Le
r
c
h d
i e
t
e p
t t p
u i
s r e
e e r
Japon
a
e c a
s s s
LE PAPIER JAPONAIS ET SES VARIATIONS CONTEMPORAINES Souvent appelé “Papier de riz”, le Washi n’est en rien le fruit des rizières japonaises. Il s’agit d’une erreur d’interprétation à l’arrivée des Européens, en particulier à la fin des années 1920 pendant le passage des Britanniques, la dénomination est restée, sans correspondre à aucune réalité. Le papier japonais est alternativement composé de Kozo, Mitsumata et Gampi. Le Kozo, variété de mûrier, est constitué de très longues fibres1, blanches, auxquelles le Gampi vient apporter son lustre et le Mitsumata sa résistance, en particulier aux insectes, sa sève étant toxique. La combinaison de ces trois fibres offrent le formidable panel des washis. Du plus évanescent, aux épaisseurs texturées, le papier japonais se caractérise par la blancheur de son grammage fin, souple et résistant. Comme dans tous les artisanats d’art, la part d’exception a une incidence très forte et confère le caractère unique à chaque création. La valeur d’un washi émane de ce labeur, de sa pérennité et du lumineux de sa texture. Le Washi trouve sa source dans les confins même de la civilisation nippone. Bien que les techniques de fabrication soient très proches des origines, celles pratiquées dans toute l’Asie, en particulier en Chine et en Corée, le papier japonais, le Washi puise toute sa spécificité dans le culte de la blancheur shinto et bouddhiste. Fruit d’une parfaite communion entre l’homme et la nature, il en émane sa dimension sacrée. En japonais, Kami signifie “papier”, mais aussi “Dieu”, homonymes homophones aux idéogrammes distincts, cette collusion participe au mythe2 dans la conscience japonaise. Il y a près de 1500 ans l’apparition d’une déesse appelée
1
Kawakami Gozen aurait initié la population et sensibilisé le prince Ôdo, futur Empereur Keitai (450-531)3 à l’art du papier le long de la rivière Okamotogawa. Le temple appelé Otaki-jinja célèbre toujours la divinité apparue sous la forme d’une princesse4. Dans le Zen, l’art du trait, du geste ou du pli correspondent à une seule et même composante, le pli juste Orime Tadashii qui ouvre à une morale de droiture, de maîtrise et de bonne éducation. Elle s’applique à tous les domaines depuis les arts martiaux, jusque dans la mise ou encore dans les plis d’un simple papier-cadeau. Convoquer le Papier japonais, c’est mander la quasi-totalité de la production d’objets de ce pays. On se lance dès lors dans un inventaire à la Prévert qui du document officiel à la calligraphie et autres oeuvres d’art, se déclinent aussi en ombrelles, mouchoirs, éventails, poupées, boîtes et coffrets, lanternes, shojis, couchages, paravents, et même vêtements, dont les Kamikos, kimono de papier aussi précieux que la soie. Pour reprendre la formule de Joseph Albers, “Le papier offre un maximum d’expression pour un minimum de matière.”. De l’aplat à la trois dimension, le papier est l’un des piliers de la culture japonaise scandant son quotidien dans ses rites et ses usages. Au sein de cette culture du “pli juste”, le papier offre une vision à 360°, de la créativité, ou plus précisément du kansei, de la sensibilité japonaise appliquée respectivement à l’art, au graphisme, à la mode, au design de produit, de mobilier et d’espace, à l’architecture.
jusqu’à 15 mm pour un washi contre 2 mm pour un papier d’Occident, Oeuvres de Papier, l’usage du papier dans le graphisme, le design et l’architecture, Nancy Williams, Edition Phaidon, 2005 2 au sens Barthien du terme 3 Art of Japanese Paper Dominique Buisson, Terrail 1992 4 Ce sanctuaire se situe à 10kms au Nord d’Imadate, ville de Takefu dans la préfecture de Fukui.
“La façon dont un peuple s’explique son existence en apprend parfois aussi long que celle dont on la vit.” Nicolas Bouvier, Chronique Japonaise, Chapitre 1 Année Zéro, Petite Bibliothèque Payot 2006.
Comme tout élément issu de la Période Edo, le washi fait partie intégrante, selon l’architecte Kengo Kuma, des cinq sagesses qui définissent la conception et la co-existence du caractère durable et esthétique de l’architecture japonaise. Le Japon est un territoire escarpé, insulaire, ayant peu de ressources naturelles, où la nature est propice aux catastrophes naturelles. Ces facteurs ont un fort impact sur la mentalité japonaise. La première des sagesses est donc celle de la vacuité, du vide, de l’espace, l’architecture japonaise s’accorde des respirations, telle la distance entre les deux édifices du Théâtre de Nô. La seconde des sagesses est l’ombre, la maison japonaise n’est pas faite pour résister au froid sec de l’hiver, mais à l’humidité étouffante de l’été. Les surplombs des toits et leur ombre portée complètent les shojis (cloisons de papier) pour ventiler et aérer afin de tempérer l’intérieur et éviter la moisissure des éléments de bois, comme des tatamis et des futons. L’art des tasseaux, ceux des shojis et par extension des washis constituent la troisième sagesse en soi. Il participe à la ventilation, à la maîtrise de la lumière naturelle
et protège la vie privée dans une frontière ambiguë entre l’intérieur et l’extérieur où la semi transparence se fait esthétique5. Dans la même logique, les matériaux naturels non traités, issus des ressources locales autorise une économie de moyens comme l’épanouissement d’une architecture vernaculaire cohérente. Ainsi la terre glaise extraite in situ permet de gérer l’humidité et nul n’a été besoin d’ajouter de climatisation. Enfin la réutilisation, le recyclage de ces matériaux par exemple, dans le cadre de la restauration tous les 20 ans des sites classés contribue à un cycle de renouvellement qui trouve une seconde vie dans l’habitat urbain modulaire. Ces cinq éléments de sagesse inscrivent l’esthétique japonaise dans le durable. Issus d’expérimentations millénaires, ils s’enrichissent des nouveaux matériaux et techniques pour poursuivre cette dialectique entre ombre et lumière, intérieur et extérieur par systèmes de performation où le washi joue un rôle essentiel.
5
Eloge de l’Ombre, Junichiro Tanizaki, traduit du japonais par René Sieffert. POF, Paris, 1977.
1
Kengo Kuma - Takayanagi A la fin des années 1990, à Takayanagi, Kengo Kuma a pris le parti de traiter les fenêtres et portes en washi, soutenu en cela par la technologie moderne afin de répondre aux contraintes des normes antiincendies, de retour de flamme ou d’isolation thermique. 2
Kengo Kuma - Takayanagi Une fois entré dans la pièce, vous vous sentez comme envelopper, les cloisons de washi opèrent tel un espace de douceur.
Takayanagi
2
1
Isamu Noguchi
Isamu Noguchi “L’homme de la rue ne connaît pas le washi véritable, celui qui dure 1000 ans, qui est extrait de la fibre du mûrier, puis trempé longtemps dans l’eau, celui qui hiverne dans la neige sèche au soleil, le fruit du travail complice de l’Homme et de la Nature, c’est ce papier qu’attendent les restaurateurs d’œuvres anciennes, les stylistes et beaucoup d’artistes1.” Isamu Noguchi, artiste et architecte. 1
PAPIERS
1
JAPONAIS
FRANÇOISE PAIREAU, ADAMBIRO, 1991
Isamu Noguchi, architecte et artiste américano japonais est un témoin précieux, un passeur de lumières. Se joignant au Mouvement Mingei, Il concentra ses efforts à transformer la traditionnelle lanterne de Gifu en forme de spirale en un objet d’intérieur, en une sculpture luminscente. De papier et de bambou, ces matériaux correspondaient à sa sensibilité tendant vers le léger et lumineux, il les garde intactes, reniant leur polychromie d’origine. Le Washi issu de Kojo appelé de Minogami possédait en son sens la tension et la résistance suffisantes. Dans la filiation du Mingei , il tend vers la volonté d’étendre à des considérations et des usages de son temps, une technique ancestrale. Araki est née de la question de la lumière comme déclinaison du vide : “idéogramme signifiant “lumière” en tant qu’illumination et “léger” en opposition au poids, Araki combine la luminescence du soleil et de la lune, représente la lumière en tant qu’essence et conscience dans sa qualité poétique, éphémère et tentatrice. Ayant l’air plus fragile qu’elle ne l’est en réalité, cette lampe semble flotter dans l’atmosphère. Elle n’encombre pas l’espace par sa masse puisqu’elle existe à peine et quand elle n’est pas utilisée, elle se repli sur elle même dans un souffle évanescent.” 6. Pendant vingt ans, les lampes Araki firent, entre autres, sa renommée internationale, il en produisit plus de deux cents prototypes dont les formes d’inspiration pouvaient être cosmiques, archaïques, comme combinatoires. Figure déterminante apparue comme l’incarnation de ce “nouveau globalisme”, il a su faire aboutir le primitivisme moderne de l’avant et de l’après-guerre7 et ouvrir la voie à la création japonaise contemporaine, où le papier y déploie toute sa superbe dans cette aspiration à un Design Global, quitte à y adjoindre de nouveaux matériaux ou des techniques de pointe…
6
“Toutes ces traditions trouvent leurs origines en Chine et en Corée, tout comme les plantes qui ont permis la fabrication du papier. Mais à mon sens, les Kozo, Mitsumata et Gampi ont une caractéristique endémique car en concentrant la fibre et en la traitant sans altération, le papier japonais possède une pureté et une force exceptionnelles” Isamu Noguchi, artiste et architecte. 1
Isamu Noguchi Si meliora dies, ut vina, poemata reddit, scire velim, chartis pretium quotus arroget annus. scriptor abhinc annos centum qui decidit, inter perfectos veteresque referri. 2
Isamu Noguchi Si meliora dies, ut vina, poemata reddit, scire velim, chartis pretium quotus arroget annus. scriptor abhinc annos centum qui decidit, inter perfectos veteresque referri.
5 Eloge de l’Ombre, Junichiro Tanizaki, traduit du japonais par René Sieffert. POF, Paris, 1977. Washi the world of Japanese Paper , No. 936, Sukey Hugues, Kodansha International Tokyo, New York San Francisco First 1978 7 Ryu Niimi, Professeur au Department Arts Policy and Management, Musashino Art University
Isamu Noguchi
2
Shigeru Ban
1
1
Shigeru Ban Paper church, Kobe, Japon 1995-2005 (désassemblée) 2
Dés l’ouverture de son cabinet d’architecture, en 1985, Shigeru Ban se distingue par la scénographie d’une exposition portant sur le bois, en employant des rouleaux de cartons, matériaux résistants, recyclables, modulables appliqués aux portants, cloisons et placards. Son travail de commandes institutionnelles et privées comme l’architecture d’urgence constitue dès lors les trois pans de son activité auxquels il va appliquer, entre autres, ces systèmes de rouleaux de carton.
Shigeru Ban Paper tea House, Londres 2208 3
Shigeru Ban Pavillion Japonais, expo 2000 Hannovre, Allemagne 2000
En 1989, pour le “Paper Arbor” de Nagoya, il conçoit la première version pour l’extérieur. Implantés sur un socle de béton préfabriqué, les tubes sont utilisés structurellement, avec un traitement à la paraffine pour l’étanchéité. Le toit est composé de tissus de tentes tendus. L’installation se voulait éphémère et après son démontage, la pression exercée sur les tubes a été analysée. Contre toute attente, les six mois d’exposition à la pluie, au vent, aux rayons UV, ont entraîné le durcissement de la colle, donc une plus grande résistance des tubes. Alors que le bambou se brise au soleil et possède une disparité de diamètre qui pose des problèmes de calculs structurels, le carton offre une qualité calibrée. Mais à l’instar de l’architecture vernaculaire japonaise, Shigeru Ban joue des mêmes propriétés recherchées dans le bambou pour les pousser à des échelles extrêmes, de portée, de tensions, de surfaces et de volumes. Les bases de l’architecture de carton est posée. Nomade, elle se revêt de structures éphémères pour s’adapter au plus près des réalités du terrain. Pérenne, elle s’encre dans des structures de béton, de verre et de métal. Manifeste, elle fait à chaque fois montre de calculs savants à l’esthétique pragmatique. Elle se veut une architecture responsable face aux sinistres artificiels, aux inondations, guerres, déforestations abusives et se pose en architecture durable en ce qu’elle est recyclable, démontable, réutilisable, mais pas nécessairement parce qu’elle dure dans le temps.
Shigeru Ban
2
3
Issey Miyake “Quelques années plus tard, un garçon maigre traversait le “Pont” à bicyclette : c’était moi. Je venais de devenir lycéen. “Voilà ce que l’on peut appeler le Design ! : je me rappelle combien en pédalant, je ressentais le pouvoir que le Design avait pour encourager la vie des gens... J’eus ensuite la même réaction devant les Akari présentées dans la vitrine de Steph Simon à Paris. J’ai toujours considéré Noguchi en relation avec ce que j’ai essayé de faire. Ses oeuvres étaient un cadeau venu de l’au-delà du temps et de l’espace, un message du cosmos.” 8 déclare Issey Miyake dans le catalogue Esprit du Mingei au Japon. Adepte du “less is more” d’un Mies Van der Rohe, Issey Miyake puise autant dans le Minimalisme et que dans le Nihon Mingeikan, liant Occident et Orient dans un même élan vers l’épure. Cherchant l’inspiration dans la rue, ou dans les traditions locales, il y voit les gènes du Design japonais et tire en permanence des enseignements : “A l’occasion du festival de printemps au Todai-ji à Kyoto, on porte des costumes, de papier blanc vite froissé dans la bousculade. Les bonzes tournent autour de l’autel avec les flambeaux et la foule s’approche au risque de mettre le feu aux vêtements. Ils y prennent une coloration particulière : c’est là que l’on peut trouver l’esprit d’avant garde !” 9 Outre son rôle fondamental dans le renouvellement de la mode (voir p. XYZ Article Antigone Schilling), il applique cette démarche à l’ensemble des activités de son groupe. Ainsi en 1994, demandet- il à Shigeru Ban de concevoir les bureaux de son Design Studio. Toujours à mi chemin entre l’Asie et l’Europe, la galerie d’accueil convoque autant l’agora grecque que le clair obscur nippon dans ce jeu d’alternance de colonnes de cartons. Créateur, collectionneur, producteur et mécène Issey Miyake retiré de la couture depuis 1999, poursuit ses recherches sur les matières et les techniques : “Aujourd’hui je m’intéresse aussi au papier : j’ai fait par exemple une enquête en Corée et trouvé les artisans qui subsistent malgré les problèmes : voilà où je veux enrichir mes idées... Dans le cadre de mon action au 21_21 Design Sight, un lieu de découverte libre de la création contemporaine, je me suis rendu compte que beaucoup de traditions disparaissent ou se perpétuent. Elles sont encore riches de propositions à venir.” 10 Issey Miyake occupe une place privilégiée sur la scène du Design. Son approche globale, assumant l’héritage Mingei, tout en s’ouvrant aux nouvelles technologies, se fait mentor de toute une génération, qui de Tokujin Yoshioka au Studio Nendo a su puiser dans la transversalité des arts une vision minimale, globale et sensible où le papier exprime toute la force de la nature dans sa charge évocatrice.
8
L’Esprit Mingei au Japon, Actes Sud/ Quai Branly. Paris 2008 9 L’Esprit Mingei au Japon, Actes Sud/ Quai Branly 2008 10 L’Esprit Mingei au Japon, Actes Sud/ Quai Branly 2008
Issey Miyake - Shigeru Ban Miyake Design Studio Gallery Shibuya, Tokyo, Japan, 1994
Au sortir de son Design Studio, le premier projet qui a fait définitivement émerger Tokujin Yoshioka sur la scène internationale fût Honey Pop Chair , produite en série limitée de 300 exemplaires, elle a été présentée à Milan en 2002. Réalisée selon les techniques traditionnelles utilisées pour les décorations jetables, elle est découpée dans une grande feuille de papier alvéolé. Plane, la section cache une succession de structures en nid d'abeilles. Aussi, dès qu'on la déplie, la Honey Pop passe de la 2 D à la 3 D. Toute la magie du papier opère, de la simple feuille, elle se fait autoportante et micro architecture, défiant la gravité. Elle appartient aujourd’hui aux collections permanentes du MoMa, du Vitra Design Museum, du Centre Georges Pompidou et du Albert & Victoria Museum. Elle ouvre la voie à ses expérimentations sur le papier, dont les derniers exemples sont les assises “Bouquet” et “Cloud” édités par Moroso. Les prototypes et pièces uniques ont été conçus en papier et les versions commercialisées en tissus. “Dans mon esprit, il n’y a pas de frontière entre l’art, l’architecture et le design. On pense souvent que j’utilise de nouveaux matériaux ou de nouvelles technologies. Ce n’est pas vrai. Je cherche simplement la beauté cachée des choses existantes, une beauté que les autres n’ont pas encore remarquée. J’aime le papier froissé, je trouve aussi de la beauté dans la déchirure. On peut comprendre la beauté intrinsèque des choses en arrêtant de penser. L’inattendu, l’accident sont des événements merveilleux. Ce que nous pouvons accomplir avec délibération est seulement une fraction de ce que nous pouvons faire. Je ne suis pas en quête de La Forme depuis que j’ai réalisé l’enchantement de la Nature. Mon Design s’apparente à une quête du souvenir, de la réminiscence de cette beauté naturelle qui dort profondément dans notre esprit et dont nous
avons gardé une trace dans nos corps. Un jour viendra où l’on atteindra la dématérialisation, où un matériau n’aura plus rien de matériel.” explique Tokujin Yoshioka. Il en va de même pour l’emploi du papier, un matériau en soi ne l’intéresse pas. Il est ému par la poétique des propriétés naturelles qu’il y détecte. “Toutes ces années, j’ai proposé un Design qui porte l’intention de se rapprocher des lois de la nature ou des phénomènes physiques en organisant un nombre énorme de tout petits éléments en installations monumentales. Cette recherche consiste à créer un environnement à couper le souffle, afin de vous faire changer d’atmosphère en un instant.” La combinaison d’éléments transparents fonctionnent alors tels des modules d’une architecture ou d’un paysage éphémère. A New York, il couvre en 2008 l’intégralité du show room Moroso de 30 000 feuilles de papier, de simples mouchoirs. “J’ai toujours ressenti la beauté de ce papier de soie et été amusé de voir à quel point un matériau aussi ordinaire que cela pouvait m’évoquer un paysage de neige. J’espère que cette installation a pu provoquer le même type d’émotion et de réminiscence.”
Tokujin Yoshioka
Tokujin Yoshioka envisage l’avenir du Design comme une “Seconde Nature”,
Tokujin Yoshioka
1 Honey-pop Chair 2001 Détail. 2
Tokujin Yoshioka Honey-pop Chair 2001 Détail. 3 Bouquet by Moroso, Salon de Milan 2008-2009
exposition qu’il dirige début 2009 pour 21_21 Design Sight. Cet événement est l’occasion de réfléchir une nouvelle fois aux forces mystérieuses de la nature qui transcendent les limites de l’imagination humaine. Invitant des créateurs dont Noriko Ambe, autour de son travail et d’une scénographie enveloppante évoquant des nuages en suspension, Tokujin Yoshioka place le visiteur au coeur d’une expérience d’une nature magnifiée, oscillant entre microcosme et macrocosme. Réfutant le Minimalisme pour lui-même, il y adjoint une sensibilité Romantique, où le papier contribue à révéler notre part de nature manquante.
Tokujin Yoshioka
1
Tokujin Yoshioka
2
3
Yuko Nishimura Kami-an 200 x 200 x 200 cm Papier Japonais, 2000
Yuko Nishimura Paper work on “Palette” 2009
Yuko Nishimura Paper sculpture 2009
“Au Japon, les gens pratiquent quotidiennement et de manière quasi inconsciente l’action de plier. De ce fait, on y rencontre une infinité de formes. Son charme particulier émane de sa simplicité, son expression n’a nul besoin d’outil. Je ne me limite pas à l’origami en tant que représentation figurative, je cherche à creuser la question du pli dans toutes ses dimensions afin d’exprimer l’âme japonaise d’aujourd’hui, à travers des formes qui passent de génération en génération.” explique Yuko Nishimura, artiste sur papier. Jouant du pli pour ses effets de reliefs et de clairs obscurs, elle revisite les codes du “pli juste” dans son acception la plus épurée. Offrant une arche géante à un pavillon de thé éphémère, des cônes où viennent rebondir la lumière où l’étole dont les plis fluides habillent le robot Palette designé par Tatsuya Matsui pour l’exposition collective “Made By Hand” organisée autour d’Hanaé Mori et de la jeune création à la galerie Art Tower Mito dans l’été 2009.
Yuko Nishimura
Eriko Horiki
1
Eriko Horiki Ue nohara Jomon ho Mori Pavillion 2002 Kagooshima, Japon 2
Eriko Horiki Hotel Shikisai Ichiriki, 1994 Fukushima, Japon 2
Eriko Horiki Residential space
Eriko Horiki crée des espaces de washi, renouvelant les cloisons intérieures, les partitions, comme les éclairages. Elle travaille directement avec les artisans, mais aux techniques ancestrales, elle y adjoint les paramètres de son temps. Dessinant tous ses projets, ses dessins sont ensuite digitalisés. Ce qui lui permet de tirer des plans à l’échelle 1 qui deviennent les patrons des créations à venir. Aussi du choix de nouveaux matériaux, à l’extrapolation de techniques ancestrales, obtient-elle des dimensions jusque là jamais atteintes. Convoquant des influences croisées de l’Art Nouveau, des périodes Jômon (Xème millénaire au IIIè siècle avant JC) ou Yayoi (300 avant JC à 250 après) pour le caractère naturaliste et primitif de son travail, elle tend vers une épure monumentale pour correspondre aux exigences d’un espace contemporain.
Eriko Horiki
2
3
Ryo Abe
Cet effet d’ombre trouve de nouvelles formulations en particulier dans la recherche scénographique. Ainsi l’architecte Ryo Abe a-t-il conçu pour l’exposition “Archiromance, intimacy in between space & spirit” en septembre 2006 à l’espace Ozone Tokyo, une déambulation rythmée d’un labyrinthe constitué de lamelles rectilignes en équilibre tendu, qui laissant entrevoir les oeuvres d’un espace à l’autre, convoquent l’esprit de la forêt. Les ombres portées au sol, sur les murs, au plafond, tissent un chemin de silhouettes et invitent au voyage intérieur.
Ryo Abe Archiromance 2006 Ozone
A contrario, la nouvelle boutique Yoji Yamamoto rue Cambon à Paris, orchestré par Sophie Hicks se joue de la “boîte blanche”, signature du créateur, par ses effets lumineux. La vue des vitrines est légèrement filtrée, telle une pluie de neige ou une myriade d’oiseaux pliés et suspendus ne forme qu’une sculpture géante et translucide. A mi chemin entre shoji et origami, l’architecte anglaise a fait sien le vocable japonais.
Sophie Hicks
Sophie Hicks Boutique Yoji Yamamoto, rue Cambron, Paris.
Takasumi Abe
3
Takasumi Abe
Takasumi Abe, sculpteur et artiste sonore s’intéresse depuis dix ans aux phénomènes naturels de la circulation. Il expérimente la visualisation des effets de résonances, anime par un questionnement sans cesse renouvele sur les processus de transformations cycliques, dont les nuages sont a ses yeux l’exemple même. “Les images, la pensee, l’expressivite qui se deploient dans mes installations ont toujours le changement en point de mire” précise-t- il. Ainsi son installation “Circulate” est constituée de simples rouleaux de papier trouvés dans le commerce, assemblés sur des arceaux de métal, par une colle à eau. En séchant, la surface de la sphère possède une telle tension, qu’à la diffusion d’un son, elle vibre. Comme un amplificateur dans lequel on viendrait à entrer, il y diffuse une création sonore représentant l’eau, l’air, le mouvement des nuages ou des éléments microscopiques qui fait vibrer l’ensemble du cocon. Rendre palpable dans un bain de lumière et de sons l’invisible nature, Takasumi Abe, se joue de nos réminiscences intra-utérines pour nous renvoyer à nos sensations primordiales.
1
Takasumi Abe Installation Davidson College. 2
Takasumi Abe Installation Davidson College.
Nendo
3
Dans le cadre de l’exposition “L’homme du XXIe siècle”, commémorant le premier anniversaire du 21_21 Design Sight de Roppongi, à Tokyo, Issey Miyake a demandé au Nendo Studio de travailler à partir du papier plissé produit en masse pour contribuer au processus de fabrication des “Pleats Please” et, en général, abandonné comme un sousproduit non désiré. “Au contact des Pleated Papers, j'ai immédiatement reconnu que l’élément distinctif en était la “fraîcheur”. Je décidais alors de les traiter de façon la plus primitive qui soit, avec le moins de transformation possible.” explique Akihiro Ito. La réponse au défi de transformer un rouleau de papier plissé en chaise leur est apparue naturellement : il suffisait de décoller les couches externes, une par une. L’ajout de résines entre ces couches augmentant la force de portée et la mémoire de formes, les plis euxmêmes offrant une élasticité et une résistance dont les effets semblent un peu bruts, mais qui se révèlent procurer une assise douce et confortable. Le processus de production est si évident que la Cabbage Chair pourrait être livrée comme un rouleau compact à l’utilisateur. Celui-ci en ouvrirait l’écorce de retour à la maison. Cette chaise n’a pas de structure interne, elle est montée sans clous ni vis. Son Design constitue une réponse aux coûts de fabrication et de distribution, le genre de questions auquel doit faire face, l’Homme du XXIeme siècle. Monsieur Issey Miyake lors d'une réunion s’en est exprimé ainsi: “le peuple de l'avenir ne portera pas de vêtements en tant que tels, mais devra se défaire de sa peau”.
Nendo
1
Nendo Studio Cabbage Chair Tokyo, 21_21 Design 2008. 2
Nendo Studio Cabbage Chair Tokyo, 21_21 Design 2008. 3
Nendo Studio Cabbage Chair Tokyo, 21_21 Design Exposition, 2008.
2
3
Noriko Ambe
Au premier coup d’oeil, les découpes de Noriko Ambe se rapprochent des maquettes topographiques, modèles aux courbes douces dessinant les contours de paysages ciselés dans le papier. “Mes pièces découpées sont du Temps. Mes mains libres découpent des lignes sur du papier accumulé, la forme est la trace de mon action, de mon passage de mon émotion et biorythme. Il signifie que l’être humain coexiste à la nature. Depuis plus de dix ans je cherche à incarner cette synchronisation de la Nature et de l’Homme. Le papier est de loin le meilleur des matériaux pour l’exprimer avec précision. A la fois sensible et solide, fragile et durable, il possède toutes les possibilités de créations”. Le paysage de papier ne répond pas aux structures d’un dénivelé géologique ou d’une érosion climatique, mais à l’expression de sa trace biologique et émotive. Se reconnaissant dans un mouvement Néo-Minimaliste, proche de Tokujin Yoshioka dans une recherche alliant ligne organique et sensibilité romantique, sa propre nature humaine se fait tour à tour écho, ondes de choc, corps à corps, séisme façonnant ses montagnes blanches et accidentées.
Noriko Ambe A Piece of Flat Globe Vol.4 (detail) 2008 Cut on Yupo 15.2(H) x 22(W) x 15.5(D) cm
Noriko Ambe A Piece of Flat Globe Vol.6 (detail) 2008 Cut on Yupo, glue 13(H) x 17(W) x 15(D) cm Exhibition 4 "Second Nature", directed by Tokujin Yoshioka at 21_21 DESIGN SIGHT, Tokyo
2
3
1
Yuken Teruya Notice- Forest (McDonald’s paper bag) Paper Bag, Glue 6”x 3.1/2” x11” 18 cm x 8cm x 28cm, 2005 2
“Mon travail est avant tout influencé par la Pop culture américaine et le consumérisme de supermarché. Le washi était un matériau trop cher quand j’étais étudiant et de toute façon, j’ai toujours été nul à l’origami. Ces non influences m’ont aidé à me sentir plus proche du papier journal ou du papier toilette.” Yuken Teruya, artiste, donne une seconde vie, un retour à la nature aux emblématiques boîtes de pizza, rouleau de papier toilette et autres pochettes Mac Do. L’origami n’était peut-être pas sa matière préférée à l’école, mais la finesse de ses découpes prouve que le Kirikami ne le laissait pas indifférent, autant que les thèmes mêmes de son oeuvre, toute politique qu’elle soit, d’une nature vivante, ciselée et sublimée, reprenant ses droits sur la société de consommation.
Yuken Teruya Giving Tree Project The Giving Tree Book 7. 7/8” x 11.7/8” x 7. 7/8” 20cm x 30 cm x 20 cm, 2007 3
Yuken Teruya Rain Forest (Shoshana Wayne Gallery shot) Toilet Paper Rolls Dimension Variable, 2007 4
Yuken Teruya Forest Cloud (Murata&Friends Gallery Shot) Toilet Paper Rolls Dimension Variable, 2007
Yuken Teruya
Yuken Teruya
3
4
Nam est le nom d’un collectif initialement fondé par Takayuki Nakazawa, graphiste et Hiroshi Manaka, photographe, qui rassemble aujourd’hui une dizaine de créateurs autour du thème “A fantasy in life”. afin de développer leurs recherches en arts visuels, en dehors du cadre de la commande. Clin d’oeil à Terry Gillian dans une version nippone de Brazil, les Post-its prennent ici des airs de pétales de cerisiers, pas si inoffensifs. Tempête de la “salary woman” en prise avec ses notes et sa hiérarchie, évocation d’une des rares journées chômées au Japon, au moment où les Sakuras sont à leur paroxysme, toute l’entreprise va festoyer sous les cerisiers, disparition de l’être balayé par les éléments qu’il a déchaînés...
Nam
Nam ”A fantasy in Life”
Ryuji Nakamura
4
Ryuji Nakamura, ancien assistant de Jun Aoki se distingue pour son goût
Ryuji Nakamura
immodéré des courbes en tensions, qu’elles s’expriment dans le drapé d’un voilage, le tombé de perles et de rubans, ou la cambrure d’un papier. A toutes les échelles, les jetés, fils tendus, ténus et tenus s’organisent en suspensions transparentes, parois florales, membranes opales, assises aux fines lignes organiques. “J’aime que le papier soit blanc, léger, lumineux, doux et dur à la fois. C’est pourquoi je travaille à partir de la fibre de papier vulcanisé. Il est aussi solide que du plastique, tout en évoquant la fragilité. Pour la série Hechima, mon inspiration provient d’un travail de composition entre des plaques ondulées et la structure en nid d’abeille. Ce sont les phénomènes naturels qui me fascinent tel un papier déformé par l’humidité ou le relâché d’une chaîne en apesanteur, bien plus que l’approche mathématique, même si elle entre en ligne de compte.” Quand cette analyse structurelle et sensitive de la courbe et de ses séquences dynamiques prend des proportions monumentales, d’autoportantes elle se fait perspectives infinies afin de plonger le visiteur dans l’atmosphère évanescente d’une nature exponentielle.
Ryuji Nakamura
exhibition ryuji nakamura 2 2008 Living design gallery
Ryuji Nakamura Nukegara 2006 Papier
Ryuji Nakamura ????????????? 200? Papier
3
4
“J'ai toujours gardé à l’esprit la volonté de renouveler le raffinement de la maison japonaise, celle qui a trouvé son apogée à la fin de la période Edo (vers le milieu du 19ème siècle) et dans laquelle une simple feuille de papier servait de cloison entre l'intérieur et l'extérieur. Ce fait me semblait incroyable, face aux catastrophes naturelles qui s’abattent régulièrement sur le Japon, tels les typhons, les fortes chutes de neige, les tremblements de terre ou le tonnerre. Toutefois, la production de verre n’est apparue au Japon qu’en 1907 - ce qui signifie que jusque-là, les gens avaient trouvé un moyen de vivre en harmonie avec cette nature difficile au travers de cloisons de papier appliquées à toute la maison.” Kengo Kuma, architecte japonais.
“Si dans la maison japonaise, l’auvent du toit avance si loin, cela est dû au climat, aux matériaux de construction et à divers facteurs sans doute. … Mais ce que l’on appelle le beau n’est d’ordinaire qu’une sublimation des réalités de la vie, et c’est ainsi que nos ancêtres, contraints de demeurer bon gré mal gré dans des chambres obscures, découvrirent un jour le beau au sein de l’ombre et bientôt ils en vinrent à se servir de l’ombre en vue d’obtenir des effets esthétiques... Ajoutant à l’ombre une dimension dans le sens de la profondeur.” Junichirô Tanizaki, L’Eloge de l’Ombre.
Kengo Kuma - Takayanagi Village, Japon
Kengo Kuma
Le 10 mars 1945, il y a 60 ans, jour pour jour, la ville de Tokyo est quasiment détruite par les bombardements américains causant près de 100.000 morts parmi les civils. Satô san a 14 ans. Son père est jardinier, grand spécialiste des bonzaïs. Ils habitent le quartier de Hongô, tout près de l’Université Impériale. Encerclés par les flammes des bombes incendiaires, l’adolescent et son père cherchent la sortie du quartier en poussant leurs affaires sauvées dans un chariot. La guerre finie, son père meurt de maladie, ce qui oblige Satô San à travailler sans passer par l’école. Il entre comme apprenti dans une usine de papeterie. Il colle ensemble des couches de papiers fins constituant un papier plus épais destiné aux cartes de visite. Les papeteries parviennent à produire directement des papiers épais, il perd son travail. Dans la force de l’âge, il est recruté sur les chantiers de construction comme manoeuvre, maçon, puis charpentier. Avec le boum de l’immobilier dans les années 1960, il gagne alors trois fois le salaire d’un employé de bureau. Il habite à Sanya sans souci quotidien. Peu à peu, les machines remplacent le travail des hommes et les ouvriers non qualifiés ne sont pas formés pour les utiliser. Il n’a plus sa place sur un chantier. Voilà donc 10 ans qu’il ramasse des cartons. Au début, il les revendait 12 yens le kilo à des entreprises de recyclage, qui sont devenus 3 yens aujourd’hui. Le prix de vente des cartons neufs augmente cependant que celui des cartons usés baisse, proportionnellement à l’augmentation du nombre de Sans Domiciles Fixes.
Vaan Punk
“Mon couchage à moi n’est symbole ni de l’amour, ni du regret. Il me fut offert charitablement à Mogami dans la région de Dewa pour me protéger des puces, lors de mes étapes dans une baraque de pêcheurs ou quelques auberges misérables. La nuit, loin de ma ville natale, sur le chemin au Nord Est de Tohoku, à la montagne ou aux champs, je m’y enveloppais en admirant la lune et en écoutant le chant des grillons. J’ai transporté ce tapis de papier sur mon dos pendant tant d’années que mes cheveux ont blanchi. Arrivé à Ogaki, dans la région de Mino, au terme de mon périple, je l’ai offert à mon disciple Chikiyo. Il sera pour lui le témoin de mon style de vie, de la recherche de la sérénité de l’âme et du respect de la nature” Bashô Matsuo, poète japonais24 Washi Crafts, working with Japanese handmade paper, Andrea Heinrichsoh. Shufunoto Co. Ltd. 1999
Vaan Punk ???????? ?????? ??????.
G L O S SA I R E Quelques terminologies utiles à la lecture de ce chapitre, n’ayant pas vocation à l’exhaustivité au vu de la grande diversité des papiers et du vocable japonais en la matière… Washi : littéralement “papier (shi) japonais (wa)” Kami : Papier ou Dieu, homonymes homophones pour deux idéogrammes distincts Shoji : cloison de washi extérieure et mobile assez fin pour laisser passer la lumière, encadrée de cadrans de bois Fusuma : cloison de washi intérieure plus opaque encadrée d’un linteau de bois Karakami : cloison de washi intérieure, sorte de papier peint ou calligraphié Byobu : paravent, littéralement « mur de vent » Origami : washi plié Kirigami : washi découpé Mizuhiki : washi torsadé Hariko : papier mâché Kami-ningyô : poupées en papier Chirigi-e : washi déchiré Katagami : pochoirs en papier pour impression textile Suminagashi : washi marbré Tsutsumu : papier cadeau, art de l’emballage Kozo : Variété de mûrier dont l’écorce est employée dans approximativement 90% du washi fait aujourd'hui. Originaire des montagnes des îles de Shikoku et de Kyushu, on le cultive dans tout le Japon. Arbuste à feuilles caduques, il atteint une taille de 3 à 5 mètres, ses tiges mesurant jusqu'à 10 cm de large. Gampi : buisson des régions montagneuses et chaudes du Japon il peut atteindre 1,0 à 1,5 mètres de haut. Sa fibre donne un fini translucide et brillant. Le Gampi ne peut pas être cultivé, il est donc rare et cher. Mitsumata : buisson provenant de Chine il peut atteindre une taille de 1,0 à 1,5 mètres dehaut. Les fibres sont plus courtes que le Kozo, la sève étant toxique, elle repousse les insectes.
Textes : Sarah Carrière-Chardon
“…Nous cultivons l’art de l’ellipse et surtout nous attachons une importance extrême aux pauses…” Junichirô Tanizaki, Eloge de l’Ombre.
Remerciements Tous les artistes, graphistes, créateurs, designers, architectes, spécialistes du papier qui se sont prêtés aux entretiens : Ryo Abe, architecte Takasumi Abe, artiste Noriko Ambe, artiste Valentine Dubard-Austry, restauratrice d’oeuvres d’art graphique, spécialiste du papierjaponais. Eriko Horiki, artiste Kengo Kuma, architecte Ryuji Nakamura, architecte Nam Studio, graphistes Nendo Studio, architectes Yuko Nishimura, artiste Vaan Punk, architecte plasticien Yuken Teruya, artiste Tokujin Yoshioka, designer
Pour leur aide précieuse : Marjory Boutte, Pierre-Gilles Delorme, Valérie Douniaux, Kanae Hasegawa, Masaharu Higashi, Mayumi Hosoo, Mariko Inaba, Naomi Kawaguchi, AibaTsutomu, Kei Ueda, Henri Weifert, Isabelle Arvers et son jardin