P R I N T E M P S - É T É ·17 mer c e d es - mag a z ine .c a 12 ,95 $ C A D
Vision du futur Le design de demain selon Daimler AG Innovation 101 Les nouveaux entrepreneurs canadiens
50 ans de puissance L’anniversaire de AMG
Au goût du jour Les saveurs de la Tasmanie
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CAMPement Sous le ciel étoilé du Manitoba.
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sommaire pureté sensuelle La singulière vision de Gorden Wagener.
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Voiture conceptuelle Le futur selon Mercedes-Maybach.
Performance 48 Le plein d’énergie Avec une nouvelle génération de véhicules propulsés à l’électricité, tous les modèles de smart seront entièrement électriques.
Dans chaque numéro 8 itinéraire
photos austin mack ay (autocaravane); Daimler AG (Maybach; PONT )
99 innovation 52 Alerte rouge Un coupé à portes papillon propulsé à l’électricité : la nouvelle voiture concept Vision 6 de Mercedes-Maybach donne un aperçu de ce que l’avenir réserve à cette marque légendaire.
104 mondanités 106 en route
54 jeunesse éternelle Au volant d’un 280 SL, l’acteur Marc Benjamin découvre pourquoi sa popularité perdure encore aujourd’hui. 60 50 ans de puissance Pour souligner son anniversaire, la marque de voitures de sport Mercedes-AMG passe à la vitesse supérieure. 64 en route vers le futur Mercedes-Benz est reconnu pour ses véhicules aux lignes épurées et aux courbes sensuelles. Mais Gorden Wagener, designer en chef chez Daimler AG, envisage déjà l’avenir.
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sommaire
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feu vert Un luminaire inspiré de la nature.
printemps-été•17 12 la LISTe De la gastronomie au style, la culture canadienne tient la route. 16 DESIGN Vous n’avez pas de cour ? Pas de problème. Invitez la nature chez vous grâce à ces idées déco multifonctions.
voyage 72 SéjourS Nos hôtels préférés autour du globe.
18 événements Revivez l’époque des camps de vacances grâce à ces activités qui vous permettront de décrocher.
74 vert écossais Rendez-vous aux confins du continent pour explorer l’incroyable littoral du Cap-Breton.
20 quartier Dans le village historique de Quidi Vidi, à Terre-Neuve, le moderne et le pittoresque cohabitent avec style.
78 chez soi en pleine nature Notre journaliste a traversé le parc national du Mont-Riding, au Manitoba, à bord d’un Unity FX, un Sprinter de Mercedes-Benz équipé comme une autocaravane.
art de vivre 22 Créateur de rires Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Bruce Hills, mais le chef de la direction de Just for Laughs a été surnommé « l’homme le plus puissant de l’industrie mondiale de l’humour ».
84 À la recherche du temps perdu Kyoto est le berceau de nombreuses traditions japonaises. Aujourd’hui, des artistes réinterprètent ce riche héritage. 92 la petite séduction En Australie, Hobart s’est fait remarquer grâce à un audacieux musée, mais c’est sa gastronomie qui devrait la propulser à l’avant-scène.
26 les nouveaux entrepreneurs Au Canada, l’entrepreneuriat a le vent dans les voiles : des milliers de start-up développent des technologies qui pourraient bien changer nos vies.
séjour verdoyant À la découverte des routes et des golfs du Cap-Breton.
34 précieux héritage Depuis plus de 120 ans, les bijoux de Wellendorff ornent les doigts et les cous des femmes. Le secret de son succès ? Sa production à petite échelle.
innovation 101 Les start-up prennent d’assaut le Canada.
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photos dominique lafond (start- up); bruno florin (cap- breton)
40 chapeau monsieur PORTER ! Gregory Porter a commencé à faire de la musique sur le tard. N’empêche qu’il se produit aujourd’hui à guichets fermés dans les plus grandes salles de concert du monde.
Une réflexion enrichissante, c’est une vision complète de votre situation sous toutes ses facettes.
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Gestion de patrimoine Scotia innove par son approche de travail en équipe qui aborde, une facette à la fois, toutes les sphères de votre vie : votre famille, votre entreprise, votre avenir. Voilà comment l’union de nos façons de penser donne naissance à une réflexion enrichissante.
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Marque déposée de La Banque de Nouvelle-Écosse, utilisée sous licence. MC Marque de commerce de La Banque de Nouvelle-Écosse, utilisée sous licence. Gestion de patrimoine ScotiaMC réunit les divers services financiers offerts par La Banque de Nouvelle-Écosse (Banque ScotiaMD); La Société de fiducie Banque de Nouvelle-Écosse (Trust ScotiaMD); le Service de gestion privée de portefeuilles (par l’entremise de Gestion d’actifs 1832 S.E.C.); 1832 Asset Management U.S. Inc.; Services d’assurance Gestion de patrimoine Scotia inc. et ScotiaMcLeodMD, une division de Scotia Capitaux Inc. Scotia Capitaux Inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières. MD
Mot du président
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haque début d’année est l’occasion d’établir de nouveaux objectifs et de planifier nos prochains périples ; en 2017, il ne m’a jamais semblé aussi facile de trouver des raisons de parcourir le Canada. D’un océan à l’autre, des événements sont organisés pour marquer le 150e anniversaire de la Confédération. L’Ontario fête aussi son 150e, tandis que Montréal atteint l’âge vénérable de 375 ans. Chez Mercedes-Benz Canada, nous célébrons le 50e anniversaire de Mercedes-AMG et nous voulons profiter de l’occasion pour souligner tout le dévouement et le travail acharné qui nous ont permis de devenir le fabricant d’automobiles de luxe numéro un pour une troisième année consécutive. Compte tenu de toutes ces raisons (et de bien d’autres), c’est plus que jamais le temps de monter à bord d’un de nos remarquables véhicules pour explorer notre magnifique pays. Ce numéro du magazine Mercedes-Benz vous donne un aperçu des lieux, des gens et des produits exceptionnels que vous pourriez croiser au cours de ce voyage. Tout d’abord, rendez-vous au bord d’un lac du parc national du Mont-Riding, au Manitoba, pour admirer le soleil couchant dans le confort d’une luxueuse autocaravane Sprinter (page 78). De là, transportez-vous sur la côte Est pour une partie de golf à Cabot Links, à
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Inverness, sur la magnifique île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse (page 74). Puis, direction Terre-Neuve pour explorer le village à la fois moderne et pittoresque de Quidi Vidi, en périphérie de Saint-Jean, qui attire l’attention du monde entier (page 20). Si vous préférez les séjours culturels, voici qui devrait vous plaire : à Toronto, vous pourrez comparer la taille d’un cœur de baleine bleue et celle d’une smart fortwo, grâce à une nouvelle exposition du Musée royal de l’Ontario (page 106), tandis qu’à Montréal, vous aurez la chance de rencontrer Bruce Hills, grand manitou de l’humour et chef de la direction de Just for Laughs (page 22). Pour avoir une idée de l’esprit entrepreneurial qui règne partout au pays, plongez dans le monde effervescent des start-up canadiennes (page 26). Reconnue pour son style unique qui domine les routes et les pistes de course, Mercedes-AMG célèbre son 50e anniversaire en bonifiant son impressionnante gamme (page 60). Pour suivant sa tradition d’excellence, la famille GT de Mercedes-AMG accueillera le coupé-cabriolet GT C et le très puissant coupé GT R. La Classe E pourra aussi compter sur l’ajout de la nouvelle berline E 63 S 4MATIC+ de Mercedes-AMG : la fougue du sport automobile injectée dans la voiture d’affaires la plus intelligente du monde. Comme les numéros précédents, celui-ci vous donne un aperçu des innovations à venir – cette fois signées Gorden Wagener, designer en chef de Daimler AG. Vous y découvrirez non seulement la « pureté sensuelle », le principe qui guide son travail (page 64), mais aussi ce qu’il pense de la nouvelle voiture concept Vision 6 de Mercedes-Maybach, qui offre un étonnant avant-goût de ce que le futur nous réserve (page 52). Quels que soient vos plans, j’espère que ce numéro vous inspirera des célébrations mémorables tout au long de l’année. Sincèrement,
Brian Fulton Président et directeur général Mercedes-Benz Canada
photos austin m ac k ay (autocar avane); Daimler AG (futur); MERCEDES - BENZ CLASSICARCHIVE (AMG)
itinéraire
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dé ta i l s de pu bl icat ion Publié par Daimler AG · Communications · HPC E402 · D-70546 Stuttgart Responsables auprès de l’éditeur Thomas Fröhlich · Mirjam Bendak Conseil d’édition Ola Källenius (président) · Thomas Fröhlich · Bettina Fetzer · Jörg Howe Gesina Schwengers · Dr. Jens Thiemer · Andreas von Wallfeld Canada Mercedes-Benz Canada Inc., 98, avenue Vanderhoof, Toronto, ON M4G 4C9 Président et directeur général Brian D. Fulton Vice-présidente du marketing Virginie Aubert Directrice, communications et relations publiques JoAnne Caza Superviseure, relations publiques Sinead Brown C o nc e p t i o n e t r é dac t i o n Allemagne Condé Nast Verlag GmbH · Karlstrasse 23 · D-80333 München Collaborateurs Helge Bendl, Marc Bielefeld, Sonja Blaschke, Christian Borth, Jochen Fischer, Jürgen Frank, Jonathan Glynn-Smith, Christoph Henn, Manuela Imre, Enno Kapitza, Alexandra Kinga Fekete, Heike Kottmann, Michael Moorstedt, Niclas Müller, Mathis Rekowski Canada Bookmark Content and Communications, a Spafax Group Company, 2, rue Bloor Est, bureau 1020, Toronto, ON M4W 1A8 500, rue Saint-Jacques Ouest, bureau 1510, Montréal, QC H2Y 1S1 Chef de la direction, Bookmark Raymond Girard Vice-président directeur, marketing de contenu et prospection de clientèle Nino Di Cara Vice-présidente, stratégie de création et de contenu Ilana Weitzman Gestionnaire de comptes, marques de luxe et art de vivre Elana Crotin Rédacteur en chef Elio Iannacci Responsable de la rédaction Eve Thomas Rédactrice adjointe Violaine Charest-Sigouin Rédactrice, contenu numérique Renée Morrison Adjointe à la rédaction Kelly Stock Réviseure Louise Richer Collaborateurs 500 GLS, Phil Birnbaum, Sabine Cerboni, Maude Chauvin, Bruno Florin, Christopher Korchin, Dominique Lafond, Jasmin Legatos, Austin MacKay, Natasha Mekhail, Kyle Mooney, Bonnie Savage, Barb Sligl, Jesse Staniforth, Isa Tousignant, Chantal Tranchemontagne, Sarah Treleaven, Shel Zolkewich Directeur de l’équipe du design Guillaume Brière Directrice artistique Annick Désormeaux Graphiste Marie-Eve Dubois, Antoine Fortin Recherchiste photo Julie Saindon Directrice de la production Joelle Irvine Responsable de la production Jennifer Fagan Responsable de la production publicitaire Mary Shaw Coordonnateur de production et de circulation Stephen Geraghty Coordonnatrice de la production publicitaire Joanna Forbes Vérificatrice d’information Jessica Lockhart Traducteurs Simon Demers, Marie-Paule Kassis, Maude Labelle, PopCom, Isabelle Vialle-Soubranne V e n t e s m é di a s e t p u b l ic i ta i r e s sales@bookmarkcontent.com Vice-présidente, Médias Laura Maurice, laura.maurice@bookmarkcontent.com Directrice des ventes nationales Tracy Miller, tracy.miller@bookmarkcontent.com Responsable des ventes, Québec et Ouest du Canada Dominique Beauchamp, dominique.beauchamp@bookmarkcontent.com Directrice des comptes nationaux, Ouest du Canada Barb Welsh, barbwelsh@shaw.ca Droits ©Copyright 2017 pour Mercedes-Benz Canada Inc. Tous droits réservés. La reproduction et l’utilisation du contenu de ce magazine, en tout ou en partie, ne sont permises qu’avec l’autorisation écrite de l’éditeur et de Daimler AG. Les points de vue formulés sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux de Mercedes-Benz Canada Inc., de l’éditeur ou des chefs de la rédaction. L’éditeur se réserve le droit d’accepter ou de refuser tout matériel publicitaire. L’éditeur n’est pas responsable des manuscrits, photographies ou autres documents non sollicités. Certains véhicules illustrés peuvent inclure des équipements non offerts au Canada, et certains équipements offerts en option peuvent ne pas être disponibles pour tous les modèles. Certains modèles présentés n’ont pas de feux de position latéraux. Pour de l’information mise à jour sur les modèles, les caractéristiques standard, les équipements offerts en option ou les couleurs disponibles au Canada, de même que sur les prix, veuillez contacter le concessionnaire autorisé Mercedes-Benz le plus près de chez vous, ou visiter www.mercedes-benz.ca. À notre connaissance, les renseignements contenus dans ce magazine sont exacts, mais nous ne pouvons pas être tenus responsables de toute erreur éventuelle. Retourner les non livrés à Bookmark Content and Communications, 2, rue Bloor Est, Bureau 1020, Toronto, ON M4W 1A8 Imprimé sur du papier blanchi sans chlore Imprimé au Canada ISSN 1925-4156 Poste-publications numéro de convention 41657520
mercedes-magazine.ca Centre de service à la clientèle Mercedes-Benz 1 800 387-0100 10
WELCOME TO OUR WORLD
Breitling réinvente la montre connectée, avec pour mot d’ordre la performance. Instrument de l’avenir, le chronographe électronique multifonction Exospace B55 repousse toutes les limites du confort, de l’ergonomie et de l’efficacité. Condensé d’innovation, il abrite dans son boîtier en titane un calibre SuperQuartzTM exclusif, certifié chronomètre (COSC) et doté d’une palette de fonctions inédites taillées sur mesure pour les pilotes et les hommes d’action. Bienvenue dans le monde de la précision, de l’exploit et de la high-tech. Bienvenue dans l’avant-garde des instruments pour professionnels.
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De la gastronomie au style, la culture canadienne tient la route.
D ES I G N
Conserves artisanales É v i t e z d e g a s p i l l e r de la nourriture et désencombrez votre frigo. Jarre, un studio de design montréalais, conçoit des objets aussi jolis que fonctionnels pour conserver les aliments... sans électricité ! Fabriquée à la main par des ébénistes et des céramistes, la collection La Denise propose des récipients en céramique remplis de sable – qui maintient l’humidité requise pour que les légumes racines restent croquants – ou encore surmontés de lattes de bois, permettant d’arroser quotidiennement les fruits et légumes qui ont besoin d’un peu d’hydratation, comme les oranges et les aubergines. j a r r e . c a
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D ES I G N
Baguet tes magiques
On trouve une incroyable sélection de restaurants asiatiques à Vancouver, mais le prix à payer est élevé : plus de 100 000 baguettes sont ainsi jetées chaque jour aux poubelles. Felix Böck, un étudiant en foresterie de la University of British Columbia, a fondé ChopValue afin de recycler ces ustensiles en bambou. Après avoir été désinfectés et pressés, ceux-ci sont transformés en objets pour la maison et en matériaux de construction. Résultat ? Des sousverres résolument actuels, des plateaux de tables uniques et des tuiles… qui en jettent ! c h o p va l u e . c a
AC H ATS
Vélo cité Il n’y a pas que les services de messagerie qui roulent à vélo. Plusieurs ingénieux entrepreneurs (aux mollets musclés) livrent leurs produits à coups de pédales partout à travers la ville. H a l i fa x Cookie Cravings brûle des calories pour faire la livraison de ses biscuits. h a l i fa x c o o k i e c r av i n g s . c o m
Toronto Commandez les bouquets de Tonic Blooms en ligne et ils seront apportés sur deux roues au destinataire. tonicblooms.com
ST Y L E
Voir grand Doyle optométristes & opticiens ne se contente pas de vendre des lunettes fonctionnelles et stylées. Après avoir passé des années à importer des montures de griffes internationales et à étudier la physionomie des gens, cette entreprise familiale fondée en 1978, à Montréal, lance sa toute première collection : Atelier78. Cette gamme de 36 modèles, dont le tiers est unisexe, a été spécialement conçue pour les Québécois « dont le visage a tendance à être plus étroit ». d oy l e . c a
Va n c o u v e r Un déjeuner à votre porte... grâce aux livreurs en bicyclette de Breakfast Courier. b r e a k fa s t c o u r i e r . c o m
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la liste
C U LT U RE
Lumière sur la vie de Cohen L’an dernier, alors que le monde entier pleurait la mort de Leonard Cohen, le Musée d’art contemporain de Montréal décidait de bonifier la rétrospective multidisciplinaire consacrée à l’illustre auteur-compositeur-interprète, prévue en novembre 2017. Une brèche en toute chose / A Crack in Everything honorera la vie du poète à travers des œuvres créées spécialement pour l’occasion par des artistes tels que Jenny Holzer, Jean Leloup et Lou Doillon. Le titre de l’exposition s’inspire de la chanson Anthem, écrite en 1992 et dont les paroles sont devenues virales à la mort du chanteur : « Il y a une brèche en toute chose ; c’est ainsi qu’entre la lumière. » m a c m . o r g
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Découvrez les parfums conçus pour Mercedes-Benz. l a - collection.ca
Eau de toilette Cette fragrance boisée et épicée marie des notes de citron d’Amalfi et de mandarine aux arômes de violette, de bois de cèdre et de vétiver. 14
Eau de parfum Cette élégante combinaison de pêche et de bergamote, avec des touches de musc blanc et de patchouli, offre un équilibre parfait entre classicisme et modernité.
photos stephanevairo.com (épicerie loco); LORCA COHEN (Leonard Cohen)
AC H AT
Avec l’arrivée du camion-restaurant Songhees Seafood & Steam à Victoria, l’été dernier, la cuisine de rue s’est enrichie d’une nouvelle saveur. Au menu : des interprétations de mets amérindiens élaborés par le réputé chef David Roger, en collaboration avec des membres de la nation des Songhees, dont un taco au bison sur banique (sans gluten) et un burger de saumon avec sauge fraîche et chutney de canneberges. Le camion fait aussi office de camp d’entraînement pour apprentis-chefs autochtones, grâce à un programme de stage du Camosun College. s o n g h e e s s e a f o o d. c o m
AC H ATS
Mouvement emballant En Europe, une nouvelle génération d’épiceries zéro déchet attire aussi bien les amateurs de bonne bouffe que les fans de design. Mais les Canadiens écoresponsables peuvent eux aussi faire leurs courses en se passant de sacs de plastique. Les habitants de l’île Salt Spring, en Colombie-Britannique, se rendent chez Green pour remplir leurs contenants d’aliments préparés localement et cultivés sans pesticides (des récipients et des sacs réutilisables sont également vendus sur place). On songe même à ouvrir une deuxième succursale à Victoria ou à Vancouver. Quant aux Montréalais, ils peuvent s’approvisionner en aliments et en soins pour le corps vendus en vrac chez Loco ou se rendre chez Méga Vrac, la plus grande épicerie zéro déchet en ville, qui offre plus de 1000 produits solides ou liquides, du café aux vinaigres. g r e e n s s i . c a ; e p i c e r i e l o c o . c a ; m e g av r a c . c o m
STYLE
C’est dans le sac !
Originaire de la Première Nation du lac Waterhen, en Saskatchewan, Devon Fiddler a lancé SheNative, une collection de sacs en cuir de cerf et de buffle, pour aider les femmes autochtones à se réaliser par l’entremise de la mode. Celle qui remportait en 2016 le prix Femmes de mérite du YWCA est passée d’une simple boutique en ligne à un véritable magasin au Centre Mall, de Saskatoon. Sa collection inclut désormais des t-shirts arborant des messages inspirants, dont la plupart ont été conçus en collaboration avec des artisans autochtones, comme Sweetmoon Photography et Johnny Marceland. s h e n at i v e . c o m
VOYAG E
Joyeux anniversaires
Trois façons (ou plus) de célébrer à travers le pays. 75 ans : la route de l’Alaska En juillet, voyagez dans le temps alors qu’un trio d’artistes (le musicien Bill Dolan, la conteuse Kathy Jessup et l’auteure Allison Tubman) raconte l’histoire de cette route légendaire qui a contribué au développement du Nord canadien. Ces festivités combinant retour dans le passé et musique se dérouleront en 11 étapes, d’Edmonton à Whitehorse. p e a c e l i a r da r t s . o r g
150 ans : Canada Cette année, les célébrations de la fête nationale ne se limiteront pas au 1er juillet. Jetez un coup d’œil en ligne pour savoir ce qui se passe dans votre patelin ou trouvez de l’inspiration (et de la détente) grâce aux albums à colorier (pour petits et grands !) Colourful Travels de la sculptrice sur bois Barbara Janman, qui illustrent chacune des provinces canadiennes. c o l o u r f u lt r av e l s . c o m
375 ans : Montréal Pour souligner cet anniversaire, une foule d’activités sont organisées dans les 19 arrondissements de la ville, incluant des reconstitutions historiques et une fête foraine. Vous ne pourrez pas visiter Montréal en 2017 ? Plusieurs événements – dont un projet d’art numérique interactif illuminant le pont Jacques-Cartier – sont là pour de bon. 375 m t l . c o m
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Design
Jardin intérieur
Vous n’avez pas de cour ? Pas de problème. Invitez la nature chez vous grâce à ces idées déco multifonctions. T E X T E BARB S L I G L
Vie aquatique
À la fois jardin et aquarium, Brio est un écosystème aquaponique requérant peu d’entretien, imaginé par Robin Plante, un designer québécois au nom prédestiné ! Les végétaux se nourrissent des déchets engendrés par l’aquarium et, en retour, ils purifient l’eau, comme c’est le cas dans la nature. « J’ai été idéologiquement inspiré pour la conception visuelle de Brio : un vase réunissant les univers terrestre et aquatique, côte à côte, dans un environnement symbiotique qui travaille en synergie », explique le designer. b r i o aq ua p o n i c s . c o m
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Feu vert Une idée béton
Imaginés par les designers Erin Levesque et Abby Schnaider, de Duo Plant Studio, à Saskatoon, ces pots à fleurs en béton font aussi office de boîtes de rangement. Ils sont fabriqués à la main à partir de moules créés grâce au logiciel de modélisation 3D du mari ingénieur de Abby. « Je pense à ce qui est beau et fonctionnel dans un espace, dit-elle. Et j’aime les objets multifonctionnels. » Évoquant les alvéoles d’une ruche, ces élégants contenants peuvent être assemblés à la verticale sur un mur ou posés sur une table pour recueillir souvenirs et verdure. fa c e b o o k . c o m/ d u o p l a n t s t u d i o
Le designer de réputation internationale Omer Arbel, de la firme de luminaires Bocci, à Vancouver, sait allier forme et fonction. Sa série 38 est un assortiment de globes en verre soufflé qui peuvent accueillir à la fois des ampoules à DEL et des arrangements de succulentes, de cactus ou de tillandsias. Ces lunes et leurs lampes satellites peuvent flotter en solitaire ou être assemblées en constellations. Peu importe leur composition, ces audacieux luminaires sont à la fois une installation artistique et un jardin suspendu. bocci.ca
Sélection naturelle « Aimez. Respirez. Sentez-vous bien. » Voilà le mantra de l’atelier horticole ByNature, à Vancouver, qui transforme les plantes en œuvres d’art pour qu’elles s’épanouissent dans les maisons. Le cofondateur Nicolas Rousseau veut en effet permettre aux gens qui vivent dans un environnement urbain de renouer avec la nature. En utilisant des matières végétales bios, cet ingénieur horticole crée ainsi des œuvres qui sont, littéralement, vivantes : des « Mossart » composées de mousse et de lichen des caribous, ou encore des « Wallflower », ces tableaux couverts de fougères et de vignes. by n at u r e d e s i g n . c a
Table jardinière
Fruits des mers Ces poires en céramique peuvent être utilisées de multiples façons : en guise de soliflores pour créer un arrangement minimaliste avec des fleurs du jardin (une branche par vase), comme objets décoratifs pour un centre de table ou même à titre de jolis presse-papiers. Chaque poire a son propre caractère et une patine unique. Ces céramiques monochromes, qui évoquent les teintes salines et érodées du littoral, sont fabriquées par Marie-Joël Turgeon, spécialiste de la technique du tournage, et son conjoint Jordan Lentink, de l’Atelier Tréma, dans les Cantons-de-l’Est, au Québec. at e l i e r t r e m a . c o m
Le designer torontois Jonathan Sabine, du MSDS Studio, a créé une multitude d’objets emblématiques, dont le tirebouchon Bourgeois Brass Knuckle, qui figure dans la collection permanente de design du SFMOMA. Sa table d’appoint Annex est simple en apparence, mis à part sa forme sculpturale. Offerte dans les très tendance finis cuivre et nickel, elle est conçue pour recueillir divers objets du quotidien. Et sa base constitue un parfait piédestal pour votre plante préférée. m s d s - s t u d i o . c a
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Événements
Cours d’été
Revivez l’époque des camps de vacances (en version améliorée) grâce à ces activités de groupe en pleine nature qui vous permettront de décrocher, de vous découvrir de nouveaux talents et de manger en compagnie de chefs renommés. t e x t e JASMIN LE G ATOS
Île Gambier, EN C o lo m b i e - B r i ta nn i q u e
D u 3 0 j u i n au 3 j u i l l e t Profitez du congé de la Confédération pour faire du canot, du kayak ou de la planche à rame au Camp Latona, situé sur l’île Gambier, non loin de Vancouver. Pour la deuxième année consécutive, The Wild Rumpus s’approprie ce camp de vacances pour enfants, le temps de permettre aux adultes de revivre leur jeunesse. Les campeurs intrépides s’opposeront à la souque à la corde, franchiront le parcours d’hébertisme ou s’élanceront dans la forêt pluviale du Pacifique du haut d’une tyrolienne. Ceux qui préfèrent se détendre pourront passer la journée sur la plage privée de ce domaine, qui inclut 760 m de littoral. Et si vous comptiez célébrer la fête du Canada avec un verre ou deux, votre souhait sera exaucé : des soirées thématiques avec bar et DJ sont prévues chaque soir. t h e w i l d r u m p u s . c a
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Valeur sÛre La montre Fenix 3 Sapphire GPS de Garmin dotée d’une boussole à trois axes. mec.ca
B r u n o, EN S a s k atc h e wa n
Survie en nature Ajoutez une corde à votre arc en apprenant à survivre en forêt dans un environnement potentiellement dangereux grâce aux formations de SOS Wilderness Survival dans le nord de la Saskatchewan. Que vous optiez pour le cours d’orientation en nature, de survie de base (trois jours) ou complète (cinq jours), vous serez en mesure de vous débrouiller en cas de péril. Vous pourrez rivaliser avec Bear Grylls en sachant construire un abri, faire un feu, trouver de l’eau et la purifier, envoyer des signaux de détresse, identifier les plantes comestibles et même fabriquer des armes pour chasser le gibier. s o s w i l d e r n e s s s u r v i va l . c a T o u t e l’a n n é e
photos Chris Henderson ( The wild rumpus); Denni Van Huis/ stocksy (sos wilderness survival)
Camps de vacances
H a i da G wa i i , EN C o lo m b i e - Br i ta n n i q u e
Retr aite gastronomique D u 16 au 20 j u i l l e t Explorez le nord de l’archipel de Haida Gwaii tout en découvrant les secrets d’un grand chef grâce à cette escapade de cinq jours organisée par le West Coast Fishing Club. Chaque jour, vous aurez droit à un cours de cuisine de deux heures animé par le célèbre chef David Hawksworth et vous pourrez ensuite goûter le fruit de votre labeur dans un chic chalet rustique, situé sur l’île Langara. Lorsque vous ne serez pas aux fourneaux, vous pêcherez le saumon et le flétan, survolerez les îles en hélicoptère, arpenterez des plages désertes ou visiterez les vestiges des villages où habitaient jadis les Haïda, un des premiers peuples autochtones d’Amérique du Nord. Au retour, on vous attend avec un cocktail et un repas concocté par un chef invité. Parce que, même si on aime cuisiner, c’est encore mieux de festoyer. westcoastfishingclub.com
o r i ll i a , EN O n tar i o
Détox numérique
Laissez vos téléphones intelligents et tablettes à l’entrée du Camp Reset, mettez votre vie sur pause le temps d’une cure de désintoxication numérique et préparez-vous à jouer ! Ici, les appareils électroniques sont bannis, il est interdit de parler de travail et de dévoiler son nom. Pendant la durée du séjour (du vendredi au lundi), vous participerez à des courses au trésor, redécouvrirez les joies du coloriage et des jeux d’eau comme le Slip’N Slide, en plus de danser lors de fêtes organisées en forêt. Ceux qui croient que tout le monde devrait vivre une détox peuvent faire un don pour subventionner le séjour de quelqu’un qui en a aussi besoin. c a m p r e s e t. c o m
D u 23 au 26 j u i n
H arr i n gto n , AU Q u éb ec
Camp musical Situé au bord du lac MacDonald, dans les Laurentides, le Centre musical CAMMAC accueille les mélomanes de tous âges et de tous niveaux depuis 1953 (Gregory Charles et Cœur de pirate comptent parmi les anciens élèves). Toute la famille peut assister aux classes d’une semaine portant aussi bien sur le jazz, la musique celtique, de chambre ou de Broadway, offertes par des musiciens chevronnés comme Matthias Maute, flûtiste virtuose, ou Martin Mangrum, bassoniste pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Vous ne jouez d’aucun instrument ? Pas de souci : la flûte à bec est facile à apprendre, tout comme le chant. La seule exigence est de s’intéresser à la musique. Si vous désirez dormir sur le site, vous pouvez planter votre tente et préparer vos propres repas ou loger dans le pavillon principal et savourer les menus du chef (histoire de mieux vous concentrer sur vos arpèges).
photo Susan van Gelder (Cammac)
D u 25 j u i n au 13 ao û t
cammac.ca
Y u ko n
Canot- Camping Partez sur la trace des chercheurs d’or sur la rivière Yukon durant une expédition de canot-camping de 10 jours, organisée par Fireside Adventures. Ce périple pour adultes seulement offre l’occasion de braver les éléments et d’acquérir certaines compétences, comme faire des nœuds, s’orienter et cuisiner en forêt. Vous consacrerez les deux premiers jours aux préparatifs à Takhini Hot Springs, à Whitehorse, puis mettrez le cap sur le village de Carmacks, point de départ de l’itinéraire de 430 km menant à la Cité de Dawson. En chemin, vous chercherez de l’or à la batée, explorerez les ruines de villages abandonnés et visiterez Fort Selkirk, un ancien poste de traite. La nuit tombée, vous vous retrouverez autour d’un feu pour lire les histoires de Robert W. Service, surnommé le « barde du Yukon ». Une fois rendu à la Cité de Dawson, peut-être porterez-vous un toast à votre bravoure et à vos nouvelles amitiés avant de siroter le célèbre cocktail Sourtoe (qui consiste en rien de moins qu’un orteil humain déshydraté dans du whisky). f i r e s i d e a dv e n t u r e s . c a D u 11 au 20 ao û t 2017
mercedes-magazine.ca
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Quar t i er
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PASSÉ RECOMPOSÉ
Dans le village historique de Quidi Vidi, à Terre-Neuve, le moderne et le pittoresque cohabitent avec style. texte KYLE MOONEY
À en v i ron c i n q m i nu t es en voiture du centre-ville de
Saint-Jean, Quidi Vidi semble à mille lieues (et des siècles) de la capitale terre-neuvienne. Ce village a de quoi charmer avec ses falaises escarpées et ses vigneaux pour sécher le poisson. Ce qui lui permet de subsister depuis le xviie siècle (incluant la pêche, la cueillette et une grande fierté locale) lui vaut aujourd’hui l’intérêt de visiteurs du monde entier venus sur la côte Atlantique en quête d’authenticité et d’un certain souci du détail.
LE MENU C’est dans une typique maison en bois bâtie au xviiie siècle par des immigrants irlandais, l’une des plus anciennes du genre en Amérique du Nord, que se trouve le restaurant Mallard Cottage [1], à qui l’on doit la renaissance culturelle de Quidi Vidi. Le chef Todd Perrin y propose une cuisine du terroir qui met en valeur les ingrédients locaux grâce à des techniques traditionnelles comme le fumage, le marinage et la mise en conserve. Le menu change quotidiennement, selon les arrivages, et offre des classiques revisités, comme un filet de morue pané au maïs, des spätzles à l’ortie ou des pappardelles aux joues de morue et aux chanterelles. Même les bouquets de fleurs sauvages qui décorent chaque recoin du restaurant ont été cueillis à deux pas. 20
Cette saveur locale, on devrait aussi la retrouver à la prochaine enseigne de Todd Perrin, une auberge qui ouvrira à Saint-Jean plus tard cette année. Cela dit, ceux et celles qui préfèrent une cuisine simple et réconfortante n’ont pas à se déplacer bien loin : voisin du Mallard Cottage, le pub Inn of Olde sert une chaudrée et une soupe à la dinde qui goûtent comme à la maison… La proprio, Linda L. Hennebury, habite d’ailleurs juste à côté.
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photos John Cullen (1); Destination St. JohN’s (maisons)
Charme côtier Les maisons de Quidi Vidi sont ornées de vigneaux pour sécher le poisson ; le chef Todd Perrin du Mallard Cottage (ci-dessus) et son interprétation des beignets de morue (ci-dessous).
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L’EXPLOR ATION Bien avant que la cueillette devienne une activité populaire auprès des foodies, elle était essentielle à la survie des habitants de Quidi Vidi. Lori McCarthy mise autant sur cette tendance que sur l’abondance d’ingrédients sauvages régionaux pour les expéditions gastronomiques de son entreprise Cod Sounds [2]. Chaque été, elle entraîne des groupes dans les montagnes environnantes à la recherche de varech, d’oseille, de genévrier et de lichen des caribous, pour ensuite leur concocter un bouilli terre-neuvien à même la plage. Lori offre également des cours de cuisine mensuels, en plus d’approvisionner les meilleures tables de Saint-Jean, fournissant des ingrédients essentiels à leurs chefs, comme de l’épinette pour le streusel au chocolat au lait du restaurant Raymonds.
Saveurs du littoral Lori McCarthy (à droite) organise des cueillettes et des cours de cuisine mettant en vedette des ingrédients sauvages comme des chicoutés (ci-dessus).
photos Mark Bennett/Cod Sounds (4); Greg Funnell/Destination Canada (lori m c carthy ); Pete Stanbridge (5)
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LES BOUTIQUES Grâce à l’incubateur Quidi Vidi Village Plantation [3], qui s’est établi sur les quais en 2012, les artisans ont un endroit où ils peuvent créer et rencontrer leurs clients à l’année. Cet atrium abrite des entrepreneurs spécialisés en textile, en joaillerie, en poterie ou en imprimerie, dont les créations reflètent ou même critiquent la culture terre-neuvienne. Vous y trouverez des poteries d’Erin Callahan St. John, qui a déjà été artiste en résidence à l’île Fogo, ainsi que des œuvres de Kumi Stoddart, combinant l’aquarelle, le dessin, la gouache et la broderie, qui évoquent des scènes de déportation. Pour un souvenir stylé, optez pour les portefeuilles en cuir tissés à la main de Jessica McDonald ou les pendentifs en labradorite de Katherine Walters, réalisés selon une ancienne technique viking de tissage.
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LEs VERREs
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C’est un fragment d’histoire et de géographie qu’on embouteille avec la bière Iceberg, de Quidi Vidi Brewery : elle contient de l’eau gelée depuis 20 000 ans et extraite à l’aide de pinces hydrauliques [4] des immenses icebergs de plusieurs millions de tonnes qui, au printemps, parsèment la côte. Une visite de la brasserie permet aussi de déguster la Honey Brown Ale et la British IPA (médaillée d’or en 2012 aux World Beer Championships de Chicago). Vous ne pouvez pas vous y rendre ? Pas de souci : on sert ces bières aux restaurants The Merchant Tavern et The Adelaide Oyster House, à Saint-Jean. Aussi, Quidi Vidi Brewery propose régulièrement des bières spéciales, comme la Fogtown Lager, créée en collaboration avec le Fogtown Barber & Shop afin de recueillir des fonds pour les maladies masculines. Et cette brasserie n’est pas la seule à embouteiller les saveurs terre-neuviennes. Essayez le gin fizz à l’hibiscus du Mallard Cottage, qui contient du tonic Ginger Rose de Third Place Tonic [5], ou un classique Caesar à la vodka Iceberg (aussi préparée avec de l’eau d’icebergs vieux de 20 000 ans). mercedes-magazine.ca
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art de vivre Événements, innovations, arts et divertissements à ne pas manquer.
Créateur de rires
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Bruce Hills, mais il n’en reste pas moins que le chef de la direction de Just for Laughs a été surnommé « l’homme le plus puissant de l’industrie mondiale de l’humour ». t e x t e K E L L Y ST O C K P H O T O S M AUDE C H AUVI N
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Foule en délire En 2015, l’humoriste montréalais Sugar Sammy donnait un spectacle gratuit au festival Juste pour rire.
photos Vivien gaumand (sugar sammy ); just for laughs (encadré)
était notoire : Jerry Lewis (dont l’entourage incluait un chien) et Sandra Bernhard. (Leur rivalité remonte à 1982, sur le plateau du film The King of Comedy, de Martin Scorsese.) Au cours de ces étés passés derrière le volant, il a aussi appris à tisser des liens, une aptitude qui fait aujourd’hui sa renommée dans l’industrie. Traverser le siège social de Juste pour rire,
Par affaires... et plaisir !
c’est comme visiter un musée consacré à l’humour. Les murs sont recouverts de notes griffonnées par Jerry Seinfeld ou Whoopi Goldberg et de dessins originaux où apparaît Victor, la mascotte verte du festival. Le bureau de Bruce Hills, chef de la direction de Just for Laughs (le pendant anglophone de Juste pour rire) ne fait pas exception. On y trouve une affiche autographiée par la distribution de Family Guy Live (qu’il a lui-même produit) et une lettre de remerciement de l’ex-premier ministre Stephen Harper (coquille incluse). Alors qu’il célèbre cette année son 35e anniversaire, Juste pour rire (et, par extension, Montréal) peut se targuer d’être l’épicentre mondial de l’humour. L’an dernier, il a attiré plus de 1,7 million de visiteurs, prouvant qu’il était bien plus qu’un simple festival, mais aussi une des principales attractions de la métropole. Selon Bruce Hills, ce n’est toutefois pas une raison pour se reposer sur ses lauriers. « On a eu un excellent parcours, mais on ne peut pas s’en contenter et ne plus rien changer. Il faut continuer de s’améliorer », affirme-t-il. Si Juste pour rire est aujourd’hui le plus grand festival d’humour du monde, c’est en grande partie grâce à lui. Chef de la direction de Just for Laughs depuis 18 ans, il est en charge des opérations à l’international pour tous les spectacles anglophones. Au cours des 15 années précédentes, il a été vice-président pour la télévision internationale et directeur de la programmation. Ses débuts au sein de l’entreprise, à l’âge de 23 ans, furent toutefois modestes. Persuadé qu’il travaillerait un jour dans l’industrie du spectacle, ce natif de SaintLambert étudiait à l’Université Concordia lorsqu’il a contacté Andy Nulman, à l’époque directeur de Just for Laughs. C’est ainsi qu’il a décroché ses premiers contrats en tant que chauffeur, escortant les humoristes, les directeurs de chaînes télé et autres VIP. Un travail plus difficile que prévu. Son premier festival, il l’a passé à jouer les médiateurs entre deux humoristes dont le mépris réciproque
Cette habileté à entretenir des relations à la fois avec le milieu des affaires et des humoristes constitue une des plus grandes forces de Bruce Hills. Le public l’ignore, mais il s’agit d’un élément essentiel au succès d’un tel événement. « C’est très important pour nous que les artistes aient envie de venir au festival, que les gens de l’industrie aient aussi envie d’y venir et qu’ils aient envie d’y investir », explique-t-il. Ces dernières années, Bruce Hills a travaillé à maintenir une programmation de haut calibre, à vendre les droits de télédiffusion et à faire rayonner la marque Just for Laughs à l’international. L’entreprise crée aujourd’hui du contenu qui est vu dans plus de 150 pays et à bord des appareils de plus de 150 compagnies aériennes, en plus de présenter des événements aux États-Unis, en Australie, à Singapour, au Mexique et aux Bermudes. À lui seul, Bruce Hills a supervisé la production de plus de 1000 émissions spéciales. Même s’il travaille désormais à haut niveau, il a toujours autant de facilité à reconnaître le talent. À ses débuts, une de ses premières responsabilités consistait à écumer des boîtes et des boîtes remplies de cassettes VHS envoyées par des humoristes désireux de percer. Il accordait quelques minutes à chacune d’elles, puis passait à la suivante si le numéro n’était pas original ou s’il s’agissait d’un « autre gars avec un horrible complet-cravate qui parlait de ses enfants ». Bruce Hills se souvient d’avoir été renversé par un jeune New-Yorkais dont les deux sketchs de sept minutes étaient impeccables. Il a téléphoné au numéro écrit à la main au dos de la cassette et lorsqu’il a eu le gérant du candidat au bout du fil, il lui a simplement dit : « On le prend ! » Son nom ? Dave Chappelle. Voilà l’exemple d’un humoriste qui, au fil des ans, est resté fidèle au festival. En 2013, il a enchaîné 10 spectacles à guichet fermé au Théâtre Maisonneuve, puis 10 autres en 2015. Cette année-là, au beau milieu d’une fête organisée
Moments marquants
Les coups de cœur de Bruce Hills à travers l’histoire de Juste pour rire. 1. Tim Allen, Théâtre St-Denis, 1990 2. Bill Hicks, Théâtre Centaur, 1991 3. Dave Chappelle, l’ancien Club Soda, 1992
mercedes-magazine.ca
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art de vivre
après une représentation, Dave Chappelle a fait cesser la musique pour raconter à quel point il était pauvre la première fois qu’il a visité Montréal et que c’était Bruce Hills qui lui avait alors donné sa première chance. Il l’a qualifié de « commissaire de toute une génération d’humoristes » et lui a remis un trophée gravé à son nom. (Dave Chappelle l’a même invité à l’enregistrement de l’émission Saturday Night Live qui a suivi les élections américaines, après quoi ils ont festoyé jusqu’au petit matin.) Bruce Hills a aussi reçu tout un compliment de l’édition britannique du magazine GQ, qui l’a décrit comme « l’homme le plus puissant de l’industrie mondiale de l’humour » – un titre enviable pour quelqu’un d’aussi peu connu sur la scène publique.
La ville de l’humour Pour attirer des grands noms, il faut connaître leurs cordes sensibles en marge du domaine de l’humour, croit Bruce Hills. Son équipe a ainsi convaincu Seth Rogen d’animer un gala, en 2014, après avoir découvert que sa fondation Hilarity for Charity soutenait l’organisme Alzheimer’s Association. En collaborant directement avec l’acteur, qui a fait don de son cachet, ils ont développé un spectacle et amassé des fonds pour la cause. En 2016, ils ont répété le même scénario avec P.K. Subban, qui a animé le All-Star Comedy Gala grâce auquel 160 000 $ ont été recueillis pour l’Hôpital de Montréal pour enfants (le défenseur a remis son cachet à sa Fondation). Le festival ne se résume toutefois pas aux galas et aux vedettes. On peut aussi y découvrir des humoristes de la relève. Plusieurs comiques réputés (comme Margaret Cho et Jim Jefferies) y ont d’ailleurs fait leurs débuts. En 2012, on a pu voir la prestation d’une certaine Amy Schumer dans un bar du boulevard Saint-Laurent pour seulement 15 $, une aubaine par rapport aux billets de son dernier spectacle au Centre Bell, qui se sont vendus jusqu’à 139 $ l’unité. Le conseil de Bruce Hills à ceux qui veulent devenir humoristes ? « Montez sur scène, trouvez une voix unique et entêtez-vous à la garder, même si personne ne rit et qu’on vous dit que vous n’êtes pas drôle. Et n’approchez Just for Laughs que lorsque vous serez vraiment prêt », prévient-il. Si on imagine plus spontanément New York ou Los Angeles comme ville hôte du plus important festival d’humour, Juste pour rire doit son succès à la culture et au bilinguisme de Montréal, estime Bruce Hills : « Les Montréalais sont un excellent public. Ils s’y connaissent en humour et sont avides de nouveauté et d’originalité. Le fait de vivre dans une ville bilingue les rend plus réceptifs à différents styles d’humour. » 24
Histoire drôle Le bureau de Bruce Hills est un véritable musée de l’humour.
Plusieurs grands comiques n’hésitent d’ailleurs pas à roder leurs nouveaux sketchs dans les petits bars de Montréal.
Plusieurs grands comiques n’hésitent d’ailleurs pas à roder leurs nouveaux sketchs dans les petits bars de Montréal. En 2015, Aziz Ansari annonçait un spectacle-surprise sur Twitter à peine quelques heures avant de monter sur la scène de la Maison Théâtre. Et il n’est pas rare d’apercevoir un humoriste dans un bar ou un restaurant après son spectacle. Selon Bruce Hills, la culture montréalaise, particulièrement la gastronomie, représente un attrait majeur pour les artistes et les commanditaires. Leur engouement pour la ville contribue d’ailleurs à faire la promotion du festival. « Il n’y a pas de meilleur moyen de vendre Montréal que par le fil Instagram ou Twitter d’une personnalité. » (Après s’être fait recommander le restaurant Au Pied de Cochon, Seth Rogen a tweeté qu’il venait de manger un des repas « les plus fous » de sa vie.) Alors que la prochaine édition du festival se déroulera sur 20 jours (du 12 au 31 juillet) et promet une impressionnante programmation, Bruce Hills envisage le futur avec optimisme. Certains avaient beau prédire qu’Internet aurait pour effet de réduire l’auditoire de ce genre de spectacles, il constate plutôt l’inverse : « Je crois que plus de gens deviennent des amateurs d’humour en regardant des vidéos en ligne. » Et malgré l’instabilité mondiale, l’avenir est prometteur pour le plus drôle des festivals canadiens. « Nous avons eu de bons résultats même pendant les périodes de ralentissement économique parce que les gens ont besoin de légèreté. Même lorsque les temps sont durs, les gens veulent rire. »
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fleuron canadien Depuis 2010, Harley Finkelstein est chef des opérations pour la populaire plateforme de commerce en ligne Shopify. L’entreprise d’Ottawa fondée en 2006 a aujourd’hui une valeur de plusieurs millions de dollars.
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art de vivre
Les nouveaux entrepreneurs Au Canada, l’entrepreneuriat a le vent dans les voiles. La preuve : aux quatre coins du pays, des milliers de start-up développent des technologies qui pourraient bien changer nos vies… au point d’attirer même les investisseurs de la Silicon Valley ! t e x t e Vi o l a i n e C h a r e s t - Si g o u i n
S photo Dominique lafond (Harley Finkelstein, shopif y )
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Industrie florissante La start-up québécoise Motorleaf s’attaque au marché de l’agriculture intérieure, qui est en plein essor, en proposant une technologie qui se contrôle par une simple application.
ur un écran géant apparaît l’image d’un homme assis dans un café, un téléphone à la main. Avec sa barbe et les lunettes qu’il porte, on pourrait le prendre pour un barista de la troisième vague qui profite de sa pause pour jouer une partie de FarmVille. « Voilà de quoi auront l’air les fermiers du futur », lance Ally Monk, cofondateur de Motorleaf, une entreprise en démarrage de Sutton, au Québec, qui vise le marché de l’agriculture intérieure. En sept minutes, cet entrepreneur démontre que la technologie qu’il propose (une version moins capricieuse de mère Nature, qui permet de contrôler humidité, ensoleillement et précipitations grâce à une simple application) ne relève pas de la science-fiction. « Il y a 5 millions de fermiers urbains en Amérique du Nord et il est possible de générer un minimum de 1500 $ pour chacun d’entre eux. C’est une occasion de 7,5 milliards de dollars », ajoute Ally Monk pour convaincre l’auditoire, qui compte d’importants investisseurs. Motorleaf est l’une des 73 start-up* (voir glossaire à la p. 32) qui, au cours des cinq dernières années, ont participé à l’accélérateur* FounderFuel, un programme de trois mois accompagné d’un investissement de 50 000 à 100 000 $, pour les aider à se lancer en affaires. L’événement Demo Day auquel j’assiste ce soir représente en quelque sorte la collation des grades pour les six start-up de la dernière cohorte. Toutes sont mercedes-magazine.ca
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art de vivre
Shopif y
Créativité à la hausse Les bureaux de Shopify, à Ottawa, offrent une ambiance décontractée propice à la multiplication d’idées.
des entreprises en démarrage, mais dans des secteurs très variés. Par exemple, Prollster est une plateforme d’apprentissage en ligne, tandis que Fundmetric est une technologie qui aide les organismes de charité à fidéliser leurs donateurs. « Demo Day, c’est l’occasion pour la communauté des start-up de se rencontrer. Ça donne une bonne idée du dynamisme qui y règne », affirme Sylvain Carle, directeur général de FounderFuel. Et, de fait, à voir l’enthousiasme qui anime la foule, j’ai l’impression d’assister à une conférence TED ! Sylvain Carle est bien placé pour évaluer l’effervescence que connaît actuellement le milieu des start-up. Avant d’assumer la direction de FounderFuel, il était à l’emploi de Twitter, à San Francisco. « Lorsque j’ai commencé à y travailler en 2012, il y avait quelques centaines d’employés. Deux ans plus tard, on en comptait 3500, répartis dans 15 bureaux à travers le monde. » Selon lui, cette deuxième vague de start-up, apparue après l’éclatement de la bulle technologique de 2000, est due à trois innovations. L’infonuagique 28
et les logiciels libres, qui ont démocratisé les technologies et permis aux entreprises d’épargner des sommes considérables, et les téléphones intelligents, qui ont ouvert la porte à une toute nouvelle dimension. « Cette combinaison de facteurs a favorisé le démarrage de milliers de start-up. Au pays, cette croissance a culminé en 2015 avec l’entrée en bourse de Shopify (voir l’encadré ci-contre), devenu un fleuron technologique canadien », se réjouit Sylvain Carle.
La fin de la concurrence ? Partout au pays, on ne compte plus les hackathons*, les incubateurs* et les accélérateurs où des entrepreneurs en herbe ou chevronnés font germer leurs idées... dont certaines sont franchement futuristes ! Dans le corridor reliant Waterloo à Toronto, plus de 1000 start-up génèrent annuellement 30 milliards de dollars – avec, en tête, l’application de messagerie Kik et la plateforme d’apprentissage en ligne Desire2Learn –, ce qui a valu à cette région le surnom de « Silicon Valley
« Shopify a été créé par des entrepreneurs pour des entrepreneurs », résume Harley Finkelstein. Celui qui est aujourd’hui chef des opérations pour cette start-up d’Ottawa peut se vanter d’avoir été un de ses premiers clients. « À l’époque, j’étudiais en droit et je vendais des t-shirts en ligne », se rappelle-t-il. C’est ainsi qu’il a adopté le site transactionnel que Tobias Lütke avait lui-même développé pour vendre des planches à neige. Heureusement, celui-ci a rapidement délaissé sa première entreprise pour perfectionner sa plateforme de commerce électronique. « Depuis, nous avons aidé plus de 325 000 détaillants à vendre des produits de plusieurs milliards de dollars dans 150 pays à travers le monde », se réjouit Harley Finkelstein.
photo dominique L Afond (Bureau shopif y )
F o n dat e u r s Tobias Lütke et Daniel Weinand c r é at i o n 2006 B u r e au x Ottawa, Montréal, Waterloo, Toronto et San Francisco e m p loy é s Plus de 1750
L’infonuagique, les logiciels libres, et les téléphones intelligents ont favorisé le démarrage de milliers de start-up. S y lva i n C a r l e , F o u n d e r F u e l
du nord ». L’automne dernier, 500 entreprises de cinq villes canadiennes ont participé aux journées Portes ouvertes startups, accueillant dans leurs bureaux plus de 8000 curieux. Au terme de cet événement, elles ont reçu au total 3625 candidatures pour des emplois. « On entend beaucoup parler de récession et de mises à pied, alors que plusieurs start-up sont, au contraire, en pleine expansion », remarque Emma Williams, directrice de la Maison Notman. En 2011, cet édifice patrimonial de Montréal est devenu le quartier général de cette communauté et accueille chaque mois plus de 60 événements favorisant l’entrepreneuriat. Les fondateurs de start-up échangent des idées au café OSMO, rencontrent leurs futurs clients dans les salles de réunion ou perfectionnent leur produit dans les bureaux qu’ils peuvent louer à prix abordable. « Ce sont des loyers d’une durée de trois à six mois pour leur permettre de prendre leur envol. On espère qu’après cette période, ils auront besoin d’encore plus d’espace pour accueillir des employés », ajoute-t-elle. Parmi les start-up qui ont pu bénéficier des installations de la Maison Notman, on compte Foodora, un service de livraison à vélo desservant des centaines de restaurants à Montréal et à Toronto, et BenchSci, une plateforme permettant aux scientifiques de consulter des millions de recherches en ligne. Cette nouvelle génération d’entrepreneurs n’adhère pas à la concurrence qui régit le monde des affaires et préfère, au contraire, s’entraider. Un esprit collaboratif, issu de la culture d’Internet, qui s’exprime à différents niveaux. « Par exemple, plutôt que de créer un produit et de réaliser ensuite que les consommateurs n’en veulent pas, ces jeunes entrepreneurs vont tenir compte de l’avis des clients dès l’étape de la conception. La plupart offrent également des actions à leurs employés, une manière de les récompenser si leur start-up fait son entrée en bourse », explique Sylvain Carle.
éclosion de talents Près de 400 entrepreneurs font fructifier leurs idées grâce à l’incubateur DMZ, à Toronto.
« Dans aucune autre industrie on ne trouve des gens aussi passionnés, prêts à donner autant pour le succès de leur entreprise », renchérit Emma Williams. Sachant que la majorité des compagnies ne survivent pas au-delà de cinq ans, ce n’est quand même pas rien ! Cela dit, les tentatives infructueuses ne sont pas perçues comme un échec, mais plutôt comme un apprentissage qu’on pourra mettre à profit… dans une prochaine start-up.
Le nouveau Klondike Tous les entrepreneurs vous le confirmeront : il ne suffit pas d’avoir une idée révolutionnaire. Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Les banques étant plutôt frileuses à soutenir ces jeunes pousses, la plupart se tournent vers des fonds de capital de risque* et des anges investisseurs* (qui peuvent s’avérer de vrais dragons !). Ceux-ci dénouent les cordons de leur bourse en échange d’actions, mais s’attendent bien souvent à une croissance rapide et à des rondes successives d’investissements, une cadence que ne peuvent pas forcément suivre toutes les start-up. mercedes-magazine.ca
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Ke ate x t F o n dat r i c e Narjès Boufaden c r é at i o n 2010 B u r e au Montréal e m p loy é s 15
« J’ai une histoire d’amour avec la recherche », confie Narjès
Boufaden. Après avoir terminé deux postdoctorats, cette spécialiste en intelligence artificielle a choisi de mettre son expertise au service des entreprises. « Comme j’ai grandi dans une famille d’entrepreneurs, c’était facile pour moi de faire le saut ! » C’est ainsi qu’elle a
Narjès Boufaden, de Keatext
N’empêche qu’en 2015, les membres de l’association canadienne d’anges NACO ont investi 133,6 millions de dollars, une augmentation de 47,6 % par rapport à l’année précédente. Et au cours du premier trimestre de 2016, selon PitchBook, 103 start-up canadiennes ont accédé à la somme record de 881 millions de dollars. Cette augmentation coïncide avec une baisse de financement au sud de la frontière, laissant suggérer que quelques investisseurs américains auraient sauté la clôture, attirés par la valeur de notre huard. Une hypothèse que confirmait le Financial Post, en mai dernier, rapportant que les start-up canadiennes suscitaient un véritable engouement dans la Silicon Valley. Parmi les joueurs américains venus flairer le talent d’ici, on trouve le fonds de capital de risque 500 Startups, qui assure le financement de plus de 1600 entreprises à travers le monde. Au cours de la dernière année, cette société californienne s’est dotée d’une antenne canadienne – avec des bureaux à Toronto, à Montréal et à Calgary – pour y repérer de jeunes compagnies et adresser les plus prometteuses à ses accélérateurs de San Francisco et de Mountain View. 30
point d’ébullition Quartier général de la communauté des start-up de Montréal, la Maison Notman abrite des bureaux, des salles de conférence et le Café OSMO.
développé une technologie qui permet d’analyser les commentaires émis par les consommateurs, que ce soit par courriel ou sur les réseaux sociaux. Beaucoup moins cher et plus facile d’utilisation que les autres logiciels du genre, Keatext permet non seulement de détecter automatiquement les critiques et les suggestions, mais d’en déterminer le sens et le motif. Un précieux outil pour les entreprises qui désirent optimiser l’expérience client !
art de vivre
traitement de texte Le capital humain derrière Keatext, un logiciel qui analyse les commentaires des consommateurs.
Profession : ange
Selon David Dufresne, associé à 500 Startups, la croissance de ce type de fonds d’investissement s’est notamment accélérée après l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000. « Les investisseurs individuels et gouvernementaux ont changé leur façon de faire et préfèrent souvent placer leur argent dans des fonds diversifiés comme le nôtre plutôt que directement dans les entreprises », explique-t-il.
photoS Dominique L afond (Narjès Boufaden et bureau Keatex t )
Innovation 101 Les investisseurs ne sont pas les seuls à avoir le Canada dans leur ligne de mire. Au centre-ville de Toronto, dans un immense espace de 40 000 pi2, près de 400 visionnaires perfectionnent des technologies qui changeront peutêtre nos vies. Fondé en 2010 et associé à l’Université Ryerson, DMZ est le plus important incubateur académique en Amérique du Nord. Il attire des entrepreneurs provenant de pays comme le Royaume-Uni, l’Inde ou l’Afrique du Sud grâce à un programme fédéral de visas. « Certains pays possèdent l’expertise technique, mais leurs start-up ont du mal à percer le marché, souligne Abdullah Snobar, directeur exécutif de DMZ. Ici, elles sont à proximité des marchés de New York et de San Francisco, le coût de la vie est moindre et elles ont accès à du soutien, du financement et des bourses », fait-il valoir. À l’instar de Ryerson, de nombreuses universités mesurent à quel point l’entrepreneuriat peut s’avérer un moteur pour favoriser l’innovation. « La
révolution informatique a engendré une multitude d’autres révolutions, dont la biologie synthétique, les nanotechnologies ou l’intelligence artificielle. Ce sont des technologies exponentielles, qui évoluent à une vitesse incroyable. Nos institutions ne peuvent plus se contenter du contexte académique traditionnel, elles doivent se réinventer afin de s’adapter à cette cadence », estime Xavier-Henri Hervé, directeur-fondateur de District 3. Au cours des trois dernières années, plus de 200 start-up ont bénéficié de cet incubateur de l’Université Concordia, à Montréal. Parmi celles-ci, on compte Heddoko, qui a mis au point une combinaison
Issu d’une modeste famille d’immigrants indiens de l’île de Vancouver, rien ne prédestinait Manny Padda à devenir un entrepreneur, encore moins un ange investisseur. Pourtant, à l’âge de 26 ans, l’entreprise de recrutement de cadres qu’il a fondée atteignait une valeur de plusieurs millions de dollars. Sept ans plus tard, il se consacre à son rôle de philanthrope, de mentor et d’ange investisseur. Au cours de la dernière année, il a investi plus d’un million de dollars dans une douzaine de start-up canadiennes. « Ce sont des investissements extrêmement risqués, concède-t-il. La majorité de ces entreprises ne survivent pas. » S’il a su bien placer ses mises pour obtenir un bon rendement sur ses investissements, il considère que son principal bénéfice réside sur le plan humain. En plus de financer des entreprises d’ici, Manny Padda s’est donné pour mission de permettre à un million d’enfants à travers le monde d’avoir accès à l’éducation. Pas surprenant que l’association NACO l’ait nommé en 2016 « ange investisseur canadien de l’année » !
De nombreuses universités mesurent à quel point l’entrepreneuriat peut s’avérer un moteur pour favoriser l’innovation. Manny Padda
mercedes-magazine.ca
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Art de vivre
permettant aux athlètes d’améliorer leurs mouvements, et Ananda Devices, une technologie facilitant la recherche en culture cellulaire. « Ce sont des chercheurs avant tout, mais ils veulent que les scientifiques du monde entier puissent profiter de leurs technologies », précise M. Hervé. Selon lui, il ne suffit pas d’aider les start-up d’ici à devenir prospères, il faut également que celles-ci contribuent à notre économie. « Plusieurs ne trouvent pas de clients au pays et sont recrutées par des corporations américaines », déplore-t-il. C’est la raison pour laquelle il planche actuellement sur le programme Club de l’adoption de l’innovation, dont la mission serait d’inciter les grandes compagnies canadiennes à utiliser les technologies développées par les start-up. Qui sait, peut-être adhéreront-elles aussi à cette nouvelle économie d’entraide ?
Louis-Victor Jadavji et Shamil Hargovan, de Wiivv
Mercedes - Benz Canada Encour age les jeunes pousses !
L’an dernier, Mercedes-Benz Canada s’associait à Groupe Compass Canada afin de lancer le concours CXI, récompensant des start-up canadiennes dont les innovations améliorent l’expérience client. En janvier, elle participait au speed dating de la conférence ResolveTO, à Toronto, afin de rencontrer de jeunes entrepreneurs. r e s o lv e t o . c o m 32
WIIVV F o n dat e u r s Louis-Victor Jadavji et Shamil Hargovan c r é at i o n 2014 B u r e au x Vancouver et San Diego, en Californie e m p loy é s Une trentaine
À 23 ans, Louis-Victor Jadavji n’en est pas à sa première start-up, mais celle-ci pourrait révolutionner l’industrie de la chaussure ! Depuis qu’il a subi une blessure au genou lors d’une compétition de saut en hauteur, ce sportif est forcé de porter des semelles orthopédiques. « En discutant avec mon podiatre, j’ai réalisé que les matériaux utilisés pour ce type d’orthèse étaient compatibles avec les imprimantes 3D. Or, une des difficultés de l’impression 3D, c’est justement que peu de matériaux le sont ! » Aujourd’hui, il imprime des semelles adaptées à nos pieds à partir d’une simple photo prise avec l’application Wiivv... et, surtout, il les vend à prix modique !
Glossaire Accélérateur Programme visant à accélérer la croissance d’une start-up. Ange investisseur Particulier qui investit dans une jeune entreprise en échange de parts et qui, bien souvent, agit à titre de conseiller. Fonds de capital de risque Société qui investit dans une entreprise ayant un fort potentiel de développement. Hackathon Rassemblement en vue de développer des idées et des concepts. Incubateur Programme offrant du soutien aux entrepreneurs pour démarrer leur entreprise. Start-up Jeune pousse, entreprise en démarrage.
ÉTALON D’OR Un ouvrier inspecte l’amulette Golden Treasure. Il porte des gants pour éviter de l’abîmer.
précieux
héritage Depuis plus de 120 ans, les bagues, les colliers et les amulettes de Wellendorff ornent les doigts et les cous des femmes. Le secret du succès de cette bijouterie de Baden-Württemberg, en Allemagne ? Sa production à petite échelle. e n t r e v u e N I C L A S M Ü L L E R P h o t o s C h ris t ian B o r t h
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a r t d e viv r e
Nous utilisons les meilleurs matériaux, comme l’or et les diamants, et nous faisons appel aux meilleurs orfèvres.
EXCELLENTE VISION À gauche : Georg Wellendorff a l’œil sur les détails, mais il considère l’avenir avec confiance. Ci-contre : la photo d’une bague Wellendorff, faite d’émail à froid.
D’
un pas déterminé, Georg Wellendorff parcourt le trajet qui mène de l’atelier à la salle d’exposition. Là, le passé et le présent de son entreprise scintillent littéralement à l’intérieur des présentoirs. Parmi les bijoux qui y sont exposés, on trouve les fameuses collections de bagues Rings of the Year, présentées chaque année depuis 1997. Ou encore le Wellendorff Rope, un collier créé à partir de 160 m de fil d’or 18 carats, qui s’enroule avec une fine élégance autour du cou de celle qui le porte. À l’origine, son père avait conçu ce bijou pour sa femme. Georg Wellendorff, tout comme son frère Christoph, appartient à la quatrième génération de joailliers à la tête de cette entreprise familiale. En ce moment même, il porte toutefois son attention sur des créations d’un tout autre genre : des bretzels au beurre déposés sur la table de conférence à l’attention de ses invités. Aucun doute qu’il s’agit des meilleurs ! mercedes-magazine.ca
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art de vivre
monde ; nous embauchons d’ailleurs ses diplômés chaque année. Historiquement, notre entreprise n’a tiré que des avantages de la situation géographique de Pforzheim. Pour quelles raisons ? La ville de Pforzheim est située à seulement 40 km de Baden-Baden. C’est là que la grande aristocratie russe passait les vacances d’été lorsque mon arrière-grand-père a fondé la bijouterie, en 1893. Il n’a pas tardé à en prendre conscience et il a commencé à y présenter ses collections. Les dames aimaient ses créations à un tel point qu’elles l’ont invité à SaintPétersbourg. C’est ainsi que les bijoux Wellendorff se sont retrouvés à la cour du tsar. Aujourd’hui, quels sont vos principaux marchés ? Outre l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, nous visons trois marchés : ceux des autres pays européens, de l’Amérique du Nord et de l’Asie. Nous ne sommes toutefois pas présents dans des pays comme le Brésil, l’Inde ou l’Arabie saoudite, qui sont aussi d’importants marchés joailliers.
Comment parvient-on à assurer le succès d’une entreprise pendant plusieurs générations ? Il y a un principe qui a survécu à toutes ces décennies et auquel mon arrière-grand-père croyait : « En utilisant les meilleurs matériaux, comme l’or et les diamants, en faisant appel aux meilleurs orfèvres et aux experts de l’industrie, en leur donnant les meilleurs outils pour travailler, on obtient inévitablement des bijoux de la meilleure qualité et du plus grand raffinement qui soit. Et on parvient, inévitablement, à séduire les plus importants connaisseurs de joaillerie du monde. » Quand avez-vous entendu parler de ce principe pour la première fois ? C’est ma grand-mère qui me l’a appris lorsque j’avais environ 10 ans. Cette devise fait le pont entre les générations, liant le passé, le présent et le futur. Votre entreprise a toujours été basée à Pforzheim. Pourquoi ? Pforzheim est la capitale de la bijouterie en Allemagne. C’est dans cette ville que sont produits 70 % des bijoux allemands. On y trouve une des meilleures écoles d’orfèvrerie du 36
COUPS D’ÉCLAT Un orfèvre effectue une soudure sur un des colliers les plus célèbres de Wellendorff.
Et pourquoi ? Nous ne pouvons pas faire bien plus que notre production actuelle et nous ne voulons pas augmenter nos effectifs. En ce moment, 120 employés sont à notre service, dont 80 à la production. Je suis en contact avec chacun d’entre eux une ou deux fois par jour. J’apprécie de pouvoir leur parler. Je les connais tous par leur prénom et je sais où ils habitent. Je connais même les conjoints de plusieurs membres du personnel. Il serait difficile de conserver cette ambiance familiale si la compagnie passait à plus de 120 employés. Vous dirigez l’entreprise conjointement avec votre frère Christoph. Il est en charge de la clientèle, et vous, de la production. Avez-vous déjà envisagé de faire autre chose dans la vie ? Jamais. Mon frère et moi avons été initiés à l’univers de la joaillerie à un très jeune âge. Nos parents nous emmenaient à l’atelier et dans les salons de bijouterie. Quand les clients venaient à la maison, c’est nous qui faisions le service à table. Nous avons vu à quel point nos parents aimaient cette entreprise. Pourquoi voudrions-nous faire autre chose ? Vous arrive-t-il d’avoir des différends avec votre frère ? Nous ne sommes pas surhumains, mais nous avons chacun le dernier mot en ce qui concerne notre propre service. Notre but demeure toutefois le même : la croissance de l’entreprise. Comment comptez-vous y parvenir sans augmenter la main-d’œuvre ou injecter du capital étranger ? Nous envisageons une croissance
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à la manière souabe. Nous pensons pouvoir obtenir ce type d’expansion en mondialisant les valeurs de l’entreprise. Par exemple, certains collectionneurs précommandent nos collections Rings of the Year avant même que les bagues soient dessinées. À l’avenir, nous prévoyons offrir davantage de produits comme celui-ci et viser le marché international. Habituellement, ce sont des pièces uniques de haute joaillerie qui sont vendues ainsi en précommande. Pourquoi ne pas créer ce genre de collection haut de gamme ? Nous l’avons déjà fait, mais sans l’annoncer publiquement. C’est mon père qui est le gardien de nos pierres précieuses. Chaque fois que nous parvenons à lui en soutirer une, nos spécialistes la transforment en une magnifique pièce de joaillerie. Qui achète ces pièces uniques ? Des inconditionnels de la marque et des collectionneurs qui prennent plaisir à acquérir ce genre d’œuvre.
travaillant sur l’ordinateur. Ce collier brille comme une rivière de diamants et nous l’avons nommé Sun. C’est notre plus gros vendeur.
Nous voulons nous assurer que nos clients puissent profiter de nos bijoux pendant toute leur existence.
L’avez-vous brevetée ? Non. Il s’agit d’une technique si complexe que personne ne pourrait arriver à un tel niveau de perfection. Combien coûte ce pendentif ? En or jaune, il revient à 19 700 € [environ 29 000 $]. C’est une coquette somme. Il y aura toujours des clients pour apprécier une telle excellence. Chacun des membres de la famille Wellendorff en est convaincu.
Les origines de la joaillerie remontent à des temps immémoriaux. Est-il encore possible de créer des bijoux totalement nouveaux ? Bien sûr. Plusieurs de nos employés sont à la fois des artisans et des inventeurs. Un jour, nous avons reçu une livraison de fil d’or qui s’était coincé dans la porte d’un coffre-fort. Tandis que nous l’examinions, le ciel s’est dégagé et, sous les rayons du soleil, le fil endommagé s’est mis à briller comme un diamant. Ce scintillement a frappé l’imagination d’un de nos employés. Deux ans plus tard, il est venu me voir pour me présenter ce qu’il avait créé. En tordant le fil d’une certaine manière, il était parvenu à reproduire la réflexion du soleil. C’est son habileté avec ce matériau et son savoir-faire qui lui ont permis de produire cette innovation ; il n’aurait jamais pu y arriver en
Avez-vous déjà songé à lancer une gamme plus abordable ? Ce n’est pas pour nous. Si on prenait cette direction, on devrait rapidement envisager la sous-traitance, ce que beaucoup de nos concurrents font. Nous voulons que nos bijoux soient confectionnés en Allemagne et que l’entreprise demeure ici. Vous pourriez envisager de ne pas travailler uniquement l’or et de créer, par exemple, une collection en argent. Avec l’argent, il y aura toujours le problème du ternissement. Voilà pourquoi il n’est pas compatible avec la devise de Wellendorff, qui est de toujours travailler les meilleurs matériaux. Nous voulons nous assurer que nos clients puissent profiter de nos bijoux pendant toute leur existence. Et, si possible, qu’ils ne soient pas les seuls et que les générations à venir puissent aussi en bénéficier. ÉBLOUISSANTES CRÉATIONS Ci-dessus : Georg Wellendorff jette un œil à des photos. À gauche : un dessin de l’amulette Golden Treasure et du collier Sun.
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Vous venez de lancer une nouvelle amulette, paraît-il... Oui, l’amulette Golden Treasure. Elle est ornée d’un diamant qui semble flotter, car on n’en voit pas la monture. La pierre est couronnée d’une précieuse topaze, qui donne l’impression d’être tombée dans l’eau et qu’une onde s’est créée tout autour. Depuis toujours, les orfèvres caressent le rêve de faire flotter ainsi un diamant. Nous avons travaillé pendant plusieurs années pour créer une telle monture.
Et que pensez-vous des sacs et des parfums ? Beaucoup de joailliers diversifient leurs activités et réussissent bien avec les accessoires. Oui, c’est vrai. Nous sommes une des rares entreprises de l’industrie à vendre uniquement des bijoux. Nous misons sur ce que nous faisons de mieux : des créations exclusives. Nous préférons nous concentrer sur les détails et améliorer chaque pièce jusqu’à la perfection. Ce qui nous intéresse, c’est de voir jusqu’où nous pouvons aller pour les améliorer plutôt que de nous disperser en empruntant plusieurs directions.
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ART DE VIVRE
Ch a peau
Monsi eu r P o r t e r ! Le chanteur de jazz Gregory Porter a commencé à faire de la musique sur le tard. N’empêche qu’il se produit aujourd’hui à guichets fermés dans les plus grandes salles de concert du monde... et ce n’est pas que sa voix unique qui déplace les foules. Nous avons discuté avec lui de la puissance du jazz, du racisme aux États-Unis et de sa fameuse casquette. e n t r e v u e M a n u e l a I M R E p h O T O S J Ü R G EN F R AN K
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L
e voilà qui arrive, sans fanfare ni entourage, avec un simple sourire. Il est visiblement mal à l’aise d’avoir 15 minutes de retard, ce qui est pourtant la norme lorsqu’on doit composer avec les interminables embouteillages de New York. Gregory Porter respire la classe et le style, tout en affichant une simplicité déconcertante. Il s’émerveille d’abord de l’incroyable vue sur les gratte-ciels de Manhattan qu’offre le réputé restaurant Rainbow Room, situé au 65e étage du Rockefeller Center. Il ajuste le mouchoir rose saumon dans la poche de son élégant complet avant de se faire guider par le photographe. On devine à sa voix et à sa posture que le chanteur de jazz de 45 ans n’est pas du genre à se laisser brusquer. Ancien footballeur à la large carrure, il remplit la pièce à lui seul. Sa présence semble toutefois atténuée par son éternelle casquette noire qui dissimule une partie de son visage. Gregory Porter a conquis le monde de la musique et, grâce à lui, le jazz est redevenu cool. De retour dans sa Californie natale en compagnie de sa femme et de leur fils après avoir vécu à New York, il a du mal à s’expliquer sa fulgurante ascension. Son dernier album lui avait valu un prix Grammy, et son nouvel opus, Take Me to the Alley, semble promis à un aussi brillant avenir. Le titre de votre album fait référence à une rue. Où est-elle située, au juste ? À Bakersfield, en Californie, où j’ai grandi et où ma mère travaillait comme pasteure. J’ai beaucoup appris de la vie sur cette rue. Dans quel sens ? Ma mère parcourait le quartier pour aider les gens. Ce n’était vraiment pas un beau coin de la ville. J’ai chanté dans la rue pour des prostituées et des toxicomanes. C’est comme ça que j’ai appris la compassion. Et la gratitude. Rêviez-vous de devenir musicien à cette époque ? Je savais que j’aimais chanter, que j’aimais la musique. Une chanson jouait en permanence dans ma tête. À l’église, tout le monde aimait m’écouter chanter. Mais en faire une carrière ? On n’avait pas le temps de penser à ce genre de chimère. Vous avez préféré vous consacrer au sport. Ce n’était pas un choix facile non plus. Seulement un pour cent des athlètes universitaires américains deviennent professionnels. Pour moi, ça représentait la possibilité d’aller à l’université. J’avais espoir de décrocher une bourse grâce au football et c’est devenu mon principal objectif. Jusqu’à ce que vous vous blessiez à l’épaule à la fin du secondaire – ce qui, avec le recul, 42
peut sembler un coup de chance. Quelque chose du genre. Mais, à ce moment-là, le monde s’effondrait autour de moi. C’était bien longtemps avant que je renoue avec mes premières amours : la musique. Qu’est-ce qui en a été l’élément déclencheur ? Ma mère. J’étais dans la vingtaine lorsqu’elle est tombée gravement malade. On a eu plusieurs conversations avant sa mort. Un jour, elle m’a dit : « N’oublie pas la musique. » J’avais énormément de respect pour elle. Elle a élevé huit enfants seule. Quand elle est décédée, je me suis effondré. C’est la musique qui m’a aidé à me relever. Vous avez lancé votre premier album à 38 ans, un peu tard pour entamer une carrière musicale, non ? Si on me compare à d’autres musiciens, oui, c’est tard. Pour ma part, je crois que c’est un processus qui prend du temps. Le jazz est un style musical qui traite de l’âge, d’expériences de vie, des hauts et des bas. Il faut avoir vécu pour pouvoir chanter ce genre de choses.
Gregory porter Grâce à sa voix veloutée de baryton, il est passé de compositeur inconnu à célébrité internationale en l’espace de quelques années. En 2010, il a lancé son premier album, Water, suivi par Be Good (2012) et Liquid Spirit (2013), qui lui ont valu de nombreux prix. Son plus récent opus, Take Me to the Alley, est paru sous la légendaire étiquette Blue Note Records, qui compte des géants du jazz comme Miles Davis, John Coltrane et Herbie Hancock parmi ses artistes. Le Californien manie toujours aussi bien les influences pop, soul et R&B, créant une musique jazz très accessible et pas seulement destinée aux amateurs du genre.
Quelles sont les expériences qui vous ont le plus marqué ? Par-dessus tout, l’insoutenable vide qu’a laissé mon père. Je l’ai à peine connu. Et nos rares rencontres ne nous ont pas permis de nous rapprocher. On pourrait croire que tout ça est loin derrière maintenant que je suis adulte, mais ce n’est pas aussi simple. Depuis que j’ai commencé à écrire sur ce que je ressens, ma musique est plus complète. Des chansons comme Hey Laura ou Be Good traitent de choses qui me sont réellement arrivées. Je n’ai pas besoin d’inventer. Ça doit être libérateur. Oh oui ! On peut dire qu’écrire des chansons est une forme de thérapie et c’est une bonne chose. Malheureusement, ça me met aussi dans la délicate situation de devoir performer devant un public. Or, je suis très timide. Au début, c’était l’enfer. Est-ce pour cette raison que vous vous cachez sous une énorme casquette ? Peut-être. [Rires] Je sais que tout le monde est curieux de connaître l’histoire derrière cette casquette, mais la vraie raison, c’est que j’aime ça. Plusieurs pensent que je la porte uniquement pour attirer l’attention. Je m’en fous. On ne m’a certainement pas offert un contrat de disque parce que je portais cette casquette-là ! Votre tout premier album a obtenu beaucoup de succès, remportant de nombreux prix, dont un Grammy. Vous êtes perçu comme celui qui est parvenu à rajeunir le jazz. La musique évolue constamment, mais les bases du genre restent les mêmes. Le jazz trouve ses
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art de vivre
Soixante ans après le mouvement des droits civiques, le jazz joue toujours un rôle culturel et politique.
racines dans le gospel, le blues et le spiritual. Les paroles et les mélodies peuvent lui donner un style contemporain, mais 60 ans après le mouvement des droits civiques, le jazz joue toujours un rôle culturel et politique. Malheureusement, comme l’a démontré la violence policière envers les Noirs à Ferguson et à Baltimore, les mêmes problématiques persistent. Nous continuons à défendre les mêmes choses qu’à l’époque : l’égalité, le respect et la liberté. Aujourd’hui, ce ne sont pas que les Noirs qui vivent ces injustices. Elles affectent aussi les femmes, les musulmans, les immigrants et les homosexuels. La liste est longue. Ferguson et Baltimore ont rappelé au monde entier que le racisme existait toujours aux États-Unis, qu’il n’était en fait jamais mort. Avez-vous personnellement été victime d’hostilité à cause de la couleur de votre peau ? Si je l’ai été, c’est de manière subtile, à travers des regards, par exemple. Dans mon enfance et ma jeunesse, toutes sortes de choses sont arrivées, incluant des croix incendiées et l’utilisation de mots que je préfère ne pas répéter. S’il peut ressortir du bien des récents événements, c’est de faire remonter le problème à la surface pour que nous puissions enfin le régler. Je suis fier d’être Américain. Mais il nous faut avoir une discussion ouverte 44
location R AINBOW ROOM, ROCKEFELLER CENTER
UNANIMEs Gregory Porter envoûte autant le public que les critiques avec son mélange de jazz, de soul et de pop.
art de vivre
genre musical a perdu des fans au fil du temps. Je veux changer ça. Quand j’écris mes chansons, il m’arrive souvent de penser au jeune de 20 ans qui croit que le jazz n’a rien à lui apporter parce que c’est de la musique pour les vieux. Ou à celui de 35 ans, qui a écouté du hip-hop toute sa vie et qui n’a pas encore réalisé la parenté entre ces genres. Est-ce la raison pour laquelle vos albums sont de plus en plus accessibles ? Je fais du jazz avant tout. Reste que ma musique est flexible et que ses frontières sont variables. Je ne veux pas qu’elle soit statique, qu’elle se limite à un seul genre. Elle doit être vivante. Si mes collaborations avec d’autres musiciens produisent un son plus accessible, je n’y vois rien de mal. Les métissages entre hip-hop, soul, classique et pop enrichissent la musique. Je sais que pour certains critiques, c’est comme vendre son âme au diable. Mais je crois au jazz. J’aime le jazz. Je veux que les gens réalisent tout ce que cette musique a à offrir. Si j’arrive à la démocratiser avec l’aide de la pop ou du hip-hop, eh bien tant mieux !
et ce dialogue doit aussi aborder le passé. On ne peut pas tout balayer sous le tapis ou faire abstraction de notre propre histoire. Quel rôle peut jouer la musique dans ce genre de débat ? Le jazz était – et est toujours – la plus libre de toutes les formes d’expression musicale. Abbey Lincoln, John Coltrane, Max Roach : la musique a été un catalyseur pour chacun d’entre eux. Le jazz rassemble, autant musicalement qu’idéologiquement. Si les paroles ont un caractère spirituel, c’est pour toucher les gens, les éveiller et les appeler à protester. C’est exactement ce que vous faites avec la pièce Fan the Flames. C’est vrai. « Levez-vous sur votre siège avec vos pieds sales. » C’est un appel à la réflexion et à l’action. On a le droit de protester. Nos pieds sont sales parce qu’on a marché dans les saletés et les mensonges que les politiciens ont laissés sur leur passage. Mais plus tard dans la chanson, on dit : « Levez votre poing en l’air. Protestez. Mais soyez gentils ! » La résistance non violente est primordiale pour le maintien de la paix. Ce que j’aimerais voir, c’est une protestation juste, un respect mutuel. L’objectif principal de votre musique est-il de susciter une prise de conscience ? C’est un de mes buts. Je fais de la musique pour plusieurs raisons, certaines d’ordre émotionnel, d’autres d’ordre politique. Je veux aussi divertir les gens et les intéresser au jazz. Ce n’est pas un secret : ce 46
Si j’arrive à démocratiser le jazz avec l’aide de la pop ou du hip-hop, eh bien tant mieux !
Ça vous a permis de toucher à une corde sensible, particulièrement en Europe. Comment expliquez-vous ce succès, alors que le phé nomène Gregory Porter commence à peine à prendre de l’ampleur en Amérique du Nord ? Si seulement je savais. Peut-être parce qu’on a du mal à reconnaître l’importance de ce qu’on a sous les yeux ? On voit souvent mieux les choses avec une certaine distance. Sinon, le public européen est plus ouvert, plus curieux. Au Royaume-Uni et en Allemagne, en particulier, les gens aiment faire des découvertes. Ça ne me semble pas aussi prononcé ailleurs, et ça ne concerne pas que moi ou ma musique. Historiquement, il y a eu davantage d’engouement là-bas pour le blues, le rock et la soul. Il y a là un grand appétit pour la musique. Peut-être parce que les États-Unis en ont déjà eu une généreuse part ? C’est vrai, dans un sens. Mais c’est surtout difficile de faire sa marque ici parce que l’industrie musicale est très puissante. Je parle de ça dans certaines chansons, dont Liquid Spirit : « Ne dé-déplacez pas les rivières / Laissez l’eau endiguée couler. » Ça s’applique aussi à la musique : laissons-la suivre son cours. Au lieu de ça, l’industrie décide ce qu’on doit aimer. Et si le jazz n’est pas sur sa liste, ça ne joue pas à la radio. Mais je ne perds pas espoir. Cette année, je fais une plus longue tournée aux États-Unis et au Canada, alors les choses bougent. Vous êtes tellement posé et décontracté… La vie m’a appris que la méthode forte n’apporte que de la souffrance. Je préfère y aller doucement. Et si une occasion se présente, je sais la saisir.
TORONTO 2516 YONGE
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PERFORMANCE Le monde de l’automobile, des sports motorisés aux nouveaux véhicules.
LE PLEIN
D’ÉNERGIE Avec l’arrivée d’une nouvelle génération de véhicules propulsés à l’électricité, tous les modèles de smart seront entièrement électriques. TE X TE MICHAEL MOORSTEDT MODÈLES EUROPÉENS PRÉSENTÉS
FASCINANTE Puissance accrue, autonomie prolongée, recharge plus rapide : les nouveaux modèles à propulsion électrique imposent de nouveaux standards.
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VIVE COMME L’ÉCLAIR Grâce à un rayon de braquage extrêmement serré et à un impressionnant couple de 118 lb-pi, les modèles de smart à propulsion électrique sont les plus rapides en ville.
Lorsqu’on conduit un véhicule électrique, on aime savoir en tout temps le niveau d’énergie dont on dispose. Voilà pourquoi on trouve dans tous les modèles smart de série, bien en évidence sur le tableau de bord, un wattmètre et un indicateur de l’état de charge de la batterie. 50
160 km
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C’est l’autonomie qu’offre le coupé smart fortwo electric drive. Une recharge complète de la batterie suffit amplement pour divers déplacements quotidiens, même si conduire en zone urbaine implique de freiner et d’accélérer à répétition. Les modes de conduite intelligente améliorent le rendement énergétique. Ainsi, le mode ECO fixe la vitesse maximale et ajuste l’accélération pour dépenser moins d’énergie lorsqu’on enfonce la pédale. Les capteurs radars permettent de tenir compte de la circulation et d’adapter en conséquence les paramètres de récupération d’énergie au freinage. Afin d’offrir une plus grande autonomie, la vitesse maximale est électroniquement limitée à 130 km/h. * Les données canadiennes n’étaient pas disponibles au moment de mettre sous presse.
photos Daimler AG
AVOIR LA BAT TERIE À L’ŒIL
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Elle est loin l’époque où la conduite électrique était synonyme de compromis. La smart est offerte en deux couleurs, dont ce vert électrique unique.
ÉLECTRISANTE Une des plus importantes caractéristiques d’un véhicule électrique est le temps de recharge de sa batterie. Or, les nouveaux modèles de smart se rechargent jusqu’à 50 % plus rapidement que leurs prédécesseures à partir d’une prise de courant standard. On peut maintenant prévoir de 2 h 30 à 3 h 30 pour cette opération, selon l’efficacité du réseau électrique.
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Pendant trois ans d’affilée, la smart a dominé le segment des véhicules électriques en Allemagne. Avec ses nouveaux modèles à propulsion électrique, elle compte bien poursuivre ce parcours gagnant et augmenter sa part de marché au Canada.
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Du coupé au cabriolet, la smart incarne la polyvalence en mode électrique.
AU BOUT DES DOIGTS Dans un futur proche, on pourra obtenir des renseignements sur l’état de son véhicule à l’aide d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un ordinateur grâce à l’application « smart control », de même qu’activer à distance certaines fonctions comme la préclimatisation. La possibilité de programmer ses trajets quotidiens comme on règle un réveille-matin compte parmi les ingénieuses améliorations de la smart. On évite ainsi de devoir procéder chaque jour aux mêmes réglages pour obtenir les indications désirées. Surveillez l’arrivée de cette nouvelle application.
La smart fortwo electric drive Lancée en 2007, la smart fortwo electric drive a ouvert la voie à la conduite électrique. De nouveaux modèles sont à prévoir au Canada en 2017.
La smart fortwo cabrio electric drive Voici l’argument qui devrait vous convaincre : la smart fortwo cabrio est le seul cabriolet entièrement électrique sur le marché mondial. La capote en tissu souple et entièrement automatique est le parfait complément au système de propulsion électrique. Ce modèle sera lancé au cours de l’année 2017. mercedes-magazine.ca
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UNE FORME ÉBLOUISSANTE Cette voiture concept s’inspire des classiques du design, tout en flirtant avec une technologie d’avant-garde.
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ROUGE Un coupé à portes papillon, aux proportions spectaculaires et propulsé à l’électricité : la nouvelle voiture concept Vision 6 de Mercedes-Maybach donne un aperçu de ce que l’avenir réserve à cette marque légendaire. TEXTE HELGE BENDL MODÈLE EUROPÉEN PRÉSENTÉ
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PHOTOS DAIMLER AG
L
a vision deviendra réalité dans quelques minutes à peine. L’homme qui supervise le design des marques et des produits de Daimler agrippe le voile noir qui cache son plus récent projet des regards indiscrets. Les flashs crépitent, les caméras sont en action. Quelques blogueurs brandissent leur téléphone intelligent, prêts à retransmettre la scène en direct. Gorden Wagener se tient dans le Star Lounge, où Mercedes-Benz a établi ses quartiers pour le Concours d’Elegance de Pebble Beach, en Californie. Une fois l’an, les verts de ce réputé club de golf accueillent les plus beaux joyaux de l’histoire automobile. Lors de cette compétition de voitures de collection – la plus exclusive du monde –, ce sont les raretés du passé qui font tourner les têtes. Mais aujourd’hui, l’équipe de designers de Mercedes-Benz nous présente sa vision de l’avenir… et ne manque pas de voler la vedette au passage. Une fois le voile tombé, tous peuvent admirer cette vision qu’on a osé concrétiser : une véritable voiture de rêve. Quelques minutes plus tard, la voiture concept a déjà atteint le statut de star. Les spectateurs ne peuvent que s’émerveiller, tandis que Gorden Wagener, lui, a le privilège de la toucher. Il fait doucement glisser sa main sur une des ailes du coupé. « Nos plus récentes recherches nous ont permis d’en rehausser les proportions à la limite du possible », révèle en souriant l’homme de 48 ans.
PERFORMANCE
cadrans circulaires munis de vraies aiguilles. « Il y a un véritable engouement pour les instruments analogiques authentiques. On n’a qu’à penser aux vinyles et aux appareils photo traditionnels qui reviennent en force », observe Gorden Wagener. Il est d’ailleurs possible de piloter la voiture manuellement. « On peut aussi opter pour le mode autonome, mais à vrai dire, c’est le genre de coupé qu’on voudra certainement conduire par soi-même. » Développant une impressionnante puissance de 748 ch, la Vision passe de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes, offre une autonomie de plus de 500 km et propose une fonction de recharge rapide qui, en moins de 5 minutes, permet de rouler pendant 100 km supplémentaires. Et parce que le coupé est propulsé par quatre moteurs électriques, il bénéficie également de la traction intégrale.
Avec son capot allongé, son toit surbaissé et son habitacle incliné vers l’arrière, la Vision 6 de Mercedes-Maybach a du caractère à revendre. Et un caractère d’envergure : avec 5,7 m de longueur, ce coupé dépasse l’actuelle Classe S de Mercedes-Maybach. Gorden Wagener poursuit sa présentation en expliquant que la marque Mercedes-Maybach aspire à n’offrir rien de moins que le luxe ultime. Évoquant le principe de pureté sensuelle, il insiste sur le fait que tous les modèles arborant l’étoile à trois branches se veulent à la fine pointe du raffinement et des tendances. En d’autres termes, ils doivent créer l’enthousiasme tant par leur style exceptionnel que par les surprenantes et ingénieuses innovations qu’ils proposent.
Élégante et flamboyante La façon bien personnelle dont Gorden Wagener voit les choses se reflète dans son allocution. « La calandre me rappelle un costume rayé », lance-t-il. À l’écouter, on n’a aucun doute qu’il s’agit d’un projet pas comme les autres pour le designer en chef. Malgré son professionnalisme à toute épreuve, il admet avoir eu des palpitations lorsqu’il a vu pour la première fois la voiture concept peinte en rouge zircon flamboyant. « J’ai pensé : “Wow, elle est incendiaire !” » L’habitacle de la Vision 6 a été aménagé dans un esprit de luxueux lounge. L’afficheur central consiste en un panneau de verre couvrant toute la largeur de la voiture. Le conducteur pourra apprécier des
LE VISIONNAIRE Gorden Wagener, designer en chef pour Daimler, présente l’aboutissement de ses recherches pour Maybach : une voiture concept d’un luxe absolu. Elle éblouit par sa calandre audacieuse, remodelant la silhouette signature de la marque.
En hommage au légendaire 300 SL, la Vision 6 de Mercedes-Maybach arbore fièrement des portes papillon. Sa silhouette aérodynamique, de même que certains détails – dont la double lunette arrière – évoquent de somptueux bolides Art déco, comme le 540 K Autobahnkurier, qui ont été les stars des précédentes éditions du Concours d’Elegance. « On ne peut toutefois pas dire que son style est rétro, précise Gorden Wagener. Il s’agit plutôt d’une réinterprétation des classiques du design, combinée à de nouvelles idées et à des technologies de pointe. » En ce lieu qui a vu défiler les plus élégantes et luxueuses voitures de l’histoire automobile, nous pouvons aujourd’hui entrevoir le genre de véhicules qui y seront présentés dans le futur. Reste qu’une voiture concept n’est pas un véritable prototype. Une multitude de facteurs peuvent entrer en ligne de compte avant qu’on décide d’en entreprendre la production. « Il est tout à fait envisageable que j’utilise certains aspects de cette voiture concept pour de futurs coupés, comme je peux développer complètement de nouveaux modèles pour Mercedes-Maybach », affirme Gorden Wagener. Lorsqu’on lui demande si une décision a déjà été prise à ce sujet, le designer en chef se contente de sourire, gardant la réponse pour lui seul. mercedes-magazine.ca
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JEUNESSE
ÉTERNELLE Les classiques des années 1980 de Mercedes-Benz sont plus en demande que jamais. Alors qu’il était au volant d’un 280 SL de la série R 107, l’acteur Marc Benjamin a découvert les raisons d’une telle fascination pour ces modèles dont la popularité perdure encore aujourd’hui. TE X TE HEIKE KOT TMANN PHOTOS ALE X ANDR A KINGA FEKE TE
ENSEMBLE CHEMISE ET PANTALON: EMPORIO ARMANI; CHAUSSURES: LUDWIG REITER; CHAUSSET TES: FALKE
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PRÈS DES YEUX ET DU CŒUR Situé dans la ville autrichienne de Lermoos, l’hôtel Mohr Life offre une suite avec garage intégré : la meilleure façon d’apprécier la beauté du 280 SL.
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EXPRIMER SON INDIVIDUALITÉ En conduisant une voiture classique, on fait le choix délibéré d’un moyen de transport qui reflète notre singularité.
ENSEMBLE VESTE: CALVIN KLEIN JEANS; POLO: ORLEBAR BROWN; PANTALON: MARC O’POLO; MONTRE: TIFFANY & CO.; CHAUSSURES: HERMÈS
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n l’entend bien avant qu’il apparaisse à l’horizon. Un grondement rauque et puissant qui retentit le long de la route, alors que le SL de Mercedes-Benz emprunte le dernier virage, se fondant parfaitement dans le paysage. Sa carrosserie bleu pâle étincelle sous les rayons du soleil. On dirait même un prolongement du ciel qui plane au-dessus de la commune de Lermoos, en Autriche, les pics des montagnes environnantes tranchant sur l’azur avec la précision d’un rasoir. Bleu Labrador : le nom de la peinture d’origine évoque à lui seul l’aura d’élégance et de romantisme qui émane de ce véhicule depuis sa conception. Si la beauté capte les regards, c’est toutefois le caractère qui marque les esprits. Et le SL est généreusement pourvu des deux attributs. Tout se déroule admirablement bien en cette magnifique journée dans la région du Tyrol, alors que l’acteur suisse Marc Benjamin se prête à une séance photo. Né en 1986, celui qu’on a pu voir dans la populaire télésérie Homeland a trois ans de moins que le 280 SL, lancé en 1983. Et tandis que le premier célèbre sa récente reconnaissance internationale, l’autre jouit d’une seconde vie. « Conduire est désormais bien plus que se rendre du point A au point B », pouvait-on lire dans la brochure du premier modèle de SL. Voilà une promesse qui a été tenue. Il suffit de monter à bord d’un véhicule de la série pour se sentir instantanément chez soi : tout nous y semble si familier ! Et sachant qu’on est au volant d’un fragment de l’histoire automobile, on ne peut qu’éprouver un sentiment de noblesse. De là, peut-être, cette impression de flotter sur la route en dépit d’une suspension remarquablement sportive qui adhère fermement au bitume. Le slogan d’origine illustre également le mode de vie que mènent les passionnés de voitures légendaires. Appartenant à une génération à l’affût des nouvelles technologies, ils choisissent consciencieusement leur mode de transport. Et, considérant la multitude d’options qui leur sont offertes, il ne s’agit pas uniquement pour eux de se rendre du point A au point B. C’est plutôt une décision délibérée de se déplacer tout en exprimant leur propre identité. À une époque où les fonctions des voitures sont de plus en plus uniformes, la singularité d’un véhicule devient plus attirante que jamais, caractérisant aussi celui ou celle qui le conduit.
Conçu pour durer « Aujourd’hui, un grand nombre de voitures donnent l’impression de sortir du même moule. À part la marque, peu d’éléments les distinguent. En revanche, même de loin, on peut facilement reconnaître un ancien modèle de MercedesBenz », s’exclame Marc Benjamin. Voilà sans doute pourquoi ces automobiles des années 1980
Plus une voiture est ancienne, plus il faut être attentionné.
connaissent un tel regain de popularité. À cet égard, aucune marque ne peut rivaliser avec Mercedes-Benz : non seulement ses véhicules sont considérés comme des classiques du design, mais les modèles de cette époque sont reconnus pour leur durabilité. Grâce à leur élégante carrosserie, à leur capot qui semble s’étirer à l’infini et à leur habitacle au confort inégalé, ils affichent un look tout à fait unique. Pas surprenant qu’à l’exception de la Classe G, c’est la série R 107 de Classe SL qui a été le plus longtemps en production chez Mercedes-Benz. Et rien d’étonnant non plus à ce que les heureux propriétaires de ces véhicules désirent les avoir à l’œil en tout temps. C’est d’ailleurs une possibilité que leur offre l’hôtel Mohr Life, à Lermoos, qui est doté d’une suite avec garage intégré. « Pendant la soirée, on peut admirer sa voiture à travers mercedes-magazine.ca
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ENSEMBLE SUR CETTE PAGE POLO: LACOSTE; PANTALON: RENÉ LEZARD; MONTRE: TIFFANY & CO. PAGE OPPOSÉE VESTE: BALLY; CHEMISE: HERMÈS; GANTS: FILIPPA K
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ST YLISME GINA PIEPER COIFFURE ET MAQUILLAGE ALEX ANDER HOFMANN/AGENTUR USCHI R ABE, AVEC LES PRODUITS CHANEL
DÉJÀ D’AVANT- GARDE Une foule de nouvelles technologies ont été lancées avec le SL, comme les poignées de porte sécuritaires et les feux arrière résistants à la saleté du R 107.
la vitre tout en sirotant un verre de vin », lance Marc Benjamin, amusé... même si l’idée est loin d’être bête. Être propriétaire d’une voiture classique exige qu’on porte toute son attention à la conduite. On ne peut en effet compter sur aucune aide technologique, du moins selon les standards actuels. Pourtant, à l’époque, la Classe SL faisait déjà figure de pionnière en offrant la climatisation, des vitres électriques, une transmission automatique, des freins ABS, des coussins gonflables et un ordinateur de bord. Bien entendu, l’aide active au stationnement, le système DISTRONIC ou le dispositif de stabilisation en cas de vent latéral n’étaient pas encore de la partie. Conduire un modèle ancien signifie également qu’on revient à l’essentiel, ce qui peut être attrayant pour les membres d’une génération qui ont découvert le monde assis dans le siège arrière d’une voiture avec un Polaroid, bien avant l’ère numérique, alors qu’on enregistrait sa musique en réutilisant indéfiniment les mêmes cassettes plutôt que de la télécharger par milliards de gigaoctets. Aujourd’hui, les Polaroid sont de nouveau tendance en dépit de toutes les avancées technologiques… ou peut-être justement à cause d’elles.
Ce que j’aime le plus quand je fais une virée en voiture, c’est d’en savourer l’expérience sensorielle.
« Ce que j’aime le plus quand je fais une virée en voiture, c’est d’en savourer l’expérience sensorielle », confie Marc Benjamin. Selon lui, avoir un R 107 signifie qu’il faut être aux petits soins sans pour autant devenir obsédé. Il s’agit d’un véhicule facile à conduire, qui peut être manœuvré sans grande expertise. « Évidemment, il faut être attentionné avec nos aînés, mais c’est aussi leurs petits caprices qui les rendent si spéciaux et attachants » affirme-t-il. En 2016, l’acteur a notamment tourné un film allemand, Unsere Zeit ist jetzt, dont le titre pourrait se traduire par « Notre temps est venu ». L’intrigue est basée sur la vie de Cro, un rappeur originaire de Stuttgart. Or, cet artiste a également un lien avec Mercedes-Benz : il y a deux ans, il a repeint un coupé CLA avec beaucoup d’originalité. En ce qui concerne le SL, les attentes envers un tel véhicule n’ont pas diminué, elles ont tout simplement changé. Et ses options techniques sont toujours d’actualité. À preuve : le R 107 de 1971 a été le premier modèle de Mercedes-Benz à être doté de rétroviseurs extérieurs réglables de l’intérieur, de ceintures de sécurité avec enrouleur à inertie et de feux arrière dont la forme les préserve étonnamment de la saleté. Alors que le soleil se couche doucement sur la campagne tyrolienne, d’invitantes vapeurs aromatiques s’échappent du spa. Le temps est venu de rentrer la voiture dans le garage… ou plutôt dans sa suite d’hôtel. Les belles choses de la vie ne devraient jamais se soustraire à notre champ de vision. mercedes-magazine.ca
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PERFORMANCE
50 ANS DE PUISSANCE Pour souligner son anniversaire, la marque de voitures de sport Mercedes-AMG passe à la vitesse supérieure. TEXTE MARC BIELEFELD MODÈLE EUROPÉEN PRÉSENTÉ
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photo DAIMLER AG
COUP D’ÉCLAT Le coupé-cabriolet GT C de Mercedes-AMG n’a jamais été aussi rapide. La calandre Panamericana devient la signature de la série.
PERFORMANCE
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l y a quelques décennies, le message « Soyez bref » figurait dans toutes les cabines téléphoniques jaunes de l’Allemagne. À l’époque, on s’échangeait des coups de fil plutôt que des « J’aime » et des photos de chats. Et lorsque Hans Werner Aufrecht et Erhard Melcher, collègues chez Daimler-Benz, ont fondé leur entreprise en 1967, ils ont été brefs en la baptisant AMG. Trois lettres, un nom, une marque internationale. Il s’agit en fait de l’initiale de leur patronyme suivi de celle de Großaspach, le petit village près de Stuttgart où Hans Werner Aufrecht est né. C’est à un jet de pierre de là qu’ils ont établi leur compagnie, dans le but avoué d’adapter les véhicules de Mercedes-Benz pour la course automobile et d’améliorer la performance des modèles de série. C’était une simple idée. C’est devenu une légende. Aujourd’hui, l’entreprise connue sous le nom de Mercedes-AMG est située à Affalterbach, non loin de son ancien quartier général, et elle compte 1500 employés. Cette division de Mercedes-Benz met au point des véhicules sport au design éblouissant et des modèles de haute performance dont les moteurs sont assemblés à la main. Sa collaboration avec Mercedes-Benz remonte à 1990, mais elle n’est devenue la propriété de Daimler AG qu’en 2005. L’usine d’Affalterbach a commencé à produire des modèles de série en 2009, le dernier-né étant le GT : un véhicule extrêmement sportif, offrant une performance exceptionnelle et quelques caractéristiques inspirées des légendaires 300 SL des années 1950. Lancé il y a deux ans, le GT est offert en deux modèles de coupés. Afin de célébrer l’anniversaire de AMG, un coupé-cabriolet et le GT R, un coupé haut de gamme, s’ajouteront à la série dès cet été. Tous les modèles sont dotés d’un moteur V8 biturbo à injection directe, mis au point par AMG et lancé au printemps 2015. Selon les modèles, ce V8 de 4,0 L développe entre 550 et 577 ch. Quant au GT R, il atteint 100 km/h en 3,6 secondes avec une vitesse de pointe de 318 km/h.
Record sur le Nürburgring L’automne dernier, le GT R a démontré qu’il ne se résumait pas à une impressionnante série de chiffres lors d’un essai routier organisé par un important magazine de voitures sport sur un des circuits les plus difficiles du monde : la boucle nord du Nürburgring, surnommée « l’enfer vert ». Inscrivant un chrono d’à peine 7 minutes en 10,9 secondes, le bolide de 577 ch est devenu la voiture sport conçue pour la route la plus rapide à n’avoir jamais été testée. Il faut dire qu’il s’agissait d’une course en terrain connu, puisque le véhicule-vedette de Mercedes-AMG a été mis au point en grande partie sur les pistes de Nürburgring. Aujourd’hui, tous les modèles de GT arborent une de ses principales caractéristiques : 62
L’ULTIME EXPÉRIENCE Le coupé-cabriolet GT C de Mercedes-AMG : une conduite tout en souplesse propulsée par 550 ch.
LE COUPÉ-CABRIOLET GT C DE MERCEDES-AMG Une performance de conduite signée Mercedes-AMG. Plus intense que jamais. Couleur : blanc diamanté Transmission : 7 vitesses Nombre de cylindres/ disposition : V8 Cylindrée (ccm) : 3982 Puissance : 550 ch de 5750 à 6750 tr/min Les données ci-dessus ne sont pas celles d’un véhicule en particulier et ne font pas partie de l’offre du produit ; elles ne sont fournies que pour faciliter la comparaison des différents modèles.
MERCEDES-BENZ.CA
OUVERTURE D’UNE SALLE D’EXPOSITION MERCEDES -AMG À TOKYO La première salle d’exposition indépendante de Mercedes-AMG vient d’ouvrir ses portes dans le quartier Setagaya, à Tokyo. Depuis 2008, plus de 400 Centres de performance AMG ont été inaugurés chez des concessionnaires Mercedes-Benz de 40 pays à travers le monde. La marque prévoit lancer une deuxième salle d’exposition indépendante à Sydney d’ici la fin de 2017.
sa calandre Panamericana. Les connaisseurs reconnaîtront la calandre arrondie aux montants verticaux plaqués chrome de la 300 SL (de série W 194), une voiture de course qui, en 1952, a mené Mercedes-Benz sur la route de la gloire. Dès sa première saison, elle a réalisé de nombreux exploits, dont deux victoires aux 24 heures du Mans et, plus impressionnant encore, un double triomphe à la Carrera Panamericana, une course de longue distance sur 3371 km d’éreintantes routes en gravier à travers le Mexique. Pour Hans Werner Aufrecht, qui était adolescent en 1952, les pilotes de course de Mercedes-Benz étaient des héros. Le cofondateur de AMG a réalisé son rêve de travailler pour l’écurie de Daimler-Benz, mais seulement pour une courte période. En 1964, alors qu’il venait de joindre l’équipe de développement de Mercedes-Benz, il apprenait que l’entreprise se retirait de la course automobile. Hans Werner Aufrecht n’a pas baissé les bras pour autant : son rêve, il l’a concrétisé dans le garage de sa maison, à Großaspach. Avec ses collègues Erhard Melcher et Manfred Schiek, il a modifié une 300 SE (de série W 112), la berline de série allemande la plus rapide de l’époque, pour pouvoir participer à des compétitions de voitures de tourisme. Le succès ne s’est pas fait attendre, puisque Manfred Schiek a remporté 10 courses au Championnat allemand de voitures de tourisme en 1965. La nouvelle de ce triomphe s’est propagée et des pilotes professionnels, mais aussi des particuliers, ont alors fait appel à Aufrecht et à Melcher pour savoir comment maximiser le potentiel de leur véhicule. « En fait, nous voulions simplement faire de la course automobile, se souvient Hans Werner Aufrecht, mais nous avons commencé à accepter des contrats pour financer ce rêve. » Au fil des ans, ces « à-côtés » sont devenus un flot continu de travail qui leur a permis de transformer les modèles Mercedes-Benz en voitures de
haute performance. Mais la véritable percée qui allait transformer leur entreprise en marque internationale n’a eu lieu qu’en mars 1968, avec la 300 SEL 6.3 – le modèle haut de gamme de la série W 109, prédécesseur de la Classe S. Équipée du moteur V8 de la 600 de Mercedes-Benz et d’une transmission automatique, cette luxueuse berline livrait une performance digne d’une voiture de sport. Après presque deux ans de travail acharné sur un véhicule de récupération (les moyens de l’entreprise ne permettant pas d’en acheter un neuf), la formule gagnante était enfin dévoilée : une ingénierie de haute précision et une cylindrée poussée à 6,8 L, décuplant la puissance du moteur de 250 ch à plus de 400 ch. En juillet 1971, pendant les 24 heures du Mans, cette lourde berline a entièrement éclipsé ses rivales beaucoup plus légères. Du jour au lendemain, le sigle AMG était sur les lèvres de tous les passionnés de course automobile.
photos DAIMLER AG, ARCHIVES DES CL ASSIQUES MERCEDES - BENZ
1000 ch sur la route ? À partir de cet instant, l’entreprise a véritablement pris son envol. Jusqu’à la fin de la dernière décennie, Mercedes-AMG a perpétué la tradition instaurée par Mercedes-Benz dans les années 1920 qui fait la singularité de la Classe S et de la Silver Arrow : augmenter la puissance de ses voitures grâce à un compresseur mécanique. Aujourd’hui, il a été remplacé par le biturbo, qui est beaucoup plus performant. C’est d’ailleurs un nouveau moteur V8 biturbo de 4,0 L développant 612 ch qui transforme la berline E 63 S de Mercedes-AMG en un bolide de haut niveau : elle devient le modèle de Classe E le plus puissant qui offre l’accélération la plus rapide de tous les temps (de 0 à 100 km/h en 3,4 secondes). Cinquante ans plus tard, AMG s’apprête à dévoiler sa plus récente innovation : l’hypervoiture Mercedes-AMG, équipée d’un groupe motopropulseur hybride de formule 1 développant plus de 1000 ch et homologué pour la route. Aucun doute : l’entreprise compte rester fidèle à sa mission d’améliorer constamment la dynamique de conduite. PUISSANCE INTELLIGENTE La berline E 63 S 4MATIC+ de Mercedes-AMG combine les caractéristiques intelligentes de la Classe E et une performance exceptionnelle.
DÉBUT TRiOMPHANT Juillet 1971, à Spa, en Belgique : la 300 SL 6.8 de AMG conquiert le monde du sport automobile.
E 63 S 4MATIC+ DE MERCEDES-AMG Mercedes-AMG a perfectionné la puissante berline de Classe E, la plus intelligente de son segment, en l’équipant d’une transmission intégrale permanente et d’un moteur V8 biturbo de 4,0 L développant 603 ch. Couleur : gris sélénite Magno
Transmission : 9 vitesses Nombre de cylindres/disposition : V8 Cylindrée (ccm) : 3982 Vitesse maximale : 300 km/h Couple : 627 lb/pi de 2500 à 4500 tr/min Démarrage/arrêt ECO : oui
Les données ci-dessus ne sont pas celles d’un véhicule en particulier et ne font pas partie de l’offre du produit ; elles ne sont fournies que pour faciliter la comparaison des différents modèles. MERCEDES-BENZ.CA
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PERFORMANCE
EN ROUTE VERS
LE FUTUR
Mercedes-Benz est reconnu pour ses véhicules aux lignes épurées et aux courbes sensuelles. Mais Gorden Wagener, designer en chef chez Daimler AG, envisage déjà l’avenir. Et son concept de « pureté sensuelle » ouvre la voie à de toutes nouvelles perspectives. TEXTE MARC BIELEFELD
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PHOTO DAIMLER AG
MER DE POSSIBILITÉS Véritable oasis au cœur de l’océan, le Mercedes est un yacht de 300 m. Son dôme en cristal s’illumine la nuit et, durant le jour, reflète les rayons du soleil sur les quatre principaux ponts. Alimenté par impulsions magnétiques, il longe silencieusement une baie où s’alignent de gigantesques gratte-ciels.
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LES VISIONNAIRES À Sindelfingen, en Allemagne, dans un studio de design à la fine pointe de la technologie, Gorden Wagener (à droite) et son équipe imaginent ce que nous réserve l’avenir proche et à long terme.
LE LIVRE Là où les voitures et le monde de demain prennent forme. Sensual Purity – Gorden Wagener on Design, un ouvrage empreint d’élégance, publié par Condé Nast International.
données ? » ou « Comment transformer les zettaoctets et yottaoctets en un langage intelligible ? » Le design joue un rôle prépondérant dans ce processus d’évolution. Il agit comme une interface entre le monde intérieur et extérieur, entre l’émotion et la technologie. À ce propos, le livre Sensual Purity – Gorden Wagener on Design permet de faire un fascinant voyage dans l’esprit du réputé designer. On peut y voir son équipe à l’œuvre, lire d’intéressantes réflexions de philosophes, ainsi que des échanges avec certains des plus brillants créateurs. L’ouvrage nous invite aussi à visiter les coulisses de son studio de design. C’est ici que le futur prend forme, un futur où la mobilité s’intègre parfaitement à la vie quotidienne, où les gratte-ciels coexistent avec les parcs, où les ponts deviennent des tunnels en verre permettant aux voitures de filer à grande vitesse et où les drones planent au-dessus de nos têtes comme des oiseaux. Une utopie ? Peut-être bien. Mais le design trouve sa source dans ces idées folles (sans elles, les créatifs seraient tous au chômage). Voilà pourquoi l’équipe de Gorden Wagener consulte régulièrement des neuroscientifiques, des architectes visionnaires et des spécialistes du nomadisme numérique. Leur but ? Explorer les multiples ramifications entre les rêves et le savoir, repousser les limites de l’impossible et promouvoir cette diversité culturelle qui permet à la fois à un surfeur californien et à un ingénieur allemand d’avoir leur mot à dire. Dans un des chapitres du livre, on peut avoir un aperçu des mondes futuristes qui résultent de ces échanges d’idées et d’expertises : des marinas s’élevant au-dessus des flots, telles des raies manta ; des voitures contrôlées par la pensée ; des ponts intelligents aux multiples voies se déployant comme les ailes d’un albatros ; des gens assis devant des écrans flottant dans les airs, contemplant des plateformes surélevées à des milliers de mètres au-dessus de l’océan. Un monde nouveau imprégné d’une certaine pureté, se confondant avec le nôtre. Gorden Wagener tient toujours la pierre dans ses mains. À la fois banale et exceptionnelle. Parfaite. Sans coin pointu ni angle tranchant. Pure et sensuelle.
photos DAIMLER AG
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orden Wagener est assis dans un fauteuil, un morceau de granite entre les mains. Il le palpe, examine chacune de ses facettes. C’est une longue pierre grise sans coin pointu ni angle tranchant. Un fragment de la croûte terrestre, créé il y a des millions d’années et façonné par les éléments. Sa beauté et son élégance sont intrinsèques. Une roche lisse et douce au toucher, la quintessence de la pureté. Gorden Wagener dirige le service de design de Mercedes-Benz depuis 2008 et c’est ce qu’il nomme « l’ADN de la forme ». Pour le designer en chef de Daimler AG, né en 1968, cette pierre est une source d’inspiration, le symbole de la « pureté sensuelle », un principe qu’il applique dans la conception de chaque produit, pour chaque marque de la compagnie. Toutes les innovations et tous les véhicules conçus par Mercedes-Benz allient émotion et intelligence. À partir de cette nouvelle philosophie, Gorden Wagener redéfinit la notion même de luxe, qu’il qualifie de « luxe contemporain », pour marquer un changement d’attitude chez le consommateur : il ne s’agit plus d’accumuler des biens pour en faire l’étalage, mais plutôt de les choisir en fonction des valeurs qu’ils véhiculent. « Les gens intelligents sont extrêmement sélectifs, affirme Stephen Bayley, un critique de design britannique. Ils préfèrent la qualité à la quantité. » En réalité, ils sont surtout en quête de pertinence. Liberté, grandeur, sérénité. De l’espace pour respirer. Plus de temps. Pendant longtemps, ces principes ont influencé le design automobile contemporain et ils sont appelés à jouer un rôle plus important encore. De plus en plus, la voiture devient un cocon douillet. Intelligente, automatisée et connectée. Un véhicule dont les lignes et la navigation sont tout aussi fluides et qui n’est plus en conflit avec son environnement immédiat, mais qui contribue à l’améliorer. Selon Gorden Wagener, cette philosophie de pureté sensuelle, alliant intelligence technique et émotionnelle, ne s’applique pas qu’à l’automobile. Lui et son équipe cherchent constamment à répondre à des questions comme : « Quelles sont les visées sociétales de notre travail ? », « À quoi ressemblera la vie urbaine du futur ? », « Comment la technologie de demain transformera la mobilité ? » Pour y répondre, ils analysent plusieurs facteurs interreliés. Que ce soit le rôle des nouvelles technologies, de l’aménagement urbain et de l’architecture ; une utilisation judicieuse des ressources ; ou encore les besoins et désirs des prochaines générations. Ils se posent aussi des questions spécifiques à notre époque : « Quelle voie doit-on suivre pour que la révolution numérique nous libère plutôt que de nous aliéner ? », « Comment utiliser à bon escient le nombre exponentiel de
LUMINEUSE CATHÉDRALE La tour Oasis Plaza est dotée d’un toit intelligent inspiré d’une toile d’araignée. Il s’agit d’une membrane transparente ultralégère soutenue par des câbles souples et qui s’adapte au gré du vent, agissant comme une deuxième peau pour protéger l’édifice.
« La pureté sensuelle s’exprime par l’harmonie des contrastes. »
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DES AILES D’ACIER Un pont se déployant tel un albatros au-dessus d’un détroit. La structure compte 10 voies munies de tubes de verre dans lesquels les voitures du futur filent à une vitesse de près de 500 km/h.
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« Nous souhaitons que notre clientèle se sente chez elle dans le monde de Mercedes-Benz. »
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photos JONATHAN GLYNN - SMITH; DAIMLER AG
Voir Grand Gorden Wagener, designer en chef de Daimler AG, devant un écran géant sur lequel sont projetés les plus récents prototypes. Page opposée, dans le sens horaire, à partir du haut : Gorden Wagener et ses collègues Vera Schmidt et Sylvain Wehnert dans le véhicule de recherche F 015 ; le designer en chef tenant un morceau de granite ; le design du Gran Turismo de MercedesAMG évoquant une raie manta.
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voyag e Hôtels inoubliables, virées en voiture et destinations dépaysantes.
Séjou r s Nos hôtels préférés autour du globe.
Ac r e , en I s r a ël
Galilée 101 Niché dans deux demeures ottomanes (dont l’une est dotée d’un hammam turc vieux de 400 ans), l’hôtel Efendi compte 12 chambres et offre un tour guidé sur le thème des croisades, qui constitue une parfaite introduction à la Galilée. Cette visite éducative de quatre jours porte sur l’histoire et la culture de la région, sans oublier la gastronomie : Uri Jeremias est le propriétaire de l’hôtel et du restaurant Uri Buri, reconnu pour servir les meilleurs fruits de mer du pays. e f e n d i - h o t e l . c o m 72
G uayaq u i l , en É q uat e u r
Fusion fr anco espagnole Au restaurant Le Gourmet, de l’hôtel Oro Verde Guayaquil, le chef Antonio Perez propose une cuisine française aux accents équatoriens. Ce Portoricain d’origine qui a fait ses classes aux quatre coins du monde a l’habitude d’agencer les saveurs françaises et hispaniques. C’est lui qui a supervisé la première traduction espagnole du Répertoire de la cuisine de Théodore Gringoire et Louis Saulnier, publié en 1914, un abrégé du Guide culinaire de leur mentor Auguste Escoffier, considéré comme la référence en cuisine française. Parmi les inspirants plats du Gourmet, essayez le brochet de mer accompagné de légumes à la barigoule et la crème glacée au chocolat maya faite de cacao équatorien. Au c h t er a r d er , en É c o s s e
o r o v e r d e g uayaq u i l . c o m
Le faucon et le tartan Situé à une heure de Glasgow et d’Édimbourg, Gleneagles a des allures de château calédonien et ne manque pas d’attraits avec son impressionnant club de loisirs et son restaurant Andrew Fairlie, couronné de deux étoiles Michelin. Cet hôtel presque centenaire doit sa renommée à ses quatre splendides parcours de golf (dont l’un a été l’hôte de la Coupe Ryder en 2014), mais il permet surtout de faire une incursion dans la vie aristocratique : tir au pigeon d’argile ou équitation en matinée, tennis ou pêche à la truite l’après-midi, cigares et whisky en soirée. Son école de fauconnerie offre aussi un plaisir rare, celui d’enfiler un gant protecteur et de se lier d’amitié avec une très intelligente buse de Harris. g l e n e a g l e s . c o m
Sa n F r a n c i s c o, en Cal i f o r n i e
Rock velours Les hôtels Viceroy sont reconnus pour être aussi audacieux qu’uniques. Et ce dernier-né, inspiré du rock des années 1970, ne fait pas exception. Si la façade du Zeppelin évoque la pochette de l’album Physical Graffiti, il n’en est pas moins très ancré dans le présent. La preuve par trois. v i c e r oy h o t e l s a n d r e s o r t s . c o m
Lumineuse poésie Sirotez un cocktail artisanal ou un expresso Sightglass (le café favori des Sanfranciscains) au bar lounge et tentez d’apercevoir une furtive œuvre d’art murale : des graffitis visibles seulement par rayonnement ultraviolet.
Au jeu ! Besoin d’une détox numérique ? Faites un tour à la salle de jeux pour une partie de mississippi, de minibasket ou de bingo électronique nouveau genre.
À emporter Le Zeppelin se soucie de vous en tout temps : il met à votre disposition d’élégants vélos de la marque new-yorkaise Martone Cycling et le service de concierge Hello Scout, qui vous envoie par textos des recommandations personnalisées. mercedes-magazine.ca
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v e r t é c o s s a i s On peut désormais se rendre aux confins du continent et explorer l’incroyable littoral du Cap-Breton d’une manière très sportive… et c’est en partie grâce à Mercedes-Benz. t e x t e C H RISTO P H ER K ORC H I N p h o t o s B R U N O F L ORI N
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e me prépare pour un coup roulé de 90 verges qui traversera le vert infini du 8e trou de Cabot Cliffs. La mer scintille au loin et un couple de corbeaux me croassent quelques conseils. Vous avez bien lu : un coup roulé de 90 verges. Il faut dire que nous sommes à Inverness, en « nouvelle » Écosse. J’aurais pu laisser mes fers à la maison et jouer comme les gens le faisaient à l’époque dans les Highlands, de l’autre côté de cette mare. Ben Cowan-Dewar, cofondateur de Cabot Links, a pris un risque calculé en concrétisant sa vision d’un links écossais niché sur la charmante, mais lointaine, île du Cap-Breton. Il savait qu’un terrain de golf du genre en sol canadien offrait un bon compromis : pas de traversée océanique ni de conversion en livres sterling. « Nous étions convaincus qu’en parvenant à aménager de bons parcours de golf dans cette région incroyablement belle, les 74
coup double Les visiteurs de Cabot Links et de Cabot Cliffs bénéficient d’un service de navette qui les transporte d’un parcours de golf à l’autre à bord d’un Sprinter de Mercedes-Benz.
gens viendraient... et ils sont venus ! » se réjouit-il. Ajoutez à cela un huard faible et vous obtenez une formule gagnante. Nous avons d’ailleurs croisé plusieurs Américains pendant notre séjour – quoiqu’on ne vienne pas ici pour faire des économies. Inauguré en 2012, Cabot Links a été conçu par le Canadien Rod Whitman et il occupe le 93e rang des 100 meilleurs parcours du monde, selon Golf Digest. Quant à celui de Cabot Cliffs, une création de Ben Crenshaw et de Bill Coore, il est ouvert depuis l’été dernier seulement et s’est déjà hissé en 19e place (l’équivalent de recevoir un oscar pour un enfant acteur). Lorsque Jean Cabot a navigué au large du CapBreton, en 1497, il savait tout le potentiel que représentait le Nouveau-Monde, mais jamais il n’aurait pu soupçonner la présence de gisements de charbon qui feraient la fortune d’Inverness au xixe siècle, tout comme il était difficile de prévoir la chute de l’industrie minière dans les années 1950.
voyag e
Depuis, la population du village a décliné de moitié, passant d’environ 3000 habitants à 1400. Parmi ceux qui y sont restés, plusieurs ont de la famille qui travaille dans les champs de pétrole en Alberta. Mais Cabot Links, qui a été aménagé sur les mines maintenant décontaminées, pourrait renverser la vapeur. En effet, un vent de changement souffle sur Inverness me confirme Scott Smith, notre chauffeur, qui roule au volant d’un Sprinter de Mercedes-Benz. Cabot Links et Cabot Cliffs possèdent six autres luxueux fourgons qui transportent les golfeurs des aéroports de Halifax, de Sydney et de Port Hawkesbury vers les deux parcours, faisant également la navette entre ceux-ci. « C’est une bande de joyeux lurons ! » plaisante Theresa MacNeil, la conductrice d’un autre Sprinter. Ceux-ci peuvent heureusement compter sur un service de transport professionnel. « En créant ce complexe de golf, nous voulions offrir ce qu’il y a de mieux à nos visiteurs et l’ajout de ces fourgons améliore certainement leur expérience », affirme Ben Cowan-Dewar. Le lendemain, nous prenons la route pour explorer les environs. En moins de quelques minutes, nous passons devant une vente de « trappe à touristes » (de vieux casiers à homards vendus 20 $ chacun), puis arrivons au village de Margaree, où se trouve le Laurence’s General Store. La maison en bardeaux, qui surplombe le port et abrite un comptoir de Postes Canada, est si jolie qu’on pourrait y recevoir tous ses comptes sans jamais déprimer. « Nous sommes ouverts six jours sur sept », précise Fletcher Laurence, dont le commerce a été fondé par son grand-père, en 1860. « Et si vous n’avez pas acheté assez de provisions pour tenir du samedi au lundi, c’est tant pis pour vous », ajoute en souriant Don MacNeil, un de ses clients. Nous longeons ensuite la côte jusqu’à Chéticamp, un florissant village acadien à des années-lumière
Parcours côtier Les visiteurs de Cabot Links ne doivent pas se limiter aux verts : des voitures sont mises à leur disposition pour faire des essais routiers (et admirer les paysages) le long de la piste Cabot.
des grands centres d’achats. Sur les quais, il n’y a que l’odeur du diésel mêlé à l’air salin, le clapotis des vagues, quelques ancres rouillées et des cordages abandonnés. Puis, nous prenons la direction de Mabou, pour siroter un verre au Red Shoe. Le violon est roi dans ce pub appartenant aux Rankin, une célèbre famille de musiciens. Au son d’une musique celtique, nous accompagnons nos tortillas et la trempette au crabe, épinards et artichauts d’une Big Spruce, la pale ale locale. Malgré le menu plutôt actuel, cette partie du monde n’est clairement pas sur le point de changer. De retour à Cabot Links, je discute avec Ray Henry, directeur culinaire du restaurant Panorama, situé face au 18e trou. À travers les fenêtres, on peut voir l’endroit où il s’approvisionne en fruits de mer pour transformer les golfeurs les plus carnivores en piscivégétariens. « Dès qu’ils voient l’océan, ils s’exclament : “Ah, vous avez du homard !” Quand les bateaux affluent durant la saison, c’en est hypnotisant. Nous servons aussi du flétan, du saumon, des pétoncles et plein d’autres
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Parmi les divers types d’hébergements, Cabot Links dispose d’un pavillon de 72 chambres, de villas de deux ou quatre chambres et de résidences en bardeaux de cèdre surplombant la plage d’Inverness et reflétant ingénieusement le style minimaliste des parcours de golf. Plusieurs restaurants offrent une cuisine à base d’ingrédients frais du Cap-Breton, dont le Panorama, le Cabot Bar, le pub Cabot Public House et le café Downstreet Coffee Company, situé sur Central Avenue, à Inverness. Renseignez-vous auprès du concierge pour le transport vers l’aéroport ou sur la possibilité de faire l’essai d’un des véhicules Mercedes-Benz du complexe. c a b o t l i n ks . c o m
pêche du jour L’île du Cap-Breton plaira aux amateurs de homards et de poissons, comme la morue servie au restaurant Panorama (ci-dessus). « Trappes à touristes » en sus.
choses. Les clients finissent par dire : “Oh oui, je vais y goûter aussi”. » Les golfeurs peuvent également se retrouver au Cabot Public House pour manger et boire des whiskys de la distillerie locale Glenora, tout en fanfaronnant à propos de leur ronde du lendemain. « J’ai bien visé jusqu’à maintenant. Je n’ai pas besoin d’un caddy pour chercher mes balles », lance un client, qui semble soudain moins confiant lorsqu’on lui mentionne que certains obstacles font quelques centaines de verges. Le lendemain matin, alors que nous attaquons un de ces bucoliques parcours – situé si près du village et de son église qu’on se croirait en Europe –, nous réalisons que les verts vallonneux n’ont rien de facile. « N’y a-t-il aucune justice ? » s’exclame Dave, mon partenaire, lorsque sa balle frôle le trou sans y tomber. Oui, il y en a une : au 5e trou, un renard roux bondit sur le vert, inspecte nos balles, puis repart sans y toucher. Peu importe où nous mène le jeu, on ne risque pas de manquer d’inspiration (ni de surprises !) sur la côte de cette « nouvelle » Écosse. 76
Sur la piste 1
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Prenez la voiture pour parcourir la route panoramique surnommée « piste Cabot ». Garez-vous au pied de la montagne des Français et empruntez la promenade de bois du Skyline. Préparezvous à voir des orignaux et, si vous êtes chanceux, des dauphins pilotes dans la mer.
Un des meilleurs endroits pour pêcher le saumon se trouve à courte distance de Cabot Links. Retenez les services d’un guide et jetez votre ligne dans la rivière Margaree.
Inverness est célèbre pour ses céilithe (soirées traditionnelles gaéliques), où plusieurs ont trouvé l’âme sœur. Prévoyez également une promenade sur la plage et, de villages en falaises, longez le golfe sur 4 km ou faites une randonnée de 16 km sur le sentier Inverness Shean menant à Blackstone.
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photos Lee Brown/Alamy Stock Photo (promenade de bois du Sk yline); Cultura RM/Alamy Stock Photo (rivière Margaree).
Cabot Links
MIYABI. La beauté du tranchant
Voici MIYABI Black Dans la cuisine, les chefs japonais sont aussi exigeants pour la fonctionnalité que pour l’esthétique. La collection MIYABI 5000MCD 67 Black offre le meilleur des deux mondes, avec un coeur en acier poudré Micro-Carbide MC66 enveloppé de 132 couches d’acier affûté avec un motif de fleurs damassées. Fabriqué à la main à Seki au Japon. www.zwilling.ca/miyabi.
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Chez-soi en pleine nature Notre journaliste est sortie des sentiers battus (avec style) en traversant le parc national du Mont-Riding, au Manitoba, à bord d’un Unity FX, un Sprinter de Mercedes-Benz équipé comme une autocaravane. t e x t e S h e l Z o l k e w i c h P h o t o s A u s t i n M a c Ka y
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À
l’est, le ciel est éblouissant, avec la promesse du jour qui se lève. La brume suspendue dans la fraîcheur du matin prend une teinte rosée sous les premiers rayons du soleil. Les pins gris et les épinettes rouges et noires m’incitent à m’arrêter au bord du lac Clear, dans le parc national du Mont-Riding, au cœur de la forêt boréale qui recouvre en bonne partie le Manitoba. Je prends plusieurs bonnes bouffées d’air frais qui exhalent le parfum des conifères. Seul un cormoran, surgi de nulle part, interrompt ce moment de tranquillité, avec au bec un doré fraîchement pêché. Je poursuis la marche de 10 minutes qui mène au camping de Wasagaming avec notre propre déjeuner en main (cafés au lait et brioches à la cannelle chaudes achetés à la boulangerie Whitehouse du village). J’ai laissé mon mari Ivan dormir dans le grand lit du Sprinter de MercedesBenz, notre refuge douillet depuis les quatre derniers jours. Si nous séjournons en pleine nature, ce n’est pas à la dure ! Notre fourgon modifié comprend un coin-repas, qui peut accommoder de deux à quatre personnes, un grand évier et une plaque de cuisson, qui nous a permis de préparer bien plus que les casse-croûtes habituels en camping. La partie salon est plutôt spacieuse avec ses confortables sièges matelassés, où nous nous sommes attardés quelques matins pour bouquiner. Lorsque j’arrive à notre campement, Ivan n’est plus au chaud à l’intérieur du Sprinter : il m’attend à côté d’un feu crépitant, d’où il m’envoie fièrement la main. Situé à trois heures de voiture au nord-est de Winnipeg, le parc national du Mont-Riding est perché sur l’escarpement du Manitoba, des montagnes boisées qui contrastent avec les prairies à perte de vue qui les entourent. En 1931, Grey Owl – ce défenseur de l’environnement avant l’heure, qui prétendait avoir du sang apache bien qu’il soit né en Angleterre – a passé six mois dans la région. Même s’il a ensuite élu domicile au parc national de Prince Albert, ses efforts pour préserver la faune et la flore du MontRiding, notamment en rétablissant sa population de castors grâce au tout premier programme de conservation du parc, ont laissé leur marque. Notre plan pour la journée est de marcher dans les pas de Grey Owl sur le chemin qui mène à son 80
une bouffée d’air frais Avec le Unity FX, les campeurs sont rapidement installés, ce qui leur laisse plus de temps pour profiter de la nature, que ce soit couper du bois pour un feu ou admirer la vue.
ancienne cabane, au bord du lac Beaver Lodge. Après le déjeuner, nous fixons le lit escamotable contre le mur et appuyons simplement sur un bouton pour que l’auvent doté d’une lumière DEL se rétracte : notre maison sur quatre roues est maintenant prête à effectuer le trajet de 6 km jusqu’à ce sentier. C’est dans une forêt dense que nous entreprenons ensuite la randonnée de 17,4 km. Nous avons une faim de loup lorsque nous atteignons enfin la cabane en bois rond (dotée d’une petite porte pour Jelly Roll et Rawhide, les castors apprivoisés de Grey Owl), un pittoresque fragment d’histoire très bien préservé. Heureusement, nous avons apporté des sandwichs et des biscuits maison aux pépites de chocolat du Clear Lake Trading Post, le magasin général de Wasagaming. De retour de notre longue mais agréable promenade, nous roulons encore plus au nord jusqu’à l’embranchement de la route Lake Audy. Le bitume fait place à un chemin en gravier qui s’étend sur 30 km et où nous croisons un cerf de Virginie, de
Unit y FX
C’est un Sprinter de Mercedes-Benz, d’une longueur de 7,7 m, que le manufacturier Leisure Travel Vans, basé à Winkler, au Manitoba, a transformé en véhicule récréatif de luxe. La grande maniabilité de ce modèle, sa caméra de recul et ses larges rétroviseurs latéraux en facilitent la conduite, même si vous n’avez jamais été au volant d’un fourgon. L’installation se fait en moins de deux grâce aux fonctions pour ouvrir l’eau, niveler le véhicule, déployer l’auvent et accéder aux branchements électriques. L’intérieur est tout aussi fonctionnel avec ses deux téléviseurs, ses comptoirs en Corian, ses électroménagers en inox, ses sièges convertibles et son lit escamotable. l e i s u r e va n s . c o m
Pour EMporter La pizza cuite au four à bois du Foxtail Cafe et les chaudes brioches à la cannelle de la boulangerie Whitehouse sont encore meilleures de retour au camping.
même qu’une maman orignal et ses petits. Nous sommes toutefois plutôt à la recherche des plus populaires habitants du parc : un troupeau d’une quarantaine de bisons. Cette espèce, qui était autrefois endémique au Manitoba, a migré vers l’ouest en raison de la colonisation et de la chasse excessive. En 1931, on a voulu enrichir la vie sauvage du parc en y introduisant 20 spécimens provenant d’Alberta. Nous finissons par apercevoir un bison solitaire se tenant au milieu de la route. Son épais pelage brun foncé se découpe sur les longues herbes vertes et les fleurs sauvages, un contraste qui ferait une magnifique photo. Ivan essaie d’attirer son attention en tentant d’imiter un meuglement rauque, sans succès. Le jour a commencé à décliner lorsque nous nous arrêtons près d’un débarcadère sur la rive est du lac Clear. Nous avons espoir d’immortaliser un de ces couchers de soleil qu’on ne voit que dans les Prairies, où la ligne d’horizon ne fait pas obstruction aux couleurs qui se déploient dans l’immensité du ciel. Quelques voitures passent sur la route, celles des derniers golfeurs à avoir sillonné les parcours panoramiques du Clear Lake Golf Course. Presque tous s’arrêtent à ce qui semble être le poste d’observation non officiel du village pour assister à ce spectacle céleste. Dans le firmament, les nuages sont parcourus de faisceaux dorés, comme si la ligne d’un pêcheur formait une arche lumineuse. Une fois disparus les derniers rayons colorés, nous roulons quelques kilomètres en direction du Foxtail Cafe, qui occupe l’édifice historique de Scrase’s Mercantile, à Wasagaming. Sur la > terrasse du restaurant, nous mercedes-magazine.ca
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Soif d’évasion Un troupeau de bisons vit dans le parc ; Poor Michael’s Emporium est à la fois une librairie, une boutique et un café.
profitons de la nuit étoilée et observons les passants qui longent la rue principale. Le chef Tyler Kaktins vient nous saluer au moment même où nous est servie l’entrée : un filet de brochet en papillote, garni de beurre noisette, d’aneth et de citron. « C’est un de mes plats favoris ! » s’exclame-t-il. Je pique mon couteau dans le papier sulfurisé et une bouffée de vapeur s’en échappe. De retour au camping, Ivan appuie sur la touche permettant à l’auvent de se déployer automatiquement, créant ainsi un abri au-dessus de nos chaises pliantes. Il allume ensuite la lumière DEL, qui diffuse une lueur chaude sur notre terrain. À l’intérieur du Sprinter, j’abaisse le lit escamotable, lisse la couette et tamise l’éclairage. Notre chambre est prête, mais je préfère sortir un instant pour humer le parfum des épinettes rouges et admirer les volutes de fumée au-dessus de notre feu de camp. On n’entend que le son des bûches de peuplier qui crépitent, tandis que les flammes dansent dans la fraîcheur de la nuit. Nous levons les yeux au ciel, où des constellations invisibles en ville semblent s’entrechoquer, se superposant les unes aux autres en ne laissant guère d’espace entre elles. C’est seulement lorsque les premières gouttelettes de pluie se mettent à grésiller au-dessus du feu que nous répondons à l’appel de notre lit. Je m’empare alors d’un trésor aux pages écornées, déniché plus tôt à la librairie d’occasion Poor Michael’s Emporium : Sajo et ses castors, de Grey Owl. Même ici, dans le confort ambiant, une phrase résonne tout particulièrement : « N’oubliez pas que vous appartenez à la nature, vous ne la possédez pas. » 82
3 r aisons d’aller jouer dehors
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Le concepteur de terrains de golf Stanley Thompson, qui a imaginé les neuf premiers trous du Clear Lake Golf Course, est reconnu pour tenir compte de la configuration naturelle des lieux. (À titre d’exemple, le neuvième trou d’un golf qu’il a aménagé à Jasper se nomme « Cleopatra » en raison de ses courbes.) Ceux qui ont conçu les neuf trous suivants ont suivi son exemple : des allées sinueuses sur différents niveaux qui mettent au défi même les pros. cle arl akegolfcourse .com
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Un plaisir démodé attend toute la famille au Clear Lake Lawn Bowling Greens. Situé dans un quartier résidentiel où s’alignent les chalets centenaires, ce terrain de boulingrin plaira aux joueurs de tous âges. Voyons qui peut lancer sa boule le plus près du cochonnet...
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Jetez votre ligne à l’eau depuis le quai du lac Katherine, un des 1942 cours d’eau du parc national du Mont-Riding. Le grand brochet y est l’espèce prédominante et vous devrez sans doute vous débattre si vous attrapez un spécimen de bonne taille. Dans les ruisseaux McKinnon et Scott, vous trouverez de la truite mouchetée – la favorite des pêcheurs à la mouche.
Bonnes adresses
Wasagaming Pour une pause détente, rendez-vous au Elkhorn Resort et enfilez les pantoufles du Solstice Spa. Vous aurez l’impression de renaître après le rituel Sacred Nature Complete Restore, qui comprend un soin du visage et un massage relaxants. e l k h o r n r e s o r t. m b . c a
Même hors saison, les campeurs font la file pour savourer les brioches maison à la cannelle (à l’érable, au fromage à la crème, au blé entier avec raisins, aux cerises-pacanes ou originales) de la boulangerie Whitehouse. whitehousebakery cle arl ake .ca
Au magasin Clear Lake Trading Post, situé sur la rue principale de Wasagaming, vous trouverez des articles de camping, des sandwichs pour vos randonnées et de quoi remplir vos sacs d’épicerie. clearl aketr adingpost.com
Comment photographier un ciel étoilé ? Le parc national du Mont-Riding est un des meilleurs sites au Manitoba pour photographier le ciel étoilé. N’oubliez pas d’apporter votre appareil photo et, une fois la nuit tombée, suivez ces conseils du photographe Austin MacKay pour capter d’impressionnantes images avec comme seules sources de lumière la lune, les étoiles et, si vous avez de la chance, une aurore boréale.
Ne manquez pas de goûter aux pizzas cuites au four à bois du Foxtail Cafe, dont celles garnies de porc effiloché fumé ou de chorizo maison. Vous pourrez aussi créer la vôtre sur mesure à partir d’une sélection de plus de 25 ingrédients. t h e f o x ta i l c a f e . c a
Choisissez un endroit où il y a peu ou pas de pollution lumineuse. Vous créerez ainsi un fort contraste et les étoiles brilleront davantage sur vos photos.
Apportez un objectif à focale de 14 à 35 mm permettant une ouverture de f/3.5 ou moins. Vous pourrez ainsi absorber un maximum de lumière.
augmentez la sensibilité de l’ISO, ce qui permet de capter plus de lumière lorsque l’environnement est sombre. S’il s’agit d’une nuit sans lune, réglez l’ISO entre 1600 et 4000.
Faites la mise au point en demandant à quelqu’un de se tenir avec une lampe de poche à une distance d’environ 10 m. Utilisez son faisceau lumineux comme repère, puis verrouillez les réglages.
assurez la netteté de vos images en désactivant le dispositif de stabilisation qui se trouve sur votre objectif, autrement celles-ci risquent d’être floues.
Situé près de l’entrée du parc national du Mont-Riding, Poor Michael’s Emporium est à la fois une librairie d’occasion, un café et une boutique où la vaisselle en céramique et les bijoux côtoient des affiches et des toiles d’artistes locaux. poormichaels.ca
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À la recherche du temps perdu Célèbre pour ses temples, Kyoto était jadis la capitale impériale et le berceau de nombreuses traditions japonaises. Aujourd’hui, des artistes réinterprètent ce riche héritage et, surtout, prennent le temps de faire les choses à leur façon. te x te Sonja Bl aschke photos Enno K apitz a
BON GOÛT La galeriste et directrice culinaire Fumie Okumura élabore de nouveaux concepts à partir des traditions culinaires de Kyoto.
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s’inspirent de son passé sans pourtant être passéistes, ont gentiment accepté de nous faire découvrir leur vie et leur travail.
L’essence d’une ville
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ntièrement faite de verre, la maison de thé scintille sous les rayons du soleil. Tout juste en face, un banc, lui aussi en verre, demeure frais malgré la chaleur. Cette installation d’art moderne a été aménagée sur la terrasse en bois d’un temple bouddhiste, perché sur une des montagnes qui s’étendent à l’est de Kyoto. C’est le point de vue idéal pour admirer le damier que forme cette ville reconnue avant tout pour ses innombrables sanctuaires. Bien entendu, on peut aussi y apercevoir des passants vêtus du traditionnel kimono. Il y a 1200 ans, l’empereur de l’époque a choisi d’ériger son palais sur ce territoire protégé par des montagnes sur trois côtés. La position de Kyoto, nichée dans ce bassin naturel, lui impose des étés chauds et des hivers froids. La ville est scindée en deux par la rivière Kamogawa, qui s’écoule du nord au sud. Au printemps, lorsque les cerisiers qui la bordent sont en fleurs, elle se transforme en un long ruban rose. Les Kyotoïtes sont fiers de la beauté de leur ville, mais ils le sont encore plus de son statut de capitale culturelle du Japon. Et bien que l’ancienne cité impériale se modernise de plus en plus, nulle part ailleurs au pays on ne perpétue les traditions autant qu’ici. La mention « fait à Kyoto » signifie beaucoup plus qu’un simple repère géographique. Elle évoque toute l’estime que les artistes et les esprits créatifs ont pour leur ville. Quelques-uns d’entre eux, qui 86
tenue de ville Dans les rues de Kyoto, il n’est pas rare de croiser des passants en kimono traditionnel.
Avant de déménager à Kyoto, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une ville provinciale. J’ai découvert la ville par moi-même, pas à pas. Fumie Okumura, galeriste et directrice culinaire
Pendant 1000 ans, le palais impérial de Kyoto a été la résidence des empereurs avant qu’ils le délaissent pour celui de Tokyo, il y a 150 ans. Aujourd’hui, ce sont des joggeurs qui font leurs rondes dans son immense parc. Fumie Okumura, 45 ans, habite à quelques pas de là, dans une magnifique machiya, ou maison de ville traditionnelle. Des motifs floraux sculptés dans les murs laissent filtrer la lumière, tandis que des portes coulissantes recouvertes de papier de riz forment des cloisons entre les pièces et le corridor. « Avant de déménager à Kyoto, il y a deux ans, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une ville provinciale, affirme Fumie, qui a quitté Tokyo pour cette agglomération de 1,5 million d’habitants. Puis, j’ai réalisé que celle-ci ne révélait qu’une partie d’ellemême. Peu à peu, j’ai découvert sa face cachée. » Cette ancienne actrice devenue directrice culinaire est à l’affût de la prochaine saveur qui fera saliver les Japonais. Elle crée de nouveaux concepts gastronomiques, des stratégies marketing, encourage les agriculteurs à cultiver des légumes bios ou à produire du cidre, une activité beaucoup plus lucrative que de vendre des pommes. À Kyoto, où de courtes distances séparent les lieux – et les gens –, il lui a été beaucoup plus facile de donner vie à ses innombrables idées qu’à Tokyo. Ce désir de changement, elle l’a éprouvé en 2012, l’année où elle s’est mariée avec un galeriste allemand qui avait vécu entre Kyoto et Tokyo pendant 30 ans. Las des déplacements, le couple a choisi de s’établir à Kyoto après de longues discussions. Tous deux dirigent aujourd’hui la galerie Nichinichi, spécialisée en arts appliqués, qui attire fréquemment la visite de chefs professionnels avec sa collection d’ustensiles de cuisine. Fumie Okumura aime particulièrement le lien étroit qu’entretient sa ville d’adoption avec la nature, qui se reflète entre autres dans la gastronomie locale, influencée par les saisons. À la base de cette cuisine, on trouve les Kyo-yasai, d’anciennes variétés de légumes cultivées dans les campagnes environnantes, dont des aubergines rondes qui sont extrêmement juteuses. « À Kyoto, ce sont les légumes qui définissent l’essence de la cuisine », expliquet-elle. Sa propre essence à elle, son véritable lieu d’appartenance, Fumie dit l’avoir cherché pendant toute sa vie. À voir l’étincelle qui luit dans ses yeux, on devine qu’elle l’a enfin trouvée.
Éloge de la lenteur Né à Kyoto, celui dont le nom de plume est Shoshu n’a jamais vraiment quitté la ville. Ce calligraphe de renommée internationale ne pourrait
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s’imaginer vivre ailleurs. « Ici, le temps s’écoule tic-tac, tic-tac vraiment lentement. » Lorsqu’il doit se rendre à Tokyo pour son travail, les gens là-bas lui donnent l’impression de toujours être à la course. Chauve et menu, cet artiste de 58 ans ressemble à un moine zen. Il est assis sur un tatami dans une petite demeure discrète, comme celles qu’on trouve dans les nombreuses rues étroites de la ville. Autour de lui, les murs sont couverts d’encre noire. « Kyoto est essentiellement un grand quartier historique. En même temps, il y a constamment de nouvelles choses qui s’y créent. C’est pourquoi je continue d’y travailler », explique l’artiste, dont le style est considéré comme peu orthodoxe. Quel caractère calligraphique utiliserait-il pour décrire sa ville ? « Shinkyu, qui signifie nouveau et ancien. » À Kyoto, l’un et l’autre sont indissociables, affirme-t-il. On pourrait dire la même chose de son art. Tandis que de nombreux calligraphes suivent les traces des maîtres anciens, Shoshu préfère s’inspirer des riffs de guitare de son idole Eric Clapton pour dynamiser ses coups de pinceau. Il emploie d’ailleurs des pinceaux gros comme des balais pour étaler l’encre qu’il prépare lui-même sur des papiers washi, afin de produire des motifs organiques. Son approche unique, qu’il enseigne à 200 élèves à travers le Japon, lui a valu des contrats avec de prestigieux clients, dont une publicité pour Mercedes-Benz. « J’aime la tradition, insiste Shoshu, mais nous vivons en 2017. Ce sont les expériences que nous faisons, qu’elles soient politiques ou personnelles, que je veux refléter dans mon œuvre. C’est la seule façon de poursuivre la tradition. » Selon lui, si on ne fait que copier le passé, le temps s’arrête. « Ce qui était autrefois considéré comme avant-gardiste est aujourd’hui devenu la tradition », poursuit-il, songeur. Son but ? Rien de moins que révolutionner la calligraphie. Au Japon, on dit que trois types de personnes engendrent l’innovation : les marginaux, les jeunes et les idiots. Eriko Horiki sourit et hoche la tête en guise de réponse à ce dicton. Aujourd’hui, cette artiste de 54 ans, qui travaille le papier et collabore avec les plus grands architectes du pays, n’a certainement plus à faire ses preuves. Elle n’était pourtant qu’au début de la vingtaine lorsqu’elle s’est donné pour mission de sauver l’art du washi, un papier fabriqué artisanalement à partir d’écorce de mûrier de Chine. Seul petit problème : celle qui travaillait alors pour le service à la clientèle d’une banque ne connaissait rien à cette technique vieille de 1500 ans. Eriko Horiki est née à Kyoto, mais son débit rapide trahit le fait qu’elle a grandi à Osaka, la ville commerçante voisine. C’est une rencontre fortuite qui l’a ramenée à Kyoto et lui a permis de découvrir sa passion pour le washi. Pendant des années, les
Ce qui était autrefois considéré comme avant-gardiste est aujourd’hui devenu la tradition. Si on ne fait que copier le passé, le temps s’arrête. S h o s h u , c alligra p h e
artisans locaux ont toutefois refusé d’embaucher la jeune entrepreneure. Ils lui disaient : « Tu n’as pas de diplôme universitaire ni de formation en design ou en gestion. Tu ne peux pas travailler dans ce domaine. » Eriko n’a pas baissé les bras pour autant. C’est en essayant de nouvelles méthodes et en adoptant une vision plus large et pragmatique qu’elle est parvenue à créer de gigantesques feuilles de plus de 10 m de long, qu’elle juxtapose à des vitres antireflets. Aujourd’hui, son papier fait office de revêtement mural ou de paravent pour des musées, des boutiques, des hôtels de luxe et des bureaux, auxquels il procure cette indéniable touche japonaise. Keisuke Kanto aime les montagnes qui entourent Kyoto. Pour lui, la nature est un professeur. Il se tient fièrement, debout sur une pierre, à côté d’un érable, dans le jardin intérieur de Fumie Okumura. Aménagé à peine neuf mois plus tôt, celui-ci s’est épanoui de façon organique. Keisuke crée de magnifiques jardins dans lesquels la nature poursuit son œuvre, sans intervention humaine. Lui aussi apprécie les liens que tissent entre eux les gens créatifs de Kyoto. « Pas seulement pour le travail, mais aussi pour les verres de saké en soirée », précise ce quadragénaire en souriant. Après avoir étudié à Tokyo pendant plusieurs années, il a retrouvé avec plaisir le style de vie décontracté de sa ville. « Les Kyotoïtes ne sont pas pressés, même chez McDonald’s ! » Ici, le logo de la célèbre chaîne est brun, le rouge étant réservé aux dieux...
UN GRAND VILLAGE Agréablement paisible si on la compare à d’autres villes japonaises, Kyoto compte 1,5 million d’habitants.
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Simplicité volontaire D e r r i è r e s o n c o m p t o i r , Takao Fujiyama, 44 ans, captive ses clients comme le ferait un acteur sur scène. Le trac n’est pas un problème pour le chef du Wakuden Muromachi, qui a l’habitude de servir une dose égale d’humour et de savoir-faire. Brandissant un couteau aux allures de sabre, il découpe une murène japonaise congelée en fines lamelles, puis le recouvre de légumes verts croquants. Il décore ensuite sa création d’une compote de umeboshi (prunes) et de fleurs de shiso. Comme pour tous ses plats, le résultat est sensationnel : une expérience gastronomique unique qui se démarque de la cuisine kaiseki traditionnelle, issue de la cérémonie du thé. Fondé il y a près de 150 ans à Tango, au nord de Kyoto, et détenteur d’une étoile Michelin, le restaurant Wakuden Muromachi a ébranlé la scène gastronomique locale lorsqu’il s’est établi en ville, en 1982. Il propose des mets peu élaborés, selon la tradition culinaire de Tango. « Nous combinons le meilleur de la campagne et de Kyoto », affirme Takao. Incluant des ingrédients rares comme les ovaires de concombres de mer grillés. Ici, c’est la fraîcheur qui prime : les employés cultivent eux-mêmes les légumes bios, pêchent le poisson et récoltent le riz. À l’occasion de soirées spéciales, les clients sont invités à prendre la place de Takao Fujiyama derrière le comptoir et à tenter eux aussi de manier son couteau. wa k u d e n . j p/ r yo t e i/ e n/ K yo t o
MURÈNE JAPONAISE
Lorsque le chef Fujiyama enfonce son couteau dans le hamo (murène japonaise), on entend un craquement. Ce type d’anguille fait 2 m de long et contient environ 3500 arêtes, précise-t-il. Mais si un expert comme lui se charge de le trancher finement, aucune d’entre elles ne se retrouvera dans votre assiette. Annonciateur de l’automne, dit-on, ce poisson est très prisé dans la cuisine kyotoïte à cause de sa longue durée de conservation. Il fut un temps où les autres espèces de poissons étaient recouvertes de sel en vue du trajet de 100 km les menant jusqu’à Kyoto, tandis que la murène japonaise, elle, n’avait pas besoin de sel pour conserver sa fraîcheur. 88
PRÉCIEUSES SUCRERIES Dans la boutique du Kagizen, à côté du café, on trouve des confiseries sous les cloches en verre soufflé à la main.
Petites douceurs
LES SAISONS EN BOÎTE Ces confiseries nommées kyogashi évoquent le passage de l’été à l’automne. Bientôt, elles feront place à des feuilles jaunes et rouges.
Le goût de Kyoto « Q u e l n o m f o r m i da b l e ! » s’exclame Masami Onishi à propos du Ki No Bi, le premier gin fabriqué à Kyoto, dont l’appellation signifie « beauté des saisons ». « J’aime les couleurs automnales de Kyoto », affirme l’homme de 72 ans qui, pendant des années, a travaillé à développer le goût du célèbre whisky Yamazaki, de la distillerie Suntory. En septembre dernier, des douzaines de verres ont été posés sur la table à l’occasion d’une dégustation pendant laquelle Masami Onishi, le distillateur britannique Alex Davies et une équipe binationale ont tenté de déterminer, d’une variante à l’autre, la saveur parfaite pour ce gin. À base d’alcool de riz et d’eau de Fushimi (le quartier de Kyoto où est produit le saké), il est infusé d’ingrédients locaux, tels que yuzu, bois de cyprès japonais et thé vert, pour lui conférer son goût unique. Ce nouveau gin n’est rien de moins qu’une déclaration d’amour à des traditions centenaires et à la beauté de la nature. Alex Davies, 27 ans, qui s’est établi à Kyoto au début 2016, acquiesce : « Mon moment favori de la journée, c’est lorsque je pédale le long de la rivière Kamogawa à 6 h 30 du matin pour me rendre à la distillerie. » Une fois le soir tombé, c’est plutôt la vie noctambule de Kyoto qui l’intéresse. k yo t o d i s t i l l e r y. j p
E n vo u s p r o m e n a n t dans les ruelles de Gion, le quartier traditionnel de Kyoto, vous pourriez ne pas remarquer l’entrée du Kagizen (ou café zen). C’est délibérément que Zenya Imanishi, 43 ans, a choisi de ne pas y placer une grande enseigne. « Nous voulions en faire un endroit tranquille pour prendre une pause et relaxer. Un secret. » Effectivement, tout invite à la détente dans cet espace synonyme de simplicité et d’élégance japonaises. Depuis 300 ans, la famille de Zenya confectionne des kyogashi, ces confiseries traditionnelles de Kyoto, dont les kuzuyaki chauds (arrow-roots grillés) au sucre wasanbon caramélisé, que ce dernier sert avec une tasse de thé noir ou de café plutôt qu’avec le classique thé vert matcha. Pour choisir les couleurs de ses sucreries, Zenya fait preuve du même goût raffiné qu’on retrouve dans tant de domaines à Kyoto : discret et plus symbolique que réaliste. Jusqu’à la fin de la période Edo (1600-1868), au milieu du xixe siècle, les kyogashi étaient exclusivement réservés à l’élite, qui les dégustait pendant la cérémonie du thé. Aujourd’hui, on achète ces confiseries pour les offrir en cadeau d’hôtesse ou en souvenir. k a g i z e n . c o . j p/ e n
ALCHIMISTES Masami Onishi (à gauche) et Alex Davies distillent les saveurs authentiques de Kyoto pour produire leur gin.
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Coton Plusieurs visiteurs rêvent de se balader à Kyoto vêtus d’un yakuta, un kimono de coton aux couleurs vives, et de sandales geta en bois. Pour réaliser ce rêve à prix abordable, on peut compter sur d’innombrables agences de location, dont celles près du temple Kiyomizudera (ci-dessus), le plus fréquenté de Kyoto, dans le quartier Higashiyama. Elles offrent même des services de stylisme et de photo. Quant à la traditionnelle toile de fond, à Kyoto, elle est gratuite !
Pa p ier Cinq tubes en papier coloré, une paire de ciseaux et 45 minutes de votre temps : c’est tout ce qu’il faut pour créer votre propre robot, dont le plus populaire ici est le samouraï Rokusuke. La collection de figurines en papier Piperoid a été lancée par Koto – une entreprise fondée par un ancien dirigeant de Nintendo –, une société elle-même basée à Kyoto depuis 1889. C’est l’illustrateur de manga Kei Fukudome qui est à la tête de cette armée de petits personnages.
Cuir Pour gagner sa vie, Keisuke Miyake fabrique des poupées traditionnelles incroyablement détaillées, le genre qu’on trouve dans les vitrines des grands magasins au temps des Fêtes ou que les parents donnent en cadeau à leurs enfants. En ce moment, il crée toutefois d’originaux sacs en cuir rouge, noir et argenté en employant la même technique qu’il utilise pour fabriquer les habits de samouraïs de ses poupées. « Pour moi, c’est un passe-temps. J’aime la liberté que ça me procure », confie-t-il. k yo t o - m i ya k e . net
p i p er o i d. j p/ en
La nature à nos portes Imaginez plus de 5000 toriis (portails japonais) vermillon formant un tunnel de quatre kilomètres à flanc de montagne. Le sanctuaire Fushimi Inari Taisha est sans aucun doute l’un des plus impressionnants de Kyoto. À travers le site sont dispersées de nombreuses statues de renards, considérés comme les émissaires de la déesse shintoïste Inari Okami ; jadis patronne du riz et du saké, et aujourd’hui de la richesse et du succès, elle est la divinité favorite des gens d’affaires. En été, le trajet peut s’avérer un véritable supplice pour les randonneurs qui veulent atteindre le sommet de la montagne. Un conseil : allez-y tôt pour profiter de la fraîcheur du matin et éviter les foules. 90
F L E U V E T R A N Q U I L L E À Kibune, une petite vallée fluviale au nord de Kyoto, les
étés sont étonnamment plus frais qu’en ville. Si vous êtes prêt à vous aventurer sur les terrasses Kawadoko, suspendues au-dessus de la rivière, pour commander un mets traditionnel kaiseki, vous serez récompensé par une température encore plus agréable. La plupart des visiteurs n’y passent que la journée, mais vous pouvez aussi y réserver un ryokan, ou gîte traditionnel. Construit il y a 200 ans, le ryokan Ugenta offre de petites chambres, de style japonais ou occidental, décorées avec goût. Les chambres du deuxième étage disposent de salle de bain en plein air. S’il fait beau, le déjeuner est servi sur les terrasses Kawadoko ; dans le cas contraire, directement aux chambres. u g enta . c o .j p
B o n à s avo i r
C o n d u i t e Si vous prévoyez louer une voiture au Japon, vous n’irez pas très loin avec un permis de conduire international. Selon votre pays d’origine, il est possible qu’on exige une traduction japonaise certifiée du document. Chose certaine, il est plus facile de se déplacer à vélo dans les petites rues étroites du vieux Kyoto. Le mode de transport idéal pour percer les secrets de l’ancienne capitale impériale. Incendies Vous remarquerez des réservoirs rouges remplis d’eau devant de nombreuses maisons de Kyoto. La crainte des incendies (comme ceux provoqués par les séismes) est particulièrement présente dans les secteurs où se trouvent de nombreuses machiyas en bois, comme à Nishijin, l’ancien quartier des tisserands de soie, au nord de la ville. Plusieurs citoyens se procurent même des talismans au temple pour se protéger du feu.
À l’aventure !
Sur une distance de plus de 16 km, trois rameurs vous éblouiront par leur habileté à conduire l’embarcation entre les rochers et à travers les rapides de la rivière sauvage de Hozugawa. Juste avant que votre périple ne prenne fin à Arashiyama, on vous servira un festin de pieuvre grillée. www.hozugawakudari.jp/en
Itinéraire
illustration anna schäfer
Dessins Au temple Kozan-ji, on trouve des rouleaux de papier illustrant des personnages d’animaux considérés comme les premiers mangas. On lit ces histoires de droite à gauche, comme tous les écrits japonais. Aujourd’hui, même le milieu académique reconnaît la bande dessinée japonaise : ainsi, à Kyoto, le musée international du manga dispose d’une bibliothèque qui en compte 50 000 titres, tandis que l’Université Kyoto Seika offre un doctorat en étude du manga. S ac r i f i c e Célébré au temple Yasaka, le festival Gion Matsuri a un emblème qui ressemble à une rondelle de concombre. Il est plutôt mal vu de manger ce légume en juillet à Kyoto. À cette époque de l’année, on préfère le jeter dans le feu du rituel Kyuri-Fuji au temple Renge-ji. Vu sa ressemblance avec le corps humain, le concombre ainsi sacrifié nous protègerait des maladies pour le reste de l’été.
Des hauts et des bas Partez du célèbre temple Kiyomizu-dera (1), marchez jusqu’à la zone commerciale, tournez à droite à la rue transversale (Sannenzaka, 2) et descendez la côte abrupte le long des boutiques et des restaurants attrayants (sinon authentiques). Tournez de nouveau à droite pour emprunter les marches de la rue Ninenzaka, direction nord. Le temple Kodai-ji (3), illuminé plusieurs fois par année et ouvert le soir, vaut le détour. Si vous aimez magasiner, tournez à gauche au parc Maruyama (4), en direction du temple Yasaka (5) et de Gion (6), ou à droite, si vous êtes plutôt du type randonneur. À partir du parc et du temple Shorenin (7), empruntez le sentier escarpé qui monte vers Shogunzuka Seiryuden, sur une distance de 220 m. Le point d’observation (8), accessible certains soirs au début de l’été et à l’automne, offre une magnifique vue sur Kyoto. On peut aussi s’y rendre en taxi. mercedes-magazine.ca
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La petite séduction En Australie, la paisible ville de Hobart s’est fait remarquer grâce à un audacieux musée, mais c’est sa gastronomie qui devrait la propulser à l’avant-scène. t e x t e S A R A H T R E L E A V E N p h o t o s b o nn i e sava g e
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délices des mers Le chef et propriétaire du Aloft, Christian Ryan (à gauche), et son complice, Glenn Byrnes ; inauguré en 2015, ce restaurant allie produits locaux et saveurs inspirées d’Asie.
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fraîcheur éternelle Hobart est niché au pied du mont Wellington, qui est recouvert de neige même en été.
vec sa promenade serpentant le long d’anciens hangars en grès, ses multiples bateaux flottant sur l’eau et son nombre impressionnant de kiosques de fish and chips, le port de Hobart est pittoresque. Les gens du coin ont l’étrange habitude d’y commander du poisson pour le manger dans le stationnement d’un petit aéroport en regardant les avions décoller et atterrir ; il n’est d’ailleurs pas rare de voir plusieurs voitures alignées au bord de la piste d’atterrissage. La capitale de la Tasmanie compte à peine plus de 200 000 habitants et les loyers sont assez bas pour qu’on y trouve quelques bizarreries comme le Budgie Smugglers Takeaway (qui, en argot australien, désigne un maillot moulant pour homme), le seul casse-croûte de toute l’Australie exploitant le thème des pirates. Malgré cette ambiance de village, Hobart a su se raffiner au cours des dernières années, notamment grâce à une impressionnante culture culinaire qui met en valeur les produits de la Tasmanie, qu’il s’agisse des fruits sucrés provenant des vergers, des légumes cultivés dans des potagers urbains, des riches produits laitiers, du miel de fleurs sauvages onctueux ou des bières artisanales rivalisant avec les meilleures du monde. Mais, au-delà de sa
gastronomie, Hobart offre un parfait équilibre entre l’effervescence d’une capitale et la simplicité d’une vie de quartier. « Dans la même journée, on peut boire un excellent café, faire une excursion en pleine nature et sortir en soirée avec des amis. Hobart rivalise avec les plus grandes villes ! », s’exclame David Moyle, chef du restaurant Franklin. Selon plusieurs, on doit cette transformation relativement récente au Museum of Old and New Art (MONA) qui a ouvert ses portes en banlieue, sur la magnifique péninsule de Berriedale. Il s’agit du plus important musée privé d’Australie, fondé par David Walsh, un riche joueur professionnel dont les excentricités alimentent bien des ragots. Dans le stationnement, deux places portant les inscriptions « Dieu » et « Maîtresse de Dieu » lui sont réservées. Perché à flanc de coteau, le MONA est digne d’un repaire de méchants dans un film de James Bond et son architecture spectaculaire contribue à l’expérience immersive qu’on peut y vivre. La provocante collection de David Walsh comprend les moules d’organes génitaux de Greg Taylor, la véritable toile humaine qu’est Tim Steiner (dont le dos a été tatoué par l’artiste Wim Delvoye et qui fait de nombreuses performances au musée) et l’installation Cloaca (aussi de Delvoye), une machine qui reproduit le système digestif, ingurgitant mercedes-magazine.ca
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des aliments et rejetant des excréments. Pas surprenant que David Walsh présente le MONA comme un « Disneyland subversif pour adultes ». Cela n’empêche pas le musée d’honorer son mandat éducatif auprès des visiteurs, tout en étant une source d’inspiration pour les conservateurs du monde entier. Par exemple, on peut y emprunter des iPod et utiliser l’application The O pour obtenir des informations interactives sur les œuvres à proximité, comme leur origine et leur signification, des entrevues avec les artistes et même des exposés de David Walsh lui-même. (« Il aime beaucoup parler », glisse diplomatiquement un jeune employé du musée.) N’empêche que depuis son ouverture en 2011, le MONA a accueilli plus de 2 millions de visiteurs.
Une île de saveurs Les Tasmaniens ont toujours vécu de la terre. Mais, aujourd’hui, l’exploitation des ressources naturelles ne concerne pas tant les secteurs forestier et minier que la confection de cocktails aromatisés aux herbes ou la fermentation artisanale de fruits. Outre le MONA, la plus grande attraction de Hobart est le Salamanca Market, où l’on trouve de tout les dimanches matin : des pâtés à la viande, des kebabs halal, du savon à l’huile d’olive, des sous-vêtements en coton bio, sans compter les 94
tourtes aux pétoncles, une spécialité tasmanienne. Les gens du coin préfèrent toutefois le Sunday Farm Gate Market, plus petit et sans prétention. Tôt le matin, les producteurs s’alignent sur Bathurst Street pour vendre leurs bleuets bios, pains au levain, sauces thaïes, moutardes et herbes aromatiques. Des camions-restaurants servent des burritos de wallaby, des pizzas cuites au four à bois, de la paella, des sushis et de la cuisine de rue coréenne, tandis qu’un kiosque propose des huîtres fraîchement écaillées. Souvent, la plupart des marchands ont écoulé leur marchandise bien avant midi. Ici, la tendance locavore s’applique aussi aux boissons alcoolisées. Au Lark Cellar Door & Whisky Bar, la première distillerie moderne en ville, je savoure un whisky Single Malt Classic Cask, la spécialité de la maison, en compagnie de Brett Steel. Ce natif d’Australie-Méridionale, qui vit à Hobart depuis 2012, est l’instigateur de Drink Tasmania, des visites guidées permettant de goûter aux meilleurs vins, bières, whiskys et cidres de la région. « Quand j’ai emménagé ici, on sentait déjà l’excitation pour la décennie à venir, raconte-t-il. Les scènes artistique et gastronomique étaient vivantes, mais elles sont rapidement devenues effervescentes et beaucoup plus audacieuses. Depuis l’arrivée du MONA, les gens n’ont plus peur d’exprimer leur fierté pour ce qu’ils font. »
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ART nouveau Grâce au Museum of Old and New Art (ci-dessus) et au festival MONA FOMA (ci-dessous), Hobart est devenue la mecque artistique de l’Australie.
photos MONA/Rémi Chauvin (Mona); Adam Gibson (mona foma); Tourism Tasmania (salamanca , pêcheur, huîtres)
légende urbaine Le chef-vedette David Moyle est aux commandes du Franklin.
Par un autre après-midi ensoleillé, quoique venteux, je rencontre David Moyle du restaurant Franklin, qui a ouvert ses portes en octobre 2015 et que plusieurs considèrent comme le chef de file de la culture gastronomique de Hobart. Le chef à la barbe abondante et au chignon stylé est reconnu pour son expertise culinaire et l’importance qu’il accorde aux ingrédients. En ligne, il projette l’image d’un solide gaillard à la bonhommie rurale et aux bras musclés à force de corder du bois et de déterrer de parfaits petits navets. Dans ses temps libres, il fait du surf et recueille le varech. En personne, David Moyle est sympathique, brillant et plein d’assurance. Alors que la plupart des bistros de la ville sont modestes, le Franklin donne l’impression à quiconque y met les pieds de se retrouver instantanément à New York. Il y règne une élégance scandinave-nippone à laquelle participent ses tabourets en bois clair, ses comptoirs en béton, quelques peaux jetées çà et là et une grande cuisine ouverte. On peut y apercevoir des chefs photogéniques aux t-shirts noirs assortis qui, dans un silence complice, s’activent à fouetter, à griller ou à sortir les plats de l’énorme four à bois.
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q ua rti e r p ort ua ir e En plus d’accueillir un marché le dimanche, ce quartier portuaire abrite de nombreux hangars joliment rénovés qui ont été convertis en restaurants, bars à vin, galeries d’art et boutiques. On y trouve des bijoux, des articles en cuir, des objets déco et des jetés en mérinos de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Tours Gourmands Mary McNeill anime ces excursions d’une demijournée qui font la tournée des producteurs locaux. Le circuit urbain comprend neuf adresses et permet de déguster, selon les saisons, du saumon fumé maison, de fameuses cerises Stonecrest, de délicieuses tartes salées au fromage de chèvre et un riesling de la Coal River Valley. go u r m a n i a f oo d to u r s . c o m . au
pa rti e d e p ê c h e Robert Pennicott est un pêcheur aguerri (et un excellent raconteur) qui propose des expéditions d’une journée en bateau (pour un maximum de 12 personnes) pendant lesquelles on peut se régaler d’huîtres, de langoustes et d’oursins fraîchement pêchés, accompagnés de bières et de vins tasmaniens, tout en explorant eaux calmes et plages désertes. s e a f oo d s e d u c tio n . c o m . au
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Si la scène culinaire d’Hobart en attire plus d’un, c’est précisément parce qu’il ne s’agit pas de Melbourne, de Sydney ou de Londres.
Ce soir-là, je goûte à quelques créations de David Moyle inspirées par Hobart : un dumpling de purée de calmar enveloppé de verdure et accompagné d’une salade d’herbes poivrée et légèrement acidulée ; des oignons cuits dans la cendre avec des haricots croquants presque caramélisés ; et aussi de tendres médaillons de pieuvre servis avec du fenouil sauvage. Les légumes proviennent d’un petit producteur et la dernière fois que j’en ai mangé d’aussi sucrés, c’étaient les pois mange-tout chipés dans le jardin de mon père. Lorsque David Moyle évoque sa décision de quitter Melbourne pour Hobart, il avoue n’avoir pas planifié d’y rester aussi longtemps. « Je suis du genre à aller là où le vent me porte, mais j’ai réalisé que je voulais développer une relation avec les producteurs. On devient accro à ce genre de cuisine. Il suffit de miser sur la simplicité, il n’y a rien d’autre à expliquer. »
Nobles ambitions Si la scène culinaire d’Hobart en attire plus d’un, c’est précisément parce qu’il ne s’agit pas de Melbourne, de Sydney ou de Londres. En plein centre-ville, on trouve une jolie petite synagogue, un jardin de roses et de charmantes maisonnettes portant des noms comme Edith ou May. Ici, les chefs peuvent faire une promenade le matin avant de retourner dans leur cuisine pour expérimenter des recettes avec les prunes sauvages et les graines de livèche qu’ils ont cueillies. David Moyle n’est pas le seul expatrié à enrichir la gastronomie de Hobart. Fraîchement arrivés de Melbourne, Sarah Fitzsimmons et Kobi Ruzicka ont ouvert, en décembre dernier, le Dier Makr, un bistro moderne qui propose un menu dégustation misant sur les produits locaux et de saison. De leur côté, les propriétaires du Fico (il est de Hobart, elle vient d’Italie) se séparent la tâche aux fourneaux et servent des pâtes maison et des desserts élaborés au son d’une musique jazz des années 1930. Quant à la cuisine d’inspiration asiatique du Aloft (l’échine de porc char siu et les oreilles 96
Dolce vita Le style de vie décontracté de la Tasmanie a largement contribué au déploiement de la communauté artistique.
ADRESSES
Hobart S O U V E N I R S D E TA S M A N I E Faites un saut au Salamanca Arts Centre pour visiter la boutique Bruny Island Cheese Co., l’endroit idéal où acheter (et goûter) des fromages locaux, des bières artisanales, des noix marinées, des chutneys de poires et du miel de fleurs sauvages. b run y is l and c h eese . c om . au TR AITEMENT VIP C’est au départ du très stylé Brooke Street Pier qu’on prend le traversier pour le MONA. On peut opter pour le service régulier ou le « Posh Pit », un surclassement donnant accès à un luxueux barsalon avec fauteuils où cappuccinos, mousseux et bouchées sont servis à volonté.
saveurs d’ici Au Ettie’s, essayez l’interprétation du risi e bisi (ci-dessus) ou dégustez un vin local (25 % de la carte provient de Tasmanie) avec terrine de campagne et prunes au xérès.
b roo k estreetpier . c om
À L’A P É R O Il règne une ambiance de bar clandestin au Ettie’s, un nouveau bistro où l’on sert des bières et des vins de la région, ainsi que d’excellents cocktails artisanaux. Essayez le sour au rhum et à l’abricot, un mélange sucré, acidulé et légèrement piquant, servi avec un abricot fermenté. etties . c om . au D E B O N M AT I N Rendez-vous à la boulangerie Pigeon Whole Bakers, nouvellement agrandie, pour y engloutir une de leurs divines brioches à la cannelle et cardamome, couvertes d’un délicieux miel local… à s’en coller les doigts !
photos Bonnie savage (page de gauche); Ettie’s (nourriture)
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de porc frites y sont délicieuses), on la doit à deux chefs qui ont travaillé ensemble dans un restaurant de Melbourne avant d’emménager à Hobart : Christian Ryan, lui-même originaire de Tasmanie, et Glenn Byrnes. Le soir où je me suis attablée au Aloft, Glenn m’a confirmé à quel point Hobart avait changé depuis l’ouverture du Aloft à la fin 2015. La preuve ? Le matin même, sa conjointe venue le conduire au travail n’a pas réussi à trouver une place de stationnement ! La petite ville de Hobart n’a pas fini de grandir. En juillet, le très chic hôtel MACq 01, comptant 114 chambres, sera le premier à s’installer dans le port depuis une décennie. On prévoit qu’en 2018 l’aéroport pourra accueillir des vols internationaux
grâce au prolongement de sa piste d’atterrissage. Et le MONA s’est associé à deux événements qui stimuleront le tourisme à longueur d’année : en été, le festival de musique et d’art MONA FOMA, présenté par Brian Ritchie (bassiste de Violent Femmes), et le Dark MOFO, une célébration du solstice d’hiver (qui a lieu en juin là-bas) avec projections de feu, installations artistiques, bains de minuit et camions-restaurants. Hobart est résolument tournée vers l’avenir. Et le meilleur moment pour s’y rendre est sans doute dès maintenant : alors que le charme de cette petite ville opère encore, mais que ses ambitions culinaires et artistiques rivalisent avec celles des grandes capitales.
H Ô T E L S c l assi q ues et c ontemporains Premier hôtel à vocation artistique d’Australie, le Henry Jones compte 56 élégantes chambres et suites au décor unique qui mettent en valeur des éléments patrimoniaux, dont de superbes poutres et boiseries. Plus de 500 œuvres d’artistes tasmaniens y sont exposées en rotation. t h e h enr yj ones . c om Le Salamanca Wharf Hotel propose des appartements modernes et spacieux, offrant toutes les commodités et une touche de luxe (des chaises Eames et leur grande baignoire). Le minibar est rempli de collations, de bières et de vins de Tasmanie, tandis que le café du rez-de-chaussée propose une sélection de plats chauds et froids, incluant de délicieuses tartes salées et sucrées encore chaudes. sa l aman c aw h ar f h ote l . c om
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Roi de la route. Hissez-vous au volant d’une flotte de véhicules Mercedes-Benz lors du cours de conduite Maîtrise des performances. Créé pour le débutant comme pour le passionné, ce programme vous permet de prendre les commandes de véhicules tels que le Coupé Mercedes-AMG GT R et de vivre l’exaltation d’une accélération de 0 à 100 km/h en 3,6 secondes à peine. L’occasion de dompter la bête et de maîtriser la performance. Saisissez-la. Nombre de places limité. Réservez dès maintenant. mdp.mbdrivingacademy.ca
© Mercedes-Benz Canada Inc., 2017.
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Vision du futur À votre réveil, il projette les nouvelles sur le plafond de votre chambre. Ensuite, il roule jusqu’à la cuisine pour vous permettre de voir un film en déjeunant. Tipron est un robot doté d’une connexion wifi, qui se déplace par lui-même et peut projeter des images sur n’importe quelle surface. Il ajuste automatiquement sa hauteur et offre des projections d’une superficie atteignant jusqu’à deux mètres de diagonale. t i p r o n . c e r e vo . c o m mercedes-magazine.ca
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Des masques secs pour hydrater le visage ? Cette idée qui semble défier toute logique est celle de l’entrepreneure québécoise Nannette de Gaspé. Ses masques en TechstileMC, une matière innovante en provenance du Japon, sont imprégnés à 87 % d’ingrédients actifs (la plupart des masques n’en renferment que 15 %). Il suffit de masser délicatement le visage pour activer les composants de ce soin antiride qui, combinés au pH et à la température de la peau, pénètrent rapidement dans l’épiderme, sans laisser de résidu. n a n n e t t e d e g a s p e . c o m
Plein la vue Elles ont beau protéger les yeux, le véritable intérêt de ces lunettes solaires réside dans leurs branches qui permettent d’écouter de la musique sans écouteurs. Le son est transmis par Bluetooth, créant des vibrations imperceptibles qui voyagent vers l’oreille par transduction osseuse. Les ondes sonores contournent l’oreille moyenne et sont directement transmises au crâne, puis à l’os temporal. Les lunettes Zungle Panther sont aussi munies d’un minimicro qui permet de faire des appels (au risque d’avoir l’air de se parler tout seul). zungleinc.com
Niveau supérieur Maintenant que le tunnel de base du Saint-Gothard a été inauguré, la Suisse entreprend un autre grand projet : un partenariat public-privé afin de mettre en place une nouvelle façon de transporter la marchandise… sous terre. Grâce à ce système automatisé, les cargaisons seront acheminées à une vitesse de 30 à 60 km/h jusqu’à des monte-charges, une fois rendues à destination. Prévue pour 2030, la première portion du réseau mesurera 70 km. cargosousterr ain.ch
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La lumière fut ! Si les jeunes de la favela Morro da Mineira, à Rio de Janeiro, vont courir sur le terrain de soccer pendant la journée, ils pourront aussi y jouer à la nuit tombée. L’entreprise britannique Pavegen y a installé 200 dalles qui récupèrent l’énergie cinétique, chacune d’entre elles pouvant générer jusqu’à cinq watts d’électricité. L’énergie ainsi stockée permet d’éclairer le terrain au moins deux heures de plus. pav e g e n . c o m
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Le sociologue Alexander Mankowsky agit à titre de futurologue pour Daimler, afin d’imaginer la mobilité du futur. Son travail porte actuellement sur les manières de transformer l’automobile en espace de bien-être.
Que voulez-vous dire ? Je pense à tout ce que les capteurs peuvent détecter. Par exemple, si la circulation ralentit et que la météo se détériore, ils parviendront à identifier cette situation potentiellement stressante ; le système d’éclairage et la climatisation seront alors ajustés pour diminuer le niveau de stress du conducteur. Selon les données recueillies, on pourrait même lui demander comment il se sent.
À vol d’oiseau Les drones sont de plus en plus sophistiqués (et de moins en moins chers). Même un amateur peut désormais faire de la photographie aérienne et obtenir des résultats impressionnants, comme en témoigne un concours organisé par la plateforme Dronestagram et le magazine National Geographic. Parmi les 6000 photos évaluées, les juges ont retenu ce cliché du Danois Michael B. Rasmussen pour la catégorie Nature. C’est lors d’un de ses premiers essais avec un drone qu’il a capté ces pins s’élevant dans cette forêt clairsemée. d r o n e s ta g r . a m
Jungle verticale Difficile à croire, mais il est possible de revoir radicalement l’aménagement d’un zoo. À preuve, les architectes britanniques Weston Williamson+Partners ont imaginé le zoo du futur pour la ville de Buenos Aires : une gigantesque tour en forme d’arbre. Sur chacune des branches, un écosystème spécifique accueillerait différents animaux ; seuls les singes et les oiseaux pourraient se déplacer librement. Les visiteurs n’auraient qu’à monter à bord d’un ascenseur pour voir ces créatures de près. westonwilliamson.com 102
Les véhicules pourraient être reliés à des appareils qui prennent notre pouls ou encore à des bracelets d’entraînement ? Oui, ils tiendront compte de données physiques, mais seulement si on leur en donne l’autorisation. Il serait tout à fait envisageable de recueillir celles-ci grâce au volant ou à des repose-mains adaptés, dans le cas des véhicules autonomes. Sans doute que les voitures pourront également traiter les données provenant d’un appareil qu’on porte sur le corps. Par exemple, si on a une baisse de glycémie, elles nous préviendront qu’il vaut mieux s’arrêter pour prendre une bouchée. De même, si notre pouls s’accélère, elles communiqueront avec nous pour s’assurer que c’est simplement dû au match que nous écoutons à la radio. À part pallier les situations d’urgence, quels en sont les avantages ? En combinant ces données individuelles à celles relevées par d’autres véhicules, il serait possible, grâce à l’intelligence artificielle, de savoir par exemple qu’une route n’est pas agréable – et de proposer alors un autre itinéraire moins stressant pour les passagers. Et quand cette voiture relaxante verra-t-elle le jour ? Selon moi, d’ici environ cinq ans.
photos PICTURE ALLIANCE/DPA; MICHAEL B. R ASMUSSEN/NATIONAL GEOGR APHIC ILLUSTRATION JULIA PEL ZER
Mercedes-Benz présentait dernièrement un siège de voiture qui prodigue des massages. Est-ce que conduire pourrait devenir une expérience de bien-être ? Ce n’est qu’une des possibilités pour augmenter le confort des passagers. Ce siège est doté d’un dossier qui s’adapte au dos afin de réduire les tensions. Il s’agit d’une solution concrète, mais on peut aussi améliorer le bien-être de façon virtuelle, grâce à la connectivité des véhicules.
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Spa mobile La sécurité, le confort et le bien-être font partie de l’ADN de Mercedes-Benz. Dans un futur proche, la marque de luxe pourrait même devenir notre entraîneur personnel, croit Alexander Mankowsky. Les modèles actuels comportent déjà quelques fonctions et caractéristiques pour réduire notre stress et nous garder en forme. En voici un bref aperçu.
Se détendre Les sièges de Mercedes-Benz ne se contentent pas d’être confortables. À la fine pointe de la technologie, ils protègent activement le dos et offrent des options d’ajustement pour s’adapter à toutes les anatomies. Certains modèles sont même dotés de sièges multicontours avec coussinets d’air qui se moulent au corps et d’une fonction massage pour sept zones distinctes.
Respirer profondément Mercedes-Benz est le seul constructeur automobile dont les voitures ont reçu le sceau de qualité de la Fondation européenne de recherche sur les allergies. Les véhicules sont équipés d’un système de filtration d’air qui empêche les particules, le pollen et les odeurs déplaisantes de contaminer l’habitacle. Et certains modèles bénéficient de l’option AIR BALANCE, une agréable fragrance qui donne envie de prendre de grandes inspirations.
Prendre une pause Lorsque l’icône d’une tasse à café s’affiche à l’écran, il est temps de s’arrêter. Comment notre voiture peut-elle le savoir ? Le système ATTENTION ASSIST tient compte de plus de 70 paramètres, incluant les mouvements du volant (qui sont souvent un signe de fatigue ou d’inattention), la durée du trajet ou encore l’utilisation de la radio. Il déclenche également un signal s’il soupçonne qu’on risque de s’endormir au volant.
Source d’inspir ation En 2016, Mercedes-Benz Canada faisait appel à cinq influenceurs d’ici pour lancer sur les réseaux sociaux la campagne créative #inspiréparmercedesbenz. Du nombre, la Montréalaise Gabrielle Lacasse (cicontre), du blogue de tendances Dentelle+Fleurs, et le photographe torontois Jason Fitzpatrick (ci-dessus) ont créé des images en s’inspirant de leur ville, d’un des cinq sens, ainsi que d’un cabriolet ou d’un coupé-cabriolet de Mercedes-Benz. La campagne se poursuit cette année avec de talentueuses nouvelles recrues, alors ne manquez pas de chercher le mot-clic # i n s p i r é pa r m e r c e d e s b e n z et de suivre Mercedes-Benz Canada sur Facebook et Instagram.
4,5 millions C’est le montant alloué par Google à l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal. Ces fonds aideront les chercheurs à faire des avancées en intelligence artificielle dans des domaines aussi divers que les diagnostics médicaux et les véhicules autonomes. Google lance aussi un groupe de recherche en IA à son bureau de Montréal... un autre investissement intelligent. m i l a . u m o n t r e a l . c a mercedes-magazine.ca 103
M ONDANIT É S
Sous les projecteurs Les événements de Mercedes-Benz les plus courus de la saison, des salons de l’auto aux remises de prix.
Conduite sur glace Des passionnés de conduite se sont donné rendez-vous cet hiver à Gimli, au Manitoba, pour participer au programme de conduite hivernale sportive AMC, offert pour la toute première fois au Canada. L’attrait principal de cette formation de quelques jours donnée par des experts est la possibilité de pouvoir conduire sur la surface glacée du lac Winnipeg, afin de tester ses propres compétences et la performance de véhicules dans des conditions extrêmes.
Les jeux sont faits Mercedes-Benz St-Nicolas, près de Québec, a transformé sa succursale en casino digne de Las Vegas pour une collecte de fonds au profit de Leucan, qui soutient les enfants atteints de cancer. La soirée animée par les frères et copropriétaires Benoît et Donald Theetge combinait jeux de cartes et dégustation de vins menée par la réputée sommelière Jessica Harnois, ce qui a permis d’amasser 50 000 $.
Polo sous la neige L’hiver dernier, les meilleurs joueurs de polo du monde ont dû affronter des températures glaciales à l’occasion d’une compétition de deux jours à Mont-Tremblant. Plus de 5000 spectateurs ont assisté à l’événement commandité par Franke Mercedes-Benz, de Sainte-Agathe-des-Monts. Nacho Figueras, d’Argentine, et Olivier Girard, de France, comptent parmi les joueurs de renommée mondiale qu’on a pu voir sur le terrain enneigé. 104
vedettes de l’heure En février dernier, 20 000 visiteurs (incluant Brian D. Fulton, président et directeur général de Mercedes-Benz Canada photographié ci-dessus) ont assisté à l’ouverture du Salon international de l’auto canadien. L’événement, tenu au Palais des congrès du Toronto métropolitain, a coïncidé avec le lancement canadien du coupé smart fortwo electric drive, du coupé GT R de Mercedes-AMG, du coupé-cabriolet GT C de Mercedes-AMG et de la berline E 63 S 4MATIC+ de Mercedes-AMG.
Hors des sentiers battus En septembre dernier, des amateurs de conduite hors route venant d’aussi loin que la Pologne et le Mexique se sont rendus à Whistler, en Colombie-Britannique, pour expérimenter la Classe G de MercedesBenz. Cette excursion en VUS les a menés sur le terrain accidenté de Callaghan Creek, à environ une heure de la station de ski.
Depuis 1955 Pour remercier sa clientèle, Mercedes-Benz Toronto Retail Group organisait récemment un événement dans le projet Waterworks, à Toronto, auquel plus de 800 amateurs de la marque ont participé. Cette soirée organisée sous le thème « depuis 1955 » a été l’occasion d’admirer des nouveaux modèles et des classiques de Mercedes-Benz, mais aussi de découvrir l’histoire de l’entreprise en sol canadien, de ses modestes débuts jusqu’à aujourd’hui, de même qu’un aperçu de ses innovations futures.
Le futur est femme
Tournée Mercedes-AMG Le coup d’envoi de la tournée AMG Performance a été donné à Vancouver durant deux soirées en octobre dernier. Plus de 400 spectateurs ont alors pu avoir un avant-goût des modèles 2017 de Mercedes-AMG. Quelques chanceux ont également pu s’asseoir dans le siège du conducteur, alors que le convoi s’arrêtait au BC Driving Centre, à Pitt Meadows. La tournée se poursuit tout au long de l’année, avec des événements prévus chez plusieurs concessionnaires à travers le pays.
Le Réseau des femmes exécutives s’est réuni à Toronto en novembre dernier pour son gala annuel Prix Top 100, parrainé par MercedesBenz et récompensant les Canadiennes les plus influentes. La conférencière invitée était Stacey Allaster, chef de la direction de la Fédération américaine de tennis, qui a été intronisée au Temple de la renommée Top 100. mercedes-magazine.ca 105
en route
grand cœur
Le Musée royal de l’Ontario s’est associé à Daimler pour mettre en perspective l’imposante baleine bleue… à l’aide d’une smart fortwo. t e x t e J ESSE STANI F O RT H I L L U S T R A T I O N 5 0 0 g l s
« C e u x q u i s ’ i n t é r e s s e n t un tant soit
Des techniciens travaillent à la préservation du cœur en ayant recours à la plastination.
photo daimler (smart fort wo)
peu à la baleine bleue ont déjà entendu dire que la taille de son cœur se compare à celle d’une voiture. En fait, il est presque aussi gros qu’une smart et nous voulions en faire la démonstration », explique Mark Engstrom, conservateur principal et sousdirecteur, collections et recherche, du Musée royal de l’Ontario (ROM), à Toronto. L’exposition Venue du fond des mers : l’histoire de la baleine bleue a été inaugurée en mars, mais son origine remonte à 2014, alors que neuf baleines bleues de l’Atlantique Nord – une espèce en voie de disparition – sont restées captives d’une épaisse couche de glace au large de Terre-Neuve. Lorsque deux d’entre elles se sont échouées sur le rivage, les techniciens du ROM ont amorcé le délicat processus de préservation des restes, incluant l’échantillonnage et l’analyse de leur ADN, ainsi que le nettoyage de leurs ossements, leur
désassemblage et leur déplacement sur une très longue distance. Aujourd’hui, ils comptent parmi les squelettes les plus imposants et les mieux préservés jamais exposés. La pièce maîtresse de l’exposition – un cœur de baleine bleue – ne sera toutefois dévoilée que plus tard en 2017. Depuis plus d’un an, en Allemagne, des techniciens travaillent à la préservation de l’organe en ayant recours à la plastination, la méthode popularisée par l’exposition itinérante Body Worlds. Compte tenu de la complexité du processus, c’est d’abord une smart fortwo qu’on a pu voir au musée à la place du cœur. Lorsque celui-ci sera enfin prêt, il sera exposé à côté de la voiture, pour qu’on puisse mieux en comparer les dimensions. Bien que la smart fortwo soit un des plus petits véhicules sur le marché et que le rorqual soit considéré comme le plus gros mammifère ayant existé sur terre, tous deux mesurent environ 1,5 m de hauteur. « Nous voulons qu’en un seul coup d’œil les visiteurs puissent évaluer la grandeur d’une baleine bleue », affirme Mark Engstrom. Mais au-delà de cet aspect, l’exposition explore le mode de communication de cette immense et mystérieuse créature, son évolution et ses stratégies pour protéger son habitat.
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LE MEILLEUR ENDROIT POUR ÉCOUTER EST CELUI QUE VOUS CHOISISSEZ. Écoutez la musique qui vous passionne et emportez-la n’importe où. Captez ce que vous aimez dans l’auto, ou écoutez en continu tout le contenu que vous voulez sur votre ordinateur, votre téléphone intelligent ou votre tablette. Grâce à SiriusXM, vous resterez en contact avec la musique que vous aimez, sans compromis.
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