l 2 a r t 01 ZZoom / p 6 n Marly-lez-Valenciennes : e 2 c 50 ans de succès éducatifs er EL i ah TI c septembre 2013 / n° 226 / 2 € En EN
Enquête / p 12
Le bien-être des enfants dans les pays riches
Villages de joie Vil
S S L’E
LA REVUE DES DONATEURS
DOSSIER
L’accès à l’autonomie des jeunes : une priorité pour SOS Villages d’Enfants Au fil des années, SOS Villages d’Enfants a mis en œuvre et développé divers dispositifs d’accompagnement des jeunes qu’elle accueille, en France et dans le monde, pour favoriser leur accès à l’autonomie à leur sortie des villages d’enfants SOS. Focus. outes les études consacrées au devenir des jeunes placés en protection de l’enfance mettent l’accent sur les nombreuses difficultés d’insertion sociale et professionnelle auxquelles ils doivent faire face à l’issue de leur prise en charge.
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www.sosve.org
C’est pourquoi la préparation à l’autonomie constitue l’un des principaux axes de l’accompagnement des jeunes dans les villages d’enfants SOS. Un processus de maturation qui aide chaque jeune à se construire et à se projeter dans une vie d’adulte responsable. Les programmes mis en place par SOS Villages d’Enfants
interviennent sur différents « leviers ». Ils s’articulent autour de la formation, de la gestion progressive des actes de la vie courante, de la maturité affective, de l’insertion professionnelle, de la création et du développement d’un réseau social, de la parentalité, de la citoyenneté et de la vie en communauté.
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Le mot du président
DOSSIER
Regardons notre jeunesse au fond du cœur Nous pensons qu’une belle enfance donne de belles personnes et nous nous attachons à favoriser des conditions de vie épanouissantes pour les enfants qui nous sont confiés. Nos équipes sont attentives – dès le plus jeune âge des enfants – à développer une attitude positive par rapport à la vie et à enrichir leur estime d’eux-mêmes. Mais la période de l’adolescence, sensible pour chaque jeune, l’est plus encore pour celles et ceux qui – souvent – n’ont d’autres repères que ceux que leur a donnés le village d’enfants SOS. Aussi les équipes de SOS Villages d’Enfants accordent une attention particulière à chaque jeune pour l’aider à sortir « du cocon » de la vie de famille et du village SOS. Maintenir le lien tout en favorisant l’accès à l’autonomie, telle est la démarche de celles et ceux qui s’emploient à être des « tuteurs » pour aider ces jeunes fragilisés à « pousser » harmonieusement. Aujourd’hui, je voudrais vous inviter à regarder notre jeunesse au fond du cœur. Derrière un sourire peut se cacher une réelle détresse. Derrière une révolte peut sourdre une grande force vitale. Derrière un refus peut émerger une furieuse envie d’aller de l’avant… Grâce à vous, nous accompagnons ces jeunes pour qu’ils puissent goûter aux joies de la vie et les transmettre à leur tour. P I E R RE PAS CAL
Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris / Tél. : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Viceprésidents : Jean-Pierre Rousselot, Michel Rémond / Directeur général et directeur de la publication : Gilles Paillard / Rédacteur en chef : François-Xavier Deler / Impression sur papier recyclé : Imprimerie FOT / Photos : Katerina Ilievska, Jens Honoré, SOS Villages d’Enfants, SOS Archives, M. Moktani, Cécile Burban, Seger Erken, droits réservés / Publication trimestrielle éditée par SOS Villages d’Enfants / Abonnement annuel : 8 € / Prix au numéro : 2 € / Commission paritaire : n° 0117 H 81095 – ISSN : 0243.6949 – Dépôt légal à parution / Cette revue est accompagnée d’un encart d’appel à dons (enveloppe, lettre et bulletins d’abonnement/don).
d’accéder progressivement à l’autonomie tout en maintenant les liens avec leur environnement (fratrie, mère SOS…). Ils y sont accompagnés par des référents éducatifs qui les aident à traverser l’âge complexe de l’adolescence. « Le fait d’être moins assisté, de devoir tenir un budget, faire ses courses, la cuisine, le ménage... cela fait une grande différence dans le quotidien. On sait qu’on entre dans la vie adulte, alors on fonce », témoigne l’un des occupants de l’Espace de transition du village d’enfants SOS de Jarville (54), près de Nancy. Là aussi, des modalités alternatives de prise en charge ont été décliLes équipes sont attentives nées. Le premier étage d’un à proposer à chaque jeune un petit immeuble a été aménagé accompagnement personnalisé afin d’y loger quatre jeunes majeurs. Un éducateur et une et progressif vers l’autonomie. aide familiale les accompaailleurs, dans chaque village, les gnent, principalement sur les axes de équipes sont attentives à proposer à l’accès au logement, à l’emploi, à la chaque jeune un accompagnement mobilité et aux démarches administrapersonnalisé et progressif vers tives. Cette semi-autonomie offre à ces l’autonomie et l’insertion sociopro- jeunes majeurs la possibilité d’expérifessionnelle. Cependant, pour cer- menter en toute sécurité une sortie pas tains jeunes, un accompagnement à pas du village d’enfants SOS, sans par une équipe pluridisciplinaire briser les liens affectifs noués depuis spécifique et hors de la maison des années sur place. La Maison Claire familiale est nécessaire pour réus- Morandat, à Valenciennes (59), illustre sir cette étape de la préparation à aussi la volonté d’offrir des solutions l’autonomie. » de soutien et d’accompagnement vers Depuis 2003, SOS Villages d’Enfants l’autonomie (lire interview p. 3). a créé divers espaces pour faciliter la transition vers l’âge adulte des jeunes Dans le monde : un accompagnement accueillis. Certains sont insérés au vers l’autonomie dès l’âge de 15 ans sein même des villages d’enfants SOS. Si les modalités peuvent différer selon Ainsi, la Maison d’accueil des ado- les pays, l’objectif est le même : prolescents, à Plaisir (78), constitue un poser aux adolescents un parcours espace éducatif permettant aux jeunes personnalisé vers la vie d’adulte, de En France : des dispositifs alternatifs et évolutifs Isabelle Moret, directeur des Activités de SOS Villages d’Enfants France, présente la démarche de l’association : « Les spécificités de l’accompagnement en villages d’enfants SOS s’appuient sur une relation éducative et affective durable nouée avec une éducatrice familiale, figure d’attachement, et sur un accompagnement des frères et sœurs dans la durée. C’est d’abord au sein de cette maison familiale que l’enfant va préparer son autonomie. Par
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l’encadrement dans un foyer au suivi en semi-autonomie dans un appartement. En Afrique et en Asie, les foyers, accessibles dès l’âge de 15 ans, se situent souvent à proximité des villages SOS ou au sein d’une grande ville (comme à Bamako, au Mali) afin de faciliter la poursuite des études et une insertion professionnelle réussie. Au Rwanda, une structure d’encadrement dédiée aux adolescents accompagne 129 jeunes, 64 filles et 65 garçons. 10 % d’entre eux font des études universitaires. Formation et insertion professionnelle À Antananarivo, capitale de Madagascar, un service d’insertion sociale et d’orientation professionnelle (SISOP) prend en charge 140 jeunes au sein de trois foyers et sept logements intermédiaires. Un accent particulier est mis sur la formation, notamment dans des secteurs porteurs comme la gestion, l’informatique, l’agronomie ou le tourisme. Les jeunes peuvent être hébergés dans un foyer de SOS Villages d’Enfants mais il existe d’autres possibilités en fonction des études poursuivies : à Raipur, en Inde, par exemple, le village SOS accompagne 22 adolescents dont 10 sont en internat dans des établissements extérieurs. Rappelons que les jeunes bénéficient tous d’un accompagnement personnalisé par les équipes de SOS Villages d’Enfants pour les aider à accéder à l’autonomie, gage d’entrée dans la vie d’adulte.
Interview Philippe Trotin, directeur de la Maison Claire Morandat, à Valenciennes (59)
« Une montée en puissance vers l’autonomie » Présentez-nous la Maison Claire Morandat. Créée en 1986, la Maison Claire Morandat a d’emblée proposé un dispositif original et progressif d’accompagnement à l’autonomie. Elle héberge dans des appartements loués auprès de bailleurs sociaux une petite quarantaine de jeunes entre 16 et 21 ans en grande difficulté familiale, sociale, scolaire…, venant des villages d’enfants SOS ou d’autres établissements. Depuis 2007, pour mieux répondre à l’accueil des plus jeunes, huit studios ont été créés au sein d’une grande maison. Cet hébergement regroupé est associé à un encadrement permanent, assuré par une équipe éducative, une maîtresse de maison et des surveillants de nuit. À 50 mètres de là, un hébergement de proximité accueille deux autres jeunes. Ces deux studios constituent un relais avant le passage en semi-autonomie. Chaque jeune bénéficie d’un accompagnement régulier assuré par son référent éducatif, d’un soutien scolaire adapté ou, le cas échéant, d’une aide pour la définition de son projet professionnel et les démarches de recherche d’emploi. Ces jeunes au parcours parfois douloureux peuvent aussi faire appel au soutien de la psychologue. En quoi consiste cet accompagnement personnalisé ? Un projet d’accompagnement personnalisé (PAP) est élaboré pour chaque jeune, soutenu et mis à jour tout au long de son parcours. Il peut durer de six mois à plus de trois ans et ce, quel que soit le mode d’accompagnement. Avec l’aide de l’équipe, le jeune est incité à être acteur de son projet scolaire et/ou professionnel, en fonction de ses souhaits et de ses capacités. Nous accompagnons ceux qui le désirent au-delà de leurs 21 ans pendant deux ans, en particulier sur le plan de l’hébergement, aussi souvent que nécessaire. Quels sont les avantages du dispositif de semi-autonomie ? Il s’agit de mettre les jeunes en situations concrètes d’indépendance. Ce dispositif est une véritable source de motivation pour eux et l’équipe éducative car il propose une montée en puissance vers l’autonomie. Il donne aux jeunes des points de repère et leur permet de se tisser un réseau social. C’est essentiel car lorsqu’ils sortent des dispositifs de la protection de l’enfance, au plus tard à 21 ans, la plus grande difficulté pour eux consiste à gérer la solitude. En accord avec les bailleurs sociaux, certains peuvent bénéficier d’un bail glissant, c’est-à-dire reprendre à leur nom le bail de l’appartement qu’ils occupent, de façon à rester dans leur cadre de vie. Cela facilite la transition vers l’autonomie.
En direct
L’autonomie : une gageure pour les jeunes issus de la protection de l’enfance Les jeunes accueillis en protection de l’enfance disposent-ils des conditions adéquates pour aborder le délicat passage à la vie d’adulte entre 18 et 21 ans, âge butoir auquel s’arrêtent les dispositifs de protection ? État des lieux en France. ans les sociétés occidentales d’aujourd’hui, le passage à l’âge adulte des jeunes constitue une succession d’étapes marquée par l’expérimentation : de la vie avec les parents à un logement personnel, de l’école à la vie professionnelle, du statut d’enfant à celui de père ou de mère. En France, la clé de voûte de ce processus est la famille. Or, pour les jeunes ayant bénéficié de mesures de la protection de l’enfance, le basculement vers l’autonomie est une toute autre histoire : imposé par l’âge (entre 18 et 21 ans) et non par un désir personnel, ce changement de statut se caractérise souvent par une scission rapide et brutale entre deux mondes. Ces jeunes, plus vulnérables, disposent de moins de ressources financières, sociales, amicales. Quant à la famille, si les liens ne sont pas rompus, celle-ci constitue rarement un réel soutien. « Ces jeunes placés sont contraints de faire mieux et plus vite
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Un cumul de difficultés En 2009, deux rapports pointent les écueils auxquels ces jeunes font face. L’étude de l’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned) – Entrer dans l’âge adulte, la préparation et l’accompagnement des jeunes en fin de mesure de protection –, pilotée par Pierrine Robin et à laquelle a participé SOS Ces jeunes placés sont contraints Villages d’Enfants, pose de faire mieux et plus vite que leurs un diagnostic et fait des propositions spécifiques. –PIERRINE ROBIN pairs non placés. L’Oned insiste, par ailleurs, que leurs pairs non placés alors qu’ils sur le cumul des facteurs de risque de ont vécu des expériences singulières, ces jeunes, susceptibles de rencontrer traumatisantes, ayant créé chez eux des problèmes de formation, d’inserdes identités multiples, morcelées, tion, de logement, de santé, de détresse constate Pierrine Robin, chercheure psychologique, mais aussi d’identité à l’université Paris-Est Créteil Val-de- et de citoyenneté. La même année, la Marne (UPEC). Lors de cette insertion Commission de concertation sur la jeuà marche forcée dans la vie d’adulte, nesse présidée par Martin Hirsch publie source de questionnements sur soi et un Livre vert. Un volet y est consacré son devenir, ils vont passer sans tran- aux besoins spécifiques des jeunes plasition d’une assistance éducative où cés. En substance, ces deux publications ils n’étaient pas ou peu associés aux pointent l’hétérogénéité et l’insuffisance décisions à une autonomie où il leur des réponses publiques mises en œuvre. est demandé de s’assumer seuls. » Avec, pour principales conséquences, 4 / Villages de joie / SEPTEMBRE 2013 / N° 226 / www.sosve.org
un émiettement des mesures de protection qui s’arrêtent au moindre écart de conduite des jeunes. Le contrat jeune majeur, des modalités d’accompagnement à repenser La loi du 5 mars 2007 réaffirme la responsabilité du conseil général dans le soutien aux jeunes majeurs en difficulté. Le principal dispositif d’accompagnement qui existe à ce jour pour les jeunes issus de la protection de l’enfance est le contrat jeune majeur (CJM). Cette mesure d’aide, proposée jusqu’à l’âge de 21 ans et qui nécessite une demande de l’usager ainsi qu’un accord des services de l’Aide sociale à l’enfance, formalise des engagements réciproques. Le bénéficiaire est ainsi tenu de s’engager dans un projet structuré visant son insertion sociale et professionnelle. En contrepartie, le conseil général lui garantit un suivi éducatif et une aide financière en fonction de ses besoins. Or, le niveau soudain d’exigence vis-à-vis de ces jeunes, jusqu’alors bénéficiaires d’une mesure de protection, constitue un obstacle pour beaucoup d’entre eux et les exclut
Le passage vers l’autonomie doit se préparer dès l’âge de 16 ans et pouvoir se poursuivre au-delà de 21 ans. –PIERRINE ROBIN
du dispositif. Autre facteur prégnant : du fait des restrictions budgétaires publiques, l’accès à ces CJM est de plus en plus difficile et pour des durées de plus en plus courtes. Dès lors, comment mieux accompagner ces jeunes adultes ? « Le passage vers l’autonomie doit se préparer dès l’âge de 16 ans et pouvoir se poursuivre au-delà de 21 ans. Le jeune doit être associé à cette démarche et avoir le droit à l’erreur. Cet accompagnement doit par ailleurs s’envisager dans le cadre d’une meilleure articulation entre les dispositifs de protection de l’enfance et ceux de droit commun », insiste Pierrine Robin. Concernant les
modalités d’accompagnement, le rapport de l’Oned conseille de favoriser les expériences « d’autonomie accompagnée » durant la prise en charge (studio indépendant au sein d’un établissement, appartement partagé…), de développer des outils d’évaluation de l’autonomie des jeunes et de favoriser des départs progressifs avec des possibilités de retours. Recherche par les pairs : une première en France Afin d’enrichir les réflexions et les points de vue, Pierrine Robin coordonne depuis septembre 2012 et pour une durée de 15 mois une recherche intitulée « Les jeunes sortant de la protection de
A C T U A L I T Éen bref...
• L’incroyable défi de Stéphane Viseux : mission accomplie ! > Pour le centenaire de la Grande Boucle, Stéphane Viseux a parcouru les 6 étapes du 1er Tour de France, soit 2 428 km, en 6 jours et en solitaire ! À Marseille et Nantes, il a fait une halte aux villages SOS. Vendredi 28 juin, après une étape de plus de 450 km, Stéphane Viseux a rejoint Paris, avec une motivation chevillée au corps : son engagement pour SOS Villages d’Enfants.
• Mali : le retour des enfants au village SOS de Mopti > Dimanche 7 juillet : les enfants, les mères SOS et les aides familiales sont retournés au village SOS de Socoura/ Mopti. Une cérémonie d’adieu émouvante a été organisée aux villages d’enfants SOS de Sanankoroba et de Kita, qui avaient accueilli les enfants réfugiés depuis le 1er avril 2012 et où de solides liens avaient été tissés entre les enfants et les adultes. À Socoura/Mopti, ils ont trouvé un village SOS rénové grâce au soutien financier de SOS Villages d’Enfants France : toitures, dallages et salle des fêtes.
l’enfance font des recherches sur leur monde : une approche par les pairs », portée par l’université de Créteil, les conseils généraux du Val-de-Marne et des Hauts-de-Seine, Apprentis d’Auteuil et SOS Villages d’Enfants. Treize jeunes ont ainsi été formés aux méthodes d’enquête et d’analyse. Ils participent à toutes les étapes de la recherche, menée auprès d’une trentaine de jeunes bénéficiant (ou ayant bénéficié) comme eux d’une mesure de protection. « Notre démarche consiste à faire alterner leurs regards pour présenter les raisons de leur engagement dans le projet et les processus de trans(formations) qui les traversent au cours de l’enquête. Nous pensons que cette recherche peut apporter de nouvelles connaissances puisqu’elle s’appuie sur des grilles d’analyse différentes. La co-construction des outils d’enquête induit une autre façon de poser les questions, mais aussi une autre façon d’y répondre », explique Pierrine Robin. Une recherche innovante en France, qui devrait permettre de faire émerger de nouvelles réponses aux besoins de ces jeunes majeurs.
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• Urgence Mali > SOS Villages d’Enfants France appelle ses donateurs à se mobiliser en faveur du programme d’urgence lancé par SOS Villages d’Enfants Mali en faveur de 12 000 personnes réfugiées dans la région de Mopti : assistance alimentaire pour 1 000 familles, suivi nutritionnel de 1 000 enfants de moins de 5 ans et de 1 300 femmes enceintes ou allaitantes, protection des enfants isolés, amélioration des conditions sanitaires, aide au retour…
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Zoom
Marly-lez-Valenciennes : 50 ans d’accueil et de succès éducatifs Le village d’enfants SOS de Marly-lez-Valenciennes a fêté son 50e anniversaire le samedi 22 juin dernier. Le premier village SOS intégré au cœur d’un quartier a permis à plus de 300 enfants de grandir avec leurs frères et sœurs. Récit. a naissance du village d’enfants SOS de Marly-lez-Valenciennes, en 1963, troisième village SOS créé en France, a coïncidé avec celle de la cité des Floralies. Dès son ouverture, les enfants et adolescents pris en charge se sont ainsi pleinement intégrés à la vie scolaire et sociale du quartier. Innovante à l’époque, cette démarche a rapidement prouvé sa pertinence et a été largement reprise par la suite. En 50 ans, le village SOS a accueilli 300 enfants de 73 fratries. Il héberge actuellement 50 enfants de 4 à 19 ans dans • Pierre Pascal et Gilles Paillard, entourés de la troupe des Endormeurs. • ses 11 maisons, entièrement rénovées en 2011 et 2012. Beaucoup d’anciens figuraient parmi les 450 participants tacle et les prises de parole. C’est un « ancien » enfant du à la grande fête organisée le 22 juin dernier, pour célébrer village, Jérémy, aujourd’hui âgé de 26 ans, qui a endossé le cosdignement ces 50 ans de parcours et de succès éducatifs, aux tume de Monsieur Loyal. Il a rendu hommage à sa mère SOS côtés de Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants Pierrette, s’excusant de n’avoir « pas toujours été facile » : France, du fondateur de l’association, Gilbert Cotteau, et de « Je la remercie du fond du cœur, car c’est grâce à elle que Fabien Thiémé, vice-président du conseil je suis devant vous aujourd’hui ». général du Nord et maire de Marly-lezLa troupe des Endormeurs, composée SOS Villages d’Enfants Valenciennes. Ce dernier a souligné que de jeunes du village SOS, a présenté le « SOS Villages d’Enfants mérite plus mérite plus que jamais d’être spectacle Aventures, dont ils ont écrit soutenue. –FABIEN THIÉMÉ que jamais d’être soutenue ». le scénario. Fruit de longues répétitions, l’épopée du jeune Aïro dans son voyage Des activités épanouissantes vers la lune, avec ses costumes féeriques, a suscité l’enthouLes animations présentées à l’occasion de cet anniversaire ont siasme de tous. Didier Wulfranck, le directeur, a souligné la permis aux invités de mieux comprendre la vie du village SOS richesse des talents du village, illustrée aussi par la prise de et des enfants, ainsi que les activités éducatives et sportives, parole des jeunes de l’Espace de consultation des jeunes sur artistiques et culturelles, qui favorisent leur épanouissement : une vidéo. chacun a ainsi pu découvrir l’atelier de contes destiné aux plus Les musiciens du groupe local Tante Adèle ont entraîné les jeunes, celui de marionnettes, d’écriture ou de jardinage. participants vers la salle du Caillou au son du violon, de la Tous se sont retrouvés sous un grand chapiteau pour le spec- guitare, de l’accordéon, de la trompette et du djembé où une surprise les attendait : un gâteau géant de 4 étages (faux bien sûr !) complété d’un magnifique buffet réalisé au village. Un bel anniversaire dont se souviendront longtemps les enfants du village, à commencer par Mélissa, au centre de toutes les attentions pour son sixième anniversaire, fêté ce même jour.
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• Le gâteau d’anniversaire géant de 4 étages. •
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• Gilbert Cotteau (à g.), fondateur de SOS Villages d’Enfants en France, et Jérémy, ancien du village SOS. •
L’ESSENTIEL 2012
Tous les bonheurs du monde
ous pensons que le monde n’avancera apaisé que lorsqu’il sera capable d’offrir une vraie enfance à chacun et nous croyons que la capacité d’épanouissement d’un enfant est liée à ses racines profondes, à la façon dont il aura été aimé, respecté, encouragé.
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C’est le sens de l’appel militant lancé à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, où un large public a entonné les paroles de la chanson du groupe Sinsemilia, sur le parvis des droits de l’homme : « On vous souhaite tout le bonheur du monde… ». C’est aussi l’esprit de la démarche initiée à cette occasion, afin qu’un article en faveur de la fratrie soit inscrit dans la Convention internationale des droits de l’enfant. Nous nous engageons depuis plus de 50 ans pour que tous les enfants connaissent une vraie enfance et tous les moments qui font une vie d’enfant, en France et dans le monde.
En France, SOS Villages d’Enfants a permis à 196 fratries, dont la situation familiale nécessite le placement, de grandir ensemble dans un cadre de vie familial, dans 13 villages d’enfants SOS en France métropolitaine. Elle a accueilli 36 jeunes à la Maison Claire Morandat (59) et a accompagné 248 jeunes dans leur parcours d’insertion.
1 000 bénéficiaires en France métropolitaine. 30 000 bénéficiaires dans le monde. Dans le monde, SOS Villages d’Enfants France a apporté un soutien financier dans 22 pays. Ce soutien concerne 44 villages d’enfants SOS et des actions en faveur des populations vulnérables : 45 programmes de renforcement de la famille en prévention de l’abandon, 98 établissements scolaires et 23 structures médicales.
Sur 100 € reçus de la générosité du public et des conseils généraux,
88,12 € sont allés au profit des enfants.
Membre du Comité de la Charte depuis 1992, notre association accorde une grande importance à la gestion des ressources qui lui sont confiées et s’est employée à systématiser son approche de rationalisation des coûts. En 2012, notre association a été heureuse de pouvoir compter sur ses partenaires publics, privés et ses donateurs fidèles. Elle doit à leur confiance renouvelée une progression de 1,7 % du montant des sommes collectées, ce qui – dans un contexte de crise – est très remarquable et permet à notre association de poursuivre ses engagements et d’en prendre d’autres pour répondre aux besoins de nombreux enfants.
À chacun des acteurs associés à notre mission, nous disons merci de nous aider à élever chaque enfant vers une vie d’adulte épanouie. Pierre Pascal, Président et Gilles Paillard, Directeur général
SOS Villages d’Enfants a été créée en France en 1956. Reconnue d’utilité publique en 1969.
Pour que frères et sœurs partagent la même enfance – www.sosve.org Essentiel 2012 /
/ 7 www.sosve.org
L’ESSENTIEL 2012
Tous les moments qui font En France • La plus grande chorale de France. •
629 enfants et jeunes accueillis en villages SOS Âge moyen : 11 ans Filles : 55 %
COMMENT NOUS AGISSONS • Notre action est menée en partenariat avec les conseils généraux qui ont compétence en matière de protection de l’enfance. Les services de l’Aide sociale à l’enfance soumettent à SOS Villages d’Enfants la situation de fratries dont le placement est envisagé sur la durée. Le conseil général prend en charge les frais de fonctionnement liés à l’accueil des enfants confiés à SOS Villages d’Enfants. Ainsi, le financement des actions de SOS Villages d’Enfants en France est couvert à 90 % par les fonds publics. • Les appels à don pour l’action en France servent à la construction, aux travaux d’extension ou de rénovation des villages SOS, aux compléments de charges salariales, au soutien scolaire, à l’aide aux jeunes majeurs et à des projets éducatifs à forte valeur ajoutée (séjours à l’étranger, vacances…).
EN FRANCE ET DANS LE MONDE AFFECTATION DES DONS ET PARRAINAGES
Les donateurs ont le choix de l’affectation de leurs dons et parrainages, en France ou dans le monde. À l’international, les parrains peuvent choisir le pays et le village SOS qui bénéficieront de leur soutien. CONTRÔLE ET TRANSPARENCE FINANCIÈRE
• SOS Villages d’Enfants est soumise à des contrôles internes et externes destinés à garantir le bon usage des fonds qui lui sont confiés. Les comptes présentés sont certifiés sans réserve par le cabinet PricewaterhouseCoopers Entreprises. • Gilles Paillard, directeur général, est administrateur du Comité de la Charte, dont il anime le comité de déontologie.
FAITS MARQUANTS Une communication autour de la fratrie, mode d’accueil spécifique de SOS Villages d’Enfants : à 17 novembre : plus de 2 000 personnes ont répondu à l’appel à mobilisation lancé à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, parvis des droits de l’homme à Paris, pour vibrer ensemble aux paroles engagées de la chanson « On vous souhaite tout le bonheur du monde… » à une publication des Cahiers de SOS Villages d’Enfants Spécial Europe : Parce que nous sommes sœurs et frères. Éditée en 5 langues, elle est ouverte par Maria Herczog, membre du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, qui en salue l’initiative. Rubrique Mediathèque/Les Cahiers de SOS Villages d’Enfants sur www.sosve.org à des célébrations à l’occasion des 40e et 50e anniversaires des villages SOS de Marseille et Neuville-St-Rémy (59).
U Une dynamique en faveur de l’épanouissement des enfants et des jeunes autour : à de la scolarité : 52 % en cycle primaire, 54 diplômes préparés, 76 % de réussite à du Programme d’épanouissement par le sport ((PEPS) qui a mobilisé 350 acteurs : adolescents, jjeunes, professionnels. Ce programme est conçu ccomme un outil pédagogique destiné à favoriser les ccompétences des jeunes : estime de soi, persévérance, e esprit d’équipe, organisation, hygiène corporelle… à des activités éducatives, ludiques o ou artistiques : Plus de 200 enfants se sont surpassés pour se P p produire dans un spectacle de cirque qui a forcé ll’admiration des spectateurs.
8 / Villages Essentiel 2012 de joie / www.sosve.org / SEPTEMBRE 2013 / www.sosve.org N° 226 / www.sosve.org
11 jeunes auteurs du village SOS de Marly-lezValenciennes ont laissé libre cours à leur imagination en composant des textes illustrés et produits dans un ouvrage collectif intitulé Aventures, devenu une pièce de théâtre.
L’intégralité du rapport annuel et du rapport financier est disponible sur demande et consultable sur notre site internet : www.sosve.org
une vraie vie d’enfant À l’international • Projection au Burkina Faso. •
7 545 enfants et jeunes accueillis en villages SOS
22 000 élèves dans les établissements scolaires et de formation
14 700 bénéficiaires des programmes sociaux et de renforcement de la famille SOS Villages d’Enfants France est présents dans 21 pays
COMMENT NOUS AGISSONS
En 2012, SOS Villages d’Enfants France a intensifié son soutien dans les pays en développement. Cette solidarité internationale repose sur la conviction que la cause des enfants est universelle et ne connaît pas de frontières. Dans le monde, le soutien de SOS Villages d’Enfants France répond aux besoins fondamentaux d’enfants orphelins ou abandonnés. Dans un village d’enfants SOS, ils trouvent sécurité et affection et peuvent connaître tous les moments qui font une vraie vie d’enfant. L’accès aux soins et à la scolarité est offert aux enfants des villages SOS et aux populations des alentours. Au-delà, SOS Villages d’Enfants propose des programmes de renforcement de la famille, en prévention de l’abandon.
FAITS MARQUANTS
• L’activité repose sur le financement privé. Les appels à don servent à la construction de nouvelles structures, à la prise en charge des frais de fonctionnement et aux situations d’urgence. • Les enfants sont confiés aux villages d’enfants SOS par les services sociaux après enquête. Ils sont accueillis et élevés dans leur culture et leur croyance. • Les collaborateurs, dans leur très grande majorité, sont des nationaux du pays. Cette implantation locale est un gage d’efficacité dans la durée et dans l’urgence.
En 2012, SOS Villages d’Enfants a pris de nouveaux engagements, selon une stratégie de consolidation dans certains pays, avec : à la création de nouveaux villages d’enfants SOS dans des pays où SOS Villages d’Enfants est déjà très active : • Madagascar (Fort Dauphin) ; • Mali (Khouloum/Kayes).
SOS Villages d’Enfants France est membre de SOS Villages d’Enfants International.
à la prise en charge du fonctionnement de 4 villages d’enfants SOS : • au Vietnam (Mai Dich/Hanoi et Nha Trang) ; • au Niger (Niamey et Tahoua). Ce soutien représente un véritable engagement dans la durée auprès des enfants et des jeunes qui sont accueillis ou accompagnés.
1re ONG privée d’aide à l’enfance dans le monde, présente dans 133 pays. www.sos-childrensvillages.org
Investissements en milliers d’euros et nombre de programmes Mali
3 298
4
10
1
3
4
Maroc
239
2
Madagascar
2 885
4
13
4
6
9
Équateur
156
2
Arménie
1 404
2
1
1
4
Népal
108
1
Vietnam
1 115
5
13
4
1
2
Honduras
85
1
Burkina Faso
1 080
2
5
1
2
2
Roumanie
73
2
2
2
2
Niger
820
2
4
1
1
2
Côte-d’Ivoire
44
1
2
1
1
Togo
588
3
7
2
3
3
Laos
38
2
6
2
Tunisie
511
2
2
1
2
Bosnie
29
1
1
1
Cameroun
500
1
2
1
1
Somalie
19
1
4
1
1
Haïti (dont Urgence Haïti 327 K€) SOS Orphelins d’Asie
428
1
4
1
1
1
Rwanda
15
1
3
1
1
(Tsunami : Inde et Indonésie)
339
2
1
2
2
Urgence Grèce
15
Inde
326
2
12
2
village d’enfants SOS
école
1
TOTAL
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structure pour jeunes
santé
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2
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2 1
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programme de renforcement de la famille Essentiel 2012 / www.sosve.org / 9
L’ESSENTIEL 2012 • L’intégralité du rapport financier est disponible sur demande et consultable sur notre site internet : www.sosve.org
SOS Villages d’Enfants : rigueur et transparence Compte d’emploi 2012 des ressources (version simplifiée) Affectation Emplois 2012 = par emplois des ressources Compte collectées auprès de résultat du public en 2012
1 - Missions sociales - réalisées en France - réalisées à l’étranger via SOS Villages d’Enfants International 2 - Frais de recherche de fonds 3 - Frais de fonctionnement Sous-total I - Total des emplois de l’exercice inscrits au compte de résultat II - Dotations aux provisions III - Engagements à réaliser sur ressources affectées
IV - Excédent de ressources de l’exercice V - TOTAL GÉNÉRAL Part des acquisitions d’immobilisations brutes de l’exercice financées par les ressources collectées auprès du public Neutralisation des dotations aux amortissements des immobilisations financées à compter de la première application du règlement par les ressources collectées auprès du public Total des emplois financés par les ressources collectées auprès du public Évaluation des contributions volontaires en nature
ORIGINE DES RESSOURCES PRIVÉES Partenariats entreprises (1,9 M€) 8%
Legs et donations (5,5 M€)
41 %
14 802
14 785
1 - Ressources collectées auprès du public
24 170
4 163 1 416
4 163 1 301 24 769
2 - Autres fonds privés 3 - Subventions et autres concours publics 4 - Autres produits I - Total des ressources de l'exercice inscrites au compte de résultat II - Reprises de provisions III - Report des ressources affectées non utilisées des exercices antérieurs IV - Variation des fonds dédiés collectés auprès du public V - Insuffisance de ressources de l'exercice VI - TOTAL GÉNÉRAL Total des emplois financés par les ressources collectées auprès du public
0 31 407 3 033 58 610
808 716
1 992 59 796 430 144
187 0 59 796
24 357 25 055 26 469
25 055 1 910
Évaluation des contributions volontaires en nature
FINANCEMENT DE NOS MISSIONS SOCIALES (en millions d’euros = M€)
1 910
AFFECTATION DES RESSOURCES
Fonds privés Fonds publics
Sur 100 € reçus de la générosité du public et des subventions des conseils généraux
88,12 €
12 %
Soutiens réguliers (3,9 M€)
24 170
283 903
Solde des ressources collectées auprès du public non affectées et non utilisées en fin d’exercice
En France 87,4 % 100 % Dans le monde 35,9 M€ 14,8 M€
12,6 %
Souscriptions parrainages (3 M€)
27 167
4 521
56 280
Suivi des ressources collectées auprès du public et utilisées en 2012
Report des ressources collectées auprès du public non affectées et non utilisées en début d’exercice
35 900
Dons (9,9 M€)
24,2 M€ 23 % 16 %
Ressources collectées 2012 = Compte de résultat
RESSOURCES 2012 (en milliers d’euros)
6,96 € 4,92 €
ORIGINE DES RESSOURCES 40 %
Fonds privés
54 %
Missions sociales en France et dans le monde en 2012
Fonds publics
6 % Autres
Frais d’appel et de traitement des fonds, gestion des reçus fiscaux, gestion des legs et service donateurs Frais de fonctionnement et provisions
Bilan simplifié au 31 décembre 2012 ACTIF (en K€)
2012
2011
Actif immobilisé Immobilisations corporelles, incorporelles et financières
28 151 28 053
Travaux en cours (village au Burkina Faso) TOTAL
2011
Apports, provisions réglementées, réserves
66 894 64 735
Provisions 61 038 57 751
Pour risques et charges Dettes
8 497
8 159
14 084 13 332
Comptes de régularisation
Comptes de régularisation Charges constatées d’avance
2012
Fonds associatifs
Actif circulant Valeurs réalisables (créances) et disponibles (trésorerie)
PASSIF (en K€)
434
442
1 469
1 469
91 092 87 715
Produits constatés d’avance Travaux en cours (Ouagadougou) TOTAL
10 / Villages Essentiel 2012de/ joie www.sosve.org / SEPTEMBRE 2013 / www.sosve.org / N° 226 / www.sosve.org
148
20
1 469
1 469
91 092 87 715
POLITIQUE DE RÉSERVE ET AFFECTATION PRÉVISIONNELLE DES RESSOURCES
• Engagée sur la durée dans ses actions, SOS Villages d’Enfants a constitué une réserve prudentielle d’une année de fonctionnement sur fonds privés (14,4 M€) pour faire face aux imprévus économiques. • Des ressources sont réservées pour la réalisation des nombreux projets (constructions, extensions, rénovations…) prévus en France et dans le monde (environ 11 M€). Source : Compte d’emploi des ressources 2012.
Photos Essentiel 2012 : Katerina Ilievska, M. Mokrani, Cécile Burban, Seger Erken, SOS Archives, droits réservés.
EMPLOIS 2012 (en milliers d’euros)
Entretien
Info
Info partenaires
partenaires
Schmidt
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai d’où tu viens… L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié, en décembre dernier, une étude relative aux disparités socioéconomiques et aux apports nutritionnels et alimentaires des enfants et adolescents*. Peggy Pinard, chargée de projet en épidémiologie nutritionnelle à l’Anses, nous apporte son éclairage. Les conclusions qui ressortent de cette étude semblent montrer une fois de plus que la qualité et l’équilibre nutritionnels des enfants et des adolescents sont corrélés au niveau socioéconomique de la famille. Mais quels sont les éléments nouveaux ? L’étude confirme en effet, en accord avec la littérature, une moindre consommation de fruits et légumes et une plus grande consommation de boissons sucrées pour les enfants et adolescents de niveau socioéconomique plus modeste. Et aussi une moins bonne qualité nutritionnelle de l’alimentation et une diversité alimentaire moindre. Néanmoins, elle ne met pas en évidence de différences en termes de consommation de poisson et de produits laitiers, même si le type de produits laitiers varie selon le niveau socioéconomique. Au contraire, les résultats vont à l’encontre des idées reçues en montrant que les enfants et adolescents de niveau socioéconomique plus modeste consomment moins certains produits sucrés comme les confiseries et les gâteaux. Enfin, l’Anses montre que 25 % des enfants et adolescents de milieux défavorisés ont une alimentation de bonne qualité contre 40 % de ceux issus de milieux plus favorisés. Le niveau socioéconomique n’est cependant pas le seul facteur jouant sur la qualité de l’alimentation.
La mobilisation continue pour rénover le village d’enfants SOS de Neuville Aux côtés de SOS Villages d’Enfants depuis 2009, le réseau Schmidt continue cette année de soutenir la rénovation du village SOS de Neuville à chaque vente d’une cuisine de plus de six éléments. Le programme de rénovation qui a débuté en janvier 2013 devrait s’achever en juin 2014. www.cuisines-schmidt.com •
Fondation d’entreprise Air France
5 ans d’engagement aux côtés de SOS Villages d’Enfants Le Prix de la Fondation Air France 2013 sera décerné en décembre à SOS Villages d’Enfants. Partenaire depuis 2008, la Fondation soutient cette année la création du programme d’insertion sociale et professionnelle des jeunes du village d’enfants SOS d’Antsirabe à Madagascar. www.corporate.airfrance.com/fr/fondation •
Auchan
Toute la famille part du bon pied pour la rentrée ! À la rentrée de septembre, dans l’ensemble de ses magasins, Auchan lance une nouvelle gamme de chaussettes homme, femme et enfant pour soutenir SOS Villages d’Enfants. www.auchan.fr •
Vaillant Group France
Un nouveau partenaire pour chauffer les maisons
Quel est le critère le plus influent ? L’Anses a cherché à déterminer les composantes du niveau socioéconomique (revenu du foyer, catégorie socioprofessionnelle, niveau d’études…) les plus associées aux disparités alimentaires. Le niveau d’études des parents apparaît comme un facteur déterminant de la qualité de l’alimentation. Ainsi, à revenu équivalent, la qualité nutritionnelle augmente avec le niveau d’études des parents.
À travers ses deux marques « Saunier Duval » et « Vaillant » et grâce à l’expertise de ses collaborateurs, Vaillant Group France offre une quinzaine de chaudières performantes permettant de remplacer certaines chaudières vieillissantes des villages d’enfants SOS de Carros, Marange, Marly et Neuville. www.saunierduval.fr et www.vaillant.fr •
Quels enseignements peut-on tirer de cette étude ? Compte tenu de la surconsommation de boissons sucrées chez les enfants et les adolescents – pour plus d’un tiers d’entre eux –, notamment dans les milieux les plus défavorisés, l’Anses souligne l’intérêt de poursuivre et d’amplifier les politiques visant à réduire les apports en glucides simples ajoutés dans l’alimentation, notamment ceux liés aux boissons sucrées. Enfin, considérant le rôle a priori prépondérant du niveau d’études des parents sur la qualité de l’alimentation de leurs enfants, les travaux de l’Agence pointent la nécessité d’approfondir cette analyse pour mieux définir les leviers d’action.
Herbalife
* Disparités socioéconomiques et apports alimentaires et nutritionnels des enfants et adolescents, Anses, décembre 2012.
La nutrition au cœur de la responsabilité À travers la Fondation Herbalife pour la Famille, Herbalife soutient en France le volet nutritionnel du Programme d’épanouissement par le sport (PEPS) de SOS Villages d’Enfants. L’alimentation et le bien se nourrir font partie intégrante du programme PEPS, c’est aussi l’engagement de la Fondation et des distributeurs indépendants Herbalife, mobilisés à travers toute la France, pour mener des actions de collecte afin de soutenir le projet. www.herbalifefrance.fr • www.sosve.org rubrique Nous soutenir
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Enquête
Le bien-être des enfants dans les pays riches : une réalité contrastée L’Unicef a publié en avril 2013 une étude comparative exceptionnelle analysant le bien-être des enfants et des adolescents dans 29 des économies les plus avancées du monde. La France n’est pas si bien placée… Enquête. ’est aux Pays-Bas, en Finlande, en Islande, en Norvège et en Suède qu’enfants et adolescents vivraient le mieux, selon l’étude comparative réalisée par le centre de recherche Innocenti de l’Unicef parue en avril 2013 (1), tandis que les jeunes Américains, Lituaniens, Lettons et Roumains seraient les plus mal lotis. Les petits Français, eux, se situent au milieu de ce classement. Pour l’établir, cinq dimensions ont été prises en compte : le bien-être matériel, la santé et la sécurité, l’éducation, les comportements et risques et, enfin, le logement et l’environnement.
C
Des enfants heureux dans les pays nordiques Ce que l’étude démontre de plus surprenant, c’est l’absence de rapport direct entre le niveau global de bien-être de l’enfant et le PIB par habitant. Ainsi, les quatre dernières places du classement général sont occupées par trois des pays les plus pauvres de l’enquête, mais également par les ÉtatsUnis, l’un des plus riches ! De la même façon, la République tchèque devance l’Autriche, la Slovénie précède le Canada et le Portugal est devant les États-Unis. Les Pays-Bas sont le seul pays qui se maintient dans les cinq 12 / Villages de joie / SEPTEMBRE 2013 / N° 226 / www.sosve.org
L’étude démontre l’absence de rapport direct entre le niveau global de bien-être de l’enfant et le PIB par habitant.
premières places pour toutes les dimensions du bien-être des enfants, suivi par les quatre pays nordiques déjà évoqués. Pour chaque pays, l’Unicef a défini un taux de privation relatif au bien-être des enfants sur la base de 14 critères spécifiques. Si au moins deux de ces critères sont absents, l’enfant est considéré en situation de privation. Outre les cinq pays en tête du classement général, seuls l’Irlande et le Luxembourg parviennent à un taux de privation inférieur à 5 %, le RoyaumeUni les talonnant de près avec 5,5 %. L’étude relève aussi que la Finlande a le taux de réussite scolaire le plus élevé à 15 ans. Selon la plupart des analystes, les extraordinaires résultats éducatifs de la Finlande tiennent à ce que le pays a su miser sur la qualité de son système d’éducation des enfants en bas âge.
14 critères de privation L’Unicef a défini 14 critères permettant de calculer le taux de privation des enfants des 29 pays étudiés : trois repas par jour ; au moins un repas avec viande poulet, poisson, ou équivalent végétarien par jour ; fruits et légumes frais tous les jours ; livres appropriés à l’âge et au niveau de connaissance (hors livres scolaires) ; équipement de loisirs extérieurs (vélo, rollers…) ; activité de loisirs régulière (natation, musique…) ; jeux d’intérieur (au moins 1 par enfant) ; ressources financières pour des voyages et manifestations scolaires ; endroit calme avec assez d’espace et de lumière pour les devoirs ; connexion internet ; quelques vêtements neufs ; deux paires de chaussure de la bonne pointure ; possibilité d’inviter parfois des amis à la maison pour un repas ou jouer ; possibilité de célébrer des occasions spéciales (anniversaires…).
La France a des progrès à faire en matière d’éducation La France, elle, arrive 13e sur 29 dans le classement général établi sur la moyenne des cinq dimensions et 26 indicateurs étudiés, derrière les pays du Nord et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni, le Canada et bien avant l’Italie, la Grèce ou les États-Unis. Cependant, il lui reste des progrès à faire, surtout en matière de bien-être scolaire. En effet, si la France obtient le meilleur classement pour son taux de scolarisation des enfants entre 4 et 6 ans, elle n’arrive qu’en 15e position concernant la réussite scolaire à l’âge de 15 ans. Quant au taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire, la France chute à la 19e place et fait partie des pays ayant le plus d’enfants d’adolescents de 15 à vivraient en France 19 ans qui ne sont ni à sous le seuil de pauvreté. l’école ni en formation ni sur le marché du travail. Des résultats d’autant plus surprenants que la dépense intérieure d’éducation (DIE), en 2009, s’est élevée à 137,4 milliards d’euros, soit 6,9 % du PIB.
3 millions
Des adolescents français en difficulté On remarque d’autre part que la France se situe au dernier rang du classement pour la communication entre adolescents et parents. Elle se démarque également négativement en matière de comportement et de risques : plus de 20 % des adolescents français déclarent fumer du cannabis (26e position/29). Le taux de pauvreté relative, qui désigne la proportion des enfants âgés de 0 à 17 ans vivant au sein de ménages dont les revenus sont inférieurs à 50 % du revenu médian national, atteint quant à lui le taux de 9,5 %, en constante augmentation. L’étude relève que 3 millions d’enfants vivraient en France sous le seuil de pauvreté. Enfin, en matière de logement, la France est en 16e position, avec en moyenne 1,2 pièce par personne. Le rapport de la Fondation Abbé Pierre signalait 600 000 enfants en situation de mal-logement en France, en 2012. Une précarité qui rejaillit sur leur développement et leur réussite scolaire… (1) Le bien-être des enfants dans les pays riches - Vue d’ensemble comparative, Unicef, avril 2013.
3 questions à… Nathalie Serruques, responsable de la mission Enfance à Unicef France
« L’équilibre familial rejaillit sur l’enfant » La position de la France dans le classement du bilan Innocenti (voir p.12) montre des performances très inégales. Pourquoi de telles faiblesses ? La position de la France est très en deçà de ce que l’on pourrait attendre. Par exemple, chaque année, 150 000 enfants sortent du système scolaire, sans aucune qualification. C’est inquiétant… De la même façon, le taux de suicide, la consommation de cannabis sont bien trop élevés, d’autant que le pays fait beaucoup d’efforts, tant au niveau politique que sur le plan des investissements financiers. Et c’est justement pour cette raison que la situation interroge ! Ces actions sont-elles mal ciblées ? Et puis, il y a beaucoup de bonnes volontés mais un réel problème, voire une absence d’articulation. Ce sont de vraies questions qu’il faut se poser si l’on veut avancer. Quels que soient les domaines évalués, les pays nordiques et les Pays-Bas sont quasi toujours en tête. Quelles en sont les raisons ? Ce sont de plus petits pays, avec moins d’enfants, d’où une capacité d’action plus efficace… Mais aussi on remarque que la place de l’enfant n’y est pas la même. Il est davantage impliqué dans les décisions, consulté, sa participation est importante. Cela le responsabilise. Ces pays sont d’autre part très attentifs à certains aspects de l’équilibre familial qui nous échappent. Par exemple, concernant les familles avec un enfant handicapé, la Norvège a mis en place un système d’aide et d’accompagnement, appelé le dispositif de « répit ». Le répit, ce sont ces quelques heures de repos dont a besoin une famille pour reprendre son souffle et se régénérer. C’est un exemple évocateur… Nous devrions nous en inspirer, pour les mères isolées par exemple. Car l’équilibre familial rejaillit sur l’enfant, c’est une évidence. Qu’est-ce qui pourrait, selon vous, permettre d’améliorer la situation ? Depuis quelques mois a été créée une nouvelle instance à laquelle nous croyons beaucoup et qui pourra aider à structurer davantage l’action pour qu’elle soit efficace. Il s’agit du Commissariat général à la stratégie et la prospective*. Il proposera une mission permanente pour l’enfance. Concernant le domaine de l’éducation, il faudra une réelle prise de conscience de tous – enseignants, chercheurs, Gouvernement… –, qui devrait passer par la formation initiale et continue à l’Éducation nationale. Les enseignants devraient bénéficier d’une formation plus poussée pour pouvoir sensibiliser les enfants à certains principes fondamentaux qui constituent leurs droits… * Créé en 2013, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) se substitue au Centre d’analyse stratégique. Lieu d’échanges et de concertation, il apporte son concours au Gouvernement pour la définition des orientations et objectifs à moyen et long termes du développement économique, social, culturel et environnemental de la nation.
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Parcours • Rija, lors de son passage à Paris en juillet dernier. •
Après avoir grandi au village d’enfants SOS de Vontovorona à Madagascar, Rija Ratolojanahary vient de réaliser un rêve en débutant une carrière de journalisme, puis en participant, à Paris, à un forum international sur la défense des droits de l’homme en juillet dernier.
Rija, au service des droits de l’homme 14 / Villages de joie / SEPTEMBRE 2013 / N° 226 / www.sosve.org
encontrer à Paris des jeunes de plus de 70 pays, partager, échanger sur des questions fondamentales de société, ce rêve inaccessible pour la plupart des jeunes malgaches est pourtant devenu réalité pour Rija Ratolojanahary. À 25 ans tout juste, ce jeune homme, qui a grandi au village d’enfants SOS de Vontovorona depuis l’âge de 3 ans, était en effet le seul représentant de Madagascar au forum Labcitoyen 2013. L’événement a réuni 112 jeunes participants de 72 pays, en juillet dernier, sur le thème « Les droits de l’homme au XXIe siècle : s’engager pour demain ». Une belle récompense pour un parcours per-
R
• Rija, enfant, au village SOS de Vontovorona. •
sonnel et scolaire exemplaire et une invitation à poursuivre dans cette voie… Un parcours exemplaire « Tous mes souvenirs, toute ma vie jusqu’à maintenant sont liés à SOS Villages d’Enfants. Je garde dans ma mémoire de nombreux moments de joie : les fêtes de Noël, ma mère SOS “maman Claudine”, qui m’avait permis de me laisser pousser les cheveux avec une frange. J’étais le seul ! », commente Rija. Le jeune garçon se passionne pour le football, mais aussi pour ses études : il est régulièrement premier de sa classe, obtient son bac puis effectue cinq ans d’études au Samis-Esic (école supérieure de l’information et de la communication) du réputé collège Saint-Michel, encadré par des Jésuites. Diplômé en février 2013, Rija est particulièrement attiré par la presse écrite, depuis l’expérience de production d’un journal qu’il a acquise pendant son master 1 : journaliste d’abord, puis « directeur », il apprend à animer un comité de rédaction, à encadrer une vingtaine d’étudiants et à tenir un planning. En avril dernier, Rija est embauché pour contribuer à la version malgache de la revue La Croix et participer à sa refonte éditoriale. Dix jours consacrés aux droits de l’homme La participation de Rija au forum Labcitoyen 2013 ne doit rien à la chance. Les candidats, sélectionnés sur dossier, devaient démontrer
leur intérêt pour les questions des droits de l’homme. Un entretien oral a ensuite permis d’évaluer les capacités d’expression de chacun. C’est ainsi que Rija a pu s’envoler pour Paris, pour 10 jours d’un programme très riche : conférences, débats et films sur les droits des femmes et des filles, la lutte contre les discriminations, la liberté d’expression et les réseaux sociaux, l’abolition de la peine de mort, mais aussi de nombreuses visites : le mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes, le mémorial de la Shoah, l’Assemblée nationale… Rija a été sensible aux débats consacrés aux droits des femmes. « Il s’agit d’un vrai défi à relever à Madagascar où ces droits sont reconnus mais pas toujours appliqués, en particulier dans les
présidente de SOS Villages d’Enfants Madagascar et très engagée pour les droits de l’homme, qui m’a soutenu, m’a aidé à préparer ma candidature et m’a mis en relation avec les bonnes personnes », précise Rija, de retour à Madagascar avec des souvenirs plein les yeux, enrichi par ses rencontres et les partages d’expériences. Rija se sent parfois anxieux à l’idée d’être maintenant totalement autonome. Pour la première fois, il n’a plus d’encadrement direct par SOS Villages d’Enfants. Mais il sait déjà ce que les éducateurs lui diraient : « Tu as suffisamment de bagages maintenant pour affronter la vie ». Rija compte aussi sur l’aide de sa grande sœur Florentine, avec qui il a grandi au village. Elle vient de lui proposer de partager une location :
Tous mes souvenirs, toute ma vie jusqu’à maintenant sont liés à SOS Villages d’Enfants. Je garde dans ma mémoire de nombreux moments de joie. campagnes où les pratiques coutumières prévalent à ce jour. Les Malgaches considèrent les femmes comme des “fanaka malemy”, soit en traduction littérale, “meuble de maison – mou”. Les femmes n’ont pas suffisamment accès à l’éducation et peu d’entre elles occupent des postes clés dans la société. » « J’ai toujours été aidé par les autres » « C’est une expérience citoyenne inoubliable ! Je souhaite particulièrement remercier Me Maria,
il peut ainsi entamer cette nouvelle vie plus sereinement. « Je ne sais pas si c’est de la chance, mais j’ai toujours eu le soutien des autres, au village SOS, pendant mes études et maintenant dans mon travail », note Rija. Rija souhaite apporter à son tour sa contribution ; c’est pourquoi il a accepté d’être administrateur de SOS Villages d’Enfants Madagascar et il aura à cœur dans son travail éditorial de transmettre les valeurs partagées autour des droits de l’homme.
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CONCERT TOUS EN CŒUR POUR SOS VILLAGES D’ENFANTS AVEC PHILIPPE JAROUSSKY, NOLWENN LEROY, SALVATORE ADAMO, KARINE DESHAYES, CHRISTOPHE MAÉ, MAGALI LÉGER, ENSEMBLE CONTRASTE, ANDRÉ CECCARELLI, PATRICK FIORI, NATHALIE MANFRINO, PASCAL OBISPO, LOUIS BERTIGNAC…
MOXIE
13 septembre, 20 h au Théâtre du Châtelet Retransmission en fin d’année sur France 2 CD en vente dès fin novembre Une production :