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LakoomInfo Mensuel d’information générale - N° 36 - Septembre 2014 - Prix: France 2,50 • - Algérie 200 DA

Irak, Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Yémen DOSSIE

R

à feu et à

sang

ù VA OU LE MONDE ARABE?

M 02773 - 4538 - F : 2,50 •

Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris

« Les exactions de l’EI ne ser v ent p as l’islam » serv pas

Fantasme d’ici et d’ailleurs

Taisez-v ous, aisez-vous, charlatans !

« Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler

La vengeance d’une femme blessée


Le Djurdjura vous accueille dans un cadre lounge kabyle ô musiques douces des montagnes du Djurdjura…

Couscous Tajines Carte de grillades Méchoui tous les week-ends OUVERT 7/7 Chez Mr OUKOUKES Said 370 place du Barlet 59500 Douai France Tél 03 27 88 74 65


Obama engage les USA dans un conflit durable Mohammed CHOUAKI

L

e mois de septembre est souvent synonyme de guerre, pour les Américains, de près ou de loin. Celui de l’année 2014 n’est pas différent des autres années. Ainsi, c’est le 10 septembre que le président Obama a offi ciellement engagé les USA dans un conflit qui sera, selon les observateurs, durable. Une nouvelle guerre qui ambitionne de détruire le mouvement djihadiste au MoyenOrient. Pourtant, le 7 août dernier, le président américain ne préconisait que des frappes aériennes pour ralentir l’avancée des hommes armés de L’Etat islamique. Elu en 2008 pour mettre fin à l’engagement militaire américain dans cette région, Obama est obligé d’entreprendre une autre politique ; il ne risque désormais rien du tout puisqu’il n’est pas concerné par la prochaine élection présidentielle aux USA. Nouveauté de taille : Obama affirme qu’il traquera les terroristes partout, y compris en Syrie. Ce qui ne plaît pas beaucoup aux Russes. Obama a exclu toute coopération avec Bachar Al-Assad. Pour lui, le régime syrien terrorise son peuple. Le chef de la Maison-Blanche estime que ce régime assassin ne regagnera jamais la légitimité. Le président américain soutient que la stratégie américaine au Moyen-Orient sera pareille à celle déployée au Yémen et en Somalie. Critiqué pour «diriger depuis l’arrière», notamment lors de l’offensive contre le régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, Obama a décrit en quoi consistait le « leadership » des États-Unis dans ce conflit : se tenir auprès de ceux qui se battent pour leur liberté et rallier les autres nations sur la base de la sécurité et des valeurs humaines communes. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les USA sont présents militairement à travers les quatre coins du monde. Il y a si peu de conflits militaires où les USA ne sont pas dans le coup, directement ou indirectement. La machine militaro-industrielle américaine doit toujours fonctionner. Ce qui se passe en Irak est, à bien des égards, la conséquence de l’intervention américaine contestée et controversée de 2003. Dans une autre optique, les USA ont largement entretenu et manipulé certains activistes islamistes durant de longues années. Dix pays arabes, comprenant Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Oman, l’Egypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban et surtout l’Arabie saoudite, ont accepté de s’engager aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre l’Etat islamique, selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion à Djeddah en présence du secrétaire d’Etat américain. Barak Obama a toutefois promis, cette fois, à ne pas engager de troupes américaines au sol. Washington souhaite cependant envoyer en Irak 475 nouveaux conseillers qui s’ajouteront aux quelque 1.000 Américains déjà sur place pour épauler le nouveau gouvernement et l’aider à regagner du terrain sur EI. Le Président Obama a demandé au Congrès de voter de nouveaux crédits pour financer ce nouvel effort d’entraînement et d’équipement des rebelles syriens, à hauteur de 500 millions de dollars. La Maison-Blanche tiendra en octobre un sommet sur l’extrémisme et la radicalisation, a annoncé le ministre à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson. « Bien que nous n’ayons pas d’informations crédibles attestant que l’EI prévoit d’attaquer notre nation actuellement, nous savons que l’EI est prêt à tuer des Américains innocents qu’il rencontre », a-t-il déclaré. D’autre part, les USA ont reçu l’appui de nombreux pays, comme la France et l’Angleterre. La décision de Barack Obama d’accentuer la lutte contre l’EI fait suite à des sondages montrant que les Américains estiment que le président s’est montré trop timoré face aux djihadistes. La perception de la menace a, en effet, changé aux Etats-Unis depuis la décapitation de deux journalistes, James Foley et Steven Sotloff. Selon un sondage réalisé pour le Washington-Post et ABC News, plus de deux tiers des Américains soutiennent désormais des frappes aériennes américaines en Irak.

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Sommaire

www.lakoom-info.com

Irak, Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Yémen DOSSIER

FRANCE 06 - La droite pense déjà à la présidentielle de 2017

à feu et à sang

Où va le Monde Arabe?  Son printemps s’étant transformé en automne

P.14 Le Monde arabe menacé par la désintégration

07 - Sarkozy candidat à la présidence de l’UMP 08 - « Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler La vengeance d’une femme blessée

 Les Arabes, entre trônes et coups bas

P.17

 Tunisie

P.18

 Egypte

P.20

LL’’aspiration à la démocratie doit att endr attendr endree

La difficile transition

R et our à la case dép ar Ret etour dépar artt

 Libye

Au bord du précipice

 Irak 09- Julie Gayet : Ça y est, elle aurait «largué» François Hollande

EUROPE 14 - Non à l'indépendance écossaise, Oui à la décentralisation du Royaume-Uni

La descente aux enfers

 Syrie

Au fond du gouffre

P.22 P.24 P.26

 Yémen

Le virage raté de la transition démocratique

 L’EI veut l’instaurer dans le monde musulman

Le Califat, entre fantasme et réalité…

P.28 P.32

 Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris

P.34 «Les exactions de l’EI ne ser vent p as l’islam» serv pas

 L’appel de Paris des musulmans 14- Cameron promet une vaste réforme du Royaume-Uni

Un soutien clair aux chrétiens d’Orient 4

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Lakoom Info Revue d’Information Générale

Mensuel d’information générale - N° 36 - Septembre 2014

www.lakoom-info.net

VIRTUELLEMENT VOTRE

LIBYE

30- De Fontenay, le général Touati et le tire-bouchon…

45- Lutte antiterroriste, le Parlement adopte une loi 45- Pour son role dans la guerre, la France assignée en justice

ANALYSE 47- Algérie- France, une visite qui suscite de la gêne

MOYEN-ORIENT CHRONIQUE 37- La preuve par Google: Que faire des Arabes»?

MAGHREB ALGERIE L’université algérienne à l’orée du 3e millénaire

48- Comment le sionisme a occupé la Palestine 48- ONU, une responsable dénonce l’incapacité du Conseil à mettre fin aux conflits

AFRIQUE 50- Mali. Crash du vol d'Air Algérie 50- Ebola, la transfusion du sang de survivant, un nouvel espoir contre le virus

D’ICI ET D’AILLEURS 51- Taisez-vous, charlatans !

SANTE 38- Des formations axées sur la théorique 40- Pourquoi doit-on former de futurs chômeurs 41- 1,2 million étudiants en Algérie 42- La tripartite décide d'accélérer la mise en oeuvre du pacte de croissance, salue l'abrogation de l'article 87 bis

52- L’espérance de vie pourrait bien atteindre ses limites 52- L’OMS veut interdire les cigarettes électroniques aux mineurs

HIGH-TECH 53- Les nouveaux iPhone d’Apple 53- Yahoo! a risqué une amende massive en défiant la NSA 53- Google a testé des drones de livraison en Australie

CULTURE 54- « Nubian Indigo » de Jamal Mahjoub 55- Le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud en lice pour le prix Goncourt et Renaudot

MAROC

SPORT

43- Ces Algériens qui achètent à Marrakech 43- Renault songe à arrêter un de ses véhicules Dacia, ceux de Tanger sont sur la sellette

55- Hamid Grine, ministre algérien de la communication, et la violence dans les stades 55- Les Européens envisagent de boycotter la Coupe du monde de foot en Russie 56- Les Fennecs, un pied au Maroc 56- L'Algérie, 20e, gagne 4 places

TUNISIE 44- Taxe de séjour de 30 Dinars tunisiens (13•), pour des vacances en Tunisie 44- Tentative d’assassinat d’un député

DETENTE 58/59

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Revue Mensuelle d’Information Générale 14/11, avenue du Président HOOVER 59000 Lille – France - Tél. : 00 33 3 20 60 67 51 Fax. : 00 33 3 20 50 35 06 contact@lakoom-info.com www.lakoom-info.com Fondateur Directeur de la Publication Mohammed CHOUAKI chouaky@lakoom-info.com chouaky@gmail.com Directeur Général Directeur de la Rédaction Hafid CHIBANE hafid.chibane87@lakoom-info.com Hafid.chibane87@gmail.com Rédacteur en Chef Youcef ZIREM yzirem@lakoom-info.com Actualité France Paris Mohamed DJADI m.djadi@lakoom-info.com Nabil ABBES N.abbes@lakoom-info .com Mohamed Bedrani dbedranister@gmail.com Lille Jean Marc DANIELI Jm.danieli@lakoom-info.com Marseille Samir FERHAT samir@lakoom-info.com Toulouse Abdelmadjid KHAOUAH majid@lakoom-info.com Ile de la Reunion Dr FawZia MEKKI Actualités Algérie Amirouche EL HADI, Chahredine BERRIAH, Brahim AHMED, Ghalem BOUHA Actualités Mauritanie b.gueye@lakoom-info.com Actualités Maroc Mountassir HAMADA m.hamada@lakoom-info.com Rachid BEDAOUI r.beddaoui@lakoom-info.com Actualités Tunisie Sabrina ELYAS s.elyas@lakoom-info.com Actualités Suisse Sara ZIDANE s.zidane@lakoom-info.com Mohamed CHABOU m.chabou@lakoom-info.com info@incoswiss.ch Diffusion France et Maghreb Analyse Habib KHARROUBI Chronique Kamel DAOUD Lakoom-info France 14/11, avenue du Président HOOVER 59000 Lille Bureau Algérie 5, rue Aspirant Ahmed MOUAED ex : Miraucheaux Miramar 31000 Oran Abonnements France : 14/11, avenue du Président HOOVER 59 000 Lille Tél:0033 3 20 60 67 51/Fax:0033 3 20 50 35 06 Algérie : 5, rue Aspirant Ahmed MOUAED ex Miraucheaux Miramar 31 000 Oran Tél:00213 7 70 35 98 44/Fax:00213 41 40 82 26 Publicité Algérie ANEP Unité Régie Publicitaire 1, avenue Pasteur Alger Tél. : 00 213 21 73 76 78 Anep-regie@wissal.dz Impression Imprimerie Eddiwan – Alger Lakoom-info est édité par Édition de Revues et Périodiques Chouaky SIRET : 804 260 255 00018 SIREN : 804 260 255 ISSN : 1959-0873


FRANCE

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Actualité

Au moment où la rentrée semble difficile pour le gouvernement

La dr oit e pense déjà droit oite à la pr ésidentielle présidentielle de 2017 C’est une rentrée pleine d’écueils qui attend le gouvernement de Manuel Valls. La croissance en berne, le marasme est dans la tête de nombreux citoyens français qui ne voient pas le bout du tunnel.

Paris Nabil Abbas

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ans un récent sondage, publié par le Journal du di manche, une majorité de français juge le gouvernement incapable d’apporter de vraies solutions à la crise. C’est, peut-être, entre autres, cela qui fait sortir l’ancien premier ministre, Alain Juppé, de son silence. Le maire de Bordeaux vient de se déclarer prêt pour prendre part à la présidentielle de 2017. «J’ai décidé d’être candidat, le moment venu, aux primaires de l’avenir», a déclaré Alain Juppé sur son blog. «Pour parvenir à une candidature d’union, une méthode s’impose : l’organisation d’une primaire largement ouverte à toutes celles et tous ceux, inscrits ou non dans un parti, qui ne veulent ni de la France barricadée sur elle-même que leur promet le FN ni de ce qu’est devenue, faute d’adaptation aux réalités du monde actuel, l’idéologie socialiste», a préconisé le maire de Bordeaux, qui estime que cette primaire doit avoir lieu au printemps 2016, par «bon sens». L’ancien Premier ministre, qui occupe, aux côtés de François Fillon et de Jean-Pierre Raffarin, la direction provisoire de l’UMP, publie en ligne «quelques réflexions» pour contribuer à «l’élaboration du pro-

jet qui demain peut et doit redonner confiance aux Français». L’ancien premier ministre de Jacques Chirac, que l’on disait indécis et hésitant sur son propre avenir, a pris tout le monde de vitesse en annonçant sa candidature avant la rentrée politique. Il rend ainsi la tâche encore plus difficile pour l’ancien président, Nicolas Sarkozy, dont beaucoup de militants de l’UMP attendent le retour. Reste à connaître la réaction des autres prétendants à cette candidature. François Fillon - coprésident de l’UMP avec Juppé - et Jean-Pierre Raffarin - n’a jamais fait mystère de ses envies, pas plus que Xavier Bertrand qui ne cesse de répéter qu’il se lancera dans la course quoi qu’il arrive. Nicolas Sarkozy avait prévu de dévoiler ses intentions, début septembre, sur sa candidature à la présidence du parti. Le feuilleton n’en est qu’à ses débuts...

Des engagements à respecter

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ans un entretien donné au quo tidien Le Monde, le chef de l’Etat français, François Hollande, déclare qu’il a demandé au gouvernement de mener deux grandes réformes : « l’une visera à rendre plus juste et plus simple le barème de l’impôt sur le revenu notamment pour

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les premières tranches. L’autre fusionnera la prime pour l’emploi (PPE) et le RSA activité pour favoriser la reprise du travail et améliorer la rémunération des salariés précaires ». Le chef de l’Etat précise que ces deux réformes seront engagées « dès la loi de Finances pour une amélioration du pouvoir d’achat équivalente à ce qui avait été prévu initialement ». Parmi les autres dossiers qui occuperont le gouvernement à la rentrée, le président énumère « un plan de relance » dans le secteur du logement, des « assises » de l’investissement en septembre, ainsi qu’un « projet de loi sur le pouvoir d’achat qui visera à augmenter la concurrence dans les prestations offertes aux consommateurs », en visant les professions réglementées. Par ailleurs, sur les sujets des seuils sociaux, François Hollande veut une négociation. A l’approche de l’université d’été du Medef, le chef de l’Etat adresse au patronat un message de fermeté. Il rappelle aux chefs d’entreprise que « le pacte de responsabilité est un contrat dans lequel chacun doit respecter ses engagements ». Pour le chef de l’Etat, le gouvernement a tenu les siens en dégageant 40 milliards d’euros sur trois ans pour améliorer la compétitivité des entreprises.


Actualité

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

FRANCE

Sarkozy candidat à la présidence de l’UMP

Le plus dur reste à faire

Le plus dur reste à faire pour Nicolas Sarkozy, désormais revenu dans l'arène politique, entre son camp toujours divisé, une gauche qui l'attend au tournant des affaires et des Français pas majoritairement convaincus de l'opportunité de son retour.

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remier au sein de l'exé cutif à réagir à la fin de ce vrai-faux suspense, le Premier ministre Manuel Valls s'est attaché à banaliser ce retour, qui ne change "rien" à la vie politique et "n'apparaît en rien comme une surprise". "Moi, j'ai en charge le gouvernement de la France, et pas l'avenir de l'UMP", a-t-il lâché en marge d'un déplacement à Paris à l'occasion des Journées du Patrimoine. Dans son message à ses "chers amis" posté vendredi 19 septembre sur Facebook et Twitter, l'ex-président, 59 ans, ne cite jamais le nom de l'UMP, se contentant d'évoquer sa "famille politique". Rassembler cette "famille" abîmée par le duel mortifère Copé-Fillon pour son leadership et par un désastre financier aggravé par l'affaire Bygmalion est son premier défi. L'ex-chef de l'Etat se projette au-delà du scrutin du 29 novembre - il y affrontera les ex-ministres Hervé Mariton et Bruno Le Maire - où lui est promise, selon tous les sondages, une large victoire. Il dessine déjà les contours d'un parti à venir, dépassant les frontières de l'Union pour un mouvement populaire, créée en 2002 et qu'il présida de 2004 à 2007.

Son appel à un vaste rassemblement, adressé "à tous les Français sans aucun esprit partisan, dépassant les clivages traditionnels", peutil entraîner son propre camp? Selon un sondage Opinionway-le Figaro, 80% des électeurs de droite souhaitent qu'il se positionne comme il y a deux ans, ou même encore plus à droite. Le parti actuel tourne au ralenti, géré provisoirement par un triumvirat dont les membres s'occupent d'abord de leur propre destin : JeanPierre Raffarin vise la présidence du Sénat, François Fillon et Alain Juppé ont l??il rivé sur 2017.

des Français, l'a déjà mis en garde: "Je vais faire attention à l'engagement à organiser des primaires ouvertes". Comme si le retour de Nicolas Sarkozy constituait à ses yeux un non-événement, François Fillon a réservé son seul commentaire de la journée de vendredi aux... frappes militaires françaises en Irak. Le député filloniste Serge Grouard a chargé à sa place: "Il n'y a dans le pays ni nostalgie, ni désir de Nicolas Sarkozy (...) Le retour de l'île d'Elbe et les Cent jours risquent fort de se terminer à Sainte-Hélène. Mais après Waterloo", a-t-il lâché. A l'inverse, des anciens ministres et ténors UMP saluent le retour d'un "chef". La gauche est déjà sur le pied de guerre, brandissant deux armes: d'abord le bilan du quinquennat écoulé, mis en pièces par François Hollande lors de sa conférence de presse. "Bilan-boulet", résume Jean-Christophe Cambadélis (PS). Autre front anti-Sarkozy: les affaires judiciaires. Il sera "un bagnard médiatique", avait prédit en août le député proche de Marine Le Pen, Gilbert Collard. Et les Français, qui l'avaient élu à plus de 53% en 2007 et l'ont évincé de l'Elysée en 2012 (48,37%), que veulentils aujourd'hui ?

L'anti-sarkozysme existe encore

S

elon les statuts actuels du parti, un membre de la direction de l'UMP voulant participer aux primaires élyséennes (inscrites dans ces statuts), se doit de démissionner 15 jours avant le dépôt des candidatures. Que restera-t-il de ces dispositions une fois que Nicolas Sarkozy -qui semblait s'être résigné à ces primairesaura chamboulé "de fond en comble" le mouvement, comme il en a l'intention? Son principal concurrent Alain Juppé, désormais personnalité politique préférée

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Selon un sondage Ifop/Sud Ouest Dimanche, ils lui reconnaissent (à 52%) l'étoffe d'un président. Mais l'image de M. Sarkozy s'est dégradée depuis un an, avec notamment 29% seulement qui l'estiment "honnête". L'ancien président paye sans doute sa triple mise en examen notamment pour corruption active. Au-delà de ces dossiers judiciaires, "plus il s'éloigne du coeur de l'électorat militant, moins il convainc", souligne le politologue Jean-Daniel Lévy à l'AFP. "Pour l'instant, il n'a pas réussi à reconquérir les Français avec notamment un peuple de droite incertain et des sympathisants de gauche rebutés par les affaires judiciaires". "L'anti-sarkozysme existe encore", relève cet expert.


FRANCE

Actualité

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

C’est un livre d’une femme blessée. « Merci pour ce moment » est un essai qui chamboule la rentrée littéraire en France, en la détournant de son cours naturel. L’écrit de l’ancienne première dame a battu tous les records de vente de cette rentrée littéraire ; ce qui est logique vu que tous les médias de France ont parlé de ce texte, bien avant sa parution.

« Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler

La vengeance

d’une femme blessée Paris Nabil Abbas

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erci pour ce moment », raconte une histoire d’amour et de pou voir qui se termine mal. La journaliste de Paris-Match commence par son malaise quand son compagnon lui avoue sa relation avec une autre femme, Julie Gayet. « Toujours pas de visite de François au cinquième jour, même s’il m’envoie des messages quotidiens assez laconiques. J’apprends que les médecins lui ont interdit de venir me voir. Je ne comprends pas cette décision qui, en plus d’être blessante pour moi, est désastreuse sur le plan politique. Après une discussion houleuse, le médecin cède à mes arguments et lève l’interdiction. Il autorise une visite de dix minutes. Elle dure plus d’une heure », écrit l’ancienne première dame. Puis, Valérie Trierweiler retrace, avec moult détails, sa longue relation avec le président François Hollande. « À tous les grands rendez-vous politiques, nous étions ensemble. Depuis près de vingt ans, d’abord comme journa«

liste puis comme sa compagne. Tous les moments forts de sa vie publique, nous les avons partagés. Nous les avons vécus intensément. Et chaque année, nous étions de plus en plus proches, lui et moi, jusqu’au jour où tout a basculé, où notre histoire a commencé. ». Écrit-elle. La journaliste qui a du mal à se faire une vraie place à l’Elysée se souvient de sa passion amoureuse. « Nous avons prévu de nous revoir, lui et moi, le jeudi suivant. Le jeudi a toujours été notre jour, celui du début de notre relation amoureuse, celui des rendezvous entre 2005 et 2007. Et celui de la fameuse chanson de Joe Dassin, que nous avons écoutée en boucle tant de fois dans ma voiture en chantant : « Souviens-toi, c’était un jeudi/Le grand jour/Le grand pas vers le grand amour. » Mais l’amour n’est pas éternel. « L’argent n’a jamais été mon moteur, mais j’ai peur du lendemain, c’est viscéral. Peur de la précarité, de ne pas avoir un toit quand je n’aurai plus l’âge de travailler. Je sais dans quel dénuement est morte l’une de mes grands-mères. J’ai toujours été indépendante. Je me souviens de

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ma mère, avant qu’elle ne se trouve un emploi de caissière, obligée, pour faire des courses, de « quémander » de l’argent à mon père, qui puisait alors dans sa maigre pension d’invalidité. Enfant, je vivais ces scènes comme une humiliation, une privation absolue de liberté », confie l’ancienne fille d’Angers pour raconter les siens. «Sans la lecture, je ne serais pas devenue celle que je suis. J’ai aimé lire depuis l’âge où j’ai appris à déchiffrer les mots. Enfant, je passais des heures dans les bibliothèques municipales. Ma mère avait pris l’habitude de nous y laisser, ma sœur et moi, le temps de faire ses courses, parce qu’au milieu des livres nous étions sages, nous étions bien. Je reconnaîtrais entre mille l’odeur de la poussière des livres qui ne sont pas sortis des rayonnages depuis des lustres », ajoute celle qui chronique les livres à Paris-Match depuis qu’elle a abandonné son poste de journaliste politique. « Nous ne sommes pas toujours maîtres de nos sentiments. Nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre alors que nous n’étions pas libres. Il ne s’agissait pas d’un


Actualité égarement. Alors pourquoi tant d’inhumanité ? De violence ? » se demande Valérie Trierweiler. « Je laisse plusieurs messages sur le répondeur de Julie Gayet lui demandant de me rappeler, ce qu’elle ne fera jamais. J’étais aussi aux abonnés absents pour Ségolène Royal, comme il me le demandait, lorsqu’elle me téléphonait en 2006. Ironie du cycle de l’infidélité… » avoue l’ancienne première dame. Dans ce livre-choc, l’ancienne journaliste ne dit pas que du mal de son amoureux de jadis : « Ce jour-là, il me frappe par sa sincérité. Contrairement à son habitude, il ne joue pas la gaîté ni l’humour. Je me souviens de son regard perdu. C’est un moment rare dans la vie d’une journaliste politique, un échange vrai, confiant. Mais il n’y a aucune ambiguïté dans nos rapports. François Hollande n’a jamais de paroles ou de comportements déplacés à mon égard, contrairement à bien d’autres hommes politiques. ». C’était alors une autre époque, bien avant la passion qui va se déclencher. Le pouvoir est dur, il arrive à déshumaniser les plus résistants. « François me confie qu’il regrette de n’avoir pas su protéger notre intimité. Ce n’est pourtant pas faute de m’être battue de toutes mes forces pour la préserver. Mais il permettait tout, à tout le monde. Il ne sait pas mettre la distance nécessaire. Même notre salle de bains est devenue un jour un lieu de réunion. En fin de journée, j’ai vu Claude Sérillon y suivre le Président, après avoir traversé notre chambre. Je l’ai mis dehors, outrée par tant d’indécence », se souvient Valérie Trierweiler. « Il doit reprendre la route vers Tulle. Nous devons nous quitter là. Enfin, c’est ce qui est prévu. Au moment de nous dire au revoir, notre relation bascule sans que ni l’un ni l’autre ne comprenne ce qui vient de se passer. Quelque chose d’indicible, digne d’une scène de cinéma. Un baiser comme je n’en avais jamais reçu jusqu’alors. Un baiser retenu depuis longtemps, en plein carrefour. François ne reprendra pas la route de Tulle ce soir-là. Le lendemain matin, très tôt, il m’accompagne à la gare. Nous venons de vivre un moment unique et je peine à l’appeler par son prénom, autant qu’à le tutoyer. Nous sommes à nouveau entourés d’un halo de pudeur. ». Ainsi commence l’idylle. C’était le début. Plus tard, il y aura toute une bande qui va entourer le chef de l’Etat. « La bande de machos qui l’entoure ne veut

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36 pas entendre parler de moi sur le plan politique, alors que je suis journaliste politique depuis dix-huit ans. Je participe donc à très peu de rencontres avec ses « amis ». François tient cependant à ce que j’assiste à une réunion importante, lorsqu’au début de 2011 se décide la façon dont il va annoncer sa candidature », raconte-t-elle. Même après sa relation avec Julet Gayet, le président veut reconquérir sa compagne trompée. « Nous sommes le 4 juillet 2014. Vingt-neuf. J’ai compté vingt-neuf SMS hier. Tout au long de son vendredi de président de la République, malgré son emploi du temps minuté, François Hollande m’a envoyé vingt-neuf textos. Je m’en veux de lui avoir répondu et de relancer

FRANCE ainsi la machine infernale. Nous tournons en rond, comme chaque jour. Il me dit toujours la même chose, qu’il veut me retrouver, qu’il nous faut recommencer. Je lui réponds toujours la même chose, qu’il m’a mise à terre, et n’a rien fait pour me relever », écrit, avec amertume, Valérie Trierweiler. C’est le 31 juillet 2014 que l’ancienne première dame termine d’écrire son livre. A bien des égards, ce livre restera dans l’histoire politique récente de la France. Pourtant ce n’est pas un livre politique ; c’est juste un texte de vengeance d’une femme qui est venu compliquer encore plus la vie du président Hollande après d’autres déboires.

Julie Gayet : Ça y est, elle aurait «largué» François Hollande

J

ulie Gayet aurait quitté François Hollande selon VSD qui parle d’un chef de l’Etat aussi esseulé politiquement que personnellement en cette rentrée. «Le prisonnier de l’Elysée.» Dans son édition du 18 au 24 septembre, le magazine VSD livre de nouvelles révélations sur la saga Hollande-GayetTrierweiler. Parmi elles, la rupture supposée de Julie Gayet et de François Hollande. Sur sa couverture pour le moins étonnante (VSD conseille à Valérie Trierweiler d’épouser Vladimir Poutine et propose 12 pages spéciales sur les scooters !), l’hebdo affirme même que Julie Gayet aurait «largué» François Hollande. Alors que le président de la République devait tenter de se redonner un minimum de crédibilité lors d’une conférence de presse le même jeudi, il se trouve «isolé», «esseulé», à la fois politiquement et sentimentalement. Julie Gayet aurait ainsi peu goûté le déballage de la vie privée du chef de l’Etat dans le livre de Valérie Trierweiler, «Merci pour ce moment», à la rentrée. D’autant que l’ancienne Première dame affirme dans son ouvrage que son ancien compagnon a tout fait pour la faire revenir, lui envoyant des fleurs, la bombardant de SMS, lui proposant même le mariage, alors qu’il poursuivait sa relation avec Julie Gayet... L’actrice a pu aussi être échaudée par cette fin d’été calamiteuse pour son couple, elle qui, dit-on, attendait plutôt une officialisation de sa relation avec le locataire de l’Elysée. Ce n’est pas la première fois qu’une rupture entre Julie Gayet et François Hollande est annoncée dans les médias people. La dernière en date, peu après le scandale, avait été démentie dans un livre, au début de l’été. Mais en mai 2014, on annonçait déjà que l’énorme médiatisation de sa relation avec François Hollande pesait sur Julie Gayet. L’actrice et productrice discrète avait été la cible de critiques lors de sa nominations aux César. Ses activités artistiques avaient semble-t-il pâti des révélations du magazine Closer, à l’origine du scandale. A-t-elle fini par se résoudre à tourner la page ? Parions que cette dernière révélation de VSD ne restera pas sans suite.

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EUROPE

Actualité

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Référendum historique

Non à l'indépendance écossaise, Oui à la décentralisation du Royaume-Uni

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près des semaines d'in tense suspense et de débat parfois acrimonieux, le camp du non l'a emporté par 55,3% devant le oui à 44,7%. L'écart est important, et la participation record de 84,6% amplifie le verdict. Ce résultat constitue une amère déception pour le Premier ministre de l'Ecosse Alex Salmond -- même s'il hérite d'une autonomie accrue en lot de consolation -- et un immense soulagement pour le chef du gouvernement central David Cameron, mis en grande difficulté, et qui jouait dans la partie de poker référendaire son avenir politique. Le ouf était aussi perceptible chez nombre de dirigeants européens inquiets d'une contagion nationaliste, à Bruxelles, Paris, Madrid et, au-delà, à Washington ou Pékin. Il était manifeste à la bourse de Londres, qui a ouvert en hausse de 0,75%, avec une livre sterling à son plus haut niveau face à l'euro depuis deux ans. Il était largement partagé à la City, tandis que la Scotch Whisky Association (SWA) levait son verre à la santé de "la stabilité".

Après le séisme, de multiples répliques

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'ampleur du séisme politi que qui a ébranlé "l'establishment de Westminster" et la précipitation mise à organiser les secours laissait augurer de multiples répliques dans les mois à venir. David Cameron est apparu dès 7 heures du matin devant les caméras des chaînes d'information en continu, pour dé-

Les Ecossais ont clairement dit non à l'indépendance, lors d'un référendum historique, mais le gouvernement central de David Cameron, déstabilisé, s'est empressé vendredi 19 septembre après le vote de promettre des pouvoirs accrus aux quatre nations constitutives du Royaume-Uni.

livrer un triple message: le résultat sans appel règle la question de l'indépendance "pour une génération"; l'heure est au rassemblement "pour aller de l'avant"; les promesses de prérogatives supplémentaires faites aux Ecossais seront honorées, et même étendues aux Anglais, Gallois et Nord-Irlandais. A Edimbourg, Alex Salmond en embuscade a fait valoir qu'il veillerait à la bonne réception des nouvelles prérogatives en matière de politique fiscale et de dépenses de santé. Mais surtout, il a pris acte du fait que "l?Ecosse n'avait pas tranché en faveur de l'indépendance pour le moment", laissant la porte entr'ouverte à une autre consultation ultérieure, suivant en cela l'exemple des souverainistes québecois.

Après le non, les cadeaux

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ans l'immédiat, David Cameron a évité le scénario cauchemar d'une désintégration du Royaume-Uni qui le "hantait". Mais dans les rangs de son parti conservateur, des députés lui reprochent sa gestion calamiteuse du référendum écossais, et l'ampleur des cadeaux post-électoraux. Ils seront détaillés dans un document de travail à l'horizon novembre, afin d'être soumis au parlement en janvier, dans le meilleur des cas. "Le référendum n'est pas parvenu à détruire l'Union, mais ses répercussions pourraient encore la déstabiliser jusque dans ses fondements", a mis en garde Michael Chandlers, du RUSI Institute.

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"Nous nous dirigeons vers un modèle plus fédéral du Royaume-Uni", a quant à lui prédit Tony Travers, de la prestigieuse London school of Economics. Le parcours d'obstacles est aggravé par le calendrier politique. Les trois partis traditionnels britanniques -- conservateur, libéral-démocrate et travailliste d'opposition -- ont constitué une union sacrée exceptionnelle pour faire rempart à l'indépendance. Leur solidarité risque de s'évaporer à l'approche des élections générales de mai prochain.

La détresse des partisans du oui

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mille lieux des combinai sons politiques, les partisans du oui étaient vendredi effondrés, parfois en larmes.


Actualité "C'est terrible (...) Je pense que les gens n'ont pas réalisé à quel point c'était important", se lamentait Charlotte Darroch, une écolière en uniforme bardé de pins "yes"", au pied du château d'Edimbourg, sous un ciel plombé. Danny Trench imaginait mal une seconde chance. "On ne sait pas ce qui va se passer dans vingt ans mais, là, je ne vois pas", déclare le jeune homme de 23 ans, en route pour son travail. "L’Ecosse a pris une bonne décision", se réjouissait quant à elle Louise Fleming, 21 ans, supportrice du non, alors qu'à proximité, d'autres partisans du camp du "better together" se tombaient dans les bras. Seuls les 4,2 millions d'électeurs résidant en Ecosse étaient habilités à voter. Le reste du Royaume-Uni, majoritairement unioniste, avait suivi avec fascination et inquiétude le débat sur l'avenir de cette région, qui a changé de statut une dizaine de fois en 1.400 ans d'histoire mouvementée. Son attachement à ses voisins du sud remonte à l'acte d'Union de 1707. L'intérêt a également été vif dans le monde. Le président américain Barack Obama a exprimé son soutien à un Royaume-Uni "fort, robuste, et uni". Le président français François Hollande a mis en garde contre les "égoïsmes", les "populismes" et les "séparatismes". A Bruxelles, les dirigeants européens n'ont pas caché leur appréhension face à la perspective d'une contagion nationaliste, de la Catalogne au pays Basque. L'Espagne est "très heureuse", a concédé sans surprise le chef du gouvernement Mariano Rajoy. AFP

EUROPE

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Camer on pr omet une vvast ast e Cameron promet aste réfor me du R oyaume-Uni éforme Royaume-Uni D

avid Cameron est soulagé. Le "non", qu'il avait luimême soutenu, l'a largement emporté au référendum historique sur l'indépendance de l'Ecosse. Après cette victoire personnelle, le Premier ministre britannique estime que la question est désormais réglée pour "une génération". "Il est temps pour notre RoyaumeUni de se rassembler et d'aller de l'avant", a lancé le dirigeant conservateur, lors d'une allocution sur le perron de son bureau du 10 Downing Street, à Londres, vendredi

19 septembre. Il a surtout déclaré que la victoire du "non" au référendum ouvrait la voie à une réforme

constitutionnelle profonde au Royaume-Uni. David Cameron s'est engagé à octroyer rapidement des pouvoirs élargis à l'Ecosse, mais aussi à l'Angleterre, au pays de Galles et à l'Irlande du Nord, notamment en matière fiscale, budgétaire et dans le domaine de la couverture sociale. Il a précisé que les projets de loi octroyant de nouveaux pouvoirs à l'Ecosse seraient finalisés d'ici au mois de janvier et que le processus se déroulerait "en parallèle" pour les trois autres nations du Royaume-Uni.

Impressions Martin Schulz, président du Parlement européen "C'est une bonne décision, en des temps où rester uni a fait ses preuves face aux défis auxquels nous sommes confrontés".

José Manuel Barroso, président de la Commission européenne Il a «salué la décision du peuple écossais de maintenir l'unité du RoyaumeUni. Ce résultat est bon pour l'Europe unie, ouverte et plus forte que soutient la Commission européenne."

Karel De Gucht, commissaire européen au Commerce "Si cela s'était produit en Ecosse, je pense que cela aurait constitué un séisme politique de l'ampleur de l'effondrement de l'Union soviétique", at-il déclaré. Opposé dans son propre pays aux nationalistes flamands, il estime que "cela aurait été un cataclysme pour l'Europe". Et d'asséner : "Une Europe menée par l'autodétermination des peuples (...) serait ingouvernable parce que cela représenterait des dizaines d'entités alors qu'il y a des aspects de la politique qui nécessitent l'unanimité ou une large majorité."

Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol Moins alarmiste, mais soulagé aussi. Egalement aux prises avec des velléités indépendantistes, celles des Catalans, le Premier ministre espagnol s'est dit "très heureux que l'Ecosse reste avec nous". Dans un message vidéo (en espagnol), il se félicite que les électeurs "aient fait le choix entre la ségrégation et l'intégration, entre l'isolement et l'ouverture".

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DOSSI

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Irak, Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Yémen

à feu et à sang

Où va le Monde Arabe? Son printemps s’étant transformé en automne Le Monde arabe menacé par la désintégration  Les Arabes, entre trônes et coups bas LL’’aspiration à la démocratie doit att endr attendr endree  Tunisie, la difficile transition our à la case dép ar  Egypte, ret etour dépar artt  Libye, au bord du précipice  Irak, la descente aux enfers  Syrie, au fond du gouffre  Yémen, le virage raté de la transition démocratique  L’EI veut l’instaurer dans le monde musulman Le Califat, entre fantasme et réalité… 

 

Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris Les exactions de l’EI ne ser v ent p as l’islam » serv pas

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DOSSIER Du début des croisades et jusqu’ à nos jours, les responsables des pays arabes, qu’ils soient Sultans, Rois, Emirs ou «simples» Présidents, frères par le sang et par la lignée et voisins par le territoire, de surcroît, ils n’ont jamais rien fait d’autre que se tirer mortellement dans les pattes au profit de leurs vrais ennemis, en l’occurrence les judéo-chrétiens. Renvoyer les patries-creusets des savants abbasides et des fiers Omeyades à la préhistoire semble avoir toujours fait partie des objectifs prioritaires des responsables de l’Orient. Ce projet assassin que des siècles de croisades n’étaient pas parvenus à réaliser a été remis à l’air du temps dés l’avènement du sinistre Lawrence d’Arabie. Pour être poursuivi par la paire Sykes-Picot et, enfin, le «fameux «chaos fécond» des néoconservateurs anglo-saxons…

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Où va le Monde Arabe?

Son printemps s’étant transformé en automne

Le Monde arabe menacé par la désintégration

Oran Amirouche El Hadi

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our les masses arabes le «printemps arabe» n’est qu’une supercherie imaginée par l’Occident et Israël pour les délester de leurs territoires, de leur pétrole et de leur reste de dignité. Mais que peuvent faire les peuples arabes quand ils sont eux-mêmes lestés par les poids de leurs régimes corrompus et aux ordres ? Assurément, le monde arabe va directement à sa ruine ! Depuis janvier 2011 et le suicide par immolation d’El Bouzidi en Tunisie, que s’est-il passé ? Dans presque tous les pays qui ont été contrains de subir un « printemps arabe » fabriqué par les Occidentaux, après les montées au créneau des jeunes et moins jeunes pour se débarrasser des exactions policières, de la torture, de l’emprisonnement sans raisons, de la hogra, de la mal-

vie… Depuis la « révolution du Jasmin », beaucoup de choses se sont produites dans ces pays : Grèves, rébellions contre l’autorité et contre les élus, coups d’Etat et actions terroristes meublent les jours ordinaires de ces pays. Ni la paix, ni la stabilité qui sont à la base de tout développement des pays et de l’émancipation des nations n’ont été réalisées par les «révolutionnaires». Presque tout le monde s’est mis à scier la branche sur laquelle tout le monde est assis. Les Américains et leurs alliés ont réussi, très facilement du reste, à faire entrer l’Egypte, la Tunisie, la Libye, la Syrie et le Yémen, en attendant d’autres, dans un tunnel dont on ne voit pas le bout pour le moment. Et alors que presque tous les problèmes des pays qui ont cherché le « printemps arabe » n’ont pu, non seulement, trouver des solutions mais ont été

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même exacerbés, le chaos qui mine la scène politique guette cette partie du monde, au grand bonheur des Israéliens. Aujourd’hui, presque tout le monde arabe est guetté par ce « chaos fécond » qu’ont pondu les USA et Condoleeza Rice. La construction du nouveau Grand Moyen-Orient, voulue par Washington, a laissé place à une dangereuse désintégration qui menace l’existence même de ces pays. Les puissances occidentales qui ont toujours assuré «vouloir du bien» à ces pays croient nécessaire de les détruire d’abord pour ensuite les reconstruire. Les conséquences nous les voyons un peu partout. Les armes ont remplacé le dialogue ainsi que la liberté et la démocratie promises. Et la misère a remplacé la prospérité qui devait être l’issue naturelle des révolutions.


Où va le Monde Arabe?

Graves révélations du «New York Times»

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es Arabes ne sont pas près de sortir de leurs rêves frelatés qui semblent sur le point de se transformer en de vrais cauchemars. Tous ceux qui croient que les Etats-Unis sont leurs amis et que l’impérialisme occidental et l’hégémonisme américain n’existent pas, se trompent. En tout, ils l’auront à le vérifier très prochainement à leurs dépens. Selon les dernières informations publiées par le sérieux ‘New York Times’, les Occidentaux s’apprêtent à morceler le monde arabe en plusieurs petits Etats, en fonction de ses différentes composantes humaines et religieuses. Sur sa lancée, le journal américain a, égale-

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ment, publié une carte géographique qui donne tous les détails sur le nouveau MoyenOrient qu’ont dessiné les Américains pour cette partie du monde. Ainsi, dans un premier temps, ce seront cinq pays arabes qui sont concernés par les morcellements. Il s’agit de l’Irak, de la Syrie du Yémen, de la Libye et de l’Arabie saoudite. Selon cette nouvelle carte, des nouveaux territoires appelés «MoyenOrient Contemporain », il devrait sortir de ces 5 pays, 14 entités territoriales issues de considérations confessionnelles, raciales ou même régionalistes. Mais les cinq pays en question ne seront qu’une partie de l’Iceberg puisque, en cas de réussite de leur plan de désarticulation du monde

arabe, ils reconduiraient les mêmes principes pour le reste des autres pays arabes, à commencer par ceux du Maghreb. En tout cas, le ‘New York Times’ est catégorique puisqu’il précise même qu’il est question pour les Américains de morceler le monde arabe en 58 nouvelles entités géographiques qui sont appelées à naître du partage des 22 pays existant actuellement. Ainsi, les stratèges de Washington et leurs alliés européens et israéliens ont-ils mis en œuvre leur «Sykes-Picot 2» et ceci bien avant l’invasion de l’Irak en 2003. Les remous auxquels nous assistons actuellement en Libye, qui s’apprête à être morcelée en trois régions pour revenir à l’ancienne carte qui

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comprenait la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan, ainsi qu’au Yémen (du sud et du nord), en Syrie (conflits entre Alaouites, Kurdes et Sunnites), en Irak (conflits entre Chiites et Sunnites et Kurdes) et très bientôt en Arabie Saoudite entre Wahabites et «musulmans modérés»… ne sont que les prémices des morcellements à venir. Si l’Occident, de manière générale, et les Etats-Unis, de manière particulière, ont prévu ces plans, c’est parce qu’ils savent pertinemment qu’exception faite de Bachar El Assad qui fait de la résistance, beaucoups d’autres dirigeants des régimes arabes en place actuellement ne vont poser aucun problème pour assurer l’intégrité de leurs territoires res-


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Où va le Monde Arabe?

pectifs. Depuis les croisades qui ont débuté vers le 12ème siècle et connu leur pic au 16ème et jusqu’à 1916, date des accords de Sykes-Picot-1 qui ont modelé le monde arabe dans sa configuration actuel, les Arabes se sont toujours «entendus pour ne jamais s’entendre », comme le dira avec justesse l’éminent Ibn Khaldoun.

Les Arabes et le chaos fécond

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es diverses péripéties socia les, plus ou moins violentes, qui ont poussé Ben Ali, Moubarak et Ali Salah vers la porte de sortie et qui ont été à l’origine du meurtre de Gueddafi, relèvent-elles, réellement, d’une volonté populaire de voir un «printemps» étaler son manteau sur cette partie du monde arabe ? Pour l’honnêteté, il n’est pas aisé de trancher tant il existe, parmi les populations de ces pays, deux camps distincts, qui soutiennent deux points de vue diamétralement opposés. Une partie de l’opinion arabe voit dans ces révoltes en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen, et qui ont failli toucher l’Algérie alors qu’ils s’éternisent en Syrie, un authentique appel au changement de système. Pour les tenants de cette thèse, il s’agissait pour les manifestants de monter aux barricades pour permettre aux peuples, longtemps brimés, de goûter, enfin, à la liberté et à la démocratie. Selon eux, les responsables de tous les maux et de tous les retards observés par leurs pays sont dus à la dictature, née de l’incompétence et qui a engendré l’injustice, la corruption et la bêtise. De ce fait, les populations, notamment les jeu-

nes, se sont soulevées pour mettre fin au totalitarisme de leurs dirigeants en les déposant carrément. Cela a donné, comme on le sait, la fuite organisée de Ben Ali, le retrait, lui aussi, organisé, de Ali Salah, l’emprisonnement de Moubarak et l’assassinat de Gueddafi. El Assad, lui, qui est toujours sur la brèche, peut connaître, indifféremment, l’un des quatre sorts... A l’opposé, une autre opinion veut que ce ne soit–là qu’un plan machiavélique, élaboré par les néo-conservateurs américains et les sionistes, pour affaiblir tous les pays arabes afin de rendre pérenne l’hégémonisme israélo-américain dans cette partie du monde. Pour ceux-là, il existe, depuis longtemps, un vaste plan américano-sioniste pour déboulonner certains dirigeants arabes dont la servitude est arrivée à péremption pour les remplacer pour d’autres, plus «vierges». Mais, surtout, plus enclins à servir les intérêts de leurs mentors en légitimant le morcellement du monde arabe par le biais du fameux Grand Moyen-

Orient, si cher aux Faucons de Washington. Et pour assurer la sécurité d’Israël tout en la légitimant. Ce plan aurait deux théories qui sont autant de variantes : L’une appelé le «Chaos fécond ». Elle devait être lancée par Bush, par le biais de Condoleeeza Rice. La seconde, connue sous le «Choc des civilisations» a été imaginée par Hughtinton. Selon ces deux théories, pour créer des étincelles, il fallait permettre à des jeunes des pays visés de suivre des stages de langue et d’informatiques aux Etats-Unis, de retourner dans leurs pays et de lancer «leurs « révolutions ». Ainsi, des organisations de la société civile étaient prises en charge financièrement par des institutions et des organismes américains, à finances juives, tels que the « National fund of démocraty », « freedom house », « new génération », « Youth movement Alliance » et «Open society ». Ce sont eux qui auraient pris en charge ce que tout le monde a appelé la génération du Facebook. Et c’est ainsi que commença pour le monde arabe ce «chaos fécond » qui ne fait que débuter...

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Remake de l’accord Sykes-Picot

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n conclusion, ce qui se passe actuellement dans le monde arabe rappelle «bizarrement» les épisodes ayant présidé à la signature du fameux accord dit Sykes-Picot qui a décidé du dépeçage, en 1916, du monde arabe et de son partage entre les deux puissances coloniales de l’époque, la France et le Royaume-Uni. Les mêmes arguments d’alors et les mêmes objectifs sont reconduits, aujourd’hui, pour installer le futur Grand MoyenOrient. D’ailleurs, et comme pour ne pas nous contredire, Paris et Londres disent avoir un «accord complet» sur ces questions. Exactement, comme en 1916, lorsque ces deux capitales rassuraient les Arabes sur leur intention de les libérer avec les fameux accords Sykes-Picot. Pour ceux qui l’ignorent, un peu d’histoire : Le 16 mai 1916 et faisant suite à un travail préparatoire de plusieurs mois entre la France et le Royaumeuni, un accord dénommé « Sykes-Picot » (des noms des représentants de ces deux puissances coloniales, Sir Mark


Où va le Monde Arabe? Sykes et François Georges-Picot) est conclu entre les deux pays. Aux termes du traité, tenu secret, et malgré les promesses «d’indépendance» faites aux Arabes, cet accord prévoit, le morcellement du Moyen-Orient en 5 zones, mises sous influences française et anglaise. Dans son explication aux Arabes -EL Djazeera et El Arabia n’existaient pas encore- la Grande-Bretagne affirme que «le gouvernement de Sa Majesté et ses alliés confirment leurs promesses concernant la libération des peuples arabes et sont plus que jamais résolus à les soutenir dans leurs efforts pour instaurer un Monde arabe dans lequel la loi remplacera l’arbitraire et où l’unité prévaudra sur les rivalités». Hier, on parlait de liberté, actuellement on dit démocratie ! Rencontrant, tout comme aujourd’hui en Syrie, des oppositions sur le terrain, c’est donc par les armes que l’accord a été concrétisé. Et entériné par la Société des Nations, devenue, aujourd’hui, ONU. A l’issue du partage, la France reçoit mandat du Liban et de la Syrie, la Grande-Bretagne de l’Irak (cédé par les Français contre des dividendes pétroliers), de la Jordanie et de la Palestine. Tout comme pour ce qui est de l’Arabie saoudite, aujourd’hui, les Britanniques avaient promis, au roi Chérif Hussein de La Mecque, un grand royaume arabe pour l’amener à se désengager de la coalition qui s’était organisée contre le dépeçage. Une promesse non tenue, bien sûr. Pire, Hussein est déposé pour être remplacé par Al-Saoud à qui on offre la «gérance» du nouveau et riche royaume d’Arabie. Plus tard, le Royaume-Uni offrira aux Israéliens la terre de Palestine. Aujourd’hui, l’histoire se répète pour les Arabes qui refont les mêmes erreurs et croient aux mêmes fausses promesses.

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Les Arabes, entre trônes et coups bas

LL’’aspiration à la démocratie doit att endr attendr endree

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endant les quelque six siècles qu’ont duré les croisades, entre chrétiens (remontés par les juifs) et musulmans (dispersés par leurs intérêts étroits), les Arabes qui s’étaient décrétés exclusifs défenseurs de la Palestine ont, à travers leurs manigances et leurs complots, indéfiniment empêché la libération d’ElQods. Il aura fallu que ce soit un musulman…non arabe, en l’occurrence le kurde Salah Eddine El Ayoubi, pour que la Ville sainte leur revienne, enfin, en 1187…Entre-temps, les arabo-musulmans s’étaient fait tant de coups bas et tant de trahisons, entre eux, que les Croisés francs les avaient toujours balayés, au moindre prétexte, leur enlevant territoires et moustaches, les réduisant tous, traîtres et trahis, au rang de serviles vassaux. Mais qu’est-ce qui fait, donc, que les Arabes privilégient tant l’inimitié entre frères de sang ? Serait-ce dans les gènes, comme le prétendent les Occidentaux qui utilisent leur pétrole pour les dominer ? Ou, est-ce dû, seulement, à un égoïsme poussé à ses extrêmes limites, comme le laissent croire les Juifs qui utilisent leur avidité pour les asservir ? La réponse peut, en fait, tenir de tout cela. Et la preuve nous est sans cesse donnée en remontant le fil de l’histoire. Lors de l’invasion de l’Irak, par exemple, Hosni Moubarak ne s’était senti aucun

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scrupule à ajouter de l’eau au moulin des Yankees en enfonçant avec des mensonges, et des coups de main pardessous la table, Saddam Hussein. Le Raïs égyptien, aujourd’hui déposé par ses compatriotes, s’était même permis de « prêter » quelque cinq mille naïades égyptiennes pour servir au repos du guerrier des GI’S américains, éreintés par les massacres d’Irakiens. Les bedonnants monarques avaient, également, servi de marchepieds à Bush, en lui cédant bases aériennes et pétrodollars, pour crucifier l’Irak, patrie sept fois millénaire et indétrônable fierté de la civilisation arabomusulmane. La même inimitié, de la part de presque les mêmes monarchies, s’est, dernièrement, affirmée

vis-à-vis de feu Gueddafi qui, avant d’être assassiné par ses …frères libyens, n’avait cessé de mettre en avant les croisades, pour secouer la conscience d’un peuple qui semble l’avoir perdue, à jamais, au fonds de ses puits de pétrole. Tous les dirigeants arabes qui savent qu’ils ne peuvent attendre rien de bon de leurs «frères» font seulement semblant de cohabiter. Mais, en cas de crise intestine, ils se tournent tous vers l’Occident pour rameuter ses avions, ses chars et ses experts afin d’écraser leurs «frères». Toutes ces luttes entre peuples de même sang disent seulement que les Arabes n’ont jamais atteint le statut de Nation.Ils agissent en tribus. L’aspiration à la démocratie peut donc attendre… Ce ne sera, certainement, pas pour demain.


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Tunisie

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Où va le Monde Arabe?

La difficile transition

Trop de questions se posent aujourd’hui sur ce qui est communément appelé le Printemps arabe. Pourquoi ? Ce printemps n’en finit plus et n’a pas l’air de connaître son épilogue que ce soit en Egypte, en Tunisie, en Libye, au Yémen et même en Syrie bien que dans ce dernier pays le régime El-Assad résiste toujours aux tentatives de renversement organisées par une opposition, aidée dans sa tâche par les pays occidentaux. Ces derniers ont également joué un rôle crucial dans la chute de Moubarak, Ben Ali, Kadhafi et Abdallah Salah.

Tunis Assem Majid

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omme une tâche d’huile, cette révolution, spontanée ou fabriquée, s’est propagée à plusieurs pays. A l’image de la Tunisie où pourtant Ben Ali régnait en maître absolu depuis l’éviction de Habib Bourguiba. En 2011, une violente tempête a emporté l’homme de fer mais, depuis, ce pays, voisin de l’Algérie, peine à retrouver ses repères. Pire encore, aux crises économique et politique s’est greffé le terrorisme, aujourd’hui implanté sur le mont Chaâmbi dans le gouvernorat de Kasserine. Une crise multiforme que les Tunisiens tentent de surmonter depuis plus de trois années sans résultats probants. C’est vrai que l’espoir est permis et que les Tunisiens s’accrochent

à l’idée que leur pays verra bientôt le bout du tunnel, mais, force est de croire, qu’à l’espoir né de la révolution s’est substitué un désespoir visible aux visiteurs hardis qui oseraient se rendre dans ce pays. En réalité, la révolution est loin de dégager des relents de jasmin puisque ce pays est toujours confronté aux mêmes problèmes antérieurs à la révolution, voire pire. Kaïd Essebci l’a si bien souligné en dirigeant la période de transition jusqu’à l’installation de la Constituante, « la Tunisie n’est pas encore sortie de l’auberge ». Rompu à la chose politique et connu pour la pertinence de ses analyses, l’ancien ministre de Bourguiba a fait dans la prémonition. Toutes ses prédictions se sont avérées justes. Des élections législatives, la propulsion de Marzouki à la tête de l’Etat tunisien et l’élaboration d’une nouvelle Constitution ont

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certes donné une lueur d’espoir, vite dissipée par les assassinats politiques et, pour la première fois, l’émergence du terrorisme. A cela s’ajoute évidemment l’ingérence extérieure d’autant que le mouvement islamiste Ennahda, majoritaire au parlement, n’est pas en odeur de sainteté chez les Occidentaux. Tous ces ingrédients réunis font qu’aujourd’hui ce pays est loin de sortir de l’auberge. En effet, l’exemple des Frères Musulmans en Egypte est si édifiant que le mouvement Ennahda et son leader Ghannouchi tentent, tant bien que mal, de donner une nouvelle impulsion au pays mais sans vraiment y arriver. Triomphalement propulsé au pouvoir, Ennahda a perdu de son aura et n’arrive plus à contenir les contestations populaires, notamment du sud du pays considéré à juste titre comme la région la


Où va le Monde Arabe? plus pauvre de la Tunisie. Bien plus, l’Etat tunisien ne semble plus en mesure de faire face aux revendications sociales ni même répondre aux attentes de la population qui commence à regretter l’ère Ben Ali quand la paix régnait et que l’Etat était fort présent. Sur le plan politique, les partis politiques et l’UGTT, qui incarne à elle seule l’opposition, tiennent tête à Ennahda dans toutes ses décisions, notamment impopulaires. Ghannouchi a beau manœuvrer, jouer sur tous les fronts, son mouvement a perdu du terrain au profit d’une opposition, certes affaiblie depuis les élections législatives mais réunie autour du même projet de société. Celui d’éviter au pays de sombrer carrément dans l’islamisme. D’autant que le mouvement Ennahda est accusé d’avoir fomenté les assassinats des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Des assassinats qui ont pris la tournure de crimes d’Etat et discrédité Ennahda. La révolution ne dégage plus des relents de jasmin mais des senteurs de poudre que ce soit à Tunis où partout ailleurs où les attentats terroristes font leur apparition. C’est dire que cette révolution a dévié de ses objectifs, à savoir répondre aux attentes du peuple tunisien, épris de liberté et d’une vie décente. Mais toutes ses attentes ont tourné au désespoir et au découragement. C’est vrai que la nouvelle Constitution est un modèle dans le genre mais sur le terrain, c’est une autre paire de manche. La parti au pouvoir est comme paralysé par les récurrentes revendications qui déstabilisent le pays et l’empêchent

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d’aller de l’avant. L’insécurité dans les grandes agglomérations se fait de plus ressentir et contrairement à l’ère Ben Ali, les services de sécurité ne sont plus craints, à tel point qu’un semblant d’anarchie commence à voir le jour. Pire, l’Etat tunisien se montre désarmé devant le terrorisme, bien implanté à la frontière algéro-tunisienne. Un autre casse-tête pour ce pays pris dans l’engrenage de la violence. Les Tunisiens découvrent pour la première fois le terrorisme et un chaos aux conséquences désastreuses pour leur pays. C’est vrai que depuis quelques mois, un

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semblant de paix règne sur le pays mais cela ne veut en aucun dire que la Tunisie est sur la bonne voie tant que le terrorisme n’est pas éradiqué et que les revendications sociales ne sont pas sérieusement prises en charge. Pour y arriver, la relance de l’économie est plus qu’urgente d’autant que le tourisme, source principale de revenus de la Tunisie, fonctionne au ralenti bien que cet été ce pays a connu une grande affluence d’Algériens, habitués à s’y rendre pour goûter aux délices de la mer. De quelle « révolution » parle-t-on donc? Le rêve s’est en réalité transformé en cauchemar et l’espoir en désespoir, si bien que la classe politique n’arrive pas à relever le défi et donner l’impulsion à un pays pris dans l’engrenage de la course au pouvoir, du terrorisme et de la manipulation. De toute façon, le bout du tunnel est loin d’être vu et la Tunisie n’est pas encore sortie de l’auberge. Elle a trop vite fait de crier victoire et de vanter la « révolution » mais elle a tardivement compris que le chemin est encore long et que les menaces la guettent d’un peu partout, y compris des Occidentaux mus par leurs seuls intérêts que cette démocratisation qui sème la mort partout et ce printemps arabe qui donne froid dans le dos comme une nuit d’hiver glaciale.


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Où va le Monde Arabe?

Egypte

Retour à la case dépar t

Il y a plus de deux ans, les Égyptiens investissaient massivement la rue pour exiger des réformes démocratiques. Ils y aboutiront avec leur fameux, « Châab yourid… ». Et célébreront une première victoire avec le départ de Hosni Moubarak, président depuis 30 ans, en février 2011. Et une autre, avec l’élection, entre le 23 mai et le 16 juin 2012, de Mohamed Morsi, le candidat des Frères Musulmans.

Par Amirouche El Hadi

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ais renversement specta culaire, le 3 juillet 2013, le président, élu démocratiquement, faut-il le préciser, est destitué et arrêté par le nouvel homme fort du régime égyptien, l’actuel président Abdelfattah al Sissi. L’ex Maréchal qui s’était mis en retraite volontaire avait, pour prétendre au fauteuil suprême, éliminé au préalable toute opposition. Faut-il en conclure à l’échec du Printemps égyptien? Les observateurs de la scène politique arabe le croient fermement…

La révolution du Jasmin inspire les Egyptiens

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nspirés par la révolution du jasmin en Tunisie, le 25 janvier 2011, des milliers de jeunes Egyptiens sortent manifester dans les rues du Caire pour obtenir des réformes politiques et sociales. Sous les mots d’ordre de « Echaâb yourid taghyir en nidham » et «Moubarak, dégage ! », ils réclamer la démission du président Hosni Moubarak, en poste depuis une trentaine d’années. Après des appels lancés par le biais de Facebook, la contestation prend de l’ampleur d’autant qu’elle est entretenue par les cyber-activistes qui encouragent les manifestants à

se réunir à la fameuse Place Tahrir. Devant la révolte qui se propage et les mouvements de grève qui se multiplient, notamment à Port-Saïd et à Suez, Moubarak transfère ses pouvoirs à son vice-président. Mais le peuple veut plus. Il veut la tête du dictateur qui est contraint d’abandonner le pouvoir, le 11 février 2011. Après 30 ans à la tête de l’Egypte, Moubarak démissionne et remet les clés du pouvoir à un Conseil Suprême des forces armées (CSFA) qui se met à diriger les affaires du pays. L’ancien Raïs sera condamné à la prison à vie pour le meurtre de manifestants lors de la révolte de 2011. Il assistait à son procès (d’une

durée de 10 mois) allongé sur une civière pour des problèmes de santé. Mais, dès le renversement de Morsi, Moubarak a, cependant, quitté sa prison pour être mis, par Al Sissi, en « résidence surveillée » dans un palais confortable.

Election de Mohamed Morsi

L

e premier tour de la présidentielle a eu lieu le 23 mai et le 16 juin 2012. Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans, est déclaré vainqueur en juin avec 13 millions de voix, contre 12 millions pour son rival Ahmad Chafiq (ancien Premier Ministre d’Hosni Moubarak). Le 21 novembre, le prési-

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dent Morsi a annoncé un décret empêchant toute contestation en justice des décisions présidentielles dans l’attente de l’élection d’un nouveau Parlement. Morsi cherchait ainsi à élargir ses pouvoirs, puis à destituer le procureur général du pays afin, disent ses détracteurs, « de se placer au-dessus de la justice ». Cette déclaration a entraîné des incidents violents lors de manifestations dénonçant l’action du «nouveau pharaon» Morsi. Finalement, il retire, fin décembre, ce décret par lequel il s’était octroyé des pouvoirs renforcés. Début janvier, la condamnation à mort de 21 personnes, qui avaient participé à une bousculade meurtrière


Où va le Monde Arabe? dans un stade de football en février 2012, ne va pas améliorer la situation : Port-Saïd et le Caire sont le théâtre d’émeutes violentes, conduisant à la mort d’au moins 47 personnes. Ces violences ont été alimentées par une forte contestation de Mohamed Morsi, accusé d’autoritarisme, dans un contexte économique difficile.

Dissolution de l’Assemblée du peuple

A

uparavant, l’Egypte élu ses députés et sénateurs au début de l’année 2012. Le but était de former une nouvelle Assemblée du peuple, remplaçant celle dissoute le 13 février 2011 par l’armée. Les élections se sont déroulées entre fin décembre 2011 et début janvier 2012. Les résultats ont donné le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu de la confrérie des Frères musulmans, vainqueur avec 47% des sièges de députés. L’Assemblée du peuple, cependant, a été dissoute en juillet suite à une décision de la Haute cour constitutionnelle qui jugeait illégale la formation de la commission constitutionnelle. Prévues pour avril 2013, les nouvelles élections législatives ont été rejetées par le gouvernement en automne de la même année…

Le coup d’Etat du 3 juillet

P

resqu’un an après l’investiture de Mohamed Morsi, des centaines de milliers d’Egyptiens sont descendus dans la rue pour demander la démission de leur président, qu’ils accusent d’avoir autoritairement adopté une nouvelle constitution. De violents affrontements entre partisans et opposants font de nombreux morts et un millier de blessées. Pour leur part, et ayant senti les vents tourner, les ministres de Morsi se mettent à démissionner dans la foulée,

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

puis l’armée lance un ultimatum aux responsables politiques : au bout de 48h et malgré le rejet de cet ultimatum par le gouvernement, le chef d’état-major, Abdel Fattah Al-Sissi, annonce à la télévision que la Constitution est suspendue et que Mohamed Morsi est remplacé par le président de la Haute Cour constitutionnelle, Adly Mansour. La crise politique menace de tourner à la guerre civile. Les manifestations continuent à l’appel des Frères Musulmans qui réclament le retour de Morsi en tant que président légitimement élu. Des soldats ont ouvert le feu sur les manifestants pro-Morsi près du quartier général de la Garde républicaine, au Caire, où est détenu l’ancien président. Le plan de transition politique du pays prévoit de rédiger une nouvelle Constitution, qui devra être approuvée aussi par référendum, et programme de futures élections parlementaires début 2014 au plus tôt et une élection présidentielle par la suite.

Abdel Fattah al-Sissi s’empare du pouvoir

É

lu», entre le 26 et le 28 mai « 2014, à la présidence égyptienne avec…plus de 96% des voix, Abdel Fattah al-Sissi est aujourd’hui le responsable sans partage sur l’Egypte. Mais pour y y arriver, l’ex-chef de l’armée a commencé par l’élimination de tout parti d’opposition, se débarrassant même de l’opposition libérale et laïque, menée par El Baradeï, qui s’inquiétait d’un retour à un régime policier. Et, surtout, la destitution et l’arrestation du président Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013, accusé de vouloir islamiser la société à marche forcée. Les Frères musulmans avaient, pourtant, remporté «démocratiquement» toutes les élections depuis la

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chute de Hosni Moubarak, à l’issue de la révolte populaire début 2011. Conséquemment à ce coup de force, les partisans du président déchu sont sortis dans la rue pour exiger son retour. Mais, ils sont aussitôt réprimés dans le sang et emprisonnés par paquets entiers. En effet, depuis

vont «surveiller» la «transition vers la démocratie» de l’Égypte. Mêmes précautions de langage dans l’UE. Cependant, malgré le malaise inspiré par la prise de pouvoir autoritaire de Al Sissi, les Occidentaux, États-Unis en tête, se rangent à la nécessité de

la destitution et l’emprisonnement de l’ancien président qui refuse le fait accompli, plus de 1 400 pro-Morsi ont été tués dans des manifestations et environ 15 000 Frères musulmans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort en quelques minutes dans des procès de masse, qualifiés par l’ONU de «sans précédent dans l’Histoire récente» de l’humanité. Par parenthèses, la confrérie des Frères Muslmans, créée en 1928 par Hassan al-Banna, est composée de Sunnites qui n’ont pas été les moteurs de la Révolution de 2011. Les Frères Musulmans constituent la principale force politique du pays après avoir été interdite en Egypte, 50 ans durant, et relativement tolérée sous Moubarak. Suite au coup de force d’Al Sissi, les organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont rapidement dénoncé le retour à un régime «plus autoritaire» que celui de Moubarak. Washington a assuré que «les EtatsUnis veulent travailler avec le président élu», mais qu’ils

maintenir des relations fortes avec le plus peuplé des pays arabes (81 millions d’habitants), un pays stratégique dans le processus de paix israélo-palestinien et allié-clé dans la lutte contre le «terrorisme» islamiste. À l’exception du Qatar, presque toutes les monarchies du Golfe ont exprimé un soutien sans faille à Abdel Fattah al-Sissi, qualifié de « pourfendeur des Frères musulmans » qu’ils redoutent sur leurs territoires. Depuis, le pays ne cesse d’accuser les contrecoups de la contre-révolution. Les espoirs démocratiques ont, en effet, débouché sur un régime autoritaire, qui ne laisse aucune place aux libertés collectives et individuelles, donnant lieu à de violents affrontements entre les représentants du régime et les Frères Musulmans et même entre simples Egyptiens d’un camp ou d’un autre. Faut-il en conclure à l’échec du Printemps égyptien? Les observateurs de la scène politique arabe croient que oui.

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Libye

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Où va le Monde Arabe?

Au bord du précipice

Près de trois ans après la chute violente du régime du colonel Mouammar Kadhafi, ce que les fomenteurs occidentaux ont appelé la «nouvelle Libye» se trouve au bord du précipice, guettée par le spectre de la guerre civile et la partition et leurs lots d’instabilité, de drames humains et de craintes pour le voisinage.

Par Adel Meziane

L

e faux espoir donné au peuple libyen, entre autres peuples arabes, d’une démocratisation tous azimuts, par les fomenteurs du complot dédié sous le label trompeur de «printemps arabe», s’est mué en cauchemar pluriel. Non seulement la Libye ne s’est pas démocratisée, mais elle se transforme au fil des mois en un pays alors stable politiquement et socialement, et prospère pendant 42 ans sous le règne, certes autoritaire, de Kadhafi, mais elle s’achemine vers la désintégration. Ce triste constat est corroboré par l’actualité récente et moins récente qui s’observe dans ce pays riche, envié par les chasseurs de ressources naturelles des peuples en Occident. Sortie exsangue d’une guerre civile certes de courte durée, qui a fait plus de 20.000 morts, des centaines de milliers de blessés

et détruit la grande partie de sa base infrastructurelle, la Libye n’est pas près de se relever à cause d’appétits internes aiguisés par le pouvoir, mais surtout externes guidés par la course vers le partage du butin. Aujourd’hui, dans ce pays, des milices armées inféodées à l’étranger, des groupes islamistes terroristes liés à la nébuleuse Al-Qaïda, des groupes armés tribaux, se disputent le pouvoir et tentent d’imposer leur loi par la violence des armes. Le recours au choix populaire par les élections pour mettre en place des institutions capables de diriger le pays n’a rien donné. C’est que la sanction des urnes n’est pas acceptée par les perdants qui refusent de se plier à la volonté populaire, en recourant aux armes pour le faire savoir.

Deux parlements antagonistes

A

ujourd’hui, le pays se re trouve avec deux Parlements antagonistes. L’un issu

d’élections loyales, celles du 25 juin dernier, reconnues par la communauté internationale et qui, faute de sécurité, s’est déplacé à Tobrouk, à 1600 km à l’est de la capitale Tripoli, pour se réunir. L’autre dont le mandat officiel a pris fin en février dernier, et constitué en majorité d’islamistes pour la plupart, non reconduits, actionne ses milices armées pour empêcher le premier de s’installer au pouvoir. A telle enseigne que le gouvernement, chargé d’expédier les affaires courantes en attendant la nomination d’une nouvelle équipe nommée par le nouveau Parlement issu des urnes, a jeté l’éponge faute de pouvoir mener son travail à cause de l’insécurité ambiante. Celle-ci a conduit également au départ de la capitale et du pays de la plupart des missions diplomatiques étrangères et d’ONG internationales livrant ainsi la «nouvelle Libye» à l’inconnu. Une brève rétrospective des évènements qui ont marqué ce pays con-

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firme, hélas, son acheminement vers l’implosion tant redoutée. Le 20 octobre 2011, après huit mois de guerre civile opposant les forces du régime de Kadhafi aux «meutes» insurgées se nommant «révolutionnaires» fortement épaulées par les forces de l’Otan, le leader libyen est assassiné près de Syrte, dans des conditions suspectes. Des analystes lucides ont laissé entendre que la mort brutale de Kadhafi a été commanditée par l’extérieur en pointant le doigt sur l’ancien président français, Sarkozy, inquiet d’éventuelles révélations, en cas de son jugement public, sur ses relations d’affaires avec feu le dirigeant libyen, notamment le financement de sa campagne électorale de 2007. C’est du reste ce même Sarkozy qui avait ordonné les premiers bombardements par l’aviation militaire française de la Libye, avant même le vote du Conseil de sécurité autorisant une intervention militaire contre les forces


Où va le Monde Arabe? libyennes sous couvert de «protéger les civils» contre la répression. Deux jours après la mort du leader libyen, le Conseil national de transition (CNT), organe politique représentant la rébellion armée, proclame devant les caméras du monde entier la «libération de la Libye». Neuf mois après cette libération, soit le 7 juillet 2012, le peuple libyen libéré élit le premier Parlement de son histoire salué par le monde dit libre. Cet organe législatif est nommé le Congrès général national (CGN), devant siéger à Tripoli. Or, les islamistes notamment radicaux qui ont pris part à la chute du régime n’avaient pas été majoritaires dans cette institution tranchant avec ce qui s’était passé en Tunisie et en Egypte, pays qui ont précédé la Libye dans le changement par les émeutes de leur régime.

La réplique des Islamistes

L

es islamistes libyens accu sent le coup tout en se préparant à changer la donne y compris par le force. Premier coup d’éclat, le 11 septembre 2012, ils attaquent le consulat américain de Benghazi tuant quatre ressortissants américains, dont l’ambassadeur Chris Stevens. Cette attaque a prouvé que le pays ne dispose pas de police digne de ce nom, ni d’armée classique bien installée. La tâche de ces dernières est confisquée par des milices armées disparates issues des villes qui ont mené la «révolution». Le premier gouvernement nommé par le Parlement n’y fera rien pour asseoir les bases sécuritaires du pays malgré ses efforts qui ont duré près d’une année. En juillet 2013, les milices islamistes armées se lancent dans la déstabilisation du pays en orchestrant

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le blocage des installations pétrolières, revendiquant plus de pouvoir politique et le partage de la rente par la prise en otages des principales infrastructures pétrolières du pays. Mieux encore, ces milices paralysent les ports pétroliers pendant une année privant le pays de rentrées financières, certaines voulant même commercialiser le pétrole pour leur propre bénéfice. Le pays sombre alors dans l’instabilité politique accentuée, et les sauveurs du peuple libyen d’hier ne lèvent pas le petit doigt face à cette situation qu’ils ont planifiée. En octobre 2013, l’anarchie ambiante touche la ville de Benghazi qui connaît une vague sans précédent d’assassinats de responsables de la sécurité, face à un pouvoir central largement dépassé. Le Parlement sans réel pouvoir décide alors de proroger son mandat d’un an, soit jusqu’en décembre 2014, suscitant un large mécontentement populaire. Cette situation conduit au limogeage trois mois plus tard, en mars dernier, du Premier ministre Ali Zeidan, qui fuit à l’étranger et est remplacé par Abdallah Al-Theni, en tant que premier ministre par intérim. On assiste alors à la sortie d’un général à la retraite,

Khalifa Haftar, qui tente de débarrasser le pays des milices islamistes armées. Désormais, c’est la guerre touchant les aéroports dont celui de Tripoli. Cette guerre se poursuit jusqu’à l’heure et oppose les forces de Haftar, aidées par des militaires de l’ancien régime et les milices de Zenten, dans l’ouest du pays, aux groupes islamistes radicaux issus de l’est du pays et les milices de Misrata. C’est dans ce contexte de préguerre civile qu’ont eu lieu, le 25 juin dernier, de nouvelles élections législatives très peu suivies, donnant lieu à une nouvelle composante reconnue internationalement mais rejetée par les islamistes et les élus de l’ancien Parlement. La nouvelle assemblée peine à s’imposer même si elle vient, depuis Tobrouk, de charger le Premier ministre sortant de former un nouveau gouvernement. Or, rien n’est encore réglé puisque ce parlement n’est pas reconnu par les principales forces qui gouvernement les régions du pays, à savoir les milices islamistes armées. Et même si les deux composantes législatives antagonistes se sont entendues pour recourir à l’arbitrage de la Cour suprême, pour trancher

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sur la légitimité institutionnelle du pays, rien ne garantit que son arbitrage freine le désordre ambiant. La Libye, hier encore second producteur pétrolier en Afrique, après le Nigéria, disposant d’un niveau de vie envié de par le monde, d’une stabilité politique et sociale certaine et attirant des masses de main d’œuvre africaine et arabe, courtisée depuis 2000 par les dirigeants occidentaux en quête de marchés juteux, sombre dans le chaos organisé. Les milices islamistes radicales disposant d’armements sophistiqués inquiètent les pays voisins, et ceux du Sahel où sévissaient fortement des groupes radicaux qui avaient bénéficié de ces armes pour s’adonner à leurs trafics. Les Etats européens qui ont participé à la chute de Khadafi s’inquiètent également. C’est que l’instabilité en Libye encourage l’immigration clandestine vers le vieux continent, et les contingents de migrants interceptés sur les ports italiens, première porte vers l’Europe, cet été, en sont la preuve. C’est qu’aussi, cette instabilité prive ces pays des marchés pétroliers et de la reconstruction du pays, pour lesquels ils avaient beaucoup investi en faisant tomber l’ancien régime.


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Irak

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Où va le Monde Arabe?

La descente aux enfers

L’Irak est en situation d’implosion interne. Alors que le nouveau président du Parlement a été désigné ainsi que le nouveau président irakien, Nouri al-Maliki refuse de céder son fauteuil de Premier ministre. Pour corser le tout, l’avancée fulgurante des djihadistes de l’EIIL a poussé à l’exode des centaines de milliers d’Irakiens vers le Kurdistan voisin.

Par Amirouche El Hadi

C

ette situation explosive fait que l’Irak est, aujourd’hui, menacé de désintégration. Mais, au-delà de la tripartition qu’on met souvent en avant pour évoquer la constitution de trois Etats, sunnite, chiite et kurde, c’est tout le pays qui est en voie d’être morcelé en plusieurs entités.

Une dangereuse situation de blocage

L

a franche aliénation d’Al Maliki au profit des Chiites de sa communauté a permis à l’insurrection sunnite, menée par les djihadistes de l’EIIL, depuis juin, d’enfiler les victoires sur l’Etat. Ces victoires n’ont été

possibles que grâce à l’alliance des tribus sunnites qui ont fait allégeance à l’EIIL ainsi que des formations armées postSaddam, composées essentiellement de baasistes. L’offensive djihadiste a été lancée, tout d’abord, sur la ville de Mossoul. Elle touche, désormais, l’ensemble des populations, plus particulièrement les minorités chrétiennes, yazidies, shabacks également, et plus largement les populations locales. Aujourd’hui, en situation de chaos absolu, c’est tout le territoire qui est finalement en train d’être morcelé. La crise combinée et prolongée dans le pays a dépassé le point de non-retour. Selon tous

les analystes et les observateurs de la scène politique moyenorientale, il n’y aurait plus d’Irak tel qu’il était auparavant. Le scénario américain pour partager le pays est appliqué actuellement. De l’avis général, le pays se désintégrera, d’abord, en trois parties : Kurdistan, zone sunnite et zone chiite. Ensuite, le processus se compliquera davantage avec la transformation de Baghdad en Berlin de l’époque de la guerre froide lorsque la ville était divisée en Ouest et en Est. C’est pratiquement inévitable, disent les experts russes. Autrement dit, l’Irak est, au vu des événements qui s’y passent actuellement, en voie de se morceler en plusieurs entités étatiques. Selon les Russes, nous sommes actuellement en train d’assister au troisième acte, soit

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à la finale de la tragédie nationale de l’Irak. Dans cette optique, on ne saurait parler de l’Etat irakien qu’au passé.

La «doctrine Bush» remise en route

I

l faut, à ce propos, se rappeler la «Doctrine Bush», expression utilisée par l’ancien président américain George W. Bush qui prône la refondation du Monde arabe en «Grand MoyenOrient». Unilatérale et souvent brutale dans le discours, la doctrine Bush se base sur des menaces imaginaires pour lancer des « guerres préventives ». « Tant que cette région sera en proie à la tyrannie, au désespoir et à la colère, elle engendrera des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des Américains et de leur alliés» dira-t-il.


Où va le Monde Arabe? Ce qui, bien entendu, est totalement erroné puisque c’est à cause de leur « terrorisme d’Etat » et leur avidité vis-à-vis des matières premières des autres, que les Américains sont haïs. Et ils le seront encore plus, désormais. Bref, pour mieux relancer cette doctrine et installer le décor à la réalisation du plan américain, la guerre qui fait rage entre l’insurrection sunnite menée par l’Émirat islamique(EI) et le gouvernement, chiite, de Baghdad, est le prélude à la désintégration effective de la nation irakienne. Elle est en train d’attirer, non seulement les États-Unis mais, inexorablement, d’autres pays occidentaux et moyenorientaux, puisque d’autres Etats régionaux cherchent également à exploiter la désintégration de l’Irak pour faire avancer leurs intérêts stratégiques présumés. Ainsi, en est-il d’Israël, de l’Arabie saoudite, de la Turquie etc….

Les USA veulent un «Proche-Orient élargi»

P

our mieux masquer le plan américain de partage de la patrie de Salah Eddine, la presse

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occidentale, à la solde des USA, présente ce brusque écroulement de l’État irakien comme la conséquence –uniquement- de l’attaque du groupe terroriste de l’EIIL. Aussi, les événements qui se succèdent en Irak ne doivent pas être vus sous cet angle. Car l’offensive de l’EIIL (ou « Daesh » en arabe), n’est qu’une partie du vaste plan en cours. Car, la vérité est que, depuis 2001, les États-Unis tentent de fracturer le « Proche-Orient élargi » en une multitude de petits Etats, ethniquement homogènes. Certains avaient cru, qu’au regard des derniers développements dans la région, ce plan avait été abandonné. Il n’en est rien : L’état-major US tente de le reprendre par l’intermédiaire des djihadistes de l’EIIL, seulement. Si bien qu’en une semaine, l’EIIL a conquis ce qui devrait devenir un Émirat sunnite tandis que les Peshmergas ont conquis ce qui devrait être l’État kurde indépendant. Très facilement, l’armée irakienne, formée par Washington qui soudoie ses chefs, a «donné» Mossoul aux premiers et Kirkouk aux

seconds. Pour ne pas être en reste, Al-Maliki (Chiite) a fait appel à tous les alliés imaginables, des milices chiites aux Gardiens de la Révolution iraniens et jusqu’aux États-Unis auxquels il a demandé de revenir et de bombarder les assaillants.

Obama passe la main aux GI’s

L

’offensive de l’EIIL d’un côté et des Pechmergas de l’autre a été préparée de longue date. Le Kurdistan irakien a commencé à voir le jour, sous la protection des États-Unis et du Royaume-Uni, avec la zone d’exclusion aérienne décrétée entre les deux invasions occidentales (1991-2003). Depuis le renversement du président Saddam Hussein, il a acquis une très forte autonomie et est entré dans la zone d’influence israélienne. De ce point de vue, il est impensable que Tel-Aviv ait été absent de la prise de Kirkouk. Toujours est-il que l’actuel gouvernement régional d’Erbil a étendu sa juridiction sur l’ensemble de la zone irakienne prévue par l’état-major états-unien pour former le

Saddam, l’l’ennemi ennemi des Américains… …Al Maliki, leur marionette chiite

P

résident du pays depuis 1979, Saddam était l’homme fort de l’Irak. En 2003, une coalition d’États menée par les USA et le la Grande-Bretagne envahit l’Irak pour le renverser, l’accusant de détenir des armes de destruction massive (ADM) et d’entretenir des relations étroites avec Al-Qaïda, allégations qui s’avéreront infondées. Il est ensuite capturé, après huit mois de fuite, par les troupes américaines le 13 décembre 2003 et comparaît devant le tribunal, le 5 novembre 2006. Il est jugé coupable et condamné à mort. Saddam Hussein sera finalement exécuté par pendaison le 30 décembre 2006. En fait, Saddam a, surtout, été assassiné à cause de sa farouche opposition à Israël. Depuis

sa mort, l’Irak est en proie au chaos. Les Américains placeront, aussitôt, Nouri Al Maliki, un Chiite, comme premier ministre. Mais, le régime sectaire de ce dernier est jugé, même par ses mentors, comme étant un «désastre», les Américains portant une lourde responsabilité pour l’avoir soutenu sans réserve, notamment en 2010 quand Washington a choisi de le maintenir, par un tour de passe-passe constitutionnel, alors que son rival avait gagné les élections. Cette décision a aliéné la population sunnite et créé le terreau favorable à la percée de l’armée islamique. Onze ans, donc, après l’intervention américaine de 2003, les ondes de choc du désastre stratégique irakien ébranlent toute la région. A.E.H

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DOSSIER Kurdistan indépendant. A Washington, le débat politique public oppose les Républicains, qui demandent un redéploiement militaire en Irak, aux Démocrates, qui dénoncent l’instabilité suscitée par l’intervention de George W. Bush contre Saddam Hussein. Ce petit jeu permet de masquer que les événements en cours servent les intérêts stratégiques de l’état-major US qui est directement impliqué. En effet, Obama qui refuse de revenir en Irak, sa réélection ayant été réalisée sur cette promesse, s’est délesté de son pouvoir sur l’étatmajor US qui, outre le largage de vivres et de matériel, a commencé un retour des officiers et soldats américains en Irak. Ainsi que les bombardements. En toile de fond, les réactions internationales à la crise irakienne sont incohérentes : tous les États, sans exception condamnent l’EIIL en Irak, alors que certains d’entre eux, Etats-Unis, Arabie saoudite, France, Israël et Turquie, considèrent au même moment l’EIIL comme un allié objectif contre l’État syrien mais le combattent aujourd’hui. Qui peut croire, sincèrement, qu’un État puissant, armé et organisé par Washington, peut s’écrouler, en moins d’une semaine, devant un groupe djihadiste officiellement indépendant de tout État ? Bien sûr, tout cela n’est qu’affichage puisqu’en réalité ces groupes sont, depuis leur création, soutenus par la CIA et Israël. La réponse de l’impérialisme étatsunien au naufrage total subi par sa politique étrangère incohérente au MoyenOrient est le facteur le moins prévisible de la situation. Une seule chose est certaine. Quelle que soit l’action qu’entreprend Washington, elle ne fait qu’ajouter aux immenses souffrances, morts et destructions, qu’elle a déjà infligées depuis des décennies à l’Irak et à toute la région.


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Syrie

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Où va le Monde Arabe?

Au fond du gouffre

Trois ans après le soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad, dans le sillage des révoltes qui avaient secoué plusieurs pays arabes au printemps 2011, la Syrie se trouve plongée dans une guerre civile qui a déjà fait plus de 191 000 morts, dont près de 8 810 enfants, 3 millions de réfugiés et 6,5 millions de déplacés, selon les estimations des Nations Unies.

Par Mohamed Nadir

C

atastrophé, le HautCommissariat aux Réfugiés indique que «près de la moitié des Syriens ont déjà dû quitter leurs maisons ou ont été forcés de fuir pour sauver leur vie. Un Syrien sur huit a désormais quitté la Syrie, soit un million de personnes de plus qu’il y a un an. Par ailleurs, 6,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de la Syrie. Parmi les

personnes déracinées, la moitié sont des enfants». Désormais, les Syriens forment la deuxième plus importante population de réfugiés après celle des Palestiniens qui, eux, vivent un conflit vieux de plusieurs décennies : ««La crise syrienne est devenue la plus grande urgence humanitaire de notre époque», continue le HCR en évoquant des «villes où la population est encerclée», de gens «affamés» et de «civils pris pour cibles ou tués sans discrimination». Telle est aujourd’hui la situation d’un

peuple dont le seul tort avait été de croire, avec beaucoup de naïveté, que ses aspirations à une vie meilleure, débarrassée d’un état d’urgence en vigueur depuis 1963, seraient respectées et encouragées en dépit des réalités géostratégiques et géopolitiques de la région du Proche-Orient.

Paralysie internationale

M

ais loin d’être entendu, à défaut d’être appuyé, cet espoir s’est trans-

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formé en cauchemar dès lors que la répression a été la seule réponse apportée par Bachar el-Assad, persuadé d’être la victime d’une conspiration, soutenue de l’extérieur, visant à renverser le régime Baath. En même temps qu’il promet des mesures sociales et des réformes, le pouvoir syrien n’hésite pas à user de balles réelles contre les contestataires : une semaine après le début des manifestations, le 15 mars 2011, une centaine de personnes sont


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DOSSIER

abattues dans la ville de Deraa, dans le sud du pays et, un mois plus tard, Amnesty International parle déjà de 200 victimes, tuées par les forces de l’ordre alors que l’armée envoie des chars à Deraa pour mater la contestation. Au cours des combats acharnés mais déséquilibrés qui, pendant les mois suivants, opposeront la rébellion aux forces du régime (celles-ci auraient même eu recours aux armes chimiques), des milliers de morts endeuilleront les familles syriennes sans que la communauté internationale ne puisse (ou ne veuille ?) intervenir : «Les assassins, les destructeurs et les tortionnaires en Syrie et en Irak ont été encouragés et enhardis par la paralysie internationale», reconnaît aujourd’hui la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi P i l l a y, en jugeant de «scandaleux qu’en dépit de leurs énormes souffrances, la situation difficile des blessés, déplacés, détenus et familles de personnes tuées ou disparues n’attire plus guère l’attention».

Sombres perspectives

A

vec l’échec de la mé diation menée par le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, l’entrée en scène des islamistes et, ensuite, des djihadistes a jeté la confusion dans le conflit et davantage complexifié la situation. Désormais, personne ne sait (presque) plus qui fait quoi dans une Syrie plongée dans la violence et la désolation et l’apparition de l’Etat Islamique obscurcit un peu plus les perspectives d’avenir. Ce groupe

terroriste extrêmement agressif dont les atrocités (décapitations, persécutions et crucifixions…) ont jeté l’effroi dans le monde semble, pourtant, susciter une réaction de la communauté internationale, notamment les puissances occidentales qui, comme la France ou la Grande-Bretagne, craignent que cette violence ne s’exporte sur leurs territoires. Mais si tout le monde s’accorde sur l’impératif de neutraliser l’Etat Islamique, le sort de la Syrie ne semble

toujours pas préoccuper les consciences et aucune espèce de solution ne semble envisagée : «Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, mais nous avançons dans la bonne direction. Nous allons affaiblir et, in fine, vaincre l’Etat islamique», a assuré M. Obama au cours de sa conférence de presse à la clôture du sommet de l’Otan, qui s’est tenu il y a quelques jours à Newport, au Royaume-Uni. Mais aucune action en direction de la

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Syrie n’a été évoquée -contrairement à l’Irak- parce que la légitimité de Bachar el-Assad (réélu cet été pour un 3 ème septennat) est remise en cause. Du reste, une semaine plus tôt, Barack Obama avait luimême reconnu que les Etats-Unis n’avaient pas encore arrêté de stratégie pour la Syrie. C’est, donc, le statu quo pour Bilad Cham. Malgré les 191 000 morts, les 3 millions de réfugiés et les 6,5 millions de déplacés.


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Yémen

Le virage raté de la transition démocratique

Comme de nombreux peuples arabes, les Yéménites se sont soulevés dès janvier 2011, dans le sillage de l’insurrection tunisienne, pour exiger de meilleures conditions de vie, le départ de l’ancien président, Ali Abdellah Saleh -à la tête du pays depuis 1978- et l’instauration d’un régime démocratique.

Par Mohamed Nadir

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t comme Mohamed Bouazizi, symbole de la protestation tunisienne, de nombreux Yéménites n’ont pas hésité à s’immoler par le feu pour donner la mesure de leur détermination à «changer les choses» dans un pays dirigé par un pouvoir autocratique gangréné par la corruption et le népotisme. Cette volonté qui ne s’est jamais dé-

mentie malgré une répression féroce des forces armées du régime (plus de 2.000 morts dont 143 enfants ont été reconnus officiellement) a conduit à la démission de Saleh en février 2012 et l’élaboration d’une feuille de route pour une transition politique démocratique. Cette feuille de route prévoyait un président qui fasse consensus, un gouvernement d’union nationale, une Conférence de Dialogue na-

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tional réunissant l’ensemble des forces du pays, et la rédaction d’une Constitution. Et pour de nombreux spécialistes, le Yémen venait ainsi d’échapper à une guerre civile aux conséquences désastreuses. Pourtant, cette «issue» n’eut pas que des conséquences heureuses puisque le départ de Saleh et son pouvoir hégémonique réveilla de vieux démons, notamment les révoltes tribales du Nord chiite réclamant


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l’autonomie de la province et les tentations sécessionnistes du Sud -qui n’a pas digéré la réunification de 1990, encore considérée comme une annexion. Et ce que beaucoup craignirent se produisit très vite dans ce pays très rarement au centre de l’actualité : dès fin 2012, des manifestations appelant à l’indépendance du Sud sont enregistrées à Aden, l’ancienne capitale du Yémen du sud. Et jusqu’au printemps dernier, des mouvements du genre ont été régulièrement engagés dans la région du sud pour confirmer la volonté des sudistes de ne plus dépendre de Sanaa.

Risque de guerre civile

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u Nord la situation n’est pas plus reluisante depuis que les rebelles, issus du Zaïdisme, une branche du chiisme, réclament le départ du gouvernement d’unité nationale formé en décembre 2011 accusé de corruption. Ils exigent «l’éradication de la corruption», mais aussi «les postes de procureur général et ceux des chefs de l’organisme de lutte contre la corruption, du service de sécurité nationale et des Renseignements». Et pour cela, les chiites n’ont pas hésité à faire appel à des milices armées qui ont établi des campements autour de Sanaa, à proximité de certaines ministères. De son côté, le pouvoir soupçonne les rebelles d’Ansaruallah, menés par Abdel Malek alHouthi, « vouloir élargir leur zone d’influence dans le futur État fédéral qui doit compter six provinces». Des affrontements entre les rebel-

les et les partisans du président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, ont déjà provoqué le décès de dizaines de personnes et la situation ne semble pas vouloir s’arranger puisque toutes les tentatives de négociations ont échoué, les deux parties campant sur leurs positions. Fin août dernier, 21 personnes ont ainsi été tuées lors d’affrontements armés entre des rebelles chiites et des hommes des milices tribales pro-gouvernementales mises en place dans des provinces du Centre et du Sud. La crise politique qui para-

lyse aujourd’hui le Yémen est aggravée par le regain d’activité de la branche Al-Qaïda qui n’hésite pas à semer la terreur et la mort. Et malgré les coups qui lui sont portés, notamment grâce aux drones U.S, Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) demeure terriblement meurtrière… Entre mars 2013 et janvier dernier, 565 délégués, représentant toutes les forces de la société yéménite, y compris des partisans de l’indépendance du Sud, se sont réunis pour mettre en place une feuille de route

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devant mener leur pays de 24 millions d’habitants vers un Etat de droit. Trois recommandations principales ressortirent des travaux de la conférence qui se sont achevés le 25 janvier 2014 : l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution dans un délai d’un an; le choix du fédéralisme comme structure politique du pays et le prolongement du mandat du président Mansour Hadi pour mener à bien la transition. Désormais, tout semble sérieusement compromis…


VIRTUELLEMENT VÔTRE

De Font enay Fontenay enay,, le général T

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mentions j’aime

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Sur les réseaux sociaux, la rentrée sociale est le prolongement de l’été caniculaire avec ses déballages publics de faits privés, ses rumeurs, ses anecdotes… Comme si, sur le net, on n’a pas la même notion du temps et de l’espace… peut-être pas le même centre d’intérêt. C’est d’autant vrai que, malgré les événements, les internautes sont restés scotchés sur les déclarations farfelues de Geneviève de Fontenay, «la mémé de miss France» qui, invitée d’honneur à la sélection de «miss Algérie» à Alger, a «rappelé» que l’Algérie était française» La femme au chapeau a été, peut-être, trahie par l’âge ou… le décalage historique. Un scandale qui a fait quitter la salle à deux ministres femmes et des responsables d’entreprises, partenaires de «l’événement» On en saura plus sur les conséquences de ce scandale… Cette bourde a quelque peu mis de l’ombre sur le départ volontaire ou forcé du général Touati. Voilà un militaire qui a été loué par des lecteurs. «cette homme a sauvé l’Algérie» écrit un internaute sur Facebook. Et même si cette phrase est dite simplement, sans emphase, l’on ne peut deviner l’intention… sincère ou machiavélique de son auteur. Nour, un internaute interractif semble n’avoir cure de tout ce qui se passe sur la toile. Son souci, c’est l’achat d’un tire-bouchon. Mais, apparemment, ce jeune s’est trompé de terminologie. L’épicier du coin lui a fait tout un procès. Il fallait dire «un ouvre-bouteille» c’est plus halal, parce qu’un tire-bouchon fait référence à du vin, donc la yajouz… Sans enjamber le sujet du halal et haram, Daesh, cette armée de djihadistes, qui nous rappelle notre sinistre GIA des années 1990, divise les commenta-

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Mot de passe

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Touati et le tir e-bouchon… tire-bouchon… teurs: création des USA, des intégristes, d’Israël… Au point que même les otages, des journalistes occidentaux, sont assimilés à des espions. Un manichéisme qui fait l’affaire des tueurs avec ou sans barbe. Et puis, au milieu de ce magma de peur, d’angoisse, d’informations, de désinformations, de critiques et de faux scoops, surgit de nulle part Meursault, le personnage ressuscité de «L’étranger» l’œuvre d’Albert Camus par le chroniqueur et jeune écrivain de chez nous, Kamel Daoud. Une fiction révélée et fortement commentée, d’abord par les réseaux sociaux, bien avant que notre presse nationale n’en parle. «Meursault contre-enquête» édité par Actes-Sud et sorti en mai 2014, est vendu à 8 000 exemplaires en France. Mieux, il est pré-sélectionné pour les prestigieux prix littéraires Goncourt et Renaudot. Sentant qu’un jeune auteur n’est pas toujours applaudi dans le «gotha littéraire local» Kamel, sobre comme sa silhouette fluette, se permet une réplique «Cette histoire «autonome» du discours sur L’Etranger, n’est en rien un exercice dans la périphérie camusienne (…) «J’ai passé un bac maths sans cesser de vouloir écrire. Je suis allé dans le journalisme pour gagner ma vie avec l’illusion que je pourrais rester dans les parages de la littérature. Aujourd’hui, le succès du roman fait naître d’autre désirs, d’autres ferveurs.» Voilà qui est superbement dit. Heureusement, aussi, que la semaine s’est terminée par l’accomplissement d’un grand pas des Verts en direction du Maroc où se tiendra la CAN 2015. Mais, ne crions pas rapidement notre joie, les internautes, sans état d’âme, tirent plus vite que Lucky Luck…

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Par Chahredine Berriah

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Parce qu’ancienne et liée au monde arabe, l’institution du Califat fait rêver djihadistes, salafistes et tous les Musulmans orthodoxes du monde. Abou Bakr al Baghdadi qui s’est autoproclamé Calife de l’Etat Islamique en Irak et au Levant – qui se fait désormais appeler « État islamique » (EI) pour supprimer toute référence géographique- a annoncé le Califat le 5 juillet dernier, à partir d’une mosquée de Mossoul, en Irak, invitant à l’allégeance tous les musulmans du monde.

L’EI veut l’instaurer dans le monde musulman

… Le Califat, entre fantasme et réalité… Par Amirouche El Hadi

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’EI ou DAECH, en arabe, ou encore ISIS en anglais, con tinue son avancée spectaculaire en visant d’autres contrées où il veut instaurer la Charia. Très effrayé par l’ascension fulgurante de ce groupe, le roi d’Arabie Saoudite a annoncé, tout récemment, que son pays va contribuer, avec 100.000 dollars, à la réalisation d’un Centre des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme : « C’est une première tranche, a précisé Abdallah ibn Abdellaziz, ajoutant que d’autres contributions suivront au fur et à mesure de l’avancement des travaux ». Le monarque saoudien a, également, invité les autres nations

à participer financièrement à la construction de ce centre dans l’objectif «de lutter contre les extrémistes…». Sur sa lancée, le Saoudien a lancé en guise d’avertissement : « Les djihadistes de DAECH avancent à une vitesse vertigineuse. Si nous ne les combattons pas avec vigueur, intelligence et rapidité, ils investiront, d’ici un mois, l’Europe et, un mois plus tard, les EtatsUnis ». Car, selon des analystes de l’hydre terroriste, ce sont les américano-israéliens qui ont créé, entraîné et orienté DAECH et ce sont les Saoudiens qui en ont financé toutes les étapes de mise en place ainsi que les équipements. En s’attaquant aux Chrétiens et aux minorités en Syrie et en Irak, ce groupe devait fournir des prétextes aux Etats-Unis pour se redéployer, avec la bénédic-

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tion de la communauté internationale, dans cette région aux Proche et Moyen Orients. Ce qui est en train de se réaliser mais…

L’EI, une création américaine pour reoteger Israel?

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ans son dernier ouvrage inti tulé « Hard Choices », Hillary Clinton a mis en cause son pays qu’elle accuse d’avoir été à l’origine de la naissance de ‘Daech» : « Nous étions d’accord avec les Frères Musulmans en Egypte pour annoncer l’Etat islamique dans le Sinaï et le remettre entre les mains de Hamas et une partie à Israël », soutient Hillary qui annonce le choix de la date du 5 juillet 2013 pour la reconnaissance américaine et européenne de la naissance du « nouvel Etat ». Vrai ou intox ? Seule l’histoire le


Où va le Monde Arabe? dira. C’est que les responsables de l’EI, qui semblent échapper à toute autorité extérieure, dont celle des Etats-Unis, sont en train de se transformer en cauchemar pour leurs mentors qui commencent à recevoir les ondes de choc des intentions de cette hydre. Il y a, également, la version de Snowden, l’analyste de la National Security Agency (NSA), en exil en Russie, qui, revenant sur le parcours de Abou Bakr El Baghdadi, ex-prisonnier de Guantanamo (2004 à 2009), assure qu’il a été recruté par la CIA et le Mossad pour les besoins de la cause de la stratégie néocoloniale. Pour Snowden, « pour protéger l’État juif, il fallait lui créer un ennemi à ses frontières, mais en le dirigeant contre les Etats islamiques qui s’opposent à sa présence».

Dis, c’est quoi le califat?

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our la petite histoire, l’EI est une organisation fondée en 2003, lors du déploiement des forces américaines sur le territoire irakien. Mais ses racines remontent aux mouvements djihadistes irakiens qui ont prospéré après la chute de Saddam. En janvier 2006, une alliance entre 6 de ces mouvements, sous la houlette d’Al-Qaïda en Mésopotamie, a donné naissance au Conseil Consultatif des Moudjahidine en Irak. Au mois d’octobre de la même année, cette coalition prend le nom de l’État Islamique en Irak (EII) et le garde jusqu’en 2013. En 2010, Abou Bakr AlBaghdadi devient le 3ème émir de l’EII, (Après Abou Mossaab AlZarkaoui et Abou Omar Al-Baghdadi, tués tous les deux par les Américains). Le «printemps arabe» donnera une nouvelle impulsion au mouvement car, à partir de 2013, il s’adjuge des territoires de la Syrie et devient EIIL en s’adonnant au Jihad en Syrie. Opposé au leadership de Bachar el-Assad, l’EI s’est développé à l’occasion de la crise syrienne où il combattait l’armée officielle ainsi que d’autres groupes rebelles. En juin 2014, devançant

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l’agenda américain, il prend le contrôle du nord sunnite irakien, en occupant des villes comme Mossoul et Tikrit, entraînant un exode massif de la population. Il a, désormais, pour objectif de s’emparer de la capitale du pays, Baghdad. En Syrie et malgré la reprise de certaines villes par les rebelles, l’EI garde une grande emprise dans le pays décimé par une guerre civile sans fin. Abu Bakr Al-Baghdadi, fort de ses 60 000 soldats, instaure l’État Islamique (EI) sur tous les territoires conquis (40% de l’Irak et 25% de la Syrie) et se proclame « Calife » de tous les musulmans, tout en cherchant d’autres extension, notamment au Liban…

Le califat aboli par Mustapha Attaturc en 1924

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e titre de calife, issu de l’arabe khalifa, a été donné aux premiers successeurs du prophète Mohammed (QSSSL). Au 9ème siècle, Sunnites et Chiites se divisent sur l’étendue de ses pouvoirs : pour les premiers, le Calife est un simple exécutant de la loi définie par le Coran et le Prophète, pour les seconds, c’est un « imam » qui peut interpréter le texte et en donner le véritable sens. « Sous cette double acception, l’institution reste dominante jusqu’au XIe siècle ». Le Calife gouverne et mène la prière de groupe. L’institution décline ensuite. A partir du XIe siècle, changement fondamental, le califat est réduit à

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une fonction religieuse-«il est conservé comme une précieuse relique », observent les historiens, alors que ce sont les Sultans, notamment Ottomans, qui exercent le pouvoir. Finalement, c’est Mustapha Kémal Attaturc qui abolit d’abord le sultanat, puis en 1924, le califat, deux institutions qu’il juge dépassées. Indéniablement, le Califat fait rêver les djihadistes, salafistes et autres partisans d’un retour aux origines de l’Islam, et ce pour plusieurs raisons: le califat est d’abord « une manifestation d’union du monde musulman, et de surcroît à une époque où celui-ci constituait un empire ». De plus, il exprime le mieux l’Islam dans sa pureté ». Dans une vidéo, diffusée en juin, au premier jour du Ramadhan, le porte-parole de l’EIIL, Abou Bakr Al Baghdadi, a exhorté les Musulmans : « rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l’Occident. Revenez à votre religion », a-t-il ainsi lancé dans l’enregistrement audio. Les experts se divisent sur l’impact qu’aura, sur le terrain, cette proclamation. En effet, quelle sera la prochaine cible de l’EI ? Certains parlent du Liban ou de la Jordanie. D’autres évoquent les pays du Maghreb, la situation chaotique en Libye, la profusion des armes dans la régions, et AQMI, appelant les pays de la région à prendre les mesures nécessaires s’ils ne veulent pas voir le «Califat» s’installer à leurs portes…

Abou Bakr al Baghdadi qui s’est autoproclamé Calife de L’Etat Islamique en Irak et au Levant – qui se fait désormais appeler «État islamique» (EI).


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Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris

« Les exactions de l’EI ne ser vent pas l’islam »

Né le 2 novembre 1940 à Skikda, Dalil Boubakeur est le recteur de la mosquée de Paris depuis 1992. Après le lycée à Alger et à Paris, il a fait la faculté de médecine dans la capitale française. Il est également expert des études coraniques. Président réélu du CFCM, il est, entre autres, le fondateur des amitiés judéomusulmanes de France (AJMF). Chevalier de la légion d’honneur, Dalil Boubakeur est l’auteur de nombreux ouvrages, le dernier étant « La Grande mosquée de Paris, un message et une histoire », une belle présentation de ce haut lieu de la spiritualité et du savoir. Nous l’avons rencontré dans son bureau à la grande mosquée de Paris où il a bien voulu répondre à nos questions.

Paris, propos recueillis par : Nabil Abbas Lakoom-info : Le Conseil français du culte musulman (CFCM) vient de produire une convention citoyenne des musulmans de France, pouvez-vous nous dire en quoi consiste-elle ? Dalil Boubakeur : Quand j’ai été réélu, en 2013, nouveau président du CFCM, je me suis rendu compte de la diversité de la communauté musulmane. J’ai également constaté les rapports de forces qui gèrent la société. Pour ma famille algérienne, nous vivons une espèce de contradiction. Nous sommes les plus nombreux, les plus intégrés, les plus anciens en France parmi l’émigration mais ce que nous avions vécu durant la guerre n’a pas permis l’expression de notre passé culturel et religieux. Ainsi, les difficultés du pays ont leur influence sur le vécu des banlieues. On y trouve des maux graves, échec au niveau de la famille, échec scolaire, échec de l’entrée dans la vie. Les jeunes s’y sentent comme des citoyens de se-

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conde zone. Ces jeunes ne se retrouvent pas aussi dans leur pays d’origine. Conscient de cette diversité, de l’importance des mosquées, il fallait donner aux jeunes des clés pour réussir leur avenir. Il faut également comprendre les valeurs de la laïcité, se mouler dans la s o c i é t é s a n s p ro b l è m e s e t r é a g i r f a c e à l’islamophobie. Lakoom-info : Justement, quelles sont les causes de l’islamophobie ? Dalil Boubakeur : Le terme est d’origine anglaise, sa réalité est symbolisée par l’intolérance qui se traduit soit par des actes, soit par paroles, vis-à-vis de l’Islam et des musulmans. La politique et les pratiques politiciennes entretiennent cette islamophobie. Certains assimilent les actes terroristes à l’Islam et à tous les musulmans. Pourtant, il faut lire le Coran avant de dénigrer l’islam. Dans le Coran, il est dit que celui qui commet un crime c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. La dureté de la décolonisation, surtout en Algérie, avait créé un climat de frustration qui perdure parfois. Il y a encore une espèce


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de rancune, de malentendu. Lakoom-info : Que pensez-vous des Français qui vont faire « le djihad » ? Dalil Boubakeur : L’islam est une religion de tolérance, de fraternité, de justice et de vérité. L’islam apporte des valeurs. Le discours de justice fait de l’effet à ceux qui sont victimes de l’injustice. La laïcité permet de vivre ensemble. Aller faire le djihad ailleurs aujourd’hui est une erreur. Pour exemple, moi-même, je suis éduqué dans un monde européen dans lequel je nage comme un poisson dans l’eau, tout en étant attaché à ma religion, à ma culture. Internet et les réseaux sociaux embrigadent ces jeunes qui sont séduits par le discours intégriste. Il faut que ces jeunes s’intéressent surtout aux valeurs humanistes contenues dans l’islam. Lakoom-info : Quel commentaire faites-vous à propos de « l’Etat islamique » ? Dalil Boubakeur : Nous sommes au début d’une guerre idéologique, culturelle, religieuse. Nous ne savons pas comment les pays occidentaux vont réagir. Les Américains luttent contre l’EI, la Ligue arabe aussi a pris position contre l’EI. Je veux signaler que les exactions de l’EI ne servent pas l’islam. Notre religion n’est pas contre les autres croyances. Pour rappel, le prophète de l’islam avait reçu, en 628, les évêques chrétiens du Yémen avec lesquels il avait organisé une ordalie. On ne peut pas être plus musulman que le prophète. Nous avons besoin aujourd’hui de réformer l’islam, nous sommes la communauté du juste milieu. L’islam est un énorme trésor, c’est la religion de la tolérance et du respect des valeurs humaines. Il faut encourager la réflexion, la compréhension du monde, la science, le savoir, la culture. Il faut lire le Coran avec des yeux ouverts. Dans le Coran, il y a la paix ? Craignons l’avenir, aimons nos frères. Dieu a voulu la diversité. Lakoom-info : Est-ce que vous pouvez nous dire quelques mots sur l’histoire de la Grande mosquée de Paris ? Dalil Boubakeur : Le miracle a été voulu, en sympathie, entre deux peuples, deux religions. Dieu a permis que la magnifique mosquée de Paris existe dans une grande capitale européenne. Ce lieu du culte et du savoir vit grâce

aux musulmans. En 1942, la mosquée de Paris avait accueilli tous les persécutés. Ainsi, les imams de la mosquée avaient donné des papiers musulmans aux juifs. Mais, jusqu’à présent, aucun musulman n’a été cité parmi la liste des Justes. La mosquée de Paris a reçu de nombreuses personnalités depuis toutes ces années. L’actuel chef de gouvernement, Manuel Valls, le président Hollande, les présidents Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac, entre autres, sont tous passés par la mosquée. Lakoom-info : Votre père, Si Hamza Boubakeur, a été également recteur de la grande mosquée de Paris de 1957 à 1982, quel souvenir gardez-vous de lui ? Dalil Boubakeur : Mon père est un Algérien, né au Sahara, dans le sud oranais, qui se réclame de la lignée d’Abou Bakr Essidik, le premier calife de l’islam. Il a lutté contre le colonialisme français. Cependant, il a eu l’opportunité de se former à la culture française. Après bien des vicissitudes, il a été nommé à la mosquée de Paris. Mon père a traduit le Coran en langue française. Durant de longues années, il a passé une vie active et spirituelle à la tête de la grande mosquée de Paris.

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La Grande Mosquée de Paris est une mosquée française de style mauresque avec un minaret de 33 mètres. Elle est située 6, rue GeorgesDesplas dans le quartier du Jardin-desPlantes du 5e arrondissement de Paris. La mosquée, inaugurée le 15 juillet 1926, a été fondée par Si Kaddour Benghabrit. Elle a une place symbolique importante pour la visibilité de l’islam et des musulmans.


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L’appel de Paris des musulmans

Un soutien clair aux chr étiens d’Orient chrétiens

Paris Nabil Abbas

Des responsables musulmans ont signé l’appel de Paris pour soutenir les chrétiens d’Orient, « frères en Dieu ». Ce texte se veut également une façon d’empêcher des jeunes de tomber dans le djihadisme.

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Dieu». Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, chargé des cultes, a salué cette initiative, qui «constitue un démenti apporté à ceux qui s’efforcent d’établir des amalgames entre le terrorisme et la religion musulmane, au risque de dresser les Français les uns contre les autres». Cette «déclaration solennelle» s’accompagne d’un «plan d’actions», selon le président de la Chredo, Patrick Karam. Ainsi, les «mosquées de France et d’Europe» seront appelées à dire des prières lors des prêches de vendredi prochain en solidarité aux chrétiens d’Orient. Ensuite une «conférence internationale» sur ce sujet se tiendra à Paris, probablement le samedi 6 décembre, avec autour de la table des religieux, laïcs, diplomates et res-

e texte, signé à la Grande Mosquée de Paris, est porté par la coordination Chrétiens d’Orient en danger (Chredo), le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, et ses vice-présidents Anouar Kbibech et Ahmed Ogras. «Les signataires tiennent à réaffirmer leur soutien aux frères chrétiens d’Orient, pour la plupart arabes, ainsi que pour toutes les autres minorités de la région qui sont victimes actuellement d’une grave campagne destructrice menée par ces groupes terroristes menaçant leur existence même», souligne cet «appel de Paris». Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a évoqué devant la presse un «acte symbolique, fraternel, de solidarité et d’humanité» envers les chrétiens d’Orient, ces «frères en

ponsables gouvernementaux. On raconte que plus de 900 personnes françaises ou résidant en France projetteraient de partir en Syrie et en Irak pour combattre dans les rangs djihadistes, y sont déjà, sont en transit ou en sont revenues. «Nous appelons les musulmans de France et les plus jeunes d’entre eux à ne pas se tromper de combat. Leur véritable djihad n’est pas en Syrie ou en Irak, il est en France: c’est le combat de l’intégration, de la réussite sociale, du vivreensemble», a affirmé Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF). Mais, comme le rapporte le magazine le Point, les responsables musulmans de France ne sont toutefois pas parvenus à parler d’une seule voix sur le sujet des chrétiens d’Orient.

Tout en condamnant fermement les «crimes» des djihadistes de l’État islamique (EI), l’Union des mosquées de France (UMF) de Mohammed Moussaoui, ancien président du CFCM, ne s’est pas jointe à «l’appel de Paris», pas plus que l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), réputée proche des Frères musulmans. Quant au recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, souvent critique envers le CFCM, il a, dans un communiqué, enjoint à ses responsables d’aller plus loin en prenant «rapidement l’initiative d’un rassemblement national pour dénoncer toutes les forces obscures qui exploitent l’islam». C’est dire que les musulmans de France ne sont pas près de parler réellement d’une seule voix.

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Chronique

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La preuve par Google: Que faire des Arabes»?

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Kamel Daoud

ue faire des «Arabes» ? Meursault en tue un. Daech en tue beaucoup. Sous le même soleil et avec la même gratuité. Les guerres aussi, la décolonisation, le terrorisme, les dictatures. Mais cela ne résout pas la question : Comment tuer ce qui n’existe plus ? Lu sur Courier international, un article fascinant : Les difficultés qu’a Google, le futur cerveau du monde, à perfectionner la traduction automatique de l’arabe. Comment faire ? On s’imagine la traduction du Coran par Google automatique : Une hérésie. Cela va coûter encore des vies, des attentats, des marches dans le monde et des gens piétinés ou lynchés au Pakistan, des drapeaux brûlés, des otages. Impasse pour le géant du monde : Il s’en sort en verrouillant. « Seuls quelques versets coraniques sont traduits à la lettre, puisque, considérés comme sacrés, ils ont été préenregistrés afin d’éviter toute erreur. » rapporte le journaliste. Et le reste de cette langue qui a un mot pour chaque grain de sable dans le Sahara ? Dix mille difficultés : D’abord les internautes « arabes ». Ils sont peu coopératifs et n’aident pas à la traductibilité de cette langue par des aides, participations, assistance et propositions. Paresse, tribus, nationalismes primaires, querelles. Les traductions sont même sabotées par les ajouts locaux, les barbarismes, les disputes entres nationalités «arabes» dont chaque internaute veut faire la promotion de sa langue nationale et pas de l’idiome théorique. Toutes les guerres arabo-arabes se retrouvent sur le champ de cette langue : Les monothéismes ayant ce vice de vous unir autour d’un Dieu et de vous séparer sur tout le reste. Donc, sur le champ de leur langue idéalisée, les «Arabes» ne s’entendent pas, se battent, se déchirent, se fourvoient ou se trahissent les uns les autres. A lire : «De plus, il ne s’agit pas de textes dûment établis – études, rapports officiels, textes journalistiques – mais d’une foule de textes disparates, écrits en divers dialectes sur d’innombrables forums et blogs bourrés de fautes, de tournures bancales et de barbarismes. Ce qui ne facilite pas la tâche des linguistes, qui ne peuvent pas s’en servir pour améliorer les performances de la traduction électronique comme ils le font pour les autres langues. Le second facteur se situe au niveau des utilisateurs. En effet, Google permet aux utilisateurs de noter les traductions, de signaler des contresens ou de proposer des améliorations. Or, rares sont ceux qui le font. Pire, beaucoup «sabotent» en s’amusant à suggérer des traductions fantaisistes ». En clair : Beaucoup de mauvaise foi. Ensuite ? Selon l’article signé Mahmoud El-Hajj, Beyrouth, il y aussi une autre raison : «Le faible volume de textes arabes sur Internet, avec seulement 3% du contenu total de la Toile au niveau mondial, toutes langues confondues». Sinistre constat : On ne produit pas, peu, si peu. Mais on trouve à commenter sur le monde, le refuser, lui reprocher nos reflets et nos ombres mais on n’y participe pas, même pas par une allumette destinée à éclairer une parcelle du monde. La dernière raison de cette « intraduisibilité» selon Google est la guerre avec Israël. « Il y a trois ans, le service de Google s’était transformé en champ de bataille entre internautes israéliens et arabes, les uns et les autres se dénigrant mutuellement. On suppose que ce sont des internautes israéliens qui ont essayé, fin 2010, de faire en sorte que la phrase «Israël will die» [Israël mourra] devienne en arabe «Israël ne mourra pas». De même, la phrase arabe «L’islam n’est pas une religion terroriste» a donné le contraire en anglais : «Islam is the religion of terror» [l’islam est la religion de la terreur]. En face, les internautes arabes se sont mobilisés pour rétablir la bonne traduction pour ce genre de phrases, tout en multipliant les occurrences de formules telles que «le judaïsme est une religion terroriste» ou «Israël en enfer». Depuis, Google a corrigé ces aberrations, sans parti pris politique ni religieux. Il n’empêche qu’un nombre non négligeable d’internautes arabes considèrent l’entreprise Google comme pro-israélienne, puisque ses fondateurs américains sont juifs. Ils ont donc développé des théories du complot à ce sujet et créé des pages Facebook pour appeler au boycott, pages qui, au demeurant, n’ont pas trouvé leur public ». Chute profonde sur un exercice du siècle : Les « Arabes » ne créent pas un produit mais sont les premiers à appeler à le boycotter. Passons. Pourquoi cet article ? Parce qu’il a un effet d’illustration d’une étrange carte mentale sur notre siècle : On se querelle, on refuse nos langues et nos histoires propres en dehors de l’idéologie encore dominante de l’empire arabe d’autrefois, on se débat dans les aliénations anciennes et identitaires, on accuse Israël de nos propres faiblesses et défaites, on ne produit pas, on ne participe pas au bonheur de l’humanité. Cette langue, son sort, son «intraduisibilité», son impuissance sur le monde et sa puissance sur ses colonisés est le reflet de notre situation dans le monde. Nous ne savons pas que faire du monde et le monde ne sait pas quoi faire de nous. Cette nationalité fantasmée est un poids mort pour le monde, pour ceux qui la subissent, ceux qui s’en revendiquent, ceux qui la défendent et ceux qui la sacralisent plus que la vie vivante et ceux qui essayent d’y retrouver le corps d’un empire décédé mais sans sépulture.

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Ils sont plus de 1,5 million d’étudiants dans les différentes universités qui poussent comme des champignons à travers toutes les wilayas du pays. C’est vrai qu’un grand chemin a été parcouru mais, à présent, les professeurs et les étudiants exigent des formations de qualité. L’université était pratiquement inconnue pour l’écrasante majorité des Algériens lors de la période coloniale. Seuls quelques privilégiés, issus des milieux aisés, y avaient accès. Il faut dire qu’à l’époque l’enseignement primaire n’était pas obligatoire pour les Algériens considérés comme des indigènes.

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Algérie

L’université algérienne à l’orée du 3e millénaire

Des formations axées sur la théorique Alger Djafar Amrane

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ls n’étaient que 2275 étudiants en graduation en 1962 dont beaucoup de pieds-noirs. Et dire que, durant la révolution, les autorités coloniales avaient fait de gros efforts pour encourager l’éducation des autochtones. En plus des étudiants issus de familles riches, les premiers universitaires étaient les enfants des premiers instituteurs. Les autorités coloniales avaient ouvert l’université d’Alger en 1900. Les Algériens pouvaient faire des études de droit, histoire, géographie, pharmacie, médecine, sciences exactes et économie. Il y avait aussi l’Ecole supérieure de commerce qui dépendait de la Chambre éponyme. Les étudiants algériens avaient droit à des études qui débouchaient sur des diplômes pour des emplois dans l’enseignement ou dans le secteur privé (avocats, médecins ou pharmaciens). La Fac d’Alger ne formait pas dans les sciences politiques, l’ingénierie et l’architecture, spécialités considérées comme chasse gardée

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des Français qui devaient pour cela aller en Métropole après deux années passées au grand lycée Bugeaud, aujourd’hui Emir Abdelkader. A l’indépendance, les cadres de haut niveau étaient si rares que les autorités de l’époque avaient décidé d’instaurer une bourse pour tous les étudiants. Cette bourse était de 320 dinars par mois, soit plus que le double du salaire national minimum garanti (SNMG). C’était la solution trouvée pour retenir les étudiants en cette période de disette. Il fallait se priver de tout mais encourager le savoir coûte-que-coûte. C’était l’attitude des hommes politiques de la période post-indépendance. Cette période était difficile et le pays manquait de tout. Pour décoloniser le système scolaire, l’Algérie avait opté pour le programme d’enseignement de l’UNESCO pour les cycles primaire et secondaire. L’université recevait des bacheliers très bien formés et de nouvelles filières sont ouvertes : chirurgie dentaire, interprétariat, psychologie, écoles d’ingénieurs, institut d’architecture etc.


Algérie

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La réforme de 1976

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e taux d’alphabétisme dépassait les 85% en 1962. En 1976, le pouvoir d’alors avait décidé d’abandonner le programme de l’Unesco pour applique le système dit « Ecole fondamentale ». Les élèves sont scolarisés jusqu’à l’âge de 17 ans. Pour encourager l’émergence d’une génération de technocrates de haut niveau, les concepteurs du projet ont misé en premier sur des programmes d’enseignement axés sur la technologie. Dans le sillage de l’Education nationale, la réforme a aussi touché l’Enseignement supérieur. L’accès à l’université est devenu plus facile et les durées de formation revues à la baisse. Les études médicales sont ramenées de 7 à 6 ans et le futur médecin n’est plus tenu de faire une thèse de fin de cycle : 4 rapports de stage sont désormais suffisants. Les espoirs nourris par ses deux réformes ont vite fait de tourner au cauchemar. L’école fondamentale a démontré ses limites, aussi les armées de bacheliers qui entrent désormais à l’université arrivent avec des lacunes multiples et cela se répercute sur le travail des professeurs d’université. Ces derniers étaient habitués à transmettre le savoir acquis à leurs étudiants sans se soucier, le moindre du monde, des obstacles de langues. L’université étant en ces tempslà réservée à l’élite. Depuis, les nombreuses réformes ont eu pour conséquence une baisse de niveau. Les professeurs sont confrontés à un phénomène nouveau : les étudiants ne maîtrisent plus le français. Cette situation peut paraître anodine, mais c’est un véritable calvaire pour les étudiants à qui on demande, du jour au lendemain, d’étudier dans une langue combattue par les responsables de l’Education nationale qui la considèrent encore comme la dernière présence coloniale. « Non, ce n’est pas le nationalisme qui a mu ceux qui ont combattu la langue française. Durant les années 80 du siècle dernier, des syndicalistes avaient opté pour ce combat pour exclure des postes de responsabilité les enseignants formés par les écoles normales à l’époque coloniale. Ils ont pris les postes de responsabilité, c’est vrai, mais avec quels résultats », se plaint un ex directeur de collège. Ce dernier revient à la

charge pour rappeler que, dans tous les pays arabes, les matières scientifiques et même les sciences sociales sont enseignées en anglais dès l’école primaire. En Algérie, des médecins, des architectes, des ingénieurs quittent l’université avec des diplômes sans pour autant maîtriser leurs sujets.

Des armées d’étudiants et une formation surtout théorique

L

’université n’est plus réservée à une élite comme ce fut le cas auparavant. Aujourd’hui, tous les jeunes Algériens peuvent y accéder, il leur suffit pour cela d’être studieux. C’est vrai que les pouvoirs publics ont fait de grands efforts pour démocratiser l’enseignement supérieur : des universités ou des centres universitaires sont construits pratiquement dans toutes les wilayas. Les autorités du pays semblent satisfaites par les grandes réalisations dans le secteur. D’ailleurs, chaque année, de nouvelles structures sont réceptionnées. Mais estce suffisant ? Si, pour les formations dites littéraires, une formation théorique et une documentation de qualité peuvent être suffisantes, ce n’est plus le cas pour les études scientifiques et techniques. Même les étudiants en licence de littérature, économie, droit, sciences sociales etc. trouvent des difficultés pour dénicher la documentation nécessaire. Certes certains livres sont disponibles dans les bibliothèques universitaires, mais la

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demande est telle que seuls quelques privilégiés y ont droit. « Nous avons plusieurs exemplaires de livres importants pour chaque discipline, mais cela reste insuffisant. Il y a aussi le problème de la langue car les ouvrages de référence sont en français ou en anglais, les deux langues que ne maîtrisent pas nos étudiants », dit un assistant de recherche à l’université d’Alger. Les futurs praticiens en sciences médicales sont les premiers à se plaindre de cette situation. « Les amphithéâtres sont exigus et ne peuvent suffire au nombre important d’étudiants. Les derniers arrivés doivent rester debout pour suivre les cours magistraux », dit une étudiante en médecine. Pour avoir la chance de trouver une place assise dans l’amphithéâtre, cette étudiante doit arriver deux heures avant le début du cours. « Comme nous étions nombreux, nos cours d’anatomie ont été semi-théoriques. Nous voyions des os et des organes humains conservés au musée d’anatomie à la fac centrale. Nous pouvons nous estimer heureux car dans les autres universités du pays, il n’y a pas de structures équivalentes puisque les étudiants se contentent des planches. Un médecin qui ne fait pas de dissection lors de sa formation continuera toute sa vie à imaginer où se trouvent les oragnes », dit un chirurgien qui exerce dans un grand CHU. Il reconnaît que sa vraie formation il l’a faite sur le terrain, une fois son diplôme décroché.


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Les étudiants en pharmacie se plaignent eux-aussi de la surcharge des amphithéâtres. Le nombre important des étudiants oblige les professeurs à adapter leurs cours. « Je ne peux former de manière académique plus de 20 étudiants en laboratoire. Les futurs pharmaciens doivent suivre des travaux pratiques. Comme le nombre de microscopes est insuffisant,

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nous mettons 4 étudiants par appareil, alors qu’il en faut un pour chacun », dit un professeur en pharmacie. Ce dernier se demande pourquoi les responsables du secteur ont érigé une nouvelle faculté de médecine à Châteauneuf à Ben Aknoun. « Comme la majorité des centres hospitalouniversitaires sont à Alger, il aurait été plus judicieux de dédier la faculté centrale dans

Des professeurs montent au créneau

Pour quoi doit -on for mer de futur ourquoi doit-on former futurss chômeur chômeurss

D

es Professeurs d’université ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Ils estiment que le système actuel forme de nouveaux chômeurs.« Nous préconisons qu’il y ait un numérus clausus pour les filières d’excellence. Tout le monde ne pourra pas être médecin. Alors au lieu de former au rabais de futurs chômeurs, nous proposons de limiter le nombre des étudiants en médecine, pour leur permettre une formation de qualité et des postes de travail assurés à la fin de leur cursus », souhaite un professeur en médecine. Ce dernier regrette de voir d’anciens étudiants exerçant comme visiteurs médicaux pour des laboratoires pharmaceutiques. « Le métier du médecin c’est de soigner et de soulager les patients. Je vois d’un mauvais œil le fait qu’un médecin travaille pour un laboratoire pharmaceutique comme délégué médical, c’est rétrogradant. Ce métier doit revenir à d’autres mais jamais à des médecins titulaires d’un doctorat en médecine », s’emporte notre interlocuteur. Il propose d’évaluer les besoins réels en médecins et de ne former que ce nombre. « Quand on oriente les étudiants vers d’autres filières nous leur rendons services, car pour le moment plus de 60% des médecins généralistes sont en chômage. Il manque juste le courage à nos décideurs », ajoute t’il. Un autre professeur toujours en médecine exhorte les responsables du département de l’enseignement supérieur à créer de nouvelles filières comme la physique médicale. « Les physiciens sont indispensables dans les centres anticancéreux pourtant cette formation n’est pas enseignée dans nos université », dit un radiothérapeute. Ils sont nombreux à reprocher aux pouvoirs publics d’avoir opter pour la démocratisation de l’enseignement supérieur au lieu de choisir la démocratisation du savoir. « Aujourd’hui tous les étudiants se battent pour avoir un diplôme. On peut me dire ce qu’ils veulent, c’est moi qui enseigne à l’université et je suis en mesure d’évaluer le niveau de mes étudiants. Je peux vous assurer que moins de 10% a sa place à l’université. L’administration nous pousse pourtant à aider les étudiants en leur donnant des nôtres pour passer chaque année. Si nous nous bornons aux notes réelles, chaque année plus de 70% des étudiants doivent refaire leur année. Mais comment faire avec les étudiants qui arrivent derrière », se plaint un professeur en économie. Lui aussi veut que l’université soit réservée à ceux qui maitrisent le savoir fondamental acquis lors de sa scolarité aprés bac. D. A.

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Algérie toute sa globalité aux études médicales. Peut-on transporter le musée d’anatomie vers la nouvelle faculté ? ». Les étudiants en chirurgie dentaire ont observé plusieurs grèves pour réclamer des conditions pédagogiques indispensables pour leur discipline. « Nous sommes formés comme arracheurs de dents et non comme chirurgiens-dentistes. Nous faisons quelques extractions et des cours théoriques. Au bout de 6 année d’études, nous sommes diplômés sans pour autant maîtriser l’art dentaire », dit un étudiant en 5e année. Un maître-assistant estime lui que la démocratie de la formation universitaire n’est pas une réalité : « Le meilleur des étudiants fait une dizaine d’extractions lors de sa formation. On ne le forme pas à la prothèse et encore moins aux nouvelles techniques comme l’implantologie. Les mieux lotis vont compléter leur formation à l’étranger quand ils ont des parents riches. Les autres vont rester sous-formés et se spécialiseront dans l’extraction de dents ». Les futurs ingénieurs se considèrent comme les laissés-pour-compte. Ils reconnaissent qu’aujourd’hui ils n’ont pas à faire des centaines de kilomètres pour étudier, mais ils estiment que leur formation est faite au rabais. « On nous bourre la tête de théorie, mais jamais de pratique », affirme un futur ingénieur en mécanique. « Un pays se développe grâce à ses ingénieurs et ses architectes. En Algérie, ils sont mal formés et nous faisons appel à des bureaux d’études et à des entreprises étrangers quand il s’agit de réaliser les grands projets. Lors des appels d’offres, les responsables algériens omettent d’obliger les entreprises étrangères à former nos ingénieurs et nos architectes. Elles viennent engranger des bénéfices astronomiques et repartent », se plaint un professeur en architecture qui se réjouit de pouvoir bientôt partir à la retraite. Personne ne trouve à redire lorsqu’il s’agit de l’ouverture de nouvelles universités, à travers le territoire national, mais tout le monde regrette que la formation ne soit pas à la hauteur. Etudiants comme enseignants osent croire encore que le ministère de l’Enseignement supérieur daigne un jour opter pour la qualité et non pour la quantité comme c’est D. A. le cas aujourd’hui.


Algérie

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Mohamed Mebarki, ministre de l’enseignement supérieur

1,2 million étudiants en Algérie

Par Djafar Amrane

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près la réception du centre univer sitaire d’Illizi, nous pouvons dé sormais dire que chaque wilaya a son propre pôle universitaire », affirme le ministre. Il annonce aussi que pour la prochaine rentrée universitaire, quelques 1.2 millions d’étudiants en graduations rejoindront les bancs des différentes facultés, Instituts et autres Grandes Ecoles. Le premier responsable du département de l’enseignement supérieur tient à rappeler que les capacités réelles s’élèvent à plus de 1.5 millions de places pédagogiques. Il révèle aussi que 71 000 étudiants sont postgraduation et 55 000 autres dans l’université de formation continue. Il annonce la réception de 60 000 nouveaux lits d’hébergement dans les cités universitaires. Ils viennent renforcer un parc déjà existant de 660 000 lits. Pour l’encadrement des étudiants, le ministère compte sur les 51 000 enseignants dont 15 500 qui ont le grade de doctorat. 20% seulement des titulaires de doctorat sont autorisés à encadrer des thèses et des travaux de recherches. « Nous avons un taux d’encadrement appréciable : un enseignant pour 22 étudiants », dit le ministre. Il aborde ensuite les problèmes liés à l’hébergement des étudiants qui habitent loin des universités. « La vie dans les cités universitaires est entrain de s’améliorer et participe à également à l’amélioration de la qualité de l’enseignement que nous dispensons », dit il. Il annonce dans la foulée l’ouverture de trois nouvelles facultés de médecine au sud : Ouargla, Laghouat et Bechar. Quant à la campagne des inscriptions des nouveaux bacheliers, le Ministre se montre plus que satisfait : « on a eu la main heureuse cette année. On a amélioré nos résultats en termes de satisfaction des vœux exprimés. Les établissements ont fait des efforts considérables ». Il estime que quand un étudiant est orienté vers l’un de ses trois choix, cela prouve que le ministère a bien préparé la campagne des inscriptions. Il rappelle à cet effet que seuls

«

Lors de son passage au forum du quotidien Liberté, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Mohamed Mebarki a mis l’accent sur les réalisations d’infrastructures pédagogiques, d’hébergement ou de loisirs dont a bénéficie son département.

7000 nouveaux bacheliers ne sont pas satisfaits de leurs orientations. « Il ne faut pas oublier que cette année 125 000 bacheliers nouveaux ont fait leurs inscriptions à l’université. Puisqu’il y a des critères d’inscription, il y aura surement des injustices », explique t il. « Pour l’avoir pratiqué et vu évolué dans le sens de l’affinement, je peux vous dire que notre système d’orientation est le plus juste », affirme le ministre qui a travaillé de longue année comme recteur d’université. Le Ministre a tenu à rappeler que sans la mise au point du système d’orientation, tous les étudiants des filières sciences par exemple iront vers les filières biomédicales. « Sur les 102 000 bacheliers de la filière scientifique, 100 000 au moins auraient aimé faire médecine », affirme t’il. Or pour faire médecine cette année, il faut 15,09/20 à la moyenne du bac. L’architecture vient en 2e place après la médecine.les classes préparatoires aux grandes écoles comment à séduire de plus en plus de bacheliers ayant la mention bien

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ou très bien. Les filières dites protégées et à inscription nationale, il s’agit de spécialités en relation avec le pétrole par exemple. Pour les formations dites élitistes, les moyennes exigées très fortes. L’institut national de l’informatique d’Oued Semmar recrute des bacheliers ayant plus de 16/20 de moyenne générale au bac. Les différents instituts formant dans les spécialités des hydrocarbures le bachelier doit avoir une moyenne de plus de 17/20. Interrogé sur la peu reluisante place qu’occupe l’Algérie au classement mondiale des université, le Ministre à tenu à relativiser : « la première remarque que j’émettrai, c’est que ces classements sont faits par des organismes qui privilégient trop souvent des critères dirigés qui ne prennent pas en compte le niveau de développement de certains pays , somme toute, assez jeunes ». Quant à l’ouverture des universités privées, le Ministre rappelle que son département n’a reçu aucune demande jusqu’à présent.


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Réunion gouvernement-UGTA-patronat

La trip ar tit e décide d'accélér er la mise tripar artit tite d'accélérer en oeuvr e du p act e de cr oissance, oeuvre pact acte croissance, salue l'abr ogation de l'ar ticle 87 bis l'abrogation l'article La 17ème réunion tripartite, gouvernement-UGTA-patronat, tenue jeudi 18 septembre, a décidé à la fin de ses travaux d'accélérer la mise en oeuvre des engagements du pacte national économique et social de croissance et salué le retour du crédit à la consommation et l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail.

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l a été ainsi convenu d'accélérer la cadence de mise en oeuvre des engage ments du pacte national économique et social de croissance, signé lors de la 16ème tripartite de février dernier et d'assurer le suivi de l'application des engagements à travers le comité tripartite mis en place. Gouvernement, Centrale syndicale et organisations patronales se sont aussi engagés à "tout mettre en oeuvre pour atteindre un taux de croissance économique de 7% en 2019 conformément aux objectifs et projections établis par le Gouvernement, selon le communiqué commun sanctionnant les travaux de cette réunion qui s'est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal et des membres du gouvernement. La tripartite s'est aussi engagée à accorder un intérêt particulier à la formation et la qualité des ressources humaines par l'encouragement et la promotion de la formation, de l'encadrement et de la main d'oeuvre qualifiée pour la réalisation des objectifs économiques tracés. Le gouvernement et ses partenaires se sont félicités de la signature, mardi der-

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nier, de l'accord cadre pour le développement des qualifications professionnelles et le renforcement des compétences des travailleurs. Cet accord a été signé par 15 ministères, l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens) et six (06) organisations patronales. La rencontre a aussi souligné la nécessité d'améliorer le climat des affaires par une simplification des procédures pour la création d'entreprises à travers notamment la disponibilité du foncier ainsi que l'accès au crédit et aux services publics de qualité. L'importance de la modernisation de l'administration économique et la lutte contre les lenteurs et comportements bureaucratiques et la décentralisation de la décision pour garantir un meilleur service public ont été également mis en exergue.

Sellal: "soutenir les classes défavorisées" Il a été aussi question de promouvoir et de protéger l'économie nationale par l'élaboration de normes techniques de qualité et de règles de défenses commerciales.

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S'agissant du rétablissement du crédit à la consommation, la tripartite s'est félicitée de cette mesure et a appelé à la mise en oeuvre du dispositif réglementaire régissant le crédit à la consommation pour le début de l'année 2015. Concernant l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail, les participants à la tripartite ont salué cette décision prise par le président de la République qui permet, selon eux, "une sensible amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs, notamment des basses catégories professionnelles". Ils ont convenu à cet effet de mettre en place le dispositif de mise en oeuvre pour une application dès le 1er janvier 2015. Dans ce contexte, le ministre des Finances, Mohamed Djellab, a précisé que le nouvel article 87 bis du code du travail sera défini "à l'issue d'un débat impliquant tous les partenaires". "La tripartite a acté la suppression de l'article 87 bis du code du travail et la définition d'un nouvel article (...) se fera par la voie de la réglementation à l'issue d'un débat avec les partenaires", a-t-il déclaré à des journaliste. Par ailleurs, M. Sellal, a indiqué à l'ouverture des travaux que la répartition des richesses "doit être équitable", affirmant que la politique des subventions des produits de large consommation sera maintenue par l'Etat pour "soutenir les classes défavorisées". "La répartition des richesses doit être équitable : c'est le serment du président de la République quand il s'est présenté à l'élection présidentielle et aussi celui des martyrs", a-t-il insisté. Le Premier ministre a, à ce titre, relevé que 30% du PIB de l'Algérie, soit environ 60 milliards de dollars sont orientés annuellement aux transferts sociaux.


Maroc

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Immobilier

Ces Algériens qui achèt ent à Marrak ech achètent Marrakech

Envoyé spécial Chahredinne Berriah

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otre interlocuteur, qui a accepté de nous en parler avec réserve, comme s’il s’agissait d’un tabou, estime que «les acquéreurs sont en majorité des binationaux; des Franco-algériens. Attirés par tous les avantages offerts, notamment les prix, le standing et la sécurité, ces nouveaux résidents temporaires optent pour le Maroc, plutôt que pour Alicante, Torre Molinos, en terre ibérique, ou le Portugal. «Au Maroc, ils se sentent chez eux eu égard à plusieurs facteurs dont la langue, les traditions, la proximité et le bienvivre, entre autres…» explique-t-il. Pour Aya, gérante d’une agence immobilière à Marrakech «Les Algériens investissent de plus en plus dans notre ville. Pour peu qu’ils payent par le biais de la banque, ils ont toutes les facilités pour s’y installer. Nous comptons un grand nombre de vos concitoyens qui ont jeté leur dévolu sur Marrakech» Pour la plupart des ces Algériens, «ils ont pris la décision d’acheter un appartement ou un Riyad, à la fin des vacances passées dans cette cité «haute en couleurs». Houari Z. gérant d’une entreprise de bâtiment, habitant en région parisienne, avoue «être tombé sous le charme de Marrakech le premier jour où j’y ai posé le pied pour un simple séjour de farniente. Mes enfants ont aimé aussi. Je n’ai pas hésité, alors, à aller dans une agence immobilière» Selon Houari, les procédures d’achat n’ont pas duré le temps d’un café. «J’ai acheté sur plan et ce qui m’a encore subjugué, c’est le respect du délai de livraison de ma maison». Les prix, selon Aya, varient «tout dépend du standing de l’appartement; mais cela va de 60 000 à 120 000 euros et c’est notarié, bien entendu» Nous avons essayé de mettre un grain de sel dans l’optimisme de notre interlocutrice, en évoquant une loi marocaine qui interdit aux Algériens de revendre leurs biens. «C’est archifaux, il n’y a pas de discrimination entre Algériens, Marocains, Français ou autres… Vos compatriotes, s’ils

Le nombre de ressortissants algériens ayant acquis des résidences secondaires dans la ville ocre est moins important que celui de ceux qui ont acheté des appartements en Espagne «mais, ce n’est pas négligeant» affirme un promoteur immobilier marocain qui a pignon sur rue au Royaume.

veulent «se débarrasser» de leurs acquisitions, ils ont tout le loisir de le faire sans crainte. Ils sont protégés par la réglementation marocaine» M. Yamani, entrepreneur immobilier, nous rassure à son tour : «J’ai vendu deux appartements de luxe à un ex ministre algérien. Vous imaginez qu’une personnalité de ce statut ne peut s’aventurer dans des achats si elle ne savait pas qu’elle était protégée par des textes de loi. Qui jetterait son argent sans s’en renseigner ?»

Abdellah, Algérien résidant en France, se dit nullement stressé par cette rumeur. «J’ai l’acte et le contrat dûment signés par un notaire et les autorités compétentes. De toutes les façons, ici à Marrakech, je me sens bien et avec la somme que m’a coûté mon bel appartement, je ne pourrais pas acheter une cuisine en Algérie…» Ainsi donc, après les retraités français, les Algériens se font de plus en plus présents, comme résidents, dans cette ville du sud du Maroc…

Renault songe à arrêter un de ses véhicules Dacia, ceux de Tanger sont sur la sellette

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e constructeur français a lancé une analyse stratégique sur ses modèles familiaux low-cost dans le monde et pourrait arrêter la fabrication de certains d'entre-eux, selon Les Echos. Assemblés exclusivement au Maroc, le monospace Lodgy ainsi qu'une des versions du Dokker font partie des trois véhicules passés en revue. Trop de véhicules low-cost chez Renault ? C’est ce qu’a indiqué au quotidien Les Echos Arnaud Deboeuf, responsable de la gamme Entry de Renault cité dans un article paru le lundi 15 septembre. En cause ? Les véhicules familiaux qui se vendent peu ou mal, à savoir le break Dacia MCV, le monospace familial Lodgy et enfin la version grand public ("Combispace") de l’utilitaire Dokker. De quoi susciter des interrogations au Maroc. En effet, deux de ces trois véhicules sont fabriqués au niveau mondial exclusivement dans l’usine de Tanger ouverte début 2011, à savoir le Dokker et Lodgy. A noter que concernant le Dokker, seule la version grand public serait donc concernée.

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Taxe de séjour de 30 Dinars tunisiens (13•), pour des vacances en Tunisie

Des algériens mécontents

La Tunisie a désormais imposé une taxe de séjour pour tous les touristes se rendant en Tunisie à compter du premier octobre prochain. Le Gouvernement tunisien annonce « la mise en place de 30 dinars tunisiens pour tout touriste qui se rendra en Tunisie à partir du 1er octobre 2014 et qu’il devra payer en quittant le pays».

Paris Mohamed Djadi

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es Algériens seront-ils assez nombreux à s’y rendre encore? C’est la question que nous avons posée à certains d’entre eux de retour de Tunisie. «Moi, personnellement, je ne pense pas retourner en Tunisie l’été prochain, car déjà pour cette année les prix de location ont augmenté et en plus trop de bruit au sein de la ville de Nabeul où j’ai passé mes vacances. C’est ma dixième année de suite que nous passons des vacances à Nabeul mais, avec cette taxe, je trouve que c’est un peu trop exigé. 30 dinars par personne plus 3 dinars pour la voiture c’est trop pour moi. Je dois payer presque 11.000 dinars algériens en taxe pour ma famille composée de cinq personnes plus la taxe du véhicule !», nous dira un père de famille mécontent de cette nouvelle taxe. C’est vrai que c’est exagéré. Pour une famille composée de quatre personnes, il faudra désormais «

Tunisie

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payer 120 dinars en monnaie locale soit 52 euros. «Cette taxe est payée par timbre fiscal, disponible dans tous les points de vente de recettes des Finances, des ports et aéroports, dans les postes frontaliers de transit terrestre, opposé sur le passeport ou sur tout document arrêté par le ministère chargé des Finances, oblitéré par les services de la police à la sortie du voyageur du territoire tunisien», selon une source policière tunisienne. Pour rappel, le gouvernement tunisien envisageait de mettre en application cette taxe de 13• par personne à compter du 28 août dernier mais le souhait de la ministre du Tourisme de proposer l’application de cette mesure à compter du mois d’octobre prochain et surtout l’intervention de la fédération des agents de voyage tunisiens (FAVT), qui avait appris avec grande surprise cette décision et avait vivement protesté. Elle a considéré que le choix du 28 août 2014, pris dans la précipitation, va créer d’énormes difficultés pour les milliers de

non-résidents actuellement en vacances en Tunisie au moment où ils quitteront le territoire. Dans un communiqué de la FTAV, son président, Mohamed Ali Toumi, avait estimé que «les touristes actuellement en Tunisie n’ont pas été informés de cette taxe lors de leur arrivée, donc sa mise en application immédiate risque d’être mal assimilée, ce qui risque de nuire fortement à l’image du pays et créer de gros problèmes au moment de leur départ de la Tunisie notamment pour ceux qui ne l’avaient pas prévue dans leurs budgets». C’est ainsi et à la faveur de la protestation de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) que la date de la mise en application de cette mesure a été repoussée au 1er octobre 2014. Enfin, reste à savoir si les touristes algériens qui ont fait de la Tunisie, ces dernières années, leur destination préférée, continueront à s’y rendre plus nombreux l’été prochain avec cette nouvelle taxe imposée.

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Tentativ e entative d’ assassinat d’assassinat d’un député

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e ministère tunisien de l’Intérieur a qualifié de tentative d’assassinat l’attaque dans la nuit de lundi à mardi contre le domicile d’un député, l’attribuant à un groupe «terroriste» alors que le pays prépare des élections cru ciales pour sa stabilité. «La maison du député de l’Assemblée nationale constituante (ANC) Mohamed Ali Nasri (...) a fait l’objet d’une tentative d’effraction par un groupe terroriste qui a tenté sans succès d’assassiner» l’élu, a indiqué le ministère dans un court communiqué publié dans la nuit. Les forces tunisiennes ont immédiatement lancé une «opération de ratissage» dans les environs de Kasserine où l’attaque a eu lieu, une région du centre-ouest tunisien près de la frontière algérienne où un groupe armé lié à Al- Qaïda est actif depuis plus d’un an et demi. «Vers 22H, je suis rentré à la maison (...) quelqu’un a frappé très fort et anormalement à la porte. J’ai ouvert et j’ai vu un homme armé cagoulé et derrière lui deux autres hommes», a raconté M. Nasri à la radio Mosaïque FM. «J’ai refermé la porte, et je me suis jeté de la fenêtre du 2e étage pour tomber sur la maison de mes voisins (...) des tirs ont retenti pendant au moins cinq minutes et lorsque ça s’est arrêté j’ai crié et les gens m’ont conduit dans ma voiture à l’hôpital », a encore dit l’élu qui s’est cassé la jambe dans sa chute. L’attaque a eu lieu à Kasserine.


mêm ser, e

Libye Un Egyptien exécuté en public dans un stade de foot

A

mnesty International s’est élevée contre l’exécution publique en Libye d’un Egyptien accusé de meurtre, attribuée à un groupe djihadiste, estimant que cet acte marque la descente du pays dans l’anarchie totale. Dans un communiqué publié, l’organisation de défense des droits de l’Homme a qualifié de «choquante » la vidéo circulant dans les réseaux sociaux de cette exécution perpétrée dans un stade de foot de Derna et attribuée au groupe armé, la Choura de la jeunesse islamique de Derna, apparemment lié à Ansar Asharia, classé «groupe terroriste» par les Etats-Unis. «Ce meurtre illégal confirme les plus grandes craintes des Libyens ordinaires qui, dans certaines parties du pays, se trouvent pris entre les groupes armés impitoyables et un Etat en faillite», a déclaré dans le communiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. La vidéo montre la victime égyptienne, Mohamed Ahmed Mohamed, amené les yeux bandés dans le stade dans un pickup. Des hommes masqués armés de fusils le forcent à se mettre à genoux sur une civière. Il lui est reproché, dans une déclaration lue, d’avoir poignardé à mort un Libyen, Khalid alDirsi, et d’avoir reconnu les faits. Il est précisé que la Choura avait décidé de l’exécuter à moins qu’il ne soit pardonné par la famille de la victime, qui a refusé de le faire.

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

MAGHREB

Lutte antiterroriste

Le P arlement adopt e une loi Parlement adopte Le Parlement libyen a adopté jeudi 18 septembreune loi antiterroriste pour mettre fin aux violences dans un pays livré aux milices qui se disputent le contrôle des régions stratégiques.

L

a loi qualifie d'acte ter roriste "tout usage de la force, de la violence ou de menaces dans le but d'entraîner un trouble grave à l'ordre public ou mettre en péril la sécurité de la société ou ses intérêts". Le texte prévoit la perpétuité pour quiconque forme ou dirige une "organisation terroriste" et punit l'appartenance à un tel groupe par dix ans de prison au moins, et cette peine peut être aggravée si l'accusé a reçu un entraînement militaire ou s'il est membre des services de sécurité. De lourdes peines de prison pour les auteurs d'agressions contre les représentations diplomatiques ou l'enlèvement de diplomates sont également prévues dans le texte qui sanctionne sévèrement aussi les responsables d'actes de sabotage contre les avions ou les installations aéronautiques. Le gouvernement d'Abdallah

al-Theni et le Parlement élu sont contestés par une coalition de groupes armés ayant pris le contrôle de Tripoli après avoir conquis l'aéroport à des milices pro-gouvernementales de la ville de Zenten (au sud-ouest de la capitale). Plus tôt, le Parlement a renouvelé la confiance au Premier ministre al-Theni, a qui il a demandé de constituer un cabinet "de crise" plus restreint. Les milices de la coalition "Fajr Libya" (Aube de la Libye) ont formé un gouvernement

parallèle à Tripoli, dirigé par Omar al-Hassi. Elles ont auparavant convoqué l'Assemblée sortante, le Congrès général national (CGN), dont le mandat a expiré théoriquement avec l'élection du Parlement, et celui-ci a repris ses travaux. Depuis la chute en 2011 du régime de Maâmmar ElGueddafi, le pays est en proie à l'anarchie, les autorités ne parvenant pas à contrôler les milices, composées notamment d'"ex-révolutionnaires".

Pour son role dans la guerre

La France assignée en justice

D

es habitants de la ville li byenne de Touarga, victimes de représailles de milices anti-Kadhafi lors de la guerre en Libye en 2011, ont assigné la France en justice pour son aide aux rebelles, a indiqué à l’AFP leur avocat à Paris, Marcel Ceccaldi. Cet avocat a assigné l’État français devant le tri-

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bunal de grande instance de Paris et réclame plus de 600 millions d’euros pour dédommager les quelque 40.000 habitants déplacés de force ou les familles des disparus de Touarga, soit 15.000 euros par personne, a-t-il expliqué. Après la prise de Touarga par les rebelles de Misrata, la ville avait été

désertée à la suite de violentes représailles, notamment des pillages et des incendies. Dans son assignation, que l’AFP a pu consulter, l’avocat soutient que la prise de Touarga et les exactions qui ont suivi ont été rendues possible grâce aux frappes aériennes de la coalition sous commandement de l’Otan, où la France jouait un rôle de premier plan. Or, la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Onu «prévoyait la protection des civils mais n’autorisait pas les États membres de la coalition à intervenir dans le conflit», expose Marcel Ceccaldi.


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Analyse MAGHREB

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Algérie- France

Une visite

qui suscite de la gêne

I

Kharroubi Habib

l y a incontestablement de la gêne dans les sphères officielles algériennes politiques et militaires à la venue dans le pays du chef d’état-major des armées françaises, le général Pierre de Villiers. Contrairement à ce qu’a prétendu l’ambassade de France à Alger, dans son communiqué annonçant l’arrivée du plus haut responsable de l’armée française, il ne semble pas que cette visite ait été prévue et qu’elle ait été inscrite dans l’agenda des rencontres algéro-françaises destinées à assurer «le suivi de la visite d’Etat» effectuée par le président François Hollande en Algérie en décembre 2012. Toutporte à croire que le déplacement à Alger du patron des armées françaises a été une initiative prise par Paris et que les autorités algériennes n’ont pu opposer leur veto qui aurait entraîné à l’évidence une brouille diplomatique entre les deux pays. L’embellie dans les relations algéro-française est, certes, une réalité depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. La coopération active et intense entre les deux Etats sur le registre sécuritaire et du renseignement en est une autre. Il n’en reste pas moins que les esprits en Algérie prennent mal que l’on déroule le tapis rouge au chef d’une armée dont le souvenir de conduite et des pratiques dans leur pays est encore vivace dans les consciences. Ce que n’ignorent pas les autorités et explique l’accueil officiel quelque peu distant réservé à l’hôte militaire français. Cela étant, quelle a été la mission dont le général Pierre de Villiers a été chargépar François Hollande et son ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian?A l’évidence celle de convaincre ses homologues militaires algériens d’accepter que l’armée algérienne participe à l’intervention militaire en Libye envisagée par Paris pour, censément, mettre fin à la mise en coupe réglée du pays par des milices islamistes qui ne font pas mystère de leur proximité qui à El-Qaïda qui à l’Etat Islamique. Les responsables algériens mesurent à sa juste valeur le danger que la situation chaotique dans laquelle est plongée la Libye voisine fait peser sur la sécurité en territoire algérien et cherchent bien entendu à l’en prévenir. Coopérer avec la France sur le chapitre sécuritaire pour atteindre cet objectif ne les indispose pas. Mais aller au-delà, jusqu’à associer l’armée algérienne a une intervention militaire étrangère et qui plus est aux côtés de soldats français les confronteraient à coup sûr à un désaveu populaire. Quoique inquiets de la situation qui prévaut en Libye, les Algériens ne comprendront pas que leur armée soit engagé dans une opération militaire destinée à «rattraper» ce que les ingérences dans l’affaire libyenne des Etats qui la prônent ont causé de dégâts dans ce pays et dans sa société. L’Algérie ne se désintéresse pas de ce qui se passe dans ce pays voisin, mais doit absolument refuser qu’on lui force la main et qu’on l’oblige à faire sienne une option qu’elle désapprouve. Il est clair que l’Algérie et la France, bien que partageant la même volonté de combattre le fléau du terrorisme et de l’intégrisme, n’ont pas la même vision en termes de méthode sur la façon de mener ce combat, et c’est ce qui doit être irrévocablement signifié à Paris.

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MOYEN-ORIENT

Palestine

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Titus a tué des centaines de juifs en brûlant le temple de Jérusalem. Les sionistes ont fait circuler l’idée que la reconstruction des trois temples ne débutera qu’après un autre épisode de meurtres massifs de juifs par le feu. L’holocauste de la deuxième guerre mondiale en est un, c’est d’ailleurs pourquoi nier l’existence des fours crématoire est un crime dans l’Occident.

Vérités et contre-vérités

Comment le sionisme a occupé la Palestine

Par Djafar Amrane

L

a fin de la première guerre mondiale avait sonné le déclin de trois empires : Russe, Austro-hongrois et Ottoman. Ce dernier qui était l’homme malade à la fin du 19e siècle avait mal calculé son alliance avec les empires Centraux Allemagne et Autriche Hongrie. La Turquie de l’époque n’avait plus les moyens de s’imposer. La triple entente (France, Grande-Bretagne et Russie) d’autres pays (Australie, NouvelleZélande, Canada et Etats-Unis) finirent par terrasser les empires Centraux. Même si la Russie était du côté des vainqueurs, le déclenchement de la révolution bolchévique a changé la donne et les anciens alliés ont vite fait de devenir des ennemis. Du côté de la triple entente, l’Allemagne céda l’Alsace et la Lorraine à la France. L’empire austrohongrois est partagé en deux pays (Autriche et Hongrie). Les vainqueurs ont vite fait de régler le problème avec les voisins vaincus pour s’occuper du plus gros tribut de

guerre : les anciennes possessions de l’empire Ottoman. Bien avant la fin de la guerre, la France et la Grande-Bretagne avaient déjà tout prévu. Les accords de Saxe et Picot ont été paraphés sans l’avis du troisième allié, la Russie. Même s’ils sont les sauveurs de l’Europe, les USA n’ont pas été tenus au courant de ces accords secrets après la capitulation de l’Allemagne. L’attitude des deux puissances européennes n’a jamais été digérée par les Américains. En faisant sa célèbre déclaration, le premier ministre britannique, Arthur James Balfour, avait donné quitus à la création d’un état juif en Palestine. Les préparatifs allaient bon train et le mouvement sioniste se préparait depuis 1880. Des juifs achetaient les terres des Palestiniens. Les services ottomans étaient alertés mais personne n’avait vu en ces actions un danger imminent. Dès 1916, la machine est mise en marche. Des espions sont envoyés dans le Moyen-Orient et commencent par dresser les Arabes contre les Turcs. Caressés dans le sens du poil, les Arabes ont marché tête baissée. Ils sont armés et entraînés pour se

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libérer du joug colonial ottoman. Il faut admettre que certains gouverneurs turcs au Moyen-Orient n’étaient pas exempts de tout reproche. Alors que l’armée turque était engagée aux côtés de l’Allemagne, un front intérieur est ouvert grâce entre autres à Lawrence d’Arabie. Les buts sont multiples pour les Européens : affaiblir la Turquie, se partager l’empire et surtout préparer le lit pour la phase ultime qui est l’intronisation d’un Etat gendarme qui aura pour mission de sauvegarder leurs intérêts dans la région. Il faut dire que le mouvement sioniste œuvrait depuis plus de 3 siècles pour établir un Etat juif en Palestine. C’est la convergence entre les intérêts franco-britanniques d’une part et l’ambition historique du peuple juif de la diaspora à créer un Etat qui ont poussé le premier Ministre anglais, Arthur James Balfour, à faire sa célèbre déclaration. Il s’agissait en réalité d’une lettre ouverte publiée par le Premier ministre britannique en réponse aux doléances du député Lionel Walter Rothschild. Ce dernier était un banquier et un zoologiste d’origine juive et il était


Palestine

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

MOYEN-ORIENT

plus connu pour son rôle dans la mouvance sioniste. Après cette déclaration faite le 2 novembre 1917, le mouvement sioniste s’était mis à travailler pour que le plan visant à l’instauration d’un Etat juif puisse voir le jour sur la terre de Palestine. Cette même déclaration a été faite quelques semaines après la victoire des troupes britanniques sur l’armée ottomane à Bir As-Sabaa, le 31 octobre 1917. Juste après, les services britanniques et français se mirent à pousser les tribus arabes pour se révolter contre les Ottomans considérés comme des occupants. Les Arabes tombèrent dans le piège et acceptèrent de mener ce qu’ils pensent être une guerre de libération. Les armes affluèrent de Londres et de Paris. En 1916, plus exactement le 16 mai, un traité a été signé entre deux diplomates, le français Georges Picot et Mark Sykes, sur le partage équitable du MoyenOrient entre les deux puissances qui sont encore en guerre contre l’Allemagne. Pourtant, une fois les Ottomans battus par les troupes arabes dirigées par des officiers anglais, la Grande-Bretagne s’empare des territoires les plus pétrolifères ne laissant à la France que la Syrie et le Liban. La GrandeBretagne reste en Palestine et gèrera par procuration le reste des territoires pris à l’empire Ottoman y compris l’Egypte où une monarchie d’origine turque est pourtant maintenue. Excédés par les tournures des événements, les Turcs font leur révolution et Kamal Atatürk instaure la République laïque et adopte les caractères latins pour transcrire la langue turque qui était écrite auparavant en lettres arabes. La première guerre mondiale s’achève ainsi pour le Proche Orient.

ment créés (Arabie saoudite, Irak et Jordanie). Ils gardent par contre leur domination directe sur de petits Etats comme le Qatar, le Bahreïn et le Koweït qui n’accéderont à l’indépendance pour certains qu’au début des années 70 du siècle dernier. C’est à la fin de la deuxième guerre mondiale que vont se définir les véritables ambitions des sionistes. Les sionistes arrivent par bateaux entiers. Ils s’organisent et déclarent la guerre aux Britanniques. Ces derniers n’hésitent pas à placer Ben Gourian, Golda Meir et même Isaak Charron sur la liste des terroristes les plus recherchés par les services britanniques. En réalité, tout cela n’était que du Cinéma. Entre 1946 et 1948 les attentats sont menés contre les Arabes (musulmans, chrétiens et même des juifs palestiniens non sionistes). Les Anglais quittent le pays après la première résolution de l’ONU qui partage la Palestine en deux, entre Juifs et Arabes. Ces derniers lancent une guerre désordonnée en 1948

qu’ils perdirent évidemment. Pour convaincre les juifs à venir s’installer en « terre promise », les sionistes arrivent à tour de passepasse à « fabriquer » des vérités religieuses. Ils évoquent la destruction du temple de Jérusalem en l’an 68 après Jésus-Christ par l’empereur romain Titus. Ce dernier est accusé d’avoir brûlé des juifs qui se trouvaient dans le temple. Or, selon les sionistes, les trois temples de Jérusalem ne seront reconstruits qu’après un autre holocauste (tueries massives de juifs par le feu). C’est pourquoi ces mêmes sionistes ont tout fait pour que soit inscrit, noir sur blanc, que les Allemands avaient utilisé des fours crématoires pour exterminer les juifs durant la seconde guerre mondiale. La Palestine n’est qu’une étape de l’édification du grand Israël dont les frontières vont du Nil à l’Euphrate. Les révolutions du printemps arabe tendent à fractionner les Etats existants (comme l’Irak) pour les rendre vulnérables.

La deuxième étape du complot

D

ès la fin du premier conflit mondial, des sionistes s’empressent de s’installer en Palestine. Au début, ils arrivent à tromper quelques Arabes musulmans ou chrétiens qui leur vendent des maisons et des terres. Les Palestiniens adoptent ensuite la vigilance car ils finirent par comprendre que ce jeu cache un quelconque complot. Les ventes de biens aux juifs cessèrent aussitôt. Les Britanniques dirigent la Palestine, mais ils s’empressent de placer des gouvernements à leur convenance dans tous les autres pays nouvelle-

ONU

Une responsable dénonce l’incapacité du Conseil à mettre fin aux conflits

Madame Navi Pillay commissaire de l’ONU, démissionnaire, chargée des droits de l’Homme, a dénoncé l’incapacité du Conseil de sécurité à mettre fin aux conflits, en raison notamment de la prévalence des intérêts nationaux.

L

es membres (du Conseil) n’ont pas toujours pris des décisions fermes et responsables pour mettre fin aux crises», a estimé devant le Conseil de sécurité Navi Pillay, qui a démissionné de son poste après six ans et doit formellement le quitter dans les prochains jours. «Je pense vraiment qu’une réponse plus forte de ce Conseil pourrait sauver des centaines de vie», a-t-elle ajouté, connue pour sa liberté de ton. La Sud-Africaine a aussi estimé que l’utilisation du droit de veto constituait «une tactique de court terme et en définitive contreproductive», et a exhorté les quinze Etats membres «à développer une conception plus large de l’intérêt national». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Kimoon, a souligné pour sa part que l’échec du Conseil à surmonter ses divisions et la lenteur de ses réponses pouvaient «se mesurer à l’aune de toutes ces vies perdues» et à la perte de

«

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crédibilité de l’ONU. Il a appelé les Etats membres à une «nouvelle ère de collaboration, de coopération et d’action». «Le Conseil de sécurité a pour vocation d’être un détecteur de fumée, et pas seulement un extincteur à incendie», a relevé après le vote l’ambassadeur du Royaume-Uni, Mark Lyall, qui préside actuellement le Conseil. Le Conseil de sécurité est actuellement confronté à un nombre important de crises internationales, que ce soit en Irak, en Syrie, à Ghaza, au Sud Soudan, en Ukraine ou encore en Centrafrique.


AFRIQUE

Actualité

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Mali. Crash du vol d'Air Algérie

Les enquêt eur 'ont ppas as de "pist enquêteur eurss nn'ont "pistee privilégiée privilégiée""

Dans quelles circonstances s'est produit l'accident du vol AH 5017 d'Air Algérie, le 24 juillet au Mali ? Le premier rapport d'enquête du Bureau d'enquêtes et d'analyses français (BEA) ne permet pas d'expliquer ce crash, qui a fait 116 morts.

il montre que l'appareil a été victime d'une « chute brutale » après un « ralentissement de ses moteurs » à son altitude de croisière. Ses systèmes de pilotage automatique avaient été « déconnectés sans qu'il soit possible de dire si cette déconnexion a résulté d'un automatisme de l'avion ou d'une manœuvre volontaire ou involontaire de l'équipage », a précisé l'expert.

Une chute de 10 000 mètres en trois minutes

P

our l'instant, il n'y a pas de piste privilégiée », a indiqué Bernard Boudeille, un responsable du BEA, qui présentait samedi 20 septembre un premier rapport d'enquête à Bamako (Mali). « Rien ne peut confirmer ou infirmer la piste terroriste », a-t-il souligné.

«

Une boite noire inexploitable Dès le 7 août, le BEA avait averti que les données d'une des deux boîtes noires de l'appareil, un McDonnell Douglas MD-83, celle qui enregistrait les conversations entre les pilotes, étaient « inexploitables ». Quant à l'enregistreur des données de vol,

L'appareil, qui devait relier Ouagadougou à Alger, s'est écrasé dans le nord du Mali environ 32 minutes après son décollage. L'avion a été pulvérisé à son impact au sol après avoir perdu de la vitesse et viré à gauche pour une raison encore indéterminée alors qu'il traversait une zone orageuse. Des images radar, enregistrées par le contrôle aérien burkinabé, avaient montré que l'avion avait tenté de contourner un orage, mais était revenu en plein dedans. C'est alors qu'il a chuté, perdant 10 000 mètres d'altitude en trois minutes.

Ebola

La transfusion du sang de sur viv ant, un nouv el espoir contr surviv vivant, nouvel contree le virus

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a sérothérapie, qui consiste à transfuser du plasma de personnes ayant survécu au virus Ebola, a pu jouer un rôle dans la rémission et la guérison de deux patients américains. Mais cette méthode, difficile à appliquer sur le terrain, doit encore faire ses preuves. Le docteur Kent Brantly a survécu au virus Ebola après une transfusion de plasma provenant d'un adolescent guéri. Du sang pour soigner les malades d'Ebola? Loin d'être fantaisiste, cette piste a été recommandée dernièrement par l'OMS alors que les autorités sanitaires peinent à endiguer l'épidémie qui a déjà fait plus de 2400 morts en Afrique de l'Ouest. Ce traitement a pu jouer dans l'amélioration de

l'état de deux médecins américains victimes de cette fièvre hémorragique... "Le sang des malades guéris qui ont survécu au virus Ebola contient effectivement des anticorps, mais on ne connait pas exactement la proportion de ceux qui sont capa-

bles de neutraliser le virus Ebola", souligne le Dr Tordo. S'il elle doit encore faire ses preuves, cette méthode pourrait susciter l'espoir alors que les traitements et vaccins expérimentaux ne devraient pas être disponibles avant la fin de l'année.

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C'est notamment le cas du Zmapp. Comme le plasma sanguin de survivants, ce sérum contient des anticorps qui peuvent neutraliser le virus. Mais il est fabriqué par biotechnologie, ce qui rend son élaboration longue et technique... Enfin, le risque de transmettre des maladies lors de la transfusion doit être pris en compte. "Le sang doit être précisément testé, pour vérifier qu'il ne contienne pas d'agents pathogènes, comme le VIH", souligne Noël Tordo. Or, les pays qui se battent actuellement contre Ebola se trouvent tous en Afrique subsaharienne, la région du monde la plus touchée par l'épidémie de sida. AFP


Fantasme

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D’ICI ET D’AILLEURS

Taisez-vous, charlatans ! Oran Amirouche El Hadi

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ous avez beau être musulman paisible et avoir l’esprit large, vous ne pouvez qu’être courroucés par ces bigots qui font plus de tort à l’Islam que les infidèles et les athées et les sceptiques réunis… Dernièrement, des muftis d’Arabie Saoudite et d’Egypte avaient assuré que celui qui épouserait «une réfugiée syrienne fera grand acte de charité musulmane et pourrait prétendre au paradis». Ils ne l’avaient pas dit texto mais, il fallait, sans doute, entendre, que chaque «épouseur» de Syrienne irait en Eden où il bénéficierait d’un superbe palais, de servants obéissants, de houris blanches «comme de précieuses perles» …. Choqués par tant d’inepties et de décadence, des ados algériens, simples accros du Facebook, ont trouvé à redire. « Pourquoi la réfugiée syrienne uniquement alors qu’il existe, aussi, des réfugiées somaliennes, maliennes, nigériennes, soudanaises… Les clés du paradis sont-elles entre des mains blanches, seulement? ». La question posée par nos gamins, aux «doctours es-fetawis» demeure, jusque-là, sans réponse. C’est dire nos actuels errements qui sont savamment utilisés par nos séculaires ennemis qui nous phagocytent avec des facilités déconcertantes. C’est, également, dire que ce n’est pas demain la veille qu’on va prétendre à une quelconque émancipation. D’ailleurs, tous les convertis à la religion musulmane sont arrivés à la même conclusion : s’ils avaient connu certains Musulmans avant l’Islam, ils ne se seraient jamais convertis à la religion de Mohamed (QSSSL). Ceux qui déclarent, alors, que dans certains contrées de

Ya Allah, ce qu’il est devenu hasardeux de se revendiquer d’une islamité réelle, tranquille et intelligente ! A écouter certaines fetwas, ces arrêts religieux propres à l’Islam, vous avez tout bonnement envie de sortir de votre peau. Et de crier au monde du 21esiècle que vous êtes innocents de tout ça.

l’Occident, il arrive que l’on rencontre l’Islam sans voir de Musulmans et qu’a contrario, on peut rencontrer au Moyen-Orient et en Afrique du Nord des Musulmans sans trouver l’islam, ont-ils tort ? Certainement pas. Même la sinistre Golda Meir, défunte chef du gouvernement d’Israël, qui avait, avec Ben Gourion, Sharon et d’autres, affiné la feuille de route du mal à faire aux Palestiniens, avait répondu, un jour, à des Arabo-musulmans qui lui assuraient que, tôt ou tard, et selon les Saints signes d’Allah, les Israéliens allaient être vaincus par les Musulmans: «C’est plus que sûr, mais ce n’est pas encore le moment et ce ne sera pas vous, en tout cas !» avait-elle répondu avec mépris. Elle voulait dire, par-là, que ces Arabes-là n’étaient pas plus musulmans qu’elle ne l’était, elle. Des arrêts, tirés par les cheveux, nous rappellent une foison d’autres arrêts, plus débiles les uns que les autres. Celui-ci, par exemple, qui a pour origine une doctoresse saoudienne,

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spécialisée en «jurisprudence» islamique. «Toutes les femmes qui travaillent doivent s’asseoir, sur un tapis, par terre, pour éviter les chaises susceptibles de porter des souillures d’hommes qui risquent de les mettre enceintes», a-t-elle préconisé. A écouter ces fetwas sataniques, dans la bouche de fondamentalistes aux œillères et d’extrémistes douteux, il devient très difficile pour les Musulmans paisibles de revendiquer leur islamité. Ya Allah, est-il permis, au 21e siècle, au moment où presque tout le monde avance, de faire de tels sauts en arrière, dans des abysses insondables ? N’est-ce pas de cette manière idiote que l’on donne le marteau aux ennemis de l’Islam et des vrais Musulmans pour les clouer au pilori, alors que cette religion de près de deux milliards de fidèles est innocente de toutes ces débilités qui se veulent doctrines ? Et si nous commencions, d’abord, par balayer devant…nos bouches !…


SANTE

L’espérance de vie pourrait bien atteindre ses limites

L’espérance de vie n’augmente pas de façon linéaire mais plafonne depuis quelques années chez les athlètes de très haut niveau comme chez les «super-centenaires» (personnes de plus de 110 ans), selon des chercheurs français.

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Pour quoi la pluie ourquoi a une odeur ?

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ans une étude publiée par la revue amé-ricaine Journal of Gerontology, les chercheurs de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes) estiment que cette découverte renforce «les arguments en faveur d’une durée limitée de la vie». Les chercheurs ont étudié la totalité des 1.205 «super-centenaires» mondiaux (125 hommes et 1.080 femmes) dont la date de naissance a pu être confirmée et décédés entre 1899 et 2013. Ils ont également passé en revue les 19.012 athlètes ayant participé aux Jeux Olympiques depuis 1896 et décédés avant la fin de l’an dernier, dans la mesure où ceux-ci vivent généralement plus longtemps que la moyenne de leurs congénères. Juliana Antero-Jacquemin, la cher-

cheuse qui a dirigé l’étude, a observé «une sorte de plateau» chez les athlètes olympiques à partir de 80 à 85 ans, tandis que chez les super-centenaires le plafond s’établit «aux environs de 115 ans». Aucun super-centenaire n’a jusqu’à présent réussi à égaler ou à dépasser le record de longévité de la française Jeanne Calment, décédée en 1997 à l’âge de 122 ans. Une personne a depuis vécu jusqu’à 119 ans, tandis que les autres ne dépassent pas 115 ou 116 ans. Pour Mme Antero-Jacquemin, ce plafonnement «laisse à penser qu’il existe une barrière physiologique en voie d’être atteinte, à la croisée des interactions entre un patrimoine génétique constant et un environnement qui se dégrade».

L’OMS vveut eut int er dir e les cigar ett es inter erdir dire cigarett ettes électroniques aux mineurs

L

’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé d’interdire la vente de cigarettes électroniques aux mineurs, estimant que leur consommation posait de «graves menaces» aux adolescents et aux fœtus. Les experts se sont également prononcés pour une interdiction de leur consommation dans les espaces publics fermés «au moins jusqu’à ce qu’il soit prouvé que la vapeur exhalée n’est pas dangereuse

Actualité

LAKOOM- -Septembre Avril 20142014 - N° -25N°36 LAKOOM

pour les personnes passant aux alentours», selon un document publié par l’OMS. «Les preuves existantes montrent» que les cigarettes électroniques «ne sont pas de la simple ‘vapeur d’eau’» comme le disent

souvent leurs fabricants, a affirmé l’OMS. Aussi, leur usage «pose de graves menaces pour les adolescents et fœtus», poursuivent les experts. D’après l’OMS, il existe suffisamment de preuves pour mettre en garde les «enfants, adolescents, femmes enceintes et femmes en âge de procréer» sur les conséquences à long terme que peut avoir la consommation de cigarettes électroniques sur «le développement du cerveau».

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otre nez peut reconnaître différen tes odeurs liées à nos émotions, à notre mémoire. Parmi elles, l’odeur de la pluie. Comment expliquer ce phénomène ? Comme le dévoile le site «Hitek», l’odeur de terre qui serépand avant la pluie possèdetrois sources chimiques différentes.Avant un orage par exemple,l’odeur principale est celle de l’ozone,un gaz incolore dont l’odeur ressemble à de l’eau de Javel. L’oxygèneest séparé en plusieurs atomespar les charges électriques des éclairscontenues dans les orages. Certainsde ces atomes peuvent se reformeren O3 (ozone) qui sera transporté parle vent afin d’annoncer l’arrivée dela pluie. Cette odeur ne sera pas détectablesans éclairs.Dès les premières chutes de pluie,une nouvelle odeur fait son apparition:‘le petrichor’. Il s’agit d’un liquidehuileux secrété par certaines plantes.Il est absorbé par le sol et la rocheet il est relâché dans l’air lorsquela pluie tombe. Le petrichor, très importantpour les plantes (il imbibe lesgraines en période de germinationlors des périodes de sécheresse), donneson odeur à la pluie.«Après la pluie, l’environnement estcomplètement chamboulé. Généralement,l’averse est accompagnée par desrafales de vent qui mélangent lesfeuilles, la terre, l’eau... sans oublierl’ozone générée par les orages et quia une odeur très agréable», soulignele docteur Charles Wysocki du MonelleChemical Senses Center dePhiladelphie.Un troisième élément chimiques’invite et est relâché dans l’air avecla pluie: ‘la géosmine’ (un composéorganique créé par l’Actinobacteria).Elle active le petrichor. Les bactériessécrètent un composé quand ellesproduisent des spores. La force de lapluie tombant sur le sol permet auxspores de s’envoler et l’humidité ambianteamène les composés chimiquesjusqu’à nos narines.


Actualité Yahoo! a risqué une amende massive en défiant la NSA

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ne décision de justice en appel vient de rendre public 1500 pages de documents illustrant la tentative vaine de Yahoo!, en 2008, d'empêcher la collecte de données sur ses clients par les services de renseignement américains. On découvre ainsi seulement aujourd'hui que la société internet s'exposait à une amende de 250.000 dollars par jour, doublant toute les semaines, si elle refusait d'obéir à la National Security Agency (NSA), la principale agence fédérale de surveillance des télécommunications. «La publication de ces documents souligne comment nous avons dû combattre pied à pied pour défier les efforts de surveillance de la NSA» estime Ron Bell, conseiller juridique de la firme califorienne.

Google a testé des drones de livraison en Australie

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oogle a expérimenté un service de livraisons par drones, projet sur lequel travaille également le géant du commerce en ligne Amazon. Deux ans de recherche sur ce que Google a baptisé le «Project Wing» ont été couronnés par plusieurs vols en août de drones qui ont livré des bonbons, de l’eau, des médicaments et de la nourriture pour chien à deux fermiers de Queensland, en Australie. «Les engins volants autonomes pourraient bien ouvrir de nouvelles perspectives pour le marché de la livraison», a déclaré la société californienne dans un blog en comparant ce projet à celui de la voiture intelligente auquel le géant d’internet travaille depuis plus de cinq ans. Amazon avait ainsi précisé être capable de faire voler des drones à plus de 80 km/h tout en portant jusqu’à 2,2 kg de marchandises

LAKOOM- -Septembre Avril 20142014 - N° -25N°36 LAKOOM

HIGH-TECH

L’iPhone et 6 l’iPhone 6 Plus

Le lancement tant attendu d’Apple du 9 septembre dernier a déjà eu lieu et comme prévu. Ils débarquent dans deux nouvelles plus grandes dimensions: 4.7 et 5.5 pouces. Cependant, leurs différences sont loin d’être uniquement physiques. Le design, les courbes et une monocoque en aluminium Les deux nouveaux iPhone abandonnent les angles bruts et n’ont plus de verre en dorsal, contrairement à leur prédécesseur, l’iPhone 5S. Le châssis monocoque en aluminium anodisé est disponible en argent, en or ou en gris sidéral. Le logo de la pomme croquée en dorsal est fait en acier inoxydable. Ce nouveau châssis promet d’offrir encore plus de durabilité et de solidité. La taille et le poids: plus grands mais pas grossiers L’iPhone 6 mesure 138.1 x 67 x 6.9 millimètres et pèse 129 grammes. Cette augmentation de poids correspond approximativement à l’augmentation de 16% du volume de l’appareil, contrairement à l’iPhone 5S. L’iPhone 6 Plus a sans aucun doute le Samsung Galaxy Note 4 de 5.7 pouces dans le collimateur. Le Plus mesure 158.1 x 77.8 x 7.1 millimètres pour un poids total de 172 grammes. Ecrans de 4.7 et de 5.5 pouces L’iPhone 6 Plus offrira une résolution de 1920 x 1080 pixels; cette résolution est vraiment meilleure que la résolution de 1704 x 960 pixels qui a été largement critiquée. Ici, la vidéo est le point fort de ces deux nouveaux appareils car avec une résolution Full HD, on obtient vraiment de belles images. Ces deux iPhone offre de très beaux contrastes: 1400:1 pour l’iPhone 6 et 1300:1 pour l’iPhone 6 Plus. La luminosité a elle aussi été améliorée. La performance: ces deux appareils sont étrangement similaires Aucun de ces deux fleurons n’a été doté de la LTE-A à 300 Mbit, pourtant, elle ne va pas tarder à être déployée un peu partout dans le monde. Mais ce qui est encore plus utile, c’est la compatibilité de ces

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deux Smartphones avec la LTE à 20 bandes. Ceci devrait permettre à ces deux iPhone de fonctionner avec la 4G et où que l’on soit dans le monde. Autres caractéristiques: - Pas de saphir - Une utilisation avec une seule main -La performance: ces deux appareils sont étrangement similaires -L’appareil photo: la même résolution de 8 méga pixels - Mémoire: enfin 128 Go - Grande autonomie de la batterie - Prix et disponibilité: pas d’alternative ‘low-cost’ L’autre bonne nouvelle est qu’Apple va bien. Apple Pay a été lancé avec le soutien d’American Express, MasterCard, Visa, ainsi que Citibank, Bank of America, Capital One, Well Fargo et Chase; cela lui donne accès à 80% du marché américain. Il existe 22.000 marchands qui s’associeront aussi avec Apple dont Whole Foods, Staples, Starbucks, Subway, Macy’s, Bloomingdales, Groupon et McDonalds. Ce n’est pas tout parce que les applications tierces peuvent vous permettre d’utiliser Apple Pay pour traiter les paiements extérieurs. A titre d’exemple, les réservations chez les restaurants Open Table.


CULTURE

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Littérature

« Nubian Indigo » de Jamal Mahjoub

Le souvenir impérissable d’une grande v allée vallée Paris Youcef Zirem

S Né à Londres en 1960 d’un père soudanais et d’une mère anglaise, Jamal Mahjoub grandit à Khartoum puis part étudier la géologie à Sheffield avec l’idée d’entreprendre des recherches pour exploiter le pétrole soudanais. Il vit ensuite à Londres, puis à Copenhague, avant de s’installer à Barcelone. Il est l’auteur de cinq romans publiés outre-Manche, dont un lui a valu le prix du ‘Guardian’. Tous ses romans sont traduits en français et souvent réédités. Jamal Mahjoub a la particularité d’écrire en anglais et de défier les frontières habituelles de l’establishment autant à Khartoum qu’en Europe : classé anglais dans un paysage littéraire soudanais, largement arabophone ; et arabe dans un paysage littéraire londonien (ou danois ou espagnol).

orti aux éditions Actes Sud, Nubian Indigo, le roman de Jamal Mahjoub, traduit de l’anglais, est un pur bonheur. L’écrivain soudanais fait rappeler parfois la narration inspirée de Gabriel Garcia Marquez. Ce livre raconte l’histoire d’une perte. Une grande perte. L’auteur revient sur un épisode historique, la construction d’un grand barrage sur les berges du Nil. La nouvelle infrastructure hydraulique voit le jour et engloutit tout un territoire : des villages, des vergers, des recoins d’espace, avec leur vécu et leur mémoire. Les villageois de la région tentent de s’opposer à la nouvelle réalisation mais en vain, la puissance des décideurs est sans pitié. L’écrivain qui raconte l’histoire est en exil, comme son ami, un talentueux peintre. Ils parlent de leur pays perdu et se posent des questions. Des histoires s’enchevêtrent dans d’autres histoires et les différentes époques se confondent dans cette fiction agréable à lire. Il y a, dans ce roman réussi, même un personnage que l’auteur ne désigne que par la lettre K. Est-ce un hommage à Kafka ? Probablement. Les personnages de Nubian Indigo ont le temps de savourer les petits instants de bonheur que la vie offre parfois même quand la misère impose sa loi. Le Nil et les gens du Nil sont décrits dans toute leur splendeur. La splendeur des gens simples. Les dirigeants militaires sont aussi dénoncés

mais avec finesse et talent. Un des acteurs importants de ce texte veut écrire des poèmes. « Il songeait à une sorte d’épopée, une ode, un récit en vers qui raconterait l’histoire d’un esprit hantant la vieille cité comme un témoin. Cet esprit généreux serait sensible à la nature fugace de l’existence humaine : nous venons au monde, nous mourons, mais nous apportons quelque chose avec nous, et le laissons derrière nous. Mais aussi, et en plus important, il allait raconter l’histoire de ce peuple. L’humanité, l’histoire, il ne parvenait même pas à leur donner un nom, et pourtant c’est bien de cela qu’il s’agissait, tout ce

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qu’il avait ressenti lui-même ces derniers jours à la vue des traces laissées après leur départ, ce qu’on ne pouvait ni représenter d’une manière objective, mais que seule la poésie pourrait saisir », écrit Jamal Majoub. Nubian Indigo est un livre plein de charme et de poésie. C’est le sixième texte traduit en français de cet auteur, né à Londres en 1960, qui a grandi à Khartoum et qui vit actuellement en Espagne. Nubian Indigo est parsemé de légendes captivantes. Des légendes qui nous disent l’importance de l’eau, de la nature en général. Nubian Indigo est également un regard lucide porté sur la bêtise humaine.


Littérature

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

CULTURE

Le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud en lice pour le prix Goncourt et Renaudot

«C’ est une sor é-consécration» «C’est sortte de pr pré-consécration»

Chroniqueur au Quotidien d’Oran et écrivain, Kamel Daoud est en lice pour le prestigieux prix littéraire Goncourt pour son roman Meursault, contre-enquête. Un roman où l’auteur brosse talentueusement un tableau de la société algérienne à partir du principal personnage de L’Étranger d’Albert Camus. Il fait partie de la première sélection de 15 romans, dévoilée, le jeudi 4 septembre. Que représente pour vous cette nomination pour le prestigieux prix Goncourt ? C’est difficile de répondre car je n’ai pas envie de parler de moi-même. D’abord, je dirais que c’est une sorte de pré-consécration qui change les choses pour moi. J’étais toujours très engagé en tant que journaliste tout en voulant faire de la littérature. Pour moi, c’est donc un bon virage, dans le sens où je vais hiérarchiser, autrement, mes engagements éditoriaux, mes chantiers de travail. Ensuite, ce qui m’a le plus touché est le fait que ce soit la première fois qu’on essaie de consacrer un écrivain algérien, qui est installé et qui travaille en Algérie. Dans Meursault, contre-enquête, vous revenez sur le meurtre de « l’arabe » dans L’Étranger de Camus. Pourquoi avez-vous Dans votre roman, le principal personnage éprouvé le besoin de faire cette « investidit : «tant et tant de fois aujourd’hui je prends gation » ? ce peuple pour un seul homme avec qui D’abord, il n’y avait aucune intention idéologique j’évite d’avoir de trop longues discussions et au début. C’est que dès qu’on parle de Camus, on se que je maintiens à distance respectueuse…» retrouve dans les clichés autour de lui : l’histoire, la Je crois que c’est l’attitude qu’ont beaucoup d’almémoire, le déni de l’arabe. Et gériens avec beauc’est très difficile de fantasmer tant et tant de fois aujourd’hui coup d’autres algéautour de Camus sans se faire je prends ce peuple pour un riens. C’est l’attipiéger par des lectures, des idéotude de chacun avec seul homme avec qui j’évite les autres. J’avais logies, de préjugés sur l’histoire d’avoir de trop longues discus- écrit une fois qu’on et beaucoup d’autres choses. Je voulais raconter une histoire sions et que je maintiens à dis- était 36 millions de et pas un essai parce qu’il y en Meursault, chacun tance respectueuse… a beaucoup autour de Camus. dans son coin. Á Je voulais exploiter l’angle mort. L’arabe anonyme l’époque, on était 36 millions d’habitants. (dans L’Étranger de Camus) était une brèche assez fascinante pour moi. Je voulais l’investir, non pas Est-ce que vous travaillez sur un nouveau avec de la réflexion – d’autres l’ont fait beaucoup projet ? mieux que moi – mais avec de l’imaginaire. Je travaille sur un essai et un autre roman qui doit Au-delà de la « contre-enquête », vous brossez surtout être lancé prochainement en chantier. Mais je préfère un tableau de ce qu’est la société algérienne… ne pas trop en parler en ce moment. Exactement ! Encore une fois, je ne voulais pas écrire un livre autour de Camus. Je voulais que Camus ou Un essai politique ? son personnage, Meursault, me servent de prétexte Non, pas du tout. Je laisse l’exercice du journapour mon texte. Qu’ils soient un départ pour une his- liste. Je pense que quand on fait de la littérature, toire qui s’autonomise au fur et à mesure. Il ne s’agis- il faut aller au-delà du politique qui reste, quand sait pas d’écrire une histoire autour du personnage même, très conjoncturel. Et puis, ce n’est pas le de Camus mais à partir de ce personnage. Et fatale- même chantier. ment, on aboutit à un tableau de la société algérienne. Propos recueillis par Hadjer Guenanfa -TSA-

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Kamel Daoud, né en 1970 à Mostaganem, fait, également, partie de la première sélection de 17 romans et six essais, en lice pour le prix Renaudot, pour le même livre. Ces deux prix seront attribués le 5 novembre. Décerné chaque année, le Goncourt, créé en 1896, est un prix littéraire français récompensant des auteurs d’expression française. Le Renaudot est également un prix littéraire qui a été créé en 1926.


SPORT

Football

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Hamid Grine, ministre algérien de la communication, et la violence dans les stades

«Le journaliste a un rôle d’éducateur et de sensibilateur»

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a mort du joueur came rounais de la JS Kabylie, Albert Ebossé, a fait bouger beaucoup de choses, puisque le gouvernement n’a pas trop attendu pour lancer une campagne à travers tous les médias nationaux pour sensibiliser les Algériens sur les répercussions de la violence dans les stades et aussi au sein de la société. C’est ainsi que Hamid Grine, ministre de la communication, ancien journaliste sportif, a organisé une rencontre avec la presse le 1er septembre dernier, en collaboration avec l’organisation des journalistes sportifs, à la salle des conférences Mohamed Boudiaf au stade du 5 juillet à Alger, pour tenter de faire passer le message à une certaine presse afin de jouer son rôle d’éducateur et de sensibilisateur. À travers son point de presse, Grine n’est pas allé par trente-six chemins pour pointer du doigt certains confrères de journalistes « clubards « et d’évo-

quer le rôle de la presse sportive dans la lutte contre la violence dans les stades. «Le journaliste sportif n’est pas conscient de la force et l’impact de ses écrits «, a indiqué Hamid Grine avant d’ajouter: « L’acte d’écrire n’est pas gratuit «. « Le principal problème des journalistes sportifs est qu’ils sont passionnés. Néanmoins, cela ne doit pas aller à l’excès», a-t-il dit. Le ministre de la Communi-

cation qui prévoit déjà la confection des cartes professionnelles provisoires pour déterminer le statut du véritable journaliste s’est interrogé sur les raisons qui font que la

presse sportive dégage une image négative tout en expliquant que le journaliste sportif lui-même véhicule cette image. «De nos jours, quand un journaliste couvre une équipe, il devient partisan et supporter, ses articles ne répondent à aucune logique journalistique. Parfois même, les articles de certains journalistes sont outranciers, et ce, aussi bien pour des raisons passionnelles ou commerciales». Enfin, à la fin de son point de presse, Hamid Grine expliquera que le journaliste « doit être d’abord en mesure de prouver ce qu’il écrit mais également se libérer des opinions et préjugés».

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Les Européens envisagent de boycotter la Coupe du monde de foot en Russie

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n boycott européen de la Coupe du monde de football en Russie en 2018 a été évoqué dans un document de travail sur les sanctions contre Moscou, comme une mesure qui pourrait être envisagée compte tenu de l’évolution du conflit en Ukraine, a-t-on appris de source européenne. Cette idée figure dans un «document de travail discuté avec les Etats membres», a indiqué cette source. «Mais comme une possibilité plus tard, pas maintenant », a-t-elle ajouté. Selon le Financial Times, le document parle d’une «action coordonnée au sein du G7 et audelà pour recommander la suspension de la participation de la Russie à de grands événements culturels, économiques ou sportifs (courses de Formule 1, compétitions de football de l’UEFA, Coupe du monde 2018, etc.)». La Russie doit organiser à l’été 2018 la Coupe du monde de football, quatre ans après avoir accueilli les jeux Olympiques d’hiver 2014 à Sotchi en février. Des appels au boycott ont été lancés cet été par plusieurs hommes politiques allemands.

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Football

SPORT

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

CAN 2015 can

Les Fennecs, un pied au Mar oc Maroc

Paris Mohamed Djadi

La deuxième journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations qu’abritera le Maroc, au début de l’année prochaine, a été riche en surprises.

Si l’Algérie a gagné difficilement face au Mali par la plus petite des marges (1-0), et continue l’aventure avec ses deux victoires, le Cameroun a écrasé de son côté la Côte d’Ivoire sur un score sans appel de quatre buts à un. Le Nigeria n’a pas pu battre l’Afrique du Sud sur son terrain afin d’espérer une éventuelle qualification plus tôt que prévue. Les deux équipes se sont séparées sur un score vierge (0-0). La bonne réalisation à été l’œuvre des Tunisiens qui se sont imposés en terre Égyptienne 1-0, face aux pharaons. Les quadruples champions d’Afrique restent sur deux défaites (2-0 face au Soudan) et (1-0 face aux aigles de Carthage). Le Sénégal est revenu de son déplacement du Bostwana par une victoire (3-2). Les Burki-

nabés ont réalisé un exploit aussi face à l’Angola sur son propre terrain (0-3). Le Togo et la Sierra Leone ont été battus à domicile face respectivement au Ghana (2-3) et

la RD Congo (0-2). La troisième journée, prévue le mois d’octobre prochain, s’annonce déjà palpitante. Les Verts doivent se réveiller d’ici là! Le nouveau coach, Gourcuff

Christian, aura certainement du temps pour réviser toutes ses batteries tant sur le plan technique que tactique d’autant qu’il a sous la main une armada de bons joueurs.

Classement FIFA (septembre 2014)

L'Algérie, 20e, gagne 4 places

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'Algérie a gagné quatre places et s'est propulsée à la 20e position du classement de la fédération internationale de football (Fifa) rendu public jeudi 18 septembre et marqué toujours par la domination de l'Allemagne, vainqueur de la précédente Coupe du monde organisée au Brésil. La sélection algérienne, auteur de deux victoires en ce mois de septembre sur le terrain de l'Ethiopie (2-1) et à domicile contre le Mali (1-0), demeure toujours la première nation africaine et arabe dans ce classement. Sur le plan continental, elle est suivie par la Côte d'Ivoire (22e), alors qu'au niveau arabe, c'est l'Egypte qui pointe à la deuxième place, mais loin, à la 61e

position dans le classement général. En haut du tableau, La Nationalmannschaft devance l'Argentine, vice-championne du Monde, qui l'a battue il y a quelques jours en amical (24). La Colombie de James Rodriguez, belle surprise du dernier Mondial, complète le podium, subtilisant la troisième place aux Pays-Bas. Le Brésil se remet doucement de la claque subie lors de son Mondial. Grâce à ses deux derniers succès en amicaux, contre la Colombie (1-0) et l'Equateur (1-0), la Seleçao de Dunga remonte à la sixième position du classement. Autre remontée notable dans le Top 10, celle de la France. Les Bleus de

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Didier Deschamps, qui ont fait leur rentrée avec une victoire contre l'Espagne (1-0) et un nul face à la Serbie (11), occupent désormais la neuvième place. Pour rappel, les Tricolores étaient 17es avant le Mondial. A souligner également la performance du Guatemala, auteur de la plus forte progression du mois, avec 77 places gagnées. Ils sont désormais 57es. Chypre, qui s'est payé la Bosnie (1-2) en éliminatoires de l'Euro 2016, a également grappillé 55 positions, occupant ainsi la 85e place. La plus grosse chute est à mettre à l'actif du Togo, qui a perdu 38 places. Les coéquipiers d'Emmanuel Adebayor ne sont que 125es.


DÉTENTE

LAKOOM - Septembre 2014 - N°36

Horoscope du mois

Mots Croisés 1

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Bélier

Lion

Sagitaire

I II III IV V VI VII VIII IX X HORIZONTALEMENT I. Jeux de société. II. Un livre qu’on parcoure de A à Z. III. Impériale récompense. Premier ministre israélien. IV. Vieille armée. Obscurcir. V. Tubes de salle de bain. Accompagne le diplôme. VI. Dégaza. Futur réserviste. VII. Erbium. Légume qui pousse dans la terre et qu’on récolte parfois sous la glace.VIII. Chose peu commune. Rengaine. IX. Immérité. Tous à Rome. X. Perdues. Terminaison. VERTICALEMENT 1. Gros oeuvre...ou grand oeuvre, c’est selon. 2. Surchargé. La troupe des sans grade. 3. Héros avisé de la guerre de Troie. Défunte Allemagne. 4. Les orgues de Staline, en abrégé. Bambocheur. 5. Monte en l’air (et y reste). 6. Devant la Vierge. Os de vertébré. 7. Pied de vers. Coutumes. 8. Bourgeoisie révolutionnaire. 9. Grand lac. Maladie de l’oreille. 10. Activité où excellait Louis XVI.

Sodoku

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Certains jours ne sont pas de bons jours et le ciel aimerait vous envoyer un de ceuxlà. Les choses pourraient aller mal, mais finalement tout va s’arranger une fois que la chance aura tourné. Soyez très prudent, vos finances pourraient en prendre un coup.

Un décision surprenante à votre égard pourrait être évitée si vous savez présenter une habile requête à une personne qui vous est plutôt favorable. Ne cherchez pas trop à savoir comment vous parviendrez à obtenir une décision très favorable dans une affaire délicate.

Une certaine personne que vous n’avez pas en odeur de sainteté vous fera une proposition inattendue que vous serez tenté de refuser en bloc. Vous prendrez soin d’y regarder à deux fois avant de prendre une telle décision engageant votre responsabilité personnelle.

Taureau

Vierge

Capricorne

La forme (et la chance) vont encore vous sourire. Il serait bon de rectifier certaines décisions importantes prises un peu à la hâte. Vous saurez trouver un excellent compromis qui mettra tout le monde d’accord. La route est toute tracée pour une parfaite concrétisation.

Avant de prendre une décision importante prenez soin de demander un avis à quelqu’un à qui vous pouvez faire confiance. Cela pourrait vous être très utile car si vous vous trompez vous aurez fait beaucoup d’efforts pour rien. Heureusement la forme est là !

Si vous avez décidé d’entreprendre quelque chose maintenant, faites-le sans attendre car le moral sera là pour vous aider. Accrochez-vous car la partie risque d’être difficile à mener. Vous avez tous les atouts en main pour réussir, faites preuve de courage.

Gémeaux

Balance

Verseau

Vous voulez sauver à tout prix les apparences mais la vérité crève les yeux. Dites simplement quelles sont vos intentions pour l’avenir et l’on risque de vous croire sur parole. Vous êtes à même maintenant de pouvoir afficher vos intentions avec optimisme et bonne humeur.

Quand il s’agit du moral et de la forme, le ciel vous soutient. Vous reprenez confiance en vous. Votre esprit aventureux vous permettra de prendre certains risques pour pouvoir montrer aux autres comme à vousmême ce dont vous êtes capable.

N’ayez aucune crainte, on conserve une très bonne image de vous. Vos inquiétudes relatives aux sentiments d’une personne proche de vous ne sont pas tout à fait fondées. Vous aurez sans doute votre mot à dire quant à une attitude incertaine face à une situation particulière.

Cancer

Scorpion

Poissons

Utilisez votre pouvoir de persuasion pour obtenir ce que vous voulez, l’opportunité vous en est offerte. C’est le bon moment pour pouvoir demander la faveur que vous souhaitez car votre interlocuteur sera dans de bonnes dispositions d’esprit à votre égard.

Vous vous demandez pourquoi toutes les rencontres que vous faites sont toujours les mêmes et vous ressentez du ressentiment parce que rien n’évolue. Vous aurez bientôt la chance de construire des relations nouvelles et passionnantes.

Des problèmes personnels pourraient survenir si vous ne faites pas attention à ce que vous dites. On dit souvent que la parole est d’argent mais que le silence est d’or. Faites en l’expérience et tout le monde sera très heureux d’une plus grande discrétion.

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CONNAISSEZ-VOUS...

Lakoom Info ?.. Lakoom-Info est une revue mensuelle , éditée par Les Publications et Éditions Chouaky, depuis le mois de juillet 2007. Désormais, elle est présente dans les kiosques en Algérie et bientôt au Maroc. Une publication comme il en manquait dans le paysage médiatique français, pour : S’INFORMER UTILEMENT, S’EXPRIMER SANS COMPLEXE, COMMUNIQUER EFFICACEMENT !

CARACTÉRISTIQUES: De format A4 et de 60 pages, elle est tirée en quadrichromie sur papier glacé brillant 135 gr en couverture et 90 gr intérieur. Pour ses trois premiers numéros, la revue a été tirée à 22.000 exemplaires. DISTRIBUTION : Distribuée prioritairement dans le dé-partement du Nord, en grande partie à Lille, la publication est également présente dans les grandes villes de France, mais aussi dans quelques villes d’Espagne et de Belgique ainsi que dans les capitales et les villes im-portantes du Maghreb. C’est là un ré-seau dont la densification est appelée à évoluer. S’agissant de la typologie des lieux de dépôt de la revue, on la trouve, à Lille et dans les autres gran-des villes de France et des 2 autres pays d’Europe (Belgique, Espagne), en priorité dans les lieux générale-ment fréquentés par les populations d’origine maghrébine, à savoir : ma-gasins d’alimentation, boucheries, taxiphones, salons de thé, restau-rants, salons de coiffure, cafés, bras-series…En France, et dans les 3 pays du Maghreb, la revue est également envoyée, par voie postale, à un grand nombre de personnalités, politiques et autres, d’administrations et établisse-ments publics, entreprises économi-ques et différents organismes. Dans cette dernière partie de notre réseau de diffusion, figurent aussi les repré-sentations diplomatiques et économi-ques des pays maghrébins, africains et arabes, les compagnies aériennes et maritimes françaises et maghré-bines ainsi que celles des pays ara-bes et africains, enfin les chambres de commerce franco maghrébines et franco arabe. LIGNE ÉDITORIALE ET LECTORAT CIBLE : Cette distribution correspond aux grands axes constitutifs de la ligne éditoriale de la publication. 1 / Faisant siennes les idées d’inté-gration citoyenne dans le respect des cultures et des traditions d’origine, la revue se propose de refléter le po-tentiel très fort d’enrichissement de la culture républicaine française que représentent, dans tous les domaines de la vie sociale, les énergies et les ressources créatrices portées par les citoyens français issus de l’immigra-tion, travaillant seuls ou en collectifs. S’adressant donc, pour l’essentiel, à un lectorat constitué de Françaises et de Français d’origine maghrébine, africaine et des autres pays arabes, la publication s’investit dans le compte rendu d’activités et d’initiatives créa-trices ou innovantes, de parcours et d’itinéraires exemplaires. 2 / La publication se propose égale-ment de mettre en exergue les oppor-tunités d’échanges et les avancées positives enregistrées dans le do-maine de la coopération économique et celui des relations politiques entre la France et les autres pays du bassin méditerranéen et africains, mais aussi au plan des échanges entre les socié-tés

civiles et les secteurs culturels et artistiques respectives. Compte tenu de cette démarche, nous intégrons dans notre réseau de diffu-sion un grand nombre d’organismes décideurs et de structures, étatiques et citoyennes, travaillant en direction de l’étranger. INSERTIONS : Vous êtes entrepreneur, commerçant. Votre activité et votre démarche pren-nent en compte l’intérêt que repré-sente, en termes de consommation et d’impact pour l’image de marque de votre enseigne ou de votre label, la part importante des communautés is-sues de l’immigration dans le marché national français. Vous n’ignorez pas que l’expansion de votre entreprise est étroitement liée au développement des relations interna-tionales, à une bonne connaissance des opportunités d’investissement et d’échanges et de repérage réciproque de partenaires potentiels. Plus que partie intégrante de votre expansion, la communication sur vo-tre activité et votre démarche pour la promotion de votre produit, en est un facteur dynamique essentiel. Dans cette perspective, Lakoom-Info, de par son contenu et son lectorat cible, présente toutes les garanties requises pour être, dans le cadre de votre stratégie de communication, vo-tre partenaire d’excellence. Profiter de nos tarifs promotionnels d’insertion, c’est, pour vous, l’assu-rance d’un message efficace.

Lakoom info 14/11, av. Président HOOVER 59000 Lille Tél./Fax : 00 33 3 20 50 35 06 contact@lakoom-info.com / chouaky@gmail.com www.lakoom-info.com



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