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CINÉ CULTE

Rappelle-toi tes « fiches profil » pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de super films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. ATTENTION MAXI SPOILER !

LA FICHE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ (n°5)

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ROLLERBALL (1975)

Réalisateur : Norman Jewison d’après la nouvelle de William Harrison Genre : film de boules ultime, en SF Durée : 120 min de film culte, de baston et dystopie politico-socio-médiatique. Tourné à Munich pour ses décors futuristes. L’anecdote qui tue : le logo du groupe Scorpion est pompé sur le logo Rollerball de l’affiche.

Le Contexte

Rollerball ? C’est un sport imaginaire et futuriste particulièrement violent combinant tous les sports les plus durs du vingtième siècle. Hockey, course de moto, roller race, football américain, arts martiaux, etc… Le Rollerball apparaît dans la nouvelle Rollerball Murder (Meurtre au jeu de boules en version française, classe, non ?) écrite par le romancier américain William Harrison en avril 1973. Le succès est immédiat. Quelques semaines après sa publication dans les pages de l’Esquire, Norman Jewison achète les droits en vue d’une adaptation cinématographique, ce qui peut surprendre car Jewison est considéré comme arty à l’époque. Bill Harrison, l’auteur de la nouvelle, rejoint le projet et participe à l’écriture du film. Le film sera articulé autour d’un homme, un gladiateur des temps modernes plongé au cœur d’un circus maximus infernal… Norman Jewison décide de solliciter la mythique United Artists. « C’est quoi ce sport de fou ? » lui demande-t-on. « Les joueurs portent des casques, ils ont des gants avec des pics et ils cognent leurs adversaires dès que possible ». « Banco ! » Lui répondent les financeurs. Le tournage peut débuter, il aura lieu en grande partie à Munich, pour ses décors futuristes pour l’époque. Le siège de la corporation des énergies dans le film n’est autre que la tour BMW.

Le Casting

Le nom de James Caan est tout de suite avancé. Sa participation à la saga du Parrain lui a apporté une grande popularité. Il vient de triompher dans Brian’s Song et sa filmographie déjà fournie fait de lui une tête de gondole idéale pour le projet, categorie beau gosse un peu violent. Il sera rejoint par un casting conséquent avec notamment dans les rôles féminins, les pin-up Maud Adams (James Bond girl dans l’Homme au pistolet d’or ) et Pamela Hensley (super star des sériés TV américaine).

Pour bien comprendre l’importance de Rollerball, il faut resituer le film dans son contexte. Depuis la fin des années soixante, le cinéma américain est bouleversé à tous les étages. Un vent de renouveau souffle désormais sur Hollywood. La production de films de science-fiction ne fait pas exception. Exit les films d’anticipation de série B étriqués tournés à la vavite mettant en scène des monstres atomiques ou des attaques extra-terrestres. Sans se détourner complètement de l’espace et sa conquête (de 2001 en passant par un certain Star Wars), la production SF nord-américaine propose sa vision radicale et pessimiste des sociétés futures.

D’un côté des films qui annoncent la fin d’une ère moderne et décrivent des sociétés retournées à l’état sauvage à la suite d’un cataclysme mondial provoqué par l’Homme (pollution, guerre, accident atomique, etc…). Comme La planète des singes et ses cinq suites. De l’autre, une vision d’un futur digne de George Orwell. Une société totalitaire et entièrement sous le joug de la technologie et du pass sanitaire. C’est l’ordinateur Hal de 2001, ou Silent Running de Douglas Trumbull. Certains films très ambitieux comme le cultissime Soleil Vert de Richard Fleischer parviennent même à faire cohabiter ces deux univers. Rollerball fait partie de cette catégorie. Avec Jewison aux manettes, le caractère SF du film est dépassé par les enjeux politico-sociaux-médiatiques de cette société corporatiste qui assoit son pouvoir sur une hystérie collective de la population. Ce revival des jeux de Rome est totalement assumé par le réalisateur qui n’hésite pas à multiplier les scènes de violence. Ralenti de crâne défoncé à coups de poing, joueur écrasé par des motos, on n’avait encore jamais vu sur grand écran des choses aussi violentes et trashs. Donc même ceux qui ne comprennent pas forcement les enjeux politico-sociaux- mediatiques vont quand même pouvoir kiffer la violence. Maintenant y’a le MMA, mais avant ça n’existait pas. Le film est un énorme succès mondial malgré la censure qui le touche.

Nice - Marseille à la 75ème .

Le Spoiler

21ème siècle, les nations ont été abolies. C’est le règne des multinationales : les Corporations. Une classe de cadres en col blanc remplace les politiciens. Ils organisent l’ensemble des activités humaines sous le contrôle de six départements : Energie, Luxe, Alimentation, Logement, Communication et Transports. Dans cette société parfaite, il n’existe ni faim, ni maladie, ni guerre, ni pollution, ni misère… Les femmes sont envisagées comme des courtisanes. Les drogues très prisées sont légales (là je commence à avoir ton attention). Pour distraire les foules, un sport collectif compulsant les sports les plus violents du XXème siècle a été intronisé : le Rollerball. Jonathan E, capitaine de l’équipe de Houston est le joueur le plus populaire de la ligue mondiale. Après dix ans de carrière, il est devenu une véritable icône. Son équipe semble invincible et chaque victoire renforce davantage l’aura et la popularité du joueur. La longévité inattendue de la carrière du joueur commence à sérieusement inquiéter les hauts responsables qui voient en Jonathan E une véritable menace. Aucun homme n’est censé valoir le jeu lui-même. Pourtant Jonathan est endoctriné comme tous les autres et ne prétend à aucun moment remettre en cause le système corporatiste. Jonathan E est un combattant, un gladiateur, survivre à l’adversité fait partie intégrante de son sport. Lorsqu’il est convoqué par le responsable du jeu qui lui signifie sa retraite. Il répond simplement : « Je ne veux pas résister, je veux juste comprendre ». Ses coéquipiers ont besoin de lui. C’est sa seule raison d’être. Mais quand un oligarque lui pique sa femme de force, il dit non. Contre la volonté de ses dirigeants, Jonathan E mène son équipe à la victoire contre Tokyo en demi-finale du championnat, une belle boucherie soit dit en passant, à laquelle seul survit Jonathan. La scène finale où la foule hystérique scande le nom de son héros laisse imaginer la fin proche de la société des cols blancs… Quelle fin magnifique !!! Voilà ce qu’il convient d’appeler un film burné.

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