Louif Paradis // Bs 270 to fakie Photo // Oli Gagnon Spot // Quebec
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www.slashmagazine.ca
GUS ENGLE - LOUIF PARADIS and NIC SAUVE - SCOTT SULLIVAN
burton.com/sollors
BONFIRESNOW.COM
DESIGNED IN THE NORTHWORST TO BE THE BEST
TA I L O R E D T O
PDX SHIRT
—LOUIF PARADIS—
ACTION. GAGNON LIFESTYLE. FRITZ
FACEBOOK.COM/THIRTYTWO // THIRTYTWO.COM TIMEBOMBTRADING.COM // FACEBOOK.COM/TIMEBOMBTRADING
WWW.DCSHOES.COM/SNOW
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SOMMAIRE
VOLUME 5.1
12 Videos Days 22 Gus Engle 28 Summer Time 34 X-Games vidéos avec Nic & Louif 46 Photos Gallerie 60 Old-School, New-School 64 Scott Sullivan 70 Stan Matwychuk 72 Yob
Slash Magazine 425, Gérard-Moriset, suite 8 Québec, Qc, Canada, G1S 4V5 www.slashmagazine.ca pat@slashmagazine.ca Directeur de publication : Pat Burns Direction photos & contenu éditorial : Oli Gagnon Direction artistique : Claudia Renaud, Claudia Simon, Big Mike Gonsalves Le magasine Slash (ISSN 1913-8385) est publié 3 fois par année. La rédaction n’est pas responsable des textes et des photos publiés, qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Les constributions sont les bienvenues, toutefois, vous devez fournir une enveloppe pré-affranchie pour le retour. Toute reproduction sans l’accord de l’éditeur est interdite. Imprimé au Canada: ISSN 1913-8385
Jason Dubois // Fs Blunt Photo // Oli Croteau Spot // Quebec
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Video Days! Par T. Bird C’est le retour de la saison des vidéos et je ne pourrais pas être plus heureux. Enfin, les bandes-annonces ont été mises en ligne et nous laissent voir quelques extraits (trop courts) des vidéos qui seront bientôt sur le grand écran. Dans les dernières années, on dirait que le niveau d’excitation envers les vidéos de snowboard a baissé. Pourtant, en ce qui me concerne, pas le moindrement. Voyez-vous, les choses ont bien changé en raison de la rapidité d’Internet. Cette source d’information mise à jour à chaque instant donne aux jeunes ce qu’ils recherchent encore plus rapidement qu’ils le veulent et pourtant, leur impatience continue de croître. Je crois vraiment que nous sommes encore au tout début du présent modèle médiatique. Regardez n’importe quel site qui offre du contenu relié au snowboard et vous ne parviendrez pas à en trouver un qui n’a pas ajouté de contenu dans la journée. La raison est simple, il y a un flux gigantesque d’articles et de vidéos qui sont ajoutés chaque jour. N’importe qui possédant une caméra peut filmer ses amis, faire un petit montage et le mettre en ligne en quelques heures. Eh oui, c’est aussi facile que ça, je vous le dis. C’est pour cette raison que j’ai très hâte au début de la saison des vidéos. Qu’on se le dise, si vous êtes fan des vidéos de snowboard, la prochaine saison est LA meilleure. Travis Rice dévoilera enfin le projet sur lequel il travaille depuis deux ans. Capita sort un vidéo ainsi que Rome, Forum et Burton. La bande éclectique à Burtner et ses Think Thankers seront aussi de la partie. Keegan Valaika et le Givin’ crew sont en train de faire le montage de leur premier vidéo. La Brothers Factory, la bande la plus sous-estimée de l’industrie, sera de retour avec une énième production. Standard présentera son 20e vidéo. La rumeur veut que la bande d’Absinthe ait eu leur meilleure saison de tournage et que leur vidéo Twe12ve marque l’histoire. Et vous savez quoi? Videograss sort deux vidéos! Je crois que ce sera une bonne année pour les vidéos de snowboard. Je ne veux pas sonner vieux jeu, mais quand j’étais jeune, Internet n’existait pas. Je ne devrais peut-être pas dire cela, mais il y avait 99 % moins de dépendance à son utilisation quotidienne. AOL Instant Messenger était un privilège auquel j’avais droit seulement quand mes devoirs de math étaient terminés et que ma rédaction avait été révisée. Les téléphones cellulaires n’étaient pas une nécessité, mais plutôt un nouveau jouet pour les pleins de fric aux beaux habits et grosses voitures. Maintenant, Internet est partout et le rythme rapide qui s’impose a désormais saturé le marché. Il y a tout de même un bon côté à cela puisque ça aura permis aux gens de voir une plus grande quantité et diversité de snowboarders. Et il y a cette autre chose qui me rend encore plus excité à l’idée de voir les nouveaux vidéos. Le DVD est un objet tangible, logé dans un beau boîtier qui lui-même est emballé dans la petite pellicule transparente. Tout cela est nécessaire pour ce rite qui veut que l’on déballe à la hâte le vidéo et glisse le disque dans le lecteur DVD tout en passant près de l’échapper sur le sol. Je suis déjà nostalgique à penser qu’un jour, la majorité des snowboarders téléchargeront par télépathie les nouveaux montages qu’ils pourront regarder en transmission cérébrale bluetooth ou autre truc de style Tron Evolution. Mais bon, pour le moment, c’est la saison des vidéos et je ne pourrais être plus heureux. Faites-vous plaisir, rendez-vous à votre shop local et achetez l’un de ces objets tangibles, si bien emballés dans un boîtier et une pellicule plastique. Achetez-en un…ou achetez-les tous.
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“...si vous êtes fan des vidéos de snowboard, la prochaine saison est LA meilleure.”
Danis Davis // Tail grab Photo // Aaron Dodds Spot // Snowmass, Colorado
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See in color at anonoptics.com Portrait by Vincent Skoglund
Get the app:
NIC SAUVE COMRADE, GRIME DARK SMOKE LENS anon Spherical Lens Technology™ Full Perimeter Channel Venting Pivoting Flush Mount Hinge Low Profile, Lightweight Frame Triple Layer Face Foam Action by Aaron Dodds
Team Nic Sauve Jeremy Jones Annie Boulanger Jack Mitrani Bode Merrill Gabi Viteri Frederik Kalbermatten Ryland Bell Jake Welch Hannah Teter Mark Landvik Johnnie Paxson Peetu Piiroinen
Gus
Engle Par Sean Genovese Est-ce que c’est ton premier interview? Ummm, eh bien, j’en ai déjà fait un pour King Snow, mais ce n’était pas très sérieux. Donc, les magazines canadiens sont fans de toi? Ouais! Eh bien, je suis pas mal Canadien et je vis pas mal à Québec. Et… tu fais ton chemin vers le sud ? Ouais. Mais sérieusement, j’adore le Canada. C’est ton premier interview et t’as eu la bonne idée de me demander de faire ça? Ooouais, c’est pas mal ça. T’es au courant que je pourrais dire un tas de conneries sur toi? Je suis au courant, oui! Je sais que ça va être une dure entrevue, mais au moins, les gens vont la lire. Je pourrais te détruire. Hahahahaaa, ouin. Tu pourrais vraiment tout ruiner pour moi. Dernièrement, tu m’as dit que tu allais opérer un suicide dans ta carrière professionel. Comment est-ce que ça avance? Assez bien. Je m’amuse, hahaha. Étant donné que ce sera probablement ton premier et dernier interview, tu devrais peut-être raconter aux gens comment tu t’es mis à faire du 22 // slash snowboardmag
snowboard. Eh bien, j’ai habité à Hawaii jusqu’à l’âge de 9 ans et j’ai commencé le skateboard vers l’âge de 7 ans. Quand nous avons emménagé à Achorage et qu’il neigeait, comme en Alaska, je ne pouvais skater nulle part, alors j’ai essayé le snowboard. C’est Robbie qui m’a montré à faire du skateboard en été et du snowboard en hiver. J’ai trouvé ça incroyable et je suis devenu accro. Robbie Gonzalez? Yeah! Roby Gonz, le drummer de Trouble. No big deal, hahaha. Quel âge avais-tu quand tu as commencé le snowboard? Je crois que j’avais 9 ans. On résidait en alternance à Hawaii et en Alaska, mais c’est à mon premier hiver complet en Alaska que j’ai commencé. Quel âge avais-tu quand tu as commencé à filmer pour Think Thank? Ummm, dans Think Thank quand j’avais 16 ou 17 ans et dans Cue the Birds, j’avais 17 ans. Il y a une assez grosse différence entre le Gus de l’année de Thunk, le Gus de l’année de Cue the Birds et le Gus de l’année de Patchwork Patters. Ouais, eh bien la seule chose qui ne change jamais…
c’est que ça changera toujours. Hahaha, ouais, c’est tout ce que je peux dire parce que j’évolue, un peu comme tout le monde. Ouais, je crois que c’est dans la nature humaine. Et même ceux qui pensent qu’ils ne changent pas, eh bien ils changent. Ça serait ennuyant s’ils ne changeaient jamais. Ouais, exactement! Je crois que c’est ce qui rend les choses plus intéressantes. Et si la musique ne changeait jamais? Et si l’art ne changeait jamais? Ça stagnerait. Il faut que les choses se passent. Je crois que les gens n’aiment pas le changement parce que ça leur rappellent quelque chose de passé. Par contre, si la musique ne changeait jamais, ils seraient mécontents. Ouais, la nostalgie est quelque chose de très puissante. Tu sais, quand tu vas en vacances et que ça se passe correctement. Même si ce n’était pas les meilleures vacances, quand tu dois rentrer chez toi pour travailler et faire des tonnes de trucs, tu repenses aux vacances et tu te dis que c’était extraordinaire. On dirait que le cerveau fait de la sélection et élimine ce qui n’était pas plaisant. Ou peutêtre qu’il n’y avait rien de très mémorable. On se rappelle surtout du meilleur et du pire…et on rit du pire.
Fakie ollie to lipslide Photo // Oli Gagnon Spot // Stockholm
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Pense à ça, c’est comme quand tu filmes un vidéo part. Des fois, les gars peuvent se taper sur les nerfs, avoir à faire avec le bungee ou même pousser quelqu’un quand il fait super froid dehors. Pourtant, quand tout est terminé et que ça sort, tu y penses en te disant à quel point c’était de bons moments. Exactement! C’est peut-être rare, mais je crois que les meilleurs moments sont ceux où l’on a pas besoin d’être nostalgique pour les apprécier. Je pense que c’est comme ça dans ma vie, comme le Boarderline Camp. Dès le premier moment où l’on a commencé ça, j’ai su que c’était de la bombe et je le pense encore autant. Les meilleurs moments sont ceux qu’on peut apprécier au moment où ils arrivent, mais ils sont rares. Ou c’est peut-être une façon de voir la vie. Il y a tellement de négatif autour de nous, c’est courant de se laisser emporter. Ce vieil adage semble bien vrai : « C’est plus facile d’être négatif ». C’est clair. Je crois que ça dépend de chacun, mais en général, nos pensées tombent plus facilement dans le négatif. Ça doit avoir un lien avec la condition humaine. Il faut faire face à toutes sortes de choses auxquelles nous n’aurions pas été confrontées si nous étions restés dans le cycle de la nature, alors ça entre en conflit avec nos émotions. C’est peut-être plus risqué de tomber dans le négatif à cause de toutes ces conneries trop compliquées qui font partie de nos vies. Pourtant, habituellement, tu es un gars très positif. Merci! Ouais plus que jamais en fait. Je sens que je suis à une belle période de ma vie. Je crois que je suis à mon top.
Tu es à ton top en ce moment? Pas en ce qui concerne le snowboard parce que je crois que j’étais à mon top à 18 ans. En ce qui concerne mon niveau de bonheur et ma vie, je suis heureux comme un pape! C’est génial. Qu’est-ce qui te rend si heureux ces temps-ci? Je ne sais pas man! Je joue beaucoup de musique. Tout va pour le mieux, je compose des chansons. J’ai la meilleure copine, elle est incroyable. Je ne sais pas, c’est quelque chose qui m’est arrivé, un livre que j’ai lu, un trip d’acide l’autre jour et c’est ça que ça a donné. Tu sais ce que c’est. Aha! Shit, yeah. On dirait que la vie est belle pour toi. Pensestu que tout ça a beaucoup influencé ton coté créatif. Oh, mon
Tail Press Photo // Bob Plumb Spot// Minnesota
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gars, c’est certain! Je ne sais même pas ce qu’est la créativité. Il me semble que tous les gars qui sont vraiment créatifs autour de moi comme Jesse [Burtner], toi, Scott [Stevens], Micah [Hollinger], l’ont toujours été. On dirait que c’est quelque chose que tu as à la base et ensuite, tu peux la développer. La musique, les livres, les gens que tu rencontres et les situations que tu vis, tout ça influence la créativité. Si tu n’entraînes pas ta créativité, tu peux la perdre. On dirait que beaucoup de gens et de choses t’ont influencé. Il y a beaucoup de créativité en snowboard ces derniers temps avec Burtner, Scott… Bode [Merrill]. As-tu vu le montage HCSC? Boardslide to rodeo? Ouais! Ce qui m’a frappé, c’est le back seven japan! C’était trop malade!
Hippy jump Photo // Oli Croteau Spot // Montreal
Ouais, ce gars-là est fou. Ce qui est le plus drôle dans tout ça, c’est que je pense que si l’on parlait aux gens du spectrum de snowboard “créatif”, je pense que les gens te nommeraient parmi les instigateurs de ce genre. Bien, merde… Ok dans ce cas. C’est bon. Tout le monde veut laisser sa trace et une sorte d’héritage. Je ne crois pas avoir été le meilleur snowboarder, mais je crois que j’ai été le plus étrange pour un bon bout, hahaha! Je dois tout ça à Burtner en fait parce que c’était le résultat de nos deux têtes qui avait donné cette approche du snowboard. Et puis j’adore le snowboard, je veux avoir un impact positif. Au moins un impact, en espérant qu’il soit positif. Alors c’est comme cela que tu aimerais que l’on se rappelle de toi? Un snowboarder créatif? Ouais. Bien, je ne sais pas. Je trouve que le snowboard peut stagner parfois. Ça devient prévisible. Le côté jock obtient beaucoup de visibilité…ah pis merde, je ne sais pas trop ce que j’essaie de dire par là. Il y a des gens qui ne s’investissent pas beaucoup du côté créatif et qui tentent d’avoir l’attention de tous. Ça ne peut pas toujours être de plus en plus gros. Ça va finir comme le motocross. Et il y a l’opposé, comme le skateboard. Ils ont peut-être le même problème, mais je crois tout de même qu’il y a plus de gars créatifs. Et le snowboard est entre les deux, entre le motocross et le skateboard. Crois-tu que le skateboard promouvoit les gens créatifs plus que le snowboard le fait? Oui. Je crois. Écoute, le skateboard n’est pas parfait non plus. Il y a clairement des fois où je me suis dit : « encore et encore des marches » et pourtant c’est toujours malade. En fait, je crois que dans le skateboard autant que dans le snowboard, il y a un gros mouvement très créatif. Je crois que c’est ce que nous voulions tous. Nous avons toujours voulu que ça soit près de l’expression artistique. Burtner disait qu’il n’y avait pas
beaucoup de gens qui voyaient ça comme cela dans le temps de JB Deuce. Et pourtant, je n’ai jamais pensé autrement. Et tu joues aussi beaucoup de musique ces temps-ci? Ouais ouais. Je joue de la guitare, de l’harmonica et je chante. Alors t’es Bob Dylan. Hahaha! C’est pas mal ça. Vois-tu des ressemblances entre ce qui t’a accroché dans le snowboard et ce qui t’a accroché dans la musique? Oui totalement. En fait, au début tu ne fais qu’essayer de sortir quelques notes par curiosité et parce que c’est cool et ça devient rapidement comme le snowboard ou le skateboard. À partir du moment où tu as un bon rythme, tu deviens accro. Tu ne peux plus t’arrêter, tu ne peux plus penser à autre chose. Pour moi, la guitare est ce qui prime dans ma vie en ce moment. Peut-être que c’est parce que je vieillis que je veux prendre moins de risque. J’ai toujours été un peu poltron, hahaha. Pendant un moment, j’ai cru que je n’avais plus envie de faire de snowboard parce que j’aime vraiment la musique, mais j’ai bien vu que c’était différent. Pourtant, ça me donne la même infinie satisfaction. Il n’y a pas de limites à ce que l’on peut apprendre. C’est comme un immense terrain de jeu. Tu ne peux arriver au bout et c’est pareil pour le snowboard. Maintenant, j’aime mon équilibre entre le snowboard et la musique. C’est génial de s’exprimer par la musique en plus de performer physiquement dans une discipine qui relie le corps et l’esprit. On peut s’exprimer dans les deux et je crois que c’est pour cela que je me sens aussi accompli dans ma vie en ce moment. Es-tu le produit de ton environnement? Mmm, d’une certaine façon, oui. Spécialement si l’on inclus les gens dans l’« environnement ». Les gens sont étranges en Alaska. Je ne sais slash snowboardmag // 25
pas ce qu’il y a là-bas. Probablement qu’il faut être étrange pour choisir de s’installer là-bas. C’est un drôle de choix, surtout si tu as le choix. En plus, le climat rend fou. Il y a beaucoup de lumière tout l’été et dès que ça se termine, c’est sombre pendant des mois. Je connais des gens qui sont fous et pour qui ça ne fonctionne pas là-bas et d’autres fous pour qui ça fonctionne très bien. Ça fait d’eux des gens assez uniques. Des gars comme Micah, Jesse, Mark Thompson et la liste est longue. Ça doit être bon pour toi d’avoir l’occasion de partir de là une fois de temps en temps ? Oh, je crois que oui. J’ai tellement d’amis qui sont affectés. Je n’ai pas un portrait complet parce que je suis ici pendant le beau temps au
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printemps et en été et ensuite de retour à Noël pour les jours de pow d’Alyeska ou quelque chose du genre et puis je me dis : « C’est trop beau l’Alaska ». C’est à ce moment qu’un de mes potes me rappelle que je n’y étais pas en janvier et en février quand c’était le bordel, qu’il faisait froid et qu’il faisait noir. La plupart des animaux migrent et je crois que j’aimerais faire de même. Quand je suis dans le sud et qu’il fait genre 32oC, je ne veux pas être là. Je retourne en Alaska où il fait 25oC, alors c’est parfait. Et je me tire dès que c’est trop froid en hiver.
pourrais être classé « jibber », mais tu te débrouilles très bien sur les sauts. Ouais, sauf que je suis lâche, hahaha. Est-ce que ça te plaît ? Ouais ouais. Pour être bien franc, je connais des kids qui disent qu’ils aiment rider de la poudreuse, mais moi je suis totalement fou de la poudreuse. C’est tellement l’fun! Je crois qu’en général, les gens du Nord-Ouest sont ceux que je préfère dans le monde. Des gars comme [Matt] Edgers, Blair [Habenicht], ou Lucas Debari, il ne s’en fait pas ailleurs que dans le Nord-Ouest.
T’es une bête migratoire. Totalement. Qu’y a-t-il en Alaska pour générer un snowboarder aussi polyvalent que toi ? Tu
Ces gars-là sont définitivement faits pour le snowboard. Alors, pourquoi restes-tu en Alaska ? Merde, je n’en sais rien. Laisse-moi
juste te raconter ce que je fais habituellement dans une journée. Chaque jour, je me lève et comme ma maison est assez loin dans le bois et que c’est très tranquille, je n’ai pas de voisins en vue. Je remplis mon sac de fruits et autres bons petits trucs ainsi qu’un livre et je pars en direction de la montagne. Je monte jusqu’à un arbre sur le dessus d’une colline mousseuse et je m’y appuie pour une couple d’heures pour lire. Ensuite, je descends passer un peu de temps avec des potes et comme ils jouent tous de la musique, eh bien on jam…wow j’adore ça. Je peux comprendre pourquoi les gens ne veulent pas passer l’hiver ici, mais en ce qui concerne l’été, c’est trop génial. Il fait toujours clair.
J’ai remarqué que ça donne beaucoup d’énergie quand on est là-bas en été ou au printemps. Souvent, il est 11h du soir et on ne s’en rend même pas compte. En plus, il fait clair et personne n’est fatigué. C’est fou ! Le soleil te donne de l’énergie. Alors, ta routine estivale est de monter une montagne tout seul. La dernière fois que nous étions ensemble, on s’était séparé parce que tu voulais monter plus haut tout seul et quand tu es redescendu, tu nous as avoué que tu te crossais en pensant à la nature. Hahaha ! Man ! Je me suis presque crossé devant la nature l’autre jour. Mon gars, j’ai travaillé fort làdessus récemment. Des statistiques inquiétantes. Au moins deux fois par jour.
Wow. Eh bien j’allais dire qu’après cette entrevue, ton suicide professionnel allait être une mort lente, mais après ce commentaire, il se pourrait que ça ne soit pas si long. Maintenant, on se rappellera de toi comme « le gars qui se crossait souvent ». Hahaha ! C’est ça que je laisse comme trace ? Ça me va. Imagine si tout le monde se promenait en montagne et se crossait, imagine à quel point les gens seraient relax sur leur board à faire des sauts!
Bs tailslide to fakie Photo // Oli Gagnon Spot // Stockholm
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Par Charles Gagnon
L’été est, pour la plupart d’entre nous, une saison où l’on recharge nos batteries et où nous prenons le temps de repenser à notre état actuel dans le milieu où l’on évolue. Primordiale pour se couper du train-train quotidien par des vacances bien méritées, même nos riders préférés ont besoin de ce moment de répit pour pouvoir continuer à nous donner quelque chose à nous mettre sous la dent année après année dans nos magazines et vidéos favoris. On ne voudrait certainement pas qu’ils nous fassent un burnout! Personnellement en vacances au moment de l’écriture de ces quelques lignes, je me suis demandé qu’est-ce que des riders tels Benji Ritchie, Jed Anderson, Alex Cantin et Devun Walsh pouvaient bien faire en ce moment? Ces quatre personnes ont aidé à façonner l’image que fait miroiter les riders canadiens à l’international et c’est pourquoi je suis allé leur demander ce que l’été représente pour eux et aussi, par simple curiosité, ce que la prochaine année leur réserve. Étaient-ils assis dans le sable à attendre la prochaine vague? Sur un green de golf pour putter un birdie? Dans une mini rampe entre deux transitions? Les possibilités sont infinies alors à quoi bon se contenter de suppositions et prendre cette opportunité de ce premier segment avec Slash pour en avoir le coeur net.
cantin Boardslide to boardslide Photo // Oli Gagnon Spot // Quebec
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Depuis quelques années, tu t’es affirmé comme l’un des riders les plus polyvalents avec des segments vidéo bien remplis de gros backcountry et des bons rails. Tout ça donne sûrement un hiver bien rempli, comment relâches-tu toute cette pression durant l’été? Durant l’été, j’en profite pour passer du temps avec ma copine, ma famille et mes chums. J’aime bien voyager et découvrir des nouvelles places, donc j’essaie de faire un voyage par été. L’année dernière, c’était le Mexique et cette année, l’Indonésie. Je bouge le plus possible pour me tenir en forme. J’aime bien faire plein de sports différents comme le bike, le skate, le tennis, et le golf même si je passe plus de temps dans le bois que dans l’allée! C’est sûrement le sport le plus difficile que j’ai pratiqué et c’est pour ça que j’aime ça haha!
Jusqu’à présent, quelle a été ta destination préférée pour des vacances d’été? Peux-tu nous décrire un peu comment c’était? Je suis allé passer le mois de juin dernier en Indonésie avec ma copine et mon frère et je dirais que c’est ma place préférée jusqu’à maintenant. Premièrement, les gens sont vraiment gentils. Jamais on ne s’est senti en danger pendant le temps qu’on était là-bas. On a loué des scooters pour se promener sur les îles. On était vraiment libre d’aller n’importe où. On a découvert des plages désertes, on a surfé, on a fait de la plongée. On a pu découvrir les différentes cultures d’île en île. Que ce soit hindouisme, musulman ou catholique, nous avons fréquenté plusieurs religions. J’ai appris beaucoup de choses dans ce voyage. Voyager, c’est l’école de la vie!!
L’an dernier, tu nous es arrivé avec un gros opener dans « Bon Voyage » de VideoGrass, cette année tu filmais avec eux encore pour « Retrospect ». Es-tu satisfait du résultat et quels sont tes projets pour cette année? Oui, je filmais pour Restrospect. Videograss fait 2 films alors j’avais un nouveau crew cette année. C’était vraiment un bel hiver. J’ai eu des mauvais timing avec la température, les voyages et mon skidoo qui a brisé, mais ça fait partie de la game et je suis content de mon hiver en général. Je suis allé au Japon, plus précisément à Sapporo et c’était un de mes meilleurs voyages. La qualité de la neige était vraiment exceptionnelle. Je n’avais jamais ridé de la neige aussi légère de toute ma vie. Le terrain est vraiment cool avec beaucoup d’espace entre les arbres. On a été chanceux avec la température, mais je conseille vraiment à tout le monde d’aller voir ça. Pour ce qui est de cette année, je ne suis pas trop sûr encore. J’aimerais bien filmer encore avec Videograss.
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walsh Tu mènes une carrière de snowboarder professionnel depuis un bon moment déjà alors j’imagine que ta période de récupération en été est spéciale, comment estce que ça a changé au cours des années? Pendant un bout de temps, je faisais du skateboard et je faisais le party tout l’été. En vieillissant, étant marié et père de famille avec une maison, les choses ont beaucoup changé. Maintenant, l’été, je joue au golf, je m’entraîne pour garder la forme et je travaille autour de la maison. Je n’ai plus beaucoup de temps pour le skateboard et encore moins pour la gueule de bois. Quand tu penses à l’été, à quoi astu le plus hâte et est-ce que cela affecte ton snowboarding? Au golf. Je crois que ça peut aider mentalement, je ne sais pas trop. Peut-être parce que la « swing » est semblable. Comment le projet Polar Opposites est arrivé sur la table? Crois-tu que c’est le futur des vidéos de snowboard puisque tout le monde regarde maintenant les vidéos sur le web? J’en avais marre de la formule traditionnelle et avec Ikka, on a voulu essayer quelque chose de rafraîchissant. Je pense que c’est possiblement le futur. Ce sera amélioré, mais le but est simplement de montrer aux gens ce qu’ils veulent voir dès que possible. Je crois que les gens ne veulent plus attendre. Je ne suis pas certain à 100%, mais je crois qu’on va continuer. Très peu de gens peuvent se vanter d’être dans le snowboard depuis aussi longtemps que toi et tu as vu beaucoup de changements s’opérer au cours de la dernière décennie, qu’est-ce que tu retiens? Profiter de ce que je fais et essayer de voir le snowboard comme du travail le moins possible. Ça enlève la créativité quand on prend ça trop au sérieux.
Switch Bs 540 Photo // Oli Gagnon Spot // Whistler
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benji Rider du backcountry, comme tu le fais, prend énormément d’énergie et un mental de béton, comment estce que tu fais après tous ces efforts pour revenir aussi fort année après année? Oui, effectivement, chaque saison me demande énormément d’efforts physiques et mentaux. Mais je suis bien conscient, à chaque jour que je m’aventure dans le backcountry, qu’il n’y en aura pas de facile. Donc même après une très longue journée où rien n’a fonctionné et que je reviens à la maison sans shots et complètement drainé, je sais que j’aurai la chance de me reprendre la prochaine journée. C’est en accumulant ces bonnes et mauvaises journées que l’expérience s’accumule et ça m’aide à gérer mieux mes saisons, année après année! Tu es depuis peu sur YES snowboard, comment vois-tu ce nouveau partenariat? Je suis vraiment heureux d’avoir cette chance de faire partie de cette compagnie qui appartient et est dirigé par de VRAIS snowboarders, et qui, en plus, produit des boards de qualité supérieure. Romain, DCP, J-P et Tadashi m’ont toujours énormément inspiré, de par leur talent et aussi par leur passion pour le snowboard. C’est vraiment cool d’avoir la confiance et le soutien de ces gars-là, ça veut dire beaucoup pour moi. Tu aimes beaucoup la chasse et le golf si je ne me trompe pas, peux-tu nous parler de ce que ces activités représentent pour toi? Oui, effectivement j’adore la chasse et le golf! J’ai grandi dans la région de MontTremblant, donc j’ai toujours eu accès à la forêt et à de supers beaux terrains de golf! J’ai commencé la chasse tout jeune avec mon grand-père et je chasse encore avec lui aujourd’hui, il a 82 ans! Ça fait vraiment partie de notre culture familiale ici, de génération en génération. Est-ce que “YES it’s a movie” était ton premier «team movie» et es-tu satisfait du résultat? Pensez-vous répéter l’expérience l’an prochain? Oui, c’était la première fois que je filmais une saison en entier pour un team movie. Nous avons eu un hiver exceptionnel au BC, un des meilleurs que j’ai vu pour la quantité et la qualité de la neige! Ç’a été formidable de filmer avec les boys de YES tout l’hiver! Je n’ai pas encore vu le résultat final, car au moment où on se parle, le film n’est pas tout à fait terminé, mais je sais qu’il y aura de la neige et des endroits dans le film pour faire rêver bien des gens! Nous planifions faire un autre projet de team l’hiver prochain!
Switch Bs 360 Photo // DomG Spot // Whistler
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anderson Faisant partie des meilleurs snowboarders de street, comment le skateboard t’aide-t-il à garder la forme année après année? Je crois que ça m’aide à avoir de nouvelles idées de trucs. C’est dans la manière de regarder mon snowboard et de faire ce que je ne peux faire avec un skateboard, ou même que je souhaiterais pouvoir faire sur mon skateboard. Quelles autres activités aimes-tu faire pendant l’été? Est-ce que tu ressens le besoin de décrocher du snowboard quand la saison se termine? J’aime beaucoup faire du vélo, relaxer chez moi, faire du rafting dans la rivière, aller aux partys, etc. Quand l’hiver se termine, c’est bien de décrocher pour un bon petit moment. C’est fou à quel point c’est un gros relâchement quand la saison achève. J’ai besoin d’une période en dehors de ça pour rester motivé pendant le reste de la saison. Je ne peux pas aller aux camps d’été chaque année, je deviendrais fou! Est-ce que la moto est devenue un nouveau passe-temps? Comment est-ce que tu t’y es mis et penses-tu t’en procurer une? Ouais, je viens de m’y mettre. J’ai fait du motocross un peu quand j’étais jeune et maintenant, plusieurs de mes amis s’achètent ou ont leur propre moto. J’ai commencé en essayant avec les motos des autres et j’ai trouvé ça vraiment génial. Je viens de m’en acheter une et je suis très content. J’aimerais apprendre la mécanique. C’est cool de savoir comment tout cela fonctionne. Qu’est-ce qu’on ne te verra jamais faire en été, à part, disons, du rollerblade? Hahaha. Umm. Je ne sais pas. J’adore l’été, il n’y a pas grand chose que je ne ferais pas.
Switch bs lipslide Photo // Oli Gagnon Spot // Calgary
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Nous l’avons tous vu et ça nous a tous jeté en bas de notre chaise. Des huit participants invités, il y en avait deux de Québec. Louif Paradis et Nic Sauvé ont enlignés les hammers sans répit pendant la période d’un mois qu’ils avaient pour filmer un segment vidéo pour la compétition « Real Snow » aux X Games. Quand la fumée s’est disipée et qu’on a compilé les votes, Louif et Nic se sont vu remettre la deuxième et troisième place en plus de repartir à la maison avec un bon gros chèque. Ce qu’il y a de particulier avec ces deux-là, c’est que malgré le fric qu’il y avait en jeu, leur motivation première était de se surpasser. C’est pour cela qu’ils sont si uniques, sans oublier aussi le fait qu’ils sont parmi les deux meilleurs riders de rails au monde.
Entrevue par Java Fernandez
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Quel était le premier truc que vous avez filmé pour Real Snow? Nic: Le fence ride flip out. On a tourné en rond pendant une semaine à Tahoe à se faire jeter dehors à tous les endroits où nous allions jusqu’à ce qu’on trouve ce barrage. Nous voulions aller rider là, c’est drôle hein? Nous avions construit un autre wallride que personne n’a même essayé avant que notre filmeur pointe cette clôture que Pat [Moore] avait faite. Je n’y avais même pas pensé. En fait, j’essayais un fronstide wallride 360 out et j’ai fait un flip par accident à un moment donné. Je me suis dit : « C’est ça que je veux faire ». Ça a pris 2 ou 3 essais. Finalement, c’était plus facile que le 360 que j’essayais au début.
Louif : C’était le nosepress to 50-50 sur le down ledge.
Jesus christ! C’est ça le premier truc que vous avez filmé de la saison! C’est malade. À quel moment avez-vous commencé à filmer? Vous rappelezvous de la date? Nic : C’était à la dernière semaine de novembre. J’ai été à Tahoe pour environ une semaine et dès qu’il a neigé à Québec, nous y sommes allés. Louif : C’était le 7 décembre.
Alors tout a vraiment été filmé en 3 semaines? Louif Paradis // switch bs 270 Photo // Oli Gagnon
Louif : Je pense bien que oui.
Comment s’est passée cette façon de filmer? Nic : C’était simplement à fond la caisse dès le premier voyage. J’y pensais depuis un bon moment déjà et j’étais prêt pour ça. En plus, je ridais avec Pat Moore qui est bon motivateur et un travailleur acharné. Pat voulait des shots, il était affamé. La plupart des gars étaient encore dans les centres de ski à préparer leurs jambes. Louif : Eh bien, il y a de ces trucs comme le nosepress to drop to ledge à Edmonton…Si ça avait été le rythme régulier de la saison, j’aurais probablement dit : « Ok, on y reviendra et je le ferai plus tard ». Pour cela, j’étais comme : « Il faut que je le fasse maintenant! »
Est-ce que c’était une bonne ou une mauvaise chose? Louif : C’était une bonne chose. Les conditions n’étaient pas idéales, mais je m’en suis bien tiré. La façon de faire était un peu plus agressive qu’à l’habitude pour le mois de décembre.
Est-ce que c’était difficile de retourner filmer vos vidéo parts ou est-ce que ça vous a donné un bon momentum pour débuter la saison? Nic : C’était un très bon momentum. Après [les X Games], j’ai continué d’y aller à fond jusqu’à ce que je me pète le dos assez gravement dans le backcountry et c’est là que ma saison s’est arrêtée. Je crois que si je ne m’étais pas blessé, j’aurais continué à ce rythme-là jusqu’à la fin. Louif : Une blessure au talon m’a ralenti un peu, mais à part ça, c’était une bonne poussée dans le dos. C’était très motivant comme début de saison.
Que pensez-vous des X Games? Louif : C’est un vrai cirque. Je suis super content d’y être allé et j’ai mes médailles que je garderai pour toujours, mais c’est vraiment un truc de fou. Je regardais ça à la télévision quand j’étais jeune parce que c’était comme un vidéo de snowboard gratuit! Avec le temps, j’avais arrêté de les suivre parce que cela ne m’intéressait plus tant que ça. J’avais récemment recommencé à regarder parce que je suis impressionné par ce que les gars réussissent à faire sous la pression. Et c’est intéressant pour moi parce que c’est du snowboard et j’aime bien cela…
Pensez-vous que Real Snow est une bonne chose ou une mauvaise chose pour le snowboard? Louif : Je ne sais pas, ça me semble assez bien. Ça rejoint un public qui ne connaissait probablement pas cette façon de faire du snowboard. D’un autre côté, ce n’est pas vraiment nécessaire que ça intéresse ce genre d’audience. Pour être honnête, je ne sais pas trop quoi en penser, j’y ai seulement participé.
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Louif Paradis // bs air wallride to fs invert Photo // Oli Gagnon
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“ Il faut que je le fasse maintenant! ”
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Nic Sauve // bs 360 to 50-50 Photo // Tim Peare
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Nic Sauve // Wallride backflip Photo // Tim Peare
étrange de me voir. Je n’étais pas gêné ou rien, mais le sentiment que ça me donnait quand je regardais était trop étrange, donc je ne l’ai pas beaucoup fait. (Rires)
Avez-vous trouvé que les juges ont fait du bon travail? Nic : Cela dépend simplement de ce que tu veux voir. Comment veux-tu comparer le style d’un gars et le style d’un autre? Comment donner des points à ce genre de truc? Comment déterminer un gagnant? Ça ne marche pas vraiment pour le snowboard. En ce qui me concerne, c’est la raison pour laquelle je n’aime pas les compétitions. J’ai tout de même aimé voir tout ça et j’étais très content en bout de ligne. Louif : C’était assez évident que Nic méritait de gagner l’événement en direct. Je croyais qu’il allait aussi gagner la partie vidéo. C’est assez étrange de juger des vidéos parts et de choisir un gagnant. C’est assez abstrait et assez personnel. Ça dépend de ce que chacun aime regarder. Peut-être que pour avoir un jugement plus objectif, il aurait fallu plus de juges.
C’était comment de rider devant le public des X Games? Est-ce que la pression était différente sachant que ça allait être diffusé à la télévision? Nic : C’est clair! J’étais vraiment stressé. Penser à cette compétition m’a donné plus de misère que d’y participer. Quand le moment de la compétition est arrivé, je me suis concentré sur ce que j’avais à faire et j’ai passé un bon moment. Je me suis surpris parce que je n’avais jamais fait de truc du genre. Je me rappelle qu’à notre arrivée, Louif et moi nous sommes dits : « Whoa ». Il y avait tellement de gardiens de sécurité, de caméras de télévision et toutes ces publicités…Je trouvais que c’était beaucoup trop, mais j’ai été surpris d’y être à mon aise quand tout a commencé. Louif : J’ai trouvé ça assez intimidant. Pourtant, j’ignore pourquoi, je n’étais pas mal à l’aise. Les jours précédents ont été très stressants, mais quand le moment est arrivé, tout a bien été.
Est-ce qu’il y a une différence entre la pression que vous vous mettez pour filmer un vidéo part et celle que vous ressentez en compétition?
Nic : Je crois que c’est bon. Ça met de l’avant un genre de snowboard qui est plus underground et ça aide les gens à comprendre cet aspect-là. Ça donne plus de reconnaissance à ce que nous faisons et à ce genre de snowboard.
Est-ce que vous vous êtes regardés à la télévision? Louif : Non. J’ai suivi le nombre de visionnements en ligne pendant un instant, mais
j’ai vite arrêté. Je déteste me voir à la télévision, surtout quand je parle. Je ne regarde jamais les entrevues. Nic : Non. Je ne veux pas voir ça. (Rires)
Vous ne l’avez même pas regardé sur YouTube, juste pour voir? Nic : Ouais, je l’ai vu sur YouTube. Mes parents l’ont enregistré et ils voulaient que je regarde tout le truc. J’ai dit : « Pas question, gardez-le, mais je ne veux pas le voir ». C’était vraiment
Nic : Je préfère la pression que je choisis de me mettre moi-même pour filmer que celle d’une compétition. Lors d’un événement comme ça, la pression est un obstacle. C’est comme une obligation et je n’aime pas ce genre de pression. Je ne trouve pas qu’il y a de la pression à filmer lors de la saison, c’est simplement de la motivation et c’est ce que j’aime. Je n’aime pas la pression de compétition. Louif : Oui, une compétition me stresse beaucoup et filmer ne me fait pas du tout cet effet. C’est peut-être à cause de la foule. Quand je sors pour filmer, j’attends qu’il n’y ait personne qui regarde. slash snowboardmag // 39
Ça met de l’avant un genre de snowboard qui est plus underground [et]
Louif Paradis // Wallie back flip Photo // Oli Gagnon
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Louif Paradis // Fs blunt 270 pop out Photo // Oli Gagnon
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Comment veux-tu comparer le style d’un gars et le style d’un autre? Comment donner des points à ce genre de truc? Comment déterminer un gagnant? 42 // slash snowboardmag
Nic Sauve // frontside wallride Photo // Ian Ruther
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Une foule ajoute une pression dont je n’ai absolument pas besoin. Je sais que certaines personnes réagissent bien sous la pression mais personnellement, ça me fait capoter. Je ne sais pas pourquoi. Quand je filme, je peux discuter avec mes potes; « Crois-tu que c’est faisable? », « Est-ce que je peux le faire mieux? », « Devrais-je le refaire? » C’est quelque chose que je fais avec des amis. Lors d’une compétition, on est seul. C’est toi contre tout le monde et c’est plus stressant pour cela.
Est-ce que l’énorme bourse a joué sur le choix de vos trucs? Nic : J’ai simplement fait des trucs que je maîtrise bien. On riait en parlant du flip sur la clôture parce que les filmeurs disaient : « Oh merde, les gens vont capoter parce que tu avais la tête à l’envers! » C’est juste drôle. J’ai simplement continué d’évoluer comme je le fais chaque année. C’était là que j’étais rendu. J’ai donné tout ce que j’avais. Tout le monde avait son propre truc et j’ai fait mon propre truc. Louif : Je voulais faire les trucs que j’aime, ceux que je trouve bons. Je n’ai pas vraiment tenté d’épater la foule. Je tentais plutôt de me faire du fun parce que c’est habituellement comme ça que ça va bien.
Quel était le truc le plus difficile à 44 // slash snowboardmag
mettre dans votre part? Le truc qui a presque eu votre peau? Nic : Je me suis pété la gueule sur plusieurs de ces trucs, mais je me suis particulièrement éclaté sur le gap to frontside boardslide dans le double set. Je pensais que ça allait être relax. J’imagine que la trajectoire n’était pas bonne. J’étais pas mal haut dans les airs et le rail n’était pas très à pic, donc j’arrivais fort dessus. Et ce petit donkey à la fin du rail qu’on voit à peine sur la séquence vidéo, je me suis barré les talons dessus pour de solides débarques. On en avait filmé un bon, mais je continuais pour en avoir un meilleur jusqu’à ce que je me cogne la tête sur le sol. Après une petite commotion, j’en avais assez pour la soirée. Louif : Le truc qui m’a demandé le plus d’effort est le switch backside 270 gap to rail. Nous sommes allés au Ledge Rouge plus tôt ce jourlà et je l’ai essayé pendant 2 ou 3 heures sans que ça ne fonctionne. Ensuite, je suis allé chez moi pour un souper de famille, mais à mesure que la soirée passait, je continuais de penser à cette dernière shot qu’il me fallait. J’ai pensé que je devais faire le truc à un autre spot alors, à la dernière minute, j’ai appelé Oli [Gagnon], Frank [April] et j’ai recruté mon frère et ma copine pour venir donner un coup de main. On est arrivé là vers 22h-23h. Je croyais que ça allait être plus facile que ça, mais en raison de la façon dont c’est fait, tu ne vois pas le rail quand tu décolles et spinner backside n’aide pas beaucoup. Ce n’était pas facile de bien m’enligner sur le rail. Quand je l’ai finalement
réussi, j’ai regardé la shot et j’ai décidé de le refaire. C’est à ce moment-là que je me suis cogné le talon et ça m’a fait mal pendant 2 mois.
Est-ce qu’il y a des gars que vous pensiez voir sur le podium qui n’y ont pas été? Nic : J’étais pas mal étonné que JP [Walker] ne soit pas sur le podium. Je croyais qu’il y serait. Louif : Je croyais que Nic finirait premier et que JP allait bien faire aussi.
Êtes-vous satisfaits de votre vidéo? Louif : Ouais, c’est pas mal cool. J’ai été chanceux d’avoir Hayden (Rensch aka “The Tool”) pour filmer. J’étais content du choix de la chanson. C’est un ami d’Hayden qui l’a composée. J’aurais tout de même souhaité qu’on ait eu plus de neige à cette période de l’année. Il n’y en avait qu’environ 30 cm, alors les options étaient limitées.
À quel point le filmeur est-il important? Louif : C’est vraiment motivant de savoir que tu n’essaies pas un truc pour rien et d’être certain que le filming va être vraiment bon.
Le referais-tu? Nic: Uh, ouais. Oui, je le referais. J’imagine. J’ai aimé la partie vidéo, mais la compétition en direct m’a un peu torturé. Je le referais parce que ça m’a amené plus loin.
Bs wallride Photo // Alexis Paradis
Portez-vous vos médailles au bar parfois? Louif : Moi oui, mais sous mon t-shirt, au cas où.
Lors d’une compétition, on est seul. C’est toi contre tout le monde et c’est plus stressant pour cela.
Qui voulez-vous remercier? Louif : Merci à Hayden, évidemment. Il était là tout le long et nous avons fait ça ensemble. Chris Grenier, Phil Jacques, Frank April. Ils m’ont vraiment laissé choisir les spots. Ils me donnaient la priorité, ce qui était un peu étrange. Ils ridaient autant que moi, mais ils me laissaient choisir le spot. Merci à Oli Gagnon pour les photos et pour avoir été là du début à la fin et aussi pour avoir pelleté. Java Fernandez pour les angles C. Tous mes commanditaires. Harrisson Gordon. Ma copine Eve et les gens qui m’ont invité à cet événement. Nic: Merci à Pat Moore et Cameron Pierce. Ils sont descendus à Québec et m’ont beaucoup aidé. Nos filmeurs Nathan Yant et Kyle Schwartz. Ces gars-là m’ont tellement aidé. Les photographes Ian Rhuter et Tim Peare. Mes parents. Kevin Keller, Bryan Knox, Jeremy Pettit et ma copine Gen.
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Photos Gallerie
Todd Williamson // Blunt to fakie Photo // Ashley Barker Spot // Calgary
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Rusty Ockenden // Fs 360 Photo // Mark Gribbon Spot // Whistler
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Nic Marcoux // Stailfish to lipslide Photo // Dave Demers Spot // Sherbrooke
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Gaetan Chanut // Fs 360 Photo // Mark Gribbon Spot // Whistler
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Ben Bilocq // Switch nosepress Photo // Mark Welsh Spot // Minneapolis 52 // slash snowboardmag
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Sean Genovese // Fs 360 Photo // Sean Hoglin Spot // Mt, Seymour
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Wolle Nyvelt // Pillow line Photo // Oli Gagnon Spot // Hokaido
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Frank April // Lipslide to fakie Photo // Oli Croteau Spot // Toronto
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Anto Chamberland // Andretch to fakie Photo // Alexis Paradis Spot // Quebec
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Harrison Gordon Ton vieux vidéo préféré?
Tu penses t’aventurer dans le « big mountain » bientôt?
Brainstorm, Happy Hour.
Oui.
Une vieille part qui t’a jeté sur le dos?
Qu’est-ce qui t’a accroché du snowboard?
Celui de Travis Parker avec la chanson des Stiff Little Fingers.
Le sentiment de dépassement.
Une légende du snowboard qui t’a influencé?
Une shape de vieille planche?
MFM, son style.
J’avais une Morrow avec un nose pointu et un tail court.
Premier truc que tu as appris?
Le graphique d’une vieille planche?
Rider ma planche.
Le M3 scratch de Mikey Leblanc.
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Boardslide to boardslide Photo // Mark Welsh Spot // Minnesota
Photo // Oli Gagnon
Première blessure? J’ai fait comme un fouet, je me suis cassé la main et le poignet.
Le meilleur method de tous les temps? Jamie Lynn, Terje Haakonsen, Nicolas Muller.
Meilleure première descente par un rider? Tom Burt, toutes celles qu’il a accomplies.
As-tu regardé les vidéos Whishey?
Oui et ils sont, à ce jour, les meilleurs vidéos de chums qui ont jamais été faits.
Qu’est-ce qui est le mieux, The Garden ou Technical Difficulties?
Les deux sont bons pour différentes raisons. The Garden contient des trucs des frères Anderson, de Guch, de Jamie Lynn et du reste des gars de Volcom qui s’éclatent et détruisent tout. Et dans Technical Difficulties, il n’y a que des parts de malades.
Ton vidéo TB favori? Optigrab. slash snowboardmag // 61
Photo //Jeff Hawe
HI B RYAN IG UC
Ton vidéo récent favori?
Ton endroit préféré pour rider ces derniers temps?
9191
Le Parc national de Yellowstone.
La récente part qui t’a jeté sur le dos?
La « gimmick » technologique de snowboard qui te fait le plus rire?
Elles me jettent toutes sur le dos ces jours-ci!
Un nouveau jeune qui t’influence? Aaron Robinson. Son esprit de snowboarder sera parmi nous pour toujours.
Le dernier truc que tu as appris? C’était il y a très longtemps…
Ton retour dans les rues? Improbable.
Qu’est-ce qui te donne envie de continuer à faire du snowboard? Trouver de nouveaux spots à rider et les journées de poudreuses.
La courroie de sécurité (leash).
Le graphique d’une planche récente qui t’a enthousiasmé? T-Rice, par Parillo.
Blessure récente? Le tibia en faisant du skateboard la semaine dernière.
Le secret pour cracher une bonne boule de feu? Une bonne respiration, beaucoup de Bacardi 151 et une torche au propane.
Où est-ce que le snowboard s’en va? Je ne sais pas, mais ça me semble toujours aussi l’fun.
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Bs 720 Photo // Jeff Hawe Spot // Jackson, WY slash snowboardmag // 63
SCOTT SULLIVAN
5 COVERS
JP Solberg - Cab corked 540 - Mont Hood Après avoir documenté le snowboard pendant plus de 10 ans, il y a des moments qui m’apparaissent des moments clés dans la progression du sport, et ce, peu importe que ce soit au niveau du style ou de la technique. Il y avait un champ d’énergie très puissant qui entourait notre très productif crew avec Absinthe Films cette saison-là. Les noms de [Travis] Rice, [Nicolas] Müller, [Romain] De Marchi, Gigi Rüf, Wolle [Nyvelt] et Fredi Kalbermatten étaient sur le point d’entrer dans la conscience collective. Les cinéastes Justin Hostynek et Brusti [Patrick Armbruster] en étaient seulement à leur deuxième année en association et avaient encore tout à prouver. En fait, tout le monde était vraiment très motivé. JP Solberg avait 15 ans à l’époque et nous avait rejoints à Whistler plus tôt dans la saison. Il était souvent en compagnie du très 64 // slash snowboardmag
intense Romain qui était en plein au top de sa carrière. C’est Romain qui avait eu l’idée du costume de lapin, mais il traînait une blessure à la cheville et ne pouvait pas rider au niveau qui lui plaisait alors il a suggéré que JP porte le costume. Pour ceux qui s’en rappellent, le segment dans Transcendence en dit long. JP Solberg en costume de lapin sur la chanson “A Day in the Life” des Beatles et de magnifiques prises artistiques 16 mm et Super 8 noir et blanc. C’est le genre de situation où le tout est plus grand que la somme des parties. C’était le cas pour le film aussi. Une œuvre qui a capturé le snowboard à un moment où tout était bouleversé par les nouveaux jeunes qui arrivaient avec un tas de nouveaux trucs et un sens de l’humour particulier. L’art à son meilleur.
Gigi Rüf - Stalefish - Mont Cook, Nouvelle-Zélande J’étais en voyage dans le sud de la Nouvelle-Zélande avec le team Volcom et nous avions avec nous un membre dont l’identité devait être gardée secrète à cause d’une histoire de contrat. Volcom a fait un coup d’éclat en signant un des top riders de Burton, Gigi Rüf, ayant quitté le navire au moment où Burton coupait des places sur l’équipe. Je crois que Gigi avait compris ce qui se passait et a décidé d’opter pour le climat familial de Volcom dans le but de continuer une carrière avec une compagnie qui le supporterait et qu’il serait fier de promouvoir. C’était donc le baptême de Gigi. Parlant de nouveauté, Volcom venait tout juste de commencer à faire des
planches et j’ai vu ça comme un moment important dans le snowboard. Semblable à quand Burton avait volé Craig Kelly à Sims et qu’il devait rider des planches sans logo de couleur rouge pendant une saison pour des raisons légales. Il y a beaucoup de ressemblances entre ces deux histoires. Ceci étant dit, Gigi est arrivé avec le feu au cul et s’est enflammé quand il a mis les pieds sur sa planche. Cette photo, ayant aboutie en page couverture, a été prise sur le glacier du Mont Cook et fut l’un des moments forts du voyage. Gigi et son style classique, une grande légende du snowboard moderne.
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Zac Marben - Method - Mont Baker, Washington Au moment où cette photo a été prise, le gap par-dessus le télésiège #1 au Mont Baker était loin d’être un secret bien gardé. Des snowboarders chevronnés comme [Pat] McCarthy, [Mark] Landvik, [Nate] Lind et de nombreux autres ont eu plusieurs glorieuses sessions à cet endroit. Ce qu’il y a de spécial au Mont Baker, c’est quand le soleil finit par sortir, on se retrouve à l’un des plus beaux endroits de la planète et l’on peut facilement croire qu’on y est pour la première fois. C’est magique. Ce jour-là, la chance était avec nous puisque le Mont Shuksan s’est pointé dans le portrait après s’être caché toute la journée derrière les nuages. Je me rappelle m’être dit qu’il me fallait un angle différent pour faire une photo puisque ce spot avait été immortalisé tellement de fois. J’ai fini par creuser un trou de 2 mètres de profondeur dans la neige pour avoir ce point de vue et avoir Marben au-dessus du pic. En plus de tout ça, Marben possède l’un des meilleurs styles et ses methods sont parmi 66 // slash snowboardmag
les plus beaux de l’industrie. Il y a plusieurs methods légendaires qui proviennent de Baker. De Jamie Lynn à Craig Kelly, il faut savoir ce que l’on fait pour rendre hommage à un method fait au Mont Baker. Une des plus belles récompenses a été lorsque Zac et moi étions à Baker la saison d’après et que Jamie Lynn est venu voir Zac pour le complimenter sur le method en page couverture. Pas besoin d’en rajouter. Note plus personnelle, la semaine après avoir pris cette photo, je me suis ramassé à l’hôpital pour une opération d’urgence à la colonne vertébrale après avoir passé près de me couper la colonne en deux à la hauteur du cou. Ça s’est passé en février, mais ce fut la fin de la saison pour moi et donc cette photo fut ma meilleure de l’année. Nous étions bien contents qu’elle soit sur la couverture de Snowboarder Magazine.
Nicolas Müller - FS 720 - Utah Pour moi, ceci représente le moment où Nicolas Müller s’est détaché de la masse et a laissé les autres dans le monde du freestyle traditionnel. Il a développé ses pouvoirs surnaturels pour voir des choses sur les pentes que personne d’autre ne voyait. On pouvait sentir l’ennui gagner Nicolas quand il devait suivre le protocole et rider en cherchant un endroit pour bâtir un saut pour quatre ou cinq riders. Cette photo a été un point tournant. Nous étions en train de filmer avec le crew Absinthe Films et Nicolas a commencé à s’éloigner à la recherche de quelque chose sur laquelle il pourrait s’amuser à sa façon. Shane Charlebois et moi avons talonné Nico jusqu’à ce qu’il
arrive à cet endroit. En arrivant, nous ne pouvions voir qu’un mur, un plateau et une bosse en dessous. Il a dit à Shane et moi qu’il allait sauter en passant sur la bosse, alors nous avons préparé nos caméras sans trop savoir comment ça se passerait. Il est monté en haut du cliff, il est descendu par la petite partie, une mini transition avant de disparaître quelques secondes pour réapparaître à pleine vitesse et dans la lumière en effectuant ce frontside seven. Il est atterri et s’est mis à rire alors que Shane et moi avions encore la mâchoire à terre.
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Gigi Rüf - Method Bosco Gurin, Switzerland Le petit village de montagne Bosco Gurin, situé à la frontière de l’Italie et de la Suisse, est habité par 54 personnes auxquelles nous nous sommes ajoutés pour un séjour de deux semaines. Ce village déborde d’histoire dont celle de ses résidents, les Walser, depuis le 13e siècle. La famille de Gigi, venant d’Autriche, a même des racines Walser. Le village a été pris d’assaut par la très grande imagination que possède Gigi lorsqu’il est sur un snowboard. Nous avons profité du plus gros dépôt de neige en 50 années. Il était évident que nous allions aboutir sur les toits des maisons de ce village endormi. Cette photo a fait la couverture du film Neverland puisque la photo évoque un village vide et sans adultes pour faire la discipline. Un peu comme au pays imaginaire des enfants perdus dans Peter Pan.
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STAN MATWYCHUCK Directeur du développement créatif www.homebasestudios.ca 604.849.1151 stan@homebasestudios.ca
de voir les installations dans la forêt. Parle-moi de Homebase Studios? C’est un réseau d’amis artistes qui redonnent à la communauté et c’est aussi mon entreprise. En fait, c’est simplement un local pour faire de l’art et nous en partageons les coûts. Nous programmons et créons toutes sortes de trucs très cools. C’est vraiment incroyable d’évoluer dans un endroit où il y a plein d’artistes qui travaillent toujours sur différents projets. Pour le moment, nous sommes six; un mec est orfèvre, un fait de la sculpture, un fait des peintures sur grandes toiles, un est
Questions par: Mark Kowalchuk de Artschool Skateboards On voit beaucoup ton travail dans le monde du snowboard. Pour quelle raison t’adresses-tu aux snowboarders et pourquoi as-tu reçu un tel accueil de la part de la communauté artistique du snowboard? Eh bien, il faut se l’avouer, la « vraie » communauté du snowboard est pleine d’enfoirés. Nous avons tous été, à un moment de notre vie, un snowboarder ou un skieur qui occupe un emploi emmerdant et qui loge à 6 dans une seule chambre près d’une station de ski afin de pouvoir rider la montagne comme un dingue chaque matin. Tout ça avec les autres enfoirés avec qui l’on s’inventait un mode de vie, c’est l’abandon de la vision à long terme pour vivre à fond le moment présent. Un mode de vie orienté directement vers la mentalité « profites-en maintenant, les questions pour plus tard. » Le chemin d’un artiste est semblable à celui d’un snowboarder. C’est une sorte d’exil que l’on s’impose à soi-même pour vivre une vie qui permet à notre côté créatif de s’exprimer au quotidien. Pour avoir une vie confortable et si loin du moule qu’on ne sait plus où cela commence et où cela s’arrête. Ce sont deux communautés qui sont très autogérées et orientées par leur mode de vie. J’ai découvert l’art très jeune grâce à ma mère et le snowboard un peu plus tard grâce à mon meilleur pote, James Bussey. Ces deux personnes ont été très influentes dans ma vie et c’est de là que vient ma façon de voir la vie jusqu’à mon arrivée à Whistler. Quand je regarde en arrière, je remarque que Whistler est un milieu vraiment fertile pour s’exprimer de façon artistique. As-tu des projets artistiques à court terme reliés au snowboard? Eh bien, je viens de terminer un contrat pour le Bass Coast Project. C’est un festival de musique qui a lieu chaque année dans le haut de la vallée à Squamish. J’ai fait des affiches et des installations pour ce festival de quatre jours. Je suis pas mal content et j’ai bien hâte “Conduit” 70 // slash snowboardmag
animateur graphique, un est designer graphique et moi-même qui suis illustrateur. Visitez notre page web au www. homebasestudios.ca ou visitez notre page Facebook! Chaque année, tu participes au Telus Winter Snowboard Festival, peux-tu nous en parler? C’est un party annuel qui est organisé par et pour les gens de l’industrie à la fin de la saison à Whistler. Il y a des expos, des concerts et des événements innovateurs.
J’adore aller m’inspirer à ce festival pour faire évoluer mon art à chaque année. C’est également un bon moment pour voir le travail de mes autres potes artistes. Que de bons moments. Quel conseil donnerais-tu aux artistes en devenir qui aimeraient suivre le même chemin que toi? Geez. Pas de pression surtout?! Eh bien, je dirais que je n’aurais jamais eu le même succès sans tous les gens qui m’entourent. Il faut rester impliqué et connecté dans nos réseaux. Ils sont une source inépuisable de possibilités et d’opportunités. Osez faire les choses qui vous effraient, celles qui vous limitent. Dessinez le plus possible chaque jour. Personnellement, j’ai toujours un petit cahier noir avec moi pour noter mes idées et faire des listes de choses à faire. Ces listes me permettent de rester responsable. Je déteste le cliché de l’artiste excentrique. Il faut également redonner à la communauté. Mettez votre créativité au profit des autres dans vos temps libres. Vous serez surpris de la façon dont les gens vous ouvriront leurs portes. Cela peut prendre du temps avant de se faire payer pour faire de l’art. Gardez un emploi à temps partiel pour avoir une certaine sécurité financière. Ça aide beaucoup. Je déteste aussi le cliché de l’artiste qui crève la dalle. N’arrêtez pas de travailler. Comme ils disent : « Pas de répit pour la charogne! » Vous dormirez quand vous serez mort.
Boot Pub Chair: L’histoire de cette chaise est une véritable légende. À Whistler, il y avait un établissement légendaire appelé le « Boot Pub ». C’était le premier bar de « ski bums ». Il y avait de la bière, des fameux partys after-hours, des chambres pas chères et le meilleur de tout : des stripteaseuses. Le jour où le propriétaire des lieux a finalement décidé de passer le bulldozer dessus, je suis allé fouiller dans les décombres pour en sauver quelques articles. J’ai assisté à beaucoup de concerts là, alors j’avais aussi plusieurs trucs que les bands lancent habituellement à la foule. La chaise provient de Shoestring lodge (l’hôtel d’à côté) et la roulette provient d’un haut-parleur du PA. La chaise est également recouverte de tuiles de cèdre qui proviennent du toit.
« Sisu Benched 40 » sérigraphie sur bois.
“The Year 2020 When Trees Give Birth to People There Will be Balance and the Night Shall Sleep Again” – Acrylic et peinture en aérosol sur toile. slash snowboardmag // 71
YOB: Les Fleurs du Mal
“Si vous n’aimez pas la musique heavy, vous n’écouterez jamais Yob. ” Si vous n’aimez pas la musique heavy, vous n’écouterez jamais Yob. Ce n’est pas un problème puisque ce n’est pas pour vous qu’ils font de la musique de toute façon. Ils font ça pour eux et pour les détraqués qui se déplacent pour les entendre. La plupart du temps, on décrit leur son avec des mots comme : doom, metal ou stoner. On y retrouve des éléments de chacun des styles malgré que ces définitions soient assez approximatives. Il n’y a pas de doute, Yob est vraiment heavy. Leur son est océanique, il déplace et punit. À la différence du métal, Satan n’est pas impliqué, pas de 666. À la différence du pur stoner-rock, Yob n’a pas de guru ou d’hymne au weed. La batterie sonne comme le tonnerre et les guitares comme de la lave qui bouille, mais il y a quelque chose dans ce son qui est plus riche, plus cosmique et qui dépasse les limites des classifications par genre. Disons simplement que c’est quelque chose de gros. Ce trio en provenance d’Eugene en Oregon vient tout juste de lancer un nouvel album intitulé Atma, terme Hindu pour décrire le « moi » profond. Après une pause de quatre ans sans tournée, ils reprennent la route. Que s’est-il passé en Oregon pendant quatre ans alors qu’ils occupaient chacun un emploi de jour? Premièrement, un article du New York Times a proclamé Yob « le meilleur group heavy d’Amérique » et a placé la chanson Burning the Altar sur la liste des 100 meilleures chansons de 2009. Alors que les rumeurs au sujet de l’album Atma venaient de commencer à circuler, le New York Times leur a une fois de plus donné un coup de main, tout comme la radio publique américaine qui a présenté l’album complet d’Atma lors de leur programme première écoute (First Listen). Tout ceci est assez étrange pour un groupe qui n’a jamais tenté de plaire à qui que ce soit et qui joue des chansons qui durent 15 minutes. Le chanteur et guitariste Mike Scheidt est la contradiction incarnée : un gars sympathique, chaleureux et brillant qui est aussi une bête qui crie à la mort en brandissant une guitare. J’ai réussi à l’accrocher pour une petite entrevue avant un spectacle au Casbah club à San Diego. Je croyais qu’on parlerait de musique. L’avons-nous fait? Qui sait? Après notre entretien, Yob est monté sur scène et a mystifié la foule. Muzzey Photo
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Muzzey Photo
Qu’est-ce que l’Atma?
Et l’album, Atma?
Le mot Atma ou atman est un terme Hindu qui évoque le « moi » intérieur de chacun. Cela comprend le grand « moi » dans un sens spirituel. Lorsque nous vivons des changements, il y a quelque chose autour de nous qui voit tout et qui n’est pas affecté. C’est une partie de nous et pourtant, c’est en dehors de nous. À chaque instant, en ce moment même, il y a des millions et des millions d’yeux qui voient, des millions et des millions d’oreilles qui entendent, des supernovas qui explosent, des trous noirs, il y a des univers dans des univers et nous n’en savons rien. Il y a toutes les créatures vivantes, il y a tout ce que l’on ne peut voir, tout ce qui existe et dont nous ignorons la présence, tout cela se passe en ce moment même. D’un instant à un autre et à un autre, dans tous ces instants que nous ficelons ensemble, nous avons l’impression que les choses avancent alors qu’à un certain moment précis, c’est fixe. C’est ici et maintenant, mais on ne peut y penser. La pensée vient après l’événement. Cette grande impression que tout arrive en même temps, des cailloux jusqu’aux arbustes jusqu’au reste, c’est aussi atman. C’est l’océan de la conscience. Tout ça semble mongole et ésotérique quand c’est dit comme cela, mais ce sont des concepts très difficiles à assimiler et à décrire même si tout ceci est bel et bien vrai. Tout ce que l’on ne peut voir en dehors de cette pièce respire et fait sa vie. Il y a un milliard d’enfants qui sont le centre de chacun leur univers, un milliard de chats qui sont rois et reines de leur univers et il n’y a rien qui existe en dehors de ce qu’ils veulent. À présent, applique ceci à tout ce qui vit autour de toi et soit conscient de ton être, de ton importance, même si elle est égale à celle de toute autre chose. Cela continue, cette conscience que nous partageons tous et de laquelle nous faisons tous partie n’a pas besoin de nous. Cela n’a pas besoin de nos pensées, de nos googoo-gaga, ou de nos concepts. Comme tout cela, ce n’est pas important que je dise quoi que ce soit. C’est plus grand que ce que nous pouvons penser et dire. Ce sont des idées que je trouve très rassurantes. Que les humains survivent à leur névrose ne change rien et cela importe peu (et le temps nous le dira bien), car tout cela était là avant nous et sera là après nous.
Atma est un album très punché. Il y a une certaine économie sur ce nouveau disque, dans les riffs et dans la façon dont ils sont joués. Cela change et se transforme continuellement. J’ai écouté beaucoup de Poison Idea et les premiers albums de Sleep lorsque j’ai composé nos trucs. Animosity, Corrosion Of Conformity, les vieux High On Fire, du vieux Neurosis, pas vraiment Pain Of Mind, mais plutôt Enemy Of The Sun quand ils ont commencé à être méchants. Après avoir joué avec eux, je voulais avoir un peu de ce genre de son sur notre album. Je voulais aussi que la production soit hard. Sanford [Parker] a fait de l’excellent travail avec notre dernier disque, mais je voulais que celui-ci sonne moins propre. Tu sais, ça me ramène aux premières productions de Cathedral ou Holy Mountain ou Art Of Self-Defense ou encore Surrounded By Thieves. Ces disques ont tous quelque chose de très viscérale, de rough et un son qui n’est pas parfait et pas trop propre. Malgré cela, la musique se rend sournoisement dans les haut-parleurs pour se faire entendre sans jamais qu’on puisse se préparer à la recevoir. C’est ce que nous essayons de faire avec Atma.
Couverture du nouveau Cd ATMA slash snowboardmag // 73
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