Villages de Joie - 225

Page 1

Nouveau ! / p 5

Parcours / p 10

Le monde de votre fratrie vous attend sur fratriepourlavie.com

Anny Duperey : une artiste formidable

Villages de joie juin 2013 / n° 225 / 2 €

LA REVUE DES DONATEURS

DOSSIER

Mères SOS : l’équilibre personnel, clé de l’engagement Favoriser l’épanouissement personnel des mères SOS, c’est favoriser l’épanouissement des enfants dont elles s’occupent. SOS Villages d’Enfants s’attache ainsi à mettre en place tout le soutien nécessaire à leur équilibre et leur bien-être. Responsables et mères SOS témoignent. onfrontés au sein de leur famille à de graves difficultés, sociales, psychologiques, etc., les enfants accueillis aujourd’hui, en France, dans les villages d’enfants SOS connaissent très souvent

C

www.sosve.org

des situations de grande souffrance. Pour bien les prendre en charge, les adultes doivent savoir se positionner. Améliorer la qualité de vie des enfants, favoriser leur « mieux-être », suppose en effet, avant tout, d’être soi-même équilibré et épanoui. « Le premier impératif

est d’éviter aux enfants de subir de nouvelles ruptures », souligne Ludovic Niccoli, directeur du village d’enfants SOS de Sainte-Luce-sur-Loire. D’où l’importance d’un engagement dans la durée. « Les mères SOS apportent une conjugaison de professionnalisme et

lire p 2, 3 »


Le mot du président

Favoriser les conditions d’épanouissement de nos collaborateurs

DOSSIER • Les temps de repos sont, pour les mères SOS, des temps de recul et de ressourcement. •

Dans le contexte d’une crise qui dure et semble même s’alourdir, la vie est de plus en plus difficile pour des millions de Français. Chacun lutte dès lors pour tenter de maintenir l’essentiel pour ses enfants et assurer leur existence matérielle. Mais il arrive aussi malheureusement que des parents très démunis et déshérités s’emportent jusqu’à la violence. Consciente de la gravité de ces comportements, notre association a souhaité porter un regard particulier sur ce problème. Nous savons que pour rendre heureux un enfant, il faut être heureux soi-même ou, en tous cas, avoir une approche positive dans sa vie personnelle et sociale. Pour favoriser cette attitude et la soutenir, notre association s’est engagée dans une démarche de bien-être au travail, qui s’applique bien sûr à celles et ceux qui sont en contact avec les enfants et jeunes au quotidien, mais aussi à l’ensemble des équipes. Cette démarche a été mise en œuvre au cours de l’année 2012 afin de favoriser les conditions d’épanouissement de nos collaboratrices et collaborateurs. Elle se poursuivra naturellement dans les années à venir. Nous ne doutons pas que les institutions et organismes en charge de la protection de l’enfance soient tous attentifs à cette dimension, que nous croyons essentielle pour les adultes eux-mêmes et pour les enfants qu’ils accueillent. PIERRE PASCAL

Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris / Tél. : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Viceprésidents : Jean-Pierre Rousselot, Michel Rémond / Directeur général et directeur de la publication : Gilles Paillard / Rédacteur en chef : François-Xavier Deler / Impression sur papier recyclé : Imprimerie FOT / Photos : Marko Mägi, Patrick Wittmann, Emmanuelle Lavenac, Katerina Ilievska, SOS Archives, Jens Honoré, Katja Snozzi, drfp/odilejacob, Paul Hahn, Mariantonietta Peru, Pugnet, Simon Hubert, SOS Villages d’Enfants, droits réservés / Publication trimestrielle éditée par SOS Villages d’Enfants / Abonnement annuel : 8 € Prix au numéro : 2 € / Commission paritaire : n° 0117 H 81095 – ISSN : 0243.6949 – Dépôt légal à parution / Cette revue est accompagnée d’un encart d’appel à dons (enveloppe, lettre et bulletins d’abonnement/don). 2 / Villages de joie / JUIN 2013 / N° 225 / www.sosve.org

» d’affection aux enfants, poursuitil. Si elles se sentent bien dans leur vie personnelle, elles seront plus à même de transmettre confiance, joie de vivre et tendresse. »

Une intégration progressive SOS Villages d’Enfants porte ainsi une attention toute particulière aux mères SOS, et cela dès le processus de recrutement. « Les mères SOS viennent d’horizons variés. Notre processus de recrutement est donc assez long, entre deux et trois mois, afin que chaque candidate dispose des délais de réflexion nécessaires avant de

Si elles se sentent bien dans leur vie personnelle, elles seront plus à même de transmettre confiance, joie de vivre et tendresse. s’engager sur le long terme, explique Sylvie Criquillion, directrice des Ressources humaines de SOS Villages d’Enfants. En outre, leur intégration dans le village SOS est progressive. La première semaine, elles accompagnent une mère SOS confirmée. La deuxième semaine, elles prennent en charge un pavillon en binôme avec une aide familiale. »

Pendant leur première année d’exercice, elles sont également épaulées par des mères SOS expérimentées, les « tutrices », qui leur prodiguent conseils et soutien. L’association a, par ailleurs, veillé à une organisation du travail qui préserve des temps de pause pour les mères SOS. Chacune travaille ainsi en binôme avec une aide familiale et dispose de ce fait d’une semaine de congé après trois semaines de présence auprès des enfants. Ce temps de repos constitue un temps de recul précieux, de ressourcement, pendant lequel la mère SOS quitte le village pour retrouver son propre domicile. Une écoute permanente La formation des mères SOS a aussi été entièrement repensée. Un cycle de formation de six semaines, étalées sur deux ans, débute après les six premiers mois d’activité. « Pour que la formation ne reste pas théorique et porte tous ses fruits, il est important d’avoir déjà été confronté aux difficultés des enfants », poursuit Sylvie Criquillion. Une offre de supervision est également proposée. Elle permet aux mères SOS de rencontrer une fois par mois un psychologue extérieur au village SOS, sans lien hiérarchique avec elle, pour des échanges qui restent confidentiels. « Nous organisons, par ailleurs,


Être mère SOS ne doit pas signifier vivre en autarcie !

• L’équilibre personnel passe aussi par les loisirs. •

chaque mois des séances d’analyse en groupe des pratiques de tous les salariés en contact avec les enfants. Animées par un professionnel de l’éducation ou un psychologue, elles permettent de faire le point sur les difficultés rencontrées », ajoute Ludovic Niccoli. Enfin, deux fois par an, toutes les personnes responsables des enfants d’un même pavillon se réunissent pour un bilan de fonctionnement. Le bien-être au travail Pour aller plus loin, un accord sur le bien-être au travail a été élaboré et signé en 2012. Il prévoit d’instaurer des moments de ressourcement d’une demi-journée environ permettant aux mères SOS d’exercer une activité de loisirs, sportive ou culturelle, pendant que les enfants sont à l’école. « Être mère SOS ne doit pas signifier vivre en autarcie !, précise Ludovic Niccoli. Les mères SOS peuvent recevoir

voisins et amis pour un apéritif ou un dîner dans leur pavillon, à condition que la direction en soit informée. » Certaines mères SOS vivent en couple ; leur conjoint réside avec elle dans la maison familiale pendant les périodes de travail et tous deux la quittent pendant

Nelly R., mère SOS, en couple avec Charlie « Toute l’équipe nous aide à garder une énergie positive » Mère SOS depuis huit ans au village SOS de Sainte-Luce-sur-Loire, Nelly vit aujourd’hui avec son compagnon Charlie, présent au pavillon tous les week-ends ainsi que certains soirs. « J’ai attendu plusieurs mois avant de présenter Charlie aux enfants, mais rapidement, ils ont réclamé sa présence. Ils ont bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une personne qui leur était imposée. Tout le monde y a trouvé son compte », commente Nelly. « Des liens se sont naturellement créés entre les enfants et moi, poursuit Charlie. Je n’ai pas de rapport d’autorité avec eux – sauf à de rares exceptions où il faut élever la voix – mais je leur apporte une présence masculine. » Tous deux ont aujourd’hui des enfants majeurs que les enfants qu’ils accompagnent connaissent et apprécient. « C’est, pour eux, un modèle positif de relations familiales sereines, poursuit Nelly. J’ai eu la chance de trouver un bon équilibre entre ma vie personnelle et mon engagement professionnel auprès des enfants, notamment grâce aux qualités humaines de l’équipe et de notre directeur. » Nelly et Charlie emmènent ainsi régulièrement les enfants du village SOS en vacances, jusqu’en Martinique même pendant l’été 2010 ! « C’était un beau projet, pour lequel nous avions économisé sur plusieurs années », se souvient Nelly.

les périodes de repos de la mère SOS. « SOS Villages d’Enfants reconnaît la place du conjoint : même s’il n’est pas intervenant à titre professionnel et n’a donc aucun lien d’autorité sur les enfants, il joue parfois un rôle actif dans la vie du pavillon. Nous avons de ce fait élaboré une charte du conjoint bénévole », ajoute Sylvie Criquillion. À toutes ces initiatives s’ajoutent beaucoup de discussions informelles : « Notre porte est toujours ouverte, nous restons en permanence à l’écoute », insiste Ludovic Niccoli.

Gabrielle B., mère SOS et maman d’un jeune garçon de 11 ans « Nous bénéficions d’un accompagnement de grande qualité » Gabrielle est mère SOS au village de Sainte-Luce-sur-Loire depuis août 2011. Elle y vit avec son fils de 11 ans, qui grandit ainsi aux côtés d’une fratrie de quatre frères et sœurs âgés de 5 à 12 ans. « Au départ, ce n’était pas facile, chacun cherchait ses marques. Mais la jalousie des premiers instants a vite laissé place à la complicité et les règles sont les mêmes pour tous. Mon fils a dû apprendre à partager sa maman et à reconstruire une vie car nous venions d’une autre région. Il est par contre inscrit dans une autre école que celle des enfants que j’accompagne », raconte Gabrielle. Avec les enfants de la fratrie accueillie, la relation est bien inscrite dans un cadre professionnel ; ceux-ci voient d’ailleurs leur mère biologique de temps en temps, selon les modalités préconisées par le juge. « Je suis là néanmoins pour répondre aux besoins de chacun, insiste Gabrielle, et un vrai lien s’est créé entre nous. L’aide familiale, les deux mères SOS “tutrices” du village, ou encore le dispositif de supervision, m’ont apporté un soutien précieux. »

/

3


En direct

Le Comité de la Charte, une garantie pour les donateurs Le Comité de la Charte du don en confiance œuvre depuis plus de 20 ans pour assurer aux donateurs toutes les garanties de rigueur et de transparence. Peu connu du grand public, il travaille aujourd’hui à consolider son efficacité au travers d’une plus grande notoriété. Chaque donateur doit pouvoir savoir ce que devient son argent. Chaque association doit pouvoir se plier à un contrôle et répondre à un devoir de transparence. » C’est sur ces postulats que le Comité de la Charte du don en confiance est créé en 1989 par de grandes associations et des fondations sociales. Le cœur de sa mission repose sur l’élaboration de règles de déontologie, l’agrément d’organismes qui s’engagent volontairement à respecter ces règles et, enfin, le contrôle continu des engagements souscrits.

«

Notre image doit illustrer notre rôle : un organisme qui contrôle et à qui on accorde sa confiance. Aujourd’hui, au travers de ses 79 associations agréées – dont SOS Villages d’Enfants – le Comité a posé de solides jalons à la confiance entre donateurs et organisations. « Depuis la création du Comité, aucun incident grave – mise en accusation, condamnation par exemple – ne s’est produit dans le paysage de ses organisations adhérentes, c’est un parcours sans faute ! », souligne son président, Gérard de la Martinière. 4 / Villages de joie / JUIN 2013 / N° 225 / www.sosve.org

Consolider son image auprès du public Si le travail du Comité est aujourd’hui reconnu grâce à son souci d’indépendance et de rigueur, il reste en revanche peu connu du grand public. « Notre notoriété est encore très insuffisante. Selon nos enquêtes, elle ne dépasse pas les 15 %. C’est pourquoi nous avons enclenché un important travail de réflexion en ce sens en 2011 », explique son président. En effet, œuvrer pour garantir aux donateurs l’assurance d’un don bien utilisé ne suffit pas si le public lui-même l’ignore. Le Comité fait alors appel à l’agence de graphisme Carré noir du groupe Publicis afin de travailler à une nouvelle identité visuelle. Début 2013, une nouvelle marque d’agrément « Don en confiance » voit le jour. Apposée sur les documents des organisations agréées, elle est immédiatement identifiable. La couleur bleue de la nouvelle marque garantit une continuité visuelle avec la précédente et l’ancien rectangle du logo est remplacé par un cercle, « qui figure l’image du sceau, du tampon qui valide. Notre image doit illustrer notre rôle : un organisme qui contrôle et à qui on accorde sa confiance », commente Gérard de la Martinière. Une question de confiance Car la confiance est l’élément essentiel, central même, dans l’acte du don et la philanthropie. Attentif aux donateurs, le Comité de la Charte a créé depuis 2007 un observatoire de


la confiance qui, au travers de sondages, construit études et analyses sur le sujet. Le Comité de la Charte, c’est : Selon le dernier baromètre • 130 bénévoles publié en septembre 2012, • 87 membres (organisations les attentes des donateurs et personnalités qualifiées) se cristallisent autour de la • + de 500 contrôles effectués depuis sa création bonne gestion des fonds et l’utilité sociale des actions • 600 000 € de budget annuel menées par les associations • 5 salariés et fondations. « Les per• 79 associations et fondations sonnes ne peuvent procéagréées der par elles-mêmes à des investigations. Il est important qu’elles puissent s’appuyer sur une relation de confiance. Or, cette confiance est fragile, elle se construit sur les on-dit, les ouï-dire… C’est là que nous intervenons, souligne le président. Nous devons apporter aux donateurs la garantie que les éléments de confiance sont bien réunis. C’est-à-dire que l’association représente une cause d’intérêt général, que ses dirigeants exercent leur mandat de façon honnête et désintéressée, que la gestion est rigoureuse et transparente, et qu’enfin la communication de l’organisation est claire et s’inscrit dans le respect de la personne humaine. »

En chiffres

Une garantie d’indépendance Autre levier de confiance important pour les donateurs : l’indépendance du Comité de la Charte vis-à-vis des organisations qu’il contrôle. « En 2008, une réforme statutaire a prévu que la majorité du Conseil d’administration soit

constituée de personnalités qualifiées indépendantes des organisations agréées pour asseoir la crédibilité externe du Comité ; les autres administrateurs représentent les membres, ce qui permet un dialogue constructif au sein du Conseil », souligne Gérard de la Martinière. Les contrôleurs sont par ailleurs des professionnels bénévoles et indépendants, généralement en fin de carrière, qui ne doivent avoir aucun lien avec les organisations contrôlées. Parmi eux, d’anciens avocats, des ambassadeurs, des comptables du Trésor, des juges, etc., qui bénéficient ensuite d’une formation ciblée sur la connaissance des textes du Comité de la Charte et la pratique du contrôle. « Notre attractivité se confirme par le nombre croissant des bénévoles qui nous rejoignent. Nous sommes passés de 50 à 130 bénévoles ! Voilà une preuve significative de l’importance de notre rôle et de notre légitimité », se réjouit Gérard de la Martinière. Aujourd’hui, dans un contexte économique et social difficile, le rôle du Comité de la Charte est plus que jamais d’actualité. « Les sources de finances publiques se raréfient. Il existe un réel besoin de développement de la générosité et de la philanthropie. Le rôle du Comité s’inscrit parfaitement dans cette dynamique », conclut son président. SOS Villages d’Enfants est membre du Comité de la Charte du don en confiance depuis 1992. Gilles Paillard, son directeur général, préside le Comité de déontologie du Conseil d’administration du Comité de la Charte.

A C T U A L I T Éen bref… • 100e Tour de France : l’incroyable défi de Stéphane Viseux pour SOS Villages d’Enfants

> Du 23 au 28 juin 2013, Stéphane Viseux pédalera sur les traces de Maurice Garin, 1er vainqueur du Tour, en empruntant le même parcours, soit 2 428 km, en six jours et en solitaire : un challenge exceptionnel entièrement dédié aux enfants, qui y seront associés, certains suivant Stéphane Viseux en voiture. À suivre sur : www.sosve.org ou http://www.defisv-sosve.blogspot.com

www.sosve.org

• Mali : situation d’urgence à Mopti > Dans la région de Mopti, SOS Villages d’Enfants Mali a lancé un programme d’urgence en faveur d’un millier de familles déplacées, auquel SOS Villages d’Enfants France participe à hauteur de 150 000 €. Les enfants du village SOS de Mopti sont toujours en sécurité dans les villages SOS de Sanankoroba et Kita. La construction du 4e village SOS à Khouloum, près de Kayes, se poursuit. Des enfants ont déjà été accueillis en urgence dans des maisons en dehors du village et un programme de renforcement de la famille a été mis en place pour les familles les plus démunies. Premières maisons.

• Nouveau ! Le monde de votre fratrie vous attend sur fratriepourlavie.com

> SOS Villages d’Enfants sait que le lien fraternel est la relation humaine la plus durable et qu’elle est aussi l’une des plus riches. Aussi notre association a-t-elle voulu valoriser cette relation unique avec fratriepourlavie.com, un réseau social de partage, de création et de messagerie : chaque fratrie peut partager ses informations, ses souvenirs et ses photos, en toute confidentialité. Ce site est facile d’accès et gratuit. Rendez-vous sur : www.fratriepourlavie.com

Commandez l’agenda SOS Villages d’Enfants 2013/2014 (15 €) : ciziquel@sosve.org /

5


ZOOM

Collectez des dons en ligne avec Alvarum Vous souhaitez collecter simplement des dons en faveur de SOS Villages d’Enfants ? Il suffit de créer son propre événement sur la plateforme de collecte en ligne Alvarum, dont l’association est partenaire. Explications.

lvarum est un site internet spécialisé dans la collecte de dons en ligne au profit d’associations caritatives. Utilisée par les entreprises comme par les donateurs individuels, la plateforme fonctionne de manière très simple : quelques clics suffisent pour créer gratuitement sa page de collecte personnalisée autour de l’événement de son choix et indiquer l’association qui sera bénéficiaire des dons. Vous pouvez ensuite fournir l’adresse de la page à toutes vos relations, en les encourageant à effectuer un don : famille, amis, collègues de travail, directement ou par courriel, sur votre page Facebook, via Twitter, etc. Chacun peut également devenir collecteur et multiplier ainsi les opportunités de dons auprès de sa propre communauté. Alvarum garantit des dons en ligne parfaitement sécurisés et les reverse chaque mois aux associations partenaires désignées comme

A

Alvarum en chiffres 2008 : année de lancement de la plateforme Plus de 300 associations partenaires en France, Pays-Bas, Belgique et Allemagne 500 € collectés en moyenne par personne 20 000 € collectés en moyenne par association la première année

6 / Villages de joie / JUIN 2013 / N° 225 / www.sosve.org

Comme je n’avais encore jamais couru de marathon, j’ai décidé de donner plus de sens et de motivation à mon entraînement en collectant des fonds – J ÉRÔME BOURDAIS pour SOS Villages d’Enfants. bénéficiaires. Un reçu fiscal est automatiquement adressé à chaque donateur. Donner du sens aux événements de la vie Les activités les plus diverses, ludiques ou sérieuses, festives ou sportives, peuvent être prétexte à une opération de collecte. À l’occasion d’un anniversaire, d’une naissance ou encore d’un pot de départ, vous pouvez ainsi transformer vos cadeaux en dons. La collecte en ligne est idéale pour donner du sens à un challenge personnel ou à un événement sportif auquel vous souhaitez participer. Ainsi, Stéphane Viseux (1), ancien sportif de haut niveau, a collecté 2 400 euros de dons en 2012 en réalisant un tour de France en solitaire, soit plus de 4 000 km à vélo. En juin 2013, un nouvel exploit sportif est inscrit à son agenda, relayé par Alvarum : refaire en solitaire le parcours du premier Tour de France organisé en 1903 en six étapes, soit plus de

2 400 km en six jours, toujours au profit de SOS Villages d’Enfants. Jérôme Bourdais (2), directeur des opérations au Renaissance Paris Hôtel Le Parc Trocadéro (hôtel du groupe Marriott), a pour sa part choisi de courir le marathon de Paris, le 7 avril dernier. Il décide d’ouvrir une page dédiée sur Alvarum. « Il s’agissait tout d’abord d’une initiative personnelle. Comme je n’avais encore jamais couru de marathon, j’ai décidé de donner plus de sens et de motivation à mon entraînement en collectant des fonds pour SOS Villages d’Enfants. Le groupe Marriott, très investi dans la collecte de dons et partenaire de l’association, a ensuite décidé de me soutenir, ce qui m’a permis de toucher beaucoup plus de monde », explique Jérôme Bourdais. (1) www.alvarum.com/stephaneviseux2 (2) www.alvarum.com/bourdaisjerome + d’infos sur www.alvarum.fr


Info

Entretien

Info partenaires

« Le soutien affectif et le sens sont les deux notions clés de la résilience » Neurologue, psychanalyste et éthologue, Boris Cyrulnik a introduit en France le concept de résilience, cette capacité de l’individu à reconstruire son existence après des expériences traumatisantes. Dans le cadre de la protection de l’enfance, la fratrie peut-elle être une source de résilience ? Ses réponses. Lorsqu’une fratrie est placée, les mécanismes propices à la résilience peuvent-ils s’appliquer ? Dans ce contexte spécifique et d’une façon générale, chaque enfant sert de socle de résilience aux autres. La fratrie se solidarise car la simple présence des frères et des sœurs crée un sentiment de sécurité et de familiarité indispensable pour reconstruire l’existence de chacun. Bien sûr, chaque enfant réagit différemment au traumatisme vécu, en fonction de sa personnalité en construction. Un même événement aura chez l’un valeur de traumatisme et chez l’autre de stimulus. Souvent, je constate qu’un leader de la résilience s’individualise au sein de la fratrie. C’est autour de ce « manager » du groupe prenant le relais des parents qu’une néo-famille se constitue où chacun renforce l’autre. Quelles sont les conditions indispensables à cette résilience ? Idéalement, il faut que chaque enfant ait acquis un attachement confiant et l’aptitude à mentaliser ses émotions et ses envies avant le traumatisme familial qui aboutit au placement. Autrement dit qu’il sache expliquer ce qu’il vit aujourd’hui et comment il s’imagine dans le futur. Après le traumatisme, il y a deux notions clés : le soutien affectif et le sens. Le soutien affectif peut être apporté par un membre de la fratrie ou par un tuteur de résilience. Il en existe de deux sortes : les tuteurs explicites que sont les éducateurs, les assistantes sociales… Et les tuteurs implicites, c’est-à-dire les adultes que les enfants se choisissent pour parler de ce qu’ils ont vécu et auprès desquels ils trouvent une écoute et du réconfort. Un moniteur de sport, un musicien par exemple. Ensuite, pour que la résilience se développe, il faut que ce soutien affectif s’intègre dans le cadre d’un projet de vie. Cela donne un sens à la souffrance de l’enfant, lui permet de ne plus en être prisonnier et lui ouvre des perspectives d’évolution. Dans ce contexte, peut-il être possible que la résilience échoue ? Il arrive, même si ce sont des cas exceptionnels, que certaines fratries placées ne parviennent pas à nouer cette solidarité intime dont je parlais, chaque membre rappelant trop aux autres le vécu commun de maltraitance. Ces enfants se sentent souvent coupables de n’avoir pas su protéger une mère, une sœur, un petit frère et mettent toute leur énergie à fuir ce passé douloureux. Ce mécanisme de défense les protège ponctuellement, mais constitue à moyen et long terme une amputation de leur personnalité. Car ils devront, à un moment ou un autre, affronter ce vécu difficile pour ensuite s’engager sur la voie de la reconstruction. À lire : Sauve-toi, la vie t’appelle, de Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob, 2013.

partenaires Fonds d’Action NÉGOBOIS

Bâtir l’avenir des enfants

Partenaire historique de SOS Villages d’Enfants depuis 2001, le fonds d’Action NÉGOBOIS a remis un chèque de 175 000 € à SOS Villages d’Enfants pour contribuer au programme d’éco-rénovation du village d’enfants SOS de Marseille qui a fêté ses 40 ans l’année dernière. En plus de ce formidable soutien financier, ces professionnels du bâtiment (industriels et négociants) mettent toute leur expertise et leur réseau de professionnels à la disposition de l’association pour la faire bénéficier de dons en nature et de mécénat de compétences.

Cuisinella

« Des cuisines qui donnent envie » pour les villages d’enfants SOS Engagée durablement aux côtés de SOS Villages d’Enfants, l’enseigne Cuisinella renouvelle son soutien à travers un produit-partage : pour chaque achat d’une cuisine Star, 15 € sont reversés à l’association. Les fonds collectés cette année permettront d’équiper et de rénover les cuisines du village SOS de Marseille qui bénéficie d’un vaste programme d’éco-rénovation. www.cuisinella.com •

HSBC

HSBC France renouvelle son soutien à SOS Villages d’Enfants HSBC aide les jeunes générations, issues de milieux défavorisés ou isolées, par une politique de mécénat engagée en matière d’éducation. En particulier, HSBC soutient SOS Villages d’Enfants depuis 2008 grâce aux parrainages de ses clients et vient de renouveler son contrat de mécénat pour 2013. www.hsbc.fr •

Neopost

Offrir des maisons plus confortables Engagée aux côtés de SOS Villages d’Enfants depuis 2007 à travers une opération de produit-partage, Neopost renouvelle son soutien à travers un produit-partage pour toute signature d’un nouveau contrat de machine à affranchir. Les fonds collectés cette année, comme en 2012, contribuent à la rénovation du village SOS de Neuville qui vient de fêter ses 50 ans. www.neopost.fr • www.sosve.org

/

7


Enquête

Crises alimentaires mondiales : l’espoir est-il – encore – permis ? En quatre ans, trois crises alimentaires majeures se sont succédé. Hier principalement liées aux soubresauts du climat, les famines et pénuries s’expliquent aujourd’hui à l’aune de paramètres à la fois sociaux, économiques et politiques. Des réponses globales et locales sont mises en œuvre. arler de la crise alimentaire dans le monde, c’est d’abord prendre conscience d’une terrible arithmétique. Une personne sur six dans le monde souffre de la faim, soit près d’un milliard de personnes. Et, selon un rythme qui ne faiblit pas, un enfant meurt de malnutrition toutes les cinq secondes. Chaque année, plus de cinq millions d’enfants de moins de cinq ans décèdent de causes liées à la faim. Et tous les soirs, une personne sur huit se couche le ventre vide (1). Les trois dernières crises alimentaires majeures à l’échelle mondiale survenues en 2007, 2008 et 2011 ont aggravé ces statistiques. Et ce sont les continents asiatiques et africains qui paient le plus lourd tribut.

P

Les crises alimentaires sont devenues structurelles Comment expliquer cette aggravation de la faim dans le monde au cours des cinq dernières années ? Contrairement à une idée reçue, les causes fondamentales ne peuvent plus se résumer aux conséquences de la guerre ou des catastrophes naturelles. Selon la Food and Agriculture Organization (FAO) (2), ces deux facteurs limitent certes de façon importante l’accès à l’alimentation, mais ils ne touchent que 10 % des personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique. Aujourd’hui, la plupart des experts s’accordent à dire que les causes fondamentales de la sous-alimentation sont les exclusions politiques et économiques, les injustices sociales et les discriminations. Par ailleurs, la spéculation sur les matières premières (comme le riz, le blé, le maïs, base de l’alimentation de millions de personnes) conjuguée au développement des biocarburants entraîne une flambée brutale des prix (jusqu’à 90 % parfois) insupportables pour des populations ne disposant souvent que d’un dollar par jour pour vivre.

Dès le début de la crise alimentaire de 2008, la Banque mondiale a fait de l’agriculture une priorité, en doublant son volume de prêt pour le secteur agricole en Afrique. Des réponses aux niveaux mondial et local Dès le début de la crise alimentaire de 2008, la Banque mondiale a fait de l’agriculture une priorité, en doublant son volume de prêt pour le secteur agricole en Afrique (de 400 millions à 800 millions de dollars USD). Pour coordonner les réponses des organisations internationales à la crise alimentaire, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a créé une cellule de crise spéciale regroupant les dirigeants des agences des Nations unies, des institutions financières internationales et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Deux objectifs principaux définissent son cadre de réflexions : soutenir à long terme les investissements dans l’agriculture afin de permettre aux populations de résister aux crises alimentaires et s’assurer que l’assistance d’urgence soit toujours disponible.

8 / Villages de joie / JUIN 2013 / N° 225 / www.sosve.org

Face à cette volonté de construire à moyen terme un nouvel ordre alimentaire mondial, des initiatives locales se multiplient. Ainsi, la répercussion des prix aux consommateurs est limitée dans certaines régions du monde grâce à la mise en place de subventions alimentaires par certains pays : le Niger ou le Sénégal, par exemple, achètent depuis plusieurs années des intrants agricoles (les engrais, les semences) pour stimuler la production de riz locale. En 2012, le Malawi a engagé, avec un certain succès, une démarche similaire pour le maïs. Sous l’impulsion du Programme alimentaire mondial (lire l’interview), des petits producteurs regroupent leurs récoltes pour constituer des banques céréalières, comme en Casamance au Sénégal. Une démarche qui contribue à la qualité des productions et à un stock minimum d’alimentation et de semences en cas de sécheresse.


3 questions à… Elisabeth Byrs, porte-parole à Genève du World Food Program ou Programme alimentaire mondial (PAM)

URGENCE MALI Nous avons besoin de vous ! • Plus de 2 millions de personnes menacées d’insécurité alimentaire • 660 000 enfants de moins de 5 ans menacés de malnutrition aiguë SOS Villages d’Enfants lance un programme d’urgence en faveur de 12 000 bénéficiaires dans la région de Mopti. www.sosve.org Des phénomènes mondiaux de compensation Du point de vue des marchés, l’avenir des prix des céréales n’est pas nécessairement aussi sombre que celui prédit après les crises alimentaires de 2007 et 2008. L’an passé, les prix mondiaux du blé et du maïs, bien qu’élevés, sont restés stables eu égard à une augmentation des réserves des pays de l’hémisphère sud comme l’Argentine, le Brésil et l’Afrique du Sud. Certains experts se disent « optimistes concernant la reprise des grandes importations de blé originaire d’Inde, qui représentent environ 6,5 millions de tonnes, et de productions records de maïs en provenance du Brésil – à hauteur de 22 millions de tonnes – qui améliorent la situation mondiale de l’offre et la demande de céréales ». Selon le ministère de l’Agriculture américain, la baisse des réserves mondiales de blé est également compensée par des stocks plus volumineux en Iran, en Corée du Sud et en Ukraine. Il est donc permis de penser qu’une articulation pertinente entre gouvernance mondiale et déclinaisons de mesures locales pourrait mobiliser les énergies et les crédits nécessaires pour faire face à l’un des défis majeurs du XXIe siècle.

« Les organisations internationales ont su tirer les leçons des crises de 2007 et de 2008 » Peut-on, selon vous, prévenir les crises alimentaires ? Les organisations internationales telles que le PAM et les gouvernements ont su tirer les leçons des graves crises alimentaires de 2007 et 2008. De fait, lorsque la crise de 2011 a émergé au Sahel, nous étions mieux préparés pour y faire face. Notamment avec la création en 2008 d’une « Task force » de haut niveau par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour apporter une réponse unifiée à la gestion des crises alimentaires et à la montée des prix. Le principe directeur pour organiser la sécurité alimentaire dans le monde, acté par l’ONU, est la « résilience ». Pour construire cette résilience, l’ONU et ses partenaires, en collaboration avec les gouvernements, renforcent les capacités des populations à amortir les chocs des crises au travers de différents programmes de soutien financiers, logistiques, techniques, afin d’éviter des souffrances inadmissibles. Quand vous dites que la communauté internationale est mieux préparée, de quels outils dispose-t-elle concrètement ? Nous avons désormais une véritable visibilité sur les stocks mondiaux de riz, de blé et de maïs, par ailleurs beaucoup plus importants qu’en 2008. Dans le cadre du Plan d’action sur la volatilité des prix alimentaires et sur l’agriculture du G20, un Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) a été créé. Il a pour vocation de surveiller les marchés des denrées alimentaires et d’améliorer la transparence des pratiques. C’est en quelque sorte un dispositif d’alerte précoce. Un « Forum de réaction rapide » lui est rattaché. Sa fonction est de coordonner une réponse internationale cohérente et véloce en cas de fluctuations anormales sur les marchés. Ce dispositif a largement contribué à la stabilité actuelle du prix du riz, une céréale qui nourrit des millions de personnes.

(1) Source : Programme alimentaire mondial (PAM).

Quelles initiatives le PAM a-t-il pris pour contribuer à la sécurité alimentaire et donc à l’amélioration des conditions de vie des populations ? Un programme de « Cantines scolaires » a permis en 2011 à 2,8 millions d’enfants scolarisés de bénéficier d’un déjeuner à l’école et de repartir tous les soirs chez eux avec une portion alimentaire pour cinq personnes. Cela évite l’absentéisme scolaire, notamment des petites filles, et participe à l’éducation des nouvelles générations. Notre programme pilote « Achats au service du progrès », d’une durée de cinq ans dans 21 pays, aide les petits exploitants agricoles à commercialiser leurs récoltes de façon rentable et renforce leurs capacités techniques dans des domaines comme la manutention après récolte, le contrôle de la qualité, la gestion d’entreprise. En achetant leurs denrées à des prix stables et fiables – 53 millions de dollars en quatre ans, le PAM soutient le développement de ces pays et la qualité de vie au quotidien de la population. C’est aujourd’hui tout l’enjeu de la gestion des crises alimentaires mondiales.

(2) Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation.

+ sur

http://fr.wfp.org

/

9


Parcours

• En 2012, Anny publie Le poil et la plume, un récit autobiographique dans lequel elle parle de son amour pour les animaux et de la résonance de cette relation avec son enfance. •

Le soir, Anny Duperey est La Folle de Chaillot sur les planches de la Comédie des Champs-Élysées (1). Le jour, la comédienne est écrivain, aime les chats et connaît la joie d’être grand-mère… Elle est aussi marraine de SOS Villages d’Enfants depuis plus de 20 ans.

Une artiste formidable… ’est une longue silhouette de femme aux yeux bleu sombre qui ressemble à ces iris sauvages qu’on voit sur les collines. Le vent les pousse, les tord parfois, eux se baissent, se plient puis resurgissent, la tête haute, leurs pétales d’un violet bleuté, à peine froissés par les rafales de pluie. À 66 ans, Anny Duperey a une énergie qui ne brûle pas seulement les planches. Et cela ne date pas d’hier.

C

Celle qui fut Hélène dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu a joué sur les planches sous la direction de Jean-Louis Barrault, tourna avec Godard, Resnais ou Pollack, semble réussir tout ce qu’elle entreprend. Le geste consolateur de l’écriture Car elle joue oui, mais pas seulement. Elle sait aussi chanter, peut faire des figures au trapèze et puis écrit. Depuis

10 / Villages de joie / JUIN 2013 / N° 225 / www.sosve.org

toujours. Très jeune, elle écrit beaucoup, des lettres surtout à sa tante qui l’a élevée. En 1975, paraît son premier roman, L’Admiroir, couronné par l’Académie française. Mais c’est seulement des années plus tard, à 30 ans, qu’elle publie une autobiographie, Le Voile noir, dans lequel elle tente de se retrouver à travers les clichés de son père photographe, Lucien Legras. Suivra Je vous écris, en réponse aux lettres abondantes de ses lecteurs.


Mais elle ne s’étonne pas. « J’ai l’impression d’avoir continué à faire exactement la même chose que ce que je faisais à l’école, quand j’étais petite », confie-t-elle. Pourtant, à l’entendre évoquer son enfance, coupée à 8 ans par la mort brutale de ses parents, sa scolarité de mauvaise élève, on se dit que rien n’était évident. Sauf que… justement. Elle découvrira « le geste consolateur de l’écriture, celui qui permet d’exprimer sa douleur en mots et en signes ».

Mon engagement auprès de SOS Villages d’Enfants est celui dont je suis la plus fière, la plus intimement et profondément convaincue de son utilité… –A N N Y DU PER E Y

« J’adorais recopier, retracer, cela me rassurait », explique-t-elle. Malgré ses piètres résultats scolaires, Anny Legras se distingue en composition française et en dessin. Alors qu’elle s’apprête à tripler sa 4e, elle passe le concours des BeauxArts et, guidée par un conseiller d’orientation qui redoute qu’elle ne perde « le contact avec les mots », entre en parallèle au conservatoire d’art dramatique de Rouen. Deux ans plus tard, à 17 ans, elle en sort avec un premier prix de comédie, file à Paris dans la classe de René Simon, change son nom, s’inspirant de celui du mari de sa grand-mère – Duperray. Et tout s’enchaîne. À la télévision, elle reste fidèle à Catherine Beaumont, mère de cette Famille formidable, la série à succès. Le réalisateur, Joël Santoni, est comme elle un orphelin… « Ce n’est sans doute pas tout à fait un hasard », rappelle la comédienne. Une intuition particulière Elle explique pourtant qu’elle n’a jamais rien projeté, rien rêvé, non, rien de comparable à ceux qui veulent être des stars et se voient déjà en haut de l’affiche. Elle se dit d’ailleurs « incapable, encore aujourd’hui, de se projeter dans l’avenir ». Quand on lui demande quel est le moteur qui la propulse ainsi, elle confie qu’elle a toujours été « prête, réceptive au présent », ultra réceptive même puisqu’elle ose dire qu’elle a cette intuition un peu particulière,

• En 2010, Anny et sa fille, Sara Giraudeau, sont réunies sur les planches pour jouer Colombe de Jean Anouilh. •

celle des « résilients », selon le terme de Boris Cyrulnik avec qui elle aime échanger. Elle parle d’ailleurs de ses « antennes » qui permettent de ressentir et de pressentir : « Je pense que les enfants qui ont eu un traumatisme important, comme les orphelins par exemple, ont cela. Il m’arrive souvent d’avoir des prémonitions… » Car Anny Duperey n’a rien oublié de l’essentiel. Même s’il lui a été difficile de se poser dans un lien familial sans craindre le malheur ou la mort, elle arrive enfin, grâce à ses deux enfants et à sa petite-fille Mona, à s’inscrire dans une véritable filiation, ce qu’elle nomme « l’âge d’or de la famille : celui où on

est là, nombreux, souriants, sur les photos de famille ! » De son enfance, elle n’oublie pas non plus sa séparation d’avec sa sœur, à la mort de ses parents… Une trajectoire qui l’a conduite naturellement en 1993 à devenir marraine de SOS Villages d’Enfants. Comment ne pas soutenir cette « grande œuvre de réunir les fratries », écritelle, pour qu’elles connaissent le bonheur de grandir ensemble ? « C’est l’engagement dont je suis la plus fière, la plus intimement et profondément convaincue de son utilité… » (1) La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, à la Comédie des Champs-Élysées.

/

11


Donateurs

Vous êtes nombreuses et nombreux à vous interroger sur les démarches à entreprendre pour faire un legs ou une donation au bénéfice de notre association. Entretien avec Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants France depuis 20 ans.

« Chaque legs est un vrai geste de protection de l’enfance »

Je comprends ; alors que représente un legs pour un testateur selon vous ? Je vous parlerai en tant qu’homme, et non en tant que président de SOS Villages d’Enfants, de ce moment qui vient tôt ou tard, où chacun réfléchit à ce qu’il va laisser

après son passage sur terre. Lorsqu’on en est là, on ne réfléchit jamais en stricte valeur matérielle. Parce qu’il rappelle tous les efforts et l’amour qu’on aura déployés pour construire sa vie, un bien témoigne aussi de ce qu’on a fait, de ce qu’on a été et de ce qu’on sera à travers lui. Sa valeur est surtout dans le bien qu’il peut encore faire et dans le sens qu’il aide à donner à notre vie. Je ne vous cache pas que je préfère ce sens du mot « bien » ! Tout le sens d’un legs est là : c’est la décision que chacun prend pour vivre très longtemps dans le cœur et dans le souvenir de personnes de son choix. C’est pour cela qu’aucune vie n’est dérisoire, aucun bien n’est insignifiant et aucun testament n’est négligeable. C’est comme un regard ou une attention : quoiqu’ils soient intangibles, la volonté qui les porte donne à certains une force extraordinaire. Pourquoi insister tant sur « l’intangible » ? Mais parce que c’est ce qui nous survit… bien plus longtemps et plus sûrement que le matériel. Il y a quelques semaines, une dame de plus de 90 ans est venue nous rendre visite dans nos bureaux parisiens. Elle s’est donné la peine d’un long déplacement pour nous rencontrer parce qu’elle voulait connaître les femmes

DEMANDE D’INFORMATION

et les hommes à qui elle envisageait de confier une partie de son héritage. Dans le moment que nous avons partagé ce jour-là, chacun a compris l’enjeu de cette visite à travers les mots simples et chaleureux échangés : la confiance, la foi dans le bonheur, le respect de la vie et de la dignité de chacun.

Un legs, c’est à la fois de l’amour et des moyens ; les deux sont indissociables. – P IERRE PASCAL

Mais un legs sert aussi votre mission d’une manière très concrète n’est-ce pas ? Oui et c’est cela qui est formidable : un legs, c’est à la fois de l’amour et des moyens ; les deux sont indissociables. Chaque legs est un vrai geste de protection de l’enfance parce qu’il lui manifeste de la bienveillance et parce qu’il contribue à l’accueil de plus d’enfants, à la formation de plus de « mères SOS », à la construction de plus de « villages SOS »… Chaque testateur est un authentique protecteur de l’enfance dont la confiance et la générosité nous touchent de manière extraordinaire. À chacun, je voudrais dire un grand merci !

Coupon à retourner dûment rempli, sous enveloppe affranchie à :

FVE2LG

SOS Villages d’Enfants - Service Legs et donations - 6, cité Monthiers - 75009 Paris

❑ OUI, je souhaite recevoir gratuitement et sans engagement de ma part la brochure d’information sur les legs, donations et assurances-vie en faveur de SOS Villages d’Enfants.

MES COORDONNÉES (À INDIQUER EN MAJUSCULES) :

❑ OUI, je souhaite que le responsable des legs et donations me contacte par téléphone.

NOM :

❑ M.

❑ MME ...................................................................................................................................

PRÉNOM :

........................................................................................................................

ADRESSE :

.......................................................................................................................

Ces informations resteront confidentielles et ne vous engagent en aucun cas de façon définitive.

CODE POSTAL : VILLE : ................................................................................................................................. TÉL. :

Conformément à la Loi Informatique et Libertés, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données personnelles vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amené à recevoir des propositions d’autres sociétés ou organisations. Si vous ne le souhaitez pas, vous pouvez cocher la case ci-contre ❑

Que représentent les legs pour SOS Villages d’Enfants ? Je pourrais vous donner des chiffres pour vous démontrer à quel point les legs sont importants pour SOS Villages d’Enfants. Mais au-delà, il y a quelque chose de vraiment essentiel : c’est le sens de ce geste de générosité qui relie chaque testateur à chaque enfant de notre organisation. Ce lien-là, qui se nourrit d’amour et d’espérances et qui va permettre d’entretenir l’amour et les espérances des enfants, a une valeur inestimable. Expliquer à des enfants séparés de leurs parents pour des raisons graves ce que leur enfance redevenue heureuse doit à des adultes bienveillants les aide à reprendre confiance en la vie et à croire qu’ils pourront euxmêmes être de belles personnes. C’est pour cela qu’on ne peut pas répondre à votre question sur ce que représentent les legs pour notre association, sans s’interroger sur ce qu’ils représentent d’abord pour chaque testateur.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.