Écritour

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ÉCRITOUR Vendredi 24 janvier 2014 à l’hôtel Les Gentianes

Atelier d’écriture –


Livres et Palabres Palabres de Papiers – Atelier d’écriture Janvier 2014

Petits jeux avec les mots Avez-vous déjà cousu une histoire à un bouton ? Jeté un sac en papier contenant vos peurs à la déchetterie la plus proche ? Utilisé des mots d’hiver ? Rencontré des « amis-mots » ? Recensé tous les petits rien qui font du bien et qui ne coûtent rien ? Pas encore ????? Alors c’est le moment de commencer ! Vendredi après midi, dix personnes se sont retrouvées pour l’atelier d’écriture de l’association Livres et Palabres. C’est dans le chaleureux salon de l’hôtel des Gentianes que Sylviane a proposé son « Écritour », une série de petits jeux autour des mots et de brefs dispositifs d’écriture. Pas de thème précis cette fois-ci, si ce n‘est le plaisir de se « chauffer les neurones » et de se laisser entraîner au fil de la plume. Les participants ont été ainsi invités à coudre une histoire à leur bouton, à faire un grand ramassage des peurs et à savourer les petits plaisirs de la vie, à s’essayer à des acrostiches autour de leur prénom avant de créer personnage ou lieu à partir de mots venus d’ailleurs. Impossible de rester bloquer devant sa page blanche : la bonne humeur et l’entraide ont permis de faire jaillir de multiples perles délicates et savoureuses, parlant d’amitiés et de souvenirs, d’herbe fraîche et de feu crépitant… Rires, applaudissements et commentaires émus ont salué les textes lus anonymement et c’est le sourire aux lèvres que chacun est reparti, emportant un peu de cette chaleur partagée au creux des mots. Un atelier créé par Sylviane et auquel ont participé Anne-Marie, Charlotte, Christiane, Daniel, Fanny, Jacqueline, Liliane, Sandrine et Simone

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Les mises en forme et en bouche Les rondes de mots : • Ricochets de mots et Lancer de mots soutenus Virelangues : • Gros gras grand grain d’orge, quand te dé-gros-gras-grand-grain-d’orgeriseras-tu ? Je me dé-gros-gras-grand-grain-d’orgeriserai quant tous les gros gras grands grains d’orge se dé-gros-gras-grand-grain-d’orgeriseront. • Un ange qui songeait à changer son visage se vit si changé qu’il jura que jamais ange ne changerait plus, et jamais plus un ange ne songea à se changer son visage. • Non il n’est rien que Ninette ne nie, ni notre léonine innocence, ni nos onéreuses innovations. • Je redorerai sûrement les trente-trois cuillers en ors • Exclusif ! Le fisc fixe expressément chaque taxe fixe exclusivement au luxe et à l’exquis. • L’assassin sur son sein suçait son sang sans cesse. • Les six chemises de l’archiduchesse qui séchaient sont-elles sèches et archi-sèches • Petit pot de beurre, quand te dépetit-pot-de-beurreriseras-tu ?- Je me dépetit-potde-beurreriserai quand tous les petits pots de beurre se dépetit-pot-de-beurreriseront. • Donnez-lui, à minuit, huit fruits cuits… Et si ces huit fruits cuits lui nuisent, donnezlui huit fruits crus. • Sacha chante sagement au Sacha show les charmantes chansons de Sacha !

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“Coudre une histoire à son bouton” est inspiré du dispositif artistique nomade produit par la Mercerie et animé par Michel Jeannès et qui a fait l’objet d’une belle exposition dans la chapelle baroque du Musée dauphinois.

Une vieille malle dans le grenier de mes grands-parents. Une fois ouverte, une odeur de renfermé, de naphtaline. Des papiers de soie que l’on soulève délicatement, pour découvrir en dessous les uniformes de la marine avec leurs boutons rutilants, toujours aussi brillants malgré le temps passé. Le plaisir de les sortir. Un drap de laine bleu sombre, presque noir, aussi léger que souple et pourtant tellement chaud dans le grenier sous les combles que chauffe le soleil du midi. C’est un souvenir ancien, le blazer bleu marine que l’on portait à l’école. Classique, net et sans fioritures, et surtout, le même uniforme pour toutes les élèves. Cela change de nos jours où les marques ont pris le dessus et créent des inégalités. Cela évoque aussi les vestes de la Marine, de même couleur bleue, uniforme qui donne une allure prestigieuse aux marins. Ce gros bouton que j’avais perdu était pourtant solidement cousu à mon gros manteau d’hiver. Ce manteau, je le portais quand il faisait super-froid, c’était un manteau en poil de chameau (mais le chameau était complètement dépaysé ici à l’Alpe !!! Par moins dix degrés). Ce bouton hexagonal me rappelait la forme de notre pays, à tous les angles il ne faisait pas aussi froid !!!… Ce bouton couleur cachou et auburn : il a de quoi suggérer une petite gourmandise que vendait jadis une marchande de bonbons à l’enseigne « la Pomme d’amour » Sur le mot auburn, je rebondis en « Hepburn », la nymphette pleine de charme un rien sophistiqué, juchée sur sa vespa, œil de velours et jambe fine. Années 50, le petit frisson du souvenir.

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Ce bouton me rappelle des fleurs des bois de mon enfance : la couleur des sous-bois, de la lavande, des fleurs et des champignons que j’allais cueillir avec mon père sous les pins. Oh ! Violettes du jardin de mon enfance ! Violettes odorantes du jardin de ma grand-mère ! Violettes en petits bouquets sur le guéridon, souvent devant une

statuette de Marie. Couleur bleue, odeur de parfum de ces petites fleurs timides au pied des arbres. Douce mémoire de ces beaux jours. Grand-mère, tu avais ce don de faire de grandes choses à partir de ces petites fleurs. Doux souvenir. Je l’avais rencontré à la fin de son Tour de France, il arborait fièrement l’insigne des Compagnons du Devoir ; il m’a raconté son parcours et a sorti de sa poche un bouton doré, orné d’un compas, d’un marteau et d’une masse qui ne l’avaient pas quitté depuis ses années de formation. Il y a une époque pas si lointaine où les lycées techniques n’existaient pas. La formation professionnelle était dispensée dans les Écoles Nationales Professionnelles, dans lesquelles les élèves portaient sur leur blouse un bouton, un insigne. Sur celle-ci, on retrouve les outils utilisés : marteau, compas, massette. Ce bouton me fait penser à ma grand-mère, quand j’étais enfant. Lorsque j’allais chez elle, toute petite, elle avait une grande armoire bretonne et dans cette armoire, elle rangeait tous ses boutons, dans des boîtes de différentes couleurs. Et la couleur de la boîte correspondait à la couleur des boutons. J’étais émerveillée ! Ce bouton me fait penser aux boutons choisis chez la couturière voisine de ma jeunesse, véritable artiste de cette époque, qui créait des vêtements dignes d’un styliste de notre époque, installée dans sa cuisine-atelier où deux jeunes filles de mon âge apprenaient à coudre les ourlets et les boutons, toute la journée.

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“Le grand ramassage des peurs” Dispositif théatral à l'initiative de la Compagnie l'Artifice, de Dijon , expérimenté dans le quartier de la Villeneuve en 2001. La crainte Cher Alfred. Je veux t’écrire ce soir car j’ai un poids sur la conscience. Tu te souviens l’autre jour, quand Tante léontine a parlé de ses écus cachés dans le gaufrier sous l’évier, j’ai eu peur de dire que j’avais depuis longtemps trouvé sa cachette. Je lui ai laissé croire qu’elle seule connaissait le secret. Le problème, c’est que sentant ses forces s’en aller — rien d’étonnant, elle a 101 ans ! — elle veut que je sorte le gaufrier… Le problème c’est que depuis 6 mois, je pioche disons… Un peu, dans ses écus. J’ai même fait un prêt à mon amie Lison pour s’acheter un Aller-retour Casablanca. Elle rembourse chaque mois mais avec ma ponction à moi – disons sans remboursement, je crois qu’il ne reste plus que le tiers du magot. Comment vais-je avouer aujourd’hui que… Panique Décidément, je ne supporte plus le bruit des moteurs… Ce matin encore, ce bruit de bulldozer qui vient rompre mon sommeil, au diable pourquoi vient-il ainsi avec insistance sous mes fenêtres pour ôter cette neige immaculée que nous attendions depuis si longtemps ! Ça me donne envie de lui écrire « Vandale », arrête, je ne supporte pas qu’on détruise notre trésor. Phobie Je crois que je suis claustrophobe. C’est simple, à chaque fois que je suis enfermée, j’ai une angoisse – ne pas pouvoir m’échapper. Je suis comme cela car j’aime la liberté. Je pense toujours aux peuples qui sont brimés et ne peuvent faire ce qu’ils veulent. Pauvres femmes parquées dans leurs maisons, sans pouvoirs en sortir. Pauvres petites filles privées d’école. Et je pourrai en dire d’autres Pauvre avenir à notre époque, où est le progrès ? La liberté ? Il y a encore beaucoup de chemin à faire. Crise d’angoisse C’est systématique, quand je suis au bord d’une falaise, sur un chemin escarpé, sur un pont, sur une montagne, j’ai le vertige. Waouah ! Je ressens comme des frissons, des palpitations, le cœur qui bat très fort, la tête qui tourne, la sueur sur mes paumes. J’essaie bien de me raisonner : d’autres sont là, au bord, parlent, rient, admirent le paysage au fond, très loin, c’est encore pire ! Le vide est là. Je regarde, je fais un effort, mais paf ! C’est reparti ! L’angoisse me vrille, la raison me fuit. Je suis malade de vertige ! Cauchemar Je rêve malgré mon âge que je suis toujours à l’école et que je sèche devant une interrogation écrite. J’entends le professeur qui me réprimande et me promet un zéro. Sur ce je pleure, je suis très angoissée et quel bonheur de me réveiller !!!… À l’Alpe d’Huez.

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Grand frisson La première fois que j’ai plongé, je ne m’attendais pas à cette oppression, à cette eau trouble. Ma main me semblait à la fois si proche et si lointaine, comme détachée, indépendante… Du coin de l’œil, j’apercevais mes mais me faisant signe de les suivre, comme dans un rêve, irréel. Même si je savais cela impossible, il me semblait sentir des gouttes de sueur perler sur mon visage, sous le masque. Une envie de tout lâcher et de remonter en même temps me laissait là, flottant entre deux eaux. Et je ne cessais de penser : « Mais qu’est-ce que je fais là !!!! » Frousse Un jour j’ai cru que la fin du monde était arrivée, la terre s’est mise à trembler, la lumière s’est éteinte, un grondement sourd qui allait en s’amplifiant m’a glacé le sang, mon cœur s’est arrêté de battre et j’ai cru mon dernier jour arrivé. En vérité, une avalanche venait de balayer la combe située à quelques encablures de la maison. Bientôt le calme se rétablit, le silence revint, j’étais toujours en vie. Moralité : le pire n’est jamais sûr, il y a parfois le moins pire et parfois on survit… Terreur nocturne Quand j’étais petite, j’avais peur que l’on m’abandonne. J’étais persuadée que j’étais indésirable. Ça commençait par des si… Certaines nuits, les ombres reviennent, lourdes, étouffantes. Paroles, libérez tout ce qui n’a pu être dit, ouvrez les fenêtres, laissez entrer le soleil dans ma mémoire, chassez les ombres. Vague inquiétude C’est bizarre, j’ai l’impression que mon voisin est un peu détraqué, « à l’ouest » comme on dit maintenant. Certains jours, ou plutôt certaines nuits, soudain il branche un électrophone et toujours la même chanson envahit ma chambre à travers les murs : Sheila et « ses gondoles à Venise » ! À trois heures du mat ! Pour en avoir le cœur net, il faudrait que je lui parle : est-ce un souvenir pour lui ? Un jour, j’ai eu l’explication. Veuf depuis peu, il meublait ses nuits par le souvenir de son dernier voyage à Venise avec sa femme. Et depuis, quand je l’entends, je pense qu’il pense très fort à celle qu’il a aimée, et je me rendors… Effroi Quand j’étais enfant, je vivais dans une ferme située tout au bout d’un chemin qui s’arrêtait devant la maison. Accolée à celle-ci, il y avait une grange remplie de foin et deux ou trois vaches. Un soir d’hiver, pendant les vacances de Noël, j’étais seul à la maison et je dormais dans la chambre du haut. Je fus réveillé par un bruit et à travers la fenêtre, j’ai aperçu une ombre qui semblait passer et repasser. J’avais la gorge serrée et je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il se passait. Prenant mon courage à deux mains, je m’approchais de la fenêtre et je vis alors notre chatte emportant des petits chats vers la grange.

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“Acrostiches sur un prénom” La chaleur de l’amitié dispensée à Noël peut paraître impossible et être le fruit d’un idéalisme, non réaliste, malgré la tendresse apportée comme un hommage. C’est surréaliste comme l’écologie ! Youpi !!! Un vent frais, irrésistible, agaçant, ébouriffant, qui souffle et fait des nœuds dans les cheveux, et je larmoie ! Sa fierté de nomade l’avait conduit partout dans le monde avec son yack et jusque dans l’Atlas, toujours en quête de liberté et des meilleurs nems. Grâce à l’électricité, on peut allumer une diode, un néon, toute sorte de lumière quoi, et même l’infrarouge ! L’amour est une joie, une évidence, une qualité chère et étonnante. Il peut apporter des larmes mais il est utile à l’ignorant, comme une nacre. L’identité qui vient de ta naissance affectera ta maturité, accordée et rassemblée pour l’éternité de ton âme immortelle. Un éclair sinueux et ondoyant a illuminé les nuances de ce ciel mouvementé Lorsque l’on se réunit, si on ne parle pas trop fort, il y a une bonne ambiance. Il faut causer les unes et les autres, jouer les grands et les petits, c’est notre façon de les gâter et de s’amuser. Un soleil divin qui nourrit le retour d’une nuée d’alouettes inspirées par l’été. Imagine la grâce d’une icône argentée au cœur d’une église à Lannion

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“Mots d’ailleurs”

Sur une idée de Catherine Laurent, Association Amis-Mots , de Fontaine en Isère Malka, hameau de Cappadoce aux habitations troglodytes creusées dans ces masses de cendres volcaniques bariolées. Topographie en accord avec l’érosion, avec ses cheminées de fées qui, à l’image de champignons géants, ressemble à une forêt géante pétrifiée. Capucine, petite fille, visage fin, joyeuse, légère, enfantine, coquine, blonde comme les blés, pétillante avec ses yeux bleus et ses quenottes blanches prêtes à mordre la vie. Douizkuru, ce petit village de mon enfance, se trouve près de la mer, niché dans un bois de pins, au-dessus d’un port. Au centre du village fleurissent de magnifiques hortensias qui bordent une allée qui nous conduit à la chapelle. Malka, la femme qui venait du froid. La peau blanche, les pommettes hautes, les yeux en amandes, les cheveux noirs. Grande et mince, elle portait bien les bottes, les robes de velours avec des passementeries. Une grande besace où elle avait réuni les souvenirs de son pays : des livres photos, du maquillage, des graines et des recettes… Tout ce qui pouvait l’aider pour sa nouvelle vie et les espoirs qu’elle y mettait. Douizkuru est une belle femme, un peu ronde, mais tellement avenante et souriante ! Deux adorables fossettes se creusent au creux de ses joues roses et remplies, tandis qu’un fin maillage de rides de bonheur souligne son regard bleu azur, étincelant d’humour, de gentillesse et de bonne humeur. Izvoleti : portait d’un adolescent. Vient des Carpates ? Pommettes hautes. Nez aquilin. Cheveux noirs de jais. Un grain de beauté sous le cou. Teint mat. Une fossette au menton Aller au Douizkuru est un rêve. Un rêve de montagnes, de steppes à l’infini, de coupoles bleues et or, de marchés odorants, de ruelles tortueuses et de rencontres avec des hommes et des femmes au grand sourire chaleureux.

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“Les petits riens…” d'après l'album d'E Brami illustré par Philippe Bertrand, et la Récolte faite à Eybens en avril 1997

Recevoir le sourire d’un ami

Marcher sur la plage en ramassant des coquillages

Écouter la mésange au printemps

Admirer le vol d’une mouette Regarder le retour des bateaux après la pêche

Admirer la Muzelle au coucher du soleil

Admirer le coucher de soleil en Bretagne Mettre les pieds sur la table et lire un bon roman en écoutant le café passer

S’asseoir avec un bon livre et une tasse de thé pendant que la neige tombe au-dehors Marcher en raquettes en faisant des grands pas dans la neige bien fraîche et immaculée

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Se glisser dans des draps propres et frais après 15 jours de voyage en Afrique

Voir les chamois à Villard

Prendre une douche bien chaude après une longue journée de ski ou de marche Marcher dans la neige fraîche

Rencontrer des amies par hasard

Marcher dans l’herbe fraîche en papotant avec sa fille

Marcher dans la boue noire dans la mer à Chatelaillon

Faire griller des châtaignes dans la cheminée un après-midi d’automne Peser à mes petitsenfants

Gratter une Piqûre de moustique qui vous démange sur la cheville

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