Jorge Forbes Inconscient et Responsabilité Psychanalyse du XXIe siècle
Profil Jorge Forbes est psychanalyste et médecin psychiatre, à São Paulo – Brésil. Docteur en sciences par la Faculté de Médecine (Neurologie) de l´Université de São Paulo. Docteur en éorie psychanalytique de l´Université Fédérale de Rio de Janeiro, DEA de psychanalyse de l´Université de Paris VIII. Analyste membre d´École (AME) de l´Ecole Brésilienne de Psychanalyse et de l´École Européenne de Psychanalyse. Il est membre de l´Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Il est l´un des principaux introducteurs au Brésil de l´enseignement de Jacques Lacan, dont il a fréquenté les Séminaires de 1976 à 1981. Il a eu une participation fondamentale dans la fondation de l´ Ecole Brésilienne de Psychanalyse dont il a été le premier directeur général. Il préside l´ Institut de la Psychanalyse Lacanienne - IPLA et le Projet Analyse (www.projetoanalise.com.br). Il dirige la Clinique de psychanalyse du Centre du Génome humain à l´Université de São Paulo.
Il a publié de nombreux articles au Brésil et à l´étranger – en France particulièrement -, et est l´auteur, en autres, du livre récemment paru aux éditions Manole, Inconscient et Responsabilité – Psychanalyse pour le XXIe siècle, dans lequel il étudie les changements nécessaires à une psychanalyse pour les temps postmodernes, au-delà de l´Œdipe. Il est également l´auteur de Você quer o que deseja? [Voulez-vous ce que vous désirez?] et Da palavra ao gesto do analista [De la parole au geste de l´analyste], et co-auteur de A Invençaõ do futuro [L´invention du futur], dans lequel il examine les solutions possibles à une vie dans une époque de chute des idéaux. Collaborateur régulier de la presse nationale, il est également curateur et conférencier du programme Café Philosophique de la CPFL- TV Cultura, (vidéos en ligne: http://migre.me/diXB). En raison de ses travaux sur les nouvelles façons de vivre dans la postmodernité, il est aussi fréquemment appelé à intervenir comme consultant dans divers organismes (hôpitaux, écoles) et entreprises.
Préface J´ai écrit ce livre pour raconter comment je pense la psychanalyse pour le XXIe siècle. La plupart des gens imaginent encore que la psychanalyse sert à mieux se connaître. - “D´abord je me connais, et, ensuite, assuré dans la garantie de cette connaissance, j´agis”. Hé bien, il me semble qu´aujourd´hui, dans la postmodernité, cette forme de compréhension n´est plus soutenable. Nous osons dire qu´au XXIe siècle, on ne fait plus une analyse pour «mieux se connaître»; non, au contraire, une analyse vous amène à supporter l´impossible de connaître et de donner un sens à ce qui est le plus fondamental d´une vie. Il nous faudra abandonner l´idée que notre action puisse se fonder sur une raison garante. La vie est un risque pour celui qui ne veut pas être un générique, plastifié, quelconque. C´est de cela qu´il s´agit dans «la seconde clinique de Lacan» que j´expose en détails dans ce livre. Si la «première clinique» du signifiant, du sens symbolique, pouvait répondre au monde moderne, vertical, positiviste, il nous faut aujourd´hui une autre clinique, clinique du réel, au-delà du sens du complexe d´Oedipe freudien, une clinique compatible avec les nouveaux symptômes de la contemporanéité, avec un monde de réseaux, un monde horizontal. Le titre Inconscient et Responsabilité accole deux mots qui ne se fréquentent habituellement pas, à tel point qu´il n´est pas rare d´entendre quelqu´un à qui l´on demande des comptes de son attitude, se défendre en invoquant son inconscient: « Ah, ça doit être inconscient!», comme si l´inconscient ne relevait pas de sa responsabilité. Et pourtant si, nous sommes bien responsables face au hasard et à la surprise. Je dis bien «responsables» et pas « coupables ». A l´un et à l´autre, au hasard et à la surprise, nous devons inventer une réponse singulière. C´est pourquoi, dans la psychanalyse d´aujourd´hui, est fondamental le travail de l´angoisse, qui d´inhibitrice paralysante, devient ressort de l´invention responsable.
Qui peut s´intéresser à ce livre? L´homme et à la femme déboussolés d´aujourd´hui. Tous ceux qui sentent dans leur chair que dans le monde d´aujourd´hui rien n´est plus comme ça a été un jour. On ne naît plus, on ne s´éduque plus, on n´aime plus, on ne se marie plus, on ne constitue plus une famille, on ne travaille plus et on ne meurt plus comme autrefois. Mon collègue psychanalyste peut également trouver ici matière à réflexion. L´étudiant en médecine, le psychologue et tous ceux qui appartiennent aux domaines de la santé peuvent trouver dans cet ouvrage une voie de formation. Le juriste, le philosophe, le sociologue, l´anthropologue peuvent y trouver de quoi établir des ponts, dans la mesure où, à chacun, importe le thème d´une nouvelle responsabilité subjective. Le journaliste, l´éducateur, le chef d´entreprise peuvent ici trouver des insights de compréhension du nouveau lien social que nous sommes en train de vivre. Enfin, c´est à celui qui désire trouver des solutions, non pas dans des formules standard de « qualité de vie », mais au contraire dans la responsabilité d´une « vie de qualité », que je pensais en écrivant ce livre. Ce livre est le la reprise de ma thèse de doctorat psychanalyse, soutenue à l´Université Fédérale de Rio de Janeiro. Je voudrais ici laisser mes remerciements à ma directrice de recherches, Mme. Tania Coelho dos Santos. Aux membres du jury: Ana Maria Rudge, Claudia Rosa Riolfi, Joel Birman, Marcia Mello de Lima et Maria Cristina da Cunha Antunes. A Mme Elza Mendonça de Macedo, pour la lecture des épreuves et pour les recherches bibliographiques, et à Fabiana Pinheiro Mendes, pour son appui technique universitaire. Cher lecteur, tu pourras lire ce livre à ton gré. D´un trait, ou par sauts, motivé par ta curiosité, t´aidant de l´index des chapitres, ou bien de celui des auteurs cités ou des notions. A toi de choisir. La seule certitude que j´ai, c´est que c´est seulement ainsi, par ta lecture, que ce livre existera. Sois le bienvenu!
Inconscient et responsabilité Psychanalyse du XXIe siècle SOMMAIRE PRÉFACE INTRODUCTION Provocations psychanalytiques 1 – LE PRICINPE RESPONSABILITE ET L´INSCONSCIENT 1.1 Freud responsabilise ou pas? 1.2 Lacan, du hasard et de la mémoire à la répétition 2 – LA PSYCHANALYSE DE L´HOMME DÉBOUSSOLÉ 2.1 Tipping points 2.2 L´être humain dénaturalisé 2.3 Lacan lit Freud: une inflexion décisive 2.4 Le présupposé du complexe d´Oedipe 2.5 Les trois choix Oedipiens: névrose, perversion ou psychose 2.6 De l´universalité du père oedipien à la singularité de la père-version du symptôme 3 – LA PSYCHOPATHOLOGIE ET LA FIN DE L´ANALYSE
3.1 Comment nous comprenons la psychopathologie 3.2 La psychopathologie dans l´histoire de la psychanalyse 3.3 Première approche 3.4 Contrepoint 3.5 Retour sur la première approche: une clinique contre-transférentielle 3.6 Autre approche: la première clinique lacanienne 3.7 Conséquences cliniques 3.8 La seconde clinique lacanienne 3.9 Quelques conséquences 3.10 Fin d´analyse 4 – LE BONHEUR N´EST PAS UN BIEN QUI SE MERITE 5 – LA PSYCHANALYSE DANS SA CLINIQUE 6 – LA PSYCHANALYSE AU-DELA DE SA CLINIQUE 6.1 La médecine
6.2 Le droit: famille et responsabilité 6.3 L´école autoritaire, égalitaire, et l´école du futur 6.4 L´entreprise 6.5 La société 7 – RESPONSABILITE: ETRE DESABONNE DE L´INCONSCIENT 7.1 La responsabilité psychanalytique inscrite dans le monde 7.2 La responsabilité de la lettre 7.3 Désabonné de l´inconscient CONCLUSION Conséquences Considérations finales Conclusion REFERENCES INDEX DES AUTEURS CITÉS INDEX DES NOTIONS
Extraits Extrait 1 (p. XXXIV –XXXV) [...] Autrefois une personne allait voir un analyste avec une idée claire de ce qu´elle voulait obtenir, rapportant ses difficultés à y parvenir. Aujourd´hui une personne va voir un analyste pour ne savoir que faire face à la multiplicité des choix possibles.... L´être parlant n´est jamais cause de lui-même. Les progrès de la civilisation dans laquelle nous vivons nous exigent d´abdiquer de notre division subjective, effaçant le caractère traumatique et excentrique de toute origine. La réduction des liens sociaux à la relation horizontale entre pairs culmine dans l´émergence de l´homme déboussolé, qui n´a rien de quoi être fier ni avoir honte. Il ne lui reste plus qu´à s´orienter par son symptôme, dépourvu de sens, indéchiffrable et privé d´inconscient. En d´autres termes, l´inconscient apparaît comme un chiffre qui se répète toujours identique, comme un réel rebelle aux effets de vérité que l´interprétation sous transfert croyait pouvoir produire. La psychanalyse peut survivre à cet homme déboussolé, dont le symptôme ne se laisse plus appréhender dans l´illusion d´une adresse au sujet supposé savoir et se présente hors du transfert, au lieu du réel. En effet, le transfert que Lacan a formalisé comme supposition de savoir faite à l´Autre, à Dieu, au père, à l´analyste dépendait de la fonction du Nom-du-père. Mais quand le sujet ne croit plus au Nom-du-père, quand il se croit inséré dans des réseaux symétriques et horizontaux, est-il encore possible d´installer l´expérience analytique? Nous pensons que oui. Si au XXe siècle on disait que la psychanalyse était le traitement du passé, aujourd´hui on doit dire qu´elle est
le traitement du futur. Autrefois une personne allait voir un analyste avec une idée claire de ce qu´elle voulait obtenir, rapportant ses difficultés à y parvenir. Aujourd´hui une personne va voir un analyste pour ne savoir que faire face à la multiplicité des choix possibles. On se trompe si l´on pense qu´une personne doit faire une analyse pour mieux se connaître. Cela était vrai dans la société passée. Penser qu´il existe un savoir inconscient qui un jour surgira alimente l´irresponsabilité, telle qu´elle s´exprime dans une déclaration comme: «je ne me rappelle pas, je n´ai pas voulu faire ça. Ça ne peut qu´être mon inconscient». La question aujourd´hui est bien plus la limite du savoir que son approfondissement. Etant donné que toute connaissance nécessaire pour un choix ou pour une prise de décision est incomplète, la question devient alors celle d´en reconnaître la limite et de pouvoir supporter le pari nécessaire qu´implique ce savoir incomplet. Il n´existe pas de décision sans risque. L´analysant est amené à se responsabiliser pour la rencontre et pour le hasard. Cette responsabilité est inverse à la responsabilité dite juridique. Dans la responsabilité juridique, on est d´abord libre, ensuite responsable. [...] En psychanalyse, à l´inverse, il faut d´abord se faire responsable – «Veux-tu ce que tu désires?» - pour qu´on puisse, ensuite, parler de liberté. C´est le motif pour lequel l´analyste diminue la durée supposée de la séance afin de, précisément, favoriser chez l´analysant les conclusions précipitées, «précipitées» dans le sens de la chimie: des conclusions qui associent une dose de raison et une dose de pari, d´affect. Décider avant le temps qui serait censé garantir l´action. La personne est amenée à supporter l´angoisse de la
précipitation d´une conclusion et à se responsabiliser pour sa décision. Il s´agit d´une position éthique. Lacan change ainsi le ritualisme de la clinique. La psychanalyse d´aujourd´hui va au-delà de l´intérêt de la clinique exclusive du cabinet. Elle se préoccupe aussi des diverses manifestations du lien social: dans la politique, dans la famille, dans les entreprises, dans l´école, dans la société en général.
Extrait 2 (p. 103-106) La psychanalyse au-delà de sa clinique
Dans l´introduction – «provocations psychanalytiques» - nous avons affirmé que la psychanalyse d´aujourd´hui va bien au-delà de l´intérêt de la clinique exclusive du cabinet. Son souci et son action, celle-ci est fondamentale, touche les plus diverses manifestations du lien social: dans la médecine, la famille, les écoles, les entreprises, dans la politique et dans la société en général. Pour nous différemment de ceux qui pensent que la psychanalyse est en voie de disparaître à la suite d´autres disciplines qui ont surgi aux XIXe et XXe siècle, la psychanalyse ne fait que commencer. Nous ne connaissons pas de pratique sociale, tout au moins jusqu´à présent, soit à même de mieux articuler le nouveau lien social de la mondialisation, lien marqué par l´incomplétude du réel, tel que nous l´avons exposé. Nous donnerons ici quelques exemples, à commencer par la médecine.
La psychanalyse peut-elle dialoguer avec une science de pointe, comme la génétique, sans se dénaturer? Examinons l´influence de la psychanalyse sur l´expression des gènes: serait-ce un fait que ce qui est écrit dans le code génétique est un Maktoub, la détermination inflexible d´une vie? Il faut distinguer ici deux attitudes chez les psychanalystes dans la confrontation actuelle de la psychanalyse avec les liens discursifs du XXIe siècle. L´une privilégie les alertes contre la dénaturation de la psychanalyse, et l´autre privilégie les nouvelles possibilités qui s´ouvrent à la psychanalyse, très
exactement à partir de ces changements. Ces positions ne s´excluent pas et c´est la possibilité de leur articulation qui est à l´origine de notre recherche. Maktoub est un vieux et confortable rêve de l´humanité: mon destin est écrit quelque part, il ne me reste donc qu´à en prendre connaissance et à l´accomplir. Maktoub retire la responsabilité du sujet sur son destin.
conséquence exactement des changements du lien social dans la mondialisation. La chute des standards de la verticalité des identifications, dans cette nouvelle société de réseau, plane ou horizontale, comme on voudra, correspond, en égale mesure, à l´augmentation de la responsabilité subjective face à la rencontre et à la surprise, à laquelle doit amener la clinique psychanalytique d´orientation lacanienne.
L´être humain a toujours été en quête d´un lieu où son histoire serait écrite, lieu qui a varié selon les époques. Si autrefois c´était dans les étoiles, ce qui amenait et amène encore à consulter les astrologues, aujourd´hui c´est dans le génome, c´est dans le séquençage des gènes humain qu´il recherche le confort du Maktoub.
Les avancées des recherches scientifiques de la génétique importent au psychanalyste d´aujourd´hui, tout comme les progrès de la physique importaient au psychanalyste d´il y a cent ans; la génétique représente, dans notre temps, pour la science, ce que la physique a représenté: le lieu de pointe des avancées scientifiques.
Curieusement, dans une interview au quotidien Estado de São Paulo, Craig Venter. l´un des principaux pionniers de la génomique, contrarie l´idéologie scientiste en affirmant:
Depuis 2006, nous dirigeons la Clinique de Psychanalyse du Centre du Génome humain de l´Université de São Paulo, l´unique en son genre jusqu´à maintenant.
Oui, les être humains sont des animaux hautement influencés par la génétique, mais ils sont aussi l´espèce la plus plastique de la planète, dans leur capacité à s´adapter à leur environnement. Il y a des influences génétiques, bien sûr, mais je crois que les personnes sont responsables de leur comportement.
Cette affirmation de Craig Venter coïncide avec la position de la plupart des généticiens et les rapproche des psychanalystes en un point fondamental pour le développement des recherches: il n´y a pas de relation biunivoque entre le génotype et le phénotype, entre la carte génétique et son expression, connue comme «expression génique». Il existe un décalage qui n´est comblé que singulièrement, non pas universellement, par - dans notre jargon – des objets a. Nous trouvons là un champ commun aux scientifiques, aux psychanalystes, et je le rappelle au passage, également aux philosophes, comme Hans Jonas dans son Principe responsabilité, un champ qui est nécessaire à la pensée éthique actuelle, en
[...] La directrice du Centre du Génome humain, Mayana Zatz, est également la vice-présidente de la recherche de l´Université et a reçu le prix L'OréalUNESCO "pour les Femmes et la Science" en 2001. A l´origine de cette collaboration apparemment surréaliste entre un parapluie et une machine à coudre, ou, plus précisément, entre la psychanalyse et la génétique, se trouve une question que j´avais posée à Mayana Zatz lors de notre première rencontre de travail, lui demandant: « Croyez-vous qu´il existe une relation biunivoque entre le génotype et le phénotype?» [...] Pour mon agréable surprise, sa réponse fut immédiate: [...]
Bien sûr que non! Qui vous a dit une telle bêtise?
Extrait 3
[...]
(p.114-118)
Tout est perdu? Non. S´il y a de quoi nous préoccuper, il y a également des solutions qui viennent du même terrain d´où ont surgi les problèmes. Si la question évidente de l´homme déboussolé est celle de savoir comment s´orienter, examinons ce qui a la possibilité d´organiser cette immense quantité de personnes qui s´agglomèrent autour de la musique électronique. Ne faisons pas comme la plupart des amateurs de bossa nova qui n´entendent dans cette musique qu´un son de marteau-piqueur insupportable; rappelons nous de l´exemple de Fleming qui a vu la pénicilline où d´autres ne voyaient que la moisissure. Il est intéressant de se demander comment une musique qui n´a littéralement pas de sens, qui n´a pas de paroles, qui se différencie par le nombre de battements à la minute de chacun de ses styles - house, garage, transe-, parvient à transformer le concert de Frank Sinatra dans le stade du Maracanã, pour 180 000 personnes, en une rencontre intimiste, dans la mesure où une techno parade agglomère deux millions et demi, trois millions de participants, dansant ensemble, sans se comprendre, sans chanter en un jargon commun, sans chabadabada, sans se promettre d´aller au bout du monde. On ne peut pourtant pas dire qu´il s´agit de trois millions d´autistes!
[...] Sur quoi s´orienter pour aborder les symptômes contemporains qui ne passent pas par le circuit de la parole? Nous vivons, avec l´arrivée de la mondialisation, une révolution, nous avons perdu le nord, notre boussole; surgit l´homme déboussolé et, avec lui, de nouveaux symptômes qui ne passent pas par le circuit de la parole. Pour ne citer que quelques exemples les plus fréquents, commençons par l´échec scolaire. Nous différencions échec scolaire et contestation. Si autrefois l´élève contestait le système éducatif, désirant autre chose, aujourd´hui il ignore simplement les valeurs de l´école. Les menaces désespérées du professeur devant la copie rendue blanche, menaces de redoublement, de rattrapage, d´échec au bac, sont reçues par l´élève avec une indifférence olympienne, avec presque de la commisération pour le maître infortuné. Les agressions inusitées, autre symptôme actuel, effraient plus par la surprise que par la violence elle-même. [...] Inutile de recourir aux anciennes catégories pour diagnostiquer ces phénomènes actuels, car elles ne permettent pas de les lire. [...] L`usage des drogues ne constitue pas une nouveauté, mais la forme épidémique de leur emploi se comprend si l´on prend en compte qu´elles sont des récepteurs universels, qui servent à n´importe quel type de prise et qu´il y actuellement beaucoup de fils dénudés.
Sans doute ces jeunes démontrant la possibilité d´être ensemble sans se comprendre, «t´es branché?», dans lequel le «t´es branché» n´est pas faute d´avoir rien de mieux à dire, mais indique l´essentiel du lien social de la postmodernité: «les monologues articulées», si je puis me permettre de leur donner ce nom. Des monologues articulés, donc, qui prennent la place des dialogues compréhensibles à notre époque. Ceci expliquant à mes yeux, la croissance exponentielle du twitter. Nous vivons dans une Agora électronique. Nous nous trouvons sur cette place ouverte par le temps d´un tweet, d´un pépiement, «t´es branché»? Le fondamental est passé du raisonner, typique de la suprématie du symbolique, [...] si cher aux Lumières, au résonner. Quelqu´un dit quelque chose qui résonne, ou bien, quelqu´un qui
touche, qui ouvre de nouvelles perspectives: des inventions de ce qui peut être, non pas de ce qui a été. [...] La famille c´est ce dont tout le monde se plaint... parce que elle ne nous offre pas ce que nous aimerions recevoir particulièrement d´elle: le nom du désir Dans ce mouvement, la famille gagne un nouveau status. Elle ne représente plus le lieu où l´on reçoit des choses – argent de poche, voitures, cadeaux les plus divers -, ce qui y est reçu, le plus grand héritage, est la castration, l´un des noms du réel. Lacan disait qu´il ne sert à rien de vouloir changer de famille, particulièrement de parents, imaginant ainsi voir ses problèmes résolus. Ils réapparaîtraient exactement de la même façon, si cela était possible. La famille c´est ce dont tout le monde se plaint – c´est là une bonne définition – et, si nous le faisons c´est parce que elle ne nous offre pas ce que nous aimerions recevoir particulièrement d´elle: le nom du désir. Ceci est plus évident dans un monde sans standards. J´insiste, de quelque façon qu´elle soit constituée par le lit ou l´éprouvette; hétéro ou homosexuelle; en couple ou monoparentale -, la famille est l´institution humaine qui possède la capacité de faire en sorte que nous nous confrontions au réel de notre condition: au manque d´un mot tout prêt, « prêt-à-porter », qui nomme le désir de chacun. [...] Famille; un amour sans paroles... Dans ce paysage, le thème « famille et responsabilité » est crucial. Si nous obtenons une famille qui supporte et transmette le fait – clair à notre sensibilité, obscur à notre compréhension – que pour être ensemble, pour nous aimer, nous n´avons pas besoin de nous comprendre, nous ferons en sorte que l´homme déboussolé n´ait plus peur du XXIe siècle. Il n´y a rien à comprendre dans un bain de mer, dans la préoccupation d´un père envers
son fils, dans la déclaration d´amour. Il n´y a aucun pourquoi, et si on les expliquait, ils perdraient le sens de l´affect. Je pourrais suggérer une phrase pour l´union du mariage: «et que vous restiez unis jusqu´à ce que la compréhension vous sépare». L´amour ne peut se comprendre. [...] La famille fonde l´extimité de chacun Lacan pariait sur la possibilité de toucher le point de honte intime de l´analysant; non pas de la honte sociale face à l´autre, mais d´une honte intime sans laquelle la vie est nue, sans qualité, disqualifiée. La famille est la première intimité de chacun, son « extimité », pour reprendre le néologisme de Lacan. La famille fonde l´extimité de chaque personne.
Extrait 4 (p.146) La responsabilité psychanalytique inscrite dans le monde Si nous avons pu défendre, jusqu´ici, que la responsabilité est au coeur de la clinique psychanalytique, montrant comment les références de Freud et de Lacan à ce terme lui confèrent cette place, il est intéressant maintenant de voir quelles sont les relations entre la responsabilité psychanalytique et la responsabilité conventionnelle – la responsabilité juridique ou morale. Freud n´a pas placé ces deux responsabilité sur des plans distincts. Lorsqu´il dit: « il est évident que nous devons nous considérer responsables des mauvaises pulsions de nos rêves. Que peut-on en faire d´autre? », il affirme que la psychanalyse conduit à la responsabilité conventionnelle. Ce qui n´est pas conventionnel dans la proposition de Freud c´est le contenu pour lequel on se responsabilise: un inconnu, « étrange » et intime, que l´on viendrait à connaître. Freud propose une extension, un excès de responsabilité, ou plutôt, une responsabilité de l´excès. Quel excès? L´excès sur le savoir. La responsabilité sociale est généralement liée à la connaissance. L´homme moral ne répondait que de ce qu´il savait et désirait dans ses actions: une responsabilité des intentions. En droit, particulièrement en droit pénal, dans lequel la morale a le plus d´influence, cette disposition est comprise dans les concepts de faute intentionnelle (dol) et faute non intentionnelle. Au Brésil on ne répond criminellement que des conduites qui impliquent l´intention du résultat
criminel, et exceptionnellement des fautes non intentionnelles (imprudence, négligence). Selon que la faute est intentionnelle ou non, le droit en déduit une responsabilité morale. Le savoir y est toujours préexistant, présumé. Dans la faute intentionnelle, on est responsable parce que l´on sait le résultat que l´on veut obtenir et les moyens d´y parvenir. Dans la faute non intentionnelle, on est responsable pour ce que l´on sait (le risque prévu) ou ce que l´on devrait savoir. C´est la même problématique que l´on observe dans le droit civil. [...] Cependant, selon Ferraz Junior (2002) deux principes de la théorie traditionnelle sont mis aujourd´hui en échec: personne n´est obligé au-delà de sa volonté; tout engagement volontaire est légitime. Aujourd´hui, au Brésil, une compagnie privée d´assurance maladie est, par loi, obligée de payer même pour des maladies expressément exclues de son contrat. C´est ainsi que le juge, dans l´acte de juger, reconstruit les volontés selon un calcul de coûts/bénéfice. Il s´ensuit que la liberté/responsabilité devient une espèce de capacité supposée et présupposée de faire un pari avec un risque minimal, d´où la perte de l´unité substantielle de l´homme en tant qu´être libre, comme l´avait pensé les temps modernes. De là également la difficulté de juger le terrorisme (acte politique?), les invasions des mouvements sans–terre (délit ou droit?), la criminalité professionnelle des favelas de Rio (crime ou révolution sociale?), etc. Resterait-il une liberté/responsabilité pour ce qui est dépourvu de sens? Ou, contrairement à ce que nous avons appris depuis les Grecs, y aurait-il un sens à la question du sens? Ou, encore, contrairement à la tradition judéo-chrétienne, tout a une finalité, ou cette question n´amène à aucune finalité?
Le droit attend que tous sachent ce que saurait un «homme moyen», le bonus pater familias, le «bon père de famille», dans l´expression que nous avons héritée des romains. C´est là que Freud apporte la terrible nouveauté de la psychanalyse Le sujet de droit, dit-il, qui est « l´homme moyen», est le névrosé. Il est aussi possible de penser cet homme comme « moyen» en raison de la solution de compromis par laquelle il accueille la loi du père. Mais la fantaisie fondamentale du névrosé est perverse. Sa nature dit Freud est «mauvaise». [...] Qu´affirme Freud? Justement qu´au plan des intentions, il n´y a pas de «bonne intention», il n´y a pas d´intention morale. [...]
Extrait 5 (p.160) Considération finales La seconde clinique lacanienne: de «prêter du sens», à «prêter des conséquences». La limitation de la responsabilité juridique que révèle Freud, à son époque, se rapporte à ce qui peut être su. Non pas au savoir de chacun, mais au savoir «de tous»: elle se limite aux signifiants accessibles au moi, alors que la psychanalyse expose qu´il y a plus à prendre en compte. La responsabilité juridique s´impose quand le sujet savait ce qu´il faisait, mais aussi lorsqu´il ne savait pas ce qu´il aurait dû savoir, car il s´agit d´un contenu d´accès universel: ignorantia legis neminem excusat. Cela est contraire à la notion d´inconscient, dans la mesure où l´inconscient n´est pas simplement ce que l´on ignore et que l´on devrait savoir: c´est le fait que toujours surgira de «l´étrange». Cela a amené Lacan, de forme positive, à affirmer que la psychanalyse se plaçait hors du monde, et même, comme il l´écrit, dans l´imonde. Mais cela, de forme négative, a permis que beaucoup voient l´inconscient comme décharge de responsabilité. En conséquence le passage de la première à la seconde clinique augmente l´importance de la réflexion sur la responsabilité. Si dans la première clinique l´analyste prête du sens, dans la seconde clinique il prête des conséquences. En prêtant du sens, il fait en sorte que chaque parole de l´analysant en amène une autre et encore une autre, successivement, ce qui peut donner à celui-ci l´impression que ce qu´il dit n´a pas d´importance, de ce qui importe n´a pas encore été dit. En prêtant des conséquences, l´analyste n´attend rien au-delà du dit. Pour l´illustrer, voici quelques interventions attribuées à Lacan, rapportées par Jean Allouch dans son livre Allô Lacan?
Patient: -
Ho la la! Qu´est-ce que je suis bête!
Lacan: -
Ce n´est pas parce que vous le dîtes que ce n´est pas vrai.
Ou encore: -
Vous devez vous rendre compte que si vous pensez que les autres pensent que vous pensez mal, c´est peut-être simplement dû au fait que vous pensez mal.
Un autre cas: -
Vous pensez probablement que je ne suis pas aussi intelligent que vous, dit le patient.
-
Qui voua a dit le contraire? répond doucement Lacan, après un soupir.
seconde, il s´agit de mettre en évidence un sens en moins, manifestation de la présence d´un corps dur, d´un symptôme, dans lequel il n´y a pas d´au-delà, mais une présence à supporter. C´est ce qui nous fait dire que nous sommes responsables du hasard et de la surprise. Et comment articulons-nous responsabilité et hasard? La responsabilité propre de la psychanalyse ne se résout pas en esquive, en explication ou en excuse. Un exemple nous vient de la littérature, spécialement des premières pages des Trois Mousquetaires d´Alexandre Dumas: d´Artagnan arrive à Paris, rêvant de faire partie des mousquetaires du Roi. Au moment où il se présente à M. de Tréville et va tirer de sa poche la lettre de son père qui prouve son origine noble et amicale, il se rend compte que sa lettre lui a été volée, et entraperçoit même, depuis la fenêtre de la salle de M. de Tréville, son voleur qui s´enfuit.
Dans tous ces extraits de la clinique il faut souligner la constance d´un élément: la conséquence de ce qui est dit.
Sans perdre de temps en explications, il part en courant à la recherche de son précieux document. Dans sa course effrénée, il bouscule successivement ses trois héros, Athos, Porthos et Aramis. Le premier, d´Artagnan l´offense par la rudesse du choc qui l´envoie sur le pavé, lui qui se trouvait déjà affaibli par une forte grippe. Le second, il l´offense en faisant apparaître la face peu noble, de son baudrier que Porthos prenait soin de cacher sous son manteau, et le met ainsi à la merci des quolibets de ses pairs. Le troisième, enfin, il l´offense en s´immisçant dans l´intimité d´un mouchoir féminin qu´Aramis avait subrepticement laissé tomber à terre pour éviter les indiscrétions. A chacune de ces offenses, il reçoit l´invitation irrécusable à se battre en duel, le lendemain. Pas la moindre chance qu´il demande des excuses ou qu´il essaie d´expliquer que son intention n´était pas celle-là.
Dans la première clinique, nous traitions du sujet de l´inconscient, dans la seconde, nous traitons du parlêtre. Dans la première, nous étions toujours dans l´attente d´un nouveau sens, dans la suite de la chaîne signifiante; dans la
Le seul moment où d´Artagnan présente des excuses c´est lorsqu´il arrive sur le lieux du duel et se retrouve face à ses trois adversaires, et, lorsqu´il commence à les présenter, ce n´est pas sans exclamations que sont reçues ses
Toujours dans la même ligne: Le patient arrive, s´installe sur le divan et au bout de quelque temps dit: -
Je n´ai rien à dire
Lacan répond: -
- Hé oui! Ça arrive! A demain mon cher.
paroles – ce qui l´amène immédiatement à laisser clairement entendre que la seule excuse qu´il a à présenter ce serait de ne pouvoir peut-être pas honorer son troisième duel au cas où lui arriverait de mourir au cours du premier ou du second. Et d´Artagnan tire son épée. Cet exemple nous permet d´éclaircir deux points: le premier, c´est la phrase de Lacan: «pour notre position de sujet nous sommes toujours responsables»; responsabilité pour «l´étrange», qui est incorporé par la personne. Le second point, c´est le thème de la honte auquel se réfère Lacan dans le Séminaire 17, «L´Envers de la psychanalyse»: «[...] c'est que, pas trop, mais justement assez, il m'arrive de vous faire honte". Ce sont là les dernières paroles de Lacan sur lesquelles se clôt ce Séminaire. Au cours de cette séance, Lacan commente devant son public, qu´il lui a apporté la dimension de la honte, thème qu´il n´est pas commode d´aborder et qui doit être l´origine du signifiant-maître. Pour Lacan, dans la psychanalyse, il s´agit de provoquer la honte. Qu´est-ce que cela signifie? Dans la lecture que nous en faisons, la honte est le fondement de la responsabilité, car la honte est marquée de l´étrangeté à soimême. Lorsque quelqu´un est capable de supporter, ou en d´autres termes, d´honorer cette étrangeté, la responsabilité est établie. Nous avons ainsi développé cette relation entre honte et honneur dans notre séminaire de 2003, intitulé « Honte, Honneur, Luxe ». Dans une intervention au cours d´orientation Lacanienne de Jacques-Alain Miller, en 2002, Éric Laurent commente que notre époque reflète les mouvements étudiants de mai 68, et de leur mot d´ordre « il est interdit d´interdire », et que la psychanalyse viserait la honte qui manquait à ce mouvement. Éric Laurent reprend ce thème pour répondre à la question: “Mais la honte qui circule déjà tellement, la honte qui pèse au névrosé quand il va chercher un analyste, ne suffit-elle pas?” C´est que la honte que Lacan veut causer est autre, elle n'alimente pas la névrose quand
elle s'oppose au débordement. Pour Laurent, la honte est un affect éminemment psychanalytique qui fait partie de la série de la culpabilité. Une des boussoles psychanalytiques fournie par Lacan est de ne jamais déculpabiliser. Le sujet a toujours raison de se sentir coupable, simplement il ne sait t pas pourquoi. Pour Miller, dans ce même cours, la honte est plus intime que la culpabilité: “la honte est un affect primaire de la relation à l´Autre”. La culpabilité en revanche est un effet dans le sujet d´un Autre qui juge. Miller met en rapport culpabilité et désir, et honte et jouissance. La honte psychanalytique est une réponse possible au déboussolement de la globalisation. L´honneur symbolique se fonde sur cette honte. L´honneur recouvre la honte. Ce qui de l´imaginaire, touche ce point intime, ce point de la honte, et qui permet à la personne d´en faire sa particularité, c´est le luxe. La honte est de ce point de vue, articulé à l´honneur, et différencie deux types de posture dans la vie: ceux qui veulent sauver leur peau – primum vivere – et ceux qui pensent que sans certaines conditions, sans point d´honneur, il vaut mieux ne pas vivre. Il faut donc distinguer la vie fondée sur l´honneur et la vie fondée sur le primum vivere. La vie fondée sur l´honneur nous amène à parler de deux morts: la mort pour l´honneur et la mort naturelle. Un aspect spécifique de l´aristocrate, un trait identificatoire qui le désigne, mais qui ne lui appartient pas, se rapporte à l´expression « plus fort que moi ». Lacan mentionne André Gide comme quelqu´un qui a insisté dans sa singularité; un sujet barré face à un signifiant-maître, se trouvant ainsi en position d´aristocrate. Cela nous a conduit, avec Lacan, à comprendre que l´analyse va de l´accident à la coïncidence. Lacan se réfère à trois temps du symptôme. Quand celui qui vient voir un analyste s´implique dans sa propre plainte, se constitue un symptôme, dans sa version déchiffrable. Il s´agit du premier temps. Puis, il
peut arriver que quelque chose vécu comme une surprise s´accommode parmi les symptômes typiques. Freud affiche sa déception en traitant de cet aspect. Il dit que nous sommes très bien appareillés pour expliquer les symptômes névrotiques individuels, mais que, face aux symptômes typiques, nous nous retrouvons dans l´incertitude. Comme nous l´avons développé dans notre livre Você quer o que desejo?, il y aurait une jouissance à être comme tout le monde, une tranquillité, dans ce second temps – celui du symptôme comme jouissance. Enfin, dans le troisième temps réapparaît le symptôme particulier, non déchiffrable intraitable. C´est un aspect de la personne dont elle ne peut se détacher, ni par la compréhension de son sens, ni par la tentative de l´égalité ou de l´équivalence aux autres. C´est un symptôme qui identifie quelqu´un par le fait qu´il ne peut faire autrement. Pour distinguer le symptôme traitable, déchiffrable du début de l´analyse, du symptôme intraitable de la fin, Lacan a recouru à la vieille orthographe, «sinthome», pour désigner ce dernier. Selon le Petit Robert, le terme apparaît en français en 1307, écrit sinthome, et ne prend son orthographe contemporaine, symptôme, qu´en 1538. Lacan explique que la graphie actuelle fait une référence abusive à l´étymologie grecque en forçant le maintien de la graphie de la racine ptome, qui indique la chute. Nous disons «tomber malade». Or recourir á l´ancienne graphie permet de retirer l´évidence de la chute. Une analyse donc irait du symptôme au sinthome. En d´autres termes, de la perte des identifications à l´identité essentielle. En portugais, en raison des réformes orthographiques, cette distinction ne peut être faite. Mais les dictionnaires donnent comme équivalent de symptôme, le mot accident: ce qui tombe, et le mot coïncidence, qui signifie le fait d´être identique de s´équivaloir. Il nous semble raisonnable de
proposer, suivant en cela Lacan, qu´au début d´une analyse le symptôme est traité comme accident, comme quelque chose d´étrange, et que, durant son parcours de dépuration auquel le soumet le travail de l´analyse, le symptôme s´établit comme coïncidence inévitable, non plus expression d´un compromis conflictuel dont on peut se libérer, mais expression d´une identité: os dur de supporter. Une analyse irait de l´accident à la coïncidence. Conclusion Parmi les diverses formes de symptômes rapportées – celles qui proviennent des efforts de la science et de la religion pour découvrir le bonheur; les nouvelles formes qui épousent le relief du social et qui peuvent être déchiffrée; les diverses formes du symptôme même comme sens, jouissance et identité – il faut en souligner une quatrième, une nouvelle forme de symptôme, produit d´une analyse, l´os dur à supporter: le psychanalyste. (Forbes 2003), p. 164)
En effet, le produit d´une analyse, le parlêtre responsable de sa lettre, comme quatrième forme du symptôme –le sinthome–, c´est le psychanalyste (Lacan, 1975-76/ 2005, p. 135). C´est pourquoi Lacan dira plus tard: «Freud offre le témoignage en lui-même de ce lieu indivisible de ce qu´il dit, qui le construit comme responsable hérétique de sa parole» (Séminaire 24, 8 février 1977, transcription personnelle). Au lieu de l´accident, la base de la coïncidence et de ne pas attendre une garantie de l´inconscient (se désabonner de lui), se responsabiliser sur ce point étrange que «je suis», inventer une solution et une forme de s´articuler dans le monde. C´est ce que nous avons voulu démonter.
Fiche détaillée: ISBN-13: 978-85-204-3390-4 Dimensions du livre: 155 x 225 mm Broché: 240 pages Droit d'auteur: © 2011 Editora Manole Ltda.
Les autres livres de l'auteur: Voulez-vous ce que vous désirez? (50.000 exemplaires vendus) L’invention du Futur - Une discussion sur la postmodernité et hypermodernité (5.000 exemplaires vendus)
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