Schneehase

LA FINLANDE À L'ORIGINE DU SKI ?

Au fil des ans le Schneehase est devenu une source importante de l’évolution du ski. Dans les éditions N°11 et N°20 du Schneehase, Carl J. Luther détaille l'origine du ski dans l’antiquité.

Cecile de Lavallaz l Schneehase Ambassadrice, SAS Fribourg

Dans le Schneehase N°11, paru en 1937, Carl Luther revient sur l’histoire du ski, sous l’angle de la technique utilisée. Sa description très détaillée des sources est une mine d’or pour toute personne voulant s’intéresser de plus près au ski avant le XXe siècle. Même si l’auteur regrette que la majorité des sources ne permette pas de tout savoir, il tente tout de même de lire entre les lignes et de nous montrer l’utilisation qui était faite des tout premiers skis.

En 1743 est publiée la première encyclopédie mentionnant le ski. À cette époque, le nom «ski» n’existe pas encore, c'est le nom de la région ou de la patrie – la Laponie ou la Finlande – qui est utilisé. C’est là qu’on trouve la première description de la technique utilisée à l’époque, consistant à se pousser et guider à l’aide d’un bâton. Ces «chaussures» à neige agrémentées de peaux permettent d’atteindre le sommet des plus hautes montagnes et d’en redescendre.

Technique finlandaise

Cette description du ski en Scandinavie alliant des planches et un bâton comme moyen de déplacement sur la neige et offrant une certaine performance, corrobore les descriptions que l’on retrouve aussi en Perse vers 1307 déjà. La qualité se mesure avant tout au travers de la chasse. Dans la plus vieille source écrite connue, datant du VIIIe siècle et décrivant les mœurs des Skrid, une peuplade finlandaise, les chasseurs sont dépeints comme étant capables de rattraper leur proie dans la neige. Cette dextérité est, selon l’auteur, le fruit de siècles d’évolution de la technique. Pour l’ascension, la technique des Finlandais avant 1200 correspond à celle que nous utilisons encore de nos jours. À l’aide de conversions est gravie gentiment la pente jusqu’au sommet. Ensuite, les descriptions sont plus vagues, mais il est certain que ces premiers skieurs maitrisaient certaines techniques leur permettant de faire des virages.

Qu'en est-il des Alpes ? Les premières sources mentionnant des descentes

à ski sont slovènes et datent de 1689. En Suisse, la première mention d’un skieur date de 1782. Tous les autres pays d’Europe centrale devront attendre encore un peu avant de voir les planches en bois dévaler les pentes de leurs montagnes ou tout au moins avant que ces descentes soient relatées dans la littérature.

Chez les Grecs, Romains et Chinois

Dans le Schneehase N°20 (1948-1950), Carl Luther revient sur les premiers écrits mentionnant des hommes à ski et essaye de lever le voile sur la mystérieuse peuplade des Hippopodes («pieds de cheval»). Pendant longtemps, on a supposé que le moine Jordanes en 552 faisait allusion au ski quand il évoquait les Screrefennae (les Skrid finlandais). Mais les Grecs et les Romains pourraient en avoir parlé déjà bien plus tôt. Pline l’ancien décrit les Hippopodes, une mystérieuse peuplade aux pieds de cheval vivant dans les iles du nord de l’Europe. Sa description semble cependant se baser sur celle d’Hekataios d’Abdère, un compagnon d’Alexandre le Grand pendant sa campagne d’Asie (330-326 av. J.C.). Si c’est le cas, les Hippopodes n'émaneraient vraisemblablement pas du Nord, mais d’Asie.

Cette hypothèse est soutenue au XXIIIe siècle par un émissaire papal à la cour mongole qui décrit avoir entendu parler d’un peuple de Turcs à pieds de bovins. À peu près à la même époque, un second moine revient d’un voyage dans l’empire mongo et décrit avoir rencontré des Toungouses, un peuple sibérien qui se déplace à l’aide d’étonnantes «chaussures» à neige.

Des textes chinois datant du Ier siècle corroborent cette hypothèse. Ils décrivent des peuples nomades du Nord de la Chine se déplaçant et chassant à ski. Ils seraient capables de se déplacer plus rapidement qu’un cheval, mais ont l’apparence d’un homme, tout au moins jusqu’aux genoux. Un peuple de l’Orkhon (Mongolie) utiliserait quant à lui, pour la chasse, des vêtements pour les pieds nommés «cheval de bois» et décrits comme une luge ou un bouclier avec une tête relevée et dont la partie du bas est recouverte de poils de cheval. Avec ces lattes, le chasseur, à la descente, est capable de rattraper un renne. Au plat, il pique son bâton dans le sol et avance tel un bateau. Plusieurs autres peuplades d’Asie sont également décrites de façon similaire. Tout semble correspondre, et le mythe des Hippopodes («pieds de cheval») pourrait bien être une réalité, mais à ski…