TOUT LE MONDE SE SERVAIT D’UNE MÊME LANGUE ET DES MÊMES MOTS. COMME LES HOMMES SE DÉPLAÇAIENT À L’ORIENT, ILS TROUVÈRENT UNE VALLÉE AU PAYS DE SHINÉAR ET ILS S’Y ÉTABLIRENT. ILS SE DIRENT L’UN À L’AUTRE: « ALLONS! FAISONS DES BRIQUES ET CUISONS-LES AU FEU! » LA BRIQUE LEUR SERVIT DE PIERRE ET LE BITUME LEUR SERVIT DE MORTIER. ILS DIRENT: « ALLONS! BÂTISSONS-NOUS UNE VILLE ET UNE TOUR DONT LE SOMMET PÉNÈTRE LES CIEUX! FAISONS-NOUS UN NOM ET NE SOYONS PAS DISPERSÉS SUR TOUTE LA TERRE. ». OR YAHVÉ DESCENDIT POUR VOIR LA VILLE ET LA TOUR QUE LES HOMMES AVAIENT BÂTI. ET YAHVÉ DIT: « VOICI QUE TOUS FONT UN SEUL PEUPLE ET PARLENT UNE SEULE LANGUE, ET TEL EST LE DÉBUT DE LEURS ENTREPRISES! MAINTENANT, AUCUN DESSEIN NE SERA IRRÉALISABLE POUR EUX. ALLONS! DESCENDONS! ET LÀ, CONFONDONS LEUR LANGAGE POUR QU’ILS NE S’ENTENDENT PLUS LES UNS LES AUTRES. » YAHVÉ LES DISPERSA DE LÀ SUR TOUTE LA FACE DE LA TERRE ET ILS CESSÈRENT DE CONSTRUIRE LA VILLE. AUSSI LA NOMMA-T-ON BABEL, CAR C’EST LÀ QUE YAHVÉ CONFONDIT LE LANGAGE DE TOUS LES HABITANTS DE LA TERRE ET C’EST LÀ QU’IL LES DISPERSA SUR TOUTE LA FACE DE LA TERRE. AUTRES. » YAHVÉ LES DISPERSA DE LÀ SUR TOUTE LA FACE DE LA TERRE ET ILS CESSÈRENT DE CONSTRUIRE LA VILLE. AUSSI LA NOMMA-T-ON BABEL,, CAR C’EST LÀ QUE YAHVÉ CONFONDIT LE LANGAGE DE TOUS LES HABITANTS DE LA TERRE ET C’EST LÀ QU’IL LES DISPERSA SUR TOUTE LA FACE DE LA TERRE // BIBLE DE JÉRUSALEM, LE CERF, PARIS, 1956 //
LES GRANDES MACHINES URBAINES PARISIENNES
LE LOUVRE
Samya Pelloquin
ET TOUTE LA TERRE ÉTAIT LÈVRE UNIQUE ET PAROLES UNIQUES. ET IL ARRIVA, DANS LEUR DÉPLACEMENT À PARTIR DE L’ORIENT, QU’ILS TROUVÈRENT UNE PLAINE EN LA TERRE DE SHINÉAR, ET ILS S’ASSIRENT LÀ. ET ILS DIRENT, CHACUN VERS SON COMPAGNON: « ALLONS! BRIQUETONS DES BRIQUES ET FLAMBONS-LES À LA FLAMBÉE! » ET LA BRIQUE FIT POUR EUX PIERRE ET LE BITUME FIT POUR EUX MORTIER. ET ILS DIRENT: « ALLONS! BÂTISSONS UNE CITÉ ET UNE TOUR : SA TÊTE DANS LES CIEUX! ET FAISONS POUR NOUS UN NOM POUR NE PAS ÊTRE DISPERSÉS SUR LA FACE DE TOUTE LA TERRE. » ET LE SEIGNEUR DESCENDIT POUR VOIR LA CITÉ ET LA TOUR QU’AVAIENT BÂTIES LES FILS D’ADAM. ET LE SEIGNEUR DIT: « VOICI, ILS SONT PEUPLE UNIQUE ET LÈVRE UNIQUE POUR EUX TOUS. ET VOILÀ LE COMMENCEMENT DE CE QU’ILS FONT. MAINTENANT, RIEN NE LES RETIENDRA DE CE QU’ILS DÉCIDERONT DE FAIRE. ALLONS! DESCENDONS ET EMBROUILLONS ICI LEURS LÈVRES QUE, CHACUN VERS SON COMPAGNON, ILS N’ENTENDENT PAS LEUR LÈVRE ».ET LE SEIGNEUR LES DISSÉMINA À PARTIR DE LÀ SUR LA FACE DE TOUTE LA TERRE. ET ILS CESSÈRENT DE BÂTIR LA CITÉ. C’EST POURQUOI ON APPELA SON NOM « PORTE DE DIEU » (BABEL) CAR C’EST À CET ENDROIT QUE LE SEIGNEUR EMBROUILLA LA LÈVRE DE TOUTE LA TERRE ET À PARTIR DE CET ENDROIT, LE SEIGNEUR LES DISSÉMINA SUR LA FACE DE TOUTE LA TERRE. // TRADUCTION FRANÇAISE D’EDMOND FLEG CHANT NOUVEAU, PARIS, 1946 // LA TERRE ENTIÈRE SE SERVAIT DE LA MÊME LANGUE ET DES MÊMES MOTS. OR EN SE DÉPLAÇANT VERS L’ORIENT, LES HOMMES DÉCOUVRIRENT UNE PLAINE DANS LE PAYS DE SHINÉAR ET Y HABITÈRENT. ILS SE DIRENT L’UN À L’AUTRE: « ALLONS! MOULONS DES BRIQUES ET CUISONSLES AU FOUR. » LES BRIQUES LEUR SERVIRENT DE PIERRE ET LE BITUME LEUR SERVIT DE MORTIER. « ALLONS! DIRENT-ILS, BÂTISSONSNOUS UNE VILLE ET UNE TOUR DONT LE SOMMET TOUCHE LE CIEL. FAISONS-NOUS UN NOM AFIN DE NE PAS ÊTRE DISPERSÉS SUR TOUTE LA SURFACE DE LA TERRE. » LE SEIGNEUR DESCENDIT POUR VOIR LA VILLE ET LA TOUR QUE BÂTISSAIENT LES FILS D’ADAM. « EH, DIT LE SEIGNEUR, ILS NE SONT TOUS QU’UN PEUPLE ET QU’UNE LANGUE ET C’EST LÀ LEUR PREMIÈRE OEUVRE! MAINTENANT, RIEN DE CE QU’ILS PROJETTERONT DE FAIRE NE LEUR SERA INACCESSIBLE! ALLONS, DESCENDONS ET BROUILLONS ICI LEUR LANGUE, QU’ILS NE S’ENTENDENT PLUS LES UNS LES AUTRES! » DE LÀ, LE SEIGNEUR LES DISPERSA SUR
BABEL2012
SÉMINAIRE PARIS/MÉTROPOLES 2 0 1 2 - 2 0 1 3 BABEL CAR C’EST LÀ QUE LE SEIGNEUR BROUILLA LA LANGUE DE TOUTE LA TERRE, ET C’EST LÀ QUE TOUTE LA SURFACE DE LA TERRE ET ILS CESSÈRENT DE BÂTIR LA VILLE. AUSSI LA NOMMA-T-ON LE SEIGNEUR DISPERSA LES HOMMES SUR TOUTE LA SURFACE DE LA TERRE. //
TRADUCTION OECUMÉNIQUE
ÉCOLE D’ARCHITECTURE DE LA VILLE ET DES TERRITOIRES À MARNE-LA-VALLÉE
« ALLONS BÂTISSONS NOUS UNE VILLE [...] FAISONS-NOUS UN NOM [...] CONFONDONS LEUR LANGAGE »
LES GRANDES MACHINES URBAINES PARISIENNES
LE LOUVRE
Samya Pelloquin
1
D’EXTENSION EN EXTENSION
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LES ADDITIONS ARCHITECTURALES LE «GRAND LOUVRE» LA MACHINE MODERNE LE PÔLE TOURISTIQUE ET LES FRÉQUENTATIONS
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LA MACHINE INTÉRIEURE
LE SOUTERRAIN COMME INTERFACE L’AMBIGUÏTÉ ENTRE «SÉJOUR» ET «TRANSIT» LA COHABITATION DES «SOUS-ENSEMBLES»
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AVANT PROPOS Pour réaliser cette étude, je voulais aborder un bâtiment qui soulève les questions de la pièce urbaine, la mixité programmatique, et la forte affluence. UNE PIÈCE URBAINE UNE ICONE UNE ARCHITECTURE SOUTERRAINE UN COMPLEXE
Ce sujet m’intéresse et se rapproche des thématiques babéliennes. À la recherche d’un cas parisien, l’idée du Louvre m’est venue grâce à une référence dans S,M,L,XL1 : «Qu’est ce que le Louvre actuellement, si ce n’est l’ultime atrium?» J’ai donc poursuivi mes recherches pour me rendre compte de la richesse et de la multiplicité des thèmes soulevés par ce bâtiment, ou oserait-on dire complexe. Ce que l’on appelle le Louvre regroupe plusieurs éléments: le bâtiment qui doit sa forme finale à 800 ans de transformation est composé du monument historique et du souterrain formant un monde intérieur. Puis ce complexe architectural est mis en relation avec un vide, le jardin des Tuileries, et la ville. L’agrandissement souterrain, des années 80, est venu s’accrocher sous le bâtiment pour le connecter aux réseaux de transports, il a donné vie à la machine moderne, du Louvre actuel, en la développant dans une troisième dimension. À la fois complexe dans son agencement et minimal dans son traitement architectural, le Louvre est un bon terrain d’observation des phénomènes de foules. 1
Ouvrage de Rem Koolhaas, 1995.
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*Jean Patou , Dessins de l’hyper-Louvre 1984-1985
BABEL Babel, n. m., «lieu rempli de confusion», 1955 ; nom hébreu de Babylone : la Genèse donne comme éthymologie «confusion, en réalité le mot signifie porte de dieu» : Bab-El. 1 (N. propre). La Tour de Babel 2 Fig. Une tour de Babel, une Babel : lieu où, tout le monde parlant à la fois, on ne peut s’entendre. On retrouve dans le Louvre l’idée de la construction d’un édifice babélien qui rayonne sur toute la terre. C’est le thème de la concentration, présent dans la première partie du texte, avant la dispersion. Puis vient la confusion des langues, entre ceux qui ont essayé de ne faire qu’un. J’ai choisi trois citations qui correspondent aux thèmes soulevés par le complexe du Louvre : «ALLONS BÂTISSONS NOUS UNE VILLE» ... «FAISONS NOUS UN NOM» ... «CONFONDONS LEUR LANGAGE» «ALLONS BÂTISSONS NOUS UNE VILLE» T « Tant qu’il y aura des hommes, il y aura le désir, le désir ardent d’achever la construction de la tour. »2 Les ambitions des hommes de pouvoir pour agrandir le Palais puis le musée, se rattachent au thème de la construction de la Tour. L’édifice du Louvre s’est toujours agrandi, d’abord symbole de la royauté donc de la toute puissance, puis de la culture universelle. A un niveau architectural son intérieur souterrain a créé un univers en soi. Une machine intérieure à la fois connectée et déconnectée de la surface, dedans et dehors, comme dans le mythe babélien les hommes s’y sont concentrés en nombre. Quelle type de ville est bâtie? comment peut-on la pratiquer ? «FAISONS NOUS UN NOM» C’est la volonté de créer un lieu unique « le plus grand musée du monde». Son image d’icône pour la capitale en fait une attraction mondiale qui draine des flux colossaux. Le Louvre c’est aussi devenu une marque qui s’exporte. «CONFONDONS LEUR LANGAGE» UNIVERSALITÉ-DIFFÉRENTIALITÉ La variété des publics qui visitent le Louvre en font un lieu cosmopolite, le musée qui se veut universel se retrouve à devoir gérer toutes ses différences. «La culture pour tous» devient « la culture de toutes les langues».
2 «Les armes de la ville». trad. A. Vialatte, Oeuvres complètes II, Paris, Gallimard, 1980
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9
INTRODUCTION Objectif de l’’étude Le Louvre est pris ici comme cas d’étude d’une machine urbaine et d’un grand bâtiment. Le travail présenté se décompose en deux parties principales, la première «D’extension en extension» et la deuxième «La machine intérieure». La première partie a deux objectifs. Dans un premier temps elle traitera avec un regard historique la formation de la machine actuelle du Louvre, par les extensions architecturales successives. Ensuite elle s’intéressera aux rapports qu’entretient la machine avec son quartier pour comprendre les extensions de son système dans le rez de ville et le rôle qu’elle y joue, en terme d’espaces et d’usages. La deuxième partie se focalisera sur le mode de fonctionnement du bâtiment en abordant les grands principes architecturaux de cette machine intérieure et leur système d’organisation. Suite à cela, elle examinera les modes de circulations qui s’y sont développées du fait de la mixité programmatique et des ambiguïtés spatiales. Enfin elle se penchera sur la particularité du centre commercial implanté au sein de la machine.
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1 Napoléon assiste à la présentation des plans pour le futur Louvre. Source internet.
«D’EXTENSION EN EXTENSION»
« Toute civilisation a imaginé une cité idéale, Byzance, puis les Empereurs d’Orient et d’Occident rêvèrent d’une nouvelle Rome. Le Moyen-Âge chrétien songea à une Jérusalem céleste. Les Rois de la Renaissance française conçurent à leur tour un « Grand Dessein » 1 « Ce Grand Louvre, comment y entrer ? En supposant que des foules beaucoup plus nombreuses que celles d’aujourd’hui s’y rendent, l’idée est venue aux hommes de l’art, aux spécialistes qu’il convenait d’y pénétrer à partir d’un point central, ce point central se trouvant situé dans la Cour Napoléon.» Extrait du discours de François Mitterrand à l’inauguration du musée.
Les hommes de pouvoir autour de la maquette du projet. Source internet.
1 / LES ADDITIONS ARCHITECTURALES A-LES AMBITIONS DU LOUVRE Un grand dessein , le Louvre c’est l’histoire d’un bâtiment mais qui ne peut s’expliquer sans celle de son quartier et des Tuileries dont l’édifice a aujourd’hui disparu. Entre pouvoir et peuple, entre palais et ville l’histoire a fait osciller le destin de l’édifice. C’est aujourd’hui un symbole de la nation mais ouvert à tous. Ce chapitre vise à montrer que les ambitions dont le Louvre fut l’objet toute au long de l’histoire jusqu’à aujourd’hui l’ont transformer petit à petit. Depuis sa création chaque pouvoir en
Projet utopique de l’AUC. Source internet.
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1
Citation extraite de l’ouvrage Le Louvre et son quartier de Jacques Fontgalland et Laurent Guinamard
place s’est servi du lieu pour affirmer sa grandeur ou pour rester dans l’histoire, ce qui a entraîné de nombreuses modifications architecturales. D’extension en extension, pour créer un lieu toujours plus grand, c’est aujourd’hui devenu une pièce majeure de la capitale. Le dernier projet utopique en date pour un Louvre encore plus grand est celui de L’AUC. Dans le cadre du grand Paris l’équipe d’architectes a développé l’idée de rajouter au Louvre d’autres niveaux souterrains avec des programmes de commerces et d’équipements. Afin de multiplier les lieux de rencontre et la diversité programmatique pour créer une architecture à l’image de la vi(ll)e métropolitaine. Leur projet du Très Très grand Louvre pose une question intéressante, ce lieu pourrait-il encore augmenter sa capacité à rassembler les individus, tout en restant vivable ?
Jean Patou , architecte, dessin utopique de l’hyper-Louvre 1984-1985
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B-LA TAILLE DU LOUVRE DANS PARIS
42,4 HA 42,4 HA 42,4 HA 42,4 HA
Louvre-Tuileries
28 HA 28 HA 28 HA 28 HA
La gare Montparnasse
19,4 HA 19,4 HA 19,4 HA 19,4 HA Louvre
3,1 HA 3,1 HA 3,1 HA 3,1 HA
Les grands magasins Comparaison des emprises des machines parisiennes à proximité du Louvre
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LE LOUVRE AU CENTRE DE PARIS Le Louvre est un monument relativement ancien dans l’histoire parisienne, il est aussi au coeur de la capitale. Tout au long des grandes évolutions de Paris le Louvre a su trouvé sa place parfois imposant son tracé à la ville, parfois se laissant dominer par l’urbanisation. N’étant au départ qu’une «tour» hors des remparts, son développement s’est effectué vers l’ouest, parallèlement à celui de la capitale qui gagnait du terrain en cercle concentrique. Aujourd’hui il se retrouve au centre de Paris et forme avec les Tuileries une articulation majeur dans le tissu urbain. LE LOUVRE ET LES GRANDS AXES Le bâtiment a toujours eu un lien particulier avec les grands axes de la ville. Au début séparés par les enceintes de Paris il était de part et d’autres des tracés circulaires. Ensuite il est devenu un point de départ ou d’arrivée pour les grands tracés rectilignes. Dès le 17ème siècle on partait du Louvre pour rejoindre les forêts à l’ouest ce qui a donné plus tard l’axe des Champs Élysées allant du Louvre à la Défense. C’est de nos jours un axe économique majeur qui traverse la barrière du périphérique. Ensuite au 19ème siècle, la rue de Rivoli qui a eu la prétention d’aller jusqu’à la Bastille, jouxte l’aile nord du Louvre pour rejoindre l’hôtel de ville. Enfin l’avenue de l’opéra relie le Louvre et le Palais-Royal au nouvel opéra, traçant une diagonale, dans l’ancien tissu axé dans la direction est-ouest, qui a donné une nouvel dynamique au quartier. COMPARAISON AVEC LES AUTRE MACHINES URBAINES Aujourd’hui le Louvre est une «grande machine», avec une superficie de 42,4 hectares lorsque l’on prend en compte les Tuileries il est le plus grand ensemble parisien. Le bâtiment seul est un peu plus petit que Maine-Montparnasse autre grande machine parisienne. Par sa position centrale le Louvre est à l’intersection de rues menant à trois autres complexes parisiens proches à savoir les grands magasins, les Halles et Montparnasse. Il est toute fois plus relié dans l’usage au nord et au sud qu’à l’est . Beaucoup moins de gens font le parcours Halles-Louvre.
12ÈME SIÈCLE
14ÈME-15ÈME SIÈCLE
16ÈME SIÈCLE
17ÈME SIÈCLE
19ÈME SIÈCLE
21ÈME SIÈCLE
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C-LE LOUVRE : OBJET «CENTRIPÈTE» OU «CENTRIFUGE» DU 12ÈME SIÈCLE AU 14ÈME SIÈCLE «Au sein de la capitale de leur royaume, les Valois puis les premiers Bourbons cherchèrent à créer un univers privilégié, épicentre de la Monarchie. Microcosme sis sur les bords de la Seine, le Louvre, réuni aux Tuileries, devait selon un rythme architectural sublime, matérialiser les symboles du pouvoir . » Le Louvre hors de la ville : Les remparts se contruisent autour des faubourgs de la rive droite et gauche contre lesquels vient se dresser une forteresse nommée Le LOUVRE à l’extérieur de la ville. Protégée par celle-ci la ville à ses abords se développe fortement, artisans, commerces, université, et attire l’élite de la société. Le Louvre est alors une prison, un lieu de décision politique et de justice et un coffre fort géant pour les trésors du royaume. Il est alors seulement composé d’un donjon en son centre et d’une enceinte carrée. DU 14ÈME SIÈCLE AU 16ÈME SIÈCLE Première intégration à la ville : La municipalité s’empare du Louvre et résiste au Roi, il devient un refuge et l’on construit un début d’enceinte à l’ouest pour se protéger. Lorsque Charles V récupère le château il achève de terminer cette enceinte qui intègre définitivement le palais de la cité à sa ville. L’urbanisation se développe entre le palais et la nouvelle enceinte. Le Louvre devient un château de plaisance. Sous Louis XII le Louvre délaissé devient une prison et quelques administrations s’y installent. C’est lorsque François 1er arrive au pouvoir que le palais est repris en main, Pierre Lescot est mandaté pour construire la première aile ouest de l’actuelle cour carrée et le nombre des appartements augmente. Jusqu’à la mort d’Henri II seul le corps de l’aile sud de la future cour est construite afin d’abriter les appartements des Reines. Cette période est importante car elle marque le début d’un dialogue entre le Louvre et la ville.
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1190
DE PHILIPPE AUGUSTE A JEAN LE BON Début de la construction du Louvre
DE CHARLES V À HENRI II 16
A LA FIN DU 16ÈME SIÈCLE La création du jardin: Un an avant que le roi Charles IX soit majeur, Catherine de Médicis fait construire le palais des Tuileries, accompagné de son jardin qui manquait au Louvre, l’emprise des lots achetés pour construire le palais est considérable, dix fois supérieure à la surface du Louvre. Ce nouvel ajout crée deux corps de bâtiment distincts qui chercheront à se rejoindre. Catherine de Médicis commence à faire construire une galerie souterraine qui part de la terrasse de la petite galerie et continue sur le bord de Seine pour pouvoir rejoindre le Palais du Louvre. Ce souterrain est le fondement de la futur galerie au bord de l’eau. Les deux bâtiments reliés en souterrain sont pourtant séparés en surface, pour protéger les Tuileries des faubourgs on affirme l’enceinte de Charles V. Une urbanisation différente se développe de part et d’autre de l’enceinte, la ville continue à se développer autour du Louvre alors que les Tuileries ont un espace défini avec le jardin qui ne sera jamais altéré jusqu’à notre époque.
AU DÉBUT DU 17ÈME SIÈCLE Le Louvre centre culturel de Paris: Dans une période d’embellissement de la ville de manière générale, le Louvre en profite . Henri IV raccorde les deux palais par la grande Galerie. Celle-ci traverse l’enceinte de Charles V et les deux quartiers de part et d’autre. Elle donne au Louvre un accès direct au jardin et une façade à la Seine sur 460 mètres de long. C’est une période faste pour le Louvre, son «grand dessein» est activé même s’il n’aura pas le temps d’être fini. Dans la grande galerie architectes, horlogers, peintres, sculpteurs, et autres artisans ont droit à des appartements à partir de 1608.
«le dessein de ce Prince était de loger dans son Louvre les plus grands seigneurs et les plus excellents maîtres du Royaume, afin de faire comme une alliance de l’esprit et des beaux arts, avec la noblesse et l’épée...» Henri Sauval 17
DE CHARLES IX A HENRI IV
DE HENRI IV À LOUIS XIII 18
PREMIÈRE MOITIÉ DU 17ÈME SIÈCLE Le «Palais Royal» un troisième élément: Alors que l’aile nord ouest de la cour carrée est en construction, une troisième demeure royale est construite le Palais Royal , annexe du Louvre il va se développer vers le nord et empêche le développement du Louvre dans cette direction. DE LA SECONDE MOITIÉ DU 17ÈME SIÈCLE AU 18ÈME SIÈCLE Création du Musée du Louvre: Le Palais-Royal étant mal défendu c’est au Louvre que Louis XIV programme son retour. Ce sont les architectes Louis le Vau et François d’Orbay qui reprènent le «grand dessein» à la gloire du roi. Les travaux dureront pendant dix ans. La cour carrée est alors achevée et atteint sa taille actuelle, on double également la petite galerie qui subie des travaux de restauration. Le vau agrandit et rénove les tuileries en parallèle elles sont redessinées par le Notre qui axe le jardin avec les champs élysées Sous Louis XV le Louvre est délaissé et la municipalité veut y installer l’hôtel de ville la couronne refuse et y établit le grand conseil. On crée également le premier espace public à l’est pour que les parisiens admirent le palais. Enfin la révolution fait basculer le Louvre dans le programme de musée qui ne cessera d’évoluer. La royauté déchue, les Tuileries deviennent le Palais National et la grande Galerie le premier musée du Louvre. Elle ouvre ses portes en 1793. AU 19ÈME SIÈCLE Les grands axes parisiens: Au début du siècle, une nouvelle galerie et construite. La «ville» se retire du Louvre , les habitants sont évacués des abords du Palais. Une avenue est tracée pour mieux relier la cour carrée aux tuileries. On place l’arc de triomphe du carrousel dans sa perspective. Le musée du Louvre s’étend dans la totalité de la cour Carrée car les collections augmentent. Sous la seconde république le Louvre est devenu le Palais du Peuple et fait l’objet de nouveaux projets d’achèvement (plan de Visconti et Trélat). Dans la deuxième partie du siècle, le Louvre et les Tuileries sont réunis Hector Lefuel reprend le projet avec une caserne, 19
PÉRIODE LOUIS XIII
rue
de r
ivoli
1793
DE LOUIS XIV À LOUIS XV La galerie du bord de l’eau devient un lieu d’exposition Création d’un musée au Louvre ouvert au public
20
rue
Septembre 1799
1808
DE NAPOLÉON I À NAPOLÉON III
Louis Napoléon Bonaparte au pouvoir
21
1855_Création des magasins du Louvre
de r
ivoli
1863_Les Halles de Baltard
1864_L’avenue de l’opéra
1869
Exposition universelle
1871
Création du ministère des finances
22
le musée et une administration en plus. Le nouveau Louvre est inauguré en 1857. Le Louvre est enfin un bâtiment fermé, cadré par le nouveau tracé de la rue de Rivoli et la Seine. Un autre tracé majeur est crée l’avenue de l’opéra qui met en lien les deux monuments du Louvre et de l’Opéra. AU 20ÈME SIÈCLE Le «U» : A la suite de la destruction du palais des Tuileries le jardin du carrousel s’ouvre vers l’axe des champs mais les corps de bâtiment du Louvre ont perdu l’élément qui était la raison de leur construction et les bras des galeries deviennent des impasses. Le seul témoin du grand dessein est le ministère des finances qui persiste dans l’aile Richelieu. Le fonctionnement du musée est très mauvais à cette époque, un parking pour le ministère occupe la cour carrée. Les cours du Louvre ne sont pas des espaces publics. Au début du siècle on assiste à la mise de la ligne 1 du métro puis plus tard un embranchement sous la place du Palais-Royal est crée avec la ligne 7. En 1905, on place un nouveau musée dans l’aile longeant la rue de Rivoli, entre les guichets du Louvre et le Pavillon de Marsan, le musée des Arts Décoratifs crée à la suite des expositions universelles du XIXème siècle, il était jusqu’alors au palais de l’Industrie ou au pavillon de Flore. L’accumulation des oeuvres d’arts au Louvre continue.
1882
1900-1910
Ouverture des lignes 1 et 7
Destruction du palais des Tuileries
23
1930-1934
Prolongement de la ligne 7 jusqu’à Palais Royal puis Place d’Italie
1945
1976
1981
DE CHARLES DE GAULLE A VALÉRY GISCARD D’ESTAING
Le square Napoléon avant le Grand Louvre
Création du centre Georges Pompdiou pour l’art contemporain, le succès est immédiat.
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LES ANNÉES 80, LE PROJET DU GRAND LOUVRE Après presque un siècle sans grands travaux, le Louvre acquiert un agrandissement souterrain avec le projet de Ieoh Ming Pei. L’entreprise est titanesque et le projet d’une grande ambition. Le Louvre devient un musée dans sa totalité dans le monument historique et auquel s’ajoute l’ensemble souterrain qui multiplie les programmes. Ce projet véritable transformation moderne de la pièce urbaine, va connecter le bâtiment Louvre aux réseaux de la ville ( ceux du métro et de la voierie) ce qui constitue un basculement majeur pour le fonctionnement de l’ensemble. Ce projet est marqué par les caractéristiques d’une époque où les tendances étaient à l’urbanisme souterrain. Il fait aussi parti des grands projets dans une période phare de construction qui ont bouleversés le visage de la capitale. En terme d’espace public, la mise en place du souterrain libère la surface, en rez de ville le Louvre devient nettement plus traversable , le jardin du Carrousel et des Tuileries ne sont plus séparés par une route et la cour de la pyramide est traité comme un espace public. La pyramide rajoutée en surface va quand elle devenir l’icône touristique du musée.
Septembre 1981
Juillet 1983
Novembre 1987
Mars 1989
1991
FRANÇOIS-MITTERRAND François Mitterrand, président de la République, annonce la réalisation du Grand Louvre et le déplacement des services du ministère des Finances.
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Mise en service du souterrain Lemonnier Désignation de Ieoh Ming Pei comme architecte du Grand Louvre.
Début des travaux de rénovation du jardin des Tuileries.
Inauguration et ouverture au public de l’accueil sous la pyramide. .
1992
1993
1998–1999 JACQUES CHIRAC
Ouverture de 39 nouvelles salles au Louvre Prolongement du métro Lignes 1 et 7
Création de la seconde entrée du musée porte des Lions. Ouverture des parcs de stationnement et de la gare des cars de tourisme. Ouverture de la galerie commerciale Le Carrousel du Louvre. Inauguration de l’aile Richelieu
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-AU 21ÈME SIÈCLE L’extension virtuelle: Avec un ultime agrandissement le Louvre acquiert environ 3000m2 d’exposition et inaugure le nouveau département des arts de l’islam. Le projet réalisé par Rudy Ricciotti et Mario Bellini, a pour but de faire de la cour Visconti (aile denon) un espace d’exposition. Les architectes imaginent une couverture flottante qui ne vient pas toucher les parois du Louvre historique. Le Louvre englobe ainsi son dernier espace vide. Dans sa croissance illimitée d’espaces et d’influences, le musée du Louvre s’étend aussi virtuellement. Ainsi on a vu en 2012 s’ouvrir le musée du Louvre-Lens avec un bâtiment signé SANAA, le musée exporte sa franchise et créer des antennes. L’histoire se répètera en 2015 avec l’ouverture du Louvre-Abu Dhabi dans les Émirats, là encore un architecte star, Jean Nouvel, est choisi.
Le Louvre Lens fête dernièrement ses 100 000 visiteurs, le recours à la franchise Louvre semble fonctionner pour l’instant.
Avec ces deux nouveaux musées, il n’y a plus un Louvre, il y a «des Louvres» : c’est peut être un danger pour l’icône parisienne car si le musée devient une marque on pourrait s’attendre à un effet générique où chaque ville en quête d’identité voudrait son Louvre.
BILAN L’histoire nous montre que la complexité de l’objet s’est créer dans l’accumulation des projets successifs et des évènements historiques. Le tableau récapitulatif suivant montre l’évolution des stades par lequel le Louvre est passé. La machine que nous analysons dans cette étude est celle d’un Louvre mondialisé, celle du souterrain également qui a redonné au Louvre le statut d’objet centripète en devenant le point de concentration ultime de l’ensemble du complexe du Louvre.
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LENS PARIS
FRANCE
ABU DHABI
2007
AUC Proposition pour le Grand Paris
2012_Ouverture des Arts de l’Islam cour Visconti
DE NICOLAS SARKOZY A FRANÇOIS HOLLANDE
Décembre 2012
Ouverture prévue 2015
Élaboration du schéma directeur du projet de réorganisation de la Pyramide.
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UN OBJET...
12-14 ÈME SIÈCLE CENTRIPÈTE - LOUVRE HORS DE LA VILLE
14-16ÈME SIÈCLE CENTRIFUGE - INTÉGRATION À LA VILLE
PREMIÈRE MOITIÉ 17ÈME SIÈCLE CENTRIPÈTE/CENTRIFUGE - LE PALAIS ROYAL UN TROISIÈME ÉLÉMENT
19ÈME SIÈCLE CENTRIPÈTE LE GRAND «DESSEIN» ACHEVÉ ET LES GRANDS AXES
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20ÈME SIÈCLE CENTRIFUGE LE LOUVRE OUVERT À L’OUEST ET LE MÉTRO
FIN 16ÈME SIÈCLE CENTRIFUGE - DEUX PALAIS
DÉBUT 17ÈME SIÈCLE CENTRIFUGE - PRÉMIÈRE UNIFICATION
rue
rue
17-18ÈME SIÈCLE CENTRIFUGE- CRÉATION DU MUSÉE DU LOUVRE
de ri
de ri
voli
voli
PREMIÈRE MOITIÉ DU 19ÈME SIÈCLE CENTRIPÈTE/CENTRIFUGE - LA VILLE SE RETIRE DU PALAIS
LENS PARIS
FRANCE
ABU DHABI
LES ANNÉES 80 CENTRIPÈTE LE GRAND LOUVRE LA MACHINE MODERNE
21ÈME SIÈCLE NOUVEAUX CENTRES EXTENSION VIRTUELLE FRANÇAISE ET MONDIALE
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2-LE «GRAND LOUVRE» LA MACHINE MODERNE A-UN PROJET CARACTÉRISÉ PAR SON ÉPOQUE Le projet « Grand Louvre « représente plus de quinze ans de travaux (1981-1998). Son ambition est à la fois muséologique, architecturale et urbaine : il s’agit d’agrandir et de moderniser le musée du Louvre et le musée des Arts décoratifs, de mettre en valeur le palais et d’ouvrir l’ensemble sur la ville. L’Etablissement public du Grand Louvre (E.P.G.L.) a été créé en 1983 pour assurer la maîtrise d’ouvrage de l’ensemble du projet. Il va conduire les travaux jusqu’à leur accomplissement en 1998. À cette date, les parties historiques du musée verront leurs rénovations terminées. Le budget de 6,9 milliards de francs est financé par l’Etat, à celui -ci vient s’ajouter le budget prévu pour reconstruire le ministère des finances à Bercy. Les années du «Grand Louvre» de 1979 à 1989 correspondent à une période de grand changement pour la capitale. Neuf grands projets ont été mis en place dans cette période, de la pyramide à la sphère de la Villette on parle de la mise en place des «volumes platoniciens» dans Paris. Ces projets tous construits quasiment simultanément correspondent à une esthétique post-moderniste où certains types d’architecture notamment, l’architecture souterraine était en plein essor.
Fig. a : Photo de la maquette du projet Source : Architectures Capitales, éd Moniteur.
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IEOH MING PEI Architecte sino-américain né en 1917, c’est un post-moderne. Certains le qualifie d’homme de pouvoir et d’argent. Pei a développée une architecture très géométrique, mais il a toujours recherché l’usage de la technologie. Le projet de Louvre a été le premier projet à utiliser les logiciels de modélisation, utilisés dans le processus de création. Les premières images du projet de 3D filaire sont caractéristiques des projets des années 80, époque phare pour les mégastructures.
La grande arche 1985 La géode de la villette 1985
Musée d’Orsay
Le grand Louvre 1988_1993
Opéra bastille 1989
Bercy Très Grande Bibliothèque
Fig. b : carte des grands projets de la capitale réalisés entre 79 et 89
B-LES NOUVELLES SURFACES Le projet du Grand Louvre prévoit une augmentation de 75% des surfaces d’exposition et de 160% des services de support (voir le tableau p 31) , l’utilisation du sous sol permet de : -rajouter 13% d’espaces culturels, 13% d’espaces de conférence et 5% d’espace de culture prévus pour les jeunes -multiplier par cinq des surfaces de travail scientifiques, techniques et administratives -multiplier par treize les surfaces d’accueil et de service destinées au public (points de documentation, salles de repos, cafés). -créer le hall Napoléon d’une largeur de 70m qui est l’espace le plus important, un vide imaginé comme un espace public. Dans la tradition d’un Louvre dédié à la recherche les programmateurs n’ont pas choisi d’y replacer la bibliothèque et ont minimisé la place de l’école du Louvre. Les fonctions primaires du Louvre, de délectation et de recherche sont un peu délaissées. Les programmes ajoutés sont assez similaires, l’unification du musée est faite mais aucun nouveau département n’est mis en place.
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Fig. a : les changements et nouvelles surfaces avec le projet du Grand Louvre
Programmes Surfaces d’exposition :
LOUVRE (en m2 )
GRAND LOUVRE (en m2 )
Antiquités grecques et romaines
8 037
10 226 (+27%)
Antiquités orientales
4 140
6 079 (+47%)
Antiquités égyptiennes
4 366
6 622 (+52%)
Peintures
13 014
22 845 (+75%)
Objet d’art
4 457
7 873 (+76%)
Sculptures
4 327
9 786 (+131%)
Cabinet de dessins
1 472
10 226 (+27%)
Les Arts décoratifs
7 488
12 868 (+72%)
Les Arts de l’Islam TOTAL
Niveau -2
Niveau -1
3 000 39 813
69 675 (+75%)
Surface d’accueil
-
Boutiques et restaurants du musée
-
Galerie commerciale
-
11 500 Crées
Salon d’exposition
-
7 125 Crées
Ensemble colloques
-
Expositions temporaires
-
11 486 Crées
Rdc
2 754 Crées
3 201 Crées
R+1
1 252 Crées
Parking public Gare routière Parking administratif
18 800 9 700 3 000
Surface du bâtiment
210 000 R+2
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C-UN BÂTIMENT RÉUNIFIÉ
Fig. b : Le souterrain «le ventre de la machine»
Fig c. Le projet en 1984, le souterrain est dessiné dans les axes du bâtiment historique, pour redonner un centre au bâtiment
16 M 70 M
85 M
18 M
Fig d. Les nouvelles dimensions de l’espace public de la cour de la pyramide.
LE SOUTERRAIN COMME RECOURS POUR CRÉER UN CENTRE Lorsque le ministère des finances est parti du Louvre, le musée devient un «U», il n’est plus un musée longitudinale, et il est assez long et compliqué d’y circuler d’une aile à l’autre. L’idée de creuser de sol et de créer le souterrain est avant tout due à la volonté de réunir les bras du Louvre. On greffe alors pour moderniser le musée et pour en faciliter l’usage un «ventre» au bâtiment du Louvre (fig. b). Ce souterrain est organisé de manière à relier le plus de corps de bâtiment possible, l’entrée unique de la pyramide est placée au centre de l’aile Richelieu, Denon et Sully et la partition du souterrain se fait suivant les axes de symétrie du musée historique. Les grands espaces d’articulation du souterrain sont eux un déclinement de la forme géométrique du carrée. LIBÉRER LA SURFACE Le projet du grand Louvre a permis de libérer la surface de rez de ville , le Louvre est rendu poreux grâce au passage Richelieu qui est ouvert et les places publiques sont dégagées de parking que l’on retrouve dans le souterrain. Cependant dans la cour de la pyramide la verrière est ses bassins prennent beaucoup de place dans la cour et la segmente en deux parties. On remarque aujourd’hui que la partie entre la pyramide et la cour Carrée est beaucoup moins utilisée, notamment à cause de l’entrée dans le musée qui se trouve de l’autre côté. UNE ÉMERGENCE EN SURFACE : UN REPÈRE ? La pyramide symbole du projet est la seule émergence construite en surface dans tout l’agrandissement souterrain. Cela soulève une question intéressante, celle du repère de ces architectures «cachées» et de l’impact de la forme urbaine en surface. Au Louvre l’espace souterrain a justifié une pyramide. L’espace souterrain s’aborde à la fois en sous-sol et en surface, les émergences architecturales sont nécessaires aux espaces souterrains, et elles peuvent se manifester à toutes les échelles. Elles sont une manière de territorialiser ces réseaux. L’exemple de l’échec des Halles qui est le plus grand espace souterrain parisien montre à quel point ces émergences sont une des clefs du bon fonctionnement du sous-sol. 34
ROISSY ROISSY
MONTMARTRE
DISNEY
MONTMARTRE
DISNEY
LE LOUVRE TOUR EIFFEL LE LOUVRE TOUR EIFFEL
ROISSY
VERSAILLES VERSAILLES MONTMARTRE
DISNEY
LE LOUVRE TOUR EIFFEL
ORLY-SUD
VERSAILLES
ORLY-SUD
3-LE PÔLE TOURISTIQUE FRÉQUENTATIONS
ORLY-SUD
lieux de tourisme de masse
10 M 8, 88 M 8, 43 M
8, 26 M
2007
2008
2009
2011
2012
L’évolution de la fréquentation du musée
4% pays 10 % pays d’Amé d’Asie et rique Océanie latine /sud
2 % pays hors UE
26 % France
7 % pays UE 1 %Afrique 2 %Mexique 2 %Canada 3 %Russie
4 %Chine 4% ESP
3% R-U 2 % Japon 3 % 5 % ALL Australie
12 % USA
5 % Bésil
Classification par nationalités de la fréquentation du musée Source : Rapport d’activité du Louvre en 2011
35
ET
LES
A-UN PÔLE TOURISTIQUE
aéroports
8, 46 M
MONDIAL
L’effet «Louvre» n’a fait qu’accroître au cours du 20ème siècle, et suite au projet de Pei on bascule d’un musée à un pôle touristique. Dont la fréquentation augmente d’année en année. Quelles sont les caractéristiques de ce complexe aujourd’hui? - Le Louvre est le musée le plus visité au monde : 10 MILLIONS DE VISITEURS en 2012 devant le Museum for metropolitain art de New York et le British Museum de Londres. - Le Louvre est le deuxième monument parisien le plus visité après Notre-Dame de Paris qui est un monument gratuit. - Le Louvre est le musée parisien le plus fréquenté, trois fois plus de visiteurs que le centre Pompidou et le musée d’Orsay. - Le Louvre est une icône touristique, aussi importante que la Tour Eiffel. - Le Louvre est un mythe. - Le Louvre c’est 14,5 km de salles et de couloirs et 403 salles. - Le Louvre c’est plus de 30 nationalités différentes venant dans un même lieu , il y a 63,7% de visiteurs étrangers. - Le Louvre c’est 1200 agents de surveillance, chiffre qui a triplé en 4 ans. - Le Louvre c’est 63 millions d’euros de dépense en 2011 pour le fonctionnement du musée. - Le Louvre c’est aussi expositions temporaires, un laboratoire, une école, une salle de concert, une salle de projection, de conférence, un espace de salon d’exposition et de congrès, une galerie commerciale. - Le Louvre c’est une franchise. - Le Louvre c’est maintenant Paris, Lens et Abou Dhabi
«J’AI FAIT LE LOUVRE»
Scène de la course dans le Louvre, Film «Bande à part» Godard
ENTRER PAR LA PYRAMIDE
FAIRE UNE PHOTO DE LA PYRAMIDE INVERSÉE
VOIR LA JOCONDE
Le parcours signalétique pour les visiteurs du Louvre, proposition .
36
B-LES ÉLÉMENTS DU COMPLEXE LOUVRE : D’UN LIEU A L’AUTRE
Ce que l’on appelle complexe du Louvre comporte trois éléments majeurs :: -le souterrain et la pyramide qui correspondent au projet du Grand Louvre. -le Louvre bâtiment -le jardin des Tuileries Le souterrain est composé de plusieurs programmes rassemblés par un réseau principal, il est relié aux infrastructures de la voirie et du métro et permet un accès direct au bâtiment du Louvre, à l’espace public en surface et au jardin des tuileries. Il est la structure qui permet d’articuler les différents éléments du complexe du Louvre qui ont une influence sur le quartier. On a un emboîtement de deux échelles pour analyser la machine du Louvre celle du quartier et celle du bâtiment.
LE LOUVRE SOUTERRAIN 37
LE JARDIN DES TUILERIES
LE LOUVRE BÂTIMENT 38
LA MACHINE TOURISTIQUE DANS SON QUARTIER : UNE DÉSSERTE ABONDANTE
Point de sorties de l’espace souterrain Les accès à la zone LouvreTuileries: MÉTRO : lignes 1 et 7 station PalaisRoyal/Musée du Louvre, Louvre Rivoli, Tuileries BUS : lignes : 21,24,27,39,48,68,69,72,81, 95 Bus Open Tour : arrêt face à la pyramide VOITURE : un parc de stationnement souterrain est accessible par l’avenue du général Lemonier, tous les jours de 7h00 à 23h00. BATOBUS : Escale Louvre, quai François Mitterrand
Le Louvre et les autres bâtiments touristique desservis par les batobus Source : www.batobus.com
39
BUS OPENTOUR PARIS
P
40
C-LES FRÉQUENTATIONS : D’UN VISITEUR À L’AUTRE La forte présence de sites touristiques dans le premier arrondissement dont le Louvre est l’élément majeur, a entraîné une forte fréquentation des touristes et a induit des transformations dans le quartier.
«C’est équivalent. Il ne s’agit juste pas des mêmes personnes, des mêmes touristes !» 1 1 Avis d’un habitant sur la densité de fréquentation du quartier dans une journée
Affluences aux stations de métro en juin à 14H * D’après document de l’APUR
41
Cependant c’est aussi un quartier qui reste fréquenté et habité par les Parisiens. Ces différents publics n’utilisent pas du tout le quartier de la même manière, on peut en dégager quelques caractéristiques spatiales pour celui-ci. LE «TRIANGLE D’OR» TOURISTIQUE : LE LOUVRE UN OBJET PARMI D’AUTRES Dans un voyage touristique, Le Louvre est un bâtiment à «faire» parmi une multitude d’autres sites, les touristes doivent rentabiliser leur séjour en visitant le maximum de sites. Dans le quartier du premier arrondissement on observe que les trois lieux touristiques les plus fréquentés sont tous reliés par les grands axes Haussmanniens ( rue de Rivoli, avenue de l’Opéra, rue de la Paix). «Un triangle d’or» est formé par ces axes, où l’on trouve les sites de prestiges à leurs extrémités. Avec cette pratique du quartier, chaque lieu visité devient un objet dans un circuit. Ce phénomène de circuit est accentué par les agences touristiques et les bus «open-tour», qui amènent les touristes d’un point à un autre. LES PASSAGES PARISIENS : LE LOUVRE COMME BÂTIMENT INTÉGRÉ À LA VILLE A l’inverse les parisiens ou habitants du quartier utilisent souvent les voies secondaires et en particulier les «passages parisiens». D’une part car cela raccourci certains trajets, et permet de les faire à couvert, mais aussi parce que c’est dans ces rues qu’est resté la vie de proximité du quartier. On y retrouve les commerces du quotidien, les bars et les restaurants. Ces parcours «cachés» présentent aussi un caractère pittoresque identitaire de Paris qui est recherché par ses habitants. Ces visiteurs là utilisent le Louvre de la même manière comme une porosité dans la ville, ils savent qu’ils peuvent le traverser pour rejoindre la rive gauche contrairement à certains touristes qui ne se repèrent pas une fois dans les cours, offrant peu d’horizon sur la ville. Pour les visiteurs de ce type le Louvre est un bâtiment intégré au tissu urbain facilement traversable.
Les secteurs d’étude : Le premier (fig a.) est défini par le réseau des grands axes mettant en lien les sites touristiques. Le deuxième (fig b.) correspond au réseau des galeries couvertes utilisées par les parisiens.
Fig a. Le secteur des axes touristiques étudiés
Fig b. Le secteur des passages à couvert étudiés
vers les Grands Boulevards
vers les Halles vers l’Opéra
vers Orsay
Interprétation de la boucle touristique
vers Montparnasse
Les grandes directions des traversées du Louvre
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D- USAGES ET ESPACES : D’UN QUARTIER À L’AUTRE
Les utilisations spatiales du quartier par les touristes : études des tropismes. Autour du Louvre, les touristes utilisent majoritairement les grands axes. De ce fait on peut observer des phénomènes, liés à ces axes, qui caractérisent le quartier. On peut parler de tropisme, croissance ou influence, de l’axe. Les trois axonométries suivantes présentent les tropismes étudiés autour de l’axe Rivoli, Opéra et la rue Saint-Honoré.
Tropisme : subst masc A-Réaction d’orientation ou de locomotion orientée d’un organisme.
Axonométrie du tropisme touristique autour de l’axe Rivoli
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Axonométrie du tropisme de l’avenue de l’Opéra
Axonométrie du tropisme de la mode
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La rue de Rivol et ses séquences commerciales
Enseigne de luxe
Dominance de commerces de souvenirs et restaurants
Vers Hôtel de ville : commerces d’équipement de la personne populaires SEPHORA C&A H&M ETAM ZARA
L’axe de la rue de Rivoli : Lien entre les attractions touristiques et un axe commercial. La rue de Rivoli est l’axe qui longe les Tuileries puis le musée du Louvre. Sur ce tronçon, de la place de la concorde à la rue du Louvre, la rue est devenue à la fois un axe commercial et un axe porteur de centralités à l’échelle de la capitale, notamment par sa renommée touristique (comme les Champs-Elysées). On observe une accumulation des commerces sur la totalité de l’axe, ceux-ci sont groupés en fonction des tronçons traversés: proximité de place de la concorde- puis de la place vendôme puis du Louvre - puis du quartier des Halles.
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Avenue de l’opéra : accumulation des agences touristiques et des banques
Banques et Changes
Agences ou commerces touristiques
Emprise des îlots concernés
L’axe de l’avenue de l’Opéra : Lien entre deux pôles et l’effet d’accumulation commerciale On peut observer sur l’avenue de l’opéra un effet d’accumulation commerciale. L’avenue relie les deux monuments les plus importants du quartier (le Louvre et l’Opéra) elle génère donc un flux de circulation. Sur l’avenue on remarque un effet d’accumulation commerciale de boutiques relatives aux voyages et des offices de tourismes. On retrouve aussi les banques et services de changes. On peut tirer la conclusion que ces types de commerces ont choisi cette implantation pour le flux touristique.
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Rue Saint Honoré : L’accumulation des magasins de modes autour des enseignes célèbres cartier chanel
rolex
dior colette
Magasins liés à la mode
Emprise des îlots concernés
L’Axe rue Saint-Honoré : Polarisation du secteur de la mode, du quartier au Louvre.
«Le carrousel était dès ses débuts très marqué par l’aspect mode parisienne et accueille depuis 1994 de nombreux défilés. Cet aspect est d’ailleurs l’une des raisons de sa création, avec naturellement la nécessité de financer les parkings souterrains du musée.»
Nicolas douce, spécialiste des questions commerciales.
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Le premier arrondissement ou le quartier de la mode? Déjà très tôt un musée de la mode est créé aux Arts décoratifs, puis on remarque que la rue saint honoré, et la place Vendôme regroupent de manière concentrée des boutiques liées à la mode et au luxe. Avec quelques enseignes maîtresses telles que les bijoutiers de la place Vendôme ou colette décrit comme le lieu «hype» parisien dans tous les guides touristiques. Cette tendance de pôle de la mode s’est créée en lien avec le tourisme qui s’est révélé être une clientèle majeure à cause des grandes attractions touristiques à proximité. Ainsi ce phénomène présent dans le quartier s’est déplacé à d’autres pôles : les salons de la mode et défilés de haute couture dans le Carrousel, la fashion-week qui se déroule aux Tuileries.
TEMPORALITÉS
Emprise commerciale en semaine : ouverture de tous les commerces
Emprise commerciale le dimanche : seule l’avenue de Rivoli et la place Vendôme ont un droit d’ouverture
«Il y a par ailleurs énormément de tourisme sexuel le soir dans les jardins et les bosquets du Louvre. Il s’agit exclusivement de tourisme gay ou des hommes se retrouvent et partent faire l’amour dans les bosquets. C’est assez étrange à observer et cela ne donne pas envie de rester flâner le soir.»
TEMPORALITÉS COMMERCIALES : UNE ZONE TOURISTIQUE En regardant les ouvertures des commerces au long de la semaine, on constate un cas particulier celui de l’ouverture dominicale de certains sites du quartier. La place Vendôme et la rue de Rivoli classées en tant que zone touristique ont un droit d’ouverture le dimanche et la galerie du Carrousel reste aussi ouverte ce jour là. Ces trois exceptions sont représentatives de la présence d’une temporalité touristique dans le quartier. Ce sont évidemment les sites les plus connus, ayant la plus forte attractive touristique, qui suivent cette temporalité. L’ouverture dominicale ordinairement jour de repos pour les commerçants est donc un bon indice touristique, le dimanche étant aussi le jour où les personnes se consacrent à leurs loisirs culturels et aux visites d’expositions. LE LOUVRE LA NUIT : TRANSFORMATION DE LA CIRCULATION EN SURFACE Il est intéressant de regarder ce que devient le Louvre la nuit, ce lieu qui attire autant de personnes en journée. Le musée est ouvert tous les jours de 9h à 18h sauf le mardi, avec des nocturnes jusqu’à 21h45 le mercredi et le vendredi. La cour carrée du Louvre ferme à 22h et le jardin des Tuileries ferme à 19h30 en hiver, 21h au printemps et 23h en été. Une fois le jardin et le Louvre fermés, l’ensemble devient en quelque sorte une coupure dans le quartier. D’une part la porosité de l’ensemble est moins évidentes surtout au niveau des Tuileries très utilisée pour rejoindre facilement la passerelle Solférino . De plus le jardin du Carrousel devient complètement isolé et il s’y développe un tourisme sexuel «de drague en plein air» assez étrange. La taille d’un Louvre fermé se fait donc ressentir à la nuit tombée dans la pratique du quartier, où la vie s’est plus développée au nord.
Questionnaire pour les habitants du 1er arrondissement
Plan des circulations la nuit
48
LES UTILISATIONS SPATIALES DU QUARTIER PAR LES PARISIENS
Galerie : subst. fém.
A- Passage couvert (réservé à la circulation piétonnière) aménagé à l’intérieur d’îlots bâtis, autour de jardins intérieurs ou longeant une voie urbaine et bordé ou non de magasins. B-Galerie marchande. Allée centrale d’un centre commercial C-Pour la galerie. Pour faire illusion. Définition du CNRTL
«Je ne passe quasi-exclusivement que par les passages et les petites rue. Rue St Roc, rue de Valois, passage des Jacobins etc.» Questionnaire auprès des habitants du premier arrondissement
DU LOUVRE AU 9ÈME : LE RÉSEAU DES GALERIES MARCHANDES Les enchaînements des galeries du Carrousel du Louvre en passant par le Palais-Royal jusqu’au 9ème nous retrace l’histoire des galeries marchandes couvertes. Développés dans les passage ou le souterrain pour le Louvre, les commerces font vivre ses mondes intérieurs. Le principe de galerie couverte est de créer un environnement protégé, avec des ambiances travaillées, qui soient propices à des activités de loisirs notamment celle du shopping. Ces univers intérieurs sont ambiguës sur leur statut, il cherche à recréer un espace public mais c’est un espace public artificiel qui est en plus une propriété privée. Le centre commercial actuel est d’ailleurs une évolution, en passant par les grands magasins, des ces premières galeries marchandes du 19ème siècle. La succession des photographies ci-contre retrace l’ensemble des ambiances que l’on peut rencontrer en traversant les galeries. On note l’utilisation des lumières artificielles nous faisant sentir dans un intérieur et qui contraste par rapport aux lumières naturelles qui rentre par les verrières nous faisant sentir à l’extérieur. On peut alors se demander : eston dedans ou dehors ? UNE SUCCESSION D’EFFETS DE SEUIL Les intérieurs des passages sont comme des ellipses dans le parcours urbain. On passe d’une rue à l’autre sans savoir quelle partie de ville nous avons traversés. On constate donc des effets de seuils (cf fig. c) d’un monde à l’autre, d’un quartier à l’autre, du dehors au dedans. La première séquence de photographies (cf p 46) illustrent le parcours du Palais-Royal jusqu’au 9ème arrondissement et la deuxième (cf p48) illustre le retour vers le Louvre en passant plus à l’ouest dans le deuxième et en revenant par l’autre aile du Palais-Royal.
49
Fig. c : Plan de la succession des galeries : des transitions à couvert.
7
6
Seuil Boulevard Montmartre Transition 9ème-2ème
8 5
4
Seuil rue Saint-Augustin 9
3
Seuil rue des Petits-Champs
2
Transition 2ème-1er
10 10bis
1
Seuil rue Saint-Honoré
12
11
Seuil rue de Rivoli 11
Cloître Cour Carrée Seuil quai François-Mitterrand
50
E-FLIP BOOK DES GALERIES DU LOUVRE AU 9ÈME
VERS LE 9ÈME ARRONDISSEMENT 1. Séquence Palais Royal galerie ouest
3. Séquence galerie Vivienne
4.
51
5. Séquence Passage des Panoramas
2.Transition 2ème
Suite Passage des Panoramas
6. 9ème Arr. Séquence Passage Jouffroy
7. Fin
RETOUR VERS LE LOUVRE 8. Séquence passage des Princes
52
9. Séquence Passage Choiseul
10bis.Séquence Palais Royal galerie est
11.Séquence des entrées dans le Louvre
53
10. Séquence Passage des jacobins
Rue de Rivoli
12. Séquence Galerie du Carrousel du Louvre
Fin
54
Louvre Rez-de-ville 0
Niveau -1
Niveau -2 Niveau -3
2
LA MACHINE INTÉRIEURE
Cette partie vise à analyser le fonctionnement de la «machine Louvre». Une machine principalement souterraine, qui est la source d’une grosse partie du fonctionnement du musée et qui est l’endroit où les dix millions de visiteurs du Louvre sont passés. Cette concentration en masse dans les espaces souterrains a plusieurs causes et conséquences. Il s’agit donc de tirer des constats des observations effectuées sur le site, en les mettant en lien avec d’autres facteurs et en y apportant un regard architectural. Les questions abordées sont les suivantes: Surface ou Souterrain : quelle est le niveau de référence? qu’est ce qui articule la machine? «Séjour» ou «Transit» : comment sont qualifiés les espaces de circulation? quel est leur rapport aux flux? Cohabitation des programmes et Micro mobilités : comment les flux circulent d’un programme à l’autre ? quel est leur relation avec les programmes? Les réponses à ces questions pourraient permettre de donner une opinion sur le fonctionnement de cette «machine» et de comprendre à quoi est due la congestion dans les galeries du Louvre.
56
Photographie du Hall NapolĂŠon
57
1/ LE SOUTERRAIN COMME INTERFACE Interface : subst. fém. A- Zone de contacts et d’échanges. B-INFORMAT. Logique intermédiaire entre deux traitements distincts, ou entre un traitement et un fichier
On a vu le grand Louvre était une étape majeure de la transformation du Louvre, cette extension a complètement modifié le fonctionnement du bâtiment en intégrant notamment la dimension souterraine. Ce projet est une manifestation souterraine grandiose et d’une forte complexité architecturale. Le souterrain est au coeur de la machine c’est grâce à lui que les différents espaces sont articulés horizontalement ou verticalement. On peut le qualifier d’interface car il a été construit comme une nappe afin d’aller chercher à connecter le maximum d’éléments à l’extérieur du bâtiment, tout en ayant des surfaces occupables suffisamment grandes dans son emprise. Il est aussi formé d’une structure centrale autour de laquelle se sont accrochés des programmes, il en est également l’interface.
Schéma théorique de l’interface souterraine
58
A- LA COMPARAISON AVEC LES HALLES «L’opération du Grand Louvre, qui associe la restructuration du musée à celle de ses abords en faisant un large recours au sous sol figure une nouvelle génération de complexes souterrains plus intégrés, plus grandioses. Il faudra cependant attendre quelques années avant d’en faire le bilan.»1
Le forum des Halles au niveau -3, sur la place où l’on peut accèder au métro. Il y a très peu de présence de lumière naturelle, et l’’espace est ouvert.
Le forum des halles et le Grand Louvre construit à une dizaine d’années d’écart sont deux exemples d’urbanisme souterrain. Ces deux machines sont toutes les deux des lieux de hautes fréquentations. Sur ces deux points il est intéressant de les comparer. On peut voir sur les plans de niveau souterrain ( fig. a) que la structure principale de circulation est quasiment similaire. Une large allée qui relie une succession de places carrées, l’une permettant d’accéder au jardin à une extrémité, au milieu on se connecte au métro et à l’autre on peut remonter à la surface. Cependant on remarque que les Halles ont un répartition programmatique et une organisation plus condensée qu’au Louvre. En effet au forum on a une organisation plus verticale avec la superposition des niveaux. Au Louvre on est dans une configuration de nappe qui se déploie pour aller chercher des éléments déjà existant, le métro, la route, les ailes du Louvre... Le souterrain est contraint par ce qui existait déjà contrairement au forum qui a été construit d’un coup. On note aussi que sur un niveau le Louvre articule beaucoup plus de programmes différents là où le forum des Halles regroupe majoritairement des commerces et un équipement, c’est la différence entre le développement vertical et horizontal.
La place de la pyramide inversée au Louvre, l’entrée de la lumière est monumentalisée par la pyramide, l’espace donne l’impression d’une place, d’un hall d’atente.
59
Au Louvre le sol lisse favorise les mouvements, la circulation est souhaitée mais on a des espaces plus aérés qu’aux Halles. Les visiteurs n’ont pas de but précis, démarche de celui qui visite, il y a une sorte de déambulation touristique « la foule n’a pas de sens ». Les motivations du public orientent les attitudes, au forum des Halles on observe un changement tout au long de la journée, (changement de motivation) au Louvre on vient pour visiter.
1
L’urbanisme souterrain Sabine Barles et André Guillerme 1995
274m
LE JARDIN
niveau -3
240m
LE JARDIN
niveau -2
N
PARKING ET VOIRIES
METRO
MAIL COMMERCIAL
Fig. a
60
B-LE SOUTERRAIN CONTINU
bâtiment surface souterrain Schéma de la dualité de la machine
Les espaces souterrains ont été crées en opposition à l’étalement : on peut identifier plusieurs catégories entre ceux développés à cause d’une connexion à une infrastructure, ceux développés à cause d’une impossibilité de construire en surface et ceux qui ont voulu affirmer la spécialisation d’un lieu. A leur début, dans les grands magasins, ils étaient surtout utilisés comme espace fonctionnel avec un couloir de connexion au métro. Au Louvre, vingt après les Halles, c’est un souterrain mixte qui se construit. On ne pouvait pas construire en surface, on avait besoin de se connecter au réseau de transport et d’implanter tous les services nécessaires mais il fallait aussi créer des espaces d’accueils, des espaces où l’on ait envie de rester. UN SOUS SOL La vie en sous-sol a cette particularité fascinante de ne pas se révéler à celui qui se trouve à la surface. Sur la figure a on a une superposition du sous sol sur le rez de ville, certains tracés coïncident comme le métro et la rue de Rivoli ou les contours du souterrain du Louvre qui suivent le bâtiment historique. On a construit en son creux pour éviter de toucher à ses fondations. Quelques branches, comme des bras, sont elles imposées au rez de ville, pour connecter les différents ensembles : la rampe du parking, la galerie du Louvre au métro, l’allée du grand Louvre avec les places et les galeries qui connectent le souterrain aux ailes du musée ( les cours de l’aile richelieu et de l’aile Denon). Les branches du souterrain sont dans la même direction que les axes du bâtiment historique, ce qui montre la volonté d’unification entre ce qui en surface et en souterrain.
Schéma du souterrain encastré sous le bâtiment-Louvre
61
UN URBANISME SOUTERRAIN La nécessité d’utiliser les espaces en sous-sol à Paris naît surtout à cause de la compétition de l’espace. Dans le cas du Louvre on est dans un souci de respect d’une œuvre patrimoniale à laquelle on ne peut toucher. La question reste cependant d’actualité, vivre en sous sol n’étant pas une attitude naturelle. Les espaces souterrains sont aujourd’hui des lieux de la vie urbaine, cependant le caractère artificiel de l’environnement qu’ils mettent en place pose la problématique de récréer un rapport avec le ciel, avec la temporalité extérieure et la lumière du jour. Au Louvre ce sont les pyramides qui jouent le rôle de lien avec la surface, mais malgré l’importance de ces ouvertures
Fig. a Le système souterrain superposé à la surface
Fig. b : coupe est-ouest
surface accueil
galerie commerciale
parking
62
surface accueil
métro 7
1
voie GP
zénithale, le souterrain étant vaste on a du mal à se sentir connecté avec l’extérieur. LE PASSAGE DU MÉTRO La connexion au réseau du métro a permis de connecté le Louvre au réseau de la ville. La connexion avec celui-ci se fait sous l’aile de Rohan, en dessous du niveau de l’entrée du Carrousel et des guichets du Louvre. Schéma du noeud de connexion entre le Louvre, la ligne 1 et la ligne 7. L’embrachement du bâtiment avec le métro, définit le Louvre comme une infra-architecture .
70M 20M
30M
Les multiples directions du réseau des allées souterraines en 2D.
63
Le métro forme lui-même un noeud souterrain, on a ici une connexion entre deux lignes, la ligne 1 et la ligne 7, qui s’est faite plus tardivement à cause de la difficulté de passer sous le Louvre pour aller rive gauche. Elle a donc du être déplacée pour traverser plus à l’est de la cour carrée. Cette difficulté montre la faible porosité souterraine du bâtiment Louvre qui peut expliquer le manque de sortie à la surface vers l’aile Flore, le long de la Seine. L’ espace d’interface entre les deux lignes se fait sous la place du palais Royal avec quatre entrées à cet endroit. Il existe trois autres entrée pour la station. Sans doute pour profiter de la thématique du musée et des fréquentations, la RATP y a installé une «galerie d’exposition RATP» dans un des couloirs du métro. L’ORGANISATION LONGITUDINALE Au vue de la forme architecturale du bâtiment du Louvre en U, avec des ailes de 500 mètres de long, la machine souterraine a du se développer en suivant le linéaire du musée. Comme le montre la coupe est-ouest (fig b p62) le souterrain s’étend de la cour carrée jusqu’à la fin des ailes. Les circulations suivent ce sens ( flèches oranges) et relient les programmes entre eux de manière continue. Sur la coupe nord-sud (fig. b’) on remarque au contraire des ensembles souterrains discontinus en dessous des espaces publics de la surface, la continuité du réseau du Louvre se faisant dans le sens longitudinal. Le souterrain n’ a pas de sortie à toutes ses extrémités, pour éviter les impasses on se retrouve parfois dans des continuités intérieures organisées en boucle pour que l’on puisse revenir au point de départ, sur un même niveau ou sur plusieurs niveaux. Le réseau souterrain est donc entièrement autonome on a pas besoin de la surface ou de passer par un autre bâtiment pour circuler dedans. A l’inverse de la ville en surface qui l’utilise comme un moyen de rentrer dans le Louvre.
La LIGNE 7 du métro a été déviée plus à l’est pour ne pas passer sous le Louvre.
Allée de France
Allée du Grand Louvre
Hall Charles V
Allée de Rivoli Allée du Carrousel
surface accueil
Fig. c Le réseau des allées
galerie commerciale
parking
surface accueil
métro 7
voie GP
1
Fig. b’ coupe nord-sud
64
LE NIVEAU -2 : UN NIVEAU DE RÉFÉRENCE QUI ARTICULE TOUTES LES SORTIES Le niveau -2 du souterrain est le niveau qui regroupe l’ensemble des entrées et sorties. Une fois que l’on rentre dans le bâtiment c’est par lui que l’on va transiter pour rejoindre un autre programme ou sortie. Placé au centre et dans les axes du bâtiment historique c’est aussi lui qui assure l’articulation entre les ailes du musée. On est parfois obligé de retourner à ce niveau alors que l’on est dans les étages du musée pour continuer son exposition dans une autre aile. On peut aussi remarquer que proportionnellement le noeud d’échange du métro dispose d’un nombre de sorties largement plus conséquent que le souterrain du Louvre, cette différence montre que l’on peut sortir ou entrée plus rapidement dans le métro que dans le Louvre, on en expliquera par la suite la conséquence en terme de mouvement.
SORTIE PLACE
SORTIE RUE SAINT HONORÉ SORTIE PALAIS ROYAL SORTIE RUE DE
RIVOLI
COLETTE
SORTIE RUE DE VALOIS
SORTIE
MUSÉE DU LOUVRE
VERS RUE DE RIVOLI
VERS PARKING
VERS R-1
VERS JARDIN VERS RUE DE RIVOLI SORTIE PYRAMIDE VERS L’AILE RICHELIEU
VERS L’AILE SULLY VERS L’AILE DENON
Fig a Axonométrie des différentes sorties articulées depuis le souterrain
65
LA RELATION À LA SURFACE 1-La relation surface-souterrain est présente. On peut passer de l’un à l’autre assez facilement . On observe cependant que les deux milieux fonctionnent différemment. La surface, qui correspond au rez du ville, est un plan aux directions multiples contrairement au souterrain qui obéit à des axes architecturaux précis.
1
2-A l’inverse depuis que le souterrain existe, la relation surfacebâtiment a été annihilé, faisant de ce dernier un objet dans la ville. Il ne reste qu’une seule trace de l’ancien fonctionnement l’entrée porte des Lions qui est moins utilisée car elle se trouve du côté du quai, où les arrivées sont beaucoup moins fréquente et l’entrée du musée des Arts décoraifs qui ne permet pas d’accèder au Louvre. 3-Une troisième posture est créée c’est la relation souterrainbâtiment, comme on l’a vu le sous sol sert d’interface pour accéder à un bâtiment, en opposition à la relation habituelle d’entrée par le rez-de-chaussée. Au final le souterrain entretient plus de relation avec le bâtiment qu’avec la surface car il a été conçu de manière à reconstruire le fonctionnement interne du musée. La dispersion du souterrain à la surface est moins importante que les différentes arrivées dans le souterrain cumulées.
2
3
Ce qui nous montre d’autant plus que la machine du Louvre, c’est une machine souterraine où tous vient se concentrer.
Schéma en coupe des relations bâtiment-surface-souterrain
66
C-DU SOUTERRAIN AU MUSÉE : UN PARCOURS INTÉRIEUR Le premier exemple du rôle d’interface du souterrain est celui du parcours vers le musée. Lorsque l’on arrive du métro on va directement jusqu’au musée sans repasser par la surface, seules les verrières nous donnent des ouvertures sur le ciel. Ce parcours intérieur est caractérisé par des séquences spatiales longitudinales, les galeries, reliant des places plus larges. La figure b, montre l’enchaînement des galeries du niveau -2 au rez-de-chaussée. Le musée comporte ensuite deux niveaux de plus qui ne sont pas représentés ici car ils reprennent la même configuration que celui du rez-de-chaussée. On a une succession interne de couloirs-galeries, de différentes tailles et d’aspects différents suivant le programme de la galerie.
Fig.a Interprétation schématique du bâtiment comme un réseau de galeries internes.
Certains sont en impasse, particulièrement dans le bâtiment historique où toutes les parties ne sont pas accessibles. D’autres sont en boucle, notamment dans le souterrain et dans la cour Carrée. Pour passer des galeries du souterrain à celles du musée on a recours au déplacement vertical. Le parcours du souterrain au musée, en arrivant par le métro se fait donc continuellement en intérieur. La figure a, ci-contre, schématise le système formé par les galeries et les différents sous ensemble de celui-ci : le métro, la galerie commerciale, la transition vers le hall Napoléon, la répartition dans les trois ailes et la connexion au bâtiment en surface. Même si l’on change de niveaux on est toujours dans une configuration de couloirs dans des sens différents ce qui participent à la désorientation des usagers (voir l’illustration d’un des parcours possibles p71). Par exemple pour aller du niveau-2 au niveau -1, trois directions sont possibles et lorsque vous arrivez au rez de chaussée vous rechangez de sens, les salles s’enchaînant dans la longueur des ailes. Dans les parties enterrées la perte de repères est encore plus grande car il n’y a aucune visibilité sur un horizon de ville, on se sent encore plus dans un environnement intérieur.
67
Fig b. Axonométrie de la liason intérieure entre le souterrain et le bâtiment
Rez-de-ville 0
Niveau -1
Niveau -2
68
D-LE SOUTERRAIN INTERFACE ENTRE DES ESPACES PUBLICS Les différents accès piétons de la surface aux souterrains mettent en lien des espaces publics de la ville aux espaces privées du Louvre. Le niveau -2 sur lequel toutes ces entrée débouche devient alors une interface entre des espaces de rez-de-ville. Dans un parcours en surface traditionnelle ces espaces serait déconnectés les uns des autres ou en tout cas pas directement. En utilisant le passage souterrain dans un parcours on peut occulter des séquences de villes. Par exemple si un passant pars de la rue de Rivoli pour aller au jardin du Carrousel, il n’aurait pas conscience de l’emprise de la place du palais Royal.
Fig. a Axonométrie des liaisons entre: La cour Carrée de la pyramide et le hall Napoléon La place du Palais-Royal et le souterrain La rue de Rivoli et le souterrain
69
LA POROSITÉ DE L’AILE NORD DU LOUVRE La figure a nous montre que les connexions surfaces-souterrains en passant par le bâtiment du Louvre se font toutes par l’aile Nord, qui est plus intégrée au tissu urbain alors que côté Seine on ne peut pas accéder au niveau -2 depuis la surface. Ainsi les espaces publics, la rue de Rivoli et la place du Palais-Royal, sont reliés à la ville intérieure du Louvre. Les changements de niveaux se font assez facilement, les escaliers étant dans le sens des flux et bien visibles, le souterrain est comme une extension naturelle de la ville. DU JARDIN AU SOUTERRAIN Le jardin du Louvre et par extension celui des Tuileries se retrouve directement connecté au souterrain par l’arrière avec deux grandes volées d’escaliers monumentales prises entre les espaces de parking. Ce passage largement dimensionné est très peu utilisé. Il manque nettement de visibilité dans le souterrain. Cependant il relie directement la fashion-week au salon de la mode quand ces évènement ont lieu.
contuinité avec le jardin des Tuileries
Fig. b Axonométrie de la liaison entre le jardin des Tuileries et le Hall Charles V en souterrain
70
E-LE SOUTERRAIN COMME CONTINUITÉ DE LA VOIRIE
Le Louvre est connecté directement à la voirie de la surface, l’implantation de ce parking en souterrain était une étape majeure dans la construction du projet. Le parking a impliqué la création d’un sol artificiel pour le jardin du dessus. Le souterrain s’organise donc autour de l’arc de triomphe du Carrousel qu’on ne pouvait pas toucher. Les flux de voitures rentrent sous terre avenue du général Lemonnier par les quais ou rue de Rivoli. LA CONCENTRATION DE LA PRÉSENCE AUTOMOBILE Les quatre espaces de parking sont condensés à l’arrière du bâtiment, toute desserte par véhicules motorisés des groupes de touristes aux particuliers sortiront par une des quatre sorties possibles et déboucheront dans le Hall Charles. EN SURFACE, LA SÉPARATION DE L’ESPACE PUBLIC EN DEUX Les guichets du Louvre sont une perméabilité automobile importante qui permet de rejoindre la Seine. Avant en double sens, elle était une barrière entre le jardin et la cour du Louvre. Depuis l’agrandissement seul bus et taxis peut aller des quais à la place du Carrousel. La séparation est cependant toujours présente, même si l’espace est apaisé car le trafic a été réduit. LA CONTINUITÉ VERS LES TUILERIES RETROUVÉE Grâce à la mise en souterrain de l’avenue Lemonnier, le jardin du Carrousel n’est plus séparé de celui des Tuileries, cette continuité est cohérente et permet aux usagers de s’approprier le jardin du Carrousel, auparavant isolé. BILAN Les niveaux souterrains sont l’ensemble fonctionnel de la machine. Ils sont à la fois un monde à part en dessous de la surface qui a sa propre organisation et sa propre physiologie et à la fois un monde connecté à la surface. Ils forment une continuité interne des réseaux de transports jusqu’aux galeries du musée. Ils sont l’interface entre les trois ailes du musées, situé au centre d’elles. Ils sont la continuité du réseau de voirie de la surface et ils sont l’interface entre les différents espaces publics de celle-ci. 71
Fig. a Axonométrie de la liaison entre le système viaire en surface et l’emprise des parkings en souterrain
1 2 Fig. c
3
1- PARKING PUBLIC 620 Places
4
2-PARKING ADMNINISTRATIF 180 Places 3-AIRE DE LIVRAISON 4-GARE ROUTIÈRE 80 Places d’autocars
72
PHOTOGRAPHIES DES PARCOURS ÉTUDIÉS
1
le parcours interieur
GALERIE DU METRO niveau -2 1
ARRIVÉE SUR LES COMMERCES
DU SOUTERRAIN VERS LE MUSÉE
MUSÉE GALERIE DES CARIATIDES niveau 0
niveau -1
73
PLACE DE LA PYRAMIDE INVERSÉE
MUSÉE GALERIE DES PEINTURES niveau 1
2
de la surface rue de Rivoli au souterrain hall Napoléon
ESPACE PUBLIC RUE DE RIVOLI surface 2
DESCENTE PAR LES ESCALATORS niveau -1
ARRIVÉE AUX VESTIAIRES niveau -2
ENTRÉE RUE DE RIVOLI surface
ESPACE INTERMÉDIAIRE niveau -1
ARRIVÉE AUX RESTAURANTS niveau -1
74
3
de la surface : cour au souterrain : hall Napoléon, du jardin au hall Charles V
ESPACE PUBLIC DE LA PYRAMIDE surface
DESCENTE VERTICALE DANS LE HALL
3
ENTRÉE DU JARDIN DU CAROUSEL
3 75
surface
DESCENTE CACHÉE
ARRIVÉE POINT D’INFORMATION niveau -2
ARRIVÉE AUX SALONS DU CARROUSEL niveau -2
4
de la surface : réseau viaire au souterrain: les parkings
L’ENTRÉE DU PARKING SOUTERRAIN surface
LA GARE ROUTIÈRE DES BUS TOURISTIQUES niveau -3
ARRIVÉE PIÉTONNE SUR LE HALL CHARLES V niveau -2
L’ESPACE PUBLIC EN SURFACE, LA VOIE SÉPARE LE JARDIN DE LA PLACE COUR PLUS URBAINE surface
LES GUICHETS DU LOUVRE À SENS UNIQUE surface
76
3-AMBIGÜITÉ ENTRE «SÉJOUR» ET «TRANSIT»
LES HALLES : TRANSIT ET DISPERSION ALÉATOIRE LE «FLIPPER» OU MOUVEMENT BROWNIEN
L’espace public contemporain est caractérisé par sa mobilité, ces lieux de mouvements sont caractérisés par un mode de transit, qu’il soit intermodal ou entre différents programmes, on peut se demander quels sont les caractéristiques et les motifs de ces déplacements. Au Louvre avec la forte fréquentation du musée et de la galerie commerciale on peut observer ces phénomènes de transit. A-CIRCULATION GÉNÉRALE DANS LA MACHINE
LE LOUVRE: RÉCEPTION ET DISPERSION ALÉATOIRE RÉPATITION D’UN FLUX CONDENSÉ
ORIENTATION DIRECTIVE D’UN FLUX D’UN POINT À AUTRE EFFET DE «TOKYO»
77
Le musée possède trois sortes d’entrées: -celles en surface rue de Rivoli, passage Richelieu, porte des Lions -celles en souterrain , avec le parking et le métro -et l’entrée dite «unique» de la pyramide qui est particulière car elle est un lieu touristique en soi, recherchée par les visiteurs qui veulent passer par là. Ces trois entrées sont également des sorties. Elles sont toutes utilisées bien que chacune d’elles soit normalement dévouée à un autre programme, l’entrée rue de Rivoli dessert plus particulièrement la galerie commerciale, le passage Richelieu est accessible uniquement par les visiteurs prioritaires ou ayant déjà un ticket et enfin la porte des Lions dans l’aile Flore est une entrée plus utilisée pour l’école du Louvre. Tout a été fait pour que la majorité des visiteurs rentrent par la pyramide ce qui participe à créer un flux important. En effet les entrées et sorties pour un bâtiment de cette échelle sont très importantes, ce sont elles qui génèrent les flux et qui doivent écouler les milliers de visiteurs au fur et à mesure qu’ils rentrent et qu’il sortent. C’est le transit des foules qui est mis en jeu à travers le positionnement des entrées et sorties.
SCHÉMA DE CIRCULATION GÉNÉRALE DES ENTRÉES À LA DISPERSION DANS LE MUSÉE Les principaux flux des visiteurs voulant aller au musée sont illustrés ici. Le noeud de l’ensemble se trouve dans le hall Napoléon, là où l’on achète les billets avant d’être dispersé dans le bâtiment du Louvre par une ascension verticale dans les niveaux. Flux des entrées rue de Rivoli
Flux des entrées souterraines
Flux des entrées du jardin
Flux de dispersion dans le musée
rue de Rivoli Arc de triomphe du carrousel
place du Palais Royal
parking métro
Hall Napoléon
78
Schémas des espaces d’accueils
Schémas des espaces de transit
LE MÉTRO UN LIEU DÉDIÉ AU TRANSIT Dans un espace souterrain utilisé comme interface de transport, les gares ou les noeuds d’échanges entre des lignes de métro, les couloirs de circulation sont uniquement dédiés au transit. Excepté en cas de forte présence de boutiques ou d’une autre attraction, les gens ne s’arrêtent pas dans le métro et ils sont ensuite évacués à la surface ou dans les métros qui arrivent et repartent. La circulation de flux est continuelle ce qui participe à garder dans ces espaces une circulation aisée. On observe d’ailleurs que lorsqu’un métro tarde à arriver, ou que les lignes sont bloquées, les quais sont bondés et le déplacement devient difficile car chaque personne essaye d’aller dans un sens différent ou reste sur place. Il y a dans ces moments là une rupture dans la boucle arrivée-évacuation des flux. DOUBLE FONCTIONS DES ESPACES DU LOUVRE Dans le souterrain du musée, les espaces qui sont censés permettre un transit servent aussi d’espaces d’accueil pour les visiteurs ou bien servent de parvis et de circulation à un autre programme. En effet dans le métro, où les flux sont assez fluides, on n’a aucune raison de s’arrêter. D’ailleurs l’environnement nous pousse plutôt à sortir de l’endroit, car rien n’est fait pour que l’on ait envie de stationner. Une fois que l’on rentre dans le Carrousel on débouche sur une galerie commerciale, il y a très peu d’espace intermédiaire entre l’arrivée du métro et les premières boutiques, ce prête à confusion. Pour les sorties du parking on débouche dans le Hall Charles V, prévu à la base pour accueillir, cet espace reste souvent vide car rien est fait l’accueil. On y circule et parfois les groupes y stationnent en s’asseyant par terre. Le phénomène de double fonctions se produit pour les autres galeries, jusqu’au Hall Napoléon qui lui est utilisé pour beaucoup de fonctions à fois : accueil, restauration, informations, achats, billetteries, salles d’expositions, salles de conférence, articulation entre les services. 79
B-LE HALL NAPOLÉON : UN ESPACE DE CONCENTRATION
LE REZ-DE-CHAUSSÉE
fig. a
LA COMPARAISON AVEC LES HALLES On peut se référer aux halles pour une comparaison des flux. En effet si l’on prend la salle d’échanges entre les lignes de métro et RER des Halles, on remarque l’effet «flipper» c’est à dire que dans un grand espace des flux multidirectionnels se croisent. On a aussi l’effet de «Tokyo» où le flux principal est dirigé d’un point A à un point B. Au Louvre dans l’espace du hall Napoléon qui joue à la fois le rôle d’interface et d’espace d’accueil on a deux effets : le transit réparti d’un flux condensé ( les visiteurs arrivent principalement depuis la pyramide et par l’allée du grand Louvre) et des flux aléatoires qui circulent dans l’espace du hall sans transiter. LE REZ-DE-CHAUSSÉE Sur l’espace public en surface le niveau de référence nous paraît clair c’est celui du sol sur lequel on marche. En rentrant sur la mezzanine de la pyramide (figure a) on a toute une suite une perception d’un niveau au dessous, le niveau de référence se trouble c’est la première désorientation due au souterrain. De plus comme l’on se trouve dans une cour, entourée des ailes du Louvre, on peut difficilement se repérer par rapport à d’autres éléments du rez de ville, le souterrain s’impose comme la seule possibilité pour continuer le parcours.
LE HALL NAPOLÈON
VERS LES AILES
fig. b
fig. c
ARRIVÉE MONUMENTALE ET ENTRÉE UNIQUE L’entrée par la pyramide est un évènement en soi. Ce grand volume qui émerge en surface donne une dimension impressionnante au hall Napoléon. Cependant on entre par une seule porte de taille standard où les files d’attente s’accumulent. LA RÉPARTITION DES FLUX DANS LES AILES DU MUSÉES, CONNEXION AVEXC LE LOUVRE-BÂTIMENT Le niveau de référence se déplace encore quand on veut aller dans le musée, on doit passer du niveau -2 au niveau -1. On se retrouve sur une coursive donnant sur la place du hall Napoléon . Cette interface du niveau -1 sert de transition entre le souterrain et le musée, les espaces sont en couloir et servent à la fois de transit et d’attente. Les visiteurs peuvent s’assoir sur les chaises de la cafétéria implantée sur la coursive ou rejoindre une autre aile du musée. La circulation est quand même plus continue , la plupart des visiteurs se dirigeant directement dans le musée. 80
LE HALL NAPOLÉON : RÉCEPTION ET CARREFOUR ? Le hall c’est la réception de flux multiples dans une grande pièce vide . L’échelle du hall est-elle adaptée? A la fois trop grande car les flux se diffusent de manière confuse, à la fois trop petite car c’est un endroit encombré en période de pointe, pour le musée. C-UN ESPACE PUBLIC SOUTERRAIN? ESPACE PUBLIC EN SURFACE, ESPACE PRIVÉ EN SOUTERRAIN La ville en épaisseur devient un ensemble parcouru et appropriable. C’est pour cela qu’Édouard Utudjian1 parlait d’un urbanisme à trois dimensions. Mais l’espace souterrain du Louvre est un espace privée dans lequel il faut faire acte d’entrée et qui a des horaires d’ouverture et fermeture. Même s’il y a des interactions similaires à des espaces de villes, cela reste un espace intérieur et n’est donc pas de l’espace public. INTÉRIEUR OU EXTÉRIEUR :AMBIGUÏTÉ DE L’ATRIUM L’espace souterrain du Louvre est caractérisé par ces grandes verrières que sont les pyramides. Leur présence monumentale nous donne le sentiment d’être à la fois à l’extérieur et à l’intérieur alors que l’on est pourtant dans un univers complètement artificiel. On retrouve dans ce phénomène les caractéristiques de l’univers de l’atrium déjà décrit par Benjamin Walter dans le cas des passages parisiens. Au Louvre l’espace du Hall Napoléon rend «captifs» les usagers qui ont du mal à trouver les sorties et stagnent sous la pyramide. L’espace souterrain n’a aucune visibilité sur l’extérieur ce qui amène normalement les usagers à transiter plus rapidement, dans celui du Louvre les pyramides en verre sont des points d’attractions qui font que les visiteurs restent en dessous happés par la présence du ciel.
Croquis de l’opacité visuelle des parois. sur l’extérieure La pyramide induit une ambiguïté dans la délimitation intérieur-extérieur. Source : L’espace Urbain en Méthode, cf Bibliographie
81
1 Édouard Utudjian est un architecte et ingénieur , fondateur en 1933 du Groupe d’études et de coordination de l’urbanisme souterrain (GECUS). Il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet notamment Architecture et urbanisme souterrain
LES SÉQUENCES DU SOUTERRAIN On retrouve des univers très contrastés dans le souterrain du Louvre ce qui participe aux ambiguïtés de ses espaces. On peut parler de séquences programmatiques dans le parcours, mais aussi de séquences relatives aux ressentis spatiaux qui génèrent une manière de se déplacer. Ce type d’analyse a été réalisé dans l’ouvrage L’Espace urbain en méthode, (voir les photos p81) et qualifie l’expérience d’un parcours en souterrain. Le parcours est analysé comme une promenade dans l’espace public, dans le cas du Louvre on peut retrouver des situations similaires à de l’espace public de ville. L’étude a deux objectifs, celui de définir le type d’espace que l’on trouve en souterrain et les stimuli qu’il cause. Elle est intéressante à évoquer ici car elle permet de tirer des conclusions sur la cause des flux de déplacement. Les séquences programmatiques révèlent une organisation en enfilade entre des «places», carrefours ou espaces d’accueils du souterrain. Celles-ci sont sur l’axe structurant de la machine et chacune d’elles articule des séquences différentes. On peut voir sur la coupe et sur l’axonométrie (p83) le basculement d’une fonction à l’autre accentuée par un traitement architecturale largement théâtralisé au Louvre.
LOUVRE ESPACE MUSÉAL ACCUEIL COMMERCES pyramide grande hauteur simple hauteur sous plafond
PLACE COMMERCES PLACE pyramide grande hauteur inversée sous plafond
PARKING
Les séquences du souterrain sur la coupe Est-Ouest
82
1
2
3
1
4 LES COULISSES, le dernier croisement est très peu utilisé, il se trouve à l’arrière du système là où les flux sont moindres
2
4
3 LE DÉCOR, la pyramide inversée
3
4
1 LA VITRINE, La pyramide est l’émergence du souterrain donc son repère en surface, elle devenue la vitrine du Louvre.
2 LE HALL, La taille du hall, le plus grand espace du souterrain, indique aux usagers que c’est l’entrée du musée.
n’a pas de fonction d’organisation, c‘est devenu un spectacle pour les touristes.
La qualification des séquences d’usages et d’espaces symbolisées par chaque «place»
83
GARE OU MUSÉE ? La fonction des espaces du Louvre n’est pas toujours claire, on pourrait parfois penser que l’on est dans une gare. Les dimensions du bâtiment sont à l’échelle des lieux de transit comme les gares, on est dans un lieu-mouvement. Caractérisés par l’absence de bancs pour s’asseoir, l’emplacement différés des contrôles pour éviter l’accumulation de personnes et des stratégies d’optimisation du temps de prise de billet avec notamment l’installation de guichets électroniques. Seulement il y a d’autres éléments qui incitent le visiteur à faire le contraire. La médiatisation des pyramides en verres comme symbole du musée et leur caractère architectural spectaculaire font s’attarder les visiteurs et les concentrent au même endroit, sans pour autant qu’ils puissent s’asseoir D’autres espaces du souterrain sont beaucoup moins surchargés, comme le hall Charles V, mais la signalétique peu visible n’invite pas les visiteurs à y passer. La photographie ci-contre témoigne du statut équivoque des espaces, on pourrait se trouver dans un intérieur de gare ou d’aéroport.
Photographie de la foule dans les galeries souterraines un jour de forte affluence.
84
4 - COHABITATION DES «SOUS EMSEMBLES» A-LA RÉPARTION PROGRAMMATIQUE
Schéma théorique de l’articulation des programmes autour de la structure principale de circulation : les trois «places»
85
Les programmes du souterrain se décomposent principalement en deux catégories, les commerces, les espaces de restaurations et les lieux d’exposition ou relatifs à une activité culturelle (fig. b et c). On remarque que les commerces sont condensés au même endroit, bien qu’il faille différencier les commerces du Carrousel du Louvre, de ceux gérés par la Régie des Musées Nationaux, ils restent groupés. Les restaurants sont plus disséminés, gérés par des propriétaires individuels ils ont été placés près des espaces d’accueils ou d’arrivées des usagers. La deuxième catégorie de programme est quand à elle beaucoup plus éclatée. Les programmes de salle de conférence ou bien des salons n’ont pas été mutualisés (là aussi parce que les propriétaires concernés ne sont pas les mêmes) et occupent donc plus d’espace et génèrent plus de circulation. Les espaces d’expositions du musée du Louvre présents dans le souterrain sont éclatés entre le niveau -2 et -1. Enfin une annexe de l’école du Louvre occupant l’aile Flore se retrouve isolée à côté des restaurants du Carrousel. Les espaces relatifs aux fonctionnements du musée (fig a.) sont eux concentrés sur les pourtours du souterrain avec pour certains des accès direct au bâtiment historique. Ils ne laissent donc aucune porosité à part pour les connexions aux réseaux et encerclent les programmes accessibles au public qui se retrouvent au coeur de la machine. On a donc une programmation non pas très variée mais assez répartie dans la «nappe» souterraine. Chaque programme ayant un fonctionnement propre et une zone d’influence, il est intéressant d’analyser les fonctionnements croisés de ces derniers.
Les services privées du musée
Rez-de-ville 0
Loisirs et activités culturels Niveau -1
Espaces d’expositions et d’enseignement
Niveau -2 Espaces de restauration Activités commerciales
Fig. a Les services répartis sur les pourtours
Rez-de-ville 0
Niveau -1
Niveau -2
Fig. b Les commerces condensés
Fig. c Les espaces d’activités culturels éclatés
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B-LES SOUS-ENSEMBLES ET L’UTILISATION DES ESPACES DE CIRCULATIONS
Les différents programmes identifiés (cf p73) sont chacun articulés autour d’une des allées de circulation. Ce démantèlement sélectif du souterrain nous permet de comprendre ensuite en quoi certaines parties sont plus utilisées que d’autres. L’allée ou Hall du fossé Charles V (figure a) relie les sorties du parking et du métro à l’entrée des espaces de salon. L’allée du Carrousel et de Rivoli sont assez centrales, et relient le métro et parking aux commerces. Enfin l’allée du Grand Louvre relie les commerces aux espaces d’accueils du musée, aux espaces d’expositions et salles de conférences. Pour les deux dernières allées elles servent à la fois de circulation dans le système générale, d’espace d’accueil ou d’attente et de circulation pour un autre programme.
Les programmes articulés par le Hall Charles V connexion au métro et au parking, salons d’expositions
guichet
entrée salon d’exposition
Circulation dans le Hall Charles V et point d’arrêt principaux Le hall est utilisé pour rejoindre l’entrée des salons d’exposition et stationner, pas de carrefour de flux sur la place le stationnement n’est donc pas un problème
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guichet
carrefour et place
Les programmes articulés par l’allée de Rivoli et du Carrousel connexion au métro et parking, commerces, restaurants
Circulation dans l’allée de Rivoli et points d’arrêts La place articule plusieurs programmes espace de carrefour important
carrefour et belvédère
point information carrefour
Les programmes articulés par l’allée du Grand Louvre auditorium, salle d’exposition, librairie, boutiques, cafétéria, salle de projection
Circulation dans l’allée du grand Louvre L’allée est très resserrée pour déboucher sur un espace majeur de carrefous et re-direction des flux
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C-LES MICRO-MOBILITÉS DE LA MACHINE Situations de mobilité dans le souterrain :
Entrée par la pyramide : la file d’attente se prolonge dans l’espace public en surface. L’entrée unique largement mise en avant est prise d’assaut par les visiteurs.
Sortie par le Carrousel : la file pour prendre l’escalator gêne les entrées dans les premières boutiques. La présence d’escaliers mécaniques indiquent une volonté d’accélérer la circulation même si la différence de niveau à franchir n’est pas très importante. Ici l’effet inverse se produit.
Mobilité d’un groupe du restaurant vers le musée. Les déplacements par groupes sont caréctéristiques des visites guidées touristiques et des voyages organisés. Ils ont la particularité de générer une forte occupation spatiale d’un seul coup car tout le monde se déplace en même temps.
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La place de la pyramide inversée : la file d’attente du contrôle de sécurité. En forte affluence la place est souvent coupée en deux par la file d’attente qui est une barrière humaine. Une confusion s’installe avec les autres mobilités.
Hall Napoléon: Les flux de personnes sont bien dispersés par les esacalators. Mais on ne sait plus très bien qui rentre et qui sort.
Sortie par la pyramide : stagnation des personnes et passage sur le belvèdre de la pyramide.
Hall Napoléon : L’arrivée par l’allée du Grand Louvre vu depuis la coursive du premier étage. Il y a une stagnation des visiteurs aux guichets, un blocage se forme avec les arrivées d’autres visiteurs .
90
«Nouveau record battu en 2012 avec 10 millions d’entrées : la Pyramide du Louvre peine de plus en plus à réguler le flux de ses visiteurs, particulièrement nombreux lors des fêtes de fin d’année. Une rançon du succès préoccupante.» Article paru dans Le Parisien, le 23 décembre 2012
Schéma théorique des possibilités de mobilités dans le Hall Napoléon selon l’usage des services. Il peut en exister beaucoup d’autres. 91
L’IMPACT DU FONCTIONNEMENT CROISÉ La cohabitation des programmes s’exprime ici dans les confusions de flux. Sur le schéma ci-contre on peut voir que l’usage de la galerie commerciale génère un flux (en bleu) de flânerie liée à la migration de boutiques en boutiques. Celui-ci est pertubé par le flux des visiteurs qui vont vers le musée (en orange). A tel point que lors de fortes fréquentations la queue engendrée par le contrôle de sécurité, place de la pyramide inversée, s’allonge dans l’allée de Rivoli jusqu’à la débouchée du couloir de métro et bloque complètement les circulations commerciales. LES ÉTAPES CLEFS DANS LE TRANSIT Dans le transit des foules il y a des moments stratégiques qui peuvent selon leur gestion influencer les fluidité du flux. Dans le cas du Louvre les principaux points d’arrêts sont : -les entrées et le contrôle de sécurité -l’achat des entrées dans les billeteries du musée ou dans les distribiteurs automatique -le passage au comptoir d’informations pour récupérer le plan d’informations touristique du musée. Si lors de ces étapes la foule transite facilement la congestion s’en trouve diminuée. LES EMPLACEMENTS DES SERVICES ET INFORMATIONS NÉCESSAIRE AU TRANSIT Les principaux services utilisés du Hall Napoléon sont : une dizaine de guichets qui vendent les billets d’entrées, le grand comptoir en arc de cercle, où les employés orientent les touristes, des vestiaires qui sont coupés en deux (vestes et manteaux côté Richelieu, sacs côté Denon). La position des services est derminante, le visiteur standard passant quasiment par chacun des services, ils sont interdépendants et doivent pouvoir s’enchaîner facilement dans le parcours. Par exemple, un programme aussi banal que les toilettes pose beaucoup de problèmes, la file d’attente est toujours là devant les cinq W-C. côté Richelieu. La signalétique joue aussi un rôle majeur dans le bon transit des foules, si les usagers la comprennent facilement cela favorise une ciculation fluide. Dans le hall Napoléon, la profusion des pictogrammes, des panneaux indicateurs et des banderoles peut finir par être contre-productive.
WC WC
WC WC
FONCTIONNEMENT CROISÉ DE LA GALERIE COMMERCIALE ET DU MUSÉE
WC
WC
Implantation des services d’accueil WC Flux des personnes faisant les magasins Flux des personnes allant au musée Blocage entre des flux ou Attente
Billeteries 1 2
WC WC 3
WC WC WC i WC
i
4
i
$ 6 Contrôle isécurité
i
$
8 Billet i prépayés
i i
i
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ii
$
i
$
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$$
5 7
i
$
WC
$ $
i
$
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8
7 6
2 5 3
4 4
1
Ce document illustre les phénomènes de circulations en période de forte densité de personnes.
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CROQUIS DE SITUATION DES ÉLÉMENTS NÉCESSAIRES AU TRANSIT
Les affichages de l’information, croquis du hall Napoléon.
Il y a beaucoup de panneaux d’informations mais les banderoles de présentation des expositions sont les plus grosses et les mieux placées car elles sont en hauteur. Elles attirent beaucoup plus le regard bien qu’elles ne servent pas à l’orientation. Les panneaux directifs eux sont noyés dans la foule ou quasiment cachés dans les coins alors que la plupart des flux arrivent au centre. Les éléments de circulations mécaniques utilisées pour fluidifier les flux. Les escalators sont largement utilisés au Louvre , il y en à chaque changement de niveaux dans le souterrain. Ces derniers sont symptomatiques d’une volonté de vouloir écouler les flux plus rapidement. Ils sont toujours plus favorisé par le public que l’escalier normal. D’une part parce que le mouvement physique est moindre mais aussi parce qu’ils mettent l’usager en situation de spectateur celui-ci n’a pas à se concentrer et peut contempler l’espace qui l’entoure. 93
Entrée et sortie entre le musée et le hall, utilisation quasi exclusive de l’escalator par rapport à l’escalier normal.
L’entrée dans la pyramide par les escaliers mécaniques
La descente verticale plus directe que les escalators.
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D-STRATÉGIE D’IMPLANTATION COMMERCIALE : LA GALERIE DU CARROUSEL
Schéma théorique de la relation commerce-musée «La première autorisation en 1988 ne comprenait que des boutiques de moins de 400 m² chacune pour un total de 177 ! En 1993, une nouvelle autorisation a ramené ce nombre à 50 avec deux moyennes surfaces dont Virgin, sachant que la galerie a ouvert le 15 octobre 1993» Nicolas Douce, spécialiste des questions commerciales
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La galerie commerciale du Carrousel est un des rares centres commerciaux parisiens souterrain, il est géré par la filiale Unibail-Rodamco. A proximité du musée, ce centre commercial a un rapport particulier avec celui-ci. A la base l’équipement n’était pas prévu puis par nécessité de financer le parking du musée, on veut implanter 177 boutiques, ce nombre est ramené à 50 pour avoir des boutiques plus grandes qui attireraient plus de monde. Aujourd’hui la galerie vit notamment grâce à l’abondante fréquentation apportée par le musée, elle obtient des résultats aussi importants que ses homologues banlieusard comme le centre Bay-2, qui est huit fois plus important en GLA1. Il est donc intéressant de regarder comment s’est organisé ce centre commercial en rapport avec les flux présents . L’ensemble du centre commercial a eu une fréquentation de 15,4 millions2 de personnes d’après les derniers chiffres, 5 millions de plus que le musée du Louvre. Dans ces 15 millions 37% de la clientèle est parisienne, 27% francilienne hors Paris, 16% provinciale et 23% étrangère. Le nombre de boutiques est de 34 pour le Carrousel, qui regroupe également les salons d’expositions gérés par la marque Viparis. Les boutiques gérées par le musée sont au nombre de 7. Les deux pôles de gestion ne sont pas indifférents les uns des autres, la galerie est un plus pour le musée car elle rajoute une activité et participe à garder les visiteurs plus longtemps dans le musée. Et le galerie commerciale profite largement des visiteurs qui viennent au Louvre. L’établissement public interfère dans la gestion de la galerie car il s’oppose à la présence de magasins de prêt-à-porter qui ne correspondrait pas avec l’image du musée.
1Surface Commerciale Utile 2Source http://www.unibail-rodamco.fr/ et rapport d’activité Unibail-Rodamco
ENSEMBLE COMMERCIAL DU LOUVRE
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
ÉTABLISSEMENT PRIVÉ
ÉTABLISSEMENT PUBLIC
UNIBAIL-RODAMCO
RÉGIE DES MUSÉES NATIONAUX Boutiques : 7
SALON D’EXPOSITION GESTION PAR VIPARIS
TOTAL (M2) : 7125
CARROUSEL DU LOUVRE GESTION PAR LA FILIALE ESPACE-EXPANSION TOTAL (M²): 11 500 BOUTIQUES : 34 FRÉQUENTATION (M): 15.4
LOCATION DES ESPACES CHOIX DES ENSEIGNES
PUBLICS VISÉS CSP SUPÉRIEURE
MAGASINS
TOURISTES
HAUT DE GAMME
PAS DE PRÊT-À-PORTER
INFLUENCE SUR LE CHOIX DES ENSEIGNES
COHABITATION AVEC LE MUSÉE
Gestion des espaces commerciaux du Carrousel et du musée : le service public a une influence sur les types de commerces présents dans le centre commercial
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LOCOMOTIVE PLACE DE LA PYRAMIDE INVERSÉE
HAUT DE GAMME OU BAS DE GAMME ? Quelle est la position du Carrousel, centre commercial ou galerie marchande parisienne. L’analyse du positionnement des boutiques et la comparaison des enseignes avec le centre commercial de l’est parisien Bay-2 situé dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée (cf p83) nous permet de situer les similitudes et les différences. Des différences existent entre les boutiques qui sont plus ou moins «chics», le nom de l’enseigne, ou la nature des articles vendus, rentre en jeu pour savoir si l’on a faire à une boutique mise en avant ou non. On observe la présence de locomotive avec les deux moyennes surfaces et la marque de renom Lancel. Une locomotive est placée à l’entrée, Natures & Découvertes et l’Apple Store plus prestigieuse est placée sur la place de la pyramide inversée. A cela s’oppose les autres boutiques qui se composent des «chics» et des «standards». D’un point de vu spatial on retrouve deux types de galeries, les galeries de l’allée de Rivoli qui privilégient des grandes vitrines, ( environ 8m de hauteur de vitrines) monumentalisée par la présence de la pyramide inversée. Et celles qui ont des vitrines standardisées de 3m sous plafond. On les retrouve dans les espaces moins exposés, sous le restaurant du monde ou en allant vers le parking. Le tableau suivant montre un équilibre dans le Carrousel entre des boutiques que l’on peut retrouver en banlieue et des opposition luxe-populaire majeures entre d’autres franchises.
BOUTIQUE ALLEE DE RIVOLI
BOUTIQUE STANDARD
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Coupes des espaces pour deux types de boutiques
UN CENTRE COMMERCIAL DANS UN ESPACE CULTUREL Les commerces se trouvent entre les jonctions majeures du souterrain. Coupe Nord-Sud
Coupe Est-OUest Implantation des programmes commerciaux
Les arrivées et les lieux attractifs
30
Boutiques d’alimention et restaurants 29
Boutiques d’équipement de la personne Boutiques culture, arts/déco Services et boutiques liées au musée
1 - Natures & découvertes 2 - L’occitane en provence 3 - Swarovski 4 - Pylones 5 -Starbucks coffee
28
27
22
25
26 24 23
1
21
8 - Lancel 9 - Mariage Frères 10 - La durée 11 - La comédie française 14 - Louis Pion 15 - Lalique 18 - Apple Store 20 - SWATCH Store 23 - Agatha 24 - Fragonard Les principales franchises
20
18 1716 14 13
19
8
15
7
5 6
2 3 4
12
11 10
9
6
1 2 Le plan des commerces du carrousel du Louvre LE CARROUSEL DU LOUVRE GESTION PAR ESPACE EXPANSION filiale de UNIBAIL-RODAMCO
ESPACE COMMERCIALE DU MUSÉE GESTION PAR LA RÉGIE DES MUSÉES NATIONAUX
GLA Totale (m²): 11 500 Fréquentation (M): 15.4 Date d'acquisition: 1999 Nombre de boutiques/Cinéma: 34 Zone de chalandise (M): 6.7 Principales enseignes: Apple, Pylone, Fossil, Fragonnard, Lalique, Bel Air
Nombre de boutiques : 7
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COMPARAISON DES ENSEIGNES AVEC UN CENTRE COMMERCIAL DE BANLIEUE BAY-2
ENSEIGNE SIMILAIRE
BEAUTÉ ET BIEN-ÊTRE
OPPOSITION HAUT DE GAMME/ STANDARD
BAY-2
CARROUSEL
CAFÉS ET RESTAURANTS BAY-2
CARROUSEL
CULTURE, LOISIRS, MODE BAY-2
CARROUSEL
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ACCES RUE DE RIVOLI
accès direct au McDo
location de voiture ACCES METRO
ACCES METRO
ACCES PARKING
ACCES PARKING
ACCES TUILERIES
ACCES TUILERIES
LES LOCOMOTIVES, IMPLANTÉE À LA CROISÉE DES FLUX FLUX IMPLANTATION D’UNE FUTURE LOCOMOTIVE
Boutiques très visibles : article de haut de gamme Boutiques moins visibles: articles moins prestigieux Boutiques très visibles mais populaires
Les locomotives implantées aux carrefours de flux
Implantation des commerces selon le prestige de la marque
BILAN Plus que les parisiens, le carrousel du Louvre n’ a pas finit de profiter des riches touristes étrangers à la recherche du luxe à la française. Le printemps veut s’exporter hors du boulevard Haussmann, et quoi de mieux que le Louvre pour capter une clientèle, composée de Chinois, de Coréens ou de Russes, qui réalise 35 % de son chiffre d’affaires. Une surface de 2491m2 va être créée pour un cumul total de 6592 m2 1 pour la nouvelle boutique. La galerie du Carrousel est représentative des publics que l’on retrouve dans le musée, un mélange de haut de gamme et de populaire. C’est aussi une vitrine pour les visiteurs du mondes entier des symboles de marques françaises, pays de la mode. Les stratégies commerciales sont très liées à la machine du musée, un lieu d’une telle envergure ne pouvait exister sans shopping . Ce dernier est un véritable marqueur des fréquentations et représentations sociales qu’y se déroule au Louvre, autant de la vague touristique, que de la volonté de créer un lieu «pour tous» et accessible à tous. 1
Source : Rapport de la CDAC
100
101
CONCLUSION SUR LA QUESTION DU GRAND BÂTIMENT
Le Louvre est un des exemples de grand bâtiment,
ces machines architecturales qui relèvent de la «bigness», ont un fonctionnement complexe et accueillent des foules de personnes. On peut retenir les caractéristiques suivantes pour qualifier la machine-Louvre. La multiplication des gestes architecturaux : dans le cas du Louvre une des causes de la complexité acquise est celle du temps. L’histoire des successions de projets par des architectes différents ont induit à chaque fois une nouvelle surface, voir un nouveau fonctionnement. Les projets se succèdent et doivent prendre en compte les contraintes déjà présentes. Les accumulations du temps ont donc participé au collage architectural qu’est le Louvre et à donner au bâtiment son échelle importante. Le coeur de la machine et la concentration souterraine : Lorsque le souterrain est crée on y voit une entrée unique un moyen de réunifier le Louvre. Il devient la structure, le coeur de la machine, dissociée du bâtiment en surface qui devient une façade urbaine. Le coeur est l’endroit de concentration de tous les flux entrants et l’endroit de répartition et de dispersion de ces flux dans le musée. Il concentre aussi tous les services techniques et programmes utilitaires, il est au centre du fonctionnement. Cependant la dispersion des flux à la surface reste moindre, les sorties sont plus petites et surtout beaucoup moins mis en avant pour les visiteurs. La ville intérieure : 102
Le monde intérieur souterrain du Louvre, au même titre que celui des passages couverts présents aux alentours repose la question de la ville. Est ce que l’on peut considérer ces environnements artificiels comme de la ville? Au Louvre la qualification du dedans et du dehors, n’est pas claire à cause du caractère équivoque des pyramides et de l’échelle du Hall Napoléon, on ne sait plus si on est enterré ou pas, si on est encore dans la ville ou dans un bâtiment. Les environnements intérieurs, tel que le Louvre, ne peuvent remplacer l’espace public extérieur, ils restent privés, mais peuvent aussi avoir le rôle de lieux de rassemblement, tout dépend la manière dont ils sont traités. C’est justement le danger des espaces de ce type, souvent associés aux commerces, qui conditionnent le public. En outre plus on aura à faire à un bâtiment de grande échelle , plus il y aura de programme au même endroit qui permettent de tout faire sans avoir d’interaction avec la ville. Les sous parties dans un ensemble uni: Bien que la variété des programmes présents au Louvre ne soit pas plus importante que celle d’un complexe normal. C’est l‘affectation des lieux de transit pour chaque programme qui rajoute une complexité à l’ensemble. Les fonctionnements croisés sont induits à cause d’une trop grande différence de circulation dans un même espace. Cela est du à la volonté d’unification du souterrain, on a voulu créer un ensemble uni très lisible qui devient multifonctionnel. Il est alors plus difficile d’éviter la congestion que s’il y avait eu plusieurs halls-interfaces. De plus, l’important pour qu’un bâtiment ne soit pas surchargé est la bonne indication des entrées quand il y en a plusieurs. La pyramide est tombée dans l’excès inverse en la mettant trop en valeur elle est prise d’assaut. Le lieu-mouvement: Un des points majeurs dans un grand bâtiment est celui du mouvement, particulièrement important au Louvre au vu du nombre de visiteur. On a expliqué la différence entre le lieu de séjour et le lieu de transit, dans le Louvre le mélange des deux implique que la gestion des circulations doit être plus minutieuses. Les principaux éléments de la gestion de flux que l’on a pu observer sont les transitions mécaniques qui sont censées les fluidifier, les éléments de signalétiques qui doivent orienter les usagers dans un parcours, l’évacuation qui doit être en équilibre avec les arrivées. 103
Des points positifs : Même s’il a aujourd’hui quelques difficultés le Grand Louvre a permis des réussites notamment au niveau de l’espace urbain qui a été fluidifié et rendu à la ville grâce à la mise en place du souterrain. Des nécessités d’amélioration : Le musée du Louvre prévoit aujourd’hui de refaire l’organisation des espaces sous la pyramide car il se retrouve victime de son succès. Le projet évalué à 67 millions d’euros est pour le moment repoussé. Le musée compte notamment sur l’utilisation des nouvelles technologies pour réguler les flux de manières constantes en plaçant des détecteurs aux entrées et augmenter la vente de billet en ligne. La machine économique : En plus d’une machine physique, le succès du Louvre tourne autour d’une machine économique. D’abord par la stratégie « d’icônes touristique » et la volonté de faire du Louvre le symbole de Paris. Ce qui en fait un passage obligé, pour tous les touristes de la capitale. Ensuite par l’implantation commerciale qui a été nécessaire pour financer le projet d’agrandissement et qui attire encore plus de visiteurs que le musée, Unibail Rodamco a donné le chiffre de 15,4M en un an. Elle reste quand même «cachée» pour les parisiens qui la fréquentent moins mais cela contribue néanmoins à augmenter la concentration du lieu. UN LOUVRE ENCORE PLUS GRAND? À quand un Très, Très Grand Louvre ? Peut être jamais, la question que l’on peut se poser est ce que cela serait vivable ? Est-il judicieux de concentrer encore plus de monde au même endroit ? Ce qu’il faut retenir d’une étude sur un bâtiment de cette taille c’est que la concentration de personnes doit être régulée, soit par une évacuation constante c’est le cas des pôles d’échanges, soit par une bonne détermination des lieux d’attentes et de transits par rapport aux programmes desservis. Plus la taille du bâtiment est importante, plus il faudrait multiplier les interfaces afin d’éviter les espaces trop multifonctionnels. Comme dans les aéroports où chaque vol à sa station d’attente avant l’évacuation de celle-ci par un point précis. 104
ANNEXES INTERVIEW DE NICOLAS DOUCE, Directeur, études & AMO, chez Convergences-CVL, urbanisme et immobiler de commerces LA GESTION/LE FONCTIONNEMENT - Comment s’organise la gestion de la Galerie ? Y-a-t-il une direction commune par un opérateur commercial ou plusieurs ? Les emplacements des boutiques sont-ils loués ? Par qui ? La SAS Carrousel du Louvre est détentrice d’un bail à construction (80 ans), elle est l’une des sociétés d’Unibail-Rodamco, foncière spécialisée. La gestion est assurée par Espace Expansion, filiale d’UnibailRodamco. Toutes les cellules sont louées à leurs exploitants. Un détail cependant, le volume que l’on appelle Galerie du Carrousel du Louvre s’arrête au début du couloir qui part de la place de la pyramide inversée, à droite quand on regarde l’ancien Virgin, qui est le début du périmètre de RMN (Régie des Musée nationaux). - On voit que dans le Carrousel les commerces les plus visibles sont ceux qui attirent le plus de monde comme l’Apple Store par exemple, est ce qu’il y a eu une réflexion par « locomotive » comme dans un centre commercial classique ou ce sont seulement les emplacements les plus chers que seul certains commerces peuvent se permettent ? S’il s’agissait seulement d’une question locative, la galerie ne comprendrait que des boutiques d’équipement de la personne, qui payent plus au m². Le problème de la galerie est qu’elle est somme toute relativement confidentielle à l’échelle parisienne et que la captation de la clientèle touristique n’est pas si évidente. L’implantation de locomotives s’est donc avérée essentielle, sachant qu’elle valorise la galerie, augmente le flux, ce qui permet d’optimiser les loyers pour les autres ensuite. Toutefois, cette réflexion n’est pas venue tout de suite, la première autorisation en 1988 ne comprenait que des boutiques de moins de 400 m² chacune pour un total de 177 ! En 1993, une nouvelle autorisation a ramené ce nombre à 50 avec deux moyennes surfaces dont Virgin, sachant que la galerie a ouvert le 15 octobre 1993. LES COMMERCES - Y-a-t-il eu une réflexion ou une envie d’implanter un certain type de commerces dans la galerie du Carrousel ? Quels ont été les critères de sélections commerciales pour le Carrousel ? Est-ce que l’on voulait faire une galerie de luxe ou une galerie pour « tous » ? Le carrousel était dès ses débuts très marqué par l’aspect mode parisienne et accueille depuis 1994 de nombreux défilés. Cet aspect est d’ailleurs l’une des raisons de sa création, avec naturellement la nécessité de financer les parkings souterrains du musée. Il était à l’ouverture très positionné haut-de-gamme avec des marques comme Courrège, Lalique, Relais Châteaux… mais également Virgin ou Natures & Découvertes. Ne s’y installaient pas qui voulait et cela n’a pas changé, les candidatures devant être validées par l’établissement public du Louvre qui ne dit pas oui à tout le monde. On constate aujourd’hui que le positionnement de la galerie reste d’ailleurs proche de celui de sa création, avec une volonté de capter une clientèle touristique. 105
- A-t-on à faire à une implantation commerciale de luxe à cause du fort taux de touristes, ou de la proximité avec le musée ou simplement à cause de la situation géographique ? Attention, on n’est pas ici dans le vrai luxe mais dans le haut-de-gamme. Comme dit plus haut, le positionnement a été décrété à l’origine et est resté le même jusqu’à aujourd’hui. Je pense qu’il est cohérent avec plusieurs cibles de clientèle qui sont les touristes, les salariés (forte proportion de CSP + dans la clientèle, à savoir un tiers). Je pense aussi que dans la mesure où la galerie se situe dans l’enceinte du Louvre, il n’était pas question de faire autre chose que du haut-de-gamme. Chance, ça marche. - Par exemple comment expliquez-vous le fait qu’il n’y est aucune boutique de vêtements alors que l’on se trouve dans un quartier très lié à la mode avec la rue Saint-Honoré ? Je n’en ai pas la certitude mais il est possible que le propriétaire n’ait pas le droit dans le cadre de ses accords avec l’état d’implanter de l’habillement dans la galerie. Par ailleurs, je ne suis pas sûr par ailleurs que les grands couturier voient d’un bon œil une implantation dans un centre commercial. La validation par l’établissement public a également pu y faire beaucoup. Même l’arrivée prochaine du Printemps n’y changera rien, le concept développé et axé sur le luxe ne devant pas comprendre de prêt-à-porter. Tout ce qui précède n’est que supputations bien sûr. - Avec l’exemple du refus d’implanter des boutiques de vêtements (comme le Printemps dont vous aviez parlé) peut-on dire que la direction du musée fait barrière au développement de magasins qui pourraient attirer plus de monde ? Le refus a porté sur Marks & Spencer, le Printemps va s’implanter mais sans prêt-à-porter. Si l’établissement public s’oppose effectivement au développement de magasins de prêt-à-porter, cela ne veut pas dire qu’il fait barrière au développement de magasins qui pourraient attirer plus de monde ! Apple Store en est un bon exemple, le Printemps le sera et 8,5 millions de visiteurs c’est plus que très honorable pour un site de cette taille. LA FREQUENTATION - D’autre part vous m’aviez parlé des chiffres de fréquentations, quelle est aujourd’hui la fréquentation du Carrousel ? Connaissez-vous une galerie commerciale en périphérie dans le même ordre de grandeur de fréquentations ? La galerie du Carrousel du Louvre accueille chaque année environ 8 500 000 personnes, c’est à peu de choses près la fréquentation de Bay 2, le centre commercial Carrefour de Villiers-en-Bière ou celui de Carrefour de Chambourcy. - Connaissez-vous les différents types de publics qui fréquentent cette galerie commerciale ? Dans mes recherches j’avais trouvé que la moitié de la fréquentation de la galerie était étrangère pouvez-vous confirmer cette donnée ? 37% de la clientèle est parisienne, 27% francilienne hors Paris, 16% provinciale et 23% étrangère. 27% travaillent dans le quartier. 106
QUESTIONNAIRE POUR LES HABITANTS DU 1ER ARRONDISSEMENT: 1-Où habitez-vous dans le 1er arrondissement ? Depuis combien de temps ? Rue du 29 juillet. Depuis un an. 2-Est-ce-que vous travaillez dans le quartier ? Non, je ne travaille pas dans le quartier. 3-A cause de la forte fréquentation touristique vous sentez vous toujours à Paris dans le 1er arrondissement? Oui, je me sens au coeur de Paris dans le 1er arrondissement bien que le lieu soit touristique. 4-Si vous avez un trajet à faire, vous préférez pratiquez les grands axes ? Ou les passages ? ( par exemple le passage des jacobins du marché Saint-Honoré, les galeries du Palais-Royal...) Je ne passe quasi-exclusivement que par les passages et les petites rue. Rue St Roc, rue de Valois, passage des Jacobins etc. 5-Quel est le parcours que vous faîtes le plus souvent à pied ? Le parcours que je pratique le plus souvent est celui qui mène au métro pyramide. Je passe donc par la rue du 29 juillet, le passage St Roc, la rue des pyramides jusqu’à l’avenue de l’Opéra. 6-Pratiquez-vous le quartier le plus souvent à pied ? Ou avec un autre moyen de transport ? A pied mais également parfois en bus 7-A pied, avez-vous l’habitude d’utiliser la rue de Rivoli pour aller vers châtelet ou l’hôtel de ville ? Quasiment jamais. Je prend la rue Saint honoré ou je longe parfois les quais de Seine. 8-Avez-vous l’habitude de remonter vers le 9ème à pied ? en métro ? En bus ? En voiture ? Je remonte vers le 9ème lorsque je me rend à Opéra. J’y vais à pied. 9-Avez-vous l’habitude de changer de rive ( vers le 7ème ) à pied ? en métro ? En bus ? En voiture ? Je change de rive à pied en prenant la passerelle Solférino, le pont royal ou le pont carrousel. 10-Considérez vous les Tuileries comme un espace public ? Oui complètement. Bien que cela soit fermé le soir.
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11-Avez vous l’habitude de pratiquer le jardin? Ou simplement de le traverser ? Les deux. Je traverse le jardin la plupart du temps mais il est très agréable pour une ballade ou pour aller faire du sport. 12-Le Louvre est-il une barrière pour vous ? Non pas particulièrement, il me semble facile de le traverser. 13-Le Louvre est-il un repère pour vous ? Oui d’une certaine manière. Il s’agit surtout d’un endroit agréable à traverser bien qu’il soit rempli de touriste. Il y a par ailleurs énormément de tourisme sexuel le soir dans les jardins et les bosquets du Louvre. Il s’agit exclusivement de tourisme gay ou des hommes se retrouvent et partent faire l’amour dans les bosquets. C’est assez étrange à observer et cela ne donne pas envie de rester flâner le soir. 14-Si vous deviez citer trois lieux touristiques du quartier lesquels choisiriez vous ? La cour carrée face à la pyramide, l’opéra et le magasin Colette. 15-Quels types de commerces pratiquez-vous dans le quartier ? Commerces de proximité (pressing, retoucheur, imprimeur etc.) mais surtout les cafés et les restaurants. Contrairement aux idées reçues, le 1er arrondissement est un vrai quartier de proximité. Il y a de nombreux commerces, certes parfois un peu chers mais qui bénéficient des mêmes avantages que dans les autres quartiers. Il y a de très bons restaurants, de nombreuses boutiques et il est très facile de sortir boire un verre le soir entre amis. 16-Trouvez-vous qu’il y a plus de monde le matin, l’après-midi, ou le soir dans le quartier ? Ou est-ce équivalent ? C’est équivalent. Il ne s’agit juste pas des mêmes personnes, des mêmes touristes ! 17- Allez-vous souvent à la galerie commerciale du Carrousel ? Jamais, les magasins qui y sont ne me sont pas utile quotidiennement. 18-Trouvez-vous qu’il y a trop de monde dans cet endroit ? Je ne sais pas. 19-Allez-vous plus souvent au musée du Louvre parce qu’il est près de chez vous ? Non pas particulièrement. 20-Êtes vous déjà aller au Louvre pour faire autre chose que visiter le musée ? Non. 108
21-Savez vous qu’il y a plusieurs entrées au Louvre ? Si vous devez y aller quelle entrée choisissez-vous ? Est-ce-que cela dépend du motif de votre visite ? Oui. Je rentre en général par le passage Richelieu. 22-Est-il facile de vous repérer dans les espaces d’accueils du musée (sous la pyramide) ou dans la galerie marchande ? Oui assez. Réponse n°2 pour les mêmes questions 1. J’ai habité : 1 an : rue Saint Roch 2 ans : rue du Pélican 2 ans : rue du 29 Juillet (résidence actuelle) Soit un total de 5 ans. 2. Oui (Madeleine, Rue Tronchet) 3. Oui, les touristes font partie intégrante de la ville et de ce quartier à mon sens. De plus, il existe également une vie de quartier qui n’est pas à mon sens dénaturée par les touristes. 4.Tout dépend du but du trajet (course rapide ou non) et donc du temps dont on dispose. Pour un trajet rapide je prendrais les grands axes, pour une promenade ou du shopping je préfère les passages. 5. Place Vendôme / Rue saint honoré / Rue Saint Roch/ place du marché saint honoré. 6. Exclusivement à pied car beaucoup de choses sont accessibles à pied et cela va beaucoup plus vite. 7. Non, plutôt la rue Saint honoré 8. A pied 9.A pied ou en bus 10. Oui, mais je n’y vais que rarement car il est trop fréquenté . 109
11. Le traverser, je n’ai pas l’habitude d’y aller pour me poser tranquillement. 12. Non, car ses cours permettent de le traverser. 13.Non car il ne dépasse pas, en hauteur, du tissu urbain. La pyramide joue plus le rôle de repère pour moi lorsque j’arrive par le jardin ou que je suis dans la cour du Louvre. 14. Louvre – Opéra – place Vendôme 15. Des commerces de la vie quotidienne : Monoprix Retoucheur (vêtements) Magasins de vêtements Restaurants Pharmacie 16. Le quartier est très fréquenté en fin de matinée et après midi, particulièrement le samedi. 17. Jamais, je trouve qu’il n’y a pas assez de magasins divers, lorsque l’on veut faire plusieurs types de boutiques d’un coup il vaut mieux rester dans le quartier. 18. Oui,on a parfois du mal à y circuler. 19. Non 20. Non 21. Oui et cela dépendrait du motif de ma visite. 22. Non, entre les mondes et le manque d’informations ce n’est pas toujours facile de trouver le chemin le plus court.
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MISSION DE GESTION DE FLUX AU MUSÉE DU LOUVRE PAR NADIR TAZDAIT © agence Readymade DIAGNOSTIC ET PRÉCONISATIONS CONTEXTE Le Musée du Louvre a décidé d’engager un projet ambitieux et structurant de rénovation intitulé « Projet Pyramide ». Les 3 axes de cette rénovation sont : • L’accessibilité : La prise en compte des mutations de l’environnement et de l’accroissement du nombre de visiteurs • L’attractivité : La mise à niveau de l’accueil aux standards internationaux d’équipements équivalents (Moma, Tate Modern…) • L’évolution : Améliorer l’inscription du musée, sur les nouveaux médias en particulier, La présente proposition porte sur la réalisation d’un diagnostic prospectif des déplacements au sein du musée et de son environnement immédiat. Préalable nécessaire à une réflexion globale, ce diagnostic permettra de décrypter l’ensemble des atouts et faiblesses du site actuel et de son fonctionnement. Deux échelles seront retenues dans l’analyse : • L’échelle micro constituée par le musée intramuros (soit environ 400 à x 200 m) • L’échelle méso correspondant au polygone formé par les abords du musée incluant le jardin des tuileries et le quartier entre la rue de Rivoli, la Seine, la place de la concorde et l’église Saint Germain de l’Auxerrois (1700 x 600 m) Identification des tâches et intervenants Le diagnostic reposera sur 4 types de prestations : • La collecte de données de terrain ; • La coordination et la concertation avec les acteurs ; • Les expertises thématiques ; • La production d’une synthèse et de pièces graphiques 3D. Nous décomposons ces expertises de la manière suivante, et y associons des intervenants spécialisés : Expertises 1. Stationnement Véhicules Particuliers, Cars, Logistique, Services, lignes et stations de métro 2. Gestion de la foule Capacité, fluidité, sécurité, confort, lisibilité, attractivité, contrôle d’accès, vente, accueil 3. Information et médiation In situ passive et dynamique, en ligne sur internet, mixte (Smartphone, 111
RFID...) 4. Scénographies et aménagements d’accueil, parcours, commerces au sein du musée, ORGANISATION DES TÂCHES La présente proposition porte essentiellement sur la mission de diagnostic prospectif des déplacements. Cette analyse transversale permettra de disposer d’une vision complète des enjeux de mobilité et d’aménagement sur le site à court, moyen et long terme. La mission sera réalisée dans un délai à définir à compter de son lancement. Pour parvenir à entrer dans ce délai, un éventail d’experts est mobilisé, avec la mise en place d’une mission de coordination nécessaire au bon fonctionnement de l’étude. Des missions complémentaires pouvant intervenir ultérieurement, comme la modélisation dynamique des flux piétons ou la mise en perspective de la signalétique piétonne en 3D. Concrètement, la coordination consistera à : • Identifier les interlocuteurs ; • Organiser le recueil de données et capitaliser les informations en direction des expertises concernées ; • Coordonner le travail des spécialistes ; • Analyser les résultats des expertises ; • Identifier les actions à mener et formaliser le plan d’action ; • Organiser la production graphique 2D et 3D. EXPERTISES La synthèse des enjeux sera réalisée par le chef de projet sur la base des expertises thématiques. Elle permettra d’établir de manière synthétique une grille d’analyse (type SWOT) des éléments à prendre en compte dans l’élaboration du projet: • Les atouts du Louvre dans son état actuel, • Ses faiblesses qu’elles soient internes ou externes • Les opportunités à saisir • Les menaces éventuelles Le plan d’action portera sur les améliorations et aménagements à apporter à moyen et long terme ANALYSES THÉMATIQUES ET RESTITUTIONS CARTOGRAPHIQUES 3D A partir des résultats des analyses, un travail d’infographie 2D et 3D permettra de faire ressortir les principaux messages du diagnostic. Sur la base de nos échanges, nous sélectionnerons les 112
thèmes et périmètres à illustrer. Cette prestation s’appuiera sur la constitution d’une maquette de site : • Prise en charge, analyse et extraction de plans 2D autocad en vue d’une modélisation 3D. • Réalisation d’une modélisation globale des espaces publics entourant le site • Réalisation d’une modélisation fine des espaces d’accueil avec la mise en exergue des espaces concernés par les principaux flux. • Intégration des éléments 2D dans la maquette 3D pour et réalisation de documents 2D explicatifs. • Intégration des éléments de signalétique majeurs dans la maquette • Modélisation géométrale 3D du musée et de ses environs • Production de documents de communication appropriés pour les différents acteurs du projet. EXPERTISE N° 1 ACCESSIBILITE/ TRANSPORTS EN COMMUN / STATIONNEMENT/ Cette expertise apportera des réponses aux questions suivantes : • Quelle quantité de véhicules est générée par le musée, quelles capacités ? Quels types de véhicules, particuliers, cars ? • Quels parcours ? quels métros, bus, stations, lignes ? piétons ? Les enquêtes et visites terrain seront réalisées en période dite « normale », soit en journée de semaine hors vacances, et un jour de weekend, voire d’autres journées spécifiques, de groupes par exemple.. Les objectifs sont : • Mesurer l’impact sur le musée des usagers venant en voiture et des autocaristes ; • Identifier les usages et dysfonctionnements en matière d’accessibilité Pour cela nous nous attacherons à : • Réaliser un inventaire détaillé sur le périmètre de proximité du musée du Louvre précisant le type d’offre : gratuit, payant, taxis, autocars, police, livraisons, PMR, et interdit. • Relever le comportement des autocaristes : les points de charge et de décharge, les points de stationnement et leur offre pour l’attente des voyageurs. Les enquêtes réalisées permettront de produire des cartographies du périmètre de proximité avec un inventaire des offres d’accessibilités. EXPERTISE N° 2 GESTION DE LA FOULE/ CAPACITE/ FLUIDITE/ SECURITE/ CONFORT/ LISIBILITE Cette expertise apportera des réponses aux questions suivantes : • Comment améliorer la fluidité et la capacité des voies d’accès • Forces et faiblesses des dispositifs de sécurité et de Police • Comment améliorer la perception du site depuis l’extérieur • Impact de l’augmentation éventuelle des accès au musée. L’expertise gestion de la foule se basera : • Sur les observations de terrain en particulier lors des deux fréquentations types 113
• Sur l’analyse des dispositifs déployés • Sur les données de fréquentation au contrôle d’accès • Sur notre expérience de la foule et de l’exploitation des grands sites • La note d’évacuation du musée Nous analyserons l’impact des nouvelles réglementations et chartes sur la configuration et la sécurisation du site. Nous cartographierons la répartition des flux piétons sur le site et mettrons en regard : • les capacités offertes par la circulation interne et externe • le dispositif de positionnement théorique et effectif des services d’accueil et de sécurité • les mesures de cantonnement et de sécurisation des accès • Le plan d’évacuation et de sécurité incendie EXPERTISE N° 3 INFORMATION / INNOVATION Cette expertise apportera des réponses aux questions suivantes : • L’impact des technologies sur les mobilités (circulation, stationnement, navigation, intermodalité, etc.) • Les opportunités offertes par le marché aujourd’hui et demain en regard de l’exploitation du site • Les menaces ou inconvénients liés à ces mutations Cette expertise portera sur les points suivants : • Analyse du mode de fonctionnement du musée du Louvre au niveau des outils numériques • Opportunités en matière de circulation et stationnement (guidage GPS, réservation de places, etc.) • Analyse du site web, de la billetterie et des différentes applications existantes sur Smartphones • Etudes des initiatives et innovations existantes dans l’accueil du public via Internet, en fixe et téléphonie mobile. • Propositions d’innovations technologiques et organisationnelles dans la gestion des flux • Impact des innovations sur l’évènementiel EXPERTISE N° 4 COMMERCE/ SCENOGRAPHIE/ SERVICES Cette expertise portera sur les points suivants : • Analyse de la fréquentation et des implantations commerciales • Etude des stratégies d’organisation en regard de la distribution spatiale des activités et de leur interconnexion • Etude topologique tridimensionnelle et relevé des obstacles • Accessibilité PMR des publics et des personnels • Etude des standards d’ergonomie au regard des capacités des lieux et répartition des surfaces • Implantation de l’information sur le site (signalétique) et améliorations à prévoir 114
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES OUVRAGES HISTORIQUES
Biasini Emile, L’invention du Grand Louvre, éd Odile Jacob, 2001, 288p Lang Jack, Les batailles du Grand Louvre, Reunion des musées Nationaux, 2010, 264 p Bruno Foucart, Paris mystifié, La grande illusion du Grand Louvre, 1985, 167p Le débat : histoire, politique, socièté, autour du Grand Louvre, le musée, l’art, la ville - Paris : Gallimard, 1994, 192 p Le Louvre et son quartier : 800 ans d’histoire architecturale, Jacques de Fontgalland, Laurent Guinamard, Paris : Ternes , 1984, 91 p.
VILLE INTÉRIEURES
Florence Bougnoux, Fritz Jean-Marc, Mangin David, Les Halles, villes intérieures, ed Parenthèses, 2008, 183p Without and Within, Marc Pimlott, Ed Publishers, 2007, 334 p OMA, S,M,L,XL , éd. par Jennifer Sigler , New-York , 1998, 1344 p Guide to shopping , ed.Chuihua Judy Chung, Jeffrey Inaba, Rem Koolhaas, Sze Tsung leong, Cologne, Taschen, 2001 800p AUGE Marc, Non-Lieux, éd Seuil, 1992, 149 p
URBANISME SOUTERRAIN
Architecture et urbanisme souterrain, Edouard Utudjian ,Paris, Robert Laffont, 1966, 102 p
THIBAUD Jean-Paul, GROSJEAN Michèle. Contributions de Chelkoff Grégoire : L’espace urbain en méthodes. Marseille, Editions Parenthèses, 2001 Pas à Pas: essai sur le cheminement quotidien en milieu urbain, Jean-François Augoyard, Paris : Le Seuil, 1979 , 185 p 6ème conférence internationale , Espaces et Urbanisme Souterrains, Sabine Barles, Champs-sur-Marne : CNRS , 1995, 653 p Barles Sabine, Guillerme André, « L’urbanisme souterrain », AMC, n°100, septembre 1999 115
L’ urbanisme souterrain, Sabine Barles , André Guillerme , Paris, PUF , 1995, 126 p
LE BÂTIMENT
I. M. PEI - ARCHITECTE, Jodidio Philippe, Le Chene edition, 2008, 367p Musée du Louvre La Cinquième , 1999 .- 1 DVD (52 min) La Ville Louvre : dans le secret des lieux, Nicolas Philibert, France : R.M.N. (prod.), 1 cassette vidéo (82min.) La bataille de Paris : des Halles à la Pyramide, chroniques d’urbanisme André Fermigier , [choix et présentation par François Loyer] Paris Gallimard, 1991, 396 p Note Méthodologique Etude de flux relative aux réaménagements des espaces d’accueil et de billetterie du musée du Louvre, agence ReadyMade Le grand Louvre : histoire d’un projet, Paris : Le Moniteur, 1994, 215 p Architectures capitales : Paris 1979-1989 - Paris : Ed. Moniteur, 1987, 191 p LE LIEU-MOUVEMENT Espace urbain en méthodes, Michèle Grosjean et J-P Thibaud dir., éd. Parenthèses, coll. Eupalinos, Marseille, 220 p Actes du séminaire les «Lieux-mouvements» de la ville : La gare dedans, dehors : 1. étude de la micromobilité dans un pôle d’échanges: Mouvement et perceptions des ambiances souterraines, J-P Thibaud, L’information à visage humain : la place des agents dans un système d’informations-voyageur, Michèle Lacoste 237 p
LA GALERIE COMMERCIALE
Patrick Mauger, Centre commerciaux, ed du Moniteur, 119p Les Halles : villes intérieures projet et études, SEURA Architectes 2003-2007, Florence Bougnoux, JeanMarc Fritz , David Mangin, Marseille : Parenthèses, 2008, 181p
DIMENSION CULTURELLE
De nouveaux modèles de musées ? : formes et enjeux des créations et rénovations de musées en Europe XIXe-XXIe siècles / Anne-Solène Rolland et Hanna Murauskaya (dir.) Paris, l’Harmattan , 2008 ,339 p Les musées de la nation : créations, transpositions, renouveaux Europe, XIXe - XXIe siècles / AnneSolène Rolland et Hanna Murauskaya (dir.), Paris : l’Harmattan, 2008 .- 248 p La dimension culturelle du Grand Paris , rapport présidentiel. 116
117
REMERCIEMENTS Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce travail. Je remercie tout d’abord mon directeur de mémoire David Mangin pour la visite sous la pyramide et pour avoir partagé sa connaissance et ses conseils qui m’ont aidé à construire ma réflexion. Je remercie également Shahinda Lane pour ses conseils et idées variées au cours de ce travail. Je remercie les personnes qui m’ont fait part de leurs connaissances, ont pris le temps de répondre à mes questions et de m’aider dans mes démarches : Nicolas Douce, Directeur, études & AMO, chez Convergences-CVL, urbanisme et immobiler de commerces. Alain Derey, Directeur de l’EAVT. Nadir Tazdait, architecte et professeur à l’EAVT. Et les habitants du premier arrondissement. Je remercie Marion Girodo pour s’être replonger dans Babel afin de me conseiller. Je remercie mes proches pour le soutien continu: Ma famille pour les relectures et encouragements, Inès, Carole et Marie-Noëlle, Yacine, Clément et Guillaume pour m’encourager depuis si longtemps. Enfin je remercie les camarades de l’atelier Lavedan, leurs rires et leur bonne humeur : les Guillaume, Pierre, Valérie, Thomas, Raphaël, Gaëlle et Alix.
MERCI À VOUS TOUS ! 118
TABLE DES MATIÈRES
AVANT PROPOS BABEL INTRODUCTION
6 8 10
1
D’EXTENSION EN EXTENSION
11
1-LES ADDITIONS ARCHITECTURALES
11
LES AMBITIONS DU LOUVRE 11 LA TAILLE DU LOUVRE DANS PARIS 13 LE LOUVRE : OBJET «CENTRIPÈTE» OU «CENTRIFUGE» 15
2-LE «GRAND LOUVRE» LA MACHINE MODERNE
3- LE PÔLE TOURISTIQUE ET LES FRÉQUENTATIONS
LA MACHINE INTÉRIEURE
1-LE SOUTERRAIN COMME INTERFACE
119
35
UN PÔLE TOURISTIQUE 35 LES ÉLÉMENTS DU COMPLEXE LOUVRE : D’UN LIEU À L’AUTRE 37 LES FRÉQUENTATIONS : D’UN VISITEUR À L’AUTRE 41 USAGES ET ESPACES: D’UN QUARTIER À L’AUTRE 43 FLIP BOOK DES GALERIES DU LOUVRE AU 9ÈME 51
2
31
UN PROJET CARACTÉRISÉ PAR SON ÉPOQUE 31 LES NOUVELLES SURFACES 31 LE BÂTIMENT RÉUNIFIÉ 33
55
LA COMPARAISON AVEC LES HALLES LE SOUTERRAIN CONTINU DU SOUTERRAIN AU MUSÉE : UN PARCOURS INTÉRIEUR LE SOUTERRAIN COMME INTERFACE ENTRE LES ESPACES PUBLICS LE SOUTERRAIN COMME CONTINUITÉ DE LA VOIRIE PHOTOGRAPHIES DES PARCOUES ÉTUDIÉES
57 59 61 67 69 71 73
2-AMBIGÜITÉ ENTRE «SÉJOUR» ET «TRANSIT»
77
CIRCULATION GÉNÉRALE DANS LA MACHINE LE HALL NAPOLÉON UN ESPACE DE CONCENTRATION UN ESPACE PUBLIC SOUTERRAIN?
77 80 81
3-COHABITATION DES «SOUS EMSEMBLES»
85
LA RÉPARTITION PROGRAMMATIQUE 85 LES SOUS-ENSEMBLES ET L’UTILISATION DES ESPACES DE CIRCULATIONS 87 LES MICRO-MOBILITÉS DE LA MACHINE 89 STRATÉGIE D’IMPLANTATION COMMERCIALE : LA GALERIE DU CARROUSEL 95
CONCLUSION
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105
ANNEXES INTERVIEW DE NICOLAS DOUCE Directeur, études & AMO, chez Convergences-CVL, urbanisme et immobiler de commerces QUESTIONNAIRE POUR LES HABITANTS DU 1ER ARRONDISSEMENT MISSION DE GESTION DE FLUX AU MUSÉE DU LOUVRE par Nadir Tazdait © agence Readymade
BIBLIOGRAPHIE REMERCIEMENTS
115 118
120
GABARIT TRAIT DE COUPE
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