La brune
Petit monde
Georgia Doll
Grandir sous emprise : un premier roman saisissant sur une enfance dans une communauté aux dérives sectaires
Fortuna est la vaste propriété où vivent les recrues de la Kommune, une structure communautaire dominée par la figure de Kong, ancien instituteur devenu gourou. Dans cette presque forteresse séparée de la campagne autrichienne par de hauts murs, on prône en ces années 1980 un mode de vie alternatif, renversant capitalisme et famille nucléaire, encourageant la libération par la pratique artistique. En réalité, dans ce monde clos, Kong règne par un mélange de séduction et de punition, soumettant ses disciples à une hiérarchie arbitraire où la place de chacun peut basculer à chaque instant.
Dans ce lieu qu’elle n’a pour ainsi dire jamais quitté, une petite fille, Loly, joue son existence avec toute la gravité des enfants, sa propre place dans le système reflétant celle de sa mère Ariane, l’une des premières adeptes de Kong, qui s’est trouvée progressivement déclassée et séparée de sa fille.
Avec une grande finesse, Georgia Doll fait le portrait d’une enfant qui prend peu à peu conscience des jeux de pouvoir qui l’entourent tandis que sa mère se débat dans un interminable conflit de loyauté. C’est aussi l’histoire d’un attachement, celui d’une fillette et d’un petit garçon, qui luttent ensemble pour rester eux-mêmes.
23 août 2023
14 x 20,5 - 224 pages - 20 e ISBN : 978-2-8126-2489-6
Dramaturge née à Vienne, en Autriche, en 1980, Georgia Doll est l’autrice de nombreuses pièces, créées en allemand ou en français. De langue maternelle allemande, elle se considère aujourd’hui aussi comme une autrice d’expression française. Et c’est en français qu’elle a choisi d’écrire Petit monde, son premier roman dans lequel elle s’inspire de sa propre enfance dans une communauté, l’AAO Kommune Friedrichshof, fondée par un actionniste viennois, Otto Mühl, et dissoute après la condamnation de celui-ci.
#secte
#emprise
#servitude
#abus
« Où est Montichiot ? » lance-t-il en arrivant dans l’atelier. Et les enfants autour de la grande table montrent du doigt Loly pour s’exclamer d’une voix : « La voilà ! »
Loly doit se lever et mimer la chienne contente : elle bouge les fesses et remue avec sa queue imaginaire, elle sort la langue et aboie, les enfants rient et les adultes disent encore qu’elle est adorable. C’est devenu une routine. Toutes et tous ont compris que Loly est à la mode. Les éducateurs aiment la gâter, ces jours-ci. Ils lui caressent la tête en l’appelant Montichiot. C’est un jeu bon enfant que Loly accepte volontiers. Il y a pire que d’être apprécié par tout le monde ! Pendant une bonne partie de la séance éducative, elle doit rester assise sur les genoux de Kong. Il parle en crachant et Loly sent les gouttes de salive s’abattre sur sa nuque comme de la bruine. Quand il gesticule, elle doit veiller à ne pas se prendre son revers de la main dans la figure. Mais elle est au centre de l’univers et parfois, lorsqu’il se lève pour faire un discours, il l’emporte sous le bras comme un colis. Une fois, il la prend sur ses épaules et voilà qu’elle est hissée au sommet du monde. Le sol est à deux mètres de sa tête, mais Loly reste sans s’accrocher, souriant avec courage. Kong. Tout commence et tout se termine avec lui. Quand il parle, les autres adultes se taisent. Il utilise des phrases courtes, trempées d’expressions crues et à la fin, on l’applaudit, on rit, on lance des cris exaltés en hochant la tête avec des yeux mouillés d’admiration. Et toujours, vraiment, toujours, il a raison. Quand quelqu’un d’autre prend la parole, tous les yeux restent fixés sur lui. Une fois qu’il a validé le propos, on peut féliciter l’orateur. Il suffit qu’il relève le coin de la bouche pour faire taire quelqu’un, un haussement de ses sourcils broussailleux peut provoquer des flots de larmes, un jugement critique de sa part mène à être traité comme un pestiféré.
Feux dans la plaine
Olivier CiechelskiStanislas Kosinski est un ancien militaire. Au Mali où il a servi, il a perdu la femme qu’il aimait. Retiré de l’armée, il a acheté un chalet et soixante hectares de maquis et de ravins, un lieu où personne ne viendrait troubler son besoin de silence. Son temps désormais se partage entre les travaux de réparation de sa maison, l’entretien d’un potager et l’observation des plantes et des animaux qui peuplent cette montagne. Mais un jour, Stan découvre qu’on a ouvert un chemin sur son terrain. Au même moment, une bergère, Mathilde, s’installe dans une caravane à proximité avec un grand troupeau. Alors qu’un conflit larvé s’est noué avec des chasseurs qui empiètent sur son espace, Stan voit un soir débarquer chez lui un groupe d’hommes armés.
Dans ce premier roman de haute intensité qui fait se rencontrer Giono et Rambo, Olivier Ciechelski nous emporte dans un territoire où la survie est une lutte de chaque instant. Avec son héros meurtri, sensible à la beauté et à la fragilité du monde, mais qui n’hésite pas à tuer, c’est à une course à travers les montagnes qu’il nous engage. Loin des feux de la plaine, Stan va peu à peu se dépouiller de ses liens avec les hommes.
6 septembre 2023
14 x 20,5 - 256 pages - 20 e
ISBN : 978-2-8126-2490-2
Scénariste, Olivier Ciechelski est né en 1973 et vit en région parisienne. Il a écrit et réalisé plusieurs courts-métrages et documentaires. Également « script-doctor », il enseigne le scénario et a produit plusieurs documentaires pour France Culture. Feux dans la plaine est son premier roman.
#solitude #traque #survivalisme #sauvage
Rouergue noir
Les morts de Beauraing
François Weerts
Thriller politique dans une ville de Bruxelles méconnaissable, capitale de toutes les douleurs et de toutes les haines
Alors qu’un terrible attentat vient de déchirer la communauté catholique, tout paraît accuser de jeunes Belges revenus d’une terre de djihad. Sous le choc des événements, les deux associés d’une modeste agence de presse tentent de rassembler des informations. Yves Demeulemeester active ses contacts dans le milieu islamiste tandis que Léopold Verbist recueille le témoignage du père de l’une des victimes. Tout se corse lorsqu’Ingrid Mertens, militaire d’active et mère adoptive d’un enfant-soldat du Congo, leur apprend la disparition de son fils, petit voyou évoluant aux marges de bandes urbaines. Aux dernières nouvelles, Jérémie s’était mis à fréquenter des cathos ultras, les croisés. Dans un Bruxelles que ne vont pas tarder à bouleverser de violentes émeutes et le déclenchement de lois martiales, Léo et ses acolytes ne cessent de buter sur les mêmes énigmatiques personnages. Que cachent le chanoine Dillens, chef spirituel des croisés, et l’officier Athlan, qui prend peu à peu la main sur le service d’ordre de la ville ? Dans la lourde atmosphère d’une capitale où monte la peur, François Weerts livre d’une main de maître un passionnant roman, portrait d’une ville autant qu’intrigue politique.
4 octobre 2023
14 x 20,5 - 288 pages - 21,50 e
ISBN : 978-2-8126-2508-4
Journaliste belge établi à Waterloo, François Weerts est né en 1960 à Addis-Abeba. Il a publié plusieurs romans policiers, dont Les Sirènes d’Alexandrie (Actes Sud, 2008) et Le Chagrin des cordes (Delpierre, 2015).
#intégrisme #intolérance #terrorrisme #coup d’État
Rouergue noir
Assassins sans visages
Trois enquêtes d’Enzo MacLeod
Peter May
Lors d’une soirée trop alcoolisée, Enzo MacLeod, ancien légiste de la police écossaise établi en France, fait le pari qu’il saura résoudre sept affaires qui ont mis en échec la fine fleur de la police française. Et même lancé sous l’emprise de la boisson, un pari est un pari, parole d’Écossais !
Le Mort aux quatre tombeaux
La disparition de Jacques Gaillard, conseiller du Premier ministre devenu star de la télévision, n’a jamais été expliquée. En quelques jours, à la surprise générale, MacLeod remonte le fil jusqu’à une malle qui contient, outre un crâne humain, une étrange collection d’objets : une coquille Saint-Jacques, un stéthoscope, un pendentif avec une abeille, une médaille de l’ordre de la Libération. Et si, pour élucider le mystère, il fallait se plonger dans l’histoire de France ? MacLeod décide de relever le défi. Sans imaginer que le tueur puisse s’en prendre à lui.
Peter May est l’auteur de la trilogie écossaise (L’Île des chasseurs d’oiseaux, L’Homme de Lewis , Le Braconnier du lac perdu ), vendue à des millions d’exemplaires dans le monde. Sa série Assassins sans visages se déroule en France, là où il a choisi de vivre depuis plus de vingt ans. Elle comprend sept volumes. Toute l’œuvre de Peter May est publiée en français aux Éditions du Rouergue.
Traduit de l’anglais par Ariane BatailleTerreur dans les vignes
Gil Petty était un critique redoutable dans le monde des vins. La publication de ses notes de dégustation était un moment redouté, susceptible de ruiner un vigneron, ou de lui apporter la fortune. Il s’intéressait au vignoble de Gaillac lorsqu’il a disparu. Un an après, son cadavre réapparaît, dressé comme un épouvantail dans les vignes. Il semble bien avoir séjourné un moment dans une barrique de rouge… Précédé de sa flatteuse réputation d’enquêteur hors pair, Enzo MacLeod décide de reprendre une enquête restée au point mort.
La Trace du sang
Alors qu’il vient de se découvrir atteint d’une forme de leucémie foudroyante, MacLeod, l’Écossais de Cahors, doit repartir en chasse. Son enquête va l’emporter des années en arrière dans un petit village espagnol où une famille britannique séjourne avec ses trois enfants. Tandis que les parents se sont absentés pour dîner, Richard, un garçon de vingt mois disparaît. Peter May déploie tous les arcanes d’une intrigue pleine de suspense pour le troisième opus de sa série française.
11 octobre 2023
Omnibus - tome 1
14 x 20,5 - 928 pages - 28,90 e
#enquête
#cold