En direct / p 4
Parcours / p 10
Entretien avec Olivia Cligman, juge pour enfants
Marie-Béatrice d’Anna, une enfance en musique
Villages de joie décembre 2013 / n° 227 / 2 €
LA REVUE DES DONATEURS
ÉVÉNEMENT
Tous en cœur… pour SOS Villages d’Enfants Le partage. Tel a été le fil conducteur de la superbe soirée organisée au théâtre du Châtelet au bénéfice de SOS Villages d’Enfants en présence de cent artistes de la scène classique, jazz et variété. Une soirée inoubliable ! 20h25, 13 septembre 2013. Sur la scène du théâtre du Châtelet à Paris, des enfants déambulent, une lampe de poche à la main. Trois lampions en forme de maison s’élèvent, côté cour. Les musiciens de l’orchestre lyrique puis ceux de la formation jazz s’installent. L’attention du public est captée. Le spectacle peut commencer. Une petite fille s’avance, rapidement entourée
www.sosve.org
d’un groupe de jeunes de la Maîtrise de Paris et d’une présentatrice. « On n’a pas besoin de vous ! », lui disent-ils en lui prenant le micro avec une douce fermeté. Le ton est donné : les enfants ont pris le pouvoir sur la soirée Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants. Et chacun d’entonner, sous la présidence du jeune Lancelot, la chanson Si j’étais président.
La générosité de cent artistes de tous les univers artistiques Pendant près de deux heures, une suite de tableaux musicaux alternant les styles et les époques ont enthousiasmé le public venu en nombre. Sur scène, cent artistes classiques (les meilleurs chambristes de la jeune génération, de grands chanteurs lyriques dont Karine Deshayes, Nathalie Manfrino, Florian Laconi), de variété
lire p 2, 3 »
Le mot du président
ÉVÉNEMENT • Anny Duperey, entourée d’enfants, a porté le message de SOS Villages d’Enfants. •
Le pouvoir des enfants Le mois de septembre a été marqué par un événement exceptionnel pour SOS Villages d’Enfants : le concert « Tous en cœur », dont vous pouvez découvrir les moments forts dans le dossier qui lui est consacré, et que vous retrouverez sur France 2 le 29 décembre. Cette soirée a réuni le plus grand nombre autour de la cause de l’enfance en danger, portée par Anny Duperey : musiciens et chanteurs de renom, donateurs, grand public… Elle était, dans sa conception même, fédératrice, au sens où elle rassemblait dans un élan commun des artistes aux styles musicaux très différents, se produisant rarement ensemble, et plusieurs générations. Honneur à la plus jeune de ces générations ! Car les enfants étaient véritablement les « acteurs » de la soirée : sur scène, avec la Maîtrise de Paris, dans la salle, avec les enfants et jeunes accueillis par SOS Villages d’Enfants, et les enfants des donateurs, nombreux à nous avoir rejoints. Symboliquement, les enfants ont « pris le pouvoir », en s’appropriant le spectacle. Le pouvoir, si pacifique et généreux, des enfants, nous l’encourageons, nous le revendiquons. Il est porteur d’espoir pour tous les autres enfants, en souffrance, qui ne pouvaient être présents au concert mais auxquels allaient toutes nos pensées. Cette soirée unique, nous la dédions à tous ces enfants qui sont notre combat : en France, les enfants concernés par les appels au 119, à travers le monde, ces « enfants invisibles » sans droit ni protection car non déclarés à la naissance… Tous sont associés à ce numéro de Villages de joie, Tous en cœur. PIERRE PASCAL
Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris / Tél. : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Viceprésidents : Jean-Pierre Rousselot, Michel Rémond, Marie-Claude Hamon / Directeur général et directeur de la publication : Gilles Paillard / Rédacteur en chef : François-Xavier Deler / Impression sur papier recyclé : Imprimerie FOT / Photos : Christophe Harter, Gil Lefauconnier, Malika Gaudin Delrieu, Marcus Frendberg, Jonas Strohwasser, Marko Mägi, SOS Villages d’Enfants, SOS Archives, DR / Publication trimestrielle éditée par SOS Villages d’Enfants / Abonnement annuel : 8 € / Prix au numéro : 2 € / Commission paritaire : n° 0117 H 81095 – ISSN : 0243.6949 – Dépôt légal à parution / Cette revue est accompagnée d’un encart d’appel à dons (enveloppe, lettre et bulletins d’abonnement/don).
(Nolwenn Leroy, Élodie Frégé, Tal, Julie Zenatti, Adamo, Pascal Obispo, Emmanuel Moire, Yves Duteil…), de jazz (André Ceccarelli, Raphaël Imbert…), du rap (Oxmo Puccino) et un danseur de claquettes ont uni, avec une belle générosité, leurs talents pour soutenir l’enfance en danger, l’une des principales causes soutenues par les Français. Entourée d’enfants, Anny Duperey, marraine de l’association depuis 20 ans, a porté avec eux le message de SOS Villages d’Enfants : « Le monde ne pourra avancer apaisé que lorsqu’il saura offrir une vraie vie d’enfant à chacun ». « L’esprit de la soirée était le partage en faveur des enfants, avec la magie de la musique et la contribution de nombreux artistes venant d’horizons très différents, explique François-Xavier Deler, directeur du développement et de la communication de SOS Villages d’Enfants.
se réjouit Gilles Paillard, directeur général de l’association. Ce qui n’était qu’un rêve envisagé depuis plusieurs années s’est concrétisé en un événement de qualité musicale indiscutable où l’implication de tous était sincère.
Franchir un nouveau cap de notoriété Après une montée en puissance réussie en termes de notoriété et de crédibilité, SOS Villages d’Enfants doit aujourd’hui accéder à une médiatisation plus large de sa mission et de ses actions. « La retransmission de la soirée lors des fêtes de fin d’année sur France Télévisions à une heure de grande écoute constituera la “caisse de résonance” de nos valeurs et de nos projets, pour aider les enfants à reprendre confiance en eux », précise Pierre Pascal, président de l’association. Un événement médiatique d’autant plus important qu’à ce jour, seules deux autres causes d’intérêt général (la maladie et la Le monde ne pourra avancer précarité) bénéficient d’une apaisé que lorsqu’il saura offrir couverture médiatique de une vraie vie d’enfant à chacun. grande ampleur au travers du Téléthon et de la soiTous ne connaissaient pas SOS rée des Enfoirés. « Le temps était Villages d’Enfants, mais les artis- venu d’offrir à la cause de l’entes présents à cette soirée ont eu fance sa juste place dans le payconscience qu’il était important de sage audiovisuel français », insiste se mobiliser, car il y a trop d’en- François-Xavier Deler. Avec l’autorité fants en souffrance en France et chaleureuse qui la caractérise, Anny dans le monde. » Duperey a rappelé aux spectateurs Pour l’association, l’initiative était l’importance des dons pour SOS Villainédite. « Ce fut un grand, un très ges d’Enfants : « Je le sais pour le grand moment, chargé d’émotion », vivre moi-même, une vie entière
2 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org
• Emmanuel Moire et Philippe Jaroussky. •
ne suffit pas pour rattraper ce qui n’a pas été vécu avec ses frères et ses sœurs. Quand on a une belle enfance, on devient une belle personne. » Des moments forts en émotion Conçu et mis en scène par l’altiste et violoniste Arnaud Thorette, Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants a aussi contribué au décloisonnement des styles musicaux. « Ce projet fédérateur et créateur de lien social incarne une nouvelle forme de spectacle destinée à toucher le grand public », souligne le musicien. Les quelque deux heures de spectacle ont réservé plusieurs moments forts. Citons la reprise en chœur sur
scène et dans la salle de la célèbre chanson d’Yves Duteil Prendre un enfant par la main, la superbe réappropriation du standard de jazz Summertime par Amandine Bourgeois, accompagnée de Louis Bertignac. Mais aussi Julie Zenatti, pieds nus et à genoux sur la scène, pour un piano voix sur Calling You. Magali, aide familiale au village d’enfants SOS de Marange, accompagnait Brittany, Ornella, Laeticia et Melina, âgées respectivement de 8, 10, 11 et 12 ans : « Elles étaient ravies. Elles ont vu des stars ! » « Les enfants ont été ébahis par le côté prestigieux du théâtre. Ils ont été impressionnés par la présence de si nombreux artistes et leur proximité sur scène, raconte Rebiha, aide familiale à Neuville-Saint-Rémy. Lors de la soirée, une jeune a appris l’origine de l’engagement d’Anny Duperey et en a été très émue. » Même enthousiasme chez les donateurs présents : « Je suis venue avec ma fille de 13 ans et nous avons trouvé cela
3 questions à Pierre Danjou, directeur du village d’enfants SOS de Plaisir
Découvrir autrement la musique classique ! Le 16 avril 2013, le village d’enfants SOS de Plaisir (78) a invité l’association Pro Musicis pour un concert pédagogique et interactif illustrant l’histoire du Petit Chaperon rouge. Pierre Danjou, directeur du village SOS, témoigne des bienfaits de cette initiative pour les enfants. Quel est l’objectif de cette association ? L’association Pro Musicis a été fondée en 1965. Sa vocation est double. Elle contribue à la promotion des nouvelles générations de musiciens classiques de niveau mondial, sélectionnés en France et aux États-Unis par le Prix international Pro Musicis. D’autre part, elle organise des « concerts de partage » pour les enfants et les adultes qui vivent dans la souffrance, l’isolement ou la pauvreté. Expliquez-nous la particularité de ces concerts de partage. Les artistes proposent un récital identique à celui proposé lors de leurs concerts publics. Mais au cours des concerts
extraordinaire ! Nous avons beaucoup aimé ce mélange des genres. Cela nous a donné, à toutes les deux, envie d’aller à l’opéra. Cela ouvre des horizons pour une adolescente. C’était aussi très bien de faire participer des enfants au spectacle. » Une soirée exceptionnelle que Pierre Pascal a souhaité dédier à tous les enfants : « J’aurais aimé que tous les enfants en souffrance soient présents à ce spectacle : ils seraient repartis plus heureux, plus forts et plus confiants dans l’avenir ». Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants sur France 2 et dans les bacs • Le 29 décembre prochain, rendezvous sur France 2 vers 16h30 pour la diffusion de ce concert exceptionnel. • Le CD, agrémenté de bonus, est déjà disponible dans les lieux de vente habituels. Les bénéfices de la vente seront reversés à SOS Villages d’Enfants.
de partage, ils présentent leurs instruments, les œuvres et les compositeurs à leur auditoire. Le concert est l’occasion d’un échange, d’un partage profondément humain. Je peux témoigner que les regards des enfants et leur réceptivité constituent une suprême récompense pour ces artistes. Pour quelles raisons renouvelez-vous cette expérience depuis 2010 ? Je suis toujours en quête de nouvelles expériences pour la reconstruction et l’épanouissement des enfants. Avec Pro Musicis, les artistes demandent aux jeunes d’exprimer ce qu’ils ont pensé, ressenti à l’écoute de leur musique. La complicité qui s’installe donne lieu à des échanges d’une grande richesse. C’est aussi une façon d’élargir la culture musicale des enfants au-delà de ce qu’ils écoutent sur leurs radios préférées ! Cette démarche constitue un prolongement complémentaire à celle que nous proposons chaque mois, avec une personne du Club service, qui emmène un petit groupe d’enfants à des concerts classiques à Radio France. Pour le concert de partage de 2013, nous avons également convié les camarades de classe et les parents de l’école Gérard Philippe où nos jeunes sont scolarisés. Ce fut une réussite ! Lors du prochain concert, programmé pour février 2014, nous allons également proposer aux jeunes des villages SOS de Persan (95) et de Châteaudun (28) de se joindre à nous.
/
3
En direct
« Nous pouvons aider les personnes à un moment crucial de leur vie : l’enfance » Olivia Cligman, juge pour enfants au tribunal de Senlis, nous fait partager son quotidien et sa passion pour son métier. Elle considère sa fonction comme l’une des plus utiles de la magistrature. Villages de joie : Quelles sont les fonctions d’un juge pour enfants ? Olivia Cligman : Son rôle est de protéger les mineurs en danger. En France, ce magistrat spécialisé dans les problèmes de l’enfance exerce dans le ressort d’un tribunal de grande instance. Il juge au pénal les mineurs ayant commis des délits ou des crimes (mineurs de moins de 16 ans) selon les termes de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. Ses compétences ont par la suite été étendues par l’ordonnance du 23 décembre 1958 en matière civile, afin de protéger les enfants en danger, c’est-à-dire lorsque leur santé, leur sécurité ou leur moralité sont menacées, et/ou quand les conditions de leur éducation semblent gravement compromises.
133 563 mesures
de placement nouvelles ou renouvelées ont été prononcées en France en 2011 par les tribunaux pour enfants (1). VDJ : Décrivez-nous votre quotidien. O. C. : Je suis constamment débordée car en manque de moyens techniques et de ressources humaines ! Je partage mon temps entre l’assistance éducative, le pénal et ma fonction de juge d’application des peines. Dans le cadre de l’assistance éducative, je reçois les enfants, leur famille, les éducateurs, et parfois les avocats, sur requête du procureur de la République, de la famille ou des enfants eux-mêmes, afin d’évaluer si les enfants sont ou non en danger.
Je me bats toujours pour que les fratries restent ensemble afin de faire face et de s’épauler au quotidien. –OLIVIA CLIGMAN À l’issue de cet entretien, qui dure entre 45 minutes et trois heures, je peux prononcer un non-lieu en assistance éducative (2). En revanche, dès lors que le danger est avéré, je peux demander une mesure d’assistance éducative en milieu ouvert (AEMO), c’est-à-dire sans retirer les enfants de leur environnement familial. Dans les cas les plus graves (carences de soin ou éducatives importantes, parents détenus, à l’hôpital…), j’instaure le placement des enfants. C’est l’ultime recours si nous n’avons pas trouvé une solution auprès d’un tiers de confiance au sein de la famille ou la famille élargie (amis…). Je rédige ensuite le jugement en prenant un soin tout particulier aux mots que j’utilise pour motiver ma décision car ce document est destiné à la fois aux parents et aux services éducatifs. Il est important que tous adhèrent au jugement. Mon autre fonction
4 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org
consiste à faire appliquer des peines les plus ajustées possible aux enfants ayant commis des délits afin de ne pas les fragiliser davantage. Les tribunaux pour enfants étant sectorisés – j’ai notamment en charge ceux de Creil et de Pont-Sainte Maxence dans l’Oise –, je suis amenée à suivre des jeunes sur plusieurs années, certains dès l’âge de 9 ans. Mais il faut savoir que 80 % des enfants qui viennent dans mon bureau pour la première fois en audience pénale ne récidivent jamais. C’est un chiffre encourageant et trop méconnu ! VDJ : Avez-vous souvent recours au placement des enfants ? O. C. : Je considère le placement comme une situation terriblement traumatisante pour les enfants et bien souvent pour leurs parents. C’est un acte d’une grande violence institutionnelle car – faut-il le rappeler – les enfants
ne sont pas responsables ! Mais cette décision est parfois aussi nécessaire qu’indispensable pour les protéger d’un environnement dangereux pour leur sécurité physique et psychologique. Lors des entretiens que je mène avec les parents, les éducateurs et les enfants, mon but est d’envisager le retour en famille aussi rapidement que possible. Je place toujours cette option comme l’objectif principal à atteindre. Je me bats toujours pour que les fratries restent ensemble afin que frères et sœurs s’épaulent au quotidien quand ils ne voient plus leurs parents. Si la fratrie ne se serre pas les coudes dès l’enfance, qu’en serat-il à l’âge adulte ? Toutefois, cette conviction se heurte à une réalité tangible et malheureusement pérenne : le nombre limité de familles d’accueil et d’agréments, de foyers pour mineurs. Dans la majorité des placements, les enfants devront vivre successivement dans plusieurs familles ou foyers. Ces ruptures émotionnelles préemptent
En France, environ
148 000 enfants
sont placés en familles d’accueil ou en institutions à la suite de décisions administratives ou judiciaires (1).
Sortir un enfant d’une situation difficile, c’est une véritable joie mais rare. –OLIVIA CLIGMAN
gravement la construction de ces adultes en devenir. D’où l’importance d’associations telles que SOS Villages d’Enfants qui proposent une alternative aux solutions classiques, en permettant aux fratries de grandir ensemble. VDJ : Vos joies et vos regrets en tant que juge pour enfants ? O. C. : Sortir un enfant d’une situation difficile, c’est une véritable joie mais rare. Je déplore le manque de moyens récurrents pour mener à bien nos missions. Les éducateurs et les juges pour enfants ne disposent pas d’assez de temps pour suivre correctement les jeunes en difficulté. Je regrette aussi le poids relatif des décisions rendues par le juge puisque c’est in fine l’Aide sociale à l’enfance qui décide du lieu de placement des enfants. Enfin, je regrette la dérive, ces dernières années, des orientations politiques qui font primer le répressif sur l’éducatif. Je considère notamment à cet égard que les peines plancher, le tribunal correctionnel pour mineurs,
les procédures rapides sont d’une brutalité inacceptable. On ne peut pas juger des enfants comme des adultes, c’est un non-sens. On a perdu de vue l’esprit de l’ordonnance de 1945. (1) Source : Ministère de la Justice, 2011. (2) Aucune mesure d’assistance éducative n’est ordonnée.
A C T U A L I T Éen bref... • SEPA : nouvelles modalités pour les prélèvements bancaires en 2014 > Au 1er février 2014 au plus tard, le prélèvement automatique aux normes européennes SEPA (Single Euro Payments Area – Espace unique de paiement en euros) remplace définitivement le prélèvement automatique national. Après la monnaie unique, le SEPA complète l’uniformisation des moyens de paiement au niveau européen. La migration du prélèvement national au prélèvement SEPA est totalement transparente et sans incidences pour vous donateurs. Tous les prélèvements en cours, de soutien régulier ou de parrainage, seront automatiquement convertis en prélèvements aux normes européennes SEPA. Le mandat de prélèvement SEPA
remplace l’autorisation de prélèvement national. Une Référence Unique de Mandat (RUM) sera attribuée automatiquement à chaque autorisation de prélèvement. Une information personnalisée sera adressée, en même temps que le reçu fiscal annuel des versements de prélèvements 2013, à tout donateur ayant un ou plusieurs prélèvement(s) automatique(s). • Distinctions > Madagascar, 16 octobre. Maître Maria Raharinarivonirina, présidente de SOS Villages d’Enfants Madagascar, a remporté le Prix « Women for change » 2013 lors du Women’s Forum. Ce prix récompense le projet porté par une femme d’exception œuvrant pour
www.sosve.org
l’émancipation et l’autonomie des femmes et des filles. SOS Villages d’Enfants Madagascar reçoit ainsi un prix de 25 000 euros pour la création de six « Maisons des femmes » dans le Grand Sud. > La Villette, 3 décembre. SOS Villages d’Enfants a reçu le prix de la Fondation Air France lors d’une soirée consacrée à l’association. Le métier de mère SOS a été au cœur de l’événement, avec la prise de parole de Gilles Paillard, directeur général, la présentation de différents parcours, la diffusion d’un film et des témoignages de mères SOS et de jeunes issus des villages. L’action à Madagascar fut également largement évoquée par Daniel Paniez, directeur national.
/
5
Zoom
Un anniversaire en chansons au village SOS de Jarville 1963-2013. En cinquante ans, le village d’enfants SOS de Jarville a accueilli de nombreuses fratries. Au total, 279 enfants ont pu continuer à grandir avec leurs frères et sœurs, s’attachant à se reconstruire en dépit de situations familiales douloureuses. est en chansons que le village d’enfants SOS de Jarville a fêté ses cinquante ans, le 26 octobre dernier, en présence de plus de 400 personnes, dont de nombreux donateurs et anciens du village, et sous le regard bienveillant de nombreuses personnalités parmi lesquelles Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants, Gilbert Cotteau, fondateur de SOS Villages d’Enfants, Jean-Claude Pissenem, vice-président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Jean-Pierre Hurpeau, maire de Jarville-la-Malgrange, et Véronique Isart, sous-préfète de Lunéville, représentant le préfet. Un spectacle musical, retraçant l’histoire du village SOS par décennie, a en effet été proposé avec la participation active des enfants et des jeunes, ponctuant un après-midi riche en émotions.
C’
• Plus de 400 personnes étaient réunies pour fêter les 50 ans du village SOS. •
50 ans et de multiples histoires de vie Pour le village SOS de Jarville, 1963 a marqué le début d’une particulier : « Merci, monsieur le fondateur, d’avoir eu belle aventure. Cette année-là, une mère SOS s’installe au vil- cette idée fantastique il y a plus de 50 ans ». Jean-Pierre lage SOS avec 13 enfants. « Depuis 50 ans, 279 enfants ont Hurpeau, pour sa part, a rappelé « l’importance de travailler été accueillis au village SOS et 124 personnes ont œuvré ensemble » et noté « que les services municipaux et départedans le même objectif de valeurs partamentaux travaillent de mieux en mieux gées autour de l’enfant et de la solidaavec le village SOS ». Des interventions Merci, monsieur rité humaine, a rappelé Dominique André, le fondateur, d’avoir eu ponctuées par de nombreux tubes musicaux directeur du village SOS. Aujourd’hui, ce interprétés par les enfants dont J’irai au cette idée fantastique sont 21 fratries qui sont engagées dans bout de mes rêves, le tube de Jean-Jacques la célébration de notre anniversaire. Il il y a plus de 50 ans. Goldman ô combien porteur de sens pour y a des compositions, des chansons, des –JEAN-CLAUDE PISSENEM ces fratries aux trajectoires douloureuses… œuvres d’art dont les compositeurs peuvent être fiers. Et il y a des histoires de vie, des parcours Un climat de sérénité et d’affection vraie qui sont tissés depuis 50 ans par des enfants, des femmes, « L’enfant en grande détresse est tellement fragile qu’il des hommes dont nous sommes fiers. » faut l’approcher avec la plus grande prudence, la plus L’après-midi s’est poursuivi, émouvant et joyeux, présenté par grande douceur et lui proposer du temps, le temps de le jeune Dylan, hôte du village, dans le rôle de Monsieur Loyal, retrouver ses marques, d’oublier ses traumatismes et de et rythmé par les hommages des personnalités présentes. Jean- se ressourcer dans un climat de sérénité et d’affection Claude Pissenem a ainsi adressé à Gilbert Cotteau un message vraie, a souligné Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants France. Nos mères SOS et nos aides familiales y veillent constamment, en étant présentes 24h sur 24 • La chorale Méli-Mélodie a clôturé cette journée de festivités. • auprès des enfants, dans une maison qui devient la leur et dans laquelle ils trouvent la sécurité. » Aujourd’hui, ce sont 51 enfants et jeunes adultes qui sont accueillis dans dix maisons familiales au village SOS de Jarville. La journée s’est achevée par le spectacle de la chorale MéliMélodie qui a présenté différents tableaux musicaux liés à l’enfance. Une cinquantaine de choristes, dont 15 enfants et jeunes et 5 adultes du village SOS, a ainsi investi la scène pour offrir près d’une heure de prestation formidable d’émotion et de sens. Clou de la fête : un immense gâteau d’anniversaire pour régaler petits et grands. 6 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org
Entretien
« Contacter le 119, c’est un acte citoyen » Entretien avec Frédérique Botella, directrice du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED) Dans quel contexte le 119 a-t-il été créé en France ? À la fin des années 70, les services de protection de l’enfance se sont aperçus qu’il existait des difficultés récurrentes de repérage et de prises en charge efficaces des mineurs maltraités. La création du 119 a été impulsée par le vote à l’unanimité d’un projet de loi relatif à la prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs et à la protection de l’enfance, le 10 juillet 1989. La loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance a élargi les missions du 119 afin de lui permettre d’intervenir le plus en amont possible, avant que la situation des familles ne se dégrade. Devenu le Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED), plus communément appelé le « 119-Allô Enfance en danger », il remplit deux missions principales : la prévention et la protection des enfants en danger ou en risque de l’être, et la transmission d’informations les concernant aux cellules de recueil des informations préoccupantes (CRIP). Comment fonctionne ce service ? Le 119 n’apparaît pas sur les factures détaillées de téléphone. La confidentialité des appels est garantie dans les limites imposées par la loi. Son statut de numéro d’urgence, acquis par décret en juillet 2003, le rend accessible gratuitement, 24h sur 24, depuis tous les téléphones, fixes ou mobiles, depuis la France métropolitaine et les départements d’outre-mer*. Lorsqu’on appelle le 119, une équipe de « pré-accueil » composée de dix personnes vérifie que l’appel concerne bien les missions dévolues au service. Un plateau d’écoute disposant d’une cinquantaine de professionnels pluridisciplinaires prend ensuite le relais. Enfin, une équipe de coordonnateurs encadre les intervenants du pré-accueil et du plateau d’écoute. Et assure l’interface avec les partenaires de la protection de l’enfance, notamment les CRIP. Il est important de signaler que le 119 n’est pas un service opérationnel de prise en charge ni de suivi des mineurs en danger. C’est un maillon de la protection de l’enfance. Qui appelle et pour quelles raisons ? En 2012, le 119 a reçu 1 071 427 appels entrants. Dans 70 % des cas, la personne qui appelle est la famille proche ou le mineur concerné. 94,8 % des auteurs de maltraitances font partie de la famille proche. Un tiers des enfants sont concernés par des violences psychologiques. Deux tiers de l’activité du SNATED consistent à apporter une aide immédiate aux personnes par une écoute, des réponses à des questions précises et, le cas échéant, une orientation vers des structures locales en lien avec la protection de l’enfance. Nous souhaiterions à l’avenir nous adapter aux modes de communication utilisés par les jeunes : sms, tchat… Depuis notre création, nous avons toujours été un service novateur et nous voulons continuer à l’être ! * Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et prochainement Mayotte.
Info
Info partenaires
partenaires SCA/Lotus ®
1 pack acheté = 1 accès à l’hygiène Engagés durablement aux côtés de SOS Villages d’Enfants depuis 2010, SCA et sa marque Lotus® se mobilisent auprès des populations démunies de Madagascar pour leur permettre de bénéficier de conditions d’hygiène décentes grâce à la construction de blocs WC, douches, bornes fontaines et lavoirs dans les régions de Tuléar et Androy. Le programme compte déjà près de 34 000 bénéficiaires dont les conditions de vie et sanitaires se sont sensiblement améliorées. www.lotus-planete.com •
Oxybul éveil et jeux
Doudou Oscar le super héros Oxybul Oxybul éveil et jeux met en vente dans l’ensemble de son réseau de magasins et sur son site internet une peluche au profit de SOS Villages d’Enfants. Cette année, nous avons le plaisir de vous présenter Oscar le super héros : un doudou malicieux et affectueux ! www.oxybul.com •
Jacadi
Des cartes de vœux pour soutenir SOS Villages d’Enfants À l’occasion des fêtes de fin d’année, Jacadi propose dans ses magasins de France des cartes de vœux dont l’ensemble des bénéfices est reversé à l’association. www.jacadi.fr •
Duracell - Hasbro
Un Noël qui dure ! Cette année, tous les enfants des villages SOS de France recevront un jouet Hasbro, tous fournis avec des piles Duracell pour prolonger le sourire des enfants. http://fr.duracell.com et www.hasbro.fr •
www.sosve.org rubrique Nous soutenir
/
7
/
7
Enquête
Les enfants invisibles Lorsqu’il n’est pas déclaré à sa naissance, un enfant ne bénéficie d’aucun droit ni d’aucune protection. Ils sont pourtant encore des millions, dans le monde, à ne pas exister officiellement. Enquête L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux », stipule l’article 7 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Pourtant, cette formalité est loin d’être une évidence partout.
«
Dans certains pays, un enfant sur deux n’existe pas De par le monde, environ 200 millions d’enfants sont « invisibles » (1). Ces enfants, qui n’ont jamais été inscrits au registre d’état civil, sont surtout ceux d’Asie et d’Afrique, les continents les plus touchés par ce phénomène. Dans les pays en voie de développement, excepté en Chine, seul un enfant sur deux en dessous de 5 ans est déclaré ! Sur le continent américain, ce sont chaque année 1,3 million de naissances non enregistrées et 6,5 millions d’enfants sans certificat de naissance. Au sein d’un même continent, on note par ailleurs de grands écarts. En Afrique sub-saharienne par exemple, 87 % des enfants de moins de 5 ans sont enregistrés au Gabon contre seulement 7 % en Éthiopie (1). Le taux de non-enregistrement aux États-Unis, au Canada, au Chili et en Uruguay est inférieur à 2 %, alors que dans certains pays d’Amérique centrale, il se situe entre 8 et 12 % et qu’au Nicaragua et en Haïti, il atteint même les 20 à 30 %. 8 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org
Ces naissances non enregistrées pointent d’autres formes d’exclusion sociale et de disparités. Au sein d’un même pays, les enfants non déclarés sont le plus souvent ceux des familles pauvres et rurales, qui n’ont pas les moyens de se déplacer. « Au Sénégal, où un réel travail de sensibilisation a été fait, le taux est monté à 75,5 % d’enfants déclarés, explique Yves Olivier Kassoka, spécialiste Protection pour l’Unicef au Sénégal. Mais si ce taux atteint 87 % à Dakar, il reste beaucoup plus bas dans les villages. » Au Niger aussi, relève l’Unicef, 71 % des enfants des zones urbaines sont déclarés contre seulement 25 % dans les zones rurales.
Dans les pays en voie de développement, excepté en Chine, seul un enfant sur deux en dessous de 5 ans est déclaré ! Et souvent, sur place, on constate « le manque de fournitures et de registres. Comment ensuite penser passer au numérique quand on n’a pas les moyens, dans certains villages, d’avoir du papier ! », s’exclame Jean Lieby, chef du service Protection pour l’Unicef au Sénégal qui déplore cette situation.
Pas de déclaration, pas de droits Les obstacles à la déclaration des naissances sont nombreux : absence de volonté politique, coût du service ou des formalités, manque d’information des populations, réalités culturelles et communautaires dans certains pays… Les pays en guerre sont particulièrement concernés. On rapporte des taux d’enregistrement d’à peine 9 % au Tchad, 6 % en Afghanistan ou encore 8 % en Somalie (1). Dans les pays agités politiquement, la déclaration peut en effet mettre en danger des vies humaines comme pour les Kurdes en Syrie, les Tartares en Ukraine ou encore les Palestiniens au Moyen-Orient. Les problèmes de ségrégation peuvent aussi être une cause de non-déclaration des naissances, comme en Europe centrale et de l’Est pour les communautés de gitans. Ce droit fondamental permet pourtant à chaque personne de pouvoir jouir de l’ensemble de ses droits : « Le droit à un nom et à un prénom, à une nationalité, l’accès aux services sociaux essentiels et la protection juridique », souligne Yves Olivier Kassoka. L’absence de déclaration devient dès lors « une menace fondamentale pour l’enfant » qui se trouve privé de ses droits et de toute protection. Juridiquement, il n’existe pas. « L’enfant n’aura pas, ou difficilement, accès à la scolarisation, pas de protection juridique non plus », explique le spécialiste protection Unicef du Sénégal. Il ne pourra avoir accès aux soins, ni parfois même aux vaccins. En outre, cette inexistence officielle favorise toutes sortes d’enfants environ d’abus et d’exploitation (tran’ont jamais été inscrits fic sexuel, esclavage domestiau registre d’état civil que, travail forcé, enrôlement dans le monde. dans l’armée…).
200 millions
Un travail de sensibilisation efficace Sur le plan international, un réel travail de sensibilisation auprès des pays concernés a été enclenché. Ainsi, en Gambie, l’action de l’Unicef dans les maternités, avec le concours des officiers d’état civil et des pouvoirs locaux, a permis de faire passer le taux d’enregistrement de 32 % en 2000 à 55 % en 2006. Au Ghana, où le bureau des naissances et des décès a collaboré avec des organisations internationales, principalement Plan International et l’Unicef, les résultats montrent que le taux d’enregistrement des enfants de moins de 5 ans est passé de 44 % en 2003 à 71 % en 2008 (2). Et cela grâce à des mesures comme le prolongement de la durée légale pour l’enregistrement gratuit des nouveau-nés, la formation d’agents de santé communautaires, le recours à des bénévoles, l’enregistrement des enfants lors de grands événements ou le pilotage des registres d’état civil de la communauté. Au Sénégal, ce travail de sensibilisation a porté ses fruits : en l’espace de dix ans, le taux d’enregistrement des enfants a doublé. Les stratégies menées ont permis d’améliorer l’accessibilité des centres d’enregistrement et de les rapprocher de la communauté. Preuve que si le problème est grave, il n’est pas sans issue… (1) Unicef (2010, 2013). (2) Organisation mondiale de la santé (2013).
3 questions à… Daniel Paniez, directeur national de SOS Villages d’Enfants Madagascar
« 5 000 naissances enregistrées cette année à Ampanihy Androy » Quelle est la situation de Madagascar au regard de l’enregistrement des naissances ? À Madagascar, près d’un quart des enfants de moins de 18 ans n’ont pas d’acte de naissance, soit environ 2,5 millions d’enfants. C’est un problème d’envergure nationale pour le pays qui, en juin 2004, a lancé le programme EKA de réhabilitation de l’enregistrement des naissances. Il vise à enregistrer de façon rétroactive tous les enfants de moins de 18 ans actuellement sans acte de naissance et toutes les nouvelles naissances dans le délai légal (12 jours suivant la naissance). Dans quelle mesure SOS Villages d’Enfants Madagascar contribue-t-elle à ces régularisations ? En 2010, SOS Villages d’Enfants Madagascar a, en partenariat avec la Banque Mondiale, effectué 5 619 enregistrements de naissances d’enfants de moins de 18 ans dans des quartiers défavorisés bénéficiaires des centres d’accueil de jour de l’association, dans cinq grandes villes de Madagascar (Antananarivo, Antsirabe, Toliary, Toamasina, Mahajanga). Cette année, en 2013, l’Ambassade de France à Madagascar, par le biais du Fonds social de développement, nous a permis d’enregistrer 5 000 naissances à Ampanihy Androy. 700 enfants ont déjà obtenu leurs actes de naissance. Il est également important de noter que, dans la quasitotalité des admissions d’enfants en villages SOS, les orphelins ont rarement une identité officielle. Le jugement supplétif, qui permet l’enregistrement rétroactif des naissances, est pour cette raison inclus dans nos procédures d’admission. Les financements publics suffisent-il à répondre à la demande ? Les financements publics sont limités. Cette année, par exemple, le projet Pamodec-Ipec/BIT de l’OIT (Organisation internationale du travail) a accordé un financement pour combattre l’emploi domestique des enfants et nous a permis d’enregistrer 20 naissances supplémentaires. Mais même si nous ne recevons pas d’autres financements, nous continuons notre travail. Depuis 2010, le centre d’accueil de jour d’Antsirabe a ainsi réalisé 315 enregistrements non financés par les partenaires locaux. SOS Villages d’Enfants Madagascar entend par ailleurs poursuivre son action de prévention en améliorant les conditions de vie des familles des quartiers défavorisés des zones urbaines. Il est indispensable que les services publics répondent de façon adéquate aux besoins réels des populations et prennent en considération le contexte social et économique de ces familles. Le processus d’autonomisation familiale ne peut être atteint qu’à partir du moment où chaque famille peut avoir un accès facile aux services publics.
Pour aider SOS Villages d’Enfants à œuvrer pour l’enfance en détresse, faites un don sur www.sosve.org /
9
Parcours • Marie-Béatrice en concert. •
Aujourd’hui professeur de saxophone, Marie-Béatrice d’Anna, 42 ans, a passé son enfance avec ses frères et sœurs au village d’enfants SOS de Jarville-la-Malgrange. Une chance, selon elle, qui lui a permis de se construire et de nouer une relation forte avec sa sœur et son frère, mais aussi avec sa mère SOS, Madeleine.
Marie-Béatrice d’Anna, une enfance en musique arie-Béatrice d’Anna a à peine huit mois lorsqu’elle quitte Marseille pour rejoindre le village d’enfants SOS de Jarville-la-Malgrange. Avec son frère Marc, alors âgé de 3 ans, et sa sœur Elena, 5 ans, ils ont été éloignés de leur région d’origine dans l’attente d’une décision de justice. « En attendant le jugement de notre père, on nous a placés à Jarville afin de
M
prendre de la distance avec la famille, explique Marie-Béatrice d’Anna. Nous étions alors chacun dans une maison différente. Pour ma part, je résidais déjà chez Madeleine, que je considère aujourd’hui comme ma mère. Comme Elena et Marc voulaient me voir tous les jours, ils passaient eux aussi leurs journées dans la maison de Madeleine. Des liens très forts se sont alors créés entre elle et nous. »
10 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org
Une volonté inébranlable Vient le moment où Madeleine apprend que les enfants vont repartir au village SOS de Marseille, dès qu’une place se libère. « À ce moment-là, maman a décidé de demander à nous garder, encouragée par sa propre mère alors en phase terminale de la maladie d’Alzheimer », poursuit Marie-Béatrice. Pour y parvenir, Madeleine va faire preuve d’une volonté inébranlable. À l’époque, elle
• Marie-Béatrice (à droite) avec ses frère et sœur, et Madeleine, en 2005. •
avait déjà en charge une fratrie de neuf enfants et les responsables de l’association pensaient que cela représenterait trop de travail. Madeleine insiste, se bat et, finalement, obtient gain de cause. « Curieusement, sa propre mère, qui n’avait que de rares moments de lucidité, lui répétait de nous garder, que nous étions bien avec elle et qu’il ne fallait pas nous faire vivre un nouveau traumatisme. Elle ne cessait de lui dire “Pour eux, tu es leur mère désormais”. » La fratrie emménage alors toute entière chez Madeleine. Et les années passent, joyeusement. « Nous vivions comme une famille normale, sourit Marie-Béatrice. Je me souviens des soirs de Noël, des colos avec d’autres enfants du village, des parties de ping-pong dans la maison commune, des fins de journée où maman gérait le temps des jeux ou celui des devoirs. Elle comprenait que l’on puisse échouer à l’école, mais il était hors de question de ne pas travailler. C’était une éducation assez stricte, mais nous avons tous les trois réussi nos études ». Pour Marie-Béatrice, ce sera la musique, le conservatoire
et des études de musicologie et de saxophone. « J’ai toujours aimé la musique, se souvient-elle. Tout bébé, lorsque les plus grands allaient à l’école, je restais à la maison avec “ma mère” qui aimait beaucoup la musique. Installée dans mon landau, j’étais bercée au son de la musique classique pendant que maman faisait le ménage ou la cuisine. Ensuite, j’ai profité du piano installé dans la maison commune, de l’activité chorale organisée par Éliane, une autre mère SOS du village, ou encore de l’atelier guitare et chant proposé par l’un des directeurs. »
maison de vacances. Notre relation s’est encore renforcée. » Aujourd’hui, la quarantaine passée, Marie-Béatrice d’Anna porte un regard très positif sur sa vie au village SOS. « Nous sommes probablement plus équilibrés que si nous étions restés à Marseille, souligne-t-elle. Nous aurions pu résider chez nos oncles et tantes, mais séparément. Là, la fratrie est restée unie et nous avons pu nous construire sereinement. » Aujourd’hui, malgré la maladie qui frappe Madeleine, Marie-Béatrice, Marc et Elena en sont restés très proches. « J’essaie actuellement de faire en sorte qu’elle soit placée dans une maison spécialisée
À Noël, j’irai chercher Madeleine et nous passerons les fêtes dans le Sud, dans la belle-famille de mon frère. Elle a été là pour nous et nous voulons être là pour elle. Nous construire sereinement Désormais professeur de saxophone au sein des conservatoires de Saint-Cloud, Champigny et Rungis, en région parisienne, Marie-Béatrice d’Anna est restée très proche de sa mère SOS. « Je suis restée au village jusqu’en 3e, moment où maman et moi nous sommes retrouvées seules dans la maison, tous les autres ayant quitté le village SOS. Pour libérer la maison, nous sommes parties nous installer dans l’Aube où maman avait une
à Paris et non à Troyes, afin de pouvoir m’en occuper plus facilement, explique Marie-Béatrice. Pour les fêtes de fin d’année, nous veillons à ce qu’elle ne soit jamais seule. À Noël, j’irai la chercher et nous passerons les fêtes dans le Sud, dans la belle-famille de mon frère. Elle a été là pour nous et nous voulons être là pour elle. Nous ne la laisserons pas finir ses jours seule, sans être entourée de notre affection. C’est notre maman. »
/
11
Donateurs
« Cette histoire vous touchera parce que c’est aussi la vôtre » Gilbert Cotteau, fondateur de SOS Villages d’Enfants, nous raconte son extraordinaire aventure d’homme dans un livre à paraître chez Solar. L’aventure de SOS Villages d’Enfants a près de 60 ans. L’Europe dévastée par la Seconde Guerre mondiale se réveillait avec un défi sans doute unique dans l’histoire de l’humanité : tout était à reconstruire, à commencer par la paix et les vies des millions d’orphelins et de veuves que les millions de morts avaient hélas laissés derrière eux. L’histoire de SOS Villages d’Enfants est intimement mêlée à celle-ci.
• Gilbert Cotteau avec Anny Duperey, Laurence Ferrari et Pierre Pascal, lors du 50e anniversaire de SOS Villages d’Enfants. •
n’avait pas 22 ans, à poser les fondations de SOS Villages d’Enfants en France, est digne d’un roman d’aventure. Qui est cet homme, totalement inconnu et qui n’avait rien que son courage, pour avoir réussi à convaincre tant de gens de l’aider à construire des fondations aussi solides : anonymes, célébrités, anciens résistants, prix Nobel de la paix, jeunes volontaires, femmes sans famille, politiques, ouvriers, patrons… ?
La paix est toujours possible, par les enfants et pour les enfants. Ce qu’il a fallu de hasards miraculeux, de prises de conscience douloureuses, de caractère inflexible, de réconciliation, d’abnégation… pour en faire aujourd’hui une des premières, sinon la première, ONG privées au monde œuvrant pour la protection de l’enfance, devait être raconté. Le fait de pouvoir le lire sous la plume de Gilbert Cotteau, fondateur de l’organisation en France en 1956, est une chance extraordinaire. Comment ce garçon du Valenciennois, fort d’une extraordinaire foi dans l’autre et d’un irrésistible pouvoir d’indignation contre l’injustice du sort de tous les enfants malheureux, a réussi, alors qu’il
Tout est raconté dans cette histoire, exemplaire en ce qu’elle est humaine, extraordinaire en ce qu’elle est vraie. À travers la manière dont les ennemis d’hier se sont réconciliés en 1956 pour sauver tous les enfants, elle nous rappelle aujourd’hui que la paix est toujours possible, par les enfants et pour les enfants. Ce livre est en effet aussi d’une grande actualité parce qu’il y a encore des combats à mener partout sur terre pour que les enfants aient accès à l’état civil, pour qu’ils ne soient pas embrigadés dans des armées, pour qu’ils puissent jouer, aller à l’école, manger chaque jour, pour que frères et sœurs ne soient pas séparés quand la vie les a privés de parents... Cette histoire vous touchera parce que c’est aussi la vôtre, vous qui accompagnez notre organisation par votre attention fidèle et vos dons. Le récit de Gilbert Cotteau sera disponible dans toutes les librairies en février 2014 et peut être acheté en avant-première dès maintenant auprès de SOS Villages d’Enfants.
✂
FVE4XL À renvoyer avec votre règlement par chèque sous enveloppe affranchie à : SOS Villages d’Enfants – Catherine Iziquel, Relations donateurs et parrains – 6 cité Monthiers – 75009 Paris
MES COORDONNÉES (À INDIQUER EN MAJUSCULES) : ❑ Je commande un exemplaire du livre de Gilbert Cotteau. ❑ Je joins un chèque de 18,90 € pour l’achat et l’expédition de l’ouvrage dès que possible.
❑ M. NOM :
❑ MME ...................................................................................................................................
PRÉNOM :
........................................................................................................................
ADRESSE :
.......................................................................................................................
MAIL :
..................................................................................................................................
CODE POSTAL : VILLE : .................................................................................................................................
Conformément à la Loi Informatique et Libertés, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données personnelles vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amené à recevoir des propositions d’autres sociétés ou organisations. Si vous ne le souhaitez pas, vous pouvez cocher la case ci-contre ❑
BON DE COMMANDE
Qu’est-ce qui explique la solidité de ces fondations qui n’ont pas changé en 60 ans ? • l’extraordinaire métier de mères SOS, responsables de fratries qui dépassaient couramment 9 enfants, sans aucune expérience, sans appareils ménagers, avec si peu d’argent et tant de drames à panser… • les intuitions brillantes et le caractère inflexible avec lesquels ont été posés les principes de la résilience et de l’attache-
ment que théoriseraient plus tard les plus grands pédopsychiatres ; • ce mélange unique, dans la protection de l’enfance, d’amour et d’expertise ; • cette capacité à comprendre son temps et ses enjeux pour s’y adapter.