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L’intérêt des taux d’intérêt
Les Cassandres qui, il y a quelques mois encore, annonçaient que ‘‘ le pire est encore à venir’’ avec un ‘‘tsunami de faillites’’, un chômage en hausse et des bourses en chute libre, se sont à nouveau trompées !
L’année 2022 aurait pu être celle de l’après-Covid. Ce fut celle de l’agression de l’Ukraine par la Russie, de l’inflation et de la remontée des taux d’intérêt. Dans ce contexte, les choses, sur le plan macroéconomique auraient pu très mal tourner et le spectre d’une nouvelle sérieuse récession est revenu planer, mais les scénarii sombres ont pu être écartés.
La croissance économique attendue pour 2023 est de l’ordre de 1% en Belgique et de 3% dans le monde. Cela paraît maigrichon, mais c’est en fait de l’ordre de ce qu’il est raisonnable d’attendre dans des économies dont la population en âge de travailler plafonne, voire décline, et où les gains de productivité restent modérés. Sur le plan de la consommation privée, des forces contradictoires sont à l’œuvre. Les tensions géopolitiques plombent le moral et le pouvoir d’achat a souffert d’augmentations de salaire inférieures à la hausse du coût de la vie – la Belgique faisant ici exception avec son indexation automatique intégrale de tous les salaires – mais, simultanément, le chômage flirte avec des minima historiques, ce qui a la grande vertu d’alimenter les revenus des ménages. De plus, ceux-ci disposent d’une épargne qui a gonflé durant la période de confinement et la faiblesse de sa rémunération incite à y puiser.
La hausse des prix de l’énergie avait fait redouter une spirale prix / salaires : à la hausse des prix répond une hausse des salaires, et à une hausse des salaires répond une hausse des prix. Pourtant, et malgré un marché du travail tendu, ceci n’est pas observé pour l’instant à l’échelle internationale. A son tour, cette absence de cercle vicieux aurait dû se traduire, sur fond de repli des prix de l’énergie, par une décrue rapide de l’inflation. Or, il n’en est rien, prix des œufs et d’autres produits alimentaires pour preuve. Comment expliquer la vigueur de l’inflation dite sousjacente ? Un facteur à mettre en avant est la capacité des entreprises à préserver et même à augmenter leurs marges. Loin d’une inflation par les salaires, nous connaissons une inflation par les profits !
De quoi demain sera-t-il fait en termes de placements ? La réponse dépend à la fois de la santé bénéficiaire des entreprises, de l’inflation et des taux d’intérêt. Pour notre part, nous nous attendons à une poursuite de la belle rentabilité des entreprises cotées, à une certaine décrue de l’inflation et à des taux d’intérêt qui, compte tenu de l’inflation, resteront modérés. Ni les finances publiques, ni la stabilité financière ne seront sacrifiées sur l’autel de l’orthodoxie monétaire.
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