette dernière est surement le point fort de Walking Dead, encore faudrait il qu’elle soit vraiment justifiée ; certes le rythme des péripéties est plutôt

Sélection TV | 21 |

soutenu voire effréné dans certains épisodes, mais d’autres sont d’une lenteur sans nom, juste une suite de jolis plans à peine ponctués par diverses altercations de campeurs entre les survivants ambiance Koh Lanta. Si bien qu’au bout de quelques épisodes on s’inquièterait presque de voir tous les rescapés survivre toute la saison aux morsures de zombies. Tandis qu’à d’autres occasions les scènes gores sont presque gratuites surfant sur la vague Saw (un survivant qui préfère se couper la main plutôt que ses menottes avec … une scie a métaux). Les ficelles scénaristiques s’avèrent aussi parfois tellement grosses et visibles qu’un épisode perd tout son intérêt à peine commencé. On est bien loin des montées d’adrénaline d’un Breaking Bad. Au final, il reste cette impression d’une série qui vogue entre les styles selon les différents épisodes sans vraiment trouver le sien ; mais encore une fois, six épisodes, c’est un peu court pour juger. Pour ce qui est de la qualité de l’adaptation, les avis risquent d’être tranchés. Certains ne reconnaitront pas le comic qu’ils ont lu et seront outrés par les prises de libertés ; au choix : la lenteur de la série, des situations et des personnages faiblards ajoutés au détriment de l’apparition de ses personnages fétiches ou d’événements attendus.... D’autres apprécieront au contraire d’être en terrain connu mais pas à l’abri de surprises. Enfin, les derniers se diront qu’il n’y a eu que six épisodes diffusés et attendrons de voir la saison 2. Mais d’une manière générale, on a l’impression de voir une transposition très grand public, avec un goût prononcé pour «l’édulcoré» : moins de violence (même si celle-ci débarque par fulgurances), moins de sexe, moins de noirceur. Le parti pris des scénaristes est clair, mais possède néanmoins un potentiel propre, différent de la BD d’origine. Frank Darabont ayant récemment congédié son équipe scénaristique, on espère que cela sera pour le bien de la série mais sachant qu’il compte faire écrire les épisodes de manière indépendante par les nouveaux scénaristes, cela risque avant tout d’accentuer le manque de cohésion de la série. Wait and see...

Ludovic Marthe-Rose


dvd / Blu-ray De Xavier Beauvois Avec : Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin … éditeur : Warner Home Video Sortie Blu-ray : 23 février 2011 Film : 4,5 / 5 Blu-ray : 4 / 5

U

simon werner a disparu...

LA BOCCA DEL LUPO

film se focalise enfin sur les moines et leurs doutes, le visuel typé documentaire un peu consensuel s’estompe au profit d’un discours noble et tente de répondre humblement et à sa manière à la vaste question « C’est quoi la vie ? » C’est quoi la vie d’un moine d’abord ? Déjà, c’est intéressant. Heureusement le film, à force de creuser, dévoile l’homme derrière le moine et les questions existentielles des protagonistes prennent alors une portée universelle. Emmené par un casting bien choisi et d’une grande justesse (les acteurs ont notamment séjourné dans une cellule monastique de l’Abbaye Notre-Dame de Tamié et se sont formés au chant grégorien et liturgique) composé de Lambert Wilson, Michael Lonsdale et beaucoup d’autres, tous excellents, le film atteint même par endroits un certain état de grâce, qui lui va bien, comme c’est le cas par exemple dans la scène du repas. En évitant de s’attarder sur l’assassinat des moines et sur le contexte politique le film de Beauvois préfère composer sobrement sur le thème du sacrifice en se concentrant sur la volonté des moines de rester en Algérie malgré les risques encourus. Pas de vaine fioriture donc, Des hommes et des dieux, riche en émotions, ne manque ni de cœur ni d’âme. Warner nous en propose une belle galette avec un DTS HD MasterAudio 5.1 bien ambiancé et parmi les suppléments on retiendra surtout «Les sacrifiés de Tibéhirine» un complément d’enquête de vingt minutes qui revient sur l’affaire. Pour le reste, il faudra se contenter de galeries moins prestigieuses de projets d’affiches et de photos du film et d’une bande-annonce. A noter sur l’édition ultime la présence non négligeable du CD-audio de la jolie bande originale du film. Nico Paal

Réalisé par : Samuel Maoz Avec : Yoav Donat, Itay Tiran, Oshri Cohen ... Éditeur : TF1 Vidéo

Réalisé par : Gilles Grangier Avec : Jean Gabin, Lino Ventura,

22 septembre 2010

22 février 2011

Note film : 3.5/5 Note DVD : 2.5/5

Film : 4 / 5 DVD : 2,5 / 5

Film : 3,5 / 5 DVD : 4 / 5

Comment attirer (et garder !) le chaland cinéphile sans star au générique, sans moyens stratosphériques ni effets visuels renversants ? Déjà, en apposant les jambes sublimement fuselées d’Ana Girardot sur l’affiche. Mais aussi et surtout en maniant avec une intelligence certaine et un vrai sens de la formule visuelle les reliefs d’une narration déliée et alambiquée. Autour d’une série d’étranges disparitions de lycéens, Fabrice Gobert alimente une angoisse larvée qu’il attise par à-coups, certes inégaux en intensité dramatique, en usant d’ellipses et de plans ‘‘elephant-esques’’ pour enchevêtrer les fils mystérieux de destins incomplets. Ne pas savoir laisse les champs libres aux interprétations et aux fantasmes. Et c’est bien là tout la malice du réalisateur que de varier les points de vue pour investir ces vides, de les combler des délires/supputations/peurs de ces jeunes. Lorsqu’il se joue des faux-semblants et des clichés, sa peinture à l’aigre d’un monde adulte tout en veulerie et sa radiographie du trouble lycéen font de ‘‘Simon Werner…’’ un objet élégant, sensuel et intrigant. Dommage que la qualité granuleuse de l’image ainsi que la maigreur des bonus du DVD ne lui rendent pas hommage…La musique de Sonic Youth dans les bonus vient en renvanche relever le niveau du support !

Enzo a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux d’une prison. Le gangster Sicilien y a pourtant trouvé l’amour, et une forme de salut, grâce à la poésie. C’est son portrait que dessine Pietro Marcello, restitué par bribes, comme autant de morceaux d’une vie brisée, et celui de cette population marginale... Un vrai visage est un livre ouvert et la prison est une petite ville à l’intérieur de la ville qui est une grande prison. Dans la première le temps est simplement plus à l’étroit ; et plus paradoxalement distendu. On le voit mieux se gaspiller. Seuls les rêves n’ont pas changé. En attendant on se ballade de prison en prison. Entre deux, on s’évade un peu. Changer de sexe, la voix de l’autre, un revolver, Dieu. On essaie d’être heureux. Sortir de la geôle. La gueule…Là c’est une mosaïque. Une ville, un homme, une histoire d’amour, un livre-étendard, un poème. Un peu comme si Of Time and the city se télescopait dans un best of de Strip-Tease. Brise-larmes. Il y a toujours un bateau qui file au début des plus belles histoires. C’est le lien qui donne sens, le montage ingénieux de Sara Fgaier. L’image seule n’est qu’un morceau du puzzle ; la photographie, un travestissement. Tantôt sombre, tantôt cramée, perfectible, humaine. Un dvd fidèle avec VOST en stéréo ou Dolby 5.1 en fonction de l’installation. Deux courtes interviews, une petite galerie de photos, des images d’archives.

Julien Lathière

Nico Paal. DVD | 22 |

Film : 3.5 / 5 Blu-ray : 3.5 / 5

Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l’Amazone londonienne du XXIe siècle. Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Adapté du roman graphique éponyme de Posy Simmonds, le dernier Stephen Frears retrouve la fraicheur de ses précédentes comédies britanniques (The Snapper, The Van). Bien que se positionnant sur un mode mineur et léger, Tamara Drewe se présente comme l’un des plus savoureux instant de détente de l’an passé, qui sous couvert du retour dans sa bourgade natale d’une journaliste nasalement transfigurée, s’amuse machiavéliquement à tout dégommer sur son passage avec toujours un flegme et un sarcasme so british. Qu’il s’agisse de la presse people, du show-biz, des intellectuels, des paysans, du couple, de la gente masculine ou de la jeunesse, tout le monde en prend pour son grade. A force de déployer sa critique sur n’importe qui, Tamara Drewe s’éparpille parfois inutilement mais réussi à garder le fil grâce à son charme malicieux (ces messieurs ne son pas prêt d’oublier ce short si courtement bien porté par la craquante Gemma Arterton) et son casting aux petits oignons. La mise en scène distinguée et colorée n’a pas à avoir honte du solide transfert proposé par Diaphana Vidéo. La définition est suffisamment précise, les cou-

LE ROUGE EST MIS

Réalisé par : Fabrice Gobert Avec : Jules Pelissier, Ana Girardot, Arthur Mazet, Laurent Delbecque, Serge Riaboukine… Edité par : Diaphana Edition Video

Réalisé par : Ferdinando Baldi Avec : Tony Anthony, Raf Baldassarre, Magda Konopka, Ringo Starr… Editeur : Wild Side 23 février 2011 Vous avez aimé Zatoichi ? Vous apprécierez certainement son homologue cowboy, le succulent Blindman. Western spaghetti de Ferdinando Baldi, culte à plus d’un titre, Blindman le Justicier Aveugle offre une histoire délirante au service d’un genre alors en décadence. Avec son casting étrange, Tony Anthony y étant accompagné notamment de l’ex-Beatles Ringo Starr, Blindman, à défaut de crever les yeux, crève véritablement l’écran !

leurs joliment retranscrites, les contrastes appuyés ce qu’il faut… Bref pas de quoi faire la moue. Dolby Digital 5.1 ou stéréo, il n’y a qu’à faire son choix tant la qualité sonore est présente à chaque moment, même si on ne peut que conseiller de se tourner vers la version originale beaucoup plus fluide et balancée que son homologue française. Au rayon des compléments, l’interactivité joue la carte de la sobriété en se focalisant sur l’essentiel. Soit cinq comparatifs entre le film et la bd d’origine et un entretien avec Stephen Frears (env. 16 min) conversant sur son travail autour d’une tasse de thé. So british on vous dit. Julien Munoz

milieu des années 50. Un exil qui aboutira d’entrée de jeu à l’un des joyaux de sa carrière et plus généralement du film noir hexagonal de l’époque. Il n’y a qu’à admirer le moment de bravoure de Du Rififi chez les hommes (une séquence de cambriolage entièrement muette étalée sur une trentaine de minutes!), pour se convaincre de l’extrême maestria de cette illustration du roman d’Auguste le Breton grâce au savoir-faire américain de Dassin, galvanisé par la liberté artistique que lui permet le système de production français.

Annie Girardot… Éditeur : Gaumont

Jusqu’ici les affaires vont bien pour le caïd « Louis le Blond » et ses acolytes, Frédo, Pépito et Raymond. Mais l’attaque du fourgon d’une banque tourne mal. Cette œuvre du souvent mésestimé Gilles Grangier est bonne à revoir ne serait-ce que pour se rappeler une chose essentielle sur notre art cinématographique national : le cinéma de genre français de l’aprèsguerre savait en son temps accoucher de bonnes « séries B », délivrées sans génie mais avec talent par des artisans appliqués. Une certaine exception culturelle du divertissement populaire qui n’avait strictement rien à envier à son homologue américain. Si depuis vingt ans la tradition s’est complètement perdue, heureusement une nouvelle avantgarde (Olivier Marchal, Fred Cavayé…) est en train de revenir aux bonnes vieilles valeurs et on ne s’en plaindra pas.Sensiblement moins spectaculaire que celle du Rififi chez les hommes, l’image du Rouge est mis n’en reste pas moins à la hauteur du format bluray qui décape ce petit polar brut et carré, plus jeune dans ses escarpins que 80% des productions grabataires d’aujourd’hui. Même constat pour le DTS-HD mono vidangé qui rutile comme en 14 (enfin comme en 57). Côté interactivité, l’éditeur joue la carte de la sobriété en matière de bonus mais envoie du lourd avec un documentaire de presque une heure, « Gabin-Grangier-Audiard : le film noir à la française » faisant allégrement le tour de la question. Julien Munoz

Blindman, le Justicier Aveugle

2 février 2011

© Gaumont

©Warner Home Video

n monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L’armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. A partir de l’histoire vraie de l’assassinat des moines de Tibéhirine, Xavier Beauvois (Selon Matthieu, Le petit lieutenant…) signe une œuvre puissante et sereine à la fois, profondément humaine, qui lui valut le Grand prix du jury au Festival de Cannes en 2010. Fier d’un beau succès au box-office le film débarque désormais dans nos salons. Si l’histoire est certes touchante, avec ses héros moines, le film de Beauvois n’était pas pour autant certain de rameuter un si large public. D’autant qu’avouons le, une grosse première partie très esthétisée « France 3 Périgords » (pardon à nos amis périgordins) plombe un peu l’entrée en matière. Dès que le contexte politique est bien installé et que le

De Stephen Frears Avec : Gemma Arterton, Roger Allam, Bill Camp … éditeur : Diaphana Video

© Diaphana

DES HOMMES ET DES DIEUX

dvd / Blu-ray

TAMARA DREWE

DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES Réalisé par Jules Dassin Avec : Jean Servais, Marie Sabouret, Robert Hossein ... Éditeur : Gaumont

22 février 2011 Film : 4,5 / 5 Blu-ray : 5 / 5

Synopsis : Tony le Stéphanois est un homme vieilli et usé qui sort de cinq années de prison. Il a perdu sa place dans le milieu. Son vieil ami Jo le Suédois lui reste pourtant fidèle et lui propose le cambriolage d’une bijouterie. C’est l’occasion pour Tony de faire un dernier gros coup. Le hold-up est minutieusement préparé, mais une bande rivale surveille Tony et ses amis… Chassé des Etats-Unis en pleine folie maccarthyste, le réalisateur Jules Dassin se refugie alors en France au

Sans être le coup du siècle, la copie présentée arbore clairement les bienfaits d’une restauration minutieuse et salutaire : des artefacts d’usures persistent mais dans sa globalité l’image de ce blu-ray réussie à montrer patte blanche pour s’avérer digne du support. L’encodage AVC fourni une définition affûtée, les contrastes sont habilement gérés avec des noirs profonds comme on les aime et le rendu argentique granuleux assure les arrières contre tout abus de filtres DNR. Les puristes pourront toujours débattre sur l’utilité d’un DTS-HD pour une piste mono (disponible avec sous-titres pour les malentendants) mais le rendu dépoussiéré, clair et limpide de la piste audio charmera les oreilles les plus tatillonnes. Unique bonus proposé dans cette édition, « Jules Dassin, l’élégance du noir » de Pierre-Henri Gibert décortique pendant plus d’une demi-heure la gestation de l’œuvre grâce aux témoignages de collaborateurs encore vivants (Nadine Trintignant, Robert Hossein), complétés par l’analyse stylistique et émouvante du genre puisque dictée par les récemment disparus Claude Chabrol et Alain Corneau dans l’un de leurs derniers entretiens. Inestimable donc. Julien Munoz DVD | 23 |

Le Baiser de la femme araignée

Réalisé par : Hector Babenco Avec : William Hurt, Raul Julia, Sonia Braga… Editeur : Carlotta 16 février 2011 Huis clos fantasmagorique adapté du célèbre roman de Manuel Puig, Le Baiser de la femme araignée suit la relation complexe entre deux hommes que tout oppose, pourtant réunis par leur même statut de déviants politiques. Portrait à l’onirisme sombre d’un régime totalitaire ce chef d’œuvre de Babenco est servi par un casting de premier choix.

SAINT JOHN OF LAS VEGAS

Réalisé par : Hue Rhodes Avec : Steve Buscemi, Emmanuelle Chriqui, John Cho, Romany Malco … Editeur : Aventi Sortie 1er février 2011 C’est toujours (ou presque) un plaisir de retrouver notre ami Steve Buscemi sur les écrans, même quand il cabotine un max. Comédie aussi imparfaite que barrée sur un ancien joueur qui se retrouve sous la tutelle d’un inspecteur des fraudes à l’assurance, cette adaptation assez libre de l’enfer de Dante, si elle manque d’enjeu autant

Harcelée ! Réalisé par : Yasuharu Hasebe Avec: Asami Ogawa Editeur : Wildside Sortie 02 février 2011

Après l’inoubliable Violeur à la rose, Hasebe revient nous harceler ! Perversions sexuelles sur fond de Beethoven au programme de cette histoire de viol de pervenche par un maniaque invisible. Un policier trash et que certains considéreront probablement comme misogyne mais qui mérite le détour ne serait-ce que pour la plastique fluette de la toute jeune Asami Ogawa, plus fragile et timide que jamais.

THE TOWN Réalisé par : Ben Affleck Avec : Ben Affleck, Rebecca Hall, Jon Hamm … Editeur : Warner Home Video Sortie : 9 février 2011 Ben Affleck confirme avec The Town qu’il est décidément un véritable cinéaste. Lorgnant sur Michael Mann, il signe un pur thriller où le braquage vient se fondre dans une mélancolie inattendue. Les scènes d’action sont spectaculaires à souhait et le couple Rebecca Hall/ Ben Affleck fonctionne à merveille. Jetez vous sur l’édition Blu-Ray qui rend techniquement justice à cette oeuvre soignée, l’un des meilleurs thrillers de 2010.


JEUX VIDéo

A quels films appartiennent ces images ?

JEUX

Edité par Clapmag 72 rue du Commerce 75015 Paris RCS 519413512 Directeur général Romain Dubois-Dana

© Activision

Directeur de rédaction Romain Dubois-Dana Rédacteur en chef Matthieu Conzales

DEAD SPACE 2 éditeur : Electronic Arts Plateforme : Xbox 360 et Playstation 3

27 janvier 2011

Dead Space premier du nom s’était abattu en 2008 avec classe et fracas dans le monde du jeu vidéo. Développé par Visceral Games et édité par Electronic Arts, le jeu s’impose aujourd’hui encore comme l’un des meilleurs – si ce n’est LE meilleur – survival d’horreur de tous les temps. Après des déclinaisons moins révolutionnaires voire peu satisfaisantes, la même année, en film d’animation et en comics,

MARVEL VS CAPCOM 3 éditeur : Capcom Plateformes : PS3, X Box 360, PC

18 février 2011

N’ayons pas peur de le dire, Marvel vs Capcom 1 et 2 étaient des monuments ! Les plus nostalgiques se souviendront même, la larme à l’œil, de X-Men vs. Street Fighter et Marvel Super Heroes vs. Street Fighter. Un gameplay de qualité au service de bastons monumentales dans la plus pure tradition du jeu d’arcade. Bonne nouvelle, pour notre plus grand plaisir la série s’enrichit d’un troisième épisode. Personnages à gogo, combos affolants, fluidité à toute épreuve, animations léchées… de quoi se fracturer les doigts avec joie et exploser ses potes en toute amitié. Parmi les petits nouveaux si les jeux Okami et Devil May Cry sont à l’honneur, ce dernier opus promet comme à chaque fois son lot de surprises. On s’en frotte les mains d’avance… Marvel vs Capcom, comme d’habitude, ça dépote !

l’ingénieur Isaac Clarke est enfin de retour pour un nouveau bain de sang. Se réveillant d’un coma sur une immense ville spatiale connue sous le nom de «La Méduse», le seul survivant d’une terrible infection extraterrestre se retrouve confronté à un nouveau cauchemar sans fin. Luttant contre la folie, traqué par le gouvernement et hanté par la vision de sa fiancée morte, Isaac fera tout pour sauver sa peau et repousser l’assaut massif. Armé d’un arsenal d’outils pour démembrer les Necromorphs et plus déterminé que jamais, l’ingénieur se prépare pour la terreur spatiale. Bande-son envoûtante, ambiance sonore aiguisée, jeu de lumière angoissant au possible… autant d’ingrédients sur lesquels on peut une fois de plus compter avec la même équipe de concepteurs derrière les manettes de cette suite alléchante. Dead Space, c’est un peu un film d’horreur dont vous êtes le héros. Au programme, des graphismes toujours de qualité, une ambiance à

Contact publicité contact@clapmag.com 09 81 63 40 88

faire frissonner dans les chaumières ; quoi de neuf me direz-vous ? De nouveaux ennemis (le Puker qui n’a pas une gueule de porte-bonheur) et un arsenal réactualisé (où j’ai mis mon lance-pieux ?) pour les exterminer. C’est déjà pas mal. Des costumes différents aussi, un système de carte revu qui évite la redondance du métro en début et fin de niveau, une volonté d’accentuer l’action tout en conservant un aspect gore bien délicieux pour ne pas peiner le Clive Barker qui sommeille en chacun de nous. Peut-être un peu plus linéaire aussi, ce Dead Space 2 devrait néanmoins satisfaire haut la main les aficionados de la première version et pourquoi pas conquérir le cœur de nouveaux gamers en mal de sensations fortes. Vers l’infini et l’au-delà !

Rédacteurs Ava Cahen Ariane Picoche Christelle Viero Ludovic Marthe Rose David Speranski Marianne Dubois-Dana Julien Munoz Julien Lathière Claire Varin Nico Paal Victor Vogt Marie-Aurélie Graff dessin Alexandre Donnadieu-Deray Graphisme Romain Dubois-Dana Rédaction Web Victor Vogt

Nico Paal

Email contact@clapmag.com Courrier rédaction 72 rue du Commerce 75015 Paris

KILLZONE 3

TEST DRIVE UNLIMITED 2

éditeur : Capcom Plateformes : PS3

éditeur : Atari Plateformes : PS3, X Box 360, PC

23 février 2011

11 février 2011

Les terriens et les helghasts se livrent une guerre sans merci sur la planète Helghan. Développé par Guerrilla, Killzone 3 sera compatible avec le Playstation Move et proposera une 3D stéréoscopique. Peu de véritables nouveautés par rapoort à son prédécesseur, mais Killzone se repose sur de solides acquis qui ont déjà convaincus. Les Gamers les plus exigeants seront comblés par un moteur graphique plus poussé, des ennemis volants à abattre et un mode multijoueurs on line, ou en écran splitté. Les machineguns sont de sortie pour ce FPS explosif, dans le style de Call of Duty, bourrin à souhait. Pour les amateurs de combats millimétrés où les décors volent en éclats et où l’on défouraille sévère...

Et cinq années plus tard, naquit le nouveau Test Drive Unlimited. Plus affûté que son prédécesseur à tous les niveaux, les amateurs de bolide rutilants et de courses à hauts risques seront aux anges. Le mode multijoueurs permet de faire s’affronter les plus belles voitures du monde dans un univers persistant où l’on peut comparer ses créations, dans toutes les conditions météorologiques imaginables. Graphismes impressionnants, jouabilité revue à la hausse, durée de vie infinie pour un jeu de courses où l’on peut tout aussi bien inviter ses copains chez son concessionnaire pour lui montrer sa collection de voitures que leur fusiller les ailerons au détour d’un virage !

© Alexandre

photo couverture © Metropolitan FilmExport Site internet www.clapmag.com remerciements Yaël Smadja, Jérémie Douchet, Daphné Keller, Olivia Malka Axel Foy

Nico Paal & Romain Dubois Jeux Vidéo | 24 |

prochain numéro …


lISEZ

sur ipad

restez connecté ! Clap ! le mag 2.0 du ciné EST sur votre ipad

APPLICATION GRATUITE téléchargez clap ! sur

Magazine de cinéma Gratuit | Juillet 2010 | Numéro 5 www.clapmag.com

LES FILMS ATTENDUS DE L’ÉTÉ :

TOY STORY 3 EXPENDABLES INCEPTION PREDATORS …

DOG POUND INTERVIEW DE KIM CHAPIRON

BILAN CANNES 2010 PORTRAIT SYLVESTER STALLONE DVD TRUE BLOOD

1ère revue GRATUITE de cinéma sur ipad


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.