SIMON(E) N5 The Tacky Issue

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Edito by laetitia mannessier & anais obenson

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sommaire COLLABORATEURS 6 SHOPSHOP 8 GET THE LOOK 10 Les Over-Kitsch

IN BED WITH 14 into the room 16 Catherine

PHOTO MORGAN ROUDAUT STYLISME ELIE ORTIS MODÈLE éMILIE CRAMBES HAIR STYLIST/ MAKEUP ARTIST ANTHONY PREEL ASSISTANT PHOTO XIANG FANG YE ROBE FATIMA LOPES

VRAC VRAC BLOG BLOG ESCAPE IN Miami FACES Interview BIRKII BEAUTY BEAUTY MANIFESTO

LES COLLABORATEURS

Illustrations de Joseph Sschiano Di Lombo MARION KOTLARSKI PHOTOGRAPHE WWW.MARIONKOTLARSKI.COM MATTHIEU DORTOMB PHOTOGRAPHE matthieudortomb@hotmail.com MARION KOTLARSKI PHOTOGRAPHE WWW.MARIONKOTLARSKI.COM FRANCOIS LOOCK PHOTOGRAPHE MODE YETI-VERT@LIVE.FR

Mauvais goût

SHOOTING BOYSBAND 42 SHOOTING Thug Life 56 A SHORT STORY 74 Dictature du beau

ADELINE MAI PHOTOGRAPHE ASKADELINE@GMAIL.COM DEBORAH SK PHOTOGRAPHE escaichdborah@gmail.com

noémie al homsi rédactrice en chef mode NOEMIE@SIMONE-MAGAZINE.COM

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MAXENCE BOULART CARDON Photographe WWW.MAXENCEBCARDON.COM

PAULINE DARLEY Photographe WWW.PAULINEDARLEY.COM


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Interview KAPPAUF SHOOTING Air Dolls SHOOTING Sixteen & pregnant MANIFESTO Luxe montré ou caché

laëtitia mannessier rédactrice en chef

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James Renzelmann, Nathaniel Lyles Interview Lannick Gautry

120 126 YOUNGER BETTER STRONGER Roberto Piqueras

134 CULTURE 144 148 160 168 170 174 176

Musique, cinéma, littérature, art

DEFILÉs SHOOTING My little princeless SHOOTING Posh LISTEN UP WHAT WHAT NIGHT NIGHT BIBLE

ANAÏS OBENSON RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE

CLAIRE LUPIAC GRAPHISTE & ILLUSTRATRICE

NASTASIA DUSAPIN Photographe WWW.NASTASIADUSAPIN.COM

LUCILE LEBER Photographe WWW.LUCILELEBER.COM

MORGAN ROUDAUT Photographe WWW.MORGANROUDAUT.COM

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les collaborateurs

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Marion Henaux chef de la publicité Marion@simone-magazine.com

marc beyney sonier REDACTEUR marc@simone-magazine.com

AURÉLIA CHARAR RÉDACTRICE aurelia_charar@hotmail.com

nina gosse RÉDACTRICE NINA.GOSSE@WANADOO.FR

Fatou Dem RÉDACTRICE ÉVÉNEMENTIEL lapetitewatou@hotmail.com

Julien garrec Rédacteur musique info@maisoncamiba.com


nelly hoffman rédactrice mr_propre_est_gay@hotmail.fr

Béatrice Hugues Rédactrice littéraire beatrice_huges@hotmail.fr

LAURIE MANNESSIER RÉDACTRICE CINÉMA HELL-ET-MOI@HOTMAIL.FR

MARIE SALOMÉ PEYRONNEL RÉDACTRICE mpeyronnel@gmail.com

john sannaee rédacteur littérature john.sannaee@hotmail.com

Jean Dusartel Photographe www.timeoftheassassins

PIERRE LAPIN MARCHAL styliste PIERRE.P.MARCHAL@GMAIL.COM

ÉLIE ORTIS STYLISTE ELIEORTIS@GMAIL.COM

YANNICK BOUSSAND LARCHER RESPONSABLE BEAUTÉ YBLMUA@GMAIL.COM

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Hoffeman Nelly 2

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1. Baskets Ben Laden, prix sur demande 2. Housse Iphone Bunga bunga, pipboy, 34€95 3. Théière Kim jong Il, prix sur demande 4. Balle de golf Bunker Buster, 9$99 5. Gotcha! pin, 16$ 6. Assiette Kadhafi, prix sur demande


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7. Berlusconi russian dolls, ebay, 31$ 8. Miss me now ? George Bush glass ball ornament, Kurt Adler, 10$99 9. Tasse a café Vladimir Poutine, 19€85 10. Potatoe head Saddam Hussein, collabcubed by Stephen Ives, p. s. d. 11. Gratte langue Kim Jong Il, 7$50 12. Ben Laden dickhead hot sauce, dickhead, 12$88 13. String «me have A-bomb», 10$99 14. Pinata Ben Laden, aztec imports, 35$ 15. Fidel Castro cuban cigar military bobblehead doll, ebay, 19$95 16. Mug Margaret Thatcher, 17£99 17. Chemise Bokasa, ebay, p. s. d. 18. Mobutu mug in metal, 15$99 19. Livre Dictator style, Peter York 20. Montre suisse à quartz M. Kadhafi, 995$ 21. Miss me yet ? water bottle, jusgotta, 18$95

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Les Over-Kitsch

«Disney gave us unrealistic expectations about love». J’ajouterais volontiers «and fashion». Le soutif coquillage d’Arielle, les fourrures blanches de Cruella d’Enfer, la robe à nœuds de Cendrillon, la plume violette d’Aladin, le sarouel turquoise de Jasmine, les chaussons de vair et j’en passe. Des pièces si fortes qu’il est déconseillé de les porter. C’est ce que nous apprennent nos mères en nous disant que c’est trop kitsch pour aller à l’école. TEXTE : Marie Salomé Peyronnel PHOTOS : Pauline Darley MODèLES : Antoinette, Nelly and Romain 10 • SIMON(E)


En effet, l’esthétisme Disney est fondamentalement kitsch. Tant par son aspect populaire, que par son mauvais goût et son trop plein de mignonneries cul-cul jouant sur l’affect. Promenezvous à Eurodisney et observez. Ma mère n’avait pas tort. Mais les temps ont changé depuis mes 10 ans, et puisque maintenant Lady Gaga porte des robes en bifteck, Daphné Guinness se tape BHL malgré sa ressemblance troublante avec la méchante tueuse de dalmatiens et Karl Lagerfeld défend la lingerie de Zahia, la jeunesse se sent libre de s’habiller en princesse Disney. A l’adolescence, certains décident donc que l’heure a enfin sonné de vivre ce rêve pailleté. Ils libèrent l’enfant frustré de n’avoir pas eu un vestiaire aussi excentrique que ses personnages de dessins animés préférés. Pour les Over-Kitsch, c’est déguisés qu’ils commencent leur vie d’adulte. Sans que cela ne choque personne. Sauf ma mère. SIMON(E) • 11


Ils ont à peine la vingtaine, les cheveux color(i)és et ils rêvent de se coiffer de la couronne de fleurs de Lana del Rey. Quand ils voient le défilé des tenues de Pape au début de Roma, le chef d’œuvre de Fellini, ils ne rient pas devant la grandioseté excessive des costumes, ils se disent «wouuaa, cette robe en vitrail lumineux m’irait comme un charme ». Le jeune Romain, parangon même de l’Over Kitsch, définit son style d’une très logique « explosion entre une pastèque et un éléphant, ce qui donne (selon lui) des paillettes et du cuir ». A ce moment-là on en vient même à se demander si son look sucrerie ne rimerait pas avec extasy. Je crois que non, même pas. En école d’art ou de mode (comme leurs amis les modasses gothiques) nos jeunes Over-Kitsch ont choisi d’exprimer leur créativité par ce qu’ils portent. Mais la différence, c’est qu’ils fabriquent eux même leurs fringues. S’il leur arrive de s’inspirer de Catherine Baba ou d’Iris Apfel, jamais ils ne plagient. On les imagine aisément en atelier couture, broderie, voire papier mâ12 • SIMON(E)


ché tous les samedi après-midi pour arriver à la tenue escomptée pour leur sortie du week-end. Ils admirent le génie d’un Dali, l’esthétisme d’une photo de Pierre et Gilles et le brin de folie d’une Louise Bourgeois. Ils se retrouvent en eux. Les Over-Kitsch ont une âme d’artiste. Ce qui nous plait chez ces adeptes du kitsch, ce ne sont ni leurs crinières de Petit Poney ni leurs jeans marshmallow. C’est qu’ils sont bien plus Drag Queens que Beauty Queens. Les OverKitsch sont déjantés et baignent dans le second degré. Le ridicule ne les tue pas, il leur permet au contraire d’exister dans une société qui les ennuie et les angoisse. Dans ces accoutrements provoquants à mi-chemin entre la fable joyeuse et la mythologie dark, ils affirment qui ils sont et se composent une carapace multicolore pour affronter l’avenir. Les Over-Kitsch n’ont rien inventé, ils accentuent seulement des codes qui les dépassent et les influencent depuis la tendre enfance. Peut-être parce Disney incarne encore le rêve et l’idée que tout est possible. Peutêtre parce, comme dans les plus beaux contes de fée, ils espèrent une fin heureuse. SIMON(E) • 13


POURQUOI PARIS FERAIT BIEN D’ENLEVER SON SOUTIEN-GORGE POUR DANSER SUR LES TABLES Aux Oscars cette année on aura appris trois choses : Angelina Jolie et sa jambe droite ont besoin de manger un cookie double chocolat noix de pécan, Jean Dujardin séchait les cours d’anglais au lycée, le cinéma français a la cote à Hollywood. Après la Marche de l’Empereur en 2006 et La Môme en 2008, un nouveau film de chez nous a fait main basse sur une partie des godemichets dorés distribués lors de la cérémonie. D’aucuns y voient un signe de la vivacité de l’industrie cinématographique française, la troisième au monde. En ces temps de déclassement dans le concert des nations sur fond de péril jaune devant et marron derrière, c’est plutôt une satisfaction. Mais à y regarder de plus près faut-il vraiment s’en féliciter? Un problème saute tout de suite aux yeux : sur les trois films l’un est muet, l’autre est sur les manchots et dans le dernier on a les sourcils rasés. Ce qu’on célèbre sous les moulures en plastique du Kodak Theatre de Los Angeles, c’est une France amputée, handicapée et cancéreuse. Crédibilité artistique maximale mais probabilité d’avoir des relations sexuelles presque nulle. Le problème de la France et surtout de Paris est bien là : de l’Art, des belles

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TEXTE Tom Schembri ILLUSTRATION CLAIRE LUPAIC

façades XIXème, des macarons Ladurée. Oui c’est chic pour prendre un cocktail au concombre à 15 euros au Fumoir après s’être battu avec une armée bridée pour aller dire bonjour à la Joconde. Sauf que quand même, on s’ennuie ferme. Pourtant Paris n’a pas toujours été la destination rêvée des blogueuses mode de 14 ans. Il fut un temps où on venait pour l’Art oui, mais aussi pour la liberté de mœurs. Quand Hemingway et Henri Miller trainaient à la Coupole à Montparnasse, ils buvaient comme des trous, parlaient littérature et surtout allaient forniquer avec les colonies de putes toutes plus aguicheuses les unes que les autres qui grouillaient autour d’eux. Paris c’était sale, Paris mettait trop de maquillage, Paris avait la croupe grasse et cambrée, Paris sentait les poubelles. Paris c’était une grosse cagole vulgaire, mais elle était belle et elle savait s’amuser. Tout ce qui se faisait dans le monde de l’Art ne s’y trompait pas et venait chez nous pour s’encanailler, être libre, avoir des idées sur l’oreiller. C’est un crève-cœur que d’aller dans un grand musée à l’étranger et de voir qu’après les années 60 plus aucune toile n’a été faite à Paris. Il n’y a pas si longtemps c’était chez nous que ça se passait. Alors ça serait bien qu’on arrête de repeindre nos moulures cinq minutes, qu’on laisse tomber nos salades au quinoa, nos yaourts 0% et qu’on sorte jusqu’au bout de la nuit habillé en Pimkie. Et si on se vomit dessus ça sera pas chic du tout mais ça sera pas grave non plus. On aura passé une bonne soirée.” /T.S. http://le-flan.tumblr.com/

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Réalisation & photos : Deborah SK

Qui es-tu? Catherine, illustratrice, éleveuse de teckels, gérante de la boutique "Ballroom Blitz" à Bordeaux. Quelles sont tes icônes? Emma Peel, Sir Arthur Conan Doyle, Dave Vanian (The Damned), Suzi Quatro, Blondie, Joan Jett, Valery Larbaud, Dante Gabriel Rossetti, Jeffrey Lee Pierce (The Gun Club), Sam Szafran, Mark Ryden....

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Parle-nous de ton appartement. C’est probablement une extension de moi-même, un territoire connu, rassurant. J’aime les objets et le mobilier des années 50... Cet appartement est parfois trop grand ou trop petit, selon mes états d’âmes. C’est comme une seconde enveloppe corporelle, plus ou moins extensible... À quelle époque aurais-tu aimé vivre? C’est trés lié à mes goûts musicaux. J’aurais aimé pouvoir assister à l’explosion de plusieurs courants musicaux, en Angleterre notamment, par exemple vers 1974, pour le Glamrock, en 1976 pour le Punk, et également pour la Northern Soul, dans le nord du Pays... Qu’est-ce-qui fait très «Paris» dans ta façon de vivre ? J’aime les amis que j’ai à Paris... cette ville sans eux ne signifie pas grand-chose pour moi ! Je la trouve plutôt hostile et stressante!

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Je me sens beaucoup plus d’affinités avec des villes comme Londres, Amsterdam, ou Barcelone... Quels sont tes petits plaisirs ? Thé au jasmin + pluie au dehors + le silence + un tableau en cours + 7 heures devant moi. Une soirée avec de bons dj’s soul/60s + un parquet qui glisse + 7 heures devant moi. Temps ensoleillé + un vide-grenier immense + plein de sous devant moi ! Comment te vois-tu dans 10 ans ? Je refuse de me poser cette question ! (Ça me déprime!).... Mis à part comme chez toi, où te sens tu comme chez toi? Avec mes amis, que j’ai la chance d’avoir nombreux, cultivés et très drôles ! www.facebook.com/BallroomBlitzBordeaux

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Un peu de tout, de tout ce qui nous inspire ce printemps.

1/ CINÉMA

YANISS LESPERT Depuis le 7 Mars il est à l’affiche de À l’aveugle réalisé par Xavier Palud, avec Lambert Wilson et Jacques Gamblin. Synopsis Le cadavre d’une jeune femme est retrouvé découpé en morceaux à son domicile. Pas d’effraction, la caméra de surveillance coupée, le meurtre est sanglant et le crime parfait. Le commandant Lassalle hérite de l’enquête. La cinquantaine, solitaire, c’est un bon flic cependant usé et assombri depuis la mort de sa femme. Intuitif, il est rapidement intrigué par la personnalité d’un aveugle, qui se déclare accordeur de piano. Son alibi est plausible et son infirmité le met hors de cause. Et pourtant… Cet aveugle est effectivement le meurtrier qu’il recherche. Loin d’être une faiblesse, son handicap est une force qui le rend insoupçonnable. Une course contre la montre et une lutte à mort va s’engager entre l’aveugle et le commandant Lassalle qui n’aura de cesse que d’arrêter le meurtrier. Son Parcours Yaniss Lespert est né à Paris le 2 août 1989 il est le cadet d’une fratrie de trois enfants.

Dès son premier casting il commence à tourner, alors âgé de 6ans, dans diverses publicités télé et photo, ainsi que dans des courts-métrages. Jonglant entre les plateaux et l’école il tourne son premier long-métrage avec Christophe Honoré dans Tout contre Léo en 2001. En 2004, il fait une apparition aux cotés de son père et de son frère, Jean et Jalil Lespert, dans “Le Petit Lieutenant” de Xavier Beauvois. Puis, après avoir réussi le casting pour le rôle de Christophe Lepic dans la première saison de Fais pas ci, fais pas ça, Yaniss décide de faire de la comédie son métier. Il enchainera quatre saisons de cette série à succès, et multipliera les rôles au cinéma, comme dans Le Prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière et À l’aveugle de Xavier Palud. SIMON(E) • 21


J. Icher, série Androgyny

2/ MUSIQUE

J. Icher, série Androgyny

QUEEN MIMOSA 3 Sur Itunes store il est classé dans “pop”, “musique alternative”, en réalité Queen Mimosa 3 est aussi inclassable que talentueux. Des clips acidulés et des paroles qui vous restent dans la tête. L’album LICORNE est en fait très inspiré de la new wave des années 80 et des tubes dance des années 90. Dans cet album on retrouve les collaborations avec son amie chanteuse Rebecca Jonhson James pour l’accompagner sur certains titres. Le nouvel album de Queen Mimosa 3 est sur toutes les plateformes de téléchargement légale depuis le 27 février dernier, alors foncez ! Jetez également un oeil à son site où sont regroupées toutes ses séries photos. http://www.jonathanicher.com/ Licorne, 6,99€ sur itunes store

3/ THéâTRE

SOIS BELLE & TAIS TOI PAS Un plateau 100% girl qui met à l’honneur l’art du stand up au féminin ! Les comédiennes et les artistes se suivent mais ne se ressemblent pas, c’est parti pour une heure de vannes, de shakage de booties et de slams qui sentent bon le gloss (enfin pas toujours :). Ces jeunes artistes nous plongent dans une soirée de filles au top et nous dévoilent leurs petits secrets, anecdotes inracontables et autres petits tracas du quotidien. Oui oui vous allez vous reconnaître ! Au programme, une ambiance champomy party garantie avec les plus drôles des plus drôles de tes copines. Ça se passe tous les mercredis au Paname Art Club, le café théâtre hautement cool de l’Est Parisien ! Le Paname 14 rue de la Fontaine au Roi, 75011 Paris http://www.le-paname.com/

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4/ MODE

HYERES 2012 La 27ème édition du Festival International de Mode et de Photographie à Hyères aura lieu du 27 au 30 avril 2012 à la villa Noailles. Les expositions s’y tiendront jusqu’au 27 mai. Le festival encourage et soutient chaque année la jeune création dans les domaines de la mode et de la photographie, de nombreux prix y sont remis.Le jury mode, présidé par Yohji Yamamoto, s’est réuni à Paris le 22 janvier afin de choisir les dix candidats retenus pour la compétition finale. Le jury a sélectionné dix jeunes créateurs de mode, de 9 nationalités différentes.

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- Jasmina Barshovi, Suisse, Collection Homme - Narelle Dore, Australie, Collection Femme - Daniel Hurlin, France, Collection Homme - Ragne Kikas, Estonie, Collection Femme - Elina Laitinen, Siiri Raasakka & Tiia Siren, Finlande, Collection Homme - Maxime Rappaz, Suisse, Collection Femme - Paula Selby Avellaneda, Argentine, Collection Femme - Lucas Sponchiado, Belgique, Collection Femme - Steven Tai, Canada, Collection Femme - Kim Wilkins, Royaume-Uni, Collection Homme

photo 1 : Narelle Dore, Australie, Collection femme. /photo 2 : Ragne Kikas, Estonie, Collection femme. / photo 3 : Steven Tai, Canada, Collection femme.

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1/ http://breadpeople.tumblr.com 2/ http://fuckyeahdoritos.tumblr.com 3/ http://cheesepeople.tumblr.com 4/ http://albumtacos.tumblr.com 5/ http://selleck waterfallsand wich.tumblr .com

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Nelly Hoffemann

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11h, Collins avenue,

Miami Beach Rendez-vous à la voiture, garée à quelques mètres de l’hôtel, pour une virée shopping au croisement de Colin’s et de la 7th street. Le meilleur du shopping à Miami Beach se trouve ici : Urban Outfitters, Victoria’s Secret, Kid Robot et des tattoos shop à perte de vue.

13h, Ocean drive, Miami Beach 8h30, TownHouse, Miami Beach

Samedi matin, réveil dans le King Size du TownHouse hôtel, charmant endroit sur l’artère principale de SoBe, Colin’s avenue. On profite du petit déjeuner copieux servi dans la véranda de l’hôtel et on file chercher nos affaires pour aller goûter l’eau, tant qu’il ne fait pas encore trop chaud.

9h05, South Beach, Miami Beach Le sable est chaud, trop chaud. 35°C. On court se jeter à l’eau. 9h06

L’eau est chaude, trop chaude. 30° C. Mais c’est mieux que dehors, alors on profite.

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Lunch Time ! Tout le charme de Miami (et ses clichés aussi) réunis sur ce front de mer. On s’assoit à la terrasse du Johnny Rocket’s et on profite de la vue : skaters, rollers girls, mais aussi musiciens et Mustang roses bonbons défilent sous nos yeux.

15h10, Alligator Alley

(AkA Middle of Nowhere) Everglades National Park On approche de notre destination, le Safari Park. On se retrouve seuls sur une route droite, entourée de marécages remplis d’alligators et autres animaux à grandes dents. Miam.

15h45, Safari Park, Everglades

Coucou au premier (immense) alligator qui dort sagement au bord du pont de départ. On met nos boules Quiès, nous sommes au milieu du


Par marion henaux

parc national des Everglades, presque seuls au monde.

16h20

Retour au point de départ. Nous avons pu compter 5 alligators, soit 4 fois moins que lors des safaris habituels. Le ranger nous explique que la sécheresse que connaît actuellement les États-Unis est dévastatrice pour la Floride et ses parcs nationaux ; quelques jours plus tôt, les marécages étaient presque à sec.

18h03, Forida’s Turnpike, Miami

On quitte l’autoroute pour traverser DownTown Miami. Les gratte-ciels reflètent la lumière du soleil qui devient un peu plus agréable.

18h15, Star Islands, Miami

En passant sur le pont qui relie Miami et Miami Beach, on passe devant Star Islands, un archipel d’îles qui héberge des maisons démesurées où vivent, comme son nom l’indique, des stars. C’est ça aussi, Miami !

19h00, Gansevoort Hotel,

Miami Beach Changement d’hôtel. Quitte à vivre la vie que l’on s’imagine à Miami, on choisit un hôtel réputé pour son design, son standing, et ses pools party au 8ème étage.

19h04

On entre dans le lobby. Le mur de 5m devant nous est un aquarium, rempli de petits requins. Okay.

20h10, Maxine’s Bistro at the

Catalina Hotel, Miami Beach SoBe est largement constitué d’hôtels. Du coup, pour dîner, on se rend dans l’un des seuls bistros de l’avenue, à quelques mètres de l’hôtel pour déguster une salade rafraîchissante. Pour le reste, c’est à 85% de la junk food, le choix est limité !

22h, Delano’s Bar, Miami Beach

La chaleur est épuisante, nous décidons donc de terminer la soirée par un verre au Delano, l’un des plus beaux hôtels de Miami. Un must-see.

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8h30, Gansevoort Hotel,

Miami Beach Départ matinal pour un long voyage : nous partons dans les Key’s, paradis sur terre à 3h au sud de Miami.

9h10, US 1, Florida

12h, US-1, Florida

Vous souvenez-vous de cette scène, dans True Lies, où Schwarzy prend une autoroute qui traverse l’océan. On est là. À droite comme à gauche, de l’eau. C’est incroyable.

Le périple continue en direction de Key West. Nous traversons plusieurs îles comme Deer Key, une île connue pour ses biches en liberté et ses maisons de star, notamment celle du golfeur Tiger Woods.

10h, Islamorada Key, Florida

13h30,

Arrêt à Islamorada, petite île connue pour une activité qui attire beaucoup de touristes : la rencontre avec les dauphins. Nous avons rendez-vous au Theater of the Sea, sanctuaire pour animaux dans lequel on recueille les dauphins blessés pour les soigner. Pour financer le centre, des rencontres avec les dauphins y sont organisées.

10h20, Theater of the Sea,

Islamorada On nous briefe sur les différentes façons de

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communiquer avec ces mammifères marins puis on nous équipe. On se rend dans un lagon naturel au milieu du centre, et les dauphins arrivent. J’ai 8 ans à nouveau, je vais nager avec des dauphins.

Silver Palms Inn Hotel, Key West Arrivée à l’hôtel Silver Palms Inn. Cet hôtel est idéalement situé de façon à tout faire à pied dans l’île, du Southernmost point au Key West Pier, point de vue immanquable pour observer le coucher du soleil, emblématique à Key West.

14h, Southernmost Point,

Key West Nous voilà au point le plus au sud des ÉtatsUnis, à seulement 60 miles des plages cubaines. Les américains connaissant un embargo à l’égard


de Cuba depuis les années 60, les américains considèrent ce point d’une façon assez particulière, comme s’ils touchaient du doigt une terre interdite. On fait la queue 20 minutes, on prend une photo devant le plot.

14h35, Hemingway’s House,

Key West Nous visitons la maison de feu l’auteur Ernest Hemingway. Au delà du fait que cette maison est un véritable musée - elle est remplie de pièces insolites et d’histoires - une particularité nous fascine : l’auteur y a, pendant des années, entretenu une espèce de chat unique au mode : les chats à 6 griffes. Il y a une cinquantaine de félins en liberté dans la maison. Une raison de plus d’aimer Key West.

19h30, Truman Avenue,

Key West Retour dans les rues de Key West. Les coqs se baladent dans les rues à côté des boutiques de décorations. L’art est très présent sur cette île aux allures de repère de pirates. On se rend dans le Nine One Five restaurant pour goûter à la traditionnelle et délicieuse Key Lime Pie : un délice.

23h, Duval Street, Key West

En rentrant vers l’hôtel, on réalise qu’une journée est trop courte pour profiter de l’île à sa juste valeur, alors pour ne rien regretter, on va prolonger notre séjour dans cet endroit idyllique…

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PHOTOGRAPHE MATTHIEU DORTHOMB MAKE UP & HAIR HELENE LEFEVRE

CHLOé D., 19 ans

Professions / activités / études ? Etudiante en cinéma Talent caché ? Mon pouce droit fait rire mes amis et je peux parler Islandais Odeur préférée ? Le rouge à lèvres de ma mère Couleur préférée ? Le bleu de mon dentifrice Chanson préférée ? Méphisto d’Athanase Granson Film préféré ? Le Feu Follet de Louis Malle ou alors Mean Girls avec Lyndsay Lohan Artiste préféré ? Matthew Barney

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JEREMY, 21 ans

Professions / activités / études ? Responsable chez Kooples! Rêve secret ? Passer une nuit avec Emmanuelle Alt. Espoirs pour l’avenir ? Monter ma marque! Odeur préférée ? Le musc sans hésitation, dès que je croise une fille qui en porte, je tombe amoureux. Couleur préférée ? Le bleu marine! Artiste préféré ? Monet ! Je tuerais pour le bassin aux nymphéas ! Beyonce ou Rihanna ? Beyonce, parce que son mec il a fait Niggas in Paris!

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CHLOE S., 22 ans Professions / activités / études ? Attachée de presse pour la marque TAMMY & BENJAMIN / étudiante en marketing de luxe / Superwoman Souhaits pour 2012 ? Amour, Gloire et Beauté Talent caché ? Funambule Odeur préférée ? Un mélange de cannelle d’épices et de vanille Souvenir préféré ? Une course avec des kangourous de compagnie en Australie Couleur préférée ? Corail Film préféré ? NIGHT ON EARTH de Jim Jarmusch Artiste préféré ? Helmut Newton

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MARYLOU, 21 ans Professions / activités / études ? Acting International Rêve secret ? Avoir plein de bébés Espoirs pour l’avenir ? Ne plus être constamment à découvert Talent caché ? Faire la fleur avec ma langue


JULIEN, 22 ANS Souvenir préféré ? Quand j’ai reçu pour noël un déguisement Esméralda Couleur préféré ? Noir Chanson préféré ? Practice de Drake Film préféré ? Roméo & Juliette

Professions / activités / études ? DSAA Mode et Environnement de Duperré Souhaits pour 2012 ? Gagner un poivrier électrique lumineux avec mes points Smiles Rêve secret ? To be pété de thunes Espoirs pour l’avenir ? Mettre fin à ma relation avec mon conseiller BNP Talent caché ? Je ronronne Chanson préférée ? Triangle - Jacno Artiste préféré ? Aujourd’hui : Eric Cahan Beyonce ou Rihanna ? Brigitte Bardot

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Interview : BIRKII Holy War et Croisade Pop. Propos recueillis par Julien Garrec. Photographe : Marion Kotlarski make up: Laurence Maestrello

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Les bonnes surprises de la compilation Kitsuné Parisien avec son titre électro pop Shade of Doubt. Birkii est de retour en 2012 avec un nouveau single, Holy War, prévu courant février (toujours chez Kitsuné). Mais assez parlé, à elle de nous en dire un peu plus sur sa croisade Pop… Peux-tu nous raconter brièvement ton parcours? Comment es-tu arrivée à la musique? Après un paradis prénatal et le traumatisme de ma naissance je me suis dirigée très jeune à la pratique instrumentale. Sérieusement, je suis ce qui s’appelle une enfant issue des conservatoires. J’ai appris à lire la musique avant l’alphabet, on peut dire que la musique est ma première langue. Pendant de longues années j’ai vécu aux rythmes des concours et de la performance. A l’époque, je ne pouvais pas écouter toutes les musiques, celle qui font planer, danser ou s’aimer, je rêvais de poste de radio sans surveillance. Dans le monde du classique, le reste était considéré comme nocif pour moi, le diapason n’étant pas le même, cela pouvait altérer la qualité de mon oreille… Je regrette que tous les mondes musicaux ne fassent pas qu’un. Une fois seule dans mon premier appartement, j’en ai bien profité pour faire mon éducation salutaire, et je dois dire que j’étais en extase totale devant des titres pop, qui touchaient les foules. J’ai voulu en faire autant. Echanger ce que j’aime. Je ne dénigre en rien mon ancien métier dans le classique - je lui dois beaucoup- mais je suis heureuse de pouvoir partager ce qui vient de moi. SIMON(E) • 35


Comment se sont passés tes premiers enregistrements ? Les premières fois où tu as posé ta voix sur ta musique ? Très compliqué, j’écrivais, j’arrangeais et je produisais, chanter c’était l’étape où je doutais beaucoup. Je ne pouvais pas m’improviser chanteuse. Je n’osais pas chanter devant les gens. Mais la voix est essentielle, c’est le fil rouge pour tout, cela voulait dire que j’allais devoir aussi porter physiquement le projet et ne pas me cacher derrière un paravent. Par mon parcours, je n’ai pas l’habitude de faire les choses sans compétences, et pour moi les chanteurs, sont des divas touchées par la grâce des cieux. Après ce n’est pas le cas obligatoirement dans la pop, ici ce qui me touche c’est un grain de voix, un timbre, une couleur, comme la voix de Thomas Mars ou Natasha Khan J’ai donc dû beaucoup me détendre avant de me donner mais maintenant ce n’est plus un problème, même si je ne chante pas non plus sous la douche. Quelles sont tes influences musicales que l’on peut retrouver sur tes titres ? J’en ai déjà cité deux: Phoenix et Bat for Lashes évidemment, mais beaucoup d’autres, MGMT, LCD Soundsystem, Glass Candy, Chromatics, Yuksek, M83, Caribou. Je suis très attachée à la production musicale. Et tes icônes ? A part mon chat, je ne sais pas si j’ai vraiment d’icônes… J’aime beaucoup l’univers de Natasha Khan, la classe de Nathalie Portman. Sinon je ne suis pas vraiment inspirée par des femmes... Ah si, j’aime l’idée des walkyries, non pas par féminisme mais pour la puissance de ce qu’elles incarnent, des femmes suaves et vindicatives. C’est plutôt cool non? Ton dernier titre, Holy War est présent sur la nouvelle compilation Kitsuné Parisien, qu’est-ce que cela représente pour toi ? Kitsune est un label qui m’a découverte et qui a foncé avec moi, je leur suis très reconnaissante de plus qu’ils ont forgé ma culture pop, je suis donc ravie de cette association qui m’ouvre beaucoup de portes dans plusieurs pays qui plus est. Est ce que Birkii est parisienne, française ou internationale? Haha! C’est une question piège! Parisienne dans certains arrondissements ça frôle l’insulte, mais je ne suis ni parisienne au sens littéraire ou figuré si je peux dire. Française oui, internationale incontestablement. Au Japon, je me sentais très parisienne, c’est fou ce genre de voyage où l’on représente sa nation. J’étais très heureuse d’être une française à Tokyo lorsque j’ai joué là bas. Et l’accueil était mortel, pour eux Paris c’est un fantasme absolu, une destination pour un voyage de noce, vraiment. Tu as collaboré avec Mathieu Wothke pour la vidéo, comment s’est passé le tournage? 36 • SIMON(E)

Très bien, Mathieu Wothke est un réalisateur très talentueux et adorable représenté en France par Rodsfilm. Le tournage était impressionnant pour moi, et comme je suis parfois timide ce n’était pas évident, heureusement j’étais soutenue par une équipe en qui j’avais une entière confiance. La chorégraphe Johanna Levy qui a notamment chorégraphié “Slippery Slope” pour The Do et des danseurs “chatons” qui ronronnaient à mes côtés, m’ont mise à l’aise. Ca m’a beaucoup plue de faire ça, parfois, pendant le tournage, je pensais à cet été quand j’ai écrit le titre chez moi, et là je me retrouve avec une bonne vingtaine de personnes à fond, des danseurs, des professionnels bref ça me semble parfois fou, oui. Justement, quand tu composes un titre, penses-tu à des images en même temps ? Ca ne m’arrive pas tellement, je pense à des images de ma vie parfois, mais je cherche d’avantage l’inspiration en exultant ce que je ressens, ce que j’ai besoin de dire.


Comment définis-tu ton style vestimentaire ? Je suis souvent habillée très court, souvent on me dit mais où es ton micro short? Voilà je porte des tops amples et des bas étroits avec des talons, je suis assez simple et pour le coup assez parisienne, plutôt à la cool quand même. Sur scène ou dans mon imagerie au contraire on progresse vers des tenues que je ne peux pas porter ailleurs. Sur scène, au début je l’ai joué sobre, pour qu’on m’écoute et le message primordial pour moi était le contenu, pas l’enveloppe. Maintenant que je suis plus avancée, je me permets plus de choses. Et ça m’aide beaucoup pour rentrer dans mon personnage. Je porte Panthéone et Caroline Tarkovian. Où t’habilles-tu ? Chez les prairies de Paris, Le coq Sportif, le Mont Saint Michel, Sessun, Maje, Levi’s, Mathilde 2C pour les sacs. Un accessoire fétiche que tu aimes avoir sur

toi, pendant tes enregistrements ou tes concerts? J’ai tout un tas de carnets où je note un million de choses, je les cherche tous le temps! Je ne peux pas penser à tout, je fais des schémas, des plans, j’écris les paroles et il n’y a que moi qui puisse me relire... A quoi ressemble ton Paris à toi ? Quelles sont tes bonnes adresses ? Mon Paris à moi ressemble à des bouffes entre potes et des nuits passées sur mon ordinateur, des balades en scooter, des séances de cinéma au MK2 quai de Loire et beaucoup de rencontres. Mais aussi boire des cocktails au Curio Parlor ou passer le dimanche midi au Marché des enfants rouges. Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter ? De finir mon album et de partir en tournée! J’ai hâte de me frotter aux publics! SIMON(E) • 37


1/SPA, O’Kari Basic Soins : Bain de vapeur à l’eucalyptus, Exfoliation au savon noir, Gommage de tout le corps, Savonnage au naturel, Shampoing massant du crâne et du haut du dos sur pierre chaude, Bain à remous, Modelage aux huiles essentielles relaxantes, tonifiantes ou drainantes (géranium, cyprès, pin d’Alep) au choix. Durée : 2h O’Kari Hammam 22 rue Dussoubs – 75002 Paris 2/Rouge à Lèvre, Sephora Un rouge à lèvres liquide et couvrant ultra longue tenue, à la texture unique transformable : crémeuse à l’application, elle devient voile léger de velours pour une couleur irréprochable sur les lèvres pendant des heures. Sa texture veloutée à l’huile d’avocat se transforme une fois appliquée pour ne laisser qu’une couleur pure et une sensation de confort à vos lèvres. Présenté en flaconette pour une application en un clin d’œil, le geste est vraiment sans bavure ! Couleur intense, facilité d’application, longue tenue… que demander de plus ? Prix: 10, 95€ 3/sheer concealer, Burberry Burberry fidèle aux couleurs neutres, nous a concoctés pour cet automne/ hiver de super produits chargés de mettre en valeur la beauté naturelle de chacune... C’est un correcteur illuminateur en un seul clic, dont la formule innovante réfléchit la lumière et sublime la beauté naturelle et unifie le teint. Il couvre les cernes et les imperfections pour un fini impeccable. Prix: 33, 00 € 4/Duo Bleu, Laboratoires Soins Experts Le Duo Bleu associe le Sérum Biolift et le lait Hydramarin, la combinaison d’un anticerne et d’un apaisant naturel spécialement adaptés au soin du contour des yeux. Faites disparaître cernes et ridules pour un visage visiblement tonifié, plus lisse et éclatant.

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Un come back on style pour 2012 ! Faisons table rase de 2011, des cernes et de la peau terne, mise à l’honneur des produits qui font

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5/Nettoyant visage, Algenist Un laboratoire de biotechnologie de San Francisco a étudié le pouvoir des micro-algues comme sources d’énergie renouvelable. Après avoir évalué des milliers de souches de micro algues durant quatre ans, les scientifiques ont découvert un actif puissant, l’acide alguronique, produit par une microalgue rare, qui a pour fonction non seulement de protéger l’algue, mais présente également de puissantes propriétés anti-âges. La gamme de soins Algenist est composée de produits tous formulés à base d’acide alguronique. Le nettoyant doux rajeunissant Algenist est un nettoyant pour le visage qui associe l’Acide Alguronique à des actifs ciblés pour stimuler le renouvellement cellulaire. 6/Crème réparatrice à la camomille, Laboratoire Paysanne Crème pour peau très sèche ou atopique. 50% de lait d’ânesse frais et biologique... Prix : 39,00 €

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7/Nirvana, Lush La manière naturelle de protéger les peaux fragiles des signes du temps. Avec une protection anti-âge riche bourrée d’ingrédients nourrissants. Comme toute bonne nounou, cette crème vous protège des dangers avec un indice SPF 30 pour faire office de bouclier face aux rayons du soleil. Les huiles d’amande et d’hibiscus procurent des vitamines C et E. Nirvana contient tout un assortiment d’ingrédients formidables pour hydrater, dont du beurre de karité, des huiles d’amande, de noix de coco, de jojoba, de bourrache, de graines d’hibiscus et de la cire de candelilla. Ne sortez pas de chez vous sans elle ! Prix: 49,95 € pour 45g

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du bien. Tout pour offrir son meilleur visage à cette nouvelle année. /A.O.

8/Raz-de-marré, Lush Cocktail exfoliant de la mer. Il renferme des tas de sels de mer exfoliants – gros et fins – ainsi que des citrons verts gorgés de vodka qui raffermissent la peau et éclaircissent le teint. Le riche beurre d’avocat vous laisse une peau douce et lisse. Pour un visage rayonnant de fraîcheur, utilisez-le une à deux fois par semaine ; tous les jours si votre peau est à tendance grasse. Prix: 10, 95€ les 120g ; 19, 95€ les 250g

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Tu es sûre ? Absolument. Ne te cache plus ! Je ne sais pas… J’hésite… Je crois que j’ai peur. Comprends-moi, ce vert est si vert. Fais-moi confiance ! Le vert est vert, autant que le ciel est bleu. Et ce jaune, il y a ce jaune avec le vert, ce n’est plus de l’audace, c’est du suicide. Avoue que tu veux faire de moi une tapisserie années 70 ! Tu seras une parfaite tapisserie ! Montre-toi ! Crois-tu que les chaussures mauves soient indispensables ? Simplement nécessaires ! Allez, sors de cette cabine ! Un temps, le rideau s’entrouvre, le souffle retenu. Devant ses yeux, un éclat de couleurs, inattendue harmonie réussie Et sur ses joues, le feu qui s’imprime, Incandescent comme la honte qui enfle dans son cœur.

Dieu que c’est B-e-a-u ! De ce préambule subsistent de graves interrogations. Ce qui est beau pour certains relève de la laideur pour d’autres. Longtemps, le beau et le goût étaient naturellement liés, celui-ci étant le critère d’élection de celui-là. Depuis, les lignes semblent bousculées. Le bon goût n’est-il que l’éloge du seul beau, sans aucune autre place pour le laid, le moche, le fâcheux, le gâté, le vilain ? Nécessaire retour sur le « mauvais goût ». Une Histoire de goût Longtemps, le goût n’existait que comme revendication du beau. Il n’y avait du goût que parce que c’était beau. Et le beau ne servait que le seul intérêt de l’idéologie étatique. C’était le temps du triomphe du beau, lequel était entendu comme norme picturale des œuvres utiles à la propagande de l’Etat. Avec l’influence du peintre David, il n’est plus question de goût pour juger de la beauté d’une œuvre. Le beau et le goût, longtemps liés, s’opposent alors en deux définitions distinctes. Une mise à distance qui s’explique aussi par la part laissée à l’individuel tel que l’entendent les philosophes de Voltaire à Kant. Le goût n’est alors que personnel, si proche de l’immédiateté instinctive qu’il ne peut être que le fruit d’une expérience intime qui ne se partage pas. Dès lors, le beau et le goût ne s’opposent plus, c’est la singularité du jugement de goût qui permet l’accès au beau. Une impossible tentative de définition Puisque le goût est subjectif, tenter de définir ses contours serait inévitablement arbitraire. Gardons en tête que nous sommes toujours le bon goût des uns et le mauvais goût des autres. Le définir reviendrait ainsi à ériger des normes esthétiques, sortes de canons standardisés, de les ériger en lois et de porter, compte tenu de ces normes, un jugement sur la qualité de l’individu ou de l’œuvre en cause. Cela tendrait à proposer un goût public, normé, presque légiféré et au nom d’une police absolue du goût, une hiérarchie serait possible, plaçant l’individu ou l’œuvre en question sur une échelle, entre le bon et le mauvais goût. Bien au contraire, la notion de goût demeure mouvante, sorte de territoire vaste qui se décline en d’infinies variations. Disons qu’une telle notion devrait être évoquée

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Aurélia Charar

Mauvais goût… avec prudence, presque du bout des lèvres, pire, ne l’évoquons plus, le mot « goût » lui-même est bien trop moralisateur, se situant aux frontières terribles du bon ou du mauvais, comme il est bien trop élitiste, certains le possèderaient d’autres y échapperaient. Avouons que nous ne savons plus ce que c’est, pire, derrière ce (gros) mot se cache une suspicion de défaut de démocratie, loin, bien loin de l’adage selon lequel tous les goûts seraient dans la nature. Une notion mouvante, oui, intuitive et innée pour certains, oui, élaborée et éduquée pour d’autres, qui évolue avec le temps, se raffine, s’améliore selon l’époque, oui, oui, oui et oui. Plus qu’une simple expression individuelle, le goût est un marqueur de l’identité sociale. A la dimension subjective et individuelle, s’ajoute depuis finalement longtemps, la sociabilité du goût, entendu comme sa capacité à définir un groupe d’individus. Hier, la noblesse, parfaitement identifiable selon des critères esthétiques (ses habits, ses goûts musicaux et artistiques). Hier encore, la bourgeoisie, tout autant identifiable selon ces mêmes critères, comme la paysannerie du reste. Aujourd’hui, on retrouve les mêmes sociotypes : les « Geeks », les « Hipsters », les « Bobos », les « Hippy chics », etc., autant de groupes d’individus définissables selon un goût propre au dit groupe. En réalité, les affaires de goût n’ont jamais été aussi « segmentantes », le goût devenant un goût de classe, les ploucs contre les bourges, les lookés contre les no look. Le goût, un marqueur social. L’émergence du mauvais goût sublimé Une tendance récente vient toutefois brouiller les pistes jusqu’ici établies, le « mauvais goût » s’inscrivant alors comme une réelle figure de style. Comme si se réclamer d’un goût douteux devenait tendance. Encore une fois, gardons en mémoire l’énoncé précédent, ce qui est laid pour l’un sera beau pour l’autre. Ici se multiplient les vêtements qui convoquent le souvenir des générations oubliées, le pull Jaquard, le sous-pull moutarde, l’imprimé géométrique, les associations orange et vert, les mariages d’imprimés, etc. Et la faute de goût devient mode. Elle devient mode parce que l’inesthétique a un sens, et avec, nait une intention, laquelle rend le laid inévitablement esthétique. Attention toutefois à croire que le mauvais goût n’est pas une science. Il s’agit d’un vrai risque (outre une confiance en soi démesurée) tenant compte d’un rapport précis et mesuré entre la-probabilité-non-nulle-du-ridicule / la-potentialité-d’être-compris. Le mauvais goût a ainsi déclaré la fin au bon goût. Le mauvais goût devient ainsi un goût à part entière. Illustrations partisanes et subjectives d’aberrations esthétiques S’il ne saurait y avoir de police du goût, il demeure, toutefois, une intolérance épidermique à des réalités que j’ai pu croiser dans ma modeste vie. Dans l’ordre et le désordre : les UGG, les Crocs, les UGG en été, les Crocs en hiver, le total look quel qu’il soit, le gel dans les cheveux, le rimel sur les cils du bas, le pince-cravate, le portable à la ceinture, Sophie Davant, les ongles en silicone à bout carré, la French manucure, les logos, le pantalon porté trop haut chez les hommes, Dany Brillant, la doudoune brillante, la doudoune brillante qui arrive au nombril, la doudoune brillante qui arrive aux chevilles, les excès d’alcool et de drogues, les excès de Terracota, d’UV, d’UV et de Terracota, les excès de dents blanches, les excès de maquillage, de parfum entêtant, d’accessoires mal associés, l’excès de sébum et de viscose polyamide, l’abus de collant chair, l’abus de costume en lin blanc, l’abus de costume en lin tout court, les excès de balayages, le refus de vieillir sur une femme de plus de cinquante ans, les hommes de plus de cinquante ans aux cheveux teintés, l’excès d’épilation du sourcil, le sourcil dessiné à l’eye liner (dure conséquence d’un excès incurable de la précédente réalité), etc. etc. etc. Et vous, quel est votre Panthéon du mauvais goût ?

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TOUS LES GARCONS PORTENT DES DéBARDEURS VINTAGE CHEZ ESPACE KILIWATCH HADRIEN/ CHEMISE SANS MANCHES JOHN LAWRENCE SULLIVAN WOJTEK / CHEMISE CAMOUFLAGE QASIMI

PHOTOGRAPHIE : Maxence Boulart Cardon DIRECTION ARTISTIQUE : Noëmie Al Homsi STYLISME : Laëtitia Mannessier et Noëmie Al Homsi MAQUILLAGE : Noëmie Guezi Coiffure : François Cannizzo SET DESIGN : Antoinette Siaud et Clara Cornaërt ASSISTANTS STYLISME : Nelly Hoffmann et Pierre Marchal MODELES : …, TRISTAN, WOJTEK, NICOLAS, MANUEL @ BANANAS

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à GAUCHE TOUS LES GARCONS PORTENT DES JEANS EDWIN ET DES BASKETS Y-3 TRISTAN/ CHEMISE SANS MANCHES JOHN LAWRENCE SULLIVAN WOJTEK / CHEMISE SANS MANCHES JOHN LAWRENCE SULLIVAN HADRIEN / CHEMISE SANS MANCHES QASIMI MANUEL/ VESTE EN JEAN SANS MANCHES BILL TORNADE NICOLAS / CHEMISE SANS MANCHES QASIMI

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à droite HADRIEN BOMBER G-STAR SHORT AMERICAN APPAREL


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TOUS LES GARCONS PORTENT DES SWEAT SHIRTS VINTAGE CHEZ ESPACE KILIWATCH

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TOUS LES GARCONS PORTENT DES JEANS EDWIN // TRISTAN, CHEMISE SANS MANCHES JOHN LAWRENCE SULLIVAN //HADRIEN, CHEMISE SANS MANCHES QASIMI // WOJTEK, CHEMISE SANS MANCHES JOHN LAWRENCE SULLIVAN // NICOLAS, CHEMISE SANS MANCHES QASIMI // MANUEL, VESTE EN JEAN SANS MANCHES BILL TORNADE

TOUS LES GARCONS PORTENT DES SWEAT SHIRTS VINTAGE CHEZ ESPACE KILIWATCH ET DES JEANS G-STAR 48 • SIMON(E)


TRISTAN PARKA G-STAR DEBARDEUR QASIMI JEANS EDWIN SIMON(E) • 49


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à gauche / NICOLAS BLOUSON CAMOUFLAGE JOHN LAWRENCE SULLIVAN SHORT CAMILLE MARCEAUX

à droite TOUS LES GARCONS PORTENT DES DEBARDEURS VINTAGE CHEZ ESPACE KILIWATCH ET DES JEANS G-STAR HADRIEN CHEMISE SANS MANCHES JOHN LAWRENCE SULLIVAN

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WOJTEK TEE SHIRT ADIDAS SLVR VESTE EN JEAN SANS MANCHES BILL TORNADE PANTALON VINTAGE CHEZ ESPACE KILIWATCH HADRIEN DEBARDEUR ADIDAS SLVR PANTALON VINTAGE CHEZ ESPACE KILIWATCH MANUEL DEBARDEUR ADIDAS SLVR

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MANUEL VESTE Y-3 JEANS G-STAR

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WOJTEK BLOUSON JOHN LAWRENCE SULLIVAN IMPERMEABLE NOUE A LA TAILLE Y-3

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AXEL Parka ANDREA CREWS Shorts ANDREA CREWS ET FRANKLIN & MARSHALL

Photographe : Maxence Boulart Cardon Réalisation : Noémie Al Homsi Assistant photographe : Jean Baptiste Guy Modèles : DMITRY @ Bananas AXEL @ Major Models Paris STEEVEN BAZIN @ Bananas LAURENT R., MATISSE

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DMITRY Sweat vintage et veste en jean "Culture Vintage Eureka" chez Espace Kiliwatch, Pantalon jogging Franklin & Marshall, Basket Nike, Bandana vintage chez Espace Kiliwatch

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STEEVEN T shirt vintage chez Espace Kiliwatch Tshirt John Lawrence Sullivan Short Franklin & Marshall

AXEL Chemise John Lawrence Sullivan Blouson vintage chez Espace Kiliwatch Chaussures Underground


AXEL Chemise John Lawrence Sullivan Blouson vintage chez Espace Kiliwatch

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à gauche / LAURENT Veste vinage chez Espace Kiliwatch en haut à droite / AXEL Trench Wooyoungmi Tshirt et polo John Lawrence Sullivan Pantalon jogging Franklin & Marshall

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en bas à droite / DMITRY Sweat vintage et veste en jean " Culture Vintage Eureka" chez Espace Kiliwatch Bandana vintage chez Espace Kiliwatch


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DMITRY Parka Wooyoungmi Leggings Andrea crews Baskets DSQUARED 62 • SIMON(E)

LAURENT Blouson Franklin & Marshall Short Andrea crews Basket vintage


AXEL Parka Andrea crews Shorts Andrea crews et Franklin & Marshall Baskets DSQUARED

STEEVEN Tshirt Andrea crews Short Wooyoungmi Baskets Nike SIMON(E) • 63


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STEEVEN Tshirt vintage chez Espace Kiliwatch T shirt John Lawrence Sullivan Pantalon Franklin & Marshall

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DMITRY Veste sans manche vintage chez Espace Kiliwatch Parka Wooyoungmi Leggins Andrea Crews Baskets DSQUARED

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STEEVEN Polo Wooyoungmi Tshirt Andrea Crews Short Wooyoungmi Baskets Nike

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MATISSE AXEL Parka Andrea Crews Shorts Andrea Crews et Franklin & Marshall

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LAURENT Blouson Franklin & Marshall Short Andrea Crews Casquette Franklin & Marshall

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STEEVEN Polo vinage chez Espace Kiliwatch Pantalons Juun J Basket Nike

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DMITRY Parka Juun J STEEVEN Polo vinage chez Espace Kiliwatch Pantalons Juun J Basket Nike

AXEL Chemise John Lawrence Sulivan Blouson vintage chez Espace Kiliwatch Chaussures Underground

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LAURENT Blouson Franklin & Marshall Short Andrea Crews Casquette Franklin & Marshall DMITRY Veste sans manche vintage chez Espace Kiliwatch Parka Wooyoungmi Leggins Andrea Crews Baskets DSQUARED

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STEEVEN Polo Wooyoungmi Tshirt Andrea Crews Short Wooyoungmi Baskets Nike AXEL Parka Andrea crews Shorts Andrea Crews et Franklin & Marshall


DMITRY Veste sans manche vintage chez Espace Kiliwatch Parka Wooyoungmi Leggins Andrea Crews

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TEXTE BĂŠatrice Hugues illustration ELS A MAY


Me voilà donc dans cette prison pour femmes, quelques heures à peine après m’être réveillée d’un coma de dix ans. - T’es là pourquoi, toi ? me demande ma compagne de cellule. - Short en jean. Et toi ? - Manteau en daim vert, col roulé marron avec leggings violets. Et des Santiags blanches. J’ai pris cinq ans pour panoplie. Je n’ose pas lui dire que je lui aurais mis perpète mais lui demande plutôt davantage de détails sur cette étrange période que nous vivons alors. C’est ainsi que j’appris que notre gouvernement avait évolué en une sorte de dictature du goût. La vie était désormais régie par des codes couleurs, des codes vestimentaires, des codes de conduite, le tout ne répondant plus qu’à un seul maître, un seul mot d’ordre : le « beau ». A l’école, on enseignait le « beau », et uniquement le « beau », les matières étant : la couleur, les textiles, les matériaux, la géométrie (pour la symétrie), l’histoire de l’art… Il n’y avait plus comme sujet de conversation (mais pas de controverse) que le beau, l’art, et surtout, il y avait cette foutue loi « Oscar Wilde » qui m’avait envoyée direct’ en taule pour avoir fait l’erreur de porter un short en jean, ce qui ne s’accordait avec la législation actuelle. Environ cinquante pour cent des filles de la prison (moi comprise) étaient là pour infraction à la loi Dior qui était en quelque sorte la branche vestimentaire de la loi Oscar Wilde. De ce que j’avais compris en discutant avec les détenues, il y avait la loi Ferrari pour ceux qui osaient se pavaner dans une bagnole pourrie, la loi Molière pour ceux qui ne parlaient pas correctement et ne faisaient pas l’effort de placer quelques figures de style quand l’occasion était disaient-ils inévitable, entre autres lois concernant l’architecture, la décoration

intérieure, les bijoux et accessoires, les odeurs ou même les jardins dont la loi Le Notre punissait la négligence. Quand je demandais ce qu’il en était des artistes, elles restèrent bouche bée, puis se regardèrent l’air ahuri, avant de me répondre « Bon, tu étais dans le coma, on t’excuse, artistes et citoyens sont des synonymes, ma chère ». Je restais bouche bée à mon tour. Mon avocat mit tout en œuvre pour plaider les circonstances atténuantes. En effet, le fait d’avoir été dans un putain de coma… pardon, d’avoir été « la belle au bois dormant » (loi Molière) pendant toute la réécriture du code civil pouvait bien excuser mon infraction à la loi. Je me demandais ce qu’il en était pour les moches, oui, les laids-malgré-eux, s’ils étaient tolérés, hors législation ou s’ils étaient tenus d’avoir recours à la chirurgie esthétique. Si je n’ai pas osé poser cette question, je n’ai pas pu m’empêcher en revanche de demander à mes amies détenues s’il y avait aussi une loi contre les cons, mais apparemment, non, ce problème n’était pas encore parvenu au sénat. Mon avocat a finalement réussi à me faire sortir. Je regrettais presque mon uniforme de prison : une combinaison en crêpe de chine bleu marine et ceinture en cuir d’agneau noir. Lors du procès, je remarquais les épaulettes, bon pourquoi pas, mais surtout, la crinoline sous les robes des avocats et du juge. Mais n’étant pas sûre de leur faire part de mon opinion sans déroger à la loi Molière, je m’abstins de toute remarque et savourai en silence ma libération. Cependant, j’étais quelque peu inquiète par rapport à la vie qui m’attendait au dehors. Etant passée directement de la case coma à la case prison je n’avais finalement pas d’idée précise de ce que donnait cette nouvelle configuration au quotidien. En venant me chercher, ma mère avait pensé à me ramener un ensemble chemisier à fleurs et jupe en laine SIMON(E) • 75


mi-mollet. J’ai trouvé ça horrible et je lui ai demandé si elle tenait tant que ça à ce que je retourne en prison puis, dans un élan de paranoïa, je me mis à l’accuser d’avoir posé ce short en jean sur mon lit d’hôpital. Elle me répondit simplement que la jupe et le chemisier étaient « ce qu’il fallait porter en ce moment » et m’affirma qu’elle n’avait aucune idée de comment ce short avait pu arriver là. Bon, très bien, je lui demandai si les femmes avaient toujours droit de porter des pantalons, elle me répondit « Oui bien sûr ». Avant d’ajouter : « Mais pas cette saison ». Je lui demandai s’il n’y avait que des jupes en laine « parce que ça me gratte horriblement », elle me dit « non, des collants en laine aussi ». Je décidai de la fermer et de rester digne et stoïque malgré mon accoutrement et mes démangeaisons. Le soir, j’appelai mes anciennes amies pour goûter un peu, enfin, à la liberté. En sortant de chez moi, je remarquai que le décor avait complètement changé, il n’y avait plus de gris. Le bitume et la pierre étaient peints. Les routes en vert, les trottoirs dans une autre nuance de vert et les immeubles en bleu. Je me dis que l’urbanisme ne devait pas être au goût du président actuel, et que ce devait être la raison de ce camouflage « campagne », avec, sans oublier, des arbres taille réelle en trompe l’œil sur les façades. Bref, je trouvai tout cela absolument immonde et me dis qu’Oscar Wilde aurait sûrement pensé comme moi. Je retrouvai mes anciennes amies vers vingt heures dans un café où j’avais l’habitude d’aller avant mon coma. Elles arrivèrent à l’heure en chemisier à fleurs et jupe en laine mimollet et me dirent de les suivre dans un autre café. Elles n’avaient pas l’air de plaisanter, je les suivis sans mot dire trois rues plus loin. « Elle est avec nous, c’est bon » chuchotèrent-elles au videur qui me lança un regard sceptique. Nous passâmes par les cuisines, elles ouvrirent une trappe derrière le frigo, nous descendîmes des escaliers, passâmes dans un couloir interminable et enfin, nous arrivâmes dans un club, tout ce qu’il y a de plus banal. Puis, petit à petit je me rendis compte que ça ne devait pas être si banal pour elles puisque les gens étaient en fait habillés de manière tout à fait hétérogène. Je les regardai : Est-ce que c’est sérieusement un bar clandestin ? Oui, nous sommes des rebelles. Elles retirèrent alors chemisiers et jupes pour laisser voir hauts à paillettes, mini-jupes et shorts en jean. Ah, des rebelles. Donc les rebelles sont celles qui osent porter des mini-jupes et des pantalons, vous n’avez pas une impression de déjà-vu… il y a quelques décennies… « On ne fait pas que ça. Suis-nous » me dirent-elles. Derrière le club, une réunion secrète avait lieu dans un fumoir austère qui avait tout d’une salle de poker. Dans ce brouillard de fumée où une unique petite ampoule diffusait difficilement sa lumière, se tenait en réalité un grand projet. Nous allions faire tomber la dictature. De ce que j’ai pu comprendre ce soir, nous ne pouvions plus compter sur la politique puisque la gauche était pro-synthétique et la droite était pro-perles de culture, la gauche anti-cachemire, la droite anti-pantalons en cuir. Ils avaient connu différents mandats, mais cela n’avait permis que de renouveler les garde-robes et changer la peinture des façades. Je demandai si d’autres pays étaient concernés, ils me dirent que c’était un phénomène mondial, je demandai comment c’était arrivé, ils me dirent qu’ils ne savaient pas, je dis « Mais comment ça, vous ne savez pas ? » Ils me répondirent « Non, vraiment on n’en sait rien ». J’écoutai sans mot dire la suite de leur conversation secrète. « On a réussi à avoir de notre côté les éleveurs de porcs, d’agneaux et de vaches pour les cuirs et les paysans des champs de coton sont avec nous aussi. On n’a pas eu les vers à soie, la droite leur a déjà graissé la patte. Donc, à partir de lundi prochain, ils feront grève jusqu’à faire plier le gouvernement. A côté de ça, j’ai des gars qui vont refaire les façades la nuit de dimanche à lundi, et on a un certain nombre de personnes prévues pour la manif’ mais pas encore

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texte Béatrice Hugues & illustration ELS A MAY

assez de fringues, tout ce qui n’est plus légal a été brûlé ». C’était surréaliste. Je leur dis que je ne participerai pas à leur manif’ et je rentrai chez moi en souhaitant me réveiller le lendemain dans un monde normal, en suppliant je-ne-sais-qui, je-ne-sais-quoi de me sortir de ce cauchemar. Ca ne pouvait pas être réel, rien de tout ça n’était plausible. Le lendemain, les immeubles étaient toujours bleus comme le ciel et le lundi suivant, je n’entendis parler d’aucune manifestation. Il faut croire que les rebelles s’étaient dégonflées. Plus tard pourtant, j’appris que mes amies s’étaient faites arrêter et qu’elles étaient incarcérées dans la prison ou j’étais encore détenue quelques jours plus tôt. Je sortis seule marcher un peu dans les rues de Paris toujours aussi verdoyantes et toujours dépourvues de sans-abris. Je me demandai si eux aussi avaient été peints en vert et bleu pour qu’ils se fondent dans le paysage, mais j’avais beau scruter sols et façades, je n’y détectai aucun relief suspect. Plus tard, je me mis à chercher du travail. Avant mon coma, je travaillais en tant que styliste, mais le fait que les carnets de tendances soient envoyés directement de Matignon désormais me refroidit un peu et je décidai de me trouver un boulot alimentaire et travailler clandestinement sur des collections personnelles. Je trouvai un boulot dans une librairie en mentant un peu sur mes connaissances littéraires. Je découvris alors que le rayon Histoire n’était rempli que de bouquins d’Art. Il en était de même pour la Philosophie. Les romans trop « historiques » ou trop politisés avaient été retirés. En bref, il ne restait plus beaucoup de possibilités de s’imaginer qu’il avait existé un monde où le beau pouvait être considéré comme secondaire ou même superficiel. Aujourd’hui, il était l’essence même du monde, il était l’origine, la réponse, il était une évidence qui n’avait plus lieu d’être remise en question. C’était comme ça et c’était tout. Il fallait être beau, il fallait que tout soit beau et le bonheur était là, précisément, à l’apogée de la beauté. Il fallait bercer et caresser les sens, et lorsque ces derniers étaient ravis, alors on était heureux. C’était un élément de cohésion qui rassemblait les peuples dans ce même objectif d’atteindre le sommet de la beauté. Les années ont passé. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir une fille presque belle, pas laide du moins (l’ordinaire était toléré dans une certaine mesure), après neuf mois d’angoisse. Aujourd’hui, j’ai une belle maison, un beau jardin, un beau mari, une fille pas trop moche, j’ai un beau chien et de beaux habits, des dîners chez de beaux amis qui ont de belles maisons et cuisinent de bons repas dans de belles assiettes. Les mandats présidentiels se succèdent comme des saisons et à chaque réécriture du Code de la Beauté, je change ma garde-robe et les tapisseries, je déracine une brindille de chêne pour planter un hêtre qui n’aura pas le temps de pousser qu’on me demandera de le remplacer par un châtaigner. Je marche sur des routes jaunes ces jours ci entre les palmiers qui ont remplacé les sapins de la saison dernière sur les immeubles. J’emploie le mot « beau » à peu près vingt fois par jour, même s’il y a des années que j’ai oublié ce qu’était la beauté. La beauté, ça change à chaque saison, et c’est comme ça. Et, pour être honnête, je suis heureuse. Finalement, quand l’ultime objectif de l’existence est à portée de main, il en est de même du bonheur. Lobotomisés, vous dites ? Ce n’est pas très beau, comme mot, ça, « lobotomisés ».

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SIMON(E): Salut Kappauf, comment ça va ? KAPPAUF: Formidable ! SIMON(E): J'y vais cash, pour qui vas-tu voter aux présidentielles ? KAPPAUF: Pour le candidat le plus libre, et à tous les points de vue ! Libre, libéral, libéré, libertin, libertaire. SIMON(E): Tu admires quelqu'un en particulier en politique ? KAPPAUF: Margaret Thatcher, et ce n’est pas parce qu'il y a le film avec Meryl Streep, La dame de fer, ça n'a rien à voir, j'ai d'ailleurs écris plusieurs éditos à la gloire de Margaret Thatcher avant la sortie de ce film ! SIMON(E): Et dans la mode ? KAPPAUF: Miuccia Prada, c'est la Chanel contemporaine absolue, c'est le personnage que j'admire le plus dans la mode. SIMON(E): Un avis sur notre président sortant ? KAPPAUF: Pour parler de Sarkozy, je trouve qu'il est un bouc émissaire, tout le monde l'a glorifié, maintenant tout le monde adore le détester, le lyncher. Peut-être qu'il va gagner, ça va faire un peu comme Chirac : les Français aiment bien les loosers, alors s'il joue le looser jusqu'au bout, peut-être que ça mènera à sa réélection. Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour ses concurrents. SIMON(E): Que penses-tu de sa porte-flingue, Nadine Morano ? KAPPAUF: Défendre bras et corps son patron, c'est loyal. Maintenant, qu'elle soit pas finaude ou drôle c'est une chose, effectivement, je préférerais des Bécassines

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"Les français aiment bien les loosers" Trublion, alien auto-proclamé dans le milieu, le big boss de Citizen K s'appropriait, le temps d'un dîner festif et d'une longue nuit arrosée, les arènes du VIP Room pour célébrer la légèreté, la mode et le dernier numéro du magazine culte et déjà vingtenaire. Entre deux verres, trois clopes et le dessert, on a parlé politique, vulgarité et mode… tout un programme. Interview et photos de Jean du Sartel

comme Roselyne Bachelot, qui a été ministre de la santé et qui a fait vacciné toute la France pour un virus qui n'a jamais existé… Roselyne elle était très drôle, j'ai voyagé une fois avec elle dans le TGV pour aller à Nantes je crois, sympathique. C'est la France profonde et la gouaille que j'aime, voilà. Alors Nadine machin, je vois approximativement qui c'est, mais ça ne m'intéresse pas spécialement. SIMON(E): Y'a-t-il un lien à faire entre mode et politique ? KAPPAUF: Comme tout business, la mode est une affaire de politique, de diplomatie, d'affaires extérieures. Les plus grandes réussites dans la mode ne sont pas forcément les plus grands talents, mais les grands politiques; donc oui…! Comme dans le monde des affaires, comme tout ce que je ne suis pas finalement: je suis un pauvre bélier qui met les pieds dans le plat, je suis tout sauf un diplomate. SIMON(E): "Aucun crime n'est vulgaire mais la vulgarité est un crime. La vulgarité c'est ce que font les autres." Est-ce que cette phrase de Wilde te parle ? KAPPAUF: Cette citation illustre sans doute le côté misanthrope de l'écrivain et c'est un faux bon mot. Qui était-il pour dire ce qui était vulgaire ou ce qui ne l'étais pas ? C'est ce que je n'aimais pas d'Oscar Wilde, son humour bourgeois. Le bourgeois gentilhomme est une caricature par exemple ! Oscar Wilde c'est quelqu'un que j'aime beaucoup quand il est vraiment libre, mais pas quand il érige des critères de la vulgarité, "parce que la vulgarité, c'est l'autre…" Moi je dis Je est un autre et ici, c'est moi qui est un différent. J'ai une manière plus sophistiquée, et moins exclusive de dire les choses. Qu'Oscar Wilde ai eu un différent et

ai été différent, certes, mais qu'il ne disqualifie pas ses adversaires ! SIMON(E): La vulgarité dans la mode, ça donne quoi ? KAPPAUF: Vulgaire, étymologiquement, ça veut quand même dire populaire, ça veut dire la voie du peuple, vulgus pecum. J'aime bien les gens borderline qui sont au bord de la vulgarité. C'est bien plus intéressant que les gens qui sont toujours dans le bon goût, à la recherche d'un goût certains et qui finalement n'ont jamais d'audace. Ce que je trouve vulgaire, c'est les compromis, c'est le chic conformiste, c'est le manque de parti pris, le manque d'audace, le consensus. J'aime bien les gens un peu extrêmes, j'aime bien Donatella Versace, j'aime bien les gens qui sont controversés, qui sont un peu marginaux, hors des sentiers battus… SIMON(E): Qu'as-tu pensé de la Fashion Week ? KAPPAUF: Je n’ai pas trouvé que c'était une fashion week très exaltante, mais en même temps je n'ai pas tout vu… C'était assez sombre cette saison. Pas suffisamment de falbalas et de légèreté pour moi. SIMON(E): À propos, il donne quoi ce dernier numéro de Citizen K ? KAPPAUF: On a fait un numéro très léger, pas du tout plombé. Je pense que c'est ce dont on a envie en ce moment, ce n’est pas la peine de rajouter des couches aux préoccupations des gens. Parfois notre métier à une vocation thérapeutique : celle de faire rêver les gens et de les faire s'évader. Dans ces périodes de doutes et d'angoisses, je pense que ce n’est pas très utile d'aller explorer les abysses de nos préoccupations mais plutôt de montrer un peu de joie, de bonne humeur et de légèreté.

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à droite VESTE EN FOURRURE PELLESSIMO MAILLOT DE BAIN ALEXANDRE VAUTHIER CUISSARDES LARARE à gauche ROBE FATIMA LOPES

PHOTOGRAPHE MORGAN ROUDAUT STYLISME ELIE ORTIS MODÈLE éMILIE CRAMBES HAIR STYLIST/ MAKEUP ARTIST ANTHONY PREEL ASSISTANT PHOTOGRAPHE XIANG FANG YE

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VESTE EN FOURRURE PELLESSIMO LINGERIE DEMENT CHAUSSURES LARARE

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VESTE AMERICAN RETRO SHORT CUIR AMERICAN RETRO

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CACHE ÉPAULES ALEXANDRE VAUTHIER ROBE A LIBELLUS BY TITI KWAN CULOTTE DEMENT CHAUSSURES LARARE

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PERFECTO CUIR SYLVIA RIELLE CULOTTE DEMENT CHAUSSURES GUESS DOIGT EN OR BIJULES CACHE TÉTONS OR BIJULES

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MAILLOT DE BAIN ALEXANDRE VAUTHIER BRACELET ET BAGUE YOSHIKO CREATION PARIS

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BODY ET SHORT ROSEANNA

Photographe Pauline Darley Réalisation Laëtitia Mannessier Modèle April @ Oui Management Maquillage Noémie Guezi Coiffure Chiao Shen Assistante styliste Marta Strinati



BEFORE PREGNANCY

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ROBE MANOUSH COLLANTS ASOS CHAUSSURES CHLOE VINTAGE

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ROBE ROSEANNA CHEMISE MANOUSH CEINTURE VINTAGE

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TOP LA PRESTICOUISTON CHEMISE MANOUSH JUPE VINTAGE

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during PREGNANCY

BODY ET SHORT ROSEANNA

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ROBE AMERICAN RETRO CHEMISE KITSUNE ESCARPINS MANOUSH

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ROBE AMERICAN RETRO CHEMISE KITSUNE

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AFTER PREGNANCY

CARDIGAN KITSUNE MINI ROBE BUSTIER UTILISE EN JUPE HEIMSTONE MAILLOT DE BAIN MANOUSH CHALE EN CROCHET VINTAGE

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PULL A MANCHES COURTES CARVEN JUPE LAETITIA MANNESSIER SANDALES A TALONS REPETTO

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ROBE CARVEN

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Nina Gosse

BLING BLING VS KITCH ASSUMÉ Le luxe montré ou caché ? Dernier dilemme bourgeois, et problème existentiel pas si problématique. Alerte, c’est la guerre des gangs en société consumériste, tranchons les choses dans ce numéro sur le mauvais goût, où se cache-t-il ici ? Le mantra Séguéla-ien « t’as pas de Rolex à 50ans, t’as raté ta vie » ne passera pas par nous, qu’on se le dise d’emblée. Les hipsters, les branchés, les bobos, cultivent davantage la Casio ou la Lip vintage. Le combat sur le terrain des montres, se retrouve par ailleurs au rayon des tenues de jour comme de nuit, des villégiatures, de l’ornement du bercail, des références artistiques, jusqu’au choix des sauteries diurnes. Le premier camp ? Le bling-bling contre lequel on s’insurge depuis 5 ans, l’invasion des russes et des émirats, les dog tags des rappeurs US, et une myriade de détails dorés nous venant tous à l’esprit. C’est l’opulence affichée, c’est un diamant trop gros pour être sincère, c’est la crise qui s’enfuit en Ferrari… Le second camp ? L’ANTI labels, la simplicité d’un cashmeer parfait, le jambon purée revisité, les usines désaffectées, la seconde main chic, le bouche 102 • SIMON(E)


à oreille qui cache ses musettes, crouler sous les belles reliures, une escale dans l’arrière pays dans une vielle bâtisse en pierres ou sur une de nos côtes, mais en espadrilles usées et vélo environmentally friendly. Vision trop manichéenne ? Sans aucun doute. D’abord, parce que le faste affiché peut être girond et plaisant à regarder (et arborer). Ensuite, et en toute honnêteté, le vivons cachés reste une luxure qui rend heureux. Le spécimen anti-exhibition a tout autant ses références qui se révèlent autrement, mais restent des codes au sein de sa communauté. Enfin, c’est la même chose qui se cache au fond du sac, c’est la même trouille de l’ennui, et le même besoin de (ré)confort. Alors oui, c’est le mauvais goût qui suinte dans l’univers oligarque divulgué par les photos d’Anna Skladmann, de même pour les courses hippiques et autres conventions dans le livre luxe de Martin Parr. Au final, c’est la vulgarité has been, kitsh ou encore too much qui nous fait mal aux yeux, qui préfère se zieuter entre connaisseurs. Seulement, le vrai luxe ne s’ignore pas, s’il se dissimule ce n’est qu’en apparence. On préfère donc un luxe non tacky, mais on y tient tous ! Bertrand Vac a dit que « le luxe est une habitude qui se contracte facilement », les vœux de chasteté volontaires sont en perdition, le PRIX de la liberté ? SIMON(E) • 103


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James renzelmann

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Quelle est ta formation / Parcours / Passé ? J’ai toujours voulu travailler dans la création. Au lycée, j’ai étudié les arts plastiques. J’ai ensuite fait le BTS mode ainsi que le DSAA mode et environnement en essayant le plus possible de m’éloigner des contraintes liées à la mode (commerciales, tendances, marketing...) et en tentant de créer des ponts avec l’Art. Entre-temps, par hasard, j’ai rencontré ORLAN, artiste qui m’a toujours fasciné, j’ai travaillé avec elle et j’ai été inspiré par son engagement complet dans son travail, quitte à aller à l’encontre du reste du monde. Aujourd’hui, je suis dans la classe «post-DSAA» qui vient d’ouvrir entre les écoles Boulle, Estienne et Duperré.

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Quel lien vois-tu entre l’image et la mode ? Les deux sont intimement liées. D’ailleurs, pour moi la mode est une des disciplines de l’image parce qu’au final, lorsqu’on crée un vêtement, un accessoire, un bijou, c’est une image que l’on crée avant tout. Et qu’on l’admette ou non, qu’on adhère ou non aux tendances, les vêtements disent toujours quelque chose.

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Comment pourrais-tu définir ton travail ? J’aime l’expérimentation, le doute, les trouvailles. Donc mon travail est une sorte de laboratoire où je ne me refuse presque rien. J’ai besoin de toucher la matière mais j’ai aussi besoin de retoucher mes images. Du coup, j’ai deux pratiques assez distinctes mais complémentaires : d’un côté, je pars d’une idée et tente de la matérialiser et c’est notamment le cas de beaucoup de mes photographies, mais parfois, je me laisse guider par la matière, les couleurs, les bruits pour créer mes textiles. Dans tous les cas, il y a l’étape de l’ordinateur qui est à la fois mon atelier mais aussi l’endroit où je montre le plus souvent mon travail.

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Quels questionnements explores-tu ? La question de la représentation du corps est centrale dans mon travail. J’ai décidé de faire un focus sur le visage, sur mon visage parce que je suis très frustré par l’idée d’une identité unique qu’on nous demande d’avoir. Dans mes photographies, j’essaie de faire l’extrême inverse, d’explorer et de proposer d’autres possibles du corps. Aussi, je défends et célèbre l’»artifice», notion mal comprise, malmenée, rejetée, et qui pourtant est à la base de l’humanité. Nous passons sans cesse par ceci et nous semblons oublier que le langage, c’est un artifice. Du coup, je le revendique et le montre : j’utilise Photoshop, les paillettes, je retouche, recadre, reprends, découpe, fragmente, compose comme on pourrait le faire en peinture. Je ne me contente jamais de l’image «brute».

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Quels sont tes sources d’inspirations ? Tes références ? Je suis souvent inspiré par ce qui m’entoure et ce qui m’arrive : ça peut être une matière, une couleur, une observation, une remarque de quelqu’un, un souvenir... J’ai une maladie incurable : j’adore collectionner, je ne jette rien. Chez mes parents, ma chambre est remplie de tout ce que je collectionne. Les orchidées, les pierres semi-précieuses, les boîtes à pilules, les bijoux, les chapeaux, les lunettes, les foulards, les trèfles à quatre feuilles, les papillons, les tickets de métro, de musées, les billets de train. J’admire beaucoup de créateurs très différents : Monet, Ensor, Bonnard, Bacon, De Kooning, Peter Doig, Aziz & Cucher, Nancy Burson, Sherman, Jan Fabre, Lucy and Bart, et beaucoup d’autres !

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Comment vois-tu la jeune création aujourd’hui ? Il y a beaucoup de gens très talentueux, intelligents et dont le travail est passionnant. On est quand même dans une période assez dure, très compliquée pour les jeunes. Mais j’ai l’impression qu’elle stimule la création parce qu’elle permet de casser un système qui ne fonctionne pas forcément bien et de tout recréer. À l’inverse, cette période «difficile» conduit à une sorte de nostalgie généralisée et cela se traduit par des retours en arrière, par un certain goût pour une esthétique passée qui me plaît beaucoup moins. Je ne suis pas nostalgique du tout, les polaroïds ne me fascinent pas, l’argentique encore moins surtout quand ce n’est que pour faire de «jolies» images... Je préfère me tourner vers l’avenir et vers les nouveautés en matière d’images, de techniques, de sens.

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NATHANIEL LYLES

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Nathaniel Lyles Nathaniel Lyles est étudiant à la Central Saint Martin School, en section Knitwear. À 24 ans le ginger boy à pour icône Fran Drescher, sa mère et sa grand-mère, ce qui en dit long sur ses goûts pour les couleurs, motifs, matières.

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Dans ses créations le tissage est un lien qui permet de réunir différentes histoires, différents souvenirs. Son travail se base sur l’expérimentation de nouvelle technique et matériaux peu usuel, tel que la céramique. Sa conception du vêtement provient de la structure musculaire du corps et du squelette humain.

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CHEMISE COS VESTE NOEMIE AL HOMSI PANTALON DOCKERS

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Photographie Adeline Mai Stylisme Noëmie Al Homsi & Laëtitia Mannessier Maquillage Noëmie Guezi Coiffure François Cannizzo Interview Jean du Sartel

Lannick Gautry est à l’affiche de Plan de table, aux cotés de Elsa Zylberstein, Franck Dubosc et Louise Monot qui sortira le 11 avril. Il nous parle de son rôle, de son expérience et de ces rencontres. Sans langue de bois, ni méchanceté gratuite il nous explique sa vision du cinéma français et la façon dont il aborde son métier d’acteur. A.O SIMON(E): Est-ce que d’autres rencontres d’acteurs t’ont marqué ? LANNICK: Jean Dujardin, surtout par sa personnalité, j’admire ce mec parce qu’il est simple, droit, la tête sur les épaules. Quand on tournait Brice de Nice, on discutait souvent entre chaque prise et il était persuadé qu’il ne ferait plus rien après… La suite, on la connaît. Donc j’admire les gens pour ce qu’ils sont et pour l’approche qu’ils ont de ce métier SIMON(E): Tu as joué au théâtre avec Marilou Berry et Balasko… Que retiens-tu de cette expérience ? LANNICK: C’était il y a deux ans et le souvenir le plus marquant reste l’appel de Josiane. Elle m’a dit « j’ai écrit un rôle pour toi «. J’ai repensé à tous les films dans lesquels elle a joué et qui ont

bercé mon enfance comme ‘Les bronzés font du ski’… C’était fou, c’était sensoriel. Et puis ensuite beaucoup de travail, le jeu c’est du boulot ! Les répétitions sont lourdes, lentes, on joue la même scène, la même phrase 200 fois par jour. On a le trac avant d’aller sur scène, on se dit «qu’est-ce que je fous là ? Pourquoi je m’inflige ça?» Et puis les applaudissements qui font du bien… C’est un peu narcissique, c’est vrai ! SIMON(E): Et tu préfères le cinéma ou le théâtre ? LANNICK: Le théâtre c’est direct pendant deux heures ! Le cinéma c’est plus long, plus lent. Le théâtre c’est une sensation forte avec 900 personnes dans une salle, tu les sens, leur chaleur, leurs regards… Il n’y a pas de triche… Ce n’est pas la même façon de jouer.

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SIMON(E): Quels genres de théâtre, de cinéma, te plaisent ? LANNICK: Au théâtre, Tennessee Williams, le théâtre anglais. Et j’aime beaucoup le cinéma coréen Old boys par exemple. Le cinéma français rame un peu je trouve. Il y a tellement de barrières. SIMON(E): est-ce qu’il y a des rôles dont tu rêves secrètement ? 122 • SIMON(E)

LANNICK: Dans ‘Itinéraire d’un enfant gâté’, le rôle de Belmondo est magnifique et très bien interprété. Ce que j’aime dans ce métier, c’est que tu peux être tellement de personnages, expérimenter tellement de vies, pilote de course… enfin, des rêves d’enfant. Là, je vais jouer un rôle de policier et je vais pouvoir rouler avec un gyrophare, me rouler par terre, faire pan pan (rires) comme un gamin ! C’est génial, mon boulot c’est de «jouer «, c’est fou non ?!


CHEMISE CAMILLE MARCEAUX

SIMON(E): Peux-tu nous parler un peu de Plan de table qui sort en avril ? LANNICK: C’est un film intéressant pour le scénario. Un homme est éperdument amoureux d’une femme avec qui il est resté 5 ans mais qui l’a quitté parce qu’il n’osait pas aller plus loin, alors qu’il avait cette bague dans la poche depuis des années. Il va être invité au mariage de cette femme, et il va essayer de la reconquérir. La sœur va un peu le draguer et il va voir que ça touche la

femme qu’il aime. Il va utiliser cette arme, la jalousie. Ça part d’un plan de table où les gens sont placés. Le luxe du personnage, c’est qu’il va pouvoir revenir en arrière et placer les gens différemment. On va revoir plusieurs fois le mariage… Le film se propose plusieurs histoires... C’est un peu un mélange de 4 mariages et un enterrement, parce que c’est une comédie un peu classe avec une très belle lumière, un humour fin et ‘Un jour sans fin’ ou ‘L’effet papillon.’ SIMON(E) • 123


SIMON(E): Avais-tu déjà joué avec Dubosc et Zilberstein? Et que t-ont-ils appris ? LANNICK: Non je n’avais jamais joué avec eux. Elsa m’a transmis beaucoup de choses, je n’ai pas eu de scène avec Franck en revanche. Elsa, qui a eu le prix d’interprétation du Festival de l’’Alpe d’Huez, est une actrice très forte. Elle joue des rôles dans lesquels on ne l’attend pas forcement et c’est fascinant de voir sa façon de s’adapter. 124 • SIMON(E)

SIMON(E): Qu’est-ce que tu espères pour l’avenir ? LANNICK: le choix, le choix ! Dans ce métier, le luxe suprême, c’est vraiment d’avoir le choix. Je n’ai pas une boulimie de tournage ; en fait, je préfère faire des courts métrages, réaliser… SIMON(E): Donc tu es sur des projets de réalisation ? LANNICK: oui, là, je suis en train de réaliser. J’adapte


CHEMISE COS

un roman, qui s’appelle ‘Mort aux cons’…Vaste sujet ! Brièvement c’est un mec qui bute les gens pour recréer le lien social... C’est un vrai paradoxe. En fait, les emmerdeurs qui sont autour de toi, qui te font chier, il va les tuer pour voir si la vie de l’autre sera meilleure. C’est une approche scientifique du meurtre scientifique. Il se dit «tiens, lui, on va le tuer et on va observer ce qui se passe» et de la constatation, il en tire des conséquences…

Il y a une grande évolution du personnage. Le premier mort est un chat et le dernier le premier ministre. Ce sera une comédie cynique à l’anglaise. SIMON(E): Côté mode, comment qualifier ton style ? LANNICK: Je ne peux pas trop pour être honnête, je ne m’y connais pas assez. Je serais incapable de te citer des marques. Je fais mes achats en fonction de mes besoins et je vais à la facilité ! Je suis un peu détaché… SIMON(E) • 125


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ROBERTO PIQUERAS

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SIMON(E) : PEUX TU TE PRÉSENTER À NOS LECTEURS ? ROBERTO : Je m’appelle Roberto, je suis de Sabadell à coté de Barcelone. J’ai 26 ans, je suis designer de mode et Dj. SIMON(E) : TU VIS A LONDRES, EN QUOI CETTE VILLE T’INSPIRE-T-ELLE ? ROBERTO : Londres m’a inspiré avant même que j’y emménage. Je me sens vraiment moi-même dans cette ville, c’est agréable mais parfois dur. C’est surtout la scène musicale londonienne qui m’influence, elle est très éclectique. SIMON(E) : QUELLES SONT TES AUTRES INSPIRATIONS ? ROBERTO: Ce sont mes propres expériences qui m’inspirent, mes amis, les villes dont je suis originaire, Mexico, Barcelone, Sabadell, Madrid ou Londres. Il y a beaucoup d’artistes qui m’inspirent, mais je pense que la plus influente pour moi est Salvador Dali... et Michael Jackson ! SIMON(E) • 129


SIMON(E): QUELS SONT TES PROJETS ACTUELS ET À VENIR ? ROBERTO : Je suis en train de terminer ma collection Hiver 12/13 et je vais shooter le lookbook avec Cocoladas avant un mini défilé. Je travaille également sur une collaboration avec Reebok et Jeffrey Campbell pour une collection de chaussures.

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SIMON(E) : QUEL EST TON JEUNE CRÉATEUR PRÉFÉRÉ ? ROBERTO : Probablement Craig Lawrence. SIMON(E) : UN CONSEIL POUR LESÉTUDIANTS EN MODE ? ROBERTO : Travailler dur et croire en soi.

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1/

Un passé, un héritage. Une référence à se remémorer.

2/

Un présent encore peu populaire. Une expression alternative qui gagne à être connue.

3/

Un futur déjà bien établi dans le présent. L’évocation d’un succès qui perturbe ou qui émerge.

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Julien Garrec 136 • SIMON(E)


LIO

Banana Pop. Femme des années 80. Pétulante icône de sa génération, Lio a su garder son énergie malgré une carrière en dent de scie. Portugaise endiablée. Portugaise ensablée. Vous parler de Lio, c’est aussi ma façon de rendre ce numéro spécial de Simon(e) Mag encore un peu plus “tacky”. Un nom long ou à consonance un peu trop exotique, peut parfois pousser des artistes à choisir un pseudonyme inhabituel. Bien qu’il s’agisse d’une simple supposition, on se bornera à constater que Lio est bien plus facile à retenir que Wanda Maria Ribero Furtado Tavares De Vasconcelos. C’est au Portugal que Wanda voit le jour le 17 juin 1962 (et oui elle pourrait aisément être notre mère). Et c’est à Bruxelles qu’elle grandit, et déjà mélomane, se passionne pour le fado. Mais les Rolling Stones et le Velvet Underground viennent compléter la culture musicale de Wanda, enthousiasmée à la fin des années 70 par le mouvement punk. C’est d’ailleurs à cette époque qu’elle adopte le surnom Lio. En 1976, sa fréquentation des milieux artistiques l’amènent à rencontrer Eric Dierks-Hagen, futur parolier de ses premiers titres, séduit par la personnalité de la brune qui ne compte pas pour des prunes et convaincu de son potentiel. Après plusieurs refus d’éditeurs musicaux, c’est finalement chez le label belge Ariola Benelux que sort le fameux “Banana Split”. Le succès est immédiat et dépasse toutes les espérances. Le public accroche au personnage d’adolescente frondeuse, ainsi qu’à son innocente chanson aux forts sous-entendus sexuels que ses clips ne se privent pas de souligner fortement. Très demandée, elle enregistre “Amoureux solitaires”, par Elli et Jacno, avant de se tourner vers le cinéma. Après une longue traversée du désert dans les années 90, Lio s’offre une seconde jeunesse début 2000. La reconstruction passe par une renaissance professionnelle, en repartant quasiment de zéro. Ce nouveau départ est marqué par une collaboration avec Teki Latex, du groupe TTC et des apparitions à la télévision lors d’émissions à succès type “Nouvelle Star”. Malgré une image sulfureuse, parfois à la (très fine) limite du vulgaire, Lio est bien la preuve que toutes les poupées Barbie ne sont pas jetables. LIO, “Je garde quelques images… pour mes vies postérieures”, 2008 Wanda en fourrure Production.

Chairlift

Addictive, douce, parfois torturée, la musique de Chairlift se bonifie avec le temps… à l’image d’un bon vin. Chairlift sortait son premier disque il y a quatre ans, surfant sur le tsunami “synth-pop” tout droit venu de Brooklyn et porté par le groupe MGMT. Depuis, rien de bien nouveau. On se remémorait de temps à autre Chairlift pour louer la plastique avantageuse de Caroline Polachek - moitié du duo dont la plupart des as de trèfle souhaiteraient piquer le cœur – ou pour leur formidable rôle de commerciaux pour Apple avec "Bruises", titre mignon comme un sourire d'enfant qui accompagna des semaines durant les campagnes de son iPod Nano. Je vous propose aujourd’hui de faire table rase du passé, avec la sortie de leur nouvel album "Something", qui a un arrière-goût de chef d'œuvre et offre à Chairlift l'occasion d'honorer son nom (qui signifie “télésiège”) en atteignant, sans mauvais jeu de mot, les sommets. Le trio new-yorkais nous revient tout d’abord de manière réduite, à l'état de duo, comme pour gagner en légèreté. Premier gage de qualité : l'album est produit par Dan Carey (Kylie Minogue, Franz Ferdinand, Hot Chip…). En dehors du single addictif Amanaemonesia - au clip génial - les titres aux rythmes pop 80's se bonifient au fil des écoutes. La voix éthérée de Caroline Polachek renvoie à la new wave façon Kim Wilde et livre des perles à la Feist. Un peu perché, le disque nous offre un doux voyage, mais en montagnes russes. Il n'y a peut-être pas de Brooklyn Sounds à l’intérieur mais à une heure où un Brooklynien sur trois semble avoir un groupe - potentiellement commercialisable sous la seule caution de son quartier, tourner la page et avancer était la meilleure chose à faire pour ce groupe. Quoiqu'il en soit, si 2012 est censée mal finir, grâce à Chairlift, elle a très bien commencé. CHAIRLIFT, “Something”, 2012 Kanine Records.

Wookid

Le mois dernier, Woodkid s'est lancé dans un pari un peu fou d’interpréter « Iron », la chanson qui l’a fait buzzer sur internet, avec pour sublime décor le premier étage de la Dame de fer. Un véritable défi, brillamment relevé par le chanteur-graphiste, plus connu pour avoir réalisé les clips de Katy Perry, Yelle et plus dernièrement Lana Del Rey, que pour sa musique. Yoann Lemoine aka Woodkid est monté au premier étage de la Tour Eiffel le mois dernier pour un showcase. Le graphiste français n'était pourtant pas sur son 31 pour présenter ses premiers morceaux aux différents médias conviés pour l'occasion. En jean / chemise et la veste ouverte, l'artiste désormais chanteur n'a pas tombé la casquette qui le suit partout. Au delà de l'allure, c'est un son particulier et planant qu'il propose. Ses premiers clips et vidéos acoustiques en donnaient un premier aperçu, mais c'est en live que ses titres prennent véritablement de l'ampleur. Il était jusqu'à présent difficile de se rendre compte non pas de son talent, car il est indéniablement grand, mais de sa capacité à captiver l'auditoire avec seulement sa musique, sans les images qui font sa réputation. Un challenge aussi parce que les médias avaient été conviés quelques semaines plus tôt pour un autre showcase au même endroit : celui de Johnny Hallyday. Même s'il a déjà fait ses preuves dans plusieurs domaines, notamment dans la réalisation de clips vidéo "Teenage Dream" de Katy Perry et le plus récent "Born To Die" de Lana Del Rey, tout reste à faire dans le domaine musical, même si la justesse de son chant et l'intensité qu'il a mis dans chacun de ses titres hier soir lui ouvriront rapidement les portes de la notoriété. Le public, parmi lequel les artistes Housse de Racket ou Yelle, a d’ailleurs rapidement été séduit. Fort d'un premier EP intitulé "Iron", Yoann Lemoine prépare la sortie d'un premier album intitulé "The Golden Age". Sans surprise, et au vu de ce que l'artiste a présenté avec ses premiers titres, c'est toujours dans cet univers de musique épique (parfois symphonique) qu'il nous embarquera. Le disque est attendu pour cette année. Woodkid s’impose dans la musique et impose un genre difficile à qualifier, entre rock, folk et électro. On ne s’en lasse pas. WOODKID, “Iron”, 2011 Green United Music. SIMON(E) • 137


Laurie Mannessier 138 • SIMON(E)


Plan 9 From Outer Space

Déterminé comme l’un des plus mauvais sinon le pire film de l’Histoire du Cinéma notamment selon le critique Mickael Medved en 1980, Plan 9 from outer space raconte la tentative de sauvetage de la planète Terre par des extra-terrestres ayant déterminés les êtres humains trop destructeurs et dangereux. Pour se faire, ils réveillent les morts en les soumettant à leur pouvoir, faisant ainsi d’eux des zombies esclaves. Film maudit au milieu du tournage duquel un acteur mourut, Plan 9 assume jusqu’au bout son appartenance au cinéma bis - le cinéma sans budget dans lequel sont catégorisés en pagaille les westerns spaghettis, les films de kung-fu, les pornos, les films d’horreur, ceux de la blackspoitation.. - : effets spéciaux “soucoupes volantes” réalisés en carton comme quand toi tu faisais un film avec tes potes au collège, faux raccords à la pelle, décors servant pour plusieurs mêmes lieux diégétiques, et jusqu’au nom de scène d’une des actrices “Vampira”. Cependant à mieux s’y attarder on trouve à l’oeuvre de bons éléments : la morale par exemple inclut un certain féminisme encore récent à l’époque. Et puis surtout Plan 9 pose la question du genre, du sous-genre et du jugement d’un film : qu’est-ce qui fait qu’un film est bon ou mauvais ? Pourquoi y auraitil des films “savants” et des “sous-genres”, dispensés au public populaire ? Nombreux sont évidemment les réponses et les facteurs : visée commerciale de l’oeuvre, sujet, thèmes abordés, stéréotypes, … Et nombreux sont les contre-exemples détruisant la question elle-même : ainsi entre mille autres La Fiancée de Frankenstein de James Whale en 1935 refuse sa catégorisation en quelque genre qu’il soit, de même que le récent Sucker Punch de Zack Snyder révèle de l’oeuvre d’auteur s’il on outrepasse son allure de blockbuster. Tellement kitsch qu’il en est devenu culte, Plan 9 from outer space est désormais une référence courante. Tim Burton particulièrement en a fait l’hommage en réalisant Ed Wood en 1994, ou encore en reprenant les costumes des extra-terrestres de Plan 9 pour les Umpa-Lumpa de son Charlie et la chocolaterie. Plan 9 From Outer Space, Edward Davis Wood, 1959

Kaboom

Neuvième film de Gregg Araki dont le plus connu est certainement Mysterious Skin (2004), Kaboom est un pot-pourri délirant offrant au détour d’un scénario improbable une pléiade de détournements des codes. La base elle-même est excentrique, avec des personnages à la fois originaux et stéréotypes : un jeune BG incarné par Jared Leto (#Simon(e) N4 - The Death Issue) qui ignore s’il est moules ou frites, son coloc blond-surfeur-baiseur, son coup d’un soir bonnasse et nympho, et sa best friend lesbienne qui se fait séduire par… une sorcière hystérique. Sans compter qu’il a d’entrée de jeu rêvé d’eux tous, et d’une inconnue rousse qui lui vomit dessus au détour d’une soirée universitaire. Avec ça, on comprend bien que l’intrigue ne sera principalement pour Araki qu’un prétexte dans lequel articuler ses personnages et surtout montrer ce qu’il sait faire : mélanger tous les genres en glissant de l’un à l’autre de manière à la fois assumée, exacerbée, et pourtant totalement fluide. Teenage movie, thriller, policier, critique de la société pour bien faire, film psychologique, fantastique, jouissif quand il termine en improbable western sur du Placebo à fond - merveilleux en salle de cinéma, malheureusement très mal rendu par le mixage DVD qui casse totalement le volume de cette séquence finale et laisse simplement sur un sentiment de queue de poisson. Un comble pour cette diffusion DVD tant attendue puisque Kaboom a réussi l’exploit d’être absolument in-téléchargeable sur le Net jusque sa sortie légale. Kitsch dans les genres mais également dans le traitement de l’image, Kaboom ne se prive pas de revisiter le contraste évident, en le choisissant qui plus est bleu et rose. Il est également l’un des premiers films à avoir repris les bons vieux volets PPV (ceux qui vous permettaient de faire de magnifiques diaporamas de vos supers-vacances-à-Argeles-sur-plage et pleurer Tatie Josette, trop émue de ce que la technologie -Windows Movie Maker- peut faire de nos jours) et les titres en scripte, saturant plus ou moins le champ, typo simple, sur fond uni, qui reviennent aujourd’hui à la mode dans les salles de cinéma - ou comment le ringard redevient hype. Kaboom, Gregg Araki, 2010

Bye bye Blondie

Être vulgaire jusqu’à en être poétique : c’est ce que l’oeuvre de Virginie Despentes fait à travers ses romans, ses nouvelles, ses poèmes, ses essais et ses films. Crue, provocatrice, pornographique sans gêne, cette ex-prostituée via Minitel a signé entre autres la version française de Protect me from what I want de Placebo, les films Baise-moi en 2000 et Les Jolies Choses avec Marion Cotillard en 2001 tous deux adaptés de ses propres romans, dont le dernier Apocalypse Baby en 2010 a reçu le prix Renaudot. Elle revient désormais avec Bye bye Blondie, un film au titre rock en écho avec son univers : liberté sexuelle, trash, sexe et drogue. L’auteure est française, les actrices le sont aussi : Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle qui a convaincu Virginie Despentes de changer le couple originellement hétérosexuel en un couple homosexuel, renforçant le caractère provocateur du film et relançant les archétypes de la butch et la lesbienne punkette. Pour le topo, Frances et Gloria se sont rencontrées adolescentes dans les années 80, au coeur du sexe, de la drogue et du rock’n’roll, ensuite elles ont fait leur vie et vingt ans après, l’une vient cherche l’autre. Dès lors, on espère un montage alternatif de l’ensemble pour lesquelles les scènes d’adolescence promettent d’être vraiment rock, dans un bon esprit de cinéma indépendant s’éloignant des clichés du cinéma trop français à la Honoré, portées par deux actrices qui excellent selon les rumeurs. Reste à savoir : le vocabulaire et l’univers cru de Despentes le sera-t-il jusqu’à être beau et jouissif ou simplement dégoûtant et indigeste ? La force qu’elle sait transporter par les mots dans ses écrits sera-t-elle transmise par une adaptation cinématographique ? Saura-t-il être plus puissant que Les Jolies Choses qui, s’il comprend quelques instants intenses, inclut également des baisses de tension presque impropres à Despentes. Bien entendu un roman n’est pas un film et chaque oeuvre se doit d’être analysée séparément selon son propre medium, cependant lorsque la même personne est aux commandes derrière, la question se pose : comment l’univers d’un artiste est-il créé par ce dernier lorsque qu’il choisit de transcender les arts ? Bye Bye Blondie, Virginie Despentes, 21 mars 2012 SIMON(E) • 139


John Sannaee Béatrice Hugues 140 • SIMON(E)


Les Jumelles de Sweet Valley

Impeccablement photogénique et la quintessence des filles américaines à cent pour cent, Elizabeth et Jessica Wakefield sont les personnages types au centre d’une des séries les plus grandes et célèbres du genre young adult (jeune adulte), une grande partie duquel pourrait être aussi appelé trash fiction. Voici la gloire et la honte et la célébration de tout ce qui est prévisible, cliché, exagéré, ridicule mais inexorablement attirant : si jamais il existait un apogée de ‘tacky’ dans la littérature, on le trouve dans ses bouquins quasi idylliques du monde ensoleillé des ados californiens. Il serait facile d’écarter Sweet Valley comme un déchet littéraire pour les incultes mais son succès est impossible de renier. Cent cinquante deux livres et une série télévisée qui connaissait un succès aux deux côtés de l’Atlantique est la preuve que le ‘tacky’ n’est pas une minorité mais touche à quelque chose d’universel. Il n’est pas le contenu de ces livres qui est intéressant en lui-même, car en effet Sweet Valley est un monde à la fois extrême et banal. Chaque problème qui pourrait éventuellement échoir aux deux belles jumelles et leur entourage, advient, du divorce à la prise d’otages, des histoires d’amour aux comas. Pourtant, Sweet Valley ne demande jamais au lecteur de croire, seulement d’être amusé, à peine être séduit. Le génie de Sweet Valley et son genre est de tresser le quotidien, un fil qui lie le monde du roman à la réalité ; le rêve, les belles filles, leurs beaux garçons et leurs grandes maisons sous le soleil ; et le cauchemar, des catastrophes peu probables, des scandales inouïs. Sur ces pages faciles à lire – avec un vocabulaire simple mais bien choisi on vit indirectement tous nos désirs et nos peurs, tout en échappant à la réalité de nos vraies vies, soit en tant qu’adolescent à la campagne écossaise, soit comme adulte honteux caché sous la table dans leur bureau. Sweet Valley ne nous fait pas peur, il est beaucoup trop fun, mais il nous lance dans un jeu, et il n’est pas seul – de Twilight à Alice Roy, Fearless au Journal d’une princesse, il y a tout une gamme de littérature pour les jeunes adultes que l’on pourrait considérer comme tacky. Mais parmi cette gamme on trouve au moins un livre, un personnage chacun, qui nous a donné un moment d’espoir, de joie ou de fuite. Les Jumelles de Sweet Valley (Sweet Valley High), Francine Pascal

Penny Dreadfuls & Pulp Fiction

Avant les bandes dessinées, avant les comédies musicales d’aujourd’hui, avant toute la fiction sensationnaliste actuelle, il y avait les penny dreadfuls et les pulp fiction. Dès la dixneuvième siècle, avec l’élévation du taux d’alphabétisation, de nombreuses petites histoires appartenant à ces genres furent publiées dans des magazines et des journaux ou comme bouquins à part entière à un prix bas, ce qui a engendré leur surnom. Les penny dreadfuls ont été créés pour les masses. Toujours faciles à lire, ils étaient souvent accompagnés ou pratiquement composés d’illustrations. Les histoires y figurant étaient exagérées, dramatiques, même épouvantables – l’attrait était le choc, l’exotique, le mystère, l’horreur – quelque chose qui captivait le lecteur de suite sans difficulté de compréhension. Parfois tirés des grands romans et simplifiés, ou d’histoires inventées pour la consommation de masse, l’idée était simple : ne pas être compliqué et transporter le lecteur au-delà de la misère de sa vie quotidienne. Les grandes romances, les voyages à l’autre bout du monde et les mystères policiers étaient des sujets populaires, mais les thèmes les plus appréciés furent ceux de l’horreur, des meurtres, du surnaturel. Touchant la face cachée, sordide de la vie, ces histoires superficielles faisaient ressurgir les peurs et les menaces de la vie ouvrière de l’époque. Elles ont ensuite évolué et la fiction sensationnaliste aussi lorsque la bande dessinée et ses antihéros a vu le jour en partie grâce aux penny dreadfuls puis aux pulp fictions des Etats-Unis du milieu de la vingtième siècle. Déplacé au nouveau monde dans une autre époque, le sensationnalisme pour les masses a trouvé une autre forme, mais les bases de son attrait restèrent identiques et ses sujets, la drogue, le crime, le fantasme noir furent les équivalences contemporaines des peurs fantasmagoriques qui caractérisaient beaucoup de penny dreadfuls. Le succès relativement récent du film de Tarantino (inspiré de ces histoires) nous a soulevés la vraie importance et la pertinence toujours actuelle d’un genre souvent ridiculisé et les questions inquiétantes qui patauge en dessous d’une superficialité trompeuse. / J.S.

Baby Leg

Kraus se réveille un matin dans une cabane au milieu de la forêt, amputé d’une main, blessé au front et amnésique. Il est hanté chaque nuit, par une étrange vision. « Nuit après nuit, Kraus rêvait d’une femme qui avait une jambe normale et une jambe de bébé. Dans le rêve, elle se déplaçait bruyamment sur son genou adulte et sa jambe de bébé, en brandissant une hache, vacillante. » Kraus découvre un peu plus tard son propre visage sur une affiche, il apprend alors qu’il est recherché par un certain docteur Varner. Tel est le cauchemar dans lequel nous engouffre Brian Evenson dès les premiers mots de son nouveau roman « Baby Leg ». Le roman, ponctué de pertes de consciences, de réveils dont on se demande s’ils sont vrais ou dans le rêve même nous entraine ensuite loin, très loin dans un monde irrationnel et de plus en plus sombre. Des éléments du rêve pénètrent dans le réel, le réel s’immisce dans le rêve, tant et si bien que jusqu’à la fin nous tâchons de savoir si nous sommes dans le rêve, dans le réel, dans un roman de science-fiction ou au beau milieu d’un délire de malade mental. Le personnage, lui-même amnésique, ne nous apporte que davantage d’interrogations sur son absurde situation. L’intrigue se poursuit apportant d’autres personnages plus surprenants les uns que les autres comme l’agent immobilier unijambiste et son ami mutilé, également à la recherche de Kraus et qui se déplacent comme s’ils avaient encore tous leurs membres. Les décors varient entre la cabane, l’hôpital, la route et ce container rempli de liquide dans lequel le personnage sera prisonnier, tout en étant ailleurs... puisque l’espace et le temps sont ici, comme en rêve, flexibles, malléables. Et toujours, Baby Leg, de plus en plus vivante, déambulant sur sa jambe normale et sa jambe de bébé, brandit sa hache. C’est avec la même aisance et la même liberté décomplexée que peut atteindre notre inconscient dans un rêve, que Brian Evenson nous transpose de situation en situation chacune plus aberrante, plus terrible que la précédente. Dans un univers proche de ceux de David Lynch, où le surréalisme est assumé comme normalité et donc d’autant plus dérangeant, nous errons à la recherche de quelque chose de terre à terre, de censé, à quoi nous raccrocher. Brian Evenson nous emmène dans l’horreur à la limite du gore et dans l’absurde à la limite du compréhensible, peut-être plus loin encore que le pire des cauchemars, et nous laisse, à l’issue, dérouté et perplexe. Baby Leg De Brian Evenson SIMON(E) • 141


Marc Beyney-Sonier 142 • SIMON(E)


Jean-Honoré Fragonard Même s’il semble un peu dur de prime abord de prendre Jean Honoré Fragonard comme symbole tacky d’artiste passé, il nous ramène en France un héritage pictural dont on se serait volontiers passé : le Rococo. Appelé usuellement “peintre de la frivolité” en histoire de l’art, l’artiste du XVIIIème, lorsqu’il sort des grands paysages ou peintures religieuses, peindra de l’érotisme avec pauses libidineuses et modèles féminins qui n’en finissent pas de nous agresser de seins, de chair, de “tiens, voilà du boudin”. Et nous pouvons dire merci à Jean Honoré, oui, merci de nous avoir amené ce goût exquis du nichon bourrelé, de la bourgeoise affalée, de l’angelot obèse, du rose, du doré, encore du rose, et de la pucelle charnue. De la porcherie à Fragonard il n’y a qu’un pas : couvrir tout ce joli tas de couenne avec du tissu brodé, des coiffures aériennes, dans des belles pièces, des beaux lieux, des situations touchantes. On ressent dans ces douces orgies quelque chose de nostalgique ou d’un peu sordide comme une gueule de bois ou un lendemain de cuite. Reste l’effluve de l’intensité mais avec une tristesse qui sent la fin. Un peu comme dans les tableaux de Watteau. Alors, certes, Fragonard ne se résume pas qu’à cela, il s’est illustré via bien d’autres oeuvres et restera longtemps baroque, mais il reste néanmoins connu et reconnu à l’époque pour ce genre érotique qui fera son succès. Gageons toutefois que du tacky XVIIIème reste toujours plus chic que du tacky 90’s.

Jeff Koons vs Takashi Murakami

Les deux monstres du marché de l’art se retrouvent aussi en duo pour s’affronter sur le marché des œuvres aux cotations plus démentielles les unes que les autres et pourtant que ce soit un homard suspendu la tête en bas ou un jeune manga jouant au lasso avec son sperme, madame Nadine de Rostshild abonderait sûrement dans mon sens en disant que ce n’est pas du meilleur goût. Même sans vouloir jeter, il faut admettre que les deux ténors du marché s’adonnent avec plaisir au cheap & chic. Takashi Murakami en sus de ses mangas d’une vulgarité incontestable, a eu la merveilleuse idée de peupler le milieu de la mode de jolies fleurs fluos au gros sourire niais. Le monogramme Vuitton, déjà à la limite du bon goût, s’est retrouvé paré durant toute une collection de ce merveilleux petit logo, transformant l’artiste Murakami en objet #tendance/ashiontropcoolmoiaussijveuxunfleur. On dit non. Déjà que l’art contemporain est difficile à aborder tant il perd tout sens aujourd’hui, évitons les mauvais mélanges de genres qui ne font que décrédibiliser bon nombre d’artistes, collectionneurs, commissaires, étudiants, joueurs de trompette et autres troubadours amateurs. Jeff Koons est connu pour ses merveilleuses baudruches métalliques aka les ballons de clown gigantesques qui ont trôné sur le toit du MET à New York mais aussi pour la retentissante exposition à Versailles qui a fait se retourner Marie Antoinette dans sa tombe. Alors oui, on peut être adulé par toutes les plus grosses galeries et reconnu comme toute puissance artistique, il n’empêche.que Koons, dans la pluralité des ses œuvres, est sans conteste le plus tacky des artistes. Ses matériaux, ses supports, ses formats, ses projets sont d’un goût qui n’aurait sans doute pas plu à l’Académie mais qui sont les raisons sans doute de son indéniable réussite.

Jeremy Kost Dans la relève, Jeremy Kost incarne tous les éléments qui peuvent être considérés comme tacky : ► L’utilisation du polaroïd qui rend l’image de mauvaise qualité, vulgaire, mal traitée, sans profondeur, à l’arrache. ► Le choix des sujets, majoritairement des hommes nus, des pds trash, des trans en fin de carrière (le bel hommage à Amanda Lepore), des cheveux décolorés, verts, bleus, de la chantilly sur le pénis. ► Des vernissages couverts par Say Who avec une bande de joyeux lurons noctambules pour qui vernissage rime avec vodka/champagne (dont je fais partie intégrante, soyons d’accord)

Donc que dire de plus sur cet artiste un peu trop rapidement comparé à Warhol à part vous inviter à découvrir ses œuvres et sa prochaine expo ultrabranchée qui nous promet plein de fesses et de bulles ? SIMON(E) • 143


julien fourniĂŠ

Iris van herpen

yiqing yin 144 • SIMON(E)

basilsoda


Photos Franรงois Loock

haute-couture

rami al ali

maxime simoens

jantaminiau SIMON(E) โ ข 145


Défilés homme

Dior Homme

Dior Homme

Dior Homme 146 • SIMON(E)


Eva Minge

Iris Van Herpen

Julien Fournié

Eva Minge SIMON(E) • 147


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Photographie Nastasia Dusapin Stylisme Pierre Marchal Maquillage Mylo Coiffure Chiao Shen Mannequins Erin, Léa et Pandora Assistant photo Maxence Boulard Cardon Remerciement au Curio parlor, à Julien Garrec, Marianne John et Yoanna Chesnot

robe bustier DILEK HANIF colliers vintage

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veste courte et crop top MAL-AIMテ右 robe CAROLINA HERRERA bracelet et colliers vintage

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robe longue rebrodée DILEK HANIF

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veste courte et crop top MAL-AIMテ右 robe CAROLINA HERRERA sandale CHRISTIAN LOUBOUTIN colant TABIO bracelet et colliers vintage

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veste et robe en tweed CAROLINA HERRERA escarpin CHRISTIAN LOUBOUTIN collant et chaussette TABIO

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à gauche /robe longue rebrodée DILEK HANIF, sandale LOUBOUTIN, chaussette TABIO à droite / soutien gorge rebrodé DILEK HANIF, pantalon MAL-AIMÉE, sandale CHRISTIAN LOUBOUTIN, bague YVES SAINT LAURENT, chaussette TABIO 154 • SIMON(E)


combinaison MAL-AIMテ右 collier et bracelet vintage

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robe DILEK HANIF

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top RINAT BRODATCH bagues YVES SAINT LAURENT collier vintage

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à gauche robe longue rebrodée DILEK HANIF

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à droite robe bustier DILEK HANIF escarpin CHRISTIAN LOUBOUTIN chaussette TABIO colliers vintage


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Photo Lucile Leber Réalisation/ Make Up Yann Boussand Larcher Coiffure Rima Serdouk Retouche Jérôme Pied Modèles : Ulya et Zuzanna @ Oui Management

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LISTEN UP BABY ! Polymorphe ? Elle l’est assurément la vulgarité dans la musique. Pour certains (dont ma pomme), la néo-eurodance qui pullule sur les ondes et abrutit la masse avec son imagerie cheapy est le climax du « tacky » mais comme je tiens à vos oreilles, je vais tordre un peu le thème et vous proposer le golden-menu du vulgaire. A savoir des pistes truffées de grossièretés, certes, mais saupoudrées de sens, d’humour et même parfois, de sens de l’humour...

1/ La Caution ▲ Bâtards de barbares 2/ Nine Inch Nails ▲ Closer 3/ Dead Kennedys ▲ Too Drunk To Fuck 4/ Colette Renard ▲ Les nuits d’une demoiselle 5/ Lil Jon ▲ Throw It Up 6/ Alan Gay ▲ Suck Suck Bang Bang 7/ TTC ▲ Bâtards Sensibles 8/ The Rolling Stones ▲ Bitch 9/ The Prodigy ▲ Smack My Bitch Up 10/ Babyshambles ▲ Fuck Forever 11/ Bitchee Bitchee Ya Ya Ya (Brodi & Yuksek RMX) ▲ Fuck Friend 12/ Ministère Amer ▲ Brigitte Femme de Flic 13/ Avenue D ▲ Slut 14/ D12 ▲ Bitch 15/ Roi Heenok ▲ La Petite Négresse à bicyclette

Par Cédric Couvez: Dj, sound-designer, chroniqueur musical pour France 4, Cédric Couvez, noctambule increvable et slasher, cumule depuis plus de dix piges les nuits blanches et les gueules de bois. Dernière actu en date, il a monté « La Loge », le premier membership football-bar, pour les fans prenium de ballon rond... ILLUSTRATION / claire LUPIAC

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CONCERT

Jeudi 15 Mars M83 + Guest à la La Cigale

Ce groupe formé à Antibes allumera la Cigale, avant de se diriger vers Coachella Jeudi 5 Avril Digitalism à la Gaité Lyrique

Par Fatou Dem

Le concert tant attendu de ces deux artistes allemands du label Kitsune se déroulera à la Gaité Lyrique, lieu idéal pour ces artistes électro. Vendredi 27 Avril Of Montréal au Trianon

Depuis plus de dix ans, Of Montréal réussit à imposer son style frais et poétique sans jamais nous lasser http://www.letrianon.fr/

FESTIVAL Weekend du 10 mars

Colette Carnaval 1997-2012

De midi à 18h, Colette investit le jardin des Tuileries pour fêter ses 15 ans. Au programme : kermesse, carnaval, musique, food…. Du 13 Mars au 6 avril

Etrange Cargo 2012 à la Ménagerie de Verre

«Une approche transdisciplinaire du spectacle théâtral ». Quand le théâtre explore différents arts, il en ressort des spectacles contemporains riches. http://www.menagerie-de-verre.org

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LE SPOT

THE ART ROOM

En rentrant dans ce luxueux bar à cocktail, il est difficile de se rappeler du Pin Up. Ce même bar auparavant rose bonbon, dans un esprit très street dans lequel on y passait des soirées assez drôles est devenu sobre, chic et élégant. Le concept est simple : l’Art Room nous propose de goûter l’art, sous toutes ses formes.

Visuellement, en premier lieu, avec une décoration très esthétique, proposée par Cyrille Mas Gamoty et Elise Lacroix, les créateurs du concept. La carte des cocktails est extrêmement élaborée, fine, et conçue dans un esprit gastronomique. Tout comme les fingers foods. Enfin, les expositions vidéo diffusées sur deux écrans géants aux deux étages du bar sont le dernier moyen d’évasion culturelle, de découverte artistique, soutenues par une sélection musicale électro. En soit, ce nouveau concept bar est beau, bon et bien ! THE ART ROOM 13 rue Tiquetonne 75002 Ouvert de 18h30 à 2h en semaine et jusqu’à 5h le weekend

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SOIRÉES Vendredi 9 Mars Rockin’ The Mix au Truskel

Eric Debris (DoctorMix) et le VJ Steff An G partagent avec nous leur esprit rock !

Par Fatou Dem

Samedi 10 Mars DIMUSCHI / Rouge

Une soirée étonnante dans un cabaret mythique, c’est ce que vous propose « And Now This », avec leurs amis, et leurs invités. Tarif / 10 euros Vendredi 16 Mars Les Nuits Zébrées à La Bellevilloise

La belle sélection musicale de cette nuit zébrée n’a rien à envier aux festivals d’été… Avec Clinton Fearon, PuppetMastaz, Get a Room et plein d’autres. On assistera également à l’effeuillage de Mallory Knox et ses filles et à une projection des performances live des Talking Heads. Samedi 24 Mars Dj Bisous / Le Molotoff

Ce duo éclectique ramène son univers dans le festif Molotoff Dimanche 8 Avril Dirty Party au Social Club

Avec Matias Aguayo, Daniel Maloso, Pilooski et Dirty Sound System

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EXPOsitions Du 9 Mars au 5 Avril Planète Femmes chez Agnès B.

Une jolie exposition se tiendra dans la boutique - galerie Agnès B. rue du Jour, rendant hommage aux femmes du monde. Le vernissage sera le 8 mars à partir de 19h A partir du 10 mars

«The voulez-vous chaud» à La Galerie Emmanuel Perrotin

Gelatin expose une nouvelle série de tableaux à la galerie Perrotin. Une collection à découvrir absolument. Vendredi 16 mars Pierre et Gilles à La Librairie Ofr.

Pierre et Gilles organisent une séance de signature de leur autobiographie à partir de 18h Samedi 17 Mars

Exposition « le Mont Analogue : hommage à René Daumal » à la galerie Florence Léoni

Laurent Montaron, Alejandro Jodorowsky, Michel Paysant, France Fiction et Loïc Raguenès ont rendu hommage au surréaliste René Daumal, à travers leurs œuvres. Il y aura aussi une performance à 17h30.

WHERE ? LA BELLEVILOISE 21 rue Boyer 75020 LA BOUTIQUE AGNES B . 6 rue du Jour 75001 LA CIGALE 120 boulevard de Rochechouart 75018 LA GAITÉ LYRIQUE 3 bis rue Papin 75003 LA GALERIE EMMANUEL PERROTIN 76 rue de Turenne 75003 LA GALERIE FLORENCE LEONIE 151 rue Amelot 75011 LE JARDIN DES TUILERIES 75001 LA LIBRAIRIE OFR. 20 rue Dupetit Thouars 75003 LA MÉNAGERIE DE VERRE 12-14 rue de Léchevin 75011 LE MOLOTOFF 4 rue du Port Mahon 75004 LE ROUGE 77 rue Jean Baptiste Pigalle 75009 LE TRIANON 80 boulevard de Rochechouart 75018 LE TRUSKEL 12 rue Feydeau 75002

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22.01.12

AIrNADETTES & MISS RONDE 2011

Photo MICKY aquoicasertlesvoyages.blogspot.com

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DI SCOV E R

P R E S S K I T F / W 2 0 12

05.03.12

Coktail each other

Photo alexandre audouard

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JUIN 2012 www.simone-magazine.com


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