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Le Journal de la Médecine du Travail

JMT BULLETIN OFFICIEL DE LA SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE DE MÉDECINE DU TRAVAIL - SAMT NOUVELLE SÉRIE - N° 23 Quatrième trimestre 2016

STRESS AU TRAVAIL RISQUE CHIMIQUE

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


SOMMAIRE

J.M.T.

Le Journal de la Médecine du Travail Bulletin Officiel de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT) N° ISSN : 1112 – 2438 N°23 – Nouvelle Série, Annaba Directeur de la Publication Pr. D. NAFAI – BOUTOUCHENT Secrétaire Général, Chargé de la revue de la SAMT Rédacteur en chef Pr. H. BENMESSAOUD Membres du Comité de rédaction Dr. BELKHATIR Achouaq Dr. CHIBANE Lynda Dr. DJAKRIR Larbi Dr. KHOUDOUR Zoubida Dr. OUAREK Abdesselam Dr. REZAK Amina Dr. ZEMMOURI Nadia Comité de Lecture - AKIF Nora - ARIB Amel - BEGHDADLI Benali - BENMESSAOUD Hayette - BOUCELMA Malika - BOUHADIBA Fouzia - CHAIB Samia - DJAKRIR Larbi - DJAZOULI Mohamed Amine - FISSAH Aziza - GHEZINI Younes - GHOMARI Othmane - HADDAR Mustapha - IDDER Cherifa - KANDOUCI Abdelkrim - KANDOUCI Chahrazed - KORICHI Eseid - LAMARA MAHAMED Ameur - LIANI Nora - NAFAI Dalila - NEZZAL Abdelmalek - OUAAZ Meriem - SEKKAL Samira - SEMID Abdelkader - TALEB Abdeslem - ZATOUT Mohand Membres d'Honneur : (in memorium) Pr. ABED Djamel Eddine Pr. MASSEBOEUF Sadek Pr. MOKHTARI Radia Conception - Réalisation: Administration SAMT Impression online: ISSUU Site Web: http://samtalgerie.com

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Editorial

Pr. D. NAFAI

Dossier 1 : Stress au travail 1.Enquête sur le syndrome d’épuisement professionnel chez les médecins du CHU de Sidi Bel-Abbès

C.Kandouci, L. Regad ,F. Baraka,B.A.Kandouci...................................1

2.Impact du stress professionnel sur le risque cardiovasculaire global A. L Behlouli,Z .Boukerma....................8 3. Les risques psychosociaux dans le métier d’agent de sécurité hospitalier A. Belkhatir - D.Nafai – L. Djakrir............15

Dossier 2 : Risque chimique 1. Conditions de manipulation des anticancéreux dans les services d’oncologie d’un CHU de l’Est algérien

N. Tigha Bouaziz, D. Tourab , AM.Nezzal...........................................20

2. Exposition professionnelle au perchloréthylène dans l’ouest Algérien

Z.Belhadj, D.Zergoun, A.B.Kandouci...................................................29

Dossier 3 : Evaluation et enquête en entreprise 1.Transmission des savoir- faire professionnels dans une entreprise de bâtiments et travaux publics

Z. Khoudour,A. Lamara Mahamed, N. Liani......................................35

Mise au point 1. Stress professionnel : le collectif de travail ressource pour la prévention C.Idder Laib;N. Kaced Benazzouz; M. Haddar ..................................42

Pédagogie 1. Cancer et retour au travail

N. Liani ; Z.Khoudour ; L. Dahmani ; A. Bacha................................45

Thèses soutenues en sante et sécurité au travail.........................................................................48 Agenda des congrès et manifestations scientifiques..................................................................................52


Organes de la Société Algérienne de Médecine du Travail BUREAU DE LA SAMT 2016 Président : Pr. HADDAR M. – EPH « Djamel Eddine Abed » Rouiba Secrétaire Général : Pr. NAFAI D. – CHU Mustapha Bacha Secrétaire Général adjoint : Pr. BENMESSAOUD H. – CHU Bab El Oued Trésorier : Pr NEZZAL A.M. – CHU Annaba Trésorier adjoint : Dr. KHEZZAN CHU Annaba Vice-président Région Ouest : Pr. DJAZOULI M.A. – CHU Oran Vice-président Région Centre : Dr OUAREK A. – EPH « Djamel Eddine Abed » Rouiba Vice-président Région Sud : Dr. BABZIZ H.S. – Ouargla Vice-président Région Est : Dr. DERRADJ – CHU Bougie Président du Conseil Scientifique : Pr. LAMARA MAHAMED A.

Administration SAMT Tel

/Fax

: 038405148

Emai l : secretaire@samtalgerie.com Email : secretaireadjoint@samtalgerie.com

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Éditorial Chers confrères, nous voilà au terme de notre mandat, nous espérons vous avoir servi au mieux de notre capacité. Il nous a été donné l’opportunité de dédier ce 23ème JMT au stress au travail, thème de l’année 2016 dont l’effigie est le stress au travail : un défi collectif. En effet l’OIT et l’OMS ont pris conscience de l’émergence des risques psychosociaux et du stress au travail liés aux mutations récentes du monde professionnel marquées notamment par une intensification du travail et ses conséquences délétères tant sur la santé des salariés que sur la performance des entreprises et établissements. Cette problématique est rehaussée par la mise au point du Pr C.Idder-Laib à travers sa contribution pédagogique sur le « Stress professionnel : le collectif de travail ressource pour la prévention». Par ailleurs le risque chimique n’en est pas moins important, particulièrement à travers ses répercussions en milieu professionnel en général et en milieu de soins en particuliers tant que les pathologies professionnelles qui en résultent, restent malheureusement et de loin sous estimées par insuffisance de moyens de dépistage et d’évaluation dans notre pratique quotidienne. Chers confrères, rappelez-vous toujours que ce journal est le votre, nous vous invitons à vous y impliquer activement en y faisant un espace d’échange d’expériences et de savoir faire en milieu professionnel.

Votre satisfaction est notre plaisir, Vous servir est notre objectif ! La Directrice de la Publication Pr. D. NAFAI BOUTOUCHENT

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Stress au travail Enquête sur le syndrome d'épuisement professionnel chez les médecins .

Kandouci.C¹, Regad.L ¹, Baraka.F¹, B.A Kandouci¹ 1Laboratoire de recherche en environnement et santé Université de Sidi Bel-Abbès (Algérie)

Summary Background: Burn out is a syndrome of emotional exhaustion, depersonalization and reduction of the personal fulfillment which appears at the individual's involved professionally with others. This study aims were to estimate the prevalence of burn out among practicing physicians in the various services of the university hospital of Sidi Bel-Abbes and to identify the socio-demographic factors, the professional and the personal correlates of the three components of burn-out. Method: A descriptive cross-sectional study was conducted from December 2014 to May 2015 in 542 physicians working at university hospital of Sidi BelAbbes city. The investigation support was an anonymous questionnaire self in three parts: The first part evaluated the characteristics of physicians; the second part evaluated the burn out using Maslach Burn-out Inventory (MBI) in its French version (Canoui.P 2008). The third part dealed with the possible con-sequences of burnout.

Keywords: professional exhaustion, physicians, Sidi Bel-Abbès

Résumé Contexte: le Burn out est un syndrome d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l'accomplissement personnel qui apparait chez les individus impliqués professionnellement auprès d'autrui. Les objectifs de cette étude étaient d'estimer la prévalence du burn out chez les médecins exerçant au niveau des différents services du CHU de Sidi Bel-Abbes ; et d'identifier les facteurs sociodémographiques, professionnels et personnels associés aux trois composantes de burn-out. Sujets et méthodes: Une étude transversale de type descriptif a été menée de Décembre 2014 à Mai 2015 auprès de 542 médecins de CHU de Sidi Bel Abbès. Le support de l'enquête est un auto questionnaire anonyme comprenant trois parties : La première partie évaluait les caractéristiques des médecins ; La deuxième partie évaluait le burn out en utilisant le MaslachBurn out Inventory (MBI) dans sa version française (Canoui.P 2008). La troisième partie envisageait des conséquences éventuelles de l'épuisement.

Results: The response rate was 50.36%, with a female predominance (58.8%).Over half of the population was single (53.8%) the average age was 31.19±5.18 years. The main somatic complaints included headaches (53.8) and sleep disorders (52.3). Over two thirds of our population (72.9%) were affected by burn out, of which 67% had high levels of emotional exhaustion, 43.5% had a high level of depersonalization and 55% felt less accomplished in their work.

Résultats : Le taux de participation était de 50,36 % avec une nette prédominance féminine (58,8%). Plus de la moitié de la population étaient célibataire (53,8%) avec un âge moyen de 31,19 ± 5,18 ans.

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Conclusion: The phenomenon of burn-out is a reality in Sidi Bel-Abbes.


Les plaintes somatiques étaient dominées par les céphalées (53,8%) et les troubles du sommeil (52,3%). Plus des deux tiers de notre population (72,9%) étaient touchés par le burn-out dont 67% avaient un niveau d'épuisement émotionnel élevé, 43,5% avaient un niveau de dépersonnalisation élevé et 55% se sentaient moins accomplis dans leur travail.

ne discutent pas les di˙érentes options de traitement et commettent des erreurs qu'on ne peut attribuer à leur manque de connaissance ou d'expérience [6].

Conclusion : le burn out est une réalité à Sidi Bel abbès

L'objectif de cette étude était d'estimer la prévalence du burn-out chez les médecins exerçant au niveau des di˙érents services du CHU de Sidi Bel Abbès et d'identifier les facteurs sociodémographiques, professionnels et personnels associés aux trois composantes du Burn-out.

Mots clés : Bel-Abbès

Le burn-out a des conséquences négatives pour la santé du professionnel. Chez les médecins, il est, par exemple, associe à des conduites additives [6].

Epuisement professionnel, médecins, Sidi

1 Introduction

Sujets et méthode Durant ces 30 dernières années, le travail a profondément 2 changé et, avec lui, ses effets sur la santé des salariés. Parmi L'épuisement professionnel (EP) a été étudié chez 542 les nouveaux risques recensés, certains peuvent mettre en médecins exerçant au niveau des di˙érents services du jeu la santé mentale des travailleurs, les performances au CHU de Sidi Bel-Abbès ayant une ancienneté de plus travail et la satisfaction que l'on peut y éprouver[1]. d'une année. Une étude transversale de type descriptif a Le stress psychologique est défini par Lazarus et Folkman été réalisée sur une période de six mois (de Décembre comme la perception par le sujet d'un environnement 2014 au mois de Mai 2015) à l'aide d'un auto menaçant, excédant les ressources adaptatives de la questionnaire anonyme comprenant trois parties: personne et compromettant son bien-être [2]. La première partie évaluait les caractéristiques Le syndrome d'épuisement professionnel, ou burn out, a été sociodémographiques telles que l'âge des médecins, statut décrit dans les années soixante-dix comme une forme matrimonial, celles de l'activité professionnelle telles que particulière de réaction au stress chronique dans le cadre des la charge de travail, le nombre de gardes et les professions d'aide, dont les infirmières, les caractéristiques personnelles telles que la pratique de travailleurs sociaux et les médecins [3]. loisir et les habitudes de vie. Pour Maslach, le syndrome de burn out comprend 3 La seconde partie évaluait le Burn-out des médecins en dimensions corrélées mais distinctes : l'épuisement utilisant le Maslach Burnout Inventory (MBI) dans sa émotionnel, la dépersonnalisation, et la diminution du version française [Traduction FONTAINE. CANOUÏ.P sentiment de réalisation de soi [4]: «but-n-out» est «un (2008)] [7]. syndrome d'épuisement physique et émo-tionnel qui conduit au développement d'une image de soi inadéquate, La troisième partie envisageait des conséquences d'attitudes négatives au travail avec perte des intérêts et de éventuelles de l'épuisement professionnel, telles que l'usage de psychotropes; enfin, les médecins étaient sentiments pour les patients » invités à indiquer les causes de l'épuisement professionnel Le burn out est un facteur d'instabilité professionnelle et telles qu'ils les percevaients, en réponse à une question d'absentéisme, il entrane une détérioration de la qualité des ouverte. Les réponses étaient anonymes. soins fournis aux clients. Le burn out des médecins modifie les prises de décision concernant les malades [5].En effet, Le MBI est un inventaire de 22 items dont 9 évaluent les médecins atteints de burn-out répondent moins l'épuisement émotionnel, 5 la dépersonnalisation, et 8 aux questions des patients,Plus des deux tiers (69,8%) des l'accomplissent personnel. Chaque item est coté de 0 médecins effectuaient des gardes avec une moyenne de 3,55 (jamais ressenti) à 6 (ressenti chaque jour). Les ± 2,65 gardes par mois et la plupart d'entre eux (80,9%) qualités psychométriques du MBI et de sa version française sont satisfaisantes [8], [9]. n'avait pas de repos compensateur,les négligent davantage, 2

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Le niveau d'épuisement émotionnel(EE) est considéré comme bas, modéré, ou élevé pour des scores respectivement fixés à ≤ 17, 18-29, u 30 ; pour le degré de dépersonnalisation(DP), les scores sont respectivement fixés à a 5, 6-11, u 12 ; pour l'accomplissement personnel(AP), les scores sont respectivement fixés à a 33, 34-39,u 40 [11]. Le score global n'est pas utilisé en pratique.

La charge horaire hebdomadaire des médecins était de 38,4 ± 9,34 heures et prés de la moitié (44,3%) d'entre eux avaient seulement 2 week-end libres par mois. Plus de la moitié (53,8%) des médecins ne consacraient pas de temps pour leurs loisirs et deux tiers (66,8%) d'entre eux ne pratiquaient pas d'activité en dehors du travail. Près de la moitié (41,2%) déclaraient qu'ils consommaient le café et/ou le thé en excès. La majorité de notre population était non fumeur (91,2%), les tabagiques ne représentaient que (8,8%). La quasi-totalité des médecins ne consommaient pas d'alcool (99,6%) ni de psychotropes (99,2%) et qu'aucun d'entre eux n'avait de penchant pour la drogue. Les plaintes somatiques rapportées par les médecins étaient dominées par les céphalées (53,8%), les troubles du sommeil (52,3%) ainsi que les troubles musculo-squelettiques (41,2%). Cependant 13% des médecins déclaraient qu'ils ne se plaignaient d'aucun trouble sur le plan physique. Selon les résultats du MBI, 128 médecins (67%) avaient un niveau élevé d'épuisement émotionnel, alors que 42 (22%) avait un score d'épuisement émotionnel modéré et que 21 (11%) n'exprimaient pas d'épuisement professionnel. Le score moyen d'épuisement émotionnel était de 32,18 ± 10,83 (extrêmes : 2-53).

Comme le diagnostic positif du burnout ne néces-site pas la présence simultanée de scores élevés dans les trois dimensions explorées [12], un syndrome d'épuisement professionnel était retenu si le score dépassait les valeurs définies par Maslach dans l'une au moins des trois composantes du MBI (élevé pour l'EE ou la DP, faible pour l'AP). Les tests de comparaison entre les trois niveaux de score sur le MBI ont été réalisés par le test de Chi- 2 ou test de Fisher pour les grandeurs qualitatives; et par l'étude des variances pour la comparaison des moyennes. Une valeur de p ≤ 0,05 est considérée comme statistiquement significative.

3 Résultats

La dépersonnalisation touchait à un niveau élevé 83 médecins (43,5%), à un niveau modéré 65 médecins (34%) et épargnait 43 médecins (22,5%). Le score moyen de dépersonnalisation était de 10,34 ± 5,59 (extrêmes : 0-30). L'accomplissement personnel était élevé pour 36 médecins (18,8%), modéré pour 50 médecins (26,2%) et mauvais pour 105 médecins (55%). Le score moyen d'accomplissement personnel était de 32,55 ± 7,37 (extrêmes : 6-47). Cent quatre vingt et onze médecins soit 72,9% avaient un niveau élevé de burn out alors que 27,1% (soit 71 médecins) n'en soufraient pas.

Sur les 542 questionnaires distribués, 273 médecins ont répondu, soit un taux de participation de 50,36%. Parmi les répondants, 11 questionnaires n'ont pas été exploités par manque de données, soit 262 médecins inclus dans l'étude. Il ressort de notre étude une nette prédominance féminine (58,8%) avec âge moyen 31,19 ± 5,18 ans. Plus de la moitié (53,8%) de la population étudiée était célibataire et plus des deux tiers (69,2%) des médecins mariés avaient des enfants à leurs charge avec une moyenne de 1,18 ± 1,05 enfants. Les médecins résidents (77,5%) constituaient la majorité de la population alors que les spécialistes ne représentaient que 19,1% et les généralistes 3,4%.

Les principales causes d'épuisement professionnel citées par les médecins en réponse à une question ouverte étaient le manque de moyens, la mauvaise organisation du service et les exigences du patient et de leurs familles. (Tableau I) Un niveau d'épuisement émotionnel était significativement associé au sexe,

L'ancienneté professionnelle était de moins de 5 ans chez 71% des médecins avec une moyenne de 5,22±3,6 ans.

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Tableau 3: Les corrĂŠlations entre les trois dimensions du

statut marital, le fait que les mÊdecins soient jeunes, dÊbutant leur carrière et effectuant plus de gardes. (Tableau II et III)

burn out et les paramètres ÊtudiÊs (qualitatifs)

EE(p) Sexe Statut marital Statut Professionnel Absence de repos compensateur ActivitĂŠs en dehors du travail Loisirs Consommation de tabac Consommation d'alcool Consommation de psychotropes Retentissement de la profession sur l'entourage

Tableau 1:

Causes de l'Êpuisement professionnel perçues par 262 mÊdecins. FrÊquence 85,1 68,7

Causes Manque de moyens Mauvaise organisation du service Exigences des patients et de leur environnement E ectif rÊduit du personnel Peur de l'erreur mÊdicale Manque de reconnaissance pressions administratives Con its avec les collègues Aucun problème

50 46,9 40,1 32,4 30,9 23,3 3,4

dimensions du burnout et les paramètres ÊtudiÊs (quantitatifs).

EE Nombre

-0,13 -0,05

0,05 0,06

-0,14

D

-0,12 -0.09

0,09 0,41

0,04

0,15

0,11

0,13

0,23 -0,27

AP

D(p) 0.08

0.71

0.30

0.01

0.03

AP(p) 0.18 0.10 0.33 0.91

0.01

0.05

0.01

0.85

0.05

0.66 0.54 0.51

0.007

0.18 0.2 0.19 0.06

0.11

0.000

0.08 0.30

0.01

0.8

0.9

Un niveau ĂŠlevĂŠ de dĂŠpersonnalisation ĂŠtait associĂŠ au statut marital, la consommation de psychotropes, le fait que les mĂŠdecins soient moins anciens dans leurs professions, ayant un volume horaire hebdomadaire et nombre de gardes ĂŠlevĂŠs (tableau II, III)

Tableau 2: Les corrĂŠlations entre les trois

Age

0.04

-0,04 0,07

0,95 0,47

0,03

-,004

0,54

0,15

0,03

0,002

0,98

0,001

0,18

0,01

0,07

0,32

0,00

-0,14

0,05

-0,14

0,04

Un bas niveau d'accomplissement personnel ĂŠtait significativement associĂŠ Ă la consommation de tabac et au nombre de week-end libres par mois (tableau II, III)

4 Discussion

d'enfants Ă charge AnciennetĂŠ

Nous avons rĂŠalisĂŠ une ĂŠtude transversale sur une pĂŠriode dĂŠterminĂŠe de DĂŠcembre 2014 Ă Mai 2015, seule une ĂŠtude longitudinale aurait permis de suivre l'ĂŠvolution du Burn out au cours du temps : nos rĂŠsultats ne peuvent donc pas ĂŞtre gĂŠnĂŠralisĂŠs pour toute l'annĂŠe.

professionnelle Les heures de travail Les

Notons aussi que cette Êtude nous a permis d'Êvaluer le burn out : la recherche d'un lien significatif entre les paramètres ÊtudiÊs et le burn out n'a pas ÊtÊ concluante car il s'agit d'un processus temporel qui ne permet pas d'Êtablir un lien de cause à effet.

gardes Nombre de week-end libres par mois

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Un auto-questionnaire ne peut pas permettre une évaluation objective du burn out. Un sujet soufrant de burn out peut ne pas répondre objectivement au questionnaire (voulant par exemple nier sa soufrance par manque d'énergie, de motivation, par évitement, ou encore par le fait d'être débordé par le travail) et inversement, certains participants auraient pu participer activement : Nos résultats seraient ainsi sous-ou sur-exprimés.

élevé (67%) que dans la plupart des autres études. Ceci est également vrai pour la dépersonnalisation (43,5%), par contre notre étude montrait que les médecins du CHU de SBA étaient moins accomplis (55%) dans leur travail par apport aux études françaises [5], [15]: à noter qu'il est difficile et délicat de chercher une explication pour cette différence entre les pays, selon M.H. Mangen [15]. il existe certainement des différences socio-économiques, politiques et culturelles.

Néanmoins, notre étude a aussi des points positifs ; L'anonymat du questionnaire a pu faciliter l'honnêteté des réponses aux questions délicates et même tabou tels que la consommation d'alcool, de tabac ou de psychotropes. De nombreux participants à l'étude ont d'ailleurs rajouté à leurs réponses qu'ils trouvaient le sujet intéressant, ont fait des remarques encourageantes ou ont exprimé leur désir de connaître les résultats de l'étude.

L'implication des variables sociodémographiques et professionnelles dans la survenue du burn out a été évaluée par plusieurs auteurs et le rôle de l'âge reste encore discuté : Il serait plus fréquent chez les jeunes anesthésistes [16], [17]. L'âge moyen de nos praticiens a été de 31,19 ans ± 5,18 avec des extrêmes 25 à 50 ans.

Les résultats de notre étude révèlent Une association Le burn out était une réalité dans notre population avec une significative entre l'âge et le burn out : L'âge parait modifier le prévalence de72,9 % : chiffre semblable à celui de l'enquête risque d'épuisement émotionnel, ce qui rejoint plusieurs marocaine S.Massou et al. [12].(Tableau IV) études [18], [17], cela pourrait s'expliquer par le manque de capacité d'adaptation pour les jeunes qui sont soumis au choc initial de la réalité professionnelle, qu'ils seraient plus sujets à Tableau 4: Prévalence du burn out, Comparaison avec l'insécurité professionnelle et à l'ambiguïté de rôle. d'autres études portants sur les médecins EE = épuisement émotionnel; D = dépersonnalisa-tion. ; AP = Il ressort de cette étude un lien significatif entre l'EE et le Accomplissement personnel sexe, Maslach pense que les attitudes différentes des hommes et des femmes pourraient jouer un rôle, les hommes ayant des Burn EE% D% AP attitudes plus instrumentales et les femmes des attitudes plus out bas% émotionnelles, plus empathiques. [19]. Sidi Bel-Abbes, Algérie 72.9 67 43.5 55 (C.Kandouci) 2015 Rabat, Maroc (S. Massou and al) 2013 [12] Tabarka & Jendouba, Tunisie (N.Maarou ) 2015 [13] Casablanca, Maroc (N. Moubachir ) 2006 [14] Saint-Etienne ,France (P. Cathébras) 2004 [5] Luxembourg (M. H Mangen 2007) [15]

70

48

21

43

56

47

36,6

33

-

83,3

60

53.3

-

26

34

19

-

10,8

12.1

33.1

L'épuisement émotionnel était plus fréquent chez les femmes .La plus grande vulnérabilité des femmes au burn out pourrait être en rapport avec leur implication plus importante dans la relation émotionnelle à l'égard de leurs malades [20] et du fait qu'elles cumulent d'autres facteurs de stress extraprofessionnels. Cette étude a mis en évidence un lien significatif entre le statut marital et les deux dimensions du BO (EE et DP). C. Maslach [21] a montré que le support social familial apporte un soutien émotionnel de bonne qualité qui diminue l'incidence du burn out.

Dans notre étude l'épuisement émotionnel était plus

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Il ressort chez certains auteurs que la vie en famille a un effet positif sur le moral[22] et est corrélée à la satisfaction au travail [23], [24]. Il est vrai que le support social peut prendre différentes formes: soutien matériel concret, soutien socioaffectif, soutien informationnel. Chacune de ces formes peut protéger de stresseurs particuliers [5].

Logiquement comme on aurait pu l'imaginer, le nombre de gardes élevé et l'absence de repos compensateur étaient corrélés signifficativement à l'épuisement professionnel. Il est en effet connu qu'une importante charge de travail peut favoriser l'épuisement professionnel selon D.Truchot [30] et C.Maslach [19].

Aucune corrélation n'a été retrouvée entre l'EP et le nombre d'enfants à charge, de nombreux auteurs concluaient à l'identique tels que P. Canoui [7].

Les causes de cet épuisement perçues par les praticiens regroupent largement les situations qu'ils jugent stressantes : organisationnelles (mauvaise organisation et manque de moyens) mais aussi relationnelles (les exigences des patients et de leur familles). L'importance attribuée par les médecins à un facteur de stress ne reflète pas nécessairement son impact réel sur le burn out, de plus la fréquence perçue des facteurs de stress n'est pas toujours un bon prédicteur du burn out.

Cependant, cette corrélation a été retrouvée dans l'étude de Delbrouk [25]: Avoir des enfants à charge est un facteur protecteur contre le BO ; effectivement le salarié ayant des enfants est obligé chaque jour de mettre un moment son travail de côté pour être près de ses enfants, ainsi ces L'épuisement professionnel apparaît comme une réalité derniers peuvent présenter une ressource. préoccupante en milieu de soins. Il peut avoir des Compte tenu des résultats de notre enquête, aucune conséquences graves, tant sur le plan personnel que collectif, corrélation n'a été retrouvée entre l'EP et la pratique des en effet, Il est ressorti de notre étude l'existence d'un lien loisirs. M.Delbrouck [25]trouvait que consacrer 5 h / significatif entre l'EE élevé et le retentissement de la profession semaine à des loisirs est protecteur du Burn out ce qui sur l'entourage. Cela parait logique ; le soignant atteint de Burn out a tendance à s'acharner au travail et à s'isoler, donc à passer présenterait une ressource pour le médecin. encore moins de temps avec son entourage. Nous n'avons pas pu évaluer l'humeur dépressive, associée au burn out dans certaines études [26], [27], mais nous 5 Conclusion avons trouvé une relation significative entre la dépersonnalisation et la consommation de psychotropes: L'épuisement professionnel n'est plus un mythe dans notre l'usage d'alcool et de produits illicites est souvent considéré CHU mais une réalité inquiétante, chez les praticiens comme une manière « inadéquate » de gérer le stress chez soignants, puisque nos résultats annoncent que 72,9 % de nos les médecins [28]. médecins sont en état d'épuisement professionnel. Il peut avoir des conséquences graves tant sur le plan personnel des Dans notre étude, le nombre d'années d'exercice influe sur médecins que sur leur rendement professionnel. le burn out, une corrélation significative a été retrouvée entre l'EE, DP et cette variable, Selon certains auteurs, Ces résultats alarmants doivent amener à entreprendre une l'épuisement professionnel (et en particulier la DP) véritable démarche d'amélioration des conditions de travail diminuerait avec l'ancienneté professionnelle [22], [29]: avec la mise en place de stratégies préventives tout en insistant plus l'ancienneté professionnelle diminue plus l'EE et la DP sur l'intérêt de l'organisation du travail dans une ambiance augmentent; ce qui corrobore les résultats de D.Truchot relationnelle saine. [30], J.Sobreques et al. [24], A.Grau et al. [22] qui trouvaient qu'il y avait un pic d'incidence d'EP en début de References carrière : les cinq premières années d'activité. Notre enquête a montré l'existence d'un lien significatif entre la DP et le volume horaire hebdomadaire, de nombreuses enquêtes ont trouvé que les heures excessives de travail n'engendrent pas nécessairement une augmentation de la productivité. Elles auraient plutôt tendance à diminuer l’efficacité et l’efficience des individus [31] 6

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[1] Bressol E. Organisations du travail et nouveaux risques pour la santé des salariés. Avis et rapports du Conseil économique et social, République française, 2004 ; 132 p. [2] Lazarus RS, Folkman S. Stress, appraisal, and coping. New York, Springer, 1984.


[3] Freudenberger HJ. Sta˙ burn-out. J Soc Issues 1974; 30: 159-65. Et Maslach C. Burned-out. Hum Behav 1976; 5: 16-22.4

[17] Mérat F, Mérat S. Risques professionnels liés à la pratique de l'anesthésie. Ann Fr Anesth Reanim 2008;27:6373. 18.

[4] Maslach C. Burn out in health professionnals. In: Baum A, Newman S, West R,MacManus C (eds) Cambridge Handbook of Psychology, Health and Medicine. Cam-bridge, Cambridge University Press, 1997: 275-8.

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Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


Stress au travail Impact du stress professionnel sur le risque cardiovasculaire global A.L Behlouli1,2 A.L, Z.Boukerma1 1 Service de médecine du travail, Faculté de médecine, Université Ferhat Abbas, Sétif 2 Laboratoire de pathologies cardiovasculaires, nutrition et génétique.

Summary Key words: Stress - Karasek - overall cardiovascular risk Score of Framingham.

Objective: The main objective of our study is to study the effect of occupational stress on the cardiovascular risk overall.

Résumé

Materials-methods: this is an analytical study type exposed - unexposed, conducted 460 male workers drawn by 2015. Job stress was assessed using the Karasek questionnaire. The estimate of global cardiovascular risk was based on recalibrated (Wilson model) Framingham score (recalibration factor equal to 2). Data entry and statistical operations are performed on the software SPSS version 20.

Objectif : L'objectif principal de notre étude est d'étudier l'impact du stress professionnel sur le risque cardiovasculaire global. Matériels-méthodes : II s'agit d'une étude ana-lytique type exposé - non exposé, réalisée en 2015 auprès de 460 travailleurs masculins tirés au sort. L'évaluation du stress professionnel était faite à l'aide du questionnaire de Karasek. L'estimation du risque cardiovasculaire global était basée sur le score de Framingham (modèle de Wilson) recalibré (facteur de recalibration égal à 2). La saisie des données et l'exploitation statistique sont réalisées sur le logiciel SPSS version 20.

Results: The prevalence of global cardiovascular risk is broken down as follows: risk low = 95.9%, intermediate risk = 4.1% and high risk = 0%. In bivariate analysis, work stress was signi˝cantly related to: seniority (OR = 0.54 [0.36 - 0.81] (p = 0.003)), professional (OR = 3.27 [2.10 - 5.08] (p < 0.000)), the professional sector (OR = 0.48 [0.32 - 0.72] (p < 0.000)), the type of employment contract (OR = 0.39 [0.25 - 0.61] (p < 0.000)), shift work (OR = 4.62 [2.32 - 9.22] (p < 0.000)) and high cholesterol (OR = 2.08 [1.26 - 3.43] (p = 0.004)); However, the stress had no overall significant impact on levels of cardiovascular risk (OR = 1.38 [0.54 - 3.50] (p = 0.49)). The rela-tionships that were significant in bivariate analysis, thus remained in multivariate analysis.

Résultats : La prévalence du risque cardiovasculaire global est répartie comme suit : risque faible = 95.9 %, risque intermédiaire = 4.1 % et risque élevé = 0 %. En analyse bivariée, le stress professionnel était sig-nificativement lié à : l'ancienneté (OR = 0.54 [0.36- 0.81] (p = 0.003)), la catégorie professionnelle (OR = 3.27 [2.10 - 5.08] (p <0.000)), le secteur professionnel (OR = 0.48 [0.32 -0.72] (p <0.000)), le type de con-trat de travail (OR = 0.39 [0.25 -0.61] (p <0.000)), le travail posté (OR = 4.62 [2.32 -9.22] (p <0.000)) et l'hypercholestérolémie (OR = 2.08 [1.26-3.43] (p = 0.004)) ; cependant, le stress professionnel n'avait pas d'impact significatif sur les niveaux du risque cardio-vasculaire global (OR = 1.38 [0.54 - 3.50] (p = 0.49)). Les relations qui étaient significative en analyse bivariée, demeuraient ainsi en analyse multivariée.

Conclusion: our study has not shown a significant association between occupational stress and overall cardiovascular risk. So, it would be imperative to satisfy the condition of recalibration for a better appreciation of this impact. Also, it would be interested to evaluate this impact while using other scales of assessment of workrelated stress.

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Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


Conclusion : notre étude n'a pas démontré un lien significatif entre le stress professionnel et le risque cardiovasculaire global. Donc, il serait impératif de satisfaire la condition de recalibration pour une meilleure appréciation de cet impact. Aussi, il serait intéressent d'évaluer cet impact tout en utilisant d'autres échelles d'évaluation du stress professionnel.

2 Materiels et méthode II s'agit d'une étude analytique type exposé - non exposé, réalisée en 2015 auprès de 460 travailleurs (229 exposés et 231 non exposés), de sexe masculin, d'âge supérieur ou égal à 30 ans, indemnes d'antécédents, personnels ou familiaux, de maladies cardiovasculaires (MCV), ne consommant pas d'alcool, travaillant à plein temps et de façon permanente, et ayant une ancienneté > 1 ans dans leur travail actuel.

Mots clés : Stress professionnel - Karasek - Risque cardiovasculaire global -score de Framingham.

Ces travailleurs sont tirés au sort d'une façon aléatoire à partir des entreprises conventionnées avec le service de médecine du travail.

1 Introduction Le stress est un facteur de risque cardiovasculaire, en particulier coronaire. En 2004, l'étude INTER-HEART [1] a démontré que le stress professionnel est responsable de 32 % du risque d'infarctus du myocarde (IDM). En 2006, une méta-analyse de 14 études ayant inclus plus de 80 000 employés, a retrouvé une augmentation du risque coronaire chez les stressés de plus de 50 % [2]. Deux autres grandes études longitudinales [[3], [4]] ont également démon-trés que le stress professionnel constitue bien un fac-teur de risque d'IDM.

Les travailleurs exposés sont ceux qui, après évaluation de leur exposition aux facteurs psychosociaux à l'aide du questionnaire de Karasek, pensent que leur environnement de travail est tendu ; et les non ex-posés sont ceux qui ne le pensent pas. Le questionnaire utilisé dans notre étude inclut, d'une part, celui issu de l`enquête national santé TAHINA [6] pour l'identification des facteurs de risque cardiovasculaires individuels ; d'autre part, il inclut le questionnaire de Karasek, version traduite en français et validée au Canada [8], qui évalue le stress professionnel. Nous nous somme contentés d'étudier les 2 échelles principales du modèle de Karasek : l'échelle de demande psychologique au travail et l'échelle de latitude de décision au travail. Dans ce questionnaire, le "travail tendu" concerne les sujets qui se trouvent au-dessus de la médiane pour les contraintes psychologiques au travail et en dessous de la médiane pour la latitude de décision.

D'après les différentes publications scientifiques, les niveaux de stress diffèrent selon l'outil d'évaluation utilisé. Dans le modèle de Karasek, l'existence d'une forte demande psychologique et d'une faible latitude décisionnelle est prédictive d'événements coronariens, surtout si elle s'associe à un faible soutien social chez l'homme[5]. Sachant que l'impact du stress sur l'appareil cardiovasculaire est bien fondé dans la littérature, qu'en-est t-il de son impact sur les scores prédictifs d'atteinte cardiovasculaire, nommés risque cardiovas-culaire global (RCVG) ?

L'évaluation du RCVG est faite à l'aide du score de Framingham recalibré, adapté par Wilson et al [8], applicable aux hommes (probabilité de développer un accident coronaire dans les 10 années à venir).

Afin de répondre à cette interrogation, nous avons mené une étude analytique dont, l'objectif principal

Concernant la recalibration, elle est inspirée de celle utilisée chez la population française. De là, le facteur de correction sera égal à 2 [9]. Le codage du score de

était de déterminer si l'exposition au stress professionnel aurait, le cas échéant, un impact sur le RCVG.

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Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


Framingham est comme suit : < 10 % : risque faible, entre 10 % et 20 % : risque intermédiaire, > 20 % : risque élevé [9]. La saisie des données et l'exploitation statistique sont réalisées sur le logiciel SPSS version 20. Les résultats sont exprimés en pourcentage pour les variables qualitatifs et en moyenne + écart-type pour les variables quantitatives. La comparaison de deux pourcentages est faite en utilisant le test du Chi2 de Pearson. L'association bivariée est étudiée pour tester la relation entre le stress professionnel et le RCVG. Cette association a été déterminé par l'OR et son intervalle de confiance à 95% (alpha = 5%). L'analyse multivariée est réalisée par le test de régression logistique pas à pas ascendante. Elle est utilisée afin de rechercher les facteurs associés au stress professionnel. La variable dépendante est le stress professionnel, et les variables indépendantes sont les caractéristiques professionnelles et non professionnelles qui, étaient signicativement liées au stress au travail en analyse bivariée.

3 Résultats Le tabagisme actif est retrouvé chez 28,5 % des travailleurs. La glycémie moyenne est de 0.87 g/l avec un taux de diabétiques égal à 8.7 %. Les pressions artérielles moyennes systolique et diastolique sont respectivement de 117, 20 mm Hg et 71.30 mm Hg. La prévalence de l'HTA globale est de 9.8 %. Les taux moyens du cholestérol total et du HDL cholestérol sont respectivement de 1.62 g/l et 0.38 g/l. L'hypercholestérolémie est retrouvée chez 17.2 % des travailleurs et l'hypoHDLémie concerne 76,1 % des sujets (tableau I). Le stress professionnel concernait surtout les salariés d'un âge plus jeunes (p = 0.000), qui ont une résidence urbaine (p = 0.03), qui appartiennent à la catégorie des cadres (p < 0.000), qui ont un contrat de durée indéterminée (p < 0.000), qui font un travail posté (p < 0.000) et ceux qui ont une ancienneté de travail moyenne plus élevée (p = 0.000). Le stress professionnel a la même distribution selon l'état matrimonial (p = 0.053) et les habitudes tabagiques (p = 0.38) (tableau II). Le stress professionnel n'influe pas sur la survenue de l'HTA, du diabète et de l'hypoHDLémie, cependant, l'hypercholestérolémie est significativement liée au stress au travail (OR = 2.08 [1.26 3.43] (p = 0.004)) (tableau III).

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Tableau 1: Prévalence des facteurs de risque inividuels chez la population d'étude Fréquence n % 45 ± 7.89 131 28.5 0.87 ± 0.31 40 8.7 11.72 ± 1.26 7.13 ± 0.89 45 9.8 1.62 ± 0.38 79 17.2 0.38 ± 0.1 350 76.1

Facteurs de risque individuels Age moyen Tabagisme actif Glycémie moyenne (g/l) Diabète Pression artérielle systolique moyenne Pression artérielle diastolique moyenne HTA Cholestérol total moyen (g/l) Hypercholestérolémie HDL-Cholestérol moyen (g/l) HypoHDLémie

Tableau 2: Relation du stress professionnel avec les caractéristiques socioprofessionnelles

Facteurs de risque individuels

Age moyen Age > 45 ans Niveau d'instruction bas Marié Résidence en milieu urbain Tabagisme actif Secteur tertiaire Catégorie des cadres CDI** Ancienneté moyenne Ancienneté > 10 ans Travail posté

Tendu n %

Non tendu n %

OR

p

43.77 ± 8.17 109 47.6 24 10.5

46.23 ± 7.41 124 53.7 63 27.3

1.27 0.31

0.001* 0.19 0.000*

201 163

87.8 71.2

215 143

93.1 61.9

1.87 0.66

0.053 0.03*

61

26.6

70

30.3

1.20

0.38

140

61.1

177

76.6

0.48

0.000*

88

38.4

37

16

3.27

0.000*

153 66.2 8.17 ± 6.61

0.39 -

0.000* 0.000*

191 83.4 10.47 ± 7.12 83

36.2

54

23.4

0.54

0.003*

43

18.8

11

4.8

4.62

0.000*

* relation significative à 5 %. ** CDI : contrat durée indéterminée

à


Tableau 5: Le modèle le plus explicatif de la variance du stress professionnel en milieu profes-sionnel en analyse par régression logistique

Tableau 3: Relation du stress professionnel avec les facteurs de risque individuels cliniques et biologiques

Facteurs de risque individuels

HTA systolique HTA diastolique HTA globale Diabète Hypercholesté rolémie HypoHD Lémie

Tendu n %

Non tendu n %

OR

p

19

8.3

14

6.1

1.40

0.35

10

4.4

14

6.1

0.71

0.41

22

9.6

23

10

1.04

0.90

21 51

22.3

9.2

19 28

12.1

8.2

0.89 2.08

0.004*

173

75.5

177

76.6

0.94

0.78

Variable retenue Modèle 7 Hypercholestérolémie Niveau d'instruction bas Mariage Secteur tertiaire Catégorie des cadres Ancienneté > 10 Travail posté

0.71

RCVG faible RCVG intermédiaire

Non tendu n %

221

96.5

220

95.2

8

3.5

11

4.8

OR p 1.38

0.49

4

*relation significative à 5 %.

La prévalence du RCVG dans notre population d'étude était répartie comme suit : risque faible = 95.9%, risque intermédiaire = 4.1 % et risque élevé =0 %. Le stress professionnel n'a pas d'impact significatif sur les niveaux du RCVG (OR = 1.38 [0.54 - 3.50] (p = 0.49)) (tableau IV).

OR

IC (95 %)

0.33

-1.03 1.46 -0.84 1.46 -1.52 0.86 -1.70

0.001* 0.000* 0.029* 0.000* 0.000* 0.001* 0.000*

0.36 4.29 0.43 4.32 0.22 2.36 0.18

0.20-0.64 2.28-8.09 0.20-0.92 2.50-7.46 0.13-0.36 1.45-3.84 0.08-0.40

Discussion

Pour l'évaluation du stress professionnel, et en raison du taux d'analphabétisme dans notre pays, et pour parer aux difficultés d'interprétation du questionnaire en langue arabe dialectal ou berbère, nous avons privilégié le modèle de Karasek [7], qui est un questionnaire relativement facile a manier par rapport aux autres questionnaires.

Dans l'analyse multivariée, la régression logistique pas à pas ascendante a permis de ressortir sept modèles de variables discriminantes, dont le septième modèle est le plus explicatif de la variance du RCVG (tableau V).

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Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-

p

Ce modèle ne permet d'expliquer que 33 % de la variation du stress professionnel par l'ensemble des variables explicatives. Ces variables sont : l'hypercholestérolémie, le niveau d'instruction bas, être marié, le travail dans le secteur tertiaire, être un cadre, avoir une ancienneté > 10 ans et faire un travail posté. Cependant, la relation avec certaines caractéristiques socioprofessionnelles qui était forte en analyse bivariée, s'affaiblit en analyse multivariée au profit des autres facteurs ; il s'agit bien de la résidence en milieu urbain et la nature du contrat de travail.

Tableau 4: Analyse de la relation entre le stress professionnel et le RCVG

Tendu n %

b

*relation significative à 5 %.

*relation signi˝cative à 5 %.

Facteurs de risque professionnels

R2 de Nagelkerke


La troisième dimension de ce questionnaire (soutien social, 9 questions) a été soustraite de l'évaluation pour les mêmes raisons. Pour éviter la variabilité interenquêteur, les questions ont été posées par le même enquêteur pour toute la population d'étude. Pour des besoins d'analyse statistique, nous avons départagé l'environnement professionnel de travail en : travail tendu (forte demande psychologique avec faible latitude décisionnelle) et travail non tendu (Environnement de travail actif, passif ou détendu). En l'absence de méthodes d'estimation du RCVG développées à l'échelon national, on a eu recours à l'utilisation du score de Framingham. Ce choix est justifiable puisque ce score figure parmi les modèles les plus validés pertinents par rapport aux autres modèles. Par convention, ce modèle est considéré comme "validé". Aussi, ce score comporte des facteurs de risque facilement mesurables. Il s'agit donc, d'un score plus pratique, moins coûteux et plus simple à mettre en oeuvre. Ces arguments rendent ce score le mieux adapté à notre étude. Néanmoins s'est posé le problème de recalibration de ce score puisque, tel qu'il est, il surestime le risque cardio-vasculaire dans les pays à faible prévalence cardiovasculaire dont l'Algérie ; cela a été modelé de la façon indiquée dans le protocole. Cependant, toutes les études qui ont été faites en Algérie ont utilisé un score non recalibré, ce qui fait l'originalité de ce travail. La prévalence des facteurs de risque individuels retrouvée dans notre étude, rejoint globalement celle de l'enquête nationale TAHINA en 2005 [6]. Une tendance à une hyper-cholestérolémie est plus marquée dans notre population d'étude, avec une baisse du taux des diabétiques et des hypertendus (Tableau VI). Parmi les facteurs de risque individuels étudiés, notre étude montrait que le stress au travail expose significativement au risque d'hypercholestérolémie (OR = 2.08 [1.26 3.43] (p = 0.004)) et induit un e˙et inverse sur l'hypoHD Lémie (OR = 0.94 [0.61 1.48] (p = 0.78)).

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D`après la littérature, le stress induit des modifications lipidiques, en particulier une élévation du Cholestérol total et une baisse du HDL-cholestérol [9], mais les résultats des différentes études restent controversés [10]. Selon une étude espagnole [11]] réalisée chez la population des travailleurs, et après ajustement, les personnes qui ont déclaré le stress au travail (8.7 %) avaient 10 % plus de malchances d'avoir des niveaux anormaux de lipides (OR = 1.1 [1,04 à 1,17]). Une autre étude [12] réalisée auprès de 199 personnes, montrait que l'augmentation du taux de cholestérol en fonction du stress été très variable d'un sujet à l'autre. Cependant, d'après deux autres études récentes [13, 14] réalisées chez la population générale, le stress ne semblait pas avoir d'influence sur le taux de HDLcholestérol et le cholestérol total. Cependant, le stress est associé, également, à une augmentation de l'incidence de l'hypertension artérielle dans une étude chez la population active française (OR = 3) [15]. Une autre étude allemande conclue à ce que les sujets stressés présentaient une pression artérielle plus élevée [15]. Ce résultat ne ressort pas dans notre étude. La littérature concernant l'impact du stress sur les scores prédictifs des MCV est pauvre. Le stress au travail est identifié comme un facteur de risque d'IDM. Le risque relatif lié à l'apparition d'évènements coronariens est estimé à 1.2-1.4 [16]. Dans notre étude, le stress professionnel n'a pas d'impact sur le RCVG (OR = 1.38 [0.54 - 3.50] (p = 0.49). Duval et coll. [17], qui ont évalué le RCVG chez les travailleurs d'une entreprise de sidérurgie, rapportent une relation significative entre le RCVG et le stress (p < 0.001). Ce résultat, contradictoire au notre, est justifiable, puisque dans l'étude de Duval [17][17],le stress a été évalué par une simple question (vous sentez-vous stressé ?). Cette analyse plus au moins subjective aurait certainement une influence sur les résultats par rapport à une analyse objective du stress professionnel guidée par un questionnaire validé tel que celui de Karasek. En plus, si la question utilisée dans l'étude de Duval et coll. [17] évalue l'état de stress de la personne et permet de classer le salarié en stressé ou non stressé,


Tableau 6: Comparatif des prévalences des facteurs de risque individuels chez l'homme en Algérie

Facteurs de risque individuels

Tabagisme actif Glycémie moyenne (g/l) Diabète Pression artérielle systolique moyenne Pression artérielle diastolique moyenne HTA Cholestérol total moyen (g/l) Hypercholestérolémie

TAHINA 2005

Recherche Actuelle

6.8

7.13

19.98 % 1.7

9.8 % 1.62

3.66 %

17.2 %

26.4 % 0.92 12.52 % 11.6

5

Au vu des résultats obtenus dans notre étude, nous pouvons conclure que le stress professionnel n'est pas significativement liée au RCVG. Toutefois, ce résultat ne permet pas d'exclure cet impact, notamment, en raison de la limite relative à la méthode de recalibration, utilisée dans notre étude. Donc, il serait impératif de satisfaire la condition de recalibration pour une meilleure appréciation de l'interaction du RCVG avec l'environnement professionnel. Aussi, il serait intéressent d'évaluer l'impact du stress professionnel sur le RCVG, tout en utilisant d'autres échelles d'évaluation du stress professionnel, à la recherche d'une éventuelle relation significative.

28.5% 0.87 8.7 % 11.72

Réfèrences

le questionnaire de Karasek informe plutôt sur la perception qu'a la personne sur son environnement professionnel, sans que cette perception ne reflète un état de stress patent (absence d'évaluation clinique et biologique indiquant l'état de stress de la personne). Il serait souhaitable, de ce fait, de compléter le questionnaire de Karasek par la mesure des variables de santé avec les échelles psychométriques internationales. Des relations significatives entre le stress professionnel et le RCVG ont été rapportées par d'autres études o le modèle de Siegrist a été utilisé ; c'est le cas de l'étude Whitehall II [18] (cohorte de 10 300 fonctionnaires non industriels de Londres) étalée sur une période de 14 ans (1985 2000), où les auteurs retrouvent un ratio élevé entre l'augmentation du RCVG et l'environnement psy-chosocial défavorable en milieu du travail (OR = 1.36 [1.12 à 1.65]). Ce résultat, également contradictoire au notre, pourrait aussi être expliqué par la différence dans l'outil d'évaluation utilisé, qui a eu un impact dans le dépistage des niveaux de stress. La faible valeur du coeficient R2 de Nagelkerke dans la régression logistique (33%) donne à penser que de nombreux autres facteurs mériteront d'être pris en compte pour expliquer la variation du stress professionnel.

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Malgré que le modèle de Framingham n'ait pas été validé en Algérie, la recalibration de ce score peut être inspirée de celle utilisée chez la population française, puisqu'elle est une population méditerranéenne qui a les mêmes caractéristiques biométriques (poids, taille) et dont la prévalence des MCV dans les deux pays est proche. Cependant, cette recalibration proposée ne peut être qu'approximative. La levée de cette limite pourrait conforter l'hypothèse d'une éventuelle association entre le stress au travail et le RCVG.

[6] . INSP. Transition épidémiologique et système de santé. Enquête nationale Santé. Projet TAHINA. 2005.

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Conclusion


[16] . Esquirol Y. Risque cardiovasculaire et facteurs de risques professionnels: des connais-sances à la pratique du médecin du travail. XVII-Ième journées nationales de médecine du travail, Oran,2012.

[7] . Vézina M, Bourbonnais R, Brisson C. Expériences québécoises d’évaluation d’interventions organisationnelles en santé mentale au travail. In « Le stress au travail, une réalité. Quelle prévention, quels acteurs et quels outils ». INRS. 2007:84-6.

[17] . Duval G, Courcot B, Ettlinger J, Rigal C,Rohin MP. Evaluation du risque cardiovasculaire dans une usine sidérurgique. Arch Mal Prof. 2003;64(3):165-74.

[8] . Wilson P, D'Agostino R, Levy D, Belanger A, Silbershatz H, Kannel W. Prediction of coronary heart disease using risk factor categories. Circu-lation. 1998;97:1837-47.

[18] . Sabia S, Dugravot A, Kivimaki M, Brunner E, Shipl ey MJ, Singh-Manoux A. E˙ect of intensity and type of physical activity on mortality: results from the Whitehall II cohort study. American journal of public health. 2012;102(4):698- 704

[9] . Chamoux A, Houpe J-P, Iliou M-C, Locher F, Pavy B, Pierre B. Cœur et travail ou comment concilier maladie cardiaque et activité professionnelle. Frison-Roche ed 2012. [10] . Jakovljevic M, Reiner Z, Milicic D. Mental disorders, treatment response, mortality and serum cholesterol: a new holistic look at old data. Psychiatria Danubina. 2007;19(4):270-81. [11] . Hamer M, Molloy GJ, Stamatakis E. Psychological distress as a risk factor for cardiovascular events: pathophysiological and behavioral mechanisms. Journal of the American College of Car-diology. 2008;52(25):2156-62. [12] . Rod NH, Gronbaek M, Schnohr P, Prescott E, Kristensen TS. Perceived stress as a risk factor for changes in health behaviour and cardiac risk profile: a longitudinal study. Journal of internal medicine. 2009;266(5):467-75. [13] . Catalina-Romero C, Calvo E, Sanchez-Chaparro MA, Valdivielso P, Sainz JC, Cabrera M, et al. The relationship between job stress and dyslipidemia. Scandinavian journal of public health. 2013;41(2):142-9. [14] . Steptoe A, Wardle J. Cardiovascular stress responsivity, body mass and abdominal adiposity. International journal of obesity. 2005;29(11):1329-37. [15] .Chamoux A., Malaville P-Y. Pathologies cardiovasculaires professionnelles. Encyclopédie Médico-Chirurgicale, Toxicologie-Pathologie professionnelle. Éditions Elsevier Masson SAS. 2010

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Stress au travail Les risques psychosociaux dans le métier d'agent de sécurité hospitalier A. Belkhatir - D.Nafai – L. Djakrir Service de Médecine du Travail - CHU Mustapha Bacha-ALGER

Summary

Résumé

Introduction: The hospital environment has welldefined safety characteristics and the work of the safety officer is subject to various psychosocial constraints. This study was motivated by psychosomatic complaints during the medical visits of the security agents and requests to change their workplace.

Introduction : Le milieu hospitalier a des caractéristiques bien définies sur le plan sécuritaire et où la tâche de l'agent de sécurité est soumise à des contraintes psychosociales diverses. Cette étude a été motivée suite aux plaintes psychosomatiques lors des visites médicales des agents de sécurité et aux demandes de changement de leur poste de travail.

Objective: To assess the degree of workplace stress and identify the factors causing psychosocial risks among supervisors.

Objectif : Evaluer le degré de tension au travail et identifier les facteurs causant des risques psychosociaux chez les agents de surveillance.

Methods: A cross-sectional descriptive survey was conducted among security agent at Mustapha Bacha University Hospital on the basis of an anonymous questionnaire including the questionnaire on the perception of the work of KARASEK, Job Content Questionnaire (JCQ) in its French version and the test Of total modi˝ed health (TSTm).

Méthodologie : Une enquête descriptive transversale a été réalisée chez des agents de sécurité du CHU Mustapha Bacha sur la base d'un questionnaire anonyme incluant le questionnaire sur la perception du travail de KARASEK, Job Content Questionnaire (JCQ) dans sa version française et le test de santé totale modifié (TSTm).

Results: Close to one-third of the population studied has a tight work, there is an influence of the rhythm of work and the place of supervision on the genesis of a tense job. Discussion / Conclusion: The existence of a tension at work has a negative impact on the health status of the security guards, so a prevention strategy must be put in place and pursued over time, essentially aimed at improving the conditions And the organization of work.

Résultats : Prés du tiers de la population étudiée a un travail tendu, il y a une influence du rythme de travail et du lieu de la surveillance sur la genèse d'un travail tendu. Discussion/ Conclusion : L'existence d'une tension au travail influe négativement sur l'état de santé des agents de sécurité, de ce fait une stratégie de prévention doit être mise en place et poursuivie dans le temps, visant essentiellement à améliorer les conditions et l'organisation du travail. Mots clés : agent de sécurité, tension au travail, plaintes psychosomatiques, prévention.

Keywords: security agent, stress at work, psychosomatic complaints, prevention.

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1

Le mÊtier d'agent de sÊcuritÊ a beaucoup ÊvoluÊ au cours de ces dernières annÊes, les responsabilitÊs confiÊes à ces travailleurs dans le milieu hospitalier se sont Êlargies et l'exercice de la profession demande de plus en plus de connaissances pratiques.[1] Les contraintes psychologiques sont parmi les risques majeurs dans la profession d'agent de sÊcuritÊ associÊes aux exigences organisationnelles au travail. Dans le cadre de leur mission, les agents de sÊcuritÊ ressentent un stress au travail en rapport avec plusieurs facteurs : la polyvalence, le contact avec le public, les risques d'agressions verbales et parfois physiques et la prÊcaritÊ du mÊtier. Ils expriment ce vÊcu par le biais de plaintes psychosomatiques diverses. [[1], [2]] Objectifs 1-Evaluer le degrÊ de tension au travail ; 2-Evaluer l'impact du risque psychosocial sur la santÊ et le travail des agents; 3-Identifier les facteurs causant des risques psychosociaux chez les agents de surveillance.

2

En dÊfinitive, les sujets soumis à de fortes exigences mentales de la tache + une faible latitude dÊcisionnelle + un faible support socioprofessionnel (hiÊrarchie et collègues) ont de fortes contraintes mentales.

Introduction

Materiel et mĂŠthodes

C’est une ĂŠtude descriptive ciblant l’ensemble des agents de surveillance (112) du Centre Hospitalo-universitaire de Mustapha Bacha d’Alger, basĂŠe sur l’observation et l’Êvaluation des conditions travail et complĂŠtĂŠe d’une interview par questionnaire anonyme dans lequel on retrouve outre, des items identifiants les facteurs Ă l’origine des risques psychosociaux dans l’environnement de travail mais aussi le ÂŤ Test de SantĂŠ Total modifiĂŠ (TSTm) Âť [4] qui a ĂŠtĂŠ ĂŠlaborĂŠ par L.BOITEL et F.DEMOGEOT. Il est basĂŠ sur les problèmes de santĂŠ dus au stress, il est composĂŠ de 20 items (Troubles de l’humeur, troubles cognitifs et neurovĂŠgĂŠtatifs ‌..) ainsi que le questionnaire sur la perception du travail de KARASEK, Job Content Questionnaire (JCQ) [3] dans sa version française constituĂŠ de 29 items et qui comportant 3 dimensions : -Exigences mentales de la tâche -Latitude dĂŠcisionnelle -Soutien social et professionnel : support hiĂŠrarchique et support des collègues En dĂŠfinitive, les sujets soumis Ă de fortes exigences mentales de la tache + une faible latitude dĂŠcisionnelle + un faible support socioprofessionnel (hiĂŠrarchie et collègues) ont de fortes contraintes mentales.

3

CaractÊristique de la population d'Êtude Nous avons recueilli 79/112 questionnaires soit un taux de participation de 70,5%. Notre population d'agent de sÊcuritÊ est à prÊdominance masculine (H : 93,6%) avec un âge moyen de 36,1 ans, sans formation en sÊcuritÊ au prÊalable, contractuels avec un grade d'agent polyvalent dans la majoritÊ des cas et dont l'anciennetÊ ne dÊpasse pas les 7 ans d'exercice.

RÊpartition selon les postes de surveillance et le rythme de travail Cinq Êquipes (deux en postÊ jour, deux en postÊ nuit et une journalière fixe) se rÊpartissent l'activitÊ d'agent de sÊcuritÊ au CHU Mustapha Bacha, à travers 41 postes fixes de surveillance. Les taches de surveillance au CHU Mustapha sont diffÊrentes en fonction du poste occupÊ, 50,6% des agents assurent la surveillance des portes d'accès des services (mÊdicaux, chirurgicaux et des urgences). Le rythme et horaires de travail : 87,3% des agents travaillent en horaire postÊ de 12 h dont 53,1% en horaire postÊ jour (de 07h à 19h , 2j /2). (Tb1). Tableau 1: RÊpartition selon les postes de surveil-lance et le rythme de travail

Postes de surveillance (nbre=41)

Portes d'accès de l'hôpital (nbre =3) Portes d'accès des services (nbre=26) Portes d'accès des services du plateau technique (nbre= 3) Consultations spÊcialisÊes (nbre =5) Sous-secteurs A-B-C (nbre=3) Bloc administratif (nbre=1)

Rythme de travail

Fixe (8h/j) PostĂŠ jour PostĂŠ nuit TOTAL

16

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RĂŠsultats

E ectif

%

14

17,7%

40

50,6%

7

8,9%

5

6,3%

9 4

11,4% 5,1%

10 42 27 79

12,7% 53,1% 34,2% 100%

E ectif

%


3.1 Analyse de la tension au travail chez les agents de sécurité La population est repartie selon la mesure des scores de la latitude décisionnelle et la demande psychologique au travail en 4 groupes: dynamique, détendu, tendu et passif. Un travail tendu ou surchargé est noté chez prés du tiers de la population (30,4%) car les agents de sécurité ont une forte demande psychologique et une faible autonomie (Fig1).

3.4 Lieu de surveillance et tension au travail Les agents qui surveillent les portes d’accès des services médicochirurgicaux sont en général plus tendus mais aussi plus dynamiques (Fig. 4)

Figure 4: Répartition de la population en fonction du lieu de surveillance

Figure 1: Répartition de la population selon l'analyse du vécu au travail par le JCQ de Karasek 3.5 Evaluation des conséquences du stress sur la santé Les troubles neurovégétatifs (palpitations, coliques, nausées, céphalées, vertiges…..) sont retrouvés dans 57% des plaintes des agents de surveillance alors que les troubles de l’humeur (anxiété, irritabilité…..) sont peu fréquents auxquels sont associés à un degré moindre les troubles cognitifs (difficulté de concentration, hésitation et peu d’initiative…..) (Fig. 5).

3.2 Répartition soutien social/tension au travail Le soutien social est faible chez la population des tendus avec un taux de 70,8%, il est au tiers environ pour les autres catégories. Ceci s’explique surtout par la tension qui existe dans les rapports entre les agents et leur supérieurs hiérarchiques avec parfois des conflits qui peuvent survenir (Fig. 2).

Figure 5: Répartition selon le TSTm et les problèmes de santé

Figure 2: Répartition en fonction du soutien social/ tension au travail

3.6 Conduites addictives de la population tendue 25% des agents tendus ont une addiction excessive au tabac, 22,9% une tendance au sommeil prolongé et au repos et 20,8% préfère rester seule et s’isoler. Par ailleurs, aucune prise de médicaments psychotropes n’a été noté et la consommation d’alcool est faible (2%). La prise de stimulants (café, thé….) est habituelle. (Fig. 6).

3.3 Horaire et tension au travail La majorité des agents (82,9%) retenus comme « tendu » travaille en horaire posté dont l’amplitude horaire est de 12 h, parmi eux 62,5% travaillent en horaire de jours. Cette tension peut s’expliquer par une charge de travail qui est plus importante durant la journée (Fig. 3)

Figure 6: Conduites additives de la population tendue

Figure 3: Répartition du vécu au travail selon les horaires de travail

3.7 Absentéisme Presque la moitié (48,1%) des agents de sécurité du CHU ont eu au moins un arrêt de travail (AT) durant l’année écoulée (Tb 2).

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3.9

Contraintes organisationnelles du travail On relève que les taches de travail mal dĂŠfinies /multiples taches (62,5%), la sous occupation / travail monotone (66,4%), le rythme de travail variable (72,9%) et le maintien permanent d’un poste fixe (70,8%), sont de loin et de manière significative les facteurs responsables de contraintes organisationnelles exprimĂŠs chez les agents de sĂŠcuritĂŠ retenus comme ÂŤ stressĂŠs Âť (Tb 4).

Tableau 2: RĂŠpartition selon le nombre d'AT pris durant les 12 derniers mois

Nombre d'arrĂŞt de travail 0 1 2 3 4 >5

E ectif

%

41 21 5 4 2 6

51,9% 26,6% 6,3% 5,1% 2,5% 7,6%

Tableau 4: Contraintes organisationnelles du travail comparatives entre stressĂŠs et non stressĂŠs

Facteurs

3.8

Contraintes liĂŠes aux conditions de travail On relève que la position debout prolongĂŠe plus de 4 heures (79,1%), le contact avec le public (95,8%), la situation de tension permanente dans les rapports avec les collègues et la hiĂŠrarchie (47,9%), le risque d'agressions (75%) et les victimes d’agression aussi bien verbales (91,6%) que physiques (52%), sont de loin et de manière significative les facteurs responsables de contraintes liĂŠes aux conditions de travail exprimĂŠs chez les agents de sĂŠcuritĂŠ retenus comme ÂŤ stressĂŠs Âť (Tb 3).

Taches de travail mal dĂŠ nies /multiples taches Sous occupation / Travail monotone Rythme de travail variable DĂŠsorganisation du travail Travail du weekend et des jours fĂŠriĂŠs Maintien permanent d'un poste xe Travail dans un poste isolĂŠ ImpossibilitĂŠ de quitter le poste de travail pour de courte durĂŠe Pression temporelle due au pointage (en dĂŠbut et n de travail) DĂŠplacements frĂŠquents (les rondes) Intervenir seul en cas d'ĂŠvĂŠnement E ectuer des taches supplĂŠmentaires

Tableau 3: Facteurs comparatifs entre stressĂŠs et non stressĂŠs liĂŠs aux conditions de travail

Facteurs Position debout prolongÊe (plus de 4heures) Port de charges lourdes ou e ort physique important Risque infectieux Mauvaises conditions climatiques Contact avec le public Situation de tension permanente dans les rapports avec les collègues et la hiÊrarchie Risque d'agressions Victime d'agressions verbales Victime d'agressions physiques PrÊoccupÊ par leur sÊcuritÊ au travail

StressĂŠs 79,1% 33,3%

Non stressĂŠs 48,3% 29,0%

P 0,004 0,688

20,8% 56,2%

32,2% 35,4%

0,254 0,071

95,8%

77,4%

0,031

47,9%

12,8%

0,001

75,0% 91,6%

22,5% 77,4%

0,00001 0,015

52,0%

22,5%

0,009

54,1%

32,2%

0,05

4

62,5%

Non stressĂŠs

P

22,6%

0,0005

66,4%

33,5%

0,006

72,9%

19,7%

0,000003

56,0%

38,5%

0,127

93,7%

77,4%

0,074

70,8%

48,3%

0 ,044

46,5%

32,5%

0,230

60,4%

51,6%

0 ,44

66,6%

54,8%

0.290

14,5%

9,6%

0,768

47,9%

51,6%

0,748

54,1%

51,1%

0,824

Discussion

Dans notre Êtude, la tension au travail est retrouvÊe chez prÊs de 1/3 des agents de sÊcuritÊ car les travailleurs ont une charge ÊlevÊe et une faible autonomie et particulièrement parmi ceux qui surveillent les portes d'accès des services mÊdico-chirurgicaux et les portes d'accès de l'hôpital. Ceci s'explique par le fait que les agents qui travaillent dans ces lieux sont soumis à une charge de travail importante, une confrontation en permanence avec le public notamment au niveau des services

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Le journal de la mĂŠdecine du travail – JMT N°23-

StressĂŠs


d'urgences diminuant ainsi la latitude décisionnelle. Enfin, l'influence des horaires de travail sur le vécu au travail a été relevée parmi ceux effectuant l'horaire posté déterminant un haut niveau de tension au travail particulièrement pour le travail posté jours. Les troubles neurovégétatifs (palpitations, coliques, nausées, céphalées, vertiges. . . ..) sont retrouvés dans plus de la moitié des agents de sécurité et d'une manière encore plus importante parmi les agents tendus.

Les facteurs générateurs de tension au travail doivent bénéficier de mesures de prévention adéquates, certaines recommandations [[1],[8],[9]] sont proposées pour préserver la santé des agents de sécurité comme l'amélioration de l'organisation du travail, la répartition des tâches en fonction des compétences, l'alternance des équipes, éviter les sous effectifs, des formations à la gestion des conflits, à la maîtrise du comportement en cas d'agression verbale ou physique et à la gestion du stress. . . . etc.

De même on retrouve une addiction au tabac plus important parmi les agents tendus.

Références [1] Abecassis P., Beaumont N., Bediot G.,et coll. « Évaluation et prévention des risques chez les agents de sécurité » DMT N° 109 ,2007

Par ailleurs, plusieurs études [[1], [5], [6],[7]] ont démontré l'influence des conditions de travail sur la santé mentale et physique des travailleurs.

[2] Feronagent D., Muller B., Vollet C., « Agent de sécurité » Fiche de poste n°11. (Médecine du travail Durance Luberon) (novembre 2003)

L'étude de poste de l'agent de surveillance au niveau de notre CHU a relevé comme facteurs professionnels à l'origine d'une tension au travail : les taches de travail mal définies/multiples taches, la sous occupation /travail monotone, le rythme de travail variable et le maintien permanent d'un poste fixe, sont de loin et de manière significative les facteurs responsables de contraintes organisationnelles exprimés chez les agents de sécurité retenus comme « stressés ». Alors que celles liées aux conditions de travail sont, la position debout prolongée, contact avec le public, la situation de tension permanente dans les rapports avec les collègues et la hiérarchie, le risque d'agressions et les victimes d'agression aussi bien verbales que physiques, sont significativement responsables de contraintes chez les agents de sécurité retenus comme «stressés». Les résultats de notre étude rejoignent les conclusions de l'équipe de Chouaniere.D [5] pour qui le stress au travail survient quand une personne ressent un déséquilibre entre les contraintes que lui imposent son environnement professionnel et les ressources dont elle dispose pour y faire face. Les effets du stress qui s'installent dans le temps ne sont pas uniquement de nature psychologique ; Ils affectent également la santé physique, le bien-être et la productivité.

5

[3] Chastang J-F., David S., Degioani S., Neidhammer I. « Propriétés psychométriques de la version française des échelles de la demande psychologique, de la latitude décisionnelle et du soutien social du «job content questionnaire» de Karasek: résultats de l'enquête nationale SUMER », Sante publique 2006/3, n°18,413-427PAGES [4] Amiel-Lebigre .F. Chavance .M. « Revue statistique appliquée sur le codage des données en analyse factorielle des correspondances. Application a un questionnaire » Revue de statistique appliquée, tome 23, n°1, 1975,65-81 pages [5] Chouaniere.D., Weibel.L. « Stress : conséquences pour la sante » ARACT Nord-Pas-de-Calais «stress professionnel, comprendre pour agir» 2003

[6] Dossier INRS, http://www.inrs.fr/dossiers/ dossierstress.htm «Le stress au travail » ; mise à jour : 23/04/2008 [7] Francois.M., Langevin.V., Van de Weerdt.C., « définition, importance et sources de stress au travail » ARACT Nord-Pas-de-Calais

Conclusion

[8] Mouze-AmandY .M. Neboit.M. , INRS « stress au travail : diagnostic, évaluation, gestion et prévention », bilan de la thématique 1998-2002

Au terme de cette enquête, nous avons constaté que ce métier, en plein émergence, présente un risque psychosocial important. Notre étude trouve son intérêt dans l'évaluation de la santé mentale et le dépistage précoce toutefois, il en ressort selon certaines études épidémiologiques [[4],[8],[9]] que des outils de diagnostic rapides et validés plus performants tel le Test de Van Houte [10]offre un moyen de dépistage facile pouvant aisément être utilisé dans la pratique quotidienne du médecin du travail afin d'intervenir au bon moment sur les conditions néfastes à la santé des travailleurs.

[9] Bourbonnais R. « Recherche, intervention évaluative visant l’optimisation de l’environnement psychosocial et organisationnel du travail du personnel soignant », Département de réadaptation, faculté de médecine, université Laval, Québec, 2002,47pages. [10] Delaunois M., Malchaire J., Piette A., « Classification des méthodes d'évaluation du stress en entreprise » , Médecine du travail et ergonomie, volume XXXIX, N°1, 2002, 13-28pages. 19

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Risque chimique Conditions de manipulation des anticancéreux dans les services d'oncologie d'un CHU de l'Est algérien N.Tigha-Bouaziz, D.Tourab , Am.Nezzal Service de Médecine du travail, Faculté de médecine, Université Badji Mokhtar Annaba

Résumé

1 Introduction

Objectif : étudier les conditions de manipulation des cytostatiques dans les services d'oncologie d'un CHU de l'Est algérien Matériels et méthode : une étude descriptive a été réalisée en 2014 dans les services d'oncologie d'un C HU de l'Est algérien en utilisant des outils de travail validés ; ERQ monographie, inspections, questionnaire professionnel et calcul de l'indice de contact cytotoxique. Résultats : L'activité d'oncologie est hébergée dans cinq services et unités distinctes. Elle est assurée par une population professionnelle jeune non formé sur les risques professionnels (74 infirmiers et 34 agents d'hygiène). Le personnel est en contact avec 44 médicaments anticancéreux. Toutes les familles sont représentées avec une prédominance des antimétabolites (25,5 %) et des formes galéniques injectables et en poudre (74,5%). La durée de préparation de ces médicaments est fréquemment courte, moins de quatre minutes (72%) ; il en est de même pour la durée d'administration, moins de trente minutes (31%). Ils sont conservés soit au réfrigérateur (30%), soit à température ambiante et à l'abri de la lumière (70%). L'activité d'oncologie est faite dans neuf locaux dont la superficie < à 10 m2 avec les autres activités de soins. L'entretien est insuffisant ainsi que l'aération et la ventilation. Les équipements de protection collective sont absents et les moyens de protection individuelle se limitaient aux blouses et aux gants. L'ICC journalier et hebdomadaire du personnel de soins classe au niveau 3 les infirmiers du service d'oncologie et de gynécologie, au niveau 2 (services d'hématologie et d'urologie) et au niveau 1( la pédiatrie). Conclusion : A l'issue de ce travail, les conditions de travail ne correspondent pas aux normes exigées pour les bonnes pratiques, nous recommandons une amélioration de ces conditions avec alignement sur les bonnes pratiques. 20

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-

Le nombre des cancéreux ne cesse d'augmenter au fil des années. Cette augmentation s'est accompagnée d'une diversité des traitements anticancéreux mis à la disposition de l'oncologue depuis plus de 50 ans. Cet arsenal thérapeutique a permis d'obtenir de plus en plus de réponses objectives et de rémissions complètes et durables. Mais l'utilisation des anticancéreux entraine certains effets et complications néfastes pour les malades et le personnel chargé de la préparation et de l'administration de ces médicaments. La manipulation des médicaments anticancéreux doit être effectuée dans un souci constant de protection du produit, du personnel et de l'environnement. La préservation de la santé du personnel hospitalier exige le respect des règles de bonnes pratiques et les normes d'exposition sécuritaire publiées par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) des États-Unis en 2004 [1]. 193 Depuis cette publication, plusieurs établissements hospitaliers manipulant les cytostatiques dans divers pays (Canada, France, Belgique) ont commencé à s'interroger sur leurs propres mesures de prévention. Des études pilotes ont été réalisées afin, de proposer des guides respectant les recommandations générales. Au Maghreb, les données sur les conditions de manipulation des anticancéreux en milieu hospitalier font défaut. En Algérie, les professionnels de la santé se sont intéressés beaucoup plus à une évaluation subjective des effets sur la santé des travailleurs exposés par questionnaire sans évaluation objective des conditions de travail dans les structures d'oncologie à l'exception du travail réalisé par Liani [2] L'objectif de la présente étude était d'étudier les conditions de manipulation des cytostatiques dans les services d'oncologie d'un CHU de l'Est algérien


2

Materiél et methode

La saisie et le traitement des données ont été faits grâce au logiciel XL STAT 2015.

Il s’agit d’une étude descriptive qui a été réalisé durant l’année 2014 dans les services d’oncologie d’un CHU de l’Est Algérien (oncologie médicale, onco-pédiatrie, onco-hématologie, onco-gynécologie et urologie). Nous avons procédé à l'analyse des conditions de manipulation des cytostatiques en utilisant l'observation, l'interview et la mesure. Les outils de travail employés étaient : le support de monographie des services de soins, les inspections semestrielles, le calcul de l'indice de contact cytotoxique et l'application d'un questionnaire professionnel [3].

3

Résultats

3.1 Caractéristiques des médicaments anticancéreux Au total, 44 médicaments sont utilisés dans les structures d'oncologie du CHU de l'Est algérien. Toutes les classes thérapeutiques sont représentées, avec une prédominance des antimétabolites (25,5%) et des agents alkylants (18%).Trois formes de présentation sont disponibles : solutions injectables (37,25%), poudres (37,25%) et comprimés (25,50 %). Un médicament peut avoir une ou deux présentations : cyclophosphamide (comprimés et injectable) (tableau 1).

Le renseignement du questionnaire a été réalisé par l'enquêteur sur les lieux de travail. La durée Tableau 1: Répartition des anticancéreux utilisés dans les d'application de ce questionnaire variait de 20 à 30 structures d'oncologie d'un CHU de l'Est algérien selon la minutes par personne. Les questions portaient sur les classe thérapeutique caractéristiques sociodémographiques et professionnelles, la disponibilité des moyens de protection (blouses, gants, Classe thérapeutique N % masques, surchaussures, calot, lunettes de protection), la Antimétabolites 9 25,5% préparation sous hotte, la fréquence d'utilisation des Agents alkylants 8 18% équipements de protection individuelle (jamais, parfois, Intercalants 3 7% souvent) et le nombre de préparation et d'administration Inhibiteurs de la topoisomérase 2 4,5% journalière et hebdomadaire des cytostatiques. Poisons du fuseau 7 16%

Anticorps monoclonaux Inhibiteurs de la tyrosine kinase Autres Total

Le calcul de l'indice de contact cytotoxique selon la formule habituelle ICC= nR + nA / Nh - nR: nombre de préparations réalisées par une per-sonne pendant une période déterminée

4 4 7 44

9% 9% 16% 100%

3.2 La durée de préparation :pour les solutions injectables et les poudres, 72% d’entre elles nécessitent une courte durée de - nA: nombre d'administrations réalisées par la même préparation (0-4 minutes). La principale voie d’administration est la personne pendant une période déterminée. voie parentérale en perfusion intraveineuse (51%) ou en injection intraveineuse lente (12%).La voie orale est également utilisée avec - nH: nombre d'heures de présence de cette personne une fréquence de 24%. Les autres voies d’administration durant la période déterminée. (intramusculaire, intraveineuse et en bolus) sont minoritaires, de Cet indice a permis de classer les services d’oncologie en l’ordre de 12 %. trois niveauxauxquels sont rattachées des précautions particulières : 3.3 La durée d’administration des anticancéreux utilisés dans les structures d’oncologie du CHU d’Annaba est variable. Elle dépend essentiellement de la présentation des médicaments et, de la voie d’administration. Une période d’administration courte est observée dans la plupart des situations : 0 à 30 minutes (31 %), 30 à 60 minutes (18,5%) et 60 à 90 minutes (18,5 %). Des périodes plus longues peuvent être prescrites allant de 1 heure et demie à plus de 3 heures (tableau 2).

- Niveau 1 : ICC < 1 : préparation et administration de façon occasionnelle, nécessité de mesures deprévention . individuelles. •Niveau 2 : 1 < ICC < 3 : préparation et administration en quantité modérée, nécessité de mise en place d’une prévention collective (poste de sécurité cytostatique). - Niveau 3 : ICC > 3 : préparation et administration intensives, mise en place d’une unité de reconstitution centralisée.

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3.4 La conservation des anticancéreux se fait à température ambiante et à l'abri de la lumière dans environ 70,5 % des cas; la conservation au réfrigérateur intéresse moins de 30 % des produits.

Tableau 2: Préparation, administration et conservation des anticancéreux utilisés dans les structures d'oncologie d'un CHU de l'Est algérien

Présentation

Solution injectable Poudre Comprimés

N

%

19 19 13

37,25% 37,25% 25,50%

26 7 3

72% 19,50% 8,50 %

28 7 13 7

51% 12% 24% 12%

15 9 8 6 6 5

10% 12% 12% 18,5 % 31% 18,5%

31

70,50%

13

29,50%

Durée de préparation

[0-4 minutes [ [4 - 8 minutes [ [8 - 12 minutes [

3.7

Durée de l'administration

[0 - 30 minutes [ [30 - 60 minutes [ [60 - 90 minutes [ [90 minutes - 2heures [ [2 - 3 heures [ > 3 heures

3.8

Contrôle de l'accès

Il n'y a pas de séparation entre les salles d'habillage et de déshabillage; cependant la zone d'archive et les bureaux sont séparés des salles de préparation et d'administration. Les zones de travail ne sont pas contrôlées. L'accès aux salles de reconstitution des cytostatiques n'est pas signalé ; l'accès est libre, même pour le personnel extra hospitalier.

Conservation

Température ambiante à l'abri de la lumière Au réfrigérateur

État des murs, du sol et des surfaces

Les revêtements de surface ne sont pas lisses, aucun système d'aspiration n'est en place. Dans la plupart des structures d'oncologie, les surfaces sont imperméables fissurés et dificiles à nettoyer et à désinfecter. Les siphons lavables ne sont pas disponibles dans certains services. On note l'absence des faux plafonds scellés. Les paillasses existent mais en mauvais état, dans la plupart des services.

Voie d'administration

Perfusion intraveineuse Injection IV lente Voie orale Autres

L'activité d'oncologie est dispensée dans cinq services géographiquement indépendants. La conception des locaux de préparation ne répond pas aux normes de bonnes pratiques : absence totale d'unité de reconstitution centralisée, absence d'unité de soins spécifique à la reconstitution des cytostatiques. Cette activité se fait dans un local commun à toutes les autres préparations (préparation de perfusions, antibiothérapie, transfusion, etc.). Chaque service d'oncologie comprend une, deux ou trois salles de soins utilisées aussi pour la préparation et l'administration des anticancéreux. Les locaux destinés à la préparation et l'administration des médicaments anticancéreux sont très étroits. Seuls 25 % d'entre eux ont une superficie supérieure à 10 m2. Ils ne sont pas spécifiques aux activités à l'exception du service d'oncologie.

3.9

Environnement de travail

3.5 Personnel : l’activité est assurée par 108 personnes, 74 agents Les locaux de préparation se caractérisent par l'absence de paramédicaux et 34 agents d’hygiène et technique. système d'aération et de ventilation; celle-ci est en général naturelle. En revanche l'éclairage est globalement suffisant, il est 3.6 Locaux de préparation et d’administration des mixte (naturel et artificiel) assuré par les fenêtres et les néons. cytostatiques.L’activité d’oncologie est dispensée dans cinq services géographiquement indépendants. La conception des locaux de préparation ne répond pas aux normes de bonnes pratiques : absence totale d’unité de reconstitution centralisée, absence d’unité de soins spécifique à la reconstitution des cytostatiques. Cette activité se fait dans un local commun à toutes les autres préparations (préparation de perfusions, antibiothérapie, transfusion, etc.). Chaque service d’oncologie comprend une, deux ou trois salles de soins utilisées aussi pour la préparation et l’administration des anticancéreux. Les locaux destinés à la préparation et l’administration des médicaments anticancéreux sont très étroits. Seuls 25 % d’entre eux ont une superficie supérieure à 10 m2. Ils ne sont pas spécifiques aux activités à l’exception du service d’oncologie

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3.10

Entretien des locaux

Il est quotidien et deux fois par jour pour les services fonctionnant en hôpital de jour (début et fin de l'activité). Pour les autres services, le rythme du nettoyage est calqué sur celui de l'ensemble du service (une fois par jour ou par deux jours, selon la disponibilité des agents d'hygiène). Les règles d'entretien ne sont pas respectées. 3.11

Equipements de protection

3.11.1 Équipements de protection collective: Ils font défaut, pas de hotte à flux laminaire vertical,pas d'isolateur, pas d'URC.


3.11.2 Equipements de protection individuelle Les équipements de protection individuelle mis à la disposition des personnels n’étaient pas spécifiques à l’activité d’oncologie. Il s’agit tout simplement de gants en latex, de blouses, de bavettes et de lunettes; ces dernières n’existent qu’au service d’oncologie. Nous avons noté l’absence de blouses à manchettes longues resserrées aux poignets, de lunettes, de surblouses, de surchaussures, de masques de protection, de solutions ophtalmiques pour rinçage oculaire. De plus, même disponibles, ces équipements ne sont pas toujours portés par le personnel. 23% des infirmiers et 41% des agents d’hygiène déclarent qu’ils n’ont jamais porté de gants, soit par manque ou par gène. Ils appartiennent aux services d’oncologie, d’hématologie, de gynécologie, d’urologie et de pédiatrie avec respectivement les proportions de 5 %, 50 %, 17 %, 33 % et 10 %.. Les lunettes sont portées irrégulièrement par le personnel du service d’oncologie. 3.12 Formation du personnel en contact avec les cytostatiques A l'exception des médecins, le personnel paramédical des structures d'oncologie manipulent les anticancéreux sans aucune formation de base préalable. Cette formation doit porter normalement sur l'identification des médicaments cytostatiques, leurs effets, les mesures de protection à appliquer et les mesures d'urgence en cas d'incident. 3.13 Procédures : nous avons noté l'absence de procédures écrites et afichées aussi bien pour la préparation des cytostatiques que pour les incidents et les accidents survenus lors de la reconstitution et /ou l'administration de ce type de médicaments et /ou contre-indications des cytostatiques. Les incidents et les accidents ne sont pas répertoriés et ne font pas l'objet d'une déclaration en accident du travail selon la loi 83/13 du 02 juillet 1983 relative aux accidents du travail et aux maladies professionnelles.

3.14

Calcul de l'indice de contact aux cytostatiques: ICC Soixante deux pour cent des services

4 Discussion 4.1 Médicaments cytostatiques util-isés au CHU d'Annaba Notre étude a révélé la consommation de 44 cytostatiques; toutes les formes galéniques sont représentées. La voie orale (8 médicaments), la voie parentérale (44 médicaments). Ce chiffre est presque similaire au chiffre rapporté par Liani [2] et Peuls [4]. Il est différent de celui de Boughattas [5].

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4.1.1

Durée de préparation

Dans notre travail, nous avons enregistré un temps moyen de préparation court de 4 minutes. Ce temps est inférieur à celui calculé par Tilleul [6] et Peuls [4]. Il est supérieur à celui de Bérod et Mathiot [6]. La préparation se réalise dans un local non conforme, sans hotte ni isolateur. A l'inverse, la préparation se fait sous hotte à flux laminaire dans l'étude de Bérod [7] et avec isolateur [4]. Le temps de transport des préparations n'a pas été comptabilisé dans notre travail, il est de 8 % du temps total dans la série de Peuls [4].Le temps moyen de préparation de 5 minutes reste court et pourrait être source d'erreurs qui n'est pas sans conséquences pour les malades.

4.1.2

Conservation

Dans notre travail, 30% des cytostatiques sont conservés au réfrigérateur et 70 % à température ambiante et à l’abri de la lumière. Ces deux méthodes sont adaptées à la conservation de quelques cytostatiques, température (méthotrexate, actinomycine), T°= 2° à 8° ambiante (Vinblastine, Vincristine, BCG, L-Asparginase). Alors que, d’autres médicaments nécessitent une température variable de 15° à 25° ou 30° (température ambiante contrôlée) [8]. Les règles de conservation ne sont pas toujours respectées. Les cytostatiques sont conservés dans des réfrigérateurs domestiques et non pas des réfrigérateurs et /ou congélateurs à usage biomédical. Il n’y a aucun contrôle de la température de la pièce, ni de celle des réfrigérateurs. En général, ces appareils se trouvent dans une salle de préparation de quelques mètres carrés, sans système de ventilation. La norme 2014.2 établie par l’ordre des pharmaciens du Québec exige un équipement adéquat et un contrôle de la température avec sonde ou thermostat. Les résultats doivent être notifiés sur un formulaire ou un registre. L’étalonnage de ces instruments doit être noté dans le registre d’entretien général [8].

4.2

Locaux de préparation et d'administration

Lors de notre visite aux différents services d'oncologie, nous avons constaté l'exigüité des locaux de reconstitution, la non séparation de la préparation des anticancéreux des autres médicaments. Le CHU comptabilise neuf (09) salles de préparation et/ou d'administration. Une seule salle de préparation possède une superficie supérieure à 12 m2 (minimum pour une salle de soins). Au CHU de Sidi-Bel-Abbès, la superficie du local de préparation est de 6 m2 [9]. Les locaux des services d'oncologie d'Alger sont plus spacieux, mais la superficie reste insuffisante pour plus de la moitié des locaux [2].


Le groupe Oncolor de la région de Lorraine publie un cahier de charge des unités centralisées en pharmacie. Pour la préparation des agents anticancéreux, il propose une superficie minimale de 15 m2 pour un local disposant d'une hotte à flux laminaire et de 25 m2 pour un local disposant d'un isolateur [10]. Dans le centre hospitalier de Montréal, l'activité d'oncohématologie est réalisée dans un satellite de 60 m2 avec une salle de préparation de 28,5 m2[11]. 4.2.1

Accés aux locaux Il est libre pour l'ensemble du personnel du service d'oncologie, même pour le personnel administratif. Il est également libre pour le personnel des autres services qui passent pour renseignements, pour avis, pour une faveur personnelle ou pour rendre visite aux collègues et amis. Les locaux doivent être identifiés par une signalisation informative appropriée (pictogrammes « Cytotoxique» ou « Avec précaution » , risques, accès restreints, code vestimentaire, etc.)[8]. 4.2.2

Nettoyage et entretien des locaux

4.3

Normalement, le nettoyage des locaux de préparation se fait quotidiennement par le personnel d'hygiène. Il englobe les surfaces de travail: plan de travail, bras de chaises/fauteuils pour patients, tables, poignées de porte/ réfrigérateur/armoires, toilettes, etc.) et les surfaces de circulation (planchers). Egalement les équipements (chariots, étagères). Le nettoyage s'effectue avec une solution d'eau et de détergent, suivie d'un rinçage avec de l'eau et d'une décontamination par l'hypochlorite de sodium 2,4 % pendant 10 minutes ; rinçage avec de l'eau ou neutralisation avec du thiosulfate de sodium [12].Le nettoyage des vomissures et des urines se fait à l'aide des compresses absorbantes suivi d'un nettoyage à l'eau et aux détergents des zones propres vers les zones sales.

Nous avons remarqué l'absence des équipements de protection. Une seule hotte implantée dans le service d'oncologie.Selon les recommandations des instances internationales (NIOSH, OMS), le choix des équipements pour la reconstitution des cytostatiques est fonction du niveau d'exposition et, doit permettre la séparation entre l'opérateur et les produits, le renouvellement d'air suffisant dans la zone-produits, la Filtration sur filtre à haute efficacité pour les particules de l'air entrant et sortant de la zone de production et le rejet de l'air à l'extérieur de l'établissement sans remise en circulation dans le réseau d'air ambiant de l'établissement . Elles proposent l'utilisation des HFL type IIB, des isolateurs en surpression ou des dispositifs de transfert en système clos (DSC) [154].Les HFL de type II équipées de système de régulation avec alarme possèdent trois filtres et HEPA et retiennent au moins 99,99 % des particules : l'un extrait l'air sortant à l'extérieur, le deuxième l'air entrant dans la zone propre de l'enceinte et le troisième l'air ressortant de la zone propre [[13],[14]].

En revanche, le nettoyage des portes, des fenêtres, des murs et des plafonds est mensuel. Les salles de toilettes (planchers, cuvettes) et l'environnement du patient (literie, bassine) ayant reçu des médicaments antinéoplasiques peuvent être contaminés par des traces de médicaments dangereux. Dans notre travail, le nettoyage des locaux de préparation et d'administration est insuffisant, à raison d'une ou deux fois par jour. Il se fait le matin dès l'ouverture des structures d'oncologie avant l'arrivée des médecins et des malades (hôpital du jour). Il est assuré par le personnel technique en utilisant comme détergent l'eau de javel. Les procédures habituelles de nettoyage des locaux de préparation des cytosta-tiques ne sont pas appliquées. La décontamination des surfaces est inexistante. Le nettoyage du plan du travail n'est pas systématique. Dans certaines situations, le personnel débarrasse le plan de travail des déchets sans le nettoyer. Les poignées des portes, des fenêtres, le combiné de télé-phone, les chaises, les fauteuils, les étagères et les armoires ne sont pas nettoyés. Donc, en dehors du sol, le reste ne fait pas partie des habitudes de nettoyage des services d'oncologie. Par conséquent, le risque de contamination est important.

Les isolateurs, sont des hottes de classe III munies de deux filtres HEPA ; le premier filtre l'air entrant dans le volume de travail et le deuxième l'air sortant. L'absence d'ouverture directe assure un haut niveau de protection de l'opérateur, qui ne nécessite pas de contraintes aussi drastiques d'habillage et de maîtrise de l'environnement que les HFL [13]. Les bonnes pratiques de manipulation des cytostatiques recommandent la mise en place des équipements de protection collective pour le niveau d'exposition 2 et 3 (ICC 2 et 3). Pour le niveau 2, il est souhaitable d'avoir une URC, à défaut une hotte à flux laminaire vertical de type IIB ou au minimum une hotte à flux laminaire vertical de type II A. Le niveau 3 exige une URC (enceinte stérile implantée dans une zone à atmosphère contrôlée, avec isolateur) ou à défaut, plusieurs hottes à flux laminaire vertical de type IIB [14].

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Equipements de protection collective


4.4.2 Surblouses: au moment de notre enquête, les surblouses n'étaient pas disponibles; ce qui ne concorde pas avec les recommandations des instances internationales qui exigent le port régulier des surblouses, en particulier pour les préparateurs de chimiothérapie. Sawicki, dans une étude sur les mesures préventives, a noté le port régulier des sur-blouses par la totalité des préparateurs en pharmacie, 44% des infirmiers et 41 % des aides soignant/agents de service [18].Dans une enquête sur le respect des recommandations de manipulation des cytostatiques et selon les réponses de 271 médecins du travail, 84,4 % du personnel portent régulièrement les surblouses. Une seule étude algérienne rapporte la disponibilité des surblouses dans 50 % des structures d'oncologie de la région d'Alger et, leur port par 21% du personnel [2].

En Algérie, l'installation d'une unité centralisée de reconstitution des cytotoxiques n'est pas de règle ; ceci peut être expliqué par son coût élevé. Cet inconvénient n'a pas empêché les centres hospitaliers chargés de l'activité d'oncologie dans d'autres pays d'opter pour cette solution. Il a été démontré à travers les publications que cette URC permet de réaliser des économies annuelles allant de 6 % à 14,7 % [[15], [16]].La centralisation réduit l'effectif du personnel susceptible d'être exposé aux cytostatiques, apporte une meilleure protection des préparateurs et limite le nombre des évacuations d'air sur l'extérieur (meilleure protection de l'environnement). Dans les études algériennes, la disponibilité d'une hotte a été signalée par Liani où neuf locaux sont dotés d'une hotte à flux laminaire vertical de type II A ou II B [2]. Par ailleurs, une étude tunisienne note la présence d'une hotte à flux laminaire dans un secteur d'hospitalisation d'oncologie [5]. Dans l'Union Européenne, la préparation se fait automatiquement sous une hotte à flux laminaire ou isolateur [[4],[7]].Dans une enquête sur l'évaluation des pratiques des lignes directrices de sécurité de manipulation des cytostatiques, Boiano et al en 2015 rapportent l'absence d'utilisation d'isolateur et /ou PSB par 9 % des infirmiers et 13% du personnel des pharmacies [17]. 4.4

Equipements de protection individuelles

La préparation est assurée par les infirmiers et les aidessoignants. Les préparateurs se dotent d'une blouse et d'une paire de gants et rarement d'une bavette. La blouse est portée souvent sur les vêtements de jour. Il n'y a pas de tenue spécifique pour le travail. Une partie négligeable porte une tenue de bloc, alors que normalement le changement de la tenue de ville contre un pyjama adapté au travail est exigé dans les locaux de préparation [4]. 4.4.1

Blouses:

Elles sont disponibles pour l'ensemble du personnel de soins et technique à raison d'une blouse par année ou par deux années. Il s'agit de blouses-standard à manchettes courtes ou longues. Le port des blouses est régulier pour toutes les catégories professionnelles. Il est exigé par la réglementation algérienne. Elles ne sont pas conformes aux bonnes pratiques, qui proposent des blouses imperméables à manchettes longues, à poignets serrés avec élastique, résistantes à l'humidité.

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4.4.3 Gants: les gants utilisés pour la préparation des cytostatiques sont en latex simple. La préparation est faite en portant une seule paire de gants, contrairement aux bonnes pratiques qui exigent des préparateurs d'enfiler deux paires par préparation (latex chirurgical), de préférence en nitrile ou en néoprène, non poudrés, conformes à la norme D-6978-05 de l'ASTM [19]. Les gants doivent recouvrir les poignets de la blouse. Ils doivent être changés toutes les 30 minutes [20]. Les gants en vinyle ne sont pas conseillés (dextérité et sensibilité moindres) et chaque fois qu'il y a bris, déversement ou contamination [21]. Un lavage des mains lors du changement des gants est obligatoire; il peut être remplacé par l'application d'un gel alcoolisé à 70 [22]]. Dans notre travail, nous avons constaté un port faible des gants. Il est régulier pour 26% des infirmiers et aides-soignants et de 32,5 % pour les agents d'hygiène. L'interview avec le personnel de soins et les agents d'hygiène a démontré la sousapplication du port des EPI par méconnaissance des risques (agents d'hygiène) ou par contrainte. Les anciennes infirmières préfèrent préparer les cytostatiques à mains nues. Elles se disent gênées et freinées par le port des gants. Valanis a comparé le port des EPI chez les pharmaciens, les infirmiers et les aides-soignants avant 1986 et entre 1988 et 1989. Les pharmaciens portaient plus les EPI que les infirmiers. Le personnel en contact avec les excrétas des cancéreux portaient moins de moyens de protection individuelle [23].


Le même constat a été rapporté par Mc Diarmid MA qui montre que même après les publications des guidelines et des directives sur la manipulation des cytostatiques, le respect des procédures sécuritaires y compris le port des EPI reste faible [24].Il en est de même pour le travail de Rizlar [25]. Nos conclusions rejoignent celles de Begdadli qui rapporte le port régulier des gants non adaptés à la reconstitution des cytostatiques par 40% des infirmiers [9].Inversement à notre constat et à l'issue d'une enquête sur les risques cytotoxiques effectuée à l'institut de cancérologiehématologie du CHRU de Brest, B. Sawicki et ses collaborateurs trouvent que 100 % des infirmiers, 85 % des aides-soignants/ agents de service hospitaliers, 100 % des préparateurs et des membres de l'équipe logistique utilisaient quotidiennement les gants en nitrile [18]. L'étude de Falcy et al, réalisée sur une période d'une année pour évaluer le respect des recommandations pour la manipulation des cytostatiques a montré le port des gants par 85,7 % du personnel. Cependant, ils ne sont pas adaptés aux anticancéreux dans 22 % des cas (gants en vinyle) [26]. Dans une étude publiée en avril 2015, Boiano rapporte le port d'une paire de gants par 92 % des infirmiers et 90 % du personnel de la pharmacie. Cependant, le port d'une double paires de gants reste faible (respectivement 85%, 47 %) [17]. Dans le travail de Liani, le port des gants diffère en fonction des tâches. Il est de 91,9 % pour la préparation et de 52 % pour l'administration[2]. Le type de gants reste globalement inadéquat. Il en est de même pour le travail de Boughattas (75 %) [5]. Dans les deux derniers travaux,les auteurs n'ont pas précisé si le port est régulier ou irrégulier. 4.4.4 Bonnet, calot voire coiffe enveloppante: la coiffe est plus adaptée pour la protection de la tête. Il est recommandé de la changer chaque demi-quart de travail [8,14, 27]. Ce moyen de protection n'est pas disponible aux services d'oncologie du CHU de l'est algérien. 4.4.5 Masque chirurgical: il n'assure pas la protection contre les cytostatiques. Les recommandations préconisent des masques à cartouche filtrante, voire des appareils de protection respiratoire(APR) lors de la préparation des cytostatiques [8, 28, 29,30]. Ils sont portés par 18 % des infirmiers dans l'étude de Nieweg RM [31]

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4.4.6 Lunettes de protection: la protection oculaire est assurée par le port de lunettes de protection jetables ou de lunettes étanches de catégorie B (norme ACNOR Z 94.3.1_2). Les lunettes n'étaient pas disponibles au moment de l'étude. En 1994, dans les hôpitaux des Pays Bas et avant même la publication des guidelines de préparation et de protection, le port des lunettes de protection était de 3 % [31]. 4.4.7 Couvre-chaussures: le port des couvres-chaussures jetables est recommandé pour protéger les souliers et éviter la dispersion de la contamination à l’extérieur. Ils sont à remplacer après 3 h et demi de travail cumulatif ou après contamination. Il n’est pas utilisé par les préparateurs de chimiothérapie de notre étude. Le même constat est rapporté par des travaux maghrébins [16, 2, 5,4, 32,33]. 4.4.8

Indice de contact cytostatique:

ICC

Nous avons évalué le degré d'expositionaux cytostatiques par le calcul de l'indice de contact cytostatique. Tous les niveaux d'exposition définis par l'OMS ont été retrouvés .Ainsi, les services d'oncologie et de gynécologie ont été classés au niveau 3, le service d'hématologie et d'urologie an niveau 2 et la clinique pédiatrique au niveau 1. Nos données recoupent parfaitement les données rapportées par les confrères algériens et tunisiens, dont les conditions de travail sont similaires. Le personnel du service d'oncologie était classé an niveau 3 par Boulares et al [34],et également par Boughattas et al (en particulier ceux affectés à l'hôpital de jour) [5]. Il en est de même pour le travail de Liani [2]. Le service d’hématologie est classé an niveau d’exposition 2 dans les travaux de deux équipes tunisiennes (Masmoudi et al, Boughattas et al) [35,5] et d’une équipe française (hôpital Dax) [36]. Les mêmes résultats ont été rapportés par les auteurs algériens (Begdadli et al Boulares et al) [9,34]. Quant aux résultats de Liani, ils sont variables d’une structure à l’autre, au centre Pierre et Marie Curie d’Alger, le service d’hématologie se trouve en niveau 3, alors qu’il est au niveau 2 à l’hôpital de jour (centre anti cancer de Blida) [2]. Le personnel de la pédiatrie utilise moins fréquemment les cytostatiques (niveau 1). Les résultats sont similaires pour Beghdadli et Al [9]. En outre, les services d'onco-pédiatrie Bayonne et Dax ont été classé au niveau 1. En revanche, Liani classe les services de pédiatrie en trois niveaux en fonction des structures [2].


5 Conclusion En regard des résultats de ce travail, il semble pertinent de procéder à l'amélioration des conditions de manipulation des anticancéreux par le renforcement des moyens de protection individuelle, l'équipement des salles de préparation par un isolateur et à défaut par des hottes à ˛ux laminaire vertical et la formation du personnel sur les risques inhérents à la reconstitu-tion de ces médicaments.

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28

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Risque chimique Exposition professionnelle au perchloréthylène dans l'ouest Algérien Z.Belhadj, D.Zergoun, A.B.Kandouci Laboratoire de recherche en environnement et santé. Service de médecine du travail. CHU de Sidi bel Abbés Algérie

Summary

employees of the questionnaire results have allowed us to The dry cleaning business, commonly called dry, can identify a number of important symptoms in the exposed generate, in addition to physical, chemical hazards population group. (perchloréthylène) for employees. Keywords:Occupational exposure to perchloréthylène, Objective: To evaluate the clinical impact of chronic psychometric testing, metrology Evaluation, labour dry . exposure to perchloréthylène in western Algeria. Means and method: cross sectional study type presentation unexposed.Data collection was done by a questionnaire (Hogstedt), psychometric tests were performed and evaluation of occupational exposure was made by air sample taken in two pressings per spot metering (Dragger pumps).

Résumé

L'activité de nettoyage à sec, couramment appelée pressing, peut générer, outre des risques physiques, des risques chimiques (perchloréthylène) pour les salariés.

Objectif : Evaluer le retentissement clinique de l'exposition chronique au perchloréthylène dans une Results: 1/2 of the exposed employees presented mostly population de salariés de pressing de l'ouest d'Algérie. neurological symptoms, with predominance of fatigue in the end position (50%), easily fall asleep more often Moyens et méthode : étude transversale de type exposé (58.3%), sometimes irritability (63, 3%), waking in the non exposé. Le recueil des données a été fait par un middle of the night (31.7%), memory impairment (25%), questionnaire (d'Hogstedt), des tests psychométriques ont with a statistically significant difference between the two été réalisés et l'évaluation de l'exposition professionnelle a été groups for all these symptoms except for the presence of faite par prélèvement atmosphérique réalisé dans deux nightmares, digestive disorders and tingling in the arms pressings par mesure ponctuelle (pompes drägger). of levels. In psychometric tests, a significant difference between the two populations. Atmospheric rate Résultats : la 1/2 des salariés exposés a présenté en majorité des perchloréthylène at the opening of the window were symptômes neurologiques, avec prédominance de la fatigue en greater than or equal to the limit ACGIH 2005. fin de poste(50%), s'endormir facilement le plus souvent (58,3%), parfois une irritabilité (63,3%), réveil au milieu de la Discussion: The repetition of the peaks of nuit(31,7%), troubles de mémoire (25%),avec une différence perchloréthylène leads to a greater exposure to the statistiquement significative entre les deux groupes pour tout recommended values. Clinical monitoring is indicated in ces symptômes sauf pour la présence des cauchemars, des the exhibition but must be associated with biometrology troubles digestifs et les fourmillements aux niveaux du bras. Pour les tests psychométriques, une différence significative for chronic exposures. entre les deux populations. Les taux atmosphériques en perchloréthylène lors de l'ouverture de l'hublot étaient Conclusion: This study confirms the existence of an supérieure ou égal a la valeur limite de l 'ACGIH 2005 occupational exposure to perchloréthylène dry and 29

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2

Discussion : La répétition des pics de perchloréthylène entraine une exposition supérieure aux valeurs recommandées. La clinique est indiquée dans le suivi des expositions subaigües mais doit être associée à la biométrologie pour les expositions chroniques. Le faible effectif, de notre étude, nous permet d'émettre ces hypothèses sans toutefois pou-voir les affirmer.

C'est une enquête transversale de type exposé- non exposé, qui a été menée sur une période de 7 mois al-lant d'octobre 2012 à avril 2013, auprès de l'ensemble des travailleurs exerçant dans des pressings de trois willayas de l'ouest Algérien. La population était constituée de 60 salariés répartis dans 37 pressings. Etaient inclus de l'enquête pour le groupe exposé tous les salariés ayant une ancienneté d'au moins une année et ayant donné leur accord de participation, étaient exclus par contre ceux ayant refuser de collaborer, ainsi que ceux ayant des antécédents de traumatisme crânien grave, d'épilepsie, de dépression sévère, de maladie neurologique et les consommateurs d'alcool. Huit entreprises n'étaient pas incluses suite au refus des employeurs.

Conclusion : Cette étude vient confirmer l'existence d'une exposition professionnelle au perchloréthylène des salariés du pressing ou les résultats du questionnaire nous ont permis d'identifier un nombre Important de symptômes chez la population du groupe exposé. Mots clés: Exposition professionnelle au per-chloréthylène, test psychométrique, Evaluation métrologique, travail du pressing

1

Les exposés ont été appariés selon l'âge, le sexe, avec les sujets exposés. Après adaptation soixante salariés et 120 témoins ont été inclus dans l'étude.

Introduction

L' équipe de médecine du travail du CHU de Sidi Bel Abbes a réalisé auprès de 45 entreprises de nettoyage à sec situées dans trois wilayas de l'ouest algérien, une étude au cours de laquelle les risques professionnels liés à l'utilisation du perchloréthylène ont été évalués. Le perchloréthylène est encore actuellement le solvant le plus utilisé dans les pressings commerciaux, structure le plus souvent de petite taille [[1],[2],[3]]. Il est classé cancérogène de catégorie 3 (substance préoccupante pour l'homme) selon la classification européenne et le CIRC ( le Centre international de recherche contre le cancer ) [[4],[5]] le classe dans le groupe 2A (cancérogène probable pour l'homme) Le perchloréthylène fait partie de la famille des solvants reconnus à l'origine de troubles neurologiques. Une méta-analyse de 2009 n'a pu conclure à un lien statistique probant entre l'exposition au perchloréthylène et le risque de déficits neurocomportementaux en raison d'insuffisances méthodologiques des études analysées [6] . L'objectif de notre étude était d'évaluer le retentissement clinique de l'exposition chronique au perchloréthylène dans une population de salariés de pressings des trois willayas de l'ouest Algérien (Sidi Bel Abbés, Ain-Temouchent et Oran), comparé à des travailleurs non exposés du CHU de Sidi Bel abbés.

Le recueil des données individuelles a été effectué pour les deux groupes, au travers d'un questionnaire d'Hogstedt traduit en français [7]. Il comporte deux grands volets : 1-un premier volet relatif aux items recherchant les signes cliniques observés pendant l'année précédant l'étude à savoir l'asthénie, les céphalées, les vertiges, les troubles de la vigilance, les troubles de la mémoire, les perturbations du sommeil, les troubles de l'humeur, les troubles du comportement, la sensation de faiblesse musculaire, les paresthésies au niveau des membres et/ou les crampes, et les troubles digestifs. Les réponses étaient codées en jamais/ rare=1, par-fois=2, souvent/fréquent=3 2-le deuxième volet reprend les données de l'examen clinique et les résultats des tests psychométriques pratiqués. Pour la population exposée, le recueil des données a été fait par le médecin du travail sur le lieu du travail , et pour la population témoin, le recueil a été effectué au niveau du service de médecin du travail au cours des visites périodiques. Nous avons réalisé quatre tests psychométriques selon la disponibilité, pour les exposés et les témoins : le pointage, le Codage (wais), le Digit-span et le Benton.

30

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Materiel et méthode


3.2.2 pressing2: mesure normale: 25ppm. Lors de l'ouverture de hublot =100 ppm. Les résultats atmosphériques prélevés étaient supérieurs à la valeur moyenne d’exposition professionnelle VLE (25 ppm) recommandée en France et aux Etats-Unis [8].

L'évaluation de l'exposition professionnelle au perchloréthylène a été faite par des prélèvements atmosphériques sur tubes réactifs colorimétriques par mesures ponctuelles (pompes drägger). Quatre mesures d'ambiance ont été réalisées dans seulement deux pressings choisis au hasard, par manque de seringues.

Tableau 1: Résultats des tests psychométriques

La première mesure a été effectuée anarchiquement dans différents points du local et la deuxième mesure lors de l'ouverture de hublot. Les résultats métrologiques ont été compares a la valeur moyenne d'exposition professionnelle VLE (25 ppm) recommandée en France et aux Etats-Unis [8].

Test

Exposé

Pointage

127,77

±

35,53 Codage(wais)

L'exploitation statistique des résultats a été réalisée à l'aide d'un logiciel SPSS.17. L'analyse a compris une phase descriptive des résultats cliniques avec comparaison entre les exposés et les témoins. Les données quantitatives étaient exprimées sous forme de pourcentage, de moyenne, et d'écart type de moyenne. Le test du Khie2 de Pearson a été utilisé pour la recherche d'une association statistique entre facteurs d'exposition et les troubles neurologiques.

Digit-span

Benton

3.3

23,7

8,82

0,95

± 6,93 ± 2,74 ± 0,34

Non exposé 168,53 ± 24,9 31,05 6,14 11,30

P 0,003

±

0,001

±

0,001

2,31 1,13

± 0,66

0,001

Symptomatologie

Les 37 pressings visités étaient de conception ancienne et ne comportaient pas de ventilation mécanique ni d'aspiration vers l'arrière et/ou au dessus des hublots et , les machines à perchloréthylène dans chaque entreprise dataient de plus de dix ans .

En ce qui concerne la symptomatologie clinique, 50 % des salariés exposés ont présenté des symptômes à prédominance neurologique, ces signes étaient par ordre décroissant de fréquence, l'irritabilité (63,3%), l'endormissement facile (58,3%), fatigue enfin de journée de travail (50%), suivis par les réveils pendant la nuit (31,7%),et les troubles de la mémoire (25%), avec une différence statistiquement significative entre les sujets exposés et les sujets non exposés pour tous ces symptômes, sauf pour les cauchemars, les troubles digestifs et les fourmillements aux niveaux des bras.

3.1

3.4

3

Résultats

Description de la population

Finalement, 60 salariés de 37 pressings sélectionnés représentaient la population exposée avec 33 hommes(55%) versus 27 femmes(45%), et la moyenne d'âge était de 39 ± 12 et , et la moyenne d'ancienneté était de 9,3 ± 9,5 ans. La population témoin était composée de 65 hommes et 55 femmes (n=120) avec une moyenne d'âge de 37,5 ± 9,1 ans. Il n'y avait aucune différence statistiquement significative quant à la consommation de tabac entre les deux groupes.

3.2

Concernant les quatre tests psychométriques qui ont été pratiqués chez tous les travailleurs, on remarque que la moyenne des scores pour les tests de codage, de pointage, de digit-span, et le benton, était plus faible chez les sujets exposés avec une différence statistiquement très significative entre les deux groupes P<0,0001.

Résultats métrologiques Les résultats étaient les suivant: 3.2.1 pressing1: mesure normale : 50 ppm Lors de l'ouverture de hublot: >100ppm.

31

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Résultats des tests psychométriques


4

Discussion

Contrairement à nos résultats, des enquêtes transversales et longitudinales, ont retrouvé d'autres plaintes chez des sujets exposés au perchloréthylène [[15],[16],[17]].

Cette étude a nécessité la collaboration de multiples intervenants, ce qui a majoré les difficultés de récolte des informations. Le décalage dans le temps du recueil des questionnaires pour le groupe exposé a pu également constituer un biais. Ces difficultés propres, à toute étude, prennent ici une ampleur plus importante en raison du faible effectif de notre population et ce, malgré l'association de trois wilayas (Sidi Bel Abbes , Ain Témouchent et Oran) et cela est du aussi au refus de collaboration de plusieurs pressings.

Muttray en1999 retrouve chez un homme qui a été exposé au perchloréthylène pendant 29 ans une perte de la concentration et de la mémoire [18]. Concernant les tests psychométriques, la différence était significative entre les deux groupes de l'étude, les exposés étaient moins performants aux tests, ceci rejoint les résultats de l'étude faite en 2001[19].

Dans notre étude, Les pressings étaient de petites entreprises employant 1à 2 salariés, ce qui explique le nombre faible des travailleurs exposés au perchloréthylène ; seulement 60 ouvriers pour 37 pressings. Puisque nous ne disposions pas d'une valeur limite d'exposition au perchloréthylène en Algérie, nous avons comparé nos résultats à celles recommandées en France et aux Etats-Unis selon l'ACGIH(2005) et nos résultats étaient supérieurs à la valeur normale [[8],[9]].

Les premières enquêtes scandinaves montrent également des différences dans les performances aux tests psychométriques. [20] Des études rétrospectives, réalisées dans les pays nordiques indiquent pour plusieurs catégories de travailleurs exposés à des solvants (en comparaison avec des ouvriers non exposés professionnellement), un risque deux fois plus élevé de développer des troubles neuropsychiatriques chroniques invalidants. [20] Hanninen en 1976 [21] trouve une diminution de la mémoire, de la perception et de la dextérité chez 102 sujets exposés à des mélanges de solvants comparativement à 101 sujets de référence , Arlien Soborg [22], note une diminution des performances pour la mémoire des chiffres (Digit-Span), la dextérité, et le vocabulaire , dans une étude transversale sur des sujets exposés à des mélanges de solvants comparés à des sujets non exposés. Fidler[23] trouve des différences significatives pour les tests de codage , de la mémoire des chiffres , et du WAIS-R.

Dans notre étude, l'exposition au perchloréthylène était importante lors de l'ouverture de hublot. La comparaison des concentrations atmosphériques, mesurées dans notre étude aux données de la littérature indiquent qu'elles sont proches de l'étude de l'AHI 33 qui a trouvé quatre valeurs sur 26 supérieures à la VME [9], mais différent des résultats de Lauwerys et al en 1983, qui rapportait une valeur moyenne de 21 ppm dans six pressings [10]. Récemment, l'étude iranienne d'Azimi et al portant sur 179 salariés de 69 pressings retrouvait un taux atmosphérique moyen de 11,5 ppm pour les opérateurs [11].

Mais certains auteurs retrouvent des performances inchangées en fonction de l'exposition à des solvants, c'est le cas de Proust en 1989 [20]. Les femmes représentaient 45% de notre population d'étude et la moyenne d'âge était de 39,2 ± 12, donc en âge de procréer, il aurait été judicieux d'intégrer à notre questionnaire le risque d'avortement sachant que le perchloréthylène est un solvant liquide volatil qui traverse la barrière foetoplacentaire et qui, expérimentalement présente un risque de foetotoxicite et une embryotoxicite à des doses toxiques pour la mère.

Il ressort, de cette analyse qu'actuellement l'exposition respiratoire moyenne au perchloréthylène des salariés des pressings se situe entre 7 et 10 ppm et est donc inferieur à la VLEP actuelle et au nouveau seuil proposé par l'ANSES [12]. Du point de vue symptomatologie, La différence entre les deux groupes était significative pour tous les symptômes sauf pour les cauchemars, les fourmillements au niveau des bras et les troubles digestifs.

Des études rapportent des résultats plutôt contradictoires il semblerait que les risques d'avortements seraient augmentés pour certains auteurs alors que d'autres études se révèlent négatives, on s'oriente actuellement vers une absence probable de risque d'avortement a faibles doses (inferieures à la VME) et un risque probable à de fortes doses [24].

Dans notre étude, les salariés exposés au perchloréthylène se plaignaient surtout de manifestations neurologiques subjectives : l'irritabilité la fatigue ,cependant l'âge et le sexe peuvent Interférer dans ces résultats. Nos résultats corroborent ceux de la littérature concernant la présence de la fatigue en fin de journée de travail [[13],[14]].

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Des doutes existent sur le risque de malformations congénitales (fentes palatines, anomalies rénales, urinaires, et du système nerveux central), Perrin [25], évoque quant à lui un risque de troubles psychiatriques graves chez l'enfant et l'adulte après une exposition prénatale. Le perchloréthylène n'a pas été classé comme reprotoxique lors des 29éme, 30éme et 31éme adaptations au progrès technique ATP du règlement CLP du parlement européen. Cependant , dans le cas de cette substance non classée neurotoxique mais dont les effets sur le développement fœtal sont suspectes, il parait justifié d'appliquer les recommandations de la Société française de médecine du travail de novembre 2004 sur la surveillance médicale des ouvrières enceintes exposées a des substances toxiques pour le développement fœtal, même en l'absence de disposition réglementaire.

5

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Conclusion

[8] American Conference of governmental and Industrial Hygienists (ACGIH). TLVs and BELs : Threshold Limit Values for chemical substances and physical agents, biological exposure indices. Cincinnati, OH ; 1999.

Notre étude vient confirmer l'existence d'une exposition professionnelle, par voie respiratoire au perchloréthylène des salariés travaillant dans les pressings, en particulier lors de certaines taches exposantes (ouverture de hublot). Notre enquête nous a aussi permis d'évaluer le retentissement clinique de l'exposition chronique au perchloréthylène représenté essentiellement par l'irritabilité et la fatigue avec une diminution des performances psychométriques chez la population des salariés exposés au perchloréthylène.

[9] Evaleotox 33 : entreprise de nettoyage à sec, exposition au perchloréthyléne et surveillance biologique. 2006. [10] Lauwerys R, Herbrand J, Buchet JP, Bernard A, Gaussin J: Health surveillance of workers exposed to tetrachloroethylene in dry cleaning shops. Int Arch Occup Environ Health. 1983; 52(1): 69-77.

Il est important de poursuivre les recherches afin de substituer le perchloréthylène , et promouvoir les moyens de prévention collective et individuelle dans les entreprises de nettoyage à sec et dans le cadre du suivi médical , veiller à informer les salariés sur les risques encourus lors de la manipulation de cette substance dangereuse notamment les femmes enceintes et celles en âge de procréer et outre l'examen clinique et le suivi de la fonction rénale, souligner l'importance des dosages métrologiques et biométrologiques lors des expositions chroniques au perchloréthylène .

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Evaluation et enquête en entreprise Transmission des savoir-faire professionnels dans une entreprise de bâtiments et travaux publics Khoudour.Z, Lamara Mahamed.A, Liani.N S Service de médecine du travail .EHS Pierre et Marie Curie

SUMMARY 1

Introduction

Dans cette étude nous nous intéressons à la transmission des savoir-faire professionnels des anciens travailleurs aux nouvellement embauchés, comme moyen de prévention des accidents du travail et du développement de l'employabilité des jeunes recrues au sein de cette entreprise. Elle a comme objectif de mettre en évidence le rôle fondamental des travailleurs expérimentés dans les organisations, notamment par l'accompagnement du novice qui doit bâtir son expérience en étant confronté à des situations de travail concrète.

2

s'implique dans sa construction. [7]. Pour cela nous avons procédé à une analyse du fonctionnement de l'entreprise. Une recherche bibliographique en rapport avec la transmission des savoir- faire, une analyse documentaire portant sur le registre des accidents du travail, la gestion des ressources humaines, les caractéristiques de la population et un entretien avec les travailleurs. La formulation de l'hypothèse de niveau1 et le choix des situations à analyser constituent la deuxième étape, nous avons donc effectué des observations ouvertes afin de comprendre le processus technique, les tâches confiées aux opérateurs et les stratégies opératoires mises en œuvre par les travailleurs les plus anciens pour se protéger.

Materiel et méthode

La troisième étape concerne l'analyse de l'activité de travail ce qui nous a permis de poser l' hypothèse de niveau 2 et enfin la quatrième étape a porté sur Cette étude à été menée dans le respect de la démarche l'identification des situations d'action caractéristiques. ergonomique telle que schématisée ci-dessous [6], à l'exception de la demande d'analyse ergonomique qui à sa spécificité en Algérie [7]. L'analyse ergonomique s'est Figure 1: la démarche ergonomique déroulée en 4 étapes :

La première étape concerne l'instruction de la demande, selon la société ergonomique de langue française, l'analyse ergonomique suit obligatoirement une demande. Dans notre étude, l'analyse ergonomique de la transmission des savoir-faire est une préoccupation du médecin du travail qui

35

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


3

Résultats

les travaux de l'Institut national de la statistique et des études économiques (l'INSEE) indiquent qu'à durée d'exposition égale, les salariés de moins de 20 ans ont trois fois plus L'entreprise objet de notre étude est une entreprise de type d'accidents du travail que ceux de 50 à 59 ans et ceux de 20 à travaux publics 29 ans, deux fois plus [5]. Pour Elena Laroche, de la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail de l'Université de 3.1 Prescription du travail: Laval au Québec (CGSST), les jeunes auraient également un rapport au risque différent des travailleurs plus âgés, Ils Au niveau de cette entreprise il n'ya aucune trace de fiches de prendraient plus de risques, tout en étant moins expérimentés postes, les variations sont trop importantes pour qu'une que leurs aînés, et se prémuniraient moins bien contre les prescription fine du mode opératoire soit réalisée par les situations dangereuses. . [8] méthodes

3.2

Prescription de la sécurité :

3.4.1 L’hypothèse de niveau 1 Choix des situations à analyser :

Nous avons 3 principaux textes qui régissent la santé et la sécurité au travail au niveau de l’entreprise -Décret exécutif N° 05-12 du 8 Janvier 2005 [4] -Arrêté du 26 juillet 2008 plan d’hygiène et de sécurité (PHS) [1] -Ordonnance n° 97-01 du 11 janvier 1997. [10]

Les arguments sus cités nous ont conduits à une hypothèse de niveau 1 et à faire le choix de la situation à analyser. L'Hypothèse de niveau 1 est Le manque d'expérience et de formation font que les jeunes soient davantage victimes d'accidents du travail que leurs aînés.

3.3

Choix de la situation à analyser : l'observation a porté sur le ferraillage en atelier et a concerné la coupe de 120 barres d'acier.

Les analyses documentaires :

Nous avons étudiés tous les documents de l'entreprise qui se rapportent aux accidents du travail et ceux de la gestion des ressources humaines. Une étude statistique sur les accidents du travail au sein de l'entreprise a été réalisée par la médecine du travail, elle a concerné 433 travailleurs et a montré que les travailleurs les plus atteints ont moins de 3 mois d'ancienneté en entreprise [3] Plus de la moitié des travailleurs victimes d'accident du travail avec arrêt sont âgés de moins de 35 ans et plus de 75 % des accidents graves ont concerné les travailleurs âgés de moins de 40 ans.

3.4

Des recherches bibliographiques

-Le métier de ferrailleur est incontournable sur chantier, du début à la fin de celui ci - 80% des travailleurs embauchés comme manœuvre ont obtenu le certificat professionnel de ferraillage - Plusieurs études ont montré la fréquence des troubles musculosquelettiques chez les ferrailleurs - L’évaluation à priori des risques professionnels a mis en évidence la pénibilité physique du travail de ferrailleur - L’étude statistique sur les accidents du travail réalisée par la médecine du travail a montré que les ferrailleurs étaient victimes des accidents les plus graves et que les travailleurs les plus touchés ont moins de 3 mois d’ancienneté en entreprise.

relatives a notre thématique :

Observations orientées de l'activité :

Plusieurs études ont mis en évidence l'accidentabilité chez les jeunes et le rôle de la transmission des savoir -faire pour la prévention de ces accidents. En France

Observations le ferraillage en atelier : Afin de rendre compte de cette pénibilité du travail

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de ferraillage, il nous a paru nécessaire d'analyser les modes opératoires, de les décomposer en tâches élémentaires, puis mesurer la durée et la fréquence de chaque tâche. . [9]

Il s'agit d'un bruit impulsionel occasionné par la cisaille. L'observation s'est déroulée le mois de juillet à 14h 30mn

Contexte objet de notre observation est l'atelier de ferraillage qui fait partie des ateliers de production situés à BACHDJARRAH, un quartier d'Alger, au lieu dit Les Orangers :

Première opération : Approvisionnement de l'atelier en acier Le travailleur se déplace de l'atelier vers l'aire de stockage qui se trouve derrière l'atelier à une vingtaine de mètre, le déplacement se fait sur un sol qui présente des inégalités, (risque de s'accrocher ou de trébucher), il identifie les barres conformément aux conditions du bordereau de ferraillage, se met en face de la grue et donne le signal du commandement au grutier. Une fois la grue à proximité du fardeau d'acier désigné par le ferrailleur, Plusieurs opérations sont nécessaires : Le travailleur attache la première élingue au crochet de la grue en posture accroupie, Se lève parcourt 6 m pour attacher la deuxième élingue en position accroupie puis, se met en position du signaleur et adopte les gestes nécessaires pour lever une charge.

Fig.n° 2 : Atelier de ferraillage et zone de stockage L’effectif est de 12 opérateurs tous de sexe masculin. -Contrat: tous sont sous contrat à durée déterminée. -Age : 4 travailleurs ont moins de 25 ans, 3 ont plus de 50 ans. -Ancienneté au poste de ferrailleur au métro elle varie de 1 à 1 0 ans.

La deuxième opération : Ouvrir le fardeau de barres de fer Une fois le fardeau de rond à béton sur l'établi de découpe, le travailleur se penche en avant, enlève l'élingue du crochet de la grue puis se lève, parcourt 6 m se penche encore en avant et enlève la deuxième élingue, en position penchée il défait le nœud et libère le fil de fer qui ligaturait le lot des barres de fer par un mouvement de rotation des deux mains.

Organisation du travail : Une équipe de jour et une équipe de nuit, notre intervention n’a concerné que l’équipe de jour. •Horaires de travail: 07 heures- 19 heures, Le jour de l’observation l’atelier devait répondre à une commande de 120 barres dont le diamètre et la longueur sont respectivement de 32 mm et de 6m. Un ferrailleur volontaire a accepté d’être observé durant un cycle de ferraillage c’est-àdire depuis la réception du bordereau élaboré par le chef de l’atelier, jusqu’a la livraison par camion de l’acier coupé au chantier destinataire. Le ferrailleur observé est âgé de 46 ans et à 6 ans d’expérience il fait parti d’une équipe de 12 travailleurs.

La troisième opération : Prendre un repère sur l'établi de coupe afin de ne pas marquer barre par barre à la longueur demandée, les travailleurs ont développé une stratégie opératoire qui leur permet de gagner du temps de coupe en prenant un repère sur l'établi par une planche clouée, là le travailleur s'est fait aidé par un autre travailleur.

Tableau N°1/ des caractéristiques de l’opérateur Age 46ans

Ancienneté 6 ans

Poids 72kg

taille 1m75

Tableau N°2/des ambiances physiques

Bruit 105dB(A)

Fig. n°3: Table de coupe des barres

lumière Humidité température 2300lux 54% 32°

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Tableau n°3 : Mode opératoire de coupe des barres de fer

Quatrième opération : la cisaille Table à cisaille Le travailleur en position debout légèrement penchée il tire les barres et les dirige vers la machine qui coupe à la longueur voulue (grâce à la programmation effectuée par le ferrailleur à partir du bon de commande). Deux operateurs empoignent la barre de part et d'autre pour la cisailler (précaution nécessaire pour empêcher le rebond de la barre), un opérateur actionne la commande de la cisaille en prenant soin de bloquer au préalable la barre par un dispositif de sécurité.

Tâche

La posture

La durée

Guider la grue pour le chargement de l'acier

Position debout, mains au-dessus du c÷ur Tronc position verticale Des mouvements circulaires vers le haut Position debout, mains au-dessous du c÷ur Tronc position verticale Des mouvements circulaires de la main vers le bas Marche sur un sol encombré

40s

1fois

3,24%

40

1fois

3,24%

32 s

2fois

5,19%

Position assise Posture accroupie Rotation de la main

45s

1fois

3,65%

30s

4fois

9,74%

Debout adossé à un conteneur Penchée en avant à 135° martelage (9coups de marteau) Penchée en avant 30degré Penchée légèrement vers l'avant

45s

1fois

3,65%

15s

1fois

1,21%

23 s

1

1,89%

7s

120

68,18%

dispositif de sécurité Guider la grue pour déchargement de l'acier

Déplacement entre l'aire de stockage et l'atelier Pause

Fig. n°4 : La cisaille et dispositif de sécurité Une fois le cisaillage terminé, un travailleur, le nouveau intervient, ramasse les barres coupées qui ne nécessitent pas d'être coudées, les lient ensemble et remet l'étiquette d'identification. Tirer la barre et la

Attacher et détacher les élingues au crochet de la grue Pause

diriger vers la cisaille en posture penchée en avant représente 68% de l'activitéde cisaillage. (Tb 3)

3.4.2

Hypothèse de niveau 2 Clouer une planche sur l'établi a n de marquer la longueur de coupe Tracer la craie

Notre hypothèse est la suivante: Les opérateurs les plus anciens ont accumulé une expérience dans le domaine de la sécurité gérée , l'organisation laisse à ces opérateurs la liberté d'utiliser leur expertise dans le but de bâtir une réponse adaptée aux situations, ceux – ci ont conçu des dispositifs, réorganisé les pauses , adopté des stratégies opératoires de prudence, ce qui a comme conséquence une réduction des accidents chez les travailleurs expérimentés et un gain de temps et des économies pour l’entreprise mais il arrive que pour garder leur emploi les plus anciens prennent des risques .

Tirer la barre et la diriger vers la cisaille

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La % fréquence


Diagnostic : Situations d’actions caractĂŠristiques : Dans le domaine de l'ergonomie, une situation d'action caractĂŠristique (SAC) est une famille de situations que les opĂŠrateurs ou utilisateurs ont Ă contrĂ´ler. Elle peut ĂŞtre attachĂŠe Ă une ĂŠtape d'un processus. Cette notion supporte un ensemble d'analyses et projections: •Identification recensement des SAC probables que les opĂŠrateurs auront Ă gĂŠrer. •Transposition et combinaison pour composer la liste des SAC probables avec le futur produit ou le futur système de production.

Tableau n°5 : Ferraillage en atelier, les barres de petit diamètre

Dans le contexte de la transmission : Il s’agit d’identifier les activitĂŠs dont la maĂŽtrise est liĂŠe Ă des savoir-faire d’expĂŠrience et d’analyser les familles de situations que les opĂŠrateurs ou utilisateurs ont Ă contrĂ´ler. Puisque l’Êtude concerne la transmission en contexte des savoirs requis pour l’apprentissage du mĂŠtier, elle s’est intĂŠressĂŠe aux SAC qui rĂŠpondent aux trois critères suivants: I l s’agissait de situations auxquelles les novices n’avaient pas ĂŠtĂŠ exposĂŠs avant leur entrĂŠe dans le mĂŠtier, puisqu’ils sont recrutĂŠs comme manĹ“uvres et n’ont pas ĂŠtĂŠ formĂŠs, du fait de l’absence d’Êcoles de formation, et par consĂŠquent de situations qu’ils ne maĂŽtrisaient pas Ă leur arrivĂŠe dans les milieux de travail. •La maĂŽtrise de ces situations ĂŠtait critique pour la

exemple de

situations rĂŠelles

savoirs

observĂŠes et de

mobilisĂŠs

stratĂŠgies mises

Les travailleurs

Techniques :

des tables

les plus anciens

avoir des

avec des

avaient remarquĂŠ

notions en

surĂŠlĂŠvations

la possibilitĂŠ de

menuiserie

latĂŠrales et

rebond de la

Relationnel :

ĂŠquipĂŠes de

barre lors du

penser Ă sa

butoir qui

cisaillage et risque

sĂŠcuritĂŠ et

facilite la

d'accident de

celles des

prise de

travail

autres

mesure des

Ils ont fait preuve

Organisationnel :

barres.

d'inventivitĂŠ et

gagner du

ont confectionnĂŠ

temps

Lorsqu'ils ont des commandes de cisaillage de barres de petit diamètre, les travailleurs prÊfèrent attendre plusieurs commandes et les faire en une seule fois, ceci leur permet de gagner du temps pour pouvoir prendre des pauses supplÊmentaires.

Technique : savoir lire un bordereau, connaitre les di Êrents diamètres des barres. Organisationnel : L'organisation est laissÊe à l'initiative des ouvriers, sans interfÊrence de la hiÊrarchie et sans contrainte temporelle

La transmission : En atelier les travailleurs disposent de marges de manœuvre importantes. Les ferrailleurs prennent en charge leur santÊ et leur sÊcuritÊ. DiffÊrents types de savoirs ont ÊtÊ acquis avec l'expÊrience. Les plus nombreux concernent l'outil et la machine, (table, marteau). Au niveau de l'atelier, les modes opÊratoires ainsi que l'organisation du travail et la crÊation d'outils et de dispositifs sont facilitÊs par un collectif de travail organisÊ en tacite coopÊration.

des tables, avec les dĂŠchets de chantier.Il s'agit d'une stratĂŠgie collective de prudence.

39 Le journal de la mĂŠdecine du travail – JMT N°23-

Les barres de petit diamètre sont regroupÊes par paquets et coupÊes en une seule fois

Nous nous sommes aussi entretenus avec les encadreurs : chef de chantier, chef d'ĂŠquipe, chef du personnel, responsable HSE. Ces entretiens ont aussi portĂŠ sur les prescriptions prĂŠventives prĂŠconisĂŠes dans pareilles situations.

en áuvre Cisailler sur

L'exemple de savoirs mobilisĂŠs

Afin de comprendre comment se faisait la transmission des savoir-faire des anciens aux nouveaux, nous avons menĂŠ des entrevues individuelles et collectives avec des travailleurs expĂŠrimentĂŠs et des travailleurs novices.

Tableau n°4 : Ferraillages en atelier: la table de cisaille Exemples de

Exemples de situations rÊelles observÊes et de stratÊgies mises en áuvre

Diagnostic En plus d'apporter des connaissances sur l'activitĂŠ rĂŠelle de travail et de transmission, ces observations ont servi de supports pour produire des explicitations et mettre en ĂŠvidence les structures mises en place ou non dans les milieux de travail favorisant la transmission des savoirs de mĂŠtier et de prudence des experts vers les novices.

rĂŠalisation du travail et l’intĂŠgration dans le mĂŠtier.Ces situations revenaient frĂŠquemment et pouvaient mĂŞme avoir un caractère constant dans le travail.

SAC

SAC


Ce dernier est dans une logique de rendement, de gain de temps et de respect des délais, peut être parce que c'est une entreprise qui n'est pas confrontée au vieillissement de la population ni aux difficultés de recrutement. Pour le novice, l'expérience c'est apprendre un métier; pour l'ancien travailleur l'expérience c'est le conserver.

L'apprentissage est aléatoire: les nouveaux sont intégrés au collectif de travail de façon aléatoire, il n y a pas de transmission directe de savoir technique ou de sécurité de la part d'un ancien vers un novice, les travailleurs anciens considèrent leur métier comme dangereux et adoptent une attitude protectrice envers les nouveaux à qui on demande d'observer. Les nouveaux commencent pour la plupart comme manœuvres et saisissent des opportunités pour remplacer un ancien qui s'est absenté: savoir observer, être volontaire, être sérieux. . . Pour gagner la confiance de la hiérarchie et obtenir le certificat d'ouvrier spécialisé, ils ne refusent aucune tâche: ils balaient, ils ramassent les chutes. . . observent les règles de sécurité, sacrifient leur pause en cas de nécessité.

Réfèrences [1] Arrêté interministériel du 9 juin 1997 fixant la liste des travaux où les travailleurs sont fortement exposés aux risques professionnels J.O du 11 rajab 1418 du 12 novembre 1997. [2] Arrêté du 22 rajab 1429 correspondant au 26 juillet2008 relatif au plan d'hygiène et de sécurité dans les activités du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique J.O n 58 de la république algérienne démocratique et populaire mercredi 8 chaoual 1429 correspondant au 8 octobre 2008.

De l'avis de la plupart des travailleurs, un métier se vole, il ne se transmet pas. Au niveau du chantier , le chef de chantier est conscient de l'importance de ces savoir-faire acquis par l'expérience ; il a développé une stratégie qui à son sens, pourrait lui faire gagner du temps , pour les travaux qu'il considère dangereux ou non maîtrisés par tous les travailleurs (travail en bord du vide sans moyens de protections, un soudage de qualité, une rapidité du geste ;) il repartit les tâches en fonction de l'expérience antérieure acquise au côtoiement des allemands ; avec le travailleur expérimenté, on ne perd pas de temps et le travail est bien fait. A notre question, c'est quoi le travail bien fait ? Il nous répond que c'est un travail bien évalué par la maîtrise d'œuvre et qui ne fait pas l'objet de non conformité. Le travailleur expérimenté est ainsi valorisé et il va jusqu'a développer des stratégies opératoires dangereuses pour se faire remarquer et assurer le renouvèlement de son contrat de travail. Quant aux novices qui débutent pour la plupart comme manœuvres, ils guettent la moindre occasion pour se faire remarquer par la hiérarchie et obtenir ainsi le certificat d'ouvrier spécialisé plus valorisant et mieux côté au niveau du bureau de main d’œuvre.

4

[3] Benhadj - A études des accidents de travail au métro d'Alger 2003-2005 -. Mémoire de fin d'études de résidanat (2006-2007). [4] Décret exécutif n 05-12 du 27 Dhou El Kaada 1425 correspondant 8 janvier 2005 relatif aux prescriptions particulières d'hygiène et de sécurité applicables aux secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. Dimanche 28 Dhou El Kaada 1425 Correspondant au 9 janvier °2005 JO N 04. [5] Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques DARES (2009). " L'exposition des salariés aux accidents du travail. Premières synthèses, Premières informations", n° 50. [6] Guérin F. Laville A, Daniellou F, Dura˙ourg J, Kerguelen A " Comprendre le travail pour le transformer: la pratique de l'ergonomie "edition l'anact 2007.

Conclusion

Dans le cas de notre entreprise, les travailleurs les plus anciens ont acquis des savoirs de métier et de prudence diversifiés qui sont reconnus, valorisés et exploités par l'encadrement de proximité qui va jusqu'à demander au chef du personnel de ne pas affecter de nouveaux travailleurs à certains postes considérés comme dangereux , mais la transmission de ces savoir- faire ne fait pas partie de la préoccupation de l'encadrement.

[7] Idder - Laïb C. : " connaissance, reconnaissance du travail des cadres et stratégie d'action en phase de transition économique et sociale en Algérie". Thèse pour l'obtention du doctorat en sciences médicales soutenue le 19 novembre 2005. Faculté de médecine d'Alger

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[] Ā Laroche E, " les eunes Ā: une population plus Ā risque de se blesser au travail " l'niversité Ā de Laval au Québec (CGSST68) www.csst.qc.ca [9] Lamara Mahamed A. « étude des lombalgies chroniques chez les exécutants dans l’entreprise portuaire dAlger » thèse de doctorat en sciences Ā médicales. soutenue en 1996 Faculté de médecine d’Alger [10] Ordonnance n° 97-01 correspondant au 11 anvier 1997 instituant l'indemnité de chmage intempéries pour les travailleurs des secteurs du btiment, des travaux publics et de l'hydraulique, J.O N° 03 du 12/01/1997.

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Mise au point Stress professionnel : le collectif de travail ressource pour la prévention Idder Laib C.; Kaced Benazzouz N.; Haddar M. Service universitaire de médecine du travail« Djamel Eddine Abed » – EPH Rouiba –

Résumé C'est à partir des définitions de la santé par l'OMS, par la loi 88-07 et par la méthodologie de clinique de l'activité que nous définissons le rôle du collectif de travail dans la construction de la santé et de la prévention des risques professionnels. Mots clés : clinique de l'activité -collectif de travail- santé - prévention Tout le monde s'accorde aujourd'hui sur le fait que la santé n'est pas seulement l'absence de maladie. L'OMS décrit la santé comme le bien-être physique, mental et social. . . Dans cette acception, préserver la santé des travailleurs, c'est leur assurer le bien-être au travail par nos actions au cabinet médical et en dehors, sur le milieu de travail. La loi 88/07 dans son article 12-alinéa 1 dit de la santé au travail1 «De promouvoir et maintenir le plus haut degré de bien être physique et mental des travailleurs dans toutes les professions et en vue d'élever le niveau des capacités de travail et de création». C'est à la capacité de création des travailleurs - dans tous les sens du mot création - que nous nous référons pour parler de la santé au travail. La clinique médicale du travail, pour répondre à ses objectifs de préservation de la santé mentale et physique des travailleurs se doit d'élargir son champ d'action. Pour clinique de l'activité, branche de la psychologie du travail, la santé peut se décrire comme le pouvoir d'action sur soi et sur le milieu avec l'aide d'autrui. Partant de là, nous pouvons contribuer à la construction de la santé et à l'élévation du niveau des capacités de travail et de création, en secondant les collectifs dans leurs efforts pour redéployer leur pouvoir d'agir sur leur milieu et sur leur situation de travail.

-

1-Droit du travail Algérien. (2000) 2ème Edition INT. Loi 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l’hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail. JORA numéro 04 du 27 Janvier 1988.

Le stress au travail est classé par le BIT dans les risques émergents. Il fait parti d'une famille de nouveaux risques regroupés sous l'acronyme RPS ou risques psychosociaux. On y retrouve, le stress au travail (aigu et chronique), les violences externes (insultes, menaces, agressions physiques et psychologiques), les violences internes (harcèlement moral, harcèlement sexuel), le burn out, le stress post-traumatique, les addictions, le mal-être, etc. . . dans tout les cas ils ont en commun la soufr ance au travail qu'ils engendrent [1]. La soufrance ou le plaisir au travail sont liés au pouvoir d'agir des individus et des collectifs sur leurs situations. Ricoeur, Y. Clot, P. Rabardel et Daniellou -associe la soufrance à la diminution du pouvoir d'agir- [[2],[3]]. Pour lutter contre le stress et ses conséquences et faire de la prévention, plusieurs réponses sont possibles. En fonction du terrain et de la situation, on peut faire le choix d'intervenir et d'agir à partir du collectif, d'une clinique médicale du travail renouvelée, de la réglementation, des risques ou à partir des individus. Prenons la première réponse c'est-à-dire à partir du collectif de travail par exemple. Alors entendons-nous sur la définition du collectif. C'est la définition que donne Damien Cru que nous retenons, le collectif : Il y faut simultanément, plusieurs travailleurs, une oeuvre commune, un langage commun, des règles de métier, un respect durable de la règle par chacun, ce qui impose un cheminement individuel qui va de la connaissance des règles à leur intériorisation [4]. Ce n'est donc pas le groupe de personnes physiques, le travail collectif et l'unité de lieu qui font le collectif mais le partage d'une oeuvre, de règles, d'une histoire et de valeurs. De là pour faire de la prévention, on construit un cadre de coanalyse avec les travailleurs qui mise sur le développement des sujets, du collectif et de la situation. Ce dispositif permet aux collectifs d'opérer les transformations durables de leurs milieux de travail et la tâche fondamentale de l'intervenant est de seconder les collectifs et les individus pour élargir leur rayon d'action [5].

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C'est grâce à l'activité réflexive des travailleurs sur leur travail que permet le dispositif de co-analyse que la santé et la prévention trouvent des réponses. Ce dispositif peut se construire avec tout groupe de travailleurs, volontaire pour participer à l'expérience d'autoconfrontations croisées, à la suite d'une demande d'intervention pour toute situation de travail nécessitant une analyse de l'activité. Lors des interventions plusieurs situations sont possibles. Le collectif n'existe pas physiquement, nous pouvons le constituer artificiellement pour les besoins de l'intervention. L'intervention, en organisant les échanges, peut donner corps au collectif [6], l'histoire commune crée le collectif. C'est l'échange autour des épreuves vécues, l'échange d'expérience qui fait naître ce sentiment d'appartenance à un collectif. Le collectif artificiel se mue en collectif de travail qui partage des valeurs et une histoire. Ainsi, lors d'une de nos intervention, le collectif de DRH n'existe pas physiquement (un DRH par entreprise, sans unité de lieu), nous l'avons constitué artificiellement pour les besoins de notre recherche. La forte histoire que les DRH partagent et les valeurs communes de ce groupe de cadres lui ont donné corps. Z. D, l'un d'entre eux, a eu cette réflexion en écoutant le récit de son collègue : je pensais être seul, mais je vois que nous avons vécu la même chose chacun de son côté . Il y a, nous semble-t-il, une primauté de l'histoire et des valeurs partagées sur les liens physiques de lieu et de tra-vail collectif [9]. Les DRH redécouvrent collectivement une histoire que chacun a vécue seul et isolé dans son entreprise. Ils se reconnaissent dans ce « quelque chose » de Bakhtine2 qui, à la fois, les dépasse tous et leur appartient à tous, c'est le métier pour Clot. Si être cadre est un statut, être DRH est un métier. C'est l'échange autour des épreuves vécues, l'échange d'expérience qui fait naître ce sentiment d'appartenance à un collectif qui n'a pas d'existence physique[9]. Le collectif existe physiquement, le groupe est, physiquement présent dans l'entreprise, mais que le travail collectif, sur un même lieu de travail ne lui donne pas la force et la dynamique nécessaire pour être une ressource pour chacun et pour le groupe afin de construire un collectif de travail alors, l’intervention peut mettre au jour la fragilité du groupe ou par le développement de la controverse entre professionnels, peut donner les ressources nécessaires au développement du collectif. Nous avons retrouvé cette situation avec le groupe de cadres, d’une entreprise de communication-recherche qui développe de nouveaux outils et de nouveaux métiers dans son secteur, où le collectif existe physiquement mais, que le travail « collectif » accompli durant plusieurs années sur un même lieu de travail par l’équipe ne lui a pas donné vie, afin de construire une histoire et partagé des valeur pour contribuer à asseoir un genre professionnel naissant.

L’intervention a mis au jour un groupe fragile, voire l’inexistence du collectif car les membres de l’équipe se sont tournés vers les genres de leurs métiers de base pour trouver la solution à leur situation [9]. La prise de conscience du développement empché de l’activité individuelle et collective de l’équipe de recherche en communication aboutit à un acte collectif : le départ de tous ses membres[9] . Appartenir à un collectif de travail, c’est bénéficier d’une ressource pour le développement de son activité individuelle, grce à la fonction psychologique du collectif. Les ressorts psychologiques de l’action permettent aux travailleurs en situation de travail de se libérer et d’échapper à l’usage pathogène et nécrosé des « stratégies idéologiques de défense de métier ». [7] On peut penser la fonction psychologique du collectif comme un soutien pour s’approprier le pouvoir d’agir sur les situations de travail et construire la santé. Autrement dit, c’est grce au fonds commun que l’on peut organiser son activité individuelle, c'est-à-dire, accomplir ce qui est à faire efficacement en s’économisant. De fait, l’existence du collectif est la caution en deà de laquelle on ne peut construire la santé. En résumé, le collectif n’existe pas, on peut par les méthodes de clinique de l’activité le créer artificiellement et le travail du groupe peut lui donner vie et le pérenniser. Ou alors, le collectif existe lors de l’intervention et deux situations sont possibles : la première en mode cercle vertueux qui permet le développement et de trouver des issues favorables aux situations délétères que vivent les travailleurs. La deuxième en mode cercle vicieux qui mènent à la sclérose, ou le développement empêché, des individus et/ou du collectif et/ou des situations, en somme à l’impasse où la seule issue est la maladie.

1

Conclusion

De ce point de vue, la clinique médicale du travail se doit d'élargir son champ d'action vers l'aide à la préservation, la restauration ou la création de collectifs de travail garants, pour ceux qui vivent les situations de travail difficiles et/ou délétères, de leur pouvoir d'agir sur eux mêmes et sur leurs milieux.[2] Nous pouvons construire avec ceux qui vivent au quotidien les épreuves de l'activité de travail des espaces pour que la parole circule pour faire reculer la maladie et la soufrance. La clinique médicale du travail peut trouver dans son développement du côté de l'activité des réponses à ses obligations médicales et de prévention.[8], [9]]

2 Bakhtine, M. (1979/1984). Esthétique de la création verbale. Editions Gallimard pour la traduction française

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Réfèrences [1] BIT-OIT (2010): Risques émergents et nouvelles formes de prévention dans un monde du travail en mutation. Web pdf, Genève 2010. www.ilo.org [2] Clot Y. (2008). Travail et pouvoir d'agir collection« le travail humain », Edition PUF 2008

,

[3] Daniellou, F. (1999). Nouvelles formes d’organisation et santé mentale. Un point de vue d’ergonome. Arch. Mal. Prof., 1999, 60, n°6, 529-532. [4] Damien Cru (1988), Les règles de métier dans Plaisir et souffrance dans le travail sous la direction de Christophe Dejours.

[5] Clot, Y. (2001). Éditorial d’Education Permanente n°146/2001-1, p 7-16. Numéro spécial : Clinique de l’activité et pouvoir d’agir.

[6] Yvon, F. (2003). Stress et psychopathologie du

travail. La fonction psychologique du collectif. Thèse pour le doctorat en psychologie. Paris. CNAM

[7]Dejours, C. (1988). Plaisir et souffrance dans le

travail. Les actes du séminaire, Editions de l’AOCIP, 2 tomes.

[8] Laib-Idder, C. (2002). Faire de la médecine du travail autrement. Colloque de psychologie, Atelier de conjoncture, CNAM Paris.

[9]

Laib-Idder, C. (2005). « Connaissance, reconnaissance du travail des cadres et stratégie d’action en phase de transition économique et sociale en Algérie ». Thèse 2005. Alger

44

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


Pedagogie CANCER ET RETOUR AU TRAVAIL N. Liani ; Z.Khoudour ; L. Dahmani ; A. Bacha Service de médecine du travail .EHS Pierre et Marie Curie

1

Introduction

Lorsque l’on s’interroge sur le lien entre cancer et travail deux problématiques peuvent être envisagées : •La première recherche un lien entre une exposition professionnelle et la survenue de certains cancers, •l’autre vise à étudier les conséquences professionnelles entrainées par la survenue d’un cancer au cours de la vie professionnelle , quelle que soit l’origine. Ces deux types d’approche correspondent à deux missions distinctes du médecin du travail : •« conseiller l’employeur et les salariés afin d’éviter toute altération de la santé des salariés du fait du travail » pour la première •« Contribuer au maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap (momentané ou non) » pour la seconde. Ce travail a pour objectif d’identifier les obstacles à la réinsertion professionnelle à travers le cas de madame B.N âgée de 38 ans qui s’est présentée à notre consultation pour une visite de reprise après un arrêt de travail d’une année suite à un cancer du sein.

2 Observation Madame B.N est médecin réanimateur dans un établissement de santé du centre du pays, elle travaille dans un service de chirurgie générale , son activité est essentiellement au bloc opératoire et à la salle de réveil. Par ailleurs madame B.N assure une garde de 24 heures une fois tous les 5 jours.

La tumeur a été découverte de façon fortuite une année plus tôt , elle a bénéficié d’une mastectomie associée à un curage ganglionnaire, puis d’une chimiothérapie et radiothérapie adjuvante. Elle a bénéficié la semaine précédant sa reprise de travail d’un bilan de contrôle (visite spécialisée et échographie) rassurant qu’elle est en rémission. Mme BN ne présente pas de douleur ni de lymphœdème , elle signale une diminution de la mobilité du haut du corps, elle présente des troubles du sommeil elle est fatiguée et très anxieuse. Elle bénéficie actuellement d’un traitement hormonal qu’elle devra prendre durant plusieurs mois. Quelles recommandations peut- on apporter pour faciliter la reprise de Mme B.N ?

3

Le cas de madame BN soulève la problématique des conséquences professionnelles des cancers. Lorsque l'on s'intéresse à la qualité de la reprise du travail après un cancer du sein , on constate que cette problématique est abordée sous des angles différents selon les études. Bien souvent la qualité est jugée du point de vue de la « capacité » et rarement du point de vue du bien être. En effet la reprise du travail après un cancer constitue un des facteurs impliqués dans la qualité de vie des patients Les données de la littérature ont permis d'identiffer plusieurs facteurs pouvant influencer la décision de reprise après cancer du sein.[[1], [3],[6]]

45

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-

Discussion


Tableau I. Facteurs pĂŠnalisant une reprise Facteurs LiĂŠs Ă la maladie

fonctionnelle sont autant de symptômes qui altèrent la productivitÊ de madame BN et imposent un amÊnagement du poste de travail.

Stade de la maladie Traitement adjuvant par chimiothÊrapie et/ou radiothÊrapie SÊquelles d'un curage axillaire : lymphádème , di cultÊs à l'ÊlÊvation du bras, ou diminution de la force des membres supÊrieurs Traitement par hormonothÊrapie. Existence de comorbiditÊ. Etre mariÊe. Etre âgÊe de plus de 55ans. Faible niveau d'Êducation. Travail exigent (physiquement, mentalement ou sur le plan de l'organisation) Sentiment de discrimination du fait de la maladie de la part de l'employeur ou des collègues Avoir un travail peu rÊmunÊrateur

Personnels Professionnels

Une Êtude menÊe en 2008 aux Etats Unis sur un groupe de 100 femmes, quatre ans après un diagnostic de cancer du sein comparÊ à 103 tÊmoins, a montrÊ que les limitations de l'activitÊ professionnelle sont essentiellement liÊes à la persistance d'une fatigue physique .En revanche les facteurs psychique tels qu'anxiÊtÊ et dÊpression ne semblent pas affecter la capacitÊ de travail de manière significative par rapport au groupe tÊmoin. [4] Tableau III. Principaux facteurs limitant la capacitÊ de travail de la patiente

Les Traitements La chimiothĂŠrapie

Fatigue, fatigabilitĂŠ, absence prolongĂŠe Le curage axillaire GĂŞne fonctionnelle HormonothĂŠrapie Bou ĂŠes de chaleur et inconfort Les SymptĂ´mes d'anxiĂŠtĂŠ et troubles du sommeil Le type d'emploi exercĂŠ (charge physique et mentale++++)

Tableau II. Facteurs favorisant une reprise prĂŠcoce Facteurs

LiĂŠs Ă la maladie

Avoir bĂŠnĂŠ ciĂŠ d'une tumorectomie plutĂ´t qu'une mastectomie QualitĂŠ de l'information donnĂŠe par l'ĂŠquipe soignante concernant les consĂŠquences de la maladie

Professionnels

Avoir un emploi exible, possibilitÊ d'amÊnagement de poste Avoir le sentiment d'une attitude comprÊhensive de la part de l'employeur et des collègues Avoir bÊnÊ ciÊ de conseils de la part du mÊdecin au sujet du travail CapacitÊ à gÊrer le stress liÊ à la maladie Existence d'un système d'aide ou de soutien lors de la reprise (mÊdecin du travail)

Personnels

Nous constatons que madame BN prĂŠsente plusieurs facteurs pouvant ĂŞtre responsables d'une altĂŠration de la capacitĂŠ de travail compte tenu des exigences du poste de travail de cette patiente.(travail postĂŠ, contraintes physiques, charge mentale ĂŠlevĂŠe) La fatigue, les troubles du sommeil, l'anxiĂŠtĂŠ, la gĂŞne

Une seconde Êtude rÊalisÊe aux Êtats unis la même annÊe portant sur 83 femmes, trois ans après traitement d'un cancer du sein souligne l'impact nÊgatif de la fatigue physique et des bouffÊes de chaleur liÊes au traitement par hormonothÊrapie sur leur productivitÊ. [7] L'amÊnagement des conditions et du poste de travail est possible et autorisÊ par la loi [[8] ; [9]] mais dans les faits, il ne constitue pas une garantie de retour à l'emploi. Des dispositifs qui permettraient par exemple une reprise du travail à temps partiel thÊrapeutique constitueraient un moyen de rÊinsertion et de rÊadaptation progressive pour cette salariÊe en difficultÊ. La reprise du travail Êtant un ÊlÊment important dans la qualitÊ de vie de cette patiente. Notre dispositif rÊglementaire rÊgissant les relations de travail [10] est malheureusement lacunaire, il ne prÊvoit pas de telles dispositions. De même que le plan cancer en vigueur qui ne prÊvoit pas de dispositifs visant à lever les obstacles à la rÊinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer.

46

Le journal de la mĂŠdecine du travail – JMT N°23-


D’autant plus vrai qu’à l’heure actuelle les progrès scientifiques et l'amélioration des traitements anticancéreux ont augmenté le nombre de rémissions et favorisé le retour à la vie professionnelle. Afin d'accompagner les patients dans leur retour à l'emploi, nous proposons quelques recommandations concernant la reprise du travail des salariés ayant eu un cancer. 1.

Informer les patientes

Sensibiliser les patients à la perspective et de ses éventuelles difficultés. Les moyens : Brochures d’informations sur la reprise du travail, Recours aux associations, mise en place de consultation de psychologie d’aide à la reprise de travail. La phase de rémission entraîne des réaménagements psychiques, parfois un vécu douloureux, qui méritent d’être davantage pris en considération dans l’accompagnement des patients vers la reprise d’une activité professionnelle. 2. Sensibiliser les équipes soignantes Promouvoir un partenariat entre équipe soignante, médecin conseil de la CNAS et médecin du travail autour de la reprise de travail. 3. Intervention du médecin du travail Avant la reprise avec l’accord de la salariée et dans le respect du secret médical, il peut être utile de sensibiliser les intervenants dans l’environnement professionnel. Au moment de la reprise en considérant tous les facteurs influençants . Après la reprise en restant à l’écoute et notamment de vérifier que les aménagements sont pertinents pour le salarié et pour le service. 4. Amélioration de notre dispositif réglementaire

4

Conclusion

L’étude du cas de madame BN nous fait prendre conscience des difficultés qui peuvent être rencontrées au niveau professionnel par les personnes ayant eu un cancer. Il ressort à travers ce cas que les salariés atteints de cancer éprouvent d’importantes difficultés lors de la reprise au travail particulièrement après un arrêt de longue durée . Ces personnes peuvent présenter de la fatigue, une anxiété, des troubles du sommeil, de la concentration et parfois un syndrome dépressif qui constituent des freins à la reprise d’une activité normale ajouté à cela des obstacles liés au travail comme par exemple le manque de soutien social (de la part des collègues et/ou de l’employeur) .

Cependant, la reprise du travail après un cancer est essentielle car elle est associée à une meilleure qualité de vie, une meilleure autonomie financière, une meilleure participation sociale et une réduction des dépenses. C’est pourquoi notre dispositif réglementaire actuel régissant les relations de travail doit évoluer pour assurer aux personnes atteintes de cancer la continuité et la qualité de vie et le droit à une existence normale.

Réfèrences [1] Asselin D.Difficultés rencontrées lors de la reprise du travail après un cancer du sein Archives des maladies professionnelles et de l'environnement 72 (2011) 585-597 [2] Fassier J-B « Cancer du sein et retour au travail : une synthèse de la littérature » Archives des maladies professionnelles et de l'environnement. 2014/06; 75(3) : 319 [3] Fontani SQ and al. « Factors related to return to work by women with breast cancer in northem France» J.Occup Rehabil 2010 ;20 (1) 49-58 [4]

Hassen JA, Feuerstein M »Breast cancer survivors at work J. Occup Environ.Med 2008 ;50(7) :777-84 [5] Hakanen JJ .Work engagement among breast cancer survivors and the referents: the importance of optimism and social ressours at work J. Cancer surviv 2008;2(4) 283-95 [6] Johansson A. « Predictors of return to work ten months after primary breast cancer» surgery . Acta Oncol 2009 48 93-8 [7] Lavigne JE “Hot flashes,fatigue treatment exposures and work productivity in breast cancer survivors.J Cancer Suriv 2008 [8] Loi n° 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l'hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail Décret exécutif n°93-120 du 15 mai 1993 l'organisation de la médecine du travail. [9]

[10] Loi n° 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail modifiée et complétée au 11 janvier 1997

47

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-

relatif à


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

ThĂŠsards

IntitulĂŠ

AnnĂŠe de soutenance

Directeur de thèse

1982

Pr Lakhdar

1-Keddari nĂŠe

Evaluation des risques professionnels dans une

Manamani Naciba

structure hospitalo-universitaire Ă Alger

2-Mohammed

ToxicitĂŠ du plomb en milieu professionnel

1984

Pr Robert

Dermatologie professionnelle

1985

Pr Jean marie la

4-Merah nĂŠe

ConsidĂŠrations sur les accidents de trajet dans

1985

Pr Djameleddine

Hadj-Salah Fatiha

le cadre de la lĂŠgislation relative aux accidents

Mokhtari

Brahim Brahim 3-Fyad

Lauwerys

Abderahmane

Chappelle Abed

du travail 5- Semid

Identi cation des maladies d'origine

abdelkader

professionnelle observĂŠes en AlgĂŠrie et

1986

Pr Djameleddine Abed

perspectives d'ĂŠvolution des tableaux des maladies professionnelles 6-Nezzal

AnthropomĂŠtrie de l'adulte AlgĂŠrien en milieu

Abdelmalek

de travail Application pour l'ĂŠtude de

1987

Pr Abdelhamid Aberkane

l'adaptation au poste de conducteur dans la rĂŠgion d'Annaba 7-Lamara

Étude des lombalgies chroniques chez les

Mahamed Amer

exĂŠcutants dans l'entreprise portuaire d'Alger

8-Abdennour

Aspects ĂŠpidĂŠmiologiques et cliniques des

Djameleddine

leptospiroses dans des populations de l'est

1987

Pr Djameleddine

1987

Pr Mohamed

Abed Benderrahmane

algeriens 9-Mokhtari Radia

Solvants et problèmes hÊmatologiques

1987

Pr Rose Marie

1987

Pr Jean Champex

1988

Pr Lakhdar

professionnels 10-Saad Malika nĂŠe Azzoug

Hamladji

Risque professionnel liĂŠ Ă l'utilisation d'amiante et des e ets pathologiques chez les travailleurs exposĂŠs : Mesures souhaitables de prĂŠvention et de rĂŠparation

11-Kandouci

IntĂŠrĂŞt des tests cycloergomĂŠtrique et des

Abdelkrim

enregistrements continus des frĂŠquences

Mokhtari

cardiaques en mĂŠdecine du travail 12-Tourab Djamel

ÉpidÊmiologie de la brucellose professionnelle

1988

Pr Ahmed Aouati

1990

Pr Abdelhamid

1993

Pr Lakhdar

1996

Pr Abdelhamid

dans la rĂŠgion d'Annaba 13-Haddad

A ections respiratoires chroniques liĂŠes aux

Mustapha

polluants en milieu industriel

14-Boukerma Ziadi

Étude sero-ÊpidÊmiologique de l'hÊpatite virale

15-Gueroui Said

HandicapĂŠs du travail : approche prĂŠventive et

Aberkane

B en milieu mĂŠdical Ă SĂŠtif

Mokhtari

de prise en charge dans une unitĂŠ industrielle

Aberkane

de Annaba 16-Rezk-kallah

Aspects ĂŠpidĂŠmiologiques et ergonomiques de

Baghdad

la lombalgie en milieu de travail

48

Le journal de la mĂŠdecine du travail – JMT N°23-

1999

Pr Brahim Mohamed Brahim


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

ThĂŠsards

IntitulĂŠ

AnnĂŠe de soutenance 2000

17-Taleb

Exposition au bruit, stress, hypertension

Abdelslam

artĂŠrielle en milieu professionnel

18-Bouhadiba-

Étude de la neurotoxicitÊ des solvants chez des

Kamen

populations professionnellement exposĂŠs

Directeur de thèse

Pr Mohammed Brahim Brahim

2000

Pr Brahim Mohamed Brahim

Faouzia 19-Haddar

Asthme (l') professionnel : aspects

Mustapha

ĂŠpidĂŠmiologiques, cliniques et ĂŠvolutifs Ă

2001

Pr Rabea Alloua

2003

Pr Abdelkader

travers une enquĂŞte rĂŠalisĂŠe dans les unitĂŠs industrielles de la wilaya de Boumerdes 20-Nafai Dalila ĂŠp

AbsentĂŠisme (l') mĂŠdical en milieu hospitalier

Boutouchent

dans une circonscription urbaine du

Semid

gouvernorat du grand Alger annĂŠe 2000 21-Idder ĂŠp LaĂŻb

Connaissance, reconnaissance du travail des

Cherifa

cadres et stratĂŠgie d'action en phase de

2005

Pr El Hadj El Bachir Tebboune

Transition ĂŠconomique et sociale en AlgĂŠrie 22-Akif Nora

Étude des hÊpatites virales sÊriques B et C

2008

d'origine professionnelle rĂŠpertoriĂŠes par la

Pr Ameur Lamara Mahamed

caisse nationale des assurances sociales (C.N.A.S) de 1986 Ă 2002 23-Benmessaoud

Syndrome d'ĂŠpuisement professionnel "burn

Hayette

out" chez le personnel in rmier de deux

2008

Pr Ameur Lamara Mahamed

ĂŠtablissements hospitaliers : le centre hospitalo-universitaire d'Alger et le Centre Pierre et Marie Curie 24-Liani ĂŠp Taieb

Manipulation des cytostatiques et leurs e ets Ă

Nora

travers la pratique oncologique dans cinq

2008

Pr Ameur Lamara Mahamed

ĂŠtablissements hospitaliers 25-Chemaa Farida

Identi cation et analyse des facteurs de stress

2008

Pr Haddad

2008

Pr Bouziiane

professionnel chez le personnel soignant 26-Boudinar

Evaluation de l'ĂŠtats de santĂŠ buccodentaire

Lahouaria

chez les travailleurs exposĂŠs aux vapeurs de

Mustapha Djamila

mercure mĂŠtal 27-Ghomari

Les troubles musculo-squelettiques du membre

Othmane

supĂŠrieur en milieu industrie

28-Beghdadli

Les dĂŠchets hospitaliers : Mise en place d'un

2009

Pr Badredine Abdelkrim Kandouci

Benali

2009

Pr Badredine

système de gestion durable des dÊchets

Abdelkrim

produits par les activitĂŠs de soins au niveau du

Kandouci

CHU de Sidi Bel-Abbes 29-Chaib Samia

Troubles musculosquelettiques en milieu professionnel

Pr Nezzal Abdelmalek

49

Le journal de la mĂŠdecine du travail – JMT N°23-

2009


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

Thésards

Intitulé

Année de soutenance

Directeur de thèse

30-Belhadj

Surdité d'origine professionnelle due à la co-

2010

Pr Badredine

Zoubida

exposition au bruit et aux agents ototoxiques

31-Ghezini Younes

Les cancérogènes, les mutagènes et les

Abdelkrim Kandouci 2010

reprotoxiques en milieu de travail. 32-Belabed Assia

Pathologie pulmonaire et nasosinusiénne liée à

2010

l'exposition professionnelle aux poussières de Accidents d'exposition au sang chez le

Hayet

personnel de soins : stratégie et prévention

34-Sekkal-

Troubles respiratoires et exposition

Baghdadi

professionnelle aux solvants

Pr Badredine Abdelkrim

bois chez les menuisiers et les ébénistes 33-Chachoua

Pr Fyad Abderrahmane

Kandouci 2011

Pr Haddad Mustapha

2011

Pr Taleb Abdesselam

Samira 35-Benhassine

Lombalgie et facteurs psychosociaux liés au

Wissal

travail chez le personnel Soignant de la wilaya

36-Kandouci

Exposition au stress psychocial en milieu

Chahrazed

professionnel 2010

2011

Pr nezzal Abdelmalek

de Batna 2011

Pr Badredine Abdelkrim Kandouci

37-Djafer Rachid

Évaluation de l'exposition professionnelle au

2011

Pr Azzouz

2012

Pr Ameur Lamara

benzène à Annaba 38-Zatout Mohand

Étude des accidents du travail et des maladies

Mohamed

professionnelles dans les entreprises de

Mahamed

l'électroménager, du bois, du bâtiment et travaux publiques (BTP) et de l'établissement de santé (CHU TO) de la wilaya de Tizi-Ouzou de l'année 2005 à 2007 39-Ouaaz Meriem

Les systèmes de management de la santé et de

2012

la sécurité au travail : Évaluation des mises en

Pr Mustapha Haddar

÷uvre dans trois entreprises de la région d'Alger (2009- 2010) 40-Djazouli Med

Risque Cardio-métabolique en Milieu du travail

2013

Amine

Pr El Hadj El Bachir Tebboune

41-Khatmi Saliha

Le handicap en milieu hospitalier

2013

42-Arib Amel

Étude des surdités professionnelles chez les

2013

travailleurs des entreprises nationales de

Pr Gueroui Said Pr Lamara Mahamed Ameur

l'électroménager ENIEM et de transformation du bois LEADER MEUBLE dans la wilaya de Tizi- Ouzou de 2009 à 2011 43-Naceri

Identi cation des facteurs d'absentéisme chez

Mustapha

le personnel hospitalier

50

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-

2013

Pr Haddad Mustapha


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

ThĂŠsards

IntitulĂŠ

AnnĂŠe de soutenance

Directeur de thèse

44-Hamadouche

Étude de l'e et de l'exposition professionnelle

2014

Pr Ziadi Boukerma

Mohamed

au plomb sur la fertilitĂŠ et les hormones

45-Behlouli

Impact des facteurs de risque professionnels

2014

Pr Ziadi Boukerma

Ahmed Lakhdar

sur le risque cardiovasculaire global

46-Djakrir Larbi

Travail sur ĂŠcran astreintes contraintes et

2014

Pr Naciba

sexuelles

rĂŠpercussions sur la santĂŠ

KeddariManamani

47-Korichi Saied

Les eczĂŠmas de contact allergiques

2014

professionnels (aspects ĂŠpidĂŠmiologiques,

Pr Mustapha Haddar

mĂŠdicaux-lĂŠgaux et prĂŠventifs) : enquĂŞte dans des unitĂŠs industrielles Ă risque de la rĂŠgion Est d'Alger 48-Benyahia Samia

Les marqueurs biochemiques des lĂŠsions rĂŠnales

2014

prĂŠcoces chez les travailleurs exposĂŠs au

Pr Benharkat sadek

mercure 49-Tigha Nadia

Risques liĂŠs Ă l'exposition aux cytostatiques

2015

Pr Djamel Tourab

chez le personnel de santĂŠ 50-Bouzbid S abiha

les cancers professionnels dans la rĂŠgion

51-Fraga Seid

Cancers de la vessie et risques professionnels

2015

d'Annaba

Pr Nezzal Abdelmalek

2015

EnquĂŞte dans deux rĂŠgions du Centre (2011-

Pr Mustapha Haddar

2014) 52-Khoudour

Étude de la prÊcaritÊ au travail en rapport

Zoubida

avec les contrats Ă durĂŠe dĂŠterminĂŠe au niveau

53-Chekirine

Allergie au latex naturel en milieu

Mansour

professionnel. ÉpidÊmiologie. Formes cliniques

2016

Pr Lamara Mahamed Ameur

du mĂŠtro d'Alger 2016

Pr Malika Azzoug

2016

Pr Abdelkader

2016

Pr Badredine

et aspects rĂŠglementaires dans la rĂŠgion Ouest d'Alger 54-Boukortt

Violence exogène à l'hôpital et e ets sur le

Cherifa

personnel de santĂŠ

55-Hachela

Harcèlements et clinique du travail

Semid

Hamid

Abdelkrim Kandouci

56-Meziane

Les allergies respiratoires et/ou cutanĂŠes chez

Lobyed Zakia

le personnel des ĂŠtablissements de soins de la ville de Tlemcen : PrĂŠvalence et facteurs de risque.

51

Le journal de la mĂŠdecine du travail – JMT N°23-

2016

Pr Abdesslem Taleb


Agenda des congrés et manifestations scientifiques nationales.

Les Journées Scientifiques et Techniques « JST SONATRACH » sont prévues à Oran du 19 au 22 novembre 2017. Le thème central autour du quel toutes les présentations doivent converger est : ''Innovation et partenariat dans un contexte de transition énergétique'' Les axes de thématiques sont les suivants où l'aspect santé au travail pourra

1. Développement Ressources Humaines 2. Nouvelles approches de la santé au travail 3. Promotion de l'employabilité en situation d'handicap 4. Préparation de la relève et maintien de la relève préparée 5. Nouvelles organisation du travail 6. Management des risques 7. Management du risque professionnel 8. Nouvelles techniques d'investigation des accidents et incidents 9. Nouvelles techniques de gestion des urgences et de crises 10. Management du risque comme discipline transverse 11. Changement climatique, Energies renouvelables et efficacité énergétique 12. Le risque impact sur la santé encore méconnu

Contact : Dr Abdelwaheb BOUHADJA Directeur Santé Qualité de Vie au Travail P/I Direction Centrale HSE Djenane El-Malik - Hydra - Alger (+213) 023.48.30.30 / 2100 - 4284

52

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


Agenda des congrés et manifestations scientifiques -InternationalesLe 29éme Congrès Méditerranéens de Médecine du Travail Tunis Gammarth du 25 au 27 Octobre 2017 Thèmes

• Les risques psycho-sociaux en milieu du travail • Les risques professionnels toxiques et biologiques émergents • Les pathologies professionnelles allergiques et irritatives • Les cancers professionnels

Tables rondes • La prévention du risque professionnel et/ou la promotion de la santé globale, un vrai dilemme pour le médecin du travail • Comment adapter la formation en santé et sécurité du médecin du travail aux besoins actuels et futurs du monde du travail ?

Soumission des abstracts avant le 15 juillet 2017 à l’email: abstractcongresmedit2017@gmail.com

Pour s’inscrire: remplir le formulaire en cliquant sur le lien: https://goo.gl/3mLQL6 Suivez les actualités au site du congrés: https://goo.gl/x3aF5E Pour toute information: Contacter le secrétariat du Congrès: Service de Pathologie Professionnelle, CHU Charles Nicolle Tunis, Tunisie Tél : (216) 71 57 80 64 – Fax : (216) 71 56 42 80 Email: inscriptioncongresmedit2017@gmail.com

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Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


Abonnements et tirés à part contactez nous: samt@samtalgerie.com Déposez vos articles sur le site web de la SAMT: https://goo.gl/CEW5MC

54

Le journal de la médecine du travail – JMT N°23-


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