Sanctifier Avril 2011

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Sanctifier

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Avril-Mai-Juin 2011

Le SAINT, une humanitĂŠ accomplie

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Tables des matières Editorial

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Une nuit pas comme les autres… SdD Guglielmo Giaquinta

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« Viva Lectio” Les saints et la Parole de Dieu dans l’exhortation post-synodale Verbum Domini Alban Massie

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Jésus-prêtre et notre sacerdoce Jean-Marie Hennaux.

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L’Eucharistie, engagement pour la vie quotidienne Paul De Clerck

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Au cœur des sept sacrements quelle présence pour Marie ? Noël M. Rath

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Inter omnes mitis « Douce entre toutes » Jean Simonart

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Sainte Catherine de Sienne Co-patronne de l’Europe Chantal van der Plancke

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Seigneur Jésus, Maître de la moisson et Pasteur du troupeau Mgr. A.M. Léonard

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Recension Marcelle de Cleene

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Informations et contact

Rendez-vous

Rédaction et abonnements:

Dimanche 13 Mars 2011 9h45-17h: « La prière de l’Eglise : la liturgie des heures et la Messe » Abbé Jacob Affognon

Institut des Oblates Apostoliques Centre Horeb « Hautclair » Avenue Hamoir 14a 1180 Bruxelles Tél.: 0032 (0)2 3740016 Fax: 0032 (0)2 3745684 GSM: 0486641104 E-mail: sanctifier@prosanctitate.be

Abonnement annuel: Belgique : 15 euros Etranger : 18 euros Soutien: 25 euros

Tout don supplémentaire nous permet d'envoyer gratuitement la revue en Afrique et dans les pays de l'Est. Merci en leur nom. C.C.P. IBAN BE 34 000 - 1485936 - 90 BIC BPOTBEB 1 Banque BNP PARIBAS FORTIS BIC GEBABEBB IBAN BE 14 2100 5669 9683 de l'ASBL Institut des Oblates Apostoliques Bruxelles EDITEUR RESPONSABLE: L. Piccioli avenue Hamoir 14a - 1180 Bruxelles IMPRIMATUR Malines, 13 Mai 2011 E. VAN BILLOEN, Vic. Gen.

Récollection

Dimanche 3 Avril 2011 9h45-17h: « La prière d’Adoration » Père Pascal Negre

Rencontres pour les familles ouvertes à tous: adultes, jeunes et couples et leurs enfants avec Abbé Jean-Luc Maroy Dimanche 20 mars 2011 et Dimanche 10 avril 2011 15h30 Enseignement 16h30 Partage en groupes (adultes, jeunes, couples, enfants) 18h Célébration Eucharistique 19h Agape fraternelle

Lieu

Mouvement Pro Sanctitate Centre Horeb « Hautclair » Avenue Hamoir 14a 1180 Bruxelles Tél.: 0032 (0)2 3740016 Fax: 0032 (0)2 3745684 GSM: 0486641104 E-mail: sanctifier@prosanctitate.be

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Editorial Chers Lecteurs, C’est avec joie que le Mouvement Pro Sanctitate vous fait parvenir ce troisième numéro de “Sanctifier”. Chacun de ces numéros sont pour nous une invitation à devenir d’authentiques saints. Ce numéro nous en donne le goût en nous disant l’importance et le rôle des saints: ils sont une Parole de Dieu vivante, ils sont les moteurs de l’histoire, ils sont nos intercesseurs et nos modèles. Nous sommes donc appelés à être leurs imitateurs…

Ce numéro veut aussi nous y aider par des articles remarquablement riches (à lire et à méditer) sur l’accueil de la Parole, inspiré par l’exhortation postsynodale Verbum Domini de Benoît XVI, sur le sacerdoce, imparti à tout baptisé, sur l’Eucharistie comme engagement et sur Marie comme modèle de tous les chrétiens. Alors que s’annonce le temps des vacances et qu’avec lui nous est donné du temps pour méditer et prier, ce numéro de “Sanctifier” sera en ce temps heureux une précieuse aide et un bon compagnon. La Rédaction

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Temps pascal

Une nuit pas comme les autres… La veillée du samedi saint est tellement riche de sens et de symboles qu’on peut y ajouter peu de mots ; plus qu’ajouter quelque chose, il nous faudrait entrer dans le sens de cette liturgie tellement belle. La première chose qui frappe est celle qui devrait venir en dernier : la lumière ! Dans la nuit, une lumière est libérée : celle de la création. Mais pour nous, c’est la lumière du Christ - Christ, notre lumière - et c’est donc à la lueur de cette lumière du Christ que nous devons lire la merveilleuse liturgie du Samedi Saint. Dans la première partie, dans les lectures, nous percevons le travail divin, on pourrait presque dire le travail d’orfèvre de Dieu en relation avec son peuple, peuple qui deviendra l’humanité entière rassemblée en unité dans l’Eglise.

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Nous pouvons constater qu’il y a une ligne ascendante qui va au-delà de la difficulté non pas pour nous renvoyer au plan initial mais pour nous élever à un échelon supérieur, comme l’Eglise nous le fait proclamer : Tu nous as créés de façon merveilleuse et Tu nous recrées de façon encore plus merveilleuse ! La création divine a été entachée par le péché mais le Seigneur ne s’arrête pas au péché, Il va au-delà et libère son peuple de l’esclavage, le conduit dans la Terre promise. Et quand le peuple pèche alors qu’il est en Terre promise, Dieu lui promet une nouvelle Alliance. Vous avez entendu les paroles d’Ezéchiel au chapitre 36 : Il créera un cœur nouveau, un esprit nouveau, Il lavera le peuple de ses péchés. Ce « lavage » divin, ce travail d’orfèvre ascendant continue à travers le Nouveau Testament en Jésus-Christ. Il s’immerge dans l’eau, symbole du baptême. Le plan divin se dénoue au fil des siècles et démontre ainsi la bonté de Celui qui nous a créés et sauvés. Mais tout n’est pas aussi simple ! Car, si de la part de Dieu il y a une volonté nette de rédemption, il y a une condition sine qua non : notre coopération, notre refus de Satan et de succomber à ses œuvres. Pour que Dieu puisse réaliser son plan d’amour en nous, nous allons renouveler les promesses baptismales, faites quand nous étions enfants, non conscients et que nous devons répéter aujourd’hui. Renonces-tu à Satan, à ses œuvres, à ses pompes ? Je vous conseille de ne pas dire simplement «je renonce » -même si

liturgiquement, la réponse doit être celle indiquée dans la rubrique- mais dans notre cœur, disons : « je renonce à Satan », à mon Satan. Car nous devons prendre conscience qu’en chacun de nous, même si nous ne nous en apercevons pas ou nous n’en sommes pas pleinement conscients, nous avons notre Satan en nous qui s’appelle caractère, tendances, inclinations, défaut voire vice ; c’est notre Satan, celui que nous portons en nous, que bien souvent nous choyons comme si c’était un ami alors que c’est un serpent qui mord. Renonçons à Satan. Nous devons dire à Dieu : oui, Seigneur, je désire renoncer à Satan, à mon caractère, à mes inclinations, aux suggestions intérieures, à mes idées fixes. Alors, quand nous nous serons efforcés de nous débarasser de Satan, nous pourrons nous présenter devant le Seigneur et Lui dire : Seigneur, je suis prêt, lave-moi, transforme-moi. C’est ici que s’insère le miracle du baptême, la chose la plus belle que nous trouvons dans l’œuvre de la rédemption : nous sommes incorporés au Christ. Désormais libérée de celui qui s’opposait au Christ, notre âme est débarrassée, libre, capable de recevoir la grâce, capable d’amour. Ainsi le Samedi Saint devient pour nous aussi un samedi de résurrection, de transformation, de joie, un samedi qui s’ouvre sur une vie nouvelle. Homélie du Samedi saint 25.03.1989

Serviteur de Dieu Guglielmo Giaquinta 5

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Magistère

VIVA LECTIO Les saints et la Parole de Dieu dans l’exhortation post-synodale Verbum Domini Dans la Première Épître à Timothée, Saint Paul rassure son disciple, contre les tentations gnostiques de son temps (cellesci, au nom d’une mauvaise conception de la pureté sacrée, récusaient le mariage et l’usage de certains aliments) et l’encourage de la manière suivante : vivons dans l’action de grâces car « la Parole de Dieu et la prière sanctifient » toutes choses (cf. 1 Tm 4, 5). Programme simple et direct que celui de la sanctification dans l’action de grâces pour tout ce que Dieu offre à l’homme : l’eucharistie n’est-elle pas le pain sanctifié par la Parole ? La Parole de Dieu sanctifie. Ô combien le savons-nous, qui écoutons sans doute la Parole chaque jour, la ruminons et cherchons à la mettre en pratique ! Chemin de sainteté, unifiant le croyant avec la Parole faite chair, dans la routine de la vie quotidienne.

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Dans l’exhortation apostolique Verbum Domini, publiée à la suite du synode des évêques de 2008 sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église, le pape insiste sur cette nécessaire fécondité, ce pouvoir de sanctification de la Parole. C’est sur ce point que nous voudrions simplement réfléchir. Rappelons auparavant rapidement le plan de ce document. La première partie (Verbum Domini) porte sur la révélation de Dieu par son Verbe, et sur les conditions d’une juste interprétation des Écritures dans l’Église. La deuxième partie (Verbum in Ecclesia) souligne la place de la Parole de Dieu dans la vie ecclésiale, spécialement dans la liturgie. La troisième partie (Verbum pro mundo) est une ouverture à la mission, car l’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie, fruit de l’Esprit Saint (cf. VD 123). La première partie, doctrinale, est sans doute la moins aisée à cerner. Benoît XVI y répond en effet aux demandes explicites des évêques portant sur la valeur même de la Bible et sur sa compréhension dans le contexte actuel, qui est celui du pluralisme religieux. Le pape réfléchit d’abord sur la révélation de Dieu dans la Bible et la réponse de l’homme à la Parole qui lui est adressée – le Pape parle d’une « christologie de la Parole » dans le Verbe qui s’est fait chair (cf. VD 5-28).

Puis il reprend les acquis de la Constitution Dei Verbum sur l’accueil des Écritures dans l’Église, et met en garde contre une interprétation qui oublierait le sens spirituel du texte sacré, le sens que l’Esprit contient dans la lettre même de l’Ancien et du Nouveau Testaments (VD 29-47). A la fin de cette première partie, un passage est explicitement consacré à la vie des saints dans leur rapport à la Parole de Dieu (VD 48). On pourrait y voir un simple catalogue de personnalités bien ou peu connues qui furent attachées à l’Écriture. Sont cités en vrac des Pères de l’Église, mais aussi des martyrs, des religieux, des religieuses : Antoine du désert, Basile le Grand, François d’Assise, Benoît, Claire, Dominique, Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux, Ignace de Loyola, Jean Bosco, JeanMarie Vianney, Padre Pio, Dom Escriva de Balaguer, Edith Stein, Térésa de Calcutta, ainsi que les saints qui furent canonisés pendant le synode : « le prêtre Gaetano Errico, fondateur de la Congrégation des Missionnaires des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie ; Mère Maria Bernarda Bütler, née en Suisse et missionnaire en Équateur et en Colombie ; Sœur Alphonsine de l’Immaculée Conception, première sainte canonisée née en Inde ; la jeune laïque équatorienne Narcisa de Jésus Martillo Morán » (VD 49).

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La Parole grandit avec celui qui la lit Pourquoi cette liste de saints, après des réflexions dogmatiques profondes et exigeantes sur « l’herméneutique » scripturaire, sur l’art de l’interprétation biblique ? Il ne s’agit pas seulement de revenir sur terre après une théorie intellectuelle et profonde ! Certes, nombre de ces saints n’étaient pas des intellectuels et n’ont pas rédigé de commentaires sur la Bible ! Non, au contraire, Benoît XVI relève surtout que les saints sont ceux qui ont « vécu la Parole de Dieu ». Il avait d’ailleurs précisé auparavant le caractère essentiel de la relation entre la vie spirituelle et l’herméneutique de l’Écriture, caractérisée par l’intelligence spirituelle, c’est-àdire celle qui nourrit la foi (on parle du sens allégorique), la charité (le sens moral) et l’espérance (le sens eschatologique). Pour comprendre pleinement le texte de la Bible, écrit-il, il faut finalement se l’approprier dans sa vie même : « L’intensité d’une authentique expérience ecclésiale ne peut que développer une intelligence de la foi authentique à l’égard de la Parole de Dieu ; réciproquement, on doit dire que lire dans la foi les Écritures fait grandir la vie ecclésiale même » (VD 30). Comme le dit saint Grégoire le Grand (590-604), que cite au

même endroit le Saint-Père, « Les paroles divines grandissent avec celui qui les lit » (id.). La vie de celui qui lit spirituellement les Écritures a pour effet de manifester la pleine signification de la Parole : la sainteté de Dieu qui se révèle dans la sainteté des hommes est en effet cette « grandeur » dont parle Grégoire. Il ne faudrait pas croire que le pape du VIe siècle voulait dire que la Parole n’avait pas de stature avant qu’on la lise. Si la Parole grandit dans le cœur de celui qui la lit, c’est qu’elle s’était elle-même comme rapetissée, « abrégée » disent les Pères de l’Église à la suite d’Origène, dans la venue du Verbe fait chair. Grégoire ne fait qu’actualiser la formule qu’exprima devant Jésus le « plus grand » des prophètes, Jean-Baptiste : « il faut qu’il grandisse et que je diminue » (Jn 3, 30). On comprend alors le rappel tout simple de ces portraits de saints. La Parole de Dieu agit sur le monde à la mesure de celui qui l’accueille : le saint est transformé par la rencontre du Verbe, sanctifié dans l’Esprit, et l’Église, corps du Christ, dans ce mouvement de sanctification, amène à son achèvement, à sa véritable grandeur, l’humanité en route vers le Père.

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Et précisément, au regard du contexte dans lequel Grégoire lance ses formules, on peut donner les traductions suivantes : « la vie des hommes justes (littéralement les bons) est une leçon vivante » ou « c’est une lecture vive que la vie des saints ».

Les saints, lecture vive de la Parole Benoît XVI a cité de Grégoire le Grand une sentence bien connue. Il en cite une autre du même pape, en latin, car elle se comprend aisément : « viva lectio est vita bonorum » (VD 48). Elle n’est pourtant pas facile à traduire : le mot lectio signifie leçon, lecture.

Cette formule est tirée de l’immense commentaire de Grégoire sur le livre de Job, les Moralia in Job. Dans ces conférences, l’auteur, qui était moine avant d’être élu pape, instruit ses frères du monastère, spécialement les plus jeunes. Il entend expliquer le livre biblique selon les divers sens de l’Écriture : après avoir raconté l’histoire de Job (c’est le sens littéral) il passe au sens allégorique, qui montre Job comme la figure à la fois du Christ et de l’Église ; mais il insiste surtout sur le sens moral du récit qui manifeste l’attitude du patriarche, dans les péripéties de sa déchéance au relèvement, comme un exemple pour la foi qui agit, sans doute dans la misère de la condition actuelle où règne le péché (Grégoire eut luimême une santé délabrée), mais surtout dans l’espérance de la vie éternelle. C’est dans ce contexte qu’il évoque le souvenir des saints, Job d’abord, mais aussi les patriarches et prophètes bibliques, et finalement un homme qui lui est cher, saint Benoît : la vie tout entière du père des moines à qui il s’adresse est une véritable leçon de vie, comme on dirait aujourd’hui ! 9

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La vie de Benoît, c’est la Parole de Dieu vivante. Une autre manière de traduire la formule serait alors de dire simplement que la vie des saints est « un livre ouvert » qui laisse découvrir la Parole de Dieu. Grégoire file la métaphore en citant juste après le livre de l’Apocalypse : « on ouvrit des livres, puis un autre livre, celui de la vie ; alors, les morts furent jugés d'après le contenu des livres, chacun selon ses œuvres » (Ap 20, 12). En d’autres termes, Grégoire invite ses auditeurs, qui sont eux-mêmes, comme moines, des lecteurs assidus de l’Écriture sainte, à devenir euxmêmes de « vivantes leçons » de ce qu’ils auront appris de leur propre méditation de la Parole. Revenons à Verbum Domini. Benoît XVI commente ainsi Grégoire : « L’interprétation la plus profonde de l’Écriture vient proprement de ceux qui se sont laissés modeler par la Parole de Dieu, à travers l’écoute, la lecture et la méditation assidue. Ce n’est certainement pas un hasard si les grandes spiritualités qui ont marqué l’histoire de l’Église sont issues d’une référence explicite à l’Écriture. » (VD 48). Dans la deuxième partie de l’exhortation, le pape développera cet aspect de la vie de la Parole dans plusieurs registres. Citons-en deux : celui de la Liturgie des Heures

par laquelle la sanctification de la journée est rythmée par l’écoute de la Parole et la prière des Psaumes (VD 62) ; celui de la « lectio divina », lecture spirituelle de l’Écriture (lectio, meditatio, oratio) dont la description est mise en l’enseigne de la Vierge Marie, qui « conservait avec soin toutes ces choses, en les méditant dans son cœur » (Lc 2, 19 ; cf. 2, 51. VD 88). Et le pape de rappeler que « c’est dans la Sainte Écriture que se trouve révélée notre vocation à la sainteté : « Vous serez saints parce que je suis Saint » (Lv 11, 44 ; 19, 2 ; 20,7) » (VD 77). « Là où les saints passent, Dieu passe avec eux », affirmait saint Jean-Marie Vianney ! On sait le mot d’un pèlerin revenant d’une rencontre avec le Curé d’Ars: « J’ai vu Dieu dans un homme ». Les saints sont des livres ouverts, où grandit la Parole de Dieu. Alban Massie

Il n'existe pas de priorité plus grande que celle-ci: ouvrir à nouveau à l'homme d'aujourd'hui l'accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance (Benoît XVI)

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Pour parler du sacerdoce, il faut parler de Jésus lui-même. Jésus est prêtre et, d’une certaine manière, comme nous le verrons, il est le seul prêtre.

Spiritualité sacerdotale

Jésus-prêtre et notre sacerdoce

Il y aura quatre parties dans notre réflexion. La première tourne autour de l’idée de médiation, un mot un peu abstrait qui, je l’espère, s’éclairera. La deuxième partie précise la médiation comme réconciliatrice. La troisième partie concerne notre sacerdoce à tous et à toutes, le sacerdoce commun. J’en viendrai ensuite au sacerdoce ministériel de ceux qui ont été ordonnés prêtres, de ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre.

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l'aimer à travers la médiation de toutes les autres personnes. Il veut l’aimer en elle-même, directement, et à travers toutes les autres personnes. Ce qui veut dire aussi que la personne que Dieu aime, si elle veut se laisser aimer à fond par Dieu, doit s'ouvrir nécessairement à aimer toutes les autres personnes et à se laisser aimer par Dieu à travers toutes les autres personnes.

1. La médiation Qu'est-ce que Jésus est venu faire en ce monde ? Il est venu instituer en sa personne et par son action une communion d'amour entre Dieu et l'humanité. En termes bibliques, il est venu instituer une alliance – une alliance d'amour – entre Dieu et l'humanité.

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Dieu avait déjà noué une alliance entre lui-même et le peuple d'Israël. Jésus s'est glissé dans cette alliance et il l'a menée à son accomplissement. C'est que, en choisissant Israël et en faisant de lui son partenaire d'amour, Dieu visait déjà toute l'humanité. Quand Dieu choisit quelqu'un ou un peuple, c'est parce qu'il veut aimer tout le monde, toute l'humanité, à travers cette personne ou ce peuple. Le grand mystère de Dieu, c’est qu'il veut aimer chaque personne, non seulement dans une relation directe, immédiate, avec cette personne, dans un vis-à-vis interpersonnel de deux personnes, mais qu'il veut aussi

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Le fondement de cela, c'est que Dieu n'est pas un être en deux Personnes, mais en trois Personnes. C'est le mystère de la Sainte Trinité. La folie de Dieu, c'est de vouloir que le monde entier, l'humanité entière, vive le mystère de l'amour en trois personnes. Cela signifie – répétonsle – que chaque personne a la vocation d'être l'élue de Dieu pour être aimée de Lui sans intermédiaire et en même temps d'être aimée par Lui à travers la médiation de toutes les autres personnes. Mais puisque aimer, ce n'est pas seulement être passif (se laisser aimer), mais aussi être actif, cela veut dire que se laisser aimer par Dieu, c'est à la fois aimer Dieu et aimer toutes les autres personnes. C'est ce que Jésus dit lorsqu'il répond à la question : quel est le plus grand commandement ? Il répond en fait – nous le savons – par deux commandements qui, à ses yeux, n'en font qu'un : aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même. Ainsi chaque

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personne humaine a cette vocation en apparence double : aimer Dieu et être médiatrice de l'amour de Dieu pour toutes les autres personnes. Être médiatrice de l'amour de Dieu, c'est-à-dire être signe et lieu de communication, de passage, de cet amour pour tous les autres. En parlant de la vocation de chaque être humain à être médiateur de l'amour divin pour tous les autres, j'ai déjà parlé de la vocation de chaque être humain à être prêtre. Parce que être prêtre, c'est être médiateur pour autrui entre celui-ci et Dieu. Un des premiers enseignements de la Bible, c'est de nous enseigner la vocation de tout être humain, homme ou femme, à être médiateur entre Dieu et ses frères et sœurs ; c'est de nous enseigner la vocation universelle au sacerdoce. Cela a l'air de contredire ce que je disais en commençant : « Jésus est le seul prêtre ». Mais c'est le contraire qui est vrai. Jésus vient permettre à chacun d'accomplir en plénitude sa vocation de prêtre, sa vocation de médiateur.

2. La médiation réconciliatrice En réalité, pour Jésus, instituer une alliance d'amour entre Dieu et l'humanité, c'est opérer une œuvre de réconciliation, de réconciliation entre Dieu et l'humanité. A cause de la réalité du péché. Le péché est présent dans l'humanité et il s'oppose à l'amour de Dieu. Mais Dieu ne se laisse pas vaincre par le péché. Il veut nous en sauver. Il aime l'humanité pécheresse. Jésus, le Fils de Dieu, vient donc dans l'humanité avec la mission, non pas de la juger, mais de l'aimer « jusqu'au bout » (Jn 13, 1). Il est l'Innocent qui se livre sans réserve à l'humanité pécheresse. En tant qu'innocent, il conteste, non seulement par ses paroles, mais par tout ce qu'il est, – il conteste tellement radicalement toutes les formes de péché qui sont présentes dans l'humanité que celles-ci se déchaînent toutes contre lui. C'est ce que nous voyons dans la Passion. Toutes les formes de violence se donnent en quelque sorte rendezvous pour le faire souffrir et le mettre à mort. Il attire contre lui les lâchetés et l'orgueil des païens à travers Pilate et les soldats romains (il y aura cependant le témoignage du centurion), – les lâchetés et l'orgueil des juifs à travers les grands-prêtres et les anciens, à travers le reniement et l'abandon des disciples (il y aura cependant 13

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Marie et les femmes serrées autour de la croix, et Nicodème…). Mais ces païens et ces juifs nous représentent tous, représentent toute l'humanité pécheresse. C'est ainsi que l'engagement sans retour de l'amour de Dieu en Jésus envers une humanité pécheresse a pris la forme de la croix, a pris la forme d'un sacrifice. Le sacerdoce de Jésus a pris la forme d'un sacrifice. En contemplant Jésus crucifié, l'humanité peut avoir la révélation de l'horreur de son péché et s'en repentir, se convertir enfin à l'amour, puisque Jésus ressuscité revient (dans ses apparitions) vers l'humanité qui l'a mis à mort, en un geste de pardon, qui nous montre que la miséricorde de Dieu est vraiment invincible.

3. Le sacerdoce commun C'est donc à travers cet acte de livraison totale de lui-même à l'humanité pécheresse, à travers son sacrifice, que Jésus a réalisé son acte de médiation réconciliatrice entre Dieu et l'humanité, son acte sacerdotal. C'est ainsi qu'il est devenu le médiateur unique, le « grand-prêtre » unique de l'humanité. Mais nous ne sommes pas au bout de notre méditation. Sur la croix, Jésus engendre une humanité sauvée, c'est-à-dire capable de se repentir du non-amour et d'aimer, une humanité capable de vivre sa vocation originelle, dont nous avons parlé en commençant, sa vocation sacerdotale à être médiatrice d'amour. Sur la croix, Jésus dit à Marie : « Femme, voici ton fils » (Jn 19, 26). Jésus associe Marie, figure de l'Eglise et de toute l'humanité, à son œuvre d'engendrement. Marie devient, en dépendance de Jésus, le médiateur d'amour par excellence, – Marie devient médiatrice d'amour. La première, elle reçoit la révélation que sa vocation originelle, sa vocation à être prêtre (signe et instrument de l'amour divin, alliance entre Dieu et les hommes), est accomplie. Marie est ainsi, en personne, la réalisation plénière de ce que nous appelons le « sacerdoce commun ». Commun à tous les baptisés, mais, dans le projet de Dieu, commun à tous les êtres humains.

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4. Le sacerdoce ministériel Toute la méditation qui précède est inspirée principalement par l'évangile de saint Jean, mais aussi par l'épître aux Hébreux. L'épître aux Hébreux insiste sur le fait que le sacerdoce du Christ est le sacerdoce de Celui qui est le Fils unique de Dieu. Parce qu'il est le sacerdoce du Fils unique, le sacerdoce de Jésus est aussi unique, en ce sens que seul, il accomplit pleinement et le sacerdoce de l'Ancien Testament, le sacerdoce lévitique, et le sacerdoce des païens, le sacerdoce de Melkisedek, ce prêtre païen qui apparaît au chapitre 14 de la Genèse, qui est dit « prêtre du TrèsHaut » et qui bénit Abraham, en lui offrant le pain et le vin. L'épître aux Hébreux applique plusieurs fois au Christ le verset 4 du psaume 110 : « Tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melkisedek ». Dans le plan de Dieu, tous les hommes sont créés dans le Christ, c'est-à-dire que le Christ est en sa personne l'accomplissement de la vocation de tous. Étant l'Unique, le Christ est aussi l'Universel, celui qui contient et accomplit tous les êtres humains. C'est pourquoi l'épître aux Hébreux conclut du sacerdoce unique du Christ au sacerdoce commun de tous les baptisés et, ultimement, au sacerdoce de tous les humains.

Mais qu'en est-il alors du sacerdoce de ceux qui sont ordonnés prêtres ? Qu'en est-il du sacerdoce ministériel ? Jésus a bien choisi et établi 12 apôtres. Bien qu'il les fasse sans aucun doute participants de son sacerdoce (il suffit de se souvenir de sa parole : « Faites ceci en mémoire de moi ») et représentants de sa personne, il ne leur donne pas explicitement le nom de prêtres. La raison en est qu’il voulait sans aucun doute se démarquer du sacerdoce des grands-prêtres de son époque. Cependant il fallait que dans la communauté chrétienne, on se souvienne toujours du fait que l'origine du sacerdoce commun est Jésus lui-même. Il fallait donc qu'un certain nombre de disciples soient choisis et ordonnés pour agir in persona Christi Capitis, en la personne du Christ-Tête, c'est-àdire le représentent d'une manière particulière. C’est ce qui se vit lorsque des hommes reçoivent le sacrement de l’ordre. Mais les prêtres ministériels sont ordonnés pour promouvoir, servir, susciter le sacerdoce de tous. C'est toute l'Eglise qui est sacerdotale. Jean-Marie Hennaux.

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Re-naître : les sacrements

L'EUCHARISTIE, engagement pour la vie quotidienne « Accorde-nous, Dieu notre Père, tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ». OR AIS ON DU 1ER DIMANCHE DE C ARÊME

Il y a bien des manières de considérer l'Eucharistie. Comme une louange; pensons au chant du Sanctus ! Comme un bienfait, par exemple celui de pouvoir communier. Regardons-la ici comme un engagement, une manière de nous mettre en chemin, de considérer nos comportements envers les autres, d'ouvrir un avenir. Considéronsla particulièrement ici comme un engagement envers Dieu d'abord, puis aussi envers les autres.

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L'engagement eucharistique envers Dieu Écoutons les premières paroles de la prière eucharistique, autrefois nommée « canon de la messe »; nous les connaissons bien, mais il vaut la peine de s'y arrêter quelques moments : • Le Seigneur soit avec vous Et avec votre esprit • Élevons notre coeur Nous le tournons vers le Seigneur • Rendons grâce au Seigneur notre Dieu Cela est juste et bon ! Ce sont les paroles que l'on désigne habituellement sous les termes « dialogue de la préface ». Un petit mot d'abord sur le mot préface. Ce terme a été victime d'un accident ! Oui, car le terme latin praefatio signifie louange, action de grâce, proclamation de la gloire de Dieu. Mais sa traduction littérale en français, préface, est compris comme début, avant-propos...avant que cela ne commence réellement. Ceci est renforcé, à la messe, par le fait que la « préface » aboutit au chant du Sanctus ; pour de nombreux catholiques, celui-ci opère une rupture entre ce qui précède et ce qui suit, entre la préface et la suite de la prière.

Ceci est une méprise ! En réalité, le dialogue de la préface, rappelé ci-dessus, énonce le programme de la partie centrale de la messe. Qu'allons-nous faire ? Le prêtre le dit : « Élever nos cœurs pour rendre grâce au Seigneur notre Dieu ». Et l'assemblée est invitée à répondre : « Oui, nous tournons nos coeurs vers le Seigneur, pour lui rendre grâce ». Ce dialogue introductif est très important. Les premiers mots d'abord. Alors que nous sommes souvent braqués sur la « présence réelle » du Christ, lors de la consécration, nous n'entendons guère le voeu énoncé par ces mots : « Le Seigneur (soit) avec vous ». A y regarder de près, il est énoncé quatre fois au long de la messe, preuve de son importance : • lors de la salutation d'entrée • avant la proclamation de l'Evangile • ici, au début de la prière eucharistique • et en finale de la messe, avant la bénédiction. J'ai écrit ce souhait en mettant le verbe entre parenthèse. Le latin s'était facilité les choses en omettant le verbe : Dominus vobiscum, c'est-à-dire en ne disant ni « Le Seigneur est avec vous », comme une affirmation, ni « soit avec vous », comme un simple souhait, dont on ne serait pas tout à fait sûr... 17

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Il est clair qu'il faut entendre ce souhait comme le désir de Dieu de nous rejoindre, de nous appeler, de nous parler ; comme un appel à nous rendre présents à Lui. Car la présence demande réciprocité ! L'importance du dialogue introductif est toute aussi grande en sa troisième phrase : « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu ». Ici aussi les mots nous cachent quelque peu la compréhension ; car en traduction littérale, « rendons grâce au Seigneur notre Dieu» devrait se dire : « faisons eucharistie pour le Seigneur notre Dieu ». Encore un accident linguistique ! le verbe grec exprimant que Jésus a « eucharistié » son Père n'a pas trouvé d'équivalent ni en latin, qui a dit « gratias agere », ni en français qui a traduit « rendre grâce ». Mais on peut comprendre de quoi il s'agit en écoutant le Gloria du début de la messe, et sa litanie de verbes : « nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce pour ton immense gloire » !

devrait nous rendre heureux, plus exactement en-thousiastes, c'est-àdire enracinés en Dieu (en-theos), et faire de nous des êtres joyeux, malgré toute la souffrance et le péché du monde, dont nous demandons à l'Agneau de Dieu de l'enlever. Oui, l'Eucharistie nous invite à un réel engagement, à une décision : celle de ne pas constamment nous plaindre, mais plutôt de considérer ce que Dieu fait pour nous, et qui est exposé en long et en large dans les lectures de la première partie de la messe.

Ces paroles soulignent à souhait que l'Eucharistie est fondamentalement une louange adressée à Dieu. Elle éclate particulièrement dans la préface ; celle-ci varie à souhait les motifs de louer Dieu, puisque le Missel romain en compte 98, différentes selon les fêtes et les temps liturgiques ! Comme l'ensemble de la messe, la préface particulièrement 18

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La communion : (aussi) envers les autres La communion forme bien évidemment le couronnement de la messe. C'est la communion au Christ, qui manifeste dans l'eucharistie son amour le plus fort (« Il les aima jusqu'au bout »), mais aussi aux autres : la communion est une commune-union ! Il faut y insister, car on assiste parfois à des « communions individualistes », où les communiants ne regardent même pas leurs voisins...Un effort est ici nécessaire pour varier les modalités de la communion, pour trouver les manières les plus adéquates de vivre ce que le Seigneur nous donne, et de le mettre en pratique. Les Pères de l'Église ont énoncé un bel adage en ce domaine. Ils disaient : « l'Eucharistie fait l'Église » ! Effectivement, l'Église ne se réduit pas à la hiérarchie du pape et des évêques. Elle ne se confond pas avec des gens de bonne volonté, qui font l'effort de bien s'entendre. L'Église est le Peuple de Dieu, réuni par l'écoute de la Parole de Dieu et la communeunion eucharistique. Nous sommes faits chrétiens en écoutant la Parole que Dieu nous adresse et en la mettant en pratique, notamment en « élevant notre coeur, pour rendre grâce au Seigneur notre Dieu ». Prenons l'exemple de l'évangile de demain, premier dimanche de

Carême : les tentations que Jésus luimême a connues, après ses quarante jours de jeûne au désert. Comment a-t-il pu résister ? A chacune des tentations, Jésus répond en disant : « Il est écrit : ... ». Au long de ses quarante jours de désert, Jésus a intériorisé la Parole de Dieu, et c'est elle qui lui a servi pour donner la réplique à Satan.

Conclusion Nous le comprenons bien : l'Eucharistie n'est pas seulement une dévotion ! Elle nous invite à un engagement de toute notre personne. Engagement à écouter sa Parole, parfois difficile à comprendre, toujours difficile à mettre en pratique. Elle nous engage à suivre Jésus, à la fois dans l'action de grâce, qui fera de nous, petit à petit, des chrétiens heureux, et dans la communion, tant avec le Seigneur Jésus que les uns avec les autres. Car quelqu'un a dit : Nous ne serons jamais plus près de Dieu que des autres !

Paul De Clerck

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Re-naître : les sacrements

Au cœur des sept sacrements quelle présence pour Marie ?* Eucharistie Nous sommes là au point culminant de toute méditation sur les sacrements. L’Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne » (L.G. 11) nourrit notre vie en la faisant assumer par le Christ qui s’offre au Père dans l’Esprit faisant entrer toute l’humanité dans la communion des saints au cœur de l’amour Trinitaire. Par définition, comme dans tout acte de la vie chrétienne, Marie est présente. Mais, dans la communion des saints, c'est-à-dire la mise en communion que réalise le Christ entre nous et avec Dieu, elle y est présente d’une manière toute particulière.

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© Bradi Barth

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L’Eucharistie, l’action de grâce par excellence est la présence du Christ par excellence. Cela ne doit pas nous faire oublier les divers modes de présence du Christ dans la prière, dans l’action charitable, ou dans les autres sacrements. Mais l’Eucharistie nous fait revivre tout le mystère de Jésus le Christ : l’Incarnation, la Passion, la mort et la Résurrection. C’est donc bien le même Esprit Saint qui vient « couvrir de son ombre » comme il l’a fait pour Marie, la communauté chrétienne, l’Église, pour qu’elle enfante le Christ sous les espèces du pain et du vin. De nombreux ouvrages sont parus pour faire prendre conscience que toute l’eucharistie se vit avec Marie par l’Écoute de la Parole ou en s’associant au don que le Christ fait de lui-même et qui définit son sacrifice. Pour saint Éphrem de Syrie ( 306373) Marie est considérée comme le tabernacle où demeure le Verbe fait chair, symbole de l’habitation du Verbe de Dieu présent dans l’Église. Saint André de Crète ( 660- 740) dans un sermon sur la dormition fera le parallèle entre Marie et la table eucharistique : “table mystique, table plus que sainte qui a porté, en luimême et tout entier, le pain vivifiant, Notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ, vie éternelle, fait pain....” Au plus intense de la célébration, lors de l’appel de l’Esprit, à la lumière de la

Résurrection, même si l’on ne fait pas mention explicite de Marie, elle n’est pas absente. L’Incarnation du Christ né de Marie « Ave verum corpus natum de Maria virgine » sera davantage soulignée par la consécration du pain tandis que la Rédemption culminant à la Croix au pied de laquelle Marie est présente, sera davantage signifiée par la consécration du vin. Dans plusieurs liturgies orientales, après la consécration, l’hostie est partagée en trois pour bien montrer la présence du Christ dans la vie des saints. Si la plus grande part signifie Jésus lui-même, une parcelle bien distincte désigne Marie et les autres parcelles les saints et bienheureux associés désormais à la Pâque du Christ. Mais aujourd’hui, c’est dans l’encyclique intitulée « l’Église vit de l’Eucharistie », en 2003, que Jean Paul II reviendra sur la nécessité de vivre l’Eucharistie à l’école de Marie.

À l'école de Marie, Femme " Eucharistique " 53. Si nous voulons redécouvrir dans toute sa richesse le rapport intime qui unit l'Église et l'Eucharistie, nous ne pouvons pas oublier Marie, Mère et modèle de l'Église. Dans la lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, en désignant la Vierge très sainte comme Maîtresse dans la contemplation du visage du Christ, 21

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j'ai inscrit l'institution de l'Eucharistie parmi les mystères lumineux. Marie peut en effet nous guider vers ce très saint Sacrement, car il existe entre elle et lui une relation profonde. À première vue, l'Évangile reste silencieux sur ce thème. Dans le récit de l'institution, au soir du Jeudi saint, on ne parle pas de Marie. On sait par contre qu'elle était présente parmi les Apôtres, unis « d'un seul cœur dans la prière » (cf. Ac 1, 14), dans la première communauté rassemblée après l'Ascension dans l'attente de la Pentecôte. Sa présence ne pouvait certes pas faire défaut dans les Célébrations eucharistiques parmi les fidèles de la première génération chrétienne, assidus « à la fraction du pain » (Ac 2, 42). Mais en allant au-delà de sa participation au Banquet eucharistique, on peut deviner indirectement le rapport entre Marie et l'Eucharistie à partir de son attitude intérieure. Par sa vie tout entière, Marie est une femme « eucharistique ». L'Église, regardant Marie comme son modèle, est appelée à l'imiter aussi dans son rapport avec ce Mystère très saint. 54. Mysterium fidei! Si l'Eucharistie est un mystère de foi qui dépasse notre intelligence au point de nous obliger à l'abandon le plus pur à la parole de Dieu, nulle personne autant que Marie ne peut nous servir de soutien et de guide dans une telle

démarche. Lorsque nous refaisons le geste du Christ à la dernière Cène en obéissance à son commandement: « Faites cela en mémoire de moi! » (Lc 22, 19), nous accueillons en même temps l'invitation de Marie à lui obéir sans hésitation: « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5). Avec la sollicitude maternelle dont elle témoigne aux noces de Cana, Marie semble nous dire: « N'ayez aucune hésitation, ayez confiance dans la parole de mon Fils. Lui, qui fut capable de changer l'eau en vin, est capable également de faire du pain et du vin son corps et son sang, transmettant aux croyants, dans ce mystère, la mémoire vivante de sa Pâque, pour se faire ainsi “pain de vie” ». 55. En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l'institution de l'Eucharistie, par le fait même qu'elle a offert son sein virginal pour l'incarnation du Verbe de Dieu. Tandis que l'Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément en continuité de l'Incarnation. À l'Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la vérité même physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure se réalise sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Seigneur. Il existe donc une analogie profonde entre le fiat par lequel Marie répond aux paroles de l'Ange et l'amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur. À Marie,

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il fut demandé de croire que celui qu'elle concevait « par l'action de l'Esprit Saint » était le « Fils de Dieu » (cf. Lc 1, 30-35). Dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous est demandé de croire que, dans le Mystère eucharistique, ce même Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain et du vin. « Heureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45): dans le mystère de l'Incarnation, Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques? 56. Durant toute sa vie au côté du Christ et non seulement au Calvaire, Marie a fait sienne la dimension sacrificielle de l'Eucharistie. Quand elle porta l'enfant Jésus au temple de Jérusalem « pour le présenter au Seigneur » (Lc 2, 22), elle entendit le vieillard Syméon lui annoncer que cet

Enfant serait un « signe de division » et qu'une « épée » devait aussi transpercer le cœur de sa mère (cf. Lc 2, 34-35). Le drame de son Fils crucifié était ainsi annoncé à l'avance, et d'une certaine manière était préfiguré le « stabat Mater » de la Vierge au pied de la Croix. Se préparant jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte « d'Eucharistie anticipée », à savoir une « communion spirituelle » de désir et d'offrande, dont l'accomplissement se réalisera par l'union avec son Fils au moment de la passion et qui s'exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation à la Célébration eucharistique, présidée par les Apôtres, en tant que « mémorial » de la passion. Comment imaginer les sentiments de Marie, tandis qu'elle écoutait, de la bouche de Pierre, de Jean, de Jacques et des autres Apôtres, les paroles de la dernière Cène: « Ceci est mon corps, donné pour vous » (Lc 22, 19)? Ce corps offert en sacrifice, et représenté sous les signes sacramentels, était le même que celui qu'elle avait conçu en son sein! Recevoir l'Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce cœur qui avait battu à l'unisson du sien et comme si elle revivait ce dont elle avait personnellement fait l'expérience au pied de la Croix. 57. « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19). Dans le « mémorial » du Calvaire est présent tout ce que le 23

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Christ a accompli dans sa passion et dans sa mort. C'est pourquoi ce que le Christ a accompli envers sa Mère, il l'accomplit aussi en notre faveur. Il lui a en effet confié le disciple bienaimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous: « Voici ton fils! ». De même, il dit aussi à chacun de nous: « Voici ta mère! » (cf. Jn 19, 26-27). Vivre dans l'Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose aussi de recevoir continuellement ce don. Cela signifie prendre chez nous – à l'exemple de Jean – celle qui chaque fois nous est donnée comme Mère. Cela signifie en même temps nous engager à nous conformer au Christ, en nous mettant à l'école de sa Mère et en nous laissant accompagner par elle. Marie est présente, avec l'Église et comme Mère de l'Église, en chacune de nos Célébrations eucharistiques. Si Église et Eucharistie constituent un binôme inséparable, il faut en dire autant du binôme Marie et Eucharistie. C'est pourquoi aussi la mémoire de Marie dans la Célébration eucharistique se fait de manière unanime, depuis l'antiquité, dans les Églises d'Orient et d'Occident.

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58. Dans l'Eucharistie, l'Église s'unit pleinement au Christ et à son sacrifice, faisant sien l'esprit de Marie. C'est une vérité que l'on peut approfondir en relisant le Magnificat dans une perspective eucharistique. En effet, comme le cantique de Marie, l'Eucharistie est avant tout

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une louange et une action de grâce. Quand Marie s'exclame: « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur », Jésus est présent en son sein. Elle loue le Père « pour » Jésus, mais elle le loue aussi « en » Jésus et « avec » Jésus. Telle est précisément la véritable « attitude eucharistique ». En même temps, Marie fait mémoire des merveilles opérées par Dieu dans l'histoire du salut, selon la promesse faite à nos pères (cf. Lc 1, 55), et elle annonce la merveille qui les dépasse toutes, l'Incarnation rédemptrice. Enfin, dans le Magnificat est présente la tension eschatologique de l'Eucharistie. Chaque fois que le Fils de Dieu se présente à nous dans la « pauvreté » des signes sacramentels, pain et vin, est semé dans le monde le germe de l'histoire nouvelle dans laquelle les puissants sont « renversés de leurs trônes » et les humbles sont « élevés » (cf. Lc 1, 52). Marie chante les « cieux nouveaux » et la « terre nouvelle » qui, dans l'Eucharistie, trouvent leur anticipation et en un sens leur « dessein » programmé. Si le Magnificat exprime la spiritualité de Marie, rien ne nous aide à vivre le mystère eucharistique autant que cette spiritualité. L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat! Noël M. Rath *Suite de l’exposé Marie dans la vie sacramentelle

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Marie

Inter omnes mitis « Douce entre toutes »* *Tiré de « Kairé » le bulletin du Mouvement Marial n°3 Juin 2010

La deuxième béatitude en l’évangile de St Matthieu est formulée comme suit : « bienheureux les doux, ils possèderont le terre » (Mt 5,4). Cer taines traduc tions la formulent parfois autrement. L’on trouve alors : « Bienheureux les humbles… ». Douceur et humilité sont en effet très liées. Même s’il serait intéressant de développer aussi cette dernière version, ici, nous nous arrêtons seulement à la première traduction : « bienheureux les doux ». Les interprètes de cette béatitude se répartissent en deux camps ; les premiers affirment qu’il faut comprendre les béatitudes comme une invitation morale. Il faut alors comprendre: Soyez doux ! Même si cette interprétation n’est pas fausse, © Bradi Barth

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elle ne semble pas rejoindre la tonalité que Jésus y a mise. Jésus ne parle pas, ici comme un moraliste qui nous donne des injonctions… non, l’expression de Jésus est bien plus sensible et délicate… car Jésus est doux !

(Inter omnes mitis), et le Salve Regina, que les moines chantent chaque soir en terminant leur prière, s’achève par ces adresses « O Clemens, O Pia, O Dulcis Virgo Maria » O Clémente, O Pieuse, O Douce Vierge Marie !

Le deuxième groupe d’interprètes nous dit que les béatitudes dessinent le portrait du disciple et de Jésus luimême.

Le sens n’est pas seulement qu’il est doux de penser à Marie, notre Mère, mais aussi et surtout que la douceur est bien une des qualités qui la caractérise… et O combien !

Dans ce même évangile de Matthieu nous trouvons en effet un passage où Jésus affirme expressément qu’Il est « doux et humble de cœur ». Si Matthieu dans son évangile, écrit le grand exégète J. Dupont, propose les béatitudes comme une exigence de vie, ce n’est pas en tant que moraliste, mais bien en tant que croyant qui reconnaît en Jésus le modèle de toute vie chrétienne. Si les béatitudes sont effectivement la description des disciples de Jésus, alors nous pouvons et même nous devons l’attribuer à la disciple de Jésus par excellence : La Vierge Marie. La liturgie, ici, nous donne raison. Depuis des siècles, des générations de chrétiens chantent Marie. Et nous trouvons dans des hymnes qui lui sont adressées, qu’elle est dite « douce » ! Par exemple l’hymne « ave Maris Stella » la dit « douce entre toutes »

Mais qu’est-ce donc cette qualité qui convient à tout disciple de Jésus, que Marie possède de manière éminente et que Jésus le premier a vécue ? Commençons par interroger la Bible elle-même. Voyons-en d’abord le sens dans les psaumes puisque la béatitude des doux semble bien être inspirée par le psaume 37. Voyons ensuite l’exemple que nous donne Moïse et penchons-nous enfin sur des paroles de Jésus lui-même le concernant. Le psaume 37 rejoint le juste qui pourrait se scandaliser en voyant la prospérité des impies et la souffrance de certains justes. Le psaume leur dit : « Ne vous échauffez pas », « ne vous mettez pas en colère », « Ne perdez pas patience ». Il faut au contraire garder le silence devant

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le Seigneur, rester patient, mettant humblement sa confiance dans le Seigneur, la patience et absence d’irritation. Moïse est présenté, dans le livre des Nombres, comme un homme extrêmement doux, « plus que tous les hommes sur la surface de la terre » (Nb 12,3). Un certain moment Myriam et Aaron mènent une campagne de dénigrement contre lui. Moïse ne fait alors rien pour se défendre, il se tait. Ce sera Dieu lui-même qui interviendra ! Moïse se révèle doux, car il ne s’irrite pas, ne se met pas en colère ; il reste calme et patient dans les contradictions, mettant sa confiance en Dieu. Jésus dit selon l’évangile de Matthieu : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur ». Il se positionne alors en contraste avec les docteurs de la Loi, eux ils sont orgueilleux, durs, exigeants… implacables. Ceux qui se mettent à l’école de Jésus, trouveront en lui un maître capable de comprendre leur faiblesse, et de se montrer patient à leur égard. Soucieux davantage de leur bien à eux plutôt qu’à faire triompher ses idées à lui. Ils trouveront en Jésus

celui qui incarne ce qu’avait dit le prophète du « Serviteur souffrant » : « Il ne froissera pas le roseau brisé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore. Il n’élèvera pas la voix… ». Ce trop bref examen dans l’Ecriture déjà nous apprend beaucoup… Il écarte d’emblée ce que le P. Chevignard, dans son excellent petit livre « La doctrine spirituelle de l’Evangile » stigmatise comme étant « je ne sais quel sentiment, apanage d’âmes craintives, sans grande personnalité ». C’est en réalité, écrivait le Père, une extraordinaire béatitude de force et d’amour dont il s’agit. Ceux qui y arrivent sont très avancés dans le Royaume des Cieux. Oui, la douceur ne s’identifie pas à la mièvrerie. Etre doux ce n’est pas être doucereux ou affadi ! Un exemple bien connu de cela est la douceur de St François de Sales. Sa douceur, devenue proverbiale, a été conquise par des années d’efforts. Un jour un homme qui en voulait à ce grand saint vint de grand matin faire aboyer sa meute sous les fenêtres du saint évêque. La ville s’éveille, l’évêque aussi. Le furieux força l’entrée de sa maison et accabla le prélat d’injures les plus violentes. Saint François de Sales tint les yeux baissés et ne dit rien. Après le départ de l’énergumène, on lui demanda : « Mais comment avez-

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vous fait pour ne pas vous mettre en colère ? » Il répondit : « Voudriez-vous que je perde en un quart d’heure un peu de douceur que j’ai eu bien de la peine à acquérir en vingt ans ? » Oui, pour être doux, il faut être fort ! Déjà le philosophe Platon l’avait compris. Il a écrit : « Les forts sont doux » ! Parce que, ajoutait-il, « la force qui a conscience d’elle-même n’éprouve pas le besoin d’être violente ». Cependant la douceur dont parle l’évangile n’est pas seulement une pure force qui se contient…mais une force alimentée par l’amour, la confiance. C’est la force d’un amour puissant ! Oui, la Vierge Marie était de cette trempe-là. Une personnalité, forte dans la foi et la confiance et harmonieuse en son être unifié. Solide et stable, paisible et douce. Une seconde chose que notre petit examen scripturaire nous apprend, c’est que la douceur s’oppose à la colère. Inutile de s’échauffer suggère le psaume. Moïse ne se fâche pas devant le mauvais traitement qu’il subit. Devant l’adversité ou la malveillance, le doux reste maître de lui…, il ne devient pas belliqueux. Il reste mesuré et tempéré dans ses actions. Il ne semble point être troublé. En tous les cas il n’entre pas dans la dynamique de la violence qui engendre tant d’excès. Il ne répond pas à la violence par la violence.

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Le prophète, parlant déjà de Jésus, avait écrit : « Comme un agneau conduit à la boucherie… il n’ouvre pas la bouche… » (Is 53,7) Et l’évangile de Jean nous dit : « Près de la croix de Jésus se tenait sa Mère » ! Elle se tenait « debout » ne permettant pas que la violence injuste assénée à son Fils innocent engendre en son cœur agressivité, amertume ou colère. Son cœur était tout entier possédé par d’autres sentiments…en communion avec le cœur de son Fils. Une troisième chose que notre rapide examen scripturaire nous apprend c’est que cette douceur s’enracine dans la relation à Dieu. Sa patience dans l’adversité s’appuie sur la confiance en ce Dieu fidèle et juste qui aura le dernier mot, puisque déjà en son Fils le monde est vaincu. Même si ses chemins ne sont pas comme nos chemins, le doux prend patience et reste confiant. Ce n’est pas à lui, pauvre humain, d’être le juge ultime des choses et des comportements d’autrui. Tout en restant juste et droit, il exerce la miséricorde et l’indulgence. Il ne juge pas…et reste patient. Nous devinons que c’est bien cela qui caractérise l’attitude de Marie, enceinte, devant la perplexité de Joseph. Ni impatience, ni reproche envers lui. Elle met sa confiance dans le Seigneur qui mènera les choses au mieux et sa confiance n’a pas été déçue.

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Une quatrième chose que l’Ecriture nous apprend c’est que la douceur est l’éclosion parfumée de l’amour. La douceur évangélique est essentiellement l’expression de l’amour. Quand Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et je vous donnerai le repos », c’est l’amour qui parle. Dans la douceur, l’amour triomphe des forces adverses. Il se fait particulièrement délicat et attentif à l’autre et bannit toute rudesse, toute brutalité, toute dureté. La douceur, née de l’amour, se fait amène, harmonieuse et peut aller dans la relation jusqu’à l’exquis. Ici la douceur rejoint la tendresse… Toutes ces merveilleuses qualités, nous les retrouvons dans le cœur de Jésus. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». Elles dessinent aussi la figure de Marie, sa Mère… Si le maître nous a dit « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », les disciples de Jésus sont appelés à apporter dans notre monde si âpre, si dur, cette qualité exquise de la douceur. Marie l’a fait et continue à le faire, avec l’Esprit, d’une manière unique : « Inter omnes mitis » ! Ce même Esprit a répandu l’amour de Dieu dans nos cœurs. Cet esprit dont la douceur est au-delà de tout ce qui peut être dit avec des mots ! Jean Simonart 29

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550me anniversaire de la canonisation

Sainte Catherine de Sienne Co-patronne de l’Europe À quoi sert un saint patron ? Un patronus, dans l’antiquité romaine, est une personne qui a des sujets ou des clients et qui leur assure sa protection. Au VIème siècle, lorsque les convertis se firent baptiser en masse, on éprouva le besoin de relier leurs nouvelles vies fragiles à celle de saints dans la nouvelle Jérusalem. Ces figures protectrices dans le ciel n’étaient plus des astres : elles avaient cette particularité d’être des humains. Mais des humains particulièrement unis au Christ : l’amitié de ces saints donnait à ceux qui portaient leur nom la protection d’un(e) saint(e) patron(ne). Ce « nom nouveau » manifestait la communion des saints. Puisque les saints ont partagé la même humanité que nous, ils pouvaient nous comprendre. C’est ainsi que le rôle

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du patron s’est étendu aux membres d’une même profession (charpentier, infirmiers, médecins, banquiers, pompiers…) ou d’une même zone géographique (ville, région, pays, continent). La compréhension de ce lien de protection s’est progressivement dévaluée, comme si le rôle des saints patrons était seulement de nous accorder le bien-être ici-bas et la prospérité de nos affaires. Et pourtant, s’émerveille Guardini, « si l’on scrute la vie de certaines personnalités chrétiennes, on y découvre parfois un commerce avec un saint qui nous remplit de respect ». En fait la protection que ces saints patrons veulent nous offrir est celle de notre intimité avec le Seigneur, intimité dans laquelle nous avons été introduits par le baptême. Au plus profond de nous-mêmes, ce qui nous attire auprès des saints, c’est sans doute le désir d’avoir part à leur amour, cet amour qui a trouvé son achèvement dans le Christ. Le rôle des saints est important pour le témoignage de l’Église dans le monde, comme le souligne Vatican II : « Étant en effet liés plus intimement avec le Christ, les habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement toute l’Église en sainteté » (LG 49). L’Europe n’a pas besoin d’une bannière chrétienne, mais de chrétiens courageux et qui se comportent en frères de tous les peuples.

Des saints protecteurs à travers toute l’Europe Les reliques des saints ont rapidement gagné une place importante dans la piété chrétienne : elles ont voyagé à travers toute l’Europe et c’est ainsi qu’elles ont marqué le paysage du continent. Celui-ci n’a pas un pôle unique de destination de pèlerinage (La Mecque, Jérusalem), mais tout un réseau de sanctuaires disséminés. Cette multiplication des lieux de pèlerinage a opéré une véritable décentralisation du sacré et créé un tissu de relations, une amicitia entre les peuples. Pensons aux chemins de Saint-Jacques ou à la Via Francigena. Les saints, ces « amis invisibles » ont toujours été regardés comme impliqués personnellement dans la distribution de la bonté de Dieu. C’est pourquoi les villes et les pays ont souvent plusieurs patrons comme protecteurs.

Des groupes de saints Il y a des couples de saints, tels Pierre et Paul réunis dans une fraternité qui n’était pas donnée au départ – un bel exemple pour deux hommes d’Église – ; ils symbolisent la concorde à laquelle toute communauté potentiellement divisée aspire. Quantité d’églises et d’hôpitaux sont dédiés aux deux saints Jean : le Précurseur et « le disciple que Jésus aimait », tous deux unis dans le martyre . Il y a des frères (Cyrille et Méthode et les jumeaux Protais et Gervais) ; il y a des complémentarités hommes/femme (saint François et 31

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sainte Catherine co-patrons d’Italie). Il y a même des ‘trinités’, comme « saint Dominique, saint Thomas d’Aquin et sainte Catherine », protecteurs de l’ordre dominicain. Il y a des groupes de martyrs… Le regroupement des saints dans une même célébration liturgique ou manifestation artistique (basilique, peinture…) augmente le sentiment de fraternité. Cette « collégialité » répond aux aspirations les plus profondes de concordia au sein des peuples et entre eux.

Six patrons pour l’Europe : un échantillon d’une sainteté multiforme Voilà pourquoi nous sommes progressivement passés d’un seul patron de l’Europe (saint Benoît, 1964), à un trio (masculin, 1980), et enfin à un « collège » (mixte, 1999), d’une demi-douzaine de saints et de saintes. L’origine géographique et culturelle de ces différents témoins du Christ marque sur l’Europe un « signe de la croix » : l’axe ouest-est constitué par les trois hommes. Et l’axe nord-sud, par les trois femmes, dont une martyre, à la croisée des chemins. Cet élargissement suit l’élargissement de l’Europe et des esprits européens. Il est certain que l’arrivée d’un Pape slave à Rome devait changer notre regard et nos points de vue. L’arrivée de deux saints à la fois, « Cyrille et Méthode », doublait la mise originelle.

Tout cela s’accompagnait, de la part de Jean-Paul II, d’une grande insistance œcuménique sur nos communes racines entre Chrétiens d’orient et d’occident et sur l’Europe chrétienne de l’Atlantique à l’Oural, qui doit respirer de ses « deux poumons ». L’entrée de ces deux frères de l’Est dans le trio des saints patrons européens, 9 ans avant la chute du rideau de fer, marque donc un élargissement culturel considérable, un fort accent missionnaire et une ferme volonté d’inculturer l’Evangile dans la langue et la culture de chaque peuple. Au fil du temps, la part féminine de l’Église, voulant de tous côtés sortir de l’ombre des hommes, donna du tracas au Vatican. Pourtant Paul VI était bien conscient que la montée du féminisme était un véritable « signe des temps ». Ce fut d’ailleurs, avec l’œcuménisme, sa principale préoccupation lorsqu’il voulut mettre en œuvre le Concile dans le domaine de la dévotion mariale (Marialis Cultus, 1974). Il se rendait bien compte que si tant de femmes se détournaient de l’attachement à Marie, c’était en partie à cause de l’Église qui avait réduit Marie à un être effacé, nouvelle Ève, rappelant toujours celle qui avait plongé l’humanité dans le malheur, etc. Sous sa plume, Marie devint donc la femme forte qui croit, espère et aime, qui exalte un Dieu qui renverse les puissants et élève les humbles.

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C’est aussi en ce sens qu’il avait, quatre ans auparavant, relevé le charisme théologique des femmes en honorant Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne du titre de « Docteur de l’Église universelle » (1970). Jean-Paul II prit le relais en exaltant la dignité des femmes et la force de leur engagement par son exhortation apostolique Mulieris dignitatem (1988). Mais il restait que les saints protecteurs de l’Europe demeuraient le privilège des hommes. La proposition de présenter Catherine de Sienne dans ce collège ne manquait pas d’audace de la part de Mgr Castellano. Ce dernier trouva rapidement un soutien à sa supplique parmi les Caterinati et la famille dominicaine à travers toute l’Europe et dans le monde. J’ignore comment cela se passa pour les deux autres saintes, mais toujours est-il que s’adjoignit au trio d’hommes, non pas une unique patronne, mais un trio de femmes, diverses par leurs charismes et leurs vocations.

par-dessus toutes les distinctions de race, de culture et de religion. Mais dans le choix des trois femmes, il n’y avait pas seulement une symbolique spatiale. On était à la veille du Jubilé de l’an 2000 et il fallait marquer la continuité de la sainteté dans le temps. Après les pionniers du 1er millénaire, les femmes représentent « trois figures emblématiques des moments cruciaux du deuxième millénaire ». Ces moments cruciaux sont bien entendu les déchirures successives entre chrétiens et la barbarie de l’intolérance raciale et religieuse. C’est pourquoi Jean-Paul II nous présente ces trois saintes, comme « trois femmes qui, à des époques différentes (…) se sont signalées par l'amour actif de l'Église du Christ et le témoignage rendu à sa Croix.

La sainteté dans l’espace et le temps Dans l’axe Nord-Sud, ici aussi, la préoccupation œcuménique était dominante, puisqu’avec Brigitte de Suède, on rejoignait tous les chrétiens des Pays scandinaves qui sont nos frères protestants. Avec Édith Stein, le pape voulait souligner les racines juives de notre foi et lever sur tout le continent « l’étendard de respect, de tolérance et d’accueil » entre frères,

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l'Agneau (cf. Ap 7, 9-10) tandis qu'elle intercède pour la communauté encore en pèlerinage sur la terre. » (Motu proprio du 1er décembre 1999).

Le « trésor de la sainteté », moteur de l’histoire « Les chrétiens », dit admirablement Jean-Paul II, « ont le devoir d'apporter à la construction de l'Europe une contribution spécifique, qui aura d'autant plus de valeur et d'efficacité qu'ils sauront se renouveler à la lumière de l'Évangile. Ils se feront alors les continuateurs de cette longue histoire de sainteté qui a traversé les diverses régions de l'Europe (…). L'Église ne doute pas que ce trésor de sainteté soit précisément le secret de son passé et l'espérance de son avenir. C'est en lui que s'exprime le mieux le don de la Rédemption (…). C'est en lui que le peuple de Dieu en marche dans l'histoire trouve un soutien incomparable, se sentant profondément uni à l'Église glorieuse, qui au ciel chante les louanges de

Les saints « nous prennent en charge dans leur intercession permanente devant le trône de Dieu ». En invoquant les saints patrons « de manière plus intense et en nous référant plus assidûment et plus attentivement à leurs paroles et à leurs exemples, nous ne pouvons pas ne pas réveiller en nous une conscience plus aiguë de notre vocation commune à la sainteté, qui nous pousse à prendre la résolution d'un engagement plus généreux. » C’est donc bien la sainteté qui sera le moteur de notre engagement plus généreux dans l’histoire.

Des intercesseurs et des témoins de l’Évangile Notre dialogue avec les saints se vit de diverses manières, mais cette relation doit toujours être recentrée sur le cœur de la foi. • La première forme et la plus fondamentale est la louange de Dieu « avec tous les saints » (canonisés ou non) auxquels nous sommes unis dans la liturgie : celle-ci est essentiellement une symphonie, à la fois céleste et terrestre. N’est-ce pas « avec les anges et tous les saints » que nous chantons et proclamons le Sanctus et toute la louange eucharistique ?

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• On peut aussi prier les saints en s’adressant directement à eux. C’est ce qui se passe dans la dévotion populaire ou personnelle, notamment dans les sanctuaires ou en privé, devant des représentations ou des reliques des saints. L’Église reste toujours prudente vis-à-vis de ce type d’attitude qui risque d’occulter la personne du Christ Sauveur. Aussi est-ce par sa liturgie qu’elle évangélise ce type de relation: là, elle rappelle que c’est le mystère pascal qu’elle proclame en ses saints qui ont souffert avec le Christ et sont glorifiés en Lui. Les saints, fleurons sur la vigne du Christ, sont les signes de l’action de l’Esprit dans l’histoire. • Reste la question de leur exemple à imiter. Dans bien des cas, c’est impossible, surtout quand on se trouve devant des témoins exceptionnels que Dieu suscite dans la puissance et la fécondité de son amour. Les saints sont pourtant une illustration de l’Évangile. Et avec eux, c’est l’Évangile qu’il nous faut mettre en œuvre. L’impact du pouvoir de saint Benoît, Cyrille, Catherine et les autres dans l’espace public ne pourra

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se réaliser que par la médiation de ceux qui vivent de leur témoignage évangélique, partout où ils sont, et à tous les échelons de la société. • Enfin, n’oublions pas que si les saints sont envoyés par Dieu dans l’histoire, c’est pour conduire notre histoire à Dieu. C’est pourquoi nous faisons appel à Dieu et à l’intercession de saints Benoît, Cyrille, Catherine et les autres à qui ce continent a été confié par l’Église. Que ce patronage ait été proposé à l’initiative des fidèles et/ ou des Pasteurs, l’Église y reconnaît le murmure de l’Esprit-Saint. • Mais si Dieu est le Dieu de toute l’humanité et que les saints, qui partagent sa vie, ont une responsabilité universelle, pourquoi certains se voient-ils confier un pays, un continent ? Cette spécialisation, loin d’être une restriction, est l’expression de relations privilégiées d’alliance avec les saints que Dieu a suscité « chez nous » et dont la présence demeure « parmi nous » de multiples manières. Pour que cette alliance soit réciproque, il faut bien entendu que cela passe par notre vécu évangélique.

Journée mondiale de prière pour les vocations

• Souvent aussi, nous prions Dieu en nous appuyant sur l’intercession des saints. « Nous ne prions pas les saints, mais nous leur demandons de prier pour nous ». Par exemple, la prière d’ouverture pour la messe du 29 avril dit joliment : « Seigneur, tu as enflammé de ton amour sainte Catherine (…) ; par son intercession accorde à ton peuple d’être uni au mystère du Christ… »

Chantal van der Plancke

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Journée mondiale de prière pour les vocations

Seigneur Jésus, Maître de la moisson et Pasteur du troupeau Seigneur Jésus, Maître de la moisson et Pasteur du troupeau, répands ton Esprit en nos cœurs afin qu’en tout nous fassions la volonté de ton Père. Fortifie nos familles pour qu’elles témoignent de la beauté de l’amour vrai et du don de la vie. Suscite des laïcs qui répandront dans la société la bonne odeur de l’Évangile et prendront leur part de responsabilité dans l’Église. Parmi les jeunes filles, choisis-toi des auxiliaires de l’apostolat, toutes livrées, en ce monde, à la communication de ton amour. Toi, l’Epoux fidèle de l’Église, fortifie ceux et celles qui, dans la vie consacrée, font alliance avec toi pour toujours. Appelle des garçons et des filles à te consacrer toute leur vie, aide-les de ta grâce. Bénis aussi les communautés, anciennes ou nouvelles, qui proposent aux jeunes des choix radicaux. Berger de toutes les brebis, soutiens la fidélité de nos évêques, de nos prêtres et de nos diacres. Encourage nos séminaristes. Ouvre le cœur de nombreux jeunes à la beauté exigeante de la vie de prêtre. Multiplie nos diacres au service de ton peuple. Marie, Mère de Jésus, Epouse de l’Esprit Saint, vois la pénurie spirituelle qui mine nos sociétés d’opulence. Vois: les ouvriers sont trop peu nombreux pour la moisson. Déjà nous rendons grâce pour les merveilles répandues au cœur de tant de jeunes. Que ton intercession nous aide à obtenir pleinement du Père ce que, dans la force de l’Esprit, nous demandons avec foi, par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen. † A.M.Léonard

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De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection

Recension

Jésus de Nazareth Joseph Ratzinger, Benoît XVI

Ce livre sorti en mars 2O11, tiré à 1.2 millions d'exemplaires et traduit en 7 langues, connaît un énorme succès. Les recensions abondent, et un colloque au collège des Bernardins à Paris s'organise déjà dès le mois d'avril avec d'éminents "Jésus de Nazareth" est le théologiens pour en étudier deuxième tome d'une série le contenu. de trois. Après avoir étudié L'auteur du livre appelle sa et commenté la vie publique contribution non pas un document de Jésus, l’auteur s'attarde magistériel mais un "cheminement à réfléchir sur "De l'entrée à personnel intérieur à la recherche Jérusalem à la Résurrection ". du visage de Dieu. " Ceci explique la signature du livre: Joseph Ratzinger, Le troisième tome à Benoît XVI. C’est le théologien réputé publier encore sera consacré mais aussi le croyant qui parle tout en étant le Pape de l'Eglise universelle. à l'enfance de Jésus. L’auteur exprime donc une approche personnelle comme savant et comme fidèle, des grands évènements, objets de notre foi, qui sont principalement la passion et la résurrection du Christ.

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Publié justement au moment du Carême, ce livre vient spécialement à point pour nous aider à mieux comprendre, prier et célébrer les moments fondateurs de la Bonne Nouvelle. Il est bien vrai que des passages sont ardus: le théologien parle. Mais à côté de cela, les évènements de la passion sont clairement exposés et commentés. Le récit apporte donc un précieux enrichissement au niveau spirituel. Ces chapitres invitent à vivre avec une plus grande profondeur la période liturgique du Carême et spécialement la Semaine Sainte. Nous pensons par exemple à la compréhension des évènements du Jeudi Saint. Et que dire de l'aboutissement glorieux de la Passion de Jésus dans sa Résurrection! La partie du livre qui concerne cet évènement fondateur de notre foi est exposé avec beaucoup de netteté; on pourrait même dire avec une réelle pédagogie.

Notons aussi que le livre de Benoît XVI fut particulièrement bien reçu par les Juifs car il disculpe ceux-ci de la mort de Jésus. Dans cet esprit le dialogue entrepris avec eux spécialement depuis le concile Vatican II pourra évoluer vers plus de fraternité et de compréhension. Pour terminer résumons cette présentation du livre par la citation de Isabelle Gaulmyn (La Croix): "Le Pape renoue avec l'exercice qu'il affectionne: celui de l'ouvrage théologique, mais aussi spirituel, accessible, le grand exposé sur la foi, tâche où il excelle, un peu à la manière des Pères de l'Eglise ".

Jeudi Saint 2O11

Marcelle de Cleene

Elle aidera beaucoup de fidèles à éclaircir ce que veut dire: «Christ est Vivant" et éliminer tant de confusions qui circulent en nos milieux. Ces passages vitaux pour notre vie de foi se lisent sans grands efforts. Ils sont limpides et invitent à la poursuite de la lecture.

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Tables des matières Editorial

3

Une nuit pas comme les autres… SdD Guglielmo Giaquinta

4

« Viva Lectio” Les saints et la Parole de Dieu dans l’exhortation post-synodale Verbum Domini Alban Massie

6

Jésus-prêtre et notre sacerdoce Jean-Marie Hennaux.

11

L’Eucharistie, engagement pour la vie quotidienne Paul De Clerck

16

Au cœur des sept sacrements quelle présence pour Marie ? Noël M. Rath

20

Inter omnes mitis « Douce entre toutes » Jean Simonart

25

Sainte Catherine de Sienne Co-patronne de l’Europe Chantal van der Plancke

30

Seigneur Jésus, Maître de la moisson et Pasteur du troupeau Mgr. A.M. Léonard

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Recension Marcelle de Cleene

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Informations et contact

Rendez-vous

Rédaction et abonnements:

Dimanche 13 Mars 2011 9h45-17h: « La prière de l’Eglise : la liturgie des heures et la Messe » Abbé Jacob Affognon

Institut des Oblates Apostoliques Centre Horeb « Hautclair » Avenue Hamoir 14a 1180 Bruxelles Tél.: 0032 (0)2 3740016 Fax: 0032 (0)2 3745684 GSM: 0486641104 E-mail: sanctifier@prosanctitate.be

Abonnement annuel: Belgique : 15 euros Etranger : 18 euros Soutien: 25 euros

Tout don supplémentaire nous permet d'envoyer gratuitement la revue en Afrique et dans les pays de l'Est. Merci en leur nom. C.C.P. IBAN BE 34 000 - 1485936 - 90 BIC BPOTBEB 1 Banque BNP PARIBAS FORTIS BIC GEBABEBB IBAN BE 14 2100 5669 9683 de l'ASBL Institut des Oblates Apostoliques Bruxelles EDITEUR RESPONSABLE: L. Piccioli avenue Hamoir 14a - 1180 Bruxelles IMPRIMATUR Malines, 13 Mai 2011 E. VAN BILLOEN, Vic. Gen.

Récollection

Dimanche 3 Avril 2011 9h45-17h: « La prière d’Adoration » Père Pascal Negre

Rencontres pour les familles ouvertes à tous: adultes, jeunes et couples et leurs enfants avec Abbé Jean-Luc Maroy Dimanche 20 mars 2011 et Dimanche 10 avril 2011 15h30 Enseignement 16h30 Partage en groupes (adultes, jeunes, couples, enfants) 18h Célébration Eucharistique 19h Agape fraternelle

Lieu

Mouvement Pro Sanctitate Centre Horeb « Hautclair » Avenue Hamoir 14a 1180 Bruxelles Tél.: 0032 (0)2 3740016 Fax: 0032 (0)2 3745684 GSM: 0486641104 E-mail: sanctifier@prosanctitate.be

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Le SAINT, une humanitĂŠ accomplie

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