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Quels sont les risques cutanés des Équipements de protection individuels

FYAD Abderrahmane.

Réponse

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Équipements de protection individuels (EPI), leur rôle, leur place et leur diversité –Qu’est-ce qu’on entend par EPI?

L’INRS (France) (1) définit un EPI comme un dispositif de protection contre un risque professionnel encouru en milieu de travail. Les différents dispositifs visent à protéger l’individu ou un organe contre un risque chimique, physique, traumatique ou biologique. Ainsi on peut recourir à la protection des yeux et de la vision, des oreilles et de l’audition, de l’air inspiré et des poumons et autant pour d’autres organes et fonctions vitales. Il est important de ne jamais perdre de vue que la prévention contre les risques en milieu professionnel recourt aux EPI en dernière instance. Leur absence en situation de risques avérés non contenus par une prévention collective globale ainsi que le refus de leur port témoignent de conditions de travail irresponsables et dégradées. De telles situations impliquent la responsabilité réglementaire (2) aussi bien de l’employeur que du salarié.

–Quelle place occupent les EPI dans la politique de prévention en milieu de travail?

Les EPI sont le dernier recours pour préserver la santé et la sécurité de l’opérateur. Ils assurent le dernier rempart, puisqu’appliqués directement à l’échelle de l’individu, avec une efficacité relative, individuelle et limitée contre le risque professionnel. Certains auteurs partisans de l’intégration ergonomique de la prévention n’hésitent pas à les qualifier de «pisaller».

–Quels types d’EPI distingue-t-on?

Les EPI : dernier barrage aux agents délétères professionnels :

En raison de leur nature et l’objectif restreint de leur usage, les EPI s’adressent le plus souvent à protéger un organe ou une fonction physiologique, mais parfois aussi au corps total. Il en est ainsi, dans ce dernier cas, de la protection contre, les rayonnements ionisants par exemple. Dans la liste suivante, un aperçu non exhaustif est donné à titre d’exemple: –les gants(3) : pour protéger les mains, les doigts, les poignets, etc. Leur port protège selon leur composition contre les traumatismes, l’irritation ou la brûlure physique ou chimique, la contamination microbienne, etc. Les gants protègent, mais parfois peuvent se révéler comme une cause de soucis cutanés. Leur composition est déterminée par la nature des travaux à réaliser • cuir: pourle travail manuel à sec, les traumatismes mécaniques minimes: martelage, sciage, manutention de charges… • coton : pour des travaux fins, à sec, exigeant de la dextérité • matières synthétiques: on y recourt pour les travaux humides (eau, solvant…). Leur imperméabilité sélective en détermine le choix. • cote de maille: on l’utilise comme protection contre le risque de coupure. • Gels et autres topiques: Ici, c’est le rôle protecteur du film épidermique superficiel qui est renforcé ou modifié. –les bottes, leschaussures, –les tenues, les vestes, blouses et autres combinaisons de travail,

–les bouchons, coquilles et casques antibruit, –les masques, les visières et les lunettes, –les casques, calottes, et autres couvre-chefs, –la signalisation : les barrettes fluorescentes, –les masques à cartouches –les masques à apport d’air, d’oxygène,

Les EPI : Normes, efficacité, confort et choix

Quelques premiers principes: les organismes qui fabriquent les EPI sont tenus de respecter des normes (nationales ou internationales) dont les principes sont: • ne pas nuire, • ne pas induire une fausse sécurité, • répondre à une norme connue faible, • acceptabilité, • implication des agents-utilisateurs dans le choix.

Les risques possiblement liés aux EPI :

-la défaillance dans le rôle protecteur : c’est le risque majeur qui incombe au fabricant, à l’employeur et au chargé de la sécurité en entreprise. –La toxicité systémique : l’exemple des cartouches inadaptées ou surutilisées vis-à-vis de produits chimiques comme les solvants estfréquent.

–Les réactions cutanées locales ou générales :

• Irritation cutanée simple : cette appellation s’applique aux lésions cutanées lorsqu’elles sont quasi exclusivement liées au contact avec le produit irritant.

Relativement bénignes, elles disparaissent spontanément en 3 à 4jours après la cessation du contact inducteur. • Sécheresse : Il s’agit là d’un phénomène fréquent et passager. L’application de crème ou de gel émollient améliore l’aspect de la peau et la sensation qui s’y rattache. • Acné : rare, il a été décrit chez des équipes de réanimateurs de malades atteints de

SRAS en Asie du Sud Est. • Macération et mycoses : elles se voient comme lésions interdigitales nacrées favorisées par l’occlusion des gants ou des bottes. Elles peuvent se compliquer et favoriser une greffe mycélienne. • Photo toxicité : Bien que rare, elle peut être secondaire à l’application de crèmes ou produits dits «écran solaire». Elle agit par activation aux UV des principes chimiques contenus dans la crème. Elle peut se voir à l’occasion du travail en plein air au soleil ou sous un fort éclairage sur une scène. Cliniquement, elle apparait comme un érythème diffus des zones anatomiques découvertes: visage, cou, avant-bras. Les régions rétroauriculaires et le triangle sous-mentonnier sont épargnés. • Allergie de type I ou eczéma de contact immédiat : rare, c’est quasiment une réaction d’intolérance au port de l’EPI (4). Les manifestations cutanées à type d’érythème et de démangeaisons surviennent dans les minutes qui suivent le port de l’EPI. La réaction immunitaire à médiation hormonale mise en jeu traduit la rencontre du sujet avec l’allergène dans le passé, • Œdème de Quincke et choc anaphylactique : Ici, il s’agit d’accidents chez des sujets antérieurement sensibilisés professionnellement à un EPI. L’accident survient alors par mégarde lors d’un accouchement ou d’une intervention chirurgicale par un opérateur utilisant le même type de gants. • Urticaire : Cliniquement, il s’agit d’une manifestation cutanée érythémateuse œdémateuse en relief limitée ou débordant peu la zone de contact. Les gants (latex) en sont pourvoyeurs. • Phénomène de Koebner : Il s’agit, chez un sujet atteint de psoriasis ou de lichen, de l’apparition de lésions de son affection chronique sur une zone de friction cutanée provoquée par le dispositif de protection (genouillères, souliers de sécurité).

• Allergie de type II : c’est la plus fréquente des effets indésirables induits par les EPI.

Tous les dispositifs de protection peuvent se voir incriminer: gants, chaussures de sécurité, lunettes, masques, casques, coquilles et bouchons d’oreille, voire des combinaisons étanches. L’eczéma, au début, est d’abord préférentiellement limité à la zone de contact. Il s’agit au début de lésions érythémateuses papulo-vésiculaire.

Plus tard elles peuvent s’étendre et devenir érythémao-croûteuses et se surinfecter.

Le test épicutané à l’allergène en cause est franchement positif. L’allergène le plus fréquemment mis en causes pour les gants et les souliers de sécurité dans l’industrie et les BTP est le chrome.Dans le secteur de la santé, c’est le Latex des gants qui est souvent retrouvé.

Quelle CAT alors?

• la prévention vis-à-vis du risque ambiant reste de rigueur (avec ou sans EPI!), • Irritation, macération, mycose: l’irritation lorsqu’elle n’est pas sévère se résorbe progressivement et spontanément sans traitement particulier. La peau s’adapte en produisant une couche cornée plus épaisse. La macération traduit un mauvais choix d’EPI, ou un port continu sans interruption. Il faut assurer l’aération de l’organe protégé par un EPI non hermétiquement étanche ou percé d’orifices d’aération. La recherche de filaments mycéliens pour confirmer la présence d’une mycose est facile à réaliser en microscopie optique. Elle autorise un traitement aux imidazoles toujours efficace. • type I : interdiction ou éviction. Devant des réactions allergiques cutanées immédiates (eczéma ou urticaire) le choix est simple: changer l’EPI ou éloigner le salarié. • allergies: substitution, exclusion, recommandation: la même CAT est indiquée là aussi : trouver un EPI d’efficacité équivalente non allergisant ou éloigner le salarié. Lorsque l’allergène est classé comme fortement allergisant avec apparition de plusieurs cas, changer l’EPI même chez ceux qui ne présentent pas encore de manifestation. C’est ce qui pourrait être conseillé vis-à-vis de gants en cuir tanné au bichromate de potassium. • déclaration d’AT: l’apparition de lésion cutanée provoquée par le port d’EPI est justiciable d’une déclaration au titre des accidents du travail. • contrôle périodique de l’état des EPI : l’état des EPI, leur efficacité, leur contamination sont de la responsabilité de l’employeur et du chargé de la sécurité de l’employeur. • formation, éducation à la prévention : outre l’obligation d’assurer à ses salariés l’hygiène et la sécurité au travail, la réglementation insiste sur la formation et la sensibilisation des travailleurs.

Iconographie d’illustration

Pour l’iconographie et afin d’éviter de trop surcharger ce papier, je vous recommande de consulter le site suivant: http://www.atlasdedermatologieprofessionnelle.com/index.php/Dermatite_d%27irritation_d e_contact

Conclusion

L’utilisation d’EPI, bien que réglementairement obligatoire, est parfois associée à des réactions cutanées indésirables. On est donc parfois amené à trouver des alternatives adaptées pour assurer la protection du personnel. Cela suppose des choix appropriés dans l’acquisition des EPI et une information et un suivi soutenus des personnes concernées.

Références

1. Les équipements de protection individuelle des yeux et ... -INRS / ww.inrs.fr› dms › inrs ›Catalogue Papier › TI-ED-798 2.Article 5,6 de la loi 90-11 et décret exécutif 91-05 du 19 janvier 1991 3.Lelogiciel ProtecPode l'INRS peut aider au choix du type de gants. 4.Chris C I Foo (2006) : Prévalence de réactions cutanées dues aux EPI portés par le personnel de santé à Singapour lors de l’épidémie de SARS. -Contact Dermatitis. 2006 Nov. 55(5): 291–294.-

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