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De ses racines de coiffure au RoyaumeUni à son travail éditorial et de gala à Los Angeles, Vernon François, styliste de vedettes et éducateur, est un leader en ce qui concerne les chevelures frisées et sa mission est de les garder à l'avant-plan.
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Par Veronica Boodhan
Racontez-nous vos débuts dans l’industrie.
J’ai appris par moi-même comment tresser les cheveux à l’âge de huit ans et c’est vite devenu une obsession et une curiosité aussi fortes, exploratoires et passionnées qu’aujourd’hui. Mon premier emploi a été comme assistant dans un salon prestigieux de Londres, que ma mère m’a aidé à décrocher. J’avais 14 ans et je me suis tout de suite senti à l’aise. Je pouvais non seulement être moi-même, mais on appréciait mon talent malgré ma jeunesse. À l’époque, comme maintenant à bien des endroits, tous les professionnels ne recevaient pas une formation sur toutes les textures. Il y avait peu de stylistes qui pouvaient coiffer les cheveux frisés et afros dans la partie aisée de la ville où je travaillais, donc j’ai pu montrer ce que je pouvais faire avec les cheveux crépus, frisés et ondulés.
Vous avez mentionné avoir appris par vous-même à un jeune âge. Avez-vous toujours su que vous seriez styliste ? Qu’est-ce qui vous a attiré vers la coiffure ?
J’ai appris tout seul, enfant, comment tresser, rouler et tortiller les cheveux, parce que je ne voulais pas que ma mère me coiffe, ce qui était toujours douloureux et ne donnait pas un très bon résultat. Je me disais qu’il devait exister des méthodes de coiffure sans douleur, donc lorsque ma mère m’a dit de me coiffer moi-même, j’ai répondu : « D’accord, c’est ce que je vais faire. » C’est toujours la devise “ Je le peux et je le ferai ” qui me guide. J’ai commencé à expérimenter, en utilisant tout ce que je pouvais trouver, comme une vadrouille, ou les rideaux de perles de ma grandmère, à son grand désespoir.
Ayant grandi dans une famille rastafarienne, la coiffure a été une partie essentielle de mon éducation et signifiait pour moi l’amour et le respect. Je n’ai pas toujours su que je serais styliste, mais à l’école, je coiffais mes amis pendant la récréation, et des amis et des membres de la famille me demandaient de les coiffer dans mes temps libres. Il y avait des indices partout !
Parlez-vous de votre travail avec les vedettes. Quels sont vos souvenirs les plus mémorables ?
Il y a eu bien des moments extraordinaires. Je suis très fier de la coiffure style durag que j’ai créée pour Amandla Stenberg pour le Met Gala – du jamais vu. Des premières de films aux Oscars, l’art capillaire auquel Lupita Nyong’o et moi collaborons est toujours mémorable. Nous avons eu une aventure cocasse au Nigéria pendant une séance photo éditoriale, où nous avons été obligés d’utiliser le fer du styliste mode pour la coiffure, ce qui nous avons trouvé hilarant, et nos abonnés sur les médias sociaux aussi. Ç’a été un honneur de travailler avec Serena
Williams pour sa couverture pour Vanity Fair pendant sa grossesse. Willow Smith, une artiste extraordinaire avec qui j’ai eu le privilège de travailler, ne se soucie pas des conventions ou des attentes des autres au sujet de la coiffure.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la coiffure des vedettes ? Avez-vous des conseils pour les stylistes qui veulent travailler avec des stars ? Que faut-il garder en tête ?
J’aime l’art d’explorer et de créer par la coiffure. Mon conseil pour les stylistes qui veulent travailler avec les vedettes (et n’importe qui, en fait) est de traiter la personne assise sur votre fauteuil et ses cheveux, peu importe leur texture, crépue, frisée, ondulée ou raide, avec respect et valeur. Ce qu’il faut garder en tête, c’est que tout le monde veut se sentir le plus beau possible, et comme l’a dit Maya Angelou, « les gens oublieront ce que vous avez dit ou fait, mais ils n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir. »
Vous avez la réputation de défendre les cheveux texturés. Pourquoi est-ce important pour vous d’éduquer les autres sur les cheveux texturés ?
J’ai toujours travaillé avec toutes les textures, mais mon travail avec les cheveux afros et frisés est le plus connu. Actuellement, les cheveux frisés et crépus sont célébrés par des femmes d’influence, ce qui change la notion de ce qui est « beau », et on remarque plus de souplesse, non seulement en ce qui concerne la texture, mais aussi les couleurs, les formes et la taille des coiffures portées par tous les sexes.
C’est important pour moi d’éduquer et d’inspirer les autres quant aux possibilités infinies de la coiffure, parce que tous les humains ont un rapport quelconque avec leurs cheveux, qu’ils soient clairsemés ou épais, et ils sont une partie essentielle de nous qui mérite de l’amour, une reconnaissance et une confirmation.
Quels sont vos conseils pour les stylistes qui veulent travailler avec les cheveux frisés mais se sentent intimidés ou n’ont pas confiance en leurs compétences ?
Tout d’abord, pour comprendre comment travailler avec toutes les textures, il faut utiliser les bons termes, parce qu’il faut être très précis pour assurer le succès de l’apprentissage. La texture signifie la sensation donnée par quelque chose, donc par définition, toutes les chevelures ont une texture, y compris les cheveux raides. L’expression « cheveux texturés » est un euphémisme général pour les cheveux crépus ou frisés, ce qui peut être trompeur, alors utilisons plutôt ces motslà par souci de clarté.
EN 2016, IL A FONDÉ VERNON FRANÇOIS HAIRCARE « APRÈS AVOIR CONSTATÉ, DANS LES ESPACE BEAUTÉ PRINCIPAUX, L'ABSENCE DE MARQUES QUI SERVENT TOUTES LES TEXTURES, ET ÉCOUTÉ LES FRUSTRATIONS DE MES CLIENTS. JE COMPRENDS LE RENDEMENT DES PRODUITS, LES MEILLEURS INGRÉDIENTS PAR TYPE DE CHEVEUX ET LA RÉACTION DES CHEVEUX CRÉPUS ET FRISÉS À DIVERS ENVIRONNEMENTS. »
Tous les stylistes professionnels doivent s’éduquer sur le travail avec toutes les textures, parce qu’ils doivent être les meilleurs possibles et faire de leur mieux pour les clients. Avec toutes les plateformes éducatives qui existent dans le monde, il n’y a vraiment aucune raison de ne pas avoir les compétences nécessaires.
En fin de compte, les cheveux sont les cheveux, qu’ils soient crépus, frisés, ondulés ou raides, alors faisons des salons des espaces accueillants et sûrs pour toutes les textures, peu importe la personne, peu importe le sexe.
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Vous êtes éducateur et conseiller international chez Redken. Pouvezvous nous en parler et nous dire ce qui vous plaît le plus dans ce rôle ?
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Je peux à peine croire, même aujourd’hui, que je suis conseiller, styliste de vedettes et éducateur chez Redken. C’est un grand moment que j’ai parfois du mal à comprendre, parce que dans mon enfance, on m’a laissé entendre que ma dyslexie me nuirait. C’était mon ambition, depuis que j’étais assistant, de travailler pour cette marque-là. Sans blague. Je ne sais pas exactement comment ça s’est produit, mais je serai éternellement reconnaissant d’avoir attiré son attention. Redken et moi sommes sur la même longueur d’onde en ce qui concerne toutes les expériences de coiffure, défendant l’inclusivité totale, devant et derrière la caméra, à tout prix, dans une industrie complexe.
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