CHRONIQUE DE LA FIN DU MONDE - Saison 1 : Stupeur

Page 1





Chronique de la fin du monde C’est l’histoire d’une mouche au milieu de l’océan Pacifique, elle nage, se débat, pleure et peste pour ne pas se noyer… Ou plutôt non… C’est l’histoire d’un indien Comanche au beau milieu de l’ile du grand fleuve qui envoie des signaux de fumée, qui danse pour les esprits, qui appelle de son chant l’aigle de sa tribu… Ou plutôt non… C’est l’histoire d’un papillon enfermé dans un placard qui rêve de la lumière, qui rêve d’un diamant dont l’éclat rouvre les yeux clos…. En fait, c’est bien l’histoire d’un villageois qui pardonne au pangolin et qui nous rappelle que sans amour, sans musique, sans les « autres », nos existences sont pitoyables… En ces temps où le contact de chair nous est interdit, le souffle acide et doucement spirituel que nous distille Laurent Roustan nous brûle et nous caresse voluptueusement de son air printanier. Quel bonheur d’être enfin « touché » par des mots citoyens. André Valverde



08 - LA VEILLE DE L'AUTRE JOUR (16 mars 2020)

1 0 - DES TROUBLES ORIGINES JUSQU’À CE JOUR J (18 mars 2020)

1 8 - 5ème MOIS DE CONFINEMENT (20 mars 2020)

22 - WERRA, LE RETOUR DES RAVIOLIS ET L'INVASION DES SATELLITES (26 mars 2020)

26 - DIPLOMATIE DE L'AIL DES OURS (2 avril 2020)

28 - PRENDRE LE MAQUIS SANS OUBLIER SA CARTE BLEUE (6 avril 2020)

32 - ANTICIPER LIBREMENT (9 avril 2020)

34 - LES BISOUNOURS ET LES DIABOLIQUES (17 avril 2020)

38 - DES SENTIERS PARTENT DU BATEAU (24 avril 2020)

42 - ENFERMÉS DEHORS (10 mai 2020)


Chronique de la fin du monde

LA VEILLE DE L'AUTRE

JOUR 16 mars 2020

30

3 commentaires 7 partages

On dit que le virus n'est pas dans l'air. Il règne pourtant un étrange climat dans l'atmosphère pour mon premier jour de confinement. Peut-être ne s'agit-il que du climat de la société des hommes, mais l'atmosphère arrive presque à traduire ce climat en terme terrestre. Avec ce vent notamment, ces rafales subites dans un air sec. Ce léger froid presque collant. Hier soir au retour du travail, vers une heure du matin. Boucler une journée d'élections municipales qui n'en verra peut-être pas une autre, nous saurons ce soir. Et après, ce vent, ce froid, la ville déserte, les routes désertes, une atmosphère assurément de fin du monde, une impression que chacun de nous devient à présent un survivant en sursis, une espèce menacée. L'espace se réduit donc. Les 20 km pour aller au travail sont devenus une douzaine de mètres d'escaliers pour grimper au bureau sous les combles. Petteri a installé il y a quelque temps son studio d'enregistrement dans la chambre d'amis d'à côté. Il est donc à 10 km de chez lui, peut-être est-il dans l'illégalité, qui sait. Pour lui aussi, l'espace s'est réduit : 10 km, ce n'est rien comparé aux centaines de kilomètres qu'il accomplissait tous les week-ends avec les Zoufris Maracas, alors en pleine tournée. Mais le virus a coupé le son, interdit tout contact entre les êtres. Le monde virtuel menaçait de le faire, avec son « sans contact », internet, la réalité augmentée (augmentée de quoi ?), la vie rêvée pour chacun, en numérique. Mais la réalité a repris sa place, la nature (la nôtre, celle de la planète ?) s'est chargée de transformer notre monde devenant virtuel en réalité physique. « C'est ce que vous vouliez ? » Et du coup, internet redevient aujourd'hui un lien utile entre nous, entre les femmes et les hommes sommés de vivre séparés les uns des autres. Il y a même des couples qui font lit à part, parce que


9

l'un d'entre eux est suspecté d'être atteint par le virus. Nous sommes dans l'ère de la suspicion, et pourtant, paradoxalement, nous sommes peut-être à l'aube de nous sentir chacun un peu plus proches les uns des autres, plus à même de nous comprendre. Puisque nous vivons tous la même chose. A condition bien sûr qu'il y ait une aube. Ce soir, le gouvernement devrait annoncer le confinement total de chacun sous 48 heures maximum. Avec déplacements soumis à autorisation. Ici, loin des villes et presque loin des villages, nous avons encore la possibilité de jouer les rebelles, de se balader en rase campagne. Notre espace au dehors est non peuplé. Une chance. Bon, les renards peuvent nous refiler la rage, les oiseaux la grippe aviaire et les chevreuils l'envie de revoir Bambi. Pour l'instant, jouissons avant que Big Brother ne nous mette sous clé. En mode télétravail, à attendre les appels et les interventions sur l'édition du mardi. A côté, Petteri a amené ses filles et fait du son. Alfid et Lydia se croient dans une cabane. Au journal, c'est le bordel. On m'a même oublié. J'attendais patiemment devant les écrans, configurés en mode boulot. Les sites buguent, la consommation d'internet doit monter en flèche. Sur notre tchat, les infos défilent, en off : des images de rayons de pâtes vides dans les supermarchés, des restaurants qui vident leurs frigos sur le trottoir et où tout le monde vient se servir, l'annulation du deuxième tour des municipales... Bienvenue dans le monde des hommes. Lequel part en sucette avec un simple virus tenace. En fait, c'était peut-être le seul espoir, encore une fois. Nous ne pouvions pas continuer comme cela. Il fallait que cela casse, cesse, freine, se calme, ou explose. Cette phrase est venue hier soir : « ILS TENTERONT DE CONTRÔLER TOUT. JUSQU'À L'INCONTRÔLABLE. » Bien, le chef a parlé, « nous sommes en guerre » : dès demain midi, nous voilà partis pour 15 jours au moins à rester chez soi, éviter tout contact, avec interdiction de se rassembler à l'extérieur. De visiter les voisins. De s'embrasser. Nous sommes devenus virtuels pour de vrai.


Chronique de la fin du monde

DES TROUBLES ORIGINES , JUSQU A CE

JOUR j 18 mars 2020

50

25 commentaires 3 partages

Je comptais les mouches à mes fenêtres en me réveillant : zéro. Et depuis le réveil, à peine en ai-je vu deux ou trois. Vous êtes sûr qu’il n’est pas dans l’air, le virus ? Je comptais, et je comptais aussi-vous conter un brin de la journée d’hier, premier jour où nous étions chacun confiné at home, sauf exception. Et deuxième journée de télétravail sur la « mobylette à deux phares » qui me tient lieu de poste de travail pour l’édition de ce mercredi. Plus de huit heures quasi non-stop devant les écrans, que j’ai changé de place pour mieux capter la wi-fi. J’ai pris le « studio » de Petteri, qui ne reviendra que la semaine prochaine. Hier, je n’ai vu que deux êtres vivants. Le premier, un lézard se dorant au nouveau soleil sur le rebord de la fontaine, quand je suis allé fumer une clope dehors, histoire d’aller défier un peu le Covid-19. Un nom de cibiste, ça : « Allô Covid 19 ? Ici Impavid 34, tu me copies ? T’aurais pas vu passer Livid 22 par hasard ? A toi. » Et la deuxième personne, c’était Mouche, un voisin, quand je suis allé jeter la poubelle (ah ben si, il y en a finalement, des mouches). On a marché un brin côte à côte en respectant les distances (ah si, il y a une moto charriant un couple casqué qui est passée entre nous). Mouche a un look d’un ancien des raves parties mais il en est revenu. Il est CDD à la RAGT ou un truc comme ça, mais là, le voilà au chômage technique. Enfin, viré, quoi. Le coronavirus, ça le fait flipper, « moi qui suis fumeur, dit-il, j’ai pas envie de choper cette saloperie ». Moi aussi, faudrait que j’en profite pour arrêter, bon dieu.


11

Bref, je voulais raconter cette journée, et aussi celle-ci qui était donc « Le lendemain de l’autre jour », et où ça fleure bon le printemps. Rémi m’a appelé pour ma chambre en chantier et viendra refaire le plancher du premier la semaine prochaine en demandant une dérogation (après tout c’est son boulot). Je lui demanderai d’amener son accordéon, ce sera l’occase d’un peu de musique. Bingo. Voilà que sur les réseaux sociaux tourne façon buzz une vidéo d’un certain Antonio présentant le « brevet d’invention » du coronavirus, un pavé de quelque 320 pages enregistré « EP 1 694 829 B1 » (on dirait mon code de sécurité bancaire sur internet) et créé le 4 août 2010. Comme tout ce qui est viral est à prendre avec des pincettes aujourd’hui, sur internet y compris, je vérifie un peu. D’abord ledit document et son en-tête : l’Office européen des brevets (OEB, en anglais European Patent Office ou… tiens EPO, c’es marrant) existe bien, le siège à Munich, et patati, et patata… Voyons l’acte de naissance du coronavirus Voici la liste de ses « inventeurs », mais comme dit l’ami Christophe, ça veut dire aussi ses « découvreurs », ses Christophe Colomb, quoi : Frederik Inst. Pasteur, Bureau des Brevets et Inventions KUNST : Benoît CALLENDRET Valérie LORIN Frédéric Tangy Jean-François DELAGNEAU Saliha Azebi Jean-Michel Betton Ana Maria Burguiere Pierre Charneau

Chantal Combredet Bernadette Crescenzo-Chaigne Nicolas Escriou Sylvie Gerbaud Jean-Claude Manuguerra Monique Martin et Sylvie Van Der Werf …


12

J’ai envie de rajouter « ont la joie de vous faire part de la naissance de Covid-19 en ce joli mois d’ahoût 2010. Neuf ans et demi plus tard, le bébé se porte très très bien. » Forcément, c’est un lion, comme ma sœur, il a du caractère. C’était un chouette jour, ce 4 août 2010 : le groupe pétrolier BP a enfin colmaté la fuite à l’origine d’une gigantesque marée noire dans le golfe du Mexique, et au Kenya, 72,1 % de la population de plus de 18 ans participe à un référendum sur un projet de nouvelle Constitution. Le « oui » l’emporte par 69,83 %. Mais je disgresse... Ou alors, l’équipage de la Santa Maria, de retour de sa croisière dans les virus, ayant découvert l’ami Covid, le ramena-t-il à son bord en Europe, permettant à son Colomb de se pavaner devant la reine d’Espagne : «Goûtez-moi ça, votre altesse : c’est l’Amérique!» Enfin, bref, toujours est-il qu’on l’a trouvé, ce coronavirus. Et qu’on l’a découvert peut-être en tripotant des coronas dans les laboratoires, via l’utilisation d’isotopes radioactifs, des clonages et autres séquençages cités dans le document. Notamment sur le Sras. Après tout, on a bien découvert le vaccin contre la rage, en l’inventant. Le langage scientifique, c’est confuse et compagnie. Alors ne jouons pas sur les maux et buvons une autre bière. Non merci, pas une Corona. En passant, et en parlant de mots, un extrait de ce brevet décrivant la bébête. Si quelqu’un peut me dire si ça veut dire quelque chose… : « Lorsqu’une cellule hôte est infectée, le cadre de lecture (ORF) situé en 5’ du génome viral est traduit en une polyprotéine qui est clivée par les protéases virales et libère alors plusieurs protéines non-structurales telles que l’ARNpolymérase ARN dépendante (Rep) et l’ATPase hélicase (Hel). Ces deux protéines sont impliquées dans la réplication du génome viral ainsi


13

que dans la génération de transcrits qui sont utilisés dans la synthèse des protéines virales. Les mécanismes par lesquels ces ARNms sub-génomiques sont produits, ne sont pas complètement compris ; cependant des faits récents indiquent que les séquences de régulation de la transcription à l’extrémité 5’ de chaque gène représentent des signaux qui régulent la transcription discontinue des ARNms sub-génomiques. » Et pour en revenir à Christophe Colomb, deux extraits de la description du cibiste : «La présente invention a également pour objet un polynucléotide isolé ou purifié (...) Les termes « isolé ou purifié » signifient modifié « par la main de l’homme » à partir de l’état naturel ; autrement dit si un objet existe dans la nature, il est dit isolé ou purifié s’il a été modifié ou extrait de son environnement naturel ou les deux.» Nous sommes en 2010, encore dix balais à remonter jusqu’à ce jour du 18 mars 2020, alors on avance, on avance dans la lecture. Tiens, une fin d’épidémie (ou l’éradication du virus) programmée pour décembre 2024 : « Application EP04805625A events 2003-12-02 Priority to FR0314152A 2003-12-02 Priority to FR0314151A 2004-12-02 Application filed by Centre National de la Recherche Scientifique CNRS, Institut Pasteur,

Université Paris Diderot (Paris 7) 2004-12-02 Priority to PCT/FR2004/003106 2006-08-30 Publication of EP1694829A2 2010-08-04 Application granted 2010-08-04

Publication of EP1694829B1 2020-03-18 Application status is Active 2024-12-02 Anticipated expiration »


14

A noter que « l’application est active » le 18 mars. C’est à dire aujourd’hui. C’est pour ça que je ne vous ai pas fait plus de considérations poético-philosophiques sur ma journée de vieil ours solitaire : c’est le jour J, nom de Zeus ! Ce qui est certain dans les propos d’Antonio, c’est qu’il y a bien un laboratoire franco-chinois à Wuhan. • Sur inserm.fr : « Le Professeur Yves Lévy (c’est bien le mari de notre ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, comme dit Antonio), Président-directeur général de l’Inserm, a présenté ses vœux pour l’année 2018 lors d’une cérémonie organisée à Paris le 16 janvier 2018. L’occasion de dresser un bilan des actions accomplies et d’annoncer les grandes actions qui seront conduites au cours de l’année à venir. …/… «Le rayonnement européen et international de l’Inserm, fondé sur des partenariats à haute valeur stratégique reste l’un de nos objectifs majeurs», a rappelé Yves Lévy. …/… En Chine, alors que vient d’être inauguré le laboratoire de haute sécurité biologique P4 de Wuhan, conçu sur le modèle du P4 Inserm Jean-Mérieux à Lyon, la coopération en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses émergentes va se poursuivre.

• Sur gouvernement.fr Discours du Premier ministre à la cérémonie d’accréditation du laboratoire de haute sécurité biologique P4 - Wuhan (Chine) « La France est fière et heureuse d’avoir contribué à la construction du premier laboratoire de haute sécurité biologique P4 en Chine. Conçu par des experts français, puis mis en chantier à WUHAN en 2011, cet outil de pointe constitue un élément central de la réalisation de l’accord intergouvernemental de 2004 sur la coopération franco-chinoise en matière de prévention et de lutte contre les maladies infectieuses émergentes. »


15

• C’était le 23 février 2017, je rajoute un extrait du discours, il est savoureux : « De même que le nouveau laboratoire P4-Inserm de Lyon, conçu par les mêmes sociétés françaises, celui où nous nous trouvons est un modèle de technologie au plus haut niveau mondial. Parfaitement maitrisées par nos entreprises d’ingénierie et nos équipementiers, ces technologies de laboratoire constituent un atout majeur pour garantir la sécurité des populations tout en développant une capacité nationale de gestion du risque biologique. »

« Parfaitement maîtrisées » : ça me rappelle l’EPR, tiens, je ne sais pas pourquoi... J’adore tellement que j’en rajoute : « Depuis la pandémie de SRAS qui en 2003 a coûté la vie à des centaines de personnes, principalement en Asie, nous avons pu mesurer la gravité des risques et l’importance d’une coopération internationale renforcée dans ces domaines. Car le dérèglement climatique, la mondialisation des échanges, l’accroissement de la mobilité des personnes, des espèces animales et des denrées alimentaires ne connaissent pas de frontières. La France et le monde ont été confrontés, au cours des dernières années, à des crises sanitaires majeures, qui représentent un défi grandissant pour la communauté internationale. Je pense bien sûr aux épidémies de CHIKUNGUNYA, de ZIKA, et de fièvre hémorragique EBOLA. »

Encore ? Oh oui, encore : « Parce que les crises sanitaires portent avec elles des risques considérables de déstabilisation économique, sociale et politique, nous devons agir au niveau international en nous dotant d’une gouvernance solide. Soucieuse au plus haut point de la sécurité sanitaire mondiale, la France a compris la nécessité de renforcer les moyens de la recherche au plus près des lieux d’émergence des épidémies. C’est pourquoi elle a joint ses forces à celles de la Chine pour créer à WUHAN un laboratoire P4. »

Pour être au plus près, c’était au plus près.


16

Tout de suite, on se sent plus en sécurité, pas vrai ? Pour mémoire, le premier ministre de l’époque était Bernard Cazeneuve, et François Hollande son président. Alors peut-être y croyait-il, dans ce quinquennat de bisounours... Sur 20 minutes.fr, en février 2020 : «Hervé Raoul, directeur du laboratoire P4 Jean Mérieux-Inserm de Lyon, celui qui a servi de modèle au laboratoire P4 de Wuhan, nous rappelle toutefois les nombreuses mesures de sécurité en vigueur dans ce type d’établissement partout à travers le monde (extraits) : « Les laboratoires sont complètement étanches, avec un système de filtration absolue de l’air, des sas, des douches de décontamination chimiques utilisées sur les scaphandres des équipes (…) Il est à peu près impossible qu’un technicien infecté sorte du laboratoire (…) Il n’y a aucune raison de penser que les scientifiques du laboratoire de Wuhan travaillent sur le coronavirus. »

Sur le site du laboratoire de Wuhan, toutefois, le Sras y est mentionné comme «élément fondateur» dans la décision de la construction du laboratoire, suite à l’épidémie de 2003. Ce que souligne d’ailleurs le discours de Cazeneuve. On peut logiquement penser que ledit virus ait servi d’outil de travail, avec d’autres bébêtes, à Wuhan. Je laisse ceux qui ont un meilleur anglais que moi (ou un meilleur chinois) l’occasion d’y aller glaner quelques infos sur la « raison sociale » du lieu : http://english.whiov.cas.cn/ne/201801/t20180117_189133.html

Enfin, il reste à savoir si ce « lâcher » de virus (si lâcher il y a) n’est pas tout bonnement intentionnel, comme le suggère le bel Antonio en nous montrant ce « brevet d’invention » sur sa vidéo… Economiquement parlant (au moins !), il y a c’est certain un intérêt énorme. Je ne pense pas que ce soit intentionnel, sinon cela aurait été fait loin d’un labo tripoteur de virus, ça m’a l’air plutôt d’une boulette… dans un premier temps. Après ma foi, quand le vin est tiré… Bon, là, je me fais l’avocat du diable, ou du bon Dieu. Mais c’est du pareil au même, non ? Après tout, le bon Dieu, créateur de toutes choses, n’a-t-il pas créé le diable ? Ou a-t-il fait une boulette, lui l’omniscient ?


17

Alors, l’invention du coronavirus, est-ce une invention ? La présence d’un « laboratoire de haute sécurité biologique » travaillant sur les virus sur le lieu de départ de la pandémie du Covid-19, est-ce un pur hasard ? Juste un truc à vérifier, pour ceux qui parlent le scientifique : se pencher sur le document. Qui sait, il y a peut-être dans tout ce fatras de schémas et d’équations la formule du vaccin. Je dis ça, je dis rien. Bon, mais ce n’est pas tout, j’ai des courses à faire, des barrages peut-être à traverser, le monde en claustration, l’assaut majeur en mode « application active » du cibiste virus. Et je suis curieux d’aller voir à quoi ressemble ce monde d’après. Car j’espère qu’il n’y aura pas de retour à la normale, ce serait triste, et qu’il y aura bien une fin du monde. Et le début d’un autre, aussi beau que cette première vraie journée de printemps : que de fleurs sur mon balcon, des chants d’oiseaux, du piano sur radio Dourdou, ah le doux redoux… Et demain, je sortirai aussi, en espérant que je ne sois pas le seul à le faire. Les morilles aussi pourraient le faire. Les morilles, mes aïeux, ça n’est pas humain : c’est divin. Je ne risque donc rien. A moins d’une boulette...


Chronique de la fin du monde

5eme mois de

confinement 20 mars 2020

50

25 commentaires 3 partages

Le premier jour du printemps. Et le premier jour où ici l’on peut faire sécher du linge dehors. Ce qui fut fait, en cueillant du persil. Je renonce à chercher les origines de la pandémie de coronavirus, c’est énervant. L’ami José depuis le Portugal me dit « Creuse ». Mais je n’ai pas de pelle. Le bel Antonio, d’après les articles de Libé et du Monde (merci Christophe et Léa), s’est planté. En plus le brevet mentionné et brandi ne serait pas celui du coronavirus qui nous brise les noix, mais sa version 1. C’est la version 2 que nous avons, qu’elle soit découverte, inventée ou trouvée, je m’en tape au final. Le seul truc que j’ai appris dans cette vidéo, c’est qu’il y a un labo sur le lieu initial de l’épidémie, un labo conçu pour justement nous protéger contre ce genre de truc. Que ça ne choque personne, soit, mais avouez qu’au vu des conséquences, et si on disculpe le labo quant à son implication directe ou indirecte dans la propagation du virus, ça fait quand même idiot, pour ne ne pas dire tragiquement ridicule, d’avoir été « au plus près » d’un foyer de virus sans avoir vu le truc venir. On devrait rembourser les contribuables français d’avoir accepté de financer une telle escroquerie. Mais bon d’accord, pour contenter tout le monde, on va dire que l’épidémie du Covid-19 a débuté quand un pangolin de la 2ème génération a sodomisé le sonotone d’un octogénaire de Wuhan sous les fenêtres d’un laboratoire franco-chinois de haute sécurité biologique, lequel octogénaire, une fois rentré chez lui, s’est sucé les doigts après avoir enlevé ledit sonotone, et quelque deux semaines plus tard, enfin du moins le temps d’incubation de la maladie, a roulé un patin à une affriolante septuagénaire franco-italienne lors d’une rencontre internationale des clubs des cheveux d’argent en Chine.


19

Au moins, on peut quelque part dire que les morts venus et à venir le sont et le seront par une cause naturelle. Mais je suis chafouin, et je persiste à penser qu’il y a une part où l’homme est responsable, par sa façon de vivre ou de faire en ce monde. Christophe dit « La nature est vicieuse aussi », et je dis oui, surtout si on la tripote, pour paraphraser Desproges qui ne perdait pas une occasion de parler de zigounette et de pilou pilou. Mais OK, gardons ce qui est important, et concentrons-nous sur le présent, l’essentiel, le vital : les morilles ne sont pas encore de sortie, mais l’ail des ours a montré son nez. Il a d’ailleurs fait partie du menu d’hier soir. Après avoir fait des achats alimentaires « essentiels », comme stipulé sur l’ausweiss nécessaire pour circuler (Tonton appelle l’attestation comme ça, j’aime bien), j’ai parfumé d’ail des ours une cassolette d’amandes au vin blanc maison. Les amandes étant des coquillages, pour ceux qui ne font que dévaliser le rayon pâtes des supermarchés. Laquelle cassolette fut suivie d’un steak de thon rouge avec riz façon pilaf, arrosé de la sauce des amandes. Je ne vous dis pas si c’était bon ou pas. Oui, c’est mal de manger du thon rouge. Corona virez-moi. Mais au moins, j’aurais regoûté à quelque chose de bon si je devais y rester. Et puis, lorsque l’on se retrouve confiné, il est important de se faire plaisir, de prendre plaisir à faire des trucs qui passent inaperçus dans notre trépidante vie d’homo sapiens sapiens du XXIème siècle. Faire la cuisine, prendre une douche, passer le balai... Croyez-moi, en matière de confinement, j’en connais un rayon. A tous les confinés solitaires, bienvenue dans mon univers. Dans les grandes lignes, hormis le fait que j’allais bosser à Rodez et qu’au retour, je buvais un verre à la Pachole histoire de voir quelques têtes connues de plus, ensuite, c’était du confinement. Hormis quelques instants passés avec les amis, les bises claquées et les pognes serrées, je suis en fait confiné depuis la mi-novembre. J’attaque là mon 5ème mois de confinement. Intérieur également. J’explique. Cela est dû à une peine de coeur aigüe. Après des mois (cinq) à faire face à une dépression nerveuse que j’ai combattue pour tenter de sauver un amour et un avenir qui s’étaient assez clairement dessinés, et ensuite, après une échappée dans les calanques de Marseille début novembre, échappée qui n’était pas prévue pour être en solitaire, je suis à mon tour tombé en état dépressif. Vient l’hiver là-dessus, saison où j’ai la propension à me mettre un poil en hibernation, surtout quand je n’ai pas de motivation. Puis, mes « vacances de Noël », une dizaine de jours autour du Nouvel an, furent consacrées à une cure de sommeil « maison » (je n’étais pas assez dépressif pour avoir une cure


20

sur ordonnance, mais je me suis fait briefer pour faire ça tout seul). Je n’ai même pas trouvé l’envie d’aller faire le réveillon avec les copains de Villecomtal (désolé tout le monde, c’était pour ça). Puis en janvier, après la « cure », ça allait mieux, mais m’est tombée dessus la mort de Josette, le fait divers. Pendant des jours sous pression, et le soir vidé. Je me disais qu’au printemps, aux beaux jours… Et voilà qu’on me reconfine encore, à cause d’un pangolin qui a snobé la science. Bon, ceci dit, j’ai calculé un brin ma zone de confinement. Je suis en équidistance entre plusieurs magasins d’alimentation, lesquels sont à au moins 10 km de chez moi. Bozouls, Sébazac et Villecomtal, j’ai le choix, ce qui fait un territoire de confinement de quelque 220 km². Et si je rajoute Estaing (il y a une petite épicerie là-bas), le surface double quasiment, une surface où je ne suis pas emmerdé par la promiscuité légale. Où il y a le Lot, le Dourdou, et des paysages merveilleux. Donc, le confinement, ça ne me change malheureusement pas trop les habitudes. Pour cela, il faudrait que... Quelqu’un voudrait bien se confiner avec moi ? Ouais ouais, je vois.... Et enfin, le confinement, prenez-le avec des pincettes, lui aussi. C’est un truc qui peut être aussi très contagieux. La vie et ses explications sont complexes, mais d’après le professeur Raoult de Marseille, du comité scientifique Covid-19 (merci encore


21

Léa, et en attendant d’éventuels détracteurs -Et ça n’a pas manqué, étant donné notre bipolarité collective d’opinion-), il n’était pas nécessaire d’en faire autant, aussi «brutalement». Je partage assez cet avis, ou on ne nous dit pas tout. Il y a bien sûr la pandémie, les gestes à faire pour tenter de l’endiguer, mais je n’ai jamais cru qu’un Etat était un organisme tout dévolu à ses administrés, un truc bienveillant et bon enfant. Relisez Morin, par exemple. La peur que nous avons tous, et ici surtout face à un ennemi invisible et mal défini, est l’un des éléments clé qu’a l’État pour nous faire marcher au pas. Et là, tout le monde a peur. Le coronavirus est, malgré tout ce que l’on dit, l’équivalent d’une très très grosse grippe, très virale et qui peut toucher la moitié de la population française. Mais dans plus de 95 % des cas, nous nous en sortons, «en quelques jours», a dit un officiel. Un peu moins bien évidemment dans les populations à risque (sale temps pour les octogénaires). Il n’y a pas que ça, mais je pense qu’il y a quelque chose de malsain dans ce confinement imposé. Quelque chose qui ressemble à une dictature de la santé. Soyez vigilants bien sûr pour votre santé et celle de vos proches. Mais soyez vigilants aussi par rapport à nos libertés, notre clairvoyance, et nos consciences. Et en PS, une pensée pour l’amie Anny Petron du Jura, contaminée. Vous pouvez lui faire coucou.


Chronique de la fin du monde

WERRA, LE RETOUR DES RAVIOLIS ET L'INVASION DES SATELLITES 26 mars 2020

28

13 commentaires 2 partages

Lors du premier jour du confinement, Petteri était donc venu enregistrer, puis il avait rejoint Milja pour faire des courses. Je lui avais donné 20 euros pour qu’il me ramène quelques boissons et victuailles, étant coincé devant l’ordinateur à télébosser tant bien que mal. Ils étaient revenus faire encore un peu de son et m’avaient laissé bières, pain et quelques conserves, parmi lesquelles une boite de raviolis. Des raviolis… C’était fin des années 70 et les conserves de grande distribution débarquaient dans les campagnes profondes, quand bien même productrices de meilleurs (et plus frais, et plus sains) produits alimentaires que le monde industriel. Ma grand-mère Maria avait beau faire des litres de « tomata », mettre en conserves des haricots et des petits pois, faire de la confiture, les produits manufacturés, et mon beau-grand-père tuer le cochon pour faire pâtés, jambons et saucisses, les boites étiquetées des grandes compagnies s’invitaient sur la table. En semaine seulement, car c’était plus pratique parfois, et puis nous étions gosses, et pas difficile. Déjà le goût nouveau de quelque chose qui ressemblait à du ketchup en bouche. Les gamins ont des goûts de chiotte, on leur fait tout gober en leur disant que c’est à la mode. Et on aimait ça, les raviolis, c’était le top de la famille des pâtes. Et puis ensuite, les choses se sont gâtées. Plus les hormones rebelles de l’adolescent fleurissaient, plus les raviolis devenaient fades, répétitifs, quasi mécaniques, enfin bref une corvée à avaler. Et quand l’oiseau s’envola du nid familial, c’était aussi quelque part pour fuir les raviolis. Sauf qu’eux aussi avaient fait leur nid dans le subconscient du fuyard : étudiant, c’est presque par atavisme qu’il achetait une boite de raviolis, et en période de difficulté financière, la boîte de raviolis réapparaissait narquoise près de la casserole. Je tentais alors de sublimer l’instant en changeant la façon de les servir : en les lavant par


23

exemple de leur pseudo sauce tomate et en les cuisinant en gratin, ou en sauce blanche avec des oignons. Mais la lassitude revenait vite, aussi, je plaquais définitivement les raviolis en boite pour les ravioles fraîches, et autres pâtes farcies de choses diverses et variées, à condition qu’elles ne soient pas mises en boite. Jusqu’à ce jour maudit où le coronavirus mit en confit la planète entière. Et que réapparut sur ma table, telle une madeleine de Proust en métal, la boite de raviolis. Me rappelant ma chiche enfance alimentaire, le pain dur trempé dans le bol de chocolat au lait, l’orange pliée dans du papier doré qui servait de cadeau de Noël… Ah, folle jeunesse… Bon, cela me faisait un revival au moins à célébrer. La boite de raviolis ramenée par les copains était peut-être pour moi synonyme au mieux de temps révolus, au pire de périodes difficiles, mais elle collait au moment coronaviresque qui nous avait placés en état de guerre d’un bout à l’autre du boulard bleu. Et puis, peut-être que mon souvenir gustatif était erroné : les raviolis en face de moi sont bio, ils ont l’air joli sur l’étiquette, et richement farcis. Peut-être sentirait-on la viande au palais… Mais non, bio ou pas, le ravioli en boite des temps de guerre avait le même goût que celui des temps de l’enfance ou de ceux des galères. Au passage, le mot « guerre » vient d’ici, de France, des Francs et du mot « werra », qui signifie « à éliminer » ou « a éliminé ». Étonnant, non ? Bref, on n’a donc pas fini de ramer. Le pic de pollution épidémique est attendu en France pour ce week-end, jusqu’au 4 avril. Hier soir, l’hôpital de Rodez nous a envoyés un texto pour nous dire de rester chez nous et d’acheter du pain congelé. Que les contaminés potentiels arrivaient en fin d’incubation et qu’on allait en voir de toutes les couleurs et à tous les niveaux. Surtout les vieux et les personnes à risque. J’en fais peut-être partie, je ne suis plus tout jeune sans être pour autant tout vieux, et je suis un brin mou du poumon, surtout du gauche. Mais je n’ai pas peur. J’ai peur pour des membres de ma famille, des amis et leurs familles, mais pour moi, je n’ai pas peur. Je suis en colère. Je suis en colère et j’espère qu’après cette horreur, nous n’aurons pas peur de botter le train à ce monde qui nous a amené là, à ce système sociétal, à nos chères élites qui au minimum n’ont rien vu venir. « Si tu ne fais pas confiance aux politiques, écoute au moins les scientifiques », me dit-on. Quels scientifiques ? Ceux du labo de Wuhan ? Aujourd’hui bon nombre d’entre nous en sont à leur niveau : payés à rien foutre, alors qu’ils étaient quand même là-bas pour jouer avec des pangolins.


24

Et encore, c’est un minimum. Quand je lui disais que je n’avais pas de pelle quand il m’avait lancé « creuse » depuis le Portugal lorsque je cherchais des causes ou des responsabilités à cette pandémie, suite au brevet d’invention supposé du coronavirus montré par le bel Antonio sur internet, l’ami José m’a répondu : « Pour creuser tu n’as pas besoin de pelle... «ta plume» suffira. Elle a plus de pouvoir que n’importe quel objet contondant… Utilise-là pour nous, pour tous, pour toi. Sers-t ’en pour éclairer ceux qui ne voient pas, ceux qui n’entendent pas, ceux qui ne parlent pas. Sers-t ‘en pour contrer ceux qui nous aveuglent, ceux qui veulent nous faire taire, ceux qui préfèrent le profit au détriment du bien être pour le plus grand nombre. En ces jours crépusculaires, on a besoin de personnes comme toi afin d’espérer une nouvelle Aube. Un nouvel Éveil. » Je ne sais pas ce qu’il prend comme produits du terroir, ce diable de Tosmanie (ce n’est pas qu’une blague, j’ai la photo), mais me voilà affublé d’un costume de Zorro. Alors bon, comme je suis toujours chafouin et un poil en colère, je vais jouer à ce zozo de Zorro. Alors voyons : qu’est-ce qui est aussi mondialisé aujourd’hui que le coronavirus ? Je ne vois pas… Ah, si : l’économie. A la lecture, entre autres, de « Une économie de rêve » de René Passet, on voit que l’économiste compte et thésaurise tout, y compris le vivant (on y apprend même ce que valait la vie d’un homme dans les années 80. Environ 22 500 euros. Vaut-elle plus aujourd’hui ?). Un résumé du livre : « On nous promettait les recettes d’une authentique économie de rêve : l’opulence par le jeu du marché, le plein emploi par la croissance, la prospérité par la rentabilité, un monde enfin harmonisé par la libre circulation des capitaux. Les faits ont parlé, mais les champions du système ne désarment pas. Alors entrons dans leur logique et poussons-la jusqu’au bout : nous verrons comment elle s’autodétruit. ». Mais on voit aussi que les théoriciens de l’économie ne sont pas idiots ou optimistes au point de croire que la croissance ici-bas est infinie. On voit dans le bouquin qu’ils ont émis des théories qui disent par exemple que pour relancer une économie sur des bases saines, il faut des crises ou des guerres pour remettre tout à plat et reconstruire. Détruire pour reconstruire. Certains ont émis même l’hypothèse, c’est relevé dans le bouquin, qu’on pourrait rebâtir une économie solide avec une croissance folle en supprimant 90 % de la population. Au bout d’un moment, la surconsommation, la surpopulation, la sur- pollution, la surenchère en permanence à tous les niveaux, ça fait des dégâts. Chance, aujourd’hui on a une pandémie qui dézingue les personnes âgées et les plus faibles. C’est à dire la population supposée chez les thésards la moins productive et la plus onéreuse. Après le cibiste (« Allô Covid 19, tu me copies ? A toi.»), les


25

octogénaires, hélas, retrouveront leur population d’il y a un siècle, ou un demi-siècle. Je pense qu’en France, on en oubliera même de réformer les retraites. Plus nécessaire. Je sais, c’est horrible de parler comme ça. Mais je suis colère. Je pique. Je me fais l’avocat du diable, ou à tout le moins le poireau vinaigrette du diable (je commence à avoir faim, moi). Bon OK, on va trouver un vaccin. Je ne sais pas si comme le dit le bel Antonio ce sera un vaccin voisin de celui de la rougeole, ou voisin d’un cassoulet de Castelnaudary, peu importe, l’important : on trouve un vaccin, on l’inocule à tout le monde, et le coronavirus retourne pleurer dans les jupes de son glandu de pangolin. On l’élimine. C’est la guerre, nom de Zeus. Werra, werra, sus et Montjoie Saint-Denis ! Comme on dit dans le 9-3... Mais en nous refilant le vaccin, on y met dedans une nano-puce électronique, laquelle informera à l’avenir de notre état de santé, et pendant qu’on y est de notre mode de vie, de ce que l’on pense, de ce que l’on fait. Non seulement informera, j’en rajoute une louche, mais pourra contrôler notre santé, notre vie, nos pensées. Cela fait aussi peur que cette saloperie qui nous arrive, non ? Que cette hallucination collective devenue réalité. Ne paniquez pas, la nano-puce dans le vaccin, c’est juste pour faire allusion à la « surveillance sous-cutanée » dont parle l’historien Yuval Noah Harari, auteur des bouquins « Sapiens » et « Homo deus » (merci Audrey, et bonne pintade !). Mais calmons-nous, si je suis tant colère et chafouin (et bavard aussi), c’est peut-être aussi, tout simplement, parce que j’ai faim. Cet après-midi je me suis sur-confiné dans le bureau, à commencer à écouter la vingtaine de CD en retard pour les chroniques musicales. Qui sont de toutes manières en rade. Et voilà que Petteri me téléphone, avant que je ne descende faire la bouffe (un poulet façon basquaise, et plus jamais de raviolis). Petteri me dit : « Il y a des satellites qui avancent en ligne dans le ciel ! » Je vais voir dehors : du côté d’Orion, des points lumineux avancent, se croisent, changent de direction. J’en compte une demi-douzaine. C’est quoi ce truc ? Petteri s’est renseigné entre-temps, 34 satellites balancés en orbite basse pour nous fournir internet depuis l’espace. Merci Elon Musk. Il va être long, le confinement.


Chronique de la fin du monde

DIPLOMATIE DE L'AIL DES OURS 02 avril 2020

50

8 commentaires 6 partages

Retour à la normale. En ce qui me concerne bien sûr. Retour à la normale, à quelques détails près. Je ne vois plus Rodez. Je travaille depuis ma chambre, branché sur la box. Je n’ai pas vu Rodez depuis le début du confinement. Je ne m’en plains pas. Il me faut l’ausweiss pour aller faire des courses : « Vous êtes sûr que vous faites des courses essentielles ? Je vois du vin, de la bière..., me dit le gendarme. - Mais, monsieur le militaire, bien boire et bien manger, c’est primordial pour le moral des troupes, non ? - Hmmm… Vous n’en avez pas assez, là… Vous êtes tout seul ? » Oui je suis tout seul, mais en ces temps-ci, ma solitude a un mot d’excuse. Et dans les commerces, une différence encore, les masques et les gants en plastique du boucher, de la maraîchère, de l’épicière ou du buraliste, planqués tous derrière des écrans en plexiglas. Comme un monde en virtuel, encore. L’écran de l’ordi, pour bosser ou communiquer, et l’écran pour vaquer à ses obligations consuméristes, nourrir le ventre. Comme si la vraie vie était une autre vie, un monde parallèle. J’ai toujours cru que chacun vivait dans son propre monde, un monde parallèle à celui des autres, autant de mondes pour autant d’êtres. Une histoire de strates sociétales, auxquelles on veut nous accoler une étiquette d’unité. Je ne pense pas que la mienne soit très coronavirale. Tout le monde flippe sur ces 2 % de victimes que fait la pandémie, que va faire la pandémie. J’en appelle à Einstein, d’un point de vue sociologique. Pour relativiser. Chaque jour en France, il meurt plus de 1500 personnes. 1670 en 2018, le dernier chiffre que j’ai, une morbidité stable depuis 10 ans. La moitié de ces décès est due à des tumeurs, cancéreuses ou autres, et à des maladies cardio-vasculaires. Les maladies « respiratoires », catégorie dans laquelle doit entrer le coronavirus, représente environ une centaine de personnes. Autant à peu près que les morts violentes, accidents de toutes


27

sortes, homicides et suicides. Et il se peut qu’à la fin de l’année, les quelque 600 000 morts annuels, un peu plus, ne soient guère immensément franchies, pandémie ou pas. Ce que je me dis, c’est que dans ce monde, dans ces mondes, il semble plutôt difficile de mourir de mort naturelle. L’actualité de ces jours, chez moi où nous sommes confinés de nature, c’est l’ail des ours. Audrey est venue en cueillir aujourd’hui, nous avons papoté assis dans l’herbe, chacun d’un côté du lit d’un maigre ruisseau asséché, en regardant le double téton du rocher du village. Tranquillement, en plein apaisement. J ‘ai donné l’ail des ours à des voisins, à Pierrette l’aubergiste par exemple, qui m’a donné en retour quatre pots de flan au caramel maison. « On fait du troc », m’a-t-elle dit… Comme il semble loin, le monde du bruit et de la fureur pandémique. Et dans la boite aux lettres, le numéro d’avril du Monde diplomatique. Ils sont forts au « diplo », c’est le premier courrier que je reçois depuis le début du confinement. Ils sont parvenus à briser l’omerta postale et ce n’est pas un mince exploit. Avec ce chouette article du chercheur en anthropologie politique Denis Duclos, « Viralité et confinement », dont voici un extrait : « Si les grands rassemblements de travail, d’éducation, de loisir, les carrefours géants du déplacement et de la consommation se révèlent au départ des « grappes » initiant les trajectoires explosives du virus, cela ne nous indique-t-il pas une chose que nous avions refusé de voir ? La société du futur vivable doit être organisée par des entités plus petites et conviviales, moins dépendantes, moins connectées (y compris les réseaux de communication utilisés par leurs gestionnaires pour surveiller les multitudes). » Et revient dans ce papier les autres viralités oubliées que nous subissons pourtant chaque jour, le pouvoir, la technologie, et l’argent. Là, on ne compte pas les victimes en ce moment, on le devrait pourtant. Enfin bref, hormis tout cela, hormis ce monde en dehors du mien qui est devenu de la science-fiction, mon quotidien est redevenu quotidien. Le même rythme. En cadence très douce. Solitaire un peu plus, certes, mais paisible. Et de l’espace, toujours beaucoup d’espace. M’en voulez-vous ?


Chronique de la fin du monde

PRENDRE LE MAQUIS SANS OUBLIER SA

CARTE BLEUE 06 avril 2020

50

20 commentaires 7 partages

La calculette sinistre de notre société continue tous les jours son macabre décompte, mis en scène de belle manière sur l’autel des vestales de la presse d’État. Vingtième jour de confinement, ces tempsci de 400 à 500 victimes quotidiennes du coronavirus en France, la sale bête balancée à la face du monde par un animal qui porte un nom de clown fellinien, comparé à un artichaut par Desproges il y a longtemps. On pourrait rajouter à ce score journalier les quelque 420 décès dus aux cancers, et environ 410 crises cardiaques fatales chaque jour. Soit pour relativiser encore, soit pour faire plus cossu. En ajoutant tout ceci, nous avons donc eu plus ou moins 30 000 morts de ces trois sortes de maladies depuis le début du confinement. Oublions la sourde et brutale soi-disant logique des chiffres, il y a là-dedans comme une certaine humiliation de notre humanité ces temps-ci, en nous confinant comme un troupeau de bœufs ou de volailles soupçonnés atteints ou porteurs d’encéphalopathie spongiforme ou de grippe aviaire, et parqués tous de la même manière, quand bien même dans des conditions différentes. Si moi-même j’étais cloîtré dans un studio de 30 m² en plein cœur de ce que j’appelle « la macération des villes », je ferais moins le mariole. Espérons donc que nous retrouverons plus forte notre humanité après cette crise, et qu’elle claquera quelque peu le beignet de nos entrepreneurs de confinement funèbre, lesquels nous encellulent à grands coups de pompes dans le train de notre psyché animale. Oublions donc et rions un peu. Je vais vous narrer une mésaventure positivement cocasse qui m’est arrivée il y a peu. Positivement, toujours en référence à la relativité socio-einsteinienne déjà évoquée dans ces chroniques.


29

Je dis toujours que Rodelle se trouve en zone démilitarisée. Aucune caserne de gendarmerie à plus de dix kilomètres à la ronde, juste une de pompiers bénévoles à Villecomtal, et basta. On voyait peu les gendarmes autour du roc rodellois, à tel point qu’il serait peut-être même légitime de leur balancer des cailloux au regard de ces intrusions militaires dans un territoire autonome. Et naturellement confiné, pour en revenir à la mode actuelle. Or donc, jeudi matin, au lendemain d’une échappée vers l’ail des ours, je constate que j’ai passé la nuit avec une tique qui s’est accrochée à mon corps juste au-dessous du nombril. Le genre d’étreinte que je déteste : les morsures de tiques m’ont provoquées il y a à peu près trois ans certaines délicatesses qui me valurent deux passages par les hôpitaux, une fois à Rodez, l’autre en Andalousie. Elles me provoquaient des allergies avec certains aliments (viande rouge, abats et... choucroute bavaroise, allez savoir pourquoi), lesquelles allergies se traduisaient quelque huit heures après le repas par l’apparition plutôt rapide de plaques d’urticaire sur tout le corps, agrémentées de sortes de boursouflures jaunes aux endroits de ma personne qui avaient été un temps squatté par ces maudites tiques. Cela faisait quelque part très art contemporain. Après avoir passé la journée de jeudi en proie à des démangeaisons parfois aiguës, et m’être réveillé dans le même état (les pommades anti-piqûres d’insectes n’avaient aucun effet), je décidai vendredi de me rendre à la pharmacie de Sébazac, histoire d’acquérir un truc efficace contre les baisers d’Ixodida (c’est beaucoup plus charmant en latin, le nom de ces saloperies). Je me fabriquais l’ausweiss, grimpais sur mon scooter et hop, vogue la galère. J’en profiterais au passage pour faire quelques courses essentielles pour réaliser quelques bons petits plats paraît-il aléatoires en période de confinement (avoir du goût n’est semble-t-il pas très viral). Bref comme on dit dans tout bon lexique de dictons, c’est un mal pour un bien Une fois à la pharmacie, en faisant la queue, je regarde distraitement dans mon porte-cartes : nom de Zeus, pas de carte bleue. Je regarde dans le portefeuille, dans toutes mes poches, rien. Je ressors dehors, fouille dans le coffre du scooter. Toujours rien. Ma sacrée tête en l’air. Penaud, la queue basse, je renfourche mon destrier et retourne au bercail, j’en serais quitte pour un nouvel aller-retour. Quitte, pas tout à fait : au sortir de Sébazac, je vois une voiture de gendarmerie rouler loin devant, sur la même route que moi. Même en le voulant, je n’aurais jamais pu les rattraper. Six kilomètres plus loin, à Bezonnes, voilà la voiture bleue qui réapparait derrière moi. Ce qui veut dire que les gendarmes s’étaient planqués sur la route pour me regarder passer. Belle



31

mentalité, ce n’est plus un contrôle, c’est une chasse. Enfin bref je m’arrête, la conscience tranquille, et montre mon ausweiss aux gendarmes. « Montrez-moi vos courses, me dit l’un d’eux. - Je n’ai pas pu en faire, j’ai oublié ma carte bleue. - Allez hop, on l’aligne, dit l’autre. - Quoi ?! Et pourquoi ? - Parce que vous n’avez pas de courses. - Mais je n’ai pas fait de courses parce que je n’ai pas ma carte bleue ! - Peut-être, mais vous n’avez pas fait de courses, alors contravention. » Et vous avez beau leur dire de raisonner, que c’est idiot, et même en leur parlant que j’avais besoin d’un médicament pour soigner la piqûre de tique, rien à faire. Bornés au carrefour. Sonné par la sentence, je n’ai même pas pensé à leur demander de constater que je n’avais pas de carte bleue. J’ai baissé les bras, je n’ai plus rien dit, je leur ai fait un geste pour leur dire « c’est bon, mettez-la moi », et en partant, je me suis retenu de leur dire « attendez-moi un quart d’heure vingt minutes, je repasse par-là ». Finalement, je suis bien retourné à la pharmacie, mais celle de Villecomtal. Et au retour, je suis passé voir Monique et Claude, là-haut dans leur maison paumée de Pisse-Lièvre. Nous avons eu une agréable conversation et au retour, la pommade acquise à la pharmacie a fait taire les démangeaisons. Le lendemain j’ai passé toute l’après-midi dans la pampa, au bord du Dourdou, au soleil. Tout ceci au final compensant ceux-là, les types en bleu des bords de route qui vous pourrissent le karma avec leurs masques sur les oreilles : les coronagendarmes. Je pense que je vais y rester, dans ma zone démilitarisée. Peut-être même qu’après ce confinement, je vais y prendre le maquis. Dans ces zones-là, avez-vous remarqué qu’il y a beaucoup moins de paranoïa ? Ah, pour la petite histoire, savez-vous où j’ai retrouvé ma carte bleue ? Dans le passeport que j’ai tendu au gendarme pour qu’il remplisse mon PV. C’est le genre d’agrément dont je suis souvent coutumier...


Chronique de la fin du monde

ANTICIPER LIBREMENT 09 avril 2020

18

5 commentaires 4 partages

J’aimais bien cette idée, et il paraît que ça marche. Mais ça ne peut pas, ça ne pouvait pas marcher dans notre monde, dans notre époque au final individualiste. Cette idée d’immunité collective, où un big hug géant planétaire peut contrer une pandémie virale. Je nous voyais tous, collés serrés, main dans la main, faire face au coronavirus, un air espiègle dans le regard, et lui dire « viens mon couillon, essaie de nous faire tomber comme des quilles, tu vas t’y casser les dents ». Que dalle. Le gouvernement mondial veut nous voir ensemble, mais séparés. Dans nos sociétés actuelles, chacun est trop tenté de la jouer perso. J’ai trouvé drôle que la Grande Bretagne, qui veut se la jouer en solo face à l’Europe, ait tenté l’expérience. C’est déjà trop gros. Pour se la faire comme ça, au niveau d’un pays de nos jours, c’est toujours trop gros. Chacun de nous pour nous sommes des égoïstes, le reste tient de l’humanitaire. Tout est trop gros dans cette histoire. Léa, ma complotiste préférée (au temps des royaumes et des dictatures, on appelait ça des conspirateurs, heureusement que ces temps sont -presque- révolus), Léa donc m’a fait suivre une interview de la conférencière en géopolitque et autre de Valérie Bugault. Elle me donne l’air d’être quelqu’un qui a étudié certaines choses de son boulot initial, jusqu’à découvrir des trucs qui l’ont bouleversé, au point d’abandonner sa carrière toute tracée d’avocate fiscaliste et d’écrire sur ce qu’elle avait découvert. Ce qu’elle dit dans une interview nommée « Géopolitique du coronavirus » est édifiant. Sans cautionner ses propos, je dirais qu’il y a là un terrible et superbe roman d’anticipation au scénario implacable, et dont nous sommes tous, la plupart implicitement et de manière consentie, les victimes. Et ce scénario fonctionne, il tient la route. Il vaudrait même un prix littéraire à parution, si tant est que cela ne soit que simple littérature. Je vous laisse le soin de


33 le découvrir et de faire vous-même votre jugement. Elle conclue tout de même par ceci ; « Les cartes sont actuellement dans les mains des populations civiles : ces dernières ont enfin, phénomène unique dans l’histoire, la possibilité de reprendre leur destin en main ; ce qui signifie, très précisément, qu’elles ont la possibilité de réinstaurer des gouvernements politiques en lieu et place des ersatz actuels entièrement aux mains des puissances financières. Les peuples auront ce qu’ils méritent : ils recevront, s’ils acceptent de se prendre en charge – en contrepartie d’un peu de courage – des fruits extrêmement bénéfiques… mais l’accepteront-ils ? Là est la question… » Je ne connaissais pas aussi, par exemple, le triangle de Chapman, Bourreau-Victime-Sauveur, mais c’était bien un truc qui me tournait dans la tête. Enfin bref… Valérie (vous permettez que je l’appelle Valérie ?) émet des hypothèses quant à l’après confinement, qui sera de toute manière très restrictive, ne vous attendez pas à des partouzes hippies géantes bourrées de larges sourires. Interdit de se serrer la main, de se faire la bise, porter des masques, cela sera probablement ça, dans un premier temps. Parmi les hypothèses d’après également, la vaccination obligatoire. Si on en vient là, pensez à ces quelques lignes d’un ours bouffeur d’ail, car quant à moi, si ce moment vient, je la refuserai d’emblée. Mais bon, tout ça n’est que de l’anticipation, n’est-ce pas ? L’important c’est ce que l’on vit chacun chez soi maintenant, au jour le jour. Chez moi, c’est comme avant, la porte reste ouverte. Encore plus depuis qu’un vrai printemps montre le bout de son nez. Depuis mardi, Rémi vient poncer et remettre en état mon plancher du premier étage, confiné depuis près de 40 sous de la moquette infâme. Il était temps. Du coup, entre la poussière et le bruit, je suis bien obligé de partir dehors. Me fondre dans la nature (un plaisir), faire des courses (avec la carte bleue) et visiter mes géographiquement proches. Hier des courses prolifiques, surtout avec la venue de Suzie la maraîchère, des courses à Sébazac, un apéritif ti-punch en terrasse au soleil chez Cathy et Bernard, et la visite à neuf heures du soir de Petteri, qui faisait du vélo sans phare mais sous la pleine Lune. Aujourd’hui, longue balade sur les bords du Dourdou (la terre est trop sèche pour les morilles), apéritif devant la maison avec Rémi et Léo, et activité bonne bouffe. J’ai regardé aussi le sens du mot confinement. Un synonyme de « se confiner » qui me sied plus, c’est « s’isoler ». Plutôt que de s’enfermer. Je trouve ça plus démocratique, si tant est que le mot « démocratie » ait un réel sens de nos jours. Cela fait effectivement longtemps que je suis isolé. Et je m’isole en pleine campagne, loin de tout, de vous, hélas pour mes proches, hourra pour les fâcheux, mais sans crainte, au large de tout ce foutoir, sans les drones qui maintenant sillonnent même les rues de Rodez. Chez moi non, rien ne change fondamentalement. L’endroit où je vis me donne une force sereine. Mais je crois que pour tout le monde, en cet instant déjà, s’il convient bien sûr d’être prudent quant à la pandémie, il faut être aussi vigilant quant à notre sort. Et penser à devenir quelque peu rebelle, hélas. Les maquis sont ouverts, eux. Et larges d’esprit.


Chronique de la fin du monde

LES BISOUNOURS ET LES DIABOLIQUES 17 avril 2020

28

7 commentaires 3 partages

Le jour où Rémi attaquait le plancher de ma chambre, m’obligeant à me sur-confiner la nuit dans le canapé du bureau, l’ami de Big Pharma qui nous gouverne (oui, ça prête à confusion, j’aime bien faire mon taquin) a parlé : le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai. Et ensuite, le déconfinement sera progressif, encadré, restrictif. Rémi râle déjà que les bars n’ouvriront pas, probablement pas de tout l’été. Nous serons donc en liberté conditionnelle, en liberté surveillée, en liberté sous caution. Et sans liberté de choix, jusqu’à lors garante me semble-t-il, me semblait-il, d’un certain sentiment démocratique. Nous serons libres de sortir, de nous déplacer un peu plus loin que la laisse légale d’un kilomètre autour du do-mi-si-la-do-ré, nous n’aurons pas besoin de l’ausweis pour aller acheter notre papier Q (produit de première nécessité s’il en est), mais nous serons toujours sous trauma. Le confinement, lui, va se poursuivre sur le terrain psychologique, sur le terrain mental. Et oublions les bisous entre amis ou entre amants, les je te prends dans les bras si t’es triste ou content. Pour le point infos complotiste, tourne toujours la théorie de la vaccination forcée qui nous attend tous. Là, c’est entre autres MM. Crèvecoeur et Schaller qui causent du même truc que j’ai lu il y a 20-25 ans : « Diminuer la population mondiale et vacciner tout le monde » pour repartir avec une économie -sic- « assainie », résume ainsi Tal Schaller, qui parle aussi (il n’est pas le seul) de « génocide planétaire ». Cela a de quoi troubler, mais nous ne pourrons voir cela qu’en temps voulu. Si cette vaccination forcée arrive ou si ces informations se vérifient, alors pour ma part, j’écrirai « Maquisard » sur la photo de couverture de ma face de bouc.


35

Entre temps, les gouvernements s’appliquent. Aujourd’hui, le temps de cerveau disponible est important, rendu malléable de plus par le confit (car le confit ne ment jamais !). Aussi contagieux que le Colivid-19, vous avez l’hystérie collective, « l’aura de peur planétaire », disent Audrey et les guérisseurs, qui agit directement sur notre affect (Tal Schaller parle de « contagion vibratoire »). Les psychologues les rejoignent sur un « risque de vague d’anxiété et de stress post-traumatique », en rappelant que 25 % des Américains ont développé une dépression après les attentats du 11-septembre, et 18 % des Français après ceux de 2015, de Charlie Hebdo au Bataclan. Et aussi, déjà en action sur une effarante partie de la population, n’oublions pas l’ignorance collective, qui dépasse de loin la conscience et la mémoire collectives réunies. Mais l’action du gouvernement français, quand on la voit dans les médias, semble bien éloignée du complotisme. C’est propre, serein, bien fait, honnête… Certes, il y a le décompte des morts, implacable, comme un score de belote ou de fléchettes, qui avance qui avance, le confinement qui se poursuit, le contrôle de la population qui continuera au-delà, et… Oh, tiens, j’ai vu un truc très chou sur France 4 : le ministre le la Santé Olivier Véran qui répondait aux questions d’enfants de 6-8 ans. Leur faisant passer le discours officiel, leur rappelant les gestes barrière, et leur donnant un conseil pour le moins équivoque : « Surveillez vos parents... ». Non, dormez tranquille les enfants, le marchand de sable va passer, restez chez vous, nous nous occupons de tout. Il n’empêche. Ce confinement et toutes les mesures annexes prises pas le pouvoir nous logent tous à la même enseigne. Or, personne n’est logé à la même enseigne. Au niveau géographique, c’est évident. Ici, la quarantaine d’habitants de Rodelle respectent depuis longtemps, bien avant le confinement, la distance barrière d’un mètre. Pourquoi ? Parce que nous avons la place, parce que nul ne vit l’un sur l’autre, ou alors dans le même lit et avec son consentement. Et puis, face au coronavirus, personne non plus n’est logé à la même enseigne. On sait que pour être une de ses victimes, dans les trois-quarts des cas, vous avez ce qu’on appelle la comorbidité, c’est-à-dire qu’il faut être atteint d’une ou de plusieurs autres pathologies pour y rester. En clair, la bébête pangolinienne vient finir un boulot déjà bien entamé, au passage RIP Christophe (« Et j’ai crié... »). Alors parier que le taux de mortalité de certaines maladies comme Alzheimer ou la tuberculose ait baissé au mois de mars n’est peut-être pas idiot. Puisqu’on ne plus parier sur les matchs de foot ou les canassons, que fait Bet Clic ? Et rappelons au passage qu’au mois de mars donc, le nombre de décès en France a été inférieur à celui de mars 2018, quand sévissait encore la grippe saisonnière.


36

Il y a aussi des foyers d’infection, en France dans l’Est et le Bassin parisien, alors que d’autres régions, rurales souvent comme ici, sont épargnées. Et puis, on dirait que chaque nation, chaque peuple également, n’est pas égal(e) aux autres. Citons deux cas de pays où vit le pangolin, la Malaisie, avec 86 morts ce jour pour 32 millions d’habitants, et l’Inde, avec 452 victimes déclarées pour un milliard 300 millions d’habitants. Bon, je parle du pangolin, mais il existe tout un zoo d’animaux susceptibles de nous avoir refilé le truc, et même des trucs marins comme des poulpes. Ou des porte-avions... Je reste aussi persuadé que notre résistance ou non à l’épidémie est également liée à bien d’autres facteurs, comme le mental, le mode de vie, le mode d’alimentation aussi (l’obésité est l’une des comorbidités qu’affectionne le coronavirus). Il y a 2500 ans, Hippocrate ne disait-il pas déjà : « Que ton alimentation soit ta seule médecine » ? Enfin bref, je n’ai plus trop envie de creuser tout ça, même avec une pelle, regarder entre ceux qui voient le complot du diable et ceux qui pensent que cette pandémie, c’est la faute à pas de chance. En résumant. Je constate que comme avant le Covid-19, nos sociétés sont désespérément manichéennes et bipolarisées. Alors qu’entre les Bisounours et les Diaboliques, il existe sans nul doute plus de 50 nuances d’idiocratie. Et puis, je dis ça aujourd’hui alors que j’apprends que la piste du laboratoire franco-chinois P4 de Wuhan que j’évoquais dans le premier « épisode » de cette chronique est relancée. Avec les Etats-Unis qui lancent une enquête là-dessus, et surtout le Pr Montagnier, prix Nobel de médecine 2008 pour avoir « inventé » le virus VIH en le décodant, qui déclarait jeudi que ce coronavirus peut avoir été créé et « libéré » accidentellement dans ledit laboratoire, et si ce n’est créé, du moins « manipulé » non pour fomenter une guerre bactériologique mais pour rechercher un vaccin contre le sida. Vendredi, le Dr Sebbag, infectiologue à Paris, juge les propos de « monsieur » Montagnier « scandaleux ». Ledit monsieur Sebbag est également (tiens tiens…) chez Sanofi Pasteur depuis le début des années 2000 et actuellement son vice-président « Accès au médicament ». Sanofi, un géant pharmaceutique dont le chiffre d’affaires en 2018 s’élevait à 2 131 000 000 €. Encore une coïncidence, le monde est vraiment « petit ». En tout cas cela prouve aussi que le « consensus scientifique » sur lequel s’appuie le gouvernement pour justifier ses mesures est en fait lettre morte, tant sur les causes que sur les actions menées ou encore, probablement, sur la « solution finale » apportée à cette crise.


37

Mais non, j’arrête. Pouce, stop. C’est pour cela que je n’avais que peu d’envie d’écrire encore là-dessus. Sur ce merdier ambiant. Et puis aussi que ces temps-ci je ressens des coups de blues. Mercredi, je suis resté toute l’après-midi assis dans le salon, à regarder à peine l’écran de l’ordi, à errer sur le web sans ne rien rechercher de spécial, jouer aux dés, écouter de la musique en fumant plus d’un paquet de clopes, alors que dans la chambre, Rémi ponçait le parquet sur ma tête. J’étais en mode autiste, ni le bruit ni la poussière ne semblaient parvenir jusqu’à moi. J’étais dans le même état lorsque je déprimais doucement en décembre dernier. Je préfère me rattacher aux quelques moments agréables qui jalonnent mon confinement, profiter de ces trois jours de travail jusqu’à dimanche pour freiner la clope, l’alcool que j’ingurgite pour éviter de m’endormir à l’aube. Samedi dernier, Léo m’a ramené un peu de ravitaillement alors que j’étais confiné devant l’écran pour le week-end. Lundi soir, Petteri le cycliste noctambule est venu souper avec moi, j’avais fait des lasagnes de saumon à la crème de pois chiches, une réussite de recette « confinée » qui rejoindra celle du gratin d’épinards à la fourme d’Ambert à mon panthéon culinaire. Jeudi, je suis allé porter de l’ail des ours à Cathy en même temps que faire des courses à Villecomtal. Le soir, j’ai invité Rémi à manger, une salade maison avec des choux farcis qui ne l’étaient pas. Nous avons discuté de nos besoins d’amour respectifs, quand bien même accusons-nous entre nous un quart de siècle de différence d’âge. Deux cœurs d’artichaut entre la poire et le fromage. Après mon week-end de téléboulot, Rémi reviendra finir le parquet de la chambre à l’huile de lin améliorée par ses soins (argile plus pépins de pamplemousse). Ensuite, j’aurai beaucoup de boulot pour tout nettoyer, et réaménager durent le temps de mon chômage partiel. Je promets en sus d’aller me fondre beaucoup plus dans la nature, de retrouver ma zénitude, de m’étendre dans l’herbe, de tenter de chasser toute nouvelle pesanteur. Comme ce monde confiné, et notre conscience qui ne l’est pas moins. Une conscience aiguisée qui ronge son frein jusqu’à l’os.


Chronique de la fin du monde

DES SENTIERS PARTENT

DU

BATEAU

24 avril 2020

22

7 commentaires 2 partages

Notre époque manque éminemment de subtilité, vous ne trouvez pas ? Sinon, c’est à désespérer de tout sentiment humain. C’est à dire de bonté et de condescendance. J’adore cette image du drone de Nice qui surveille les allées et venues des habitants, cela fait très Big Brother is watching you. Traquer ceux qui s’approchent trop près les uns des autres, demander l’ausweis s’il y a doute. Et ce petit vieux qui voulait aller piquer une tête dans la grande Bleue, hop, rhabillé vite fait. Il y avait un air du coup du vieux feuilleton, « Le prisonnier », vous savez, le ballon qui court après le fugitif sur la plage : « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre ! ». En ce moment, en tant que femmes et hommes libres, on est de drôles de numéros, non ? Et tu voyais le type qui se promenait avec ses enfants, surpris du numéro du drone au-dessus de sa tête, commenter aux policiers : « Ce n’est pas une société qui donne envie ». Ben non, ça ne donne pas envie, et cela sera pareil après la déconfiture du 11 mai. En fait, désolé, mais cette société coronavirale, ce n’est pas la mienne. Ce n’est pas mon monde. Je ne sais pas quel QI moyen on a calculé pour laisser tout le monde à l’ombre, confiné de la même espèce, mais peut-être que ce QI moyen doit flirter avec celui d’une moule pour nous parquer tous ainsi, les bons et les truands, les prudents et les cascadeurs, les tarés et les raisonnables. Une drôle d’interprétation d’une société égalitaire. Nier la personne. Bon, je spécule un peu trop sur l’intelligence des moules, peut-être ne sont-elles pas si connes que ça, et moi-même, sans être un adepte de Jean-Paul Gaultier, il m’arrive de porter une marinière.


39

Ce n’est pas mon monde. Je serais bien heureux de le voir s’achever, mais je le vois déjà s’accrocher à sa position dominante comme une moule, on y revient, sur une digue de Sète ou de Noirmoutier. Pour décrocher une arapède de son rocher, c’est plus facile de bousiller le rocher. Là c’est pareil, tu auras beau essayer de faire décrocher tous ceux qui nous mangent le cerveau de leurs digues de privilèges, à force, c’est la planète entière que tu auras foutu en l’air. Alors prenons les chemins noirs, les chemins de traverse, et pratiquons l’échappée belle. Et laissons le Covid-19 à ceux qui se shootent avec. Une pensée passante pour toutes ces blouses blanches, bleues, rouges, qu’importe, tous les soignants, les aidants mis en première ligne, et qui font leur boulot sans aucun autre calcul. Hier enfin, ou trop tôt c’est selon (ça me faisait de la compagnie), Rémi a fini de faire reluire le plancher du premier étage. De le ramener à la vie. C’est superbe. Je me demande pourquoi j’ai attendu 15 ans pour virer la moquette, franchement. Mais n’y pensons plus. Dès que la salle de bain suivra le même chemin, l’étage du coup va être à l’image de comment je voyais cette maison, pratiquement depuis le début. Comme un navire, en fait, sous le commandement d’Euterpe. J’aurais appelé la maison le « Bateau Musique », j’avais même envie d’accrocher une ancre, des chaînes, et une bouée de paquebot sur un côté extérieur de la maison. Dans la partie gîte de la bâtisse, les artistes et chanteurs pourraient y venir rechercher l’inspiration. Le village et sa beauté aurait servi de matrice, avec ses randonnées entre montagne, causse et vallée, les piscines de joie et de félicité en guise de lieu de détente (moyennant aubade et/ou conversation apaisée), et je me serais chargé de l’intendance, en organisant par exemple des rencontres avec les musiciens du coin, sous forme de bœuf musical, ou de ripailles instrumentales, et autres échanges mélodiques. Harmoniques. Et vous savez quoi ? L’envie m’en revient. Le plus dur sera de trouver l’ancre. Pour son dernier jour de boulot dans ma chambre, Rémi a ramené l’accordéon. En attendant que la dernière couche d’huile de lin sèche, et avant de ramener sommier, matelas et penderie, nous avons joué de la musique. Petteri (le cycliste hibou, oui, il est passé mardi, entre deux averses),


40

Petteri donc m’avait envoyé par mail une musique très Zoufris en me disant « si tu veux y mettre de la voix... ». Alors, pendant que Rémi finissait son boulot, j’ai griffonné des paroles autour d’une idée que j’avais. Quand Rémi est redescendu, nous avons branché l’ampli, le micro-tête de mort, et nous avons planché dessus. Les paroles tombaient pile poil avec le morceau. Cela devrait s’appeler « La lumière du placard », je vous les livre avec déjà quelques corrections : « Au placard ! Lumière, au placard enfermé Tu brilles de belle manière parmi les ombres confinées Lumière, ces ombres n’ont pas d’hommes pas de femmes et pas d’âmes, ces ombres sont de chair Lumière, tu brilles et tu éclaires toutes ces ombres de chair qui ont les yeux fermés Lumière, les ombres ne voient pas la lumière que tu donnes la chaleur qui rayonne Lumière de vie, lumière d’envie

lumière qui danse, lumière qui pense lumière qui s’allume, qui rallume la lumière de nos yeux Au placard ! Lumière de vie, lumière d’envie lumière qui danse, lumière qui pense lumière qui s’allume, qui rallume la lumière de nos yeux la lumière des cieux la lumière qui veut que l’on s’aime un peu mieux lumière qui s’éteint quand la porte se ferme… Eteignez la lumière rallumez la lumière. »


41

Quel joli moyen que de célébrer la fin des travaux. De rallumer la lumière musicale. Et ensuite, nous avons repris quelques chansons de notre défunt groupe l’Escampe, juste accordéon et voix, un exercice très intéressant : L’escampe, Take it easy, Tête nue, Life… Un joli défi et pourquoi pas, un autre sentier qui rouvre. Samedi, Rémi va voir son psy à Rodez, et peut-être passera-t-il au retour pour une nouvelle session. Aujourd’hui, longue balade dans les bois, sur un sentier à flanc de colline, jusqu’au vieux moulin et sa cascade (je posterai des photos). J’ai ramassé un plein sac d’ail des ours pour Petteri et des Villecomtalois intéressés que je visiterai demain, quand je ferai des courses et prendrai mon repas indien à emporter à la Fabrique du rougier. J’ai cueilli aussi une grosse poignée d’oreilles de Judas (le champignon noir de la bouffe asiatique). Du coup mon poulet au four de ce soir avait des allures chinoises (le mélange champignons noirs oignons frais, une tuerie). Et le ventre plein, je n’ai d’autre désir que de vous embrasser. En musique. Il paraît qu’il y a d’autres mondes...


Chronique de la fin du monde

ENFERMES DEHORS 10 ma1 2020

30

2 commentaires 2 partages

Le linge est resté dehors toute la nuit, il doit être bien frais, à retirer avant la pluie attendue pour ce dimanche. Parfumé aussi du parfum des fleurs des acacias qui entourent les cordes à linge. Suave. Les frelons en semblent friands. Ghislain et Maria m’ont donné avant-hier des beignets de fleurs d’acacia, une gourmandise de saison qui n’a pas tenu dix minutes avec moi. Devant la porte d’entrée, autre senteur : la sauge en fleur donne l’impression de vouloir bouffer le monde. C’est d’ailleurs la même impression que donne toute la végétation, à ce que j’ai pu constater. Luxuriante, des champs aux herbes dépassant le mètre de hauteur, et les marguerites suivant le mouvement vers le ciel. J’ai tellement crapahuté dans cette jungle que je me suis fait un genre de fracture de fatigue à l’orteil droit, c’est saint Pangolin qui m’a puni. Un mal de chien pendant quelques jours et impossible de faire un pas sans couiner. Je croyais même un moment que j’avais la goutte. Fort heureusement, je lève mon verre en désaccord avec cette théorie complotiste qui veut que bonne chère et bon vin ne soient pas bons pour la santé. Quand le moral va, tout va. C’est le dernier jour de confinement imposé. Plutôt une nouvelle saison, au scénario plus léger. Le « restez chez vous » se transforme demain en « mettez le masque », on reste à bonne distance les uns des autres, arrête arrête, ne me touche pas, le territoire de batifolage passe des murs du domicile au cent kilomètres à la ronde. Mais le confinement se poursuit. De physique, il devient psychologique, mental. C’est dans ta tête. Gestes barrière, garder sa salive pour les tests, et port du masque à peu près obligatoire dans tous les commerces. Sans compter le cheptel humain qui va passer en mode traçabilité. Je continue, cette fois sans invasion de mon espace vital, ou plutôt mon espace vivant, par la manu militari. Je reste à l’écart,


43

comme avant. Mon télétravail se poursuit, tout l’été sûrement et j’en suis heureux. Le chômage partiel aussi, il faut bien sauver l’entreprise. L’été sera doux ici, très doux je pense. Il y aura du passage, mes filles, ma petite-fille, des amies et des amis, des voisins qui reviennent comme André, voire même des inconnus rêvant d’un autre monde. Les piscines rouvriront, on plongera dans l’eau à cent mètres au-dessus du Dourdou. Aubades, embrassades, et ripailles au menu de cette belle saison. Que de l’interdit. Je ne foutrai les pieds à Rodez que très rarement. Au moins une fois dans les premiers jours, évidemment. Quelques produits à récupérer, du bon encens, des lentilles de contact, du courrier aussi au boulot, je pense. Deux ou trois amis à visiter, Franck l’Indien, Béné la sage lieuse des spiritualités, et une paire d’autres, quand j’y pense. Après, on reste perché, au pied du téton de Rodelle, voire dessus. Avec à volonté des virées par les petites routes aux alentours, Estaing, Espalion, l’Aubrac ou les gorges du Tarn pourquoi pas. Et chez moi ou sur la place, ou là-haut sur le roc, des repas, de la musique, des apéritifs, de la contemplation, du farniente, de l’amour… A l’air libre. Très peu pour moi l’envie de rejoindre ce qui s’appelait avant « la civilisation ». Un truc qui aujourd’hui avance masqué, pour un médiocre carnaval. Je fais un plus grand pas de côté. Dans une « deinde société », une vie parallèle à la vie régnante, dominante, qui ne permet aucune incartade, aucune alternative. Qui va demander le code vert. Ce monde parallèle à celui qui a annoncé sa fin en se coronavirant sera je le sais peuplé, vivant, intelligent, le plus joyeux possible, et ne se gênera pas pour faire tomber les masques. Sans en avoir les qualités physiques ou psychiques, nous serons un peu, comme dit Léa, comme les Slans de Van Vogt. En espérant qu’une chasse ne soit pas lancée pour nous confiner à nouveau sous les jupons des lois d’urgence sanitaire...





47

Laurent ROUSTAN Laurent Roustan est journaliste au quotidien Centre Presse à Rodez en Aveyron, chroniqueur musical et musicien, il a publié plusieurs nouvelles, un recueil de poésies et des articles divers dans plusieurs magazines, à Toulouse notamment. Il collabore toujours au Ruthène magazine à Rodez.



Editions Territoires Route de Trinquies 12 330 SOUYRI (France) www.editions-territoires.com Direction Artistique : Stéphane SICHI Relecture & Corrections : N° ISBN : 979-10-96472-08-6 Dépot Légal : Mars 2021 Achevé d’imprimer en mars 2021




Mars 2020 : une chappe de plomb sanitaire s’est abattue sur le monde, mettant la plus grande partie du cheptel humain de la planète au placard. Une pandémie mondiale vue par le petit bout de la lorgnette, depuis un village perdu perché sur des rochers, au dessus de la vallée des larmes. La stupeur, la colère, le blues, l’envie de trouver des causes, des coupables, le dépit, l’autre qui devient virtuel, les ausweis, la solitude, l’ironie, de la vie, du confinement, des mots, le rire jaune, fragile ou franc, et tout autour, la nature éclatante du printemps : l’écrin idéal pour prendre le maquis.

Prix de vente : 12,50 €


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.