gratuit
expressions interview
Paul Virilio p. 8 à 11
dossier
Mécénat et Culture p. 12 à 15
nº15 / JUIlLET / AOÛT / SEPTEMBRE 2010
2/07/10 16:02:05
8 rue des Carmes. La Rochelle Tél. 06 09 68 02 35
nicolas giacometti
Antichambre
L’académie rochelaise de la cuisine italienne et méditerranéenne 1 & 3 rue Thiers, 17000 La Rochelle - T 05 46 41 07 03 - F 05 46 41 07 10
© Joseph Callioni
08
08 Interview de Paul Virilio 12 Dossier Mécénat et Culture 16 Peinture Glen Baxter 17 Arts Matière première 18 Danse Kader Attou 19 Agenda
26 © Glen Baxter
Codex ™, élu Meilleur produit des deux derniers millénaires. Codex ™ résiste au sable et au soleil brûlant. Cet été, vous ne pourrez pas vous en passer. Codex ™ est simple. Il est composé de feuilles, surfaces qu’on plie et qui, une fois reliées, créent un volume. Sa forme cubique est si commune qu’elle se fait oublier à l’usage. Grâce à sa couverture résistante, il acquiert une quatrième dimension, le temps – Codex ™ ne s’épuise jamais. Il fonctionne sans fil, sans réseau, sans piles ni électricité. Codex ™ est un système, le seul qui ne nécessite pas d’être réactualisé tous les six mois. Aucun virus ne s’attaque à lui. Codex ™ est ergonomique. Il s’ouvre et se ferme en un clin d’œil… un jeu d’enfant. Ses pages sont numérotées et un index peut même faciliter l’accès aux données qu’il contient. Codex ™ est consultable partout et toujours. Il se glisse dans un sac ou la poche d’un pantalon et garde toutes ses propriétés quels que soient la position dans laquelle vous l’utilisez et le lieu où vous le transportez. Codex ™ est entièrement biodégradable et recyclable. Chacune de ses feuilles est imprimée des deux côtés, garantissant un minimum de matière inutilisée. Codex ™ est équitable et ne coûte presque rien. Ses auteurs sont rémunérés et les bibliothèques vous le prêtent. Codex ™ est ingénieux, convivial, silencieux, sensuel... Il n’est même pas toujours nécessaire de savoir lire pour s’en servir. Voilà pourquoi vous l’aimerez, « totalement, tendrement, tragiquement ».
07 L’opinion d'Élian Monteiro
24 Société CEPMO 25 Littérature Jean-Claude Pirotte
16
28 © João Garcia
hmmm........ !
04 Bref…
Réclame : le Codex ™
maq pub triolet2.indd 1
Pas de top 50, une musique très branchée pour noctambules de tous âges, dans un décor de miroirs, laque laiton. Un étage repensé dans un décor d’inox, de cuir et sculptures. Ouvert à partir du mardi au dimanche. A partir du jeudi ouverture du Triolet à l’étage avec salon fumeur. Discothèque de 23h à 5h du matin
2010 1970
Les petits riens qui font la différence
un club
le triolet
le jeudi 30 septembre 2010
Le Triolet fête ses 40 ans
expressions nº15
Édito
26 Poitou Communauté de communes libre 28 Portrait Jackie Marchand 30 Internet 31 Carte blanche à Jean-Luc Renaud
18
35 Design Chaumont mon amour 37 Livres / Disques / Dvds
35
NB. Le codex est l’ancêtre du livre, Codex ™ sera le livre de demain.
Téléchargez le magazine sur www.magazine-expressions.com
Expressions – 36, rue Beltrémieux, BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 – Fax. 05 46 00 08 12 email : redaction@magazine-expressions.com / Site : www.magazine-expressions.com Directeur de la publication : Pierrick Zelenay / Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti / Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Jack Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, João Garcia, Philippe Guerry, Dany Huc, Olivier Jaricot, Pierre Labardant, Élian Monteiro, Philippe Thieyre, JeanLouis Violeau / Carte blanche à Jean-Luc Renaud / Couverture Thomas Gosselin / Date de parution : Juillet 2010 ISSN : 1960-1050 Photographe : Marie Monteiro / Maquette et mise en page : Antichambre Communication / Impression : IRO - ZI rue Pasteur - Périgny / Service commercial : Performances 05 46 43 19 20 / Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 20 000 exemplaires
Express
Express
bref... niort
Agora de la culture
La grille et le billard L
A
© DR
e Festival international du film de La Rochelle offre depuis trois ans son cadre à un réalisateur en résidence et y implique les habitants de quartiers « excentrés ». Valérie Mréjen, remarquée par des textes où elle mettait en scène les voix de ses proches, devenue depuis une artiste versant de manière très contemporaine dans la vidéo et les dispositifs artistiques, revient pour présenter ses deux réalisations : Journal d’un festivalier et Avenue de Moscou, Mireuil. Aux antipodes l’un de l’autre, ces deux objets ténus – 5 mn chacun, mais peut-on faire plus lorsqu’on reste une semaine dans un centre social ? – sont à l’image du travail de l’artiste, habile à fouiller avec humour et sensibilité les lignes de fracture de nos discours, à capter nos solitudes : une festivalière s’enivre face à la grille du festival dans la recherche d’une programmation parfaite, des enfants jouent au billard, se racontent et s’échappent vite. Cette année l’invité est un Anglais, Andrew Kötting (photo), qui promet de pourchasser les
fantômes dans une fourgonnette noire… Le festival va étendre cette action aux quartiers de Villeneuve et Aytré. • C. F.-L. Le Festival du film de La Rochelle, du 2 au 11 juillet 2010. www.festival-larochelle.org
festivals 2
© Evan Roth
Traverse avant de regarder
L
e Street Art débarque sur les rives de la Gironde le temps des Grandes Traversées. Ce festival des arts contemporains propose en effet à des artistes invités, dont le
plasticien américain Mark Jenkins, de créer des œuvres sur les plages, dans les rues ou sur les places de Royan, la pointe du Médoc et de Bordeaux. Jusqu’au 10 juillet, l’événement monopolise l’espace public et propose à ses occupants de l’investir sous un prétexte artistique. Avec comme point d’orgue de cette expérience permissive la « plage » aménagée sur les quais de Bordeaux à partir du 7 juillet. Mesurez-vous à la concurrence en matière de pâtés de sable ! •P.L.
festivals 3
« Le-gros-bus-jaune-de-la-fête »
F
in mai à Angoulême : l’affiche du festival Musiques Métisses utilise pour son visuel un beau vieux bus de brousse jaune sur fond rouge. Début juillet à La Rochelle : l’affiche des Francofolies utilise pour son visuel un beau vieux bus de brousse jaune 4 expressions
et rouge. Et c’est la catastrophe : la communication visuelle qui patine, carambolage graphique, du jaune et du rouge partout, des designers en panne d’inspiration hagards sur les routes de la région, à côté de vieux bus en surchauffe ! Terrible. • P.G.
festivals 4
Malicorne aux Francofolies
L
es « gros » festivals se lancent à la fois dans la surenchère et dans la programmation formatée aux prestations scéniques calibrées, du moins sur les scènes « grand public ». Pour les meilleurs d’entre eux, la surprise est donc à chercher sur les scènes annexes et, dans ce registre, les Francos ont toujours su se distinguer. Ainsi cette année, ne manquez pas le concert dédié à Gabriel Yacoub (une voix délicate et exceptionnelle) remettant en scène Malicorne (dernière tournée en 1988) le 15 juillet à 19 heures à La Coursive. Cela dit, à SaintJean-d’Acre, Gaëtan Roussel, très bonne surprise sur scène, et Dominique A sont très recommandables et Higelin père indéracinable. • P.T.
u Forum culturel permanent de Niort, on se défend de réunir une élite locale qui ferait la pluie, le beau temps et validerait des projets en en rejetant d’autres. On assure en revanche qu’il s’agit d’un lieu de concertation, de rencontre mensuelle devenu indispensable. Et « on », c’est qui ? Tous les représentants du monde culturel niortais ou presque – qui sait si la culture est politiquement colorée ? – et les élus, avec en tête Nicolas Marjault, bouillonnant adjoint à l’origine de cette initiative. Lorsqu’elle est arrivée aux affaires, cette municipalité a mobilisé en initiant, dès 2008, les premières Assises de la culture. Deux attentes ont été formulées : que perdurent les Assises (2009 a eu lieu ; l’édition 2010 est
prévue à l’automne) et que le processus de concertation soit régulier. Ainsi est né le Forum. Il permet la communication interne entre les structures (gestion des agendas notamment), et externe auprès des publics. « C’est un privilège de disposer de ce type d’outil de développement culturel pris en amont par les acteurs eux-mêmes » souligne Lionel Rogeon (Camji). On s’étonne que d’autres villes aient oublié d’en faire la dépense – une dépense intellectuelle, ça coûte pas cher ! • E.M.
www.vivre-a-niort.com
rochefort
Pour quelques euros de plus
© DR
festival 1
L
e 15 mai dernier, la nuit (gratuite) des musées a été une vraie réussite à Rochefort-surMer tant au niveau de la qualité des prestations que de la (forte) fréquentation. En revanche, j’ai été déçu d’apprendre que l’exposition du musée Hèbre de SaintClément, « À l’artiste polynésien inconnu » d’Andreas Dettloff, accessible, ludique, originale, inventive, n’avait connu qu’un nombre modeste de visiteurs malgré le soutien d’Expressions (n° 11). Sans doute en raison d’un tarif d’entrée exorbitant : 3,50 € et 2,50 €. • P.T.
siné hebdo
la rochelle
Mourir ? Plutôt crever !*
Ernest Pignon-Ernest
S
iné Hebdo est mort. Après 86 numéros, le « magazine mal élevé » est sorti en kiosque pour la dernière fois le 28 avril dernier. Vive le magazine Rue89. Support résistant diffusé sur Internet depuis le 6 mai 2007 (date de l’élection de Nicolas Sarkozy), Rue89 paraît depuis le 16 juin en version papier. Les Français parlent aux Français. • P.L.
* www.mourirplutotcrever.com
I
l arpente les villes depuis presque quarante ans, écoute les murs, les voix qui se sont tues, l’histoire, traverse les ombres et les nuits, pour saisir l’insaisissable, l’esprit d’un lieu… Alors il appose ses personnages énigmatiques, sérigraphiés grandeur réelle, sur les murs humbles témoins du temps qui passe. C’est une grande installation qu’il va créer à La Rochelle, une œuvre en soi, un « Parcours Éphémère » où l’on pourra s’immerger, du 3 juillet au 23 août, dans la grande halle de l’Espace Encan. • D.H. un magazine à l’ouest 5
exhumé ®
Gerald Petit Les modifications
Opinion Élian Monteiro
C’est pas Rimbaud, là, sur la photo ?
La meilleure solution pour votre audition
ACOUSTIQUE REY
2 juillet–28 août 2010
Centre Ville : 1, rue Fleuriau - La Rochelle ✆ 05 46 41 21 96
Espace Art Contemporain 28 rue Gargoulleau La Rochelle +33 (0)5 46 34 76 55
D
Parking privé : 36 Bd A. Sautel - La Rochelle ✆ 05 46 07 13 45
RÉ-AUDITION Centre médical “le Clos Marin” : 18 rue de l’Eglise - Le Bois Plage ✆ 05 46 68 50 10
Avec le soutien de : la Région Poitou-Charentes, le ministère de la Culture - DR AC Poitou-Charentes, l'Association CR AC (Collectif Rochelais pour l'Art Contemporain) et la Ville de La Rochelle.
J. Rey et A. JeAnneAu 2 audioprothésistes à votre écoute
Sans titre-2 1
2/07/10 16:14:15
© DR
eux brocanteurs du livre, deux videurs des greniers littéraires ont chiné LA photo d’un Rimbaud inconnu. N’en traînait pas des masses de la hure à Jean-Nicolas-Arthur. Du dessin oui (délirant d’amour, Verlaine crayonnait), mais peu d’images montrant l’encrapulé systématique des Ardennes arides… Une huitaine, seulement quatre à l’âge d’homme – clichés mal fichus déclenchés par Je-est-un-autre himself ; derrière le gros grain, Rimbaud, déjà, est une disparition. Or voilà qu’apparaît ce tirage presque net, révélation au Salon du livre ancien de Paris, authentifié par un authentificateur – Ô hasard, ô ia io, ia io1, celui publie un bouquin et fait de LA photo sa couverture. Devant elle on s’écrie (les autres, pas Je) : Sûr que c’est l’Arthur ! Là, assis à droite d’une troupe amie (une femme, quatre poilus, un clown) sur le perron de l’Univers, hôtel à Aden, Abyssinie, 1882. L’authentificateur parle de « Ce type à l’œil clair, qui a l’air d’un extraterrestre […] comme s’il était là et en même temps ailleurs. » Clair ? Mon œil ! Il est sombre, fixe résolument l’objectif et sa paupière bat lourdement comme un qu’en aurait sa claque. Rimbaud confirme par la poste : « Je vis d’une façon fort bête et fort embêtante (1881). J’ai 30 ans passés à m’ennuyer considérablement (1884). » Pour ses collections, Charleville-Mézières a souhaité se payer cette tête. Mais la mise à prix importait si peu qu’elle fut du coup très relevée2. (Les brocs ne vont pas les poings dans leurs poches crevées.) Le musée a appelé à l’aide, Frédériiic ! En vain. Malentendant mais bon voyant, le
Ministerrand de la Culture a commandé un fiacre et filé au Salon, pour s’admirer le reflet de Je que d’autres jamais ne verront. Un rimbaldingo a payé cash et accroché la Rimbe à son clou : avec cette moustache en guidon de biclo, il ressemble à l’aïeul qu’était commis voyageur à la Manufacture d’armes et cycles de Saint-Étienne ; plus du tout au sauvageon génie, photo de Carjat collée sur ma première guitare, entre Brian Jones et Jim Morrison. Fouteurs-en-broc d’icônes, camelots de mes seize ans en Enfer, de mon « A noir » et des mouches bombinant autour des puanteurs cruelles, je jette à vos faces de putrides consonnes. Quand même, ce poète marchand d’ivoire et d’or, de café, de peaux, de fusils, il m’émeut. Sans doute parce qu’il n’est pas Arthur. Je en est sûr. Peut-être parce que je sais des vers, au nombre de 40 000, qu’un autre écrivit à Harar et que les videgrenieurs ne pourront mettre à l’enchère. Certainement parce que cette image de Jean-Nicolas me donne à penser à celle de mon fond d’écran, juste derrière cette page. Clope au bec, Gibson aux doigts, Robert Johnson3 me fixe mêmement. Un Rimbaud nègre qui vendit son âme au diable pour inventer le blues comme l’autre inventa la poésie. De lui n’existent que deux photos authentifiées. En 2009, un broc d’eBay made in USA a « découvert » LA troisième. Le monde est plein de polissons. Pour un peu, on croirait que les légendes sont bâties pour eux. Johnson en est une, la preuve : il a deux tombes. On cherche la deuxième de Rimbaud, où dort son ombre. • 1. Poème Bruxelles / Derniers vers. 2. Autour de 100 000 €, à ce que l’on dit. 3. R. Johnson (1911-1938 Morgan City, Mississippi) est le papa de Jimi Hendrix, Eric Clapton, Led Zep, The Rolling Stones.
un magazine à l’ouest 7
lucide extra
lucide extra
Interview Paul Virilio
littoral,
Le la dernière Paul Virilio est venu à l’architecture, à l’urbanisme et à la question sociale à travers une archéologie des bunkers du littoral atlantique. Nous vivons aujourd’hui, selon lui, une révolution de nos modes de vie et surtout de notre rapport au monde et à l’espace. Dans ce contexte, quel avenir pour le littoral, l’Atlantique et ses plages ? se demande ce Rochelais d’adoption, avec en toile de fond une ville submergée par la mer deux mois auparavant.
frontière
Quel rôle a joué le contact avec le rivage et l’horizon dans la formulation de votre pensée ? Je me sens profondément littoraliste : je vis dans la proximité avec la mer, sans pour autant être un marin. Quand je vois la mer, je suis chez moi. J’entretiens un rapport particulier avec les ports qui me poursuit d’âge en âge. J’ai grandi à Nantes sous l’Occupation, alors que la poche de Saint-Nazaire était continuellement bombardée, et à la Libération j’ai sauté avec un cousin dans la micheline, direction La Baule où je découvre un rivage qui nous avait été interdit tout au long de la guerre. Pour un enfant, la découverte de l’horizon marin est un moment extraordinaire, l’horizon négatif, sans fin, un horizon où il n’y a que de l’horizon, rien d’autre que la dynamique des fluides. Et puis je découvre en même temps les bunkers : architectures cryptiques, temples abandonnés en attente d’un événement qui aura eu lieu ailleurs. Je prends alors la mesure de l’infini marin, l’endroit où se rejoignent les trois éléments de la biosphère : l’atmosphère, la fin de la lithosphère et le début de l’hydrosphère. 8 expressions
Dans quelle mesure l’urbanisation de ce littoral lance-t-elle aujourd’hui un défi à notre civilisation ? Le littoral pose aujourd’hui une série de questions cruciales puisqu’il est devenu l’élément-clé du peuplement de notre planète : les deux tiers de la population urbanisée se retrouvent en effet à moins de 100 kilomètres des seuils littoraux. À mon sens, le littoral est notre ultime frontière. Le littoral, c’est l’endroit que chacun cherche à atteindre. Les frontières artificielles, politiques, sont désormais toutes dépassées, en premier lieu par la mondialisation qui implique pour moi le primat conjugué du temps réel – de l’immédiateté, de l’instantanéité et de l’ubiquité – sur l’espace réel et donc sur les distances. La fin de la géographie ? La fin de la géographie, oui, mais qu’il ne faut surtout pas assimiler à une fin de l’histoire. Au contraire ! Le moment du contact romantique avec la mer est aujourd’hui dépassé et nous avons retrouvé pour une part les premières logiques des modes de peuplement : les cités lacustres, aux architectures très sophistiquées, nées du contact avec l’eau. Pensez aux pilotis et aux colonnes… L’endroit où nous nous trouvons, c’est le bord du monde, un lieu éminemment anthropologique où tout va se jouer. Les actes de souveraineté s’y multiplient ces derniers temps et ils dépassent de loin la question pétrolière, conjuguant désormais les derniers développements des biotechnologies et l’exploitation des ressources potentielles du plateau continental. La dynamique des fluides s’apprête à prendre le pas sur la mécanique des sols. >
un magazine à l’ouest 9
lucide extra
> Vous qui avez côtoyé des années durant les architectes, les plus grands, en avez-vous vu beaucoup s’intéresser à ces questions ? Mais l’architecture va mal, tout comme l’art contemporain, du reste. Il est aberrant par exemple de voir les tours se multiplier aux quatre coins du globe, comme si les choses allaient se jouer dans les flux aériens ! Cette multiplication effrénée des tours me semble très naïve. Vous posiez déjà la question des flux en projetant avec Claude Parent, dès la fin des années 1960, une forme de « circulation habitable »… C’était bien l’enjeu : non plus le stationnement, statique, mais la circulation habitable. Et pourquoi les peuples se dirigent-ils ainsi vers la mer ? Parce que c’est le seul endroit où l’on peut aisément emporter des masses. Je crois à la « révolution de l’emport », et le navire porte-containers est la principale figure de cette révolution contemporaine. La mer offre en effet toutes les interconnexions et c’est en toute logique que certains aéroports contemporains sont allés jusqu’à s’implanter puis se développer sur la mer, à Nice ou au Japon avec l’aéroport du Kansaï qui repose lui-même sur un polder. La question de la mobilité se joue à l’endroit où il y a rupture de charge. C’est donc le lieu du projet pour les architectes contemporains, et c’est à cet endroit que prendra place le futur centre-ville. Je l’ai dit d’ailleurs à Maxime Bono, le maire de La Rochelle : ici, le développement va se jouer autour de l’aéroport, et puis à partir de la gare, le long de l’axe qui mène à Rochefort, après s’être concentré autour de l’hôtel de ville, puis autour de la cathédrale. Comment avez-vous vécu la submersion marine de la ville qui accompagna la tempête Xynthia qui souffla dans la nuit du 27 au 28 février 2010 ? J’ai tout d’abord éprouvé l’impression d’habiter ce que j’écrivais. Il s’agissait d’une catastrophe majeure qui me rejoignait. D’habitude, le vent siffle le long de la façade, alors que cette nuit-là, il était frontal. Frontal, ça cède. Je dirais que cette tempête m’a rapproché de cette ville dont je me sens toujours un peu étranger. Et puis j’ai vu un vrai courage chez les Rochelais avec à l’œuvre une sorte d’orgasme de l’empathie, dépassant de loin la solidarité ordinaire. Les passions généreuses qui se sont alors déchaînées me donnent envie d’aimer cette ville, plus que jamais. Si les soldats sont des frères d’armes, nous étions des frères du vent, de la tempête. Alors, bien sûr, reviennent ensuite les jalousies ordinaires… Mais c’est une autre histoire. L’Université du désastre que vous avez en projet depuis plusieurs années, peut-être le moment est-il advenu de la construire ici, à La Rochelle ? Pourquoi pas, si je sentais une volonté. Mais je ne forcerai pas les événements, je n’en ai plus l’âge ;
à 80 balais, on n’est plus tête de liste. J’aimerais être plus jeune, je la lancerais alors, mon Université du désastre ! Qui sera le contraire du désastre de l’Université, c’est-à-dire très excitante. Votre pensée paradoxale n’est-elle pas un peu trop provocatrice pour La Rochelle ? La Rochelle est en effet parfois un peu étroite. Elle a perdu ses remparts mais elle est restée close sur elle-même. C’est une ville à canaux, la Venise de l’Atlantique, mais ceux-ci ont été comblés. Il y manque parfois la dynamique intellectuelle que j’attendrais. Même l’Université me semble un peu repliée sur ellemême. Trop de disciplines : je n’ai jamais pu adhérer à ce morcellement du savoir. En tout cas je n’y ai jamais senti un intérêt particulier pour les questions que je développe. Un lieu un peu clos, dîtes-vous, une ville modeste… Dans quelle mesure, au fond, le futur se dessine-t-il à La Rochelle ? Une ville modeste, non, je dirais plutôt qu’il s’agit d’une métropole en formation entre Nantes et Bordeaux. Je préfère donc parler de La Rochelle-Rochefort, et Michel Crépeau, par exemple, avait bien perçu ce développement conjoint. Il faut y ajouter l’ensemble de l’arc Atlantique. C’est du reste à ce niveau supérieur que la question littorale doit être traitée. Il faut annoncer clairement la couleur, lorsque l’on parle des autoroutes de la mer, de la révolution de l’emport, et ne pas se cantonner à détruire ou protéger les maisons : il faut aussi dire ce que l’on va en faire. Le gouvernement a été très malhonnête en maintenant la confusion sur ce que l’on allait faire ensuite de ces territoires. C’est le défi de la météopolitique qui se pose à nous. Les frontières étatiques, celles de l’affrontement, celles qui nous ont amené tant de guerres, sont devenues aujourd’hui horizontales : il ne s’agit plus de la ligne bleue des Vosges, mais de la ligne bleue des mers. Nous devons donc réinventer la géo-politique, sachant que le propre d’un Pouvoir, c’est d’abord qu’il ait lieu. Un gouvernement qui, comme le nôtre, nie son rapport à la géopolitique au profit de la virtualité des flux boursiers est un gouvernement fini, fatal, qui disparaîtra et ne peut mener qu’au chaos. Il nous faut donc réinscrire la mondialisation dans les territoires. C’est à ce prix-là que la question de la « dernière frontière » deviendra essentielle, sur ce trait de côte. Mais nous vivons une grande époque et je ne suis pas du tout pessimiste. On m’a parfois dépeint comme tel, mais c’était une manière de me barrer la route. Je n’annonce pas le désastre et je suis au contraire très excité par ce qui arrive. Le xxie siècle est désorienté alors que le xxe était déconstruit. J’ai dit un jour à Derrida qu’il avait inventé la déconstruction, moi j’aurai réfléchi à la désorientation. • Propos recueillis par Jean-Louis Violeau à La Rochelle, Café de l’Aquarium, 6 mai 2010 un magazine à l’ouest 11
Exvie Siècle
Exxe Siècle
Dossier Le mécénat culturel
La renaissance des mécènes Les Médicis ont marqué la Renaissance, généreux qu’ils étaient en fortune et influence auprès de « leurs » artistes. Mais aujourd’hui, qui sont les mécènes et qu’est-ce que le mécénat culturel du xxie siècle ? Chefs d’entreprise, particuliers, la loi leur a façonné un cadre de discrétion et de fiscalité avantageuse. Le mécène, ici et maintenant comme hier, ne serait-il pas simplement un amateur d’art ?
V
irgile n’a eu que du bien à dire de Caius Cilnius Mæcena, le premier des mécènes. Sa fortune et son influence, il les a consacrées à la promotion des arts et des lettres, donnant son nom à un soutien réservé au domaine culturel – en 50 av. J.-C., peu d’équipes de rugby ou de labo de recherche, il est vrai. De la main du pouvoir, le mécénat est passé à celle de l’entreprise, d’un nom de famille à celui d’une marque. On trouve aussi quelques particuliers fortunés et d’autres plus modestes, qui s’associent pour parvenir à leurs fins. La loi du 1er août 2003 (voir encadré) a favorisé leur élan à tous. Avant elle, André Malraux a su s’inspirer de l’antériorité du modèle américain, de sa réussite, pour créer la Fondation de France en 1969. Si l’on en croit les chiffres nationaux, même pris dans le sillon d’une crise économique, le mécène est fidèle, il inscrit son geste dans la durée et ouvre son cœur comme son compte en banque. Culture d’entreprise L’ADMICAL1 a mesuré cela en 2009. 73 % des entreprises ont maintenu le cap de leur mécénat, 11 % d’entre elles indiquant qu’elles augmenteront leurs budgets, crise ou pas. Dans ce compte, qui
12 expressions
recoupe une étude de 2007, culture et solidarité arrivent en tête des priorités des entreprises. Avec un milliard d’euros perçus en 2008, la culture prend le meilleur en termes de budget avec un fort engagement des PME en volume d’actions : 82 % du mécénat national leur revient. En volume financier, elles ne pèsent cependant que 37 %. Les grands groupes signent les gros chèques. Il apparaît aussi que les mécènes impliquent leurs salariés, font entrer l’art dans les ateliers, organisent des résidences d’artistes. Au festival Jazzellereault, les entreprises mécènes n’attendent rien d’autre que d’offrir des master classes ou des répétitions publiques à leurs employés. « Cela se fait sans que ces entrepreneurs recherchent un retour d’image. La philosophie, c’est plutôt ce que l’entreprise peut apporter à la société, à la culture », indique Charlotte Dekoker à l’ADMICAL. L’engagement paraît sincère. Face au sponsor, le mécène fait figure de philanthrope. Sa signature peut apparaître mais la loi limite sa lisibilité. La fiscalité, en revanche, est motivante. C’est que l’on a bien besoin des mécènes. Les gouvernements de gauche ont fait de la culture une priorité. On ne leur en veut pas. Mais ce faisant, ils ont ouvert des lignes budgétaires. Le nerf de la guerre n’étant pas extensible, on a taillé la loi sur mesure, de manière à attirer l’argent privé dans un cadre juridique et fiscal adapté, incitatif. Pourtant, comme l’a souvent dit le président de l’ADMICAL, « le mécénat >
Définition, loi, fiscalité
L
e mécénat est un « soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général ». Il s’agit du versement d’un don numéraire, en nature ou en compétence à un bénéficiaire éligible au mécénat, qui ouvre droit, pour le donateur, à des avantages fiscaux : déduction de 60 % du montant du don (jusqu’à 0,5 % du chiffre d’affaires H.T.) pour une entreprise et de 66 % pour un particulier*. La valeur des contreparties en communication doit demeurer dans une « disproportion marquée » avec le montant du don. La culture ouvre droit à des avantages supplémentaires, notamment dans l’achat d’œuvre à des artistes ou d’instruments de musiques destinés à être prêtés à des interprètes ou des étudiants. E.M. * 54 % des entreprises mécènes déclarent bénéficier de la réduction d’impôts, 32 % ne pas en bénéficier et 14 % ne se prononcent pas.
un magazine à l’ouest 13
Exvie Siècle
> n’est pas là pour faire les fins de mois d’un État nécessiteux ». D’autant qu’il y aurait des artistes pour bouder cet argent privé (immoral ?) et préférer cet autre, public, (vertueux ?) par crainte de placer leur œuvre sous tutelle du capital. Le sculpteur Dominique Pouchain, lui, est très sensible à l’attention que l’imprimerie IRO (La Rochelle) a portée à ses céramiques et bronzes. « Fabrice Faure [le P.-D.-G.] m’a acheté des pièces qui sont exposées dans son imprimerie et m’a invité à exposer à Arts Atlantic, où il a tout financé, espace compris. » Chaque année, au-delà d’actes réguliers de mécénat, 20 000 € du résultat d’IRO sont consacrés à l’achat d’œuvres. La vingtaine de peintures et sculptures sont présentées dans l’usine, aux yeux des visiteurs et des 35 salariés ouverts à un milieu artistique qu’ils ne connaissaient pas, au point que certains sont devenus acheteurs à leur tour. La région, territoire de rencontre Si l’on a pu dégager des généralités nationales, les régions offrent pour leur part un paysage de disparités. Un territoire riche en entreprises sera favorisé en mécénat ; un autre le sera moins et dépendra du coup de cœur d’un donateur extérieur. À Dampierre-sur-Boutonne, les vitraux de l’église réalisés par l’artiste contemporain Albert Ayme ont reçu, via convention avec le ministère de la Culture, une aide de GDF-Suez. Depuis 2003, ce rapprochement des acteurs culturels avec le monde de l’entreprise est catalysé par la direction régionale des Affaires culturelles et sa correspondante mécénat. Sylvie Duvigneau agit comme interface entre mécènes et candidats au mécénat, « des gens qui souvent ne se connaissent pas et ne connaissent pas les dispositifs ». Les festivals, associations, scènes nationales, musées, institutions ont ainsi rencontré les entrepreneurs. En 2007, un questionnaire ciblé a été adressé à 1 352 entreprises en CharenteMaritime. Seules 55 ont répondu. Parmi elles, 10 pratiquent le mécénat de façon pérenne, souvent dans plusieurs domaines 14 expressions
Exxe Siècle
Certains mécènes potentiels attendent un VRP, d’autres prennent l’initiative de créer l’événement. Directeur adjoint de l’entreprise des chocolats et macarons Rannou-Métivier à Montmorillon, Yann Bertrand préside « Figaro Si, Figaro Là ». Cette création lyrique itinérante, qui donne la voix à de jeunes chanteurs, a été fondée par son père et quelques amis. Au-delà d’un mécénat financier et de compétences, la maison invite aux spectacles et répétitions ses 50 salariés.
à la fois : culture, sport, solidarité. « Les grosses structures s’en sortent mieux, indique Sylvie Duvigneau, et parviennent à intégrer jusqu’à 30 % de mécénat dans un budget global. » Elle cite les Francofolies, les Académies musicales de Saintes. En Poitou-Charentes, difficile d’évaluer l’impact financier du mécénat. La DRAC ne peut quantifier, d’autant que certains récipiendaires seraient taiseux sur cette manne par crainte de voir diminuer les aides publiques. On n’obtient pas plus de chiffres des services fiscaux de La Rochelle, où le compte global n’est pas calculé. L’assemblée des chambres de commerce et d’industrie a aussi missionné ses acteurs en province et nommé des « délégués-mécénat ». Pour la CCI de La Rochelle, Thierry Praud semble préférer son titre de directeur de la communication : « Ce qui est discuté dans un salon parisien est difficile à mettre en œuvre sur le terrain. » Mais il agit avec ses moyens et promeut le mécénat. Quand la citadelle Vauban de SaintMartin-de-Ré a postulé au Patrimoine mondial, la CCI a favorisé l’éclosion d’un club-mécène qui a versé 20 000 € à la valorisation de la candidature. « Cela dit, les très petites entreprises préfèrent le sponsoring pour soigner leur retour d’image. […] Il est de notre rôle de les informer mais je ne vais pas me faire VRP du mécénat. »
Et si le mécénat culturel alternatif inspirait des micro-médicis ?
Micro-Médicis Entre 2006 et 2008, le mécénat aurait globalement augmenté de 50 % au plan national. Il y a des situations plus dramatiques. Ainsi Charles Fourier, pour financer son phalanstère, attendait les mécènes à dîner chaque jeudi. Il dîna seul de 1825 à 1835. Il eut été heureux, cet utopiste socialiste, d’en connaître un autre : Pierre Bergé, entre la Fondation Yves-Saint-Laurent et le mécénat politique auprès de Ségolène Royal, vient de puiser dans sa fortune pour financer le cinéma l’Eldorado d’Oléron (lire ci-contre). « J’ai basé ma vie sur la création et sur la culture. Pour moi, c’est aussi essentiel que de boire de l’eau », dit-il. De plus humbles citoyens peuvent accéder à ce geste essentiel en s’appropriant la loi de 2003 grâce au réseau associatif AMACCA2, une forme d’AMAP culturelle. On y défend l’idée de citoyens-spectateurs-mécènes, d’un micro-mécénat généré par de petits groupes de consomm’acteurs visant à « infléchir les déviances ou les déficits de notre démocratie en termes de politique culturelle ». Une idée logée dans les Bouches-du-Rhône, qui aurait, nous dit l’un de ses concepteurs, Didier Lanoë, des pousses du côté d’Angoulême. Et si ce mécénat culturel alternatif inspirait ici, tout près de nous, des micro-Médicis ? • Élian Monteiro Illustrations : Thomas Gosselin 1. Association pour le développement du mécénat industriel et commercial. 2. http://amacca.centerblog.net/
Les toiles du Bergé L
’histoire est belle. Elle débute laborieusement dans des harmonies toutes municipales : il était une fois dans une île, un petit cinéma d’art et d’essai géré depuis des années par une association de passionnés. Mais le cinéma est vieux. La commune entame des travaux de rénovation qui se révèlent plus importants que prévu. On rogne sur les deux salles existantes et on s’embarque dans la construction d’une nouvelle salle, neuve. La mairie demande à la communauté de communes de prendre le relais en promettant en échange de chercher du soutien. L’opposition communautaire râle un coup mais, comme elle a initié les travaux en son temps et que c’est le seul cinoche de l’île, on s’engage en traînant les pieds dans la rénovation. Coup de théâtre Parmi les soutiens recherchés, on s’était souvenu qu’un jeune homme originaire de la commune était allé faire fortune à la capitale. Le jeune homme était devenu un monsieur, riche et influent, et il s’occupait d’une fondation qui promeut la Haute Couture, les Arts et la Culture. Un conseiller du maire appelle la fondation du monsieur, on renâcle à le déranger pour des affaires aussi provinciales et des sommes aussi peu conséquentes. Le conseiller du maire passe outre les renâclements, joint le monsieur, lequel fait immédiatement
un gros chèque de 125 000 € pour boucler les travaux. Mieux : il s’engage à soutenir financièrement le cinéma, 20 000 € par an pendant cinq ans. 225 000 € au total. Le cinéma baptise la nouvelle salle du nom de son mécène. Il est fait citoyen d’honneur de la ville à l’unanimité du conseil municipal. Les séances reprennent de plus belle et, avec les sous pas dépensés dans les travaux, les salles s’équipent en numérique (avec le soutien du CNC). Happy end, générique : dans le rôle de l’île, l’île d’Oléron. Dans le rôle du vieux cinéma : l’Eldorado, sur la commune de Saint-Pierre. Dans le rôle du monsieur fortuné : Pierre Bergé. Et ? Et dans cette belle histoire, pas de méchant ? pas de coups fourrés ? pas de marché occulte ? de soutien politique demandé au poulain du mécène ? de rétrocommissions à ses bonnes œuvres ? pas de logo de la fondation sur les tickets du cinéma ? pas de droit de regard sur la programmation ? Non. Tout le monde dit I love you. « Le chèque fait à la commune était en son nom propre, pas au nom de la Fondation Yves-Saint-Laurent, atteste un conseiller municipal, et la transaction a fait l’objet d’une convention d’objectifs afin de régler le versement des aides pendant cinq ans. » C’est tout. Pas d’intermédiaire, pas de montages fiscaux complexes. Une belle histoire. • Philippe Guerry
un magazine à l’ouest 15
exhalaisons
exhibitions
poitiers glen baxter
L’équipée belle Cet été, Poitiers sera totalement baxterisé, avec cinq expositions et des formats géants sur ses murs. Comment un Anglais, armé d’une boîte de crayons de couleur, a réussi à coloniser une ville de ses cowboys old-fashion et explorateurs loufoques ? À l’origine, rien de moins qu’un « safari ».
I
Ba
xte
r
16 expressions
len
Un safari, mais où ? La revue L’Actualité, sérieuse mais pas seulement, inaugure en 1998 le feuilleton « saveurs », avec textes de Denis Montebello et photos de Marc Deneyer. Les mots y fouillent des aliments presque oubliés, la jonchée, le craquelin ou le Scofa, creusant et faisant feu de tout bois, rêveries sur l’aspect, plongées étymologiques, souvenirs, informations pêchées sur la toile… Une traque du sens pour arriver à l’exécution, et monter jusqu’au paradis de sa récompense, la dégustation. Marc Deneyer y dépose son angle en noir et blanc, qui détache, épure et sublime. Chaque trimestre, depuis dix ans, un dessin de Glen Baxter vient donc clore la
Trois regards pour un objet N’y a-t-on pas vu d’ailleurs un sergent Montebello dénicher un petatou géant à la longuevue ? L’écrivain s’incline : « Baxter a tout compris : c’est le changement d’angle qui fait apparaître la chose. » Les trois explorateurs, un Vosgien, un Belge et un Anglais, ont la distance nécessaire – et le talent – pour non pas redécouvrir mais découvrir ces objets issus d’une mémoire qui n’est pas la leur. L’exposition multisite de cet été consacre l’ensemble riche d’une quarantaine de dessins, à côté d’autres terrains de jeu explorés par Baxter, le monde de l’art, l’univers des « Que sais-je ? », sous la houlette de Dominique Truco. Et le safari continue en revue. • Catherine Fourmental-Lam ©G
l était une fois quatre amis voyageant dans nos contrées, faisant rimer bonne chère et lieux d’exception. Jean-Luc Terradillos, rédacteur en chef de L’Actualité Poitou-Charentes, Dominique Truco, commissaire d’exposition à Poitiers, Denis Montebello, écrivain rochelais et Glen Baxter, illustrateur londonien, étaient de la partie. L’entente et les mets durent être bons puisque naquit l’idée de lancer un « safari historicogastronomique », entité gourmande et informelle, prolongeant ce que les pieds et les bouches avaient déjà acquis.
rubrique d’un ultime coup d’épée : une cohorte d’habitants se livrent à des pantalonnades farfelues pour manger leur mets préféré, certains cambriolent, d’autres deviennent chèvres, fabriquent en contrebande, frappent, volent, quand une armée romaine ne débarque pas dans une minuscule boulangerie des Deux-Sèvres. Le décalage, accentué par la naïveté du trait, les légendes proches du nonsense et le graphisme issu de manuels des années 1930 (sa marque de fabrique), est hilarant, met en boîte les vieilles pratiques et réveille l’incongruité merveilleuse d’un pineau ou d’une bouilliture d’anguilles.
« L’expédition Glen Baxter en PoitouCharentes », exposition multisite, Poitiers, du 12 juin au 12 septembre 2010.
+ Denis Montebello (photographies de Marc Deneyer), Fouaces et autres viandes célestes ; Le Diable, l’Assaisonnement, éd. Le Temps qu’il fait. L’Actualité Poitou-Charentes : http://actualitepoitou-charentes.info
surgères arts plastiques
La vie en ce jardin
une présence incroyable, comme une image première et fortuite donnant une clef, l’esprit du lieu.
Conversation sous l’auvent Véronique Amans raconte : après avoir créé Matière Première en 2006, elle décide aujourd’hui de monter des ateliers en écho à la ligne artistique de la galerie, matière brute et poésie. Propositions en accord avec le désir des artistes et des visiteurs : encore plus de convivialité, qui ne soit pas de salon. C’est une association au nom déterminé, « En avant première », qui porte le projet. À partir de septembre, « En avant première » organisera des résidences d’artistes, des animations (repas-spectacles, repas partagés, café citoyen…), des ateliers (de l’écriture, au graph en passant par la gravure, le théâtre, le tai-chi, la cuisine)… pas moins de dix-sept propositions pour adultes, ados et enfants. La galerie Matière Première Résidences garde le cap de sept grandes d’artistes, expos par an ; sont prévues, animations pour la saison, les expos et ateliers de Gérard Lhériteau, poète complètent du papier déchiré, tissé, de les 7 expos l’écrit et de la nature, celles annuelles. d’Émilienne et Pascale Héno qui revisitent et mêlent somptueusement leurs anciennes créations graphiques pour le textile, la vaisselle, et en fin d’année une exposition rassemblant artistes et artisans créant dans un même esprit de liberté. En écoutant Véronique Amans on se dit « qu’elle a la patate ! », soit, en français châtié, qu’elle est passionnée, convaincante et qu’elle sait de quoi elle parle, de l’artistique au financement. Malgré l’aide du pays d’Aunis (2 000 euros/an) et les recettes propres – adhésions (modiques), pourcenn a poussé la porte d’entrée de tages sur les ventes d’œuvres (35 %) et apla galerie Matière Première à port des ateliers d’écriture qu’elle anime –, Surgères, pour arriver sous un le budget est plus que serré et une aide de large auvent ouvert sur le jardin… Au la communauté de communes serait la milieu, une vision : un calme amoncelle- bienvenue, mais la demande de subvenment d’énormes tranches d’arbre, comme tion a été rejetée pour la deuxième fois… échappées de la main d’un géant. Notre C’est bien mal reconnaître tout le travail esprit contemporain (et conditionné !) enthousiaste qui est mené ici. • Dany Huc réagit au quart de tour : « C’est une instal+ lation ? » Eh bien non. Juste le gigantesque infos : 06 84 19 96 91 et plus que centenaire marronnier qui mpsurgeres@wanadoo.fr mangeait la maison et la lumière et qui était malade. Le couper était devenu inévitable… Pas une installation, donc, mais
O
un magazine à l’ouest 17
expérimentations Envoyez vos informations à agenda@magazine-expressions.com
danse centre chorégraphique national de la rochelle
Identité en mutation De l’asphalte du Bronx, dans les années 1970, aux plateaux de théâtre aujourd’hui, le hip hop a trouvé une place qui a pu sembler contradictoire… C’était sans compter avec la détermination légitime de tout artiste à confronter son univers au plus large regard extérieur, à ouvrir encore son horizon.
K
ader Attou, à la tête du CCN de La Rochelle depuis bientôt deux ans, témoigne, avec sa nouvelle création portée par la musique de Górecki, de cette mutation perpétuelle dans l’échange, le partage, fil rouge d’un mixage souvent fertile. On a pu voir, au cours d’une séance de travail, comment s’incarnent ces mots au contenu indéfini, échange, partage. Kader Attou et les danseurs de sa compagnie « écrivent » la chorégraphie en recherche constante et collective ; pour que, des singularités et des résonnances, naisse une énergie fluide laissant surgir le sens et l’émotion. Échange et partage de la même façon, dans le même esprit avec d’autres danses, d’autres cultures, avec des ateliers hip hop dans les quartiers, des collégiens, des écoliers…
Une partie du courant tumultueux du hip hop est entrée dans les eaux (trop ?) calmes du réseau culturel institutionnel mais il a gagné une tribune pour s’exprimer… et s’apaiser ? Dans toute l’histoire de la danse qui se donne à voir et de son public, on retrouve le même processus d’évolution ; pour faire très bref : ça commence par le rejet de toute nouvelle danse pour conclure, avec le temps, par un nouveau courant, accepté, labellisé… qui lui aussi, sans doute, générera – à son corps défendant ! – une autre danse en opposition, une remise en question des « vieux » modèles. Et ainsi la danse renaît sans cesse, son domaine est l’éphémère, le vivant, c’est sans doute pourquoi elle a tant de visages.• Dany Huc + Infos : 05 46 41 17 75 E-mail : contact@ccnlarochelle.com
Symfonia Piésni Žalósnych
C
ette symphonie no 3 de Górecki accompagne Kader Attou depuis de longues années. Le premier mouvement (dont nous avons vu un filage le 7 juin), tout de densité retenue, relie pas à pas, souffle à souffle, les dix danseurs en une seule entité pour un moment d’allégresse et de recueillement, corps et âme. Contemporain, hip hop et danse indienne affleurent, sans s’opposer, dans une même respiration : c’est un soudain engagement téméraire du corps, le corps électrique du hip hop, ou les ruptures et le toucher du contemporain, ou les volutes hiératiques de la danse indienne qui se jouent des codes et des frontières. Et c’est émouvant, et beau. •
18 expressions
juillet + août + septembre 2010
agenda Terra Incognita Rochefort (17) du 8 mai au 4 novembre Exposition de peintures d’Annabelle Joussaume sur le thème des cartes marines aux “Longitudes” de la Corderie Royale. www.corderie-royale.com Le milieu de l’Homme - Robert Doisneau en pays rural Communes du pays Mélusin (86) mai à novembre Cet événement a pour objectif de diffuser le travail photographique réalisé par Robert Doisneau dans la région, et particulièrement à Saint-Sauvant, des années 40 à 60. En plus des expositions, des artistes de plusieurs disciplines sont invités à s’exprimer. www.cc-paysmelusin.fr Sculpture au Musée des Beaux-Arts La Rochelle (17) du 11 juin au 20 septembre Exposition “Œdipe et le Verbe” de Henry de Waroquier (1881-1970). www.larochelle-tourisme.com
Peintures Saint-Georges-du-Bois (17) du 19 juin au 19 juillet Exposition de Ambre et Jean-Louis Foulquier au Clos des Cimaises. leclosdescimaises.monsite.orange.fr Animal politique Angoulême (16) du 22 juin au 4 décembre
Exposition organisée par le Fonds régional d’art contemporain de PoitouCharentes à Angoulême (16) et Linazay (86). www.frac-poitou-charentes.org Sites en scène Charente-Maritime (17) du 25 juin au 18 septembre Pour sa 17ème édition, Sites en scène s’installe dans 17 villes du département pour 56 spectacles estivaux. Une institution. www.sitesenscene.fr
Regard Complice La Rochelle du 26 juin au 30 août Photos prises par Michel Cormier entre 1973 et 1993 au Festival du film de La Rochelle (médiathèque de Villeneuve-les-Salines) www.larochelle-tourisme.com Rencontres de la jeune photographie internationale Niort (79) du 26 juin au 24 octobre Expositions de Christian Caujolle et de jeunes photographes au Moulin du Roc et au Pilori. www.pourlinstant.com Les oreilles en éventail Saintes (17) du 1er au 3 juillet Musiques Insolites. lesoreilleseneventail.over-blog.com Free Music Montendre (17) 2 et 3 juillet Le grand écart des sons avec des guests 2010 comme I AM ou les Babyshambles de Peter Doherty. freemusic-festival.com
Festival au village Brioux-sur-Boutonne (79) du 2 au 10 juillet 22ème édition de cet événement qui accueille un riche programme de spectacles touchant à toutes les disciplines du spectacle vivant. http://festivalauvillage.free.fr Festival international du film de La Rochelle La Rochelle du 2 au 11 juillet Marlon Brando “sur les quais” ? Pas à La Rochelle malheureusement, mais dans le fameux film d’Elia Kazan à qui le festival consacre une grande rétrospective. Du grand spectacle dans les salles et sur le port avec la diffusion les pieds dans l’eau de l’exceptionnel film de flibuste Master Commander. www.festival-larochelle.org Les Grandes Traversées Royan (17), pointe du Médoc et Bordeaux (33) du 2 au 11 juillet Festival de design
interactif laissant aux artistes invités et au public la possibilité de s’approprier l’espace urbain. www.lesgrandestraversees.com Dans la forêt des souliers rouges La Rochelle (17) du 2 au 17 juillet Exposition de dessins et de volumes de la formidable et outrageusement sympathique Catherine Lam à la galerie Bletterie. www.jefaisdebeauxdessins.net les modifications La Rochelle (17) du 2 juillet au 18 août
Exposition du plasticien Gérald Petit à l’Espace d’Art Contemporain de La Rochelle, rue Gargoulleau. www.larochelle-tourisme.com
Publicité
Sans titre-1 1
5/07/10 17:10:57
agenda
Bouillez ! Bouillé-Saint-Paul (79) 3 et 4 juillet Festival des arts de rue qui, s’il a le plumage de son site Internet, devrait nous réserver le meilleur ramage. www.bouillez.net Scènes d’été Surgères (17) du 3 juillet au 5 août Du rock, du jazz et de la musique world brusquent Surgères et ses environs. www.cacsurgeres.com History of Bollywood La Rochelle (17) du 3 juillet au 14 août Exposition de peintures de Ranjit Dahyia au cloître des Dames-Blanches www.larochelle-tourisme.com
agenda
Cinéma en plein air La Rochelle (17) 9 juillet Diffusion de Slumdog Millionnaire place du Marché à La Pallice (22h30) www.larochelle-tourisme.com Festival de Saintes Saintes (17) du 9 au 18 juillet Les plus grands airs du répertoire classique résonnent dans l’Abbaye aux Dames. www.abbayeauxdames.org Les Francofolies La Rochelle (17) du 13 au 17 juillet
Fête du Cognac Cognac (16) du 8 au 11 juillet Déguster un cognac en profitant de concerts de belle tenue (Ghinzu ou Alela Diane). Le luxe en charentaise ! www.lafeteducognac.fr Festival Teciverdi Niort (79) du 8 au 11 juillet
Première édition de ce festival de la diversité biologique et culturelle. Musique, danse, expositions et installations investissent les anciennes usines Boinot, le centreville et les bords de Sèvre à Niort pour quatre jours. www.teciverdi.fr
Blues Passion Cognac (16) du 27 au 31 juillet
Les Francos ont entendu tous ceux qui ont déclamé “Mon empire pour voir Phœnix en concert !” ces derniers mois. Run run run jusqu’à la scène de St Jeand’Acre le 16 juillet. Sans oublier les dizaines d’autres artistes répartis sur toutes les scènes du festival. www.francofolies.fr Atout Arts Thouars (79) du 13 au 17 juillet Le monde s’invite dans les Deux-Sèvres à l’occasion de ce festival de musiques, entre rock et rythmes world. www.theatre-thouars.com Les Jeudis de Niort Niort (79) 15 juillet Concert des groupes Des Lions pour des lions et Sergent Pépère dans les jardins du Moulin du Roc. www.vivre-a-niort.com Un Bol de Ribes La Rochelle (17) 16, 17 et 18 juillet Le Tréteau des 2 Tours (T2T) met en scène les sketches de Jean-Michel Ribes au théâtre des Jacobins pour plus d’une heure de dialogues entre le loufoque et l’absurde. treteau2tours.over-blog.com Mômes en fête Châtelaillon-Plage (17) 17 et 18 juillet Un programme de spectacles et d’animations pour occuper les gosses. www.chatelaillonplagetourisme.fr
Industria / Chimera Niort (79) du 10 au 28 août Exposition de photos de Gart au Pilori. www.vivre-a-niort.com Cinéma en plein air La Rochelle (17) 11 août Diffusion de Looking For Éric place du 14 Juillet à Villeneuve (22h30). www.larochelle-tourisme.com
Les couleurs du blanc et la blancheur du sel Sainte-Marie-de-Ré du 20 au 30 juillet Exposition de peintures de Luce Clavel Davignon dans l’atelier “Le cheval bleu” de Sainte-Marie-de-Ré. Les Jeudis de Niort Niort (79) 22 juillet Concert des groupes Mountain et Path Finder dans les jardins du Moulin du Roc. dessine et peint depuis fort longtemps, www.vivre-a-niort.com Sans titre-3 1 toujours avec plaisir et passion. 2/07/10 16:22:39 Résonances Rochefort (17) du 22 et 23 juillet Se lover sur les pelouses la Corderie Royale et assister aux “Priz d’Art” organisés sur la place Colbert : le festival Résonances, organisé par le Théâtre de Ses graphismes, aquarelles ou acryliques La Coupe d’or accapare le sont dans son son atelier : «le cheval bleu» public à Rochefort. à Sainte Marie de Ré - 66 rue du 14 juillet www.festival-resonances.com
Luce CLAVEL DAVIGNON
Cinéma en plein air La Rochelle (17) 7 juillet Diffusion du Royaume des Diamants dans le parc Kennedy à Mireuil (22h30) www.larochelle-tourisme.com On chapelle ce soir ? La Rochelle (17) du 8 au 11 juillet Le collectif Baz’Arts squatte la chapelle SaintVincent pour quatre jours de spectacles à destination du jeune public. www.festivalbazarts.com
Sculpture et peinture La Couarde (17) du 17 au 19 juillet Exposition de Catherine Bordin et Annabelle Joussaume aux “Folies”. web.me.com/ annabellejoussaume
Festival de la Motte Siecq (17) du 22 au 25 juillet Des concerts, des sculptures, des courtsmétrages et des ateliers d’art visuel rassemblés Sanssur titre-3 1 un carré d’herbe. www.myspace.com/ festivaldelamotte
Tél. : 05 46 30 11 84 ou rendez-vous sur luce.claveldavignon@wanadoo.fr
2/07/10 16:21:18
Art contemporain La Rochelle (17) du 23 juillet au 7 août Installations d’Hélène Lamarche à l’Atelier Bletterie. www.atelierbletterie.fr Chef de Baie en fête ! La Rochelle (17) 24 et 25 juillet Chef de Baie, la petite plage de La Rochelle, se jette à la mer pour un nouvel événement conjuguant musique, animations, projections et Sans titre-3 1 sensibilisation au respect de l’environnement. Plouf dans l’eau ! www.larochelle-tourisme.com De Bouche à Oreille Parthenay (79) du 26 au 31 juillet Des joutes musicales et populaires mettant aux prises des artistes et des groupes en provenance de contrées éloignées : Bretagne, Auvergne ou Corée... www.metive.org
Sans titre-4 1
ART ESPACE
2/07/10 16:22:06
Brigitte THOMAS RUFFIN 83, avenue du 11 novembre 17000 La Rochelle Tél. : 06 14 81 48 81 brigitteruffin@hotmail.fr
5/07/10 11:12:50
Un peu de blues, quelques stars (Gil Scott Heron et Barbara Hendricks) et plusieurs jeunes pousses alternatives (John Butler Trio ou Eli “Paperboy” Reed) sur les 16 scènes du festival. www.bluespassions.com Cinéma en plein air La Rochelle (17) 29 juillet Diffusion de Entre Les Murs dans le parc Blanchard à Saint-Éloi (22h30). www.larochelle-tourisme.com
Les Jeudis de Niort Niort (79) 12 août Concert des groupes Chet Nuneta et Nuru Kane dans les jardins du Moulin du Roc. www.vivre-a-niort.com
Toujours trop court Niort (79) 27 août Projection de courtsmétrages au square HenriGeorges Cluzot. www.vivre-a-niort.com Festiv’Pro La Rochelle (17) 2 et 3 septembre
Jazz in Août La Rochelle (17) du 12 au 14 août Le jardin du musée du Nouveau Monde offert à l’enthousiasme de musiciens de jazz. www.jazzinout.fr
Les Jeudis de Niort Niort (79) 29 juillet Concert des groupes Hubble and David X et David Murray and the Go Kwa Master dans les jardins du Moulin du Roc. www.vivre-a-niort.com
Festival du Nombril du Monde Pougne-Hérisson (17) 13 et 14 août Après 20 ans à essayer de changer la campagne, le Nombril renonce et transforme le village de Pougne-Hérisson, le temps du festival, en une Golden City. www.nombril.com
Toujours trop court Niort (79) 30 juillet Projection de courtsmétrages au square HenriGeorges Cluzot. www.vivre-a-niort.com
Les Jeudis de Niort Niort (79) 19 août Concert des groupes Kat ça-i et Gong Gong dans les jardins du Moulin du Roc. www.vivre-a-niort.com
Au Fil du Son Vivray (86) 30 et 31 juillet Le petit festival près de chez nous avec une affiche bigarrée. Pony Pony Run Run pour la pop, Chinese Man pour l’électro et Pigalle pour l’alternatif. Un week-end de choix en bord de Charente. www.lachmiseverte.com
Les Jeudis de Niort Niort (79) 26 août Concert des groupes Elephanz et Le Cercle dans les jardins du Moulin du Roc. www.vivre-a-niort.com Rochefort-en-Accords Rochefort (17) du 26 au 28 août
Peintures Saint-Georges-du-Bois (17) du 30 juillet au 20 septembre Exposition de Lydie Arickx au Clos des Cimaises. leclosdescimaises.monsite.orange.fr Les Jeudis de Niort Niort (79) 5 août Concert des groupes Imbert Imbert et les Barbarins Fourchus dans les jardins du Moulin du Roc. www.vivre-a-niort.com
vaincus. Les invités du festival Rochefort-enAccords font l’histoire de la musique et viennent la perpétuer, dans des formations de circonstance, sur les scènes installées dans des lieux exceptionnels de Rochefort. Des concerts tout en surprise. www.rochefort-en-accords.fr
Festiv’Pro, le salon du Spectacle Vivant, accueillera, pour ponctuer chacune de ses journées de conférences et de tables rondes, des concerts ouverts au public. Sans titre-1 1 http://festivpro.blogspot.com
2/07/10 15:58:37
Hip hop Niort (79) du 3 au 5 septembre Spectacles de danse et soirée DJ en centre-ville et à l'usine Boinot. www.compagnie-ego.org Présentation de la saison 2010-2011 du Théâtre de La Coupe d’Or Rochefort (17) 9 septembre Tout le programme en avant-première au Théâtre des Fourriers (20h - entrée libre). www.theatre-coupedor.com Sans titre-3 1
2/07/10 16:20:50
Cinéma en plein air La Rochelle (17) 10 septembre
Ils sont venus, nous les avons vus, ils nous ont
Diffusion de Chat Noir, Chat Blanc place des Châteaux d’Eau à Mireuil (21h30). www.larochelle-tourisme.com
Sans titre-3 1
2/07/10 16:22:23
PIÈCES MONTÉES / Théâtre Amazone Cie Laurence Andreini Du 5 au 16 juillet à 21h (relâche les 10 et 11) - Château de La Roche Courbon à Saint-Porchaire Convoquée à entrer en amour, une société éphémère, le public, menée par une fanfare de trois musiciens, vivra le temps d’un spectacle déambulatoire les tourbillons d’émotions suscitées par l’union de deux êtres. Réservation : 05 46 90 72 36 ou 05 46 27 12 12 Tarifs 10€ - 15€ www.theatreamazone.com
Sans titre-2 1
2/07/10 Sans titre-1 16:13:59 1
6/07/10 10:41:03
FESTIVAL RESONANCES 2010 Musiques du monde + Arts de la rue. 22 et 23 juillet - Rochefort - Gratuit Les « Priz d’Art », spectacles d’art de la rue, place Colbert, fin d’aprèsmidi : Cie 1 Watt, Cie Makadam Kanibal, Jaipur Kawa Brass Band. Les « Concerts sur le pelouse », site de la Corderie Royale en soirée : Barbara Luna, Sierra Maestra, Jaipur Kawa Brass Band, Angélique Kidjo. Rens. : 05 46 82 15 15 – www.festival-resonances.com
“FESTIVAL DU NOMBRIL DU MONDE” Pougne-Hérisson (17), 13 et 14 août Après 20 ans à essayer de changer la campagne, le Nombril renonce et transforme le village de Pougne-Hérisson, le temps du festival, en une Golden City. www.nombril.com
EXPO PHOTOS DE STÉPHANE ROBIN CHEZ MATLAMA juillet / août - du mardi au samedi de 15h à 19h. Dans le cadre pittoresque de l’ancien encan, au milieu de l’atelier boutique Matlama, les photos de Stéphane Robin trouvent toutes leurs dimensions. Matière, traces de rouille, patine du temps. Gros plans sur des petits détails insignifiants qui donnent une deuxième vie à ces coques que l’on croit abandonnées. Matlama / ancien Encan / parking Aquarium / 61 quai louis Prunier / La Rochelle / tel. 05 46 50 12 84 / www.matlama.fr Sans titre-2 1
2/07/10 16:09:25
expulsion
explorateur
société île d'oléron
Les tribulations d’un lycée autogéré Des barrières disposées tout autour d'un magnifique bâtiment en voie de dégradation avancée, des fenêtres condamnées, un tunnel en tôle pour atteindre l’entrée, voilà le spectacle qui attend le visiteur en arrivant devant le CEPMO* situé à Boyardville sur l’île d’Oléron.
U
ne vue sur la toiture permet de comprendre les raisons de ce déballage de précautions. La mairie de Saint-Georges, propriétaire des lieux – appelés la « Maison heureuse » –, serait responsable si un accident survenait. En fait, le feuilleton sur le déménagement du lycée peut se résumer par ces trois motsclés : propriété, responsabilité et travaux. Dans le futur, le terme d’opération financière pourra peut-être s’y rajouter. Au secours ! Tout s’écroule Quand la mairie a repris le bail des mains d’un groupement de colonie de vacances, il a été convenu avec le lycée
24 expressions
La « Maison heureuse » accueillera encore les élèves à la rentrée prochaine.
un moratoire de quatre ans et un loyer de 10 000 € en attendant de trouver une solution et des financements complémentaires pour l’entretien et les gros travaux indispensables au bon fonctionnement de l’établissement. Afin de ne pas perdre la mainmise sur les lieux et/ou par manque de ressources suffisantes, la commune de Saint-Georges n’a pas donné suite à plusieurs pistes de partenariat, avec la Région et la Communauté de communes (CdC), ou de rénovations d’une partie des locaux susceptible d’être louée à des saisonniers, par exemple. La hausse brutale du loyer en mars (à 100 000 €) était donc synonyme d’expulsion. Vogue le CEPMO Comme le dit un des professeurs : « Le point positif, c’est la réaction immédiate et le soutien sans faille du rectorat. » Une forme de reconnaissance pour le travail accompli. Pour un déménagement, la solution Rochefort-sur-Mer est d’abord retenue avec ses points positifs (l’activité culturelle et des possibilités de logement à proximité) et négatifs (plus difficile d’animer un pôle maritime) avant que la CdC de l’île et son président, Patrick Moquay, après une réunion animée, ne marquent leur désir de conserver une activité générant une vingtaine d’emplois et la présence d’une centaine de jeunes toute l’année. Un nouveau site oléronais, à proximité de la plage de Gatseau à SaintTrojan, est donc proposé sous la forme de deux bâtiments à rénover dans l’enceinte du centre de Lannelongue, une ancienne base d’hydravions transformée en centre pour handicapés moteur (une soixantaine de lits). En attendant l’installation prévue pour la rentrée 2011, le lycée reste à Boyardville, au milieu des abris antichutes, contre un loyer de 50 000 €. Quant à l’avenir de la Maison heureuse, les paris restent ouverts. • Philippe Thieyre * Centre expérimental polyvalent et maritime en Oléron (voir Expressions no 10), un des quatre lycées autogérés en France, accueillant des élèves en rejet du système scolaire.
J
ean-Claude Pirotte naît en 1939 à Namur, en Belgique, pays (et famille) qu’il quitte très tôt en fuguant à bicyclette à 11 ans, direction le Danemark puis la Hollande, où une famille d’accueil lui offre l’amour qu’il n’a pas eu enfant, lui ouvre les yeux sur la beauté des choses, palpable grâce à la lecture, la paresse et l’errance. La paresse ne nourrit pas. À défaut d’autre chose, il devient avocat en 1964. Plaider oui, mais toujours en faveur de l’opprimé. En 1975, il est accusé d’avoir favorisé l’évasion d’un de ses clients. Rayé du barreau, il est condamné à 5 ans de prison. Il se soustrait à la peine, et débute alors sa cavale. Une aubaine, « une chance miraculeuse. […] De nouveau je me trouvais dans l’obligation de conquérir et de protéger ma liberté 1. » Comment, d’une erreur judiciaire, choisir la vie errante. Début d’un long périple, sans horaires ni correspondances, petite valise mais sacré bagage, et puisque « nulle part, c’est partout », il n’a de cesse de varier les géographies : les Ardennes, pays du grand André Dhôtel2, l’Anjou, le Cabardès, dans le village de Montolieu*, au pied de la Montagne Noire, le Portugal, sur les traces de Pessoa et Lobo Antunes3, puis Angoulême, rue des Remberges, pour admirer « le ciel de Charente », cher à Jacques Chardonne, écrivain admiré de Pirotte, (« voilà l’étrange, la fabuleuse, la caverneuse puissance des livres »), lieu de profonde et féconde mélancolie. Rue des Remberges4, véritable livre-déclaration d’amour à la littérature, où l’auteur, en arpenteur de mémoire, nous fait rencontrer sa grande famille littéraire. Pirotte écrivain ? Non, il préfère vivre avec eux. « Raconter sa vie n’a pas grand intérêt, ou alors, il faut l’explorer en profondeur. » Nuit Dhôtel Je me souviens d’une soirée passée en sa compagnie, avec S., un ami libraire, en février 1998. Nous étions dans un restaurant de la rue des Cloutiers à La Rochelle, je venais de lire Fond de cale5 et Un été dans la combe, deux très beaux livres, et je m’étais épris quelque temps auparavant de l’œuvre de Dhôtel**, écrivain enchanteur, qui a fait
littérature rue des remberges
L’écrivain errant
© DR
des Ardennes un monde plus vaste que notre monde. J’avais devant moi un des meilleurs écrivains français (quoi qu’il en dise), qui plus est grand admirateur du discret André Dhôtel. Je buvais littéralement ses mots jusqu’à l’ivresse, chinon et bourgogne se chargeant du reste… Et puisque « du bistrot, on ne voit pas les siècles passer 6 », il s’en fallut de peu que nous manquions le rendez-vous public ! Lisez Pirotte ! Lisez Dhôtel ! • Jack Flenoir 1. Cavale, La Table ronde, 1997. 2. Un été dans la combe, La Table ronde, 1993. 3. Un voyage en automne, La Table ronde, 1996. 4. Éditions Le Temps qu’il fait, 2003. 5. Id., 1991. 6. Les Contes bleus du vin, Le Temps qu’il fait, 1988. * Village du livre, près de Carcassonne. ** Notamment Les Disparus, Phébus Libretto, 2005 et Bonne nuit Barbara, Gallimard, 1978.
un magazine à l’ouest 25
excavation
e minuscule bistrot a en effet acquis un statut d’enclave extraterritoriale, rare en Charente Limousine, en devenant le premier, et à ce jour unique, Consulat de la Présipauté télévisuelle. Une distinction somme toute très normale pour le débit de boisson, qui fait depuis plusieurs années dans l’incongruité géographique. Sans le café, Montembœuf ressemblerait à nombre de bourgades rurales : sa place, sa mairie, son église, sa poste et sa gendarmerie, quelques chiens endormis pour animer les rues, quelques maisons cossues (à vendre). Mais il y a dix ans, chez Mamie, l’« agitateur culturel local », Charly Nebout, fait venir deux groupes pour l’anniversaire de la patronne. C’est la première édition de l’Imprévu festival. Comme la mamie en question vieillit d’un an chaque année, le festival se répète, s’étoffe, s’agrandit. Concerts, expos, célébrations improvisées, l’Imprévu mélange allégrement toutes formes artistiques et toutes formes d’artistes (cf. Expressions no 14) dans un joyeux capharnaüm. C.C.L.P.H.M. Les stars affluent, notamment de Gâtine, et c’est avec Yannick Jaulin que se décide sur l’une des tables en formica la création de la première Communauté de Communes Libre de France, associant dans une même ivresse culturelle et festive les communes de Montembœuf et Pougne-Hérisson. Programme politique : promotion de la Montempougne – mélange de cognac et de pomme – et création d’une passerelle entre les deux communes, distantes de 120 kilomètres. « Comme j’avais été tunnelier, j’ai préféré plancher sur un projet de passerelle souterraine » explique doctement Éric Saraux, l’ingénieur qui se voit confier le projet, tandis qu’il vous sert un demi. Le document d’études (« suffisamment fin pour pouvoir être lu, suffisamment gros pour faire sérieux ») est librement consultable par les administrés, accroché au panneau des résultats sportifs. Un premier coup de pioche a même été donné à Pougne, « mais dans le mauvais sens ». Cette opiniâtreté à déconner sérieusement qui
26 expressions
Pougne-Hérisson serait le berceau de toutes les légendes. Il s’avère que ce village de Gâtine est surtout le point vers lequel tous les yeux et les canons se tournent.
poitou communauté de communes libre
En franchissant le seuil du Café du Centre, autrement appelé Chez Mamie, à Montembœuf, vous quittez très officiellement le territoire français pour vous soumettre aux lois grolandaises.
Hérissons des barricades à Pougne !
Un pastiche, sinon rien
À festival, festival et un demi Vaillamment, les Pugnaciens (les bien nommés) ont repoussé une à une les attaques. Même quand Montembœuf a tenté de constituer une armée de mercenaires, rassemblant des troupes sous le prétexte fallacieux d’organiser un festival. Comme (im-) prévu ! À la hâte, Pougne a rappelé ses conscrits et réussi à lever une troupe portée par la « benaiserie » (le bien-être en parlhange, le dialecte poitevin). De cette ferveur de cantonnement est né le festival du Nombril du monde. Une soif de culture face à l’appétit guerrier. Lots toxiques et l’eau de feu Tous les moyens sont bons. N’ayant pas réussi à passer Pougne par les armes, Montembœuf s’est lancé dans l’empoisonnement. Après avoir essayé de décimer les Pugnaciens en enfouissant des déchets toxiques dans la proche bourgade de Neuvy-Bouin il y a vingt ans*, les perfides ont insidieusement commencé à distiller l’idée qu’un « élixir de vie » pouvait exister : la Montempougne. Et organisé sa distribution, parvenant même à noyer le Nombril du monde.
anime les gars du village ne pouvait qu’attirer certaines autres gloires. Benoît Delépine, fraîchement installé dans le coin, trouve naturellement refuge dans la commune libre et y installe l’enclave grolandaise. Et Mamie dans tout ça ? Elle se repose et laisse les bénévoles s’occuper des tireuses. Le jour de l’avant-première de Mammuth à Angoulême, elle avait fait le déplacement avec tout le village, « mais ils ont coupé ma scène » protestait-elle gentiment après la projection. Pas grave. La plus belle scène de Mamie semble être son comptoir, son consulat rien qu’à elle et son tunnel qui part dans le mauvais sens. • Philippe Guerry
U
Illustration : Joseph Callioni
L
inexpugnables
Pour des infos historiquement avérées sur PougneHérisson et son festival du Nombril : www.nombril.com
ne terre qui lutte depuis l’aube des temps pour ne pas tomber sous le joug de l’envahisseur. Voici la véritable histoire de ces arpents convoités depuis des siècles par la tribu belliqueuse de Montembuòu, village barbare situé de l’autre côté de la frontière (la Nationale 10). Pour faire face aux assauts répétés des sauvages charentais, la résistance a dû s’organiser. Dès 1801, les bourgs de Pougne et de Hérisson ont fusionné pour entraver les visées hégémoniques du sombre Montembœuf. Depuis, prétextant le bien commun, le développement culturel ou la valorisation du milieu rural, les fourbes, doublés de Limousins, usent encore et toujours des moyens les plus tordus pour arriver à leurs fins.
Le Yalta du Poitou En créant la Communauté de Communes Libre (C.C.L.P.H.M.), la junte culturelle de Montembœuf lance une ultime offensive. Diplomatique cette fois. Pendant que les émissaires** se congratulent, les soldats creusent. Rappelant les temps sinistres du mur de Berlin, un tunnel de la honte est en préparation. Pugnaciens, ne voyez-vous pas que les Montembelviens tentent un creusage-débordement ?! Il est temps de serrer les rangs et de dresser un rempart ombilicologique*** contre leurs expansionnistes desseins. • Pierre Labardant * Pour célébrer la victoire des opposants à l’enfouissement de déchets nucléaires sur la commune de Neuvy-Bouin, une bande dessinée intitulée Village toxique, coéditée par le Nombril, sortira fin août 2010 : www.flblb.com ** Charly Nebout, directeur du festival de l’Imprévu et Yannick Jaulin, directeur artistique du Nombril du monde. *** Ombilicologie : science des nombrils et des phénomènes qui les caractérisent (source : www.nombril.com).
un magazine à l’ouest 27
exégèse
exégèse
Jacques Couzinet
«L
portrait jackie marchand
Comme un rossignol sur sa branche…
e conformisme le plus rigide peut relativement tolérer l’autre, pourvu qu’il ne dérange pas l’ordre des choses. » Jacques Couzinet, dernier directeur de la maison de la culture de La Rochelle (1987-1990), est mort une première fois lors du dépôt de bilan du théâtre puis une seconde, des années plus tard, de maladie. Héritier d’une situation financière pas simple, le théâtre a vécu avec lui une vraie vie de théâtre, pleine d’utopies. Son désir artistique aurait nécessité des limites pour perdurer et peut-être trouver un public qui aurait permis à cette vie de bohème d’exister encore un peu. Après des années de gestion aléatoire, l’aventure rochelaise s’acheva avec un déficit équivalant à 3 millions d’euros et une mise en liquidation judiciaire… La citation est extraite de l’édito de Jackie Marchand : Saison 2003-2004.
Il y débarque pour reprendre une maison culturelle à l’abandon depuis plus d’un an. Un lieu littéralement pillé, détruit techniquement et humainement. Avec une dose d’inconscience mais par la grâce d’un riche parcours initiatique antérieur et conscient d’être « le right man at la right place », son nouveau directeur ne se plantera pas en imaginant sa Coursive nationale !
«I
l en est de l’art et de la culture comme de la végétation : un combat terrible et permanent pour la lumière. » Il est bientôt l’heure, ce samedi de septembre 2010. L’énorme public de La Coursive guette le lever de rideau sur une nouvelle saison de sa scène nationale adorée. Entre ici, public chéri mon amour, pour entendre et imaginer ce qui va nourrir ton cervelet, ton palpitant en cette nouvelle année de culture à La Rochelle. Avant la ruée aux abonnements, pour bien remplir ton cartable neuf, avant de choisir ta place dans la classe, écoute le déroulé de ton prochain programme en une grand-messe orchestrée comme une rentrée scolaire toujours dans la même école, par Jackie Marchand, directeur sincère de l’institution. L’histoire de cet homme ne débute pas ce jour-là, ni lors de son arrivée à la tête de feu la maison de la culture mais plus en amont dans le temps à Angoulême, Tarbes, Orléans…
28 expressions
« […] sortir de la gangue d’une pensée préfabriquée et contribuer à l’épanouissement de l’esprit critique, corollaire de la liberté individuelle. » Professeur à Orléans, militant culturel, touche-à-tout des arts, Jackie Marchand, habitué du théâtre local, en devient un jour un des animateurs, sous l’autorité d’Irène Ajer, femme de savoir, énergique et respectée. Ce sera ensuite la direction du Parvis à Tarbes, un théâtre collé en plein centre commercial, avec un choix vital et personnel : étendre la vie du lieu aux nombreuses vallées et villages des alentours. Puis Angoulême où, face à une situation au départ délicate financièrement, il fait l’apprentissage de la rigueur. Angoulême où il ne reste pas, emmenant avec lui son alter ego pour longtemps, Florence Simonet, son bras droit et gauche à la fois. À l’automne 1990, Jackie Marchand accepte la proposition qui lui est faite à La Rochelle.
« Il n’est pas toujours aisé de reconnaître d’autres vérités. Ce n’est pas parce que nous avons tort que les autres ont raison. » Jackie Marchand n’est donc pas né de la dernière pluie, il ne compose pas la musique, il l’organise, avec un succès public non démenti par les ans. Préserver ce qui a été fabriqué, sauvegarder les reliques du passé qui ont échappé aux pillages sont ses premières directives. Rapidement et consciencieusement, avec l’implication de son équipe, il fait de La Coursive une belle réussite en termes de fréquentation, sous le regard reconnaissant des successifs maires de la cité. Pourtant il est aussi, pour certains, l’homme culturel que l’on adore ne pas aimer, plus bâtisseur d’une culture à épanouir que constructeur de radicalités. À ceux qui parlent de son théâtre comme d’un supermarché de la culture, pour
balayer l’argument, il ose comparer l’audience en soirée d’une chaîne de télé à la fréquentation sur une année d’un théâtre. La fidélité à des artistes, qui n’est pour certains que rabâchage et manque d’imagination, est pour lui un compagnonnage rare entre une population, des artistes et des histoires, la formidable complicité d’un territoire, d’un public vers une œuvre. Face aux critiques, Jackie Marchand n’a de cesse de mettre en avant la diversité des spectateurs de La Coursive, le boucher côtoie le médecin, l’instituteur, l’étudiant et le retraité, qui tous passent ensemble devant les SDF à chiens, vautrés devant le théâtre, avant d’aller s’asseoir au spectacle. Lucide et honteux de la politique nationale, Jackie Marchand, chantre de Malraux, constate qu’en peu de temps le pays est passé d’une incitation à la création de lieux culturels à une politique de dézinguages à coups de baisse de subventions de ces mêmes lieux, contribuant à menacer leur vitalité. Alors, faisant fi d’une situation économique pas simple, le maître de maison, avec aplomb, ne déroge pas à sa règle : toujours plus de spectacles ! Ici, pas de récession des esprits, dansons sur le ventre de la crise pour mieux la faire dégonfler, quitte à imploser de gourmandise devant le trop-plein. L’après-Coursive, s’il l’a déjà envisagé, n’est peut-être plus si clair. Un départ pour un autre théâtre, non merci ! Mais un départ comme un grand feu d’artifice en un événement singulier en jachère en lui depuis longtemps, pourquoi pas ? « La confrontation artistique peut-être un stimulant pour ne pas mourir d’ennui ou de niaise béatitude. » Mais avant d’envisager autre chose, ailleurs ou peut-être finalement ici pour toujours, il est bientôt l’heure. Ce samedi de septembre 2010 et pour la 21e fois, Jackie Marchand va, sans trembler, remettre le couvert d’une présentation de saison. Un long moment de partage culturel devant son public prêt à sortir les rames, à affronter des tempêtes véritables ou dans un verre d’eau avec son fier capitaine pour aller loin, loin, loin… en ayant pourtant souvent pied. • Olivier Jaricot Les citations sont extraites d’éditos de Jackie Marchand : Saison 1999-2000, 2003-2004, 19971998, 2002-2003. un magazine à l’ouest 29
carte blanche à Jean-luc renaud
expectative
internet
De l’histoire d’une technologie qui permet, au choix, de découvrir le monde, de se divertir ou de fouiner chez son voisin. Petit survol de sites remarquables en quelques lignes et clics. Sélection de Pierre Labardant
www.graphicdesignquestcequecest.com
Échanger sur des sujets (pas) absolument essentiels Certains sites, s’ils sont participatifs, savent pourtant raison garder. C’est le cas de www. graphicdesignquestcequecest.com. Avec son adresse de 27 lettres, à l’encontre de tout souci de simplicité et de référencement, ce site propose à un public ciblé (plutôt composé de professionnels de la Chose graphique) de répondre à sa question en un maximum de 512 caractères et sans illustration. Un calvaire pour ceux que seul le dessin inspire. Un délice pour ceux qui maîtrisent le verbe. Avec des perles comme cette contribution d’un certain Nox : « Beaucoup de pomme, un peu de S, de Z et du Q ! » • http://wizzz.telerama.fr
Donnez, donnez, donnez. Dieu vous le rendra ! Faut-il rappeler que Télérama est un magazine né de l’alliance entre les éditeurs de Témoignage chrétien et de La Vie catholique ? Le don de soi est une spécialité maison. Cette vocation se perpétue actuellement à travers wizzz.telerama.fr. Un site tout en partage. Le pèlerin(-aute) peut apporter son denier au culte de la création en déposant ses contributions (image, vidéo, son ou blog) dans l’urne électronique. Pour le support, l’intérêt de cette quête est double : découvrir de nouveaux talents parmi les brebis et agrémenter son fichier de paroissiens. Et pour le pauvre pêcheur ? Confesser son art. Absolument. •
www.molleindustria.org/ everydaythesamedream/ everydaythesamedream.html
Une journée bien ordinaire
everydaythesamedream est à la fois un film d’animation et un jeu. Le (votre) récit d’un jour comme les autres. Un site illustrant à merveille, dans les tons gris de rigueur, l’expression « métro, boulot, dodo » de nos villes. Vous dirigez un personnage en complet sombre qui semble aller au-devant d’un destin tout tracé. Une petite vie étriquée. Un petit boulot sans évolution possible. Vous semblez ne pas pouvoir sortir des pas de cet homme. Pourtant, une alternative existe. Un destin à forger avec les flèches directionnelles et la barre d’espace. Pour en finir avec cette journée de merde. •
Mieux qu’Expressions c’est Expressions chez vous Pour vous abonner il suffit de nous envoyer ce coupon avec un chèque correspondant aux frais de port pour les 4 prochains numéros, soit 7€. Nom : _________________________________________________ Prénom : _________________________________________________ Adresse : _________________________________________________ _________________________________________________ C.P. : _________________________________________________ Téléphone : _________________________________________________ www.magazine-expressions.com
e-mail : _________________________________________________
Les informations vous concernant que vous nous communiquez sont indispensables au traitement de votre commande. En application de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification de ces informations en vous adressant au siège social de l’éditeur : 36, rue Beltrémieux, BP 32046 - 17010 La Rochelle Cedex 1
carte blanche à Jean-luc renaud
carte blanche à Jean-luc renaud
http://jlucrenaud2.unblog.fr
ex-voto
le DePot D’anDillY 1000 m2
Galerie Hourdin
Et puis, il y a cette affiche. Où quelqu’un imprime son soupir sur un papier pour ensuite le coller sur les murs de la ville. L’essence même de l’affiche. Retour subjectif sur un festival riche en images.
10h-12h et 14h-19h
depot-17@club-internet.fr
Chaumont mon amour
Antiquités Art Contemporain
Mobilier brocante occasion Décoration ouvert Du lundi au samedi Z.a. bel air route de nantes 17230 anDilY 05 46 68 86 89
design Festival international de l’affiche de Chaumont
15 rue l. Vieljeux (Près de la Grosse Horloge)
Tél./Fax : 05 46 30 13 26
17000 la rochelle
Sans titre-2 1
2/07/10 16:11:51
iro
Ô
mon amour... je veux que tout le monde l’apprenne. Que tu te multiplies en moi à chaque fois que quelqu’un me regarde. Immobile, je leur parle de toi. Posée à quelques endroits de la ville pendant le célèbre festival de l’affiche, haut lieu du graphisme en France, une affichette, photocopiée en noir sur du papier blanc, se fait remarquer. Et pourtant. Il y en a partout, qui parlent les unes plus fort que les autres. Regarde-moi, arrête-toi, dis-moi que je suis belle, que je suis la plus belle, que je suis celle que tu préfères, que tu n’en as pas vu beaucoup comme moi, que tu aimerais que je sois à toi. Contrairement à d’habitude où les affiches s’impriment par centaines, ici ce sont des centaines d’exemplaires (presque) uniques, dont quelques-unes officiellement en compétition. Un concours où un jury (bien informé) opère une première sélection large pour qu’à la fin il n’en reste qu’une, qui par la justesse de sa beauté et le goût des autres aura droit au grand prix. En ça, ce festival n’est pas différent de beaucoup d’autres. Son originalité (unique en France ?) réside dans le fait de traiter du design graphique et tout particulièrement de l’art de l’affiche. Qu’est-ce que le design graphique ? La question a été proposée cette année (voir l’exemple page 30) comme base de réflexion ouverte à tous, notamment aux étudiants qui s’y sont précipités pour afficher leurs réponses. À la vue du résultat, on peut penser que le festival a su les motiver. Victime de son succès, Chaumont a su provoquer un
Chaumont, mai 2010, pendant le festival de l’affiche.
© João Garcia
festival off. Des actions spontanées, des affichages sauvages qui éclaboussent la ville de messages plus ou moins drôles, plus ou moins rusés. M’auras-tu vu ? Auras-tu compris que j’étais à toi ? Que j’étais pour toi ? Une série d’expositions vient étoffer la compétition, et, du pragmatisme de l’avant-garde russe du début du xxe siècle à la liberté new-yorkaise ou hollandaise d’aujourd’hui, de la naïveté des étudiants à l’autodérision fine des graphistes, on est largement rassasié. Dommage que les conférences et une bonne partie des animations soient concentrées sur la première semaine, laissant encore deux semaines d’expositions orphelines de l’esprit festival. Mais ce n’est qu’un détail. Pour tous les autres, Chaumont vaut vraiment le voyage. Après tout, mon amour, je suis le temps du regard, le temps de te parler, avoir été en toi. M’en satisfaire, tu m’auras eu. João Garcia Plus d'infos : www.chaumont-graphisme.com D’autres images de la visite à Chaumont sur : www.antichambre.net/chaumont
un magazine à l’ouest 35
Exhausteurs
livre
livre
disque
disque
disque
Perrine Kervran & Anaïs Kien
John Robb
Jumbo Layer
Gogol Bordello
LES ANNÉES ACTUEL
MANCHESTER MUSIC CITY 1976-1996
Éric Lareine
Le Mot et Le Reste
Rivage Rouge
Le Chant du Monde / Harmonia Mundi
Rock Paradise Records
Ces deux journalistes de la (bonne) émission La Fabrique de l’Histoire, sur France Culture, nous content l’aventure du plus fameux magazine de la contre-culture française, à travers les témoignages croisés de ceux qui la vécurent. Jusqu’en 1975, Actuel proposait des articles et des chroniques originaux, parfois radicaux, mais surtout un espace de paroles pour les lecteurs et des pages de petites annonces mémorables. Après la mort du journal en 1975, il y eut un deuxième Actuel, plus orienté vers les mouvements de mode, et Radio Nova. • P.T.
À nouveau, une histoire narrée à partir de témoignages récoltés auprès des principaux acteurs d’une aventure « historique ». Dans le cas présent, c’est celle de la scène musicale de Manchester après l’émergence du punk. Pendant les années 1980, cette ville du Nord-Ouest était devenue un haut lieu du rock anglais grâce à la notoriété des Buzzcocks, Joy Division/New Order, Morrissey et les Smiths, The Fall, Happy Mondays, Stone Roses et autres Oasis sans oublier les clubs tels que l’Hacienda ou les labels comme Factory et Creation. Passionnant et d’une lecture aisée. • P.T.
Columbia Records / American Recordings
Dès la première écoute, sans idée préconçue, j’ai été surpris, estomaqué, conquis par la puissance de la voix, de l’instrumentation et l’originalité du propos. Après un long cheminement avec la Compagnie des musiques à ouïr, le chanteur et harmoniciste Éric Lareine reprend le cours d’une carrière solo, enfin sous son nom puisqu’il est soutenu par des guitares, percussions, saxophones, trompettes. Ses textes accrocheurs, écrits pour tenir éveillé, pleins de surprise et de trouvaille, rebondissent au fil d’un free rock mêlé de pulsions jazz et blues, digne d’un lointain héritier de Captain Beefheart. • P.T.
Derrière ce nom de groupe aux résonnances américaines, Jumbo Layer, on découvre un homme-orchestre, Gilles Riberolles. Ancien journaliste à Best et jeune homme moderne dans le duo Casino Music, Gilles Riberolles est avant tout un amoureux du blues, du rock’n’roll, des bayous et du vaudou, plutôt le « voodoo » des clubs de la Nouvelle-Orléans. Sa voix de noctambule et son excellent jeu de guitare ne vous lâcheront plus jusqu’à vous imprégner de ce blues à la beauté sans cesse renouvelée de chansons en chansons, de nuits en nuits. À écouter et à réécouter en buvant… .• P.T.
ÉRIC LAREINE ET LEURS ENFANTS
MARIE LAVEAU’S NOT DEAD
TRANSCONTINENTAL HUSTLE
Eugene Hutz porte la moustache. Un équipement loin de l’imaginaire rock. Pourtant, le leader de Gogol Bordello se frise en entonnant chaque refrain du nouvel album « TransContinental Hustle ». Gogol Bordello est une formation à la croisée des mondes : la musique des Balkans et le punk new-yorkais. À l’image de son producteur Rick Rubin, ancien DJ des Beastie Boys, adeptes des grands écarts musicaux, entre Red Hot Chili Peppers et Johnny Cash. Dans ce cinquième album, les balkans rockers s’assagissent, laissant leur rythme s’aventurer vers le reggae ou la folk. Le poil blanchit. • P.L
un magazine à l’ouest 37
Exhausteurs
disque
disque
dvd
dvd
DVD
Cypress Hill
Flogging Molly
Piero Regnoli
Adrian Weiss
Jonathan Mossek
RISE UP
Priority Records Vingt ans que Cypress Hill, porteparole des ghettos, incitent le peuple à se soulever. Dans ce huitième album, le message reste le même. Il est même appuyé par la participation de rebelles invités comme Tom Morello (Rage Against The Machine). Le groupe dénonce les problèmes des suburbs de Los Angeles, un exemple parmi d’autres de l’abandon des banlieues, en fusionnant les sons hip hop et rock. Des beats et des riffs. Et des spliffs. Car Cypress Hill prône la légalisation de la marijuana. Un thème redondant de leur discographie qui se concrétise cette fois par le fumeux Pass The Dutch. Big Up ! • P.L.
38 expressions
LIVE AT THE GREEK THEATRE Side One Dummy
DES FILLES POUR UN VAMPIRE
LA FIANCÉE DE LA JUNGLE
DARK SIDE
Ed. Artus Films
Ed. Seven 7
Encore un bel effort d’Artus pour nous offrir ce film rare. Scénarisé par Ed Wood, cette série B au budget minimaliste se permet d’aborder les déviances sexuelles avec un aplomb fort improbable pour l’époque, et d’ouvrir, non sans subtilité, la porte à un futur cinéma plus trash, dans lequel s’engouffreront plusieurs cinéastes, pour le plus grand plaisir des amateurs de cinéma Bis. L’actrice principale est prodigieuse et nous entraîne dans une aventure dont la fin étonnera tout le monde. Quand Hollywood savait surprendre… • G.D.
La mode est à la torture et aux atrocités physiques (cela palie certainement d’autres angoisses bien plus tangibles) et Dark Side s’inscrit dans ce registre. Pourtant, si le film fourmille de scènes horribles, il en ressort un véritable climat dramatique. À mesure de l’avancée du film, on se demande insidieusement si tout cela n’est pas un miroir de tromperie, si gentils et méchants sont ce qu’ils paraissent être. Toute l’intelligence du scénario réside dans cette seule question. Le métrage est en cela très réussi (grâce aussi à une interprétation sobre et juste), mais la fin vient désamorcer ce qui n’aurait pas dû l’être. • G.D.
Ed. Artus Films Flogging Molly est un groupe de scène. Les lives représentent une part conséquente de leur discographie. Depuis leur premier album « Alive Behind The Green Door » de 1997 jusqu’au « Live At The Greek Theatre » d’aujourd’hui, les Mollies ont enflammé des milliers de salles. Ils font partie de cette scène alternative américaine qui met en avant ses racines celtes, à grand coup de tartan et de guitare. À l’instar des Dropkicks Murphys, Flogging Molly évoque l’Irlande, le pays délaissé, et les grands thèmes d’élection des îles de leur Vieux continent : les pubs, les pirates et l’amour perdu. Tiocfaidh ár lá… • P.L.
Avec ses longs couloirs, son vaste château regorgeant de passages secrets et de caves poussiéreuses que viennent décorer de longues toiles d’araignée, ses filles dénudées, ses dialogues ringards et certaines scènes frisant le ridicule, ce film est l’exemple type du cinéma Bis italien des années soixante. Du cinoche fauché, des actrices qui ne le sont pas et le « Christopher Lee transalpin » de service font un numéro extraordinaire pour nous offrir le meilleur du cinéma de genre. Une perle indispensable pour les amateurs et une expérience pour tous les autres. • G.D.
Sans titre-5 1
5/07/10 11:34:43
Sans titre-8 1
5/07/10 15:23:41