16 Pages - Emmanuelle Schillinger

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Le portfolio d’ Emmanuelle Schillinger

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MODE

Alizé Rémi habillée par Bérénice

PH2-3 - EFET2014 - PHOTOGRAPHE EMMANUELLE SCHILLINGER


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PORTRAIT MODE 4 10 12

Cyclope ¿ Qué tal ? Desigual

REPORTAGE RER Drancy La trace de l’homme

COMPOSITE

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Je suis bachelière, étudiante en master d’anglais, titulaire du BAFA et du permis de conduire B, modèle pour mon amie photographe … Mais, de tous mes titres, ceux que je préfère sont mes titres de transport et je le montre ! Du Panthéon aux Champs Elysées, du Champs de Mars au Mont Parnasse, je circule. Dans cet univers souterrain, je peux atteindre l’Etoile à la vitesse de l’éclair, à rendre jaloux Chronos. Sous les voutes lactées, point besoin d’un fil d’Ariane : dans tous les dédales, il suffit de suivre les panneaux et Icare n’aurait pas à y craindre le soleil pour quelque tentative d’évasion. Avec Ulysse, Icare, Titan, Hermès et tous les autres, je m’affranchis des banlieues de A à Z. Les RER A, B, C, D modernisent les bottes de 7 lieues : il suffit de réciter l’alphabet. J’aimais l’idée « transports en commun ». Quel programme ! Quelles promesses de partages, de découvertes, de plaisirs et de volupté ! Ces armées d’humains filant vers leurs activités diverses, se regroupant, se divisant, se regroupant à nouveau, marchant d’un même pas affirmé au rythme des pulsations du temps qui passe et des portes qui s’ouvrent et se ferment … j’aimais être des leurs. Minuscule particule de ce flot incessant, je participais au grand mouvement d’un corps en action dont les humeurs circulent dans les boyaux. J’étais ainsi l’élément actif d’une société en marche, du progrès qui abolit les distances et élargit l’horizon.

CYCLOPE Malheureusement, je suis vite descendue de l’Olympe après quelques mois : des dizaines de pannes, des accidents de personnes, des retards, des compressions multitudes et variées sur des quais, dans des wagons, des annulations de trafic, des grèves … mon enthousiasme s’est d’abord mué en découragement. Arriver à l’heure ? un privilège ! Voyager assise, un exploit. Mais le pire reste l’agression faite aux sens qui restent interdits de tant de désagréments. Les odeurs rebutantes des corps fatigués en fin de journée, guère plus désagréables que le mélange des parfums aux notes discordantes du matin. La moiteur visqueuse des barres de maintien, le contact inopiné des peaux et des chairs dans l’affluence. Le goût ferreux, semblable à celui du sang, du souffle métallique des moteurs huilés. Et le bruit ! Tout ce bruit : des stridences, des grincements, des claquements, des murmures, des rumeurs, des grondements … Quant au spectacle, je ne veux plus en faire partie : un seul œil me suffit pour digérer tout ce gris.

Alors, j’ai mis mon corps en armure. Comme une Athéna casquée qui descendrait aux enfers, je me lève dès l’aube pour préparer ma tenue de combat. Je me vêts et me chausse en respectant trois objectifs : 1) aucune entrave à mes mouvements 2) résistance à toute épreuve de ma tenue qui doit supporter de nombreux lavages 3) susciter le moins possible la convoitise de certains hommes, minoritaires mais non moins actifs qui profitent de la promiscuité sans vergogne. Ainsi « apprêtée », je me lance dans les bouches de métro, je me rue dans les RER. Je cours, je saute, je joue des coudes, le tout en quasi apnée. De mon unique œil, je jauge les situations, recalcule mon parcours, toujours sur le qui-vive, prête à dégainer mon plan B au moindre incident. Chaque jour, je mène deux combats au minimum : le premier pour arriver à l’heure à mes cours, le dernier pour retrouver mon lit. Quiconque n’a eu à subir ces trois heures de transport quotidien ne peut comprendre. Pour voyager écologique de façon à limiter l’émission de gaz à effet, de serre, c’est mon corps et mes nerfs qui se dégradent et se polluent, comme ceux de millions de voyageurs. Je suis donc devenue une guerrière des rames, des lignes et des trams. Mes attributs sont la patience et la détermination. De tous mes titres, ceux que je préfère sont mes titres de transport et je le montre !

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PORTRAIT

Modèle : Marion Guitton

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REPORTAGE

RER B DRANCY

La ligne B du RER d’Île-de-France, plus souvent nommée RER B, est une ligne du réseau express régional d’Îlede-France qui traverse l’agglomération parisienne selon un axe nord-est / sud-ouest, avec deux embranchements. Elle relie Aéroport Charles-de-Gaulle 2 TGV et MitryClaye au nord-est à Robinson et à Saint-Rémy-lèsChevreuse au sud, en passant par le cœur de Paris. Créée en 1977, la ligne transporte 900 000 voyageurs par jour en 2009, chiffre en progression de 35% en dix ans, ce qui en fait la ligne la plus fréquentée après la ligne A1. Elle est constituée au sud par l’ancienne ligne de Sceaux qui se terminait dans Paris à la station Luxembourg. Les travaux réalisés ont permis de relier cet ancien terminus aux voies de la gare du Nord via Saint-Michel - NotreDame et Châtelet - Les Halles et de l’interconnecter avec la ligne Paris – Mitry - Claye du réseau Nord. Cette ligne permet d’accéder à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Les retards du RER empoisonnent la vie des Franciliens. Selon les chiffres de la RATP (UNSA), les principales lignes franciliennes affichent une ponctualité toute relative. Entre 2008 et 2013, alors que l’objectif de régularité est fixé à 96%, les RER A et B n’ont atteint que 83% et 89%, chiffres calculés en fonction du nombre de trains, pas des passagers. En moyenne, les trains qui circulent aux heures de pointe (environ 1800 personnes) affichent un retard plus important que durant le week-end ou aux heures creuses (500 passagers).


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REPORTAGE

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LA TRACE DE L’ H O M M E

J

e me suis promenée dans une friche, un petit bois dans ma ville. La nature essaie désespérément d’y reprendre ses droits, mais les hommes, bien qu’ absents aujourd’hui y laissent tant leurs traces qu’à chaque instant, chaque pas, un élément exogène me ramène à la ville. A la surprise de rencontrer des objets insolites, succède le sentiment d’assister à l’agonie du bois. Mes photos ne jugent pas, elles témoignent. La présentation en dyptique souligne l’omniprésence de la pollution et permet aux images de se répondre par le jeu des couleurs. J’ai voulu qu’une mélancolie émerge de ce travail. 9


¿ QUE TAL ?

Qu’en dites-vous ? Ma fille est photographe et voilà ce cliché pris au vol, dans ma salle de bain. J’y parais si âgée ! Les poches sous les yeux, les ombres agressives, les plis de la peau ! « Si tu t’imagines, fillette, fillette… »Mon miroir à moi, c’est l’objectif de ma fille. La vieille femme du tableau de Goya a beau porter une belle robe de dentelle de jeune fille, j’ai beau me mettre de la crème, les stigmates de l’âge sont là. Devant son miroir, l’image peut être rapidement rectifiée … Il nous faut donc un peintre ou un photographe pour mesurer les dégâts. Je n’ai jamais aimé les photos de moi à cause du décalage entre l’idée que j’ai de ma personne et ce que révèle le cliché. Avec le temps, j’ai appris que cette même photo, prise il y a 20 ans, que je détestais au point de vouloir la déchirer, je la regarde aujourd’hui avec indulgence, voire une certaine tendresse. C’est normal puisque le sujet a évolué et que le temps a fait de moi une autre personne. Cette fille de 20 ans, de 30 ans, etc., ce n’est plus moi et je peux donc la considérer sereinement. J’ai donc compris que la photo de ma fille, je l’aimerai dans … quelques années, quand j’aurais plus de recul, quand cette femme proche de la soixantaine me semblera assez jeune, finalement...


PORTRAIT

Le terme lifting désigne toutes les opérations destinées à corriger l’affaissement de la peau. Le visage au cours de l’âge va devenir plus allongé avec un affaissement des pommettes et la création d’un creux au milieu de la joue. La perte de l’ovale du visage, l’apparition de bajoues, l’approfondissement des sillons d’expression nasogéniens vont se manifester. Il n’y a pas de lifting doux, de lifting dur, le tout est d’adapter la région à retendre en fonction des objectifs de que l’on a déterminé préalablement avec le patient. On pourra ainsi associer de manière plus ou moins la complète lifting de la région temporale tirant sur le coin de l’oeil et la pommette, lifting cervico-facial traitant les bajoues et le cou. Il s’agit d’une opération de rajeunissement pour laquelle il n’y a pas d’âge déterminé puisque l’on ne vieillit pas tous de la même manière, mais il est rare de l’envisager avant l’âge de 40 ans. Ceci est à différencier des liftings de transformation morphologique (mask-lift) qui modifient l’axe des yeux et la forme des pommettes. Le lifting frontal rehausse la peau et les muscles du front. Les liftings peuvent être associés à des gestes de liposuccion au niveau de la région du cou lorsqu’il y a un excès graisseux ou à l’inverse à des comblements graisseux au niveau des sillons nasogéniens des joues et des paupières inférieures pour redonner du volume alors qu’avec l’âge la peau au niveau de son épiderme et de son derme et de ses muscles s’est amincie. Plusieurs facteurs vont intervenir : l’état de la peau, le type du visage, les objectifs, la remise en tension de la peau selon certaines orientations permettront devant une glace de simuler les résultats escomptés. Ils montreront bien qu’ils n’entraînent aucune modification sur la partie médiane du visage en particulier sur la lèvre supérieure et la partie médiane du front. L’intervention a lieu soit sous anesthésie locale avec sédat ion profonde donnant une relaxation profonde, soit sous anesthésie générale en présence d’un médecin anesthésiste. L’incision commence dans la tempe sous la patte des cheveux puis chemine devant l’oreille, puis dans l’oreille, puis devant le lobe de l’oreille, puis derrière l’oreille pour se terminer dans la nuque. Les plans qui vont être retendus ne sont pas uniquement cutanés mais également les plans profonds musculaires et graisseux. L’intervention dure 2 à 3 heures. Les incisions sont placées de telle sorte qu’elles soient les plus discrètes possibles et que l’implantation des cheveux ne soit pas modifiée en particulier la patte.

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Alizé Rémi habillée par Desigual

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COMPOSITE


Le plus beau cadeau que j’ai reçu : un appareil photo pour mes 14 ans. Je n’ai jamais été très bavarde, c’est un euphémisme. Mes premières photos ont été mes premiers discours. Puis il a fallu choisir une école après le bac, j’ai pensé un moment m’orienter vers le cinéma. J’ai visité des écoles. Puis, aux portes ouvertes de l’EFET, plus aucun doute : je ferais de la photo. Je me suis beaucoup interrogée sur ce choix. Baudelaire dans son poéme « La beauté » m’a peut-être apporté une partie de réponse : « Je hais le mouvement qui déplace les lignes, Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris. » Paradoxalement, j’aime beaucoup photographier les danseuses et les sportifs en figeant le mouvement qui magnifie leurs corps. Traquer le moment précis, exact où la perfection des lignes laisse imaginer les années de travail qui ont permis cette seconde m’enthousiasme. Je comprends l’ancien terme « chasseur d’images ». Pour l’instant, je ne fais pas de safaris, je ne pars pas à l‘étranger, dans de fabuleuses contrées. Je m’amuse en choisissant mes sujets dans des domaines courants, des lieux communs, des rues que chacun peut côtoyer. J’aime proposer un autre regard : la poésie et la beauté sont partout, même dans les décharges. Une autre raison est à l’origine de ce choix professionnel : la solitude, pas toujours, pas tout le temps, mais la solitude qui permet l’introspection, la lenteur, le respect de son rythme interne. Les modèles que je sollicite deviennent, le temps d’une séance en studio, un autre moi. Rapidement, les relations établies permettent une osmose que j’aime. Deux ans à l’EFET m’ont permis d’entrevoir toutes les techniques d’expression possible, de me donner des cadres pour canaliser mon désir et allier technicité et expression. Je ne sais pas encore dans quel domaine j’aimerais exercer car je ne me connais pas encore. Le « tout est possible » me plaît et choisir aujourd’hui serait peut-être fermer les portes de demain, tant je sens que tout peut être passionnant. Le cocktail – une part de chance – une part de hasard – une part de moi m’enivre.

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