Ruthene Magazine N°32

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NOTRE TERRITOIRE VOTRE AVENIR

Au Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées, cela fait 100 ans que nous vivons à vos côtés sur ce territoire. Nous participons, avec vous, à écrire son histoire et à le faire grandir. Et avec notre modèle coopératif et mutualiste, ce n’est pas prêt de s’arrêter.

Oui, il faut le faire avancer face aux défis environnementaux et aux enjeux sociétaux. Nous sommes convaincus que les solutions passent par celles et ceux qui vivent et qui travaillent ici.

Alors, dans nos 158 agences au cœur de nos villes et de nos villages, nos 3 000 collaborateurs et administrateurs mettent toute leur énergie pour guider chacune et chacun d’entre vous dans cette transition. Soyez certains qu’ils s’engagent chaque jour à vous accompagner avec cette volonté commune de bien vivre ensemble.

Comme vous, notre territoire nous l’aimons.

Comme vous, nous savons que nous devons le transformer pour les générations futures.

Et on sait qu’ensemble on y arrivera.

02/2023 – Caisse régionale de Crédit Agricole Mutuel Nord Midi-Pyrénées,
coopérative à capital et
variables,
en tant qu’établissement de
le siège social est situé au 219 avenue François Verdier - 81000 ALBI - 444 953 830 RCS ALBI - Société de courtage d’assurance immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurance sous le n° 07 019 259. AGIR CHAQUE
PIERRE CAMBEFORT Directeur Général Jean-JacQueS calcat PréSiDent
société
personnel
agréée
crédit, dont
JOUR DANS L’INTÉRÊT DE NOS CLIENTS ET CELUI DE LA SOCIÉTÉ

LE SOMMAIRE

LE SOMMAIRE L’ÉDITO QUELQUES RENDEZ-VOUS

RENCONTRE : CHARLES GIUSTI - NOUVEAU PRÉFET DE L’AVEYRON - André Ruffo

LE DOSSIER : Dans l’intimité des jardins

Les jardins partagés - Alain Pouvreau Jardins d’exceptions en Aveyron

Mon jardin sur le balcon... - K Hina En savoir plus sur les jardins

PORTRAIT : CLAIRE MOLINIER- Laurent Roustan

UN NOM : EMILIE DE RODAT- Fabien Lafon

RECETTE : RISOTTO AUX ASPERGES VERTES

LA NOUVELLE DE GENEVIÈVE : L’ESSIEU BRISÉ - Geneviève Vandenbroucke

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L’ÉDITO

Géant

Il y a les super profits et une méga précarité qui conduisent logiquement, fatalement, à une fracture. Une crise de confiance. Un chaos. Sans partage. Il y a eu les méga feux l’été dernier, allons-nous vers une méga-sécheresse alors que le printemps s’annonce avec des restrictions d’eau ?

Partager, équitablement, s’avère l’unique chemin. On en revient sans cesse comme une vague qui déferle sur le rivage à l’éternelle quête du juste équilibre.

L’autre arrive de l’autre rive. Victime d’une guerre d’un autre et/ou de méga dégâts causés par un autre encore. Encore n’est peut-être pas toujours. Estce que le but est de s’échapper vers un ailleurs artificiel ou d’accueillir autrui après une traversée ? « Rien ne devrait être nommé, de peur que ce nom même le transforme. Laissons cette berge exister, cette beauté, et moi inondé de plaisir ». Comme Virginia Woolf, nous existons par les sensations, les sentiments que procurent l’altérité.

Les méga-bassines font logiquement, fatalement, débat puisque s’amenuise la ressource. Faut-il continuer à construire ces piscines individuelles face à la pénurie ? Serions-nous à sec, sans réserve d’amour pour donner sans réserve ?

L’autre, cet ennemi, ce frère, ce semblable, c’est nous dans la glace. Ce sont les gestes invisibles qui laissent les traces.

Colibri, sa petite goutte d’eau pour éteindre l’incendie en faisant sa part, semble envoler, oublier. La légende est prise dans les déferlantes des paradoxes qui conduisent aux superlatifs. De la juste mesure qui créé l’harmonie, nous restons stoïques. Et les mégalithes nous regardent les contempler. Cœur de pierre ou être sensible, « tâchons d’avancer dans la mort les yeux ouverts » a écrit Marguerite Yourcenar. De tous ces giga, faisons cause commune, tâchons de nous faire confiance, pour établir un nouveau printemps, géant.

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Le RUTHENE Magazine - Magazine gratuit trimestriel - DIRECTION DE LA PUBLICATION : Stéphane Sichi - RÉDACTION : redaction@ruthene-magazine.com - PHOTOS : Patrice Thébault - PUBLICITÉS : 06 23 01 36 25 - CONCEPTION/RÉALISATION : La Nauze Audiovisuel - IMPRESSION : Mérico (Bozouls) - TIRAGE : 6 000 ex - DIFFUSION : ADS organisation ÉDITION : AS 3 Editions - Route de Trinquiès - 12330 SOUYRI - N° siret : 480 863 638 00023 - DÉPÔT LÉGAL : 2610-0398

QUELQUES RENDEZ-VOUS...

VOTRE MAGAZINE ÉVOLUE…

Depuis quelques mois, comme vous avez pu le constater, la parution du magazine a été particulièrement perturbée. Ce magazine est financé exclusivement par la publicité, mais depuis le second confinement, ce marché a été et il est toujours très difficile. Nous nous sommes toujours refusés de faire du Publi-reportage, pratique malheureusement de plus en plus fréquente dans la presse magazine tant locale que nationale, mais quelle peut être la crédibilité d’un article quand il a été monnayé par son commanditaire si ce n’est de flatter son égo…

Vous avez entre les mains le N°32 du Ruthène magazine.

Mais 32 numéros, qu’est-ce que cela représente : c’est plus de 200 000 magazines distribués dans 150 points de dépôts, c’est plus de 500 000 feuilles imprimées dans une imprimerie locale, c’est plus de 1000 pages composées par des graphistes, plus de 1 millions de caractères écrits par des journalistes et plus 1500 photos prises par des photographes qui illustrent les unes et ces articles…

Nous sommes une petite maison d’édition basée à Salles la Source et nous ne faisons partie d’aucun groupe industriel qui pourrait nous soutenir, aussi, nous avons besoin de vous pour continuer…

Depuis quelques semaines, nous réfléchissons à comment pouvoir continuer cette aventure éditoriale dans ce marasme ambiant et cette conjoncture difficile. Nous avons évoqué l’idée de rendre le magazine payant, afin que nous puissions bénéficier des aides pour le soutien à la presse, mais il y a quelques années, nous avions déjà tenté cette aventure avec le Magazine TOCADE. Malgré sa belle facture et un prix très accessible, la parution a dû être interrompue à la fin de sa première année… Lors du confinement, nous avons réactivé le portail d’information que nous avions créé en 1998 sur internet : Aveyronline.com. Jusqu’à maintenant, sa ligne éditoriale se limitant à la reprise des articles du Ruthène et quelques articles sur les activités Outdoor et culturelles en Aveyron.

Nous avons décidé de restructurer notre offre autour de 3 médiums : la vidéo, le digital et le print.

• Le site Aveyronline.com sera au cœur de notre stratégie éditoriale : nous allons proposer divers reportages récurrents dans les thématiques qui nous sont chères : Patrimoine, Culture, Histoire, Biodiversité, activité Outdoor et savoir-faire… Notre objectif est de privilégier la qualité à la quantité avec une vingtaine d’articles /mois.

• Certains de ces séries de reportages seront déclinées en vidéo, accessible gratuitement sur la plateforme de VOD : Aveyronline.tv qui sera mise en ligne pour le 16 juin 2023

• Le Ruthène magazine lui reste toujours gratuit mais passe en trimestriel avec à partir du prochain numéro une nouvelle pagination et de nouvelles rubriques en adéquation avec aveyronline.com et aveyronline.tv

• Le CLUB Aveyronline sera créé pour vous proposer des offres exclusives, des invitations à des enregistrements et/ou avant-premières aux projections de films et reportages… L’inscription gratuite au club sera possible à partir du 28 avril 2023

Comment espérons nous financer ces supports et les personnes qui y contribuent ? Au-delà de la régie publicitaire, nous mettons en place une offre de parrainage pour tous ces reportages. Cette offre comporte de la visibilité à ces futurs parrains sur les génériques des supports vidéo, des espace publicitaires sur le magazine, mise en avant sur les supports digitaux (site & réseaux sociaux…)

Alors que vous soyez un simple lecteur, entrepreneur, responsable dans une collectivité territoriale… nous vous invitons à devenir notre ambassadeur pour inviter des décideurs de votre entourage à soutenir notre démarche. Et, vous pourrez, si vous le souhaitez à titre individuel participer grâce à une cagnotte qui sera mise en place sur Aveyronline.com et Aveyronline.tv.

Notre société actuelle se structure de plus en plus vers des monopoles tant au niveau de l’énergie, des services, des médias… Je ne pense pas que les situations de monopole soient à l’avantage des citoyens que nous sommes et bien au contraire…

Alors, si vous souhaitez maintenir une certaine pluralité dans notre société relativement chamboulée, nous vous invitons à prendre position et de soutenir toutes les actions ou tentatives de démarches indépendantes dont nous espérons à notre modeste échelle faire partie.

Merci d’avance.

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PRINTEMPS 23 - N° 32

A l'occasion du Bicentenaire de la naissance de Jean-Henri Fabre, Aporia Culture présente une exposition d'illustrations de Mathilde Magnan à Micropolis, la cité des insectes, à Saint-Léons du 1er avril au 8 mai 2023 puis au tiers lieu Pingpong le Toit à Millau du 9 mai au 30 juin 2023.

L'exposition Nom d'un insecte ! propose l'interprétation ludique de dix insectes. A partir de leurs noms souvent poétiques parfois humoristiques, Mathilde Magnan imagine les insectes puis nous montre leurs versions réelles. Elle puise dans les connaissances naturalistes pour dessiner de manière très minutieuse.

Les insectes seront publiés dans un livre aux éditions Terre vivante en automne 2023.

EXPOSITION FESTIVAL

Toutes les infos : www.aporiaculture.com

Samedi 1er Avril:

• 15h - Secrets Toxiques - documentaire de Andy Battentier (2023) (1 h) en présence de Philippe Piard (Président association : Secrets Toxiques).

• 17h - La ferme à Gégé - de Florent Verdet (2023) 71 mn. En présence du réalisateur. Restauration sur place par les producteurs locaux.

• 21h - GOLIATH'' de Frédéric Tellier (2022) (2h) avec Gilles Lellouche et Pierre Nine, débat après la projection.

Dimanche 2 Avril:

• 14h30 - Épouvantails (2022) (1h) Documentaire autour du sculpteur aveyronnais Pierre Prévost.

• 16h - Négociants (2017) (71 mn). L'univers du marché de bestiaux de Laissac Débat en présence de Philippe Roussilhe et Pierre Prévost.

Organisation : Association Georges Rouquier – Place de l'Église 12390 Goutrens Tel : 05.65.42.19.89. - www.espacegeorgesrouquier.fr

Découverte de la flore et du patrimoine de l’Aubrac Guide d’identification des plantes (plus de 650 plantes référencées) des itinéraires Découverte de l’Aubrac...

Pour le commander :

• Dans toutes les bonnes librairies

• A la Maison de l’Aubrac - 12470 Saint-Chély-d’Aubrac

• sur notre site Internet : www.lanauze.com

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SENSIBILISATION

La Journée mondiale de l’eau est une journée de sensibilisation à une gestion durable des ressources en eau. Instituée par l’Organisation des Nations Unies depuis 1992, elle est célébrée le 22 mars. L’édition 2023 vise à accélérer le changement pour résoudre la crise de l’eau et de l’assainissement.

Chaque année, la Journée mondiale de l’eau met en lumière un aspect spécifique de l’eau douce. La Journée mondiale de l’eau 2023 vise à accélérer le changement pour résoudre la crise de l’eau et de l’assainissement. Le dysfonctionnement du cycle de l’eau compromet les progrès réalisés à l’égard de tous les grands problèmes mondiaux, qu’il s’agisse de la santé, de la faim, de l’égalité hommes-femmes, de l’accès à l’emploi, de l’éducation, de l’industrie, des catastrophes ou encore de la paix.

Les dommages environnementaux, associés aux changements climatiques, sont à l’origine des crises liées à l’eau que nous observons dans le monde entier. Les inondations, la sécheresse et la pollution de l’eau sont aggravées par la dégradation de la végétation, des sols, des rivières et des lacs.

Toutes les infos : www.education.gouv.fr/journee-mondiale-de-l-eau-3155

INSOLITE

« MAY THE FOURTH BE WITH YOU » serait à l’origine de la journée mondial de la saga STAR WAR.

La version originale de cette réplique, « May the Force be with you », a tout simplement été modifiée par les fans : « May the Force » étant devenu « May, the Fourth », soit le 4 mai 2023

Elle trouve son origine dans l’une des phrases les plus importantes de la saga, « Que la Force soit avec toi », que les chevaliers Jedi prononcent comme on souhaiterait bonne chance à quelqu’un avant une rude épreuve.

Le 4 mai est devenu au fil du temps la journée mondiale «Star Wars». L’occasion pour les fans de la saga d’exprimer tout leur amour pour l’univers de George Lucas, qui n’en finit de se décliner sous forme de spin-off ou de séries. Un rendez-vous dont l’origine n’a pourtant rien à voir avec la franchise en elle-même.

www.starwars.com

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QUELQUES RENDEZ-VOUS...

CHARLES GIUSTI NOUVEAU PRÉFET DE L’AVEYRON

Arrivé en provenance des Terres australes et antarctiques françaises où il officiait en qualité de préfet et administrateur supérieur, Charles Giusti a débarqué en Aveyron fin octobre. Entretien avec le représentant de l’Etat en terre rouergate.

Vous êtes officier de Marine, comment êtes-vous venu à cette voie ?

Originaire d’Annecy, j’avais envie de découvrir le vaste monde. J’ai suivi des études scientifiques, orientées vers l’ingénierie, en suivant les classes préparatoires aux grandes écoles. J’avais envie d’un supplément d’âme, aller vers l’ailleurs, alors j’ai intégré l’école des Mousses, puis l’école navale à 20 ans. J’ai fait la différence entre le rêve et la réalité du monde marin. J’ai beaucoup navigué avec quatre campagnes Jeanne-d’Arc et trois tours du monde sur les océans.

Comment vivez-vous ce retour sur terre avec l’absence de mer en Aveyron ?

L’Aveyron est la quintessence de l’art de vivre à la Française. J’ai beaucoup bourlingué et c’est justement quand on va vers l’extérieur que l’on se rend compte de nos richesses. J’éprouve un attachement viscéral à la France métropolitaine. On peut prendre plaisir à voyager quand on sait

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Entretien : André Ruffo Photographies : Patrice Thébault

qu’on a un endroit qui nous attend, nos racines. J’avais manifesté mon intérêt de changer de poste. Le poste de préfet et administrateur que j’ai occupé pendant deux ans dans les Terres australes et antarctiques françaises, est très particulier. On travaille en autonomie, il n’y a pas de population. Il y a des gens en mission : militaires, scientifiques, surveillants, etc. Il manquait le contact qui accompagne la fonction publique. Mon affectation relève du président de la République, la décision est prise en conseil des ministres. De fait, un préfet a un CDD de sept jours.

Quelles sont vos premières impressions sur l’Aveyron ?

Je suis arrivé en voiture de Montpellier. J’ai aimé la traversée du Larzac et du Lévezou, la beauté de ces paysages vallonnés, on sent la main de l’homme. L’arrivée sur Rodez est impressionnante avec la cathédrale que l’on voit de loin, cela continue à me frapper. Sur le plan humain, ce qui me frappe c’est la qualité de l’accueil des Aveyronnais. Je croise des gens qui me disent : « Bienvenue en Aveyron. » Il y a la fierté et le sens de l’accueil ce qui ne peut qu’ajouter à la motivation. Les relations avec les entreprises, les collectivités et les associations se déroulent dans un climat apaisé. On ne s’apitoie pas, on cherche des solutions ensemble ce qui rend le travail stimulant.

Quelles sont vos missions ?

Mon premier rôle consiste à assurer la sécurité de la population. Le deuxième rôle du représentant de l’Etat est celui d’animateur auprès des collectivités locales, associations, élus, usagers, etc.

Justement, il est prévu un atelier sur les énergies renouvelables organisé par vos services. Qu’en est-il ?

Cela me semblait très utile de choisir ce thème en Aveyron où c’est un débat très régulier. Le but est de ne pas se refaire les questions au regard du changement climatique. Il faut décarboner, comment on fait ? Il faut avancer dans la concertation, tordre le coup à des affirmations sur les énergies renouvelables mais aussi émettre des réserves. Par exemple, on dit que les méthaniseurs puent, c’est faux car c’est filtré. On parle aussi du danger des éoliennes pour les oiseaux, mais il y a des dispositifs de mise en sécurité. On connaît les risques. Il faut redonner des perspectives, clarifier. Une dizaine de groupes de travail seront réunies le 23 mars à Pont-de-Salars pour s’exprimer, démêler le vrai du faux, écouter, améliorer. Je comprends les inquiétudes et les contestations, il faut se dire que ce sont les conséquences du changement climatique, il faut réfléchir aux perspectives. J’ajoute qu’il y a aussi le potentiel de bois énergie en Aveyron.

Concernant le sujet des énergies, le projet d’unité de méthanisation à Bozouls fait débat. Une réunion d’information est même annoncée. Quelle est votre position ?

Il y a eu une enquête publique, rien ne ressort qui puisse exprimer les craintes. Les éléments techniques ne confirment pas ces craintes. On n’a toujours peur de ce qu’on ne connaît pas. Il ne faut pas laisser dire les choses fausses, c’est le but de la concertation.

Le changement climatique est au cœur des enjeux. Quid de la sécheresse en Aveyron ?

La chance du département est que son agriculture n’a pas de grands besoins en eau contrairement à d’autres régions. On prendra les mesures en temps voulu. On est attentif. On peut anticiper sur certains usages sans attendre l’étiage. La sobriété devient à la mode.

Quelles ont été les mesures dont vous êtes fiers d’avoir prise ?

J’ai été chef de groupement aérien où je suis arrivé dans un contexte dramatique avec quatre morts et trois avions au tapis. Nous avons beaucoup travaillé, ce fut une dynamique importante, notamment avec les pilotes. J’ai aimé exercer dans l’administration pénitentiaire pour des missions de sécurité mais aussi de prévention. Sortir quelqu’un qui s’est radicalisé, lutter contre la récidive à travers des projets d’insertion. Beaucoup de gens n’ont pas cette chance, ils sont sans cadre, le travail est important pour les aider à retrouver un équilibre au sein de la société. Les attentats ont aussi incité l’administration pénitentiaire à se reposer des questions sur la récidive. Enfin, ma précédente fonction dans les terres australes, a permis de développer des recherches scientifiques autour de Madagascar pour apporter un volet international. C’est un laboratoire du changement climatique, ce fut un beau projet. Cette extension de la réserve naturelle des terres australes fait d’elle la deuxième du monde.

Outre votre profession, quelles sont vos occupations ?

J’ai peu de temps disponible mais j’essaie de me préserver une randonnée dominicale quelque soit le temps. On regrette toujours de manquer de temps car on le subit mais il faut savoir ce qu’on veut. Je me suis engagé au service de l’Etat.

11 RENCONTRE

Entre Ciel et Terre …

Le nez souvent tourné vers les étoiles, cherchant dans la luminosité temporellement trompeuse un sens à sa destinée, l’Homme rêve… de percer le secret de la météo ?... d’un ailleurs meilleur ?...

Ou bien, simplement, il admire leur beauté éternelle. Car c’est dans l’obscurité la plus profonde, que se révèlent les lumières les plus subtiles ! Mais pourtant, entre Ciel et Terre, l’Homme et le sol sont d’éternels compagnons de route.

S-o-l… Trois lettres si riches de sens. Sol ?... Comme soleil (en espagnol). Père de toute vie, il nous illumine de chaleur et réconforte nos cœurs.

Sol ?... Comme cette si fine enveloppe, minérale et humifère, qui confère à notre Terre-Mère la capacité d’accueillir la Vie végétale si précieuse, car nous donnant l’indispensable oxygène.

Du sol au jardin.

Ainsi sans sol, pas d’oxygène. Sans sol, pas d’agriculture. Sans sol, pas de sédentarisation. Sans sol, pas de développement de nos sociétés humaines. Sans sol pas de jardins pour nous nourrir et égayer nos joies.

Si le sol nous porte et nous transporte, le jardin, son enfant, nous nourrit de multiples façons.

C’est en 1896 que l’abbé Jules-Auguste Lemire (1853-1928), alors député-maire d’Hazebrouck (Nord) et prêtre du diocèse de Cambrai, organisa les premiers jardins ouvriers. La mise à disposition par les communes d'une parcelle de terrain dédiées aux cultures potagères avait pour objectif l’amélioration des conditions de vie des ouvriers.

Mais si l’abbé Lemire garde une place de choix dans l’histoire des jardins partagés, peut-être doit-on la réalisation des 1 ers jardins en Angleterre (allotments ou terres allouées aux ouvriers ), aux guerres Napoléoniennes lors de la première décennie du 19ème siècle.

Puis en 1864, c’est en Allemagne que le médecin et pédagogue Daniel Gottlob Moritz Schreber fonda une association des jardins ouvriers et familiaux pour « éduquer la population » et « améliorer la santé publique »

Tandis qu’en France, la création des jardins familiaux revient à Félicie Hervieu à Sedan en 1889, qui inspira très vite le Père Volpette à Saint Etienne (1895), puis l’abbé Lemire qui écrivit : « S’ils permettent aux ouvriers d’échapper à leur taudis en profitant d’un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales au sein de ces espaces verts ».

C’est après la seconde guerre mondiale, que les jardins ouvriers devinrent familiaux, et se voulant plus « familiers », s’ouvrent à d’autres catégories socioprofessionnelles. Mais le but reste toujours le même : offrir à toutes celles et ceux qui n’en ont pas la possibilité de jouir d’un jardin.

En 1952, le code rural légifère : la loi du 26 juillet précise que leur gestion est confiée à des associations loi 1901 : « Les associations de jardins ouvriers, qui ont pour but de rechercher, aménager et répartir des terrains pour mettre à la disposition du chef de famille, comme tel, en dehors de toute autre considération, les parcelles de terre que leurs exploitants cultivent personnellement, en vue de subvenir aux besoins de leur foyer, à l’exclusion de tout usage commercial, doivent se constituer sous la forme d’associations déclarées ou reconnues d’utilité publique conformément à la loi du 1er juillet 1901 ».

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Après un échec en 2003 pour rafraîchir la loi, c’est en 2007 que le Conseil National des Jardins Collectifs et Familiaux (CNJCF) est créé avec pour ambition d’encourager le développement de ces jardins partagés. Connaître et protéger le patrimoine végétal et de la biodiversité, et encourager toutes actions en faveur d’un jardinage raisonné et respectueux de l’environnement, dans une perspective de développement durable, devient le leitmotiv d’une génération politique et publique, qui sait sans doute déjà que le réchauffement climatique est inévitable…

Ainsi, ouvriers, familiaux, communaux, collectifs ou communautaires, quel que soit le qualificatif donné, ces jardins tous partagés, ont toujours eu deux motivations principales : manger à moindre coût et profiter d’un temps de contact avec la Nature à l’air libre, symboliquement loin des préoccupations de tous les jours.

Le jardin comme loisir, comme ressourçant, comme exercice physique de plein air ou comme moyen de se nourrir, a au moins le mérite de nous rappeler que l’Homme est aussi enfant de Dame Nature.

Et partagé pour nous rappeler que l’être humain est un « être de relation » ? Un animal social qui trouve son bonheur dans le partage ?

Cultiver ensemble ou individuellement dans un espace commun, est inévitablement source de grandes richesses. Entre plaisir de manger sain et frais, et celui de se reconnecter à la Nature, ces moments de partage et de collaboration avec son voisin ou sa voisine de jardin sont toujours une occasion joyeuse de créer ou fortifier un lien social qu’Internet et les réseaux sociaux virtuels malmènent depuis 20 ans, sans oublier la crise du Covid.

Dans un contexte socioéconomique délicat, où le coût des denrées alimentaires ne cesse d’augmenter, tandis que la qualité des produits proposés par l’industrie diminue, retrouver les réflexes des paysans que nous avons été autrefois, via nos parents, grands-parents ou aïeux, devient de plus en plus nécessaire.

Le désir de retour à la terre n’est plus une utopie de baba-cools, mais une réalité grandissante pour une catégorie de population qui aspire au calme que seule la Nature propose, et peut-être bientôt une nécessité vitale ?

En marge d’une agro-chimie toute puissante, car insidieusement subventionnée, se sont développées des pratiques alternatives (Agriculture Biologique, Raisonnée, Biodynamique, Permaculture, …) qui impulsent des rêves d’avenir meilleur.

En attendant ce jardin pour demain qui pourrait être la Terre, commençons au plus près de nos maisons par cultiver le notre. Les jardins partagés en sont peut-être une clé. Alors cultivez votre jardin. Cultivez votre sol.

15 LE DOSSIER
Car sans sol, pas de musique pour égayer nos vies. Et pas de Clé pour leur donner du sens… Texte
: A. Pouvreau

Nous vous proposons une sélection de jardins accessibles à la visite. Que ce soit pour leurs qualités de composition ou d’architecture, de leurs intérêts historique ou botanique et de tous les styles... Ils vous procurerons un moment de détente et de rêverie.

Jardin de la Mothe Salles-Courbatiès

Le Jardin de la Mothe est crée en 1997 autour d’une ancienne ferme Aveyronnaise par une artiste. Le jardin privé de 3.500 m2 met en scène des tableaux sur le paysage à partir d’échappées ou d’ouvertures taillées en oculus. Il est désormais labellisé Jardin Remarquable en 2013.

www.jardindelamothe.com

Fôret Jardin du Landassou Quins

Depuis 2013, plantes spontanées ou rapportées, sauvages ou cultivées, reconquièrent l’espace et permettent le retour d’une diversité grandissante de végétaux et d’animaux. Ce n’est qu’un début, la suite appartiendra à d’autres. Arbres, arbustes, fleurs et herbes en tout genre proposent un paysage différent mais aussi nourricier, dans l’esprit de la food forest, du jardin-forêt, du jardin punk : une dose de permaculture, beaucoup de rêve, un zeste de folie !

www.foretjardinlandassou.wordpress.com

16 PRINTEMPS 23 - N° 32
Alors allons faire un tour au jardin...

Jardin des 5 sens Taussac

Le jardin, pédagogique, jouxte la Maison du Bois sur le Sentier de l’Imaginaire de Taussac : La Forêt Magique. Ouvert toute l’année pour voir des fleurs en toutes saisons, sentir les plantes aromatiques, goûter toutes sortes de fruits, écouter le circuit de l’eau et le bourdonnement des insectes, toucher l’écorce des arbres...

Jardin botanique de l’Aubrac Saint-Chély d’Aubrac

Espace de découverte dédié aux plantes sauvages de l’Aubrac (plus de 680 espèces) et aux patrimoines naturel et historique de l’Aubrac. Le jardin Botanique de l’Aubrac présente la flore sauvage du massif de l’Aubrac. Les plantes, toutes étiquetées, sont montrées dans leurs différents milieux de vie reconstitués.

www.aubrac-jardin.org

Jardin du château de Bournazel Bournazel

Le jardin, ses parterres fleuris, sa fontaine, son bassin... se dessinaient peu à peu depuis les fenêtres du château. Qu’une envie : aller explorer ses allées, mais avant, nous profitons de la vue grandiose depuis la terrasse de ce jardin rénové à l’identique grâce à des fouilles archéologiques et des archives d’époque.

www.chateau-bournazel.fr

Jardin du château du Colombier Salles la Source

Situé, à 18 km de Rodez capitale du Rouergue, Le Parc du Colombier se niche dans une combe. Fief ancestral de la famille de la Panouse depuis 30 générations. Envie de nature? Flâner dans son jardin médiéval, près du château ou sous la tonnelle de glycine à l’entrée du labyrinthe.

www.chateauducolombier.fr

Jardin des enclos

Viala-du-Tarn

Ce jardin d’agrément paysager et artistique d’un hectare se veut respectueux de la nature, sans pesticides ni autres produits chimiques. Le jardinier s’y exprime en complicité avec la nature, y crée des ambiances, y joue des thématiques et s’y sert de son atout majeur, l’imagination.

www.lejardindesenclos.net

17 LE DOSSIER

Le jardinage n'est pas réservé à ceux qui possèdent un jardin. On peut tout à fait cultiver son coin de paradis sur son balcon ou sur sa terrasse. Et bonne nouvelle, de plus en plus de plantes sont à la portée du jardinier amateur qui peut faire faire sa récolte, dans les centres urbains.

Radis, fèves, petits pois, fraises, tomates, courgettes et bien sûr les plantes aromatiques, telles que la ciboulette, le thym et le romarin, sans oublier la coriandre et le persil...tout peut se cultiver sur son balcon.

La question reste de savoir comment ? Rien de plus simple. Il faut d'abord avoir un espace (terrasse, balcon...) orienté au Sud ou recevant un minimum de 4 heures de soleil par jour. Les plantes et les légumes ont besoin de soleil pour une bonne production et une maturité sur pied qui leur donne tout leur goût.

Il faut bien sûr avoir des pots (de préférence en terre cuite), mais aujourd'hui les spécialistes en jardinage (tels que Melila ou Magasin vert Unicor) proposent des solutions pour jardiner facilement, sans se casser le dos. Que ce soit des bacs séparés, des bacs en hauteur ou sur roulettes, des jardinières en matériaux synthétiques (moins lourds à transporter que la terre cuite), les solutions sont nombreuses.

Une fois les contenants choisis, il faut ramener de la terre (végétale riche) et commencer à planter. En Aveyron, certains légumes ne supportent pas le froid. Autant dire que le mois de mars est trompeur pour la tomate, qui préfèrera attendre la fin des Saints de glace, après mi-mai, pour être plantée, surtout en pot. Ensuite, quand la terre s'est réchauffée on pourra se faire plaisir en jouant à la fois sur les couleurs, les hauteurs des plantes, sur la variété des feuilles etc. Certaines plantes sont facilement cultivables en pot sur sa terrasse comme les fèves, les petits-pois, les radis, la tomate, concombre, la courgette, la fraise, toutes les salades, la betterave et bien entendu les plantes aromatiques (basilic, coriandre, persil, ciboulette, thym, romarin, l'aneth.....)

Il faudra ensuite rester attentif à la sécheresse et à l'arrosage. En effet, les plantes en pot sont particulièrement sensibles à la déshydratation. Il faut se doter d'un arrosoir et d'un pulvérisateur pour rafraîchir les feuilles, en cas de fortes chaleurs. Ce système de plantation sur terrasse ou balcon convient parfaitement aux petits jardins partagés en ville. Cela en fait un excellent moyen de passer du temps ensemble, avec ses voisins, tout en se régalant et en échangeant sur les bonnes pratiques.

PRINTEMPS 23 - N° 32
Texte : K. Hina

L’almanach illustré du jardinier

Au fil des mois et des saisons, tous les trucs et astuces pour réussir son jardin et son potager. Calendrier des semis, outils du jardinier, plantes d’appartement, curiosités, jardins remarquables, conseils saisonniers et de nombreuses autres informations, cet Almanach illustré du jardinier vous accompagnera toute l’année

Éditeur : Editions Sutton

Broché : 143 pages

ISBN-13 : 978-2813819017

Dimensions : 21 x 0.8 x 27 cm

Les jardins de France

Jean Vassort considère « l’objet-jardin » depuis le cœur du Moyen-Âge, à travers l’ensemble de la société française. Qu’il soit rural ou urbain, populaire ou aristocratique, utilitaire ou d’agrément, à vocation religieuse ou à visée scientifique, voué au repli ou à l’ostentation, le jardin occupe de tous temps une place éminente dans la civilisation occidentale, et plus particulièrement en France.

Éditeur : Tempus Perrin

Broché : 384 pages

ISBN-13 : 978-2262084516

Dimensions : 16 x 3.2 x 24 cm

https://jardinage.lemonde.fr

https://rendezvousauxjardins.culture.gouv.fr

Un jeu de société fabriqué en Aveyron pour inciter les petits et les grands, les 5 sens en éveil, à s’épanouir au contact de la nature et du potager familial. Plongez dans la vie de nos jardins. Chaque joueur cultivera son potager afin d’obtenir une très bonne récolte ! Mais attention aux aléas du temps et aux effets dévastateurs des parasites, maladies, ou nuisibles… Cultivons ensemble... en famille ! Les jardiniers les plus malins mettront en place leur stratégie afin de gagner la partie !

Plus d’infos : www.lejardindemargotetarthur.fr

19 LE DOSSIER
PRINTEMPS 23 - N° 32 20

De retour parmi les vieilles pierres de sa mémoire. Claire Molinier est née à Paris, mais son sang est 100% aveyronnais. Un truc qui parle, au bout d’un moment. Alors, la voici revenue au pays de ses racines, pour ne pas les perdre. C’était il y a quelque temps déjà.

A 50 ans tout juste, Claire est «dir com’ de la comm’ comm’» (entendez par là directrice de la communication de la communauté de communes) Lot Comtal Truyère à Espalion depuis plus de 5 ans, après avoir exercé le métier équivalent à Rodez. Son retour ? Il se traduit dans le cœur.

« J’ai une appétence pour le patrimoine, c’est une histoire de famille. Mon grand-père maternel était versé dans les recherches sur ce sujet, et surtout la cathédrale de Rodez. Alors j’ai orienté mon travail vers ce patrimoine », déclare-t-elle. « J’aime mon pays, ses symboles, et la cathédrale est un symbole. Elle est spéciale, c’est la nôtre. Elle n’a jamais été finie. C’est presque un organe dans la ville, et en même temps, les Ruthénois l’ont dans le cœur. »

Alors plutôt que de croquer une part de Mandarelle ou de porter le maillot des rugbymen ruthénois fabriqués tardivement aux arabesques de la rosace de la cathédrale, Claire va tout aussi tardivement se rapprocher des Amis de la cathédrale, une association laïque « petite fille » de la société des Lettres, créée fin 1968 pour mettre à l’époque l’imposant bâtiment trônant au cœur du piton « hors d’eau, puisqu’elle prenait l’eau, vraiment. »

Les Amis de la cathédrale vont depuis remuer ciel et terre (c’est-à-dire le clergé et l’État) pour œuvrer pour la sauvegarde et la restauration de la cathédrale, en prenant une part active à plusieurs travaux de rénovation du site tout au long des ans (greffe de statuaires, copies de structures comme le cadran solaire de la façade, restauration de tableaux ou de l’ancienne horloge...). Entretemps, juste après l’anniversaire en 2018 des 50 ans de l’association dans lequel elle va s’impliquer, Claire Molinier va devenir la nouvelle présidente des «Amis», tout en conservant à ses côtés l’ancien président, JeanCharles Bielanski, et l’archiviste de la société des Lettres Pierre Lanson. « Ce n’est pas un aboutissement, sourit-elle, mais beaucoup de travail. Si mon grand-père voyait que sa petite fille reprend le flambeau... »

Claire pense aux 500 ans du clocher de la cathédrale, qui seront fêtés en 2026 sur la place d’armes, à l’ombre du bâtiment. Mais dès cet été, une exposition investira ces mêmes lieux.

Mais elle ne boude pas son plaisir de voir son association faire vivre l’endroit. « Il y a beaucoup de monde qui œuvre à la cathédrale pour lui faire battre son coeur, des chercheurs, des historiens, des gardiens de la mémoire, des gens de tous horizons... Tout l’été, et depuis le début de l’association, il y a des jeunes de 14-18 ans qui font l’accueil à la cathédrale, qu’on forme, et qui font les visites, qui expliquent. C’est pour eux une première expérience qui leur est utile par la suite dans leur vie. » Sa relation particulière à la cathédrale ? Elle existe : « J’y passe le plus de temps possible, explique-telle. Je fais visiter aux gens, et c’est parfois une source d’inspiration. J’y vais parfois seule, ça me fait du bien. Chaque fois que je vien, je vois de nouvelles choses. J’aime le côté poétique, initiatique du lieu (...) On est dans un monument qui a plusieurs siècles, ça pousse à l’humilité, on n’est vraiment que de passage dedans. On ne pas pas vouloir marquer son temps. Je ne me sens pas comme une gardienne du lieu, mais comme une veilleuse. »

Claire se rappelle: « J’adore ce qu’a dit Saint-Exupéry : qui a dans le cœur une cathédrale à bâtir est déjà vainqueur».

Preuve qu’il y a là, entre Claire, la cathédrale et ses «amis», une histoire de c(h)oeur.

21 RENCONTRE PORTRAIT
Entretien : Laurent Roustan Photographie : Patrice Thébault

EMILIE DE RODAT l’institutrice des pauvres

Le 19 septembre 1787, Marie Émilie de Rodat naquit au château de Druelle en plein cœur du Rouergue. Issue d’une vieille famille de la noblesse rouergate très pieuse, elle est sensibilisée dès le plus jeune âge au catholicisme. En 1789, avec les tumultes de la Révolution, elle se réfugia chez sa grand-mère maternelle, Agathe de Pomayrols, au château de Ginals, près de Villeneuve d’Aveyron.

Elle se lança dans la vie monacale à trois reprises sans succès. Elle décida de rejoindre sa grand-mère proche d’une communauté regroupant d’anciennes religieuses à Villefranche de Rouergue. Elle y développa ses talents d’éducatrice. Celle qui fut surnommée « l’institutrice des pauvres » consacra sa vie aux démunis, aux enfants défavorisés, malades, aux prisonniers et aux prostituées.

Déplorant la disparition des écoles gratuites des Ursulines, elle fonda le 3 mai 1816, la congrégation de la Sainte-Famille avec trois de ses amies : Marie Boutaric, Eléonore Dutriac et Ursule Delbreil. En 1817, elle s’installa dans l’ancien couvent des Cordeliers. Les religieuses se vouèrent à l’instruction des filles pauvres et aux soins des malades.

A sa mort, le 18 septembre 1852, plus de cent structures se réclamant de son héritage à travers le monde avaient vu le jour. Elle fut béatifiée le 9 juin 1940 puis canonisée le 23 avril 1950 par le pape Pie XII. Son corps est conservé dans la crypte de la chapelle du couvent de la Sainte-Famille.

En France, plusieurs foyers et établissements scolaires portent son nom. A Rodez, une maison d’enfants à caractère social s’est installée dans le quartier de Bel Air. Sa finalité est d’ouvrir aux jeunes des perspectives d’avenir dans la lignée d’Émilie de Rodat.

23 PRINTEMPS 23 - N° 32 Route de Trinquiès Souyri 12330 SALLES LA SOURCE Tel. 05 65 60 70 55 Port. 06 08 54 46 95 www.lanauze-audiovisuel.com Enregistrement Audio Duplication (CD, DVD, Clé...) Réalisation Audiovisuelle Films Entreprises Création Multimédia Logo /Entité graphique Edition / Print / Pub UN NOM... UN LIEU, UN MONUMENT...
Texte : Fabien Lafon Tour de la maison dans laquelle a été fondée par Émilie de Rodat et trois compagnes l’Institut de la Sainte-Famille, le 3 mai 1816, à Villefranche-deRouergue.

Préparation : 10 mn Cuisson : 25 mn

Pour 6 personnes

• 400 g de riz rond type Arborio

• 200 g d’ Asperges vertes cuites

• 80 g de Parmesan râpé

• 1 Oignon

• 1/,5 litre de bouillon de légumes

• 1 noix de beurre

• Sel, poivre, huile d’olive.

RISOTTO AUX ASPERGES VERTES

Etape 1 : Coupez vos asperges cuites en 4 et mettez les pointes de côté. Epluchez puis coupez ll’oignon en petits dés.

Étape 2 : A feu doux, faites revenir l’oignon avec un filet d’huile d’olive. Ajoutez le riz d’abord quelques minutes pour le faire nacrer.

Étape 3 : Ajoutez progressivement à la préparation le bouillon chaud en remuant régulièrement. Salez et poivrez à votre convenance. Ajoutez avant la fin de la cuisson les morceaux d’asperges (sauf les pointes) dans votre préparation.

Étape 4 : Une fois le risotto cuit «al dente», ajoutez le parmesan et mélangez énergiquement afin d’obtenir un aspect moelleux.

Laissez reposer 5 min le risotto, le temps de faire revenir légèrement les pointes d’asperges dans du beurre.

Étape 5 :Dressez votre risotto dans vos assiettes avec les pointes d’asperges posées sur le dessus. (Déclinez la recette en ajoutant selon vos envies des haricots verts ou des petits pois par exemple).

25 PRINTEMPS 23 - N° 32 LA RECETTE DU MOIS
46 91 11
15, Avenue Cabrol 12300
DECAZEVILLE 05 81

L’essieu brisé

Dans quelle galère mon père m’a-t ’il précipité ? La pluie tambourine à la fenêtre de cette chambre que n’éclaire qu’un chandelier poli par les centaines de mains, qui comme les miennes, écartent les tentures pour trouver un peu de distraction en observant cette ruelle plongée dans l’obscurité. A notre arrivée, aucune âme qui vive pour nous saluer. C’était la tombée de la nuit et il ne fait pas bon rester sur les chemins à pareille heure. Demain sans doute, les badauds accourront pour tenter d’apercevoir un hôte aussi illustre. Je n’ai jamais compris l’engouement des petites gens pour les tenants du pouvoir, fût-il royal. Mais qui suis-je donc pour juger mes semblables ? Des mœurs du temps, mettons-nous moins en peine, et faisons un peu grâce à la nature humaine. Allons, en attendant, nous voici reclus dans cette bourgade à cause d’un essieu

PRINTEMPS 23 - N° 32 26

brisé dans une ornière. Quand reverrai-je donc mon cher fleuve ? Certes, remplacer mon père auprès du roi offre certains avantages et le spectacle de tous ces fats qui s’agitent autour de lui offrent une matière bien savoureuse pour mon inspiration ; je ferai de ces sots des êtres de papier et leur redonnerai vie sur les tréteaux. Après tout, je considère que la vertu est le premier titre de noblesse, et je me dois, au nom de ce principe de dénoncer tous ceux qui dérogent à leur rang et croient tout savoir sans avoir jamais rien appris. Ah ! mon pauvre Jean, il est temps de dormir. Demain arrivera bien assez tôt…

L’existence ne laisse pas de nous surprendre ; depuis cette épouvantable nuit durant laquelle notre convoi a échoué ici, j’ai fait la rencontre de ma vie : je le sais, je le sens. Alors que nous étions attablés dans la grande salle, elle descendit l’escalier avec une grâce où s’exprimaient à la fois une fragilité enfantine et une profonde assurance. Dès que je croisai son regard, je sus que c’était elle, elle, la femme que le destin m’envoyait. Et pourtant tout nous sépare : plus de cinquante lieues, notre condition. Mais nos chemins se sont croisés et depuis, je respire mieux. Je ne peux souffrir d’aimer sans elle. J’ai compris que vivre sans aimer n’est pas proprement vivre. Au diable ces cochers qui ont réparé notre berline. La reverrais-je un jour ? Quoi qu’il puisse m’arriver, quelle que soient celles qui croiseront ma route ou même partageront ma vie, mon âme lui est acquise. Je me promets de la vénérer, d’une manière ou d’une autre, elle, Agnès, dont l’amour m’enseigne à être ce que je ne fus jamais.

Je puise dans un dernier regard toute l’éternité de cet amour que je ressusciterai dans mon œuvre future. Sur le chemin qui nous emmène vers Sigean, je grave dans mon cœur le nom de ce village que je maudissais encore il y a deux jours et qui désormais résonne à mon cœur comme une partie de moi : Molières.

Juin 1643 : ma main tremble ; Madeleine et moi nous apprêtons à parapher le parchemin qui entérine notre contrat de troupe. Et ne manquant pas d’audace, nous l’appelons l’Illustre Théâtre. Je trace alors, tandis que mon cœur se déchaîne et se déchire, le seul nom à laisser à la postérité, en souvenir du seul amour de ma vie : Molière.

27 LA NOUVELLE DE GENEVIÈVE...
Nouvelle de Geneviève VANDENBROUCKE Illustration de Margaux COULOMBEL

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Ruthene Magazine N°32 by Ruthene Magazine - Issuu