DOSSIER/ dosya
A propos de Cüneyt Ayral... Notes de lectures de Salih BOZOK lllllllll
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oète, romancier, chronique littéraire et politique, auteur de livres culinaires et de reportages, journaliste, et tour à tour, éditeur de journaux, entrepreneur et industriel avant qu’il ne se consacre exclusivement à l’écriture, Cüneyt Ayral est sans nul doute le plus parisien des écrivains turcs contemporains, avec Nedim Gürsel dont il partagea l’itinéraire qui les transporta tous les deux des rives du Bosphore sur celles de la Seine avec quelques années d’écart. Avec sa carrière et sa personnalité multiformes, il se situe aux antipodes de « l’homme unidimensionnel » d’Herbert Marcuse qui alimentait les esprits de révolte des années soixante. Grand voyageur et fin gourmet, il sait allier avec de savantes doses, saveurs et mets divers, des plus classiques aux plus exotiques, à l’image de ses livres. Je peux en témoigner pour en avoir goûté à multiples reprises et avec un immense plaisir, lors de son étape grenobloise. Après un séjour de plusieurs années à Nice, il rédigea certains de ses livres à Paris, ville qui l’inspira profondément dès son premier voyage de 1973 où il fit le rêve de vivre un jour dans un immeuble de style « haussmannien », vœux exhaussé quelques 30 années plus tard dans son domicile de la Rue Turbigo, n° 48, comme il explique lui même dans ses « Notes de
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Paris en deux volumes (Paris Notlarý I - II). Parmi les textes de Paris, figurent notamment, à côté de « Paris Notlarý », son autobiographie « Yolculuk » (Voyage) relatant ses années d’enfance et d’adolescence partagées entre Ankara et Istanbul, sa vie de famille et ses pérégrinations à travers le monde en tant qu’homme d’affaires, avec une réflexion critique sur la justice, ainsi que deux romans, « Müjgân » et « Zaman Bitti » (Le temps s’épuisa) présenté par Bedri Baykam. « Müjgân », mon préféré parmi ses romans et dont le titre évoque un prénom féminin turc d’origine persane signifiant « cils », est l’histoire d’un amour singulier né d’une rencontre fortuite sur les rives du Bosphore. Le narrateur, homme solitaire rongé par la peur de la mort, et industriel de son état, en bonneterie, -et à ce niveau, toute ressemblance avec les personnages réellement existants ne serait pas entièrement fortuite- nous plonge au cœur de cet « univers impitoyable » où se côtoient les hommes et femmes d’affaires nouvelle génération et new look dans la Turquie émergente d’aujourd’hui, et nous balade, à travers la quête de cette « Müjgân » introuvable, aux quatre coins du globe, du Gabon au Mexique en passant par la Toscane. La multiplication des liens, plus charnels qu’amoureux dans ces contrées proches ou lointaines avec des
femmes toutes aussi férues d’amour que de carrière, s’avère impuissante à assouvir sa volonté de retrouver la cible de son désir platonique furtif. Le portrait d’une industrielle d’Istanbul, vraie prédatrice capable de tout pour arriver à ses fins, et imbue de sa personne comme on en rencontre par dizaines dans la grande métropole turque, est minutieusement tracée sans complaisance aucune. Le personnage clé du récit, jamais nommé en la personne du narrateur, « amoureux de l’amour », et balloté entre passion, fidélité et volonté de se protéger de « l’érosion de l’amour », se plie finalement « aux choix de l’être chéri ». Le vrai amour, dit-il, ne peut être possession, mais le respect du choix d’autrui. Le récit se terminera sur une fin pathétique. « Gümüþ Gölge » (Ombre d’argent) est rédigé dans un style romancé, d’après la rencontre à Paris, les entretiens et la correspondance de l’auteur-journaliste, avec un prostitué travesti d’origine turque, qui ne dit pas « non » à un voyage proposé pour la capitale française, alors qu’il habite à Istanbul chez sa tante depuis sa préadolescence, fuyant l’autorité de l’oncle qui l’élève après l’abandon du foyer conjugal par le père.... Nous suivons le personnage du récit dans ses aventures en compagnie d’autre êtres, tels les Anita, Lola ou Brigitte vivant tant bien que mal leur étonnant dédoublement d’identité sexuelle dans l’unité d’un seul corps, dans les clubs échangistes de Paris, à Myconos, Barcelone, New York ou ailleurs « hantés par les ombres d’argent ». « Mimiti&titolayo.sin » est le dernier roman publié de Cüneyt Ayral et dédié à « Sir Arthur C. Clarck, en souvenir de beaux jours passés à Colombo, Sri Lanka ». Il s’agit du récit d’ un amour interplanétaire qui transporte le lecteur, d’Istanbul et d’Izmir aux différents lieux de notre petite planète, avec des réminiscences des années de Côte d’Azur, avec Nice et Antibes en exergue. Cüneyt Ayral qui nous fait vibrer des notes insolites et pourtant si familières de l’univers mérite d’être connu du public franq cophone.
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CÜNEYT AYRAL IN
“ ÝSTANBUL ÞARKILARI KÝTABÝ
»
EDITONS/BÝN TANE YAYINLARI, 1989
Fransızcası / Traduit par : Beverly BARBEY
1 Arz Kapısı Yalnızlığın derinliğini, Sevginin sessizliğini, Ne bileyim işte! Bilmediklerimi anlat...
2 Galata Kulesi Hep seni düşünüyorum Galata’nın sokağında, Yıkılan cumbalı kırmızı evin orada.
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1 Le portail du palais Raconte-moi les profondeurs de la solitude, Le silence de l’amour, Eh bien, je ne sais pas ! Raconte-moi les choses que j’ignore.
2 La Tour de Galata Je pense toujours à toi Dans la rue de Galata où la maison rouge à l’oriel se trouvait – mais n’existe plus.
3 Yerebatan
3 La citerne
Öyle bir şenlik işte İstanbul
Istanbul est une telle fête
Seni sevmek gibi bir şenlik
Une fête comme l’amour de toi.
4 Galata Köprüsü 4 Le Pont de Galata Ölüm konuşuluyor Galata Köprüsü’nde Üç çocuğa mezar olmuş
L’on parle de la mort
Köprüaltı
Sur le pont de Galata. Trois enfants trouvèrent la mort Sous le pont.
5 Kavuk İşte o zaman damitacaklar Yokoluşun tarihini Çürümüş bir kesik kulaktan...
5 Le turban Vont-ils alors distiller L’histoire de la fin de l’existence A partir d’une sale oreille amputée…
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6 Kız Kulesi
6 La Tour de Léandre
Uçsuzbucaksız denizlesin
La mer infinie – et toi
Bu kimsesizliğin ne güzel
Comme ta solitude est belle
Ne güzel!
Comme elle est belle !
7 Lale 7 La tulipe Seni Bitmemiş şiirlere
J’essaie de t’insérer
Sığdırmayı deniyorum
dans des poèmes inachevés
8 Ayasofya Müzesi 8 Sainte Sophie Teodora’nın kapatmasının mezarını mı çiğnedim ki Bizans tanrıları lânetliyor beni?
Pourquoi les dieux de Byzance me maudissentils ? Aurais-je piétiné la tombe du concubin de Théodora ?
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9 Surlar
9 Les anciennes murailles
Uzayan bir sessizliktir
Chaque matin d’Istanbul
İstanbul’un sabahları
Est un long silence ininterrompu
10 Sultan Ahmet Camii Sır saklamaya söz vermişler “Benden başka bilen var Sır değildir,” demiş.
10 La Mosquée Bleue /Sultanahmet Ils ont promis de garder le secret. Il a dit : « Si un autre que moi le sait, Ce n’est plus un secret. »
11 St Antuan 11 L’église Saint Antoine Öpülmek eskisi fotoğraflarına O İstanbul’u anlatıyorum
Pour tes photos, usées par mes baisers,
Pera’nın arka sokaklarını
Je décris cette Istanbul – dans les petites rues de Péra
Yıkılmış, tarihi yazılmış/ yazılmamış
Aujourd’hui disparues, et dont l’histoire a été/ n’a pas été écrit
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12 Dolmabahçe Sarayı Seni seninle bırakıp
12 Le Palais de Dolmabahçe
Dönüyorum İstanbul’dan Je reviens d’Istanbul En te laissant avec toi-même. 13 Mühür Seni zamana yaymıştım
13 Le sceau
Bir dönüp baktım Zaman akıp gitmiş
J’ai passé du temps sur toi. En me retournant pour regarder Le temps s’est envolé.
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Hayatla nasýl dalga geçilir! Tufan AKSOY in «Gazeteyenigün», 29.07.2011 lllllllll
bilmiyor bu sorularýn cevabýný. Çünkü o öylesine farklý birisi ki yaþamý boyunca hayatla dalga geçmiþ. Batmýþ, çýkmýþ, ama hep yüzü gülmüþ. Onu somurturken görememiþtir kimse… Ne badireler atlatmýþ, ne maceralar yaþamýþ, yine de yýkýlmamýþ… Cüneyt Ayral demiþler onun adýna… Bilenler bilir, bilir ama hep þaþar, þu bizim Cüneyt ne mene bir adamdýr ki hâlâ yaþama direniyor diye… Kimseden korkmamýþ, her þeye göðüs germiþ, ama bir tek ölümden korkmuþ… Ölümden korktuðu için de þair olmuþ, yazar olmuþ, kitaplar yazmýþ… Artýk amacýna ulaþmýþ fizik olarak ölsem de ben kitaplarýmla, þiirlerimle yaþayacaðým diyor… Eserleriyle yaþayacaðýna inanýyor… O, nevi þahsýna mahsus biri…
Yýllar öncenin Ýstanbul’da kadýn iç giyiminde popüler bir patron olan Cüneyt Ayral borçlar yüzünden Fransa’ya gidince Marsilya’da pazar tezgâhýnda “Ýkizlere takke” diye baðýra baðýra sutyen satmýþ. Hayatla nasýl dalga geçileceðini ondan iyi bilen yoktur… Bakýn o nevi þahsýna mahsus þair, yazar, gazeteci Cüneyt Ayral’ýn becerilerine… O, nevi þahsýna mahsus biri… Uzaydan mý gelmiþ, bilinmeyen bir diyarda mý doðmuþ, kriptondan mý gelmiþ… Kimse
Cüneyt Ayral’ý Ýstanbul’da büyük bir iþadamý olarak görebilirsiniz… Türkiye’de kadýn çamaþýrýna “Ýç giyim” tabirini yerleþtiren de odur… Dünyaca ünlü, kadýnlarýn gözdesi Warner ve Gabriel Venato marka kadýn iç giyiminin Türkiye temsilcisi de odur… Ama kendi tabiriyle biz Türkler “ortaklýk mefhumu”na alýþýk olmadýðýmýz için ticarette batan da odur… Ýstanbul’da her yýl en prestijli mekânlarda iç giyim defileleri düzenleyen ve de yurtdýþýndan getirdiði mankenlerle sunduðu çamaþýrlarý sosyeteyi alt üst eden de odur… Büyük gazetelerin birinci sayfasýndan onun etkinlikleri yer alýr-
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yazmýþ kurgu bilim türünde. Gezegenlerarasý aþký anlatýyor, “Düþünsel elementler”le ilgili sevenleri için keyifli ama ben oldum olasý þu bilim kurguya ýsýnamadým o baþka… Cüneyt Ayral’ýn bilim kurguya dalýþý bildiðiniz gibi deðil. O Sri Lanka’da en baba bilim kurgu yazarý ile tanýþtýktan sonra baþlamýþ,… Ýngiliz Þövalyelik Niþaný’na sahip Sir Arthur Charles Clarke olayýn mantalitesini ona anlatmýþ… Anlatmýþ… Çünkü Clarke meþhur yönetmen Stanley Kubrick ile çalýþmýþ ve yazdýðý “2001: A Space Odyssey” adlý filmi gerçekleþtirmiþ… Yani Cüneyt Ayral hayatla dalga geçerken böylesine tesadüflerle yaþamýþ,… O, nevi þahsýna mahsus biri…
dý… Zirvedeydi… Cüneyt Ayral’ý Marsilya’da veya o civarlarda bir kasaba pazarýnda Fransýzca “Ýkizler takke” diye Türk usulü baðýra çaðýra sutyen satarken görenler de þaþýrmamýþtýr. Çünkü o Cüneyt’tir yapar… Ekmeðini taþtan çýkarýr… Sutyenleri satar, donlarý, jartiyerleri satar ama akþam köþesine çekilip 10 yaþýndan beri yani 47 yýldýr sürekli içtiði sigarasýný yaktý mý iþte o zamanlar baþlar onun kendi dünyasý… O, nevi þahsýna mahsus biri… “Kýz rakýsý” dediði bir parmak raký üstüne doldurduðu (bence pek yavan) bardaðýndan içkisini yavaþ, yavaþ, içip kafasýndan ne kurgular yarattýðýný bana son yazdýðý iki kitabýný getirdiðinde gördüm… Bir “Gümüþ Gölge” bir travestinin hayatýný anlatýyordu… Deniz adlý genci babasý terk etmiþti, dayýsýnýn kýsýtlamalarýndan kaçan Deniz’in de yolu Paris’e düþmüþtü ve de orada Cüneyt Ayral’a rastlamýþtý… Onun maceralarý Cüneyt’in kaleminden iþte o bol sigaralý, az rakýlý gecelerde kitap olmuþtu… Bir de “Mimiti” diye bir kitap
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Yukarýda Sri Lanka diye bir ülke adý geçti… Evet, Cüneyt taaa oralara, Hindistan’ýn güneybatýsýndaki bu esrarengiz adaya gidip orada da giriþimciliðini göstermiþ. Koskoca bir çamaþýr fabrikasý kurmu,… Türkiye’de nasýl bir numara olduysa Sri Lanka’da da bir numara olmuþ. Adamýn içinde var zirvelerde dolaþmak… Türkiye’de battýðý günlerde Hürriyet’in “imparator” genel müdürü Nezih Demirkent yardým etmiþ, ona bankalardan, gerekli gereksiz ortaklýk nedeniyle attýðý imzalardan kurtulmak için Fransa ellerine göçmesine yardým etmiþ. Son yýllarda da Denizlili iþadamý Ahmet Gökþin sýkýntýlý günlerden kurtarmýþ Cüneyt’i. Bankalarla anlaþmýþ, imza sorumluluklarýndan kurtarmýþ, böylece Türkiye’ye dönüp hayatla dalga geçmeye devam etmiþ. “Ýç giyim” uzmaný Cüneyt Ayral kadýnlarýn çamaþýrlarýyla uðraþýrken yazarlýktan, çizerlikten ayrý durur mu hiç… Ayda bir yayýnlanan “Kostantýniyye Haberleri” adýnda bir gazete de çýkarýyordu. Bunu bire bir biliyorum çünkü yayýn kurulunda bende vardým. Bir gece toplanýp Gazeteyi hazýrlardýk sabaha kadar. Cüneyt’te ne arþiv vardý, ne arþiv… Istanbul’la ilgili belgeler, fotoðraflar, köþe yazýlarý yayýnlardýk… Sonradan kim kurcaladýysa kurcaladý “Kostantýniyye” ismi sakýncalý bulundu, mahkeme yasakladý… Neler oluyor memlekette dedik þaþtýk kaldýk… Gazetenin ismini “Bizim Þehir” olarak deðiþtirip yine bildiðimizi okumaya devam ettik… Bilenler bilir
halbuki Fatih’in çýkardýðý paralarýn üzerinde “Darb-ý Kostantiniyye” yazar, yani “Ýstanbul’da basýlmýþtýr”… her þeye raðmen Cüneyt’e birileri çelme takmýþtýr… Ama Cüneyt Ayral yüzünden hiç eksik etmediði gülümsemesiyle yine hayatla dalga geçmiþtir. Keyfi yerindedir… O, nevi þahsýna mahsus biri… Kýzý Roxane yani Roksan’la oðlu Sinan da Fransa’da yaþýyor… 26 yaþýndaki Roxane küratörlük yapýyor, Türkçesi sergi düzenliyor. Sergi açacak olan sanatçýlar kendileri bir türlü göremezler tablolarýnýn, fotoðraflarýnýn nasýl asýlacaðýný, heykellerinin nasýl yerleþtirileceðini bilemezler, heyecanlanýrlar, iþte bu iþi küratörler yapýyor artýk dünyada. Ýstanbul’da da bütün sergiler küratörlerin becerisinden geçiyor… 20 yaþýndaki oðlu Sinan’da babasýnýn modeli, kafasýna göre takýlýyormuþ, Paris’te bir yandan doðaçlama müzik yapýyor, bir yandan da senaryo yazýyormuþ… Babasýnýn Pazar tezgâhýnda sutyen sattýðý günlerde onun en büyük yardýmcýsýymýþ. 17 kitap yayýnlamýþ bir zamanlarýn popüler patronu Cüneyt Ayral. Simdi bir yemek kitabý üzerinde çalýþýyor… Yemek deneyimini anlatýyormuþ. Özel olarak müthiþ fotoðraflar çekilmiþ, 10 ünlü þeften yemek tarifleri alýnmýþ. Onun keyifli yemek tecrübesini merakla okuyacaðým günü bekliyorum… Ýzmir’e geldiðinde ise bir küçük restorana gitmek istedi. Beraber Hilton’un yanýndaki sokakta “Acý Biber” restorana gittik. Zeytinyaðlý dolma tercih etti. Izmir’e gelince öðle vakti ne yenir, tabi zeytinyaðlý bir þeyler… Bayýldý o dolmanýn lezzetine… Belki kitabýnda “Acý Biber”i de anlatýr, belli olmaz… Cüneyt bu… O, nevi þahsýna mahsus biri… Onunla konuþmak, sohbet, dostluk muhteþemdir… Bilgi deseniz, kültür deseniz, espri deseniz onda tonla var… Ýyi ki de yýllar önce “kardeþ” olmuþuz… q
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Comment se moquer de la vie ! Tufan AKSOY in «Gazeteyenigün», 29.07.2011 Traduit du turc par/Fransýzcasý: Salih BOZOK lllllllll
Cüneyt Ayral, patron populaire d’antan dans l’industrie de sous-vêtements à Istanbul, a vendu, paraît-il, des soutiens-gorges à la criée, sur les marchés de Marseille, en interpellant les clients aux cris de : « bonnets pour les jumeaux ! », après son départ en France, ne pouvant plus faire face à ses créanciers. Difficile de trouver un autre être au monde, sachant si bien taquiner la vie, jongler avec. Regardez bien les exploits de cet être exceptionnel, égal à lui-même, qu’est Cüneyt Ayral, poète, écrivain, journaliste… Un être hors du commun, égal à luimême…. Est-il venu de l’espace, débarquant d’un pays inconnu jusqu’à ce jour, ou de la planète Krypton ? Personne n’est à même de trouver une réponse à ces questions, car il s’agit de quelqu’un de tellement différent des autres, qu’il a raillé la vie durant son existence jusqu’à ce jour, malgré ses déboires, ses échecs, ses faillites qui n’ont pas enlevé son sourire aux lèvres. Personne ne l’a vu bouder, renfrogné, en dépit d’aventures malheureuses et de tant de peines endurées… Il s’appelle Cüneyt Ayral… et continue d’étonner ceux qui le connaissent, avec sa formidable résistance à affronter la vie. Il n’a eu peur de rien ni de personne, à une exception près… Sa peur de la mort
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l’a conduit à être poète et écrivain, et à publier des livres. Ayant atteint son objectif, il dit à présent, qu’il vivra dans ses livres et ses poèmes, après sa disparition physique. Il croit survivre dans la postérité avec ses œuvres. Un être exceptionnel…. Vous pouviez faire connaissance de Cüneyt Ayral, grand homme d’affaire à Istanbul. Il était à l’origine du terme turc « iç giyim » (sous-vêtements) désignant la lingerie féminine en Turquie, de même qu’il représentait dans le pays les marques de sous-vêtements tant prisées de femmes, Warner et Gabriel Venato. Comme il le dit si bien, il a fait banqueroute dans le commerce, car nous les turcs, n’avons pas tellement l’habitude du « concept d’association ». Il organisait chaque année, des défilés de mode de sous-vêtements féminins dans les locaux les plus prestigieux d’Istanbul, et bouleversait la haute-société avec la lingerie présentée par les mannequins qu’il faisait venir de l’étranger… Ses activités figuraient à la une des journaux à grand tirages… Il était au sommet… Ceux qui ont pu croiser Cüneyt Ayral à Marseille ou sur un marché de province dans les environs, en train de vendre des soutiensgorge, en criant à la turque, « Bonnets pour les jumeaux » ne pouvaient dont s’étonner. Il
CÜNEYT AYRAL AVEC TUFAN AKSOY
s’agissait bien de Cüneyt…Il sait gagner son pain, quoi qu’il arrive, même s’il faut déplacer des montagnes. Il vend des soutiens, slips, porte-jarretelles, mais une fois rentré au foyer le soir, il allume une cigarette qui ne l’a pas abandonné durant 47 ans, c’està-dire depuis l’âge de ses 10 ans. Il est à présent dans son monde à lui. Un homme à part…. J’ai réalisé, au moment où il m’a offert deux de ses derniers livres, quelles fictions animaient son esprit créatif, après avoir bu doucement de lentes gorgées de son verre rempli d’un doigt de « raki » (dilué et fort léger à mon goût) qu’il qualifiait lui-même de « raki pour fille ».
L’autre livre, intitulé « Mimiti » est dans le genre science-fiction, avec pour thème, l’amour interplanétaire. Cela peut amuser les lecteurs férus de ces « éléments conceptuels », mais je n’ai toujours pas réussi, en ce qui me concerne, à m’habituer à la sciencefiction, dans laquelle Cüneyt Ayral a fait un plongeon rapide après sa rencontre au Sri Lanka, avec l’un des maîtres du genre, Sir Arthur C. Clarke, titulaire du titre de Chevalier de son état, la Grande Bretagne, et qui lui a enseigné les subtilités du genre. Clarke a en effet travaillé avec Stanley Kubrick pour la réalisation de « 2001, l’odyssée de l’espace ». Soulignons ici, que le hasard d’une rencontre a bien fait les choses, dans la vie de Cüneyt qui aime taquiner la vie…. Oui, il est hors du commun…..
« Gümüs Gölge » (Ombre d’argent) relate la vie d’un travesti. Le jeune Deniz, abandonné par son père, avait fui l’autorité de son oncle qui apportait des restrictions à sa vie, en se retrouvant à Paris où il faisait la connaissance de Cüneyt Ayral. Ses aventures contées au cours de ces nuits passées avec beaucoup de cigarettes, et un petit brin de raki, prenaient corps sous forme de livre, par un coup de plume de Cüneyt.
Nous avons parlé de Sri Lanka… Cüneyt a trimbalé son esprit entrepreneur jusqu’à cette ile pleine de mystères, située au SudOuest de l’Inde, pour y fonder une grande usine de lingerie, et se hisser à la première place en la matière, à l’instar de ses réalisations en Turquie. L’aspiration aux sommets étant dans son moule et ses gènes. Au moment de sa faillite en Turquie, le direc-
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teur « plénipotentiaire » du quotidien Hürriyet, Nezih Demirkent, est arrivé à son secours, en l’aidant à émigrer en France, après avoir purgé les dettes contractées à tort et à travers au titre d’associé. Ces dernières années, l’homme d’affaire de Denizli, Ahmet Göks,in, a mis fin aux ennuis de Cüneyt, en négociant avec les banques et lui permettant ainsi d’abroger les contrats abusifs, et de rentrer en Turquie, continuer à se moquer de la vie. Cüneyt Ayral, spécialiste en sous-vêtements pour femme, ne pouvait certes pas s’éloigner de l’écriture, pour autant qu’il œuvrait pour la lingerie de ces dames, et publiait aussi un mensuel sous le titre de « Kostantniyye Haberleri » (Nouvelles de Constantinople). Je le savais bien, étant moimême dans le comité de rédaction de la publication. Nous nous réunissions la nuit durant pour éditer le journal au petit matin. Cüneyt Ayral disposait d’archives personnelles fabuleuses, nous servant de base pour publier des documents, photographies et articles de fond sur Istanbul. Plus tard, sur dénonciation d’on ne sait qui, le titre de « Kostant?niyye » (Constantinople) a été trouvé inconvenant, et interdit par décision de justice. Nous étions abasourdis, en nous demandant ce qui arrivait au pays. Nous avons poursuivi la tâche en changeant le titre en « Notre cité ». La décision du tribunal était d’autant plus surprenante que l’inscription « Darb-? Kostant?niyye » (frappée à Constantinople) figurait sur les pièces de monnaie de l’époque de Mehmet le Conquérant. Quelqu’un a sûrement voulu faire un croc en jambes à Cüneyt….Mais lui, avec son sourire qui ne disparait jamais de son visage, continue de se moquer de la vie… Il est en forme. Un être égal à lui-même Sa fille Roxane et son fils Sinan vivent en France. Roxane, 26 ans, exerce le métier de curateur. Elle organise des expositions. Les artistes exposants ne savent pas toujours comment accrocher leurs tableaux et photos, où placer leurs sculptures. Cela les angoisse. Cela devient le travail du curateur. Toutes les expositions, à Istanbul, sont l’œuvre des curateurs. Sinan, 20 ans, est la
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copie conforme de son père, et mène sa vie à sa guise à Paris, en faisant de la musique impro tout en rédigeant des scénarios. Il était l’assistant de son père au temps où Cüneyt vendait des sous-vêtements à la criée, sur les marchés. Cüneyt Ayral, patron populaire d’autrefois, et auteur de 17 livres, travaille actuellement sur un livre de cuisine où il relate ses expériences en matière culinaire. Des photos fantastiques, et des recettes de 10 cordons bleus notoires en feront parie. J’attends impatiemment, le jour où j’aurai accès en lecture, à ses expériences culinaires. Lors de son passage à Izmir, il a souhaité déjeuner dans un petit restaurant. Nous nous sommes attablés au restaurant « Aci Biber » (Poivron piquant) dans une rue adjacente à l’Hôtel Hilton. Il a commandé des poivrons farcis à l’huile d’olive. Que peut-on manger à Izmir, à midi ? Des mets à l’huile d’olive, cela va de soi. Il a adoré ces poivrons. On ne sait jamais. Il est capable de parler dans son livre, du « poivron piquant ». C’est Cüneyt, après tout… Un être exceptionnel… Les discussions, les bavardages avec lui, l’amitié…c’est fabuleux. Un océan de connaissances, une culture sans faille, et des blagues à la pelle. Heureusement, nous sommes devenus « frères » depuis tant q d’années.
Cüneyt Ayral ! Entretien réalisé par Nedim GÜRSEL in «Hürriyet Gösteri», 07.05.2011 Traduit du turc par/Fransýzcasý: Salih BOZOK lllllllll
Je connais Cüneyt Ayral depuis presque 40 ans. Je peux dire que j’ai pu être proche témoin de ses activités multiples et complémentaires dans leur diversité, dans des domaines variés tels que photographie, poésie, édition-publication, journalisme, récits de voyages et romans. Son côté écrivain qui se situe au premier plan ces dernières années ainsi que l’apparition de nouvelles éditions de ses livres sur les rayons suscitent particulièrement mon intérêt. Ces ouvrages ne sont pas uniquement des projections de son évolution mais constituent autant de bornes kilométriques d’une personnalité « hors du commun ». Je m’étais déjà exprimé sur certains de ces écrits, et j’estime à présent qu’il est temps d’en faire un bilan. Je t’avais connu quand tu étais jeune photographe. Dans les années 1970 à Ankara, lors d’un dîner chez Madame Hayrünnisa Kadýbeþegil, l’éditrice du magazine Oluþum « Genèse ». Enis Batur et Figen étaient aussi présents. Ensuite nos chemins se sont croisés à Ýstanbul, à Nice mais plutôt à Paris. Tu as pris de belles photos, tu as écris des poèmes. Après ton autobiographie, tes récits ont été publiés les uns après les autres. Etre productif dans différents domaines ne provoque-t-il pas en toi une certaine dispersion ? En fait, je me suis toujours défini « poète ». Mes poèmes sont bons ou pas, c’est autre chose et c’est au lecteur d’en décider. Par contre, c’est surtout la définition donnée par mon maître Ýlhan Berk qui a joué un rôle déterminant dans ma vie. Il m’avait désigné comme : « l’ouvrier souterrain de la poésie ». Un vers de Vüs’at O. Bener, « les enfants dans leurs uniformes noirs de mort » a également beaucoup influencé ma
poésie. Il me l’avait lu un matin d’Ankara, en regardant par la fenêtre. Quant à mon passage à la prose, cela est en rapport avec une demande faite par les Editions Elma à Ankara qui m’ont proposé de rédiger une autobiographie, suite à un reportage de Þermin Terzi me concernant, dans le quotidien Hürriyet, en 2001. Je ne mentirai donc pas, en affirmant que mon évolution vers la prose est due à « une commande ». Je me suis beaucoup amusé en écrivant mon livre YOLCULUK « Le voyage » mais cela m’a beaucoup ennuyé aussi. Les critiques positives des lecteurs m’ont encouragé et m’ont poussé à essayer la prose. Cependant, la question principale était toujours « par où commencer et par quoi ». Mon amitié, ma camaraderie avec toi ainsi que nos longues conversations sur la littérature m’ont beaucoup appris. Je peux donc dire que tu as été en quelque sorte « le vecteur » de mon orientation vers le roman et les récits.
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Dans la prose, je suis souvent critiqué en raison de mon habitude à « exprimer beaucoup de choses avec peu de mots », que j’ai hérité de Vüs’at O. Bener. Il est presque impossible de trouver de longues descriptions ou des phrases sophistiquées dans mes livres. Si je compare mon écriture dans différents genres de la prose, j’écris plus ou moins de la même manière dans tous ces genres, et je ne rencontre pas tellement de difficulté, qu’il s’agisse d’un article de presse analysant le quotidien, d’une autobiographie parlant du passé ou de la fiction d’un roman. Dans « Les Chansons d’Istanbul », tu avais conté tes observations sur la ville. Ensuite, tu as publié le journal « Kostantýniyye ». Maintenant que tu vis à l’étranger, comment vois-tu aujourd’hui Istanbul, de l’intérieur et de l’extérieur ? A vrai dire, j’ai regardé une seule fois Istanbul de loin. Cela a été après quatre ans d’exil volontaire. C’est là que j’ai remarqué pour la première fois, le grand changement intervenu et la dynamique nouvelle de la ville. J’en étais franchement stupéfait. Depuis, je continue de résider à l’étranger. Il m’est arrivé toutes sortes de choses à Istanbul, pratiquement tout ce qui peut arriver dans la vie à quelqu’un. J’ai même été kidnappé, poignardé et frôlé la mort dans cette ville. Je préfère depuis ne pas regarder Istanbul de l’extérieur et vivre pleinement le lieu où je me trouve. Mais quand j’y vais (comme tu avais dit toi-même une fois, Istanbul ce n’est plus la ville où je retourne, c’est une ville où je vais), et à ces moments là, nous nous regardons et j’écoute Istanbul. Voyez ce qu’a affirmé le Premier Ministre, à la tête de ce pays depuis 10 ans à propos du projet MarmaraRay qui, à mon avis, est très important pour Istanbul. Il a dit en substance : « le projet prend du retard car ils arrêtent les travaux à cause des poteries et vaisselles ». Une mentalité qui traite les œuvres archéologiques de « poterie » est en train de gouverner la Turquie. Que pouvons-nous espérer de bon pour cette ville qui est l’une des plus importantes au monde du point de vue historique, dans un pays dirigé par ce genre d’homme ?
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Il y a deux ans, J’ai effectué des trajets sur le Bosphore au moyen de navettes maritimes et pris des photos de la Gare de Haydarpaþa et de la Tour de Léandre. Nous pouvons comprendre la nécessité pour une ville, de mettre fin à l’activité d’une gare historique. Il y a un exemple à Paris, il s’agit du Musée d’Orsay. Mais, franchement, je n’ai plus la force de combattre une méthode de pensée qui tente de transformer un monument historique en hôtel, centre commercial ou centre d’affaires. Le pouvoir en place est hostile à l’art et aux artistes. Il est liberticide. Aujourd’hui, toutes les marques du monde globalisé ont pris place à Istanbul, le bonbon traditionnel Akide, le lokoum de Hacý Bekir ont perdu leur saveur d’origine, Sultan Ahmet et ses boulettes de viande sont assimilées à la culture fast-food, les grands centres commerciaux éloignent les citoyens du Bosphore ou de Sarayburnu, et les côtes de Marmara, de Sirkeci à Bakýrköy, sont devenues des espaces de barbecue… Pourquoi vais-je regarder cette Istanbul ? Ce qui fait d’une ville « une ville » c’est avant tout ses habitants. Où sont-ils ? Tu peux raconter l’aventure du Kostantýniyye et tous ses périples ? Je pense que le journal Kostantýniyye Haberleri Gazetesi, figure parmi les meilleurs exemples du journalisme local en Turquie. Aujourd’hui, il sert de matériel d’enseignement dans des universités étrangères, et ses collections y sont archivées. J’ai publié ce journal pendant 5 ans et j’ai dépensé 768 000 dollars américains au total. Si j’avais gardé cet argent pour moi au lieu de le dépenser pour le journal, j’aurais pu avoir actuellement une vie sans aucun souci financier, mais il s’agissait d’un choix et j’ai toujours assumé ma décision. Le journal a été interdit par « notre Etat » sous prétexte de « rappeler Byzance, ancien nom d’Istanbul en grec, et heurter de ce fait la morale établie ». Les bureaux de la rédaction ont été perquisitionnés par des policiers portant des armes automatiques. Cela nous a amené à changer le titre du journal et à continuer sous le nom de « Nouvelles de Notre Ville »,
et nous avons déposé un recours à la Cour de Cassation. Nous avons eu gain de cause. La préfecture d’Istanbul, demanderesse dans l’affaire, n’a pas fait recours. Aujourd’hui personne n’a honte de prononcer les mots de « Konstantiniyye », de « Constantinople » ni de « Byzance ». Les citoyens ont récemment choisi la couleur pourpre de Byzance pour les bus de la ville. Je me demande parfois si cette ville n’est pas en quelque sorte, une espèce de force majeure abstraite imprégnant les êtres au plus profond d’euxmêmes.
Je te pose la question en tant que romancier qui n’a jamais écrit de poème mais qui a beaucoup écrit sur la poésie. Comment s’est fait ton passage de la poésie à la prose ? Etait-ce un passage douloureux ? Je ne peux parler d’un passage, donc il n’y a pas eu de douleur. La poésie, au-delà d’une forme d’écriture, est pour moi un « mode de vie », une manière de sentir, de voir ce que tu regardes et de l’interpréter. Je pense qu’il est possible de voir cette poésie dans mes romans. Je ne fais pas d’effort pour inclure la poésie dans le roman, mais comme il s’agit d’un mode de vie, cette sensation apparaît systématiquement dans tout ce que j’écris. La seule chose qu’il faut souligner c’est que le roman est peut-être plus attractif. La poésie est l’art traditionnel de nous exprimer, mais on trouve de moins en moins de lecteur. Les éditeurs, de plus en plus industrialisés, n’aiment pas tellement publier des « livres de poésie » car ça ne se vend pas. Ce n’est pas pareil pour un roman. Ses lecteurs sont beaucoup plus nombreux et il est plus facile de les atteindre, communiquer avec eux. Prenons l’exemple de mes poèmes écrits sous le titre de 7 Tangos qui ont été mis en scène en Argentine par Mario Morales. Une peintre turque, Melek Atakan,
Photo : Ahmet Sel
Il n’en reste pas moins que Kostantýniyye Haberleri Gazetesi constitue un document important grâce à ses écrivains qu’on pourrait qualifier du “haut du rang” qui ont réfléchi et écrit pour Istanbul. Je continue d’être fier de l’avoir publié. Le reste n’a aucune importance.
CÜNEYT AYRAL SUR LES QUAIS DE PARIS
a peint des tableaux pour chacun de ces poèmes. Il y a eu une exposition. Faute de moyens financiers, le spectacle ne pourra pas venir en tournée à Istanbul. La poésie souffre de ce genre de problèmes. Si l’on considère l’écriture comme une aventure, les douleurs d’accouchement pour les deux genres, poésie et prose, sont presque identiques. Quant à moi, j’ai deux positions différentes concernant roman et poésie. Dans un roman, je peux changer ce que j’ai rédigé, mais le poème restera tel quel, comme je l’ai écrit la première fois. Il m’est impossible de le retoucher ou le changer. J’ai une rela-
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coup appris de “la vie au foyer” en rendant visite chez eux, à mes amis. J’ai effectué de longs séjours dans cette ville, aussi bien à l’époque de l’hégémonie anglaise, qu’après la rétrocession à la Chine. J’ai observé leur intégration à cette transformation, cette différenciation, tout en conservant leur identité et leurs caractéristiques hongkongaises. Ça m’a toujours impressionné. J’ai pris beaucoup de notes sur cette ville dans mes journaux intimes et je sais que ces souvenirs apparaîtront un jour dans mes écrits. Tu sais que mes archives font à peu près quatre mètre cubes et demi! Venons-en à ma relation avec Paris et Nice que tu as dissimulée entre les lignes de ta question brève.
CÜNEYT AYRAL AVEC NEDIM GÜRSEL
tion tendue avec la poésie, alors que mes relations avec la prose sont beaucoup plus amicales et souples. Tu as vécu longtemps à Paris, ainsi qu’à Nice. Tu as publié des récits de voyages. Ces villes t’ont marqué. La ville qui m’a impressionné le plus a été Hong Kong. Je n’ai pas beaucoup écrit sur cette ville pour le moment mais je pense que cela viendra prochainement, sous la forme d’un roman peut-être. Une autre ville a été Mexico D.F, où j’ai séjourné une dizaine de jours. J’aimerais beaucoup y retourner, je rêve d’habiter un moment au Mexique. Bologne, en Italie, a aussi une place privilégiée dans mes souvenirs. J’en parle de temps en temps dans mes romans. Dans mon livre de cuisine qui sortira prochainement, il y aura quelques indices concernant cette ville. La ville de Hong Kong m’a subjugué par l’odeur de cuisine qui l’imprègne, l’ambition, la vélocité de ses habitants ainsi que leur façon de voir la vie. Je n’ai jamais eu de foyer à moi dans cette ville, ayant toujours vécu dans des hôtels, mais j’ai beau-
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J’ai habité Nice pendant 8 ans, mais si tu me demandes le nom d’une rue par exemple, il est tout à fait possible que je ne puisse y répondre. Cette ville ne m’a pas tellement marqué, alors que ma relation avec Paris, remonte à 35 ans environ. Quiconque aura habité sans interruption la Rue de Turbigo pendant 4 ans, en sortira forcément impressionné. Mon roman Zaman Bitti (« Le temps est fini ») commence par un regard de la fenêtre de mon appartement de la Rue de Turbigo et se termine au même endroit. Dans mon livre Les notes de Paris, j’ai beaucoup écrit sur cette ville et continue d’écrire. Les notes de Paris 2 viennent de sortir en librairie. Ce livre contient surtout des essais que j’ai rédigés à Paris et à Nice. Paris c’est ma liberté! Je me sens « chez moi » dans cette ville. La quasi totalité de mes amis y sont. Paris, c’est la ville où l’on peut vivre loin de tout préjugé, tel que « chacun voudrait se décrire soi-même », où personne ne jette un regard critique sur l’autre (ou, tout au moins, je ne perçois pas ce regard) et aussi Paris est-elle la ville où j’ai réussi à élever mes enfants, et ce n’est pas la moindre des choses. Si j’ai plus de souvenirs à Paris qu’à Istanbul c’est une autre histoire. J’ai plein de souvenirs d’Istanbul qui me chagrinent et me fatiguent alors que Paris, c’est juste le contraire.
Si on retourne à tes « Notes de Paris », nous pouvons dire que cette ville a une place à part pour toi. Pourquoi ? Je constate que tu ne te contentes pas de ma réponse précédente, puisque tu reviens en force avec une nouvelle question sur le même thème… J’ai fréquenté le Café de Flore à Paris pendant 31 ans. Maintenant je ne peux plus, car c’est devenu trop cher! J’ai vécu dans la Rue Saint Sulpice, la Rue des Saints Pères, la Rue de Turbigo, la Rue de la Convention. J’ai connu ici tous les plaisirs et voluptés que la vie nous offre. J’ai appris ici ce qu’est une prostituée, un homosexuel, un sadique, un masochiste, une lesbienne… C’est ici que j’ai appris la joie de « manifester » librement dans les rues et d’en récolter les résultats positifs. J’ai vu ici, par ma propre expérience, que l’Etat existe pour le peuple, et que cela n’est pas un mot vide de sens comme en Turquie. En tant qu’artiste, j’ai eu la considération et le respect que je n’ai pu avoir dans mon pays natal... Que dire de plus ? Je vais te raconter une anecdote. Dans mon autobiographie, Yolculuk, j’ai relaté des moments vécus de ma vie, et je me suis permis de citer des personnes sans cacher leurs noms. Une de ces personnes ayant porté plainte j’ai été convoqué au cabinet du procureur de la République à Paris pour une déposition. Il était étonné quand il a compris que j’avais relaté la vérité avec des preuves à l’appui et citant des témoins… Il a ajouté sa propre appréciation et renvoyé cette déposition en Turquie. A la fin j’ai écopé d’une peine, mais ils n’ont pas réussi à saisir mon livre. Je pense que cela pourra être une réponse suffisante à ta question « pourquoi ? ». Dans ton autobiographie, tu parles de ton enfance, de ta famille et de tes proches. Ce livre reflète-t-il tout ton vécu ou y aura-t-il une suite ? Tu me connais bien, il n’est pas difficile de deviner la réponse que tu veux avoir. Non, je n’ai pas tout écrit tout dans ce livre. Yolculuk est plutôt un questionnement axé sur la justice. J’ai essayé de faire ressortir l’injustice en Turquie à travers un récit amusant
du vécu. Nous sommes en train de parler d’un livre où j’ai eu le courage de raconter l‘histoire d’un échec. J’ai donné un certain nombre d’indices sans aller plus loin. Je n’ai pas parlé du tout de certains détails de mon vécu et je sais que je n’en parlerai jamais. Ce n’est pas un refus de confession, je pense au contraire, qu’il n’y a aucun sens à parler du succès, et qu’il n’est pas utile de capitaliser en matière à orgueil certaines choses vécues. Il y aura une suite. J’ai un projet de livre autobiographique relatant les Maisons et Hôtels dans lesquels j’ai vécu. Dans le premier ouvrage autobiographique, il s’agissait d’un regard critique sur la justice. Ici, je vais tenter de parler de l’Histoire contemporaine et de la sociologie de ces 60 dernières années, à travers certaines séquences de ma vie, dans ce contexte. Mes lecteurs pourront ainsi se confronter aux changements qui ont eu lieu à Istanbul, Hong Kong, Paris, Nice, Sri Lanka. Je travaille là-dessus et j’espère que ce sera une œuvre d’une certaine consistance. Je tâche de faire en sorte que cela soit un document témoignant de la transition au 21ème siècle. Dans « Gümüþ Gölge » (« L’ombre d’argent »), tu écris sur un travesti. Quel était ton but ? Créer un caractère marginal, ou briser les tabous, combattre les valeurs traditionnelles ? La manière dont le « travesti » est perçu en Turquie et dans d’autres pays est différente. Nous apercevons en Turquie, des travestis qui se prostituent majoritairement dans les rues à Antalya, Adana, Bodrum, Ýzmir, Ankara, Eskiþehir ou Bursa. Il y’en a aussi comme Huysuz Virjin (Virgine la revêche) comédienne de son état, Bülent Ersoy et feu Zeki Müren, figures emblématiques de la chanson. Ils ont leurs différences, bien sûr. Zeki Müren était un « crossdresser » tandis que Bülent Ersoy est un transsexuel. Virgine est un « crossdresser » sur scène, et j’ignore tout de sa vie quotidienne. Ces trois exemples cités sont très appréciés en Turquie, ils enthousiasment le public et battent des records d’audience. L’idéologie officielle peut toutefois les condamner à exil, comme dans le cas de Bülent Ersoy, et changer le nom de
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la rue « Sormagil » à Istanbul, où se concentrent un grand nombre de travestis, en rue « Baþkurt ». D’autre part, les travestis travaillant dans la rue risquent d’être victimes de sévices de la part des forces de sécurité à l’image de ce policier surnommé « Süleyman le tuyau » à cause de son habitude à cogner avec un tuyau en caoutchouc. Ils sont traqués par des agents de sécurité ou condamnés à payer des amendes. Parfois, ils sont victimes d’assassinats dont les auteurs ne sont pas condamnés comme il se doit. Le plus affligeant dans tout ceci, c’est qu’une vedette transsexuelle comme Bülent Ersoy, appréciée et acceptée de la société, ne descend pas dans la rue pour soutenir ces gens et faire l’avocat de leurs souffrances. Il y a de quoi se poser des questions concernant la Turquie. Cependant, je connais un médecin transsexuel qui exerce dans un hôpital public avec son identité de femme, et qui combat pour les droits de ses semblables dans le cadre de certaines associations. Après ces remarques, venons-en au roman « Gümüþ Gölge ». Le lecteur y trouvera les histoires d’amour d’un travesti turc devenu « prostitué de luxe » à l’étranger, et des informations “hors du commun” sur les différents modes de vie sexuels en Turquie. Ceux qui auront lu ce livre regarderont d’un autre œil les gens qu’ils rencontreront dans la rue, et s’interrogeront probablement sur leur propre vie, leurs fantasmes refoulés et leurs aspirations, et se rendront compte qu’il n’y a pas de place à « l’impossible » dans la vie humaine. Cette « pression sociale du quartier » que nous vivons à l’heure actuelle dans l’ensemble de la Turquie est devenue tellement oppressante que je ne peux imaginer un écrivain en Turquie penser créer une typologie aussi marginale. Cela équivaudra en soi à la mise en cause des valeurs traditionnelles. L’homme du 21ème siècle ne peut plus vivre sous cette oppression. Tous ceux qui vivent en société doivent se rendre compte de la différence des uns et des autres, assimiler ces différences et apprendre à vivre avec.
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La Turquie est devenue un pays de plus en plus conservateur. Qu’en penses-tu ? Pouvons-nous dire que ta position est atypique ? Toute ma vie, j’ai préféré être « moi-même », et cette position a été qualifiée « hors normes » tant dans la famille que dans la société. Je ne sais pourquoi d’ailleurs. Peutêtre le désir de « vivre l’avenir » en mon for intérieur m’a-t-il poussé à ce genre de comportement. Je n’en sais rien, je n’y ai même pas réfléchi. Chaque fois que je me regardais dans la glace, je n’ai jamais réussi à me voir autrement, alors que mon entourage me captait toujours différemment. De ce fait, je n’ai jamais pu vivre pleinement mes amours, ni accomplir pleinement ce que j’ai entrepris. A ce propos, les personnes avec lesquelles je m’entends à merveille sont sans aucun doute, ma fille Roxane et mon fils Sinan. Tous les deux ont réussi à m’accepter et aimer « tel que je suis ». Pour répondre à ta question, oui, « ma position est atypique, je suis atypique ! ». Je n’ai jamais nié mon « anarchisme » sur le plan idéologique. Si j’écoute souvent la chanson écrite pour l’anarchiste italien Pinelli afin d’apaiser mon âme, il doit y avoir un lien, de même qu’en ce qui concerne mon admiration pour Tchaïkovski. Quant à la Turquie, il s’agit d’une société composée de gens très différents. La population a un passé nomade, et le pays connaît des migrations forcées du fait des villages dévastés au cours des dernières années. Ýstanbul constitue une métropole, point d’aboutissement de ces migrations internes. En conséquence, toutes les caractéristiques du nomadisme sont inhérentes aux êtres humains issus de cette société, et notre « conservatisme » doit être considéré d’un point de vue particulier. Le problème de « voile » existait-il 20 ans auparavant ? Bien sûr que non ! D’où il sort ce problème à l’heure actuelle ? De la dimension du pain... Dans une société où la distribution des revenus n’est pas équitable, et qui a pour « caractéristique principale » le nomadisme, les gens
votent selon la dimension du pain, la part qu’ils ont du gâteau. Ils se comportent selon le bon vouloir de ceux qui « redimensionnent les parts », et sans se poser trop de question. Tout le monde s’en moque éperdument, et quand les portes sont closes, les « ombres d’argent » commencent à se refléter sur les murs à défaut de déambuler dans les rues.... Je laisse cette dernière question à ton initiative. Si tu souhaites que je te pose une autre question, je te laisse le soin d’y répondre également. J’avais placé un vers de Baudelaire en épigraphe de mon récit « Öðleden Sonra Aþk » (L’amour dans l’après-midi) : « je suis la plaie et le couteau ». Qu’en dis-tu ? Poses toi une telle question qui interroge Cüneyt Ayral de A à Z, sans faux-semblant, sans mettre le ballon en touche. Si cela m’était venu à l’esprit plus tôt, j’aurais mis ce vers de Baudelaire en épigraphe de mon roman « Gümüþ Gölge » ! La seule question que je pourrais me poser pourrait être celle-là : « n’es-tu pas enfin fatigué d’être toi-même ? ». La réponse aurait été : « Je suis très fatigué ! ». Cependant, je ne me suis jamais passé de moi-même, et certains l’ont qualifié d’« égoïsme », et d’autres ont fait avec, en se rendant à l’évidence. Il y en a eu qui ont tenté de partager un semblant de vie commune. Je les ai accueillis tous avec beaucoup d’affection. Je me suis beaucoup fâché avec certains, j’ai eu de la rancune, mais j’ai tout exprimé par la parole sans rien intérioriser. J’ai préféré oublier certaines séquences de ma vie qui ne m’ont pas rendu heureux, qui m’ont fait souffrir physiquement, et j’ai opté pour le silence. J’ai réussi à le faire jusqu’à ces dernières années. Avec l’âge, mes ressentiments avec le passé ont resurgi et j’ai commencé à régler mes comptes avec une partie de ceux qui m’ont pris pour un imbécile. Tu me connais depuis près de quarante ans. Tu te rappelles ces temps où j’envoyais mon chauffeur te chercher chez toi, de même que ces longs périples à pies où nous cherchions ensemble un restaurant chinois. N’avonsnous pas découvert ensemble les endroits
les plus mal famés de Paris, réussi à coucher sur papier quelques lignes d’écriture sur chaque lieu découvert ? N’avons-nous pas épilogué ensemble, dans nos moments de colère et de dépit, sur ceux qui nous ont couvert d’insultes, pour les pardonner ensemble, aussitôt retrouvés les moments d’apaisement ? Tu te souviens sûrement de tes lamentations en trouvant chez moi un interlocuteur en tes jours de détresse, et de mes jours d’euphorie quand je suis venu te chercher en te disant : « allez, on y va ! ». Nous existons tant que nous pouvons encore partager avec les lecteurs les échos que nous avons laissés dans les assommoirs d’Istanbul, les bas fonds de Paris, les cafés du bord de mer à Nice et sur les murs épais du château de La Napoule. Je ne mettrai pas le ballon en touche. J’ai toujours aimé épater les autres. Je n’ai jamais été triste pour avoir perdu ma fortune, ma richesse matérielle à la taille d’un empire. Quand je me suis rendu compte d’avoir hypothéqué l’avenir de mes enfants, j’ai souffert en mon for intérieur. Ils ont eu beaucoup de compréhension à mon égard, et ils ne m’ont jamais jugé (du moins, jusqu’à présent)... On a dit que j’étais amoureux de l’amour. Pas du tout ! J’ai toujours été amoureux de quelqu’un, sans vraiment réussir à en parler et à vivre cet amour. La responsabilité en incombe simplement au fait que « j’ai toujours été moi-même ». Comme je l’ai déjà dit, j’ai considéré la poésie comme un mode de vie, dans tous ces détails. Ecrire pour moi, est une « nécessité » au même titre que manger et boire de l’eau. Quand je n’y arrive pas, je considère ces moments comme « inexistants ». J’ai pensé qu’il était plus important d’aimer que de faire l’amour.... J’ai connu beaucoup de monde, mais j’ai eu peu d’amis, et cela m’a toujours rendu triste.... Est-ce suffisant ?
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“ Proklus’tan bugüne köprünün altýndan ç o k s u l a r a k m ýþ . . ” Nedim GÜRSEL ile söyleþi in «Cumhuriyet Kitap», 14.03.2013
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Cüneyt Ayral’ýn Kostantýniyye Notlarý, en donanýmlýÝstanbullulardan birinin gözünden bu kentte sürüp giden hayatýn bir seyir defteri niteliðinde. Kitaptakiler gündelik, siyasal ve toplumsal olaylarýn özgün bir bakýþla deðerlendiriliþi ayný zamanda. Ayral’la Kostantýniyye Notlarý’ný konuþtuk. Nedim Gürsel
Cumhuriyet Kitap - Sonkitabýn “Kostantýniyye Notlarý”nda çeþitli yazýlarýný toplamýþsýn. Bu yazýlar arasýnda Ýstanbul’dan söz edenler olduðu gibi Paris’ten söz edenler de var. Bunlardan birindeki gözlemin dikkatimi çekti. Rambouillet Þatosu’nun parkýnda, ki bu þato cumhurbaþkanýnýn yaz rezidansýdýr, seviþen iki heykel gördüðünü söylüyorsun. Ýlkinde bir kadýnla bir erkek, ikincisindeyse iki erkeðin seviþtiði bu heykellerin hikâyesini ve kimin tarafýndan yapýldýklarýný merak ettim doðrusu. Çok uzun yýllardýr seyahat ediyorum, dünyanýn dört bir köþesine gittim ve beni müzelerden çok gittiðim yerlerin gündelik yaþantýsý ilgilendirdi hep bu yerlerde, her zaman dostlar edinip onlarýn ev yaþantýsýný görmek istedim. Yani bir resmin, bir heykelin kim tarafýndan yapýlmýþ olduðu nedense beni hiç ilgilendirmedi ama o resmin, o heykelin yaþantýnýn bir parçasý olarak varlýðý ile hep ilgilendim. Rambouillet Þatosu’na beni, o yýllara Paris basýn ataþeliðini yapmakta olan, gençlik arkadaþým Derya Tutu-
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mel götürmüþtü. Derya, Paris’in çevresindeki, hatta daha da geniþ bir alandaki þatolarý ezbere bilen birisidir. O gün beni oraya götürmesinin nedeni de þatonun, cumhurbaþkanlarýnýn yazlýk evi olmasýndandý. Þimdi þöyle düþün! Türkiyelisin, nedenli uzun yýllardýr buralarda yaþýyorsam da, yine de Türkiyelilik var… Bizim cumhurbaþkanlarýný, baþbakanlarýmýzý düþün, böyle bir bahçede Suudi Arabistan kralýný ya da ne bileyim Malezya baþbakanýný aðýrladýklarýný inan ki düþünemiyorum… Oysa bu þatoda ve bahçesinde, çok yakýn tarihte, pek çok uluslararasý toplantý yapýlmýþ olduðu gibi pek çok yabancý devlet adamý da konuk edilmiþtir. Bahçedeki seviþen kadýn ve erkek ile iki erkek heykellerini, istersen söyle deðerlendirelim: “Bahçede seviþen insanlarýn heykelleri vardý” diyelim. Ben onlarý gördüðümde, 29 Aralýk 1999’daki afette pek çok aðacýný yitirmiþ olan dev Rambouillet ormanýna insanlarýn bakarken nasýl bir haz duyduklarýnýn anlatýldýðýný düþünmüþtüm ve tabii Fransýzlarýn insanlara olan saygýlarýný ve özgürlüklerine olan düþkünlüklerini.
“PARÝS ÝÇÝN DEMEZDÝM”
‘HÜSNA’
DER,
‘DÝÞÝ’
Uzun yýllar Kostantýniyye gazetesini çýkardýn, bu nedenle, tutucu kesimin tepkilerine hedef oldun. Oysa Fatih de Ýstanbul’u bu adýyla biliyor ve seviyordu. Tepkiler ve gazetenin adý nedeniyle yasaklanmasý konusunda bugün neler söylemek istersin? Kostantýniyye Haberleri gazetesini beþ yýl yayýmlamýþ olmak benim onurumdur. Neredeyse 60 yaþýmdayým ve bugüne kadar çok þey yaptým ancak yapmýþ olduðum iþler arasýnda en deðer verdiðim bu gazetedir. Gazete, birlikte çalýþtýðýmýz pek çok dostumun çok deðerli katkýlarý ile Ýstanbul’a ve zaman zaman da Türkiye’ye ayna tutmuþtur. O dönemde gazetenin adý “eski Bizansý anýmsatýyor” gerekçesi ile yasaklanmýþtý. Bizi o zamanlar kýrmýzý baþlýkla yayýmlanan Zaman gazetesinde çok ünlü bir þair dostum gammazlamýþtý. Danýþtayda açtýðým davayý kazanmýþtým ve ilginçtir devlete karþý açtýðým davayý devlet temyiz etmemiþti yani hatasýný kabul etmiþti, bu da bence önemliydi. Bütün mahkemelere avukatýmla birlikte gittim, gazeteden hiç kimse yanýmda olmadý, yalnýzca karar günü, Yeni Moda Eczahanesi’nin sahibi, okurumuz ve dostum Melih Ziya Sezer yanýmdaydý. Bugün dünyanýn çeþitli üniversite kütüphanelerinde olan gazeteyi bir gün digital ortama taþýmayý çok isterim. Gazetenin yazarlarýndan Hilmi Yavuz, merhum Orhan Duru buradaki yazýlarýný kitaplaþtýrdý, Hulki Aktunç’un ömrü yetmedi, öldü gitti. Seninle de o gazetede yapmýþ olduðumuz bir söyleþide önemli bir ifþaatýn vardýr, “Ýstanbul artýk döndüðün deðil gittiðim bir þehirdir” cümlesini ilk kez orada söylemiþtin, bence bu senin “dünya vatandaþlýðýna” attýðýn adýmdýr. Bundan yanýlmýyorsam bir yýl kadar önce bir Türkiye gazetesinde “Ýstanbul’un Adlarý” diye bir yazý çýkmýþtý, o yazýyý kesip yanýtlamak istemiþtim, sonra savsakladým. Hâlâ gazeteden söz edenler Konstantiyye diyorlar, bu yanlýþ çünkü Cüneyt Ölçer’in paralar kitabýndaki parada Kostantýniyye diye yazýyor. Bu Sultan II. Mehmet’in fetihten sonra bastýrdýðý paradýr. Paris’in de, Ýstanbul gibi “diþi” bir kent olduðunu yazmýþsýn. Kentleri “eril” ve “
diþi” olarak gördüðünü gizlemiyorsun. Ya “hünsa” kentler? Eðer bugün o yazýyý yazýyor olsaydým, Paris için “hüsna” der, diþi demezdim. Zaman Bitti romanýmda ve daha sonra Gümüþ Gölge romanýmda, þehirlerin bu hallerine çokça deðiniyorum. Paris’in gizli gece yaþamý, Ýstanbul’un bilinmeyen köþeleri, Milano’nun sevdalý halleri, Roma’nýn fahiþeleri, New York’un o çok ilginç “hüsna” yaný, Hong Kong’un tutucu görünümü ve utangaçlýðýnýn yaný sýra göstermediði paylaþýmlarý… Yeni yazmakta olduðum “Son Darbe” romanýmda okur, þehirlerin gizli kalmýþ yanlarýný okuyabilecek. Paris Notlarý I kitabýmda da anlattýðým birkaç “hüsna” yer vardýr. Zaman içinde, bunca gezip gördüðüm yerde, “erkek” bir þehre pek rasladýðýmý söyleyemem, bundan memnun olduðumu söyleyebilirim, dünya hiç olmazsa þehirler baðlamýnda erkeklerin egemenliðinden kurtulmuþ! Kitabýnda siyasi konulara da deðiniyorsun. Bugün Türkiye’nin içinde bulunduðu ortamý, bir yazar ve gazeteci olarak, nasýl deðerlendiriyorsun? Türkiye kendisi ile yüzleþmeye çalýþýyor ancak göçebe gelenekleri çok yerleþik olduðundan bunu beceremiyor, inanýlmaz bir korkaklýk içinde. Çaðý algýlamakta güçlük çekiyorlar. Ülkeyi yönetenlerin “kaliteleri” devlet adamý olmaktan çok uzak ancak bu sýkýntý tüm dünyada yaþanýyor yani kaliteli, bilgili gerçek devlet adamý azlýðý, hatta yokluðu dünyanýn bu döneminin sýkýntýsý olarak göze çarpýyor, Türkiye’de bundan nasibini almýþ durumda. Türkiye’yi yönetenlerin “diktatör” olmak gibi hevesleri var, dünyayý geziyorlar ama kavrayabilecek bilgi donanýmlarý yok. Ben zeki insan ile akýllý insaný birbirinden ayýrýrým. Türkiye’de zeki – cin gibi yöneticiler var ama hiçbirisinin akýllý olduðu söylenemez. Örneðin, Rusya’nýn devlet baþkaný ile arkadaþ oluyor, sonra onun gibi olmak istiyor ama Rusya’yý, tarihini, insanlarýnýn davranýþlarýný bilmiyor, görüyor ama kavrayamýyor çünkü bu çok geniþ bir edebiyat, müzik ve plastik sanat bilgisini de gerektiriyor. Sosyoloji ve antropoloji bilmeyi gerektiriyor… Türkiye’de sürekli olarak elma ile armudu birbiri ile karýþtýrýyor insanlar. Ýlkeli, aklý baþýnda, ne yaptýðýný bilen, vizyonu olan bir devlet olmaktan çok uzaklaþtýk. Bir
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NEDIM GÜRSEL ÝLE CÜNEYT AYRAL
hesaplaþmanýn içindeyiz ama ne ile ve hangi nedenle hesaplaþtýðýmýzýn bilincinde deðiliz. Yani böyle giderse eðer Türkiye’ye çok yazýk olacak… Toparlanmasý için yeniden çok uzun yýllar gerekecek. Artýk her þeyin artan milli gelir olmadýðýný öðrenmek zorundayýz. Tabii bir de günümüzde sömürgeciliðin nasýl egemen olduðunu anlayalým ki, daha çok sömürgeleþmeyelim. Bir atasözü var biliyorsun, iðneyi kendine çuvaldýzý baþkasýna batýr diye. Bizimkiler iðneyi görmemiþler bile ama ellerinde çuvaldýz saða sola saldýrýp duruyorlar, oluru yok anlayacaðýn. Bu tür ile savaþmak da zordur, hani akýllý düþman derler ya… “ÝSTANBUL’A HERHANGÝ BÝR BAÐLILIÐIM KALMADI” Ýstanbul’un ilk belediye baþkanýnýn Proklus olduðunu öðrenmiþsin Orhan Duru’dan. Son belediye baþkanýnýn uygulamalarýna ne diyorsun? Baþbakanýn hayalindeki cami projesi baþta olmak üzere Ýstanbul, kentleþme açýsýndan, nerede bugün? Proklus’tan bugüne köprünün altýndan çok sular akmýþ anlaþýlan. Bir önceki sorunu yanýtlarken Türkiye’deki devlet adamlarýnýn kifayetsizliðini söylemiþtim. Ýstanbul belediye baþkaný, þehrin en ünlü muhallebicisi olan
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Saray muhallebicisinin sahibidir, bu iþi bile iyi yapamýyor. Beyoðlu’ndaki Saray Muhallebicisi’nin yerinin deðiþmesine ve olduðu yere bir alýþveriþ merkezi yapýlmasýna eyvallah diyebilmiþ birisidir o. En yenilerde Ýnci pastanesi’nin yerinden alýnmýþ olmasý da bir örnek. Ünlü Markiz pastanesinin bugün geldiði hali görmek bile istemeyebilirsin. Bir þehir nelerle ünlenir? Varlýðýný nasýl sürdürür? Paris’te biz seninle artýk Café de Flore’a gitmiyoruz, neden? Çünkü orada kahve çok pahalý ve çok turist geliyor ama her gelen turist cafénin mönüsünü eline aldýðýnda, oradan kimlerin gelip geçmiþ olduðunu okuyor, anlýyor ve þehir hakkýnda biraz daha bilgileniyor. Yani bir pastahane, café deyip geçmemek gerekiyor. Þehrin burjuva yaþantýsýndan, gençliðinde hiç nasip almamýþ, yalnýzca çamurlu sahalarda top koþturmuþ insanlarýn Ýstanbul gibi bir devi anlamalarýný beklemiyorum. Onlar için ancak siyasi bazý imler önemli olabiliyor. Yani ille Taksim Meydaný bozulacak, ille kocaman cami yaptýrýlacak vs. gibi. Bu bizim içinden gelmediðimiz, ama bugün Türkiye’de egemen olan kültür. Zaten ne demiþlerdi, “beðenmiyorsan bas git” dememiþler miydi? Biz de bastýk gittik iþte. Ben kendi adýma Ýstanbul için yapacaklarýmýn hepsini yaptýðýmý kabul ediyorum. Ýstanbul Þarkýlarý Kitabý ve ardýndan 40 ýncý sanat yýlý sergim (Fotograf sanatçýsý Gültekin Çizgen ile), Kostantýniyye Haberleri gazetesi ve “Ýstanbul Bir Maceradýr” sergisi. Bunlarýn hepsi tarihe not düþülmüþtür yani Ýstanbul bana artýk kýzamayacak. “Ýstanbul Bir Maceradýr” sergisinin küratörlüðünü yaptýn. Nasýl algýlandý bu sergi? Kimler gezdi ve ne denildi? Ýstanbul’a baðlýlýðýn, biraz da uzun süredir Fransa’da yaþamandan kaynaklanmýyor mu? Öncelikle þunu açýkça söylemeliyim, benim artýk Ýstanbul’a herhangi bir baðlýlýðým kalmadý. Eðer bir gün Türkiye’ye dönüp orada yaþamayý seçersem, o zaman Ýzmir’e yerleþirim. Hiç olmazsa azýnlýklarý yýllardýr barýndýrmýþ bir þehirdir ve böyle bir kültürü vardýr. Benim Fransa ile olan ilgim ve iliþkim 35 yýla yaklaþýyor, 16 yýldýr da burada yaþýyorum. Yani Ýstanbul’da yaþamýþ olduðumdan daha uzun süre, Ankara’da yaþamýþ olduðumla
ayný süredir Fransa’dayým. Burada olmaktan da ayrýca çok memnunum. Türkiye ile olan ilgim ve iliþkim, Türkçe yazan bir yazar olmaktan ve Türkiye’de bir gazete için çalýþýyor olmaktan kaynaklanýyor, 40 yýlý aþkýn süredir gazetecilik yapan birisi olunca, ister istemez uzmanlaþýyorsun… Türkiye’de son yýllarda olup bitenlere baktýðýmýz zaman, artýk iyice azýnlýkta olduðumuzu görüyoruz. Ben kendimi öyle “aydýn” falan diye tanýmlamýyorum, kendi halinde bir þair-yazar olarak görüyorum. Dikkat edersen yazdýðým romanlarda da, daha çok, karakterlerimi dünyada dolaþtýrýyorum. Þimdi “Son Darbe” romanýmda biraz daha çok Türkiyeli azýnlýklardan yani benim gibi azýnlýða düþmüþ olanlardan söz edeceðim ve onlarý anlatmayý deneyeceðim. Sergiyi kim gezdi, kim anladý? Kimse gezmedi ve kimse de anlamadý!.. Serginin söylemeye çalýþtýðý pek çok mesajý vardý. Topkapý Sarayý’nýn iç avlusunda revaklarda açýlmýþtý. Dünyada ilk serginin, yanýlmýyorsam Ýskenderiye’de, revaklarda açýldýðý söylenir. Bronza dökülmüþ olan Ýstanbul’lar, sarayýn duruþuna göre belli bir çizgide asýlmýþlardý, bir söylemi vardý. On üç yazarýmýzýn, on üçer satýrdan oluþan Ýstanbul’larý da bronza dökülerek tarihe armaðan edildi. Bu metinleri Kostantýniyye Notlarý kitabýma aldým, ayrýca Ýngilizce ve Fransýzca çevirileri ile serginin kitapçýðýnda da var. Her bronz figürün üzerinde benim Ýstanbul Þarkýlarý kitabýmdan alýnma diziler de vardý. Sergi kitapçýðýnda bu dizeler de Ýngilizce ve Fransýzcaya çevrildi. Tarýk Günersel ve Beverly Barbey’in bu konudaki çabalarýný anýmsatmak isterim. Sergilenen eserleri Semra ve Birol Ecer hazýrlamýþtý. Ciddi bir çaba ve emek söz konusuydu. Ancak iþin zanaat kýsmýndaki Birol Ecer huysuz bir adam çýktý. Açýkçasý düþleyemediði bir iþ gerçekleþince, birden bire “ne oldum yahu” deyiverdi, o yüzden serginin devamýndan elimi eteðimi çektim, yoksa bu sergi ile Ýstanbul, Moskova’ya, Paris’e, Milano’ya gidecekti hemen hemen her þeyini hazýrlamýþtým. Nitekim bu þehirlere daha sonra baþka sergiler götürdüm, baþka sanatçýlarý taþýdým. Sergi için elektronik müziðin harika çocuðu, Erdem Helvacýoðlu 13 dakikalýk bir Ýstanbul müziði hazýrlamýþtý, açýlýþta konuklarýn 13 dakikasýný sessiz olarak ala-
madýk. Ýkramlarýmýz daha çok ilgi çekti! Ayýp oldu yani… Yani “Ýstanbul Bir Maceradýr” sergisi tam bir macera oldu. Asýlý kaldýðý sürece pek çok turist tarafýndan gezildi ama bir tek sanat eleþtirmeni zahmet edip ne eleþtirdi ne de övdü… Daha anlatmamý ister misin? Maceq raydý iþte…
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“ Beaucoup d’eau coula sous les ponts depuis Proclus... ” Entretien réalisé par Nedim GÜRSEL in «Cumhuriyet Kitap», 14.03.2013 Traduit du turc par/Fransýzcasý: Salih BOZOK lllllllll
Les « Notes de Constantinople » (titre original : Kostantiniyye Notlarý) de Cüneyt Ayral est en quelque sorte le cahier de bord de la vie qui s’écoule dans cette ville, vue par un des stambouliotes les plus aguerris. Le livre constitue en outre une analyse singulière des évènements d’actualité, des faits sociaux et économiques. Nous bavardons avec lui sur ses « Notes de Constantinople » 1 Nedim Gürsel
Tu rassembles dans ton dernier ouvrage, « Notes de Constantinople », une diversité d’écrits, relatant aussi bien Istanbul que Paris. Un article parmi d’autres attira particulièrement mon attention, celui où tu décris deux statues dans le parc du Château de Rambouillet, villégiature d’été des présidents français, représentant l’une, un homme et une femme et l’autre deux hommes qui s’entrelacent. Je suis curieux de connaître l’histoire de ces deux statues, et leurs artistes.2 Je voyage depuis des années, j’ai parcouru les quatre coins du globe, et la vie quotidienne des gens dans ces lieux m’a intéressé plus que les musées. J’ai voulu me faire des amis et connaître leur vie au foyer. Pour répondre à ta question, peu m’importe qui a peint un tableau ou qui a sculpté une statue. Je me suis intéressé à l’existence de cette œuvre d’art en tant que partie intégrante de la vie. Mon ami de jeunesse Derya Tutumel, alors attaché de presse à Paris, m’avait fait visiter le Château de Ram-
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bouillet. Il connaissait par cœur les châteaux aux alentours de Paris, et aussi ceux qui sont situés dans un périmètre plus large. Il m’y était conduit pour la simple raison que ce château était à l’époque la résidence d’été des présidents de la République Française. Penses-y ! Je suis originaire de Turquie. Je vis ici pour telle ou telle raison depuis des années, mais le fait de venir de Turquie est ancré en moi… Penses-tu un moment à nos présidents et premiers ministres accueillant dans ce genre de parc le roi d’Arabie Saoudite ou, que sais-je, le roi de Malaisie ? Je ne puis l’imaginer. Or, ce château et son parc ont accueilli peu de temps auparavant des rencontres internationales ainsi qu’un certain nombre d’hommes d’Etats étrangers. Si tu permets, disons tout simplement de ces deux statues qu’il y avait dans le parc « des statues d’hommes et de femmes qui s’entrelaçaient ». A les regarder, j’avais pensé au plaisir que les gens pouvaient ressentir en contemplant l’immense forêt de Rambouillet qui a tant souffert des calamités du 29 décembre 19993, ainsi qu’au respect des
français pour l’Homme et leur attachement aux libertés. JE N’AURAIS PAS QUALIFIE PARIS DE « VILLE-FEMME » MAIS DE «VILLE-HERMAPHRODITE». Tu as publié durant de longues années, le journal « Nouvelles de Constantinople » (titre original : Kostantýniyye Haberleri), et tu as été de ce fait, la cible des milieux conservateurs. Or, Mehmet le Conquérant connaissait et aimait Istanbul sous ce nom. Que voudrais-tu nous dire aujourd’hui des ces réactions et de l’interdiction du journal ? C’est un honneur pour moi d’avoir publié ce journal pendant cinq ans. J’ai presque 60 ans et j’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, mais cette publication est, parmi mes activités diverses, celle qui a le plus de valeur pour moi. « Les nouvelles de Constantinople », avec la riche contribution de mes amis, a été le miroir d’Istanbul, et parfois de la Turquie entière. Ils ont interdit à l’époque, le titre du journal, sous prétexte qu’il évoquait l’ancienne Byzance. J’ai été dénoncé par un ami poète de renom, qui écrivait dans le quotidien « Zaman » édité avec un titre rouge. J’ai eu gain de cause au Conseil d’Etat, dans l’affaire m’opposant à l’Etat, et c’est à noter que l’Etat ne s’est pas pourvu en Cassation, acceptant ainsi son erreur. Cela avait son importance. Je me suis présenté à toutes les audiences en compagnie de mon avocat. Aucune personne du journal ne m’a accompagné, à l’exception de mon ami Melih Ziya Sezer, propriétaire de la pharmacie « Yeni Moda », lecteur de notre publication, qui était à mes côtés le jour de la décision. Je voudrais porter un jour dans l’univers numérique ce journal déjà présent dans les bibliothèques universitaires de plusieurs pays du monde. Hilmi Yavuz, ainsi que feu Orhan Duru, parmi les collaborateurs de la publication, ont fait des livres de leurs écrits. Hulki Aktunç n’a pas eu cette occasion, il est décédé avant. Dans un entretien que nous avons réalisé ensemble dans les colonnes de ce journal, tu as fait une révélation importante en affirmant : « Istanbul n’est plus la ville où je retourne, mais la ville où je vais ». C’était ton premier pas vers la
« citoyenneté du monde ». Sauf erreur de ma part, il y a eu un article un an auparavant dans un quotidien publié en Turquie sur les « noms d’Istanbul ». J’avais découpé ce texte avec l’intention d’y répondre, mais j’ai omis de le faire par négligence. Beaucoup disent « Konstantiyye » en parlant de mon journal, alors qu’il s’agit de « Kostantiniyye », comme précisé dans le livre de Cüneyt Ölçer sur les monnaies anciennes. Une pièce frappée sous le Sultan Mehmet II après la Conquête mentionne bien ce nom. Tu as écris de Paris et d’Istanbul, qu’il s’agit de « villes-femelles ». Tu ne caches pas ta vision de villes « masculines » ou féminines ». Et les villes « hermaphrodites » ? Si j’avais écrit aujourd’hui cet article, j’aurais qualifié Paris d’hermaphrodite. Dans mon roman « Zaman Bitti » (La fin du temps), et plus tard, dans « Gümüþ Gölgeler » (Ombres d’argent), j’évoque souvent ces caractéristiques des villes. La vie nocturne secrète de Paris, la face inconnue d’Istanbul, les aspects amoureux de Milan, les prostituées de Rome, le côté « hermaphrodite » très remarquable de New York, ainsi que ce que révèle Hong Kong derrière son apparence conservatrice et sa pudeur, en font partie. Dans mon dernier roman en cours d’écriture, « Son darbe » (Dernier coup) le lecteur prendra connaissance des lieux insolites des villes. Je relate dans mon livre « Notes de Paris » quelques lieux « hermaphrodites ». Et enfin, je ne peux dire que j’ai rencontré parmi celles que j’ai connues, de ville « mâle », et je n’en suis pas mécontent. Le monde est affranchi, du moins en ce qui concerne les villes, de la dominance masculine. Dans ton livre, tu abordes aussi la politique. Que dis-tu, en tant que journaliste et écrivain, de la situation actuelle de la Turquie ? La Turquie essaye de se confronter à soimême, mais elle y arrive mal du fait de la prédominance des traditions nomades. Elle a incroyablement peur. Les gens ont du mal à comprendre leur siècle. Ceux qui dirigent le pays sont loin d’avoir les « qualités » requises pour des hommes d’Etat,
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Il est temps d’apprendre que tout n’est pas réduit à l’augmentation d’un revenu national. Il faudra aussi comprendre la nouvelle face du colonialisme de nos jours afin d’éviter de se coloniser davantage. Tu connais le proverbe turc : « Enfonces l’aiguille dans ta propre chair avant de piquer autrui avec un couteau ». Les nôtres n’ont pas connu d’aiguille, mais ils attaquent à gauche et à droite, avec un couteau à la main. C’est sans issue. Il est difficile de combattre ce genre d’homme. On dit bien qu’il faut un adversaire intelligent… JE N’AI PLUS ISTANBUL
STATUE DE RAMBOUILLET
mais c’est le cas dans le monde entier, et la pénurie, voire l’absence de vrais hommes d’Etat cultivés et de qualité est un problème du monde d’aujourd’hui. La Turquie ne fait pas exception. Les dirigeants de Turquie aspirent à la « dictature ». Ils parcourent le monde entier, mais ils sont dépourvus de connaissances leur permettant de le comprendre. Je fais pour ma part, la distinction entre l’homme futé et l’intelligent. La Turquie fourmille de dirigeants futés, mais on ne pourrait les qualifier d’intelligents. Par exemple, d’aucuns deviennent camarades avec le chef d’Etat russe, veulent être comme lui, mais ils ignorent la Russie, son Histoire, le mode de comportement des russes. Ils les voient mais ne comprennent pas, car cela exige en fait une large connaissance en littérature, musique, et arts plastiques. Des connaissances en sociologie et en anthropologie. Les gens confondent constamment les poires et les pommes en Turquie. Nous nous sommes éloignés progressivement d’un Etat de principes, ayant la tête sur les épaules, sachant ce qu’il fait, avec une vision précise. Nous sommes dans des règlements de compte, mais sans savoir avec qui et pourquoi. Si cela continue ainsi, ce sera dommage pour la Turquie. Il faudra très longtemps pour remettre les pendules à l’heure.
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D’ATTACHE
AVEC
Tu as appris par Orhan Duru le nom du premier maire connu d’Istanbul. Il s’agit de Proclus. Que diras-tu des pratiques du maire sortant ? Qu’en est-il de l’urbanisation de la ville, et en premier lieu, du projet de grande mosquée chère au premier ministre ? On voit que beaucoup d’eau ont coulé sous le pont depuis Proclus. En répondant à ta question précédente, j’ai évoqué l’incompétence des hommes d’Etat en Turquie. Le maire actuel d’Istanbul est le propriétaire de la pâtisserie la plus connue de la ville, la « Pâtisserie Saray », et il n’est même pas à même d’exercer correctement ce métier. Il a accepté que la pâtisserie change de place, avec un centre commercial érigé à sa place. Je cite aussi l’exemple de la fameuse pâtisserie « Inci » contrainte à fermer ses portes. Tu ne voudrais même pas savoir ce qu’il advient de nos jours de la pâtisserie « Marquise » si réputée d’antan. Que fait la notoriété d’une ville ? Qu’est-ce qui nourrit son existence ? Nous ne fréquentons plus, avec toi, le « Café de la Flore » à Paris, car le café est très cher, mais il continue d’attirer beaucoup de touristes, et dès qu’ils prennent le menus en main, ils y voient le nom des célébrités qui sont passées par là, l’assimilent, et cela s’ajoute à leurs connaissances sur la ville. Il ne faut pas sous-estimer un café ni une pâtisserie. Je n’attends pas des gens qui ont couru derrière un ballon sur des terrains boueux de leur jeunesse, de ceux qui n’ont pas goûté à la vie bourgeoise de la ville, qu’ils comprennent un colosse
comme Istanbul. Pour ceux là, seuls quelques images politiques ont leur importance, telles que la restructuration de la place Taksim ou la construction d’une mosquée gigantesque. Il s’agit de la culture dont nous ne sommes pas issus, et qui est actuellement dominante en Turquie. Qu’est-ce qu’ils ont dit d’ailleurs : « Si tu n’aimes pas, tu quittes ! ». Et voilà, nous avons quitté. En ce qui me concerne, je reconnais avoir fait tout ce que je pouvais pour Istanbul. Je cite le livre sur les « Chansons d’Istanbul », mon exposition de « 40 années d’art » avec l’artiste photographe Çizgen, le journal « Nouvelles de Constantinople » et enfin, l’exposition « Istanbul est une aventure ». Tout cela est ancré dans l’Histoire et Istanbul ne peut plus se fâcher avec moi. Tu as été commissaire de l’exposition « Istanbul est une aventure ». Quelle impression cette exposition a t-elle laissée ? Qui l’a visitée ? Qu’a-t-on dit ? Ton attachement à Istanbul ne puise t-il pas sa source un tant soit peu dans le fait que tu résides en France depuis longtemps ? De prime abord, je dois dire ceci en toute franchise. Je n’ai plus d’attachement à Istanbul. Si j’opte un jour pour poursuivre mon existence en Turquie, je choisirais Izmir. C’est une ville qui a hébergé longtemps les minorités, et qui est pourvue d’une telle culture. Mon intérêt pour la France et mes liens avec ce pays remontent à près de 35 ans. J’habite ici depuis 16 ans, c’est-à-dire plus longtemps que j’ai vécu à Istanbul, et autant qu’à Ankara. De plus je suis très heureux de me trouver ici. Mon intérêt pour la Turquie, mes liens, puisent leurs sources dans le fait que j’écris en turc et je travaille pour un journal en Turquie. Quand on est journaliste pendant plus de 40 ans, on est forcément spécialisé. En observant ce qui se passe en Turquie ces dernières années, il semble évident que nous sommes de plus en plus minoritaires. Je ne me définis pas du tout comme « un intellectuel » mais poète et écrivain en toute simplicité. Tu dois remarquer que dans mes romans, je ballade mes personnages à travers le monde. Dans mon dernier roman « Son Darbe » (Dernier coup) en chantier, je
tente de relater un tant soi peu les minorités de Turquie et ceux, comme moi, relégués en situation minoritaire. Qui a visité et compris le sens de l’exposition ? Personne, à vrai dire… L’exposition, qui avait lieu sous les portiques, dans la cour intérieure du Palais de Topkapi, était porteuse d’un certain nombre de messages. Sauf erreur de ma part, la première exposition connue dans l’Histoire, celle d’Alexandrie, était également placée sous des portiques. Des représentations d’Istanbul en bronze, étaient alignées dans un ordre déterminé. Cela avait une signification. Les écrits d’Istanbul de nos treize écrivains, composés de treize lignes d’écritures sur bronze ont été offerts à l’Histoire. J’ai retransmis ces textes dans mes « Notes de Constantinople », et leurs traductions en anglais et en français figurent dans le livret de l’exposition. Chaque figure en bronze était bordée des vers extraits de mon livre « Chansons d’Istanbul ». Ces vers ont également été traduits pour le livret de l’exposition. Dans ce domaine, nous devons beaucoup à Tarik Günersel et Beverly Barbey. Les œuvres exposées étaient rassemblées par Semra et Birol Ecer, et il s’agissait là d’un travail sérieux, de longue haleine. Hélas, Birol Ecer qui assumait la partie technique du travail, s’est avéré être un homme très grincheux. Pour parler franchement, les tâches entreprises dépassaient le cadre de son imagination, et une fois cela fait, il s’est laissé « griser par le succès », et je me suis retiré ipso facto. Or, j’avais tout préparé afin d’exposer Istanbul à Moscou, à Paris et à Milan. En effet, j’ai exposé plus tard d’autres artistes dans ces villes. Erdem Helvacýoðlu, enfant prodige de la musique électronique, avait composé un morceau de 13 minutes sur le thème d’Istanbul. A l’inauguration de l’expo, il ne nous a pas été possible de disposer en silence des 13 minutes de nos invités, ce qui a été offert ayant suscité plus d’intérêt. C’était dommage. En somme, l’exposition « Istanbul est une aventure », était une véritable aventure. Elle a été visitée par un grand nombre de touristes, mais pas un seul critique d’art n’a daigné la critiquer ni en faire l’éloge. Que puis-je dire de plus ? C’était une simple q aventure.
NOTES DE SALIH BOZOK
1. Après la chute de Byzance, le nom de Constantinopolis (Constantinople, en français) qui
désigne
la
Ville
de
Constantine, devint Kostantiniyye dans l’époque ottomane.
Le
nom
actuel,
Istanbul, ne sera officialisé que quelques années après la proclamation de la République, en 1923. 2. La statue représentant deux hommes, « Charité fraternelle » fut sculptée en 1865 par Julien Edouard Conny. La deuxième, « Mort de Procris », œuvre de Jean Escoula en 1898, représente Procris dans les bras de son mari Céphale. 3. Suite aux inondations et coulées de boues, la forêt de Rambouillet subit des dégâts importants le 29 décembre 1999. Kostantýniyye Notlarý/ Cüneyt Ayral/ Bence Kitap/ 246 s. (Notes de Constantinople/ Cüneyt Ayral/Editions Bence Kitap/ 246 pages/ Ankara -2012)
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Zaman bitti.... Le temps s’épuisa... Bedri BAYKAM Traduit du turc par/Fransýzcasý: Salih BOZOK lllllllll
B
es dizaines de milliers de gens, jeunes, vieux, portant lunettes, parapluies, minijupes, costumes, montent rapidement les marches pour se mêler à la foule parisienne à la sortie du métro, ou déambulent à la place de Taksim d’ Istanbul......Parmi ces foules atones qui nous paraissent si “banales” et dénuées d’identités, X,Y,Z ou Rita, Sophie et Laura arpentent les rues ou les pages des livres......
Cüneyt Ayral, “ Zaman Bitti” adlý kitabýnda, iþte bizi bu insanlarýn iç dünyalarýnda, geçmiþlerine ve yaþam tutkularýna, korkularýna taþýyor. Türk yazýn dünyasýnýn bu “yarý gizli” deðeri, yine kendine has doðrudan üslubuyla, otobiyografik göndermeleri ve hesaplaþmalarý da eksik olmayan bir yapýta imza atmýþ. Dýþarýdan, “normal” görünen her canlýnýn, sonuçta aþklarýný, cinsel kimliðini, umutlarýný bir parçalanmýþlýk içerisinde yaþayan, kendi içinde kanamaya devam eden, iniþli çýkýþlý yaþam grafikleri olan birer etlikanlý birey olduðu gerçeðini yüzümüze vuruyor… Hem de tabii kendi “normal” görüntümüzün ne olabileceðini bize bilinçaltý sorgulatmayý baþararak!
Cüneyt Ayral nous porte dans son roman intitulé « Le temps s’épuisa », au monde intérieur, au passé et à la passion de vivre de ces gens-là, ainsi qu’à la peur qu’ils ressentent. Cet écrivain valeureux et quasi « underground » de la littérature turque signe ainsi, avec un style qui lui est propre, une œuvre ne manquant pas de références autobiographiques ni de règlements de comptes inhérents au récit. Il nous jette à la figure le fait que chaque être d’apparence « normale » n’est rien d’autre qu’un individu en chair et en os, vivant en état de déchirure ses amours, son identité sexuelle et ses espoirs, tout en saignant en son for intérieur avec des flux et des reflux. Il y arrive de main de maitre en nous amenant à nous interroger dans notre subconscient sur ce qu’il adviendrait de notre propre apparence « normale ».
Cinsellik ve özel yaþam kesiþmeleri, günlük bir üslupla irdelenen bu dünyanýn ana ham maddesi. Üç cinsel kimliðe ruhunda, bedeninde ve yaþamýnda yer açan, bunlarýn her birini de eþit derecede samimiyetle hisseden ve hayatýna sokan, gezegenin
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ir metro çýkýþýnda merdivenleri hýzla tüketip Paris sokaklarýnýn kalabalýðýna karýþan ya da Taksim’de cirit atan genç, yaþlý, gözlüklü, þemsiyeli, mini etekli, takým elbiseli on binlerce insan… Uzaktan bize “banal” ve kimliksiz görünen bu gri kalabalýklarýn arasýndan X, Y, Z, ya da Rita, Sophie, Laura, sokaklarda veya kitap sayfalarýnda dolanýyorlar…
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La sexualité et le croisement des existences individuelles constituent dans le récit, les
geçici, kafasý karýþýk misafirlerinin öyküsüne davet ediyor sizi bu kitap. Ömür üstünden yaþanan onca kýsa ve uzun iliþkinin, yok
olan veya yeniden inþa edilen onca umudun arenasýna hoþ geldiniz. q
matières premières de cet univers décrit dans le langage courant. Ce livre nous plonge dans l’intimité de quelques invités éphémères de la planète, qui intègrent dans leur corps, leur esprit et leur existence, et dans leur indéniable confusion mentale, leurs trois
identités sexuelles, tout en les assumant à égale distance avec sincérité. Vous êtes les bienvenus à l’arène de tant de relations courtes ou durables, et des espoirs perdus ou retrouvés. q
BIOGRAPHIE DE CÜNEYT AYRAL Né le 13 février 1954 à Istanbul (Turquie) Cüneyt Ayral fit ses études secondaires au Lycée d’Atatürk à Ankara et ses études supérieures à l’Université d’Ankara dans le département des sciences politiques (1979). Dès son jeune âge il a collaboré, notamment comme chroniqueur aux quotidiens tels que Barýþ, Demokrat Izmir, etc. A partir de 1973, il travailla comme producteur à T.R.T (Radio et Télévision Nationale Turque ), puis lors d’un séjour de deux ans en Grande – Bretagne il prépara à B.B.C. (British Broadcasting Cooperation) des émissions de radio en langue turque. Il fonda en 1977 AFSAD (Association des Photographes Amateurs d’Ankara). Par ailleurs, il publia durant cinq ans le journal “Kostantýniyye Haberleri” qui fut interdit par les autorités mais cela ne l’empêcha pas pour autant de continuer à lutter pour la liberté d’expression en publiant le même journal sous un autre nom “Bizim Þehir Haberleri”. Ses poèmes et articles ont été publiés dès 1970 dans des revues littéraires en Turquie où il est connu comme grand-reporter pour avoir voyagé dans cinq continents. Cüneyt Ayral vit aujourd’hui à Paris et à Istanbul où il se consacre à l’écriture tout en continuant son activité de journaliste. EXPOSITIONS INDIVIDUELLES Leurs Visages (Exposition de photographies), Ankara 15 janvier 1979 Leurs Visages II (Exposition de photographies), Le musée de la citadelle de Bodrum, 12-30 juillet 1979 EXPOSITIONS ORGANISEES EN TANT QUE COMMISSAIRE Brahaus, Collection de Samuele Mazza, Galerie Baraz, Istanbul février 1994 Mondes Cachés (Exposition de peinture John Kacere), Galerie Baraz, Istanbul février 1995
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LIVRES PUBLIÉS - “Baþkaldýrma” (La Révolte), Poèmes, 1974 (Avec les photos de Hakký Göçeoðlu) Editions de Türk Tarih Kurumu, Ankara - “Þiir Mezarlýklarý” (Cimetière de poésies), Poèmes, 1987, Editions Bin Tane Yayýnlarý, Istanbul - “Ýstanbul Þarkýlarý Kitabý” (Le livre des Chansons d’Istanbul), Poèmes, 1989, Editions Bin Tane Yayýnlarý, Istanbul - “Birinci Nar Senfonisi”, “Opus Yedi“ (Première Symphonie de la Grenade “Opus Sept”) Texte poétique composé par F. Oburoðlu, 1990, Editions Bin Tane Yayýnlarý, Istanbul. Deuxième édition en cassette, 1991, Raks Musique, Istanbul. Première présentation le 27 décembre 1991 à Istanbul. - “Lodos-Leandros-Lakhesis”, Poèmes, 1992, Editions Bin Tane Yayýnlarý, Istanbul - “The Sütyen”, Essai sur le soutien-gorge, 1992, Editions Bin Tane Yayýnlarý, Istanbul - “Yolculuk” (Le Voyage) Auto-biographie, 2004, Editions Elma, Ankara - “Paris Notlarý” (Notes de Paris), Essais, 2005, Editions Büke, Istanbul - “Geçmiþ Anýlarý, Öyküleri ile Sütyen” (Passé, souvenirs et nouvelles du soutien-gorge), Essais et histoires, 2006, Editions Büke, Istanbul - “Müjgan”, Roman, 2006, Editions Ideas, Istanbul; 2ème édition, 2011, Edition Bence Kitap, Ankara - “Zaman Bitti” (Et le temps s’épuisa), Roman, 2007, Editions Mevsimsiz, Ankara; 2 ème édition, 2011, Edition Bence Kitap, Ankara - “Girsek mi Girmesek mi” (Qu’on entre ou non à l’Union Européenne ?), Articles et reportages sur UE, 2007, Editions Mevsimsiz, Ankara - “Mürekkep, kâat ve sen” (Encre, papier et toi), Poèmes, 2008, Editions Siyah Beyaz, Istanbul - “Gümüþ Gölge” (Ombre en argent), Roman, 2011, Editions Bence Kitap, Ankara - “Mimiti Titolayo Sin”, Roman, 2011, Editions Bence Kitap, Ankara - Paris Notlarý II, Güncel anlatýlar, Notes de Paris 2, récits contemporains (1996-2004), 2012, Editions Bence Kitap, Ankara - Kostantýniyye Notlarý, Notes de Constantinopolis LES CHRONIQUES ET LES EMISSIONS DE RADIO-TV - Virgül, Journal Barýþ & Dünya Web - Ankara’dan Merhaba, Journal Demokrat Ýzmir - Bakýþ, Journal Yeni Ulus - Nice’den, Journal Dünya - Tadýmlýk, Magazine Car & Men - Sýladan Selam, Emission de radio TRT - Anayurttan Ýstekleriniz, Emission de radio TRT - Doktorunuz Diyor ki, Emission de radio TRT - Çok Sesli Türk Müziði, Emission de radio TRT - Türk Kadýný, Emission de radio TRT - Ýçimizdekiler, Emission de tv sur la chaine Interstar - Alýr Götürür Ýstanbul, Emission de tv sur la chaine TRT - Ajda Pekkan Sizlerle, Ajda Pekkan ve Moda, Emission de tv sur la chaine Kanal 6 - Ýstanbul’dan Fragmanlar, Radio Contact Istanbul - Bizim Mutfak, Emission de tv sur la chaine Kanal Biz - Sanat ve Biz, Emission de tv sur la chaine Kanal Biz - Sanathaber.net chroniques - Ekonomigundemi.com chroniques
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