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Investissements “durables” : place à la transparence
Par Aline Cordier Simonneau
Les investisseurs sont de plus en plus enclins à opter pour des produits financiers durables, mais souhaitent être mieux informés sur les critères de durabilité. La législation européenne oblige les acteurs financiers à faire preuve de transparence.
Le marché de la finance durable et de l’investissement socialement responsable s’est structuré ces cinq dernières années. « Avec la régulation européenne SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) qui découle du Green Deal, les institutions financières sont désormais tenues de publier davantage d’informations en matière de durabilité au niveau de leur organisation, mais aussi des services et produits qu’elles proposent », explique Yann Fantoli, Operational Manager chez Forum Ethibel. D’autre part, les entreprises dans lesquelles les fonds investissent seront elles aussi progressivement tenues d’être plus transparentes sur leurs pratiques et performances en matière de durabilité.
La régulation européenne impose désormais un cadre concernant la durabilité des produits financiers, mais celuici est mis en place progressivement. « Le plan d’action de la Commission européenne sur la finance durable adopté en 2018 a donné naissance à un ensemble de mesures législatives qui entrent progressivement en vigueur. Tout n’est pas encore parfait, mais nous ne pouvons que nous réjouir d’observer davantage de transparence dans le secteur de la finance », estime Yann Fantoli.
En tant qu’investisseur, comment avoir la garantie de ne pas tomber dans le greenwashing ? « Ce risque reste présent étant donné l’augmentation du nombre de produits financiers qui se disent “verts” ou “durables”, mais le cadre législatif et la présence de labels permettent de réduire ce risque. Il existe également des certifications octroyées par des organismes indépendants. Ces outils offrent certaines garanties et permettent de faciliter la tâche de l’investisseur. Néanmoins, ils ont aussi leurs limites. Il reste important que les investisseurs prennent le temps de se renseigner sur les produits afin de comprendre s’ils répondent bien à leurs attentes », détaille Yann Fantoli.
Pour les acteurs financiers qui souhaitent s’engager sur la voie de la durabilité, la législation européenne concernant les obligations en matière de durabilité des investissements évolue rapidement. Et c’est justement là que le bât blesse. « Il y a beaucoup de nouveaux textes à comprendre et à implémenter en pratique », note Alain Flas, Investment Manager – Sustainable Investments chez Ethias. « La première étape pour un acteur financier consiste à identifier et gérer les risques en matière de durabilité, mais aussi à prendre conscience de l’impact de son portefeuille d’investissements et à pouvoir mesurer cet impact. On parle bien sûr d’émissions de gaz à effet de serre financées, mais aussi d’impact sur la biodiversité, par exemple ».
« La finance traditionnelle s’est construite autour du couple “risque” et “rendement”. Nous devons maintenant travailler à intégrer les critères d’ESG et de durabilité afin de prendre en compte l’impact des investissements sur le monde réel. Les clients attendent désormais davantage de transparence sur la durabilité des différents produits financiers. Les acteurs financiers sont prêts à communiquer de manière transparente sur la durabilité de leurs produits d’investissements, mais ils manquent parfois de données », ajoute Alain Flas. Pour les acteurs financiers, la mise en place d’une stratégie de décarbonation passe bien souvent par la mise en place de nouvelles règles de gouvernance.
« Pour les acteurs financiers, le plus important pour adresser le défi climatique est de mettre en place une démarche structurée à travers un plan de décarbonation. Ensuite, il faut passer de la parole aux actes et poser des jalons progressivement pour atteindre l’objectif ambitieux de neutralité carbone en 2050 », conclut Alain Flas.
Les investisseurs en assurance vie prêtent de plus en plus d’attention aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Mais ils ne doivent pas foncer tête baissée, une analyse rigoureuse s’impose.
Les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) sont devenus des incontournables pour les investisseurs et les institutions financières soucieux de l’impact de leurs investissements sur la durabilité et la responsabilité sociale. Cette tendance se reflète dans le domaine des assurances vie et des titres, où de plus en plus d’investisseurs cherchent des options alignées sur les principes ESG. « C’est effectivement un sujet placement avait également un effet positif sur les performances financières d’une entreprise ». Malgré un coût de base souvent plus élevé qu’un investissement traditionnel (dû aux recherches et analyses supplémentaires nécessaires pour les critères ESG), les titres ESG sont plus rentables sur le long terme. Si ces titres manquent également de liquidités (ce qui joue sur leur facilité de revente), ils offrent cependant certains avantages fiscaux. » Certains gouvernements valorisent en effet ce type d’investissements à l’aide de différents incitants et subventions ».
Il est également important de noter que ces titres sont liés à des risques inhérents à leur nature. « Ils peuvent par d’actualité», confirme Alexandre Grimault, Chief Executive Officer chez ProCapital.» Les investisseurs en assurance vie tiennent de plus en compte des normes éthiques internationales. Mais ce n’est pas tout ». Selon l’expert, les pratiques de gouvernance solides et transparentes sont également essentielles à leurs yeux, au même titre que l’importance de la diversité et l’impact environnemental des entreprises dans lesquelles ils placent leur argent.
Si une compagnie d’assurance a une forte exposition à des secteurs à haut risque social, cela peut affecter sa note ESGs.
Mais existe-t-il de réels avantages à investir dans des titres ESG ? « Audelà de l’impact que vous aurez sur l’environnement et la société, plusieurs études ont démontré que ce type de exemple être sujets à des changements de réglementation et à des risques de réputation ou liés aux droits de l’homme», précise Alexandre Grimault. Rappelons qu’ils correspondent surtout à un investissement-promesse par rapport aux critères. Si ces derniers ne sont pas respectés, cela peut avoir un impact réel sur la valorisation des titres. « D’où l’importance pour les investisseurs de faire preuve de prudence dans l’analyse rigoureuse et le choix des produits ».
Dès lors, comment s’y prendre ? Pour intégrer les considérations ESG dans leurs stratégies d’investissement, les compagnies d’assurance peuvent investir dans des fonds ESG. » C’est une approche assez simple qui leur permet de respecter les critères susmentionnés », poursuit Alexandre Grimault. » Elles pourront ensuite utiliser leur pouvoir d’investissement et peser de tout leur poids dans le cadre du dialogue et des votes au sein des assemblées générales ».
Un investissement socialement responsable dans certaines entreprises spécifiques peut également être envisagé.» Même si cette pratique nécessite une analyse plus complexe de la situation et des risques, elle apparaît comme plus pertinente dans la détermination d’une stratégie ESG». En effet, elle permettra d’éliminer définitivement certaines entreprises ne répondant pas aux critères souhaités.
Pour faciliter cette démarche, les investisseurs peuvent se référer aux notes attribuées en termes de performance ESG par les agences de notation. » Cela permet de comparer les compagnies d’assurance entre elles ». L’analyse de la performance financière est aussi primordiale. « Si une compagnie d’assurance a une forte exposition à des secteurs à haut risque social, cela peut affecter sa note ESG, par exemple ». Il reste cependant pas mal de chemin à parcourir concernant l’uniformité des méthodes d’attribution et les grilles d’analyse sous-tendant ces notes. « Nous aurions besoin d’une norme internationale qui favoriserait des comparaisons robustes. Ce qui, il faut l’avouer, perturbe encore les investisseurs à ce stade ».
Autre défi tout aussi important : la nécessité pour les entreprises de disposer des compétences pour intégrer les critères ESG à leurs politiques d’investissement. » Il faut trouver ces compétences et cela a un coût non négligeable », poursuit Alexandre Grimault. » Et on ne parle pas que de moyens financiers. Il faut aussi disposer des données de qualité sur les émetteurs». Or celles-ci sont souvent fragmentaires ou insuffisantes. » Cela peut constituer un obstacle à l’intégration des critères ESG ».
À propos de.
Filiale du Crédit Mutuel Arkéa, ProCapital accompagne de nombreux clients internes et externes. Fort de son héritage groupe, ProCapital allie l’agilité et la réactivité d’une structure à taille humaine à la renommée d’un acteur majeur de la Bancassurance coopérative.
ALEXANDRE GRIMAULT CEO