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Marchés Européens:France

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FRANCE L’économie française doit se

ROYAUME-UNI ALLEMAGNE préparer à un atterrissage brutal. L’attaque de la

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ITALIE Russie contre l’Ukraine et sa

SUISSE myriade de conséquences

PORTUGAL bousculent tous les scénarios

ESPAGNE établis jusqu’ici par les conjoncturistes. Si l’exécutif maintient, pour l’instant, son estimation d’une hausse de 4 % du PIB en 2022, tous sont en train de revoir leurs prévisions à la baisse. La Banque de France table désormais sur une croissance de 2,8 % en fonction des cours du baril de pétrole. La progression de l’activité pourrait se situer entre 2,5 et 3 % , loin des 7 % affichés l’an dernier. En général, après un choc sur les prix de l’énergie et des matières premières comme celui qui découle du conflit en Ukraine, on assiste rapidement à un ralentissement brutal de l’économie. Après un mois de conflit, l’économie française commence à ressentir fortement les conséquences de la guerre en Ukraine. Le moral des chefs d’entreprise a d’ailleurs chuté de 6 points en un mois, selon l’Insee. Cette rupture est particulièrement marquée dans l’industrie en raison des pénuries, des hausses de prix et des sanctions contre Moscou. L’institut Rexecode prévoit même une croissance de seulement 0,4 % en 2023. Un chiffre frappant, mais que les candidats à la présidentielle ne semblent absolument pas prendre en compte. En effet, en parallèle de la Guerre en Ukraine, la France connait une année 2022 particulière, puisqu’il s’agit d’une année présidentielle avec l’élection du nouveau chef de l’Etat au mois d’avril. De nombreux candidats promettent des aides censées protéger le pouvoir d’achat face à l’inflation. Ces promesses de dépenses semblent cependant manquer de financement concret et se basent toutes sur des hypothèses de croissance trop optimistes. Emmanuel Macron, président actuel et candidat à sa réélection, prévoit dans son programme une croissance 2023 à 1,8 %, tandis que beaucoup de candidats n’affichent même pas leurs scénarios. Les potentiels présidents de la République exposent leur programme en partant, pour la plupart, d’une situation équilibrée, alors que le déficit va dépasser les 5 % en 2022. Outre une croissance en berne, les taux d’intérêt sont repassés, le 24 mars dernier, au-dessus de 1 % pour la dette française, et cela pour la 1ère fois depuis plus de 4 ans. Les programmes économiques des candidats ne prennent donc aucun compte du contexte de guerre actuel qui, pourtant, semble être parti pour durer, avec des conséquences qui vont encore s’accentuer. Le problème de déficit n’imprime pas, semble-t-il, et le réveil risque d’être difficile.

L’envolée des prix de l’énergie, des prix des produits en général et la guerre en Ukraine vont peser sur la croissance tricolore en 2022 et 2023. L’an prochain, la hausse du PIB pourrait être bien inférieure à 1 %, selon les économistes. Qu’en est-il sur la situation actuelle dans notre industrie et, plus particulièrement, chez les détaillants ? L’hiver 2021/2022 a été plutôt très bon en magasin, comme nous le confirme Jean-Philippe Ozler, responsable du magasin Terres de Surf, installé depuis plus de 25 ans à Saint Quay Perros, en Bretagne : “La saison hivernale a été un grand succès, du jamais vu, un record pour le magasin”. Même constat chez Neway, ouvert depuis 1995 à Nantes, en Loire Atlantique, où Rémi Harnois, responsable vendeur, nous confie : “Le bilan est plutôt bon sur les sports d’hiver. Les stations ayant été fermées l’an dernier, les clients se sont équipés davantage cette année et se sont plus tournés vers des produits hauts de gamme”. Pourtant, le premier trimestre 2022 et l’arrivée du printemps semblent plutôt calmes, pour le moment. Rémi ajoute : “Actuellement, la fréquentation est plutôt faible”. Chez Terres de Surf, Jean-Philippe confirme : “Le début d’année et de saison sont assez poussifs, même si nous restons dans les objectifs pour le moment” ; il ajoute : “A quelques euros près, nous en sommes au même point que l’an dernier, en ayant ouvert plus de jours que l’an dernier où nous étions fermés pour cause de Covid”. Chez Cocoa Gliss, sur l’île d’Oléron en Charente maritime, Fred Groot, patron du magasin en place depuis 1997, nous confirme : “Jusqu’à Noël, la fréquentation et les ventes ont été TOP, mais le premier tiers de l’année est plutôt en baisse. Les soldes ont été assez calmes, le mois de février inexistant et le mois de mars plutôt en sous régime dans la moyenne des années calmes”. Fred explique : “La guerre en Ukraine a déjà eu un impact sur le pouvoir d’achat des français, avec la forte hausse des coûts de l’énergie et, notamment, du carburant. Notre clientèle vient souvent de la péninsule et réfléchit davantage avant de se déplacer, le coût du litre d’essence dépassant largement les

2 €”. Fred ajoute : “En plus, on est sur une année électorale, ce qui n’arrange pas les choses avec deux week-ends foutus au mois d’avril avec les 2 tours des élections”. Un point de vue partagé en Normandie, chez Clinique de la Planche à Caen, où Pierre Adrien, gérant du magasin installé depuis 1982, nous confie : “Depuis début janvier, la fréquentation a fortement chuté, l’effet année présidentielle puis la guerre en Ukraine sont sensibles, l’incertitude du lendemain est palpable et la levée du protocole sanitaire n’y change rien”. Pierre ajoute : “Les vacances de Pâques lancent traditionnellement notre saison et les deux dernières années ont été impactées par le Covid et les mesures sanitaires associées. Cette année, l’élection présidentielle ne permettra pas à nos clients de partir sereinement en vacances et de consommer librement, avec un pouvoir d’achat en baisse et un taux d’incidence qui repart à la hausse”. Le mois de mars est, généralement, synonyme de livraison des commandes de présaison et les magasins semblent avoir anticiper en revoyant leurs commandes à la hausse pour cette saison 2022. C’est notamment le cas chez Terres de Surf, où Jean-Philippe nous dit : “Nous avons augmenté nos commandes d’environ 30 % par rapport à l’an dernier, au vu de l’engouement autour des sports de glisse en 2021” ; il ajoute : “Hormis le néoprène qui continue à arriver au compte-goutte, de manière générale, les livraisons se passent plutôt bien”. Il remarque cependant une forte hausse du prix des produits : “Il y clairement une hausse de nos prix qui va parfois jusqu’à 30 % pour certains produits !”. Un peu sur la même ligne chez Neway, à Nantes, Rémi nous dit : “Notre volume de précommandes est identique ou en légère augmentation et nous constatons déjà des retards sur le néoprène, avec des hausses moyennes entre 5 et 10 % sur la plu part des produits”. Chez Clinique de la Planche, Pierre nous confie : “Depuis septembre dernier, nous avons anticipé les approvisionnements pour répondre à la demande, entre les livraisons retardées de la saison dernière et les livraisons en avance, et anticiper les nouvelles vagues. Avec la baisse d’activité de ce début d’année, nous sommes aujourd’hui sur-stockés avec les précommandes qui continuent à arriver”. Côté produits, le Wetsuit semble toujours être le produit sur lequel les magasins ont misé, Fred de Cocoa Gliss, nous dit : “Depuis maintenant 2 ans, les nouveaux surfeurs commencent à surfer tout au long de l’année et nous sommes en manque de matériel pour répondre à la demande. Notamment sur les accessoires néoprène où nous pouvons répondre à seulement 1/5 des demandes par manque de stock”. L’engouement pour de nouvelles pratiques comme le Foil et le Wing Foil s’intensifie et les magasins commencent à augmenter leurs rayons comme chez Clinique de la Planche qui mise fort sur l’activité en proposant des “cours Expérience” ou des formations pour les clients. A l’inverse, on remarque un ralentissement des ventes sur le Skateboard et le Surfskate ; Rémi de Neway nous confie : “Nous avons subi de grosse rupture l’an dernier sur ces activités et nous sommes aujourd’hui tous surstockés”. Fred de Cocoa Gliss nous explique : “Les gros groupes du web ont voulu déstocker très tôt leurs marchandises, avec des remises dès le mois de novembre, ce qui a pourri le marché du skate pour le moment, mais les choses vont revenir dans l’ordre dans les prochains mois…”. Une autre activité qui semble en léger recul est le SUP, même si le début d’année n’est pas forcément propice. Pierre de la Clinique de la Planche nous dit : “La tendance au Stand up Paddle initiée l’été dernier a pas mal chuté cet hiver, attendons de voir si les beaux jours changent la donne”.

Mais il y a une chose sur laquelle tous s’accordent, c’est le changement dans le processus d’achat du consommateur en ce début d’année 2022. “L’achat est beaucoup plus réfléchi”, nous dit Fred “avec le téléphone à la main pour comparer les prix”. JeanPhilippe confirme : “On constate que les clients font bien plus attention aux dépenses et que l’achat coup de cœur se fait beaucoup plus rare”. Pierre ajoute : “Les clients achètent davantage de produits durables et, si possible, avec une affinité française ou européenne”.

Mais la motivation, la passion, le goût du conseil pour trouver le produit adapté au besoin des clients restent bien présents chez tous les revendeurs. C’est tout cela qui incite les clients à pousser la porte des différents détaillants qui sont prêts à les recevoir. Espérons que l’actualité et l’inflation permettent malgré tout aux clients de profiter de cette saison 2022, qui démarre tout juste dans une contexte plutôt incertain…

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