BULLETIN DU CONSEIL SCIENTIFIQUE: Numéro spécial COVID-19

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SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE DE MÉDECINE DU TRAVAIL

Numéro spécial COVID-19 Ce bulletin est le premier du genre de notre association, la Société Algérienne de Médecine du Travail (SAMT). Il veillera à diffuser les avis et recommandations de la SAMT dans le domaine de la santé au travail en Algérie. À l’occasion de la pandémie qui sévit actuellement, le conseil scientifique a voulu que les premiers numéros soient consacrés aux questions qui se posent, en y apportant un début de réponse à travers des documents rédigés par ses membres, tout en soulignant que l’évolution des connaissances sur cette maladie est constante, et que donc les avis émis peuvent être soumis à des mises à jour.

Ont contribué activement à la parution de ce premier numéro : Benhassine Wissal, Behlouli Ahmed Lakhdar, Chaib Samia, Cherikh Nadia, Derradj Boulanouar, Djazouli Med Lamine, Fernane Malika, Fyad Abderahmane, Haddar Mustapha, Hamadouche Mohamed, Idder Cherifa, Kaced-Benazzouz Nadia, Kandouci Chahrazed , Ouarek Abdesselam, Nezzal Abdelmalek, Sekkal Samira.

Avis reçus le 30 mai et publiés sous la direction de : Nezzal Abdelmalek Haddar Mustapha Le 7 juin 2020.

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Table des matières Recommandation du conseil scientifique de la SAMT, concernant la reconnaissance de la COVID-19 et le Tableau des Maladies Professionnelles n° 75 : ................................................................................................................................... 4 Article original : Covid-19 : L’hypothèse d’une cohabitation. ................................ 5 Thème 1 : Monde du travail et COVID-19 ........................................................................... 6 Le médecin du travail peut-il être réquisitionné, par qui, quand et comment ? ............ 7 Quel est le rôle des sociétés savantes et de la SAMT en particulier, dans l’accompagnement des médecins du travail ? ................................................................... 9 Quelle est l’attitude à adopter par le médecin du travail devant une grève collective du personnel exposé au COVID-19 et non protégé ? ...................................................... 11 Le congé exceptionnel en situation COVID-19 implique-t-il le médecin du travail ?. 13 Quelles relations le médecin du travail peut-il établir avec les syndicats et associations en situation de conflit avec l’employeur ? ................................................. 14

Thème 2 : réglementation–organisation de la santé au travail et COVID-19 .... 16 Le médecin du travail peut-il être astreint à contrôler les incapacités temporaires délivrées par ses confrères ? .............................................................................................. 17

Thème 3 : les risques professionnels et COVID-19 ............................................... 18 Quels tests sont validés pour le dépistage, le diagnostic et le suivi du COVID-19 ?.. 19 La manipulation des personnes décédées expose-t-elle à la contamination, comment et dans quelles circonstances ? ........................................................................ 21 Quel est le rôle des microclimats sur la propagation du virus ? .................................... 23 L’évaluation du risque Covid-19 chez le personnel hospitalier ? .................................. 25 Quelles sont les voies de pénétration, en particulier cas des conjonctives et muqueuses ? .......................................................................................................................... 28 Quelle reconnaissance pour l’atteinte par la Covid-19 chez les soignants : maladie professionnelle, accidents du travail ou autre ? ............................................................... 31 Quelles sont les comorbidités contre –indiquant l’affectation du personnel de la santé dans des services dédiés à la maladie COVID-19 ? .............................................. 34 Quelle conduite à tenir devant un malade avec une affection cardiovasculaire et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 ?........................................................................ 37 Quelle conduite à tenir devant un malade avec une affection respiratoire chronique et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 ? ................................................................... 39 Quelle conduite à tenir devant un salarié présentant une obésité et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2? ................................................................................................... 41 Quelle conduite à tenir devant un malade avec une cirrhose hépatique et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 ?........................................................................ 43 Quelle conduite à tenir devant un malade présentant un diabète et l’exposition au coronavirus SARS-Co-2 ? ..................................................................................................... 45

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Les tunnels de désinfection dans les établissements de santé ? .................................. 47 Quels sont les risques cutanés des Équipements de protection individuels ? ........... 49 L’asthme peut-il constituer une contre-indication à l’exposition au SRAS — COV2 ? .................. 52 Comment mettre en place une consultation « aptitude médicale pour le personnel soignant à risque de COVID-19 sévère ou grave » ? ........................................................ 54 Comment prendre en charge le burn out en situation de pandémie ? ......................... 57 Quelle attitude adopter pour l’aptitude du personnel de santé en fonction de l’âge ? ................................................................................................................................................. 59 Quelle relation entre l’âge et le décès et les formes graves de Covid-19 ? ................. 62 Faut-il faire une visite médicale préalable à l’affectation aux activités COVID-19, chez un soignant au préalable apte à son poste de travail ? ........................................ 65

Thème 4 : évaluation et promotion des capacités de travail–maintien dans l’emploi et COVID-19 .................................................................................................. 66 Les soignants positifs et sans symptômes et positifs au SARS-CoV-2 peuvent-ils continuer à assurer leurs activités ? .................................................................................. 67 Comment évaluer l’aptitude à reprendre le travail après une contamination au COVID-19 ? ............................................................................................................................. 69

Thème 5 : outils et méthodes et COVID-19 ............................................................ 72 Comment le médecin du travail doit-il communiquer avec les patients COVID suspects ou confirmés qui l’interpellent pour des demandes d’aménagements de poste de travail ?.................................................................................................................... 73 Quelles sont les institutions qui doivent informer et/ou le médecin du travail doit-il chercher l’information concernant ses interventions ? ................................................... 74

Thème 6 : soins d’urgence et COVID-19 ................................................................. 75 Le médecin du travail doit-il participer aux gardes médicales au niveau du pavillon des urgences à l’hôpital ? Qu’en est-il du médecin du travail de l’entreprise ? ........... 76

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Recommandation du conseil scientifique de la SAMT, concernant la reconnaissance de la COVID-19 et le Tableau des Maladies Professionnelles n° 75 : Tableau n° 75 : Maladies infectieuses contractées par le personnel de santé Proposition d’extension du tableau à la maladie Covid-19 Infections dues au SRAS–CoV–2 DÉSIGNATION DES MALADIES : Toute personne, symptomatique ou pas, présentant des images de pneumopathies typiques de la maladie Covid-19, caractérisées à l’examen tomodensitométrique thoracique, par des opacités en verre dépoli avec aspect en plage/nodulaire, de condensations avec aspect en bande/nodulaire, de crazy/paving (réticulations au sein du verre dépoli) et/ou avec un test virologique (RT–PCR) ou sérologique confirmant l’infection au SRAS — CoV— 2. : délai de prise en charge (DPEC) 28 jours. Complications cardiaques : Infarctus du myocarde, myocardites ou autres : délai de prise en charge (DPEC) 1 an. Complications pulmonaires : embolie pulmonaire, fibrose pulmonaire et insuffisance respiratoire chronique : délai de prise en charge (DPEC) 1 an. Complications rénales : délai de prise en charge (DPEC) 1 an. Complications neurologiques : accident vasculaire cérébral (AVC) ou autres : délai de prise en charge (DPEC) 1 an. LISTE LIMITATIVE DES PRINCIPAUX TRAVAUX SUSCEPTIBLES DE PROVOQUER CES MALADIES : Tous travaux effectués par le personnel de soins et assimilé de service et d’entretien, mettant au contact avec les malades atteints de la Covid-19 ou potentiellement porteurs du virus. Tous travaux comportant des prélèvements biologiques de malades atteints de la maladie Covid-19 ou de sujets potentiellement porteurs de virus (SRAS–CoV–2), la manipulation, l’acheminement et l’analyse de ces prélèvements en laboratoire.

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Article original : Covid-19 : L’hypothèse d’une cohabitation. Kamen Fouzia.

Résumé Les chercheurs du monde entier s’activent depuis janvier 2020 pour mieux comprendre le SARS-Cov2, le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19. La structure membranaire du SARS Cov2, les caractéristiques de l’atteinte pulmonaire tant sur le plan physiopathologique que radiologique, les catégories de patients aux formes graves et la prévalence des fumeurs chez les patients présentant une maladie COVID-19 ont suscité interrogations et rapprochement avec la toxicité du cadmium. A travers une revue de la littérature sur la toxicité du cadmium et la prévalence de la pathologie cardio-vasculaire et cardio-métabolique, l’hypothèse d’une action combinée SARS- Cov2 et cadmium est discutée. Mots-clés : SARS-Cov2, maladies cardio-vasculaires, diabète, tabac, cadmium

Abstract Researchers around the world have been working since January 2020 to better understand SARS-Cov2, the coronavirus responsible for the Covid-19 pandemic. The membrane structure of SARS Cov2, the characteristics of lung damage both pathophysiologically and radiologically, the categories of patients with severe forms, the prevalence of covid-19 smokers have raised questions and closeness with the toxicity of cadmium. Through a review of the literature on the toxicity of cadmium and the prevalence of cardiovascular and cardio-metabolic pathology, the hypothesis of a combined action SARS Cov2 and cadmium is discussed Keywords: SARS Cov2, cardiovascular disease, diabetes, tobacco, cadmium Les chercheurs du monde entier s’activent depuis janvier 2020 pour mieux comprendre le SARS-Cov2, le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19. Les connaissances sur le coronavirus SARS-Cov2 progressent rapidement. Les principales étapes de l'infection des cellules humaines et de la réplication du virus sont peu à peu dévoilées, et avec elles les cibles potentielles pour des molécules médicamenteuses. Dans ce cadre nous publions le résumé de cet article qui sera soumis au JMT revue de la SAMT par l’auteur, en effet nous considérons cet article comme tout à fait original et à ce titre nous l’insérons dans ce numéro spécial du bulletin.

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Thème 1 : Monde du travail et COVID-19

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Le médecin du travail peut-il être réquisitionné, par qui, quand et comment ? Nezzal Abdelmalek.

Réponse Définition de la réquisition : L’étymologie du mot remonte au bas latin « requisitio », du latin classique « requisitum », de « requirere », rechercher (1). Procédé qui permet à l’Administration de contraindre des particuliers à lui céder un bien mobilier, immobilier (en jouissance) ou encore des prestations. Les réquisitions donnent lieu à des indemnités, et ceux qui s’y opposent encourent des sanctions pénales (1). La réquisition est une injonction faite à une personne, par une autorité judiciaire ou administrative, d’avoir à exécuter telle ou telle mission. Dans le cas d’un médecin, il s’agit d’un acte médical urgent visant à procéder rapidement à certaines constatations constituantes des preuves indicielles et menacées de disparition ou à porter secours aux victimes en cas d’accidents, de catastrophes naturelles ou de calamités de toute nature (2, 6).

La législation et la réquisition : Code pénal : L’ordonnance nº 66 — 156 du 8 juin 1966 portant Code pénal modifié et complété par la loi n° 16-02 du 19 juin 2016 notamment l’article 187 bis : « Le refus de déférer aux réquisitions de l’autorité publique, établie et notifiée dans les formes réglementaires, constitue un délit puni d’un emprisonnement de deux (2) mois à six (6) mois et d’une amende de mille (1 000) DA à dix mille (10 000) DA ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque, n’obtempère pas à un ordre de réquisition établi et notifié dans les formes réglementaires » (4). Code de procédure pénale : L’ordonnance 66-155 du 8 juin 1966 portant code de procédure pénale modifiée et complétée par la loi n° 18-06 du 10 juin 2018 notamment l’article 49 : « s’il y a lieu de procéder à des constatations qui ne puissent être différées, l’officier de police judiciaire a recours à toutes personnes qualifiées…… » (3). Loi sanitaire : La loi n° 18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé et notamment les articles : « Art. 178. — Les professionnels de santé sont tenus de déférer aux réquisitions de l’autorité publique conformément à la législation et à la réglementation en vigueur ». « Art. 418. — Le refus de déférer aux réquisitions de l’autorité publique, établies et notifiées dans les formes réglementaires en vigueur, est puni conformément aux dispositions de l’article 187 bis du Code pénal » (5). Note n° 12 du 23.03.2020 du MSPRH, relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19. « Dans les cas extrêmes, tous les membres du personnel de santé, tout corps

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confondu, sont concernés et tenus de se conformer à toute sollicitation de l’administration sanitaire dans le cadre de la prise en charge des patients COVID-19 » (7).

La catastrophe naturelle et la réquisition : L’autorité administrative en tant qu’autorité chargée d’assurer l’ordre, la sûreté et la salubrité publique peut être amenée à requérir un médecin en vue de donner des soins en cas de calamités publiques : accident, incendies, catastrophes de toute nature (3).

La mission et la réquisition : Il ne faut pas être spécialiste pour être requis par une autorité administrative pour donner des soins en cas d’urgence (2, 3, 6). Tout docteur en médecine autorisé à exercer sur le territoire national est concerné (2, 3, 6). Le médecin généraliste étant plus disponible en cas d’urgence, c’est lui qui est habituellement requis (2, 3, 6). L’autorité requérante administrative comme le ministre, le wali, le chef de daïra, le président de l’assemblée populaire communale ou leurs représentants dument mandatés (ex. : le directeur d’un hôpital) (2, 3, 6). La réquisition n’est soumise à aucune forme spéciale. Elle est, en principe, écrite mentionnant la qualité de l’autorité requérante et la mission en termes impératifs (2, 3, 6). Néanmoins, la réquisition peut être exprimée verbalement en cas d’urgence (2, 3, 6). Il existe un certain nombre de situations où le refus de déférer à une réquisition ne constitue pas un délit si le médecin le justifie par un motif légitime. C’est le cas notamment : de la force majeure constituée par l’incapacité physique du médecin en raison de la maladie par exemple (2, 3, 6). Le médecin établit un rapport de fin de mission : comporte un préambule, un rappel des faits, le résultat des examens, la discussion et une conclusion (2, 3, 6).

Références 1. Dictionnaire Larousse en ligne https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/réquisition/68568?q=réquisition#67818 2. M. Khadir, M. Hannouz — La médecine de contrôle et d’expertise. OPU, Alger, 2003. 3. Loi n° 18-06 du 10 juin 2018 modifiant et complétant l’ordonnance n° 66-155 du 8 juin 1966 portant Code de procédure pénale. 4. Loi n° 16-02 du 19 juin 2016 complétant l’ordonnance n° 66-156 du 8 juin 1966 portant Code pénal 5. Loi n° 18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé. 6. Mounia AMIAR, La réquisition cours de Médecine légale, Droit médical et Éthique. Université Mentouri, Constantine/Faculté de Médecine Dr B. Bensmail. 7. Note n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19.

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Quel est le rôle des sociétés savantes et de la SAMT en particulier, dans l’accompagnement des médecins du travail ? Nezzal Abdelmalek.

Réponse Qu’est-ce qu’une société savante ? Une association de professionnels d’une discipline, un regroupement d’experts et/ou d’amateurs éclairés qui font et publient des travaux de recherche originaux (souvent publiés dans une revue éditée par l’association elle-même) constitue ce que l’on dénomme « société savante ». Par leurs travaux et leur réflexion, elles font avancer la connaissance dans leur domaine d’activité et jouent souvent un rôle important d’archivage et de valorisation de savoirs et savoir-faire locaux. Dès le début du vingt et unième siècle, un vieillissement des membres des sociétés savantes. Un relatif désintéressement des jeunes pour ce type de cadre s’est produit du fait des progrès de l’informatique et de la démocratisation de l’Internet. Cet état de fait a modifié les pratiques de certaines sociétés savantes, et a notamment permis l’émergence d’une « science citoyenne ». De nombreuses sociétés savantes s’y sont associées, à travers les réseaux sociaux (1).

La loi et les sociétés savantes en Algérie. La loi encadre l’activité des associations. Loi n° 12-06 du 18 Safar 1433 correspondant au 12 janvier 2012, relative aux associations (3). Art. 2. Au sens de la présente loi, l’association est le regroupement de personnes physiques et/ou de personnes morales sur une base contractuelle à durée déterminée ou durée indéterminée. Ces personnes mettent en commun, bénévolement et dans un but non lucratif, leurs connaissances et leurs moyens pour promouvoir et encourager les activités dans les domaines, notamment, professionnels, social, scientifique, religieux, éducatif, culturel, sportif, environnemental, caritatif et humanitaire… Art. 6. L’association se constitue librement par des membres fondateurs. Ces derniers se réunissent en assemblée générale constitutive constatée par procès-verbal d’huissier de justice. L’assemblée générale constitutive adopte le statut de l’association et désigne les responsables des instances exécutives… Les statuts de la Société Algérienne de Médecine du travail. SAMT (4). Article 2 : L’association est dénommée Société algérienne de médecine du travail (S.A.M.T) Article 3 : La SAMT est une association algérienne, de nature scientifique. C’est une société savante médicale, les membres fondateurs et adhérents de l’association mettent en commun, bénévolement et dans un but non lucratif, leurs connaissances et leurs moyens pour promouvoir et encourager les activités dans ce domaine… Article 4 : La SAMT a pour but essentiel de : Promouvoir la santé au travail. Organiser des rencontres scientifiques dans le domaine de la santé au travail. Promouvoir la formation continue des médecins du travail et médecins d’entreprise. Développer et encadrer les études scientifiques dans le domaine de la santé au travail… Article 5 : Le siège de la SAMT est fixé au CHU d’Annaba, Hôpital Ibn Sina, service de médecine du travail. Article 8 : La SAMT peut éditer et diffuser des bulletins, des revues, des brochures et des documents d’information en rapport avec son objet, dans le respect de la constitution, des valeurs et des constantes nationales ainsi qu’aux lois en vigueur, sous réserve que le bulletin

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principal soit rédigé en langue arabe. Les évolutions nécessaires (2). Les sociétés savantes, malgré leur diversité thématique, partagent de nombreuses préoccupations et approches. Elles diffèrent par la taille et l’organisation (certaines sociétés associent étroitement le monde universitaire et industriel), ces sociétés ont toutes un statut d’association, loi n° 12-06 du 12 janvier 2012. Elles sont rarement reconnues d’intérêt général ou d’utilité publique, ce statut dont les implications fiscales et légales ne sont pas toujours bien comprises. L’internationalisation est vécue de manière très différente en fonction des disciplines. Certaines disciplines sont traversées par des controverses importantes, ce qui les fragilise en accélérant leur éclatement en de multiples entités. Dans l’ensemble, il faut souligner un manque d’attractivité de certaines sociétés auprès des jeunes du monde universitaire. La présence de ces sociétés savantes dans les médias et les réseaux sociaux est faible, la diffusion de leurs pratiques, permettrait de décourager de nombreux « charlatans ». Par ailleurs, un effort de mise en commun de ces expertises et des contacts institutionnels, industriels de chacun serait très utile. Il faut constater un déficit de communication dans les réseaux sociaux et les médias et de ce fait elles sont peu contactées en tant qu’association pour des tâches d’expertise et de conseil par les journalistes. Une base de données officielle et à jour avec les personnes à contacter et les domaines d’activité des sociétés serait d’une grande utilité. De ce fait, il faudrait promouvoir la visibilité des sociétés savantes, développer la formation en communication, promouvoir les travaux multidisciplinaires, renforcer les relations avec les écoles et lycées, créer des groupes thématiques de réflexion. La société algérienne de médecine du travail est présente sur le web depuis plus d’une décennie : https://samtalgerie.com, elle fait un travail d’archivage de ses publications et actes des congrès qu’elle organise, https://samtalgerie.com/moodle. Sa présence sur les réseaux sociaux se fait par une page Facebook : https://www.facebook.com/samtalger/ Une page Linkedin https://www.linkedin.com/in/alg%C3%A9rie-samt-03888b84/. Son journal est consultable en ligne : https://issuu.com/samtalgerie Elle rassemble plus de quatre cents médecins du travail adhérents et organise une journée nationale toutes les deux années et des journées régionales. La SAMT est organisée sur les cinq régions sanitaires en Algérie (ouest, est, centre, sud-ouest et sud-est). Elle est dotée d’un bureau et d’un conseil scientifique.

Références 1. Société savante in Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Société_savante 2. Missions et modes d’organisation des sociétés savantes par Claire Lemercier publié le 1/10/2018. Mise à jour 19/10/2018 https://ahcesr.hypotheses.org/99 3. Loi n° 12-06 du 18 Safar 1433 correspondant au 12 janvier 2012 relative aux associations. 4. Statut de la SAMT http://samtalgerie.com/moodle/pluginfile.php/288/mod_book/chapter/9/Statuts% 202014.pdf

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Quelle est l’attitude à adopter par le médecin du travail devant une grève collective du personnel exposé au COVID-19 et non protégé ? Ouarek Abdesselam.

Réponse Dans le champ de la prévention, la loi n° 88-07 du 26/01/1988 relative à l’hygiène, la sécurité et la médecine du travail stipule : Article 6 : l’organisme employeur est tenu d’assurer l’hygiène et la sécurité aux travailleurs en les dotant notamment d’équipements et de dispositifs individuels de protection en fonction de l’activité et des risques (2). Par ailleurs, la loi 88-07 a reconnu le droit d’alerte de la commission paritaire d’hygiène et de sécurité (CPHS), du préposé à l’hygiène et à la sécurité, du médecin du travail ainsi que de tout travailleur. L’article 34 de la loi 88-07 stipule : « Si un membre de la commission d’hygiène et de sécurité ou un préposé à l’hygiène et à la sécurité ou le médecin du travail ou tout travailleur constate qu’il existe une cause de danger imminent, il en avise immédiatement les responsables de la sécurité, ou le responsable d’unité, ou leurs représentants ou leurs remplaçants dûment mandatés, à l’effet de prendre rapidement les mesures nécessaires et appropriées » (2). La législation et la réglementation algérienne n’ont pas consacré le droit de retrait du travailleur lorsqu’il constate un danger grave et imminent pour sa santé et s’il le fait, il peut faire l’objet de sanctions. Cette disposition existe, par contre, dans la convention 155 du bureau international du travail (BIT) sur la santé et la sécurité au travail (1981), ratifiée par l’Algérie par le décret présidentiel 06-59 du 11/02/2006, qui précise : Article 13 : « un travailleur qui s’est retiré d’une situation de travail dont il avait un motif raisonnable de penser qu’elle présente un péril imminent et grave pour sa vie ou sa santé devra être protégé contre les conséquences injustifiées, conformément aux conditions et à la pratique nationale » (6,7). Le droit de grève est un droit consacré par la constitution algérienne (art 71), et s’exerce dans le cadre de la loi (1). Les travailleurs du secteur économique, au travers de l’article 5 de la loi 90-11 relative aux relations de travail, et les fonctionnaires par l’article 36 du statut général de la fonction publique, peuvent user de leur droit de grève, en respectant les dispositions contenues dans la loi 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève (3, 4, 5). Devant une grève collective du personnel exposé à la COVID-19, parce que non protégé, le médecin du travail gardera son statut d’expert en santé au travail et de conseiller de l’employeur et des travailleurs et de leurs représentants (syndicats). Le médecin du travail pourra répondre aux questionnements des uns et des autres d’une manière technique, en se référant à la législation et à la réglementation en vigueur ; en mettant en avant le principe du conseil éclairé (8). Mais si le médecin du travail n’a pas répondu à ses obligations réglementaires, sa responsabilité pourrait être engagée et chacune des deux parties de ce conflit pourrait lui reprocher une attitude qui s’éloignerait de ses prérogatives.

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Références 1. Constitution algérienne : Loi N° 16-01 du 6 mars 2016 portant révision constitutionnelle 2. Loi n° 88-07 du 26/01/1988 relative à l’hygiène, la sécurité et la médecine du travail 3. Loi n° 90/11 du 21/04/1990 complétée et modifiée relative aux relations de travail 4. Ordonnance 6-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la fonction publique 5. Loi 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève 6. Décret présidentiel n° 2006-59 du 11 février 2006 portant ratification de la convention 155 concernant la sécurité, la santé des travailleurs et le milieu de travail, adoptée à Genève le 22 juin 1981 7. Mohammed Nasr-Eddine Koriche, Droit du travail, Transformations du droit algérien du travail : entre statut et contrat, tome 2 : détermination des conditions du travail : une réglementation sélective, 2e Édition revue et corrigée, OPU, Alger, 1-2019 8. Décret exécutif n° 92-276 du 6 juillet 1992 portant code de déontologie médicale

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Le congé exceptionnel en situation COVID-19 implique-t-il le médecin du travail ? Ouarek Abdesselam.

Réponse Dans le cadre de son activité, le médecin du travail effectue un certain nombre de tâches, parmi lesquelles des visites médicales, bien codifiées par la législation et la réglementation (1). Il est tenu de prendre en charge une population de travailleurs dans le cadre de visites médicales spéciales et notamment, les malades chroniques, les travailleurs présentant un handicap physique, les femmes enceintes et les mères d’un enfant de moins de deux ans (1). Même si son activité est réorganisée du fait de la pandémie (2), le médecin du travail doit maintenir une activité de prise en charge des travailleurs de l’entreprise et doit pouvoir recevoir les travailleurs dans le cade de la visite spontanée et notamment les travailleurs qui présentent une vulnérabilité particulière. Durant cette pandémie de Covid-19, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de dispositions, notamment, la mise en congé exceptionnel de la moitié (50 %) des effectifs des institutions et des administrations publiques ainsi que le personnel prioritaire pour ces congés représentés par les femmes enceintes, les femmes élevant des enfants, les personnes malades chroniques et celles présentant des vulnérabilités médicales. Ces travailleurs sont, en principe bien connus par les services de médecine du travail, puisqu’ils font l’objet d’une surveillance spéciale et c’est dans ce cadre que le médecin du travail est impliqué dans le congé exceptionnel, en faisant parvenir une liste, de ces travailleurs à l’employeur, sans mentionner les pathologies (2,3).

Références 1. Décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993, relatif à l’organisation de la médecine du travail. 2. MSPRH, DGPPS Note N° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie coronavirus Covid-19 3. Décret exécutif n° 20-69 du 21 mars 2020 relatif aux mesures de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus (COVID-19)

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Quelles relations le médecin du travail peut-il établir avec les syndicats et associations en situation de conflit avec l’employeur ? Ouarek Abdesselam.

Réponse Le décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993, relatif à l’organisation de la médecine du travail stipule que le médecin du travail est le conseiller de l’organisme employeur en ce qui concerne « .. — la protection des travailleurs contre toutes les nuisances, notamment l’utilisation des produits dangereux et les risques d’accident du travail et de maladie professionnelle — l’éducation du personnel dans le domaine de la santé, l’hygiène et de la sécurité en milieu de travail » Dans son article 21, il est précisé que le médecin du travail participe aux organes légalement constitués au sein des organismes employeurs pour toutes les questions d’hygiène, de sécurité et de médecine du travail (3). Il est ici, fait référence à la Commission d’hygiène et de sécurité, citée dans l’article 23 de la loi 88-07, mise en application par le décret exécutif n° 05-09 du 8 janvier 2005, relatif aux commissions paritaires et aux préposés à l’hygiène et à la sécurité. L’article 14 de ce décret précise « participe aux travaux des commissions prévues par le présent décret, en qualité de conseiller, selon le cas, le médecin du travail de l’entreprise ou celui de l’unité » (1,2). L’article 9 du même décret précise que « Les membres représentant les travailleurs au sein des commissions d’entreprise ou des commissions d’unité sont désignés par la structure syndicale la plus représentative, ou à défaut, par le comité de participation. Dans le cas où il n’existerait ni structure syndicale ni comité de participation, ils sont élus par le collectif des travailleurs » (2). C’est dans le cadre de la CPHS, cadre de concertation légal, que le médecin du travail va jouer pleinement le rôle de conseiller technique, notamment en situation de crise représentée par la pandémie du Covid-19. Il s’agira pour lui de transmettre des informations sanitaires aux différents acteurs de l’entreprise, notamment aux représentants des travailleurs (syndicats, CP), membres de ces CPHS, sous la forme de messages didactiques qui seront compris par tous. Ces informations doivent être scientifiques et techniques sur la Covid-19, mais aussi, et surtout, des recommandations contenues dans les différents textes institutionnels et en particulier, les notes et instructions de la direction de la prévention et de la promotion de la Santé du Ministère de la Santé, de la population et de la Réforme Hospitalière (4). Cette façon de faire, va permettre au médecin du travail de lever toute ambiguïté générée par

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la prolifération d’informations lues et/ou écoutées sur le web et notamment les réseaux sociaux et qui peuvent être source de conflit entre l’employeur et les représentants des travailleurs.

Références 1. Loi n° 88-07 du 26/01/1988 relative à l’hygiène, la sécurité et la médecine du travail 2. Décret exécutif n° 05-09 du 8 janvier 2005, relatif aux commissions paritaires et aux préposés à l’hygiène et à la sécurité. 3. Décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993, relatif à l’organisation de la médecine du travail. 4. MSPRH, DGPPS Note N° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie coronavirus Covid-19.

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Thème 2 : réglementation–organisation de la santé au travail et COVID-19

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Le médecin du travail peut-il être astreint à contrôler les incapacités temporaires délivrées par ses confrères ? Ouarek Abdesselam.

Réponse Dans le cadre de son activité médicale, le médecin du travail est appelé à effectuer des visites médicales parmi lesquelles la visite de reprise du travail, bien codifiée par l’article 17 du décret exécutif 93-120 et qui doit statuer sur l’aptitude du travailleur à reprendre son poste de travail. Cette dernière disposition a été rappelée par la note n° 18 du 26 avril 2019 du MSPRH, qui stipule que « la reprise après une infection Covid-19 est assujettie à l’examen par le médecin du travail » (1,4). Sur un autre point, la loi 90-11 sur les relations de travail stipule dans son article 7, les obligations du travailleur parmi lesquelles les contrôles médicaux, interne et externe que l’employeur puisse engager dans le cadre de la médecine du travail ou du contrôle de l’assiduité (3). L’ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la fonction publique, précisant le statut général de la fonction publique, a prévu une disposition dans son article 203 : « Pour les congés de maladie, l’administration a la possibilité de faire procéder à un contrôle médical lorsqu’elle le juge nécessaire » (2). Le décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993, relatif à l’organisation de la médecine du travail précise dans son article 17 que le contrôle de l’assiduité n’est pas de la compétence du médecin du travail. « Le médecin du travail est informé de ces absences par l’employeur préalablement à la reprise du travail ; le médecin du travail n’est pas habilité à vérifier le bien-fondé des absences pour cause de maladie ou d’accident » (1).

Références 1. Décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993, relatif à l’organisation de la médecine du travail. 2. Ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la fonction publique 3. Loi n° 90/11 du 21/04/1990 complétée et modifiée relative aux relations de travail 4. MSPRH, DGPPS, Note N° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie coronavirus Covid-19

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Thème 3 : les risques professionnels et COVID-19

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Quels tests sont validés pour le dépistage, le diagnostic et le suivi du COVID-19 ? Djazouli Med Lamine.

Réponse Indication des tests : • Patients avec des symptômes évocateurs de Covid-19 hospitalisés pour une pneumopathie avec signes de gravité (pneumopathie hypoxémiante). • Personnels de santé avec symptômes évocateurs de Covid-19 qui doivent être dépistés prioritairement afin de limiter la diffusion nosocomiale. • • Patients présentant une symptomatologie respiratoire hospitalisés en réanimation (Syndrome de détresse respiratoire aiguë SDRA). • Femmes enceintes symptomatiques quel que soit le terme de la grossesse (1,2). - Critères liés à une situation : • Résidents dans les établissements médico-sociaux. • Professionnels travaillant dans des établissements d’incarcération et établissements médico-sociaux. • Patient hospitalisé pour une autre cause et devenant symptomatique (toux ou fièvre ou dyspnée). • Donneurs d’organes, de tissus ou de cellules souches hématopoïétiques. • Exploration d’un foyer de cas possibles (en particulier en collectivités de personnes âgées). Au sein de ce type de collectivité, le nombre de tests est limité à 3 par unité (4).

Types de tests de détection du coronavirus : Permettant de détecter le virus SARS-Cov-2, responsable de l’épidémie Covid-19 et la confirmation biologique du diagnostic. Test PCR : Le test diagnostique dit « PCR » ou « virologique » (« polymerase chain reaction») (5), le plus utilisé consiste à la mise en évidence du génome du virus par la technologie RT-PCR (amplification génique après transcription inverse) sur des frottis nasopharyngés par : → Un prélèvement nasopharyngé (gorge, nez, nasopharynx) qui se fait par un médecin ou une infirmière à l’aide d’un petit écouvillon (goupillon) inséré dans le nez et qui peut être associé à un prélèvement au niveau des voies respiratoires basses (crachats.). Il s’agit d’un test facile à effectuer, non invasif mais désagréable pour le patient. La spécificité de ce test est de 100 % mais on ignore sa sensibilité → "l’excrétion de virus peut durer jusqu’à 6 semaines après l’apparition des symptômes. Publiée le 19 avril sur le site Clinical Infectious Diseases et rapporté par l’INSERM. Tests rapides : Il s’agit de nouveaux tests moléculaires rapides (45 minutes) et ultrarapides (15 minutes) sont en cours d’évaluation par le Centre national de référence des virus des infections respiratoires avec des performances analytiques (sensibilité et spécificité) variables. On parle de “tests rapides d’orientation diagnostiques” ou “TRODs”. Ils sont présentés sous un format unitaire (11). La réalisation d’un diagnostic sérologique par une goutte de sang permet la détection de la réponse immunitaire post-infectieuse symptomatique ou asymptomatique type humoral

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(détection des anticorps IgM, IgG et éventuellement IgA) (4). → Chez du personnel d’hébergement collectif (établissements sociaux et médico-sociaux, prisons, casernes, résidences universitaires, internats…) non symptomatique. → Chez les professionnels soignants non symptomatiques. Des tests sérologiques automatisés de type ELISA (enzyme linked immunosorbent assay) (4). Le taux élevé d’anticorps capables de neutraliser le SARS-CoV-2 apparaît dans un délai de 07 à 14 jours à compter du début des symptômes.

Test salivaire : Les chercheurs ambitionnent le développement d’une version à grand public de dépistage EasyCov. → Test salivaire de diagnostic du SARS-CoV-2 EasyCov avec un tube fermé de 0,5 ml contenant l’ensemble des réactifs nécessaires à une révélation de la présence du virus. Il consiste à prélever de la salive, l’un des principaux vecteurs du virus, et de la placer avec les réactifs à 65 °C pendant 30 minutes. Phase d’essai (à partir du 11 avril 2020). → Le personnel soignant peut alors lire le résultat à l’œil nu. Les tests basés sur les acides nucléiques se sont avérés être une méthode fiable pour diagnostiquer l’infection par la COVID-19 en détectant le virus lui-même, tandis que les tests sérologiques peuvent être utiles pour évaluer la population ayant contracté la maladie en détectant les anticorps développés contre le virus.

Examens courants : • •

Lymphopénie (inférieure à 1 500 lymphocytes par ml) retrouvée dans 83 % des cas ; et qui reflète la gravité de l’infection par le SARS-CoV-2. Thrombopénie (inférieure à 150 000 plaquettes par ml) dans 36 % des cas ; Leucopénie (inférieure à 1 500 leucocytes par ml) retrouvée dans 33 % des cas

Références 1. Cahier des charges définissant les modalités d’évaluation des performances des tests sérologiques détectant les anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2 • avril 2020. 2. Conseil Scientifique COVID-19. Avis du 2 avril 2020 : État des lieux du confinement et critères de sortie ; 2020. 3. European Commission. Communication from the Commission: Guidelines on COVID-19 in vitro diagnostic tests and their performance (15.04.20); 2020. 4. Guo, L., et al. (2020). "Profiling Early Humoral Response to Diagnose Novel Coronavirus Di- sease (COVID-19)." Clin Infect Dis. 5. Détection du génome du coronavirus SARS-CoV-2 par technique de transcription inverse suivie d’une amplification. Saint Denis la Plaine : Haute Autorité de Santé. Avis n°2020.0020/AC/SEAP du 6 mars 2020 du collège de la HAS relatif à l’inscription sur la LAP mentionnée à l’article L. 162-1-7 du CSS 7. Haveri, A., et al. (2020). "Serological and molecular findings during SARS-CoV-2 infection : the first case study in Finland, January to February 2020." Euro Surveill 25(11). 8. Ministère des solidarités et de la santé, Ministère de l’intérieur. Circulaire du 09 avril 2020 : Déploiement des nouvelles capacités de tests de dépistage. 9. Pan, Y., et al. (2020). “Serological immunochromatographic approach in diagnosis with SARS- CoV-2 infected COVID-19 patients.” J Infect. 10. World Health Organisation. Advice on the use of point-of-care immunodiagnostic tests for COVID-19 ; 2020. 11. Zhong, L., et al. (2020). "Detection of serum IgM and IgG for COVID-19 diagnosis." Sci China Life Sci.

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La manipulation des personnes décédées expose-telle à la contamination, comment et dans quelles circonstances ? SEKKAL Samira.

Réponse Lorsqu’il est vivant, le coronavirus est un virus très contagieux qui se transmet par voie respiratoire et par contacts physiques. Les scientifiques semblent s’accorder sur le fait qu’une personne infectée peut potentiellement contaminer deux à trois personnes en moyenne (1). Lorsqu’il est hébergé chez un hôte vivant, le coronavirus serait donc très agressif, en revanche, que devient-il à la mort d’une personne contaminée ? Le coronavirus est un virus que les scientifiques ne connaissent pas encore très bien. Mais il se pourrait qu’il survive quelque temps et qu’il soit toujours contagieux même si la personne malade est décédée (2). Les corps des victimes du Covid-19 pourraient toujours présenter un risque de contagion, d’après une lettre, écrite dans le Journal of Forensic and Legal Medicine (3). À Bangkok (Thaïlande), un professionnel de la médecine légale a en effet été contaminé (4,5). Les cadavres continuent d’être contagieux. Le risque infectieux ne disparaît pas immédiatement avec le décès d’un patient infecté, mais les voies de transmission sont réduites, et en particulier la voie respiratoire, qui constitue le mode principal de transmission du coronavirus, confirme le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) qui précise aussi que le virus a pu être retrouvé dans les voies aériennes supérieures et potentiellement dans les voies aériennes profondes et le système digestif des personnes infectées (6,7,8). La transmission du coronavirus des surfaces contaminées vers les mains n’a pas été prouvée. Cependant, elle ne peut être exclue, à partir de surfaces fraîchement contaminées par les sécrétions. En effet, il semble en effet y avoir un risque de transmission de la maladie même après la mort. Lorsque des sécrétions corporelles d’un défunt décédé du coronavirus se déposent sur une surface plane et métallique, le virus pourrait être contagieux. Néanmoins, les chercheurs ne savent pas encore le niveau de contagion sur du tissu ou sur des vêtements par exemple (9,10). Cependant, le temps de vie du virus chez une personne morte n’est pas exactement connu par le personnel scientifique. Michel Sapanet, médecin légiste, au CHU de Poitiers a déclaré à France Bleu qu’il était vraisemblablement de l’ordre de 3 heures sur des surfaces inertes sèches et jusqu’à 6 jours, voire plus en milieu humide. En surface, sur le corps, les virus sont toujours présents et dangereux. Ainsi, la transmission manuportée à partir de l’environnement ou du patient est possible. La manipulation d’un corps peut exposer le personnel le manipulant à des germes à transmission aérienne (11). En France à Garches (Hauts-de-Seine), l’autopsie d’une personne décédée a confirmé la présence du virus du Covid-19 cinq jours après le décès. Pour autant, la détection du virus en post mortem ne signifie pas forcément que le virus est encore actif. Devant ce risque, les scientifiques préconisent de ne réaliser aucun acte, ou soin de conservation du corps. Les recommandations En Algérie, le ministère de la Santé a mis en place des mesures préventives strictes afin de respecter les dispositifs du rite musulman pour le bon déroulement des obsèques. Le comité des fatwas assure que le corps sera purifié à la manière islamique et enveloppé dans un linceul, puis placé dans un cercueil fermé et scellé avant son transfert vers le cimetière. Dans le même sillage, la fatwa exige la récupération de tous les objets que le défunt avait utilisée avant sa mort en les amassant dans un sac en vue de les brûler.

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La stérilisation des chambres ou de tout endroit suspecté d’être infecté est également préconisée. D’autre part, les personnes chargées du lavage et du transport du corps sont appelées à porter des gants et des masques, et respecter les mesures de distanciation d’environ un mètre lors de la prière funéraire du mort (12). Enfin la note ministérielle n° 11 du 27.03.2020 relative aux mesures à prendre devant un décès lié à l’infection par le nouveau coronavirus Covid-19, recommande au médecin qui rédige le constat de décès de porter des gants et un masque FFP2, et d’informer les membres de la famille du défunt des mesures à prendre pour éviter toute contamination. Par ailleurs, les personnes qui porteront la dépouille doivent, en plus des mesures d’hygiène recommandées, réunir tous les équipements de protection individuelle nécessaires lors de l’ablution (13).

Références 1. Laura D Kramer, Revue générale sur les virus, Wadsworth Center, NYSDOH, février 2018 (2) Yannis Drossinos, Nikolaos I. Stilianakis. (2020) What aerosol physics tells us about airborne pathogen transmission. Aerosol Science and Technology 54:6, 639-643. 2. WonSriwijitalaiVirojWiwanitkit, COVID-19 in forensic medicine unit personnel: Observation from Thailand Journal of Forensic and Legal Medicine Volume 72, May 2020, 101964 3. Won Sriwijitalai, Viroj Wiwanitkit Corrigendum to ‘COVID-19 in forensic medicine unit personnel: Observation from Thailand’ Journal of Forensic and Legal Medicine, Volume 72 (May 2020) Article Number: 101964 Journal of Forensic and Legal Medicine, Available online 23 April 2020, Pages 101967 https://doi.org/10.1016/j.jflm.2020.101964. 4. B. Joob, V. WiwanitkitCOVID-19 in medical personnel: observation from Thailand J Hosp Infect (20) (2020 Feb 27), pp. 30090-30096, 10.1016/j.jhin.2020.02.016 pii: S0195-6701. 5. Neeltje van Doremalen , Etude Aerosol and surface stability of HCoV-19 (SARS-CoVcompared to SARS-CoV-1, , NEJM Original Article. April 16, 2020 N Engl J Med 2020; 382:1564-1567 DOI: 10.1056/NEJMc2004973 6. Yongjian Zhu, Jingui Xie, Fengming Huang, Liqing Cao. (2020) Association between shortterm exposure to air pollution and COVID-19 infection: Evidence from China. Science of The Total Environment 727, 138704. 7. Sima Asadi, Nicole Bouvier, Anthony S. Wexler, William D. Ristenpart. (2020) The coronavirus pandemic and aerosols: Does COVID-19 transmit via expiratory particles?. Aerosol Science and Technology 54:6, 635-638. 8. W. HsiaEmerging new coronavirus infection in Wuhan, China: situation in early 2020 Case Stud Case Rep, 10 (2020), pp. 8-9 9. S. Yasri, V. WiwanitkitEditorial: Wuhan coronavirus outbreak and imported case Adv Trop Med Public Health Int, 9 (2019), pp. 1-2 10. Mélodie Pépin, France Bleu Paris, France Bleu -Coronavirus : que fait-on de nos morts ? Un médecin légiste répond à vos questions -Vendredi 27 mars 2020 à 10:27 - https://www.francebleu.fr/infos/societe/que-fait-de-nos-morts-du-covid-19-unmedecin-legiste-repond-a-vos-questions-1585300868 11. Dzair Daili - Coronavirus en Algérie : Fatwa pour l’enterrement des morts du Covid19- https://www.dzairdaily.com/coronavirus-algerie-fatwa-enterrement-mort-covid19/ 12. Note n° 11 du 27.03.2020 relative aux mesures à prendre devant décès lié à l’infection par le nouveau coronavirus Covid-19 (http://www.sante.gov.dz/images/Prevention/cornavirus/Note-n-11_-mesures-a-prendredevant-un-dcs-par--Covid-19.pdf)

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Quel est le rôle des microclimats sur la propagation du virus ? SEKKAL Samira.

Réponse Les coronavirus ont été impliqués dans des flambées nosocomiales avec contamination environnementale comme voie de transmission. Une transmission nosocomiale du coronavirus SARS-Cov-2 a aussi été rapportée. Cependant, le mode de transmission et l’étendue de la contamination de l’environnement sont inconnus (1). Des chercheurs chinois ont livré les premiers résultats d’une étude consacrée aux risques de contamination par voie de climatisation. Les systèmes de ventilation auraient été à l’origine d’une contamination en chaîne de clients dans un restaurant. En cause ? La direction du flux d’air, principal coupable des infections (2). C’est la question à laquelle les chercheurs du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Guangzhou ont tenté de répondre. Leur étude s’intéresse à un cas particulier, apparu dans un restaurant de Canton, en Chine, à la sortie duquel tous les clients se sont retrouvés malades de la Covid-19, sans signe de contamination préalable (2). À la lecture de l’étude, on apprend que l’ensemble des personnes présentes dans l’établissement ont été infectées par une personne ne présentant alors aucun symptôme de la maladie. Si le premier constat semble logique, on ne peut que s’interroger sur la nature de la contamination d’autres personnes, pourtant installées à distance de la personne porteuse du virus. D’après les scientifiques chinois, le système d’aération du restaurant serait à l’origine du phénomène. La climatisation, dont « la direction du flux d’air » apparaît aux yeux des chercheurs comme « le facteur clé de l’infection ». Un constat qui vient renforcer le scénario d’une transmission du virus par aérosols (3, 4, 5). Bien que l’OMS ne se soit pas encore prononcée à ce sujet, il semble clair à la lumière de ce rapport que ces particules ultrafines que l’on émet simplement en parlant, ou en respirant, soient à l’origine d’une telle situation, et que les études menées à ce jour semblent indiquer que le virus est principalement transmissible par contact avec des gouttelettes respiratoires, plutôt que par voie aérienne (6). Selon le guide de « Préparation Au Risque épidémique Covid-19 », lors du confinement d’un patient infecté, il est obligatoire de couper la climatisation : un arrêt des systèmes de ventilation/climatisation du local dans lequel le patient aura été isolé sera effectué de façon obligatoire si l’air est recyclé. Par ailleurs, le Haut Conseil de la Santé Publique précise qu’il n’existe pas d’étude prouvant une transmission interhumaine du virus par des aérosols sur de longues distances (7). À ce jour, il n’y a pas de contre-indication au maintien en fonctionnement des systèmes de renouvellement d’air ou de ventilation. Au contraire, le maintien en fonctionnement des systèmes pendant les épisodes épidémiques contribue à limiter le risque de confinement du virus par l’apport d’air neuf et le renouvellement d’air dans les locaux afin d’éviter les infections nosocomiales. Par ailleurs, l’humidification et le conditionnement de l’air n’ont pas d’effet sensible, seules une humidité relative supérieure à 80 % et une température de plus de 30 °C peuvent avoir un effet sensible. Cependant, de telles valeurs ne peuvent être atteintes et ne sont pas souhaitables dans un bâtiment, notamment pour des raisons de confort. Par contre, l’OMS estime qu’une température élevée n’empêche pas de contracter le virus (8). Recommandations Le haut conseil de santé publique « HCSP » indique les modalités d’aération des pièces, et l’utilisation des installations de chauffage, de ventilation, de climatisation et de réfrigération notamment de traitement d’air dans les bâtiments d’habitation ou destinés à accueillir du public dans le but de limiter la propagation du Covid-19. (7). Ces recommandations de bonnes pratiques sont basées sur les faits résultant du précédent

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SRAS — CoV1, car l’état actuel des connaissances est très limité concernant le coronavirus COVID-19 (SRAS-CoV-2). Elles sont donc susceptibles d’évoluer en fonction des informations nouvelles et complètent les informations disponibles auprès des pouvoirs publics ainsi que les mesures d’hygiène standard recommandées par l’OMS (9). — Accroître l’amenée et l’extraction d’air dans les locaux afin de fournir le maximum d’air frais par personne – Prolonger le temps de fonctionnement du système de ventilation et dans l’idéal, de le maintenir en fonctionnement permanent. — En complément ou en l’absence de systèmes de ventilation, il est recommandé de favoriser l’aération générale et permanente par ouverture des fenêtres dans les bâtiments. — Cependant, il faudra veiller à créer une circulation d’air traversante dans le local afin d’éviter un refoulement d’air s’il n’existe pas de systèmes d’aération dans les autres locaux. — Désactiver la recirculation de l’air, car les particules virales circulant dans les conduits d’air extrait peuvent être réintroduites dans le circuit d’amenée d’air. — Par ailleurs, le nettoyage des conduits n’a pas d’effet pratique, et le changement des filtres de l’air extérieur n’est pas nécessaire dans le contexte COVID-19, mais doivent être remplacés selon la procédure normale.

Références 1. Sean Wei Xiang Ong, MBBS1; Yian Kim Tan, PhD2; Po Ying Chia, MBBS1; et al— Air, Surface Environmental, and Personal Protective Equipment Contamination by Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2) From a Symptomatic PatientJAMA. Published online March 4, 2020. doi:10.1001/jama.2020.3227. 2. Jianyun Lu1, Jieni Gu1, Kuibiao Li1, Conghui Xu1, Wenzhe Su, Zhisheng Lai, Deqian Zhou, Chao Yu, Bin Xu , and Zhicong Yang -COVID-19 Outbreak Associated with Air Conditioning in Restaurant, Guangzhou, China, 2020 Volume 26, Number 7—July 2020 3. Han Y, Zhang Z, Zhu J, Yu P. A familial cluster of infection associated with the 2019 novel coronavirus indicating possible person-to-person transmission during the incubation period. J Infect Dis. 2020;395:514–23. 4. Pica N, Bouvier NM. Environmental factors affecting the transmission of respiratory viruses. Curr Opin Virol. 2012;2:90–5. DOIExternal LinkPubMedExternal Link 5. Kutter JS, Spronken MI, Fraaij PL, Fouchier RA, Herfst S. Transmission routes of respiratory viruses among humans. Curr Opin Virol. 2018;28:142–51. DOIExternal LinkPubMedExternal Link 6. B., Laurent P. · Publié le 21 avril 2020 à 09h50 · Mis à jour le 21 avril 2020 coronavirus : le déconfinement n’est pas la fin du covid-19 déclare l’oms— https://www.sortiraparis.com/actualites/a-paris/articles/214558-coronavirus-le deconfinement-n-est-pas-la-fin-du-covid-19-declare-l-oms 7. Haut Conseil de la santé publique (HCSP) — Réduction du risque de transmission du coronavirus SARS-CoV-2 par la ventilation et gestion des effluents des patients. https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=783 https://www.futurasciences.com/sante/actualites/coronavirus-soleil-chaleur-vont-ils-faire-disparaitrecoronavirus-80070/

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L’évaluation du risque Covid-19 chez le personnel hospitalier ? FERNANE Malika, HADDAR Mustapha, OUAAZ Meriem, FRAGA Seid, KORICHI Saied.

Réponse Contexte Le personnel hospitalier, dans toutes ses catégories professionnelles, est particulièrement exposé dans son activité à la contamination par le virus SARS-CoV-2 et au risque de développer la Covid-19, dénomination retenue par l’OMS, pour nommer la maladie induite par ce virus. Ce risque est lié, d’une part aux caractéristiques du virus et d’autre part aux mesures de prévention qui ne sont pas encore parfaitement maitrisées par les travailleurs de la santé. L’évaluation « à priori » des risques est le premier volet d’évaluation du risque de contamination par le SARS-CoV-2. Le retrait des professionnels vulnérables, dans le cadre de la visite médicale d’aptitude, par le médecin du travail, est aussi une étape incontournable pour la protection de leur santé (1). L’évaluation « à postériori » du risque de contamination des professionnels de la santé, c’està-dire après un contact avec un patient Covid-19, est aussi importante pour limiter la dissémination du virus parmi les soignants et la contamination des malades non Covid-19 déjà fragilisés par d’autres comorbidités.

Synthèse des principales recommandations internationales L’OMS a publié des protocoles d’évaluation du risque de contamination du personnel de la santé dès le début de l’apparition de cas de maladies de Covid-19 dans cette population (2,3). Le protocole de l’OMS du 4 mars 2020 (2) distingue la contamination communautaire du soignant de la contamination professionnelle en se basant sur la réponse à une série de questions. Quand il s’agit d’une contamination professionnelle, des scénarios de contamination sont définis. Pour chaque circonstance de contamination professionnelle, le type d’EPI porté ainsi que sa fréquence d’utilisation sur une échelle de 100 est spécifiée afin de pouvoir graduer le risque de contamination. À la fin du questionnaire d’évaluation, on distingue deux niveaux de risque de contamination « haut risque » et « faible risque ». Une stratégie de gestion du risque est proposée selon le niveau de gradation et le confinement pendant 14 jours est préconisé pour le « haut risque » ainsi qu’un certain nombre de mesures pour protéger le soignant concerné, ses collègues et les soignés. Le CDC (Centers for Disease Control and Prévention) aux Etats — Unis (4), propose une gradation du risque de contamination en se basant sur la nature du geste de soin et le type d’EPI utilisé. Cette gradation est faite selon trois niveaux de risque « haut », « intermédiaire » et « faible ». Le confinement pendant 14 jours est indiqué pour le risque « haut » et « intermédiaire ». Au Québec, la direction des risques biologiques et de la santé au travail de l’institut national de santé publique (5) a publié, le 29 avril 2020, la version 4.0 de la matrice d’évaluation du niveau de risque d’exposition des travailleurs de la santé lors de soins à un cas confirmé COVID-19. Cette évaluation individuelle du risque de l’exposition du travailleur de la santé prend en considération, la durée de l’exposition, le port du masque par la personne malade (contrôle à la source) ainsi que les pièces d’équipement de protection individuelle

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(ÉPI) portées par le travailleur lors de l’exposition. Le risque est catégorisé selon 2 niveaux de risque « faible » et « élevé » alors que dans les matrices antérieures, notamment celle du 20 mars 2020, un 3e niveau de risque « intermédiaire » était considéré. La durée du contact a été revue à la baisse à savoir de 15 minutes à 10 minutes. Un retrait du travail avec un confinement est indiqué pour le niveau de risque élevé même si le travailleur de la santé ne présente pas de symptômes de la Covid —19. Au Royaume-Uni (6), selon les orientations du ministère de la Santé publique, les personnes ayant été en contact, sans EPI, avec des patients Covid-19, sont invitées à rester chez elles ; si elles présentent des symptômes évocateurs de la maladie et à quitter le travail avec un masque chirurgical s’il y’a apparition des signes de la maladie sur les lieux du travail. Les tests biologiques seront réalisés en fonction de leur disponibilité. Les hospitaliers Covid — 19 doivent contacter leur médecin du travail, dans la mesure du possible, pour bénéficier d’une téléconsultation. En Suisse, l’organisme ″swissnoso″, du centre national de prévention des infections (7) recommande à ce que le personnel soignant présentant la maladie avec ou sans tests positifs doit continuer à travailler en fonction de la sévérité des symptômes, mais aussi des besoins en personnel des structures de santé. Les arrêts de travail sont réduits à 10 voire 05 jours en cas de nécessité de service. Les masques chirurgicaux doivent être portés par le malade jusqu’à 10 jours après le début des symptômes.

Évaluation du risque Covid-19 chez le personnel hospitalier dans le contexte national : Synthèse de la note n° 18 du 26 avril 2020/MSPRH/DGPPS En Algérie, la note n° 18 du 26 avril 2020 du ministère de la Santé de la population et de la réforme hospitalière, complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie de la COVID-19 (1), catégorise le risque de contamination par le SARS-CoV-2 en quatre niveaux de risque : « risque très faible voir absent », « risque faible », « risque intermédiaire » et « risque élevé ». Cette évaluation individuelle et cette catégorisation du risque se basent sur la durée d’exposition (en référence à 15 min), la distance entre l’hospitalier et le patient covid-19 (en référence à 2 mètres), le port de masque par la personne malade (contrôle à la source), la nature de l’activité et le port ou non des EPI par le professionnel. Le retrait du travail n’est prévu que pour les formes symptomatiques. De plus, pour les niveaux de risque élevé et modéré asymptomatiques, une réaffectation dans un service non covid-19 est préconisée même si l’intérêt scientifique de cette démarche reste discutable. Le port du masque chirurgical, l’auto surveillance quotidienne de la température et des symptômes, supervisée par le médecin du travail ou à défaut le médecin du service de prévention et d’épidémiologie (SEMEP), sont préconisés. Les formes symptomatiques doivent bénéficier d’une prise en charge en milieu hospitalier. Les critères de guérison et de levée de l’isolement se basent sur les tests virologiques (qRTPCR). Un isolement de 14 jours après guérison est recommandé par le comité scientifique Covid — 19 (MSPRH) ainsi que le port d’un masque chirurgical en présence d’une tierce personne (1). La reprise du travail est assujettie à l’examen par un médecin du travail. Les modalités de la rémunération du soignant lors du retrait de travail devraient être aussi précisées.

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Références 1. MSPRH, DGSP, Note 18 complétant la note no 13 du 31 mars 2O2O relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à I ‘épidémie coronavirus COVID 19. 2. Protocol for assessment of potential risk factors for 2019-novel coronavirus (2019-nCoV) infection among health care workers in a health care setting (Internet). (Cité 3 mai 2020). Disponible sur : https://www.who.int/publications-detail/protocol-for-assessment-ofpotential-risk-factors-for-2019-novel-coronavirus-(2019-ncov)-infection-among-healthcare- workers-in-a-health-care-setting 3. WHO-2019-nCov-HCW_risk_assessment-2020.1-eng.pdf (Internet). (cité 12 avr 2020). Disponible sur : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/331340/WHO-2019nCov-HCW_risk_assessment-2020.1-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y 4. Center for disease control and prevention (CDC) 15.04.2020. Interim U.S. Guidance for Risk Assessment and Public Health Management of Healthcare Personnel with Potential Exposure in a Healthcare Setting to Patients with Coronavirus Disease 2019 (COVID19) (Internet). Centers for Disease Control and Prevention. 2020 (cité 4 mai 2020). Disponible sur : https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/hcp/guidance-riskassesment-hcp.html 5. Comité sur les infections nosocomiales du Québec. Évaluation du niveau de risque d’exposition des travailleurs de la santé lors de soins à un cas confirmé COVID-19 29 avril 2020 Version 4.0 (Internet). 2020. Disponible sur : https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/covid/2905-evaluation-risque-exposition-tslors- de-soins-covid19.pdf 6. Public Health England. COVID-19 : management of exposed healthcare workers and patients in hospital settings (Internet). GOV.UK. (cité 5 mai 2020). Disponible sur : https://www.gov.uk/government/publications/covid-19-management-of-exposedhealthcare-workers-and-patients-in-hospital-settings/covid-19-management-ofexposed- healthcare-workers-and-patients-in-hospital-settings. 7. Recommandations pour la gestion des collaborateurs positifs ou suspects pour COVID19 impliqués dans les soins aux patients dans les Hôpitaux de soins aigus — situation extraordinaire. version 4 du 17 avril 2020 (Internet). (cité 5 mai 2020). Disponible sur : https://www.swissnoso.ch/fileadmin/swissnoso/Dokumente/5_Forschung_und_Entwickl ung/6_Aktuelle_Erreignisse/200319_management_of_HCW_with_COVID19_contact_FR_fin.pdf

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Quelles sont les voies de pénétration, en particulier cas des conjonctives et muqueuses ? Djazouli Med Lamine

Réponse Granulométrie des particules émises par voie respiratoire : → Dépend des caractéristiques de l’expiration (ventilation calme ou forcée, toux et Expectoration provoquée), ⁃ Projection des particules de moins de 1 µm →→→ des particules plus grosses (> 10 µm) lors des manœuvres d’expectoration provoquée. → Un gradient croissant de diamètre entre la respiration nasale, la respiration buccale et la toux provoquée. ⁃ Compte tenu de la taille des virus (habituellement < 100 nm) →→→ Présence de virus sur des particules fines expirées (< 1 µm), tout en discutant le rôle des modifications de la composition et du type de particules présentes dans les voies aériennes en cas d’infection. (4,6)

Comportement des aérosols dans l’environnement intérieur : → La vitesse de l’air à la sortie de la bouche ou du nez est d’environ, et respectivement pour la respiration (1 m.s -1), la parole (5 m.s -1) et la toux (10 m.s -1). → Le flux d’air qui se mélange à l’air ambiant ce qui provoque l’évaporation rapide de l’eau et laisse en suspension un résidu sec formé des éléments non volatils présents dans la goutte initiale → Des particules solides ou liquides (entre 6 et 10 μm) peut prendre quelques heures avant de se déposer d’une hauteur de trois (3) mètres. L’IRSST (Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail, Québec). → Une transmission très précoce du virus avant l’apparition de symptômes, à un stade où l’aérosol est majoritairement fait de fines particules et non de gouttelettes. → le Haut Conseil de la Santé publique dans un avis publié le 27 avril 2020 a souligné la dispersion et la persistance du virus SARS-CoV-2 sous forme de fines particules en suspension dans l’air. (8)

Voies de pénétration : Dans le cas du milieu de travail, selon la nature des activités professionnelles et des comportements d’hygiène, les travailleurs peuvent être exposés aux agents biologiques par plusieurs voies d’accès (5) : – Inhalation par voie respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires, – Contact cutané avec des objets contaminés et – Ingestion par voie orale et déglutition de particules infectées. L’inhalation de gouttelettes ou poussières présentes dans l’atmosphère provoque l’apparition de pathologies respiratoires aigües ou chroniques.

→ la simple prononciation de phrase est suffisante pour émettre un nombre important de gouttelettes de salives. Dans le secteur tertiaire ; les tours aéroréfrigérantes mal entretenues des

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grands immeubles peuvent receler des agents microbiens responsables de pneumopathies communautaires. La longue cohabitation de plusieurs personnes dans des bureaux, les salles des établissements hospitaliers, crèches, maisons de retraite, dans les magasins, les véhicules de transport en commun etc., Une aération des locaux défectueuse entraine une pollution de l’air importante : les maladies respiratoires dues aux virus et bactéries aéroportés se propagent alors aisément, notamment lors des éternuements, de la toux et des postillons des personnes malades. (1, 2, 3) La pénétration digestive, manuportée après contact cutané ou ingérée directement, s’opère par déglutition de particules de poussières ou gouttelettes de liquide présentes sur les mains, le visage, les vêtements ou instruments ou surfaces de travail contaminés (claviers, poignées de porte, robinets, mobiliers, combinés de téléphone, interrupteurs, boutons-poussoirs, crayons ou stylos…) ou dans la boisson et les aliments. (2,14) Contamination oculaire : est faite par contact rapproché par projection de gouttelettes naso-pharyngées (possible, mais rare) ou par contact par des mains souillées, qui vont apporter le virus par impaction sur les muqueuses et les conjonctives. (15)

Références 1- Pandémie grippale et vie des entreprises : INRS Réalité Prévention n° 14 – 2007 ; 12 pages. 2- Appellation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et du virus qui la cause » (archive), sur www.who.int, Organisation mondiale de la santé, 2020 (consulté le28 mars 2020). 3- Camilla Rothe, Mirjam Schunk, Peter Sothmann et Gisela Bretzel, « Transmission of 2019nCoV Infection from an Asymptomatic Contact in Germany », New England Journal of Medicine, 30 janvier 2020, NEJMc2001468 (ISSN 0028-4793 et1533-4406). 4- https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-contagiosite-coronavirusrevue-hausse-80498/. 5- Qun Li, Xuhua Guan, Peng Wu et Xiaoye Wang, « Early Transmission Dynamics in Wuhan, China, of Novel Coronavirus–Infected Pneumonia », New England Journal of Medicine, 29 janvier 2020, NEJMoa2001316 (ISSN 0028-4793 et1533-4406). 6- Carmen L. Charlton, Esther Babady, Christine C. Ginocchio et Todd F. Hatchette, « Practical Guidance for Clinical Microbiology Laboratories: Viruses Causing Acute Respiratory Tract Infections », Clinical Microbiology Reviews, vol. 32, no 1. 7- Covid-19 version du 28 février 2020 : Questions/réponses pour les entreprises et les salariés.http://idf.direccte.gouv.fr/sites/idf.direccte.gouv.fr/IMG/pdf/coronavirus_entreprises _et_salaries_q-r.pdf. 8- Kampf G., Todt D., Pfaender S., Steinmann E. Persistence of coronaviruses on inanimate surfaces and its inactivation with biocidal agents. J Hosp Infect. 2020. 9- Face au coronavirus, employeur ou salarié, que pouvez-vous faire ? : https://www.droittravail-france.fr/face-au-coronavirus--employeur-ou-salarie--que-pouvez-vousfaire_ad1941.html. 10- Cheng PK, Wong DA, Tong LK, et al. Viral shedding patterns of coronavirus in patients with probable severe acute respiratory syndrome. Lancet 2004;363:1699-1700. 11- Rothe, C., Schunk, M., Sothmann, P., Bretzel, G., Froeschl, G., Wallrauch, C.... & Seilmaier, M. (2020). Transmission of 2019-nCoV infection from an asymptomatic contact in Germany. New England Journal of Medicine. 12- Coronavirus-COVID-19 - Fiches conseils métiers pour les salariés et les employeurs :

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https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/coronavirus-covid19-fiches-conseils-metiers-pour-les-salaries. 13- Nicolas Martin, « Surfaces, aérosols : le coronavirus survit-il partout ? » , sur France Culture, 20 mars 2020 (consulté le23 mars 2020). 14- Lisa Schnirring, « Doubts rise about China's ability to contain new coronavirus », sur CIDRAP - Center for Infectious Disease Research and Policy, News & Perspectives, 25 janvier 2020. 15- Le nouveau Coronavirus Covid-19 : quels risques ophtalmiques ? EM consult, sciencedirect, March 2020, Journal Français d’Ophtalmologie 43(4), DOI, 10.1016/j.jfo.2020.02.001.

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Quelle reconnaissance pour l’atteinte par la Covid19 chez les soignants : maladie professionnelle, accidents du travail ou autre ? HADDAR Mustapha, OUAAZ Meriem, FRAGA Seid, FERNANE Malika, KORICHI Saied.

Réponse Cadre juridique national La loi 83-13 du 2 juillet 1983 relative aux accidents du travail et aux maladies professionnelles (1) ; • • • •

Article 63: « Sont considérées comme maladies professionnelles, les intoxications, infections et affections présumées d’origine professionnelle particulière ». Article 64: « La liste des maladies présumées d’origine professionnelle probable ainsi que la liste des travaux susceptibles de les engendrer et la durée d’exposition aux risques professionnels à ces travaux seront fixées par voie réglementaire ». Article 68: « En vue de l’extension et de la révision des tableaux, ainsi que de la prévention, il est fait obligation, à tout médecin, de déclarer toute maladie ayant à son avis un caractère professionnel ». Article 6: « Est considéré comme accident du travail, tout accident ayant entrainé une lésion corporelle, imputable à une cause soudaine extérieure et survenu dans le cadre de la relation de travail ».

L’arrêté interministériel du 5 mai 1996 fixant la liste des maladies présumées professionnelles (2) ; L’arrêté interministériel du 8 mai 2002 introduisant la dysphonie chez les enseignants dans la liste des tableaux de maladies professionnelles au titre du tableau 85 (3) ; La correspondance no 309/MSPRH/SG du 21 avril 2003 relative à la prise en charge de la protection des personnels soignants lors de l’épidémie du SRAS stipulant (4) : • L’exposition au virus du SRAS doit être enregistrée par le service de médecine du travail sur le registre des accidents du travail et le registre des activités quotidiennes. « En cas d’apparition du SRAS chez le personnel exposé, celui-ci doit être immédiatement déclaré comme accident du travail à la caisse nationale des assurances sociales ».

Démarche adoptée par des services de médecine du travail Dans la situation actuelle, en l’absence d’un tableau de maladie professionnelle dédié à la Covid-19 qui pourrait harmoniser les pratiques sur le plan de la prise en charge médico-légale des soignants qui en sont victimes. Trois attitudes, à notre connaissance, sont adoptées par les services de médecine du travail : • • •

Déclaration au titre des maladies à caractère professionnel ; Déclaration au titre des accidents du travail ; Prescription d’un arrêt de travail au titre de l’assurance maladie.

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Il faut préciser que l’indemnité journalière versée par les assurances sociales est de 100 % du salaire en cas de maladie professionnelle ou d’accident du travail et de 50 % lorsqu’il s’agit d’un arrêt de maladie pour les 15 premiers jours de l’incapacité temporaire (100 % à compter du 16e jour ou à compter du 1er jour en cas d’hospitalisation ou de maladie de longue durée) (1). La reconnaissance en maladie professionnelle ou en accident du travail permet la prise en charge d’éventuelles séquelles imputables à la Covid-19.

Avis des auteurs • Dans l’immédiat, la proposition est de faire réactiver, pour la Covid-19, les dispositions exceptionnelles contenues dans la correspondance no 309/MSPRH/SG du 21 avril 2003 relative à la prise en charge de la protection des personnels soignants lors de l’épidémie du SRAS [4). Cette disposition, prise de façon ponctuelle pour un évènement donné, ne saurait être transposable, sur le plan du droit, à la situation actuelle même si les similitudes sont fortes (le cas de jurisprudence ne saurait être évoqué dans ce cas précis). • À court terme, la commission nationale des maladies professionnelles (Article 66 de la loi 83 -13 du 2 juillet 1983) (1) devrait se réunir pour statuer sur le dossier de la reconnaissance en maladie professionnelle de l’infection des soignants par le Covid 19. Cette procédure accélérée a été appliquée dans le contexte particulier de la reconnaissance en maladie professionnelle de la dysphonie chez le personnel enseignant, et ce par la création d’un nouveau tableau dédié à la dysphonie d’origine professionnelle (tableau no 85) (4). L’intégration des infections liées au COVID 19 dans la liste des maladies professionnelles répond mieux aux critères scientifiques et à la définition légale de la maladie professionnelle. La procédure de reconnaissance pourrait se faire selon 02 modalités techniques : • Élargir le tableau de maladie professionnelle numéro 75 intitulé : Maladies professionnelles contractées par le personnel de santé et introduire dans la colonne « désignation des maladies, les infections dues au Covid 19 » ; • Créer un nouveau tableau spécifique aux infections liées au Covid 19 en fixant une liste des métiers pouvant provoquer cette infection. Dans ce cas de figure, en dehors des soignants, il faudrait ouvrir le débat sur le périmètre des bénéficiaires de ce nouveau tableau de maladie professionnelle. • Sur le moyen terme, il faudrait envisager de mettre en place un système complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles qui viendrait compléter le système de reconnaissance par les tableaux, actuellement en vigueur, selon des modalités à définir sur le plan réglementaire. Ce système permettrait, en situation exceptionnelle, de faire reconnaitre comme maladie professionnelle, des affections médicales liées au travail non inscrites à un tableau de maladie professionnelle. Dans l’attente de ces mesures, la recommandation est de mettre en place au niveau des services de médecine du travail des registres où seront enregistrés tous les cas « d’accidents d’exposition » ou d’infections liées au Covid 19, pour assurer la traçabilité de l’information, réunir les preuves de la contamination des soignants et éventuellement les produire en cas de nécessité.

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Le médecin du travail a deux alternatives : • soit délivrer un certificat médical descriptif initial d’accident du travail en considérant l’exposition et/ou la contamination comme accident lié au travail ; • ou délivrer un certificat médical descriptif de maladie à caractère professionnel. Dans le cas de l’accident du travail, l’organisme de sécurité sociale, territorialement compétent, est l’institution habilitée à statuer sur le caractère accidentel de l’évènement en se basant sur le dossier de la victime, constitué entre autres, du certificat médical descriptif initial délivré par le médecin et de la déclaration de l’employeur. À ce titre, il est utile de rappeler les dispositions suivantes de la loi 83-13 du 2 juillet 1983 relative aux accidents du travail et aux maladies professionnelles (1). Art. 15. — L’obligation faite à l’employeur de souscrire une déclaration s’impose, même si l’accident n’a pas entrainé d’incapacité de travail ou ne parait pas être imputable au travail. Dans ce dernier cas, l’employeur fait assortir sa déclaration de réserves. Art. 16. — Lorsque l’organisme de sécurité sociale est en possession des éléments du dossier et, notamment, de la déclaration d’accident, il doit se prononcer sur le caractère professionnel de l’accident dans un délai de vingt (20) jours. Art. 17. — En cas de contestation du caractère professionnel de l’accident par l’organisme de sécurité sociale, celui-ci doit notifier sa décision à la victime ou à ses ayants droit dans un délai de vingt (20) jours, à compter de la date à laquelle il a eu connaissance de l’accident par quelque moyen que ce soit.

Références 1. Loi n° 83-13 du 2 juillet 1983 relative aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, p.1210, JO n 28 du 05 Juil. 1983. 2. Arrêté interministériel du 5 mai 1996 fixant la liste des maladies présumées professionnelles. 3. Arrêté interministériel du 8 mai 2002 introduisant la dysphonie chez les enseignants dans la liste des tableaux de maladies professionnelles au titre du tableau 85. 4. Correspondance no 309/MSPRH/SG du 21 avril 2003 relative à la prise en charge de la protection des personnels soignants lors de l’épidémie du SRAS.

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Quelles sont les comorbidités contre –indiquant l’affectation du personnel de la santé dans des services dédiés à la maladie COVID-19 ? FERNANE Malika, FRAGA Seid, HADDAR Mustapha, OUAAZ Meriem, KORICHI Saied.

Réponse Contexte réglementaire national Les comorbidités et vulnérabilités des personnes par rapport à l’exposition au SARS-CoV-2 sont fixées par les textes réglementaires suivants : •

le Décret exécutif n° 20-69 du 21 mars 2020 relatif aux mesures de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus (COVID-19) (1) qui considère prioritaires au congé exceptionnel, les femmes enceintes et les femmes élevant des enfants ainsi que les personnes atteintes de maladies chroniques et celles présentant des vulnérabilités sanitaires (article 8), mais exclut des dispositions prévues pour le congé exceptionnel les personnels de santé (article 7).

la note n° 12 du 23 mars 2020 relative à la mise en place du dispositif de prise en charge d’un patient Covid-19 liste les profils de personnes risquant des formes sévères de la maladie (2). •

la note no13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu du travail face à l’épidémie du coronavirus (Covid-19) (3) confie des prérogatives au médecin du travail dans la détermination des critères de vulnérabilité médicale rendant éligibles le travailleur en entreprise, au congé exceptionnel.

la note n° 18 du 26 avril 2020 (4) prévoit de dispenser des services dédiés à l’infection COVID-19, le personnel soignant présentant certaines comorbidités citées dans une liste ainsi que les femmes enceintes au troisième trimestre de la grossesse et les personnels âgés de 65 ans et plus, considérés également comme susceptibles de développer les formes sévères de la maladie Covid-19.

• Revue bibliographique Les comorbidités les plus courantes, associées à la gravité de COVID-19, admises en l’état actuel des connaissances, sont l’hypertension et le diabète (5,6). L’âge est corrélé avec la gravité de la maladie dans toutes les études. Les personnes souffrant d’un asthme bronchique ou d’une bronchopneumopathie chronique obstructive sont aussi considérées comme vulnérables aux formes sévères de la Covid-19 (7). Les critères pris en compte dans l’asthme sont le degré de contrôle de la maladie au cours de la période récente (évalué par le test de contrôle de l’asthme ACT), la pression thérapeutique nécessaire à l’obtention d’un contrôle satisfaisant de la maladie et la notion d’antécédent de forme grave d’asthme (8,9). L’asthme n’apparait pas parmi les dix principales comorbidités des données sur les décès de patients Covid-19, aux USA (10). La bronchite chronique simple, la BPCO avec une insuffisance ventilatoire légère ne semblent

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pas, dans le contexte actuel, être considérées comme des facteurs de risque d’aggravation de la Covid -19. Le principe de précaution devrait par contre s’appliquer aux BPCO avec une insuffisance ventilatoire modérée ou sévère. La grossesse est aussi connue comme une période de vulnérabilité pour les formes graves de la grippe (11). Hong Liu et coll. (12) rapportent que la femme enceinte est plus sensible aux infections respiratoires et sujette aux formes graves. Ils suggèrent qu’une plus grande attention devrait être accordée aux femmes enceintes atteintes de COVID-19 au cours du premier et du deuxième trimestre. La survenue d’une inflammation maternelle à la suite d’une infection virale pendant la grossesse peut affecter plusieurs aspects du développement du cerveau fœtal et conduire à un large éventail de dysfonctionnements neuronaux et de phénotypes comportementaux qui sont reconnus plus tard dans la vie postnatale ([13). Des essais cliniques sur le rapport entre l’état de grossesse et le risque lié à l’infection par le SARS-CoV-2 sont en cours (14,15). En attendant les résultats des études, le principe de précaution est recommandé, d’autant plus que d’autres viroses (rubéole, variole, Zika) sont connues pour leurs effets nocifs, directs ou indirects, sur le déroulement de la grossesse et le développement du fœtus.

Commentaires Le cadre réglementaire relatif aux pathologies contre- indiquant l’exposition aux activités dans des services dédiés à la Covid -19 permet aux médecins du travail d’harmoniser leur pratique à l’échelle nationale. La note n° 12 cite les patients à risque de présenter les formes sévères de la covid-19 et concerne implicitement le soignant présentant la Covid-19 et susceptible donc de développer des complications comme toutes les personnes vulnérables. La note n° 13 aborde la question de la prévention et de la protection en milieu de travail donc transposable aux établissements de santé qui sont des milieux de travail. Cette note précise les catégories de personnel éligibles prioritairement au congé exceptionnel en entreprise. La note donne la latitude au médecin du travail de déterminer les personnes atteintes de maladies chroniques et celles présentant des vulnérabilités médicales ouvrant droit au bénéfice du congé exceptionnel. La note n’apporte aucune précision sur les profils pathologiques ; le médecin du travail étant le seul juge pour l’appréciation des situations éligibles à la mise en inaptitude temporaire. La note n° 18 concerne le personnel hospitalier et donne un cadre précis des critères de vulnérabilité de certains profils pathologiques ou physiologiques. Cette note nous semble restrictive, car elle ne laisse pas de marge de manœuvre au médecin du travail pour statuer sur d’autres pathologies non citées dans la liste. Par contre, certaines entités nosologiques listées, comme ″la pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale″ intégrant plusieurs maladies respiratoires chroniques, laissent au médecin du travail la possibilité de statuer sur l’aptitude médicale du soignant en se basant sur la connaissance du cas, son expertise et les données actualisées sur le Virus SARS-CoV-2 et la Covid-19.

Références 1. Décret exécutif n° 20-69 relatif aux mesures de prévention du Covid-19 2. MSPRH. Note n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19. 3. MSPRH.Note-n-13-relative--la-prévention-en-milieu-du-travail (1) .pdf.

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4. Covid-19_note n18_complétant la note13_ relative aux mesures de preventions et de protection en milieu du travail.pdf. 5. Yong Hu, et col. Prevalence and severity of corona virus disease 2019 (COVID-19): Asystematic review and meta-analysis- ClinicalKey(Internet).(cité 7 mai 2020). Disponible sur: https://www-clinicalkey-fr.www.sndl1.arn.dz/#!/content/journal/1-s2.0S138665322030113X 6. Li X, Xu S, Yu M, Wang K, Tao Y, Zhou Y, et al. Risk factors for severity and mortality in adult COVID-19 inpatients in Wuhan. J Allergy Clin Immunol(Internet). 12 avr 2020(cité 7 mai 2020); Disponible sur: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0091674920304954 7. Haute Autorité de Santé. Un suivi renforcé pour les personnes atteintes de maladiesrespiratoires chroniques à risque de forme grave de COVID-19 (Internet). Haute Autorité de Santé. (cité 7 mai 2020). Disponible sur: https://www.hassante.fr/jcms/p_3179419/fr/un-suivirenforce-pour-les-personnes-atteintes-demaladies-respiratoires-chroniques-a-risque-de-forme- grave-de-covid-19 8. Dewitte J. Société Française de Médecine du Travail. Avis relatif à l’éviction despersonnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2 10 mars 2020. :3. 9. Dewitte JD, Ameille J, Brochard P. Recommandations de la Société française de médecine du travail (SFMT) pour les équipes de santé au travail prenant en charge des établissements de santé où sont hospitalisés des patients Covid-19+, 23 mars 2020. Arch Mal Prof Environ. 2020; 10. 10.Asthma Is Absent Among Top Covid-19 Risk Factors, Early Data Shows - The New York Times(Internet).(Cité 7 mai 2020).Disponible sur https://www.nytimes.com/2020/04/16/health/coronavirus-asthma-risk.html 11. 11.Infection par le SARS-CoV-2 chez les femmes enceintes : état des connaissances et proposition de prise en charge par CNGOF - ClinicalKey (Internet). (cité 7 mai 2020). Disponible sur: https://www-clinicalkey-fr.www.sndl1.arn.dz/#!/content/journal/1-s2.0S2468718920301100 12. 12.Pourquoi les femmes enceintes sont-elles sensibles à l’infection virale: un point de vue immunologique ? - ClinicalKey (Internet). (cité 7 mai 2020). Disponible sur: https://www-clinicalkey-fr.www.sndl1.arn.dz/#!/content/journal/1-s2.0S0165037820300437 13. 13.Mor G, Aldo P, Alvero AB. The unique immunological and microbial aspects of pregnancy. Nat Rev Immunol. août 2017;17 (8):469 ‑82. Caractéristiques cliniques de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) pendant la grossesse - ClinicalKey (Internet). (cité 7 mai 2020). Disponible sur: https://www-clinicalkeyfr.www.sndl1.arn.dz/#!/content/clinical_trial/24-s2.0-NCT04319016 14. 14.Assessment of Obstetric, Fetal and Neonatal Risks and Vertical SARS-CoV-2 Transmission During COVID-19 Pandemic- ClinicalKey(Internet).(cité 7 mai 2020). Disponible sur: https://www-clinicalkey-fr.www.sndl1.arn.dz/#!/content/clinical_trial/24s2.0-NCT04360811 15. 15.Association des Ingénieurs et techniciens en Climatique, Ventilation et Froid Comment faire fonctionner et utiliser les installations sanitaires et de conditionnement des bâtiments afin d’éviter la propagation du coronavirus (Covid-19) et du virus (SRAS-CoV-2) sur les lieux de travail- http://aicvf.org/comiteinternational/files/2020/03/covid-19-rehva-aicvf.pdf

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Quelle conduite à tenir devant un malade avec une affection cardiovasculaire et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 ? BENSEKHRIA Nardjesse, BENHASSINE Wissal.

Réponse Introduction La pathologie cardiovasculaire fait partie des états de santé associés au risque de formes graves de COVID-191. Il devient primordial de protéger les soignants aux antécédents cardiovasculaires par des mesures particulières pendant la pandémie du COVID-19 qui impose d’assurer la continuité des soins. Le virus SARS-CoV-2 a un impact cardiovasculaire par différents mécanismes : d’une part, l’infection serait plus intense si l’hôte possède des comorbidités cardiovasculaires sévères et, d’autre part, le virus peut par lui-même causer des lésions cardiovasculaires potentiellement mortelles. (1, 2, 3, 4)

Principaux mécanismes physiopathologiques Les formes graves de l’infection SARS-CoV-2 sont en relation étroite avec le système cardiovasculaire et ceci par différents mécanismes à savoir : ⁃ L’interaction entre COVID-19 et système cardiovasculaire : via les récepteurs de l’enzyme de conversion ACE2 qui joue un rôle dans la régulation de la fonction cardiaque (5, 6). Les conséquences sont des lésions aiguës du myocarde, des thrombo-embolies veineuse (7) et des arythmies (fibrillation atriale, troubles du rythme ventriculaire avec arrêt cardiaque) (8, 9). Des effets chroniques passant par une perturbation du métabolisme lipidique. (1, 10) ⁃ L’hypertension artérielle (11) et la maladie cardiovasculaire (MCV) sont des facteurs de risque important dans la contraction de la maladie (12,13,14) ; l’évolution ; l’intensité des symptômes ; le mauvais pronostic et l'augmentation de la mortalité par le SARS-CoV-2. ⁃ Effets cardiaques des traitements antiviraux : la plupart des médicaments spécifiques actuellement testés dans le traitement de l’infection possèdent des effets indésirables cardiovasculaires potentiellement graves. (Allongement de l’intervalle QT ; troubles du rythme ventriculaire et troubles de la conduction) (15).

Recommandations 1. 1. Évaluation, au cas par cas pour statuer sur la conduite à tenir, individualisée en fonction de : la gravité de la pathologie, son évolutivité, son contrôle thérapeutique ; les données du poste de travail et les équipements de protection individuelle mis à la disposition des soignants. 2. 2. Exclusion des services à risque de forte exposition au SARS-CoV-2 : unités dédiées à la maladie COVID-19, service d’urgence, service de réanimation, service d’accueil, ou réaménagement du poste de travail 3. 3. Éviter au maximum le contact avec des patients dont le diagnostic biologique est inconnu. 4. Insister sur les recommandations renforcées d’hygiène des mains 5. Port d’un masque chirurgical toute la journée dans le respect des conditions d’utilisation. 1

Fiche technique III : Personnes vulnérables au Coronavirus COVID-19- MINISTERE DE LA SANTE DE LA POPULATION ET DE LA REFORME HOSPITALIERE

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6. Un suivi régulier par la médecine du travail de ces soignants. o En cas d’exposition à un cas de COVID-19 : • Poursuivent leur activité professionnelle en portant masque chirurgical pendant les 14 jours suivant l’exposition • Réalisent une autosurveillance biquotidienne de leur température o En cas de symptômes évocateurs de COVID-19 : • interrompre les contacts professionnels ; • contacter le service de référence pour évaluation des symptômes et prélèvement diagnostique.

Références 1. B. El Boussadani, C. Benajiba , A. Aajal , A. Ait Brik , O. Ammour , J. El Hangouch. COVID19 pandemia : Impact on the cariovascular system. Data of 1st April 2020. G Model 1351 No. of Pages 8. 2020, https://doi.org/10.1016/j.ancard.2020.04.001. 2. Driggin E, Madhavan MV, Bikdeli B, Chuich T. Cardiovascular Considerations for Patients, Health Care Workers, and Health Systems During the Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Pandemic. J Am Coll Cardiol. 2020 Mar 18. 3. Li M, Dong Y, Wang H, Guo W, Zhou H, Zhang Z, Tian C, Du K, Zhu R,Wang L, Zhao L, Fan H, Luo S, Hu D,. Cardiovascular disease potentially contributes to the progression and poor prognosis of COVID-19,. Nutrition, Metabolism and Cardiovascular Diseases,. 2020, https://doi.org/10.1016/j.numecd.2020.04.013. 4. Bansal, Manish. Cardiovascular disease and COVID-19. Diabetes & Metabolic Syndrome: Clinical Research & Reviews. 2020, Vol. 14 (2020) 247e250, https://doi.org/10.1016/j.dsx.2020.03.013. 5. Xu H, Zhong L, Deng J, Peng J,. High expression of ACE2 receptor of 2019-nCoV on the epithelial cells of oral mucosa. Int J Oral Sci. 2020 Feb. 6. M. Alifano, P. Alifano, P. Forgez, A. Iannelli,. Renin-angiotensin system at the heart of COVID-19 pandemic, . Biochimie. 2020, doi: https://doi.org/10.1016/j.biochi.2020.04.008. 7. F Zhou, T Yu, R Du, G Fan, Y Liu, Z Liu, J Xiang…. Clinical course and risk factors for mortality of adult inpatients with COVID-19 in Wuhan, China: a retrospective cohort study. The Lancet, 2020 - Elsevier. 8. Zheng, Ying-Ying et Yi-Tong Ma, Jin-Ying Zhang and Xiang Xie. COVID-19 and the cardiovascular system . Nature Reviews | Cardiology. May 2020 , Vol. 17 | 259. 9. D Wang, B Hu, C Hu, F Zhu, X Liu, J Zhang, B Wang… -. Clinical characteristics of 138 hospitalized patients with 2019 novel coronavirus–infected pneumonia in Wuhan, China. Jama, 2020. 10. B. Long, W.J. Brady, A. Koyfman, et al.,. Cardiovascular complications in COVID-19,. American Journal of Emergency Medicine, . 2020, https://doi.org/10.1016/j.ajem.2020.04.048. 11. Awadhesh Kumar Singh, Ritesh Gupta , Anoop Misra. Comorbidities in COVID-19 : Outcomes in hypertensive cohort and controversies with renin angiotensin system blockers. Diabetes & Metabolic Syndrome: Clinical Research . march 2020, Vol. Reviews 14 , https://doi.org/10.1016/j.dsx.2020.03.016. 12. Christine J. Chung, MD, Tamim M. Nazif, MD. The Restructuring of Structural Heart Disease Practice During The Covid-19 Pandemic. Journal of the American College of Cardiology. april 2020. 13. Trimaille, Antonin. COVID-19 et système cardiovasculaire. Nature Reviews Cardiology. avril 2020. 14. Li G, Hu R, Gu X,. A close-up on COVID-19 and cardiovascular diseases,. Nutrition, Metabolism and Cardiovascular Diseases, . 2020, https://doi.org/10.1016/j.numecd.2020.04.001. 15. Wu Q, Zhou L, Sun X. Altered Lipid Metabolism in Recovered SARS Patients Twelve Years after Infection. Sci Rep. 2017 Aug 22;7(1):9110. doi: 10.1038/s41598-017-09536-z.

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Quelle conduite à tenir devant un malade avec une affection respiratoire chronique et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 ? CHENOUF Nassira, BENHASSINE Wissal.

Réponse Introduction L’épidémie du COVID-19 a ajouté une préoccupation de plus pour les médecins du travail, qui est liée à la décision d’aptitude des personnes présentant des affections respiratoires chroniques donc vulnérables à la maladie COVID-19 lorsque celles-ci occupent des fonctions à risque d’exposition au COVID-19. De plus, la pandémie de la COVID-19 est toute récente et le coronavirus SARS-CoV-2 est en grande partie inconnu du point de vue épidémiologique et pathogénique. Comme les affections respiratoires chroniques susceptibles de décompenser lors d’une infection virale figurent parmi les critères de vulnérabilité à la COVID19 établis par le ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière (1, 2), et vu que le médecin du travail ne doit pas toujours se limiter aux textes réglementaires lorsqu’ils manquent de précision, nous avons procédé à une recherche bibliographique de la littérature scientifique mondiale dont l’objectif est de déterminer la pathologie respiratoire qui constitue un haut risque de complications graves et de mauvais pronostic vis-à-vis de la COVID-19.

Recommandations : Asthme : – Les asthmatiques ne semblent pas être surreprésentés dans l’épidémie actuelle de COVID-19 (3) – Il n’existe pas de relation directe des exacerbations graves de l’asthme avec l’infection COVID-19 (3). – Du point de vue théorique, cette exacerbation peut exister (3). – Il est recommandé la poursuite du traitement de l’asthme à dose efficace pour que l’asthme, quelle que soit sa sévérité, soit contrôlé durant cette période épidémique à COVID-19 (3) (4). – Les mesures barrières, et le port des équipements de protection individuelle y compris le masque doivent être appliqués selon les recommandations actuelles (1, 3). – Les personnels de santé présentant des affections respiratoires chroniques susceptibles de décompenser lors du COVID-19 doivent être dispensés des services dédiés à l’infection COVID-19 (2). – La décision soit d’affectation en milieu de soin, soit de reprise de travail chez le travailleur asthmatique doit être discutée en fonction du contrôle de l’asthme au cours de la période récente ainsi que la pression thérapeutique nécessaire à l’obtention d’un contrôle satisfaisant de la maladie, en retenant les asthmes sévères (relevant de la classe GINA 5) (5). La Broncho-Pneumopathie chronique obstructive (BPCO) - Certaines études ont noté l’absence de BPCO sur la liste des comorbidités (6). Tandis que d’autres l’ont signalée parmi une liste des 10 comorbidités des patients décédés par COVID-19 avec un pourcentage de 8,3 %. des (6). - En revanche, si les patients atteints de BPCO sont infectés par une nouvelle pneumonie coronaire, il est souvent difficile de détecter, de diagnostiquer et

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d’intervenir tôt, ce qui entraîne une augmentation de la mortalité (7). Par conséquent : ⁃ Poursuivre les traitements de la BPCO (8). ⁃ Les mesures barrières, et le port des équipements de protection individuelle doivent être appliqués selon les recommandations actuelles. ⁃ Les professionnels exerçant en milieu de soins et travailleurs assimilés, présentant une BPCO doivent être dispensés des services dédiés à l’infection COVID-19 (1, 2, 9).

Références 1.MINISTÈRE DE LA SANTÉ DE LA POPULATION ET DE LA RÉFORME HOSPITALIÈRE Fiche technique III : personnes vulnérables au coronavirus COVID-19. 2020. 2. Note n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu du travail face à l’épidémie coronavirus COVID-19. MINISTERE DE LA SANTE, DE LA POPULATION ET DE LA REFORME HOSPITALIERE. 2020. 3. Groupe de travail Asthme et Allergies (G2A) de la SPLF sur la prise en charge des asthmatiques pendant l’épidémie de COVID-19. Position du groupe de travail Asthme et Allergies (G2A) de la SPLF sur la prise en charge des asthmatiques pendant l’épidémie de COVID-19. [En ligne] 21 mars 2020. [Citation : 20 Avril 2020.] https://splf.fr/asthme-etallergie-g2a/. 4. Société Algérienne de Pneumo-phtisiologie SAPP. Société Algérienne de Pneumophtisiologie SAPP. [En ligne] 23 mars 2020. http://www.sapp-algeria.org/index.php/18corona-2020/16-corona-path-chroniques. 5. Société Française de Médecine du Travail SFMT. Avis SFMT / COVID-19/ asthme (Version 11 mai 2020). [En ligne] 11 Mai 2020. [Citation : 20 2020 Mai.] http://www.churouen.fr/sfmt/autres/Recommandations_SFMT_asthme_et_COVID_%2011-5-2020.pdf. 6. NYSDOH COVID 19. [En ligne] 21 avril 2020. [Citation : 23 Avril 2020.] https://covid19tracker.health.ny.gov/views/NYS-COVID19-Tracker/NYSDOHCOVID19Tracker-Fatalities?%3Aembed=yes&%3Atoolbar=no. 7. Association médicale chinoise, Comité de travail sur les maladies pulmonaires obstructives chroniques de la Direction des médecins respiratoires de la Chinese Medical Doctor Association. OL. Précautions pour le traitement médical et la prévention de la bronchopneumopathie chronique obstructive lors de l’apparition d’une nouvelle pneumonie à coronavirus. [En ligne] 2020. [Citation : 21 Avril 2020.] http://rs.yiigle.com/yufabiao/1184376.htm. 8. G.Deslée, et al., et al. Propositions concernant la prise en charge des malades atteints de BPCO dans le contexte de l’épidémie du COVID-19. [En ligne] 29 mars 2020. [Citation : 20 Avril 2020.] http://splf.fr/wp-content/uploads/2020/03/BPCO-COVID-29032020-CS.pdf. 9. SOCIETE FRANCAISE DE MEDECINE DU TRAVAIL. AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2 . [En ligne] 10 mars 2020. [Citation : 20 Avril 2020.] http://www.churouen.fr/sfmt/autres/Personnels_a_risque_SFMT_10%20mars_2020.pdf.

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Quelle conduite à tenir devant un salarié présentant une obésité et l’exposition au coronavirus SARSCoV-2? HASSINET Hanane Khadidja, BENHASSINE Wissal.

Réponse Introduction La pandémie du COVID-19 s’est propagée rapidement dans le monde entier et d’une manière plus au moins importante en Europe et en Amérique du Nord où l’obésité est très répandue. Le « Center of Disease Control and Prevention (CDC) américain a cité l’obésité comme une vulnérabilité pouvant aggraver la contamination par le coronavirus SARS-CoV-2 (1). Cette constatation émane des observations faites lors de la surveillance des épidémies précédentes de SARS-Cov1 et MERS-Cov. Pour vérifier si l’obésité reste encore facteur de risque pour la COVID 19, nous avons procédé à une revue bibliographique des publications les plus récentes.

Revue de la littérature Plusieurs études ont conclu que l’obésité est un facteur de risque de gravité et de vulnérabilité du SARS-Cov-2 (2-7). Les principaux déterminants de la gravité de l’infection virale grippale chez les patients obèses sont : – La réponse défectueuse du système immunitaire inné et adaptatif ainsi que la sédentarité. Le surpoids augmente le risque d’infection et de complications, une forte prévalence d’individus obèses au sein de la population pourrait augmenter les chances d’apparition d’une souche virale plus virulente et prolonger ainsi la dissémination du virus dans toute la population et peut également augmenter le taux de mortalité globale lors des pandémies (2). – L’adiposité accrue peut affaiblir le micro-environnement pulmonaire où la pathogenèse virale et le trafic des cellules immunitaires peut contribuer à une réponse inflammatoire locale non adaptée d’où l’apparition de lésions secondaires. – La carence en vitamine D (3). – Le tissu adipeux des personnes obèses peut agir comme un réservoir pour une propagation virale plus étendue une activation immunitaire accrue et une amplification des cytokines (4). – Le tissu adipeux qui peut servir de réservoir pour l’Adenovirus humain Ad-36, le virus de la grippe A, le VIH , le Cytomégalovirus, Trypanosoma gondii et le Mycobacterium tuberculosis (5). Par analogie, le COVID-19 peut également infecter le tissu adipeux et se propager à d’autres organes (6). – Plusieurs sociétés savantes et institutions nationales s’accordent sur la vulnérabilité des personnes obèses et tout en s’inspirant du CDC américain elles situent le seuil de la vulnérabilité à un IMC de plus de 40 kg/m² (7).

Recommandations : Il n’y a pas de recommandation particulière aux personnes obèses. Le CDC américain propose à toutes les personnes vulnérables les mêmes conduites (8). Il s’agit surtout : - De prendre ses médicaments pour tout problème de santé sous-jacent exactement comme prescrit. - De disposer d’une quantité de médicaments d’au moins de quinze jours - De respecter les mesures barrières : confinement, distanciation sociale, hygiène des

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mains, port de masque. - De ne pas tarder à recevoir des soins d'urgence pour son affection sous-jacente - D’appeler son professionnel de la santé si on a des inquiétudes.

Références 1. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/need-extra-precautions/groups-at-higherrisk.html. www.cdc.gov. [En ligne] 13 MARS 2020. 2. Livio Luzi 1 2, Maria Grazia Radaelli 3. pubmed. pubmed . [En ligne] [Citation : 20 avril 2020.] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32249357/. 3. Carter SJ, Baranauskas MN, Fly AD. pubmed. pubmed. [En ligne] [Citation : 20 avril 2020.] ncbi.nlm.gov/pubmed/32299148. 4. centre for researche in vascular biology, APC Microbiome Ireland, University College Crock, Crock University Hospital, Crock, Ireland. pubmed. pubmed. [En ligne] 21 avril 2020. [Citation : 22 avril 2020.] ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32314868. 5. ourgeois C1, Gorwood J2, Barrail-Tran A 1,3, Lagathu C2, Capeau J2, Desjardins D1, Le Grand R1, Damouche A1, Béréziat V2, Lambotte O1,3. pubmed. pubmed. [En ligne] ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31921023. 6. Kassir, Dr.Radwan. Risk of COVID-19 for patients with obesity. Wiley Online Library. [En ligne] 2020. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/obr.13034. 7. Groups at Higher Risk for Severe Illness. CENTERS FOR DISEASE CONTROL AND PREVENTION. [En ligne] 14 MAY 2020. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/needextra-precautions/groups-at-higher-risk.html#severe-obesity. 8. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/need-extra-precautions/groups-at-higherrisk.html#severe-obesity. [En ligne] Groups at Higher Risk for Severe Illness, 24 MAY 2020.

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Quelle conduite à tenir devant un malade avec une cirrhose hépatique et l’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 ? KHOMRI Amira ; BENHASSINE Wissal.

Réponse Introduction L’émergence du SRAS-CoV-2 a marqué une épidémie hautement pathogène dont l’OMS l’a officiellement déclaré comme une urgence de santé publique de portée internationale en 30 janvier 2020. Parmi les personnes à haut risque de forme grave liée à la COVID-19 avec une pneumonie sévère avec syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), sont citées celles qui présentent des hépatopathies chroniques au stade de cirrhose. Les soignants et les agents de santé s’identifient comme des personnes à risque élevé d’infection par ce virus. Ainsi, il a été recommandé de retirer de toute exposition au COVID-19 tout soignant présentant une altération grave de la fonction hépatique .

Principales constatations Child-Pugh est actuellement une des méthodes non invasives pour évaluer le pronostic de la cirrhose hépatique (1) ; afin de classer les patients, en utilisant cinq critères : taux de bilirubine et albumine sérique, ascite, trouble neurologique et le temps de prothrombine. La cirrhose de classe « A » de Child-Pugh : 5 à 6 points avait une survie plus longue que les patients de classe « B » 7 à 9 points et « C» 10 à 15 points (2). Les personnes atteintes de cirrhose stade B au moins sont parmi les personnes à développer une forme grave d’infection à SARS-CoV-2 (3). Cette fragilité serait due à leur statut d’immunodéprimé systémique (4), Ils ont un risque important de mortalité et d’incidence des complications, y compris l’encéphalopathie hépatique, les hémorragies digestives hautes ; l’insuffisance hépatique (4). Les lésions hépatiques collatérales seraient dues à la sécrétion des cellules T cytotoxiques induites par le virus et d’une réponse immunitaire innée dérégulée, une dérégulation de la fonction hépatique par liaison directe aux cholangiocytes hépatiques. Une inflammation à médiation immunitaire comme une tempête de cytokines, une lymphopénie et une hypoxie associée à la pneumonie liée à la Covid-19, pourrait également contribuer à des lésions hépatiques ou évoluer en insuffisance hépatique (4, 5). Il a été suggéré que le COVID19 provoque une hépatite virale directe, mais l’élévation des bio-marqueurs hépatiques seraient liés à des lésions hépatiques résultant d’interactions immunitaires impliquant des cellules T cytotoxiques hépatiques et des cellules de Kupffer (5).

Prise en charge thérapeutique et préventive : ⁃ Lorsqu’un cirrhotique est confirmé ou suspecté d’être infecté par le SRAS-CoV-2, il est nécessaire d’établir un plan d’urgence, comprenant : un système de déclaration rapide;

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des équipes multidisciplinaires en gastro-entérologie, hépatologie, thérapie interventionnelle, endoscopie, infectiologie et soins intensifs; canal de transfert rapide; et un système d’observation de quarantaine (6). ⁃ L’éviction du contact avec des patients suspects COVID19 devra être évaluée avec la médecine du travail de l’établissement. ⁃ Des mesures de prévention renforcées doivent être adoptées pour cette population en rapport avec : les recommandations d’hygiène des mains, du port d’un masque chirurgical ou FFP2 dans le respect de conditions de leurs utilisations et de réserver les FFP2 aux opérations d’intubation, de ventilation, de prélèvement respiratoires, d’endoscopies, de kinésithérapie, ainsi le port obligatoire d’un masque par les patients présentant des signes d’infections respiratoires et ORL (3).

Conclusion : Il a été constaté l’absence d’enchainement des études déjà incomplètes sur ce sujet, ce qui exige plus de développement d’analyse de données. Même s’il s’agit d’une nouvelle épidémie, le manque de recherches approfondies par les hépatologues sur ce thème reste préoccupant.

Références 1. CHEN, Si-Hai, WAN, Qin-Si, WANG, Ting, et al. Fluid Biomarkers for Predicting the Prognosis of Liver Cirrhosis. s.l. : BioMed Research Internationa, 2020. Vol. 2020. 2. Tsoris, Andrea et Marlar., Clinton A. Use Of The Child Pugh Score In Liver Disease. s.l. : StatPearls, February 17, 2020. 3. Définition des personnes dites vulnérables ou « à risque » Annexe 6-2. Prise en charge des patients Covid-19 en ville. s.l., RÉPUBLIQUE FRANÇAISE : MINISTÈRE DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA SANTÉ, 04/04/2020. pp. 41-42. 4. ZHANG, Chao, SHI, Lei, et WANG, Fu-Sheng. Liver injury in COVID-19: management and challenges. s.l. : The Lancet Gastroenterology & Hepatology, 2020. 5. BANGASH, Mansoor N., PATEL, Jaimin, et PAREKH, Dhruv. COVID-19 and the liver: little cause for concern. 2020. 6. XIAO, Yong, PAN, Hong, SHE, Qian, et al. Prevention of SARS-CoV-2 infection in patients with decompensated cirrhosis. s.l. : The Lancet Gastroenterology & Hepatology, 2020.

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Quelle conduite à tenir devant un malade présentant un diabète et l’exposition au coronavirus SARS-Co2 ? SABEG Safia, MAACHE Ismahane, BENHASSINE Wissal.

Réponse Introduction — Objectifs : La COVID-19 est une maladie virale très contagieuse et à progression rapide, une comorbidité associée à cette maladie notamment le diabète constitue un facteur aggravant En médecine du travail, cette maladie contagieuse est devenue le premier motif de consultation du personnel soignant vu qu’il est directement exposé au risque de contamination. Les données épidémiologiques, la pathogénie, l’évolution et le pronostic du COVID19 chez les diabétiques sont encore insuffisamment connus dans le monde entier et pour cette raison, nous avons procédé à une recherche bibliographique afin de mieux illustrer les principales recommandations pour éviter une contamination au SARS-Cov-2..

Résultats : – Tous les types de diabète (type1, type 2, gestationnel) sont incriminés dans la survenue de formes graves de COVID19 (1). – Le taux de mortalité atteint 3,7 % pour les diabétiques alors qu’il est de 2,3 % dans toute la population (2). Il est associé à un odds-ratio de mortalité hospitalière de 2,85 (3). – Il n’y a pas de risque de contamination par la COVID 19 plus élevé chez les diabétiques par rapport au reste de la population, mais en revanche les diabétiques sont plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie (4). – Il existe des preuves d’une incidence et d’une gravité accrues de COVID-19 chez les patients diabétiques (le diabète constitue la deuxième comorbidité la plus fréquente chez les sujets hospitalisés en unités de soins intensifs). COVID-19 pourrait avoir un effet sur la physiopathologie du diabète. (5, 6, 7). – En Algérie, une note ministérielle2 classe uniquement le diabète insulinodépendant non équilibré ou avec des complications parmi les critères de vulnérabilité à l’infection par le coronavirus contrairement au CDC américain qui reconnait les trois types de diabète (type 1, type 2 et gestationnel) comme nécessitant des précautions particulières (8).

Recommandations : ⁃ ⁃ ⁃ ⁃

Continuez à prendre ses comprimés de diabète et son insuline comme d’habitude. (9) Testez sa glycémie toutes les quatre heures et gardez une trace des résultats (9). S’assurez-vous d’avoir au moins deux semaines de médicaments pour le diabète et l’insuline (9). Retirer les diabétiques insulinodépendants déséquilibrés et ceux qui ont des complications de leur diabète dans la mesure du possible des services à risque : service d’urgence, service de réanimation, service SAMU, service des maladies infectieuses. (8) (10) Dans les autres formes de diabète (type 1 bien équilibré ou type 2) ; il convient d’éviter

Note n° 18 du 26 Avril 2020 complétant la note n°13 du 31 mars 2O2O relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à I ‘épidémie coronavirus COVID-l9

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le contact avec des patients dont le diagnostic biologique n’aurait pas été fait. Pour cela, des mesures de prévention renforcées doivent être adoptées pour ces personnes : Recommandations d’hygiène des mains et de port de masque durant toute la journée du travail.

Conclusion : Aucune conclusion définitive ne peut être tirée sur la base des preuves limitées actuelles, néanmoins, l’association du COVID 19 et du diabète reste un tableau assez grave avec un risque accru de mortalité.

Références 1. Groups at Higher Risk for Severe Illness. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019ncov/need-extra-precautions/groups-at-higher-risk.html#diabetes. [Online] Avril 17, 2020. 2. Glucose Control Key With COVID-19 in Diabetes, Say Experts. https://www.medscape.com/viewarticle/927044. [Online] MARS 18, 2020. 3. société francophone du diabéte. SFdiabére. SFdiabéte. [Online] Mars 16, 2020. [Cited: Avril 21, 2020.] https://www.sfdiabete.org/actualites/medical-paramedical/covid-19-etdiabete-etat-des-lieux. 4. Christophe Kosinski, Anne Zanchi, Anne Wojtusciszyn. Diabète et infection à COVID19. https://www.revmed.ch/covid-19/Diabete-et-infection-a-COVID-19. [Online] Rev Med Suisse 2020 ; 16 : 939-43. 5. Roncon L, Zuin M, Rigatelli G, Zuliani G. Medline. Pubmed. [Online] Avril 09, 2020. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Diabetic+patients+with+COVID19+infection+are+at+higher+risk+of+ICU+admission+and+poor+short-term+outcome.. 6. Hussain A1, Bhowmik B2, do Vale Moreira NC. Medline. Pubmed. [Online] Avril 10, 2020. [Cited: Avril 21, 2020.] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=COVID19+and+diabetes%3A+Knowledge+in+progress.. 7. Singh AK1, Gupta R2, Ghosh A2, Misra A. medline. pubmed. [Online] Avril 14, 2020. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Diabetes+in+COVID19%3A+Prevalence%2C+pathophysiology%2C+prognosis+and+practical+considerations.. 8. Note n° 18 du 26 Avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 Mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu du travail face à l’épidémie coronavirus COVID-19. MINISTERE DE LA SANTE, DE LA POPULATION ET DE LA REFORME HOSPITALIERE. 2020. 9. Groups at Higher Risk for Severe Illness. Centers for Disease Control and Prevention. [Online] MAY 24, 2020. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/need-extraprecautions/groups-at-higher-risk.html#diabetes. 10. SOCIETE FRANCAISE DE MEDECINE DU TRAVAIL. AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARSCOV2. [Online] Mars 10, 2020. [Cited: Avril 20, 2020.] http://www.churouen.fr/sfmt/autres/Personnels_a_risque_SFMT_10%20mars_2020.pdf.

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Les tunnels de désinfection dans les établissements de santé ? DERRADJ Boulanouar.

Réponse Depuis l’avènement de la pandémie COVID-19, les mesures de prévention se sont étendues en Algérie au « procédé » appelé tunnel de stérilisation ou de désinfection des personnes. Quels sont les procédés, les produits utilisés et les risques éventuels ?

La désinfection : Désinfection : Selon Daniel Fong et Prabjit Barn ; la désinfection détruit les microorganismes effectivement ou potentiellement pathogéniques (bactéries, virus, champignons, endospores) sur une surface du milieu ou un objet inanimé (1). Stérilisation : La stérilisation est un niveau de désinfection garantissant la destruction complète de tous les microorganismes, y compris les endospores bactériennes. Ce niveau élevé de décontamination nécessite du matériel spécialisé et une surveillance vigilante pour être efficace. II. Description du procédé : Le tunnel est composé de 3 éléments : une citerne de 800 litres, le tunnel lui-même (une sorte de chambre à 2 sorties) et un centre de commande. Le déclenchement automatique des robinets d’aspersion se fait à l’aide d’un dispositif infrarouge (automatique) à l’entrée d’une personne. Mais il peut également être actionné à la demande (manuel). Il y’a sept sources d’aspersion (robinets), cette opération dure 10 secondes et concerne tout le corps (couvert ou non). Le produit dénommé « SANIVIR » est de couleur bleuâtre composée de glutaraldéhyde et de chlorure de Didecyle Diméthyle ammonium (CDDA). Le liquide est composé de glutaraldéhydes à 15 % et de chlorure de Didecyle Diméthyle ammonium à 10 % associé avec de l’eau dans un rapport 75ml de SANIVIR pour 20 l d’eau.

Revue de littérature La désinfection détruit les microorganismes effectivement ou potentiellement pathogéniques (bactéries, virus, champignons, endospores) sur une surface du milieu ou un objet inanimé. Dans ses recommandations, l’APSAM ne fait aucune référence au tunnel de désinfection des personnes (5). Le Maroc a interdit les tunnels de désinfection qui sont considérés comme potentiellement à risque (6). En Tunisie, plusieurs initiatives proposent des tunnels de décontamination avant d’entrer dans les espaces publics et privés. Force est de constater dans ces pays, dont l’Algérie, l’absence de normes pour la désinfection des personnes. Il est utile de préciser que l’utilisation de tous produits chimiques est strictement réglementée, et ce, selon la réglementation sur la santé humaine relevant de la Convention de Genève. Les deux produits nocifs qui nous intéressent dans ce travail sont le glutaraldéhyde et le CDDA (Chlorure de Didecyle Dimethyle Ammonium) contenus dans le désinfectant SANIVIR. Concernant le glutaraldéhyde ; c’est un désinfectant de surface très efficace sur les bactéries, virus et champignons. Ses inconvénients sont identiques à ceux du formaldéhyde (02). Les aldéhydes provoquent essentiellement des effets irritants (peau, œil, voies respiratoires) et sensibilisants (eczéma, rhinite et asthme). En fait, une solution contenant 2 % de glutaraldéhyde peut générer une concentration de 1,6 ppm, ce qui dépasse largement la valeur plafond (0,1 ppm) (10). Les effets chroniques peuvent persister même en l’absence d’exposition aux désinfectants. Le glutaraldéhyde, un désinfectant de niveau élevé ; il est

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extrêmement toxique et il faut, avant de l’utiliser, prévoir une ventilation et des équipements de protection individuelle adéquats pour minimiser le niveau d’exposition. En outre, le rinçage inadéquat des résidus de désinfectant peut causer des effets indésirables sur la santé des personnes exposées subséquemment au matériel ou à l’instrument. Concernant le chlorure de Didecyle Dimethyle Ammonium (DDAC ou DDAC en anglo-saxon) ; c’est un sel, le chlorure d’un alkylammonium de formule semi-développée (CH3) 2N (C10H21) 2 Cl et un produit biocide polyvalent à large spectre utilisé en tant que désinfectant, antiseptique, antibactérien, antifongique, algicide… En 2014, des chercheurs de Virginia Tech avaient soupçonné, une perturbation de la fertilité des souris et une augmentation du risque d’anomalies congénitales, comme la spinabifida. Mais les mécanismes en jeu dans la toxicité des « quats » ne sont pas clairs. Il est nocif en cas d’ingestion et peut provoquer des brulures graves de la peau et des yeux (3). Il apparait clairement que le risque pour le personnel est évident d’autant plus que ces deux produits sont toxiques et sont encore très mal connus de ce fait, le principe de précaution, conformément à la convention de Genève n° 170 (8) et la recommandation n° 177 (09) sur les produits chimiques, doit être appliqué.

Recommandations L’interdiction de ce système désinfection et l’application du principe de précaution La mise à la disposition des travailleurs des moyens de protection individuels. Une meilleure organisation du travail en utilisant les moyens humains disponibles pour réduire la probabilité de contact travailleur-situation à risque. La mise à la disposition des travailleurs de vestiaires normalisés (armoire à double casier (vêtements de ville et vêtements de travail).

Conclusion : Nous retenons l’existence de risques chimiques non négligeables bien plus importants que le bénéfice escompté compte tenu de l’existence d’autres moyens de prévention qui s’ils sont utilisés correctement sont susceptibles de protéger efficacement le travailleur sans recourir à ce type de procédé.

Références 1. Daniel Fong et Prabjit Barn, nettoyage et désinfections et stérilisation des établissements de services personnels, NCCEH Colombie-Britannique, décembre 2012. 2. Udo Eickmann, emploi de désinfectant dans les activités de soins risques et prévention AISS, Allemagne, décembre 2014. 3. Nathalie Guitard, Marie Géhanne, Principaux usages et possibilités de mesure de gestion des pour certains perturbateurs endocriniens avérés ou suspects, INERIS, (France, Oise) 25/06/2012. 4. Lise Loumé, produits d’hygiène et ménagers : faut-il s’inquiéter ammoniums quaternaires ? Sciences et Avenir du 30/08/2017. 5. Covid19, mesures de prévention générale recommandées, APSAM Association Paritaire pour la Sécurité de Travail des Affaires Municipales, 4 mai 2020. 6. COVID.19, Potentiellement à risques, les tunnels de désinfection interdits au Maroc, CONSOM news avril 2020. 7. Samir Hamza, L’ECONOMISTE maghrébin, tunnels de décontamination des personnes et objets « Bio UVC disinfector » 12 MAI 2020. 8. Convention de Genève n° 170 relative aux risques chimiques 1990 9. Recommandation n° 177 relative aux risques chimiques, 1990 10. Fiche de sécurité chimique♯16, fiche d’information sur le Glutaraldehyde Université de Sherbrooke division santé et sécurité en milieu de travail, 2012.

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Quels sont les risques cutanés des Équipements de protection individuels ? FYAD Abderrahmane.

Réponse Équipements de protection individuels (EPI), leur rôle, leur place et leur diversité – Qu’est-ce qu’on entend par EPI ? L’INRS (France) (1) définit un EPI comme un dispositif de protection contre un risque professionnel encouru en milieu de travail. Les différents dispositifs visent à protéger l’individu ou un organe contre un risque chimique, physique, traumatique ou biologique. Ainsi on peut recourir à la protection des yeux et de la vision, des oreilles et de l’audition, de l’air inspiré et des poumons et autant pour d’autres organes et fonctions vitales. Il est important de ne jamais perdre de vue que la prévention contre les risques en milieu professionnel recourt aux EPI en dernière instance. Leur absence en situation de risques avérés non contenus par une prévention collective globale ainsi que le refus de leur port témoignent de conditions de travail irresponsables et dégradées. De telles situations impliquent la responsabilité réglementaire (2) aussi bien de l’employeur que du salarié. – Quelle place occupent les EPI dans la politique de prévention en milieu de travail ? Les EPI sont le dernier recours pour préserver la santé et la sécurité de l’opérateur. Ils assurent le dernier rempart, puisqu’appliqués directement à l’échelle de l’individu, avec une efficacité relative, individuelle et limitée contre le risque professionnel. Certains auteurs partisans de l’intégration ergonomique de la prévention n’hésitent pas à les qualifier de « pisaller ». – Quels types d’EPI distingue-t-on ?

Les EPI : dernier barrage aux agents délétères professionnels : En raison de leur nature et l’objectif restreint de leur usage, les EPI s’adressent le plus souvent à protéger un organe ou une fonction physiologique, mais parfois aussi au corps total. Il en est ainsi, dans ce dernier cas, de la protection contre, les rayonnements ionisants par exemple. Dans la liste suivante, un aperçu non exhaustif est donné à titre d’exemple : – les gants (3) : pour protéger les mains, les doigts, les poignets, etc. Leur port protège selon leur composition contre les traumatismes, l’irritation ou la brûlure physique ou chimique, la contamination microbienne, etc. Les gants protègent, mais parfois peuvent se révéler comme une cause de soucis cutanés. Leur composition est déterminée par la nature des travaux à réaliser • cuir : pour le travail manuel à sec, les traumatismes mécaniques minimes : martelage, sciage, manutention de charges… • coton : pour des travaux fins, à sec, exigeant de la dextérité • matières synthétiques : on y recourt pour les travaux humides (eau, solvant…). Leur imperméabilité sélective en détermine le choix. • cote de maille : on l’utilise comme protection contre le risque de coupure. • Gels et autres topiques : Ici, c’est le rôle protecteur du film épidermique superficiel qui est renforcé ou modifié. – les bottes, les chaussures, – les tenues, les vestes, blouses et autres combinaisons de travail,

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– les bouchons, coquilles et casques antibruit, – les masques, les visières et les lunettes, – les casques, calottes, et autres couvre-chefs, – la signalisation : les barrettes fluorescentes, – les masques à cartouches – les masques à apport d’air, d’oxygène,

Les EPI : Normes, efficacité, confort et choix Quelques premiers principes : les organismes qui fabriquent les EPI sont tenus de respecter des normes (nationales ou internationales) dont les principes sont : • ne pas nuire, • ne pas induire une fausse sécurité, • répondre à une norme connue faible, • acceptabilité, • implication des agents-utilisateurs dans le choix.

Les risques possiblement liés aux EPI : -la défaillance dans le rôle protecteur : c’est le risque majeur qui incombe au fabricant, à l’employeur et au chargé de la sécurité en entreprise. – La toxicité systémique : l’exemple des cartouches inadaptées ou surutilisées vis-à-vis de produits chimiques comme les solvants est fréquent. – Les réactions cutanées locales ou générales : • Irritation cutanée simple : cette appellation s’applique aux lésions cutanées lorsqu’elles sont quasi exclusivement liées au contact avec le produit irritant. Relativement bénignes, elles disparaissent spontanément en 3 à 4 jours après la cessation du contact inducteur. • Sécheresse : Il s’agit là d’un phénomène fréquent et passager. L’application de crème ou de gel émollient améliore l’aspect de la peau et la sensation qui s’y rattache. • Acné : rare, il a été décrit chez des équipes de réanimateurs de malades atteints de SRAS en Asie du Sud Est. • Macération et mycoses : elles se voient comme lésions interdigitales nacrées favorisées par l’occlusion des gants ou des bottes. Elles peuvent se compliquer et favoriser une greffe mycélienne. • Photo toxicité : Bien que rare, elle peut être secondaire à l’application de crèmes ou produits dits « écran solaire ». Elle agit par activation aux UV des principes chimiques contenus dans la crème. Elle peut se voir à l’occasion du travail en plein air au soleil ou sous un fort éclairage sur une scène. Cliniquement, elle apparait comme un érythème diffus des zones anatomiques découvertes : visage, cou, avant-bras. Les régions rétroauriculaires et le triangle sous-mentonnier sont épargnés. • Allergie de type I ou eczéma de contact immédiat : rare, c’est quasiment une réaction d’intolérance au port de l’EPI (4). Les manifestations cutanées à type d’érythème et de démangeaisons surviennent dans les minutes qui suivent le port de l’EPI. La réaction immunitaire à médiation hormonale mise en jeu traduit la rencontre du sujet avec l’allergène dans le passé, • Œdème de Quincke et choc anaphylactique : Ici, il s’agit d’accidents chez des sujets antérieurement sensibilisés professionnellement à un EPI. L’accident survient alors par mégarde lors d’un accouchement ou d’une intervention chirurgicale par un opérateur utilisant le même type de gants. • Urticaire : Cliniquement, il s’agit d’une manifestation cutanée érythémateuse œdémateuse en relief limitée ou débordant peu la zone de contact. Les gants (latex) en sont pourvoyeurs. • Phénomène de Koebner : Il s’agit, chez un sujet atteint de psoriasis ou de lichen, de l’apparition de lésions de son affection chronique sur une zone de friction cutanée provoquée par le dispositif de protection (genouillères, souliers de sécurité).

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• Allergie de type II : c’est la plus fréquente des effets indésirables induits par les EPI. Tous les dispositifs de protection peuvent se voir incriminer : gants, chaussures de sécurité, lunettes, masques, casques, coquilles et bouchons d’oreille, voire des combinaisons étanches. L’eczéma, au début, est d’abord préférentiellement limité à la zone de contact. Il s’agit au début de lésions érythémateuses papulo-vésiculaire. Plus tard elles peuvent s’étendre et devenir érythémao-croûteuses et se surinfecter. Le test épicutané à l’allergène en cause est franchement positif. L’allergène le plus fréquemment mis en causes pour les gants et les souliers de sécurité dans l’industrie et les BTP est le chrome.Dans le secteur de la santé, c’est le Latex des gants qui est souvent retrouvé.

Quelle CAT alors ? • la prévention vis-à-vis du risque ambiant reste de rigueur (avec ou sans EPI !), • Irritation, macération, mycose : l’irritation lorsqu’elle n’est pas sévère se résorbe progressivement et spontanément sans traitement particulier. La peau s’adapte en produisant une couche cornée plus épaisse. La macération traduit un mauvais choix d’EPI, ou un port continu sans interruption. Il faut assurer l’aération de l’organe protégé par un EPI non hermétiquement étanche ou percé d’orifices d’aération. La recherche de filaments mycéliens pour confirmer la présence d’une mycose est facile à réaliser en microscopie optique. Elle autorise un traitement aux imidazoles toujours efficace. • type I : interdiction ou éviction. Devant des réactions allergiques cutanées immédiates (eczéma ou urticaire) le choix est simple : changer l’EPI ou éloigner le salarié. • allergies : substitution, exclusion, recommandation: la même CAT est indiquée là aussi : trouver un EPI d’efficacité équivalente non allergisant ou éloigner le salarié. Lorsque l’allergène est classé comme fortement allergisant avec apparition de plusieurs cas, changer l’EPI même chez ceux qui ne présentent pas encore de manifestation. C’est ce qui pourrait être conseillé vis-à-vis de gants en cuir tanné au bichromate de potassium. • déclaration d’AT : l’apparition de lésion cutanée provoquée par le port d’EPI est justiciable d’une déclaration au titre des accidents du travail. • contrôle périodique de l’état des EPI : l’état des EPI, leur efficacité, leur contamination sont de la responsabilité de l’employeur et du chargé de la sécurité de l’employeur. • formation, éducation à la prévention : outre l’obligation d’assurer à ses salariés l’hygiène et la sécurité au travail, la réglementation insiste sur la formation et la sensibilisation des travailleurs.

Iconographie d’illustration Pour l’iconographie et afin d’éviter de trop surcharger ce papier, je vous recommande de consulter le site suivant : http://www.atlasdedermatologieprofessionnelle.com/index.php/Dermatite_d%27irritation_d e_contact

Conclusion L’utilisation d’EPI, bien que réglementairement obligatoire, est parfois associée à des réactions cutanées indésirables. On est donc parfois amené à trouver des alternatives adaptées pour assurer la protection du personnel. Cela suppose des choix appropriés dans l’acquisition des EPI et une information et un suivi soutenus des personnes concernées.

Références 1. Les équipements de protection individuelle des yeux et ... - INRS / ww.inrs.fr › dms › inrs › Catalogue Papier › TI-ED-798 2.Article 5,6 de la loi 90-11 et décret exécutif 91-05 du 19 janvier 1991 3.Le logiciel ProtecPo de l'INRS peut aider au choix du type de gants. 4. Chris C I Foo (2006) : Prévalence de réactions cutanées dues aux EPI portés par le personnel de santé à Singapour lors de l’épidémie de SARS. - Contact Dermatitis. 2006 Nov. 55(5): 291–294.-

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L’asthme peut-il constituer une contre-indication à l’exposition au SRAS — COV2 ? KACED-BENAZZOUZ Nadia, CHERIKH Nadia, IDDER-LAIB Cherifa.

Réponse Contexte réglementaire national et position des sociétés savantes −Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19 (1). −Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 13 du 31.03.2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie du coronavirus COVID-19 (2). −Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu du travail face à l’épidémie COVID-19 (3). −Société française de médecine du travail. AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2. 10 mars 2020 (4). −Société française de médecine du travail. AVIS relatif à l’affectation, dans le contexte de l’épidémie SARS-CoV-2 (Covid-19), des professionnels exerçant en milieu de soins et travailleurs assimilés, présentant un asthme. 7 avril 2020 (5)

Revue bibliographique et commentaires Devant le manque de données de l’interaction entre l’asthme et le COVID-19 (6), le chevauchement des symptômes de l’infection virale des voies respiratoires supérieures aux premiers stades et l’asthme (6) et l’avis de la société française de médecine du travail donné le 10 mars 2020 relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2 ; nous avons écarté tous les asthmatiques. Considérant que le patient asthmatique peut décompenser et exacerber son asthme à tout moment lors d’une pneumonie virale. Signalons que parmi les pathologies respiratoires recensées, au niveau de notre consultation d’aptitude au poste exposant au SARS-COV2, depuis le 18 mars 2020, l’asthme est le plus fréquent. Nous nous sommes basés sur l’anamnèse, le suivi du patient en demandant un compte rendu du médecin traitant, la dernière ordonnance et l’EFR la plus récente afin de déterminer si le soignant est réellement asthmatique. La thérapeutique utilisée et l’état de la fonction ventilatoire nous ont renseignés sur la sévérité et le contrôle de l’asthme. Ce choix de décision a été conforté par les recommandations de la société thoracique canadienne (7) et le consensus d’un groupe d’experts ad hoc composé de spécialistes d’immunologie et de l’allergie des États-Unis et du Canada (6). Le personnel aux antécédents de pneumonie virale ou post-virale récente a aussi été écarté. Nous avons été confortés dans nos décisions d’autant que les notes ministérielles (1, 3) stipulent que les soignants présentant des pathologies respiratoires chroniques susceptibles de décompenser lors d’une infection virale sont considérés comme des personnes risquant des formes sévères (1) et doivent être dispensés des services COVID-19 (3). Les soignants asthmatiques doivent non seulement continuer, mais surtout à bien observer leur traitement habituel (bronchodilatateur inhalé, corticoïdes inhalés, antihistaminiques…) en ces temps de pandémie de COVID-19. Le médecin du travail doit aussi veiller à la surveillance médicale des soignants en ces temps de pandémie.

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Références 1. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19. 2. Ministère de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière. Note ministérielle n° 13 du 31.03.2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie du coronavirus COVID-19. 3. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu du travail face à l’épidémie COVID-19. 4. Société française de médecine du travail. AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2.10 mars 2020. Available from: https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/personnels_a_risque_sfmt_10_mars_2020.pdf. 5. Société française de médecine du travail. AVIS relatif à l’affectation, dans le contexte de l’épidémie SARS-CoV-2 (Covid-19), des professionnels exerçant en milieu de soins et travailleurs assimilés, présentant un asthme. 7 avril 2020. Available from: http://www.churouen.fr/sfmt/autres/Recommandations_SFMT_asthme_et_COVID.pdf. 6. Shaker MS, Oppenheimer J, Grayson M, Stukus D, Hartog N, Hsieh EW, et al. COVID19: pandemic contingency planning for the allergy and immunology clinic. The Journal of Allergy and Clinical Immunology: In Practice. 2020. 7. Licskai C, Yang CL, Ducharme FM, Radhakrishnan D, Podgers D, Ramsey C, et al. Addressing therapeutic questions to help Canadian physicians optimize asthma management for their patients during the COVID-19 pandemic. Canadian Journal of Respiratory, Critical Care, and Sleep Medicine. 2020:1-4.

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Comment mettre en place une consultation « aptitude médicale pour le personnel soignant à risque de COVID-19 sévère ou grave » ? IDDER-LAIB Cherifa, KACED-BENAZZOUZ Nadia, CHERIKH Nadia.

Réponse Mettre en place une consultation d’aptitude aux postes de travail directement exposants au risque important de contamination par le coronavirus c’est donner, au cas par cas, un avis d’aptitude prenant en compte l’importance des facteurs de risque individuels de faire des formes graves et les données du poste de travail occupé où à occuper (1). L’objectif de cette consultation est de protéger les agents, mais aussi de permettre un fonctionnement le moins dégradé possible de la prise en charge de l’ensemble des patients de l’hôpital (1).

Revue de la littérature et de la législation La note n° 12 du Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière MSPRH (2) liste les personnes risquant des formes sévères, les critères et les comorbidités qui exposent les porteurs à des formes sévères de COVID-19 : – Les personnes âgées de 65 et plus. – Les patients aux antécédents cardiovasculaires : hypertensions artérielles (HTA) compliquées, accident vasculaire cérébral (AVC) ou coronaropathie, chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA (New York Heart Association) III et IV. – Les diabètes insulinodépendants (DID) non équilibrés ou présentant des complications secondaires à leurs pathologies. – Les personnes présentant des pathologies respiratoires susceptibles de décompenser lors d’une infection virale. – Les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée et les malades atteints de cancer sous traitement (2,3, 4). La société française de médecine du travail est sur les mêmes groupes de pathologies, elle ajoute par exemple les états d’immunosuppressions, les chimiothérapies pour cancers. Les hospitaliers sont exclus de la liste des travailleurs pouvant bénéficier du congé exceptionnel (article 6 et 7 du décret présidentiel) (5), en cas de demande de retrait, le médecin du travail doit répondre au cas par cas (6). Pour organiser la consultation, tout agent hospitalier, quelle que soit son grade et sa fonction, qui signale un terrain fragile à risque de forme grave de maladie COVID-19, informe sa hiérarchie et la direction des activités médicales et paramédicales (DAMP) pour qu’il soit orienté vers la consultation de médecine du travail pour l’évaluation de son aptitude aux postes de travail directement exposants au risque important de contamination par le coronavirus.

Recommandations Tenant compte des recommandations qui listent des comorbidités contre-indiquant la prise en charge des cas de maladie COVID-19 confirmés ou suspects et de l’étude cas par cas des consultants, nous déconseillons l’affectation aux postes de travail directement exposants au risque important de contamination par le coronavirus les porteurs des comorbidités et état physiologiques suivants (1, 2, 4, 8, 9,10).

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1. Les personnes avec une immunodépression congénitale ou acquise a. médicamenteuses : – chimiothérapie anticancéreuse, – immunosuppresseurs, – corticothérapie à dose immunosuppressive, – antithyroïdiens de synthèse b. Infections à VIH non contrôlés ou avec des CD4 <200/mm3 c. Greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, d. Hémopathie maligne en cours de traitement, e. Splénectomie, 2. les soignantes enceintes Quel que soit l’âge de la grossesse. Il existe actuellement peu de données pour les femmes enceintes, mais elles constituent généralement une population à risque en cas d’infection virale et les données sur les autres coronavirus imposent la prudence. 3. Les soignants présentant des pathologies respiratoires chroniques susceptibles de décompenser lors d’une infection virale. 4. Les patients aux antécédents cardiovasculaires : HTA compliquées ou mal équilibrées, AVC ou coronaropathie, chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA III et IV. 5. Les DID ou présentant des complications secondaires à leurs pathologies. Diabète de type II avec complications ou hémoglobine glyquée supérieure à 9 (HbA1c > 9) 6. Les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée. 7. Les malades atteints de cancer sous traitement, les malades convalescents ou encore sous surveillance étroite 8. Mucoviscidose, sarcoïdose, lupus et autres maladies de système (maladies auto-immunes) 9. Obésité morbide avec indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40. Cette liste n’est pas exhaustive et pourra être mise à jour. Cette liste est basée sur la note ministérielle n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19 (2). Les mesures particulières aux soignants présentant un risque de forme sévère de la maladie COVID-19 (11) Les missions du médecin du travail sont la protection de la santé du personnel hospitalier tout en veillant à la continuité du service en maintenant la capacité soignante des établissements par la préservation de la ressource humaine. D’éventuels manques de ressources en personnel soignant disponible pourront conduire à adapter les recommandations actuelles et les préconisations de protection du personnel exposé (7, 8, 9,10). Pour les services ou unités dédiés pour les cas suspects ou confirmés, graves ou non graves de la maladie COVID-19 et impliquant des procédures exposantes : retirer dans la mesure du possible de ces services le personnel soignant présentant les comorbidités citées cidessus. Pour les services ou unités non dédiés, mais qui peuvent accueillir des patients sans signes faisant craindre une infection, et qui peuvent évidemment se révéler secondairement positifs : le personnel soignant présentant les comorbidités citées ci-dessus ne doit pas assurer des soins directs aux patients atteints de la maladie COVID-19 probables ou avérés. Il faut donc des mesures de prévention renforcées et doivent être adoptées aux soignants présentant un risque de forme sévère de la maladie COVID-19 (1, 3, 7, 11) : • Renforcer les consignes (cf. recommandation d’hygiène des mains). • Donner la consigne du port d’un masque toute la journée dans le respect des conditions d’utilisation, de tolérance et de changement/manipulation.

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Références 1. Rapport sur l’état des activités du service de médecine du travail du CHU de Beni Messous 2. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19. 3. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note n° 15 du MSPRH relative à la protection des personnels de santé face à l’infection COVID-19. 4. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu du travail face à l’épidémie COVID-19. 5. Décret exécutif n° 20-69 du 21-03-2020 relatif aux mesures de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus (COVID-19) 6. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle n° 13 du 31.03.2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie du coronavirus COVID-19. 7. Société française de médecine du travail. AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2.10 mars 2020. Available from: https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/personnels_a_risque_sfmt_10_mars_2020.pdf. 8. Recommandation SFMT/MTPH du 23 mars 2020 pour les équipes de santé au travail prenant en charge des établissements de santé où sont hospitalisés des patients COVID-19+. https://www.presanse.fr/wp-content/uploads/2020/03/CAT-SFMTCOVID_VF.pdf 9. Société française d’Hygiène Hospitalière. AVIS relatif aux mesures d’hygiène pour la prise en charge d’un patient considéré comme cas suspect, possible ou confirmé d’infection à 2019-nCoV. 28 janvier 2020 10. Lancet T. COVID-19 : protecting health-care workers. Lancet (London, England) (Internet). 2020 ; 395 (10 228) : (922 p.). 11. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Note ministérielle Note n° 20 du 5 mai 2020 relative à l’actualisation de cas COVID-19.

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Comment prendre en charge le burn out en situation de pandémie ? Kandouci Chahrazade.

Réponse Le burnout, dit épuisement professionnel, est devenu un des risques contemporains majeurs pour les salariés. L'actuelle pandémie de Coronavirus (Covid-19) augmente ce risque pour certains salariés, qu'il convient de protéger. De nombreux employés devant obligatoirement continuer à travailler durant cette période sont soumis à un risque fort d’épuisement professionnel. Il faut en effet tenir compte des heures de travail, de l’intensité du travail, du stress permanent, de la tension permanente, de la peur continuelle de la contamination et de contaminer ses proches à son retour. Le stress, l'anxiété et la dépression peuvent être considérés comme des réactions émotionnelles normales face à une pandémie ; Les travailleurs de la santé sont à plus haut risque d'exposition au virus et ont un impact psychologique plus important que ceux qui sont moins exposés.

La prise en charge individuelle : La première étape est un accompagnement professionnel : Il faut apprendre au patient souffrant de burnout à reconnaître sa surcharge, à en parler avec son supérieur hiérarchique et évaluer les possibilités de décharge et de soutien. Il faut aussi mettre en place des dispositifs de prise en charge psychologique surtout pour le personnel de soins et de repérer les employés qui sont susceptibles de développer un stress post-traumatique ou des troubles d’ordre psychologique. Par ailleurs le télé travail mis en place par certaines entreprises est une organisation nouvelle pour laquelle les employés n’ont pas été préparé ; et les managers ne sont pas non plus formés à un management à distance et peuvent ne pas se rendre compte de l’impact de leurs comportements. Une bonne gestion du télétravail repose sur une organisation stricte que le salarié doit de luimême s’imposer : - des horaires fixes, établir un marqueur précis du terme de la journée de travail. - aménager un lieu dédié au télé travail dans le logement - se déconnecter régulièrement en faisant des pauses et en essayant de conserver des horaires de travail similaire à d'habitude. La deuxième étape consiste en un accompagnement de vie (coaching), la recherche d’un nouvel équilibre de l’aménagement du quotidien est au premier plan. Le patient souffrant de burnout doit prendre des distances plus nettes avec son travail et incorporer d’avantage d’activités reposantes et intéressantes à son agenda : se réservez du temps en famille, pour faire des activités loin des écrans, du sport, de la relaxation, et prendre des nouvelles de ses proches. -Les thérapies corporelles, les thérapies créatives (art, peinture, ergothérapie), les massages, le sport sont recommandés. -Les méthodes éducatives et comportementales sont surtout indiquées dans la gestion du stress. Son indication dépend de l’importance des symptômes cliniques. Elle doit être envisagée en

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cas de : troubles du sommeil persistants, troubles anxieux et dépression. Si un arrêt de travail de plusieurs semaines se profile chez le patient souffrant de burnout, un séjour dans une clinique spécialisée est la plupart du temps indiqué.

Action sur l’environnement professionnel : Identifier les contraintes organisationnelles et psychosociales avec lesquelles le salarié est en relation afin de mener des actions correctrices adéquates ; • Veiller à ne pas surcharger certains postes ou certains salariés • Favoriser le soutien social et éviter l’isolement : Le maintien des contacts sociaux est de plus en plus difficile dans le contexte des exigences de distanciation sociale : c’est le cas les professionnels de la santé qui négligent souvent les relations avec leurs amis et leur famille en raison de la lourde charge de travail ou des préoccupations concernant l'infection des autres en raison de leur propre exposition professionnelle au virus. • Renforcement du travail en équipe tout en respectant les mesures de distanciation. • La création d'un environnement psychologiquement sûr • La reconnaissance du travail accompli • Être vigilant au traitement équitable des salariés • Éviter les conflits éthiques autour de la qualité du travail en partageant les objectifs et les manières de faire pour les atteindre. • Des stratégies organisationnelles claires pour le bien-être du personnel, une communication cohérente et un soutien d'équipe important.

Références 1. Holly Blake & co. “Mitigating the Psychological Impact of COVID-19 on Healthcare Workers: A Digital Learning Package “International Journal of Environmental Research & Public Health 2020, 17(9),2997; https://doi.org/10.3390/ijerph17092997 2. Valérie Pezet- Langevin « burn out : mieux connaitre l’épuisement professionnel », hygiène et sécurité du travail N°237- Décembre 2014 3. Le syndrome d’épuisement professionnel ou burn out. Mieux comprendre pour mieux agir. DGT, Anat, INRS. Guide d’aide à la prévention N° ISBN : 978-2-11-12998-8 4. Toni Brühlmann, surmenage ou sous-menage : stress dangereux pour la santé ; fatigue en cas de burn out et bore out. Revue médicale suisse 2015 ; 11(471) : 923-926 5. Guéritault-Chalvin, C. Cooper .Mieux comprendre le burnout professionnel et les nouvelles stratégies de prévention : un compte rendu de la littérature Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive 2004, 14, 2, 59-70.

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Quelle attitude adopter pour l’aptitude du personnel de santé en fonction de l’âge ? Chaib Samia, Gueroui Said

Réponse Au cours de cette pandémie, le risque de contamination par le Covid-19 concerne toute la population, quel que soit l’âge. Selon les données, de la littérature scientifique internationale, le risque de développer une forme grave, voire le décès est plus élevé chez les groupes de patients les plus âgés et/ou avec des comorbidités (1, 2). En effet, les estimations de la proportion de personnes infectées susceptibles d’être hospitalisées ont augmenté avec l’âge jusqu’à un maximum de 18,4 % (11,0 - 7,6) chez les personnes âgées de 80 ans ou plus (3). Chez la population générale en Chine, bien que la majorité des cas signalés soient bénins (81 %), environ 80 % des décès sont survenus chez des adultes âgés de plus de 60 ans (4). Aux USA, des données récentes des CDC (Centers for Disease Control and Prevention) indiquent que les taux d’hospitalisations, d’admissions en soins intensifs et de mortalité parmi les cas de COVID-19 signalés sont substantiellement plus élevés chez les patients de plus de 45 ans, avec des taux de létalité dépassant 1,4 % chez les patients âgés de 55 à 64 ans et dépassant 2,7 % chez ceux âgés de 65 à 74 ans (4). Ces estimations donnent une indication du taux de mortalité à travers le spectre de la maladie COVID-19 et montrent un fort gradient d’âge dans le risque de décès (3). En Italie, au 30 mars 2020, le taux de létalité déclaré est de 0,7 % pour les personnes âgées de 40 à 49 ans, et de 27,7 % pour les personnes âgées de plus de 80 ans, avec 96,9 % des décès chez les personnes âgées de 60 ans et plus. L’Italie est l’une des populations les plus âgées, avec 23,3 % de sa population de plus de 65 ans, contre 12 % en Chine. Le fardeau global des cas graves et de la mortalité reflète les liens entre la répartition par âge des cas précoces, la structure par âge de la population et les liens intergénérationnels (5). Dans une revue systématique et une métanalyse, l’âge avancé était fortement associé à la forme sévère de Covid-19 dans les huit études éligibles, avec un risque relatif (RR) >5 chez les 60-65 ans vs les moins de 50 ans (6). En Angleterre, les premières données d’une étude réalisée sur la plateforme Opensafely révèlent une augmentation du risque de décès en fonction de l’âge et des comorbidités (7). En Algérie, selon les données du ministère de la Santé, le 24 avril 2020, le nombre de cas confirmés est de 19,7 % pour la tranche d’âge 50-59 ans, et de 35,3 % pour les plus de 60 ans. Le nombre de décès est de 74 pour la tranche d’âge 50-59 ans, et de 306 pour les plus de 60 ans (8). Le secteur de la santé n’est pas épargné du risque d’infection nosocomiale au Covid-19. En effet, jusqu’à 10 % des cas signalés en Chine et jusqu’à 9 % de tous les cas en Italie concernaient le personnel de la santé (9). En France, au 20 mars 2020, le nombre de médecins contaminés par le Covid-19 est de 870. La répartition pour les tranches d’âge : moins de 40 ans, 40 à 60 ans et plus de 60 ans, est respectivement de : 33,68 %, 42,53 % et 23,79 % (10). Il est à noter qu’il n’existe pas d’étude concernant les facteurs de risque, notamment âge et comorbidités chez les travailleurs de la santé infectés par le Covid-19 (11). Cependant, il faut tenir compte de ces deux variables pour l’avis d’aptitude des personnels de santé prenant en charge des patients Covid-19 positifs ou suspects. En outre, il faut évaluer le risque d’exposition au Covid-19 dans les services. Ces services devraient être classés en fonction du flux de patients potentiellement ou certainement infectés par le Covid-19 (en se référant à l’avis de la SFMT du 23 mars 2020 (12)), selon les textes réglementaires algériens et en fonction de l’organisation de chaque structure sanitaire :

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Classe 1 : Les services assurant l’accueil et la prise en charge des patients Covid+ confirmés ou en attente de confirmation éligibles à des soins intensifs (cas graves). Classe 2 : Les services assurant l’accueil et la prise en charge des patients Covid+ confirmés ou en attente de confirmation non éligibles à des soins intensifs (cas non graves). Classe 3 : Les services ou consultations non dédiés, pouvant accueillir des patients sans signes Covid, et qui peuvent évidemment se révéler secondairement positifs. Classe 4 : Les services accueillant des patients fragiles (hématologie, oncologie, etc.) pour lesquels tout doit être fait pour éviter une contamination des patients. L’attitude à adopter pour l’avis d’aptitude est la suivante : (1, 12, 13). La décision d’aptitude est à prendre au cas par cas. Les personnels de plus de 50 ans affectés dans les services dédiés à la prise en charge des patients Covid-19 (classe 1 et 2) doivent être informés des risques encourus à fortiori s’ils sont atteints de maladies chroniques. Et les doter des moyens de protection notamment du port obligatoire de masques FFP2. En particulier, en cas d’impossibilité de remplacement de ces personnels. Il convient d’éviter le contact avec les patients suspects ou confirmés. Et adopter les mesures de prévention suivantes : – Renforcer les recommandations d’hygiène des mains. – Le soignant doit porter un masque en respectant les consignes du bon usage du masque, et faire porter aussi au patient suspect un masque chirurgical. – Un masque chirurgical correctement porté est plus efficace qu’un masque FFP2 incorrectement porté. – Réserver les masques FFP2 aux situations d’exposition particulière à risque (ventilation, intubation, prélèvements respiratoires, kinésithérapie…) ou exclure ces personnels de ces tâches particulières. – Mesures barrières ou mesures de distanciation sociale spécifique aux personnes fragiles : Pour les personnels de plus de 65 ans, les exclure de l’activité présentielle et mettre en œuvre systématiquement des moyens de communication alternatifs dans le cadre de leur activité d’apprentissage ou professionnelle : e-learning, travail à distance, téléconsultation ou consultation par téléphone, téléconférence… Concernant, les services non dédiés au Covid-19, les personnels maintenus au travail doivent appliquer les mesures de prévention et de distanciation sociale.

Références 1. Andujar P, Petit A, Bensefa-Colas L, et al. Société Française de Médecine du Travail. Avis Relatif à l’âge et à l’affectation des travailleurs en milieu de soins : Risques d’apparition de formes sévères et de décès chez les personnels soignants atteints par le COVID par classe d’âge. Avis publié le 6 avril 2020. http:// Doi : 10.1016/j.admp.2020.04.006. 2. Muniyappa R , Gubbi S . COVID-19 Pandemic, Coronaviruses, and Diabetes Mellitus. Am J Physiol Endocrinol Metab. 2020 May 1;318(5):736-741. http://:doi: 10.1152/ajpendo.00124.2020. Epub 2020 Mar 31.PMID: 32228322 3. Verity R, Okell LC, Dorigatti I, et al. Estimates of the severity of coronavirus disease 2019: a model-based analysis. Lancet Infect Dis. 2020 Mar 30. S1473-3099(20)30243-7. www.thelancet.com/infection Published on line March 30, 2020: https://doi.org/10.1016/S1473-3099(20)30243-7 4. CDC COVID-19. Response Team. Severe Outcomes Among Patients with Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) - United States, February 12-March 16, 2020. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2020 Mar 27;69(12):343-346. https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6912e2.htms_cid=mm6912e2_w 5. Dowda JB, Andrianoa L, Brazela DM, et al. Demographic science aids in understanding the spread and fatality rates of COVID-19.ALeverhulme Centre for Demographic Science,

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Nuffield College, University of Oxford, Oxford OX1 3UQ, United Kingdom Edited by Douglas S. Massey, Princeton University, Princeton, NJ, and approved April 8, 2020 (received for review March 17, 2020). 6. Matsushita K et al. The relationship of COVID-19 severity with cardiovascular disease and its traditional risk factors: A systematic review and meta-analysis. medRxiv (2020). 7. The OpenSAFELY Collaborative. Open safely: factors associated with Covid-19-related hospital death in the linked electronic health of 17 million adult NHS patients). medRxiv preprint doi: https://doi.org/10.1101/2020.05.06.20092999. Version postée le 7 Mai 2020. 8. http://covid19.sante.gov.dz/carte/. 9. ECDC technical report. Infection prevention and control and preparedness for COVID-19 in healthcare settings. Second update: 31 March 2020. 10. https://urgences-serveur.fr/ 11. Buerhaus PI, Auerbach DI, Staiger DO. Older Clinicians and the Surge in Novel Coronavirus Disease 2019 (COVID-19). JAMA. 2020 Mar 30. doi:10.1001/jama.2020.4978. 12. Recommandations de la Société Française de Médecine du Travail (SFMT) du 23 mars 2020.http://www.chu-rouen.fr/sfmt/autres/Criteres_evictions_COVID19_SFMT_23_mars_2020.pdf 13. le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Avis relatif à la prévention et à la prise en charge des patients à risque de formes graves de COVID-19 ainsi qu’à la priorisation des tests diagnostiques. 31 mars 2020.

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Quelle relation entre l’âge et le décès et les formes graves de Covid-19 ? Hamadouche Mohamed

Réponse L’âge avancé est un facteur de risque de formes graves de la Covid-19 et de décès (1, 2). En Algérie, le taux de mortalité est de 20,8 % dans la classe d’âge ≥ 60 ans, contre 8,77 % et 2,08 % respectivement dans les classes 50-59 ans et 25-49 ans (Tableau 1) (3). Tableau 1 : Répartition des cas de Covid-19 et de la mortalité par classes d’âge (5 mai 2020) (3). Classes d’âge (ans) Patients (n)

Patients (%)

Décès (n)

Mortalité (%)

<15

96

1,92

1

1,04

15 à 24

195

3,90

1

0,51

25 à 49

1925

38,51

40

2,08

50 à 59

878

17,56

77

8,77

≥ 60

1716

34,33

357

20,80

Une étude chinoise montre une corrélation entre l’âge d’une part et les formes graves et le risque de décès d’autre part, la relation devient plus nette à partir de l’âge de 50 ans (tableau 2). Les auteurs rapportent un taux de mortalité ajusté sur certaines co-variables de 6,38 % dans la catégorie d’âge ≥ 60 ans et de 0,32 % dans la catégorie d’âge < 60 ans (4). Tableau 2 : Proportions de formes graves et de décès par catégorie d’âge chez les personnes atteintes de la COVID-19 en Chine (4). Catégories d’âge (ans) Proportion de personnes atteintes hospitalisées Taux de létalité ajusté 0à9

0,00 % (0,00–0,00)

0,00 % (0,00-0,04)

10 à 19

0,04 % (0,02-0,08)

0,01 % (0,00-0,08)

20 à 29

1,04 % (0,62-2,13)

0,06 % (0,03-0,13)

30 à 39

3,43 % (2,04-7,00)

0,15 % (0,10-0,26)

40 à 49

4,25 % (2,53-8,68)

0,30 % (0,22-0,42)

50 à 59

8,16 % (4,86-16,7)

1,25 % (1,03-1,55)

60 à 69

11,8 % (7,01-24,0)

3,99 % (3,41-4,55)

70 à 79

16,6 % (9,87-33,8)

8,61 % (7,48-9,99)

> 80

18,4 % (11,0-37,6)

13,4 % (11,2-15,9)

Dans l’étude américaine, les proportions de formes graves de Covid-19 et de décès augmentent également avec l’âge. Cette association parait plus forte après 65 ans pour les formes sévères, et au seuil de 55 ans pour la mortalité (Tableau 3) (5). Récemment, une méta-analyse (6) confirme le lien révélé par les études précédentes concernant les formes graves (tableau 4a) et la mortalité (tableau 4 b). L’âge avancé était associé à une COVID-19 sévère dans les huit études éligibles avec un risque relatif d’environ 5 dans la catégorie de 60-65 ans comparativement à la catégorie de moins de 50 ans. Dans 3 études, le risque relatif de l’âge est resté stable après ajustement sur les co-variables. L’âge avancé apparait comme un FDR de formes graves et de mortalité chez les patients Covid-19. Un excès de risque apparait dès l’âge de 50 ans et devient net vers l’âge de 60 à 65 ans. Tableau 3 : Proportions de formes graves et de décès par Covid-19 aux États-Unis (5).

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Catégories d’âge (ans) Hospitalisation

Admission en soins intensifs Décès

0–19

1,6–2,5

0

0

20–44

14,3–20,8

2,0–4,2

0,1–0,2

45–54

21,2–28,3

5,4–10,4

0,5–0,8

55–64

20,5–30,1

4,7–11,2

1,4–2,6

65–74

28,6–43,5

8,1–18,8

2,7–4,9

75-84

30,5-58,7

10,5–31,0

4,3–10,5

≥85

31,3–70,3

6,3–29,0

10,4–27,3

Tableau 4a : Estimation du risque (Odds-ratio/Hazard ratio) de COVID-19 sévère par âge comparativement à une catégorie de référence (6). Étude

Nombre d’évènementsRéférence

Comparaison (Odds-ratio/Hazard ratio)

Bhatraju PK 18 ventilations artificielles <60

60-70 : 3.50 (0.24-51.90) 70-80 : Non applicable >80 : 0.33 (0.03-3.93)

Lian JS

58 SDRA

<60

≥60 : 3.59 (2.04, 6.30

US CDC

121 USI

20-44

45-54 : 2.80 [1.43-5.49] 55-64 : 2.41 [1.21-4.83] 65-74 : 4.33 [2.29-8.20] 75-84 : 5.78 [2.90-11.51] ≥85 : 3.29 [1.40-7.76]

US CDC_2

457 USI

19-64

≥65 : 1.21 [0.96-1.52]

Wu CM

84 SDRA

<65

≥65 : 3.26 [2.08-5.11]

SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë ; USI : admissions en unité de soins intensifs. Tableau 4 b : Estimation du risque [Odds-ratio/Hazard ratio] de décès chez les personnes atteintes de COVID-19 par âge dans les études éligibles (6). Étude

Nombre d’évènements Catégories Référence Comparaison [Odds-ratio/Hazard ratio]

Chen T

113 décès

<60

≥60 : 8.55 [4.75-15.40]

Cheng YC

113 décès

≤ 65

>65 : 2.43 [1.66-3.56]

China CDC

1023 décès 20-29

30–39 : 1.23 [0.51-2.94] 40–49 : 2.29 [1.03-5.15] 50–59 : 6.79 [3.17-14.54] 60–69 : 19.3 [9.1-40.8] 70–79 : 44.6 [21.1-94.6] ≥80 : 89.4 [42.0-190.5]

Onder G

1625 décès 30-39

40–49 : 1.33 [0.42-4.26] 50–59 : 3.36 [1.20-9.37] 60–69 : 12.05 [4.45-32.63] 70–79 : 48.77 [18.20-130.63] ≥80 : 84.10 [31.43-225.06]

Yang XB

32 décès

50-59 : 6.75 [1.16-39.20] 60-69 : 5.50 [1.06-28.42] ≥70 : 27.00 [2.34-311.17]

30-49

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Références 1. HCSP. Haut Conseil de la santé publique. Communication sur les mesures particulières applicables aux soignants présentant un risque d’infection sévère a covid-19. 17/03/2020 www.gepso.fr/static/uploads/2020/03/communication_sur_les mesures_particulières_applicables_aux soignants. 2. MSPRH. Ministère de la Sante, de la Population et de la Réforme Hospitalière. Note n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie coronavirus COVID-l9. 3. MSPRH. Ministère de la Sante, de la Population et de la Réforme Hospitalière. Carte épidémiologique http://covid19.sante.gov.dz/carte/03/05/2020. 4. Verity R, et al. Estimates of the severity of coronavirus disease 2019: a model-based analysis. Lancet Infect Dis. 2020 Mar 30. 5. CDC. COVID-19 Response Team. Severe Outcomes Among Patients with – Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) - United States, February 12-March 16, 2020. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2020 Mar 27;69(12):343-346. 6. Matsushita K et al. The relationship of COVID-19 severity with cardiovascular disease and its traditional risk factors: A systematic review and meta-analysis. medRxiv (2020).

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Faut-il faire une visite médicale préalable à l’affectation aux activités COVID-19, chez un soignant au préalable apte à son poste de travail ? CHERIKH Nadia, KACED-BENAZZOUZ Nadia, IDDER-LAIB Cherifa.

Réponse La visite médicale préalable à l’affectation aux activités COVID-19, chez un soignant est primordiale, particulièrement chez le personnel soignant présentant une pathologie sousjacente à risque de faire une forme grave de COVID19, préalablement apte à son poste de travail et qui est nouvellement affecté ou détaché à assurer des activités de soins au niveau d’un service dédié à la prise en charge des cas COVID-19. La réévaluation de son aptitude à sa nouvelle activité est nécessaire, elle a pour objet de : • S'assurer que le travailleur est médicalement apte à la prise en charge des patients porteurs du SRAS – COV2 ; • Dépister les personnes vulnérables au coronavirus SARS-CoV-2, susceptibles de développer des complications liées à la maladie COVID-19 (1,2). • Dispenser des activités de soins au niveau, des services dédiés à la prise en charge des patients COVID-19, les personnels de santé vulnérables au coronavirus SRAS-Cov2 présentant des comorbidités susceptibles de développer des formes sévères de COVID-19 (2). • Identifier si l’état de santé du soignant (présence de comorbidités) ou les risques auxquels il est exposé (SRAS-Cov-2) nécessitent un aménagement professionnel ; • Proposer éventuellement les adaptations du poste dédié à l’hospitalisation des cas suspects ou confirmés d’infection COVID -19 (services de réanimation, pneumologie, médecine interne, infectiologie ou l'affectation à d'autres postes non dédiés (1). • Recueillir des informations sur les conditions d’exposition du salarié ; • Informer les soignants sur les risques liés à leur exposition professionnelle au SRASCOV2 et sur les mesures de prévention collectives et individuelles adaptées à leur poste de travail (3,4). • Rappeler les gestes barrières participant à cette prévention (3,4).

Références 1. 2. 3. 4.

Note n°12 du 23 Mars 2020 relative à la mise en place du dispositif de prise en charge d’un patient COVID-19 Note n°18 du 26 Avril 2020complétant la note n°13 du 31 Mars 2020, relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à I ‘épidémie coronavirus COVID-l9 Note n°15 du 08 Avril 2020 relative a la protection des personnels de santé face à l'infection COVID -19 Note n°13 du 31Mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l'épidémie du coronavirus (COVID-19)

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Thème 4 : évaluation et promotion des capacités de travail–maintien dans l’emploi et COVID-19

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Les soignants positifs et sans symptômes et positifs au SARS-CoV-2 peuvent-ils continuer à assurer leurs activités ? CHERIKH Nadia, KACED-BENAZZOUZ Nadia, IDDER-LAIB Cherifa.

Réponse Pour les professionnels de santé asymptomatiques et qui ont un résultat positif au COVID 19, travailler est exceptionnellement permis si ceci est nécessaire pour garantir la continuité des soins, à condition de respecter les mesures d’hygiène pour les personnes-contacts à haut risque :

Membre du personnel asymptomatique qui a un résultat positif de la PCR : Cas confirmé, selon la définition des notes numéro 4, 5, 9, 18 et 20 du ministère de la Santé (1, 2, 3, 4, 5). ⁃ Il doit être écarté pendant une période de 14 jours avec surveillance quotidienne de l’apparition des symptômes COVID-19. Cela signifie que le membre du personnel doit rester en isolement à domicile pendant seulement 14 jours après l’obtention du résultat (2). ⁃

Un 1er prélèvement de contrôle doit être réalisé une semaine après la confirmation de la positivité virologique (6). 1re situation : • •

Si ce prélèvement est négatif, il faut le refaire 24 h après Si le 2e prélèvement est négatif, la guérison est déclarée, l’isolement peut être levé et le personnel peut reprendre son travail (6). 2e situation : • Si le prélèvement de contrôle est positif, • Il faut le refaire tous les 3 jours jusqu’à négativité • Dès que le prélèvement est négatif, la guérison est déclarée, l’isolement peut être levé et le personnel peut reprendre son travail (6). 3e situation : Si la disponibilité du personnel est réduite et le prélèvement de contrôle est toujours positif, le personnel peut continuer à travailler, il faut par conséquent : • Respecter les précautions standards, et les précautions complémentaires de type « air » ainsi que de type « contact », selon la note ministérielle n° 5 (3). • Organiser le travail dans la mesure du possible de manière à éviter tout contact avec des patients immunodéprimés et l’accès à la chambre d’isolement des patients COVID19 + • Adopter les mesures de distanciation avec les collègues (7). Dans les 3 cas, il faut effectuer un autocontrôle de l’apparition de symptômes de COVID-19 et si tel est le cas, appliquer les mesures pour une personne symptomatique (6).

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Références 1. Note n° 04 du 20 février relative à la mise à jour des définitions et des modalités de surveillance, détection, notification et conduite à tenir devant un cas suspect ou confirmé d’infection par le nouveau coronavirus COVID-19 2. Note n° 5 du 27 février 2020 relative à la gestion du cas suspect et/ou confirme COVID-19 et des cas contacts 3. Note n° 9 relative à la gestion du cas suspect ou confirmé COVID-19 et des sujets contacts 4. Note n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020, relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à I « épidémie coronavirus COVID-l9 5. Note n° 20 du 5 mai 2020 relative à l’actualisation de la définition de cas COVID-19 6. Note n° 7 du 8 mars 2020 relative aux critères de guérison d’un cas COVID-19 et des sujets contacts infectés 7. Note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie du coronavirus (COVID-19)

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Comment évaluer l’aptitude à reprendre le travail après une contamination au COVID-19 ? CHERIKH Nadia, KACED-BENAZZOUZ Nadia, IDDER-LAIB Cherifa.

Réponse ⁃

Selon la note ministérielle n° 18 du 26/04/2020, la reprise du travail après une infection COVID-19 est assujettie à l’examen par un médecin de travail (1). ⁃ Un avis d’aptitude à la reprise prenant en compte l’état clinique du personnel, l’importance des facteurs de risque individuels de formes graves et les données du poste de travail où est actuellement affecté. ⁃ L’évaluation doit se faire au cas par cas (2). Le critère virologique de levée de confinement appliqué aux formes modérées et graves sera pris en compte dans la limite des possibilités de réalisation des prélèvements et des tests

1re situation : Si le personnel de santé est asymptomatique et qui a un résultat positif au COVID -19 Si la disponibilité du personnel est réduite : le personnel peut reprendre son travail, mais il faut par conséquent : ⁃ ⁃ ⁃ ⁃

Respecter les précautions standards, et les précautions complémentaires de type « air » ainsi que de type « contact », selon la note ministérielle n° 5 (3). Organiser le travail dans la mesure du possible de manière à éviter tout contact avec des patients immunodéprimés et l’accès à la chambre d’isolement des patients COVID-19 + Adopter les mesures de distanciation avec les collègues (4). Effectuer un autocontrôle de l’apparition de symptômes de COVID-19 et si tel est le cas, appliquer les mesures pour une personne symptomatique (3).

Si la disponibilité du personnel n’est pas réduite : ⁃ Confinement à domicile 14 jours après le dépistage (3). ⁃ Effectuer un autocontrôle de l’apparition de symptômes de COVID-19 (3). ⁃ Refaire Test PCR au plus tôt au 14e jour ⁃ Si le personnel soignant est toujours asymptomatique avec Test PCR positif : • La levée du confinement et la reprise du travail peuvent se faire après 14 jours (1). • Avec respect strict des mesures de protection collectives et individuelles (4).

2e situation : Si le personnel de santé aura présenté une forme bénigne de la COVID-19, pour laquelle la prise en charge sera restée en ambulatoire (5). La levée du confinement et la reprise du travail peuvent se faire : ⁃ Au plus tôt au 14e jour après guérison (1). ⁃ Après disparition des symptômes (fièvre et signes respiratoires) ⁃ Avec respect strict des mesures de protection collectives et individuelles (4).

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3e situation : Si le personnel de santé aura présenté une forme modérée à sévère de la COVID-19 pour laquelle la prise en charge sera en milieu hospitalier (5). La levée du confinement et la reprise du travail dépendent de la guérison et peuvent se faire : ⁃ Si le personnel est stable, la guérison est justifiée par 2 tests virologiques (RT-PCR) négatifs à 24 h d’intervalle après disparition des symptômes et confinement à domicile pendant 14 jours après guérison (1).

4e situation : Si le personnel de santé a développé une forme grave de COVID-19 : ⁃ ⁃

L’évaluation de la reprise doit se faire au cas par cas (2). La sortie de l’hôpital dépend de la guérison justifiée par deux tests virologiques (qRTPCR) négatifs à 24heures d’intervalle après disparition des symptômes (1). ⁃ Le conseil scientifique de Béni-Messous recommande chez ce personnel qu’en cas de négativité des Tests PCR et/ou test rapide, de les refaire au 5e jour et la levée du confinement est décidée en fonction des résultats de la TDM thoracique réalisée un mois si stable, sinon en fonction des données cliniques et suivi respiratoire (annexe1). ⁃ Cependant, le comité scientifique recommande l’isolement de quatorze jours après guérison avec le port de masque chirurgical en présence d’une tierce personne (1). Le comité scientifique du CHU de Béni-Messous recommande pour les cas modérés, sévères et critiques, la sortie si stable mettre en confinement à domicile de 14 jours, voir 40 jours en cas de difficulté à la réalisation des tests PCR ou si test PCR toujours positif.

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Références 1. Note n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n° 13 du 31 mars 2020, relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à I’épidémie coronavirus COVID-l9 2. Les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) française pour la levée du confinement (mars 2020)/https://epidemio.wivisp.be/ID/Documents/Covid19/COVID-19_procedure_contact_FR.pdf 3. Note n° 5 du 27 février 2020 relative à la gestion du cas suspect et/ou confirme COVID19 et des cas contacts 4. Note n° 13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à l’épidémie du coronavirus (COVID-19) 5. Note n° 12 du 23 mars 2020 relative à la mise en place du dispositif de prise en charge d’un patient COVID-19

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Thème 5 : outils et méthodes et COVID-19

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Comment le médecin du travail doit-il communiquer avec les patients COVID suspects ou confirmés qui l’interpellent pour des demandes d’aménagements de poste de travail ? BEHLOULI Ahmed Lakhdar.

Réponse Au poste de travail exposant à la maladie Covid-19, les salariés sont stressés, alarmés et se posent plusieurs questions qui concernent le maintien au poste, les mesures préventives, l’inaptitude temporaire avec ou sans confinement, la reprise du travail en situation exposée ou non… À cet effet, le médecin du travail sera amené à communiquer avec ses patients afin de satisfaire leur questionnement. Une mise en place d’une consultation en psychologie est recommandée (1). Dans le cadre de la relation d’aide avec ces patients, le médecin du travail doit établir une communication qui inclut un double processus : comprendre les sentiments exprimés par les patients et leur répondre de façon « aidante ». Pour communiquer, le médecin du travail doit posséder la capacité d’écouter attentivement, d’observer et de comprendre les messages qui lui sont adressés, ainsi que des aptitudes à exprimer sa compréhension et transmettre ses réponses de manière utile. La verbalisation du patient en difficulté apaise sa souffrance et lui permet de recevoir du soutien. Cependant, une grande part de la communication est non verbale (aspect extérieur, vêtements, mouvements du corps, expression du visage…) (2). Le médecin du travail doit, lorsqu’il écoute, le faire attentivement en établissant un contact visuel efficace avec le patient, éviter d’interrompre la discussion précocement afin de vouloir « corriger » ce qui vient d’être dit, alors que le patient n’a pas encore tout dit, clarifier les propos du patient pour être sûr de bien comprendre son message (3). Le médecin du travail doit également être attentif, lorsqu’il doit s’exprimer, en établissant et en maintenant un contact visuel approprié et direct, il doit formuler peu de questions, mais significatives et ouvertes pour pouvoir obtenir plus de renseignements et éviter les phrases trop longues ou répétitives qui donnent l’impression de ne pas être compris. Et enfin, le médecin du travail doit prendre conscience de ses propres émotions et comprendre également les signaux non verbaux qu’il envoie aux autres : — Signaux d’attention : se pencher légèrement vers la personne, se placer en face, maintenir un contact visuel, adopter une position ouverte et détendue. — Signaux de compréhension : hochements de tête, expressions du visage appropriées, expressions comme « Ah ! », « Hum ! », « Oh ! », combinées à des gestes cohérents des yeux et du visage (4).

Références 1. J-D Dewitte. Recommandations pour les équipes de santé au travail prenant en charge des établissements de santé où sont hospitalisés des patients Covid-19. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement. 2020. 2. Josse E. Les techniques de communication dans la relation d’aide psychologique. Notions de base. 2019. En ligne sur http://www.resilience-psy.com/spip.php?article377. 3. Gottman, John. The Relationship Cure, New York, Three Rivers Press. 2002. 4. Mehrabian, A. Non verbal Communication, New Brunswick, NJ, Aldine Transaction. 2007.

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Quelles sont les institutions qui doivent informer et/ou le médecin du travail doit-il chercher l’information concernant ses interventions ? BEHLOULI Ahmed Lakhdar.

Réponse Le médecin du travail est confronté, lors de l’exercice de sa fonction, à des situations où il aurait besoin d’un avis ou d’une orientation pour prendre une décision. L’expertise d’une demande d’aménagement de poste ou la conduite à tenir en situation de pandémie en sont des exemples. En plus des orientations (instructions, notes) du ministère de la Santé et de la réforme hospitalière (1) ou du ministère du Travail, de l’Emploi et de la sécurité sociale (2), le journal officiel pour ce qui concerne les aspects juridiques (lois, décrets, arrêtés) constitue une source d’information très utile (3). La société algérienne de médecine du travail (SAMT) à un rôle en qualité de société savante (4). Les services formateurs en médecine du travail devraient également trouver leur place dans la chaine des institutions considérées comme sources d’informations, et ce, en élaborant un cadre relationnel (rencontres ou staff locaux ou régionaux) avec les médecins qui ont été déjà formés par ces services ou autres. Cela permettra une meilleure orientation dans la pratique sur le terrain. Le programme national de formation de spécialiste en médecine du travail ne comporte qu’un seul cours qui répond à cette demande, intitulé « Sources d’information ». Cela parait très insuffisant pour préparer les futurs médecins à la recherche pertinente de l’information ou de la documentation. Aussi, faut-il évoquer le manque de préparation au travail en équipe et au management. À l’échelle internationale, toutes les institutions publiques et sociétés savantes qui activent dans le domaine de la santé au travail peuvent servir de sources d’informations et de documentation à savoir : Les départements du Bureau international du Travail (BIT) (5), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (6), le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) (7), l’Institut national de recherche en sécurité au travail (INRS) (8), Centre canadien d’hygiène et de sécurité (CCHST) (9), l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (10), le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) (11), l’International Commission of Occupational Health (ICOH) (12), la Société française de médecine du travail (SFMT) (13), etc.. Toutes ces institutions sont dotées de sites web, de bases de données documentaires et offrent des possibilités de formation en ligne.

Références 1. Ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière. www.sante.gov.dz 2. Ministère du Travail, de l’Emploi et de la sécurité sociale. www.mtess.gov.dz 3. Journal officiel de la République Algérienne Démocratique et Populaire. www.joradp.dz 4. Société Algérienne de médecine du travail. www.samtalgerie.com 5. Bureau international du Travail. www.ilo.org 6. Organisation mondiale de la santé. www.who.int 7. Centre international de recherche sur le cancer. www.iarc.fr 8. Institut national de recherche en sécurité au travail. www.inrs.fr 9. Centre canadien d’hygiène et de sécurité. www.osha.europa.eu 10. Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. www.cchst.ca 11. Centers for Disease Control and Prevention. www.cdc.gov 12. International Commission of Occupational Health. www.icohweb.org 13. Société française de médecine du travail. www.chu-rouen.fr.

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Thème 6 : soins d’urgence et COVID-19

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Le médecin du travail doit-il participer aux gardes médicales au niveau du pavillon des urgences à l’hôpital ? Qu’en est-il du médecin du travail de l’entreprise ? BEHLOULI Ahmed Lakhdar

Réponse Si tout médecin a obligation de porter secours, le médecin du travail n’échappe pas à cette règle (1) notamment en situa3on de pandémie. Les structures et établissements de santé sont appelés à participer au dispositif d’urgence mis en place dans le cadre d’une épidémie (2). Dans de telles circonstances, tous les médecins, du secteur de la santé publique ou du secteur libéral, sont réquisitionnés afin de porter secours aux victimes (3, 4, 5). La législation et l’organisation des urgences en milieu du travail sont très hétérogènes entre les pays (6). Il n’existe pas de protocole universel ; le meilleur sera celui adapté au contexte et au personnel (7). Le médecin du travail a une place importante dans la gestion de l’urgence au travail : il est le conseiller des employeurs en matière d’organisation des secours, la formation aux risques spécifiques et l’élaboration des actions de formation à la sécurité et à celle des secouristes (7). Le personnel infirmier, si présent, est également impliqué, sous l’égide du médecin du travail, dans la gestion des secours dans l’entreprise. Sans qu’elle soit une obligation en elle-même, il est indéniable que la présence de professionnels de santé sur place constitue une véritable valeur ajoutée (7). En l’absence, les secouristes prennent le relais.

Références 1. Chamoux, C. Dang, M.C.Soula, F. Dolveck, P. Havete, F. Coudurier, S. Leprest, A. Descatha. Place du médecin du travail dans l’organisation des urgences en milieu de travail. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, 2009, vol. 70, n° 2, p. 174-171. 2. Article 288. Loi n° 18-11 du 18 Chaoual 1439 correspondant au 2 juillet 2018 relative à la santé. 3. Article 172. Loi n° 18-11 du 18 Chaoual 1439 correspondant au 2 juillet 2018 relative à la santé. 4. Article 178. Loi n° 18-11 du 18 Chaoual 1439 correspondant au 2 juillet 2018 relative à la santé. 5. Note n° 12 du 23.03.2020 relative à la mise en place du dispositif de prise charge d’un patient COVID-19. 6. Céline Dagrenat C., Cassan P., Issard D., Descatha A. Secourisme sur le lieu de travail dans le monde : revue systématique de la litérature. Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement. Volume 77, Issue 3, June 2016, Page 488. 7. Descatha, P. Havete, C. Dagrenat. Urgences en médecine du travail : du raisonnement au protocole. Le Concours Médical, 2017, vol.139, pp. 38-40.

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Auteurs : BEHLOULI Ahmed Lakhdar. Maitre de conférence A Email: bal-travail@hotmail.com Service de médecine du travail, CHU de Sétif. BENHASSINE Wissal. Professeur en médecine du travail Email :w.benhassine@univ-batna2.dz. Université Mostefa Benboulaid Batna2 CHU de Batna. BENSEKHRIA Nardjesse. Maitre assistante hospitalo -universitaire en médecine du travail mail: n.bensekhria@univ-batna2.dz Université Mostefa Benboulaid Batna2, Batna. CHAIB Samia. Professeur mail: chaib.samia@gmail.com service de médecine du travail, laboratoire de recherche Santé Travail, Faculté de médecine, CHU , Université BADJI Mokhtar, Annaba. CHENOUF Nassira. Assistante e-mail: chenoufnassira@hotmail.fr. CHU Benflis Touhami de Batna. CHERIKH Nadia, Maitre assistante mail: nadiacherikh@hotmail.fr service de médecine du travail CHU Benimessous, Alger. DERRADJ Boulanouar. Maître de conférence A, mail: derradjboulanouar@yahoo.fr Service de médecine du travail- CHU Faculté de médecine, Béjaia. Djazouli Med Lamine. Professeur mail: djazoulimedamine3@gmail.com Service Médecine du Travail CHUOran Faculté Médecine d'Oran / Université Oran01 Ahmed BENBELLA Oran. . FERNANE Malika, Maitre assistante m.fernane16@yahoo.fr service de médecine du travail service de médecine du travail EHU Rouiba. FRAGA Seid, Maître de conférences A, mail: fraga_seid@yahoo.fr Service de médecine du travail- EPH Rouiba Faculté de médecine d'Alger. FYAD Abderrahmane. Professeur en médecine du travail mail abfyad5151@gmail.com, Professeur associé, Faculté de médecine Tlemcen. GUEROUI Said Professeur mail: guerouisaid@yahoo.fr service de médecine du travail, laboratoire de recherche Santé Travail, Faculté de médecine, CHU , Université BADJI Mokhtar, Annaba. HADDAR Mustapha, professeur en médecine du travail mail: haddar.mustapha@yahoo.fr Établissement Public Hospitalier de ROUIBA. Alger. HAMADOUCHE Mohamed. Maître de conférences A mail: mhamadouche2@yahoo.fr service de médecine du travail CHU Sétif. HASSINET Hanane Khadidja. Assistante en Médecine du travail mail : hassinet_hanene@hotmail.com CHU Benflis Touhami de Batna. IDDER-LAIB Cherifa. Professeur médecine du travail idderlaib@yahoo.fr CHU Beni-messous Alger. KACED-BENAZZOUZ Nadia, Maitre de conférence service de médecine du travail mail: n_kaced@hotmail.com CHU Beni-messous Alger. KAMEN Fouzia Professeur en médecine du travail : mail fzkamen@yahoo.fr consultation de neuropsychologie environnementale Faculté de médecine Université Oran 1. Kandouci Chahrazade. Maître de conférence A service de médecine du travail kchahrazed09@gmail.com Université de Sidi Bel Abbes. KHOMRI Amira. Résidente en Médecine du travail mail:khomri.amira21@gmail.com CHU de Batna KORICHI Saied Maître de conférence A skorichi16@gmail.com service de médecine du travail EHU Rouiba. MAACHE Ismahane. Résidente ismahanemaache29@yahoo.com CHU Benflis Touhami de Batna. NEZZAL Abdelmalek Professeur mail: nezzal.abdelmalek@gmail.com service de médecine du travail, laboratoire de recherche Santé Travail, Faculté de médecine, CHU , Université BADJI Mokhtar, Annaba. OUAAZ Meriem. Professeur ouaazmeriem@yahoo.fr service de médecine du travail EHU Rouiba. Ouarek Abdesselam. Médecin du travail mail: a.ouarek@gmail.com Ancien Praticien Spécialiste en Chef, Consultant / Formateur en santé au travail. Alger. SABEG Safia, Résidente sabegsafia5@gmail.com CHU Benflis Touhami de Batna. SEKKAL Samira. Professeur médecine du travail mail: sekkalsamira13@gmail.com Directrice de laboratoire de recherche toxicomed, chef d'unité de pathologie professionnelle, chef de module de médecine du travail, ergonome et spécialiste du sommeil. Tlemcen.

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Siège : Service de Médecine du Travail, Hôpital Ibn Sina, CHU Annaba Mail : presidentconseilscientifique@samtalgerie.com

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COVID-19 ‫ﻋدد ﺧﺎص‬ ‫ اﻟﺟﻣﻌﯾﺔ اﻟﺟزاﺋرﯾﺔ ﻟﻠطب اﻟﻣﮭﻧﻲ‬،‫ھذه اﻟﻧﺷرة ھﻲ اﻷوﻟﻰ ﻣن ﻧوﻋﮭﺎ ﻣن ﺟﻣﻌﯾﺗﻧﺎ‬. ‫ﺳﯾﮭﺗم ﺑﻧﺷر آراء‬ SAMT ‫ أراد اﻟﻣﺟﻠس اﻟﻌﻠﻣﻲ أن ﺗﻛرس‬،‫ وﺑﻣﻧﺎﺳﺑﺔ اﻟوﺑﺎء اﻟﺣﺎﻟﻲ‬.‫ﻓﻲ ﻣﺟﺎل اﻟﺻﺣﺔ اﻟﻣﮭﻧﯾﺔ ﻓﻲ اﻟﺟزاﺋر‬ ‫ ﻣ ﻊ ا ﻟ ﺗ ﺄ ﻛ ﯾ د ﻋ ﻠ ﻰ أ ن‬، ‫ ﺑ ﺗ ﻘ د ﯾ م ر د أ و ﻟ ﻲ ﻣ ن ﺧ ﻼ ل و ﺛ ﺎ ﺋق ﻛ ﺗ ﺑ ﮭ ﺎ أ ﻋ ﺿ ﺎ ﺋ ﮫ‬، ‫ا ﻟ ﻘ ﺿ ﺎ ﯾ ﺎ ا ﻷ و ﻟ ﻰ ﻟ ﻸ ﺳ ﺋ ﻠ ﺔ ا ﻟ ﺗ ﻲ ﺗ ط ر ح‬ ‫ و ﺑ ﺎ ﻟ ﺗ ﺎ ﻟ ﻲ ﻓ ﺈن اﻵ ر اء ا ﻟ ﺻ ﺎ د ر ة ﻗ د ﺗ ﻛ و ن ﻋ ر ﺿ ﺔ ﻟ ﻠ ﺗ ﺣ د ﯾ ﺛ ﺎ ت‬، ‫ﺗط و ر ا ﻟ ﻣ ﻌ ر ﻓ ﺔ ﺣ و ل ھ ذ ا ا ﻟ ﻣ ر ض ﻣ ﺳ ﺗﻣ ر‬

Alghu-ayini d amenzu n tiddukla-nnegh ''S.A.M.T.'' (Société Algérienne de Médecine du Travail, aGraw aZzayri n tuJjya n uXeddim). Deg-s ad nesehres akken ad d-nini leryuy akked iwessiyen n tdukli-nnegh deg wayen i icudden ar tdawsa (la santé) deg uxeddim (tazmert n uxeddam) deg Lezzayer merra. I ddema n Covid-19 ayini, aseqqamu ussnan (conseil scientifique) n tiddukla S.A.M.T. ad yerr utunen (les numéros) imenza-ines i uwelleh akked tririt i yisteqsiyen n yal yiwen. Ad d-ternu ad twelleh d akken tamusni ghef uvirus-a akked lehlak-is yettimghur s ttawil kan maca nettissin ugar fell-as seg wass ar wass. Ur ntettuy ara d akken aṭṭan-akki d amaynut, tussna-negh mazal tettkemil. Ghef aya, ad d-nini rray n yal yiwen yettuqadar; d asqerdec gar yimussnawen ara agh-yessiwden ar tidet, ar ddwa, ar hellu.

COVID-19 special issue This bulletin is the first of its kind from our association, the Algerian Society of Occupational Medicine (SAMT). He will take care to disseminate the opinions and recommendations of SAMT in the field of occupational health in Algeria. On the occasion of the current pandemic, the scientific council wanted the first issues to be devoted to the questions that arise, providing an initial response through documents written by its members, while stressing that the evolution of knowledge on this disease is constant, and that therefore the opinions issued may be subject to updates

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Articles inside

des urgences à l’hôpital? Qu’en est il du médecin du travail de l’entreprise

5min
pages 76-79

chercher l’information concernant ses interventions

2min
pages 74-75

Les soignants positifs et sans symptômes et positifs au SARS CoV 2 peuvent ils continuer à assurer leurs activités ?

2min
pages 67-68

Comment évaluer l’aptitude à reprendre le travail après une contamination au COVID 19

3min
pages 69-72

Comment le médecin du travail doit il communiquer avec les patients COVID suspects ou confirmés qui l’interpellent pour des demandes d’aménagements de poste de travail

2min
page 73

Quels sont les risques cutanés des Équipements de protection individuels

7min
pages 49-51

Faut il faire une visite médicale préalable à l’affectation aux activités COVID 19, chez un soignant au préalable apte à son poste de travail ?

2min
pages 65-66

Comment prendre en charge le burn out en situation de pandémie

10min
pages 57-61

soignant à risque de COVID 19 sévère ou grave

6min
pages 54-56

coronavirus SARS CoV 2?

3min
pages 41-42

et l’exposition au coronavirus SARS CoV 2

4min
pages 39-40

Quelle conduite à tenir devant un malade présentant un diabète et l’exposition au coronavirus SARS Co 2

3min
pages 45-46

Quelle conduite à tenir devant un malade avec une cirrhose hépatique et l’exposition au coronavirus SARS CoV 2

3min
pages 43-44

Quelle conduite à tenir devant un malade avec une affection cardiovasculaire et l’exposition au coronavirus SARS CoV 2

4min
pages 37-38

Quelles sont les voies de pénétration, en particulier cas des conjonctives et muqueuses

4min
pages 28-30

Quels tests sont validés pour le dépistage, le diagnostic et le suivi du COVID 19

4min
pages 19-20

Quel est le rôle des sociétés savantes et de la SAMT en particulier, dans l’accompagnement des médecins du travail

4min
pages 9-10

Quelles sont les comorbidités contre indiquant l’affectation du personnel de la santé dans des services dédiés à la maladie COVID 19

6min
pages 34-36

professionnelle, accidents du travail ou autre

6min
pages 31-33

L’évaluation du risque Covid 19 chez le personnel hospitalier ?

6min
pages 25-27

La manipulation des personnes décédées expose t elle à la contamination, comment et dans quelles circonstances

5min
pages 21-22

Le médecin du travail peut il être réquisitionné, par qui, quand et comment

4min
pages 7-8
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