Revue de Presse Le conte d'hiver

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Le conte d’hiver William Shakespeare Patrick Pineau

Création le 5 novembre 2013 Scène nationale de Sénart

Revue de presse

Scène nationale de Sénart - revue de presse - 21 mars 2014


PRESSE NATIONALE


PRESSE NATIONALE Les Inrockuptibles - Hugues Le Tanneur ……………………………………………… 19 février 2014 La Croix - Didier Méreuze …………………………………………………………… 16 décembre 2013 La Terrasse - Catherine Robert ………………………………………………………… décembre 2013 Le Figaro - Étienne Sorin…………………………………………………………………8 novembre 2013 Les Echos - Philippe Chevilley ………………………………………………………… 7 novembre 2013 La Terrasse - Catherine Robert …………………………………………………………… octobre 2013

Scène nationale de Sénart

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le 19 février 2014

rêve de cauchemar De cette tragicomédie riche et multiforme qu’est Le Conte d’hiver, Patrick Pineau tire un spectacle profondément attachant. Il était une fois un prince qui avait perdu La raison. Cette phrase sortie tout droit d’un conte pour enfants situe l’atmosphère du Conte d’hiver. Dès le début du spectacle, le dispositif scénique à double foyer signale Le rôle prépondérant de l’imaginaire dans ce texte où toutes les invraisemblances semblent autorisées. À cela près que les libertés prises par Shakespeare représentent autant de défis pour le metteur en scène , à qui il revient de capter l’attention du spectateur jusque dans les situations les plus incongrues. Patrick Pineau réussit, en jouant d’emblée avec des effets de miroirs et de vidéo, à nous entraîner à sa suite dans un drame à rebondissements où l’on passe en un clin d’oeil du royaume de Sicile à celui de Bohême, où le temps figuré par une allégorie semble pouvoir se contracter et se rétracter à loisir, où les princesses sont des filles de berger… Autrement dit, un univers régi par une causalité fantasque. Léonte, roi de Sicile, et Polixène, roi de Bohême, ayant été élevés ensemble, sont les meilleurs amis du monde. Jusqu’au jour où Léonte devient fou de jalousie. Persuadé que son épouse Hermione le trompe avec Polixène, il s’apprête à le tuer. Pour cet esprit en surchauffe, le moindre signe confirme l’infidélité d’Hermione. Jusqu’à l’enfant qu’elle porte dans son ventre, fruit forcément de ses œuvres coupables avec Polixène. Comme toujours chez Shakespeare, la folie du prince engendre le chaos. Hermione, jetée en prison, accouche de Perdita. Celle-ci est abandonnée, suivant les ordres de Léonte, sur un lointain rivage. C’est là que tout bascule. Car ce rivage, c’est la Bohême, où Perdita est recueillie par un berger. La tension tragique laisse la place à une atmosphère apaisée. Seize ans ont passé. Une aube nouvelle peuplée de personnages nouveaux, dont le prince Florizel, fils de Polixène, qui ne tarde pas à s’éprendre de cette jeune bergère aux traits si délicats, et c’est là qu’on comprend que monter le Conte d’hiver, ce n’est pas monter une, mais plusieurs pièces. Patrick Pineau s’en sort admirablement, instillant une dose d’humour indispensable dans ce spectacle très enlevé et plein de charme. Hugues Le Tanneur

Scène nationale de Sénart

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16 décembre 2013 CULTURE

lundi 16 décembre 2013

d Formidable acteur dans Cyrano de Bergerac (1), Patrick Pineau est aussi le metteur en scène généreux d’une romance tardive de Shakespeare.

qu’elle fût morte. La statue élevée à sa mémoire n’allait-elle pas se révéler « vivante » ? La construction est complexe, l’intrigue confuse. Patrick Pineau en fait son miel. Au il d’une mise en scène savamment maîtrisée, il mène du Conte d’hiver au conte de printemps, en trois temps. À une première partie tendue dans un univers de panneaux glissants, sombres et froids (la scénographie est signée Sylvie Orcier), succède l’allégresse lumineuse d’une vie libre à la campagne. Le tragique fait place aux plaisirs champêtres d’une « pastorale »

LE CONTE D’HIVER de William Shakespeare Théâtre Firmin-Gémier à Châtenay-Malabry (92)

Achevé par Shakespeare cinq ans avant sa mort, Le Conte d’hiver raconte l’histoire terrible d’un roi de Sicile pris d’une crise subite de jalousie : décrétant que son épouse l’a trahi avec son plus cher ami, le roi de Bohême, il l’a fait arrêter sur-lechamp, puis ordonné de se débarrasser de l’enfant, une ille, dont elle venait d’accoucher et qui ne pouvait être, selon lui, que le fruit de l’adultère. Un oracle, suivi de la mort de son ils aîné, puis de celle de son épouse, accablée par ce coup, lui ouvrit les yeux. Aussitôt, il se repentit et s’enferma dans la solitude et l’aliction. Son deuil dura vingt ans, jusqu’au jour où l’impensable se réalisa : il retrouva sa ille. Épargnée par le bourreau, recueillie par un berger, elle lui revenait, accompagnée du ils du roi de Bohême qui en était tombé éperdument amoureux. Quant à la reine, rien n’assurait

Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion. joyeuse et cocasse, avec chants, danses, jeux de masques de bélier et de moutons. La farce se mêle au théâtre de tréteaux. Dans la forêt passent de faux ours goguenards… Le inal ramène aux appartements royaux, métamorphosés en caverne propice à tous les enchantements. Reportage en direct sur les amours de la bergère et de son prince, à la façon délirante des tabloïds et des chaînes d’informations en continu, Disney et Hollywood célèbrent le

« retour » de la reine à la vie. Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion. En chef de bande, Patrick Pineau communique à ses 16 acteurs chaleur et énergie. Tous font merveille : Manuel Le Lièvre et Babacar M’Baye Fall (le roi de Sicile, petit et blanc, et le roi de Bohême, grand et noir) ; Laurence Cordier (la reine) et Pauline Collin (princesse bergère à la légèreté aérienne) ; Alain Enjary (vieux berger savoureux) et Christophe Vandelvede (son ils « rustaud ») ; truculent escroc, Fabien Orcier donne de la vigueur au vieux mot d’« estampeur »… La magie est là. La poésie aussi. Celles du bonheur retrouvé de l’enfance et des belles histoires que l’on raconte, le soir, à la veillée. DIDIER MÉREUZE

À 20 heures. RENS. : 01.41.87.20.84. Jusqu’au 21 décembre. À Alençon, les 8 et 9 janvier ; Châteauvallon, du 15 au 19 ; Béthune, les 22 et 23 ; Louviers, le 28 ; Évry le 31 ; Lille, du 5 au 15 février ; Le Havre, les 20 et 21 ; Quimper, les 25 et 26. (1) Cyrano de Bergerac,d’Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudan. À Sénart, du 17 au 20 décembre ; Perpignan, du 9 au 11 janvier ; Marseille, du 15 au 18 ; Amiens, du 22 au 24 ; Châlons-en-Champagne, du 27 au 28 ; Béziers, du 6 au 9 février ; Mulhouse, du 12 au 14… (lire La Croix du 6 juin).

PORTRAIT

La musique est un jeu sérieux T. PACZULA

Enrique Mazzola Chef d’orchestre

d Depuis qu’il a posé ses valises en Île-de-France, Enrique Mazzola a pris fait et cause pour son nouvel orchestre. d « Jouez ! » est son joyeux mot d’ordre, lancé aux musiciens comme aux auditeurs. Né en Espagne, de nationalité italienne, dirigeant dans le monde entier et attaché depuis l’an dernier à une formation française, Enrique Mazzola illustre à lui seul l’adage selon lequel la musique se moque des frontières. Maniant avec dextérité et gourmandise notre langue – teintée bien entendu de ce petit accent irrésistible pour les oreilles hexagonales – le nouveau (depuis un an) directeur musical de l’Orchestre national d’Île-de-France (Ondif) n’est pas de ceux qui gardent jalousement

les secrets de leur métier et les bonheurs de leur art. « Partout où nous allons jouer, le public nous attend. Il sait que, sans l’Ondif, il n’entendrait pas de musique symphonique en ‘‘live’’. La première fois que j’ai été invité par l’orchestre, j’ai trouvé que ce nomadisme de salle en salle dans toute la région était compliqué. Mais aujourd’hui, j’en suis ravi ! Les instrumentistes et moi, nous concevons la musique classique comme un partage populaire. Je me méie de l’intellectualisation des émotions », conie Enrique Mazzola. Et le voilà qui décrit avec feu, comme un metteur en scène en pleine action, le « petit théâtre » du concert : depuis la présentation du billet à l’ouvreuse jusqu’à l’entrée du chef d’orchestre sous les applaudissements, en passant par le la donné par le hautbois à ses collègues et les lumières qui s’éteignent. « Il ne s’agit pas de codes d’un autre âge mais d’une élégante dramaturgie qui organise la rencontre entre auditeurs et artistes. » Les spectateurs de l’Ondif– de 60 000 à 80 000 selon les années – ne sont pas « de 60 000 à 80 000 musicologues mais des personnes qui ont envie de se laisser porter

ESSENTIEL

Décès, à 92 ans, de la journaliste France Roche Son visage aux yeux clairs entouré de boucles blondes fut l’un des plus familiers des Français à l’heure du journal télévisé. À l’ORTF puis sur Antenne 2, France Roche, née en 1921 à Saint-Tropez et décédée samedi à Paris, est de 1969 à 1986 la voix du cinéma et de la mode. Avant cela, elle débute par la presse écrite, dans France Soir au temps de Pierre Lazaref, et entre à la télévision avec des sujets sur l’architecture, avant de se consacrer aux interviews de vedettes du cinéma. Dans celles de Kirk Douglas, en français, en 1958, ou de Brigitte Bardot, en 1959, s’exprime déjà sa marque de fabrique : l’empathie avec les artistes. Son aisance avec eux, qui fait passer n’importe quelle question pour aimable, tient sans doute au fait INA.FR

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Un hiver aux couleurs du printemps

qu’elle fut elle-même actrice dans une dizaine de ilms, de 1951 à 1957, dont French Cancan de Jean Renoir. Parmi ses réussites, on retient ses portraits pour « Tête d’aiche », dont celui de Simone Signoret, en 1970, qui se livre avec grande sincérité. Pour Antenne 2, où elle devient rédactrice en chef adjointe, elle signe, en 1979, Woody Allen ou l’anhédoniste le plus drôle du monde , un portrait du cinéaste rencontré à Manhattan. Elle participe encore à d’autres émissions, notamment sur Canal Jimmy, signe des scénarios (pour Édouard Molinaro et Henri Verneuil, notamment) et des adaptations de pièces de théâtre. France Roche fut mariée à François Chalais puis au producteur Gilbert de Goldschmidt.

PRESSE Opération transparence sur les aides à la presse

par la beauté, laissant soucis familiaux ou professionnels au vestiaire », poursuit Enrique Mazzola. Le répertoire éclectique de ce in connaisseur de l’art lyrique, féru de création contemporaine comme de grands élans romantiques, se traduit dans des programmes savamment pensés. Ils s’intitulent « Rêveries » pour évoquer la Russie éternelle, « Voyage d’hiver », « Feux d’artiice » ou, en cette période de fêtes, « Abracadabra », déployant à l’envi magies et autres féeries de Haydn, Verdi, Satie, Dukas et Stravinski (1). Prouver aux jeunes que le classique déborde de rythme et d’énergie, cultiver les spéciicités sonores de son orchestre, consolider le soutien des pouvoirs publics et des mécènes, rester proche des auditeurs « qui prennent les mêmes RER que nous » et ofrir une tribune aux compositeurs d’aujourd’hui… les déis d’Enrique Mazzola sont légion. On imagine mal que cet enthousiaste ne les relève pas l’un après l’autre.

Le ministère de la culture a publié sur son site Internet le montant total des aides attribuées en 2012 à quelque 200 titres de presse. Avec plus de 18 millions d’euros chacun, Le Monde et Le Figaro arrivent en tête. Viennent ensuite Ouest France (11,9 millions), La Croix (10,7 millions), Télérama (10,3 millions) et Libération (10 millions), Aujourd’hui en France (9,3 millions), Le Nouvel Observateur (9,3 millions), L’Express (7,2 millions) et Télé 7 jours (6,9 millions). Ont aussi été aidés Le Journal de Mickey ou des titres sur Internet, comme 20minutes.fr ou Slate.fr.

ART Le Musée de Valence agrandi rouvre ses portes Après deux ans et demi de travaux menés par l’architecte JeanPaul Philippon, le Musée d’art et d’archéologie de Valence (Drôme) rouvre ses portes ce samedi au public. L’adjonction d’une aile contemporaine a permis au musée d’augmenter sa surface de 2 000 à 5 750 m². La façade Renaissance de cet ancien palais épiscopal a aussi été redécouverte et un belvédère vitré ajouté sur les toits. Les sections archéologiques évoquent notamment l’histoire de la colonie romaine de Valentia, tandis que les collections d’art révèlent une riche variété de paysages, dominée par les peintures d’Hubert Robert.

AGENDA

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PARIS Exposition. La Bibliothèque nationale de France ouvre ses portes aux nouveaux talents découverts par la Bourse du talent. Treize photographes, lauréats, mentions spéciales et coups de cœur, présentent leurs travaux au public. Du 20 décembre au 23 février. Allée Julien-Cain, quai François-Mauriac (13e).

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EMMANUELLE GIULIANI

(1) À partir du 13 décembre.

Un hiver aux couleurs du printemps Formidable acteur dans Cyrano de Bergerac, Patrick Pineau est aussi le metteur en scène généreux d’une romance tardive de Shakespeare. Achevé par Shakespeare cinq ans avant sa mort, Le Conte d’hiver raconte l’histoire terrible d’un roi de Sicile pris d’une crise subite de jalousie : décrétant que son épouse l’a trahi avec son plus cher ami, le roi de Bohême, il l’a fait arrêter sur-lechamp, puis ordonné de se débarrasser de l’enfant, une fille, dont elle venait d’accoucher et qui ne pouvait être, selon lui, que le fruit de l’adultère. Un oracle, suivi de la mort de son fils aîné, puis de celle de son épouse, accablée par ce coup, lui ouvrit les yeux. Aussitôt, il se repentit et s’enferma dans la solitude et l’affliction. Son deuil dura vingt ans, jusqu’au jour où l’impensable se réalisa : il retrouva sa fille. Épargnée par le bourreau, recueillie par un berger, elle lui revenait, accompagnée du ils du roi de Bohême qui en était tombé éperdument amoureux. Quant à la reine, rien n’assurait qu’elle fût morte. La statue élevée à sa mémoire n’allait-elle pas se révéler « vivante » ? La construction est complexe, l’intrigue confuse. Patrick Pineau en fait son miel. Au fil d’une mise en scène savamment maîtrisée, il mène du Conte d’hiver au conte de printemps, en trois temps. À une première partie tendue dans un univers de panneaux glissants, sombres et froids (la scénographie est signée Sylvie Orcier), succède l’allégresse lumineuse d’une vie libre à la campagne. Le tragique fait place aux plaisirs champêtres d’une « pastorale » joyeuse et cocasse, avec chants, danses, jeux de masques de bélier et de moutons. La farce se mêle au théâtre de tréteaux. Dans la forêt passent de faux ours goguenards… Le Final ramène aux appartements royaux, métamorphosés en caverne propice à tous les enchantements. Reportage en direct sur les amours de la bergère et de son prince, à la façon délirante des tabloïds et des chaînes d’informations en continu, Disney et Hollywood célèbrent le « retour » de la reine à la vie. Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion. En chef de bande, Patrick Pineau communique à ses 16 acteurs chaleur et énergie. Tous font merveille : Manuel Le Lièvre et Babacar M’Baye Fall (le roi de Sicile, petit et blanc, et le roi de Bohême, grand et noir) ; Laurence Cordier (la reine) et Pauline Collin (princesse bergère à la légèreté aérienne) ; Alain Enjary (vieux berger savoureux) et Christophe Vandelvede (son fils « rustaud ») ; truculent escroc, Fabien Orcier donne de la vigueur au vieux mot d’« estampeur »… La magie est là. La poésie aussi. Celles du bonheur retrouvé de l’enfance et des belles histoires que l’on raconte, le soir, à la veillée. Didier Méreuze Scène nationale de Sénart

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décembre 2013 décembre 2013 / N°215

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le conte d’hiVer

HORS-SÉRIE EXCEPTIONNEL !

LE JOURNAL DE RÉFÉRENCE DES ARTS VIVANTS DÉCEMBRE 2013

patrick pineau met en scène Le Conte d’hiver d’hiver, avec une bande de comédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse.

Marianne La Croix Télérama Fig. Mag Webthea L'Express La Terrasse Libération.fr L'Humanité Politis Le Canard enchaîné

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LE THÉÂTRE FAIT GRANDIR Le Théâtre de la Ville œuvre pour le jeune public : coup de projecteur sur les multiples rencontres entre les enfants, la scène et les artistes. p. 12

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Sous l’impulsion de son chef, Pierre Cao, le chœur Arsys Bourgogne défend un large répertoire. p. 38

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Constellation par Alonzo King : un univers sonore et visuel captivant.

p. 30

de l’émotion, notamment au moment des poignantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comiques, à l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des images projetées pour installer d’emblée l’ambiance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la

l’envoûtante agnès sourdillon nous entraîne dans la magie des contes des Mille et une nuits.

Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre DijonBourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et 9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ; du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ; les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ; le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne. Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale de Sénart. Durée : 2h40 avec entracte.

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Une bande de comédiens truculents et inspirés dans un festif Conte d’hiver.

une Véritable fête du théâtre On peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empêche pas la mise en scène de prendre le parti

de August Strindberg mise en scène JacquessOsinski

tambours dans la nuit dag jeanneret met en scène une œuvre du jeune brecht, dans sa nouvelle traduction revue par hélène mauler et rené zahnd. un spectacle à la forme élégante et au fond tumultueux. Dag Jeanneret met en scène Tambours dans la nuit de Brecht.

GROS SUR LE CŒUR Le saxophoniste Olivier Bogé se laisse inspirer par un drame sentimental pour signer avec « The World Begins Today » un album chantant l’amour. p. 41

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10-20 DÉCEMBR

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villette.com 2 spectacles choc par le «Tarantino» du théâtre sud-africain !

15 novembre >>> 15 décembre 2013

Pour avoir eu raison trop tôt contre l’avide appétit de l’aciérie et de ses sbires, Jaurès fut sacrifié sur l’autel du capital, comme le furent, quelques années plus tard, les Spartakistes berlinois. Le jeune Brecht, qui avait publié des poèmes patriotiques faisant l’éloge de l’héroïsme militaire au début de la Grande Guerre, attendit 1916 pour découvrir le matérialisme et devenir un de ses Heimkehrer qui espéraient pouvoir rentrer à la maison, lassés des combats fratricides qui déchiraient l’Europe. Kragler, le héros de Tambours dans la nuit, ressemble à tous ces jeunes gens, spectres

désorientés revenus des tranchées et devenus allergiques à l’action et à l’engagement politique, préférant les bras et le lit de leurs femmes à toute tentative révolutionnaire permettant de faire rendre gorge aux commanditaires de la boucherie de 14.

heures des agents conscients du socialisme », dit Rosa Luxemburg : telle est l’analyse qu’illustre Tambours dans la nuit, écrit par Brecht en 1919, peu après l’écrasement de la révolution spartakiste. Terrible écho aujourd’hui, quand la cruauté de la guerre économique laisse les exploités aussi perplexes et déroutés que les victimes de la Première Guerre mondiale : c’est cela qu’entend Dag Jeanneret et que sa mise en scène fait clairement comprendre. Cécile Marc invente une belle scénographie aux mouvements élégants, qui crée des espaces de jeu soutenant le texte et explicitant parfaitement les situations des répliques et de l’avancée de l’intrigue. Le décor ne s’enferre pas dans la référence historique, pas plus que les costumes d’Eric Guérin : on peut donc projeter sur les atermoiements de Kragler ceux de nos contemporains, plus avides de jouir que de lutter. Les comédiens sont tous excellents : ils parviennent à donner pleine mesure et puissante intensité à chacun des personnages, sans jamais entamer l’unité de l’ensemble. La fluidité et l’harmonie de ce spectacle réussissent à servir le tumulte politique et psychologique du texte de Brecht, et a l’intelligence de ne pas caricaturer l’individualisme forcené de ses malheureux protagonistes. Dag Jeanneret signe ici une belle réalisation et sert subtilement une pièce qui a l’immense intérêt de poser des questions plutôt que d’asséner des réponses. Catherine Robert

le 13 décembre à 20h30. L’archipel, Scène nationale de Perpignan, le 16 décembre à 19h et le 17 à 20h30. Le Théâtre, Scène nationale de Narbonne, les 21 et 22 janvier à 19h30. L’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry, le 28 janvier à 20h30 et les 29 et 30 janvier à 19h30. L’Estive, Scène nationale de Foix, le 4 février à 20h45. Spectacle vu au Théâtre Sortie Ouest de

rejoignez-nous sur facebook et soyez informés Quotidiennement rejoignez-nous sur facebook orage_la terrasse.indd 4

« Comme toujours au théâtre, la lune est pleine. Dehors, au fond des bois, elle fait briller des silex que plus personne ne voit. Mais ici, il suffit de plonger la salle dans le noir et d’envoyer par là un peu de brouillard pour que les histoires renaissent » glisse Agnès Sourdillon de sa voix si singulière, qui semble frotter les mots comme un caillou brûlant pour en exhaler les tonalités profondes. Et c’est tout un monde qu’elle fera surgir du flot de ses paroles. Comme Schéhérazade sut inventer de captivantes histoires pour suspendre à l’aube le coup fatal du Sultan Shahrayar, qui, en représailles de l’infidé-

En tournée en France. Scène nationale d’Albi,

jouir ou lutter ? « Des soldats qui hier encore, gendarmes de la réaction, assassinaient des prolétaires révolutionnaires en Finlande, en Russie, en Ukraine, dans les Pays baltes, et des ouvriers qui laissaient faire, ne sont pas devenus en vingt-quatre

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multiplicité et son inventivité, à travers des entretiens, des analyses et des enquêtes. Avec aussi un agenda couvrant la saison 2013/2014. À lire encarté dans La Terrasse en cahier central.

Paru le 4 décembre 2013 Prochaine parution le 8 janvier 2014 21e saison / 80 000 exemplaires Abonnement p. 42 / Sommaire p. 2 Directeur de la publication : Dan Abitbol www.journal-laterrasse.fr

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, provoquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées.

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médiatisation people, elle permet à la fin de rappeler au public que, de Soraya à Lady Di, les puissants n’en finissent jamais d’exposer leurs turpitudes sentimentales aux candides qui se plaisent à les plaindre, se consolant ainsi de leur propre malheur… Plaisamment facétieuse, résolument enlevée et franchement drôle, cette version du Conte d’hiver, inventive et festive, rappelle cette grande vertu de la mise en scène : choisir un point de vue permet souvent d’en dire plus que le texte lui-même. Catherine Robert

Béziers. Durée : 2h.

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lité d’une première épouse, avait décidé de faire exécuter chaque matin la vierge épousée la veille. Conteuse espiègle, elle effeuille de drôle de questions qu’elle sème en l’air avant de larguer les amarres vers les rêves lointains et de s’enfoncer entre les pages des Mille et une nuits. C’est sur les aventures d’Aladin ou la lampe magique qu’elle s’attarde, bien qu’elles ne figurent dans pas dans les manuscrits originaux. artisanat de la scène Peu de livres libèrent autant d’imaginaires que ce recueil de contes persans. A son évocation surgissent des myriades d’images brodées de fantasmes, des féeries lovées dans des caresses de soie, des bouffées de désirs et de peurs ensorcelés. Maîtrisant à merveille l’artisanat de la scène et le cabaret forain, le metteur en scène tchèque Matej Forman a conçu, avec son équipe du Théâtre Forman, l’écrin coloré où prennent vie les péripéties du jeune Aladin, qui, de pauvre hère, devient prince fortuné grâce au bon génie de sa lampe magique et gagne le cœur de l’éblouissante Badroulboudour, fille du roi. Marionnettes, jeux d’ombres, voiles enluminés, palais miniatures, animaux géants et comédiens-manipulateurs fabriquent à vue l’illusion, suivant le récit conté par Agnès Sourdillon. Par leurs artifices habilement combinés, ils nous emportent avec ravissement en terres d’enfance. Gwénola David Théâtre Jean Arp, 22 rue Paul-Vaillant-Couturier, 92140 Clamart. Du 18 au 24 décembre 2013, à 20h30, le jeudi à 19h30, dimanche et lundi à 15h, mardi à 14h. Tél. 01 41 90 17 02. Théâtre de l’Ouest Parisien (BoulogneBillancourt) les 8 et 9 février 2014 ; TGP (Saint-Denis) du 14 au 17 mai 2014. Spectacle vu au Théâtre de la Commune. Durée : 1h.

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Tournée en France de William Shakespeare / mes Patrick Pineau

Le Conte d’hiver Patrick Pineau met en scène Le Conte d’hiver, avec une bande de comédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse. Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, provoquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le coeur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées. Une véritable fête du théâtre On peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empêche pas la mise en scène de prendre le parti de l’émotion, notamment au moment des poignantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comiques, à… …l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des images projetées pour installer d’emblée l’ambiance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la médiatisation people, elle permet à la fin de rappeler au public que, de Soraya à Lady Di, les puissants n’en

Scène nationale de Sénart

revue de presse


(suite) décembre 2013 décembre 2013 / N°215

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le conte d’hiVer

HORS-SÉRIE EXCEPTIONNEL !

LE JOURNAL DE RÉFÉRENCE DES ARTS VIVANTS DÉCEMBRE 2013

patrick pineau met en scène Le Conte d’hiver d’hiver, avec une bande de comédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse.

Marianne La Croix Télérama Fig. Mag Webthea L'Express La Terrasse Libération.fr L'Humanité Politis Le Canard enchaîné

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LE THÉÂTRE FAIT GRANDIR Le Théâtre de la Ville œuvre pour le jeune public : coup de projecteur sur les multiples rencontres entre les enfants, la scène et les artistes. p. 12

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de l’émotion, notamment au moment des poignantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comiques, à l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des images projetées pour installer d’emblée l’ambiance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la

l’envoûtante agnès sourdillon nous entraîne dans la magie des contes des Mille et une nuits.

Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre DijonBourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et 9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ; du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ; les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ; le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne. Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale de Sénart. Durée : 2h40 avec entracte.

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Une bande de comédiens truculents et inspirés dans un festif Conte d’hiver.

une Véritable fête du théâtre On peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empêche pas la mise en scène de prendre le parti

de August Strindberg mise en scène JacquessOsinski

tambours dans la nuit dag jeanneret met en scène une œuvre du jeune brecht, dans sa nouvelle traduction revue par hélène mauler et rené zahnd. un spectacle à la forme élégante et au fond tumultueux. Dag Jeanneret met en scène Tambours dans la nuit de Brecht.

GROS SUR LE CŒUR Le saxophoniste Olivier Bogé se laisse inspirer par un drame sentimental pour signer avec « The World Begins Today » un album chantant l’amour. p. 41

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15 novembre >>> 15 décembre 2013

Pour avoir eu raison trop tôt contre l’avide appétit de l’aciérie et de ses sbires, Jaurès fut sacrifié sur l’autel du capital, comme le furent, quelques années plus tard, les Spartakistes berlinois. Le jeune Brecht, qui avait publié des poèmes patriotiques faisant l’éloge de l’héroïsme militaire au début de la Grande Guerre, attendit 1916 pour découvrir le matérialisme et devenir un de ses Heimkehrer qui espéraient pouvoir rentrer à la maison, lassés des combats fratricides qui déchiraient l’Europe. Kragler, le héros de Tambours dans la nuit, ressemble à tous ces jeunes gens, spectres

désorientés revenus des tranchées et devenus allergiques à l’action et à l’engagement politique, préférant les bras et le lit de leurs femmes à toute tentative révolutionnaire permettant de faire rendre gorge aux commanditaires de la boucherie de 14.

heures des agents conscients du socialisme », dit Rosa Luxemburg : telle est l’analyse qu’illustre Tambours dans la nuit, écrit par Brecht en 1919, peu après l’écrasement de la révolution spartakiste. Terrible écho aujourd’hui, quand la cruauté de la guerre économique laisse les exploités aussi perplexes et déroutés que les victimes de la Première Guerre mondiale : c’est cela qu’entend Dag Jeanneret et que sa mise en scène fait clairement comprendre. Cécile Marc invente une belle scénographie aux mouvements élégants, qui crée des espaces de jeu soutenant le texte et explicitant parfaitement les situations des répliques et de l’avancée de l’intrigue. Le décor ne s’enferre pas dans la référence historique, pas plus que les costumes d’Eric Guérin : on peut donc projeter sur les atermoiements de Kragler ceux de nos contemporains, plus avides de jouir que de lutter. Les comédiens sont tous excellents : ils parviennent à donner pleine mesure et puissante intensité à chacun des personnages, sans jamais entamer l’unité de l’ensemble. La fluidité et l’harmonie de ce spectacle réussissent à servir le tumulte politique et psychologique du texte de Brecht, et a l’intelligence de ne pas caricaturer l’individualisme forcené de ses malheureux protagonistes. Dag Jeanneret signe ici une belle réalisation et sert subtilement une pièce qui a l’immense intérêt de poser des questions plutôt que d’asséner des réponses. Catherine Robert

le 13 décembre à 20h30. L’archipel, Scène nationale de Perpignan, le 16 décembre à 19h et le 17 à 20h30. Le Théâtre, Scène nationale de Narbonne, les 21 et 22 janvier à 19h30. L’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry, le 28 janvier à 20h30 et les 29 et 30 janvier à 19h30. L’Estive, Scène nationale de Foix, le 4 février à 20h45. Spectacle vu au Théâtre Sortie Ouest de

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« Comme toujours au théâtre, la lune est pleine. Dehors, au fond des bois, elle fait briller des silex que plus personne ne voit. Mais ici, il suffit de plonger la salle dans le noir et d’envoyer par là un peu de brouillard pour que les histoires renaissent » glisse Agnès Sourdillon de sa voix si singulière, qui semble frotter les mots comme un caillou brûlant pour en exhaler les tonalités profondes. Et c’est tout un monde qu’elle fera surgir du flot de ses paroles. Comme Schéhérazade sut inventer de captivantes histoires pour suspendre à l’aube le coup fatal du Sultan Shahrayar, qui, en représailles de l’infidé-

En tournée en France. Scène nationale d’Albi,

jouir ou lutter ? « Des soldats qui hier encore, gendarmes de la réaction, assassinaient des prolétaires révolutionnaires en Finlande, en Russie, en Ukraine, dans les Pays baltes, et des ouvriers qui laissaient faire, ne sont pas devenus en vingt-quatre

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L’univers coloré du Théâtre Forman.

critiQue TOURNÉE EN FRANCE DE bertolt brecht / MES dag jeanneret

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Le Coq d’or, opéra de Nikolaï Rimsky-Korsakov, d'après un conte d'Alexandre Pouchkine, par les Percussions Claviers de Lyon.

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multiplicité et son inventivité, à travers des entretiens, des analyses et des enquêtes. Avec aussi un agenda couvrant la saison 2013/2014. À lire encarté dans La Terrasse en cahier central.

Paru le 4 décembre 2013 Prochaine parution le 8 janvier 2014 21e saison / 80 000 exemplaires Abonnement p. 42 / Sommaire p. 2 Directeur de la publication : Dan Abitbol www.journal-laterrasse.fr

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, provoquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées.

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critiQue THÉâTRE JEAN ARP ADAPTATION agnès sourdillon / RÉALISATION matej forman

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Ce hors-série met en lumière la musique contemporaine sous toutes ses facettes,

théâtre

la terrasse décembre 2013 / N°215

Tournée en France jusqu’en avril 2014.

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médiatisation people, elle permet à la fin de rappeler au public que, de Soraya à Lady Di, les puissants n’en finissent jamais d’exposer leurs turpitudes sentimentales aux candides qui se plaisent à les plaindre, se consolant ainsi de leur propre malheur… Plaisamment facétieuse, résolument enlevée et franchement drôle, cette version du Conte d’hiver, inventive et festive, rappelle cette grande vertu de la mise en scène : choisir un point de vue permet souvent d’en dire plus que le texte lui-même. Catherine Robert

Béziers. Durée : 2h.

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lité d’une première épouse, avait décidé de faire exécuter chaque matin la vierge épousée la veille. Conteuse espiègle, elle effeuille de drôle de questions qu’elle sème en l’air avant de larguer les amarres vers les rêves lointains et de s’enfoncer entre les pages des Mille et une nuits. C’est sur les aventures d’Aladin ou la lampe magique qu’elle s’attarde, bien qu’elles ne figurent dans pas dans les manuscrits originaux. artisanat de la scène Peu de livres libèrent autant d’imaginaires que ce recueil de contes persans. A son évocation surgissent des myriades d’images brodées de fantasmes, des féeries lovées dans des caresses de soie, des bouffées de désirs et de peurs ensorcelés. Maîtrisant à merveille l’artisanat de la scène et le cabaret forain, le metteur en scène tchèque Matej Forman a conçu, avec son équipe du Théâtre Forman, l’écrin coloré où prennent vie les péripéties du jeune Aladin, qui, de pauvre hère, devient prince fortuné grâce au bon génie de sa lampe magique et gagne le cœur de l’éblouissante Badroulboudour, fille du roi. Marionnettes, jeux d’ombres, voiles enluminés, palais miniatures, animaux géants et comédiens-manipulateurs fabriquent à vue l’illusion, suivant le récit conté par Agnès Sourdillon. Par leurs artifices habilement combinés, ils nous emportent avec ravissement en terres d’enfance. Gwénola David Théâtre Jean Arp, 22 rue Paul-Vaillant-Couturier, 92140 Clamart. Du 18 au 24 décembre 2013, à 20h30, le jeudi à 19h30, dimanche et lundi à 15h, mardi à 14h. Tél. 01 41 90 17 02. Théâtre de l’Ouest Parisien (BoulogneBillancourt) les 8 et 9 février 2014 ; TGP (Saint-Denis) du 14 au 17 mai 2014. Spectacle vu au Théâtre de la Commune. Durée : 1h.

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finissent jamais d’exposer leurs turpitudes sentimentales aux candides qui se plaisent à les plaindre, se consolant ainsi de leur propre malheur… Plaisamment facétieuse, résolument enlevée et franchement drôle, cette version du Conte d’hiver, inventive et festive, rappelle cette grande vertu de la mise en scène : choisir un point de vue permet souvent d’en dire plus que le texte lui-même. Catherine Robert Tournée en France jusqu’en avril 2014. Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre Dijon-Bourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et 9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ; du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ; les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ; le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne. Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale de Sénart.

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8 novembre 2013

Un « Conte d’hiver » poétique La veille, Patrick Pineau était à Milan. Il triomphait sur la scène du Piccolo Teatro dans le costume de Cyrano de Bergerac et la mise en scène de Georges Lavaudant. Le lendemain, il repartait pour Nantes et enfilait à nouveau le nez, ou plutôt la péninsule, du héros d’Edmond Rostand. Ce soir-là, mardi 5 novembre, pour la première du Conte d’hiver de William Shakespeare à Sénart, il est venu saluer au côté des treize acteurs qu’il dirige. Comédien ou metteur en scène, Pineau est un homme de troupe. Et un grand sentimental. C’est après une répétition du Suicidé de Nicolaï Erdman, créé au Festival d’Avignon en 2011, voyant la nombreuse bande sur le plateau, qu’il s’est dit : « C’est beau, une troupe, c’est quand même beau…) Son Conte d’hiver lui donne raison. Shakespeare prend toutes les libertés avec le réel, à commencer par faire de la Bohême une île. La licence poétique ne s’arrête pas là, et les deux rois du Conte ne sont pas à prendre trop au sérieux. On découvre Léonte, roi de Sicile (Manuelle Lièvre, petit et blanc comme le jour), et Polixène, roi de Bohême (Babacar M’Baye Fall, grand et noir comme la nuit), tels deux grands enfants jouant à se battre. Mais les enfants sont parfois capricieux, jaloux et cruels. Shakespeare charge la barque ; Léonte se transforme en roi criminel et infanticide. Les premiers actes ont la noirceur de la tragédie avant que le Temps ne dérègle tout. Seize ans passent en trente-deux vers. La Sicile devient le théâtre d’une fête pastorale bariolée. Les acteurs, masques de mouton sur la tête, s’en donnent à cœur joie. Avec Pineau, ils tiennent la cadence infernale de cette farandole contrastée. Lucide sur les hommes Dans Le Conte, tout s’inverse, se retourne comme un gant. La tragédie devient comédie, les morts vivent, les bergères se découvrent princesses. Dans ce monde changeant, un seul personnage offre une belle constance : Autolycus, colporteur, voleur et menteur joué par le formidable Fabien Orcier. Pineau a beau être un homme de troupe, on devine qu’il a voulu monter Le Conte d’hiver, plus pour lui-même que pour les rois et les bergers. Libre, solitaire et, lucide sur les hommes et leurs faiblesses, son héros, Autolycus, a quelque chose de Cyrano. Étienne Sorin

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le 7 novembre 2013

Shakespeare dans les étoiles Il a décroché la lune, en incarnant Cyrano. Il décroche les étoiles en mettant en scène « Le Conte d’hiver » de Shakespeare – ces étoiles qui brillent dans les yeux du public, quand la poésie du grand Will se matérialise sur une scène de théâtre. Avec sa troupe d’enfer, sa lecture fine de la tragicomédie tardive (1610-1611) du maître anglais, le comédien-metteur en scène nous en met plein la vue et le cœur, trois heures durant. Créé à Sénart, ce spectacle est programmé pour une soixantaine de dates en banlieue et en régions. Petit pied-de-nez aux théâtreux Parisiens… qui prendront le train ou le RER. Un vrai spectacle de troupe : c’est la force de Patrick Pineau d’animer une équipe de comédiens soudés et de haut vol. Le désespoir du roi fou de Sicile joué avec fièvre par Manuel Le Lièvre ; l’implacable sens moral de Paulina incarné avec majesté par Aline Le Berre ; la rouardise hilarante de l’ex-serviteur Autolycus, magnifiée par un Fabien Orcier déchaîné… – il n’y a pas de maillon faible dans cette chaîne de treize comédiens. Leur joie de jouer rappelle les meilleurs spectacles de Roger Planchon et de Georges Lavaudant. Une lecture fine ? « Le Conte d’hiver » est un sacré conte qui naît dans la tragédie (Léonte, roi de Sicile croyant que son épouse Hermione l’a trompé avec son ami Polixène, roi de Bohême, la jette en prison, provocant sa mort et celle de son fils) et finit dans la comédie fantastique (sa fille Perdita abandonnée en Bohême et recueillie par des bergers, convole avec le fils du roi, Florizel ; sa femme ressuscite)… Patrick Pineau joue d’abord à fond la carte du tragique, faisant de Léonte un Roi Lear amoureux dans un décor barbouillé de sang. Puis, il fait basculer la pièce dans la farce juste avant l’entracte, en montrant le pauvre Antigonus, venu déposer Perdita bébé en Bohême, poursuivi par un commando d’ours furieux. Rire et enchantement. Dans la seconde partie, le metteur en scène fait feu de tout bois afin de provoquer le rire et l’enchantement : gags en rafales, masques, lumières oniriques, scènes de cabaret… Sans oublier les projections malines : le « happy end » délirant est transformé en reportage de chaîne d’infos, avec revue de presse à la clef… Tout est fait pour nous divertir, nous ravir et aussi nous faire penser. Penser à la folie des hommes à la tyrannie des rois, à l’amour qui fait des miracles. Merci à la « dream team » de Pineau qui nous offre ce conte de Noël avant l’heure. Philippe Chevilley

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octobre 2013 THÉÂTRE

p. 55

CRÉATIONS À FOISON

Textes du répertoire ou créations en prise directe avec notre monde, nos critiques d’octobre explorent toutes les pistes : Illuminations, Please Continue (Hamlet), L’École des Femmes, Nana, Au Monde, Les Marchands, Perturbation, Et jamais nous ne serons séparés, Roméo et Juliette…. A vous de voir ! p. 4

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octobre 2013 / N°213

Le vingtième théâtre texte et mes milka assaf

les démineuses

présente

© Elisabeth Carecchio

la réalisatrice franco-libanaise milka assaf met en scène sa première pièce au Vingtième théâtre. un texte librement inspiré de la vie d’une équipe de femmes ayant participé au déminage du sud liban. © D. r.

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théâtre

LE JOURNAL DE RÉFÉRENCE DES ARTS VIVANTS OCTOBRE 2013

la terrasse

théâtre

la terrasse octobre 2013 / N°213

gros plan

l’environnement subit de nombreuses métamorphoses ». Davantage qu’une critique de l’enfermement religieux, la pièce montre, d’après le metteur en scène, combien « il est dangereux de vouloir assurer son autorité par des règles trop strictes, basées sur l’intolérance et la peur du changement ». Interprétant lui-même la pièce en compagnie d’emilie chesnais, elphie Pambu et Josiane Stoléru, robert bouvier ausculte avec précision les affres de la bêtise fanatique et des crispations dogmatiques. C. Robert

festiVal automne en normandie Plus de 40 compagnies, issues des 5 continents. 62 représentations dans près de 30 lieux. Des premières mondiales, européennes et françaises (près de 60 % de la programmation est tournée vers l’international). La huitième édition du festival Automne en Normandie poursuit le chemin rendu possible par la coopération du département de l’eure, de celui de la Seine-Maritime et de la région Haute-Normandie. Un chemin qui souhaite « proposer à chacun dans la région [Haute-Normandie], et au-delà, une offre culturelle diverse et de qualité afin de permettre à tous la découverte de nouveaux horizons artistiques et le partage des richesses de la création contemporaine ». cette année, ces horizons et ces richesses réunissent des propositions répondant au thème « Masculin / Féminin ». « Le genre humain, explique robert Lacombe, directeur du festival, c’est à la fois une unité et une dualité, celle de l’homme et de la femme, qui est la première

théâtre de beLLeviLLe de dostoïeVski / mes laurence andreini

L’auteure et metteure en scène Milka Assaf.

THÉÂTRE Perturbation de Thomas Bernhard, mise en scène de Krystian Lupa.

d e M ol i è re , M a r i va u x, R a c i n e , Goz z i , M u ss e t , Cou r te l i n e , Fe y d ea u

Du

7 au 18 Octobre 2013

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Mise en scène Marjorie Nakache Avec Jamila Aznague, Adèle Liners, Sonja Mazouz, Marjorie Nakache

Réservations : 01 48 23 06 61 Navette A/R : 0 3RUWH GH OD &KDSHOOH G«SDUW + 0 6DLQW 'HQLV 8QLYHUVLW« G«SDUW +

l’idiot

Les Démineuses aurait dû être un film documentaire. refusée par toutes les chaînes de télévision françaises, cette histoire « de femmes du Sud du Liban ayant choisi de s’engager dans le déminage du million de mines antipersonnel larguées par les Israéliens en 2006 » est finalement née au théâtre (obtenant, au passage, l’Aide à la création du centre national du théâtre et le Prix claude Santelli attribué par l’Association beaumarchais – SAcD). « D’un courage et d’un sang-froid impressionnants, ces femmes extraordinaires, en majorité chiites, m’ont ouvert leur cœur et m’ont parlé sans tabou des motivations qui les avaient poussées à faire un métier aussi périlleux », confie Milka Assaf. Partant de ces confessions, l’auteure et metteure en scène a conçu une pièce entre humour et gravité. Une pièce à six personnages, qui plonge ses racines dans le réel pour mieux nous faire voyager sur les chemins de la fiction. M. Piolat Soleymat

adaptation du roman de dostoïevski, avec une traduction renouvelée pour l’occasion, L’Idiot, mis en scène par laurence andreini, s’enfonce dans la cruauté de la fin d’un monde.

et la plus immédiate expérience de l’altérité. Dans toute civilisation, cette altérité est une hiérarchie, naturelle et instituée, explicite et implicite, qui, du biologique au culturel et au religieux, structure le vivre ensemble. » explorer la complexité des rapports entre les sexes « Les représentations du sexe, du genre et de la sexualité, poursuit-il, seront interrogées dans la réinterprétation d’œuvres classiques aussi bien que dans des productions plus contemporaines, parfois dérangeantes. » Ainsi, pour le théâtre, une Mademoiselle Julie mise en scène, en russe, par l’Allemand thomas ostermeier, In the Pony Palace / Football de l’Américaine tina Satter, Le Tourbillon de l’amour du Japonais Daisuke Miura, Flesh/Trash du Français Pierre Maillet, Nora ou une maison de poupée de l’Allemand Herbert Fritsch, Yerma de l’espagnol (vivant en France) Daniel San Pedro… Jordi Savall, l’ensemble orchestral contemporain, les pianistes Michaël Levinas et Jean-Luc Plouvier, Phia Ménard, Ivo Dimchev, Gisèle Vienne, Sasha Waltz, les chorégraphes berlinois Angela Schubot et Jared Gradinger…, pour la musique et pour la danse. Voilà donc quelques-uns des spectacles et des créateurs qui, cette saison, participeront à ce rendez-vous annuel des arts de la scène. Des spectacles et des créateurs qui nous permettent de réenvisager la complexité des rapports entre les sexes. Manuel Piolat Soleymat

Le Vingtième Théâtre, 7 rue des Platrières,

Romain Cottard joue l’Idiot.

75020 Paris. Du 23 octobre au 23 novembre 2013.

© Stéphanie Berger

Le Théâtre Les Gémeaux à Sceaux propose une programmation de haute tenue par des créateurs qui questionnent le monde, aiguisent la pensée et le regard. p. 34

S LES COLPORTEUR

Douai

La bonté du Prince Mychkine est telle qu’on la prend souvent pour de l’idiotie. De retour de Suisse, dans la bonne société russe qui le surnommera vite l’idiot, ce jeune homme épileptique tente de sauver d’elle-même cette société décadente qui l’emportera dans sa chute. Laurence Andreini a demandé à Sergueï Vladimirov, collaborateur d’Anatoli Vassiliev, une nouvelle traduction du roman de Dostoïevski. De son adaptation naît une partition pour six acteurs où l’action avance par sauts, sur un mode cinématographique, pour relater cette tentative désespérée de sauver le monde et les hommes. E. Demey

à 17h30, le vendredi 8 novembre à 14h30.

REQUIEMACHINE

doute robert bouvier met en scène l’angoissante spirale imaginée par john patrick shanley autour des affres de la rumeur et de la suspicion. une pièce qui cherche la lumière au cœur des ténèbres.

MARTA GÓRNICKA

CLASSIQUE/OPÉRA Bo Skovhus

24 OCTOBRE 20:00

CLASSIQUE / OPÉRA

Tél. 02 32 10 87 07. www.automne-en-normandie.com

Automne en Normandie.

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voudrais bien les approcher. Et qu’ensemble, on puisse un peu les toucher du doigt », dit Patrick Pineau. C. Robert Scène nationale de Sénart, La Coupole, rue

le conte d’hiVer patrick pineau met en scène Le Conte d’hiver d’hiver, trouvant dans la bande de comédiens avec lesquels il travaille d’habitude, les interprètes idéaux de cette douloureuse et cruelle histoire de jalousie et d’exil. Josiane Stoléru en directrice soupçonneuse dans Doute.

www.tandem-arrasdouai.eu

villette.com

Nora ou une maison de poupée, présenté par le metteur en scène Herbert Fritsch au festival

dimanche à 17h. Tél. 01 48 06 72 34.

scène nationaLe de sénart de william shakespeare / mes patrick pineau

7 NOV - 29 DÉC

LE BAL DES INTOUCHABLES

24 novembre, mardi au samedi à 21h15,

3 rue Adolphe-Chéruel, 76000 Rouen. Du 12 novembre au 7 décembre 2013.

Jean-François-Millet, 77380 Combs-la-Ville.

AUTOMNE SUR TOUS LES TONS Week-end baroque à Royaumont, Pintscher nouveau directeur musical de l’EIC, Chailly dans Brahms, Gatti dans Tchaikovski, Matan Porat et la Folle Nuit à Gaveau, Bo Skovhus (photo) en récital à Bastille, etc. p. 53

Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg du Temple. 75011 Paris. Du 15 octobre au

Festival Automne en Normandie,

Établissements subventionnés par la Ville d’Arras, la Ville de Douai, le Ministère de la Culture et de la communication, le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, le Conseil général du Nord et le Conseil général du Pas-de-Calais.

Sur quoi Sœur Aloysius fonde-t-elle ses soupçons ? rien de tangible dans l’attitude du Père Flynn qui permettrait de prouver ce dont on l’accuse, mais la rumeur va bon train, car elle est comme les plumes d’un oreiller dispersées au vent : impossible à rattraper. reprochant à Sœur James son trop grand enthousiasme à enseigner, et voyant d’un mauvais œil l’amitié naissante entre le Père Flynn et un de ses jeunes élèves, Sœur Aloysius instille le venin de la suspicion au sein de l’école catholique qu’elle dirige. robert bouvier met en scène ce huis clos tempétueux où « la vérité semble impossible à saisir, les préjugés et les certitudes basculent,

entre Léonte roi de Sicile et Polixène roi de bohême, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit de Léonte le dément. Accusant la vertu, provoquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. « C’est une histoire très douloureuse et très douce. Douleur, douceur, les deux à la fois… Très mystérieuse. Elle pose beaucoup de questions qui résonnent en moi. Je ne prétends pas y répondre, mais je

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Du 5 au 9 novembre 2013. Mardi et vendredi à 20h30 ; mercredi et jeudi à 19h30 ; samedi à 18h. Tél. 01 60 34 53 60. Puis, du 13 novembre au 1er avril 2014, tournée en France.

scène nationaLe de sénart cirque inextremiste

extrêmités quand trois hommes découvrent les lois de l’équilibre solidaire…. explosif ! De vieilles bouteilles de gaz, quelques planches de bois, un fauteuil roulant, et puis trois hommes qui cherchent inlassablement l’équilibre quand le monde branloche alentour. Ainsi va la vie, entre défis insensés, prouesses dérisoires, périls extrêmes, situations désopilantes et solidarités nécessaires. car qu’un seul chancelle… et tout s’effondre ! Avec Extrêmités, sa deuxième création, le cirque Inextremiste compose une belle allégorie des relations humaines dans une époque heurtée par la précarité. « A travers notre recherche, qui concrètement s’est située à 2 mètres de hauteur, en équilibre précaire sur une planche en frêne, elle-même posée sur deux

comedie-pc.fr o5 49 41 43 9o

› créations saison 13.14 l’annonce faite à marie de Paul Claudel mise en scène Yves Beaunesne création mars 2014 goldoni de Laure Bonnet mise en scène Thomas Condemine création mai 2014

› répertoire

© Jean-Pierre estournet

SAISON 2013 /14

LES GÉMEAUX, SCÈNE EMBLÉMATIQUE DANSE Homemade de Trisha Brown.

théâtre du petit hébertot de john patrick shanley / mes robert bouVier

Tél. 01 43 66 01 13.

Distingué au cours de l’été 2012 au Concours de Jazz de la Défense, le groupe PJ5 du guitariste et compositeur Paul Jarret incarne la toute nouvelle génération du jazz français. p. 69

FOCUS

Du mercredi au samedi à 21h30, le dimanche

TANDEM

Arras

© David Marchon

danse post-moderne américaine, à (re)découvrir. p. 48

avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile de France Ministère de la Culture et de la Communication

Photo : Marta Ankiersztejn

JAZZ / MUSIQUES DU MONDE

LES ENFANTS DU JAZZ

Diverses pièces emblématiques

© Balmer & Dixon

DANSE

TRISHA BROWN

CIRQUE

saison 2o13.14 centre dramatique national direction Yves Beaunesne

au 4 janvier 2014. Du mardi au samedi à 21h ; matinée le samedi à 17h. Tél. 01 42 93 13 04.

LA TERRASSE 4 avenue de Corbéra 75012 Paris Tél : 01 53 02 06 60 / Fax : 01 43 44 07 08 la.terrasse@wanadoo.fr Paru le 2 octobre 2013 Prochaine parution (Novembre) le 30 octobre 2013 21e saison / 80 000 exemplaires Abonnement p. 71 / Sommaire p. 2 Directeur de la publication : Dan Abitbol www.journal-laterrasse.fr

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comédie poitou-charentes

le festival automne en normandie s’apprête à ouvrir sa huitième édition. du 12 novembre au 7 décembre, une quarantaine de compagnies – de théâtre, de musique, de danse – prendront ainsi part à une programmation organisée autour de la thématique « masculin / féminin ».

Théâtre du Petit Hébertot, 78 bis bd. des Batignolles. 75017 Paris. Du 10 octobre 2013

© Philippe Sébert

Parutions décembre 2013 et janvier 2014

© thomas Aurin

EXCEPTIONNEL

HORS-SÉRIE SPÉCIAL MUSIQUE CONTEMPORAINE

Ainsi va la vie, en équilibre précaire…

bouteilles de gaz empilées, nous avons découvert un certain amour inconditionnel créé par ces instants présents où chacun de nos pas était lié au pas d’un autre, expliquent en chœur Yann ecauvre, Sylvain briani-colin et rémi Lecocq. « L’enjeu est assez clair : essayer de créer un équilibre humain sur des objets régis par la loi de l’apesanteur et que nous sommes obligés d’apprivoiser tant bien que mal pour la survie de nos têtes. » Au final, ces trois-là donnent une sacrée leçon de vie ! Gw. David

roméo et juliette de William Shakespeare mise en scène Yves Beaunesne à la vie ! texte et mise en scène Laure Bonnet l’intervention de Victor Hugo mise en scène Yves Beaunesne oedipapa ou comment porter les crimes de ses pères de Laure Bonnet mise en scène Damien Caille-Perret la Comédie Poitou-Charentes est soutenue par la DRAC Poitou-Charentes, la Région Poitou-Charentes et la ville de Poitiers comédie poitou-charentes centre dramatique national direction Yves Beaunesne 66 boulevard Pont Achard 86000 Poitiers

La Coupole-Scène nationale de Sénart, rue Jean-François-Millet, 77385 Combs-la-Ville. Le 15 octobre 2013, à 20h30, les 16 et 17 octobre à 19h30. Tél. 01 60 34 53 60.

réagissez sur www.journal-laterrasse.fr

tél 05 49 41 43 90 email comedie@comedie-pc.fr www.comedie-pc.fr

Scène nationale de Sénart de William Shakespeare / mes Patrick Pineau

Le Conte d’hiver Patrick Pineau met en scène Le Conte d’hiver, trouvant dans la bande de comédiens avec lesquels il travaille d’habitude, les interprètes idéaux de cette douloureuse et cruelle histoire de jalousie et d’exil. Entre Léonte roi de Sicile et Polixène roi de Bohême, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit de Léonte le dément. Accusant la vertu, provoquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le coeur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. « C’est une histoire très douloureuse et très douce. Douleur, douceur, les deux à la fois… Très mystérieuse. Elle pose beaucoup de questions qui résonnent en moi. Je ne prétends pas y répondre, mais je voudrais bien les approcher. Et qu’ensemble, on puisse un peu les toucher du doigt », dit Patrick Pineau. Catherine Robert

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PRESSE SPÉCIALISÉE L’avant-scène théâtre - Gilles Costaz………………………………………………………janvier 2014

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janvier 2014 L’actualité

L’actualité Familles en scène

La quinzaine de Gilles Costaz Querelles de famille L’actualité dramatique propose aux spectateurs des pièces diverses qui, chacune à leur manière, évoquent la famille et ses conflits.

Votre maman de Jean-Claude Grumberg, mise en scène par Vincent Ecrepont au Théâtre du Beauvaisis. © Michel Cavalca

U

NE CRÉATION d’une pièce de Jean-

Claude Grumberg, c’est toujours un moment important. L’un de ses plus récents textes, Votre maman, vient d’être mis en scène au Théâtre du Beauvaisis et à la Maison

pour tous d’Amiens par la compagnie À vrai dire. Au cœur de la pièce, une femme âgée dans une maison de retraite. Son fils vient la voir. Entre eux, un amour profond et un passé terrible. La conversation est difficile. La vieille femme disparaît même un moment. Elle s’est enfuie ! À tout problème le directeur de l’établissement répond par les solutions carrées de l’administration. Derrière ce tableau d’une évidente actualité – chacun reconnaîtra des proches et s’interrogera sur la question cruciale de la fin de vie des gens âgés souvent éloignés de leur famille –, Jean-Claude Grumberg s’interroge sur notre mémoire et notre redoutable capacité d’oubli. Que gardons-nous quand disparaissent ceux qui ont vécu une tragédie que l’humanité n’a pas le droit d’oublier ? La mise en scène de Vincent Ecrepont trouve tout de suite le ton juste : cette maison de retraite est parfaite avec son décor paysager, et c’est l’enfer, un « cauchemar climatisé », pour emprunter à Henry Miller une définition qui a beaucoup servi. Surtout, Vincent Ecrepont met les personnages dans une relation

Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mis en scène par Patrick Pineau à la Scène nationale de Sénart. © Philippe Delacroix

serrée, à bout portant, dans une tension et une agitation fébriles qui sont une lutte sourde contre le désespoir et l’incompréhension. Françoise Bertin, dans le personnage de la femme âgée et clouée dans un fauteuil roulant, est tout à fait bouleversante. L’on est heureux de revoir cette comédienne qui a marqué notre théâtre pendant des décennies et qui endosse là un rôle où il faut jouer sans pudeur avec la réalité de la vieillesse. Laurent d’Olce incarne son fils dans un remarquable bloc d’émotion compressée. Et Michel Derville, en directeur, compose finement cet équilibre de compassion et d’indifférence qu’ont sans doute souvent les patrons d’établissements d’accueil de personnes dépendantes. Un

spectacle mi-douceur mi-vitriol, dans cette thématique de la famille qui domine l’actualité théâtrale. Patrick Pineau est un artiste d’une formidable santé. Il joue en tournée Cyra ra r no de Berg r era rg ra r c – le plus long rôle Cyrano Bergerac du répertoire – dans la mise en scène de Georges Lavaudant, et il poursuit parallèlement ses mises en scène. Il a monté à Melun-Sénart r ainsi qu’à Antony rt Le Conte d’hiver de Shakespeare, qui circule en France jusqu’au printemps. Le texte français est une nouvelle traduction de Daniel Loayza – qu’on préfèrera à celle de Koltès, parce que plus exacte, plus complète et très sav av a oureuse. savoureuse. C’est une histoire ébouriffante, moins par sa trame à rebondissements que

76 I L’avant-scène théâtre

L’avant-scène théâtre I 77

L’actualité

Psyché de Molière, mise en scène par Véronique Vella à la Comédie-Française. © Brigitte Enguérand

Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mis en scène par Patrick Pineau à la Scène nationale de Sénart. © Philippe Delacroix

par sa façon de mélanger les périodes de l’Histoire et les cultures. Cela se passe dans une Grèce antique de convention, la Sicile passant pour l’un des grands pays de cette Antiquité. Les gens s’y comportent comme à la Renaissance, mais n’en interrogent pas moins l’oracle de Delphes ! Devenu fou de jalousie, le roi de Sicile fait porter l’enfant dont sa femme vient d’accoucher dans un lieu reculé, pour qu’il y survive ou qu’il y meure, car il est persuadé que sa femme l’a trompé. tro r mpé. Des années plus tard, ro tard r , l’enfant rd réapparaît, réapparaî a t, c’est une grande et belle aî jeune fille, qui avait été recueillie par un berger. r Elle est aimée par le fils du roi r. Tout ennemi. To T ut ce beau monde va enfin se réconcilier ! 78 I L’avant-scène théâtre

Un vrai roman échevelé, que Pineau traite avec plusieurs langages : le théâtre pur dans une grande vitalité physique et diverses transfigurations allant jusqu’à des inversions de sexe, la métamorphose d’une scénographie de Sylvie Orcier qui se retourne, se disloque et se renouvelle superbement, la vidéo qui introduit des contrepoints modernes. Les costumes sont d’aujourd’hui, mais ils participent à ce climat disparate où arrive sans cesse l’insolite. Manuel Le Lièvre porte le rôle principal du roi fou et repenti avec une force athlétique originale. Laurence Cordier, Adama Diop, William Edimo, Nicolas Bonnefoy, Pauline Collin sont les autres principaux interprètes d’un spectacle qui ne cesse de se réinventer

Psyché de Molière, mise en scène par Véronique Vella à la Comédie-Française. © Brigitte Enguérand

pour mieux épouser l’écriture folle et moqueuse de ce Shakespeare-là. La Comédie-Française vient de mettre à l’affiche une pièce bien oubliée de Molière, Psyché. Elle figure dans toutes les histoires du théâtre classique : c’était, à la création, une pièce avec musique et machineries dont la longue durée de cinq heures convenait à l’épicurisme de Louis XIV et de ses courtisans. Débordé par l’ampleur du travail qu’il assurait avec Lully, Molière dut même faire appel à Corneille et à Quinault pour finir le texte et les couplets ! Véronique Vella tente la gageure de ressusciter cet objet de fête et faste, en le coupant beaucoup et – suprême sacrilège – en remplaçant la partition de Lully par une musique

originale commandée à Vincent Leterme. À vrai dire, cette variation mythologique n’est pas tout à fait passionnante. Vénus, déesse de l’amour, a envoyé son fils Amour séduire une mortelle, Pyché, pour la quitter ensuite et la ridiculiser. Mais Amour s’éprend vraiment de Psyché, et cela fait du bruit et de la fureur dans l’Olympe ! Heureusement, le spectacle lui-même est fort plaisant, tiré vers la comédie musicale, avec des couplets plus jazzés que lyriques. Véronique Vella fait vivre la pièce sur deux temps, en mêlant l’Antiquité telle qu’on la voyait au e XVII siècle (on figurait les Grecs et les Romains comme des contemporains, avec habits bouffants et perruques L’avant-scène théâtre I 79

Querelles de famille Patrick Pineau est un artiste d’une formidable santé. Il joue en tournée Cyrano de Bergerac – le plus long rôle du répertoire – dans la mise en scène de Georges Lavaudant, et il poursuit parallèlement ses mises en scène. Il a monté à Melun-Sénart ainsi qu’à Antony Le Conte d’hiver de Shakespeare, qui circule en France jusqu’au printemps. Le texte français est une nouvelle traduction de Daniel Loayza – qu’on préfèrera à celle de Koltès, parce que plus exacte, plus complète et très savoureuse. C’est une histoire ébouriffante, moins par sa trame à rebondissements que par sa façon de mélanger les périodes de l’Histoire et les cultures. Cela se passe dans une Grèce antique de convention, la Sicile passant pour l’un des grands pays de cette Antiquité. Les gens s’y comportent comme à la Renaissance, mais n’en interrogent pas moins l’oracle de Delphes ! Devenu fou de jalousie, le roi de Sicile fait porter l’enfant dont sa femme vient d’accoucher dans un lieu reculé, pour qu’il y survive ou qu’il y meure, car il est persuadé que sa femme l’a trompé. Des années plus tard, l’enfant réapparaît, c’est une grande et belle jeune fille, qui avait été recueillie par un berger. Elle est aimée par le fils du roi ennemi. Tout ce beau monde va enfin se réconcilier ! Un vrai roman échevelé, que Pineau traite avec plusieurs langages : le théâtre pur dans une grande vitalité physique et diverses transfigurations allant jusqu’à des inversions de sexe, la métamorphose d’une scénographie de Sylvie Orcier qui se retourne, se disloque et se renouvelle superbement, la vidéo qui introduit des contrepoints modernes. Les costumes sont d’aujourd’hui, mais ils participent à ce climat disparate où arrive sans cesse l’insolite. Manuel Le Lièvre porte le rôle principal du roi fou et repenti avec une force athlétique originale. Laurence Cordier, Adama Diop, William Edimo, Nicolas Bonnefoy, Pauline Collin sont les autres principaux interprètes d’un spectacle qui ne cesse de se réinventer pour mieux épouser l’écriture folle et moqueuse de ce Shakespeare-là. Gilles Costaz

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INTERNET Toute la culture - Audrey Chaix……………………………………………………………10 février 2014 Le bien public - Guillaume Malvoisin …………………………………………………12 décembre 2013 Le progrès - Christiane Barbault ………………………………………………………29 novembre 2013 Le Monde - Le blog du Wanderer ………………………………………………………23 novembre 2013 Le bien public - Guillaume Malvoisin …………………………………………………15 novembre 2013 Au Poulailler - Myrto Reiss ……………………………………………………………13 novembre 2013

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10 février 2014

Bel esprit de troupe pour le « Conte d’Hiver » au Théâtre du Nord Après le succès du Suicidé, présenté au Festival d’Avignon en 2011, en tournée depuis, Patrick Pineau revient sur scène - sous les traits de la troupe qu’il dirige, lui-même n’étant pas sur scène - pour livrer son interprétation du Conte d’Hiver de William Shakespeare. Une pièce écrite vers la fin de la vie du Barde, tellement hybride qu’elle est souvent qualifiée par les exégètes de tragi-comédie romantique, Le Conte d’Hiver est surtout une magnifique histoire, pleine d’intrigues princières, de rebondissements et de folklore, et dont Pineau s’empare à bras le corps pour en livrer une interprétation toute personnelle. Ce qui prime dans cette production du Conte d’Hiver, c’est l’esprit de troupe : chacun des comédiens est comme le rouage d’une plus vaste machinerie dédiée à la représentation théâtrale, et c’est avec enthousiasme et bagout qu’ils s’y prêtent chacun. Cela est d’autant plus palpable dans les scènes de pastorale sur l’île de Bohême, alors que le prince flirte avec la jolie bergère sous le regard désapprobateur de son père (ni l’un ni l’autre ne savent alors que la bergère est en fait une princesse, ce sont là les rouages de la comédie) : entre chants et danses, colporteur véreux et tonte des moutons, ils mènent une joyeuse sarabande qui contraste avec la première partie de la pièce. En effet, alors que l’amitié indéfectible de Léonte, roi de Sicile, pour Polixène, roi de Bohême, se change en jalousie consumante, qui le pousse à condamner sa femme enceinte à mort et à se brouiller à jamais avec celui qui était comme un frère pour lui, la mise en scène se veut sombre et menaçante. Vidéosurveillance dans le parc du château, geôle sombre pour la jeune reine, salle de tribunal si imposante qu’elle en dévient grotesque : tout est conçu dans la démesure, comme pour mieux signifier la folie grandissante du roi de Sicile, qui ne reviendra à la raison qu’au bout de seize ans, en découvrant que sa femme n’est pas morte et que sa fille abandonnée a su retrouver le chemin de la maison. Les deux rois, interprétés par le petit et blanc Manu Le Lièvre et le grand et noir Babacar M’Baye Fall, forment ainsi les deux côtés d’une pièce de monnaie symbolisant l’un le tragique, alors que Léonte succombe irrémédiablement à la jalousie, passion destructrice, et l’autre l’aspect comique de la pièce, puisque c’est en Bohême, terre de Polixène, que l’on chante et danse comme lors d’une Bacchanale. Les deux véritables héros de cette production, ce sont cependant Fabien Orcier, magistral en Autolycus, grotesque et cynique à la fois, prêt à tout pour une pièce d’or ou une arnaque, et Aline Le Berre, qui interpèrte une Pauline aux allures de Pythie alors qu’elle menace Léonte, cédant parfois à des ressorts comiques qui allègent les scènes parfois un peu grossièrement tragiques.

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10 février 2014

Bel esprit de troupe pour le « Conte d’Hiver » au Théâtre du Nord (suite) Pour conclure son propos, Patrick Pineau fait entrer sa production de plain pied dans le 21e siècle, avec une satire de la télé réalité et des couvertures de canards à sensation, rappelant ainsi le sort de certaines princesses des temps modernes sous l’oeil inquisiteur de la presse people (Diana, Grace, pour ne citer qu’elles). Il affirme également le caractère essentiellement cinématographique de sa mise en scène, avec des références amusantes aux Marx Brothers et une assimilation de la renaissante Hermione à la femme portant une torche qui symbolise les studios Columbia. Cela donne d’autant plus de profondeur à la profusion d’écrans présents sur le plateau lorsque la scène est en Sicile, et trahit la volonté de Pineau de faire des passerelles avec le septième art - qui lui-même a livré de belles adaptations du Conte d’Hiver. Une production qui vaut le coup d’être applaudie, et les trois heures qu’elle dure ne se font pas sentir. Un vrai plaisir de redécouvrir Shakespeare, dans une mise en scène qui s’approprie la pièce autant qu’elle respecte l’auteur. Audrey Chaix

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12 décembre 2013

Sous la couronne des rois Rencontre avec Adama Diop et Manuel Lelièvre, deux comédiens rois du plateau mais hommes ordinaires dans la troupe du Conte d’Hiver mis en scène par Patrick Pineau. Jouer un roi pour un comédien, est-ce un moyen de réaliser un rêve de gosse ? Manu Lelièvre : « C’est vrai que cela fait bizarre de jouer un roi à mon âge, mais cela n’a pas vraiment à voir avec un rêve de gosse. » Adama Diop : « Non, non. C’est un rêve d’adulte, même si on joue sérieusement comme des enfants. » M. L. : « Oui, c’est vraiment cela, un rêve d’adulte. Je suis devenu comédien par hasard. » Vos rôles sont des rois de pays imaginaires. Avez-vous été influencés par des rois existants? M. L. : « Je ne sais pas si on pense à un roi particulier. On part de soi-même. Au théâtre, c’est assez simple. Si on doit jouer un roi, on arrive sur le plateau et on est le roi. Patrick me disait : “tu es le roi, tu fais ce que tu veux, tu as le temps que tu veux.” C’est assez jouissif car on est toujours au travail, on peut varier notre jeu tous les soirs ! » Avez-vous travaillé vos rôles des deux rois ensemble ? A. D. : « Ce qui est beau chez Shakespeare, c’est qu’il arrive à faire le théâtre dans le théâtre. Il quitte la seule représentation du roi pour entrer dans son intimité quotidienne. Et on s’aperçoit que les deux ont des liens fraternels très puissants. Ce sont des amis d’enfance, ils s’appellent entre eux : “mon frère”. Ce qui est donc important pour moi, c’est le lien avec Manu et de voir comment on peut créer de la complicité avec lui. » Quelle est la réaction pour un comédien à la nouvelle de travailler un Shakespeare ? A. D. : « Quand on te dit : “Tu vas remplacer un comédien dans un Shakespeare monté par Patrick Pineau”, c’est excitant et ça fait aussi très peur. Mais il y a tout chez cet auteur, la poésie, le théâtre, l’amour, tout devient complexe et c’est l’enthousiasme qui l’emporte. Ce qui est très chouette aussi, c’est qu’on ne peut pas définir les deux rois comme les deux rôles principaux. Arriver dans ce spectacle, c’est arriver dans une troupe au travail. C’est ce qui rend heureux. » M. L. : « Oui, ça fout la trouille. C’est un passage obligé pour un comédien ce plaisir de jouer ces textes où tout est là ! » Se pose-t-on la question de savoir comment un type a-t-il pu écrire toutes ces pièces à lui seul ? M. L. : « Moi, non. Le texte est tout, le reste ne m’importe pas. » A. D. : « Ce qui est certain c’est que ses personnages ne sont pas lisses, ce qui n’est pas simple et terriblement agréable pour un acteur. L’œuvre est la plus importante. » M. L. : « Il faut juste pouvoir s’attaquer à la montagne, mais sans savoir comment faire. »

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12 décembre 2013

(suite) Adama, vous avez repris le rôle du roi de Bohême à Dijon, quel est votre regard sur la troupe du Conte d’Hiver ? A. D. : « Au risque de convoquer un cliché, c’est une grande famille. Quand tu remplaces un comédien pour un rôle dans cette pièce, il y a douze personnes qui t’accueillent et te disent : “Ne t’inquiète pas”. Il y a quelque chose de très simple dans cette troupe, c’est une belle bande, vraiment. » Vous êtes en tournée avec ce spectacle, la différence des salles qui vous accueillent jouet-elle sur la tonalité des représentations ? M. L. : « Oui bien sûr ! Nous sommes passés d’une salle de 1 200 places à Grenoble à 300 places ici, à Dijon. Ça change la pièce, le premier soir à Dijon, je me suis retrouvé à moins d’un mètre des spectateurs, c’était très étrange. Il ne faut surtout pas hurler et cela permet beaucoup de nuances, mon jeu s’est éclairci. C’est très agréable cette situation. » Pour finir, quel est votre “king” à vous ? A. D. : « Shakespeare, forcément, c’est un génie absolu. » M. L. : « Il n’y a qu’un king : Elvis ! » Propos recueillis par Guillaume Malvoisin

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29 novembre 2013

Patrick Pineau monte un Shakespeare hivernal Quatorze comédiens jouent la semaine prochaine « Le conte d’hiver », une des dernières pièces de Shakespeare, à Dijon. « Il y a tout chez cet homme-là, le style et la pensée, les tréteaux et la poésie savante, la grosse blague et la métaphysique. » On aura reconnu Shakespeare dans cette description de Patrick Pineau. Celui qui avait enthousiasmé le festival d’Avignon 2011 avec « Le suicidé », de Nicolaï Erdman et qui joue actuellement le rôle-titre de « Cyrano de Bergerac » sous la direction de Georges Lavaudant, a choisi l’une des pièces les plus étranges et les plus complexes de l’auteur élisabéthain, et l’une de ses dernières (vers 1610). Accusant Hermione d’infidélité, Léonte, roi de Sicile, la voue au cachot où elle met au monde une fille. Le mari devenu tyran fait abandonner le bébé « en un lieu lointain et désert ». La petite Perdita échouera finalement sur les rivages de Bohême où un berger et son fils la recueilleront. Après bien des rebondissements et un bond temporel de seize ans, l’amour triomphera de la mort, mais la jalousie délirante de Léonte l’aura conduit au crime et à l’infanticide. Ce « Conte d’hiver », qui passe de la tragédie à la comédie et du cauchemar à la féerie au fil de ses cinq actes, s’autorise les invraisemblances. Il fait de la Bohème une île et ressuscite Hermione. Pour expliquer le passage des années en plein cœur de l’intrigue, c’est le Temps lui-même qui s’incarne sur le plateau. Patrick Pineau dit avoir monté cette œuvre foisonnante pour le plaisir de faire jouer sa troupe et d’en mettre en valeur les énergies créatrices. La distribution compte quatorze comédiens. Le décor et la mise en scène accentuent le contraste entre la noirceur glaciale de la première partie et l’allégresse de la seconde. Christiane Barbault

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23 novembre 2013

Théâtre à la MC2 Grenoble : Le conte d’hiver Le Conte d’hiver n’est pas la comédie la plus limpide de Shakespeare. Et d’abord, est-ce une comédie ? À en lire les trois premiers actes, on peut en douter : le roi de Sicile Léonte fou de jalousie accuse sa femme de convoler avec son meilleur ami, le Roi de Bohème Polixène. Il ordonne à son fidèle Camillo de l’empoisonner mais ce dernier s’y refuse, confie à Polixène la situation, qui l’invite à le suivre en Bohème. Camillo fuit et Leonte perd donc à la fois son plus fidèle serviteur et son plus cher ami. Ensuite, il renie sa fille qui vient de naître, doutant de sa paternité, et ordonne à l’un de ses affidés de la conduire dans un pays lointain puis de l’abandonner aux fauves ou aux ours, il perd son fils désespéré de voir sa mère rejetée et insultée, il perd sa femme qui meurt de chagrin, non sans avoir été réhabilitée par l’oracle de Delphes. En bref, une sorte d’Othello en proie à une folie passionnelle, complètement isolé au milieu d’une cour qui n’épouse en rien sa folie : dans cette pièce, il n’y a pas un personnage qui ne soit vertueux et les courtisans sont honnêtes, et loyaux. Au milieu de tant de vertu, Léonte est un fou furieux, qui finit par comprendre son erreur et va passer le reste de son âge dans le repentir, aussi excessif et douloureux que ne l’était sa jalousie précédente. Les quatrième et cinquième actes renversent la situation, renversent le temps, renversent la focale. On était en Sicile, on est en Bohème seize ans après, Léonte était au centre, et cette fois au centre de l’action sont Polixène, l’ami perdu, son fils Florizel éperdument amoureux de la sublime Perdita, fille de bergers, le fidèle Camillo, aux expédients toujours efficaces, dans un univers pastoral, coloré, joyeux, traversé d’un personnage qui dans la commedia dell’arte pourrait être une sorte d’Arlequin, un larron sympathique à la fonction dramaturgique mal identifiable, mais qui envahit la scène et l’intrigue sans réussir à la dévier. Perdita, au nom prédestiné, n’est pas fille de bergers, mais une enfant abandonnée et trouvée par les bergers qui l’éduquent, elle est d’une beauté unique et d’une noblesse inouïe pour une fille de bergère : c’est bien la fille rejetée par Léonte. Comme dans le monde du conte, les princes aiment les princesses, Florizel a bien reconnu en Perdita, sans le savoir, son égale. Malgré l’opposition initiale de Polixène et grâce aux artifices de Camillo, désireux de revenir en Sicile, les deux enfants se retrouveront, Léonte retrouve sa fille, et même sa femme, qui a vécu cachée jusqu’à ce qu’éclate la vérité. Tout est bien qui finit bien. Le spectacle de Patrick Pineau rend bien l’opposition entre les deux parties, la première, plus (très) (trop ?) tendue, plus (très) (trop ?) dramatique, et la seconde, plus fantaisiste (les Italiens diraient fantasiosa), laissant plus de part au rêve, et présentant des personnages ou naïfs, ou gentiment larrons, dans un monde d’où la vraie méchanceté ou la folie sont absentes. Un monde de la comédie, avec ses figures obligées où les pères s’opposent à l’amour des enfants (Polixène face à Florizel), avec les inévitables figures secondaires et pleines de ressources pour aider les amants (Camillo) : un schéma somme toute moliéresque, et digne de la comédie moyenne inventée par Térence : un théâtre plus formel et superficiel qui s’oppose à la lourdeur du drame précédent. L’opposition des deux décors, efficacement structurés en éléments qui tournent sur eux-mêmes, bi-face pour deux mondes opposés, avec d’un côté un usage (raisonnable) de la vidéo (Sicile), de l’autre un monde plus théâtral, une Bohème qui serait une sorte d’Arcadie circassienne, ou d’Arcadie de Cabaret, une Bohème… entourée d’eau dans le monde des contes fantastiques de Shakespeare. On passe du monde des cauchemars à celui des songes, avec ses personnages multiples et quelquefois inexplicables, des sentiments simples et positifs, un monde où la malhonnêteté n’est que roublardise, d’un monde

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23 novembre 2013

(suite) obscur où le noir domine à un monde plus coloré. Quelques trouvailles intéressantes : l’usage de la vidéo, dans la première partie, comme monde mental de Léonte, qui voit le monde à travers le prisme de caméras de surveillance, et qui vit dans l’ère du soupçon, belle métaphore de l’univers de la jalousie. À l’opposé, des visions de poissons, images d’un monde au contraire serein et apaisant, sinon apaisé. Vidéo aussi pour Mamillius, le fils de Léonte, qu’on ne voit jamais qu’à l’écran, image d’éloignement, de distance, de frontière réel/virtuel qui se confirmera par sa mort prématurée (qui résout au passage la question de l’enfant-acteur…). Autre trouvaille, l’opposition Leonte-Polixène, l’un petit et blanc, l’autre noir ébène, au corps sculptural, qui s’opposent en lever de rideau dans des jeux de lutte qui anticipent le drame. Dans la seconde partie, séparée de la première par un nécessaire entracte à la fonction dramaturgique de coupure temporelle (le temps lui même ouvre la seconde partie soulignant les 16 ans qui séparent les deux moments) et stylistique, beaucoup plus de mouvement, beaucoup plus de familiarité, beaucoup plus de personnages accessibles et simples (les bergers père et fils) un monde sans distinction de races, de classe puisqu’au bout du compte (et du conte) tout le monde devient gentilhomme, un monde plus échevelé et plus léger, monde du cirque, comme évoqué plus haut, avec une scène de théâtre bienvenue, un monde du voyage des comédiens, à mi chemin entre Marx Brothers et Pieds nickelés, monde de masques, des masques d’animaux qui soulignent la profonde unité du monde faite d’une humanité qui épouse le monde animal ou l’animalité (un peu comme chez Walt Disney, ou dans les contes de Perrault, ou chez La Fontaine). Tout se termine avec un retour de la vidéo (nous sommes dans le décor du premier acte) qui raconte la succession de coups de théâtres (reconnaissances, mariage des enfants royaux, réconciliation de Polixène et Léonte) comme autant de titres de magazines people, de reportages TV à sensation, comme autant de concessions à la folie médiatique, qui prend la suite de la folie pastorale et du monde de cabaret qui a dominé cette seconde partie, et qui renvoie notre monde à cette irréalité-là (ce qu’on peut d’ailleurs discuter : c’est sans doute un peu facile) tandis que l’apparition finale d’Hermione, en Madone baroque entourée d’une aura d’étoiles, fait traverser la frontière de la vie et de la mort, de l’art et du monde, du réel et du représenté, en une farandole désordonnée à laquelle nous renvoie bien souvent Shakespeare, notamment dans cette œuvre où tout et le contraire de tout se retrouvent sur le plateau. Au service de cette lecture au total classique et respectueuse du texte et de ses multiples facettes et déclinaisons, une troupe très homogène, une « troupe » au sens traditionnel du terme, visiblement heureuse de jouer ensemble, très fraîche, très vive, à la diction cependant quelquefois défaillante, où chacun joue plusieurs rôles, d’où émergent des comédiens efficaces comme le Léonte de Manuel Le Lièvre, et le Polixène de Babacar M’Baye Fall, Aline Le Berre en Paulina (qui joue aussi le Temps) et surtout l’excellent Autolycus de Fabien Orcier, une authentique figure de théâtre, qui traverse avec bonheur toute la seconde partie. Une production dans la tradition du théâtre de voyage et de tréteaux (ce spectacle né à Sénart fera une longue tournée dans toute la France), le théâtre des comédiens d’Hamlet, un théâtre, d’une certaine manière, de retour aux sources, immédiat et roboratif, sans prise de tête, mais avec la prise du cœur. Le blog du Wanderer

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15 novembre 2013

Aimons-nous vivants ! Le Théâtre Dijon Bourgogne et l’ABC s’associent dans l’écrin du Parvis Saint-Jean pour recevoir cette pièce événement : représentations royales en perspectives. « Un jour, après une répétition du Suicidé, j’étais assis dans la salle et je me suis dit, en voyant tous ces comédiens sur le plateau “C’est beau, une troupe, c’est quand même beau…” Il y avait, bien sûr quelque chose d’un peu sentimental dans cette impression. Mais j’avais là, sous les yeux, cette superbe bande d’acteurs et d’actrices, et je ne sais pas pourquoi mais, ce soir-là, j’ai été touché par la communauté qu’ils formaient. Et comme si cela allait de soi, comme si c’était là la suite logique de cette émotion-là, j’ai ensuite pensé : “Il faudrait que l’on fasse un Shakespeare, ensemble…”. » Fou furieux d’amour pour sa petite bande, le metteur en scène Patrick Pineau rêve en grand et c’est chez le Grand Will qu’il va user l’étoffe de ses songes de théâtre. Ce texte de Shakespeare qui prolongera le travail passionnant sur le Suicidé de Nicolas Erdman, c’est le Conte d’hiver. « Il y a tout chez cet homme-là : le style et la pensée, les tréteaux et la poésie savante, la grosse blague et la métaphysique… Quand on fait du théâtre, on passe un peu de son temps à se mesurer à lui, de près ou de loin. On l’a toujours dans un coin de sa tête. » Et dans la tête de Patrick Pineau, il y a les volutes, les méandres et les détours tracés par Shakespeare dans la partition de son Conte d’hiver ; il y a aussi le plaisir de l’héritage forain du théâtre élisabéthain, son action en direct du plateau touchant sans précaution le spectateur au cœur. Se mesurer à Shakespeare, Pineau y consent avec ce spectacle, tissant son travail dans les replis du scénario (lire l’encadré) complexe mais pas compliqué, florissant parce que populaire. Résoudre les challenges posés par la mise en scène du Conte d’hiver, Patrick Pineau l’a fait avec un plaisir inouï, rapiéçant le temps qui s’écoule comme bon lui semble, mettant une foule de lieux à un même endroit, la scène, tenant à bout de bras les solutions à la multitude de « petits problèmes poétiques. » Ce que le metteur en scène assume également dans sa version de ce texte, c’est la quête de la part d’animalité contenue dans chaque personnage né de l’imagination de Shakespeare. Ici poussent des cornes, là des oreilles longues, là on se sent devenir un démon ou une bête. Et ce bestiaire tend un miroir paradoxal mais enthousiasmant au spectateur, resté très humain, lui. Et la normalité de chacun d’être mis à l’épreuve. C’est ce qui est réjouissant au théâtre, et très vrai pour cette vision du Conte d’hiver, fédératrice, une vision pensée pour une assemblée d’hommes faisant la fête au théâtre. Le Conte d’hiver au théâtre du Parvis Saint-Jean à Dijon du mardi 3 au samedi 14 décembre à 20 heures (les samedis à 17 heures). Relâches les 8 et 9. Une représentation du Conte d’hiver sera accessible à tous, une audio-description du spectacle étant prévue le jeudi 12 décembre. Guillaume Malvoisin

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13 novembre 2013

Le conte d’hiver Texte de William Shakespeare, mise en scène de Patrick Pineau Scène Nationale de Sénart, du 5 au 9 novembre 2013, puis en tournée Rares sont les mises en scène de cette « tragi-comédie romanesque », pièce hybride, une des dernières de Shakespeare, construite en deux parties bien distinctes, l’une tragique, où Léonte, roi de Sicile, en autre Othello, devient fou de jalousie et sème la mort autour de lui, et l’autre comique, centrée sur les amours contrariées de Perdita et de Florizel dans le cadre bucolique du royaume de Bohème. La superbe scénographie que le jeune Stéphane Braunschweig avait imaginée pour son Conte d’hiver en 1993 a marqué l’histoire des mises en scène françaises de l’oeuvre. Le conte démarrait sur un rideau en velours rouge qui couvrait la scène entièrement, puis le drame hivernal s’inscrivait sur le plateau tout blanc et en franche pente, pour donner par la suite place à la pastorale avec comme toile de fond une tapisserie médiévale aux motifs enchantés. Éclats de couleurs matérialisant la dialectique entre art et nature, éclat de la limpidité de l’approche dramaturgique. Aujourd’hui, Patrick Pineau, comédien avant tout, dit avoir ressenti le désir de mettre en scène un Shakespeare un soir de répétition du Suicidé en regardant sa troupe d’acteurs. Touché par la communauté qu’ils formaient, il a fait le pari qu’ensemble ils pouvaient trouver l’énergie créatrice et faire théâtre des « colles », comme lui-même les nomme, que Le conte d’hiver pose. L’homogénéité de cette bande de quatorze comédiens est certaine. Mais celle de la lecture de l’oeuvre l’est un peu moins… Placée sous le signe de la froideur de l’hiver et de la mort, la première partie évolue dans un décor très sombre, où l’espace est découpé par des structures métalliques, tantôt panneaux coulissants, tantôt échafaudages. Manuel Le Lièvre, petit et blanc, et Babacar M’Baye Fall, grand et noir, sont les deux rois que la jalousie furieuse du premier finit par diviser. Opposés par la couleur, les deux hommes sont unis par le ton, axé sur les gammes du tragique et de la tension émotionnelle. Vice sans doute d’un spectacle pas encore rôdé, cette première partie est alourdie par une sur-signification de la gravité, où les comédiens approchent le texte avec une force qui dit le drame, plus qu’elle ne le joue. Dans la seconde partie, Patrick Pineau et sa troupe optent pour un univers nettement différent : scènes masquées, moments de cabaret, c’est un véritable théâtre dans le théâtre qui est mis au service de l’univers allègre censé correspondre à une comédie. Même si, au fond, l’aspect divertissant prend le pas sur la profondeur même du texte, les comédiens s’en donnent à coeur joie, déploient une énergie vivifiante et créent un ensemble frais et léger. Cependant, de cette profusion d’idées et de propositions, issues certainement d’un réel travail d’équipe, n’émerge pas un fil rouge, une lecture d’ensemble qui lui aurait donné un vrai sens. Cette sensation de fourre-tout s’attise lors du final, où la projection d’un reportage télé et d’une série de couvertures de magazines people célèbrent la résurrection de la reine : on imagine parfaitement les comédiens s’amuser en écrivant les titres, en faisant les photos, ou en improvisant l’interview, mais on ne perçoit pas bien où tout cela veut nous amener, et surtout ce que cela nous dit… Myrto Reiss

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