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Biais de genre et tests médicaux : quel impact pour la santé des femmes ?
Par Morgane Mignolet
La santé des femmes a souvent été négligée par le fait d’une approche genrée du corps médical faisant fi des maux qu’elles éprouvent. Mais d’où provient ce biais de genre, comment se manifeste-t-il et quelles sont les améliorations potentielles ?
Depuis toujours, le secteur médical est régi par et pour les hommes. C’est particulièrement manifeste lors d’études médicamenteuses. « La médecine a toujours considéré que le corps masculin était neutre et devait donc servir de référence pour l’ensemble des organismes, rendant ainsi invisible des caractéristiques spécifiques aux corps des femmes », indique Florence Caymaex du Comité Sciences et Femmes. Motif : les changements hormonaux qui traversent la vie d’une femme, ou le risque qu’elle ne tombe enceinte durant le processus. Mais cet état de fait peut porter préjudice aux femmes, notamment en matière d’effets secondaires d’un médicament pouvant différer d’un sexe à l’autre.
On observe également que leur douleur liée à leur cycle hormonal ou à un accouchement est souvent banalisée. Ce qui peut avoir de graves conséquences, comme la non-prescription d’antidouleurs ou des erreurs de diagnostic lorsqu’une femme souffre d’endométriose, par exemple.
Mais ces mauvais diagnostics ne concernent pas uniquement des dysfonctionnements “féminins”. Des accidents cardiovasculaires peuvent être mal pris en charge car les symptômes ne sont pas toujours les mêmes chez les hommes et chez les femmes. Ainsi, une femme souffrant de douleurs à la poitrine sera plus spontanément traitée pour des problèmes liés au stress que pour des troubles cardiaques. À cet égard, une étude nord-américaine a prouvé que les hommes étaient généralement mieux pris en charge que les femmes. Elle a aussi démontré que les patient.e.s étaient souvent mieux pris en charge par une femme médecin. Et que le pronostic d’une patiente est meilleur si elle se fait soigner par une femme. Voilà qui devrait rebattre les cartes quant aux compétences médicales des femmes dans une profession plutôt masculine.
Cependant, les stéréotypes de genre commencent à disparaître et le secteur médical suit le pas, notamment grâce à la libéralisation de la parole des femmes. « La dimension de genre commence à apparaître de manière systématique, bien qu’un travail de fond soit encore nécessaire. Par exemple, en santé publique, la question de genre n’est pas traitée en profondeur et ne passe pas au premier plan des inégalités sociales et autres discriminations », souligne Manoë Jacquet, coordinatrice de l’association Femmes et Santé.
Pour une approche médicale moins biaisée, il faut donc former et sensibiliser l’ensemble du corps médical. En commençant par instaurer des modules universitaires obligatoires sur les questions de transidentité et de rapport de genre. Manoë Jacquet note aussi qu’il faut « financer des soins de santé qui permettent aux médecins d’avoir plus de temps pour échanger avec les patients lors des consultations. »