Savoir-faire de la Simplicité architecturale

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HMONP H A B I L I TAT I O N À L A M A Î T R I S E D’OUVRAGE AU NOM PROPRE

L E S AV O I R-FA I R E D E L A SIMPLICITÉ ARCHITECTURALE Les techniques et outils de la simplification pour une richesse architecturale

BONDARENKO SOFIIA

ENSAG 2021

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“La simplicité, c’est l’harmonie parfaite entre le beau, l’utile et le juste” Frank Lloyd Wright

ILLUSTRATION COUVERTURE Croquis-recherche pour le projet de fin d’étude d’Architecture. Rapport du bâtiment existant à la pente.


HMONP

L E S AV O I R-FA I R E D E L A SIMPLICITÉ ARCHITECTURALE Les techniques et outils de la simplification pour une richesse architecturale

MISE EN SITUATION PROFESSIONELLE ADE : Bondarenko Sofiia Structure d’accueil : Atelier Christian Blachot Architectes Tuteur : Christian Blachot Directeur d’études : Benoît Adeline

JURY SOUTENANCE Enseignant de l’Ensag : Ludovic Brenas Représentant du conseil de l’Ordre : Christine Quantin-Jallifer

Enseignant de l’autre Ensa : Guillaume Benier Architecte invité : Christine Royer Architecte invité : Marcel Ruchon

ENSAG 2021



REMERCIEMENTS

Tout d’abord je tiens à remercier Christian Blachot et Alice Villard pour leur accompagnement, leur disponibilité et leur confiance pendant cette année. Cela a activement participé à mon apprentissage et à mon développement dans ce métier. Mon tuteur Benoît Adeline pour ses conseils, et les séances de travail collectif. Ludovic Brenas et Christine Royer pour leur enseignement et les vidéo-conférences toujours aussi intéressantes, même à distance. Amélie Blachot pour ses conseils en plantes et sa bonne humeur à l’agence. A mes anciens camarades de l’école, et surtout à ma famille, qui m’a toujours encouragée malgré les distances. Je tiens tout particulièrement à remercier Nathan pour ses corrections et son soutien durant cette année.

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Coupe House N Sou Fujimoto 2008 ( Rapport entre l’espace intérieur et l’espace extérieur)

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AVAN T-PR OPOS

Le rôle de l’architecte dans la dimension la plus globale est de concevoir et de réaliser des espaces de qualité. L’acte de construire, lui, est bien plus complexe: il comprend en soi énormément de facteurs d’ordre physique: la géomorphologie du terrain, le déplacement du soleil, de l’eau; le facteur socio-culturel; l’histoire; l’économie et l’écologie. Afin de résoudre ce problème de la complexité de l’acte de construire, l’architecte décide de placer l’homme au centre de la question. Que serait l’architecture sans celui qui l’habite ? “L’une des choses qui m’aident le plus dans mon travail, c’est l’idée que tout bâtiment relève d’une institution humaine”. KAHN L., Linteau, “Silence et lumière” p.157. Penser l’espace à travers le prisme de la simplicité à toutes les échelles. Dans ce mémoire je veux développer le processus de la simplification, comme outil de gestion de projet.

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SOMMAIRE

Montagne de Cotagne au nord de La Tournette Randonnée avec la visite du site pour le projet de diplôme Le 13 janvier 2018

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AVANT-PROPOS INTRODUCTION

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1.1 Rencontre 1.1 Organisation au sein d’une petite entreprise

II. MATERIALISATION DE LA SIMPLICITE

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2.1 Esquisse comme premier rapport à la matérialité 2.2 Systématisation rationalisation 2.3 Matérialisation à travers toutes les échelles 30

III. REALISATION 3.1 Suivi chantier des logements sociaux à Echirolles 3.2 Terrassement premier rapport au sol 3.3 Le principe dessin chantier 3.4 Logement - quel présent et quel futur?

IV. MINIMALISME ARCHITECTURAL SOBRIETE TECHNOLOGIQUE / RICHESSE SOCIALE

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4.1 Intensité économique et sociale par l’architecture 4.2 Richesse collective

IV.CONCLUSION SUR MA PRATIQUE BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION

Depuis la fin du vingtième siècle nous commençons à rentrer dans une nouvelle époque. Une époque aux multiples changements : climatiques, technologiques, humains et sociaux. Le développement technologique accélère nos modes de vie, nos manières de travailler et nos manières de penser. Sommes-nous prêts pour ces changements ? Je ne remets pas en question les progrès de l’humanité, mais je pense que le fameux : « less is more » de Mies Van der Rohe peut nous ramener plus. En revisitant notre attitude sur le monde et nos manières de concevoir l’architecture nous pourront apporter plus d’équilibre, d’authenticité au monde dans lequel l’on vit. Cette quête de la simplicité trouve son origine dans le grand intérêt pour la culture et l’architecture japonaise, mais surtout dans les multiples rencontres humaines et découvertes architecturales, que j’ai pu vivre : la visite des thermes de Vals de Peter Zumthor où se confronte la brutalité d’une grotte avec la limpidité des eaux thermales ; les écrits et enseignements de Louis Kahn, Mies Van der Rohe, les cours et dessins de Jean-Christophe Grosso; les Alpes qui nous ramènent à l’émerveillement face à l’essentiel. Par conséquent, comment définir la simplicité dans la pratique de l’architecture ? Avant tout grâce à une structure en accord avec les lois universelles. C’est ensuite les techniques constructives sobres et pérennes. C’est aussi le projet qui sait trouver sa juste place et la bonne échelle pour révéler la simplicité et la poésie du lieu. Persuadée que j’aurais eu à faire quelques concessions sur mes critères de recherches, Atelier Christian Blachot Architecte s’est révélée être une agence de premier choix, correspondant parfaitement à mes attentes : avec la conception qui commence toujours par quelques croquis à main levée et échange bidirectionnel avec mon tuteur. Durant cette année j’ai eu l’opportunité de faire le suivi de chantier qui était un de mes premiers critères de choix de l’agence. Je me suis également reconnue dans la vision d’architecture de l’agence : l’attention particulière portée au contexte urbain et territorial. Les recherches vers une architecture tendant vers une simplicité formelle, privilégiant ainsi le sens, les capacités d’usage et la mise en œuvre de la matière. La simplicité et modestie du geste architectural pour arriver à un projet fort. Enfin, le souhait de produire une architecture de qualité prenant soin de maîtriser chaque phase de conception à la livraison du projet. De plus Christian Blachot était auparavant enseignant à l’ENSAG, j’étais sûre de son engagement pédagogique vis-à-vis de la jeune génération d’architectes dont je fais partie. Dans la suite du mémoire j’ai envie de développer les méthodes de pratique de la simplicité à ma future organisation de l’entreprise, autant qu’à l’architecture conçue. Au coeur de notre pratique est l’importance d’esprit de synthèse et des changementes des méthodes de travail. Comment traduire la complexité spatiale en architecture minimale, sans tomber dans la naïveté et la pauvreté ? Le geste de la simplicité doit être justifié et apporter la richesse par le sens. Ainsi, dans la pratique professionnelle, tout doit être pensé pour soutenir cet engagement. Le moins n’est pas seulement originel, il est nécessaire dans l’époque dans laquelle nous vivons. Le moins a cette capacité de remplir (more) de même façon qu’il participe à une sorte de décharge (less).

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Dans ce mémoire, nous verrons dans un premier temps comment à l’échelle de l’entreprise, la simplicité organisationnelle peut être une solution de gestion de petite entreprise. Ensuite, nous nous interrogerons sur la matérialisation de la simplicité et la systématisation du travail dans le processus de création. Enfin nous nous demanderons sur quels outils s’appuyer pour assurer l’intégration d’un projet à son territoire et dans son environnement . J’apporterai la conclusion globale sur ma pratique et les méthodes de travail que j’ai pu forgés durant cette année.

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Arrêt de bus en Arménie ( voyage d’Ursula Schulz d’Erevan à Sévan)

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RENCONTRE

Arrêt de bus Je suis née dans la ville de Kiev (Ukraine), une grande ville avec d’énormes vestiges de l’architecture moderne. Quand j’étais petite je n’avais aucune idée de ce qu’était l’architecture. Seulement maintenant je me suis aperçue qu’elle était toujours là; aussi bien pour me protéger sous forme d’un abris bus pendant un long trajet entre l’école et ma maison; pour me diriger comme les longs couloirs de récréation de mon lycée, ou sous forme des lumières d’une grande ville que je regardais par la fenêtre. Pour moi ces abris bus sont comme un fil conducteur de tout mon parcours de jeune architecte. Pendant mon diplôme je me suis posé les mêmes questions que lorsque j’étais petite fille. Comment se protéger des rayons de soleil en été et de la neige en hiver ? Créer une ambiance de confort dans un lieu de passage ? Accueillir beaucoup de gens sous le même toit ? Ce petit vestige d’architecture moderne incarne un savoir-faire de l’époque. Une grosse industrie béton qui était très développée pendant l’époque soviétique. On voulait construire bien en béton pour proposer les lieux de vie à tout le monde et créer une égalité et une richesse sociale. Avec le temps je me rends compte que je reviens en permanence aux mêmes questions avec les mêmes valeurs. Mais cela - on le sait seulement avec le temps.

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I . O R G A N I S AT I O N A U S E I N D’UNE PETITE ENTREPRISE Atelier Christian Blachot Architecte

Mon expérience à l’agence Atelier Christian Blachot Architecte a commencé suite à un e-mail envoyé à l’ensemble des étudiants de l’Ensag il y a une année. Après le premier entretien à l’agence avec la présentation des projets en cours, j’ai ressenti que cette collaboration pourrait être enrichissante pour mon début dans ce métier. Après un contrat de deux mois j’étais contente d’être la deuxième Hmonp prise à l’agence, malgré le fait que Christian Blachot ne comptait prendre qu’une seule personne. C’est une petite agence d’architecture ancrée et reconnue dans la région grenobloise, montée dans les années 80 par Christian suite à un concours d’architecture bioclimatique. En ce moment l’agence compte une équipe qui se compose d’un chef de projet (Alice Villard), une architecte-paysagiste en freelance (Amélie Blachot), deux Hmonps (Jules Villegas et moi) et Christian lui-même. L’agence est située au 10 bis boulevard Gambetta en pleine entrée de la ville de Grenoble. C’est dans ce bâtiment résidentiel moderne des années 1954 que se développe la vie domestique de l’agence. Après l’expérience que j’y ai eue, je peux dire qu’elle repose sur trois grands principes : équilibre entre la conception architecturale et la construction; espaces de vie de qualité; l’ambiance et les usages qui apportent une qualité supplémentaire. A mon arrivée dans l’agence beaucoup de projets étaient en phase EXE et PRO: ces étapes m’intéressaient beaucoup car on les aborde très peu pendant les études.

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Avec le début de ma MSP je savais déjà exactement sur quels projets j’allais travailler durant toute l’année : le premier est le suivi de chantier de 30 logements sociaux à Echirolles et le deuxième est l’Esquisse pour la ville de Saint-Martinle-Vinoux et la future station par câble qui relie la ville avec Fontaine. Un projet au tout début de la conception avec un autre en chantier : c’était parfait pour moi en tant que première expérience post-diplôme. Nous verrons par la suite que cela n’a été qu’une partie de mon travail et que j’ai peu participé à l’ensemble des projets qui étaient en cours, vu la petite taille de la structure. L’organisation de l’agence se veut plutôt pyramidale : tout ce que j’ai pu dessiner, je le faisais valider par Alice Vuillard en tant que chef de projet, et ensuite par Christian lui-même. Mais dans le même temps, la collaboration restait très horizontale : le bureau privilégie le partage des compétences et savoirs, le travail de l’équipe ne peut qu’enrichir le projet par la confrontation des idées de ses acteurs.


Salle de réunion dans l’Atelier Christian Blachot Architectes

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I . O R G A N I S AT I O N A U S E I N D’UNE PETITE ENTREPRISE Atelier Christian Blachot Architecte Suite à l’expérience dans l’atelier Christian Blachot Architectes j’ai pu observer et me questionner sur le fonctionnement de la petite agence d’architecture : l’importance que peut y jouer le chef de projet expérimenté et fidèle à la pensée de l’agence. C’est vrai qu’en général dans les petites agences d’architecture la taille de l’équipe varie en fonction de la complexité du projet. On préfère embaucher au moment où l’on sait que l’on va décrocher un gros contrat. Le coût d’avoir un architecte expérimenté est beaucoup plus élevé également pour l’agence, mais le rendement justifie les moyens que l’on y met. L’agence s’appuie sur l’expérience de deux chefs de projets qui sont à l’origine de l’agence : les autres collaborateurs viennent les seconder en tant que dessinateur-collaborateur. Pour une aussi petite structure, l’agence compte à présent cinq chantiers : ce qui est beaucoup pour la proportion de collaborateurs et la taille des projets. L’approche de la simplification de la gestion de l’entreprise est une nécessité pour gérer une si grande complexité des chantiers en cours.

Amélie Blachot: Architecte paysagiste

Alice Vuillard: Architecte chef de projet

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Christian Blachot: Architecte gérant de l’agence

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Christian Blachot et Alice Villard Appels avec les bureaux d’études

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I I . M AT E R I A L I S AT I O N D E L A S I M P L I C I T E Esquisse comme premier rapport à la matérialité Définir le rapport au travail et à l’entreprise m’a permis de me positionner à l’égard de la profession. Ensuite il reste toujours à définir quel est le contenu et le fond d’architecture que l’on essaye de produire. Au début de chaque projet, ce que je trouve important à saisir est l’environnement dans lequel on construit et le contexte de la commande. Pour qui je construis ? Avec quels éléments de paysage puis-je établir le lien du projet ? Quels espaces publics cela va générer par la suite ? Comment les partis pris architecturaux et les inspirations spatiales pourraient se traduire en formes pures et lisibles ? La sobriété architecturale crée davantage de dialogue que du conflit avec son environnement proche et lointain.

Croquis recherche transport par câble Rapport paysager avec la montagne de Néron @ Christian Blachot

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Plan masse recherche transport par câble Articulation espace public @ Christian Blachot

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I I . M AT É R I A L I S AT I O N D E L A S I M P L I C I T É Esquisse comme premier rapport à la matérialité Durant cette année nous avons eu l’opportunité de réaliser une Faisabilité qui a influencé l’emplacement de la future station par câble de la ville de Saint-Martin-le-Vinoux. A l’origine de ce projet, le maire de la ville a fait appel à Christian Blachot pour faire une étude d’emplacement de la future station de Transport par câble qui reliera la ville avec Fontaine. Ce qui était vraiment marquant pour moi au moment du début d’étude de ce projet, c’est l’investissement. Pendant deux mois à temps plein nous étions en train de définir les stratégies ; faire des allers-retours avec les bureaux d’étude ; modéliser les volumétries dans différents emplacements; penser à la lumière; et à l’humain. Nous échangions beaucoup : j’ai pu faire des propositions avec des idées qui étaient adoptées et retenues collégialement. A la fin du projet l’ensemble du bureau était dans le processus, et cela “résonner” de l’avancement du projet. Même si nous n’avons pas réussi à avoir la commande c’était très fructueux de travailler en équipe sur ce genre de projet. Mais il y a le revers de la médaille dans ce genre d’étude. Est-ce que le résultat justifie ces moyens ? Nous y avons mis beaucoup d’investissement et beaucoup de ressources en temps de travail. La rémunération couvrait-elle tous ces efforts ? Les petites structures d’accueil n’ont pas de pôle concours (qui existe souvent dans les grosses agences). L’Atelier Christian Blachot Architectes a la chance de pouvoir choisir les études avec les concours qui l’intéressent, sans avoir peur des imprévus du métier liés aux arrêts de projets qui poussent les agences à postuler pour tous les concours et faire toutes les Faisabilités possibles. La volonté de participer au concours est une question de stratégie de l’agence à l’année. Beaucoup de facteurs entrent en jeu : la charge de travail en cours; le contenu du concours avec la taille du projet; la disponibilité des bureaux d’études; la proximité du site de construction. Christian Blachot essaye de choisir les concours à l’échelle de l’agence, souvent situés dans la région grenobloise. Dans les concours d’architecture, ce n’est que le premier placé qui gagne : souvent la rémunération pour ceux qui sont juste derrière ne couvre pas les moyens qui ont été mis en temps. Je sais que pour ce projet notre travail a été rémunéré par la mairie. Mais il y avait une certaine déception dans l’air de ne pas pouvoir poursuivre le projet, même si nous savions que nous n’étions pas assez gros pour avoir la commande. Depuis mes débuts dans ce métier je ne connais toujours pas la recette pour être sûr de gagner le concours d’architecture. Souvent je trouve qu’on ne sait pas sous quels critères nous sommes sélectionnés. Il arrive que les projets qui sont choisis sont ceux qui sont les plus économiques, ou font plus référence pour les membres du jury. Pour pouvoir s’investir pleinement dans ce type de projet l’agence doit disposer d’une bonne trésorerie. Mes amis d’autres agences de Grenoble font le concours en parallèle du suivi de plusieurs projets, mais souvent leurs expériences se transforment en charrette et le résultat à un jeu de hasard : “Si on l’a - tant mieux, si on ne l’a pas ce n’est pas grave”. Pour décrocher un concours d’architecture pour la jeune génération d’architectes, dont nous faisons partie, il faut s’armer d’endurance et surtout de ne pas avoir peur de l’échec. Bien choisir le concours dans lequel on semble avoir suffisamment de compétences pour y répondre avec les membres de jury que l’on admire. S’entourer de collègues architectes avec qui l’on partage les mêmes valeurs. Avec le temps on pourra également s’entourer d’une équipe d’ingénieurs à l’écoute.

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Plan masse transport par câble

Axonométrie transport par câble Rapport à la pente

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I I . M AT É R I A L I S AT I O N D E L A S I M P L I C I T É Systématisation et rationalisation

Au fil du temps je me rends compte que chaque agence d’architecture a ses propres méthodes de gestion de projet. La pratique de la rationalité et la systématisation du travail sont deux méthodes que j’ai apprises dans mon agence d’accueil. Souvent ces méthodes permettent de tenir le projet d’architecture dans son enveloppe économique, mais aussi de voir son développement et évolution dans le temps. La gestion du projet comprend en soi une grande complexité par le biais d’une grande quantité d’interlocuteurs. On peut facilement passer à côté de l’essentiel : la méthode de la systématisation rationnelle du travail s’impose en tant qu’outil qui permet de gérer le projet plus facilement. Pendant nos séances de travail avec Christian Blachot, il disait que nous ne sommes pas des génies d’architecture et qu’il faut être généreux en production, avant de trouver la solution la plus juste possible. Pour la faisabilité de la station nous en avons fait huit, sachant qu’une seule serait retenue et que toutes les autres servent à renforcer la première. Pour bien faire comprendre l’idée de la systématisation rationnelle je vais mieux l’approfondir avec l’exemple de la station pour Saint-Martin-le-Vinoux. A la base nous avons reçu une commande avec un positionnement très précis donné par la SMTC. Le bureau d’étude structure souhaitait positionner à un endroit très défini. La mairie de Saint-Martin-le-Vinoux a fait appel à nous car ils n’étaient pas tout à fait convaincus par ce qui leur avait été proposé. La proposition était traversée par beaucoup d’obstacles naturels et artificiels constitués par le Drac et l’Isère, l’autoroute A480, la RN481 et la voie ferrée. Notre travail était de proposer une large palette de nouvelles positions et de s’affranchir d’obstacles naturels et artificiels. Nous l’avons fait à travers huit solutions différentes que nous avons travaillées en coupe, en plan et en volumétrie. Chaque étude était accompagnée d’une liste d’avantages et d’inconvénients afin d’aboutir aux deux solutions qui marchaient le mieux pour la ville de Saint-Martin-le-Vinoux. Cette méthodologie a laissé la liberté de choix à la mairie de la ville. Ils étaient très satisfaits de voir qu’il n’y a pas qu’une seule solution, mais de multiples. Notre étude a influencé le positionnement final du projet, et nous étions très satisfaits d’apprendre que celle que nous préférions architecturalement parlant, “Placette basse”, sera réalisée pour 2024. La systématisation permet et facilite la manipulation. Le “simple dupliquer” permet de faire les variations et de guider nos choix. A l’agence nous avons l’habitude d’accrocher toutes les propositions que nous réalisons pour voir tout de suite la valeur ajoutée que cela apporte au projet. En premières étapes de conception il faut savoir gérer le niveau d’intervention et accorder le niveau

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de rendu en fonction de la phase de projet. Résoudre les questionnements primaires et laisser mûrir les idées secondaires : les réponses aux questionnements complexes arrivent souvent au fil du temps. Pour moi la systématisation est un moyen de simplifier la complexité de l’architecture. On hiérarchise, on temporise le processus de la conception. Il faut faire preuve de rationalité, être force de proposition et ne jamais se décourager. La clarté de l’architecture en dépend. Le résultat que l’on obtient permet de voir le niveau de maîtrise que l’on a sur le projet.

Bernard Tsumi, Parc la Vilette, déconstruction systématisation programmatique, 1984

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I I . M AT É R I A L I S AT I O N D E L A S I M P L I C I T É Matérialité à travers toutes les échelles On associe encore l’architecture à l’acte de construire des espaces visibles, éminemment matériels et peu réversibles. Je pense que cela vient du fait que l’on vit dans une époque encore bien industrialisée. Penser l’architecture à l’échelle plus petite ou malléable nous permet d’être plus proche des questions de confort quotidien de l’homme. De rapprocher notre corps avec notre lieu de vie. Avant d’entreprendre mes études d’Architecture j’ai fait une formation de design d’objet. En tant qu’exercices de conception j’avais à concevoir des lampes de table avec un fil de fer, les chaises avec les planches de bois, les petits objets de l’art de table. Cette attention au design d’objet m’a toujours accompagnée dans mes projets d’architecture. Pendant ces études je me suis aperçue que ce qui conditionne un bon projet d’architecture est l’expérience spatiale. Le bon projet de design est avant tout l’expérience tactile et ergonomique. L’architecture peut contenir l’ensemble de ces

facteurs, mais on a tendance à s’appuyer sur les qualités spatiales. La rythmique des poteaux et l’éclairage des espaces. Concevoir une architecture légère et réversible capable de s’adapter aux vitesses de changement de nos modes de vie est un sujet d’étude pour nos modes d’habitat de demain. Je crois que la multi dimensionnalité de l’architecture nous oblige d’une certaine manière à déployer les concepts de la simplification face aux complexités de la grandeur. On adapte l’espace au mode de vie de l’homme.

““Créer un équipement aussi subtil, complexe et sensible que le corps humain, voilà notre tâche”.” Charlotte Perriand BARSAC J; “Le monde nouveau de Charlotte Perriand”; Guillimard; p.24

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Maquette Luoghi, 2015 © Studio Branzi

Arrosoir @ Studio Branzi

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I I . M AT É R I A L I S AT I O N D E L A S I M P L I C I T É Le rôle de la maquette Souvent utilisée au cours de l’enseignement d’architecture la maquette est devenue peu utilisée dans les agences : faute de temps et de place pour en concevoir. La maquette est perçue comme un outil de présentation une fois que le projet est déjà terminé, et pas comme un outil de conception. C’est pourtant la base du processus de la création, au même niveau que les calques. (Rapport au site, paysage, urbanité, structure, matérialité, lumières, etc). Ce qui m’intéresse ici est justement cette démarche de projet qui permet à la maquette d’être un véritable moyen de mise en place du projet, de vérifier des hypothèses, de faire cohésion au sein de l’agence et avec la maîtrise d’ouvrage autour du projet. Après j’ai le sentiment que cette pratique au sein de petites agences d’architectures se perd peu à peu, lui préférant la version informatique. A l’heure actuelle, ces nouveaux « outils » sont efficaces par leur facilité à gérer le plan, la coupe, le détail, et la 3D simultanément, mais ils sont moins intuitifs et par ce fait la conception est bien moins libre que lorsqu’on travaille à la main.

Maquette concept: masse au sol / éléments légers au dessus avancement

« Dans un monde où tout finit par être identique, insignifiant, vidé de signification, l’art (design) et l’architecture doivent maintenir les hiérarchies et défendre en particulier l’expérience sensible et existentielle. » La main possède un espace de créativité et de liberté que ne permettent pas l’informatique et le numérique.

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Maquette: masse au sol / éléments légers au dessus avancement

Perspective finale du Projet

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VISCOSE

Maîtrise ouvrage: Alpes Isère Habitat; ( Ancien Opac 38) Superficie: 3 194 m² ( 3 bâtiments ) Budget: 5 120 872 € Bureau d’étude : Structure/ Economie : Betrec; Fluide : Cotib; Bureau de contrôle : Qualiconsulte; Coordinateur sécurité : Socotec; OPC: Aptitude MO; Bureau d’étude: Terre ECO.

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I I I . R É A L I S AT I O N Suivi chantier logements sociaux Echirolles La phase de chantier a beaucoup évolué avec notre époque. Pendant nos cours de la Hmonp j’étais très étonnée d’apprendre que beaucoup de bureaux d’architecture n’arrivent qu’en phase APD, et puis laissent la mission EXE et PRO entre les mains des constructeurs. L’Atelier Christian Blachot Architectes en fait une exception en essayant de faire le suivi de projet complet jusqu’à la livraison. Pour moi cette phase est également assez créative car on réagit avec les nouvelles contraintes introduites par les pratiques d’entreprises, par les changements éventuels de clients, par les aléas du chantier, mais le but reste de conserver la cohérence et les qualités du projet. On vient confronter nos idées du concept à sa matérialisation. Pourtant notre rapport à la matière qui par ailleurs est une notion universelle, représente pour moi un moyen d’apprentissage indispensable. L’expérience de chantier chez Christian Blachot en début de la formation m’a permis d’assimiler des techniques de construction en béton principalement. Mais surtout par la suite de mesurer et anticiper les répercussions que cela peut avoir sur l’architecture. Le suivi des travaux du chantier des logements sociaux à Echirolles effectué cette année m’a permis de dépasser la simple production d’une représentation : le fait de comprendre des systèmes constructifs, de mesurer l’importance du poids du béton, de faire des hypothèses quant aux logiques de mise en œuvre m’a permis de me rapprocher plus de la question de la matérialité et d’avoir un peu plus de maîtrise dans ce domaine. «Si nous nous astreignons à dessiner comme nous construisons, du bas vers le haut, en arrêtant nos crayons aux nœuds de décharge ou de support, l’ornement naîtrait de notre amour pour la perfection de la construction» - Louis I. Kahn, La construction poétique de l’espace p.80

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I I I . R É A L I S AT I O N Suivi chantier logements sociaux Echirolles

Le projet de construction de 30 logements sociaux à Echirolles est une suite d’un concours remporté par l’agence en 2011 pour la réformation de l’ensemble du quartier Viscose. Ce projet a été arrêté pendant 8 ans après une attaque judiciaire, et a repris cette année son chantier. Ma mission dans ce projet était dans le développement des détails suite aux entretiens avec les artisans et les bureaux d’études ; les recherches sur des façades ainsi que les contrôles des plans envoyés par le BET Structure.

certaine rigueur et contrôle sur chaque phase d’avancement du chantier. Dans mon bureau d’accueil on prend le temps pour dessiner les détails, aller visiter les projets et comprendre comment les choses sont faites. La collaboration est un sujet essentiel au moment de la phase EXE. Avant je pensais que l’architecte était vraiment un chef d’orchestre avec beaucoup d’autorité sur le chantier, mais je me suis rendue compte qu’il y a très peu de cela. Lors des multiples séances d’échanges avec les constructeurs dans la cabane de chantier, l’architecte devient un concepteur que je nommerais du “Médiateur” à l’écoute du savoir-faire de l’entreprise, mais qui se prête à défendre le détail architectural et trouver des solutions si ce n’est pas possible. Ce n’est vraiment pas facile de trouver le consensus avec l’ensemble de l’équipe. Mais tout de même, l’ensemble de l’équipe, aussi bien l’architecte, l’ingénieur que l’artisan, fait un effort, parce qu’ils savent que

Plan masse sur l’ensemble du projet

Je ne connaissais pas grand-chose dans cette étape - c’est pour cela que cela a été extrêmement formateur pour moi. Premièrement je dois reconnaître la connaissance de mon bureau d’accueil au sujet du béton, et le savoir-faire du maçon, BMI Isère, qui a effectué la réalisation. Le chantier s’est généralement bien déroulé, car je voyais que les gens qui y travaillaient étaient extrêmement compétents. Ils s’y connaissaient et cela se ressentait. Cependant il faut admettre que constructivement parlant ce n’était pas le projet des plus complexes, mais qui exigeait une

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Echange avec BET Vessière pendant l’année de Master1 AE&CC


Protection gravillon

circulation commune

Niveau : R+5

Protection gravillon

circulation commune

Niveau : R+4

Pente

circulation commune

Niveau : R+3

Pente

Pente

Niveau : R+2

circulation commune

Pente

Niveau : R+1

circulation commune

Pente

Niveau : RDC

circulation commune

terrain naturel NGF 230.04

RUE DE L'ATLAS

Pente 1%

Cunette

Pente 1%

circulation

Coupe transversale sur logements

GSPublisherVersion 0.0.100.100

Perspective depuis la rue de l’Atlas

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I I I . R É A L I S AT I O N Suivi chantier logements sociaux Echirolles

cela aura une grande répercussion sur la fin du projet. Cette culture de dialogue entre l’éternels collègues ingénieur-architecte-artisan est une vraie compétence à acquérir tout au long de la carrière d’architecte. Il faut partager la curiosité de recherche avec cette équipe et essayer de trouver des solutions constructives à tout problème qui arrive sur le chantier. J’apprécie beaucoup cet extrait de l’ouvrage “ Dix-huit années avec Louis I. Kahn” dans lequel August E.Komendant, ingénieur américain exprime ses dix-huit années de collaboration avec Louis Kahn et parle de sa collaboration avec lui : « À d’autres moments, nous parlions de l’enseignement de l’ingénierie aux étudiants d’architecture. Kahn connaissait sa faiblesse en ingénierie et en science, et il en accusait l’université. Etudiant, il n’avait plus ou moins appris que des détails en ce domaine : c’est en travaillant avec moi qu’il avait appris la science de l’ingénieur. Il est vrai que si les étudiants d’architecture ne font qu’effleurer l’ingénierie, c’est une perte de temps parce que deux mois plus tard, une fois le cours terminé, presque tout ce qui a été appris est oublié. Seuls les principes, s’ils sont correctement présentés et compris, ne sont jamais oubliés. Je dis à Kahn que la manière européenne d’enseigner, telle que je la connaissais, était tout à fait différente des méthodes américaines. Le principe était d’enseigner aux étudiants d’architecture comme à ceux d’ingénierie à penser et non à remplir seulement leurs têtes avec des éléments sans rapport entre eux, comme nous le faisons ici. En Europe, l’étudiant en génie-civil a de nombreux semestres d’architecture, pas en savoir appliqué, mais principalement des principes es-

thétiques, et d’autre part les étudiants d’architecture sont formés aux principes scientifiques et techniques. Si l’on considère le travail des architectes et ingénieurs européens, l’effet de ce savoir se perçoit. En Europe, l’architecture et l’ingénierie pèsent lourdement l’une sur l’autre, malheureusement une coopération aussi étroite existe rarement en Amérique. C’est pourquoi nous avons tant d’échecs et si peu de succès dans ces deux domaines. Kahn accepta sans réserve. Il se souvint alors et compris vraiment ce que j’avais voulu dire dans une réunion de notre leçon inaugurale conjointe à Yale, quand un des étudiants avait demandé : « Que doit faire un jeune architecte pour réussir ? » J’avais répondu : « Apprendre l’ingénierie ! ». Ici August E.Komendant est assez critique visà-vis de l’enseignement de l’ingénierie dans les écoles d’architectures américaines. Leur collaboration avec Louis Kahn est d’une forte richesse et réussite. Tout au long du livre je ressentais que l’un admirait le travail de l’autre et cela ne pouvait qu’enrichir le projet architectural.

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Point sur l’avancement du chantier avec le maçon de BMI Isère et l’OPC


A présent en France nous sommes très loin de ce genre de collaboration entre architecte-ingénieur. Sur le chantier on fait appel à l’architecte pour les questions du “beau” et visible, tandis que tout ce qui est structurel reste du domaine de l’ingénieur. Le structurel est séparé des questions esthétiques, alors qu’il faut le lire comme l’ensemble. « L’architecte est donc un “ dilettante professionnel”, une sorte d’alchimiste qui essaie d’obtenir une synthèse, un tout complexe à partir des conditions initiales les plus diverses et d’exigences d’urgences inégales devant être évaluées et jugées au cas par cas.» Deplazes Andrea, Construire l’Architecture du matériaux brut à l’édifice,p.19

Point de concertation en AECC aux Grands Ateliers

L’épanouissement du projet et de ses collaborateurs dépend de notre capacité à communiquer avec tous les corps d’état, de parler le même langage Architectural. Il est tellement complexe de communiquer avec le maçon, le menuisier, l’ingénieur structure qui parlent chacun leur dialecte. Il faut énormément d’écoute et d’attention pour comprendre le « patois ». Seulement après on peut essayer de tirer ce trio ingénieur-artisan-architecte vers ce qu’on veut pour le bien de l’Architecture qu’on conçoit. En ce qui me concerne, après chaque visite de chantier je consultais le Petit Dicobat pour pouvoir communiquer avec tout cet éventail de corps d’état. Parler le même langage de la construction me permettait de me sentir plus à l’aise et appartenir à la même famille.

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I I I . R É A L I S AT I O N Le principe dessin-chantier

« Le moment essentiel de la création architecturale est celui du projet. Que dire alors de cet autre moment qu’est le chantier ? Le chantier demeure le lieu où s’éprouve la faisabilité du projet. Il n’est pas pour autant un laboratoire, pas plus que le projet (dessiné ou non) ne représente un protocole d’expérimentation. »

moment. Au final Dauphilogis n’est pas arrivé à vendre tous ses logements - le chantier pour le 3-ème bâtiment a donc été décalé d’une année. Tout ne serait pas si grave, seulement les 3 bâtiments sont reliés par le même sous-sol, et le local de la chaufferie et la chaudière sont dans le bâtiment de Dauphilogis. Au moment où l’on a appris que le chantier seDans ce texte, Cyrille Simonnet développe cette rait décalé d’une année : la dalle haute de R-1 a dualité dessin/chantier comme étant un double déjà été construite. C’est-à-dire que du point de processus qui engendre le projet d’architecture. vue constructif il faudra démolir un mur au R-1 Par la suite dans son texte il distingue ces deux pour ajouter le local à chaudière, ou supprimer moments – celui de sa conception (individuelle) une place de parking au sous-sol. et celui de son exécution (collective). Au mo- Avec beaucoup d’échanges avec le bureau ment de la phase EXE et PRO, d’une manière d’étude Betrec et le maçon (souvent dessin générale le dessin précède le chantier, nous an- à main levée avec la liste d’inconvénients et ticipons et précisons le dessin pour informer au d’avantages constructifs), nous avons réussi mieux les entreprises et leurs sous-traitants sur à trouver la solution. Elle a été adoptée en urle chantier lors de la réalisation. gence, au moment du chantier. Le maçon avait Or, on pourrait penser que le chantier engendre à déconstruire ce qui avait été construit, mais le le projet, et vice-versa. Lors de la phase con- projet à retrouvé toute sa cohérence. structive de ce dernier, il est souvent impossible d’être fidèle au dessin initial à cause des aléas du chantier, parfois même des savoir-faire, du budget, ou de l’approvisionnement. Les dessins d’Architectes sont crayonnés au stylo rouge par les Bureaux d’études pour préciser les épaisseurs, les détails et les nœuds constructifs. Je vais le préciser dans l’exemple du chantier Viscose. A l’origine du projet Le Maître d’Ouvrage ( Alpes Isère Habitat) devait réaliser les trois bâtiments avec les 45 logements, mais par faute de budget il ne pourra réaliser que 2 bâtiments avec 30 logements. La parcelle avec le 3-ème bâtiment et ses 15 logement est revendue à un autre bailleur social – Dauphilogis. Les deux Maîtres d’Ouvrages s’arrangent pour que le chantier des 3 bâtiments démarrent au même Retour de Bureau d’étude Betrec sur l’annexion du local pour la chaudière

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Le chantier est alors un laboratoire d’expérimentations ainsi qu’une leçon d’architecture à proprement parler, et c’est par son analyse méticuleuse que se dessinent ses traits de construction… ou de déconstruction. Lors de la conférence tenue en vue de l’exposition Matière grise du Pavillon de l’Arsenal en 2014, l’un des intervenants – Jan Jongert – cite Wang Shu en ces termes : « On devrait faire le parallèle avec les étudiants en médecine et voir le chantier comme une opération chirurgicale, faisant une dissection mentale du bâtiment » Cette façon de penser le projet par (dé)construction dépasse la vision linéaire du projet. Le dessin ne serait alors qu’un instrument de communication, un outil visuel et informatif sur lequel s’appuyer pour construire mais sans que ce document ne soit d’une rigidité absolue. Cet esprit collaboratif qu’abordent ces architectes est d’autant plus riche qu’il ne s’agit plus de commander par le dessin un projet mais de laisser une part de hasard à une éventuelle modification sur le chantier. Le chantier devient ainsi un lieu d’expérimentation.

Coffrage balcons par l’entreprise BMI

Retour de Bureau d’étude Betrec sur le dimensionnement du balcon

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I I I . R É A L I S AT I O N Terrassement - premier rapport au sol Le sol est un milieu qui comprend une partie matérielle et une partie aérienne. Il permet un échange entre les deux épaisseurs indissociables. C’est une double épaisseur, telle une façade, et la frontière qui permet les échanges. Les humains ont construit cette épaisseur dans l’histoire et en ont fait une architecture qui a du sens. Par cette construction, ils ont cherché à se rendre la Terre habitable.

Dallage du premier niveau

La question des fondations n’est pas qu’une simple différenciation des façades mais c’est aussi une protection contre les dégâts mécaniques et les saletés. Avec le sondage qu’effectue le géomètre on peut déterminer notre qualité de terre pour ensuite savoir de quel type de fondations nous avons besoin. Pour le projet de Viscose à Echirolles le mur de sous-sol se dresse au-dessus du sol comme un élément distinct du reste. De cette manière il vient surélever le rez-de-chaussée, il résiste à la poussée des terres, et protège de l’humidité du terrain les logements au R+1. De cette manière la façade Sud à un caractère défensif et protec-

teur. La terrasse et la dalle du rez-de-chaussée forment une passerelle entre les deux bâtiments, tout en mettant en valeur toute sa végétation. J’ai eu l’opportunité de suivre tout le travail du terrassement pour le même projet des logements : superviser les plans, le marquage et voir tout le travail d’excavation du terrain. Dans cette étape le plus important est de bien communiquer avec l’entreprise qui exécute ce travail, le Maître d’Ouvrage et le bureau d’étude VRD. Dans notre cas nous avions l’entreprise Perona qui était à l’exécution de ces travaux, bien reconnue à Echirolles, et le bureau d’étude Betrec. Avant de commencer les travaux nous nous sommes aperçus que les quantités de déblai de terre ne correspondaient pas à celles notées dans le devis. Le bureau d’étude VRD a confirmé son erreur sur le calcul des quantités. Il a donc fallu attendre un moment avant de refaire le quantitatif et qu’Alpes Isère Habitat fasse un nouveau devis pour l’entreprise. Les quantités de terre sont quelque chose de très important car le déblai peut être très coûteux - il faut éviter le surcoût autant que possible. En tant qu’architecte pendant cette étape, je me suis également posé la question de savoir quelles fondations il fallait adopter en fonction du terrain que l’on construit. Pour le projet de Viscose la solution des fondations légères a été adoptée, car nous avons plutôt un terrain propice à la construction. C’est la solution la plus simple qui a le moins d’impact sur le terrain et un faible coût économique. Pour le projet qui était en parallèle avec le mien, celui des logements à Grenoble : le terrain est perméable et pas très propice à la construction, les fondations en radié étaient préférées pour leur qualité à supporter les gros

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poids posés par-dessus. « Le contact du bâtiment avec le sol conditionne aussi bien la transmission des charges des couches d’assise que la rencontre avec la topographie. » Deplazes Andrea, Construire l’Architecture du matériaux brut à l’édifice,p.183

Début Terrasement pour le projet de Viscose

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I I I . R É A L I S AT I O N Logement social – quel présent et quel futur aussi ? Le logement social a toujours été le centre de la transformation de la société. Depuis longtemps c’est un terrain d’expérimentation et une source d’inspiration pour beaucoup d’architectes. (Accès au logement pour tous, mixité sociale, faible coût de la construction pour le lieu de vie salubre). Mais quel rôle avons-nous dans ce domaine à présent ? Je trouve que souvent l’architecte devient un médiateur entre le Maître d’Ouvrage (public ou privé) et locataires. Comment réussir à avoir plus d’importance dans les enjeux sociétaux de l’architecture que l’on produit ? Je m’interroge sur le rôle que nous tenons à présent parmi tous les acteurs dans ce domaine. Je pense que s’il y a un doute à ce niveau : c’est qu’il y a une certaine complexité des rapports entre les acteurs. Le processus de la conception de l’habitat est un processus long et difficile. On ne peut pas dire que le bureau d’accueil est spécialisé dans la construction et la conception des logements, pourtant tous les projets qui étaient au cours de ma formation à l’agence n’étaient que des logements. Spécialiste ou généraliste de la construction ? - je trouve que cela doit remettre en cause les compétences d’Architectes. Comme le disait Christian Blachot : « le bon Architecte est capable de répondre à n’importe quel programme, tant que c’est au service de la qualité architecturale du bâtiment ». J’étais heureuse de travailler sur ce sujet car c’est dans les logements que l’on passe le plus de temps, par rapport aux espaces publics. Il peut souvent nous arriver d’attendre sur les quais de la gare ou dans l’aéroport, d’aller faire des courses ou regarder un spectacle mais cela restera toujours moindre par rapport au temps que l’on passe dans nos maisons. (Une question d’autant plus actuelle au moment du confinement de la COVID-19). C’est là aussi où les habitants investissent le plus de revenus personnels tout au long de leur vie. Je trouve que les promoteurs immobiliers avec lesquels nous travaillons ne prennent pas en compte la complexité et l’importance de nos deux rôles en tant que Maître d’Œuvre et Maître d’Ouvrage. Souvent ils s’appuient principalement sur le quantitatif : sur combien de mètres carrés à quel prix. La qualité architecturale n’est qu’un plus, alors que c’est elle qui porte tout le projet. Pour passer au-delà de cette complexité règlementaire on doit toujours garder en tête la qualité architecturale que l’on souhaite produire. On ne peut pas s’emparer de toutes les réglementations qui touchent le secteur. Je trouve que beaucoup de contraintes peuvent également nous pousser à trouver des solutions plus intéressantes. Même les normes pour les accessibilités handicapés permettent également d’apporter plus d’ergonomie aux espaces construits.

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I V. M I N I M A L I S M E A R C H I T E C T U R A L / S O B R I E T E TECHNOLOGIQUE / RICHESSE SOCIALE Depuis quelques années la politique du gouvernement oriente l’architecture dans le respect environnemental. Au 20ème siècle on essayait de faire les bâtiments performants, et de plus en plus contextualisés. Je me suis toujours demandée si la labellisation de bâtiment permet de produire une architecture soucieuse de l’environnement ? Je trouve qu’avec l’essor de la réglementation thermique et une pensée technocratique, on produit une architecture standardisée souvent loin des questions de l’humain. La technicité arrive au détriment de l’architecture, alors que l’un doit venir supporter l’autre. La RT 2020 qui arrive quantifie énormément l’architecture. On s’intéresse moins à la spatialité de l’architecture mais plus à sa consommation : combien elle produit, combien on en perd, est-ce rentable dans le temps. On propose les solutions des panneaux photovoltaïques pour le bâtiment. Alors qu’est-ce que nous connaissons vraiment des métaux précieux avec lesquels ils sont produits ? Sont-ils recyclables au fil du temps ? Pour les obtenir, n’auraient-ils pas fait le tour du monde avant d’arriver sur un chantier ? Est-ce vraiment écologique ? On remplit nos maisons de gadgets pour régler la quantité d’ensoleillement, ainsi que la quantité de l’air. Est-ce vraiment une solution pour le bâtiment durable ? Avant les gens savaient construire une maison aux proportions, à l’orientation, aux entrées d’air intelligentes, sans faire recours à l’appareillage. L’épaississement des isolants et leur perméabilité empêche le transfert de l’humidité dans la paroi. On crée des espaces complètement imperméables donc il faut trouver des solutions techniques plus poussées pour ventiler les murs. Donc y a-t-il vraiment une simplification de la politique environnementale ? Concernant l’isolation thermique par extérieur j’ai eu l’occasion de voir à l’agence l’exemple du projet des logements à Romans-sur-Isère que l’agence a livré il y a quatre ans. On s’aperçoit de la fragilité de ces systèmes d’isolation avec l’impact que cela produit sur la composition des façades. Le bâtiment a bien vieilli en soi, seulement les façades avaient des coulures au niveau des ouvertures. Cela est dû au choix du polystyrène en tant qu’isolant extérieur choisi par le Maître d’Ouvrage. L’agence a essayé de faire force de proposition pour un autre système d’isolation, mais pour des raisons économiques cela n’a pas été retenu. Au sein du bureau Atelier Christian Blachot Architectes nous partageons la même vigilance et avec tout de même beaucoup d’intérêt pour les solutions technologiques. Nous avons eu beaucoup de discussions au sein de l’agence sur l’architecture naturelle de David Wright : comment trouver des solutions spatiales simples et universelles pour le confort d’été et d’hiver des habitants. A l’agence nous avons trouvé la notion de “bon sens” c’est à dire des solutions spatiales, plus que techniques pour résoudre la question du confort des gens. Cela me semble fondamental pour un jeune architecte.

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« La technologie doit être utilisée avec discrétion, il ne faut pas en faire étalage. Notre métier tient de l’équilibre entre art et technique. Si tu les sépares, il tombe d’un côté ou de l’autre. Il doit rester en équilibre. » La Désobéissance de l’Architecte, Renzo Piano, ARLEA; 2009,p.32 Je me suis aperçue pendant le chantier que certains Maîtres d’ouvrage sont intéressés par les questions environnementales et le recyclage des matériaux. Il arrive souvent qu’ils prennent les bureaux d’études spécialisés pour cela : pour le projet de Viscose nous avions le bureau d’Etude Terre Eco qui s’occupait de tout ce qui est bioclimatisme et développement durable. En tant qu’Architecte il faut souvent faire appel à eux pendant le chantier. Les entreprises qui réalisent les travaux n’ont pas forcément les réflexes de penser au tri de déchet, car pour cela ils ont besoin de temps, alors qu’ils doivent avancer sur le construit. Cela leur coûte en moyens financiers et en heures. Notre rôle en tant qu’Architecte est de croiser les entreprises avec les bureaux d’études spécialisés. Il faut avoir l’œil sur tout, et ne rien laisser échapper. Les prochaines réglementations vont encore élargir la question d’approche environnementale dans le bâtiment. On verra tout l’impact de l’ensemble de la filière du bâtiment sur les territoires, de l’extraction des matières premières, des rejets de CO² à la destruction des produits finis. Essayer de se former sur ces questions environnementales et toujours garder la notion du “bon sens” sont les qualités qui pourront être bénéfiques pour l’Architecture de demain. La dimension environnementale ainsi que la consommation carbone nous font revenir à des questions fondamentales de l’architecture. Comment optimiser et minimiser la quantité des matières premières. Surtout comment construire une architecture authentique et pérenne dans le temps. En tant qu’architecte je trouve que le gouvernement devient de plus en plus exigeant sur ces questions, par contre donne-t-il vraiment les clés et les bons outils pour y répondre ? Je trouve qu’il n’y a pas de programmes ni de méthodes souples pour l’instant pour répondre à cela. Le mieux est d’avoir un Maître d’Ouvrage déjà sensible à ces questions et de se former au fur et à mesure de l’avancement du projet. Il n’y a pas que le rejet de CO² dans l’impact environnemental, mais il y a aussi l’impact économique et social. Serons-nous capables d’adopter de nouveaux modes de vie ?

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V. C O N C L U S I O N S U R M A P R AT I Q U E

Cette année de formation de la Hmonp était l’occasion de découvrir la diversité des paramètres pratiques auxquels on se confronte dans la profession d’Architecte. Mon intention était de montrer la pluralité de la simplicité du geste et toute la complexité de la pensée qu’il y a derrière. Elle doit se ressentir à travers toutes les échelles et s’appliquer dans nos méthodes de travail. La qualité de l’architecture que l’on conçoit en dépend. Cette simplicité doit également être présente dans la clarté de notre propos et nos méthodes de travail. Elle n’arrive pas comme un remède face aux problèmes, mais plus comme une démarche intellectuelle ou méthode que chaque architecte développe durant toute sa carrière. En ce qui me concerne : à présent je ne vois pas le métier d’Architecte comme une route droite bien tracée, mais plus comme une montagne où chaque dénivelé se mérite. L’arrivée d’un sommet à un autre nous permet de voir nos limites, l’achèvement des efforts que l’on fait. Cela permet de se discipliner au fil du temps. Souvent on ne part pas conquérir les sommets tout seul avec seulement l’architecture comme boussole. Une bonne équipe permet de ne tirer que le meilleur du chemin parcouru. D’avoir toujours quelqu’un qui a une corde pour monter d’un point à l’autre, et ne pas abandonner quand on se retrouve tout seul. C’est seulement quand on arrive au sommet qu’on ressent le profond sentiment de liberté avec la joie qu’on peut partager avec nos coéquipiers. Cela ne se fait pas en deux jours dans la vie réelle. Il faut du temps et des efforts pour se forger aussi bien du point de vue personnel que professionnel. J’aimerais devenir un architecte qui est capable de concevoir des lieux de vie qualitatifs pour les hommes avec des matériaux sains. De créer une architecture authentique en accord avec la simplicité et la poésie du lieu. De faire rêver quelquefois des gens à travers les concours pour qu’ils puissent voir dans quelle ville leurs enfants vont habiter. Oui, essayer de faire l’ensemble de tout cela. Pour réussir à y parvenir il faut s’enrichir et se forger tout le temps. J’écris ces mots au moment où ma Hmonp est déjà bien terminée : je suis sincèrement extrêmement contente d’avoir eu l’opportunité de concevoir et voir se réaliser l’architecture dans l’Atelier de Christian Blachot. J’en retire une vraie expérience humaine et spatiale qui a mis une première pierre à l’édifice dans ma carrière d’Architecte. Grâce à elle j’ai décroché un contrat dans une nouvelle agence jeune et dynamique dans la région grenobloise. Après une année d’apprentissage de construction en béton je vais apprendre à concevoir en bois dès à présent. Cette richesse de conception des projets avec les cultures constructives variées est quelque chose qui me plaît beaucoup dans notre métier. Je ne sais pas ce que l’avenir peut me réserver autant du point de vue personnel que professionnel. Je sais qu’il est à composer et c’est à nous de choisir le tempo et les projets que l’on souhaite réaliser. Il se peut que ma trajectoire professionnelle de création d’entreprise ne se fait pas de suite. Mais je suis plus que certaine que mes études avec l’expérience dans mes bureaux m’ont permis de m’épanouir et m’enrichir. Avec l’Architecture comme boussole je pense que l’on peut concevoir et réaliser tout projet que l’on souhaite tout au long de notre vie.

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« Ma vocation créer. Créer non seulement des formes usuelles, mon métier, mais aussi des formes de vie détachées des formules stéréotypées admises en ces temps. En fait une vie de Liberté. Tout remettre en cause, mais aussi me remettre en cause au fil de ce temps qui passe, face à l’avenir qui vient. » Perriand Charlotte Le monde nouveau de Charlotte Perriand. Gallimard. 2019.p.16

Ciudad Abierta, Ritoque, Chili, Jeux poétiques sur la plage

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VA L E U R S p e r s o n n e lles/professionnelles

Charlotte Perriand regardant par la fenêtre, 1934

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES : - BARSAC Jacques, CHERRUET Sébastien. Le monde nouveau de Charlotte Perriand. Gallimard. 2019. - BOUCHIN Patrick. Construire autrement : comment faire ? Actes Sud : L’impensé. 2006. - DEPLAZES Andre. Construire L’Architecture : Du matériau brut à l’édifice. Birkhauser. 2013. - FAREL Alain. Architecture et complexité. Le troisième labyrinthe. Edition Parenthèses. 2008. - KAHN Louis. Silence et lumière. Éditions du Linteau. 1996. - KOMENDANT Auguste E. Dix-huit années avec Louis I. Kahn. Éditions du Linteau. 2006. - RENZO Piano. Désobéissance d’architecte. Arléa. 2009 - SIMMONT Cyrille. Dessin-chantier, Réflexions sur la genèse de l’œuvre architecturale In Genesis (Manuscrit-Recherche-Invention), n° 53, 2000, Architecture, pp.111-128. OUVRAGES QUESTION ENVIRONNEMENT : - Wright David. Manuel d’architecture naturelle. Editions Parenthèses.2004. FILMS DOCUMENTAIRES : - GHEZ Stéphane (Réalisateur). (2018). Charlotte Perriand, pionnière de l’art de vivre [Film]. Arte. ARTICLES DE LOI : - Article 1 de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977 (s. d.). SITES INTERNET : - http://www.architecture-blachot.com/projets.- site consulté le 25 juillet 2020.

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M I S S I O N S E F F E C T U ÉE S A L’ A G E N C E

- (FESA) Etude urbaine/ préparation concours station par câble à Saint-Martin-le-Vinoux: plusieurs emplacements de la station; croquis; modélisation 3D ArchiCAD; - (PC Modif) Logements sociaux pour Edifim - (EXE/PRO) Suivi chantier de 30 logements sociaux pour Alpes-Isère-Habitat à Echirolles: Communications bureaux d’études; Vérifications plans BET; Suivi exécution entreprises; suivi planning; Situations des Travaux; Comptes-rendus des chantiers; - Candidature pour l’appel d’offres de 30 logements à Pont-de-Claix; - (APD/PRO) Projet de 90 logements sénior/étudiant à Valence: passage du projet de l’APD au PRO; précisions sur certains détails techniques; plans de ventes.

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ICONOGRAPHIE

p.12 - Arrêt de bus http://www. schulz-dornburg. info/english/ Werke/Armenien-Bushaltestellen/index. html

p.1 - Croquis personel. Projet diplôme. Rapport à la pente

p.15 - Photo personelle. Salle réunion. Prise le 31 juillet 2020

p.6 - Coupe House N Sou Fujimoto https://www. archdaily. com/7484/

p.8 - Photo personelle. Prise le 13 janvier 2018

p.16 - Photo personelle. Christian Blachot. Prise le 31 juillet 2020

p.12 - Arrêt de bus http://www. schulz-dornburg. info/english/ Werke/Armenien-Bushaltestellen/index. html

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p.16 - Photo personelle. Alice Vuillar. Prise le 31 juillet 2020


ICONOGRAPHIE

p.16 - Photo personelle. Amélie Blachot. Prise le 31 juillet 2020

p.21- Rapport à la pente Axonometrie Christian Blachot Architectes

p.21- Placette basse Christian Blachot Architectes

p.16 - Photo personelle. Agence. Prise le 31 juillet 2020

p.21- Rapport à la pente. Plan masse Christian Blachot Architectes

p.18 - Croquis @Christian Blachot

p.35-Retour Bureau d’étude Betrec. Christian Blachot Architectes.

p.19 - Croquis @Christian Blachot

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ICONOGRAPHIE

p.23-Bernard

p.28-29- Photo personelle. Viscose. Echirolles

Tsumi, Parc la Vilette.http://

mediation.centrepompidou. fr/education/ ressources/ ENS-Tschumi/

p.25-© Studio Branzi. https://

p.30- Plan masse Viscose. Christian Blachot Architectes

www.bmiaa. com/

p.25-© Studio Branzi. https://

p.31- Perspective. Christian Blachot Architectes

www.bmiaa. com/

p.26-Maquette concept. @ AECC

Protection gravillon

circulation commune

Niveau : R+5

Protection gravillon

circulation commune

Niveau : R+4

Pente

circulation commune

Niveau : R+3

Pente

Pente

Niveau : R+2

circulation commune

Pente

Niveau : R+1

circulation commune

Pente

Niveau : RDC

circulation commune

terrain naturel NGF 230.04

RUE DE L'ATLAS

Pente 1%

GSPublisherVersion 0.0.100.100

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p.31- Coupe Viscose. Christian Blachot Architectes

Cunette

Pente 1%

circulation


p.32- Photo personelle. Viscose.Réunion de chantier

p.45 - Croquis personel. Valeurs

p.28-29- Photo personelle. Viscose. Echirolles

p.47 - Photographie personelle.

p.43 - Ciudad Abierta, Ritoque, Chili, https://paulineniel.wordpress.

p.33 -Point de concertation en AECC aux Grands Ateliers.@ Zawistovski

p.44 - Charlotte Perriand https:// enkidoublog. com/tag/charlotte-perriand/

p.33 -Point de concertation en AECC aux Grands Ateliers.@ Zawistovski

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p.26-Perspective. @AECC

p.26-Maquette. @AECC

p.39-Affiche conférence Beatriz Ramo http://www. versailles. archi.fr/index.php?ac-

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ENSAG 2021

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