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1. De la mémoire de la matière
1.1. L'épigraphie, une matière
La matière est définie comme une chose physique qui permet d’occuper l’espace en possédant une forme, une taille et un volume donné. Elle est un principe d’explication du réel, elle s’insère dans une logique de fondation, c’est un élément constant qui ne change pas, permet de comprendre et penser le changement. Le support des inscriptions est en général un matériau durable, essentiellement la pierre, le marbre, le métal, la terre cuite ou le bois (qui n’a jamais survécu). En Grèce, le matériau préféré était le marbre blanc car il permet une lisibilité claire et admirable du texte puis, celui-ci s’altère s’il est exposé aux intempéries. De nombreux types de pierres sont utilisés en particulier les calcaires cristallins qui sont difficiles à déchiffrer en raison de la rugosité du matériau. Le type de métal le plus fréquent était le bronze des tablettes plates pour être apposées sur les murs des temples et autres bâtiments. Parfois ils étaient en argent ou en or et sont incisés directement sur les récipients.
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Figure 18 : Inscription du tournant des IIe et IIIe siècles après JC, source :
Wikipédia Figure 19 : Fragment d’épigraphie Marbre blanc 3E SIÈCLE, source : site Auction
Figure 20 : La tablette de Lyon, une tablette en bronze d’après 48 après JC, source : www.meisterdrucke.fr
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1.2. Epigraphie, une mémoire
La mémoire, en philosophie désigne la persistance du passé, qui peut se manifester sous forme de simples habitudes, renvoie plus proprement à la représentation du passé. C’est l’aptitude à conserver et à restituer des choses du passé sous une forme mentale, cela fait que nous avons une histoire, cela veut dire avoir vécu.
Figure 21 : Differentes interprétations de la mémoire, source : Auteur
L’épigraphie, selon Louis Robert6 , a un but non seulement d’être une publicité universelle (« pour que tous sachent que... ») mais elle est considérée comme une archive de l’antiquité. Elle est porteuse de mémoire, d’histoire ancienne qui donne une fraicheur toujours renouvelée. Elle maintient le domaine de la découverte toujours ouvert et elle vivifie l’histoire dans ses parties les plus variées.
Les inscriptions antiques vont des simples graffites obscènes, acclamations, souvenirs et saluts au bloc monumental d’édifices funéraires pouvant se couvrir de tous les décrets rendant honneur à un personnage par sa patrie et d’autres villages.
La documentation est variée et du plus haut intérêt historique, lois et décrets qui permettent la connaissance de l’administration de la façon la plus complète, les traités de paix, traités d’alliances et les traités de fusion entre deux communautés. elle fournit une documentation capitale pour les cultes, les dédicaces et les règlements religieux.
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•Cas d’une grande victoire navale :
Figure 22 : Inscription de la columna Rostrata à rome, source: Livius.org “Le consul a délivré les Segestans, alliés de la république, d’un blocus carthaginois et toutes les unités carthaginoises, y compris leur commandant suprême, après neuf jours ont fui en plein jour de leur camp. Il a également pris d’assaut la ville de Macela. Et dans le même commandement, en tant que consul, il accomplit un exploit dans ses navires en mer, le premier Romain à le faire : le premier, il devait équiper et former des équipages et des flottes de navires de combat ; et avec ces navires, il battit au combat en haute mer les flottes carthaginoises et de même toutes les troupes les plus puissantes des Carthaginois en présence d’Hannibal, leur amiral. Et par la force, il captura des navires avec leurs équipages : 1 septireme, 30 quinquérèmes et trirèmes ; 13 il a coulé. Or pris : 3 600 [et plus] pièces. Argent pris, avec butin : 100 000 [et plus]. Somme totale : 3 200 000 aes. Il célébra un triomphe naval, fit un don en argent au peuple et mena de nombreux captifs carthaginois devant son char.”
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•L’exemple de l’autobiographie écrite par l'empereur Auguste
Figure 24 : La réplique, crée pendant la période fasciste, du texte de la Res gestae Divi Augusti gravée le long de la base du musée Ara Pacis à Rome, source: salamboinfrench.wordpress.com
•Serment de citoyen
32 "Je jure par Zeus, Gê, Hélios, la Vierge ("la Parthénos"), les dieux et déesses de l'Olympe et les héros qui possèdent la ville (polis), le territoire (chora) et les postes fortifiés. Je participerai à la sauvegarde et à la liberté de l'Etat (polis) et des citoyens et je ne livrerai ni Chersonèse, ni Kerkinitis, ni Kalos Limen ("Beau Port"), ni les autres postes fortifiés, ni le reste du territoire que peuvent ou qu'ont pu gouverner les Chersonésiens, je ne livrerai rien à personne, ni à l'Hellène, ni au Barbare, mais je défendrai tout cela pour le peuple chersonésien. Je serai ennemi de celui qui comploterait et qui livrerait ou annexerait Chersonèse ou Kerkinitis ou Kalos Limen ou les postes fortifiés et le territoire des Chersonésiens. Le blé importé de la plaine, je ne le vendrai ni ne l'importerai de la plaine à un autre endroit que Chersonèse..."
Figure 25 : Serment de citoyen de chersonèse, source:
Polis et chora : cité et territoire dans le Pont-Euxin